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Guerre

Ursula von der Leyen en première ligne pour la guerre contre la Russie

L’Union européenne est vassale de la superpuissance américaine.

Ursula von der Leyen s’est rendue pour la troisième fois en Ukraine depuis le début du conflit commencée en février 2022 ; cela a aussi été l’occasion d’une interview au tabloid allemand Bild, farouchement pro-guerre contre la Russie.

La présidente de la Commission européenne avait juste avant tenu un discours « sur l’état de l’Union », à l’américaine. Plus précisément, Ursula von der Leyen était le matin à Bruxelles et l’après-midi à Kiev. Tout le discours portait sur l’Ukraine, et sur la défaite russe :

« Il s’agit d’une guerre contre notre sécurité énergétique, contre notre économie, contre nos valeurs et contre notre avenir. Une guerre de l’autocratie contre la démocratie.

Et je me tiens ici, devant vous, animée de la conviction que, grâce à notre courage et à notre solidarité, Poutine échouera et l’Europe vaincra (…).

 Je veux que ce soit clair : les sanctions ne sont pas près d’être levées.

L’heure est à la détermination, pas à l’apaisement.

Il en va de même pour notre soutien financier à l’Ukraine.

À ce jour, l’Équipe Europe a fourni plus de 19 milliards d’euros d’aide financière.

Et c’est sans compter notre appui militaire.

Nous serons là sur le long terme (…).

Je veux donc que les habitants des Balkans occidentaux, de l’Ukraine, de la Moldavie et de la Géorgie le sachent : Vous faites partie de notre famille, votre avenir est au sein de notre Union, et notre Union n’est pas complète sans vous !

Nous avons également compris qu’il fallait tendre la main aux autres pays de l’Europe — au-delà du processus d’adhésion.

C’est pourquoi je soutiens l’appel en faveur d’une Communauté politique européenne — et nous présenterons nos idées au Conseil européen. »

Il s’agit là d’une séquence où l’on est en train de basculer dans la mise en place d’une coalition militaire contre la Russie, avec l’Allemagne en première ligne, où l’Union européenne sert de levier. L’Allemagne a officiellement expliqué par l’intermédiaire de la ministre des affaires étrangères Annalena Baerbock qu’elle était prête à fournir plus d’armes, mais dans le cadre d’un projet commun.

Le chancelier Olaf Scholz a également réaffirmé, le 16 septembre 2022 devant les dirigeants de l’armée allemande, que l’Allemagne était de retour militairement à court terme :

« En tant que nation la plus peuplée, dotée de la plus grande puissance économique et située au centre du continent, notre armée doit devenir le pilier de la défense conventionnelle en Europe, la force armée la mieux équipée d’Europe. »

Ce que dit Ursula von der Leyen va en ce sens. Aucun retour en arrière n’est possible, Vladimir Poutine doit être jugé, la Russie doit perdre militairement, il faut donner au régime ukrainien ce qu’il demande sur le plan militaire notamment des tanks, il faut financer le régime ukrainien pour lui éviter la faillite (soit cinq milliards d’euros par mois au moins), etc.

Tout cela implique ni plus ni moins que le démantèlement de la Fédération de Russie, ce que prônent déjà ouvertement les pays baltes et la Pologne. Cela veut dire que l’Allemagne va jouer désormais le rôle central unique dans l’Union européenne, en formant rapidement une grande armée, la plus grande d’Europe après la Russie et l’Ukraine. Cela veut dire qu’il y a un bloc soudé germano-américain.

La superpuissance américaine vient par ailleurs d’annoncer de nouvelles aides militaires d’un montant de 600 millions de dollars, portant le total à 15 milliards depuis février 2022. On est là dans une perspective militaire à visée impériale tout à fait claire.

Cela donne beaucoup de sens à l’initiative russe d’une sorte de repli à grande échelle, encore qu’il faille bien voir que cela ne concerne que 1,4% de la superficie de l’Ukraine, un très vaste pays. Vladimir Poutine assume de son côté cette montée en gamme, ayant déclaré lors d’une conférence de presse le 16 septembre 2022 que l’armée russe n’était pas pressée, que seuls les engagés étaient au front par ailleurs pour l’instant.

On est en train de passer un très mauvais cap. Les choses s’accélèrent encore plus qu’on ne pouvait l’imaginer. On ne va pas vers la marche à la guerre, on est déjà en plein dedans. On est littéralement dans un processus où l’affrontement militaire à grande échelle en Europe peut se poser à court/moyen terme. La France, par l’intermédiaire de l’OTAN mais également de orientations de la société française dans son ensemble, va se retrouver impliquée bientôt à un niveau très important.

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Culture

Jean-Luc Godard, parce que La Chinoise

Il faut confronter les idées vagues avec des images claires.

Le décès du cinéaste Jean-Luc Godard le 13 septembre 2022 (il était né en 1930) est un bon prétexte pour relire l’article sur La Chinoise et, naturellement, voir le film. Parce que Jean-Luc Godard est un cinéaste qui est lié à la vague de mai-juin 1968, et même s’il n’est pas arrivé par la suite à développer son cinéma, vivant dans les marges du cinéma officiel, le film La Chinoise témoigne de comment en tant que cinéaste il a réussi à s’aligner sur le mouvement qui change la réalité.

C’est un exemple de travail d’artiste comprenant qu’il doit maintenir son art mais en devenant un élément, une composante du vaste mouvement transformateur, pour le Socialisme. Il n’y strictement aucun artiste qui serait aujourd’hui d’accord avec cela, d’où le fait qu’ils se vendent très rapidement au capitalisme. Les artistes considèrent aujourd’hui qu’ils sont des individus devant pouvoir faire ce qu’ils veulent comme ils veulent ; ils s’alignent sur le capitalisme et leurs œuvres se résument rapidement à des marchandises, et à rien d’autre.

Or, en réalité, il n’y a pas d’art sans le peuple, il n’y a pas d’art qui puisse connaître une expansion historique sans s’aligner sur la vérité comme vérité combattante. Pour échapper au subjectivisme, il n’y a qu’un moyen : s’appuyer sur la réalité, se confondre avec la partie transformatrice de la réalité, à savoir les éléments les plus conscients de la nécessité du Socialisme, faisant vivre la proposition politique du Socialisme.

Il ne s’agit pas de pratiquer « l’engagement ». Le mouvement trotskiste Révolution permanente a ainsi salué Jean-Luc Godard comme un grand cinéaste qui prend parti, qui prend position, qui se tourne vers les causes (ne mentionnant au passage nullement le maoïsme alors que Jean-Luc Godard en relevait). Il s’agit d’exister même à travers et par le transformation – c’est l’assimilation de la politique, de la culture, de la vie personnelle.

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Guerre

Le premier ministre grec à Paris dit son pays prêt à l’affrontement

On est dans l’escalade, avec la Mer Egée comme thème central.

Le premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis était à Paris le 12 septembre 2022, dans le cadre d’une visite au président français Emmanuel Macron. Il a averti la Turquie de la manière suivante :

« Nous sommes prêts à affronter tous ceux qui nous menacent de débarquer dans nos îles, sur notre territoire. »

Emmanuel Macron a quant à lui affirmé que :

« Nous ne laisserons s’installer aucun désordre, en particulier en Méditerranée orientale. »

Voici la déclaration commune qu’ils ont faite à l’occasion de cette visite.

« Le Président de la République Emmanuel Macron s’est entretenu avec le Premier ministre de la République hellénique, Kyriákos Mitsotákis, lors d’un dîner de travail, au Palais de l’Elysée.

Ils ont échangé sur les réponses que l’Union européenne apporte, de manière unie et solidaire, à la guerre en Ukraine et aux défis qui en découlent, notamment en matière de sécurité alimentaire. Sur l’énergie, leur échange portait sur les actions nationales et européennes pour préserver la sécurité d’approvisionnement en Europe et agir sur les prix de l’énergie.

Ils ont aussi échangé sur les profonds liens bilatéraux qui unissent la France et la Grèce, et notamment le partenariat stratégique acté en septembre 2021. »

Le même jour, dans le cadre d’une conférence sur la guerre gréco-turque d’il y a cent ans, le ministre turc des affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a expliqué que :

« Si vous allez à l’aventure pour le compte d’autres, vous vous plierez aux conséquences. Ceci est avertissement (…)

Notre peuple garde aujourd’hui la même foi et le même état d’esprit [qu’il y a cent ans]. Pour cela, chacun doit revenir à la raison. Je le dis tout spécialement à la Grèce.

Ne soyez pas les marionnettes des autres, ne continuez pas les provocations car l’amitié de la Turquie est éternelle, mais son hostilité est extrêmement sérieuse. »

On est ici dans une escalade qui est à portée diplomatique vue de France, mais qui chauffe à blanc les opinions publiques grecques et turques. L’idée d’une guerre est présentée à la fois comme plausible et inévitable, tous les torts étant attribués au concurrent. On est là dans une orchestration, qui n’a même pas besoin d’être consciente : les rivalités prennent le dessus et la guerre s’impose même si les protagonistes s’imaginent qu’ils peuvent la contourner ou l’éviter.

Le 11 septembre 2022, le premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis disait d’ailleurs lors d’une conférence de presse qu’il ne croyait pas à un conflit, en raison des capacités militaires grecques :

« Je ne crois pas que cela arrivera un jour. Et si, à Dieu ne plaise, cela se produisait, la Turquie recevrait une réponse absolument dévastatrice. Et je pense qu’ils le savent très bien. La Turquie connaît la compétence des forces (armées) grecques. »

Le même jour, les garde-côtes grecs grecs ont tiré des coups de semonce contre le navire commercial « Anatolian », battant pavillon comorien, considéré comme suspect et dont le capitaine refusait une inspection à bord. C’est un exemple de comment la Mer Egée devient une poudrière.

On est ici dans engrenage caractéristique, le même que juste avant 1914, avec une bataille pour le repartage du monde qui s’impose à tous les niveaux, primant sur tous les aspects. Chaque pays prend une forme sociale pour aller à la collision.

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Guerre

La séquence du début septembre 2022 en Ukraine

Il ne faut croire aucun compte-rendu !

C’est une chose capitale, qu’il faut absolument comprendre pour saisir la stratégie russe, mais également en partie la stratégie ukrainienne, car la source est la même : la stratégie soviétique. Dans la stratégie soviétique, pris au sens le plus large possible, il y a militairement deux aspects se répondant l’un l’autre.

Le premier, c’est que l’ennemi doit être démoli par une artillerie massive et pour cela il doit idéalement se retrouver dans une poche sans sortie possible.

Le second, c’est que le leurre doit être une mesure systématique, au point que sa mise en place doit être réalisé parallèlement par plusieurs organismes indépendamment les uns des autres afin de faire un maximum d’effet.

Cela veut dire la chose suivante. L’armée ukrainienne revendique que ses petites contre-attaques se sont transformées en contre-offensives en trois points. Il y aurait tout au nord une attaque permettant même de pénétrer ou de prendre la ville de Balaklaïa (25 000 habitants). Un peu plus bas il y aurait pareillement une avancée, et surtout au niveau de Kherson il y aurait une telle avancée qu’une poche russe de 20 000 soldats environ est possiblement encerclée à terme, et coupée de ressources en raison du fleuve sur son flanc Est, le Dniepr.

Il ne faut en fait pas dire « il y aurait », mais « il y a ». Seulement, on ne sait pas en quelle proportion, et surtout cela implique de raisonner ainsi : l’armée russe est débordée, prise de court… ou bien elle laisse faire avec une véritable mise en scène, en laissant même du matériel pour rendre crédible une forme de « débâcle » à petite échelle.

Ce qui rend fort crédible cette hypothèse, c’est que tout d’abord comme dit plus haut telle est la tradition militaire russe du leurre… Qu’ensuite l’armée russe était fortement installée depuis des semaines voire des mois dans la zone, ayant ainsi le temps de tout fortifier… Et que justement comme un assaillant perd bien plus de forces qu’un défenseur, il est bien plus intelligent de laisser une armée ennemie foncer sur des positions fortifiées que de soi-même aller à l’assaut.

C’est d’autant plus vrai que l’armée ukrainienne avait largement fortifié depuis des années ses propres positions. L’armée russe a ainsi tout à gagner à remodeler le conflit.

Ce qui rend vraiment plausible cela qui plus est, c’est que sur les réseaux sociaux russes et pro-russes, la thèse de l’avancée ukrainienne est mise en avant telle quelle, de manière unilatérale. C’est bien trop linéaire par rapport aux discours multiples qu’il y a d’habitude. Il y a quelque chose qui ne va pas.

Un point essentiel également est que l’armée ukrainienne est littéralement sous commandement américain et que le caractère de cette offensive est typique de l’esprit du « blitzkrieg » justement, la forme traditionnelle des armées jouant sur la mécanisation et l’aviation pour passer en force. C’est là aussi un avantage pour l’armée russe.

Le régime ukrainien obéit par ailleurs au besoin de donner une image d’efficacité aux pays occidentaux en termes de résultat, et de se présenter à la population comme à même de défendre le pays. Pour autant, le régime ukrainien impose un black out total sur l’ensemble des opérations.

Il ne faut donc, au sens strict, croire aucun compte-rendu. On est dans une séquence qui ne sera lisible que dans quelques semaines. Et elle sera fortement lisible, parce que dans un sens comme dans un autre, on va aller dans le sens d’une escalade.

La séquence de début septembre 2022 dans le conflit Russie-Ukraine n’est pas lisible, mais elle montre que les choses ne restent nullement statiques en attendant l’hiver. Il va se passer encore beaucoup de choses dans les prochaines semaines et c’est un pas de plus dans le processus d’affrontement généralisé dans le cadre de la bataille pour le repartage du monde.

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Société

The queen is dead

« The Queen is dead, boys »

L’avantage d’un site d’information quotidien de Gauche fondée sur ses valeurs historiques, c’est qu’on peut se permettre cette joie et cette fierté de titrer l’actualité du décès de la reine d’Angleterre (Élisabeth II 1926-2022) avec comme référence une figure majeure de la culture britannique, l’album The queen is dead des Smiths, sorti en 1986.

C’était une époque où, à l’ombre des travaillistes qui raisonnaient de manière purement syndicale, se produisait une puissante contre-culture avec quatre axes majeurs : le punk, le soul rock qui va donner la brit pop, la libération animale avec l’ALF, la techno. Quatre mouvements populaires assumant un esprit de contestation, d’opposition fondamentale aux valeurs dominantes.

Des valeurs dominantes outrageusement pesantes ; les skinheads britanniques des années 1970-1980 étaient une expression prolétarienne nationaliste cherchant à déborder ces valeurs par la droite, pour les rendre plus dures, plus cassantes. Lorsque les Sex pistols sortent leur fameuse chanson anti-monarchie « God save the queen » en 1977, c’est ainsi un vrai appel d’air, avec une déferlante en leur faveur, tout comme une contre-offensive réactionnaire ultra-agressive.

Et malheureusement, le camp populaire a perdu, car les travaillistes n’ont jamais voulu rompre avec la monarchie, et la contre-culture n’a jamais pu se synthétiser politiquement. Les travaillistes sont restés économistes et électoralistes, le Labour devenant dominé par des carriéristes opportunistes à la Tony Blair. Le punk a tourné à l’auto-destruction, l’ALF a été battue politiquement par sa ligne anti-politique, le soul rock devenu brit pop était prolétarien (avec les fameux Housemartins, ou le premier album de Wham!, Style council, etc.) mais s’est tenu à l’écart de la politique tout en ayant des valeurs excellentes (les Stone Roses ont ainsi assumé une chanson appelant à renverser la reine), la techno a échoué dans les drogues malgré un esprit de révolte général.

Résultat, il n’existe aujourd’hui aucune opposition réelle au Royaume-Uni. Vous pouvez vous dire contestataire comme vous voulez, si vous ne voulez pas renverser la monarchie, c’est fictif. Et si vous le voulez, vous êtes isolés et rejetés. C’est pareil à sa manière en France avec la « République » comme concept transcendant planant au-dessus de tout, même si cela n’a pas l’ampleur chauvine, rétrograde, pré-fasciste du culte de la monarchie au Royaume-Uni.

Quand les Sex pistols disaient que la reine symbolisait le « no future », c’est en ce sens très vrai. Tant que ce verrou ne saute pas, tout est vain. La monarchie est la quintessence de l’aliénation capitaliste au Royaume-Uni.

Pour l’anecdote, on trouvera ici une vidéo montrant Liz Truss faisant un discours. Elle vient tout juste… d’être nommée première ministre du Royaume-Uni, étant à ce titre l’une des dernières personnes à voir la reine. Dans la vidéo, elle prend la parole en 1994 en tant que jeune libérale-démocrate pour proposer… l’abolition de la monarchie. Elle a bien entendu depuis changé d’avis.

C’est comme François Mitterrand écrivant « Le coup d’Etat permanent » pour dénoncer la Ve République… pour ensuite en devenir président pendant 14 ans. Ou le PS et le PCF en général d’ailleurs, combattant pour renverser le régime et instaurer le Socialisme, pour finalement intégrer le capitalisme.

Et toutes ces formes s’entraident. Ce n’est pas pour rien qu’Emmanuel Macron prétend que la reine Elisabeth II aurait été « l’amie de la France » (??!!) et que les drapeaux français sont ainsi en berne.

C’est là l’importance de la culture. Sans la culture, sans la vision du monde, on ne transforme rien !

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Guerre

France – Grèce – Turquie : les tambours de guerre frappent toujours plus fort

Un pas de plus vers une guerre inévitable.

En cliquant sur l’image, la page spéciale sur le conflit

Depuis plusieurs semaines, la Turquie et la Grèce font en sorte que leurs avions débordent sur le territoire de l’autre, comme il en avait été parlé à la mi-août dans les points chauds du moment. La Grèce parle ainsi, pour la partie écoulée de 2022 de déjà 6100 violations de la part de l’aviation militaire turque.

Mais elle est elle-même très provocatrice. Dans les derniers jours d’août 2022, le système grec de défense aérienne S-300 en Crète a verrouillé des F-16 turcs, ce qui équivaut à des « actes hostiles ». Il y a eu également des F-16 turcs, qui accompagnaient deux bombardiers B-52H Stratofortress américains dans le cadre de l’OTAN, qui ont été harcelés par des F-16 grecs.

C’est que la Grèce aimerait gagner du temps. La Turquie considère cependant, dans un contexte où l’inflation est monstrueuse, autour de 80%, que les temps de la confrontation sont venus. Elle entretient pour ce faire de très bonnes relations avec la Russie et elle sait que l’Union européenne est confrontée à une crise énergétique significative. La fenêtre de tir est là et depuis mois, le discours turc est très violent, notamment autour de la question chypriote, ces derniers jours un nouveau pic étant passé.

Au tout début de septembre 2022, le président turc Recep Tayyip Erdoğan a tenu les propos suivants faisant allusion à la victoire turque sur la Grèce à Izmir exactement cent ans auparavant :

« Si vous allez plus loin, vous paierez un prix élevé, très élevé ! Votre occupation des îles [de la mer Égée] ne nous lie en rien. Le moment venu, nous ferons le nécessaire. Nous pouvons arriver subitement la nuit. Nous n’avons qu’un mot pour la Grèce : n’oublie pas Izmir! « 

Ce « subitement la nuit » correspond à la ligne turque qui est de considérer que la Grèce n’est pas un adversaire sérieux et qu’elle peut être balayée aisément. Le 5 septembre 2022, il a ainsi exprimé son point de vue comme quoi :

« Je voudrais faire le rappel suivant à propos de la Grèce, qui a récemment intensifié son harcèlement et sa grossièreté envers notre pays. La Grèce n’est pas à notre niveau, car elle n’est pas notre égale politiquement, économiquement ou militairement. »

Et le lendemain, lors d’une visite en Bosnie-Herzégovine, une zone où la Turquie a une grande influence, il a repris son thème de « la nuit »:

« Quand nous disons que nous pouvons venir soudainement la nuit, cela signifie que nous pouvons venir soudainement une nuit. Pourquoi ai-je dit ça ? Ils ont ces îles entre leurs mains… et sur ces îles il y a des bases et bien plus encore, et si les menaces illégales continuent, alors la patience aussi prendra fin. Quand vient la fin de la patience, la fin de la patience est le salut. »

Dans ce contexte, la Grèce cherche à jouer la figure de la victime en permanence, afin d’apparaître comme la « victime » lors du conflit prochain. Elle fait en fait comme l’Ukraine vassalisée par la superpuissance américaine : on se doute bien que si l’armée ukrainienne ne s’est pas effondrée depuis six mois, c’est qu’elle était puissante, ce qui souligne comment l’OTAN en a fait un fer de lance depuis 2014.

L’affrontement gréco-turc relève pareillement de contradictions entre puissances, car il n’existe certainement pas un « impérialisme » unifié comme certains veulent le faire croire. Bien au contraire, les dissensions sont inévitables et la guerre est celle pour le repartage du monde.

La Grèce, pour avoir le beau rôle, a ainsi dénoncé, le 7 septembre 2022, les menaces de la Turquie auprès de l’OTAN et des Nations-Unies, ainsi que de l’Union européenne, celle-ci ayant immédiatement officiellement protesté contre la Turquie. Le ministre grec des affaires étrangères, Nikos Dendias, a ouvertement parlé du risque d’une « situation similaire à celle se développant sur une autre partie du continent ».

La France s’est empressée de soutenir son allié, puisqu’il y a des accords militaires secrets franco-grecs. Voici les propos de la ministre française des affaires étrangères Catherine Colonna avec le quotidien grec Kathimérini. Elle-même a été en Turquie le 5 septembre 2022 et en Grèce le lendemain, dans ce contexte explosif.

« – Pour la France, la Méditerranée orientale est une région importante qui réserve des opportunités d’envergure mais aussi de grands défis, d’un intérêt européen élargi. Quelle est l’amplitude du partenariat stratégique entre la Grèce et la France, en particulier dans le secteur délicat de la défense ?

R – La relation bilatérale entre la Grèce et la France est exceptionnelle, ses racines culturelles et civilisationnelles sont anciennes, elles sont aujourd’hui profondes et solides dans tous les domaines.

Le partenariat stratégique signé par le président de la République, Emmanuel Macron et le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, il y a un an, a permis de l’enrichir.

En matière de défense, ce partenariat instaure une coopération étroite entre nos forces armées qui bénéficiera à nos alliés, et je me réjouis du choix grec d’équipements militaires français, qui promet une interopérabilité accrue pour les années à venir.

C’est une grande satisfaction de constater que, face aux nombreux défis qui sont les nôtres, Paris et Athènes partagent très souvent les mêmes approches et tendent toujours vers plus de solidarité et plus d’unité, au sein de l’Union européenne. J’ai déjà pu en discuter avec Nikos Dendias, à Paris, en juillet dernier, et nous étions convenus de poursuivre nos échanges à Athènes. »

 Voici également les propos militaristes de la Déclaration de la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères a l’occasion de la visite de son homologue grec à Paris le 29 juillet 2022 :

« Nous avons bien sûr évoqué la situation en Méditerranée orientale. C’est une zone d’attention particulière pour nos deux pays. Et je veux dire même un sujet de préoccupation, au-delà de l’attention. Le ministre m’a fait part de sa grande préoccupation, voire même de son inquiétude je crois pouvoir dire, face aux récentes évolutions dans la région, aux menaces contre la souveraineté de son pays, à certaines déclarations d’un de nos partenaires.

Il s’exprimera sur ce point, mais je tiens à redire ici et devant vous comme la France l’a déjà exprimé à de nombreuses reprises, y compris par la voix du président de la République à la fin du mois de mai, que la France est l’amie et l’alliée de la Grèce.

Et qu’elle est pleinement solidaire, face à toutes les tentatives d’atteinte à la souveraineté de la Grèce, et face à toutes les menaces qui pourraient peser sur sa souveraineté.

Donc nous resterons attentifs à l’évolution de la situation et vous pouvez compter sur nous monsieur le ministre. »

La France, elle, veut la guerre contre la Turquie, plus que la Grèce qui aimerait temporiser. Et la Turquie avance. L’affrontement s’annonce – et il faudra dénoncer de manière principale l’armée française, car tel est le devoir de la Gauche alignée sur ses valeurs historiques.

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Dépêche

Comprendre la vague d’abandon d’animaux de l’été 2022

Le thème de l’abandon d’animaux a disparu des médias. Il en avait été beaucoup parlé au moment de l’été, des vacances prétextes à ces abandons, et maintenant « on passe à autre chose ». C’est très exactement là où il faut intervenir en conservant la mémoire des faits, en reconnaissant la dignité de la question, en analysant le phénomène dans son ensemble, en synthétisant un point de vue qui forme à la fois une réponse et une vision du monde. C’est ce qu’on appelle la politique au sens strict, du point de vue de la Gauche historique.

Sur le fond, c’est assez simple, ce qui contraste avec le drame effroyable, si compliqué sur le plan de la sensibilité, vécu par chaque animal abandonné. Il faut mesurer l’ampleur du phénomène et en comprendre les ressorts. Il faut voir dans quelle mesure c’est un phénomène qui accompagne ou converge avec une crise à tous les niveaux de la société française.

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Guerre

Grande manifestation anti-OTAN à Prague

Une premier fait marquant en ce sens.

C’est un phénomène de la plus haute importance qui s’est déroulé le 3 septembre 2022 à Prague, capitale de la République tchèque. Il y a en effet eu une manifestation demandant la démission du gouvernement en raison de la hausse des prix et du soutien à l’OTAN, avec l’affirmation très claire du refus de participer au front soutenant la Russie. Or, le pays est idéologiquement entièrement dans les mains de la superpuissance américaine.

Le Premier ministre Petr Fiala a ainsi expliqué que la manifestation avait été faite à l’appel « des forces qui professent une orientation pro-russe, qui sont proches de positions extrêmes et qui sont contre les intérêts de la République tchèque ».

Une telle manifestation, avec au moins 70 000 personnes (selon les autorités), est donc une première réelle rupture dans ce pays, et au-delà dans tous les pays d’Europe qui sont entièrement alignés sur la superpuissance américaine et l’OTAN.

Une telle manifestation peut très bien avoir lieu demain à Vienne en Autriche ou Rome en Italie, pour prendre deux pays où la contestation est très vive, mais également à Berlin en Allemagne ou même Paris. C’est cela tendance du moment… pour le meilleur et pour le pire. Car les choses peuvent pencher à droite comme à gauche.

A Prague, les deux mouvements majeurs ayant porté le mouvement, dans une grande concurrence bien entendu, sont ainsi Trikolora et le KSCM. Trikolora, avec à sa tête une femme, Majerová Zahradníková, est à peu près l’équivalent du Rassemblement national de Marine Le Pen. Le KSCM est le Parti communiste de Bohême et Moravie. Il faut savoir que, historiquement, la Tchécoslovaquie est le pays où le Parti Communiste avait proportionnellement le plus d’adhérents, dans le seul pays d’Europe centrale à avoir d’ailleurs réellement développé le capitalisme au début du 20e siècle.

On a donc une véritable polarisation ou un début de polarisation, mais sans que l’alternative à gauche n’apparaisse comme différente, supérieure à celle de l’extrême-Droite, les gens ayant une conscience sociale trop arriérée pour être au niveau. Il ne faut pas se leurrer : dans la situation actuelle, la Gauche tchèque anti-OTAN va se faire manger toute crue par l’extrême-Droite.

Si l’on veut ici parler de la France, il y a également une nuance importante. La manifestation à Prague était également anti-Union européenne, ce qui en France n’est pas possible : tous les partis parlementaires acceptent l’Union européenne, parce que la bourgeoisie française y joue un rôle majeur. Les mouvements extra-parlementaires sont quant à eux totalement impuissants.

Le modèle praguois n’est donc pas reproductible, alors que de plus les Tchèques sont également des Slaves proches des Russes historiquement, que la dépendance énergétique tchèque vis-à-vis de la Russie est très marquée. Néanmoins, cela montre qu’il se passe quelque chose, le fait même que cette manifestation a lieu dans un pays aligné totalement sur la superpuissance américaine montre qu’une cassure est possible.

Il faut étudier ce processus, qui peut très bien prendre la forme d’une rupture rampante dans la société – en prenant bien en compte que le grand risque, c’est la mise d’une opposition fictive « élites » – peuple qui ne peut que servir le fascisme. La France insoumise est ici, rappelons le, un tremplin pour la montée du fascisme dans notre pays. Ce dont on a besoin, c’est de la Gauche historique, pas du populisme, ni des gilets jaunes, etc.

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Politique

Révolution permanente : contre la Gauche historique

Le trotskisme cherche à se renouveler.

Révolution permanente a tenu son université d’été avec 500 personnes, ce qui est une grande défaite du point de vue numérique pour cette organisation trotskiste. On parle en effet de la seule structure « militante » qui a su, ces derniers mois, impulser une réelle dynamique. Cependant, l’époque n’est pas du tout à un essor « militant », bien au contraire même.

Notons tout de suite quelque chose d’important : Révolution permanente prétend être un nouveau phénomène, une nouvelle vague militante pour la première fois depuis 40 ans, avec des centaines de personnes dans une organisation tout à fait nouvelle. C’est tout à fait faux.

Tous les 5-10 ans, il y a une nouvelle structure « militante » qui se développe, récupérant plein de gens de partout pour les épuiser rapidement et finir par s’étioler. Il suffit de penser à la très grande vague d’adhésion et d’activisme qu’a connu le syndicat d’esprit anarchiste CNT au début des années 2000, ou encore le Nouveau Parti Anticapitaliste à la toute fin des années 2000. Auparavant, dans les années 1990, on avait eu également Socialisme International, ou bien les Jeunesses Communistes Révolutionnaires – Egalité. Des militants très nombreux, aguerris, hyperactifs, hyperproductifs. Qu’en reste-t-il ? Strictement rien.

Révolution permanente est justement sortie du Nouveau Parti Anticapitaliste au milieu de l’année 2021, après avoir tenté de pousser son propre candidat à la présidentielle, ce qui a fait du bruit mais n’a pas été concrétisée par un développement. L’université d’été a été prétexte pour parler de former une « nouvelle » organisation révolutionnaire, cela avait d’ailleurs déjà été annoncé en juin 2022. Révolution permanente a annoncé que cette nouvelle organisation sera fondée durant l’automne, sous la forme d’un « Parti ». Voici le meeting de l’université d’été par ailleurs, qui comptabilise moins de mille vues.

C’est que Révolution permanente est, comme toute structure trotskiste, fondée sur une lecture cosmopolite des choses. Il est parlé des choses en général et toute question ne pourrait avoir qu’une réponse mondiale, dans un horizon lointain, très lointain. C’est d’ailleurs une structure dépendante de la Fraction trotskyste – Quatrième Internationale, dont la base est en Argentine et sa seule nature est revendicative, suivant le principe du « Programme de transition » de Léon Trotski où en mettant de l’huile sur le feu des revendications, on arriverait par miracle à une « révolution » mondiale.

Et comme on parle de trotskisme renouvelé, les travailleurs sont vus à travers le prisme post-moderne des « races », des LGBTQ, de la « radicalité » étudiante, d’une liste d’oppressions sous la forme de catalogue, car le socialisme… cela ne « suffit » pas en soi. Daniela Cobet de Révolution permanente dit ainsi :

« Pour renverser le capitalisme, la classe ouvrière, et pas uniquement les prolétaires en bleu de travail, a un rôle central parce qu’elle est au cœur de la production. Mais son combat ne peut se mener qu’en alliance avec l’ensemble des opprimés en lutte, et en portant leurs revendications spécifiques. »

C’est très exactement le discours américain contre le « classisme », le racisme, le sexisme, et autant de « -ismes » que l’on voudra. On a ici des gens qui ne connaissent pas l’Histoire du mouvement ouvrier, qui d’ailleurs la réfutent au nom du trotskisme, et qui accompagnent la diffusion des valeurs libérales et communautaires, bref l’élargissement du marché par l’atomisation individuelle. C’est présenté comme le « véritable » marxisme, la véritable radicalité, alors que c’est anti-historique et cosmopolite, totalement hors-sol et avec un esprit de contestation étudiante.

Révolution permanente racole tellement qu’ils ont réussi à employer à leur service Jean-Marc Rouillan (dont on peut entendre le point de vue ici), ancienne figure de l’organisation de lutte armée Action Directe. Jean-Marc Rouillan avait par ailleurs rejoint le Nouveau Parti Anticapitaliste depuis de nombreuses années et a toujours représenté les pires traditions anarchistes dans Action Directe. C’est un peu le désastre d’ailleurs ici, car on a affaire à une vente opportuniste à la découpe, puisqu’il y a les deux romans de 2022 directement « Action Directe » La Fille de Deauville de Vanessa Schneider (une journaliste et essayiste politique) et La Vie clandestine de Monica Sabolo (Voici, Elle, Grazia, etc.).

Tels sont les temps, où il faut vendre pour exister, racoler pour faire agir, etc. Révolution permanente tente concrètement de suivre les modes capitalistes, principalement américaines, pour se présenter comme l’aile « radicale » d’un libéralisme libertaire en lutte contre toutes les oppressions, notamment la « transphobie ».

C’est la ligne anti Gauche historique. Anasse Kazib, principale figure de Révolution permanente en tant que porte-parole, résume bien cette démarche en disant à l’université d’été que :

« Le stalinisme a transformé le marxisme en caricature, nous on revendique un marxisme qui prend en compte l’ensemble des oppressions, et on veut construire une organisation révolutionnaire à l’image de cette salle, remplie d’ouvrières et d’ouvriers, d’étudiantes et d’étudiants, de femmes, de personnes LGBT, racisées, etc. »

Le prolétariat ne suffit pas, le Socialisme en suffit pas : il faut quelque chose en plus. Cette ligne trotskiste a toujours été le fond même faisant converger trotskisme et fascisme. Et ce n’est qu’un début : moins le prolétariat se bouge, plus il faut des fictions comme les LGBTQ pour prétendre à la radicalité. Et lorsque le prolétariat se bougera vraiment, il y aura encore plus de fictions pour le tromper, pour le pourrir de l’intérieur, pour agir comme cinquième colonne.

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Politique

Mikhaïl Gorbatchev (1931-2022)

Il représente la fin de l’URSS.

Aujourd’hui, l’URSS ne signifie strictement rien pour les jeunes Français. C’est que l’URSS s’est effondrée d’un coup, et la presse occidentale en attribue le mérite à Mikhaïl Gorbatchev, qui vient de décéder le 30 août 2022.

C’est que Mikhaïl Gorbatchev a accompagné effectivement le démantèlement du système soviétique, qui était en faillite totale en raison du poids massif du complexe militaro-industriel. L’URSS visait la suprématie mondiale et maintenait sous son joug de nombreux pays, principalement à l’Est de l’Europe. A un moment il fallait aller à la guerre totale et mondiale, ou s’effacer.

C’est là où intervient Mikhaïl Gorbatchev. Il est arrivé à la tête de l’URSS en 1985, à 54 ans, soit un âge très jeune si on pense à ses prédécesseurs Konstantin Tchernenko et Iouri Andropov, qui ne restèrent qu’un an à la tête du pays, en raison de leur décès dû à leur âge avancé. Il prôna la Glasnost, c’est-à-dire la transparence, et la Perestroïka, c’est-à-dire la restructuration.

Autrement dit, il comptait réformer l’économie soviétique, qui était à la fois un capitalisme militarisé bureaucratique et un chaos concurrentiel de regroupements corrompus, voire mafieux. Il n’y est pas arrivé et il a décidé d’accompagner en douceur l’effacement du régime.

Photo TASS / Alexander Chumichev

Les nostalgiques de l’URSS ne lui ont jamais pardonné, pas plus que les Russes d’ailleurs. Si après la dissolution de l’URSS en 1991 il est dans toute la presse occidentale, dans des conférences et des publicités, après avoir obtenu le prix Nobel de la paix en 1990, en Russie plus personne ne veut entendre parler de lui. Lorsqu’il se présente à la présidentielle russe de 1996, il obtient 0,5% des voix.

C’est que les années de gouvernance du président russe Boris Eltsine, de 1991 à 1999, furent effroyables, avec une pauvreté systématique jusqu’à la misère, une corruption accompagnée de guerres mafieuses ouvertes ; la Russie manqua de s’effondrer. Si Vladimir Poutine est populaire aujourd’hui en Russie, c’est en raison précisément du dépassement de cette situation, du « retour » de la Russie, dont l’opération militaire en Ukraine est par ailleurs un prolongement.

C’est que Mikhaïl Gorbatchev pensait que l’URSS se maintiendrait sous une forme ou une autre, sauf que ce ne fut pas le cas. L’implosion de l’URSS le dépassa ainsi totalement, Boris Eltsine représenta une oligarchie prenant les commandes de la Russie qui le mit hors-jeu. Mikhaïl Gorbatchev apparaissait alors comme celui qui fut, en quelque sorte, un simple pion occidental au service du sabotage interne de l’URSS.

En réalité, Mikhaïl Gorbatchev est le fruit d’une société soviétique pourrie et lui-même n’a été qu’un bureaucrate carriériste essayant de gérer les choses de la meilleure manière possible, de son propre point de vue. Ce n’est pas Mikhaïl Gorbatchev qui a donné naissance à l’effondrement de l’URSS, mais l’effondrement de l’URSS qui a donné naissance à Mikhaïl Gorbatchev. Il était aussi vide de contenu que le Parti Communiste d’Union Soviétique qu’il dirigeait. Et c’était lui ou un militaire fou lançant la guerre mondiale pour la suprématie mondiale.

A l’annonce de son décès, Vladimir Poutine a tout de même salué la mort de celui qui a joué un grand rôle historiquement, ce qu’il avait déjà formulé il y a quelques années. Bien entendu, Vladimir Poutine n’a pas souligne le caractère positif ou négatif de ce rôle. Mais Mikhaïl Gorbatchev aura marqué les esprits justement, car il s’est retrouvé le grand accompagnateur d’un événement historique majeur, la fin de l’URSS. Ce que Vladimir Poutine a défini comme « la plus grande catastrophe géopolitique du 20e siècle ».

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Guerre

Contre-offensive fictive de l’Ukraine

On est dans le storytelling, au prix du sang.

Le régime ukrainien a annoncé le 29 août 2022 avoir lancé sa contre-offensive dans le sud du pays, afin de récupérer la région de Kherson. Cette contre-offensive a été annoncée à de nombreuses reprises depuis deux mois, le régime ukrainien expliquant également plusieurs fois que la région serait reconquise à l’automne.

En pratique, la contre-offensive a consisté en réalité en plusieurs attaques dans la région de Kherson, quatre villages ayant été conquis – on parle ici grosso modo de l’emploi d’une centaine de véhicules, d’un millier de soldats. Car l’Ukraine n’a pas les moyens de réaliser une contre-offensive de grande ampleur, contrairement à sa rhétorique qui relève du storytelling, et ce d’autant plus que le régime est désormais totalement inféodé à la superpuissance américaine.

L’instauration il y a quelques jours de la loi 5371 qui supprime le droit du travail pour la grande majorité des salariés est une expression de cette réalité désormais coloniale, et comme la base du régime est désormais plus qu’étroite, il faut d’autant plus renforcer l’idéologie afin de mobiliser les masses. C’est le sens de l’annonce d’une pseudo contre-offensive de grande ampleur.

En pratique, ce sont les masses qui vont payer le prix du sang pour de multiples contre-attaques sans réelle portée, dont la seule fonction est le storytelling du régime. Un régime qui cherche à vendre le pays à tout prix, comme le montre le discours du président ukrainien Volodymyr Zelensky le 29 août 2022 toujours, pour l’ouverture de l’université d’été du syndicat patronal français, MEDEF.

Encore le même jour, on a l’armée ukrainienne qui a salué… la North Atlantic Fellas Organization, les fellas (ceux qui partagent la même activité, en argot américain), qui sont toujours représentés par un chien Shiba Inu. Il s’agit d’une structure produisant des « memes », des images à portée humoristique ou dédaigneuse, ici pour mener une intense propagande en ligne contre la Russie et l’armée russe.

Il va de soi que cette « armée » en ligne n’a rien de spontané, l’OTAN ayant déjà en 2015 publié un document prônant la guérilla propagandiste en ligne au moyen de memes (on peut lire le dossier de l’OTAN ici : https://www.act.nato.int/images/stories/media/doclibrary/open201705-memetic1.pdf).

Tout cela montre les limites de la défense militaire ukrainienne, vassalisée à la superpuissance américaine et s’appuyant sur une narration nationaliste délirante. Ici, impossible encore de ne pas mentionner la femen Inna Shevchenko, qui a découvert son pays avec l’invasion et propage depuis un discours halluciné, littéralement fanatique. Les Ukrainiens seraient aujourd’hui plus proches des Américains et des Britanniques que des Russes… Faut-il être biberonné aux dollars et aux euros pour sortir de tels propos.

Mais les limites de ce discours ultra nationaliste sont désormais patentes et il faut continuer à vendre du rêve, coûte que coûte, alors que la Russie se prépare de son côté à une vaste offensive dans les prochaines semaines, en ayant quant à elle réellement les moyens de la mener.

On rentre dans l’étape où un drame va se jouer pour la nation ukrainienne. Son propre destin lui échappe désormais complètement et la petite clique qui choisit pour elle l’amène à la défaite, à l’effondrement. Les Ukrainiens ne vont rien comprendre à ce qui leur arrive, tout comme ils n’ont strictement rien compris à l’invasion russe. On a là une catastrophe humaine de très grande ampleur, une horreur.

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Politique

Le triomphe de La France Insoumise comme néo-réformisme

Tous les opportunistes ont convergé avec la NUPES.

Le mouvement populiste de Jean-Luc Mélenchon La France Insoumise tient son université d’été et c’est un grand succès, du moins médiatique et « militant ». On assiste à la reconstruction ou l’espoir d’une reconstruction d’un néo-réformisme, à la fois électoraliste et louvoyant sur tous les sujets, pour proposer une « alternative » sociale dans le cadre du capitalisme. C’est de la tromperie à 100%, mais le public petit-bourgeois de La France Insoumise veut être trompé justement, afin de tromper les prolétaires. C’est un immense jeu de dupes afin d’amener le prolétariat à se placer à la remorque de la petite-bourgeoisie.

Les médias présentent de ce fait de manière ininterrompue La France Insoumise comme la grande force de gauche. La France Insoumise est, si l’on suit le programme commun de 1981 en comparaison, littéralement de centre-droit, mais la tromperie passe grâce au capitalisme et aux opportunistes.

On a ainsi des membres du gouvernement comme la secrétaire d’Etat chargée de l’Economie sociale et solidaire Marlène Schiappa ou encore le ministre des Transports Clément Beaune qui sont venus « débattre » à l’université d’été. Il y avait d’ailleurs également la figure de la Droite parisienne Rachida Dati. Ces gens viennent aider à faire en sorte que La France Insoumise ait une image radicale, tout en restant étroitement dans le cadre des institutions.

Et on a des opportunistes visant à donner de l’extérieur de la valeur à La France Insoumise, comme Raphael Arnault de la Jeune Garde. Pour qu’il qualifie Jean-Luc Mélenchon d’antifasciste, c’est vraiment que lui-même est un trotskiste et qu’on a ici un plan de communication établie par derrière, autrement ce n’est pas possible.

C’est donc pour cela que la « Jeune Garde » de Raphael Arnault n’utilise jamais le symbole des deux drapeaux mais toujours les trois flèches relevant historiquement des socialistes, que l’antifascisme est conçu simplement comme un mot-valise pour un anticapitalisme populiste. On est dans la mise en place d’un néo-réformisme dur mêlant socialistes, trotskistes, communistes libertaires, populistes, « militants » aux valeurs post-modernes. C’est l’opposé de la Gauche historique.

Ce n’est pas pour rien de toute façon que le député NUPES Jérôme Legavre de Seine-Saint-Denis appartient au « Parti Ouvrier Indépendant » (POI), que le POI prête ses locaux parisiens au « parlement de l’Union populaire » de La France Insoumise.

Et il est cohérent que tout cela marche de par le niveau intellectuel et culturel en France. Les petits-bourgeois sentent le sol se dérober sous leurs pieds et profitent de ce qu’ils ont pour mettre en place une vaste organisation revendicative – électoraliste pour chercher à subsister face à la crise qui se développe.

La multitude des thèmes permet d’engranger large sans jamais rien creuser et les revendications, en convergence avec les syndicalistes corrompus par le capitalisme, donnent une image contestataire pour attirer les sympathies ou le soutien de prolétaires… Ou plutôt d’une partie des prolétaires, car le processus a immanquablement comme conséquence d’en pousser une partie encore plus grande dans l’apolitisme ou directement dans le soutien à l’extrême-Droite.

Tel est le prix à payer quand on n’assume pas le Socialisme et d’ailleurs La France Insoumise n’est qu’un phénomène sans portée historique, servant simplement au capitalisme à temporiser. Lorsque la crise va impliquer une situation bien plus dure, La France Insoumise disparaîtra et des gens comme François Ruffin montreront qu’au fond ils sont très exactement ce que représente le fascisme, à savoir une tentative nationale-sociale d’éviter le Socialisme.

Il n’y a pas de place pour le néo-réformisme dans une époque de bouleversement !

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Réflexions

Mais il ne se passe rien en France!

Toujours rien !

Nous sommes fin août 2022 et il ne se passe rien en France, strictement rien. Il n’y a pas de formes culturelles nouvelles qui affleurent, pas de contestation populaire qui gronde, pas d’initiatives se produisant au sein du peuple. La question de savoir si la rentrée 2022 va ainsi être bouillante ou pas se résout d’elle-même : il se passera peut-être quelque chose, sans doute quelque chose, mais il n’y aura rien d’une réelle ampleur, car il n’y a pas d’organisation.

C’est une question d’une très grande importance et se tromper à ce niveau ne peut amener qu’à la déception, la désillusion, le désespoir. Qui perd de vue la question de la conscience tombe immanquablement dans la capitulation ou bien l’auto-destruction.

Si on prend mai et juin 1968, le dernier grand mouvement de masse contestataire en France, avec 1936 trente ans auparavant, il y avait une Gauche extrêmement organisée et de masse. Le PCF avait une dimension de masse formidable, des structures de masse dans de très nombreux domaines, sans parler de la CGT. Il y avait une extrême-Gauche, avec les maoïstes et les trotskystes principalement, active au plus haut degré et avec une capacité d’organisation pratiquement militaire, ou en tout cas professionnelle.

Sans cela, il n’y aurait jamais pu avoir mai – juin 1968. Sans cadres, il n’y a pas de mouvement, sans idéologie, il n’y a pas d’orientation.

On n’a rien de tout cela aujourd’hui. Et il n’y a pas non plus de contexte international propice à un élan contestataire, que l’on pense alors à la guerre du Vietnam, à la révolution culturelle chinoise, aux guérillas en Amérique latine, aux guerres anticoloniales ayant eu lieu ou bien se prolongeant encore. Il n’y a pas de modèle ou d’identification ou d’inspiration possible à un mouvement ayant lieu quelque part dans le monde.

Il ne faut donc pas s’attendre à un mouvement populaire merveilleux tombant du ciel. Bien au contraire !

Qu’est-ce qui compte alors? Le travail de fond. Ce dont on a besoin ce n’est pas du spontanéisme ou de la « contestation » – à quoi cela peut-il bien servir alors qu’il ne se passe rien nulle part ? Quel intérêt de cultiver la marginalité ?

Ce dont on a besoin, c’est d’adultes avec des consciences sociales amples, capables d’appréhender les multiples contradictions sociales et d’affirmer le Socialisme sur un mode intellectuel élevé, avec des propositions politiques à la fois concrètes et d’une réelle envergure. C’est le sens réel du Socialisme, au sens de la Gauche historique. Il s’agit ni plus ni moins de fonder une nouvelle société, avec un nouvel État, et donc d’être capable de gouverner.

Il faut être prêt à gouverner pour le moment où tout va se fracturer, et être prêt à gouverner cela implique d’être prêt à lutter pour être en mesure de gouverner, en écrasant le capitalisme, la bourgeoisie comme classe, l’État à son service.

C’est pourquoi Agauche.org œuvre, dans la tradition de la Gauche historique, exactement comme le firent Le Populaire et l’Humanité dans les années 1930, à la conscience, à l’organisation – l’arme absolue du prolétariat !

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Réflexions

La société de consommation doit être l’ennemie de la Gauche

Ne pas l’affronter, c’est capituler devant le capitalisme.

Les nouvelles générations sont formidables, mais elles sont nées dans la société de consommation et sont privées de tout lien culturel, idéologique, politique, intellectuel avec la Gauche historique. Elles sont donc à la fois d’un immense potentiel révolutionnaire, car d’une vivacité incroyable, et pourtant en même temps elles sont totalement perdues de par leur convergence avec la société de consommation.

Celle-ci ne se prive pas de leur donner des fausses causes, telles les LGBTQ, les migrants, les consommateurs de drogues, les pseudos « travailleurs du sexe »… et le on sait si sont nombreux ces exemples du turbocapitalisme. Puis, avec le temps, ces jeunes sont appelés à s’assagir, à s’inscrire dans la propriété et à basculer dans le capitalisme traditionnel.

Tous les jeunes évidemment ne passent pas dans le turbocapitalisme, et les autres ne le quittent pas forcément. Cela donne une société à l’américaine, avec d’un côté des « républicains » qui sont en fait conservateurs, et des « démocrates » qui sont en fait les tenants du turbocapitalisme. C’est une véritable dynamique thèse-antithèse pour faire à la fois tenir et avancer la « synthèse » capitaliste.

Et rien ne tiendrait sans une société de consommation capable de satisfaire les innombrables « identités » proposées par le capitalisme, du biker à l’adepte du running, du chef d’entreprise partouzard à l’ouvrier pêcheur, du lumpen livreur à vélo à la ménagère de cinquante ans, de la secrétaire désireuse de se marier à la directrice du personnel divorcée. Autant de vies différentes, autant de mal-être, jamais attribué au capitalisme, autant d’espoirs mais aussi de joies, mais surtout autant de perditions sur le long terme, à la fois pour ces gens et pour la société toute entière.

Celle-ci se voit condamnée à devenir fictive, avec des liens sociaux disparaissant, se réduisant toujours plus à la dimension d’un contrat. Tout se vend, tout s’achète, et il ne viendrait pas à l’idée aux gens d’assumer en bloc des responsabilités, que ce soit dans un couple ou dans un mouvement politique, à moins que ce soit pour faire carrière.

Il est évident qu’aucun changement en profondeur n’est possible sans affronter ce culte de l’ego, sans que les egos soient anéantis, s’effaçant devant le grand tout : le prolétariat, la Biosphère, la vie elle-même. L’humanité déraille totalement, menant une guerre à la Nature et perdant le propre sens de son existence. Et ce ne sont pas les religions qui vont étancher la soif existentielle, ce ne sont que des opiums du peuple.

L’époque est mûre pour une immense transformation sociale, et pour qu’on garde le meilleur des capacités de production, il faut dégager ce qui est destructeur, il faut briser la société de consommation. Il faut que la raison triomphe – en phase avec la Nature. Il faut la planification – réalisée selon des esprits saisissant le Socialisme !

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Restructurations économiques

Emmanuel Macron et « la fin de l’abondance »

Comment amener la société consommatrice à la guerre?

Jusqu’à présent, rien de bouleversé en France. Il y a eu le Tour de France, Emmanuel Macron est passé par là, tout va très bien dans le meilleur des mondes. L’été 2022 s’est déroulé sans accrocs.

L’Etat doit pourtant procéder à une vaste restructuration économique, ainsi qu’amener les gens en direction de la guerre pour le repartage du monde. Les gens sont trop passifs pour faire face aux restructurations, donc de côté-là, ça passe, mais comment les amener à la guerre ? Là, il y a un véritable problème et l’aile libérale-modernisatrice de la bourgeoisie, que représente Emmanuel Macron, doit montrer qu’elle est capable de résoudre ce problème, sans quoi… C’est l’aile nationaliste-militariste qui l’emportera, et avec elle la très haute bourgeoisie.

Dans son discours introductif au Conseil des ministres, le 24 août 2022, le président Emmanuel Macron a ainsi tenu des propos visant à souligner l’ampleur de la tâche. Ce qui donne :

« Il se pourrait que d’aucuns voient notre destin comme étant perpétuellement de gérer les crises ou des urgences. Je crois pour ma part que ce que nous sommes en train de vivre est plutôt de l’ordre d’une grande bascule ou d’un grand bouleversement. »

Emmanuel Macron a dans ce cadre utilisé trois formules chocs, dont les médias français se sont très largement faits écho : c’est « la fin de l’abondance », « la fin d’une forme d’insouciance » et « la fin des évidences ».

C’est là qu’on voit qu’on est à une période charnière et que les événements vont se précipiter. On sait en effet qu’il y a la pandémie, une dette gigantesque, l’inflation, la tendance à la guerre qui se systématise, bref c’est la crise. Sauf que le capitalisme a connu une telle croissance depuis 1989 – depuis l’effondrement du bloc soviétique et l’intégration de la Chine comme usine du monde – que cela a produit une telle abondance que les gens sont encore totalement déconnectés.

A part pour l’ultra-gauche et La France Insoumise, qui pratiquent un misérabilisme outrancier, la France vit dans une opulence toute impérialiste au niveau des rapports mondiaux. Les gens sont corrompus, le rêve de tout un chacun est d’être propriétaire… quand il ne l’est pas déjà !

Et de ces Français, on ne peut pas faire des soldats ou se fonder sur eux pour une économie de guerre. Même la Russie en guerre contre l’Ukraine n’a pas osé instaurer un régime nouveau fondé ouvertement sur l’économie de guerre. Alors les Français… comment faire ?

Il y a de plus cette histoire de rentrée 2022. Il y a un remue-ménage social et l’inflation a marqué les esprits. Du point de vue de la Gauche historique, il ne peut rien se passer du tout de bien, car le niveau des consciences est lamentable. Du point de vue des spontanéistes, c’est par contre l’heure des fantasmes absolus, avec l’espoir d’un renouveau des « gilets jaunes », ce mouvement plébéien fascistoïde.

Comment, pour le régime, faire face à une telle révolte qui ne peut, par définition, qu’aller dans le sens de l’aile nationaliste ? La France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, François Ruffin… ne sont que des tremplins pour l’extrême-Droite. Il n’existe pas de Gauche réelle en France. Tout est à reconstruire. Tout peut aller très vite, mais tout est à faire.

Autrement dit, les Français sont corrompus, et ils ne sont bons à rien. Emmanuel Macron aimerait les garder tels quels. Mais il faut aller à la guerre… sans aller trop vite ni lambiner, auquel cas l’extrême-Droite l’emporterait. Il faut donc bousculer les Français… Ce qui va rendre les choses instables.

C’est là que la fenêtre de tir s’ouvre pour la Gauche historique. Mais le rythme risque d’être très rapide, trop rapide… La séquence qui s’ouvre va être effroyablement complexe ; dans les faits, qui n’a pas un arrière-plan réellement solide sur le plan des idées se fera entièrement balayer.

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Guerre

La loi 5371 en Ukraine supprime le droit du travail

La fin du droit pour les salariés.

Alors que ce 24 août 2022 le régime ukrainien célèbre la mise en place d’une Ukraine post-soviétique en 1991, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a ratifié le 23 août la loi 5371. Elle concerne 70% des masses laborieuses ukrainiennes, qui travaillent dans les Petites et Moyennes Entreprises, les PME, soit toutes les entreprises de moins de 250 personnes. Le droit du travail n’y a désormais plus cours ; chaque salarié aura maintenant son propre contrat individuel.

Cela supprime de fait le droit d’association pour les travailleurs et l’existence même de syndicats. Le rapport de force est unilatéralement en faveur des employeurs. Les travailleurs ne peuvent pas se défendre, ils sont à la merci de contrats taillés sur mesure par le patronat.

Cela a forcément un impact sur les 30% des travailleurs non concernés, pour qui la pression devient immense, puisqu’il y aura un chantage terrible. Qui revendique quelque chose sera licencié et se retrouvera dans les 70% connaissant une précarité absolue.

Pour la grande majorité des travailleurs, c’est un retour au 19e siècle, ce qui est en phase avec la modification de la nature du régime ukrainien depuis le début de la guerre. De semi-colonie américaine, le pays est devenu une colonie et la suppression du droit du travail correspond à la nature fasciste du régime, au service des intérêts américains. Les capitalistes français en profiteront aussi naturellement, à condition cela étant que le régime ukrainien se maintienne face à l’offensive russe.

Le régime ukrainien avait également fait que les travailleurs mobilisés par l’armée continuent de percevoir leurs salaires : c’en est fini, c’est le gouvernement qui s’en occupe mais cela fonctionne mal. Cela renforce cependant le rôle de l’État, qui militarise l’ensemble de la société, non pas au sens d’une armée populaire, mais d’un peuple enfermé par les armes. Cela se voit avec l’incapacité d’une mobilisation armée à grande échelle : l’Ukraine devrait mener une guerre de libération nationale, elle ne le fait pas, et elle ne peut pas le faire de par la nature du régime.

Depuis la fin juillet, il y avait d’ailleurs également des sortes de semi-contrats où les travailleurs, à hauteur de 10% du personnel, font du 32 heures par semaine avec un planning au jour le jour. Cela pavait la voie à la loi 5371, alors qu’il y avait beaucoup d’espoir du côté des syndicats ukrainiens pour que celle-ci ne soit pas ratifiée.

C’est une défaite complète. Les masses laborieuses se retrouvent concrètement divisées, éparpillées, écrasées. C’est la conséquence de l’incapacité de celles-ci à comprendre les enjeux de l’époque et comment l’Ukraine est devenue une victime de la bataille pour le repartage du monde.

Cette situation va naturellement réimpulser en même temps la lutte des classes. Mais le processus va être terriblement tortueux, et les masses ukrainiennes vont devoir être à la fois fortes et ingénieuses pour faire face à la fois à l’envahisseur russe, à la tutelle coloniale de la superpuissance américaine, à l’oligarchie ukrainienne et au régime ukrainien de type fasciste. C’est pour l’instant par ailleurs extrêmement mal parti, les Ukrainiens ne comprenant rien à ce qui leur arrive, par aveuglement nationaliste.

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Guerre

L’attentat contre Alexandre Douguine et l’armée nationale républicaine russe

Quelque chose se passe.

Dans la nuit au 21 août 2022, non loin de Moscou, le véhicule de Darya Douguine a explosé car il avait été piégé, son père Alexandre Douguine devait s’y trouver mais avait changé d’avis à la dernière minute. L’action a été revendiquée depuis l’Ukraine par une Armée nationale républicaine russe.

Les gens s’intéressant à la question ukrainienne et lisant agauche.org connaissent déjà Alexandre Douguine, qui a été avec Edouard Limonov décédé en mars 2020 à la tête du mouvement « national-bolchevique » en Russie. Plusieurs mois avant le déclenchement de la guerre en Ukraine avait été publié le très important document L’expansionnisme russe anti-ukrainien et sa base idéologique «eurasienne», qui présentait l’idéologie d’Alexandre Douguine et son rôle dans la négation russe de l’Ukraine.

En mars 2022, il était également souligné dans Alexandre Douguine, la guerre en Ukraine et l’extrême-Droite française que la démarche russe « impériale » provoquerait un certain élan idéologique en France, qui s’est effectivement produit dans certains secteurs nationalistes français avec une idéologie prônant empire multi-communautaire contre le mondialisme.

Sa fille Darya Douguine, tuée dans l’explosion, était sur la même ligne et participait pareillement à des réseaux d’information sur la ligne eurasienne ; elle avait été à Bordeaux et parlait par ailleurs français.

Alexandre Douguine et sa fille Darya Douguine

Il a beaucoup été dit dans les médias français qu’Alexandre Douguine est l’éminence grise de Vladimir Poutine, son Raspoutine. Ce n’est pas exact ; Vladimir Poutine est sur une ligne nationaliste imprégnée de religion orthodoxe, dans la tradition du philosophe Ivan Iline et de l’écrivain Alexandre Soljenitsyne.

Ce qui est vrai par contre est que la conception « eurasienne » d’Alexandre Douguine forme un arrière-plan idéologique incontournable dans le dispositif russe impérial à prétention anti-capitaliste, avec Moscou comme troisième Rome représentant le « continent » contre l’esprit commerçant des « îles » (avec la Grande-Bretagne et les États-Unis), soit les forces « telluriques » contre les forces « thalassocratiques ».

Une telle démarche ne peut pas être toutefois reprise telle quelle par le régime russe, car il y a une dimension mystique délirante à tous les niveaux, Alexandre Douguine se situant ici dans le prolongement de la conception d’un affrontement « à travers les âges » développé par le nazi italien Julius Evola.

Pour cette raison, le choix d’Alexandre Douguine est assez particulier si c’est réellement une opposition interne russe, car sur le plan pratique il ne représentait rien, alors que sur le plan idéologique il était en première ligne pour nier l’Ukraine et prôner depuis 2014 son effacement historique, tout comme sa fille d’ailleurs.

Cela veut dire l’alignement complet de l’opposition russe sur l’Ukraine, et donc sur les États-Unis, ce qui enlève directement tout sol en Russie à une telle opposition. La revendication par l’Armée nationale républicaine a d’ailleurs été faite depuis Kiev par l’entrepreneur Ilya Ponomarev ayant depuis plus de deux décennies une carrière d’opposant en Russie.

Cette revendication s’aligne sur les multiples actions que tentent l’Ukraine contre la Crimée ; Ilya Ponomarev s’était opposée à l’annexion de la Crimée, une chose strictement inconcevable en Russie où la Crimée est vue comme une composante historique absolument inaliénable, avec une très grande insistance sur la ville de Sébastopol.

On est ici dans la tentative de faire s’effondrer la Russie, en générant une opposition interne qui puisse servir d’intermédiaire pour sa vassalisation, l’Ukraine se voyant prendre un rôle majeur dans la région, du moins l’imagine-t-elle car en réalité c’est la Pologne qui deviendra centrale. On retrouve ici toutes les problématiques impérialistes des années 1910-1920-1930, avec un rebattage des cartes géographiques, pour un repartage général du monde.

Il est évident ici que quelque chose de profond se passe, une tentative de prévoir les événements d’après – d’après la défaite d’un des deux protagonistes de la guerre russo-ukrainienne. L’escalade apparaît donc comme inévitable : aucune porte de sortie n’est plus possible.

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Écologie

La vague d’abandons de l’été 2022 et la maltraitance non réprimée

La justice ne fait rien contre la maltraitance, de par sa base sociale.

L’été n’est pas fini mais bientôt arrive l’heure du sinistre bilan des abandons, de la vague terrifiante d’abandons, particulièrement intense. Il faudra bien enquêter, car s’activant au jour le jour, les gens des refuges, plein d’abnégations, n’auront pas forcément le temps, ni le recul, ni le courage de se replonger dans cette horreur.

L’écho estival de la vague a en tout cas été déjà marquant, au jour le jour. Si l’on prend de nouveau les nouvelles des journaux locaux concernant les refuges dans les dernières 24 heures, la vague d’abandon de l’été 2022 est confirmée dans son ampleur. Le refuge de Buigny-Saint-Maclou appelle à l’aide nous raconte Le Journal d’Abbeville. Record d’abandons d’animaux cet été, le refuge SPA de Bayonne saturé nous explique France 3 Nouvelle Aquitaine ; le refuge SPA d’Essuiles est saturé suite à une vague record d’abandons nous dit le Courrier Picard. Abandons à la SPA de Lorient : « En juillet, nous avons été débordés » établit Le Télégramme, se faisant également écho de la multiplication des cas de maltraitance.

Et pour comprendre cet aspect justement, on peut se tourner vers L’info-journal de la Fondation Brigitte Bardot du second trimestre 2022, où l’on trouve des exemples significatifs et nullement uniques en leur genre. Près de Béthune, un locataire parti du jour au lendemain de son logement accroche au préalable son chien à un robinet de la salle de bains. Le chien est retrouvé mort trois semaines après, la personne écope… d’un mois de prison… avec sursis ! Et de 800 euros d’amendes… seulement ! Et d’une interdiction de détenir un animal domestique… pendant trois ans seulement !

Quand on se lit cela, on se dit qu’il faut mettre tout le monde en prison pour longtemps, le « condamné » comme le juge.

Mais c’est typique. Dans la Haute-Vienne, une personne tabasse un chat et commence à le noyer, son propriétaire le sauvant in extremis. Le chat a perdu des dents et un oeil, une patte a été trouée et est devenu sourd. Le juge a considéré que ce n’était pas de la cruauté mais des mauvais traitements, et le type a été condamné à… une amende de 150 euros, et en plus aux frais vétérinaires et à 301 euros pour la Fondation Bardot.

En prison le criminel, et le juge avec !

Près de Roquebrune-sur-Argens, le propriétaire de trois chiens les maintenait enfermé 24 heures sur 24 dans un chenil sans eau ni nourriture. On retrouve les chiens divaguant sur la voie publique. Le propriétaire ne se présente pas au procès, les chiens sont confisqués, l’amende est de… 100 euros. Avec 600 euros à la Fondation Bardot qui s’était portée partie civile.

A Aubervilliers, un maître-chien frappe violemment son chien puis l’égorge dans les parties communes de l’immeuble, maltraitant un autre chien enfermé sur le balcon. Il écope de 18 mois de prison… avec sursis. Il ne peut plus être maître-chien ni détenir un animal, devant payer 400 euros à la Fondation Bardot.

A Elancourt, un chien est enfermé dans une pièce, vivant dans ses excréments et faisant le 1/5 de son poids normal. Le propriétaire est condamné à quatre mois de prison… avec sursis, la Fondation Bardot recevant 800 euros.

Tout cet arrière-plan est très important pour comprendre la vague d’abandons. La maltraitance reste largement invisible en France, et de toutes manières impunie. Dans un tel contexte, les abandons relèvent une démarche qui est le prolongement cohérent d’une situation ignoble à la base. Toute la situation est substantiellement mauvaise – les abandons sont une expression traumatisante, une superstructure d’un cauchemar s’amplifiant avec l’effondrement du capitalisme, produisant la décadence à tous les niveaux.

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Société

Les fantasmagoriques « hommes enceints » du Planning familial

La décadence du capitalisme à l’oeuvre.

Des « hommes enceints », voilà la dernière croisade du Planning familial, qui comme toutes les structures de la Gauche non historique, anti-historique, a rejoint le camp du turbocapitalisme. Le monde s’enfonce dans une crise généralisée, la 3e guerre mondiale s’enclenche, mais non, l’urgence du moment et la clef absolue du progrès, ce serait les LGBT. C’est là raisonner exactement comme H&M, Google, McDonald’s, Netflix, bref tout le camp de la super-modernité capitaliste où tout se consomme vite et bien par une multitude de consommateurs aux identités sans rivages.

Ce n’est là même plus de la convergence avec le turbocapitalisme, c’est le turbocapitalisme lui-même. Ce n’est pas un accompagnement de la décadence capitaliste : c’est la décadence capitaliste elle-même. Toutes les valeurs s’effondrent dans un capitalisme qui pourrit sur pied, en triomphant dialectiquement en même temps dans tous les domaines.

Le Planning familial assume d’ailleurs cette orientation de manière tranchée, comme le font la plupart des gens s’imaginant de « gauche » mais étant en réalité aligné sur le Parti Démocrate américain et son libéralisme sur le plan des moeurs. Si on est contre ce libéralisme sur le plan des moeurs, alors on est un « facho ».

Le planning familial a choisi : il récuse le camp du prolétariat, il est dans le camp du capitalisme. Qui connaît le peuple sait que pour lui il y a des hommes et des femmes et que c’est ainsi procède la Nature, dans une opposition dialectique qu’on retrouve partout. Pour les tenants de la « modernité », c’est trop binaire. Tout comme la lutte des classes est pour eux trop « binaire ». Vivement que les masses se mettent en branle pour balayer ces sous-produits du capitalisme pourrissant.

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Dépêche

Quelle rentrée 2022 nous attend?

On se lasse pas de cette citation de Paul Valéry, qu’on retrouve dans le numéro 4 de la gazette Rosa : « La guerre, un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas ». Quelle vérité ! Une vérité ancrée dans le coeur du peuple. Le peuple sait très bien que quand il y a une guerre, il y a des profiteurs qui profitent encore plus qu’avant, alors que les gens normaux souffrent et meurent.

Cette conscience enracinée au fond du peuple va nécessairement jouer un rôle immense lorsque les choses vont empirer sur le plan militaire, alors qu’on va vers un conflit de haute intensité en Europe (et en Asie), comme l’armée française le dit même ouvertement. Y aura-t-il toutefois le temps pour le peuple de se ressaisir et de s’opposer à la guerre, après sa torpeur consommatrice, sa passivité politique ?

Le grand enjeu, c’est le tempo des événements et la rentrée va jouer un rôle majeur sur ce plan. S’il ne se passe rien… le retard va être d’une ampleur terrible, peut-être irrattrapable.