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Prolongement des suppressions d’emploi, prémisse d’une crise économique de grande ampleur

L’économie française n’a pas encore sombré, mais la pression de la crise continue de se faire sentir.

Le nombre de plans de sauvegarde pour l’emploi (PSE, obligatoire lors d’un licenciement de 10 personnes ou plus dans des entreprises de 50 personnes ou plus) entre le premier mars et le 13 septembre est de 394, contre 249 l’an passé sur la même période. C’est une augmentation de 58% et cela donne concrètement 57 000 destructions d’emploi qui sont envisagés, alors qu’ils n’ont été que 18 000 sur la même période l’an passé.

C’est énorme, mais ce n’est qu’un premier aperçu de la crise qui s’annonce. En effet, des pans entiers du capitalisme sont encore sous perfusion, avec de l’argent public qui masque pour encore quelques mois, ou quelques semaines, des difficultés économiques bien réelles. Par exemple, il y a encore (au 23 septembre) 1,3 millions de salariés dont le salaire est en partie pris en charge par l’État dans le cadre du chômage partiel, contre 9 millions au plus fort de la crise.

Il faut ajouter à cela les prêts garantis souscrit par des milliers d’entreprises, dont une grande part d’entre elles ne pourra le rembourser et sombrera, ainsi que les mesures de suspensions de charge ou d’aides diverses, qui vont précipiter énormément d’entreprises quand elles seront levées, probablement cet hiver.

Tout ce qui se passe actuellement n’est donc que les prémices de ce qui vient, alors que les suppressions de postes à la chaîne engendreront à leur tour des baisses d’activités dans d’autres secteurs, puis de nouvelles suppressions de poste, etc.

Si l’on regarde par secteur, on a notamment l’aéronautique où ce sont pas moins de 25 000 postes qui sont déjà menacés sur les 300 000 emplois (directs) de la filière en France. Rien que dans le département de la Haute-Garonne, où Airbus est principalement implanté, cela donne 20 PSE en cours. Avec 3600 suppressions d’emplois chez Airbus, 1300 chez Daher, 350 chez Figeac Aero, 700 chez Derichbourg, on comprend tout de suite que la situation va être très compliquée dans le département, ce qui aura forcément un impact énorme sur toute l’économie locale.

Dans le commerce, la suspension de l’activité économique a été fatale pour de nombreuses enseignes alors que d’autres en profitent pour restructurer, avec déjà plusieurs milliers d’emplois supprimés ou en suppression (Camaïeu, André, La Halle, Alinéa, PicWicToys, Auchan, etc.)

D’autres grandes enseignes dans différents secteurs ont d’ors et déjà annoncé des suppressions de poste en France, comme General Electric, Boiron, Nokia, Renault, Smart, Bridgeston… ce à quoi il faut ajouter les difficultés, beaucoup moins visibles, de tout un tas de PME et d’entreprises individuelles. Chaque semaine depuis cet été, ce sont entre 100 et 200 licenciements collectifs (de moins de 10 personnes) qui ont lieu.

Il y a également, ne l’oublions pas, toute l’économie de la culture et du spectacle, qui est au point mort ou quasiment au point mort depuis le mois de mars, que l’État maintient sous respiration artificielle et dont on sait déjà qu’une grande partie ne pourra jamais redémarrer.

En plus de ces suppressions d’emplois, de nombreuses entreprises ne recrutent pas, ou très peu. Rien que pour l’intérim, la situation est très délicate avec une somme totale des missions inférieure de 20 % par rapport à l’an passé pour la rentrée de septembre. Selon l’OCDE, en ce qui concerne la France, cela représente pour le secteur de l’intérim, un déficit de pas moins de 150 000 emplois sur l’année, ce qui est gigantesque.

En attendant, les regards sont rivés sur la date du 7 octobre dans les tribunaux de commerce. Ce sera en effet 45 jours après la fin de la période d’urgence sanitaire, soit le délai maximum avant de demander un redressement judiciaire ou une liquidation judiciaire pour les entreprises en difficulté. Là encore, une grande vague est attendue.

La crise économique ne fait donc que commencer, et elle est déjà bien présente en ce qui concerne l’emploi. La bourgeoisie ne s’imagine certainement pas payer la crise et les suppressions d’emplois sont pour elle une première façon de faire payer la crise aux travailleurs, en en mettant sur le carreau une partie pour espérer se relancer sur le dos de ceux restants… ceux-là devant subir une pression accentuée comme jamais.

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Politique

« Et ça pourrait dire reconfinement »

En parlant « reconfinement », le premier ministre a fait passer un message indirect qui révèle le fond de la situation sanitaire.

Si la situation n’était dramatique, on rirait encore des propos farfelus des institutions. « Aucun cluster n’a été découvert dans les transports en commun » apprend-on du côté de la SNCF et de la RATP. Comme s’ils en savaient quelque chose, comme s’ils avaient les moyens d’en savoir quelque chose. Alors, que, de toutes façons, c’est une évidence en région parisienne où les gens sont les uns sur les autres. On peut ajouter à ce panorama francilien les vendeurs à la sauvette de cigarettes, sans masque, aux sorties de certaines stations, ou bien ces gens venant laver les barres où s’agripper, en passant simplement partout le chiffon, sans jamais utiliser le spray de liquide désinfectant.

La RATP a également comme argument que à quatre par mètre carré, ce n’est pas grave, car le métro n’a pas retrouvé sa fréquentation normale. Surréaliste. Comme en général il y a moins de fréquentation, ce n’est pas grave qu’on soit à quatre par mètre carré aux heures de pointe ou dans les lignes traditionnellement bondées quoi qu’il arrive. C’est en fait sans doute par miracle ou magie qu’on est passé à plus de 16 000 cas de personnes contaminées par jour en France, car ce qui est vrai à Paris l’est aussi dans de nombreux endroits, les Français étant des Français.

Et dans le monde, on est à pratiquement un million de morts déjà, car les humains sont des humains : ils vivent dans l’anarchie capitaliste, des zones urbaines inhumaines, avec au choix pas de moyens ou bien pas de volonté. Quand on dit pratiquement un million de morts, notons qu’on doit être bien au-dessus, car initialement beaucoup de morts n’ont pas été compté, les institutions préférant faire tomber le nombre en associant les décès à d’autres maladies également présentes. Un jour, on aura les statistiques à l’échelle nationale et on pourra comparer la mortalité habituelle à celle de la période du covid. Un jour.

En attendant, sur France 2 le 24 septembre, le premier ministre Jean Castex a prévenu :

« Il faut que l’opinion soit très attentive, très prudente. Si nous n’agissons pas on pourrait se retrouver dans un situation proche que celle connue au printemps et ça pourrait dire reconfinement ».

C’est là un profond signe de faiblesse. L’État montre, tout simplement, qu’il n’est pas au point. Il est dépassé par les événements et ce pour une raison très simple. Un État authentique s’appuie sur une profonde dynamique au sein de la société. C’est cela qui fait que lors de la Révolution française, il y a eu la bataille de Valmy, où les Français mobilisés sur le tas ont battu les Prussiens. Un État authentique a une légitimité dans la population, des ramifications, il trouve des soutiens qui se produisent de manière autonome.

Cet enracinement de l’État peut avoir une substance très différente. Ainsi, en France, on n’a jamais compris que l’Allemagne nazie n’a jamais été un « totalitarisme », mais que les gens eux-mêmes, à la base, ont soutenu le régime, d’eux-mêmes. Mai 1945, pour les Allemands, c’est une défaite. Les Allemands voulaient le nazisme.

Bien entendu, une fausse légitimité ne tient pas ; une dictature anti-populaire ne dure qu’un temps, les gens s’apercevant du caractère démagogique du régime. Mais ce temps peut être relativement long : l’Italie fasciste a une base populaire immense avant le grand retournement de situation en 1943.

De la même manière, la France a mobilisé de manière générale en 1914 sans aucun problème, n’ayant aucun opposant en face. Ce n’est qu’à partir de 1917, sous l’effet de la révolution russe (de février) que les oppositions se forment réellement et que les poilus, surtout des paysans, commencent à prendre conscience de la situation.

Aujourd’hui, par contre, l’État est totalement déconnecté de la société. Il l’est au sens strict depuis la seconde partie du 19e siècle, depuis que la bourgeoisie est installée dans tous les rouages institutionnels. Mais là, l’État est même étranger à lui-même ! Même ses propres structures lui sont étrangères ! De plus en plus, les policiers sont par exemple eux-même de la chair à canon social, se prolétarisant et perdant leur nature traditionnelle première de mercenaires bornés cherchant à casser pour casser afin de maintenir l’ordre établi.

Un tel État ne peut pas gérer une situation sanitaire de crise. Il n’a ni relais, ni soutien ; il n’a pas de capacité d’intervention sociale, car partout il se fait remettre en cause. Cela ne veut nullement dire, comme le pense l’ultra-gauche, qu’on est dans une situation quasi révolutionnaire ; on va bien plutôt vers un régime ultra-autoritaire autour d’un général venant « remettre de l’ordre ». Cela veut dire, en fait, que la crise est partout, que plus rien ne tient, ni l’écologie planétaire, ni la situation sanitaire, ni les société et pas même leurs États.

C’est un défi immense et pour l’instant les gens sont à des années-lumière de saisir ces enjeux.

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Guerre

Turquie/Grèce: le racisme au service de la guerre

La haine historique et réciproque entre la Grèce et la Turquie est bien connue. Les hydrocarbures méditerranéens l’alimentent ces dernières semaines de manière dramatique et inquiétante.

Ce qui est inquiétant, outre la faiblesse d’une Gauche capable de s’opposer au conflit annoncé (encore qu’en Grèce, elle puisse s’exprimer de manière plus grande qu’en Turquie), c’est le profond racisme qui gangrène les deux pays et qui sert naturellement les intérêts guerriers.

Ce phénomène est particulièrement visible en Turquie ou chez les gens d’origine turque installés à l’étranger. En Turquie, mais également sur les réseaux sociaux, on voit fleurir les appels au meurtre et les insultes visant les peuples que le nationalisme turc a souvent massacré : les Arméniens, les Kurdes et, surtout en ce moment, les Grecs. Ceux-ci sont qualifiés de « bâtards », de « résidus de Byzance », ou même de « bâtards pontiques », en référence à cette population grecque qui a subi un véritable génocide. À ce propos, il est ironiquement ignoble que les mêmes qui nient le caractère génocidaire de ces massacres (dont l’odieux génocide arménien) insinuent quand même que « c’était bien fait pour eux », et appellent parfois même à renouveler l’horreur.

En 2019, le rapport de la fondation Hrant Dink étudiant les discours haineux notait que dans les médias turcs, la haine visant les Grecs (de Grèce, de Chypre et de Turquie) était bien plus fréquente que la haine des Syriens (premières victimes de la haine raciste, si on compte séparément Grecs de Grèce et Grecs de Chypre et Turquie séparément), des Juifs et des Arméniens. On constate une véritable focalisation sur les Grecs, entretenue par les médias dont on sait à quel point leur dépendance par rapport au pouvoir est grande.

Ce racisme sert évidemment les projets expansionnistes et agressifs du régime qui joue sur la corde néo-ottomane pour attiser la haine et le soutien à ses projets. La reconversion de Hagía Sophía en mosquée en a été une marque importante, mais on doit noter également que le régime laisse détruire des monuments historiques liés à la Grèce et au christianisme dans cette même optique.

Face à cela, la haine anti-turque en Grèce est, pour ainsi dire, tout aussi culturellement ancrée. Comme en Turquie d’ailleurs, cette haine est associée à la haine d’autres peuples, notamment les Roms ou les Macédoniens, auxquels beaucoup nient même le droit de se dire macédoniens, sans parler des Juifs, au centre de tous les fantasmes conspirationnistes, que ce soit par antisémitisme chrétien ou par « anticapitalisme » (au sens de « socialisme des imbéciles », comme disait August Bebel). À ce titre, on ne rappellera jamais assez que les amis grecs de Jean-Luc Mélenchon, après avoir participé aux manifestations nationalistes contre le droit pour les Macédoniens de se dire Macédoniens, font désormais campagne contre « l’israélisation » de l’État grec, soi-disant sous contrôle.

Ainsi, dans le langage courant, de nombreuses insultes sont forgées à partir de termes désignant ces nationalités. Beaucoup même les emploient naturellement, sans forcément avoir des arrières-pensées racistes, tellement elles sont courantes. On peut citer le terme de « τουρκόγυφτος », littéralement le « turco-gitan ». Le mot « γυφτος », cousin étymologique de « gypsy » et de notre « gitan », a déjà en grec une connotation souvent péjorative (on lui préférera d’autres mots, comme « τσιγγάνος », tsigane, par exemple). En lui ajoutant le préfixe « turco », on renforce le côté péjoratif et le sens premier de « Rom venu de Turquie » s’efface derrière une insulte adressée à quelqu’un de mauvais, malhonnête, sale, malpropre, etc.

Après quatre cents ans d’occupation, puis deux siècles de tensions, les Grecs ne sont pas davantage prêts que leurs voisins à faire la paix et à tourner le dos au nationalisme que leurs dirigeants et les classes dirigeantes instillent entre eux. D’autant que, si Recep Tayyip Erdoğan exprime un néo-ottomanisme islamo-turc, la Grèce reste également encadrée par ses deux piliers institutionnels : l’Église hortodoxe toute-puissante et réactionnaire, et l’Armée, bastion du fascisme, voire même du nazisme.

La situation est alarmante et le pire est à craindre si la Gauche de ces deux pays ne parvient pas à mener le combat pacifiste et à rassembler largement les masses autour du refus de la guerre, de la défense de la démocratie et du recul des monopoles. Là-bas comme ici, il faut le Front populaire. D’urgence.

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Culture

Verlaine et Rimbaud au Panthéon, expression de l’idéologie poétique

La proposition d’entrée simultanée de Verlaine et de Rimbaud au Panthéon reflète la tentative de relancer l’idéologie individualiste poétique.

Avez-vous essayé de lire Rimbaud ? C’est illisible, personne n’y arrive. Ses écrits du début de son adolescence sont niais, ceux de la fin de son adolescence sont une escroquerie. C’est du collage d’images sans aucun sens et formant une fin en soi, Rimbaud assumant d’ailleurs dans les Illuminations de n’en avoir rien à faire de rien. De fait, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, Rimbaud n’intéressait personne et la poésie, c’était le mouvement du Parnasse, reconnu officiellement même par les institutions de la IIIe République. Le premier prix Nobel de littérature, c’est le poète du Parnasse Sully Prudhomme, en 1901, déjà à l’Académie française depuis 1881.

Quant à Verlaine, c’est une poésie produite au kilomètre, totalement inégale. On a chez Verlaine quelques rares merveilles de fluidité, au milieu de 99 % d’écrits niais, esthétisants, ou bien pornographiques, ou bien mystico-religieux catholiques. On ne va pas loin à écrire des poèmes où on raconte qu’on jette du pain en bas des urinoirs pour les récupérer et les manger. Verlaine a d’ailleurs fini misérable et alcoolique, dans le prolongement d’une fuite en avant esthético-décadente typique du Paris de la fin du XIXe siècle.

La romance à ce sujet commence dans les années 1920, avec le courant du surréalisme. André Breton et Louis Aragon publient Un cœur sous une soutane, un pamphlet anticlérical de Rimbaud, en 1924, et font de Rimbaud le précurseur du poète rebelle, révolutionnaire même (qui en réalité cessera rapidement ses aventures poétiques pour finir trafiquant d’armes en Afrique). Depuis cette période, Rimbaud est une référence pour l’ultra-gauche, dans le prolongement des surréalistes et d’un « romantisme poétique » à la fois individualiste, aventurier et contestataire.

Alors, pourquoi proposer l’entrée au Panthéon de Verlaine et Rimbaud, dont la seule production commune aura été un « sonnet du trou du cul » à caractère pornographique ? Pour contribuer à renforcer l’idéologie de la poésie, cet élitisme anti-populaire se croit très intelligent à coller des mots comme bon lui semble, au-delà de tout rapport au réel. Cela vient évidemment de Paris, cette ville bourgeoise et libérale, relativiste et décadente, avec une « gauche » en première ligne du turbo-capitalisme.

La campagne pour l’introduction simultanée des poètes Verlaine et Rimbaud au Panthéon s’est faite en deux temps, trois mouvements. Il y a d’abord eu une pétition, puis le lendemain la sortie d’une réédition d’une vaste biographie de Rimbaud (dans la collection Bouquins), puis naturellement toute une série de réactions médiatiques en soutien ou en opposition.

La ministre de la Culture Roselyne Bachelot a notamment saluée la pétition, qu’elle a elle-même signée d’ailleurs à l’origine avec toute une série d’anciens ministres de la culture (Jean-Jacques Aillagon, Renaud Donnedieu de Vabres, Aurélie Filippetti, Jack Lang, Frédéric Mitterrand, Françoise Nyssen, Fleur Pellerin, Catherine Tasca, Catherine Trautmann).

Roselyne Bachelot y voit quelque chose de résolument moderne :

« Le fait de faire entrer ces deux poètes qui étaient amants, oui, ensemble, au Panthéon aurait une portée qui n’est pas seulement historique ou littéraire, mais profondément actuelle »

On l’aura compris, il y a l’arrière-plan une logique LGBT visant à faire des deux poètes un couple homosexuel, alors qu’ils n’ont été en réalité que des amants dans le cadre de milieux mêlant drogues, alcools, coucheries diverses et sordides tout en prétendant écrire une littérature « avant-gardiste », en rupture, etc. C’est une réécriture romancée de l’histoire, où les turbo-capitalistes ont tout à gagner : l’idéologie poétique valorisée, le parcours littéraire historique jeté à la poubelle, l’idéologie LGBT appuyée, le relativisme général affirmé…

La pétition commence d’ailleurs ainsi :

« Arthur Rimbaud et Paul Verlaine sont deux poètes majeurs de notre langue. Ils ont enrichi par leur génie notre patrimoine. Ils sont aussi deux symboles de la diversité. Ils durent endurer « l’homophobie » implacable de leur époque. Ils sont les Oscar Wilde français. »

On ne peut suffisamment souligner la dimension « poétique », c’est-à-dire en réalité individualiste au maximum, avec un anti-réalisme autant poussé que dans l’art contemporain. Rimbaud est une simple image, celle d’un pochoir sur un mur comme allégorie du jeune faisant ce qu’il veut et donc, prétendument, étant en rupture avec les « conservateurs ». L’idéologie LGBT ne dit pas autre chose, dans sa nature de propagateur de l’ultra-libéralisme.

C’est pour cela évidemment que la pétition est signée également par de l’intelligentsia parisianiste à prétention esthétisante et intellectuelle : le président du festival de Cannes et homme de télévision Pierre Lescure, les philosophes Edgar Morin et Michel Onfray, le metteur en scène Oliver Py, la présidente de la Bibliothèque Nationale de France Laurence Engel, la romancière Annie Ernaux, l’ancien maire de Paris Bertrand Delanoë, la journaliste et ancienne présidente de Radio France Michèle Cotta, le co-fondateur de Médecins sans frontières et ancien ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner, etc.

Que du beau monde, que des grands bourgeois, ouverts sur le monde, qui tout comme les grandes entreprises américaines mettent le drapeau LGBT partout, font de même, avec qui plus est l’idéologie bien française de la « poésie » comme seule expression authentique du « révolté »…

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Société

Une fin septembre marquée par une épidémie en expansion

La France n’a pas su gérer l’organisation des tests de détection du covid-19, les résultats arrivant trop tard, alors que l’État ne sait plus comment encadrer.

Les fonctionnaires des institutions sont à l’image de celles-ci : ils sont dépassés. Voici le message de Santé publique, l’agence nationale de santé publique, au 22 septembre 2020, avec une partie mise en gras pour bien comprendre ce caractère perdu, dépassé, déboussolé.

« Au 22 septembre 2020, 90 départements sont en situation de vulnérabilité :

– modérée : Aisne, Allier, Ardèche, Ardennes, Ariège, Alpes de Haute Provence, Aube, Aude, Calvados, Cantal, Charente, Corrèze, Deux-Sèvres, Dordogne, Drôme, Eure, Eure-et-Loir, Haut-Rhin, Hautes Alpes, Hautes Pyrénées Haute-Savoie, Haute Vienne, Loir et Cher, Lot, Lot et Garonne, Lozère, Mayenne, Mayotte, Meuse, Moselle, Morbihan, Nièvre, Oise, Réunion, Savoie, Seine Maritime, Somme, Territoire de Belfort, Vosges, Yonne

– élevée : Martinique, Guadeloupe (dont Saint Martin et Saint Barthélémy), Ain, Alpes-Maritimes, Aveyron, Bas-Rhin, Bouches-du-Rhône, Côte d’Or, Corse du Sud, Doubs, Essonne, Gard, Gers, Gironde, Guyane, Haute Corse, Haute-Garonne, Haute Loire,  Haute-Marne, Hauts-de Seine, Hérault, Indre et Loire, Loiret, Ille-et-Vilaine, Isère, Landes, Loire, Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, Marne, Meurthe et Moselle, Nord, Paris, Pas de Calais, Puy de Dôme, Pyrénées Atlantiques, Pyrénées Orientales, Rhône, Sarthe, Seine et Marne, Seine-Saint-Denis, Saône et Loire, Tarn, Tarn-et-Garonne, Val-de-Marne, Val d’Oise, Var, Vaucluse, Vienne, Yvelines

Afin de freiner la progression du virus SARS-COV-2, il est important de maintenir la stratégie « Tester-Tracer-Isoler » : chaque personne présentant des symptômes évocateurs de COVID-19 doit réaliser dans les plus brefs délais un test de diagnostic.

Dans l’attente des résultats, les personnes doivent s’isoler et réduire leurs contacts au strict minimum.

Cependant, l’allongement des délais de diagnostic pourrait se traduire par des mesures de contact tracing moins performantes du fait du retard à l’identification des cas et de leurs contacts et à la mise en place des mesures d’isolement et de quarantaine.

En l’absence de traitement curatif et de vaccin, il parait indispensable de renforcer les actions de prévention comprenant les mesures d’hygiène, de distance physique, la réduction des contacts (sans embrassade, sans serrer les mains) ainsi que le port approprié du masque. Ces mesures doivent être respectées par tous, y compris les plus jeunes.

Effectivement, si le risque de complication est faible chez l’enfant et le jeune adulte, ils contribuent à la diffusion du virus vers les tranches d’âge et les populations à risque de formes graves ainsi que le montre l’évolution de la situation épidémiologique de ces dernières semaines. »

Ce qui est fou, c’est que les fonctionnaires disent les choses telles qu’elles sont, avec un langage technocratique. Car leur propos, c’est de dire : en l’absence de tests (ou plus exactement de résultats de tests), il faut la distanciation sociale et l’hygiène. Ce qui nous ramène, grosso modo, à la situation juste avant le confinement.

Avant, on avait pas de tests. Maintenant, on en a, mais les résultats arrivent trop tard, avec le scandale en région parisienne de résultats parvenant une semaine après pour des gens ayant fait la queue pendant des heures ensemble qui plus est.

L’État est dépassé. Il y a officiellement plus de 30 000 morts (donc il faut ajouter un petit pourcentage « mis de côté »), mais l’État ne sait pas comment faire, malgré la nomination d’un premier ministre focalisé sur la question. C’est qu’il est porté par des couches sociales déconnectées du réel, dépassées, tout comme pour l’État américain, alors qu’il y a déjà 200 000 morts aux États-Unis.

Seule une mobilisation populaire peut réellement amener des décisions de fond qui soient tenables, applicables… et appliquées. Or, l’État ne le veut surtout pas, il veut des masses infantiles. Et il ne veut pas de décisions fortes, car il est pétri de libéralisme. Ce qui fait que non seulement la situation sanitaire est mauvaise, mais qu’en plus on a la démagogie de ceux vantant le régime chinois qui agit de manière terroriste sur la population pour résoudre le problème de la pandémie.

Il faut vraiment que la Gauche assume une analyse approfondie de la question sanitaire, afin de faire des contre-propositions réelles, propose un autre modèle étatique, fondé sur le peuple. C’est une proposition qui manque terriblement dans cette époque cruelle.

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Culture

Jeux vidéo: le fascinant Flight Simulator 2020

Le monde du jeu vidéo connaît, dans un chemin très contradictoire, des petites révolutions, faisant avancer le genre vers toujours plus de beauté et d’amusement, à travers un nombre significatif d’échecs (qui peuvent s’avérer être des succès commerciaux). Il y a systématiquement au cœur de ces révolutions une quête poussée de réalisme qui aboutit à un moment à une étape nouvelle. Flight Simulator 2020 marque indiscutablement l’une de ces révolutions, poussant le réalisme à un degré jamais vu auparavant.

L’avenir du jeu vidéo est le cloud gaming, c’est-à-dire le fait qu’un logiciel ne tourne plus seulement sur sa propre console ou son propre PC, mais directement depuis un serveur centralisé très puissant, transférant des données quasiment en temps réel grâce à internet.

Flight Simulator 2020 en est la première grande illustration et c’est cela qui permet ce degré fascinant de réalisme que propose le jeu. La terre entière a été modélisée grâce aux images satellites et cette modélisation est disponible en temps réel lors des vols. Cela permet ni plus ni moins que de survoler notre planète, avec un rendu se confondant avec la réalité dans de nombreuses situations.

https://www.youtube.com/watch?v=y4mcXgS-6IY

Cela était théoriquement déjà possible. Par exemple sur le jeu X-plane 11, il y avait la possibilité de télécharger des petites parties de la Terre (un département français par exemple) avec un rendu très réaliste (vu depuis haut dans le ciel), pour voler dans cette région. Le problème est bien évidement que cela nécessitait énormément de ressources sur sa propre machine, ainsi que de très longs téléchargements, qui bien sûr ne se mettaient pas à jour.

Tout cela est fini avec Flight simulator 2020 (sortie au mois d’août), puisque ces données gigantesques sont maintenant centralisées et accessibles en temps réel à chaque joueur. Cela permet de dégager une grande puissance de calcul, qui est alors dédiée aux graphismes des avions dont le rendu est saisissant.

https://www.youtube.com/watch?v=qANETAUhANg

Il faut bien sûr des PC très puissants pour avoir de telles images, et cela peut monter jusqu’à plus de 2000 euros. Cependant, on obtient déjà quelque chose de très intéressant et tout à fait jouable avec une configuration (gaming) d’entrée de gamme bien organisée, autour de 800 à 900 euros. Cela n’est pas donné évidement, mais c’est là souvent un minimum pour les personnes jouant sur PC.

Actuellement, le rendu est encore inégal et toutes les parties de la planète ne sont pas aussi jolies. Pour les villes, comme dans les précédentes versions de Flight Simulator ou des licences concurrentes, les bâtiments sont modélisés par des bâtiments types, à partir des photos vues du dessus. Cette fois, c’est très bien fait et c’est largement satisfaisant dans la plupart des cas (on reconnaît facilement sa maison ou son immeuble, son lycée ou son lieu de travail, son stade d’entraînement, les forêts où l’on se balade, etc.) Cependant, pour de nombreuses villes et régions du monde (dont le nombre augmentera sans cesse), le rendu est directement photoréaliste.

En France, cela concerne des villes comme Rennes, Lille, Marseille, Bordeaux (d’où est issu le studio Assobo qui a réalisé le jeu, édité par Microsoft), ou encore les châteaux de la Loire.

Voici par exemple le survol de Rome, l’une des villes photoréalistes du jeu. Cela laisse sans voix (ce ne sont pas de simples images commerciales, mais une vraie capture du jeu tel qu’il existe) :

Tout n’est pas aussi joli bien sûr, surtout pour les zones naturelles lorsqu’on s’approche de près. Il y a notamment de nombreux mouvements d’eau qui sont mal restitués, des rivières qui sortent de leur lit en montagne en défiant la gravité, des textures rocheuses mal faites, etc. Toutefois, lorsque la région a été travaillée en détail, ou encore dès que l’on prend de l’altitude, cela prend tout son sens. C’est aussi le cas pour la météo, dont le rendu est parfois époustouflant.

En ce qui concerne l’expérience de jeu, là aussi il y a une véritable révolution. Jusqu’à présent, les simulateurs de vol étaient très arides, nécessitant de lires les véritables manuels des appareils pour les démarrer et les faire décoller, insérer un plan de vol, etc. Tout cela a été rendu accessible très facilement au néophyte, sans perdre pour autant en réalisme pour les joueurs avancés. Flight Simulator 2020 est un très bon exemple de comment quelque chose de très pointu peut être rendu accessible au plus grand nombre sans perdre de sa substance. Une telle démarche relève littéralement du socialisme quant à son fond.

Du point de vue des amateurs de simulation de vol, il y a encore beaucoup à faire en termes de réalisme, particulièrement en ce qui concerne les deux avions de ligne fournis par défaut (Airbus A320 Neo et Boeing 747-8). Les modèles de vol de ceux-ci nécessitent encore du travail (la façon dont les avions abordent leurs virages par exemple), il y a quelques bugs sur les pilotes automatiques (ceux-ci ont tendance à monter trop rapidement en altitude), de nombreux boutons ne sont pas cliquables, etc.

Cela n’a cependant rien de rédhibitoire, surtout pour les personnes découvrant le genre. Pour les autres, il existe déjà des modifications accessibles gratuitement en ligne, réalisés par une communauté de joueurs déjà bien établie, qui augmentent grandement le réalisme de l’Airbus A320 Neo… moins d’un mois après la sortie du jeu !

Parallèlement, les studios indépendants spécialisés dans la modélisation très réaliste d’avions, qui vendent leurs produits pour les simulations de vol depuis de nombreuses années, ont été intégrés officiellement à Flight Simulator 2020 et proposeront bientôt des avions qui seront à n’en pas douter de très haute qualité, comme c’était déjà le cas avant avec des possibilités moindres.

De la même manière, il a été intégré au jeu les systèmes de simulation de contrôle aérien. Autrement dit, au lieu d’avoir le contrôle aérien automatique du jeu (qui est d’ailleurs très bien fait), il est possible d’avoir de véritables communications avec des joueurs simulant le contrôle aérien, utilisant la véritable phraséologie et les véritables procédures, etc.

Tout cela augure des choses incroyables pour l’avenir du jeu vidéo, avec comme support ni plus ni moins que la réalité elle-même, l’entièreté de la planète Terre. La modélisation réaliste du monde passe un nouveau cap, qui produira forcément un grand changement des mentalités dans le sens d’une capacité toujours plus grandes à synthétiser le monde et aborder la réalité matérielle, à l’échelle planétaire.

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Société

Don du sang: les réserves sont faibles

 

La société connaît un grand décalage entre ce qui est possible matériellement et ce qui existe concrètement. La situation de l’Établissement français du sang en est un très bon exemple. Matériellement, il est normalement impossible de manquer de sang en France, tellement c’est facile de le récolter, tellement les capacités d’organisation des récoltes et de transfert de celles-ci sont grandes.

Pourtant, en pratique, l’EFS peine régulièrement à avoir suffisamment de réserves de sang pour les personnes hospitalisées. Sa seule stratégie est celle de la responsabilité individuelle, ne tablant que sur le bon vouloir de quelques milliers d’individus donnant régulièrement leur sang. Cela donne souvent des crises ou les réserves atteignent un niveau alarmant… Et quand la situation générale est une crise, particulièrement une crise sanitaire comme c’est le cas actuellement, cela joue forcément sur les réserves de sang.

Ainsi, elles sont au plus bas en France et lors d’une conférence de presse le 21 septembre 2020, le président de l’établissement a expliqué que la situation est « extrêmement inquiétante », avec seulement 82 000 poches de sang contre près de 100 000 habituellement.

La crise du covid-19 est en cause évidemment, ayant « profondément désorganisé la collecte de sang», du fait de l’impossibilité de réaliser de nombreuses collectes habituelles (en entreprise, dans les universités, etc.) Mais cela ne peut être qu’un aspect, reflétant un problème plus général concernant l’organisation de la société elle-même.

En attentant, seule la responsabilité individuelle permet de faire face au manque de sang et il est donc fait appel aux donneurs, avec l’idée que :

« Donner une heure de son temps pour donner du sang peut sauver deux ou trois vies. »

Pour trouver un lieu de collecte, il faut se rendre à cette adresse sur le site de l’EFS :

dondesang.efs.sante.fr/trouver-une-collecte

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Écologie

Canicules et vagues de chaleur font s’effondrer les Alpes

Les canicules et les vagues de chaleur ne finissent pas de se succéder en France, des épisodes météorologiques à la fois plus fréquents, plus longs et plus intenses. Marque du réchauffement climatique, ils sont en train de transformer le massif du Mont-Blanc.

Si l’on prend comme référence la période allant de la mi-juin jusqu’à la mi-septembre, les trois étés les plus secs depuis 1959 se situent ces trois dernières années (2018, 2019, 2020). Selon l’Organisation Météorologique Mondiale, les cinq dernières années (2015-2020) ont été les plus chaudes jamais enregistrées.

La vague de chaleur que connaît la France en septembre se situe dans ce prolongement, à coup sûr engendré par le réchauffement climatique. Prévisionniste à Météo France, François Jobard estime :

« Un tel événement aurait relevé de la science-fiction il y a quelques années »

Si la température moyenne du globe a augmenté d’environ + 0,9°C, cette moyenne est de + 2 à + 3°C dans les Alpes. L’hiver 2019-2020 a d’ailleurs été particulièrement chaud, avec une moyenne de 5,3°C à Chamonix, faisant de cet hiver l’un des plus chauds depuis 1881 avec des journées printanières en plein mois de janvier.

Dans la ville au pied du Mont-Blanc, le mercure n’est jamais descendu sous la barre du – 10°C, ce qui est une première historique (le « pire » record était pour l’instant l’hiver 1995-1996 avec « seulement » quatre jours à – 10°C). Les experts météorologiques considèrent aussi que l’hiver 2018-2019 n’a duré que 15 jours !

De par le fait que tout est relié, le massif du Mont-Blanc composé en partie de neiges « éternelles » et d’une sous-couche en permanence gelée jouant le rôle de ciment (permafrost), est largement impacté par ce changement climatique.

On connaît tous maintenant les images du glacier de la « Mer de glace » qui a massivement reculé depuis le XIXe siècle, mais aussi perdu des centaines de mètres d’épaisseur. En parallèle à la fonte des glaciers, il y a également la fonte du permafrost qui fragilise l’ensemble des parois alpines, perdant en quelque sorte leur ciment naturel.

Le tout s’entretient dans une spirale négative puisque la fonte des neiges « éternelles » réduit l’effet d’albédo, les roches noires absorbant les rayons du soleil, contribuant au réchauffement plus rapide des Alpes.

Et il ne faut pas penser qu’il y a « simplement » l’effet réchauffement qui joue. Il y a aussi les variations brutales de températures où l’on peut passer en quelques jours de températures printanières à des températures strictement hivernales. L’été, à la suite des épisodes caniculaires, s’ensuit de violents épisodes orageuses, avec des pluies diluviennes qui viennent s’ajouter dans la déstabilisation générale de la structure rocheuse alpine.

Avec des conséquences sur les infrastructures qui jonchent le massif du Mont-Blanc : pendant l’hiver 2019, une télécabine a du être temporairement fermée, le seuil de tolérance de mouvement de ses armatures ayant été gravement franchi.

C’est également à la fin de l’été et au début de l’automne que se jouent de plus en plus fréquemment des éboulements spectaculaires, voir même des effondrements entiers de parois de pics abrupts.

Le danger est tellement présent que la préfecture de Haute-Savoie a publié un communiqué le lundi 10 août invitant « si possible, à reporter votre ascension de la Voie Normale du Mont-Blanc ». Pendant le mois d’août, c’est également le massif du Néron en Isère qui a été interdit d’accès pour les mêmes raisons.

En 2005, c’est toute une partie du Petit Dru, un pic emblématique de Chamonix qui s’était effondré de manière spectaculaire, premier signal d’alarme sur la mort-transformation du massif du Mont-Blanc.

Cela entraîne des accidents, y compris parfois mortels, pour les alpinistes, sans que rien ne soit vraiment pensé à long terme pour faire face à cette transformation. Car oui, il ne faut pas se tromper : le Mont-Blanc tel qu’on le connaît depuis plusieurs milliers d’années disparaît tout en se transformant en autre chose. C’est ainsi que des botanistes sont en train de découvrir la colonisation d’une flore spécifique, comme l’androsace du Dauphiné ou l’androsace de Saussure, jusqu’à 4 000 mètres d’altitude.

Mais le monde de l’alpinisme, dont les origines puisent dans un mix d’aristocratie et de bourgeoisie, développe une approche romantique-individualiste de la nature. Les façades alpines n’étant pour eux que des espaces de projections existentiels, mettant en scène un individu devant « prendre des risques » pour se sentir « libre »…

Tout comme les chasseurs sont vus comme des écologistes alors qu’ils n’ont que de maigres connaissances naturalistes, il est intéressant de noter comment les guides de haute montagne et les alpinistes sont considérés comme connaisseurs des massifs alpins alors qu’ils n’en est rien.

C’est qu’il ne faut pas perturber les « traditions », et surtout entraver la venue des 20 000 touristes annuels dans le Mont-Blanc.

Il faut pourtant se mettre en face de la réalité : les glaciers du Mont-Blanc fondent, les roches s’effritent et s’effondrent, bref tout l’écosystème se transforme et il est grand temps de le sanctuariser, tant par respect des dégâts occasionnés que par nécessité d’une véritable étude scientifique.

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Un cerf sauvé de la chasse à courre à Compiègne

C’est un épisode de plus dans la bataille contre la barbarie.

Ce sont toujours des vidéos éprouvantes, même si tout se termine bien, que celles où l’on voit un animal apeuré, épuisé, se faire traquer par des barbares jouant à exercer une domination allant jusqu’à la mise à mort. Celle-ci montre comment à Compiègne, très proche de la forêt, non loin du lycée Jean-Paul II, des habitants d’un lotissement voisin et les courageux activistes d’AVA permettent à un cerf traqué jusqu’à la ville de retourner en forêt.

Naturellement, l’équipe de chasse à courre a prétendu que le cerf aurait été « gracié » parce qu’il était rentré en ville, les institutions sont intervenues pour chercher à le neutraliser, etc. C’est bien entendu de la poudre aux yeux de par des gens qui vivent dans un monde parallèle. Alain Drach, maître d’équipage de l’équipage de la Futaie des amis, ne cache d’ailleurs même pas que :

« Nous l’avons chassé pendant environ 1 h 30. Il a fait tout un parcours, parfois plusieurs fois le même. »

C’est la traque tout à fait assumée, un plaisir malsain ouvertement étalé, comme ici dans Oise hebdo, pressé de lui donner la parole pour qu’il explique, à son habitude, que le cerf ce n’est pas « le papa de Bambi », que les anti-chasse à courre ne connaissent rien à rien, etc. Ces gens d’esprit grand bourgeois sont tellement déconnectés du réel qu’ils suintent le mépris et ne comprennent toujours pas qu’ils récoltent toujours plus de haine.

C’est toute la question de la civilisation qui se pose en effet ici, le rapport à la nature, aux animaux, l’exigence d’une vie en harmonie complète, sans compromis aucun avec la barbarie. L’humanité a vraiment un grand saut à effectuer !

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Société

GPA: des milliers de bébés coincés en Russie

La situation est grave en Russie, comme en Ukraine, pour des centaines de nourrissons mis au monde pendant la fermeture des frontières. Ceux-ci sont abandonnés à leur triste sort par l’impossibilité de leur « parents d’intention » de venir les chercher.

La Russie avait fermé sa frontière le 30 mars… Et, jusqu’à maintenant, elle est restée fermée sauf exceptions qui ne comprennent apparemment pas le commerce d’enfants. Le nombre d’enfants nés pendant cette période est estimé à un peu moins de 1000, ce qui correspond à 6 mois d’accouchements.

La maternité de substitution révèle ici son vrai visage, un commerce, auquel s’adonnent des femmes ayant clairement un besoin pécuniaire. Pour une mère porteuse russe, cela rapporte l’équivalent en rouble entre 12 000 et 20 000 euros environ.

Les femmes seulement employées pour la grossesse, entrent accoucher dans les établissements de santé et confient à ce moment là l’enfant aux « parents d’intention » avant de reprendre le cours de leur vie.

Ne pouvant pas prendre le relais, les agences de mères porteuses doivent trouver des solutions et à partir de là c’est assez flou. C’est ainsi que des nourrissons sont pris en charge dans des orphelinats ou alors retrouvés dans des appartements, des hôtels, sous la surveillances de femmes dont on ne sait pas grand chose. Ainsi à Moscou, deux probables ressortissantes chinoises ont été trouvées avec cinq nourrissons de six jours.

En effet, parmi les couples clients de GPA en Russie, une majorité est chinoise. La crise démographique en Russie et en Chine, est un prétexte à l’ouverture de la traite d’enfant comme économie à part entière. En effet, en Russie, c’est depuis la chute de l’URSS que la population baisse. En Chine, les problèmes de fertilité chez les couples sont passés de 5 % à 12 % en 20 ans, à la fois pour des raisons médicales et à la fois de part le recul de l’âge de la première grossesse.

Il y aurait pourtant matière à s’interroger sur cette baisse démographique et baisse de fertilité, notamment avec une remise en question de la pollution de l’air, de la présence de perturbateurs endocriniens, de la foi en la société des gens ou de la pression capitaliste sur les vies personnelles.

Ces questions ne peuvent être soulevées que par des forces politiques voulant changer la vie, par les masses à la recherche un nouveau modèle de société. Elles ne peuvent pas être soulevée par la bourgeoisie qui ne fait qu’accompagner l’élargissement du capitalisme.

Les opposants à la GPA, à la traite des êtres humains, les défenseurs de la dignités humaines, doivent oser poser la question du socialisme, oser chercher à tout changer et pour cela aller à la rencontre des larges masses portant les valeurs d’émancipation.

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Société

La Bellevilloise: de la classe ouvrière à goût pour le crime

Haut lieu de la socialisation ouvrière, la Bellevilloise est un bastion bobo et au contenu positif a succédé le vide bourgeois.

La Bellevilloise, dans le vingtième arrondissement de Paris, est désormais un « centre artistique et culturel avec café lumineux, expositions, projections de films, concerts et événements », c’est-à-dire un lieu de socialisation bobo, chic et cher, avec une prétention culturelle, de 2000 m2.

Initialement, le lieu est ouvert comme coopérative ouvrière en 1877, avant de devenir un très important lieu de socialisation ouvrière, avec un théâtre, un cinéma, des cours de musique, d’éducation physique, une bibliothèque, une université populaire, etc. C’est d’ailleurs officiellement une « Maison du peuple » à partir de 1910, le PCF y ayant l’hégémonie à partir de 1924 et y tenant son septième congrès en 1932. On a d’ailleurs la faucille et du marteau sur le fronton.

Et dans ce lieu relevant du mouvement ouvrier historiquement, voici ce qui s’y déroule, comme nous le raconte Le Parisien : pour 10-15 euros, on a des pervers écoutant des pervers, pour se délecter, comme dans dans les années 1920-1930, dans le goût et la fascination pour le crime.

« Un murmure d’effroi parcourt la salle parisienne de La Bellevilloise (20e), où quelque 250 personnes se sont entassées, masque sur le nez, pour écouter Marjorie Sueur énumérer, d’un ton détaché, des actes glaçants : « A la demande de son futur mari Paul Bernardo, Karla Homolka organise, le 23 décembre 1990, le viol de sa petite sœur Tammy, alors âgée de 15 ans. »

Ce mardi 1er septembre, la criminologue se penche sur les cas de deux couples de meurtriers dans une conférence intitulée « Les Secrets des serial killers ». Une fois éteints les murmures dans l’auditoire, Marjorie Sueur reprend de sa voix neutre :

« Durant la nuit, Paul viole et sodomise Tammy, droguée à son insu par sa sœur. La jeune fille est retrouvée morte le lendemain, étouffée dans son vomi. » Nouveau frisson d’horreur dans l’assemblée. »

Quelle honte pour la Bellevilloise. Quelle infamie même, que ces gens venant, à l’instar de la série Games of thrones, étaler leur intérêt pour le crime, l’horreur… par incapacité à promouvoir la beauté, l’harmonie, la nature. Les bourgeois sont vides, creux, humainement dépassés et se morfondent dans la tristesse, le glauque, le morbide.

Et cet étalage ignoble relève de toute une entreprise, puisqu’il s’agit de « Fever Talks » au contenu évocateur de l’idéalisme le plus délirant, de l’irrationalisme le plus marqué : « Quand l’esprit libère le corps », « Accéder à l’immortalité », « Connecte toi à ton potentiel », « Existence de mondes parallèles », etc.

C’est, au sens strict, l’exact contraire de ce que proposait la Bellevilloise depuis sa fondation jusqu’à la seconde guerre mondiale. La Bellevilloise, issu du mouvement ouvrier, proposait la joie de vivre, le goût pour le bonheur, l’optimisme du travail, la primauté de la vision collective, l’élan ouvrier.

Dire que dans un tel lieu, on a eu des bourgeois endimanchés s’imaginant ouvert sur le monde alors qu’ils ne trimballent que leur incapacité à vivre autrement que dans la superficialité ou le raccrochage à tout ce qui est morbide…

Cette incapacité à affirmer quelque chose de positif est par définition quelque chose qui relève de la classe. Les classes dominantes sont incapables de proposer quelque chose de positif. Elles n’ont que l’irrationnel, depuis les super-héros jusqu’aux assassins les plus pervers, le tout pour une pseudo complexité censée exprimer les profondeurs de « l’être humain » en fait totalement réduit à un consommateur isolé et aliéné.

Qu’attendent les couches populaires pour se révolter contre une telle décadence ?

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Écologie

Le tournant raté de la Gauche à propos de la chasse à la fin des années 1990

Dans les années 1990, les chasseurs ont été secoués par la mise en place de nouvelles directives européennes modifiant leur pratique. En 1997, le gouvernement de la « gauche plurielle » allait se trouver confronter à cet enjeu, ratant le coche d’une résolution démocratique et populaire d’un problème décisif pour le XXIe siècle.

En 1979, l’Union européenne édictait une directive sur la protection des oiseaux sauvages. Pays de paysans, attachés à la chasse « populaire », la France n’a pas véritablement respecté la règle de transposition de cette directive pendant les années 1980. Jusqu’à ce que des associations écologistes mènent des actions juridiques et finissent par faire appliquer la directive, bousculant la pratique de la chasse au gibier d’eau. La date d’ouverture de cette chasse fut par exemple progressivement reculée du 14 juillet au 1er septembre.

Or, on le sait, si la chasse à courre est une pratique élitiste, portée par des grand bourgeois sur un mode aristocratique, la chasse au gibier d’eau est plus largement populaire. Depuis les années 1960, les zones populaires étaient confrontées à une urbanisation croissante et une forte suspicion naissait quant à une perte de ce « droit » face aux privatisations de vastes domaines de chasse par de grandes fortunes… Cela allait fournir une base pour une contestation pro-chasse de la part du PCF.

Dès le départ donc s’entremêlaient des enjeux démocratiques et populaires, si bien qu’autour des fameuses A.C.C.A, les chasseurs de gibier d’eau s’appuyèrent sur l’association nationale des chasseurs de gibier d’eau (ANCGE), présente dans la façade maritime de l’Ouest et du Nord, et sur l’union nationale de défense des chasses traditionnelles françaises (UNDCTF), devenue l’ « union nationale des associations de chasseurs d’oiseaux migrateurs » en 1999, plutôt implantée dans le sud ouest.

À la directive européenne de 1979 s’en ajouta une nouvelle en 1992 à propos de l’ « habitat-faune-flore », s’appuyant notamment sur les réserves Natura 2000 dans lesquelles la chasse est limitée.

Face à ces législations encadrant les activités de la chasse, une partie des chasseurs, principalement des notables ruraux, fondent en 1989 le parti « chasse, pêche, nature et traditions » afin de défendre ce qu’ils nommaient déjà « l’identité des ruraux ». Ce parti n’aura jamais vraiment de bases militantes, étant plutôt un outil de « lobbying » électoral pour la chasse, avec en arrière plan une idéologie réactionnaire sur un mode rural. Il n’en reste pas moins qu’un cap fut franchi dans la contestation pro-chasse.

Le « tournant » se situe en 1997 avec la victoire de la coalition dite de « gauche plurielle » aux élections législatives, rassemblant le PS, PCF, Les Verts, le Mouvement des Citoyens de Jean-Pierre Chevènement et le Parti radical de gauche. C’est la seconde cohabitation avec un gouvernement de gauche et Jacques Chirac, président de la République depuis 1995.

Issue des Verts, Dominique Voynet devient alors la ministre de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement. Une de ses missions va être de mettre la France en conformité avec les directives européennes de 1979 et 1992, peu respectées au niveau local. En 1996, l’ASPAS et la SNPN (société nationale de protection de la nature) assignaient en justice le président « Comité pour la défense et l’organisation de la chasse à la tourterelle », Georges Riboulet, pour non respect des réglementations en matière de protection de ces oiseaux (pas encore totalement respectée aujourd’hui).

Et c’est à travers ce procès que l’on voit tous les enjeux de la Gauche et de la chasse à cette époque. Si l’un des avocats de Georges Riboulet était Daniel Piquotin, également conseiller régional d’Aquitaine de l’UDF (ancêtre du Modem), le chasseur pouvait également compter sur la défense d’Alain Anziani, président du PS en Gironde. Le Parti socialiste était en effet grand défenseur des chasseurs en Gironde, de part la forte présence des chasseurs à la palombe dans les réseaux de pouvoir. En 1992, le conseil général d’Aquitaine comptait même 10 conseillers CPNT.

Face aux directives européennes, aux mises en justice et à une ministre issue des Verts, la contestation montante des chasseurs devait finir par se manifester au grand jour devant tout le pays. Ce fut le cas le 14 février 1998 où 150 000 chasseurs venus de toute la France par auto-car manifestaient sur les Champs-Élysées à Paris, appuyés par des cors de chasse, des défilés de chiens et des lâchages d’oiseaux.

Dans la manifestation, on retrouvait toutes les associations de chasse, mais aussi des figures de la droite, du Front National ainsi que du PCF. Une partie des bases du PCF étaient acquises à la défense de la chasse dans la perspective de défense de la Révolution française ayant aboli le privilège des « nantis ». Maurice Rocher, responsable PCF Loire-Atlantique de 1963 à 1983, n’était-il pas lui-même un pratiquant de chasse dans sa propriété de Saint-Joachim dans le marais de Brière ?

Point culminant de la contestation : lors des élections européennes de 1999, Jean Saint-Josse, président de CPNT obtenait 1 195 863 voix, soit 6,5 % des suffrages exprimés.

Il n’empêche qu’en mars 2000, la loi portée par Dominique Voynet finit par être votée. Elle instaura notamment le mercredi « jour sans chasse », la protection des oiseaux migrateurs avec la fermeture de leur chasse au 31 janvier et un encadrement hebdomadaire de la chasse en général. Le droit de chasser la nuit, avec de la glu et de pénétrer dans les propriétés privées furent toutefois maintenues. C’est que la Droite avait pu compter lors des débats à l’Assemblée nationale sur le soutien non négligeable des élus du PCF et de la majorité des députés PS du sud-ouest.

Minée par ses renoncements idéologiques, la Gauche n’a pas été en mesure d’assumer une mobilisation démocratique et populaire sur la question de la chasse, des campagnes et des animaux dans les années 1990. Cela a d’ailleurs contribué à marquer la différence entre les « écologistes » et la « gauche », alors même qu’un espace était ouvert, avec une opinion publique favorable à des campagnes tournées vers la nature et les animaux.

Les années 2020 seront les années du dépassement de ces renoncements, avec une recomposition générale de la Gauche sur ses bases historiques en tenant compte de la nature et des animaux comme aspects centraux de la cause du Socialisme.

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PS: «La 5G: progrès ou fuite en avant?»

La technologie 5G génère beaucoup d’interrogations, voire d’inquiétudes en France. Voici un positionnement intéressant de la part du Parti socialiste à ce sujet, exprimé sur un mode très rationnel typique de la Gauche française :

« La 5G : progrès ou fuite en avant ?

Depuis plusieurs années, des alertes sont lancées concernant la 5G. Certaines sont suspectes, relayées par les complotistes en tous genres. Mais ces derniers mois, les rapports scientifiques s’accumulent et les problèmes soulevés se multiplient.

Nombreux sont ceux qui réclament un moratoire sur le déploiement de la 5G en France, le temps d’étudier sérieusement toutes les conséquences de l’installation et de l’utilisation massive de cette technologie de communication. Des candidats et maires socialistes ont notamment pris position pendant la campagne municipale ou plus récemment dans une tribune.

Le Premier secrétaire du PS Olivier Faure s’est exprimé à plusieurs reprises ces derniers mois en faveur d’un principe de précaution.

Car contrairement à ce que prétend Emmanuel Macron à travers des propos dédaigneux et tristement caricaturaux, réfléchir et débattre avant de déployer la 5G, ce n’est pas prôner la régression des civilisations humaines vers un nouvel âge de pierre, c’est au contraire exiger de comprendre si une évolution technologique est un véritable progrès humain.

C’est dans cet esprit que le secrétariat national du Parti socialiste lance un travail d’auditions d’experts et de concertations avec nos élus dans les territoires, pour :

  • démêler le vrai du faux sur les questions d’impact du déploiement de la 5G sur la santé, notamment dans les fréquences hautes (26GHz) pour lesquelles l’ANSES demande d’approfondir la recherche sur les effets sanitaires potentiels ;
  • examiner les aspects de consommation d’énergie et d’impact environnemental d’une utilisation nationale massive de la 5G ;
  • évaluer les expertises concernant les problèmes d’interférences avec des équipements importants, comme les installations météorologiques ;
  • comprendre les risques liés à la cyber-sécurité, en particulier pour les objets connectés, et assurer la protection des libertés individuelles et de la vie privée mais aussi les enjeux internationaux de sécurité liés aux technologies de la 5G ;
  • alors que certains territoires ne sont pas encore couverts par la 3G et la 4G, il est paradoxal de se focaliser sur la 5G. Il semble donc nécessaire d’engager une réflexion sur la fracture numérique territoriale, de s’assurer aussi des moyens mis en œuvre pour réduire la fracture sociale, et d’enfin envisager ces technologies de réseaux mobiles comme des outils d’aménagement du territoire ;
  • enfin, il convient d’engager un débat public avec la mise en place de consultations citoyennes sur les enjeux de la 5G dans les métropoles concernées.

L’évolution technologique n’est pas un but en soi. Voilà maintenant 30 ans que la révolution numérique a commencé, avec les prémices de l’Internet et de la téléphonie mobile. L’évolution exponentielle de ces technologies a bouleversé nos sociétés, nos vies, pour le meilleur et pour le pire.

Dès qu’une évolution technologique apparaît, elle est déployée, parce qu’il y a toujours des intérêts économiques et financiers qui rencontrent opportunément une aspiration légitime des êtres humains à un progrès technologique qui améliore ou facilite leur vie quotidienne. C’est seulement dans un deuxième temps qu’on mesure les conséquences négatives d’un déploiement précipité.

Voilà 20 ans qu’on court après la fracture numérique sociale et territoriale. On commence à peine à repenser le droit du travail dans le monde des plateformes numériques et du télétravail. On s’interroge sur la manière de traiter les addictions aux écrans chez les plus jeunes. On cherche depuis des années la ligne d’équilibre entre l’utilité du traitement massif des données et la protection de la vie privée. Les GAFAM font des profits considérables et atteignent des valorisations en bourse leur permettant de peser sur l’économie mondiale et d’investir massivement sans s’acquitter d’un impôt sur les sociétés à un niveau acceptable dans les pays où ces entreprises génèrent leurs profits. À titre d’exemple, la société AMAZON a investi près de 36 milliards de dollars en R&D en 2019, ce qui représente pour une seule entreprise l’équivalent du budget total du programme européen de financement de la recherche et de l’innovation Horizon 2020 de 2018 à 2020. Nous avons toujours et encore des problèmes de gouvernance de l’Internet et de neutralité du net notamment en dehors de l’Europe, pour garantir l’égalité de traitement de tous les flux de données sur Internet. Ce principe exclut par exemple toute discrimination positive ou négative à l’égard de la source, de la destination ou du contenu de l’information transmise sur le réseau.

Doit-on continuer cette fuite en avant, ou peut-on prendre le temps à l’occasion de ce débat sur la 5G, de respirer, poser les bonnes questions, trouver les solutions adéquates, avant de continuer à avancer ?

Oui, l’évolution technologique est intimement liée à la construction des civilisations humaines.

Mais la responsabilité politique est de s’assurer que le déploiement d’une technologie va dans le sens du progrès humain accessible à tous, dans le respect de l’écosystème dans lequel nos civilisations peuvent prospérer.

Mercredi 16 septembre 2020

 

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Politique

Manifestations du 17 septembre: le folklore syndicaliste est un échec et surtout une erreur

La crise économique attendue pour cette rentrée se fait déjà ressentir, avec notamment déjà des grands plans sociaux annoncés. Les syndicats pourraient être très utiles dans cette période, dans la mesure où ils devraient être des lieux d’expression de la conscience populaire face aux restructurations, à la pseudo-rationalisation de la production. Mais ce n’est pas avec le folklore syndicaliste qu’on attire les gens et à ce titre, les très faibles manifestations de la « journée d’action » du 17 septembre sont plus qu’un échec, elles sont carrément une erreur ou même une faute.

Ce qu’il y a de pire pour le syndicalisme, c’est de ne pas exister. C’est exactement ce qui se passe actuellement et cela n’a rien de nouveau : pendant des années et des années, la bourgeoisie a graissé la patte aux dirigeants syndicaux, de la CGT à FO en passant par la CFDT, afin qu’ils se maintiennent comme une petite caste, sans aucune base, sans réel ancrage de masse. C’était il est vrai déjà dans la matrice d’un syndicalisme français, volontiers syndicaliste révolutionnaire, tenant du coup de force substitutiste. Le syndicalisme de masse n’existe pas historiquement en France, à part en 1936 ou dans l’immédiat après-guerre.

En temps de crise comme c’est le cas désormais, une telle situation est très utile pour la bourgeoisie : il n’y a plus qu’à ignorer les syndicalistes si on en a pas besoin. C’est exactement ce qui s’est passé : les médias au sens large ont systématiquement ignoré la mobilisation du 17 septembre dans les jours précédents et le jour même, les manifestations n’ont été abordées qu’au passage, de manière anecdotique, pour disparaître dans la soirée.

Sur le site du Figaro, le premier journal en ligne en France, dans la soirée, on ne trouvait même rien sur les manifestations du jour. Pareil sur le site du Monde, du Parisien et de la plupart des titres locaux.

On a même la chaîne Canal +, en pleine déliquescence, qui se permet dans la journée du 17 septembre cet odieux titre, d’un mépris abject pour les travailleurs :

Le syndicalisme est ainsi mis sur le même plan que le virus par des bourgeois ne supportant pas que la marche du capitalisme soit troublée. C’est de la lutte des classes au sens le plus strict et il est ici vraiment terrible que cette lutte ne soit menée que par la bourgeoisie, sans aucun répondant ouvrier pour l’instant. Les syndicalistes ne sont simplement pas à la hauteur, la question étant politique.

La CGT prétend qu’il y avait 10 000 personne à la manifestation parisienne, ainsi que quelques milliers ici et là dans les grandes villes. Outre que ces chiffres sont gonflés, de par l’habituel cinéma syndicaliste, tout cela est, même si c’était vrai, extrêmement faible. Ce qui est en jeu actuellement, ce qui est nécessaire, c’est la mobilisation de plusieurs millions de travailleurs, avec une affirmation sociale très forte et très claire : celle de ne pas vouloir payer la crise.

C’est le minimum. Et on voit le problème : les syndicalistes proposent quelque chose de mou et ramènent quelques milliers de personnes, alors qu’il faudrait des millions de gens, sur une base dure ! Face à la crise, si on ne veut pas que le peuple paie, alors il faut aller chercher chaque travailleur là où il est, sans relâche, de manière systématique, et pas pour lui proposer du folklore, mais bien pour affirmer : la bourgeoisie doit payer la crise. C’est le mot d’ordre qui a du sens par excellence aujourd’hui !

Mais cela nécessite un travail de fond, dont ne veulent certainement pas les dirigeants actuels des syndicats, car ces gens croient encore beaucoup trop dans le capitalisme, ils espèrent encore beaucoup trop des miettes que la bourgeoisie avait à leur offrir. Mais tout ceci est fini, une vaste crise s’annonce et pas simplement économique. La crise est aussi morale, culturelle, sociale, sécuritaire, ainsi que, bien-sûr, sanitaire.

Pour aborder tout cela, pour faire face à un telle actualité historique, il faut une Gauche très forte, solidement ancrée sur ses bases idéologiques dont le cœur est la lutte des classes. Cette Gauche n’existe pas, ou de manière extrêmement faible et isolée, tandis que la fausse gauche occupe le terrain et fait diversion avec de fausses actualités (le racialisme, les prétendues violences policières, les prétendues oppression vestimentaires des jeunes filles dans les lycées, le prétendu racisme d’un joueur de l’OM, la prétention comme quoi l’insécurité serait inventée par la Droite, etc.)

Le syndicalisme a ici toute sa place… s’il cesse d’être du folklore et de la cogestion et qu’il vise tous les travailleurs : il faut qu’il vise à organiser tous les travailleurs, de manière unitaire, pas à parler pour eux. La « journée d’action » du 17 septembre n’a pas été du tout menée en ce sens là ; son sens premier est l’autosatisfaction. Ce qui ne sert à rien à part éduquer les bourgeois qui se lâchent toujours plus dans l’anticommunisme, l’antisocialisme, l’antisyndicalisme… Eux ayant compris les enjeux.

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Politique

Y a-t-il un alibi «état d’urgence sanitaire»?

Une lecture unilatérale des choses aboutit forcément à une vision tronquée des faits. C’est d’autant plus vrai dans une question sanitaire où pourtant les faits sont les faits.

C’est une position du PC révolutionnaire de France (Le capitalisme et ses crises…), mais qui reflète tout à fait un point de vue largement partagé à l’ultra-gauche (dont le PCRF ne relève à l’origine pas du tout, étant issu d’un courant du PCF dans les années 1990). L’État, au moyen des appels à la distanciation sociale et à porter des masques, exercerait une terreur sur la population par peur qu’elle se révolte.

Voici comment cet avis se présente :

« Mais malgré le silence des médias officiels sur l’importance des luttes, partout dans le pays, et la désinformation entretenue à coups de sondages bidons, nos gouvernants ont tous les indices d’une colère montante, que n’a éteinte ni la répression contre les Gilets jaunes ni le confinement, et dont la forte abstention aux dernières élections municipales est un signe majeur.

D’où l’utilisation de l’alibi « état d’urgence sanitaire  » (prolongé jusque fin octobre) pour restreindre encore plus les libertés démocratiques, en particulier le droit de manifester (interdiction de rassemblements de plus de 5000 personnes) et de se réunir.

L’obligation généralisée de porter le masque partout et à toute heure, retoquée par certains tribunaux (à Lyon et à Strasbourg) pour son manque de discernement, révèle aussi le caractère autoritaire et infantilisant des décisions gouvernementales. »

Ce qu’on lit ici ne tient pas une seconde. Si les gens veulent protester ou se révolter, ils peuvent le faire de mille manières. Avec un certain niveau de conscience et d’éducation, on trouve toujours un chemin, c’est d’autant plus vrai à une époque où internet facilite les échanges. Des ouvriers qui veulent discuter entre eux peuvent le faire aisément au moyen de divers applications sur leur smartphone ; ils peuvent facilement communiquer avec les réseaux sociaux ou même les mails, etc.

De plus, quiconque regarde les chiffres de l’expansion du Covid ne peut qu’être inquiet et considérer que l’État n’en fait pas assez, plutôt que trop. Il n’y a pas assez de tests, tout simplement, il faudrait de vastes campagnes de ciblage, mais pour cela il faut un degré d’organisation et de réponse sociale.

On peut donc dire que, non il n’y a aucun alibi « état d’urgence sanitaire » employé par le gouvernement, même si cela le tente forcément un peu. Il n’y a pas un raz-de-marée en faveur de la Gauche et dans le sens d’un renversement du régime, c’est le moins qu’on puisse dire. On peut même dire que, pour le moment, il ne se passe rien du tout.

Alors évidemment on peut s’inventer des raisons et dire que si ceci, si cela, tout serait différent. Que s’il n’y avait pas le Covid, la CGT aurait conquis tout le monde à ses points de vue et cassé les réformes gouvernementales, que s’il n’y avait pas le Covid, Macron serait déjà en prison et Lénine à l’Élysée, etc.

Seulement, ce n’est pas de la politique, mais l’utilisation d’excuses et de mythes mobilisateurs. Il faut, à un moment, dire stop et faire le vrai boulot de fond, en cessant toute fiction.

Dire : il n’y a pas de manifestations, car celles de plus de 5000 personnes sont interdites, c’est mensonger. Car cela fait bien longtemps que la Gauche n’est pas capable de mobiliser du monde politiquement (et pas « syndicalement ») et parce que des milliers de personnes trouvent toujours une voie pour avancer.

On n’avance pas, voilà la vérité, on n’avance pas… encore. Ce qui ramène au nécessaire travail de fond, qu’on ne saurait contourner au moyen d’appels en décalage avec la réalité pour justifier un discours « de lutte ».

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Politique

Le Parisien, le PCF et le dealer

Le Parisien a publié un article évoquant le PCF Saint-Ouen qui peut provoquer de la surprise, voire de la stupéfaction, au point qu’on se dit qu’on y comprend plus grand-chose…

Le 29 août 2020, il y avait ce message publié sur le compte Twitter du PCF où on lisait :

« Trafic d’armes, trafic de drogues, trafic de personnes, reprenons le pouvoir dans toutes les rues de la République. »

Ce message a beaucoup fait jaser, parce qu’il sous-tend de reprendre la rue face à des gens violents. Et quand le PCF dit ça, cela a du sens, car de par le passé, il y a plusieurs décennies, il visait l’hégémonie dans les quartiers populaires, avec des comportements types, des valeurs, etc.

Bref, cela a choqué les libéraux et autres tenants d’une société « inclusive ». Démagogie du PCF, retour aux sources ? La question pouvait se poser, puis il y a eu un article du Parisien du 15 septembre 2020.

On se dit alors qu’il y a une erreur dans cet article, dont le titre est « Mort de Sofiane et Tidiane : une «exécution» qui bouleverse Saint-Ouen ». On se dit, cet article va être modifié. Ce qu’on lit n’est pas possible. Cela ne peut pas être à ce point là.

L’histoire est on ne peut plus sordide, puisque deux jeunes de 25 et 17 ans ont été abattus dans une cave de la cité Soubise de cette ville de Seine-Saint-Denis. Le premier des deux  étant considéré, dans l’article, comme le chef du réseau local de drogue. Si l’on s’arrête là, c’est un affreux fait divers, reflétant une violence toujours plus grande et diffuse dans la société. Les dealers ne reculent devant rien et si on ne les stop pas…

Sauf qu’en même temps, cette personne est présentée par Le Parisien comme un encarté au PCF, sympathique, conscient, engagé. À lire l’article, il faudrait être admiratif, même. La suggestion de son activité de deal est mentionnée comme en passant, comme s’il était le garagiste du coin :

« Une source proche du dossier affirme que « le plus âgé était identifié comme étant le chef du réseau local du trafic » (…).»

Pour le reste, c’est un article unilatéral, avec un grand lyrisme dont voici quelques exemples :

« Un jeune adorable, un bel esprit », résume Jacqueline Rouillon, ancienne maire (PCF) de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) et très proche de la victime (…).

Sous le choc, Jacqueline Rouillon confie : « Je ne veux pas y croire. Pas lui. Il avait trop envie d’avoir une belle vie. Il avait d’ailleurs repris des études en BTS commerce et ressources humaines, mais il n’était pas parvenu à trouver un maître de stage cette année, comme beaucoup de jeunes. »

C’était aussi un compagnon de militantisme. Il avait pris sa carte au PCF et il était membre de l’association Citoyens solidaires. « Il était très présent dans la vie locale, mais il ne s’est jamais présenté sur une liste », précise-t-elle. L’ancienne maire veut retenir surtout sa personnalité « attachante ». « Tout de suite, il déclenchait la sympathie ». Denis Vemclefs, élu d’opposition, renchérit : « Nous avions beaucoup de discussions sur l’avenir des quartiers populaires. Il avait une réelle conscience politique. » (…).

Ce nouvel accès de violence illustre l’interminable guerre de territoire pour le contrôle des juteux points de stups de Saint-Ouen. Depuis juin, les règlements de comptes à coups d’arme à feu n’ont pas cessé dans la cité. »

On se dit donc que soit Le Parisien délire, soit c’est le PCF de Saint-Ouen qui délire. Et il semble bien que ce soit la seconde option, puisque la section PCF a réagit dans un communiqué, qui ne confirme pas l’appartenance au PCF, mais valide tout à fait l’existence du trafic de drogue et salue la mémoire du jeune homme…

Voici le communiqué :

« Ce mardi 15 septembre deux jeunes Audoniens ont été exécutés dans le quartier du vieux st Ouen.

Nous adressons nos sincères condoléances à la famille et à l’entourage de Sofiane Mjaiber et de Tidiane Bagayoko pour affronter cette épreuve.

Nombre de militants communistes ont eu l’occasion de connaître Sofiane et d’apprécier ses qualités humaines, sa joie de vivre et son intelligence. Apprendre son assassinat, est un grand choc, qui suscite tristesse et colère.
L’escalade de la violence sur fond de trafic de drogue a emporté deux jeunes hommes qui auraient dû avoir leur avenir devant eux. Ils sont victimes d’une guerre qui les dépasse.

Depuis le mois de juin dernier, une guerre de territoire fait rage dans plusieurs quartiers de notre ville. Les habitants de la place du 8 mai 1945, de Garibaldi, d’Arago et du Vieux st Ouen sont réveillés parfois plusieurs fois par semaine par le bruit des tirs.

Pour que les représailles ne soient pas suivies de vengeance le cycle de la violence doit être brisé. Le trafic qui gangrène notre ville et emporte inéluctablement dans son sillage violence et mort doit être combattu sans aucune ambiguïté.
La mobilisation de tous, habitants, municipalité, État doit être engagée.

Le tout sécuritaire, la politique du chiffre, a fait preuve de son inefficacité pour lutter contre le trafic. Si des effectifs supplémentaires de police nationale, annoncée depuis plusieurs mois par le gouvernement, seront bienvenus ils ne suffiront pas.

La Seine-Saint-Denis ne doit plus être un territoire délaissé par l’État qui n’a cessé de réduire les moyens alloués aux collectivités, aux services publics et au tissu associatif.
La rupture d’égalité territoriale, sociale et éducative n’est pas une fatalité. En cette période incertaine des perspectives doivent être offerte à la jeunesse audonienne durement secouée par ces morts.

Face à la violence, la cohésion sociale ne doit pas être affaiblie par des coupes budgétaires, elle doit au contraire être renforcée. Nous ne pourrons agir contre la violence et la peur qu’en recréant du commun, ensemble.»

Tout cela est lunaire. On peut donc apparemment être chef d’un point de deal, ou en tous cas impliqué dans le deal, tout en ayant une conscience politique et en agissant en fonction de celle-ci, être au PCF, ou en tous cas proche de lui et apprécié de lui ?

On ne s’étonnera pas qu’on préfère en revenir à la Gauche historique, plutôt que de tolérer cela.

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Culture

L’essor de la «phonk» dans le milieu des années 2010

La « Phonk » ou « vaportrap » est un courant musical lié à la Trap, elle-même sous-genre musical du Hip-Hop, qui a explosé au milieu des années 2010. Il puise ses racines dans le rap des années 1990 de la côte Est américaine, notamment de Memphis, Houston ou Miami. Une vague musicale qui marque de son empreinte la jeunesse des années 2010.

L’essor de la « phonk » date véritablement de 2010 avec le morceau « Bringing Da Phonk » de SpaceGhostPurpp, rappeur et producteur de Miami, dont le clip est basé sur des vidéos type VHS. La « phonk » c’est ce style de trap vaporeux très axé sur l’instrumental, réalisé sur de long mix inventifs entre jazz, funk et hip-hop.

Le genre s’est rapidement répandu grâce à DJ Smokey, un jeune artiste d’Hamilton, une ville de l’Ontario au Canada très impactée par la pollution de l’air générée par l’industrie sidérurgique. Influencé par les mix de « SpaceGhostPurpp », il sort son premier volume en 2013, « Evil Wayz Vol.1 ».

Portée par une génération née à la fin des années 1990, la «phonk » est tournée vers cette décennie, jusqu’à la nostalgie. Evidemment, être entièrement tourné vers le passé ne peut rien vraiment produire de nouveau, de populaire. Il serait donc faux de croire qu’il n’y ait là qu’une nostalgie.

Le style puise ses origines dans le style trap de la côte Est américaine, propulsé dans les années 1990 entre autres par « Three Six Mafia » de Memphis ou par DJ Screw de Houston à l’origine de la technique « Chopped & Screwed » (ralentir et répéter un passage en boucle).

Pour l’anecdote, pas si anecdotique que cela d’ailleurs, George Floyd, homme noir tué par un policier à Minneapolis le 25 mai 2020, avait participé sous le nom de « Big Floyd » à une compil’ de Dj Screw.

Mais, la nouvelle génération « phonk » parvient à dépasser ses origines, ne serait-ce par les sonorités et le style qui tournent en dérision justement l’aspect « gangsta » des débuts du sous-genre hip-hop. On le voit avec les images de cartoon ou les pochettes d’album qui se moque du fameux « parental advisory explicit lyrics ».

Avec la « phonk », on a une approche plus posée avec des mix aux basses saturées, des sonorités déformées jusqu’à l’extrême dans une ambiance trap temporisée. A ce titre, il est à l’opposé d’un autre genre de trap qu’est la Drill, assumant le style violent, grave et agressif du gangsta rap.

Depuis le milieu des années 2010, le genre connaît un élan jusqu’à devenir la première référence sur la plateforme SoundCloud en 2016 avec le mot clef #phonk. Cela n’est pas pour rien que c’est sur cette plateforme que ce genre s’est imposé : au-delà de mieux conserver la qualité musicale, elle est aussi un véritable espace tourné vers l’échange et le partage strictement musical.

En France, Soudière est un des artistes de renommée mondiale le plus en vue du genre. Originaire de Nancy, il a découvert le genre en tant que skater après avoir visionné la très fameuse « part » de Beagle dans la « Baker 3 » (2005).

Avec un style de skate original, le morceau « Smoke A Sack » de « DJ Paul & Juicy J » a indéniablement marqué tout skater de ces années là, valorisant un esprit amusant, fun et 100 % décontracté, tranchant avec l’esprit « piss drunk ».

Avec la « phonk », on a une jeunesse cherchant l’esprit de synthèse. C’est une génération qui profite des avancées technologiques de l’informatique et d’internet pour produire de la « phonk » à la fois liée à ses origines des 90’s, tout en la complexifiant musicalement et en assumant une critique des aspects culturels jugés dérisoires de cette époque.

Et en même temps, la critique, la synthèse ne parvient pas à pleine maturité. Elle est une jeunesse encore prisonnière des vicissitudes de son époque, tourmentée par le désir de paix, le « chill » agissant comme une véritable anti-dépresseur et la dépendance aux drogues comme fuite en avant.

La « vaportrape » est indéniablement liée à la codéine et au cannabis, dont certains albums et certaines sonorités font explicitement la référence. Est-ce étonnant de ce point de vue que le genre ait été notamment propulsé par DJ Smokey, originaire d’Hamilton, la ville canadienne la plus ravagée par la récente crise de opioïdes ?

La « phonk » exprime bien l’expérience de la jeunesse des années 2010 qui cherche inévitablement à progresser vers l’avenir, sans arriver à se départir complètement de son époque.

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Écologie

Victimes de la chasse: l’Aspas lance un appel à témoignage durant toute la saison

La chasse, en plus d’être cruelle pour les animaux, engendre de nombreux dangers pour les habitants des campagnes ou les promeneurs. L’association environnementaliste Aspas lance pour cette saison de chasse un appel à témoignage, afin de compiler toutes les situations où des personnes sont victimes de la chasse.

Il suffit d’envoyer son récit et ses images, ou bien des articles de presse locale, à : temoignage@aspas-nature.org

Voici la vidéo publié par l’Aspas pour lancer l’appel à témoignage :

 

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Politique

Jean-Luc Mélenchon veut être le Cincinnatus de la Gauche

Les tambouilles-magouilles ont repris en cette rentrée et Jean-Luc Mélenchon dit ouvertement qu’il doit être le dictateur temporaire à Gauche pour rétablir celle-ci.

Fondée en février 2016, La France Insoumise s’est tout de suite posé comme objectif de siphonner tout ce qui relève de la Gauche en terme d’associatifs, de syndicalistes, de militants. Usant d’arguments populistes et démagogiques, le mouvement a alors permis à Jean-Luc Mélenchon de faire 19,58 % aux présidentielles d’avril 2017. L’ennemi, c’était en apparence le réformisme, mais en pratique surtout tout ce qui relevait de la Gauche historique.

Le mouvement est depuis retourné à sa source, se résumant à des activistes sans impact notable à part en certaines places fortes électorales et la question est bien entendu désormais de savoir que faire. Jean-Luc Mélenchon a envie de retenter les présidentielles, mais il sait que désormais il ne peut plus y aller frontalement. Il a un petit capital électoral et compte en profiter. Il s’ensuit un rapprochement discret et délicat entre une partie des socialistes et Jean-Luc Mélenchon.

C’est Lionel Jospin qui a servi pour cette articulation, une amabilité entre ex-trotskistes (du courant lambertiste, historiquement tourné vers le PS et la CGT-FO). Dans son livre Un temps troublé, sorti début septembre 2020, Lionel Jospin ne tarit pas d’éloges : Jean-Luc Mélenchon y est valorisé comme un brillant orateur, un admirateur de François Mitterrand, un homme réaliste sachant faire des compromis, intelligent, mais victime de son tempérament, etc.

Dans le Nouvel Obs (du 3 au 9 septembre 2020), Lionel Jospin dit encore de Jean-Luc Mélenchon qu’il a :

« su conquérir ce qu’il désirait : être reconnu, hors des bornes du Parti socialiste, pour son talent, ses intuitions politiques, son sens du verbe, et il a créé son propre mouvement, un mouvement qui compte. »

Cela a amené, dans le numéro suivant (du 10 au 16 septembre 2020), une discrète petite interview, en page 44. Discrète, mais un symbole très important : le Nouvel Obs est l’organe de la « gauche caviar », des cadres et banquiers de gauche, où les conceptions de Keynes et l’action sociale est valorisée entre des publicités et articles de consommation upper class (restaurants, montres, propriétés, voitures, habits, etc.).

Pourquoi ouvre-t-il la porte à Jean-Luc Mélenchon ? Par tentative évidemment d’aller à un compromis. Les socialistes auraient bien besoin d’une figure de proue pour imposer quelque chose aux élections et faire face à EELV. Jean-Luc Mélenchon n’a-t-il pas après tout passé toute sa vie au Parti socialiste ?

Le Nouvel Obs ouvre donc la porte et même deux fois, puisque l’interview publiée est une version largement remaniée d’une version publiée au préalable en ligne (« En réponse à Jospin, Mélenchon évoque une « nouvelle force politique » pour 2022 »).

Voici comment Jean-Luc Mélenchon propose un compromis aux socialistes :

« Dans le monde militant, les personnalités attentives comme lui sont rares ; encore plus dans les milieux dirigeants. Il [= Lionel Jospin] force le respect. Je ne me suis jamais senti en opposition avec lui, mais en divergence (…).

Au fond, Lionel Jospin est le premier dirigeant socialiste à vous dédiaboliser. Qu’avez-vous ressenti en le lisant ?

Une grande émotion. Il ouvre peut-être une nouvelle séquence, celle du dialogue et du débat respectueux.

Je ne cherche pas à l’instrumentaliser, à lui faire dire en ma faveur ce qu’il ne dit pas. Il existe des différences entre son point de vue, qui est celui d’un social-démocrate avancé, et le mien, celui d’un républicain écologiste anticapitaliste.

Il plaide pour la lucidité. Quelle différence avec tous les autres qui veulent mettre en parenthèses les dix dernières années, sans tirer les leçons ni de leurs effroyables déroutes ni de notre progressive ascension, et qui n’ont jamais répondu à aucune de mes offres d’ouverture !

Lionel Jospin nous voit « sans effroi ». Et il ouvre le dialogue, quoi de mieux ?

(…) Vous opposez le peuple à l’oligarchie, dont Lionel Jospin décrit l’hétérogénéité…

On ne parle pas de la même chose. J’admets la différence entre le patronat national et l’oligarchie. Le patronat national rend possible un compromis social.

C’est impossible avec l’oligarchie qui est consubstantiellement liée à la forme financière et transnationale du capital. Or c’est l’oligarchie qui domine. Elle a mis à son service une caste, c’est-à-dire tout un personnel dans les superstructures de la société qui se voue à la perpétuation du système.

(…) Que proposez-vous ?

C’est une majorité d’adhésion qu’il faut construire. C’est pour ça que je crois aux campagnes longues qui se donnent le temps de convaincre en profondeur. D’autant qu’il s’agit de gouverner dans la catastrophe climatique et la dislocation économique et politique du monde qui sont en cours.

Si je suis candidat, j’arriverai fort de mon bilan électoral, de mon expertise, muni d’un programme ouvert, d’une brillante équipe soudée idéologiquement, et décidée à fonder avec ceux qui l’auront voulu une nouvelle force politique.

Cette force sera celle de la génération suivante. Elle se construira en reformulant le programme et en menant la campagne. Gagnant ou perdant, rien n’aura été fait en vain. Il faut imaginer Cincinnatus heureux. »

Lucius Quinctius Cincinnatus relève de la légende historique romaine : la république est en danger et par deux fois, en 458 et 439 avant notre ère, on cherche un pauvre paysan qui devient dictateur pour rétablir l’ordre face aux ennemis de la République et dès qu’il a fini tout abandonner pour redevenir paysan.

Jean-Luc Mélenchon se propose en Cincinnatus. Il dit en fait : nommer moi candidat et je vous fonde un nouveau Parti socialiste, même si je perds vous en profiterez car moi je ne serai alors plus là. En attendant, de toutes façons je suis le seul « socialiste » à avoir une aura de masse.

Il veut rééditer le coup de François Mitterrand, qui vient du centre-droit mais qui en s’opposant à De Gaulle s’est placé comme la seule figure « populaire » de la Gauche. Il sait aussi qu’il pourra profiter, pour une tel projet, des différents courants trotskistes du NPA soucieux de se sortir de leur bourbier et, qu’à l’inverse, le PCF comprendra que cela ne peut se faire qu’à ses dépens, puisque l’idée, c’est une sorte de congrès de Tours à l’envers, afin de prendre le dessus sur EELV.

Cela se tient. Mais il n’en reste pas moins que c’est une sorte de lecture électoraliste-activiste en vue d’un programme de gestion, autour d’une figure connue, à rebours de la Gauche historique et de sa lecture historique des questions sociales, sur la base de valeurs portées par des partis.

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Guerre

Communiqué du PCF sur les ventes d’armes françaises à la Grèce

Voici le communiqué du PCF du 14 septembre 2020, dénonçant les ventes d’armes françaises à la Grèce, dont nous parlions récement :

« Vente d’armes à la Grèce : « Cette escalade militaire est une mauvaise réponse » (Fabien Roussel – PCF)

Dans le contexte de tensions et d’agressivité du dirigeant turc Recep Tayyip Erdogan en Méditerranée orientale, Emmanuel Macron choisit… de vendre des armes à la Grèce ! Un contrat pour 18 Rafales, 4 hélicoptères, des missiles et des torpilles francais vient dêtre signé, comme une forme de réponse aux provocations du président turc dans les eaux grecques. Cette escalade militaire est une mauvaise réponse.
Après avoir mobilisé deux chasseurs Rafale et deux navires de guerre, la France avait déjà procédé, le mois passé, à un exercice militaire conjoint avec la Grèce, l’Italie et Chypre, au sud et au sud-ouest de Chypre.

La ministre française des Armées, Florence Parly, s’est aussitôt réjouie de ce qu’elle voit comme le renforcement du « lien entre les forces armées grecques et françaises » considérant, selon elle, qu’il s’agit d’un pas « en faveur d’une Europe de la défense plus forte, plus autonome et unie ». Quel aveuglement ! Paris nourrit l’escalade militaire dans l’une des zones les plus sur-militarisées du monde, où le risque nucléaire est présent, et participe à une surenchère agressive entre membres de l’OTAN. On voit mal une « défense européenne » déjà arrimée à l’OTAN – et dont la Turquie est la 2e armée en matière d’effectifs – fonder une cohérence dans ses orientations et sortir « renforcée » de l’amplification de la crise interne de l’alliance politico-militaire qui est placée au service des intérêts stratégiques nords-américains depuis sa fondation.

Pour le Parti communiste français, il est indispensable de mettre un coup d’arrêt net aux évolutions dramatiques qui se dessinent, qu’il s’agisse des visées expansionnistes du dirigeant turc que d’un sur-armement de la Grèce. De plus, le peuple grec devra payer ces achats d’armement par de nouvelles politiques d’austérité.

Dans une région où, déjà, peuples grec et turc ont vécu les plus effroyables conflits, la France et l’ensemble des pays de la région doivent construire un chemin diplomatique pour sortir de crise qui contrait la Turquie à respecter le droit international, les accords internationaux existants, le droit de la mer, et découragent les visées militaristes des protagonistes.

Le PCF, préoccupé et inquiet de l’escalade belliciste en Méditerranée, appelle au rassemblement et à la mobilisation des forces de la paix en France et en Europe pour peser en ce sens. »