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Politique

La pandémie et l’absurdité de la mondialisation capitaliste selon Lutte Ouvrière

Cet article est tiré de « Le coronavirus et la mondialisation» de la revue éditée par Lutte ouvrière Lutte de classe d’avril-mai 2020 :

« La pandémie, le confinement et l’arrêt de nombreuses usines dans le monde révèlent l’absurdité de la mondialisation capitaliste. Mais des deux termes, le plus dangereux, celui qui menace l’humanité, c’est le capitalisme plutôt que la mondialisation. Cette crise met en évidence, une fois de plus, la nécessité de planifier et de rationaliser la production de tous les biens indispensables à l’humanité.

La planification n’est pas synonyme de centralisation. Elle nécessite d’abord le recensement ; celui des besoins de chacun, des ressources, des capacités de production. Elle nécessite d’organiser la production, à l’échelle locale autant que possible, à une échelle plus large continentale ou mondiale selon les domaines, l’état des ressources, en minimisant le travail humain, les déplacements, les prélèvements sur la nature.

L’humanité dispose de tous les instruments de recensement, de prévision, d’organisation, pour mettre en œuvre cette production afin de nourrir, loger, instruire, soigner tous ses membres. Mais ces instruments sont aujourd’hui entre les mains des grands groupes industriels et des banques qui dominent l’économie et des États qui défendent leurs intérêts. Ces instruments leur servent à opprimer, espionner, aggraver l’exploitation des travailleurs tout en se livrant entre eux des guerres féroces et pas seulement commerciales. Ils leur servent à mettre la planète en coupe réglée, à détruire les écosystèmes, à déboiser les forêts primaires au profit de l’agriculture intensive et de l’élevage industriel, ce qui accélère le passage des virus entre les espèces et aggrave leur dangerosité.

Changer de modèle, rompre avec les ravages de la mondialisation capitaliste, nécessite une révolution sociale pour exproprier les capitalistes et renverser les États à leur service. Pour faire une telle révolution, il faut qu’agisse une force sociale puissante, présente dans le monde entier, ayant tout à gagner à renverser la dictature du capital sur la société. Une telle classe sociale existe, c’est le prolétariat international, ceux dont on découvre aujourd’hui que leur travail est vital pour assurer le fonctionnement quotidien de la société, unis et renforcés numériquement par la division internationale du travail. Il manque à cette classe sociale, la conscience de sa force collective, de ses intérêts communs, du fait qu’elle porte l’avenir de la société. Les travailleurs ne doivent certainement pas attendre des États qu’ils tirent des leçons de la pandémie dans un sens favorable aux intérêts collectifs. Et tous ceux qui laissent entendre le contraire se rendent complices des attaques qui se préparent. »

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Culture

«Validé», la série qui célèbre les comportements anti-sociaux en pleine crise sanitaire

La série française « Validé » rencontre un grand succès ces derniers jours. Elle devrait pourtant être rejetée, conspuée, comme étant une contribution à ce que la société porte de plus mauvais, de plus décadent, de plus anti-social.

La crise sanitaire dit beaucoup de notre société, de ce qu’elle a de plus puissant et positif, mais aussi de ce qu’elle a de plus arriéré et insupportable. En ces temps compliqués, la responsabilité et la discipline collective deviennent une nécessité non plus philosophique, mais immédiate, vitale. Les comportements anti-sociaux apparaissent quant à eux d’autant plus ignobles.

Qu’il est troublant alors de constater l’immense succès dans la jeunesse de « Validé », avec plus de 15 millions de visionnages revendiqués ces deux dernières semaines. Cette série ne consiste pourtant qu’en la valorisation de ces mêmes comportements anti-sociaux, ruinant l’effort social collectif…

« Validé », c’est l’histoire d’un banal délinquant livreur de drogue. Son « travail » consiste, de manière tout à fait réaliste (et insupportable), à livrer de la drogue à domicile aux bourgeois parisiens branchés. C’est ni plus ni moins que le « Uber » du shit, de la cocaïne et de la MDMA. Pour faire plus vrai que nature, l’histoire commence le jour où il doit livrer à la radio Skyrock, pendant un direct de la célèbre émission « Planet Rap ». Canal +, qui produit et diffuse la série, se permet même d’assumer tranquillement ce genre de trafic de drogue, en faisant dire au personnage qui l’accompagne : « alors on va [livrer] où cette fois ? Canal+ encore? ».

Le « héros » se retrouve ensuite en direct à la radio, ce qui propulse sa carrière de rappeur, avec comme trame narratrice un « clash » tout ce qu’il y a de plus puéril avec le rappeur initialement présent pour l’émission. Il faut savoir ici que ces « clashs » sont devenus une habitude dans le milieu du rap, qu’ils soient parfaitement orchestrés ou bien relevant d’une stupidité patriarcale bien réelle. On a régulièrement des embrouilles de cours d’école mises sur la place publique, dans le but justement de faire parler dans les cours d’école, en visant précisément les publics collégiens et lycéens.

C’est stupide, violent, vulgaire, profondément arriéré, mais Canal+ trouve cela bien et en fait une série pour la jeunesse. Pire, la chaîne est aidée en cela par le « service public », donc l’État, puisqu’apparaissent dans la série à plusieurs reprises la radio « Mouv » (du groupe Radio France), ainsi qu’une vraie prison filmée en détail.

L’administration pénitentiaire, qui n’a que peu de considération pour les gardiens de prison en première ligne face à la délinquance, ne voit par contre aucun problème à ouvrir ses portes à un tel tournage, où est mis en scène un rappeur prisonnier se filmant en direct depuis sa cellule avec un portable pour passer dans l’émission « TPMP » de l’immonde Cyril Hanouna. C’est d’ailleurs un moment clef de l’intrigue, qui va précipiter le « clash » entre les deux protagonistes principaux. Pour le reste, on a comme décors tout ce que Paris a à offrir de mode de vie décadent, de fascination pour les grosses voitures, la vitesse, les femme-objets, les soirées privées select, les marques de luxe, la futilité des « réseaux sociaux », etc.

Comment la jeunesse peut-elle ne pas être révolté par une telle nullité qu’on lui sert ? Comment, particulièrement la jeunesse des cités HLM, peut-elle ne pas être révoltée par un telle mise en scène consistant à lui maintenir la tête sous l’eau dans la délinquance et la fascination pour la réussite individuelle, la drogue, la brutalité ?

Tout cela apparaît tellement décalé, insupportable, alors que l’humanité se retrouve confrontée à une crise sanitaire majeure en raison de son comportement erroné avec la nature et les animaux sauvage en particulier.

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Écologie

«Évitons une vague massive d’euthanasie: les adoptions doivent reprendre!»

Voici une pétition par les associations Ethics For Animals, Collectif Chats 100 % Stérilisation Obligatoire (607 associations et refuges), L’Arche des Associations (42 associations et refuges), One Voice, Solidarité Refuges, Convergence Animaux Politique (CAP), Collectif Pattes Mauves (69 associations et refuges).

Pour signer la pétition, cliquez-ici.

Voici le texte de la pétition :

« Évitons une vague massive d’euthanasie: les adoptions doivent reprendre !

En conséquence des mesures de confinement liées au COVID 19, les associations de Protection Animale et les refuges pour animaux se voient interdire de proposer leurs protégés à l’adoption.

Alors que la France est championne d’Europe des abandons (ce qui entraîne malheureusement l’euthanasie d’au moins 120 000* animaux chaque année), cet arrêt des adoptions a des conséquences dramatiques.

Lorsqu’un animal est abandonné sur la voie publique, il est le plus souvent confié à la fourrière dont dépend le lieu de capture. Le fonctionnement des fourrières est régit par l’article ci-dessous :

Article L211-25 du Code Rural :

I.- Lorsque les chiens et les chats accueillis dans la fourrière sont identifiés […] le gestionnaire de la fourrière recherche […] le propriétaire de l’animal. […]

A l’issue d’un délai franc de garde de huit jours ouvrés, si l’animal n’a pas été réclamé par son propriétaire, il est considéré comme abandonné et devient la propriété du gestionnaire de la fourrière, qui peut en disposer dans les conditions définies ci-après.

II.- […] le gestionnaire de la fourrière peut garder les animaux dans la limite de la capacité d’accueil de la fourrière. Après avis d’un vétérinaire, le gestionnaire peut céder les animaux à titre gratuit à des fondations ou des associations de protection des animaux disposant d’un refuge qui, seules, sont habilitées à proposer les animaux à l’adoption à un nouveau propriétaire. […]

Après l’expiration du délai de garde, si le vétérinaire en constate la nécessité, il procède à l’euthanasie de l’animal. […]

La crise sanitaire du COVID 19 survient dans un contexte déjà très difficile pour les associations de protection animale qui ont vu leurs subventions diminuer drastiquement, les dons et adhésions se raréfier, tandis que les abandons et actes de maltraitance sont en hausse constante. Jusque-là, la seule chance pour ces animaux rescapés était leur adoption dans des familles responsables, sélectionnées et suivies par les associations.

L’association Ethics For Animals, le Collectif Chats 100 % Stérilisation Obligatoire (qui représente 607 refuges et associations en France), l’Arche des Associations (qui regroupe 42 associations), One Voice, Solidarité-Refuges, Convergence Animaux Politique (CAP) et le Collectif Pattes Mauves ( qui regroupe 69 associations) veulent alerter les autorités et tirer de toute urgence le signal d’alarme sur une situation devenue catastrophique depuis le confinement. Les animaux abandonnés affluent, l’argent ne rentre plus et voilà que maintenant des animaux en parfaite santé et adoptables sont menacés d’être euthanasiés faute de pouvoir être pris en charge dans des structures au bord de l’implosion où la place et les ressources vont manquer. Ils seront les malheureuses victimes collatérales de la pandémie.

La note de service DGAL/SDSPA/2020-218 publiée par le ministère de l’agriculture, prévoit des mesures spécialement à destination des refuges afin de palier à cette crise en leur permettant le dépassement de leur capacité maximale d’accueil tel que le prévoit habituellement la loi, à condition de pouvoir garantir le bien être animal. Le problème ne sera pas résolu en entassant les animaux dans des cages ou en transférant les animaux entre des refuges déjà saturés. Cela ne peut pas être une solution pour ces animaux, même si elle est temporaire. Leurs conditions de vie s’en trouveraient fortement dégradées mais surtout, les refuges n’ont pas les moyens financiers d’accueillir plus d’animaux que ceux prévus ! Cela semble facile de mettre deux chiens dans une même cage mais moins de leur donner une gamelle pour deux. Plus la situation dure et plus les refuges arriveront à saturation et seront dans l’incapacité de prendre d’autres animaux, au risque d’assister impuissants à une vague massive d’euthanasies.

Pourtant en Belgique, des solutions sont mises en place pour que les adoptions puissent continuer malgré le confinement. Ces solutions fonctionnent car les adoptants sont au rendez-vous. Les protocoles sont les suivants :

  • les adoptions se font sur rendez-vous après un entretien téléphonique
  • espacement des rendez-vous d’au moins 1 heure
  • les rendez-vous sont interdits aux personnes âgées de plus de 65 ans
  • 2 personnes sont présentes lors d’un rendez-vous : un représentant du refuge et le futur adoptant
  • ces 2 personnes sont séparées par une distance minimum d’1,5 mètre et avant leur mise en présence, elle doivent se laver les mains et mettre un masque.

C’est cette solution que nous prônons pour les refuges et associations de France.

En respectant les règles sanitaires, en donnant une nouvelle chance à des animaux victimes d’abandons ou du décès de leur propriétaire, elle permettrait d’éviter des euthanasies massives. En allégeant la charge des associations et des refuges, elle éviterait des fermetures pour raisons économiques.

Les signataires de cette pétition demandent au Président de la République et au Ministre de l’Agriculture d’accorder une dérogation aux refuges pour animaux et aux associations de protection animale françaises afin que les adoptions puissent reprendre selon les règles édictées ci-dessus.

* données datant de 2016. Aucune information ne nous a été transmise depuis par le Ministère de l’Agriculture. »

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Politique

Confinement: le grand tournant français du début avril 2020

Il y a d’un côté la peur de gâcher l’effort mené jusqu’à présent et une volonté de prolonger le tir. De l’autre, une bonne partie du capitalisme harcèle pour la reprise du travail, alors que les 3/4 secteurs n’ont jamais rien arrêté et que certains pays se lancent déjà dans un déconfinement mesuré. Les limites de l’État tel qu’elles existent présentement se montrent clairement et ce sont celles du capitalisme. C’est un moment littéralement historique.

La Chine, l’Allemagne et l’Autriche, mais également la Suède, sont d’excellents exemples de capitalismes efficaces. La Chine a confiné puissamment, de manière particulièrement volontaire, pour relancer l’économie le plus vite possible. L’Autriche a organisé pareillement un confinement serré dans une société hyper organisée, annonçant déjà un déconfinement partiel dans les deux semaines.

L’Allemagne jette un œil ravi dessus alors qu’elle dispose d’un système hospitalier avec de larges capacités et procède de son côté à un confinement mesuré en utilisant au maximum les tests. La Suède n’impose encore strictement rien, cherchant à gagner du temps au maximum, là où inversement l’Angleterre s’est prise les pieds dans le tapis, tout comme les États-Unis. Des États-Unis qui vont jusqu’à racheter en masse des masques chinois déjà vendus à l’Allemagne et à la France.

Quant à la France, elle est en rade au point d’exporter des malades au Luxembourg, en Allemagne et même en Autriche, l’envoi en Tchéquie à Brno ayant été finalement annulé, sans doute pour une question de prestige. Il n’y a pas de masque, pas de test et les Français tendent à l’indiscipline, au relativisme, au scepticisme.

Ce panorama est un cauchemar pour les capitalistes français et cela explique la gigantesque pression anti-confinement de ces derniers jours. Les capitalistes paniquent. Voilà pourquoi il n’a de cesse d’avoir été parlé de déconfinement dans les médias, depuis Hanouna qui dans sa stupide émission télévisée annonçait un « scoop » avec les dates de déconfinement pour chaque région jusqu’à l’Académie de médecine prévoyant ensuite justement officiellement un déconfinement par régions.

C’est la seconde grande offensive après celle menée au moyen du professeur Didier Raoult. Valeurs actuelles, hier, publiait encore une tribune à sa gloire :

« Notre pays sera-t-il donc le plus frileux à se lancer pour de bon dans un traitement pourtant issu d’un scientifique de nos rangs ? Il est plus que temps de retrouver l’esprit pionnier d’un Pasteur. L’échec n’aurait que des inconvénients limités, alors que le succès nous permettrait fièrement d’entonner La Marseillaise. »

On a ici un ton tout à fait capitaliste ou, pour caricaturer, national-capitaliste comme au bon vieux temps gaulliste où l’Europe n’était pas une utopie libérale libertaire. Et c’est en cela un grand tournant car de son côté l’État dit bien que le déconfinement n’est pas pour demain du tout !

C’est là qu’on voit à quel point la nature de l’État a été incomprise pour beaucoup à Gauche. La gauche gouvernementale considère que l’État est neutre dans son contenu et a donc, fort intelligemment, soutenu les mesures prises. L’ultra-gauche, y compris « marxiste », a par contre crié au coup de force, dénonçant les atteintes aux libertés, reflétant ici une attitude proprement anarchiste, c’est-à-dire petite-bourgeoise.

En réalité, l’État faisait son boulot. Mais comme il n’est pas neutre, il ne peut le faire que jusqu’à un certain point, qui est précisément désormais atteint. L’État se prétend au-dessus des classes sociales mais il bascule forcément dans la logique du déconfinement exigé par les capitalistes les plus agressifs.

Bien entendu, cela ne se réalisera pas unilatéralement, car il y a heureusement beaucoup de freins démocratiques. Les syndicats en font partie, même si on constate leur vanité. Au moment de l’opposition à la réforme des retraites, ils prétendaient avoir des assises de masse et on voit bien là qu’ils sont incapables d’organiser un refus de travail organisé et sérieux dans des secteurs secondaires où les travailleurs mettent leur vie en danger.

Nous vivons cependant bien un moment historique. Si l’Allemagne montre qu’elle est une puissance devenant majeure, la France est une puissance aux ambitions démesurées, ce qui en rajoute encore plus à ses déséquilibres et sa réelle valeur capitaliste. Elle va s’enfoncer dans la crise. La Gauche doit exiger le pouvoir…. Tout le pouvoir.

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Politique

CGT: Lettre ouverte de Philippe Martinez au président de la République

Voici la lettre ouverte adressée au président de la République par Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT :

Monsieur le Président de la République, Monsieur Emmanuel MACRON,

La crise sanitaire du Covid-19 ne faiblit pas. La pandémie du nouveau coronavirus a déjà fait des dizaines de milliers de morts dans le monde depuis son apparition en décembre en Chine. Près de 800 000 cas d’infection ont été officiellement diagnostiqués dans 188 pays et territoires depuis le début de l’épidémie. L’épicentre s’est concentré sur l’Europe.

Notre pays est particulièrement touché et le nombre de personnes contaminées ne cesse de s’accentuer. Beaucoup d’hôpitaux sont désormais submergés par l’arrivée de nouveaux malades nécessitant des soins intensifs et longs. L’ensemble des personnels soignants ainsi que ceux des secteurs du soin à domicile, dans les maisons de retraite font face, attachés à leur mission de service public, mais force est de constater que leurs conditions d’exercice pose question. En effet, les commandes de masques, de matériel médical, voire de médicaments ou les tests annoncés par votre gouvernement tardent à se concrétiser.

Face à cette situation d’urgence, nous souhaitons vous rappeler les mesures indispensables à prendre le plus rapidement possible.

La priorité de votre gouvernement doit être, avant tout, de garantir la stricte protection de tous les salariés qui, assurant des activités essentielles dans le secteur public et privé, doivent continuer à travailler. Ainsi, il est de votre responsabilité de veiller à ce que tout salarié puisse exercer son droit de retrait en l’absence de protection ou face à un danger grave et imminent. C’est d’ailleurs le sens du préavis de grève dans les services publics, afin de protéger les personnels travaillant dans des collectivités où les règles ne sont pas appliquées, tout comme dans les autres secteurs. D’autre part, les codes de bonnes pratiques même unanimes, sont remis en cause ou restreints par les ministères comme c’est le cas dans le BTP.

De nombreux salariés sont déjà contaminés, malades voire décédés parce qu’exposés au virus sur leur lieu de travail. Cela pose, dès maintenant, la question de la réparation et ainsi du classement automatique en maladie professionnelle pour les soignants, bien entendu, mais aussi pour tous les travailleurs.

En parallèle, il est maintenant tout à fait urgent de procéder à la définition des activités essentielles et à la fermeture immédiate de celles ne contribuant pas aux besoins vitaux.

Nous voulons d’ailleurs vous réaffirmer notre opposition aux mesures dérogatoires au Code du travail dans les domaines du temps de travail. L’ordonnance prévoyait qu’un décret viendrait préciser les secteurs dans lesquels elle s’appliquerait. À ce jour, aucun décret n’est paru, nous considérons donc qu’aucune dérogation ne peut s’appliquer. L’abrogation immédiate de ces ordonnances qui organisent de manière scandaleuse la déréglementation du travail est ainsi à l’ordre du jour.

Le confinement reste selon les experts scientifiques ou les médecins, le moyen le plus efficace pour lutter contre le Covid-19. L’arrêt des activités non essentielles comme cela vient d’être fait en Italie ou en Espagne permettrait par ailleurs de libérer des protections comme des masques et gants pour ceux qui en ont besoin. À noter le communiqué de l’Amuf (médecins urgentistes) qui va dans ce sens. Par contre, l’évolution de la production pour produire des protections et la reprise d’activité pour des entreprises fermées, comme Luxfer pour la production de bouteilles à oxygène, ou menacées, comme la papeterie de la Chapelle Darblay pour la production de masques, par un financement public est essentiel. Votre ministre de l’Économie a bien parlé de possibles nationalisations.

Nous avons défini une liste d’activités essentielles et nous sommes disponibles pour en discuter avec le gouvernement.

Face à cette pandémie mondiale, nous réitérons notre demande que vous déclariez l’état de catastrophe sanitaire afin de mettre à contribution, par exemple, les assurances et permettre le paiement du chômage partiel à 100 %.

La situation que nous vivons exige que l’ensemble des entreprises contribuent à la solidarité de la Nation, c’est pourquoi vous devez imposer pour toutes, la suppression des dividendes aux actionnaires. Pour le moment votre ministre de l’Économie s’est contenté d’une simple déclaration pour demander aux entreprises qui reçoivent des aides publiques de ne pas verser de dividendes. Nous avons l’expérience de la crise financière de 2008 et cela n’a pas fonctionné, c’est très insuffisant ! Il n’est pas utile de vous rappeler, que récemment encore, les sociétés du CAC 40 s’apprêtaient à verser à leurs actionnaires 54,3 milliards d’euros, soit 5,9 % de plus qu’en 2019. Vous conviendrez que cela constitue un record historique. C’est avant tout une question de décence, de justice et de solidarité nationale !

Il va sans dire qu’un contrôle des aides publiques aux entreprises doit être garanti et une attention particulière doit être portée aux conséquences en matière d’emploi qui pourraient toucher les salariés notamment dans les petites et moyennes entreprises, les secteurs de l’économie sociale et solidaire et plus largement dans tous les secteurs d’activités et cela en lien avec les organisations syndicales représentatives.

Vous devez prendre, dans la période, une mesure d’interdiction de tous les licenciements pour quelques motifs que ce soient et la suspension immédiate de tous les PSE ou plans de restructuration d’entreprise.

Vous devez porter une attention particulière sur la situation des plus fragiles et ainsi prendre des décisions immédiates en direction des chômeurs, travailleurs précaires, intérimaires ou saisonniers, travailleurs des plateformes (…) et prendre des mesures de protection sociale étendues.

En cette période, les salariés ont plus que jamais besoin de leur syndicat à leurs côtés, c’est pourquoi nous tenons à vous rappeler l’engagement pris par votre ministre de l’Intérieur, d’élaborer une autorisation spécifique et nationale pour permettre à tous les élus et mandatés de circuler librement et d’intervenir dans les entreprises ou les services. Cette promesse n’est, à ce jour, encore une fois pas honorée.

Les travailleurs paient un lourd tribut y compris financièrement dans cette crise sanitaire. Beaucoup de voix s’élèvent fortement pour dire que nombre de métiers en première ligne, que ce soit dans l’agroalimentaire, le commerce, l’aide à la personne, les soins ou le médicosocial, les services de ramassage des déchets (…) ne sont pas payés correctement et reconnus dans leur travail, alors que ce sont bien eux les « premiers de cordée ». Beaucoup découvrent leur bulletin de salaire avec des pertes de rémunération substantielles, notamment liées à la disparition des parts variables de rémunération (primes diverses, calcul à partir des forfaits jour, etc.). C’est donc de votre responsabilité de demander à votre ministre du Travail de procéder à une augmentation immédiate du SMIC qui devra se répercuter sur l’échelle des salaires. L’augmentation significative du point d’indice dans la fonction publique doit être un engagement de votre gouvernement.

Nous exigeons également, au-delà d’un paiement à 100 % du chômage partiel, le maintien des cotisations sociales, permettant l’accès de tous à la protection sociale complémentaire (santé et prévoyance).

Enfin, le monde est totalement bouleversé par cette crise et rien ne sera plus comme avant quand nous en serons sortis. Gouverner c’est prévoir et votre gestion de la pandémie n’en a pas fait une démonstration convaincante. Il y a donc un besoin urgent de faire avec les organisations syndicales, un bilan sur les changements radicaux de politique à opérer dans de nombreux domaines économiques et sociaux.

La CGT porte des propositions pour transformer cette société autour de valeurs de progrès social, de solidarité et de sécurité, tant professionnelles qu’environnementales.

La CGT revendique ainsi la mise en place d’une « sécurité sociale professionnelle » pour tous afin qu’aucun salarié, tous statuts confondus, ne subisse plus de rupture dans ses droits, dans la reconnaissance de ses qualifications et de ses acquis par l’expérience. Il faut mettre en place une Sécurité sociale intégrale, un 100 % Sécu sur la base du salaire socialisé, fondée sur les principes fondateurs de la Sécurité sociale, que sont la solidarité et l’universalité, en intégrant de nouveaux besoins non encore couverts et adaptés aux nouvelles formes du travail.

Il s’agit de répondre aux besoins fondamentaux, sur le principe de « bien commun universel », de revalorisation du travail, de préservation de l’environnement et de l’anticipation des transitions nécessaires pour que l’activité humaine ne porte pas atteinte à l’avenir de la planète. Cela suppose aussi qu’une autre économie et qu’une autre façon de consommer émergent.

Dix-huit organisations syndicales ou associatives ont publié une tribune pour anticiper et bâtir le « jour d’après ».

Nous vous en livrons quelques pistes :

  • relocalisation des activités, dans l’industrie, dans l’agriculture et les services, permettant d’instaurer une meilleure autonomie face aux marchés internationaux et de reprendre le contrôle sur les modes de production et d’enclencher une transition écologique et sociale des activités ;
  • réorientation des systèmes productifs, agricoles, industriels et de services, pour les rendre plus justes socialement, en mesure de satisfaire les besoins essentiels des populations et axés sur le rétablissement des grands équilibres écologiques ;
  • établissement de soutiens financiers massifs vers les services publics, dont la crise du coronavirus révèle de façon cruelle leur état désastreux : santé publique, éducation et recherche publique, services aux personnes dépendantes…
  • une remise à plat des règles fiscales internationales afin de lutter efficacement contre l’évasion fiscale est nécessaire et les plus aisés devront être mis davantage à contribution, via une fiscalité du patrimoine et des revenus, ambitieuse et progressive.

Nous sommes convaincus que ces réorientations majeures sont indispensables pour bâtir une société juste, solidaire et durable dans les domaines économiques, sociaux et écologiques.

Je vous prie de croire, Monsieur le Président de la République, en l’expression de mes respectueuses salutations.

Philippe MARTINEZ

Secrétaire général de la CGT »

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Écologie

Le Covid-19 et les critiques écologistes du mode de vie

La gauche « alternative », au sens le plus large, insiste particulièrement sur une remise en cause nécessaire à la suite de la crise sanitaire actuelle. Elle ne se contente pas de vouloir un système de santé plus performant, elle attend une critique d’aspects qu’elle considère comme prévalents dans le monde aujourd’hui.

Il y a évidemment les écologistes récents, pour qui l’écologie n’est qu’une camelote prétexte à des discours anticapitalistes relookés. Il y a tout un discours de « front uni » qui est hautement révélateur d’une tendance au bric-à-brac masquant avec difficulté une incapacité à combiner le fait d’être de gauche et d’être écologiste (ou encore vegan, ou les deux).

L’un des exemples les plus marquants, c’est la revue en ligne Reporterre, qui a été littéralement incapable d’analyser la crise suivant un point de vue autre que anti-État. Le discours zadiste assumé (avec également une bande dessinée réussie mais caricaturale) témoigne d’une indigence intellectuelle concernant les points les plus fondamentaux de l’écologie.

Il y a heureusement des initiatives cohérentes, car portées de véritables réflexions. Il va de soi que ces réflexions ne datent pas d’une semaine, ni même d’un an ; elles représentent un véritable travail de fond, obscur alors, mais qui apparaît en pleine lumière.

L’Analyse politique de la pandémie de Covid-19 de Génération écologie est ici exemplaire, il est d’un très haut niveau et il cogne extrêmement fort. Il est parlé de rupture historique et il est appelé à une véritable révolution intellectuelle. Tout se résume d’ailleurs lorsqu’il est expliqué que :

« La pandémie n’est donc pas un perturbateur « extérieur » à notre monde, mais le produit d’une époque, l’Anthropocène »

On reconnaît là l’approche globale, systémique, planétaire, qui cherche à mettre les choses en perspective. C’est un positionnement qu’on a déjà pu voir dans le document du PCF(mlm), La maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) : un produit du mode de production capitaliste. Dans les deux cas, on a une lecture catastrophiste – ou réaliste, ou les deux -, avec l’idée que tout le monde doit changer de mode de vie et que c’est cela, une révolution. Il va de soi que cela change justement de ceux qui disent que tout est la faute des gens au pouvoir et qui s’arrêtent à cela.

On a quelque chose de moins puissant, de moins nouveau, mais inversement de particulièrement ancré dans la culture de la seconde gauche des années 1970 avec les propos de Guillaume Balas, de Génération-s. Dans L’Humanité, il reprend le discours qui fut celui du PSU et plus particulièrement d’un de ses prolongements politiques, l’AREV (l’Alternative Rouge et Verte). L’AREV disposait d’une vraie capacité d’initiative au début des années 1990, mais n’est pas parvenu à réaliser une synthèse écologiste de gauche.

Guillaume Balas reprend ce discours « post-capitaliste » :

« C’est l’ensemble des sociétés humaines telles qu’elles fonctionnent qui doit être remis en cause. Une phase de l’histoire de la mondialisation s’achève. On ne peut plus continuer avec des interconnexions sans contrôle, ni avec un modèle qui étend sans cesse les activités humaines sans respecter les territoires naturels.

Mais, nous ne pouvons pas rompre avec le productivisme sans remettre en cause la doctrine néolibérale du libre-échange absolu, voire le modèle capitaliste et son exaltation de la propriété privée comme valeur première.

Il nous faut réfléchir à des sociétés postcapitalistes à la fois démocratiques – face à la tentation de l’autoritarisme et du nationalisme –, écologiques, et avec une nouvelle forme de répartition des richesses et de la protection sociale. »

Julien Bayou, le secrétaire national d’EELV, tient un discours tout à fait similaire, le contenu en moins. On a pareillement un appel à changer tout de fond en comble, mais il n’est pas dit comment.

« La pandémie en cours nous appelle à reconstruire l’ordre du monde. Ni plus ni moins. L’enjeu, pour les écologistes, est immense.

Il s’agit de démontrer que le coronavirus n’est pas qu’une crise sanitaire, mais qu’il est le nom du dérèglement du monde. Le coronavirus démontre de manière paradigmatique l’ampleur des transformations que nous allons devoir engager pour faire face au réchauffement climatique. Il nous faut réinventer nos valeurs, modifier nos priorités (…).

Nous devrons proposer un imaginaire post-crise qui ouvre d’autres solutions que le dogme de la croissance, que la priorité donnée au court terme sur le long terme, que l’obsession pour la rentabilité. »

Il y a tout en cas deux positions qu’on peut cerner ici. Une logique post-crise, ou post-capitaliste, en tout cas « post », avec EELV et Génération-s. Et un appel au dépassement de toute une époque avec Génération Écologie et le PCF(mlm). Au-delà des différences, on a en tout cas bien quelque chose qui sonne authentiquement comme étant du 21e siècle.

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Politique

Génération Écologie: «Analyse politique de la pandémie de Covid-19»

Voici l’analyse publiée par Génération Écologie, dont l’une des principales figures actuellement est Delphine Batho, ancienne ministre de l’Écologie et issue du Parti socialiste. On a ici un document d’une grande qualité, marquant une véritable conscience écologiste et un sens profond de la responsabilité politique, de la chose publique, et donc de l’État.

[le document est aussi disponible en PDF]

« Analyse politique de la pandémie de Covid-19

1. La pandémie provoque une rupture historique 

L’épidémie, qui a débuté en novembre 2019 à Wuhan en Chine, est le fait d’un nouveau coronavirus séquencé pour la première fois le 5 janvier dernier : le SARS-CoV-2, virus responsable de la maladie Covid-19. Si l’OMS a décrété l’état d’urgence de santé publique de portée internationale le 30 janvier, il a fallu attendre le 11 mars pour qu’elle soit reconnue comme « pandémie ».

Inédit par sa vitesse de propagation, le Covid-19 a infecté plus d’un million de personnes et provoqué 63 437 décès dans 190 pays à ce jour. Le nombre de morts dans le monde évolue de façon exponentielle : il a doublé au cours de la dernière semaine.

En France, 89 953 personnes sont officiellement reconnues comme contaminées par le Covid-19 et au moins 7560 personnes sont décédées en un mois.  Ici comme ailleurs dans le monde, les données officielles sur la pandémie sont largement sous-évaluées en raison de l’absence de dépistage massif et de recensement de la totalité des décès liés au virus (par exemple au moins 2 028 décès liés au coronavirus dans les Ehpad en France qui n’étaient pas comptabilisés initialement).

Cette catastrophe sanitaire a imposé progressivement sur tous les continents une quasi mise à l’arrêt des activités économiques et sociales. Près de 50% de la population mondiale est désormais concernée par des mesures de confinement restrictives des libertés fondamentales (3,84 milliards de personnes), provoquant des réactions en chaîne qui illustrent les vulnérabilités d’un système de production, de distribution et de consommation tout entier caractérisé par l’interdépendance et la recherche du profit à court terme. Ce brutal retour au réel, à nos fragilités et à nos conditions vitales d’existence, constitue une marche descendante qui nous rapproche d’une logique d’effondrement systémique dont nous vérifions in situ les mécanismes et les effets domino, et dont nous mesurons les risques pour la paix et la sécurité civile.

Le plus dur de la catastrophe sanitaire est encore devant nous, tant en termes de pertes humaines, que de conséquences sociales, économiques et sociétales de toute nature. S’y s’ajoutent des conséquences psychologiques et morales très lourdes et générant des effets à long terme liés à l’état de stress traumatique. Si tous les effets de ces bouleversements ne peuvent être anticipés dans une situation marquée par son instabilité et ses incertitudes, il est d’ores et déjà évident que plus rien ne sera comme avant. Ce choc ne constitue pas seulement, pour l’humanité, une interruption brutale dans la marche du monde, mais une rupture historique.

Les dogmes de l’efficacité autorégulatrice du marché et de la supériorité des enjeux économiques sur toute autre considération, les visions du monde ignorantes de notre appartenance au vivant et marquées par la négation des limites planétaires, ont été balayés par les faits en quelques semaines. Pour protéger la vie humaine, c’est la puissance publique qui est appelée au secours. Il n’y a plus de Pacte de stabilité européen, plus de limite à la dépense publique, même le Medef en appelle à des nationalisations. Quand tout s’effondre, il ne reste que l’Etat.

En ce sens, nous ne considérons pas les événements actuels comme une « crise », dont la parenthèse, une fois refermée, conduira à un retour « à la normale », c’est-à-dire à la situation antérieure, à l’identique. Nous refusons d’entretenir ce mythe de l’« après ». Il résulte en fait du covid-19 un nouvel état du monde.

2. Une maladie reliée aux destructions écologiques

Cette catastrophe sanitaire fait partie du grand tout de la destruction écologique irréversible.

Le Covid-19 est une zoonose, c’est-à-dire une maladie transmise à l’homme à partir d’animaux vertébrés, sauvages ou domestiques. Avant lui, SRAS et Ebola avaient pour origine des chauves-souris (en Chine et en Guinée), tandis que la grippe H1N1 venait probablement d’un porc au Mexique. Il faut en général plusieurs années de recherche pour établir avec certitude la chaîne de transmission d’un virus de l’animal à l’humain. Concernant celui à l’origine de la maladie Covid-19, l’hypothèse scientifique privilégiée est une recombinaison entre deux virus, l’un provenant d’une chauve-souris, l’autre du pangolin, au sein d’un organisme aujourd’hui inconnu. Il est en tout état de cause certain que le virus est apparu à Wuhan (province de Hubei) en Chine et n’a pas été créé en laboratoire.

Les coronavirus existent naturellement dans le monde sauvage et peuvent se recombiner. On ne connaît pas encore avec certitude le patient 0, et donc le contexte de franchissement de la barrière d’espèces. Néanmoins, il est prouvé que certaines activités humaines favorisent l’émergence des zoonoses. Selon l’OMS, 75% des agents pathogènes des maladies infectieuses émergentes sont des zoonoses. Les virus sont des micro-organismes qui, lorsqu’ils trouvent un hôte abondant, se multiplient efficacement. Le choc biologique lié à l’expansion humaine colonisant les espaces du monde sauvage, la déstabilisation des écosystèmes, la déforestation, le braconnage, le stockage dans des conditions délétères d’espèces sauvages ainsi que leur consommation augmentent les voies de contaminations et de recombinaison des virus vers l’espèce la plus efficace pour se disséminer : l’espèce humaine. Plus nous détruisons les écosystèmes et maltraitons les animaux, plus nous favorisons l’émergence de telles épidémies. Il est établi que le réchauffement climatique va aussi provoquer de nouvelles pandémies, que ce soit par l’extension géographique des vecteurs d’infection (moustiques, tiques) ou par la libération d’agents pathogènes conservés dans le pergélisol.

Reléguée au second plan dans le débat public, objet de théories complotistes niant les connaissances scientifiques, la cause originelle du Covid-19 est probablement directement liée à la destruction massive de la biodiversité. 

La particularité de l’épidémie actuelle est aussi la vitesse de propagation du virus. Il n’a fallu que trois mois au Covid-19 pour arriver en Europe. L’intensification des déplacements humains ces vingt dernières années est un facteur d’accélération majeur, de même que la massification urbaine. Entre 2002 et aujourd’hui les flux de passagers aériens ont été multipliés par presque trois.

Si l’hypothèse que la pollution atmosphérique peut propager le virus a été formulée par des chercheurs italiens, il est en revanche certain que les pathologies liées à la pollution de l’air, première cause de mortalité dans le monde, à la sédentarité et à la malbouffe (obésité), et plus largement à la dégradation de la santé environnementale, affaiblissent l’immunité et aggravent la vulnérabilité de l’espèce humaine face à de nouveaux agents pathogènes.

3. Une catastrophe de l’Anthropocène

La pandémie n’est donc pas un perturbateur « extérieur » à notre monde, mais le produit d’une époque, l’Anthropocène, tant elle est marquée par toutes ses caractéristiques : origine liée à la perturbation anthropique du vivant, vitesse de propagation planétaire, augmentation exponentielle du nombre de cas et de victimes, conséquences immédiates sur l’économie mondiale des mesures de confinement faute de capacités sanitaires suffisantes, aggravation spectaculaire des inégalités, …

Un système d’approvisionnement mondialisé dont la gestion se fait à flux tendus, interdépendants les uns des autres, est intrinsèquement vulnérable. Le pétrole est la condition de ce système dans lequel il n’y a pas de stocks, l’utilisation des énergies fossiles assurant une distribution constante.

Soulignons aussi que le développement de la pandémie a été accéléré par le « corona-obscurantisme » dont ont fait preuve les gouvernements Destructeurs (Chine, Etats-Unis, Royaume-Uni, Brésil, Russie etc), occultant ou mettant en doute les alertes scientifiques, sur fond de tensions géopolitiques entre grandes puissances, livrant ainsi les populations à une contamination massive. Le retard apporté en Chine à donner l’alerte sur le virus (près d’un mois) est également le résultat de l’absence de libertés publiques et de liberté de la presse (lanceurs d’alerte emprisonnés, journalistes étrangers expulsés). La pandémie illustre la faillite des populistes, des régimes autocratiques et des égoïsmes nationaux face à toute situation d’urgence internationale qui nécessite de rechercher non pas la rivalité entre nations, mais la coopération. Il est désastreux, pour l’Europe, qu’elle n’ait pas saisi rapidement l’occasion de faire la démonstration inverse, celle de l’entraide dans un espace démocratique. Et désolant qu’elle n’ait finalement réagi que par des mesures financières, pour limiter le krach des marchés financiers.

L’explosion des inégalités consubstantielle au modèle de civilisation actuel est exacerbée par l’épidémie, entre les pays et à l’intérieur de chacun d’eux : impossible de se confiner dans un bidonville, de respecter les gestes barrières sans accès à l’eau ; impossible d’essayer de se substituer à l’école en faisant classe aux enfants sans livres, sans internet, dans un logement exigu… L’Afrique est confrontée à un risque d’effondrement économique et sanitaire. Ici, pendant que les uns peuvent télétravailler, les autres sont au chômage partiel ou exposés au risque sans protection dans leur métier.

La pandémie met en lumière les effets ravageurs de la marchandisation de toutes les sphères vitales des activités humaines (santé, alimentation) et des politiques ultra-libérales d’affaiblissement de l’État. Les délocalisations industrielles, la perte de souveraineté sur les biens et services essentiels, l’appauvrissement des systèmes de santé (manque de lits, de matériels, de soignants…), la réduction des moyens des services publics, débouchent sur une catastrophe sanitaire majeure et une restriction des libertés fondamentales faute de capacité à prévenir la contagion (tester, isoler les seuls porteurs du virus…) et soigner.

Affaibli dans ses moyens d’actions, l’Etat, dont la première mission fondamentale est la protection de la sécurité de la population, a perdu en compétences, en expertise, ainsi qu’en capacités opérationnelles et d’anticipation. Le règne de la technobureaucratie, soumise à l’influence des lobbys et à l’hypercentralisation de la Vème République, aggrave les dysfonctionnements et entraîne une perte de réflexes élémentaires en situation de crise.

Ainsi s’explique l’aveuglement de l’Etat et de ses agences, sous-estimant les risques liés à l’épidémie, ne prévoyant rien, ou trop tard, pour les besoins matériels les plus essentiels (masques, tests, respirateurs…), s’auto-congratulant pendant des semaines que « la stratégie française marche », délivrant les informations au compte-goutte par peur d’une panique qui mettrait l’économie à l’arrêt, moquant le confinement italien « contre-productif », avant de se résigner à suivre le même chemin, acculés par la science et par les faits. La cohésion nationale de la France, et l’Etat lui-même aujourd’hui, tient non plus d’abord « par le haut », mais surtout « par le bas », parce que les soignants, les policiers et gendarmes, les pompiers, les caissières, les livreurs, les transporteurs, les agriculteurs, des entrepreneurs, les élus locaux, les éboueurs, les travailleurs sociaux, les enseignants, les associations,… font preuve d’un dévouement exceptionnel dans l’exercice de leurs missions fondamentales et vitales pour la République. Des trésors d’ingéniosité, de « système D » et d’adaptation en mode dégradé, se déploient tous les jours pour pallier les défaillances dont sont responsables, non seulement le gouvernement actuel, mais également ceux des trois derniers quinquennats. Dans ces conditions, résumer les conséquences politiques à retenir de la pandémie à la mise en cause de la responsabilité du seul pouvoir actuel est un raisonnement à courte vue auquel les écologistes ne peuvent souscrire. Il occulte la responsabilité principale : celle d’un modèle de civilisation destructeur qui a constitué la norme de référence depuis des décennies.

En quelques jours ou quelques semaines, nous avons vu à l’œuvre face à l’épidémie les mêmes mécanismes que depuis des années face au changement climatique : déni, chacun pour soi, prises de conscience tardives, inertie, décalage entre les intentions proclamées et la mise en œuvre effective des actions…

4. Le début d’une récession sans équivalent

La pandémie et les mesures de confinement ont provoqué un choc économique sans équivalent. La crise qui en résulte est vraisemblablement d’une ampleur supérieure à la crise de 1929. Elle risque de déboucher sur une dépression longue car il s’agit d’abord d’une crise de l’économie réelle, avec une mise à l’arrêt de pans entiers de la production industrielle et de la consommation d’abord en Chine, puis partout dans le monde. Outre les secteurs parmi les premiers impactés (tourisme, baisse de 90% du trafic aérien dans les prochains mois, restauration,…), en France 50% de la production industrielle, 85% de l’activité du secteur du bâtiment et des travaux publics, 50% de l’activité des services, sont à l’arrêt. Des risques pèsent sur les chaînes d’approvisionnement et de production pour les fonctions vitales les plus essentielles, à commencer par l’alimentation.

La panique boursière initiée par les décisions de l’Arabie Saoudite et de la Russie provoquant une baisse du prix du baril de pétrole, s’est conjuguée aux conséquences de la pandémie et du ralentissement du commerce international (baisse de la demande en pétrole), encourageant les investisseurs à liquider leurs actifs. Il est probable qu’à termes, le sous-investissement dans les capacités de production pétrolière débouchera sur une augmentation des prix du baril et sa forte volatilité. Dans l’immédiat, un tiers de la capitalisation boursière a été perdu en deux semaines. Le secteur bancaire est en difficulté. Les faillites d’entreprises vont se multiplier. Les conséquences sociales sont d’ores et déjà monstrueuses, avec 10 millions de nouveaux chômeurs aux Etats-Unis en deux semaines, record historique absolu.

Dans l’urgence, le recours essentiel pour la survie du tissu industriel est l’intervention massive des Etats, ou de répondre aux besoins de « l’économie de guerre » liés à la pandémie elle-même par des reconversions rapides des outils de production et l’adaptation à la demande d’une économie relocalisée. Or au-delà de la gestion défaillante de la catastrophe sanitaire, les mesures prises ou annoncées jusqu’à ce jour sur le front économique traduisent avant tout la volonté de sauver ou de reconstruire le système de production et de consommation à l’identique, à l’image des mesures prises en 2008-2009 pour sauver le secteur financier, sur le mode du « business as usual ».

5. Réinventer, plutôt que reconstruire

Ecologistes, nous sommes dans le camp de ceux qui font le choix de la cohésion nationale, qui agissent ou qui simplement applaudissent aux fenêtres tous les soirs. La gravité des circonstances impose de placer au-dessus de tout l’esprit de responsabilité et la mobilisation générale pour sauver des vies. Nous l’avons dit depuis le début de l’épidémie : la santé d’abord !

Notre boussole est celle de la sécurité de la population et de ses besoins essentiels. Dans l’immédiat et à long terme. A ceux qui veulent « reconstruire » le monde d’hier, nous opposons la détermination de celles et ceux qui veulent réinventer un monde harmonieux. L’aspiration à de nouveaux modes de vie, à une nouvelle hiérarchie des valeurs, à un monde respectueux du vivant et bienveillant, à une nouvelle gouvernance démocratique, n’a pas disparu avec le coronavirus, bien au contraire. Tout s’accélère pour les écologistes !

La pandémie est une catastrophe dont nous mesurons le prix humain et qui concentre toutes les urgences de notre époque. Pour nous, le coronavirus n’est pas, comme on a pu l’entendre parfois, une « opportunité » ou une épreuve « salutaire ». La maladie et le confinement ne sont pas une expérience de la « sobriété » ou de la « décroissance », mais une privation de liberté, de travail, d’éducation, de relations humaines et sociales, ainsi que de relations avec la nature. Ils n’ont rien de commun avec l’adhésion à un changement culturel des comportements et présentent aussi une part de risques d’effets rebond et de frénésie consumériste. Leurs effets environnementaux (baisse des émissions de CO2, baisse de la pollution de l’air, baisse de la consommation d’énergie et de matières premières) ne seront que temporaires si des changements profonds ne sont pas choisis collectivement et durablement au regard d’une autre catastrophe, elle irréversible, le changement climatique et la perte de biodiversité résultant du dépassement des limites planétaires.

Nous sommes en train de vivre un moment de bascule de l’histoire dont il peut sortir le pire ou le meilleur. Réinventer le monde commence par retrouver le sens de l’essentiel. A nos yeux, au-delà des urgences immédiates, l’enjeu actuel n’est pas de « recycler » comme une sorte de « prêt à penser » une longue liste de mesures programmatiques conçues dans le monde d’avant la pandémie, mais bien d’affirmer que la transformation que nous appelons de nos vœux doit avoir pour point de départ un questionnement plus fondamental. Tout peut et doit être ré-interrogé :

  • De quoi avons-nous vraiment besoin pour vivre ? 
  • De quoi dépend notre sécurité ? 
  • Quelles sont les activités indispensables à l’épanouissement humain et à la société dans son ensemble ? 
  • Quels biens communs et activités sociales doivent être protégés des logiques de marché ? 
  • Comment réduire nos dépendances et garantir notre résilience face aux menaces et aux risques du 21èmesiècle ? 

Sur la base d’un premier inventaire de l’essentiel, nous proposons à toutes celles et ceux qui le souhaitent, d’échanger pour identifier des choix de rupture crédibles à proposer à nos concitoyens.

Les événements actuels donnent tort à toutes celles et ceux qui, fatalistes ou résignés, pensaient que la politique ne sert à rien et qu’il est impossible de changer le monde. En quelques jours, ce sont bien des décisions politiques, et non économiques, qui ont guidé des choix lourds de conséquences pour nos vies quotidiennes et nos sociétés. Fait notable, après des semaines de déni et de déficience, cette fois les données scientifiques ont pris place dans le fondement et la justification de ces décisions politiques.

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Politique

Christophe Lannelongue et Didier Lallement, deux exemples d’un État en perdition

Ils sont diplômés et ont de grandes responsabilités, ils relèvent du meilleur de ce que la société produit intellectuellement et sur le plan des capacités d’organisation. On n’arrive pas là où ils sont sans de grandes capacités. Et pourtant, la nature de classe de Christophe Lannelongue et Didier Lallement les a amenés à se comporter aux yeux du peuple comme les derniers des sans-cœurs, et en même temps les derniers des idiots. Un paradoxe exemplaire de toute une époque.

L’un est directeur de l’Agence régionale de santé (ARS) Grand Est, l’autre préfet de Paris. Pour en arriver là, il faut une abnégation dans son travail et d’énormes capacités : on parle là de ce qui relève, au sens strict, de l’appareil d’État. Et pourtant cela se retourne en son contraire car leur État est le support d’une société avec des classes, où les bourgeois sont décadents.

Leur intelligence a donc été pétrifié et abouti à des grands moments d’égarement. Vendredi dernier, le préfet de Paris avait ainsi tenu ces propos aberrants :

« Ceux qui sont aujourd’hui hospitalisés, ceux qu’on trouve dans les réanimations, ce sont ceux qui, au début du confinement, ne l’ont pas respecté, c’est très simple, il y a une corrélation très simple. »

Il n’y a nulle corrélation évidemment, car les choses sont beaucoup plus compliquées que cela, mais apparemment c’est trop compliqué pour un préfet de Paris pour qui il y a l’État d’un côté, le peuple idiot de l’autre. C’est là un esprit gendarmesque typique des préfets, lié à une fonction anti-démocratique de A à Z. Le pauvre il n’y peut rien : c’est une machine au service d’une machine.

Mais comment trouver une excuse sociale alors à Christophe Lannelongue, directeur de l’ARS Grand Est ? Nous sommes en pleine crise sanitaire, on sait comment le Grand Est est touché : terriblement. Et lui débarque et dit qu’il n’y a « pas de raison ». Pas de raison à quoi ? « Pas de raison » d’interrompre les suppressions de postes et de lits au CHRU de Nancy.

Forcément, cela trouble, mieux : cela écœure. Et ce directeur est un drôle d’hurluberlu, d’abord pour croire qu’il peut dire cela comme cela, de manière simplement administrative, ensuite pour ne pas deviner que tout va être remis à plat et que donc sa conception du « il n’y a pas de raison » repose sur un moment politique totalement dépassé.

Et comme justement c’est un hurluberlu de l’appareil d’État, c’est le peuple qui a tort, pas lui. Ce n’est pas sa faute, on l’a piégé, c’est un complot politique monté par… un syndicat, lui n’est qu’une personne aux services des autres, il est là pour « gérer ».

Borné par sa nature sociale, il ne voit pas comment il est passé du côté des sans-cœurs, des bureaucrates de l’appareil d’État qui sont incapables de saisir la dignité d’une situation. Ils sont hors sol, c’est-à-dire hors du peuple. Voici ses propos ubuesques accordés à France 3 grand est :

« Mes propos ont été sortis de leur contexte. C’était une question bizarre lors d’une conférence de presse mensuelle où nous avons fait le point sur la gestion de la crise.

Un journaliste m’a demandé ce qu’il en était du Copermo à Nancy et si nous maintenions les suppressions d’emploi au CHRU de Nancy. J’ai répondu que le Copermo continuait même si on avait quelques semaines de retard sur la transmission du dossier en raison de la situation sanitaire actuelle.
Après coup, je me suis rendu compte que j’avais été piégé. Le journaliste a agi en concertation avec des élus de la CGT et des élus de la région. Dans la foulée, mes déclarations ont été transformées et ce qui est paru dans l’Est Républicain est faux !

Pire que ça, des communiqués, des lettres au ministre… ont immédiatement été publiés. Tout cela démontre que l’opération a été montée. En fait, c’est une opération politique de la CGT du CHRU de Nancy (…).

Il y a des gens qui exploitent le malheur de cette région. Moi, je gère la crise. C’est toute la différence. »

Christophe Lannelongue ne gère rien du tout : il parle, et il parle de gérer. Et tel le pharaon de l’ancienne Égypte, ses paroles sont censées se réaliser une fois dites : que ceci soit écrit, et accompli ! Tel est, comme le préfet de Paris, la mentalité propre à un appareil d’État se présentant comme un monstre bureaucratique au-dessus du peuple, se cantonnant dans la stabilisation d’une société pour que le capitalisme tourne.

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Écologie

SPA: «encourageons l’adoption solidaire»

Depuis le début du confinement, les refuges animaliers sont fermés au public et les adoptions sont bloquées, alors que des animaux continuent d’intégrer les structures. La SPA tente d’obtenir la mise en place d’un système d’« adoption solidaire », respectant les règles sanitaires, mais rendant possible les adoptions. Voici la vidéo de présentation de cette initiative qu’il faut absolument soutenir :

 

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Société

Covid-19: être gros est un facteur de risque

Le capitalisme a poussé ces dernières années à un grand relativisme sur le plan de la vie quotidienne, avec le concept de « grossophobie ». Dans les faits, la biologie est très claire et définit ce qui doit être pour être en bonne santé, en particulier dans ce moment de crise sanitaire.

Le capitalisme a besoin de toujours grossir et, afin d’avoir un marché plus grand, il a également fait grossir les gens. Des gens plus gros consomment plus, plus de viande que le capitalisme produit en faisant grossir les animaux. Au 19e siècle, les riches étaient gros et les pauvres maigres ; en ce début de 21e siècle, c’est le contraire.

On s’aperçoit en ce moment que la grande majorité des moins de 50 ans atteint du covid-19 et nécessitant une réanimation sont en surpoids. Le Figaro donne la parole au chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Bichat à Paris, Yazdan Yazdanpanah, qui explique que :

« Plus de 80 % des moins de 50 ans qui se trouvent en réanimation chez nous à cause du Covid-19 sont dans ce cas. »

Le Figaro précise que les informations de l’Intensive Care National Audit and Resource Centre de Londres vont dans le même sens. C’est tout à fait logique : le covid-19 provoque une infection respiratoire et quand on est en surpoids, le corps est puissamment affaibli. Le surpoids a des conséquences hormonales, mécaniques, qui ont elles-mêmes toute une série de conséquences sur la respiration, le système immunitaire, le foie, les reins, etc.

On voit à quel point le discours postmoderne sur la « grossophobie » est criminel. Il s’agit simplement d’un accompagnement de la profonde décadence frappant la vie quotidienne dans le capitalisme. On cherche à faire culpabiliser le peuple en l’accusant de ne pas aimer les « gros », alors qu’en réalité, le peuple n’aime pas le laisser-aller.

Il faut être en effet empêtré dans le capitalisme pour croire que l’expansion de l’obésité serait dû simplement à des facteurs génétiques, alors que ceux-ci ne peuvent être qu’aggravant. Le véritable problème, c’est la vie quotidienne – tout comme c’est la vie quotidienne qui a provoqué l’irruption du covid-19 en Chine.

C’est d’autant plus flagrant que dans la classe bourgeoise, il y a une grande attention qui est portée à la nutrition. Il suffit de se balader dans les quartiers chics de Paris – et ils sont nombreux – pour voir qu’il y a bien plus de gens sveltes que dans les quartiers populaires. Les bourgeois se méfient des produits capitalistes de masse, de la « malbouffe ». C’est le paradoxe.

Mais ce paradoxe ne doit pas nous étonner. Le relativisme général ne vise qu’à élargir le marché capitaliste. Tout le monde n’est pas obligé d’y croire. Du moment que certains y croient, que cela ouvre des espaces capitalistes, cela suffit. Voilà comment des secteurs entiers des masses basculent dans une consommation qui, parfois, devient morbide.

Non pas morbide comme les gens qui échouent dans une alimentation forcenée. Mais comme leurs idées noires, leur angoisse, leur anxiété, tout ce que le capitalisme produit dans leur esprit, dans leurs mentalités.

Il y a une dignité dans cette fuite en avant – mais principalement, c’est de la destruction. Ce à quoi appelle le capitalisme, c’est au relativisme par rapport à tout cela. C’est-à-dire, concrètement, à l’indifférence. Mais les faits sont têtus et la crise actuelle doit être aussi un prétexte à défendre la santé pour les masses, à ne pas céder aux injonctions capitalistes.

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Société

Le libéralisme d’Emmanuel Lechypre blaguant sur les Pokémon

Emmanuel Lechypre est un chroniqueur régulier sur BFM TV assumant totalement le libéralisme. Il s’est par exemple fait remarquer en expliquant que le SMIC est trop élevé, selon la rengaine libérale voulant que c’est parce qu’on paye trop les salariés qu’il y a des problèmes économiques. Il s’érige ainsi régulièrement en « spécialiste » de l’économie avec un discours consistant en fait en un populisme anti-ouvrier tout ce qu’il y a de plus classique.

Ce libéralisme dans l’économie a logiquement pour corollaire un libéralisme sur le plan des mœurs. Emmanuel Lechypre assume ainsi à fond la figure du bourgeois bonhomme, jovial, relativisant les choses, disant les choses, etc.

Ce libéralisme débridé s’est illustré de manière particulièrement glauque ce samedi 4 avril lors d’un reportage sur les cérémonies chinoises d’hommage aux victimes du Covid-19. Voyant des objets cérémoniaux, il a trouvé le moyen de penser que cela ressemblait à des boules de Pokemon et il s’est cru malin de faire la blague à ses collègues : « ils enterrent des Pokemons !».

Les micros étaient ouverts alors sa « blague » est passée en direct, ce qui a logiquement fait scandale. Quel décalage en effet entre la grande solennité des cérémonies chinoises, assumant la gravité de la situation, et l’odieuse légèreté de ce personnage.

On se rend très bien compte de l’engagement totale de la société chinoise autour de cet hommage avec le reportage photo publié par France info.

Quoi qu’on pense de la Chine, de son « socialisme » qui s’est transformé en un capitalisme total jusqu’à devenir une superpuissance concurrente des États-Unis, de la fascination de ses élites pour la « viande » d’animaux sauvage, de son urbanisation forcenée, il y a dans la société chinoise un sens énorme de l’engagement collectif et de la responsabilité collective. Le confinement dans la province du Hubei a ainsi pu être massivement et rapidement mis en place, tout comme l’ensemble des consignes sanitaires partout dans le pays.

C’est précisément tout l’inverse du libéralisme français, dont Emmanuel Lechypre n’est qu’un des plus affreux avatars. La distanciation sociale en France quand elle a été décrétée par le gouvernement, très tardivement, n’a ainsi pas du tout été respectée. Les Français faisant de leur indiscipline (consistant ici en le fait de se serrer la main et de se faire la bise), un véritable art de vivre. Même le confinement est quelque-chose de très compliqué encore, malgré une grande prise de conscience collective.

On connaît aujourd’hui les conséquences de ce libéralisme à la française, qu’Emmanuel Lechypre n’a fait ici qu’assumer un peu trop ouvertement. Il faut d’ailleurs souligner la grande mauvaise fois de beaucoup de commentaires sur cette petite affaire, refusant de critiquer le libéralisme en soulignant à la place un prétendu « racisme » de la part du chroniqueur. Non, la remarque d’Emmanuel Lechypre n’est pas spécialement raciste, elle est surtout le prolongement libéral sur le plan des mœurs de son libéralisme économique.

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Écologie

Crise sanitaire: le dédain sans compassion de l’ordre des vétérinaires

L’ordre des vétérinaires communique de manière régulière pendant cette crise sanitaire, ce qui est cohérent puisqu’il s’agit d’un aspect de la santé en général. Son dernier message est un exemple assez sidérant de mentalité commerciale la plus vulgaire, de réduction de la fonction de vétérinaire à celle de garagiste, dans la négation de tout esprit de compassion.

Les vétérinaires aiment-ils les animaux ? La réponse est plus ou moins oui au début de leur vocation, mais la mentalité capitaliste prime au fur et à mesure plus que tout, ainsi que la mentalité conservatrice propre à une profession « noble ».

Chassez le naturel, il revient au galop : après avoir insisté sur le rôle des vétérinaires qui continuaient leurs activités, on a droit à un mépris cinglant pour ceux qui s’inquiètent pour leurs animaux. Quant aux animaux, on en parle plus. Lisons ces infâmes lignes du Communiqué n°5 – Covid 19. L’Ordre des vétérinaires réaffirme ses recommandations pour la prise en charge de la santé des animaux.

« Continuez à appliquer des mesures de prévention et de biosécurité. Respectez les valeurs qui sont les nôtres, celles d’une profession de santé responsable, qui agit avec détermination face aux multiples sollicitations quotidiennes, parfois déraisonnables, des détenteurs d’animaux, particuliers ou professionnels.

Refusons de céder aux pressions qui résulteraient en l’adoption de comportements irresponsables pouvant potentiellement être à l’origine de la dissémination du coronavirus, de l’atteinte d’êtres humains et d’hospitalisations. D’autant que les uns et les autres pourraient voir leurs responsabilités recherchées par la suite.

La profession doit rester unie tout au long de cette grave crise sanitaire dans une confraternité qui nous honore toutes et tous et qui permet de faire front ensemble.

Recentrons-nous sur les fondamentaux de notre exercice professionnel : soins aux animaux malades ou blessés, permanence et continuité des soins, actes de certification indispensables. Ne transigeons jamais sur la biosécurité, sur la santé : la nôtre, celle de nos collaborateurs, celle de nos clients, celle de nos proches, celle de l’ensemble de la société. Restreindre les contacts humains fait barrage à la contagion et sauve des vies humaines. »

Ainsi donc, l’ordre des vétérinaires n’hésite pas à utiliser le poncif comme quoi les gens en font trop pour leurs animaux. Par contre, pour encaisser des centaines d’euros, là bien entendu c’est autre chose !

Il y a même la mentalité pseudo responsable et de vrai froussard comme quoi « les uns et les autres pourraient voir leurs responsabilités recherchées par la suite ». Ce qui ne veut strictement rien dire, à moins que l’ordre des vétérinaires fasse allusion à quelque chose de précis et de particulièrement grave, mais en ce cas pourquoi ne le dit-il pas ?

Mais il est vrai que les vétérinaires cautionnent, soutiennent et pratiquent l’expérimentation animale, que la condition animale n’a jamais valu de leur part un quelconque engagement. On retrouve ici tout le mépris traditionnel d’une caste assumant d’être à l’écart, d’une corporation ayant une étroitesse d’esprit complète. Ce qui compterait, c’est d’agir « avec détermination face aux multiples sollicitations quotidiennes ».

Avec détermination. Un mot simple, un mot juste, qui en temps normal désigne une capacité à s’engager. Mais là c’est une détermination négative, contre un sentiment juste. Et c’est le mot choisi pour ne surtout pas employer celui d’empathie.

Les vétérinaires, dans leur rapport aux animaux, sont un exemple flagrant d’échec de toute une époque dans son rapport aux animaux.

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Société

La faillite de l’Éducation nationale face au confinement

Le système éducatif français est à la peine depuis de nombreuses années, tant par son rapport désastreux à la jeunesse que par la qualité et le contenu de son enseignement. Face à la crise sanitaire et à la survenue intempestive du confinement, il s’est littéralement effondré… finissant par tout simplement annuler les examens scolaires.

Dans un épisode de l’émission « C’est pas sorcier » datant de 2010 consacré à la grippe aviaire, il est expliqué qu’une pandémie est quelque chose d’envisagé par l’État, qu’il y a des scénari en place et qu’un confinement massif des élèves pourrait être déclaré un jour.

Dix ans plus tard, ce jour est arrivé, et c’est comme si le ciel était tombé sur la tête de l’Éducation nationale. Les moyens techniques ont pourtant évolué drastiquement depuis 2010, mais rien n’était prêt. En fait, rien n’avait été envisagé concrètement et rien n’a donc pu être mis en place.

C’est un jeudi soir que les élèves et les enseignants ont appris à la télévision qu’il ne leur restait plus qu’un jour à l’école, avant de rester à la maison. Trois semaines plus tard, le Ministre de l’Éducation nationale a fini par expliquer que les examens du brevet des collèges, des baccalauréats généraux et professionnels, des BEP et des CAP n’auront pas lieu.

Tout ce qu’il a été en mesure de proposer, c’est de compter sur les notes obtenues avant le confinement, reconnaissant de facto que rien de ce qui aura pu être fait durant cette période ne peut être pris au sérieux.

Il a aussi décidé de prolonger éventuellement l’année scolaire de deux semaines, afin de pouvoir ajouter quelques évaluations à toute hâte si un retour en classe est possible. Et encore, tout cela pour donner finalement tous les pouvoirs à des jurys qui décideront sur la base des bulletins précédents qui aura ou pas son diplôme.

C’est une manière de s’assurer de maîtriser par le haut et de manière totalement forcée et artificielle le taux de réussite final aux différents examens. Au passage, remarquons quelle fin lamentable, mais significative, cela constitue pour le dernier baccalauréat par série de l’histoire…

> Lire également : La remise en cause du principe d’un baccalauréat universel

Depuis maintenant trois semaines, les professeurs semblent n’avoir que la débrouille afin de garder le contact avec les élèves. Certains « cours » ont lieu sur Discord, Zoom, voir même sur What’sApp ou Facebook… D’autres professeurs, soit parce qu’ils ne maîtrisent pas ces outils, soit parce que, pour des raisons souvent légitimes ils refusent de les utiliser, n’ont plus qu’un lien sporadique avec leurs élèves, ou en tous cas certains d’entre eux. Il ne s’agit plus alors que de quelques e-mails échangés, en général via les outils de l’Éducation nationale qui ont été très rapidement surchargés et dépassés.

La réalité est que beaucoup d’élèves ne se retrouvent qu’avec des fiches en guise de cours et des exercices à envoyer à leurs professeurs, qui parfois répondent à peine. Les plus sérieux s’entre-aident via des groupes de travail, notamment pour les jeunes filles. Une partie d’entre eux, dont beaucoup de garçons, délaissent totalement les cours.

La situation est encore plus compliquée dans l’enseignement professionnel où il est pratiquement impossible de suivre un cours sans une présence physique avec des machines ou des outils en particulier. Des choses auraient été possibles, mais il aurait fallu pour cela prévoir et former tant les élèves que les enseignants. Ainsi que les familles, bien sûr.

Combien d’élèves se retrouvent ainsi « au bord du chemin » ? Le Ministère n’est en fait pas en mesure de pouvoir quantifier sérieusement l’impact du décrochage dans un sens ou même du maintien du lien scolaire dans l’autre. De toute façon, il est évident que les chiffres sont vertigineux, on sait que les élèves de l’enseignement professionnel (650 000 environ), les élèves de maternelle (2, 5 millions), une bonne partie des élèves du primaire et des collèges sont massivement laissés à leur sort ou en incapacité de pouvoir suivre le principe de la « formation à distance ».

Le fait d’envisager maintenant de donner tous les diplômes du secondaire de manière administrative (sous prétexte du « contrôle continu ») est l’aveu de cet échec lamentable et le reflet d’une impréparation totale, qui ne date d’ailleurs pas du confinement…

> Lire également : Réforme du baccalauréat: la situation compliquée dans les Lycées

Les prétentions ou les illusions de l’époque de Jamy dans « C’est pas sorcier » sont bien derrière nous. La perspective d’une pandémie était connue depuis des années, la crise en cours a été annoncée comme un risque des mois avant son arrivée en France, mais il n’y avait aucun plan, rien n’a été pris au sérieux. L’État a été totalement pris au dépourvu, avec une ampleur et des conséquences dont on ne peut même pas prendre encore la mesure, mais dont la pitoyable fin du baccalauréat sous sa forme traditionnelle est tout un symbole.

La faillite est complète et correspond à la fin d’une époque : celle de l’individualisme triomphant. Seule une démarche collectiviste est rationnelle.

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Écologie

AVA: «La saison de chasse à courre est officiellement finie»

Voici le communiqué d’AVA pour la fin de la saison de chasse à courre ! Un petit bilan est fait, marquant l’excellent travail de cette formation démocratique et populaire dans les campagnes françaises.

« 🎉 LA SAISON DE CHASSE À COURRE EST OFFICIELLEMENT FINIE 💐

Chaque année, le 31 mars sonne la fin de saison de la chasse à courre en France. La forêt et ses animaux sont partis pour 6 mois de répit. Même si cette fois ce loisir barbare a du s’interrompre avec plusieurs semaines d’avance, c’est la date idéale pour réaliser un petit bilan de la saison. 📣🏡

➡️ 26 INCIDENTS EN 6 MOIS
Accidents de voiture, chiens de meute renversés, villages et jardins envahis, sorties scolaires perturbées…Cette saison comme toutes les autres a été le théâtre d’inacceptables débordements de la vénerie.
Dans l’Oise, un arrêté municipal inédit interdisant la chasse à courre jusqu’à 400 mètres autour des habitations, contesté par la Fédération départementale des Chasseurs, a finalement été validé par la justice !
http://www.ava-france.org/…/saison-20192020-incidents-de-c…/

➡️ VICTOIRE CONTRE l’ONF !
En juillet 2018, l’Office National des Forêts avait assigné en justice trois membres d’AVA, leur réclamant 55 000 € afin d’indemniser les chasseurs à courre s’estimant lésés dans leur droit de chasse.
En décembre dernier, après une procédure d’un an et demi, le Tribunal de Grande Instance de Compiègne a tranché : l’ONF est débouté de toutes ses demandes et condamné à verser 1500€ aux militants ! Une victoire importante qui confortera tous les défenseurs des animaux dans leur cause.

➡️ UN MOUVEMENT DE RÉSISTANCE BIEN ANCRÉ
Cette année encore, ce sont des centaines de personnes qui se sont relayées dans les bois pour surveiller les chasses et intervenir quand cela est possible. Le mouvement s’étend désormais sur 22 forêts françaises ! Bravo à tous.

📅 La saison 2020/2021 reprend le 15 septembre. Soyons prêts tous ensemble !
Rendez-vous dès la fin du confinement dans les rues des villages, lors des brocantes et des festivals printaniers, pour faire vivre ce mouvement populaire de résistance à la barbarie féodale.
🤝 D’ici là, nous souhaitons courage et rétablissement à toutes les personnes touchées par le Covid-19. Toute notre solidarité doit être mise en œuvre pour se protéger les uns les autres face à cette crise, qui n’a pu avoir lieu qu’à cause d’un rapport inadapté entre l’humanité et la vie sauvage. 💚

🎨 Merci à Philippe Marin (le dessinateur de Bibifoc !) d’avoir si magnifiquement symbolisé notre action en dessin ! »

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Politique

Giorgio Agamben et le COVID-19, ou le suicide de l’ultra-gauche philosophico-littéraire

Rejetant le mouvement ouvrier, l’ultra-gauche parisienne a pour une partie importante d’entre elle trouvé son inspiration auprès du philosophe italien Giorgio Agamben. Sa position complotiste et délirante sur la crise sanitaire actuelle en dit long sur tout ce milieu mêlé aux intellectuels de la rive gauche.

Giorgio Agamben est une référence d’importance pour toute une ultra-gauche philosophico-littéraire fantasmant sur la disparition de l’État face à la révolte des individus, ce qui correspond à toute la mouvance historique autour de Julien Coupat (qui est aujourd’hui largement dispersée).

Cette ultra-gauche est totalement poreuse à la « rive gauche » bobo, dans la tradition des situationnistes, avec un pied dans la paranoïa, un autre dans le Paris littéraire. Pour cette raison, on retrouve par exemple le point de vue de Giorgio Agamben, expliqué et justifié, dans Télérama, par Olivier Tesquet, au tout début mars (« Ce que dit le coronavirus de notre soumission à la surveillance »).

Pourtant, Giorgio Agamben n’y est pas allé de main morte en disant qu’il n’y a pas de crise sanitaire, seulement un complot de l’État pour exercer toujours plus de contrôle ! Mais telle est la démarche paranoïaque de la petite-bourgeoisie intellectuelle, qui aimerait bien se rendre indispensable pour tout et a deux choses en horreur : l’État et le socialisme, en partant du principe qu’à ses yeux, le capitalisme c’est un peu l’un, un peu l’autre.

Giorgio Agamben un philosophe s’appuyant sur le philosophe gauchiste Walter Benjamin, mais aussi sur les nazis Heidegger et Carl Schmitt, dans un mélange des genres typiquement franco-italien. Pour bricoler suffisamment cette absurdité, Giorgio Agamben passe par le concept de « biopolitique » de Michel Foucault pour proposer une sorte d’anarcho-insurrectionalisme contre la prise de contrôle total de la société sur les individus.

Partant de là, la crise sanitaire ne pouvait être qu’un complot de plus pour ce contrôle. Initialement publié en Italie dans le quotidien Il Manifesto (qui tire à moins de 30 000 exemplaires), en tant qu’éditorial du journal, Giorgio Agamben dit la chose suivante :

« Face aux mesures d’urgence frénétiques, irrationnelles et totalement injustifiées pour une supposée épidémie due au coronavirus, il faut partir des déclarations du CNR (Consiglio Nazionale delle Ricerche), selon lesquelles « il n’y a pas d’épidémie de Sars-CoV2 en Italie » .

Et ce n’est pas tout : « l’infection, d’après les données épidémiologiques disponibles aujourd’hui sur des dizaines de milliers de cas, provoque des symptômes légers/modérés (une sorte de grippe) dans 80 à 90 % des cas. Dans 10 à 15% des cas, une pneumonie peut se développer, mais l’évolution est bénigne dans la majorité absolue. On estime que seulement 4 % des patients doivent être hospitalisés en soins intensifs » .

Si telle est la situation réelle, pourquoi les médias et les autorités s’efforcent-ils de répandre un climat de panique, provoquant un véritable état d’exception, avec de graves limitations des mouvements et une suspension du fonctionnement normal des conditions de vie et de travail dans des régions entières ?

Deux facteurs peuvent contribuer à expliquer un tel comportement disproportionné. Tout d’abord, on constate une fois de plus une tendance croissante à utiliser l’état d’exception comme paradigme normal de gouvernement (…).

L’autre facteur, non moins inquiétant, est l’état de peur qui s’est manifestement répandu ces dernières années dans les consciences des individus et qui se traduit par un réel besoin d’états de panique collective, auquel l’épidémie offre une fois de plus le prétexte idéal. »

Voilà la logique paranoïaque de la petite-bourgeoisie intellectuelle vivant dans sa bulle. Et Giorgio Agamben, considéré comme un grand intellectuel en France, dit cela en Italie, pays le plus marqué par la crise sanitaire. Il assume d’ailleurs tout à fait ses propos et ne se remet même pas en cause.

Dans la même veine, le Olivier Tesquet de Télérama mentionné plus haut dénonce par exemple encore maintenant sur son twitter le fait qu’il y ait un appel de l’armée à proposer des solutions pour aider au confinement.

Il suffirait à ces gens de considérer deux choses : les masses, d’un côté, le taux de mortalité de l’autre. 1 % de plusieurs milliards, on peut pourtant deviner ce que cela donne. Mais il y a le mot « masses » et pour ces gens, c’est une horreur. Quant au reste, c’est l’État qui selon eux veut le contrôle. Rien n’est donc à attendre de ces gens… ni d’ailleurs de tous ceux qui refusent de raisonner en terme de collectivité, de collectivisme.

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Politique

2020: l’année zéro pour la jeunesse qui va changer le monde

La crise sanitaire est mondiale et la réponse c’est la débrouillardise plus ou moins grande de gouvernements nationaux, avec des réflexes d’égoïsme et de solidarité immédiate n’engageant somme toute à pas grand-chose. L’humanité passe à côté du défi qui lui est imposé et c’est d’autant plus grave car la crise ne fait que commencer et va se dérouler à tous les niveaux : culturel, politique, moral, idéologique. Demain appartient à ceux qui entendent changer le monde.

La crise actuelle met un terme à une forme très française de considération des choses : la demi-mesure. Quelqu’un comme Nicolas Hulot conservera-il une crédibilité ? Certainement pas. C’est fini tout cela, l’heure qui vient, c’est celle de ceux qui ont une véritable base intellectuelle. Et il n’y en a que trois : le Socialisme, le Libéralisme, le Fascisme. Tout le reste n’a été qu’un luxe temporaire permis par la société de consommation.

On voit à quel point ce luxe a été important avec ces gens appelant à… une « grève » consistant à publier des messages sur Facebook ou Twitter. Cela n’a évidemment aucun intérêt et les gens qui le font le savent très bien. Mais ils mentent, comme ils ont menti auparavant. Maintenant, tout cela est fini, tous ces petits mensonges où l’on fait semblant n’ont plus cours.

Et encore, on peut constater cela début avril. Qu’en sera-t-il dans un mois, dans deux mois ? Lorsque le confinement aura encore plus troublé les esprits, lorsque la mort aura frappé avec ampleur ? Cela sera encore plus vrai. C’est toute la bulle idéalisée de la société de consommation qui s’effondre.

On ne saurait s’inquiéter assez des peurs paniques qui vont apparaître, des traumatismes, des esprits littéralement tétanisés. Car les gens, logiquement happés par la possibilité de vivre dans une certaine sécurité, ne comprennent pas comment on peut avoir basculer aussi aisément dans une situation si catastrophique.

Ne nous voilons d’ailleurs pas la face. Si l’on omet une petite poignée de gens au-dessus de vingt ans, littéralement, l’avenir appartient à la jeunesse, qui n’a pas été encore aussi corrompue par le capitalisme, parce qu’elle est déjà totalement corrompue. Elle n’a pas connu ce processus engourdissant les esprits, elle est née dedans directement. Sa rupture est par conséquent plus aisée, aussi paradoxal que cela puisse l’être.

Il n’est pas difficile de voir qu’elle va chercher à interpréter la réalité de manière adéquate, qu’elle va vouloir comprendre comment sortir de cette situation à la fois mondiale et très mauvaise. Voilà, 2020 est l’année zéro dans le changement mondial total. Tout devient possible.

Cela ne veut pas dire que cela sera aisé. Ce qui est touché coulé, c’est le Libéralisme. Reste le Fascisme et le Socialisme. Cela va être une lutte à mort entre deux visions du monde, entre deux manière de concevoir la vie quotidienne, la société dans son ensemble. Et tout ira très vite, aussi vite que l’effondrement d’un capitalisme vacillant.

La clef, c’est bien entendu la question animale. C’est la destruction des habitats naturels des animaux – et des animaux eux-mêmes – qui est la cause du covid-19. Un rapport harmonieux avec la nature n’aurait pas produit une telle situation. Ce que nous vivons, nous le vivons en raison d’un certain mode de vie, qui a son prix.

Renverser ce mode de vie, le dépasser, voilà une tâche inévitable. Qui d’autres que la jeunesse pour mener à bien cette inévitable transformation ?

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Culture

Peta publie un guide pour jouer vegan à Animal Crossing: New Horizons

Peta-France a publié la traduction d’un article intéressant de Peta, consistant en un petit guide pour jouer de manière vegan au jeu vidéo Animal Crossing: New Horizons. Ce guide est très bien vu, affirmant l’importance culturelle du combat en faveur des animaux, de la protection animale.

Le jeu Animal Crossing: New Horizons de Nintendo rencontre un immense succès depuis plusieurs années et son dernier opus sortie la semaine dernière n’échappe pas à la règle. Il s’agit d’incarner un personnage sur une île isolée en menant une petite vie avec tout un tas de missions à accomplir à son gré, d’améliorations à obtenir pour faire évoluer son environnement et ses relations avec les autres habitants, etc. Si la plupart des personnages du jeu sont des animaux anthropisés, d’autres n’ont pas cet « honneur » et peuvent être maltraités, tout comme dans la vraie vie.

Il s’agit notamment dès le début du jeu de la possibilité de pêcher des poissons. Peta a donc écrit un petit guide montrant qu’il est tout à fait possible d’évoluer dans le jeu en respectant ses convictions vegan, en ne pêchant pas ces poissons par exemple.

Si les animaux virtuels ne « souffrent » pas, par définition, il n’est pas question pour autant de céder aux valeurs dominantes propageant l’exploitation des animaux jusque dans les jeux vidéos. Savoir qu’il est possible de jouer à Animal Crossing: New Horizons sans s’en prendre aux animaux virtuels est donc une très bonne nouvelle !

Voici un petit extrait de ce guide pour se donner une idée :

« Thibou aimerait construire un musée de poissons et d’insectes sur votre île. Ne le laissez pas faire !

Tout comme les poissons n’ont pas leur place dans les aquariums, les insectes n’ont pas leur place dans les caisses exiguës d’un musée pour que les autres villageois puissent les admirer. Votre île doit être un lieu où les animaux sauvages sont libres de vivre sans être capturés et exploités. Dans le monde réel, les animaux souffrent en captivité dans des endroits comme les parcs marins ou les zoos. Ils sont privés de tout ce qui est naturel et important pour eux. Dans Animal Crossing, vous avez le choix de laisser les animaux de votre île vivre à l’abri de la maltraitance, alors s’il vous plaît, laissez-les tranquilles ! »

Voilà qui est très bien dit !

> Retrouver le guide complet en français à cette adresse :

petafrance.com/actualites/guide-vegan-de-peta-pour-animal-crossing-new-horizons

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Politique

La folie de la dette publique fait courir un risque de crise majeure

La pandémie de Covid-19 a engendré un retour massif de la puissance publique et de l’intervention des États. Sur le plan économique, cela consiste en le fait d’assumer un endettement public massif, à différents niveaux. On peut penser que c’est inévitable face à la situation, mais certainement pas que c’est une bonne chose marquant l’avènement d’un capitalisme plus « juste » et moins libéral. C’est au contraire un facteur de grande instabilité, qui pourrait mener au précipice de nombreux pays, voire l’économie mondiale. Il n’y a pas d’argent magique pouvant être dépensé sans compter, alors que l’économie est en récession.

L’impact du Covid-19 sur l’économie mondiale et celle des différents pays est immense, personne n’est encore en mesure d’en estimer l’ampleur. En France, si le gouvernement tablait initialement sur une récession de 1 % du PIB dans son budget rectificatif à la mi-mars, il est maintenant assumé que ce sera pire, mais sans pouvoir donner de chiffre pour l’instant.

Du côté de la Banque centrale européenne, une estimation a été faite récemment pour la zone euro en 2020, évoquant une récession de 5 % du PIB. La Banque Goldman Sachs parle pour sa part d’une prévision de récession de 9 % du PIB pour la zone euro.

Autre exemple, concernant la Chine, premier pays touché, mais où la production commence déjà à repartir avec la plupart des usines actives et 74 % des travailleurs en poste fin mars. La Banque mondiale, une institution spécialisée de l’ONU, mise dans son rapport sur la région Asie-Pacifique publié ce mardi 31 mars 2020 sur une croissance chinoise limitée à 2,3 % en 2020, tout en incluant la possibilité d’un scénario plus pessimiste avec une croissance quasi nulle, de 0,1 %. En 2019, la croissance chinoise était de 6,1 % ; cela sera donc dans tous les cas en 2020 un recul drastique, avec dans le meilleur des cas une croissance étant la plus faible depuis plus de 40 ans.

Dans ce même rapport, des scénarios noirs sont déjà envisagés pour la Malaisie et la Thaïlande, alors qu’il est prévu pour l’Indonésie (puissance économique d’importance en Asie) un recul de 3,5 points de la croissance.

En ce qui concerne la France, on sait déjà que 2,2 millions de salariés (dans 220 000 entreprises) sont concernés par les mesures de chômage partiel, avec de nombreux secteur industriels à l’arrêt tandis que d’autres fonctionnent au ralenti par manque de clients ou de matières premières. Dans le commerce, l’activité est réduite ou quasiment à l’arrêt pour de nombreux secteurs (habillement, ameublement, décoration, etc.), elle est fortement réduite dans le secteur du BTP. En ce qui concerne l’économie des services ou l’administration (publique ou d’entreprise), le télétravail quand il est possible ne permet qu’un maintien partiel des activités.

En arrière plan de cela, il y a toute une économie du loisir et de la culture (parcs, sport, concerts, festivals, voyage) qui a été stoppée nette et qui forcément ne repartira pas du jour au lendemain après le confinement.

Pour se donner une idée de l’ampleur de ce ralentissement général, il y a l’indice « PMI » du cabinet Markit qui mesure l’activité du secteur privé en France. Cet indice enregistre déjà pour le mois de mars la plus forte chute de son existence avec une baisse de plus de 20 %, alors que le confinement n’a commencé que le 17 mars. Un autre critère reflétant l’activité économique est la consommation d’électricité : celle-ci a reculé de 20 % depuis le début du confinement, alors même que beaucoup de gens consomment énormément d’électricité chez-eux du fait de ce confinement.

Pour faire face, ou plutôt en s’imaginant pouvoir faire face aux menaces de faillites en série, les différents gouvernements et institutions gouvernementales ont déjà pris des mesures d’une ampleur jamais égalée, alors que ni les confinements, ni la crise sanitaire elle-même n’ont pris fin. À la fin du mois de mars 2020, ce sont en tout déjà 7 000 milliards de dollars de dépenses budgétaires, de prêts et de garanties des États et des banques centrales qui ont été annoncés partout dans le monde.

En France, rien que pour les mesures de chômage partiel, il y a 8,5 milliards d’euros qui ont été provisionnés par le gouvernement, qui sait déjà que ce ne sera pas suffisant. D’après l’Observatoire français des conjonctures économiques, la mesure de chômage partiel pourrait concerner plus du double du nombre de personnes déjà recensées, avec 4,5 millions de salariés en tout.

Ce sont également quatre milliards d’euro pour la santé qui ont été annoncés hier par le Président (en plus de deux milliards déjà budgétés) et le gouvernement sait déjà que les 1,2 milliards prévus pour le fonds de solidarité pour les petites entreprises et les indépendants ne seront pas suffisants. Il faudra certainement compter aussi sur plusieurs milliards d’euros pour recapitaliser ou nationaliser telle ou telle entreprise importante n’ayant pas surmonté la crise, ce qui pourrait être le cas pour Air France par exemple.

À ces dépenses s’ajoute également une baisse drastique des recettes pour l’État.

Il y a les pertes nettes du fait de la récession (moins de taxes et d’impôts), évaluées dans un premier temps à 10,7 milliards (ce sera plus), mais aussi les reports de revenu. Selon le gouvernement, le report du paiement des charges sociales et fiscales pour les entreprises en difficulté représente déjà 32 milliards d’euros pour le mois de mars, mais personne bien entendu ne peut garantir que toutes les entreprises seront en mesure d’honorer ces dettes dans les mois à venir.

En plus de cela, l’État a annoncé qu’il garantira jusqu’à 300 milliards d’euros de prêts accordés à des entreprises, le procédé ayant déjà été activé pour 3,8 milliards d’euros.

Tout cela a donc pour conséquence de faire exploser la dette publique, dans un contexte où les entreprises elles-mêmes vont être endettées, alors que l’État est déjà très endetté à la base. La France n’est pas la seule concernée, évidemment.

On a, pour le dire autrement, des milliards d’euros qui sont dépensés à tout-va… par des États ne disposant pas de cet argent. C’est le principe du crédit, ou de la dette, qui est devenu un mode de fonctionnement structurel pour le capitalisme, tant en ce qui concerne les États que les grandes entreprises.

Seulement voilà, la dette ne crée aucune richesse, ni même la monnaie (on parle de liquidité, et c’est de cela qu’il s’agit avec les 750 milliards d’euros annoncés par la Banque centrale européenne pour racheter des dettes d’État et d’entreprise indéfiniment). Il faut bien que quelqu’un paye au bout du compte, car l’argent doit correspondre à une certaine valeur pour être valable, sinon la monnaie s’effondre comme en Allemagne dans les années 1920.

Quand un État émet de la dette (on parle d’obligations, qui sont des titres de créance), il y en face un investisseur qui prête son argent, de l’argent qui n’a rien de fictif, et qui doit être remboursé à un moment (en plus de recevoir éventuellement une rémunération pendant la durée de ce prêt). Les fonds sont en général gérés par des structures spécialisées, mais proviennent en grande majorité de l’épargne dite des ménages. Ce sont les réserves d’argent de la bourgeoisie et de la petit-bourgeoisie.

Tout cet argent n’est pas extensible, ou en tous cas la quantité de valeur qu’il représente ne l’est pas, d’autant moins que l’économie est en récession. Si beaucoup de dette est émise, il faut en face suffisamment d’investisseurs pour prêter l’argent.

Le problème qui va se poser à l’économie est très simple et facilement compréhensible : personne ne peut garantir qu’il y a suffisamment de valeur en circulation pour valoriser la dette des États.

Il faut bien comprendre une chose ici : actuellement sur les marchés financiers, les placements sont beaucoup moins faits dans le but de s’enrichir (par la spéculation ou l’investissement productif, ce qui induit un risque dans les deux cas), que dans le but de garantir une épargne. Ce qui compte n’est pas tant les bénéfices ou dividendes éventuellement perçus que la solidité d’une dette, car posséder une dette « solide » a en soi beaucoup de valeur.

Dire « l’État italien me doit tant d’argent qu’il me remboursera dans 10 ans », cela a de la valeur pour les épargnants voulant garantir leur épargne. Il existe même un marché très important où ce genre dette est échangée.

Seulement, cela n’a de la valeur que tant que les investisseurs ont confiance dans la capacité de l’État à honorer sa dette, c’est-à-dire à garantir une certaine valeur à cette dette. L’Italie, pour rester sur cet exemple, est déjà dans une situation très compliquée avec une dette publique en 2019 de 2373 milliards d’euros, ce qui correspond à près de 140 % de son PIB. Cela tient encore, car il est considéré que l’Italie « vaut » plus que ce qu’elle produit, ne serait-ce que par son patrimoine public, avec des « villes » comme Venise, Florence, Pise et en partie Rome qui sont devenues de véritables usines à tourisme.

Cela n’est bien sûr pas extensible à l’infini, surtout en période de crise. L’agence de notation Standard & Poor’s (dont le métier consiste justement à évaluer la capacité d’un créancier, y compris d’un pays, à rembourser ses dettes) a par exemple évalué que la croissance italienne va chuter de 2,6% à cause de la pandémie de Covid-19.

Cela fait peser un risque énorme sur la valeur de la dette italienne. Et comme dans le même temps d’autres pays (ainsi que beaucoup d’entreprises) vont contracter encore plus de dette (et le font déjà), les investisseurs vont être tentés de se tourner ailleurs, craignant pour leur épargne. L’État italien, faute de prêteurs, peut alors faire faillite.

Face à ce risque tout à fait concret, l’Italie, mais aussi l’Espagne et d’autres pays, souhaitent des « coronabounds » européens, c’est-à-dire des obligations (de la dette publique) émises au nom de toute l’Union européenne, avec comme motif la crise sanitaire.

Ce serait un moyen pour un État en difficulté comme l’Italie de garantir sa capacité à emprunter sur les marché financier, donc à continuer à s’endetter dans le cadre de la crise. D’autres pays, notamment l’Allemagne, ne veulent absolument pas en entendre parler. Du point de vue de l’Allemagne, cela reviendrait à mutualiser une dette qui n’est pas la sienne, affaiblissant ses propres capacités d’emprunt sur les marchés.

Or, l’Allemagne aussi a besoin de s’endetter, parce que 123 milliards d’euros de dépenses liées à la crise ont déjà été annoncés ( en plus de 822 milliards de garanties accordés aux dettes contractées par les entreprises nationales), dans le cadre d’une récession s’annonçant importante pour le pays en 2020 (entre 2,8 % et 5,4 % du PIB). L’Allemagne, qui n’a normalement aucun déficit, a déjà annoncé prévoir 156 milliards d’euros de déficit, soit une dette d’environ 5 % de son PIB (alors que selon la règle budgétaire européenne défendue bec et ongle par l’Allemagne ces dernières années, celui-ci ne doit être supérieur à 3 %).

On a donc une situation très tendue, qui s’inscrit elle-même dans le cadre d’une situation à l’origine très fragile en ce qui concerne la dette. En novembre 2019, la Banque centrale européenne alertait dans sa revue semestrielle de stabilité financière sur les risques en cours. Pour résumer, du fait de la politique monétaire européenne, l’endettement (public et privé) est fortement encouragé et pratiqué.

Le revers de la médaille constaté par la BCE est que beaucoup de risques sont pris par certains investisseurs en raison de taux d’intérêt faibles. Il était constaté que 45 % des obligations d’entreprises étaient notées « BBB », c’est-à-dire la note la plus faible possible, évoquant ainsi un grand risque pour la stabilité financière.

Tout cela est très technique et peut sembler lointain, mais c’est en fait très simple et concret. L’économie est littéralement pourrie par tout un enchevêtrement de mécanismes de dette, et cela s’accentue de manière radicale tout d’un coup en raison de la crise sanitaire.

Autrement dit, il y a un décalage de plus en plus important entre la masse réelle de la valeur existante et les capacités du système à répartir cette valeur, par le biais des monnaies et des mécanismes financiers. On a d’un côté une économie qui ralentit, de l’autre des États qui ont besoin de s’accaparer d’un coup une masse énorme de valeur (sous forme d’argent) par de la dette.

En vérité, seule la production de marchandises a de la valeur (soit par les marchandises elles-mêmes, soit par l’appareil productif), et donc seul le travail compte réellement. Les États s’imaginent pouvoir contourner le problème par le biais de la dette, mais c’est une véritable folie, relevant d’une fuite en avant inconsidérée.

La situation actuelle est tout simplement insoutenable, menant tout droit à une crise majeure. Nul ne peut savoir quelle forme cela prendra, si ce ne seront que quelques États qui s’effondreront, comme le risque l’Italie, ou bien si ce sont des régions entières qui seront entraînées dans une spirale négative, avec des licenciements à la chaîne, une inflation incontrôlable ou au contraire des dévaluations monétaires massives, etc.

Ce que l’on voit déjà par contre, c’est un resserrement drastique des différents États nationaux, qui vont se retrouver en concurrence exacerbée et tendront de plus en plus à la guerre. Cela est déjà visible concrètement aujourd’hui rien qu’au sein de l’Union européenne, cela l’est d’autant plus à l’échelle mondiale, avec comme fil conducteur l’affrontement entre les deux superpuissances que sont la Chine et les États-Unis.

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Société

Les 11 mesures demandées par la CFDT pour les salariés des commerces alimentaires

Voici la déclaration de la CFDT ce mardi 31 mars 2020 concernant les salariés des commerces, en première ligne dans le cadre de la crise sanitaire en cours :

« Covid-19 : La CFDT services demande 11 mesures pour protéger les salariés des commerces alimentaires

 La Fédération CFDT des services a établi une liste de onze revendications pour protéger les 600 000 salariés du commerce alimentaire dont l’action est indispensable pour permettre aux Français confinés de continuer de se nourrir. Elle estime que ces salariés ne tiendront pas dans la durée si le secteur ne répond pas favorablement ses demandes.

 « Ce que nous voulons c’est une régulation du secteur. Il y a à ce jour trop de disparités entre les enseignes, explique Olivier Guivarch, le secrétaire général de la fédération CFDT des services, il y a beaucoup de différences en temps normal sur les salaires, les avantages, les acquis mais là sur la santé des salariés, c’est inacceptable. C’est la raison pour laquelle nous avons fait des propositions très concrètes. Nous avons les mêmes exigences de protection pour tous. »

Aussi la fédération a réuni les délégués CFDT des enseignes de la grande distribution qui ont défini les mesures à mettre en place pour protéger les 600 000 salariés du commerce alimentaire. La Fédération a transmis ces revendications au gouvernement et à la fédération du commerce et de la distribution (FCD), revendications sans lesquelles elle estime que les salariés de ce secteur ne pourront pas tenir longtemps sans mettre leur santé en péril. Les voici :

  • L’accès prioritaire à un équipement de protection individuelle (dont masques, gel et gants) pour tout le personnel, sous-traitants inclus (propreté, sécurité). quel que soit le format de l’établissement qu’ils soient en hyper, super, en établissement de proximité, en franchise ou location – gérance ;
  • L’aide de l’État pour les entreprises ;
  • La réorganisation des caisses pour respecter la distanciation sociale ;
  • La fermeture de tous les commerces alimentaires le dimanche ;
  • La fermeture au plus tard à 18h00 de tous les magasins, toutes surfaces ;
  • Un nombre maximum de clients par surface ;
  • La mise en rayon en dehors des heures d’ouverture ou neutralisation de la zone fermée à la clientèle (pour limiter le contact avec la clientèle) ;
  • La protection des magasins et des salariés par la force publique (incivilités des clients) ;
  • La sécurisation des établissements sans personnel (tout en caisses automatiques) pour préserver le personnel de sécurité ;
  • La sécurisation des caisses automatiques dans les établissements avec personnel ;
  • La mise en place de procédures en cas de salariés contaminés.

La fédération CFDT des services estime que ces revendications sont d’une urgence absolue.

Par Didier Blain dblain@cfdt.fr »

 

 

 

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Communiqué du Parti socialiste appelant à la protection des forces de l’ordre

Le Parti socialiste a raison d’appeler à la protection des forces de l’ordre dans leur mission vitale de surveillance du confinement. On peut bien penser ce qu’on veut de l’Etat actuel, de la police et des gendarmes, qu’ils sont vendus au capitalisme ou bien qu’ils sont leurs outils, mais dans une crise sanitaire d’une telle envergure, ils sont en première ligne. Ils ne sont pas là dans une ambiance de guerre civile, contrairement aux vains racontars de l’ultra-gauche.

Les policiers et les gendarmes ne tuent pas, ne répriment pas : ils servent la population en veillant à ce que le confinement réussisse. La mission de surveillance du confinement par les forces de l’ordre est incontournable ; elle n’est pas au-dessus des classes, mais on doit faire avec ce qu’on a, à moins de nier la gravité de la situation.

S’il y a une chose à regretter dans le communiqué du Parti socialiste, c’est que tout cela est vu sous un angle administratif et qu’il n’est nullement considéré que c’est le peuple lui-même qui devrait faire la police et forcer au confinement. C’est d’ailleurs la seule manière que cela marche réellement.

Voici le communiqué de presse du Parti socialiste :

« Les forces de sécurité doivent disposer de masques de protection et de gel hydroalcoolique dans le cadre de leur mission de lutte contre la propagation du Covid-19.

Depuis le 17 mars 2020, plus de 100 000 policiers et gendarmes ont été mobilisés pour permettre la mise en oeuvre des consignes de sécurité et des restrictions de déplacement annoncées par le président de la République.

Or, avec près de 900 000 personnes contrôlées à ce jour, policiers et gendarmes sont plus que jamais exposés au risque de contamination. Il est urgent de mettre à leur disposition du matériel de protection, mais également de mieux adapter les consignes de sécurité aux réalités du terrain.

Manque de matériel de protection 
Dès le 17 mars, les policiers et gendarmes nous ont alerté sur le manque de matériel de protection, notamment de masques et de gel hydroalcoolique. Le 25 mars, le ministère de l’Intérieur a annoncé sa décision de mettre à la disposition des Agences régionales de santé un million de masques FFP2, stock initialement attribué à la gendarmerie nationale. Cette décision a été reconnue par l’ensemble des syndicats de police et de gendarmerie, ainsi que par l’ensemble de la classe politique, au vu de l’urgence absolue à soutenir notre équipe soignante. Cependant, l’absence d’alternatives proposées a soulevé l’inquiétude et l’incompréhension de nos forces de l’ordre. Le 27 mars, Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, a annoncé une première distribution de 300 000 masques à l’intention des forces de sécurité, mis à disposition par le groupe La Poste. Cela ne permettra malheureusement pas de répondre de manière satisfaisante au manque de matériel de protection, en cours depuis le début de la mobilisation.

Difficulté d’appliquer les « gestes barrières » sur le terrain, notamment la distance d’un mètre lors des contrôles 
Nous avons également été interpellés concernant la difficulté des policiers et des gendarmes à appliquer les « gestes barrières » sur le terrain. Les distances de sécurité seraient mal comprises par la population, et la distanciation de sécurité d’un mètre serait difficile à respecter lors de certains contrôles, fixes ou mobiles. Les policiers et les gendarmes ne sont pas suffisamment protégés par la seule mise en place des “gestes barrières” : les consignes doivent être mieux adaptées à la réalité du terrain.

Incompréhension face à certaines consignes du ministère de l’Intérieur 
Laurent Nuñez, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur, a récemment réaffirmé que les policiers et gendarmes ne devaient recourir au port du masque qu’en cas de contrôle de personnes « apparemment symptomatiques ». Or, en l’absence de test, il est impossible de savoir avec certitude si une personne est porteuse ou non du Covid-19 ; ce qui rend difficile l’application d’une telle consigne et suscite de nombreuses interrogations sur son efficacité.

Face à cela, il est urgent de répondre de mettre en place un dispositif garantissant la préservation effective de la santé des policiers et gendarmes présents sur le terrain.

Enfin, à l’ensemble des forces de sécurité, nous souhaitons également leur redire toute notre admiration et notre reconnaissance pour leur courage et leur engagement dans la lutte contre le Covid-19. »