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Écologie

LPO: «Le gouvernement veut offrir l’été aux chasseurs»

Le gouvernement entend faire passer l’ouverture de la chasse  du 15 août au… 1er juin. Voici le communiqué de la LPO, qui dénonce avec justesse les chasseurs comme les premiers responsables du nombre croissant de sangliers, qui leur sert ensuite de prétexte pour mener leurs sordides activités.

« Le gouvernement veut offrir l’été aux chasseurs

Après avoir récemment étendu la période de chasse au sanglier du dernier jour de février jusqu’au 31 mars, l’État s’apprête maintenant à simplifier par décret la possibilité de commencer à chasser à partir du 1er juin, au lieu du 15 août aujourd’hui. La LPO appelle à s’opposer en masse à cette nouvelle régression ou il ne restera bientôt plus que les mois d’avril et de mai pour profiter d’une nature sans chasse en France.

Une fois encore, la manœuvre se veut discrète. Chasser le sanglier ou le chevreuil à partir du 1er juin était déjà possible, mais strictement conditionné à l’obtention d’une autorisation individuelle préfectorale de chasse anticipée, garde-fou indispensable à la sécurité des promeneurs. Dans les faits, la majorité des chasseurs attendait la fin des vacances d’été pour ressortir le fusil. Grâce à un nouveau décret en préparation, plus besoin d’autorisation préalable : feu à volonté dès le 1er juin.

Ce projet de décret est ouvert à la consultation publique sur le site du Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire jusqu’au 3 mars. La LPO invite tous les citoyens à y déposer un commentaire pour dire non à cette énième concession gouvernementale aux lobbies de la chasse.

Pompiers pyromanes

Comme l’indique son intitulé, l’objectif de ce décret est « la maîtrise des populations de grand gibier et de leurs dégâts. » Mais si l’explosion démographique des sangliers en France et ses conséquences en termes de préjudices subis par les agriculteurs sont bien réelles, les chasseurs en sont d’abord à l’origine.

Nourrissage, préservation des laies reproductrices, lâcher d’individus élevés en captivité, importation des pays de l’Est, chasse en enclos, hybridation avec le cochon, tout a été fait au cours des cinquante dernières années pour favoriser la prolifération de l’espèce en France.

Il est donc bien normal que les fédérations de chasse soient légalement tenues d’indemniser les dégâts causés sur les parcelles agricoles, responsabilité à laquelle elles aimeraient aujourd’hui échapper tant elle est devenue coûteuse (30 millions d’euros par an).

Eté meurtrier

La solution n’est certainement pas de prolonger la période de chasse pendant l’été, engendrant un dérangement pour l’ensemble de la faune sauvage en pleine période de reproduction ainsi qu’une interdiction supplémentaire de la fréquentation de la nature et des dangers croissants pour les non chasseurs. Dix accidents mortels ont eu lieu lors de la saison de chasse 2019-2020, toujours en cours, contre 7 la saison précédente.

Les solutions sont plutôt l’interdiction totale de l’agrainage des sangliers et de leur élevage ou importation dans un but cynégétique, la fin des enclos de chasse desquels ils s’échappent ; ainsi que laisser leur prédateur le loup se développer au lieu de vouloir en tuer toujours plus.

Résoudre durablement cette problématique passe également par une refonte en profondeur du modèle agricole intensif qui encourage l’expansion continue des productions céréalières, en particulier du maïs très apprécié par les sangliers et dont la France est le premier pays exportateur en Europe.

Les renards seraient aussi concernés par une telle libéralisation de la période de chasse, alors que plus d’un demi-million sont déjà inutilement exterminés chaque année en France. Un renard consomme pourtant 4 000 rongeurs par an, ce qui en fait un véritable allié de l’agriculture ! »

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Politique

Emmanuel Macron pose le concept de séparatisme

Emmanuel Macron a inauguré le concept de « séparatisme islamiste », mais en fait l’arrière-plan est bien plus vaste.

Car il est désormais le représentant d’un capitalisme libéral qui cédera le pas devant un séparatisme – celui de Gauche, ou celui de Droite.

Il y a une grande peur en France, de la part des classes dominantes. En effet, le triomphe général du libéralisme est pour elle une bonne chose. Même la bourgeoisie conservatrice et catholique, dont le bastion est Neuilly – Auteuil – Passy, a cédé et suit le mouvement. C’est là l’apothéose de l’atomisation, de l’individualisme forcené.

Cependant, cela implique également la perte de toute une force de crispation gelant la culture française. Le capitalisme oscille entre vouloir faire sauter toutes les normes pour se développer et tout geler pour se préserver.

Il est ici très intéressant de regarder la présentation de la « déchristianisation » par Jérôme Fourquet, directeur du département « opinion et stratégies d’entreprise » de l’institut de sondages IFOP depuis 2011. La « déchristianisation » est d’ailleurs un phénomène accompagné d’ailleurs de l’effondrement du Parti Communiste, qui est pareillement depuis 50 une force vigoureusement conservatrice et qui est depuis une dizaine d’années passée entièrement dans le camp du libéralisme culturel.

Il n’y a rien de Gauche dans son analyse, mais il exprime parfaitement la hantise des classes dominantes face à la formation de multiples séparatismes intérieurs faisant suite à l’effondrement de ces forces d’encadrements, qui ont tous deux formé une grande barrière contre mai 1968.

C’est le ses du déplacement d’Emmanuel Macron auprès de responsables locaux et d’habitants du « quartier sensible » de Bourtzwiller, à Mulhouse. Il a résumé ce besoin des classes dominantes en disant :

« Le « séparatisme » c’est ne plus respecter les lois et règles de la République au nom d’une religion ou d’une influence extérieure. C’est précisément contre cela que nous nous battons. »

Il a visé le séparatisme islamiste, mais en réalité il s’agit de tout « séparatisme » en général, d’où le grand intérêt de cette citation. Car qui connaît l’histoire de la Gauche (historique) sait qu’elle n’a joué un rôle en France que justement lorsqu’elle a décroché de la République, qu’elle a formé son propre bloc, avec ses propres valeurs.

Si le Parti socialiste SFIO s’est formé au tout début du XXe siècle, c’est en mettant à l’écart les thèses républicaines de Jean Jaurès. Si le Front populaire a eu un élan populaire massif, c’est par l’unité ouvrière à la base… Et s’il s’est effondré, c’est en soumettant entièrement à la simple défense de la République, dégoûtant les ouvriers. Pareillement, si le mouvement amenant en 1981 le succès du programme commun s’est effondré, c’est par l’intégration dans les institutions républicaines.

La Gauche exige le séparatisme… c’est-à-dire la séparation la Droite. Qui assume la Gauche de manière conséquente veut qu’en politique, il n’y ait plus que la Gauche, que la Droite n’existe plus. Accepter les règles de la République, par contre, c’est accepter la cohabitation, l’alternance, etc., comme si la politique était seulement une concurrence pour les postes de la République !

Ce « séparatisme » de Gauche est d’autant plus important que seule la Gauche peut prendre le relais d’une « république » à bout de souffle, ne proposant pratiquement plus rien en termes de civilisation. Il s’agit ni plus ni moins pour la Gauche d’assumer la formation d’un nouveau régime – et si elle ne le fait pas, la Droite et l’extrême-Droite le feront.

Car la Droite et l’extrême-Droite assument toujours plus le séparatisme, de type traditionaliste, nationaliste, militariste. Ce séparatisme vise à écraser la Gauche. Emmanuel Macron, c’est comme la république de Weimar : il aime le conservatisme pour maintenir le statu quo, mais il veut libéraliser et doit donc profiter de forces attaquant la Droite. Comme en plus la Gauche française actuelle est libérale culturellement, cela rentre pratiquement dans son jeu…

Mais cela ne peut durer qu’un temps. À terme, il y aura forcément un séparatisme qui gagnera. Soit celui de Droite, soit celui de Gauche.

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Guerre

NON au SNU (Service National Universel)

Une petite pétition a été diffusée contre le Service National Universel, signée notamment par Europe Écologie – Les Verts avec différentes associations et organisations d’extrême-Gauche. Toute mobilisation contre le SNU et la militarisation est évidemment très bonne, mais impossible de ne pas mentionner des bizarreries. On apprend ainsi qu’il y aurait une mobilisation générale de la jeunesse. Et on apprend que l’armée n’aurait pas voulu du SNU. Dans les deux cas, cela ne tient évidemment pas debout. La jeunesse est passive, consommatrice et atomisée, l’armée est fort ravie de la structurer en sa faveur.

« Le Service national universel que le gouvernement veut rendre obligatoire pour les jeunes de 16 ans

  • Une opération de soumission de la jeunesse: il s’agit d’inculquer un esprit d’obéissance aux règles, un respect absolu des normes… Règles et normes qui, pour la plupart, ne visent qu’à perpétuer les inégalités et injustices inhérentes à l’organisation actuelle de la société. Cette volonté de soumission passe aussi par un contrôle renforcé, notamment à travers la mise en fiches de tous les jeunes de 16 à 25 ans ; on sait comment ce genre de fichier peut être utilisé ! Volonté de soumission, enfin, car elle ne reconnaît comme « engagement » des jeunes que les dispositifs étatiques.
  • La remise en cause des droits des travailleurs et travailleuses : les jeunes du SNU seront utilisé/es pour remplacer des emplois aujourd’hui occupés par des employé/es qui ont un salaire, une convention collective ou un statut, la possibilité de s’organiser syndicalement, des droits individuels et collectifs. Avec le SNU, chaque année, 800000 jeunes seront exploité/es, sans aucun de ces droits, pour des durées variables ; ils et elles seront très vivement encouragé.es à poursuivre leur « engagement volontaire » par un service civique, dans les mêmes conditions de précarité.
  • Des dépenses considérables : 6 milliards €/an, selon un rapport sénatorial de 2017. Ces milliards seraient bien plus utiles pour le service public de l’Éducation, qu’aux mains des militaires !
  • Le renforcement de la militarisation. Encadrement militaire, levée du drapeau, chant guerrier, uniforme, parcours du combattant, raid commando, etc. contribueront à l’endoctrinement des jeunes. La propagande visera à banaliser encore plus le rôle de l’armée, alors que celle-ci est en pointe dans la répression, sur le territoire français, dans les colonies et diverses régions du monde. Sans surprise, il n’est nullement question dans le programme de pacifisme, de non-violence, ni de remise en cause du rôle de l’armée.

Le gouvernement nous dit : Il faut que les jeunes s’engagent. Mais c’est déjà le cas !

Ils et elles s’engagent pour lutter contre le racisme, pour que cesse la destruction de la terre, pour défendre leur droit à étudier, pour le partage des richesses, pour le droit au logement, pour l’égalité des droits et contre les discriminations, etc. Ce n’est pas à l’État de les forcer à s’engager !

Comment peut-on parler d’apprendre la citoyenneté, lorsqu’on confie l’encadrement à l’armée (qui, par ailleurs, n’était pas demandeuse) ?

Non au SNU! Abrogation du SNU!

Signé entre autres par :

Union pacifiste, Union syndicale Solidaires, Solidaires Étudiant.e.s, ASSO-Solidaires, SUD éducation, SUNDEP Solidaires Sud Enseignement privé, Solidaires Jeunesse et Sports, Fédération SUD Collectivités Territoriales, Fédération Éducation de la Confédération Nationale du Travail, Émancipation tendance intersyndicale, Mouvement National Lycéen, Fédération Indépendante et Démocratique Lycéenne, Fédération nationale de la Libre Pensée, Droits Devant !!, Ni guerres ni état de guerre, Causes communes, Anciens Appelés en Algérie et leurs Ami(e)s Contre la Guerre, Réseau des Centres de Recherche, d’Etude et de Formation à l’Animation et au Développement, Mouvement de la paix, Parti Communiste des Ouvriers de France, Europe Écologie – Les Verts, Fédération Anarchiste, Union Communiste Libertaire, L’insurgé, Les Jeunes écologistes, Union des Jeunes Révolutionnaires, Union Prolétarienne, Unité Communiste de Lyon, Groupe libertaire Jules Durand, Radio-Libertaire, Revue Silence, Arc en ciel théâtre réseau coopératif.

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Politique

Affaire Griveaux : le peuple a la haine des décadents

C’est la panique générale chez les innombrables libéraux de notre pays. Car en fin de compte tout le sait que Benjamin Griveaux a dû partir en raison de son image flétrie. Il a obtenu l’image d’un pervers et c’est fatal. Le peuple est moraliste, contrairement à une classe dominante relativiste contaminant tout le pays par ses mœurs corrompues.

Il est intéressant de voir l’hypocrisie, le mensonge des libéraux. On a ainsi Ovidie, passée du milieu alternatif lié au punk à la capitulation totale dans la pornographie, pour ensuite se reconvertir dans l’intellectualisme « sexuel ». Elle a écrit une tribune dans Libération, où elle dit :

J’aurais rêvé d’écrire le discours de Benjamin Griveaux pour sa conférence de presse de vendredi matin.

Cela aurait pu donner quelque chose dans ce genre : « Je vous le confirme, il s’agit bien de ma bite. Je n’ai rien fait d’illégal. En revanche, je compte bien poursuivre ceux qui ont fait circuler ces photos, parce que la loi m’y encourage. Et parce que la honte doit changer de camp. Solidarité avec toutes les victimes de revenge porn qui, habituellement, sont dans une situation moins privilégiée que la mienne. »

Drop the mic.

Benjamin Griveaux est par conséquent accusé par Ovidie d’envoyer un « mauvais message » aux victimes du « revenge porn ». Sauf que le peuple n’en a rien à faire de toutes ces élucubrations. Ce qui compte pour lui, ce sont les mœurs. Il y a des normes et il faut les respecter, sinon on est un décadent. Quelqu’un qui envoie des vidéos de son sexe est un pervers et il passe à la trappe. L’histoire est aussi simple que cela.

Les libéraux tentent de masquer cette question culturelle en parlant du fait que faire de telles vidéos n’a rien d’illégal. Ce serait donc permis moralement, tout comme d’ailleurs tromper son conjoint. C’est le triomphe du relativisme général, où tout ce qui n’est pas interdit… est permis. Toute la dimension culturelle de la question disparaît derrière cette question de la légalité.

C’est que le capitalisme, en faisant passer aux oubliettes le moralisme du « grand siècle français » que fut le 17e siècle, espère toujours plus détruire la moindre norme. Le capitalisme a besoin de couples qui se font et surtout qui se défont, de davantage de consommateurs isolés. Le scandale de l’affaire Benjamin Griveaux est un grave échec pour lui, pour qui les gens doivent être blasés, revenus de tout, atomisés et tout accepter « du moment qu’il n’y a pas préjudice pour autrui », c’est-à-dire du moment que le droit de propriété n’est pas menacé.

Avec l’affaire Benjamin Griveaux, on voit qu’il y a encore une immense pression populaire en faveur des normes, des principes, d’une conduite organisée, qui réfute la perversité, en exigeant des valeurs la fois naturelles et culturelles. Pour le peuple, on n’envoie tout simplement pas des vidéos de son sexe, à moins d’être quelqu’un de perverti totalement focalisé sur lui-même, sur sa frustration. Quelqu’un comme cela, personne n’en veut dans un poste à responsabilité. Il y a déjà assez de gens déréglés dans la vie de tous les jours !

C’est pour cela que le triomphe de la PMA, de la GPA bientôt également, du cannabis – LREM a tenu dans ses locaux une conférence interne au sujet de la légalisation la semaine dernière – va provoquer une immense onde de choc dans le peuple. Il est trop aliéné, abruti encore par le capitalisme pour comprendre les enjeux. Le peuple est tolérant et il sait accepter, ici il ne comprend pas encore qu’il se fait escroquer en faveur du libéralisme.

Mais quand les enjeux seront clairs, il y a aura un immense haut-le-cœur. Le combat contre la décadence sera alors incontournable. Et les libéraux se feront broyer. Reste à savoir maintenant si ce sera par la Gauche s’appuyant sur ses valeurs historiques, ou par les réactionnaires usurpant le principe de l’ordre nouveau au moyen de la démagogie, du nationalisme, du militarisme.

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Guerre

Vers la guerre: l’affrontement sino-américain à la conférence de Munich de 2020

La conférence internationale de Munich, traitant de la sécurité, a vu les États-Unis viser clairement la Chine en la présentant comme la grande menace pour la division du monde telle qu’elle existe actuellement. Le challenger est officiellement présenté et on marche toujours plus clairement vers la guerre.

Mike Pompeo est le responsable de la diplomatie américaine et il a donné le ton ces derniers mois. En octobre 2019, il avait accusé la Chine d’être « ouvertement hostile » aux États-Unis. En novembre, il a avait expliqué que la Chine portait une « nouvelle vision de l’autoritarisme ».

Courant janvier 2020, il avait demandé aux entreprises de la Silicon Valley de faire en sorte que « nos sociétés ne concluent pas des contrats qui renforcent l’armée de notre rival ou favorisent sa répression dans certaines parties de ce pays». A la fin du même mois, lors d’une rencontre avec Dominic Raab, le responsable des affaires étrangères du Royaume-Uni, il avait dit que « Le Parti communiste chinois représente la principale menace de notre époque ».

Lors de la 56e conférence de Munich sur la sécurité à la mi-février 2020, où étaient présents 150 chefs d’État et de gouvernement, il a affirmé que :

« La Chine empiète sur les zones économiques exclusives du Vietnam, des Philippines et de l’Indonésie. Et sur ce point, la Chine a eu un différend frontalier ou maritime avec presque tous les pays qui la bordent (…).

Et parlons une seconde de l’autre domaine, la cybersécurité. Huawei et d’autres entreprises technologiques chinoises soutenues par l’État sont des chevaux de Troie pour le renseignement chinois. »

Mark Esper, secrétaire à la Défense, a dit quant à lui qu’il fallait « se réveiller face aux défis présentés par la manipulation chinoise de l’ordre international au long cours, avec ses règles », et que la Chine était le principal souci pour le Pentagone.

Les Chinois n’étaient évidemment pas très contents et cela d’autant plus que la conférence de Munich avait comme thème « westlessness », terme signifiant grosso modo « déclin de l’occident ». Mike Pompeo, venu avec deux autres secrétaires d’État, s’est d’ailleurs empressé de dire que l’occident était en train de gagner.

Emmanuel Macron a déclaré en réponse que « l’ère des policiers mondiaux américains omniprésents est révolue », tout en soulignant en même temps que son ouverture appuyée récente à la Russie avait comme but de sortir celle-ci d’un rapprochement fort avec la Chine. Car de toutes façons, on ne sort pas de l’affrontement sino-américain, et Le Figaro titrait son article :

« À Munich, la rivalité entre les États-Unis et la Chine éclate au grand jour »

Les Chinois ne répondent rien, car ils ne veulent pas encore se présenter comme le challenger, même si leurs documents stratégiques disent évidemment tout autre chose. On est pour l’instant encore dans la mise en place, avec le jeu d’alliances qui se forme, mais qui peut connaître de grands changements. L’Allemagne notamment n’apprécie guère tout cela, car cela nuit à sa propre affirmation, qui exige une Europe renforcée, ce qui n’est guère possible si tout passe soit par les États-Unis, soit la Chine.

Le multilatéralisme n’est en fait que le renforcement des contradictions entre les puissances et ce n’est que reculer pour mieux sauter. Les États-Unis ne veulent pas de changements dans la division du monde, ou alors en leur sens – la Chine veut un nouveau partage. Les autres se placent prêts à en profiter, car ils ont tout autant besoin d’aller de l’avant pour tenir. Le capitalisme porte en lui la guerre, sans quoi il ne peut pas se maintenir.

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Politique

[Municipales 2020, les positions de gauche] Lutte Ouvrière: faire entendre le camp des travailleurs

Dans le cadre des élections municipales 2020, nous publions les appels électoraux des différents partis de gauche. Voici l’appel de Lutte Ouvrière :

« Élections municipales : faire entendre le camp des travailleurs

Le 15 mars, aura lieu le premier tour des élections municipales. Dans les petites communes, les candidats sont le plus souvent des personnes dévouées à la collectivité, prêtes à donner de leur temps et de leur énergie pour tenter de résoudre mille et un problèmes dans l’intérêt général. Les maires sont en outre proches de la population. Dans les villes importantes, c’est une autre affaire, car la mairie dispose de toute une administration et elle est un enjeu pour des notables. Il s’agit alors moins de dévouement que de pouvoir.

Bien des politiciens ont utilisé leur mandat de maire comme un tremplin. Les députés macronistes l’ont d’ailleurs compris : redoutant d’être délogés du pouvoir dans deux ans, nombre d’entre eux se présentent aux municipales pour préserver leur carrière. Édouard Philippe, Gérald Darmanin et quelques autres ministres font ce calcul : tout en restant au gouvernement, ils sont candidats pour se ménager  un avenir. Le PS et la droite, après avoir été sèchement écartés du pouvoir en 2017, aimeraient retrouver enfin des couleurs.

Quant au Rassemblement national, dans les quelques communes qu’il dirige depuis 2014, il a montré ce qu’il était. Il a pris des arrêtés antimendicité ou a supprimé la gratuité de la cantine scolaire pour les enfants des familles les plus pauvres, et a même essayé d’expulser une association d’entraide comme le Secours populaire de ses locaux. Et il continue à diviser les travailleurs selon leur origine ou leur religion. Le parti lepéniste revendique de gérer les communes, en espérant, demain, pouvoir gérer le pays. En fait, tout autant que les autres partis, il aspire à aller à la soupe gouvernementale pour servir les riches. Pour tous ces gens-là, les élections municipales sont un enjeu politicien.

Les travailleurs conscients de leurs intérêts ne peuvent voter pour une liste lepéniste, ni macroniste bien sûr. Ce n’est cependant pas dans les urnes qu’ils pourront mettre en échec la politique antiouvrière de Macron et de son gouvernement, mais dans les grèves de masse et les manifestations. La mobilisation contre la réforme des retraites se poursuit. Comme l’ont montré les manifestations de la semaine dernière, cette bataille n’est pas finie.

Les élections peuvent permettre au moins de se compter et de faire entendre le camp des travailleurs. C’est pourquoi Lutte ouvrière, à défaut de pouvoir être partout, présente des listes dans un certain nombre de villes.

Nos candidates et nos candidats ne sont pas des politiciens ni des notables. Ils affirment fièrement leurs idées communistes et révolutionnaires. Ce sont des ouvriers, des employés, des manutentionnaires, des techniciens, des caissières, des agents d’entretien, des hospitaliers et des enseignants. Ils partagent la vie et les difficultés des travailleurs. Ils sont engagés dans le combat contre la réforme des retraites et contre toutes les attaques dont les travailleurs font l’objet.

Ils ne disent pas : « Votez pour nous et les choses changeront ». Il n’est pas possible, à l’échelle d’une commune, de changer réellement la vie des travailleurs. Le pouvoir appartient aux capitalistes et à l’État. Les communes populaires, en particulier, sont prises en étau entre les besoins criants et le manque de moyens pour y faire face. En revanche, une commune dirigée par des révolutionnaires pourrait être un point d’appui pour organiser, avec les travailleurs, leurs combats : contre des licenciements, pour soutenir des grèves, contre les expulsions locatives ou encore pour la réquisition de logements vides. Une telle municipalité mettrait ses moyens matériels à la disposition de ceux qui luttent. Elle chercherait à instaurer localement une démocratie ouvrière, en associant à ses décisions les travailleurs, leurs syndicats et leurs associations.

Et même en minorité dans un conseil municipal, des élus de Lutte ouvrière pourraient être les yeux et les oreilles des classes populaires. Ils se feraient les porte-parole de leurs intérêts contre ceux des riches. Ils dénonceraient les promoteurs immobiliers et les capitalistes qui vivent aux crochets de la collectivité, et les notables qui les arrosent.

Alors, le 15 mars prochain, en votant pour les listes de Lutte ouvrière, les travailleurs conscients de leurs intérêts pourront se faire entendre. Avant comme après cette échéance, il faudra poursuivre la lutte, car l’offensive de Macron et Philippe, ces pantins qui gouvernent au profit du grand capital, ne s’arrêtera pas avec les municipales. »

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Culture

«Les humains» de Voyou

Une histoire parlant d’amour simplement, mais de manière très profonde. Une production soignée et complexe, mais avec une approche résolument pop. Cela donne un morceau de grande qualité et ça s’appelle « Les humains », par l’artiste Voyou.

La réalisation du clip par l’artiste Norma (qui assure les cœurs) est également à souligner, car il y a là un style, une véritable identité artistique correspondant à la fois à l’univers de Voyou, mais aussi au titre lui-même. On n’est pas dans l’illustration sans âme destinée à simplement faire des vues sur YouTube.

D’ailleurs, les vues YouTube ne sont pas vraiment au rendez-vous pour un artiste de ce talent. À peine 25 000 vues dans la soirée de samedi pour un clip sorti mercredi, c’est malheureusement très faible. Cela en dit long sur le niveau culturel de la France et notamment de la jeunesse… qui pourtant passe son temps sur YouTube.

Ce n’est pas comme si Voyou n’était pas connu. Ses morceaux sont régulièrement dans les playlists Deezer ou Spotify. Même France Inter, la radio la plus écoutée en France selon Mediametrie, l’a joué et même invité en live.

Qui plus est, le clip « Les humains » est relayé sur tout un tas de sites, dont ceux des Inrockuptibles et de Radio Nova, deux médias appartement dorénavant au même groupe et censés représenter l’avant-garde culturelle version grand-public en France. Ces médias n’ont-ils plus de surface ?

C’est probable, car le public aujourd’hui ne fait que consommer, de manière passive, et il n’y a de la place que pour le pré-mâché, les grosses productions, pas à des œuvres aussi sensibles que celle de Voyou.

Bien sûr, le morceau aura un peu d’audience quand il sera dans les grandes playlists ou sur certaines radios. Il sera entendu, mais pas vraiment écouté. Il sera apprécié, mais en surface, et pas à sa juste valeur.

Dans un pays aussi développé culturellement que la France, le public devrait pourtant être à l’affût du dernier clip d’un artiste contemporain comme Voyou, capable dans son album Les bruits de la ville sorti il y a pile un an, de proposer un morceau aussi touchant que « Il neige ».

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Politique

Le député PCF André Chassaigne dans la revue américaine Jacobin

Interviewé par la principale revue de la Gauche américaine, Jacobin, André Chassaigne  du PCF prône le suivisme par rapport aux syndicalistes et aux gilets jaunes. C’est là assumer de nier la primauté de la Politique.

La revue Jacobin est très bien faite, très bien écrite, avec une mise en page aérée, bref c’est une revue de très haute qualité. Elle est américaine, elle est de gauche, donc c’est plutôt sympathique. Le souci c’est que c’est de la Gauche américaine, donc c’est simplement « progressiste », coupé du mouvement ouvrier, et sans les expériences importantes comme on en a fait en Europe. Mais c’est une Gauche qui fait l’effort de se tourner vers le monde ouvrier, ce qui est déjà totalement différent d’en France.

Toutes les limites de la démarche se reflètent à la lecture d’une interview d’André Chassaigne, député du PCF depuis 2002 (traduite en français ici). En effet, cela n’a aucun sens de demander quelque chose au sujet de la lutte contre la réforme des retraites à quelqu’un relevant de la Gauche politique. Car la Gauche politique n’a pas été présente dans cette lutte. Bien entendu, il y a des gens de gauche qui se sont mobilisés. Mais sur le plan de l’initiative, des idées, de la culture, des mentalités, il n’y aucune dimension politique. C’est une lutte syndicaliste de bout en bout.

Jacobin le sait d’ailleurs et explique son intérêt par la défense du « modèle social français ». Et, naturellement, le député André Chassaigne est ravi de pouvoir répandre ce qui est son propre discours également, consistant précisément en un « système social français » qui serait né en 1945 et qu’il faudrait défendre contre le libéralisme. Sauf que ce faisant, il oublie que c’est le capitalisme lui-même qui a développé l’État-providence, notamment par l’intermédiaire d’une social-démocratie abandonnant toute référence au Socialisme.

Le « modèle social français » est tout autant suédois, autrichien que belge. Parce que cela a été une tendance irrépressible du capitalisme lui-même. Ayant suffisamment grandi, devant de toutes façons lâcher du lest en 1945, il a littéralement intégré la classe ouvrière dans le capitalisme par la consommation de masse et l’institutionnalisation des syndicats. Résumer cela à des « acquis » conquis de haute lutte, alors que le capitalisme était ravi, c’est ne pas voir les faits en face.

D’ailleurs, le capitalisme n’entend nullement supprimer l’État-providence, ce qu’il cherche, c’est à le réorganiser, le pressuriser, le pousser dans tel ou tel sens. Mais tout comme la gratuité de l’école ou pratiquement des études en général en France, il ne va pas démonter des structures totalement en sa faveur, tant sur le plan de l’organisation des gens que des idées inculquées. Le discours misérabiliste prétendant que les gens sont, dans un État capitaliste très puissant, au bord de la misère, est totalement mensonger.

Que révèle précisément ce misérabilisme ? Qu’on est dans la fiction, et André Chassaigne est tout content de pouvoir la vendre à la revue américaine Jacobin, qui ne peut pas deviner qu’il raconte n’importe quoi, comme lorsqu’il dit au sujet des gilets jaunes :

« Il faut le dire, les syndicalistes ont initialement vu le mouvement avec un certain degré de suspicion. Ils ont vu des gens dans la rue alors qu’ils ne manifestaient jamais et se sont dit « mais nous avons déjà manifesté pour ça. »

André Chassaigne ment-il sciemment, ou est-ce de la mauvaise foi ? Car évidemment les syndicalistes ne se sont jamais dit cela, tout simplement parce qu’ils n’ont jamais manifesté contre l’augmentation du prix de l’essence. La vérité est que les syndicalistes n’ont pas réagi en syndicalistes, mais en gens de la Gauche politique dont ils relèvent aussi souvent, et qu’ils ont immédiatement compris que les gilets jaunes était un mouvement plébéien, relevant de ce qu’on appelle le Fascisme.

Et, par incapacité à assumer la Gauche, une partie des syndicalistes a finalement convergé vers ce mouvement rétrograde, ultra-populiste, hostile à la classe ouvrière dans sa nature même, ce que les ouvriers ont très bien compris en n’y participant à aucun moment.

Parler alors comme le fait André Chassaigne d’un rapprochement entre le « mouvement social » et les gilets jaunes, c’est très précisément refuser d’assumer la lutte des classes – lutte des classes n’ayant rien à voir ni avec le mouvement syndicaliste contre la grève des retraites, ni avec les gilets jaunes. D’où justement le suicide anti-politique proposé par André Chassaigne :

« [Question:] Qu’est-ce que votre groupe a prévu de faire à l’Assemblée nationale ces prochaines semaines ?

Nos centres d’activités politiques est d’agir en tant que porte-parole du mouvement social. Au parlement, nous passons en revue les demandes du mouvement social et disons la vérité sur l’ampleur du mouvement — toujours très fort, même si certaines personnes nous font croire le contraire. Dans tout ce que nous disons, nous respectons pleinement les choix pris par le mouvement social. C’est aux syndicats et aux travailleurs de décider dans quelles luttes ils s’engagent et comment ils s’y engagent.

Notre travail implique aussi de collaborer avec d’autres organisations progressistes pour trouver des propositions pour améliorer le système actuel, comme je viens juste de le décrire. Nous devons être bien plus qu’une simple opposition. »

Améliorons le système, mais ne le critiquons pas. Soyons simplement à la remorque des syndicats. C’est là fort bien résumé la position de la Gauche en France, à part peut-être du Parti socialiste initialement, ainsi que de Lutte Ouvrière ou des Maoïstes, de par leur méfiance, voire leur hostilité aux syndicats. Mais il n’est guère compliqué de deviner que jamais la Gauche n’avancera ainsi et que d’ailleurs elle n’a jamais procédé ainsi. Historiquement, la Gauche politique a toujours primé sur le syndicalisme.

En quoi les syndicalistes ou les gilets jaunes défendraient-ils d’ailleurs le « modèle social français », alors que c’est le cadet de leurs soucis ? Il suffit de lire leurs revendications, qui combinent revendications économiques d’une part, dénonciation plébéienne d’Emmanuel Macron de l’autre. Ni les uns ni les autres ne raisonnent en termes politique, ni ne raisonnent tout court d’ailleurs. Et il faudrait pourtant les suivre ?

Jamais la Gauche ne s’en sortira en agissant ainsi. Il faut des idées, il faut de la culture. Les syndicalistes et les gilets jaunes ne veulent ni les idées, ni la culture. Ils sont donc à mettre de côté et n’ont qu’un seul droit, celui de s’incliner devant la Gauche politique. C’est aussi simple que cela.

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Politique

Benjamin Griveaux ou la décadence du personnel bourgeois

La bourgeoisie est une classe sociale décadente, qui ne produit plus que des ratés. Benjamin Griveaux en est un parfait exemple. Alors que la ville de Paris est macroniste dans sa majorité et lui était acquise, il n’a pas pu s’empêcher d’appliquer le libéralisme libertaire sans aucune retenue. Or, il faut au moins encore faire semblant d’être civilisé.

Paris est une ville bourgeoise et la bourgeoisie bohème l’a emporté culturellement. Même l’Ouest parisien, traditionnellement catholique et conservateur, apprécie désormais l’art contemporain, le relativisme général, un libéralisme assumé à tous les niveaux. Le processus est cependant ici en cours et il fallait, pour le candidat de La République en marche, au moins encore faire semblant de savoir se tenir.

C’est pour cela que Cédric Villani a été mise de côté et que le côté écologiste n’a pas été assumé, alors que c’était prévu. Il faut pour le macronisme assumer la transition de la bourgeoisie de l’Ouest parisien. Or, avec l’affaire de messages et de vidéos à caractère sexuel, Benjamin Griveaux est venu littéralement dynamiter tout cela. Il est donc passé à la trappe.

Cela, c’est pour le côté vie politique. Mais ce qui est plus intéressant, c’est le côté historique. Car Benjamin Griveaux est un cadre de la politique. Il a fait Sciences Po et HEC. Il a été brièvement Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances en 2017, puis un an et demi Secrétaire d’État auprès du Premier ministre et porte-parole du gouvernement.

Il a été également directeur de la communication et des affaires publiques d’Unibail-Rodamco, la plus grande entreprise d’immobilier commercial au monde, gagnant dans les 17 000 euros par mois. C’est l’un des tous premiers activistes de La République en marche. C’est pourquoi il a été récompensé en étant le candidat nommé pour les élections municipales de 2020.

Toutefois, malgré tout cela, malgré enfin une possibilité de gigantesque succès politique, Benjamin Griveaux n’a pas su se tenir. Il a eu des comportements propres à toute une bourgeoisie urbaine, c’est-à-dire de la drague plus ou moins intelligente, à l’extérieur du couple, allant parfois jusqu’à des discours plus ou moins lourd (« je vais me toucher » au lieu de « je vais me coucher »), voire ouvertement sexuels, avec des vidéos.

Du moins, c’est qu’a prétendu le site « pornopolitique.com » du russe Piotr Pavlenski avec des photos et des vidéos, valant à Benjamin Griveaux de démissionner dans la foulée. Naturellement, Piotr Pavlenski n’a pas fait cela tout seul et toute sa démarche a été savamment calculée. Tout un site bidon a été créé pour faire croire qu’allait être dénoncée l’hypocrisie morale de certains hommes politiques, au moyen de révélations nombreuses, mais en réalité c’était surtout une opération visant à dégommer Benjamin Griveaux. Piotr Pavlenski a d’ailleurs eu comme avocat servant de conseiller pour cette histoire a été Juan Branco, une figure médiatique de la gauche populiste actuelle.

On est là dans les bas-fonds à tous les niveaux, dans la magouille, le contournement de tout débat démocratique. C’est le monde des coups fourrés, des mœurs décadentes de part et d’autres, des manipulations à prétentions machiavéliques. C’est la bourgeoisie décadente, tant de la part de Benjamin Griveaux que de Piotr Pavlenski, un « artiste » russe postmoderne qui est l’exemple même de la stupidité prétentieuse propre à l’art contemporain.

C’est propre à l’ambiance fin de siècle de notre époque, c’est propre à l’effondrement de toute une classe dominante, qui est pétrifiée dans sa domination et ne porte plus rien de civilisé – au point de ne pas savoir faire ne serait-ce que semblant. La suite on la connaît : soit le peuple balaie ces gens et prend le pouvoir… Soit l’extrême-Droite vient « régénérer » la classe dirigeante, en paralysant les gens par le nationalisme et en les mobilisant pour la guerre.

Et la bataille est difficile, car la putréfaction de la classe dominante contamine la société toute entière.

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Société

Piotr Pavlenski, le héraut de la postmodernité

Pseudo opposant russe et vraie figure de l’art contemporain, Piotr Pavlenski a joué, dans l’affaire Benjamin Griveaux, un rôle motivé par l’idéologie postmoderne. Pour lui, puisque La République En Marche assume le libéralisme libertaire, il faudrait aller au bout. En cela, il est simplement en avance.

Piotr Pavlenski est un hurluberlu libéral libertaire qui, par définition, est l’ennemi juré de la Gauche historique. Pour lui, la morale n’existe pas, les normes sont à rejeter par définition. Ses propos au quotidien Libération, où il explique son action contre Benjamin Griveaux, sont à vomir :

« C’est quelqu’un qui s’appuie en permanence sur les valeurs familiales, qui dit qu’il veut être le maire des familles et cite toujours en exemple sa femme et ses enfants. Mais il fait tout le contraire.

Ça ne me dérange pas que les gens aient la sexualité qu’ils veulent, ils peuvent même baiser des animaux, pas de problème, mais ils doivent être honnêtes. Mais lui veut être le chef de la ville et il ment aux électeurs. Je vis désormais en France, je suis parisien, c’est important pour moi. »

Après avoir échoué à diffuser son idéologie libérale-libertaire en Russie – un pays pour le coup prisonnier de son frère jumeau, le nationalisme traditionaliste – Piotr Pavlenski tente donc de jouer le coup à fond en France.

On parle d’une personne qui en Russie s’est cousu la bouche, cloué la peau de ses testicules sur la place Rouge, enroulé nu dans du fil barbelé devant l’Assemblée législative de Saint-Pétersbourg, s’est coupé un bout d’oreille devant un institut psychiatrique à Moscou, a mis le feu aux portes du siège du FSB (la sécurité intérieure russe).

Installé en France, il a mis le feu, en 2017, à l’entrée d’un bâtiment de la Banque de France à Paris. Le tout au nom bien entendu d’une sorte de pseudo révolte existentialiste de type libéral libertaire, qu’on retrouve dans son site « pornopolitique.com » qui a immédiatement fermé une fois l’affaire Benjamin Griveaux lancée.

Voici la présentation du site :

« pornopolitique est la première ressource pornographique avec la participation de fonctionnaires et représentants politiques créée par Piotr Pavlenski en 2020.

Notre rédaction invite tous ceux qui ont une histoire, une correspondance, des photographies ou vidéos dans lesquelles des fonctionnaires et représentants politiques interviennent en tant qu’acteurs et créateurs de contenu à caractère sexuel ou pornographique à nous contacter pour publication sur pornopolitique.

Vous pouvez envoyer vos contributions à: x@x

Seuls les fonctionnaires et représentants politiques qui mentent à leurs électeurs en imposant le puritanisme à la société, alors qu’ils le méprisent eux-mêmes, intéressent pornopolitique.

Ainsi le contenu pornographique diffusé n’est-il pas lié à la personnalité ni aux opinions politiques des fonctionnaires et représentants politiques mais à leur hypocrisie, devenue le fondement habituel du carriérisme politique et la cause de l’obscurantisme monstrueux dans lequel notre société s’est enlisée.

La confiance de nos sources est la première de nos deux priorités inconditionnelles. Par conséquent, l’identité de chaque contributeur restera anonyme s’il ne souhaite pas rendre son nom public.

La deuxième, mais non la moindre, de nos priorités inconditionnelles est la confiance que nos lecteurs nous accordent. Par conséquent, la ressource contient une rubrique « Doutes », dans laquelle nous publions tous les documents dont notre rédaction doute de la source et de la fiabilité. En cas de confirmation de sa fiabilité, le matériel est extrait de cette rubrique pour prendre dignement sa place parmi le contenu pornographique vérifié.

Ces deux priorités inconditionnelles forment le socle de notre réputation.

Nous comptons sur le soutien financier de nos lecteurs. Dons, crowdfunding ou toute autre forme de soutien sont les bienvenus. Nous excluons fondamentalement tout financement public afin de ne pas être soupçonné de partialité quant au contenu publié.

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Citoyens de France et d’autres pays ! Correspondez ! Faites, inspirez le porno !

Politiciens, fonctionnaires, représentants politiques – ils sont parmi nous, et ils sont nombreux !

Aujourd’hui, chacun de nous peut être auteur et réalisateur.

Bien ou mal, seul le temps sera juge. N’ayez peur de rien.

C’est notre seul moyen de sortir des marécages du puritanisme et de l’hypocrisie ! »

On reconnaît là les principes du « happening » postmoderne, censé être à la fois artistique et libérateur, alors qu’en réalité c’est du subjectivisme pur et simple, un egotrip de faux artiste prétendant « remuer » les choses.

Qui plus est, ce discours n’a été qu’un prétexte pour amener la chute de Benjamin Griveaux. Piotr Pavlenski est ainsi l’exemple même du crétin anti-démocratique, de l’idiot postmoderne au service de l’effondrement des valeurs – ce qui accélère la montée en puissance du Fascisme comme force de « régénération ».

> Lire également : Benjamin Griveaux ou la décadence du personnel bourgeois

Entre les nationalistes et les postmodernes, la démocratie et le peuple sont pris en étau. La Gauche doit briser cet étau, développer la démocratie du peuple, pour ne pas que la civilisation même soit broyée par le libéralisme post-moderne et le traditionalisme réactionnaire !

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Société

Affaire Elisa Pilarski: trois mois après, un silence outrageant

L’État a tout fait pour que la mort d’Elisa Pilarski sorte de l’attention de l’opinion publique. On n’a toujours pas les résultats des tests ADN, alors que quelques jours suffisent normalement. Même le responsable de la gendarmerie de l’Aisne, présent à la chasse à courre le jour du décès, a été discrètement mis de côté… Tout cela fait beaucoup… Beaucoup trop.

Il faut normalement quelques jours seulement pour obtenir des résultats des tests d’ADN. Et pourtant, on ne sait encore strictement rien des tests ADN des cinq chiens d’Elisa Pilarski et des 62 chiens de la chasse à courre. Va-t-on croire que les tests n’ont pas encore été effectués ? Que personne n’a de résultats ? C’est douteux.

Même la juge d’instruction n’aurait pas les résultats, officiellement. Alors elle meuble, elle remplit une fonction symbolique. Elle vient d’aller sur les lieux ce mercredi 12 février 2020 – la forêt de Retz – en présence du compagnon d’Elisa Pilarski et du propriétaire des chiens du rallye la Passion menant une chasse à courre le même jour. Ce dernier a été écouté cinq heures. Pour apprendre quoi ? Tout ce qu’elle savait déjà, ou tout ce qu’elle devait déjà savoir.

A-t-on ici une enquête bâclée ou au contraire suivie de très près, avec comme but d’endormir ? En tout cas, le choix de la date est assez infâme, car Elisa Pilarski était enceinte et son fils devait justement naître le 15 février. Il n’y a ici ni esprit, ni cœur. Et même pas grand-chose.

Tellement pas grand-chose que les petites choses en disent long. Ainsi, le lieutenant-colonel de gendarmerie, responsable des gendarmes de l’Aisne, est en train d’abandonner sa fonction. Il avait suivi, en présence de sa femme et de ses quatre enfants, la chasse à courre le jour de la mort d’Elisa Pilarski.

Sauf qu’en fait, il y a quelque chose de troublant. La presse avait annoncé ce départ, disant qu’il quittait l’armée, qu’il passait à autre chose. En réalité, c’est clairement une mise au placard et la volonté de départ est liée à cela.

L’essor de la Gendarmerie nationale le dit même ouvertement. Il s’agit littéralement du journal des gendarmes. L’article s’intitule « Comment l’affaire Pilarski a emporté l’officier Jean-Charles Métras » et on y lit :

« Le patron des gendarmes de l’Aisne, le lieutenant-colonel Jean-Charles Métras, va rejoindre ce lundi 17 février sa nouvelle affectation. Il devient chargé de projet au commandement de la gendarmerie d’outre-mer (CGOM). L’officier supérieur était en difficulté depuis le début de l’affaire Pilarski (…).

Pour la direction générale, la mutation de Jean-Charles Métras loin de l’Aisne doit permettre de “protéger l’officier et de ramener de la sérénité dans la conduite du groupement”. Il était en effet compliqué de maintenir le commandant sur place.

La raison? “Le battage médiatique autour de cette affaire”, précise-t-on au fort d’Issy-les-Moulineaux, le siège de la direction générale. L’histoire dramatique a été en effet abondamment couverte par la presse et commentée sur les réseaux sociaux. La page Facebook lancée par le compagnon d’Elisa Pilarksi est ainsi suivie par près de 45.000 internautes.

Pour autant, précisent les gendarmes, le départ de Jean-Charles Métras de l’Aisne “n’est pas du tout une sanction disciplinaire”.

Le changement de poste du lieutenant-colonel ressemble pourtant bien à une mutation sanction. Certes, son départ était déjà prévu pour cet été. Mais l’officier quitte un groupement à forte activité. Et les contours flous de son nouveau poste lui donnent bien des airs de placard. »

Et le journal d’expliquer que le lieutenant-colonel propose sur Linkedin son parcours au service du secteur privé, ce qui d’ailleurs avait été annoncé par la presse il y a quelques temps. Sauf qu’il était parlé de départ volontaire hors de l’armée. Il n’avait été pas parlé de mutation par la direction de la gendarmerie et parallèlement de volonté de quitter l’armée…

C’est un signe de nervosité. La gendarmerie n’aurait pas réalisé cela aussi rapidement, aussi secrètement, s’il n’y avait pas un problème. Et qu’on ne dise pas que la présence à la chasse à courre poserait en général un problème de déontologie. Il y a des accords entre chasseurs et gendarmes, et de toutes façons les gendarmes ne sont pas les policiers. Si les policiers ont une partie significative qui est républicaine, voire même démocratique, les gendarmes c’est l’armée et une culture hyper-réactionnaire.

La vérité est que la gendarmerie a le réflexe de l’armée : elle veut évitée d’être salie. Et cela, associée à l’absence de résultats des tests d’ADN, ne peut qu’inquiéter. L’objectif est de faire passer toute l’affaire aux oubliettes, lentement, mais sûrement.

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Politique

Les élections municipales en Alsace et la Gauche

En Alsace, tout reste à faire pour la Gauche. Réputée « terre de Droite », l’Alsace est surtout remarquable par la passivité des ouvriers et des forces populaires, de plus en plus subjugués par le nationalisme du Rassemblement national. Ceci dit, ici comme dans le reste de notre pays, la situation est en réalité identique. Elle prend certes un tour particulier en Alsace du fait de l’Histoire de cette région où la Gauche a subi de lourds reculs. Mais là aussi s’affirment des besoins, une nécessité forte, auxquels il est du devoir de notre camp de répondre.

C’est une certitude jamais franchement expliquées par les médias lorsqu’ils parlent de l’Alsace comme étant une « terre de droite ». Reconnaissons le fait que l’Alsace constitue dans notre pays un bastion de la Droite, dans sa version libérale comme dans sa version réactionnaire comme un constat incontournable.

Bien entendu, il faut voir aussi l’abstention massive, notamment lors des élections municipales justement (entre 55 % et 65 % ces dernières années). Mais encore faudrait-il dire que bien souvent, et notamment pour les élections municipales, cette abstention n’est qu’un autre reflet de la popularité du RN malheureusement. Elle est forte dans les communes qui votent massivement pour l’extrême-Droite mais où le RN n’est justement pas en mesure de proposer des listes municipales. Mais tout cela n’est pas une fatalité, ou une sorte d’état irrationnel relevant d’une essence « identitaire » de l’Alsace.

Il faut se souvenir d’abord qu’à l’époque du Reichland (1871-1919), quand la région était une part de l’Empire allemand annexée suite à la défaite française de 1871, l’Alsace a été particulièrement marquée par le ddéveloppement de la social-démocratie allemande de cette époque. La confessionalisation du vote entre protestants et catholiques si forte sous le Second Empire français (1852-1871) y a été dépassée dès les années 1880. Dans un contexte d’urbanisation et d’industrialisation rapide, le SPD (parti social-démocrate d’Allemagne) y est devenu le principal parti politique avec des scores dépassant systématiquement les 25 % des suffrages. La ville de Strasbourg a ainsi été représentée au Reichtag par une figure de la Gauche sociale-démocrate allemande aussi importante qu’August Bebel (député de Strasbourg entre 1893 et 1898).

La défaite de l’Allemagne, le sort des 380 000 soldats alsaciens combattants et l’annexion à la France signent l’effondrement de la social-démocratie en Alsace. La défaite de l’éphémère Conseil des Ouvriers et des Soldats de Strasbourg en novembre 1918 voit la prise de pouvoir des libéraux, appuyés par les nationalistes français, rejetant dans l’abstention et la morosité le mouvement ouvrier et les classes populaires.

Le PCF ne s’est paradoxalement que mal développé dans la région, littéralement écrasée alors par l’élan patriotique. L’Alsace, malgré tout de même l’élection d’un député communiste dans la circonscription de Sélestat lors du Front Populaire de 1936, reste massivement sur une ligne de Droite, libérale-nationale, affirmant le régionalisme dans le cadre de la France. Parallèlement, tous les groupes d’extrême-Droite ont trouvé une audience forte dans la région : en 1936, le PSF du général de La Roque compte ainsi près de 20 000 adhérents en Alsace. Toutes ces caractéristiques se prolongent encore comme les grandes lignes qui structurent le panorama politique de l’Alsace d’aujourd’hui.

Enfin, la période cruciale de l’annexion nazie en 1940-1945 se conclue par une nouvelle vague de nationalisme français, portée cette fois par le Gaullisme. Celui-ci va appuyer à la fois la question des « Malgré Nous » pour contourner celle de la nazification en Alsace et la question du traitement des prisonniers alsaciens sous uniforme allemand par l’Union Soviétique, avec toute la dénonciation du camp de Tambov comme symbole, pour appuyer localement l’anticommunisme.

Les Gaullistes appuient ainsi dans la région leur hégémonie culturelle sur un réseau d’élus locaux qui verrouillent fortement toute expression politique concurrente, notamment face à l’extrême-Droite. Cette hégémonie n’est seulement contestée que par des forces libérales, voire sociale-libérales, sous diverses étiquettes des partis centristes de type UDI/Modem et aujourd’hui LREM. Mais ces partis ne sont forts que là où l’urbanisation a permis de générer des classes moyennes relativement éduquées, ouvertes au cosmopolitisme, au relativisme postmoderne et fortement marquées par le protestantisme ou par leur passage dans les écoles confessionnelles du genre du Gymnase Jean Sturm, bastion culturel de cette petite-bourgeoisie libérale et fascinée par le mythe du « capitalisme rhénan » et ses prétendus valeurs « humanistes » et aujourd’hui « écologistes ».

C’est cette conformité culturelle qui donne aux prétentions de la petite-bourgeoisie entreprenante régionale une certaine, mais fausse, diversité. Prenons le cas de Strasbourg. On voit ainsi se présenter aux élections municipales Alain Fontanel, une figure du PS local, fortement « radical-socialiste » sur la ligne portée par François Hollande. Cette personne est passé aujourd’hui à LREM, et il est donné favori pour ces élections.

Face à lui, le PS local pour sauver la face ne peut plus qu’aligner qu’une figure dépassée comme Catherine Trautmann, qui dit d’ailleurs presque la même chose. Même flou, même ligne pour l’autre liste, issue de la même majorité précédente elle aussi et de la même matrice culturelle, autour de la candidate EELV Jeanne Barseghian, soutenue par le PCF et quelques organisations locales de gauche. Cela dans une ambiance de pur opportunisme et de calcul électoraliste sans envergure, sans réel travail sur le terrain. La liste de Jeanne Barseghian entend opposer à LREM un programme d’écologie « sociale », marquée par des positions post-modernes, donc forcément anti-populaires, qui ne risque pas de se démarquer de manière significative de celui de ses opposants. C’est sans doute d’ailleurs la raison pour laquelle cette dernière laisse le PCF développer son thème de la « gratuité » des transports, sans produire bien sûr aucun engagement ni même aucune campagne populaire dans ce sens.

Le panorama est tout aussi déplorable à Mulhouse, malgré une apparente mais fragile affirmation d’union de la Gauche, autour de la liste Cause Commune et avec un candidat de Lutte Ouvrière, un peu moins faible ici qu’ailleurs, Julien Wostyn.

Ce que l’on voit donc surtout, c’est l’étau qui traverse notre pays, entre un libéralisme post-moderne forcément diversifié et un nationalisme de plus en plus affirmé, qui trouve en Alsace un écho plus fort encore qu’ailleurs en France. La conquête par le FN/RN des classes populaires y a ainsi commencé plus tôt, dès la fin des années 1980 et avec plus de force malheureusement. L’Alsace constitue en effet un terrain propice à l’offensive néo-gaulliste du RN : autant les thèmes sociaux-nationalistes y trouvent un écho, notamment dans les banlieues et les villes ouvrières, que les thèmes identitaires anti-mondialisation dans les campagnes rurales, notamment celles organisées autour de l’élevage dans le nord et le sud de la région.

Il faudra donc ici accorder une attention significative à la capacité du RN a s’imposer à la Droite dans le cadre de ses élections, les seules où jusqu’à présent les scores du FN/RN décrochaient en raison de la faible implantation territoriale de ce parti en Alsace, en dépit de ses scores élevés par ailleurs : en 2014, le FN/RN n’avait ainsi pu constituer que 11 listes pour un total de 904 Communes en Alsace. Ce parti ne semble pas en mesure de faire beaucoup mieux cette fois-ci encore, mais il compte néanmoins développer sa présence, y compris par des alliances ou de l’entrisme, au moins par consolider ou développer sa base électorale, dangereusement large.

Il y aurait pourtant beaucoup à dire pour la Gauche en Alsace dans le cadre de ces élections municipales par exemple sur la question de l’agriculture, l’utilisation massive des pesticides dans les zones viticoles, la question des déchets industriels et nucléaires notamment, la question des animaux avec l’ignoble laboratoire de test de Hausbergen et le soutien à la production de foie gras. Il y aussi la question bien sûr de la pollution de l’air, notamment dans la ville de Strasbourg, où le taux des AVC des moins de 30 ans a littéralement explosé ces 20 dernières années. La question aussi des soutiens municipaux aux bastions scolaires de la bourgeoisie, comme notamment à l’emblématique Gymnase Jean Sturm à Strasbourg, ou à l’Institution Saint Jean à Colmar ou encore à l’école Jeanne d’Arc à Mulhouse. Tout cela permettrait d’affirmer autant de lignes rouges face aux libéraux post-modernes de tout bord comme face à la démagogie des nationalistes.

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Pour l’interdiction des élevages de visons en France

Combien y a-t-il d’élevages de visons en France ? On ne le sait pas exactement, sans doute neuf. Combien de visons meurent-ils après une vie atroce, dans de minuscules cages ? On ne le sait pas précisément, mais autour de 150 000 par an. L’opacité de ces élevages correspond bien à l’esprit criminel qui en est sous-jacent.

Il existe vraisemblablement neuf élevages de visons en France. L’association One Voice sait qu’il existe au moins ceux de Spincourt (Meuse), Montarlot-lès-Rioz (Haute-Saône), La Chapelle-d’Andaine (Orne) et Champrond-en-Gâtine (Eure-et-Loir). Il y a diverses estimations, mais le nombre de visons concernés tourne autour de 150 000 par an.

C’est un chiffre énorme, traumatisant, un vrai cauchemar. Un cauchemar industriel, puisqu’une fourrure demande la mort de cinquante visons, que pour un kilo de cette horreur qu’est la fourrure, il faut fournir à dix animaux mille litres d’eau, plus de 500 kilos de nourriture. On est ici dans ce qu’on doit appeler un crime organisé.

D’ailleurs, signe de la nature de l’entreprise menée, cette industrie s’évertue à passer sous les radars, masquant ses activités, tant vis-à-vis du grand public que des associations et des médias en général, diffusant des discours faussement rassurants, tel Vison France, qui regroupes les élevages français (en dépendant sans doute sous le label « opera » d’un monopole américain ou scandinave à l’arrière-plan) :

« Les animaux sont logés dans des cages ou des parcours offrant un espace suffisant pour se mouvoir et se détendre. Il y est adjoint un refuge pour se reposer, qui les met à l’abri des intempéries, des extrêmes de température et des évènements extérieurs ; les animaux disposent d’un coin à déjections permettant leur évacuation continue. »

Il faut être aliéné par le capitalisme au plus haut point pour croire cela. Ce à quoi on a droit ici, c’est l’enfer. Et qui veut l’enfer ? Personne, à part de riches personnes, ayant basculé dans le cynisme de la consommation du luxe. L’écrasante majorité des gens est pour l’interdiction de ces élevages. Pourquoi existent-ils alors encore ?

Ils existent parce qu’il n’y a pas de pression démocratique suffisante, que l’indifférence prédomine, que le capitalisme fait ce qu’il fait tant qu’on lui met pas des freins, qu’on le repousse, qu’on le brise. Car que doit-on demander, la nationalisation de tels élevages ? Un agrandissement des cages ? Un meilleur traitement des animaux ? Cela serait à la fois immoral, et puis trompeur, car le capitalisme c’est la compétition, la concurrence, et donc aucune réforme réelle ne peut avoir lieu.

Qui veut de toutes façons que de tels élevages existent ? Seule la passivité anti-démocratique des gens maintient ces lieux infernaux, dont l’interdiction est une exigence morale. Élever le niveau démocratique populaire est une exigence en générale, et quoi de plus concret que de refuser la torture, la mort, le goût du meurtre, l’industrialisation de la violence ?

L’opposition aux élevages de vison est une exigence et ses diverses formes sont par essence respectables, car elles portent l’exigence du respect, de l’harmonie, de la justice !

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Écologie

Le libéralisme d’Emmanuel Macron ne peut rien contre la pollution de la vallée de l’Arve au pied du Mont-Blanc

Emmanuel Macron est en visite autour du Mont-Blanc pour parler d’écologie et annoncer des mesures, alors que le « Conseil de défense écologique » s’est réuni pour la quatrième fois de son mandat hier. Cependant, concrètement, le président se montre incapable d’apporter une réponse immédiate et efficace à la terrible pollution de la vallée de l’Arve, au pied du Mont-Blanc. La raison ? Son libéralisme économique, mais aussi culturel.

Le choix fait par Emmanuel Macron de se rendre dans la région du Mont-Blanc pour parler d’écologie est tout à fait pertinent. Il y a condensé là-bas de nombreux effets de la catastrophe écologique en cours. Il a donné une longue interview dans la presse locale, en l’occurrence dans le Dauphiné, qui s’intéresse beaucoup à sa visite de la Mer de Glace, marqueur hautement symbolique du réchauffement climatique.

Forcément, une question concrète à propos de la pollution de la vallée de l’Arve était inévitable dans l’interview. Il faut rappeler que cette vallée, constituée de quelques communes très peuplées et industrielles au pied du Mont-Blanc, est l’un des endroits les plus pollués de France. Un dramatique pic de pollution persistant 36 jours avait marqué les esprits pendant l’hiver 2016/2017, et depuis rien n’a vraiment changé.

La question du Dauphiné à Emmanuel Macron est présentée comme étant celle d’un enfant et correspond tout à fait à la préoccupation des gens sur place :

« Que répondez-vous à Lilian, 6 ans, domicilié à Passy, qui vous demande : pourquoi je n’ai pas le droit de courir et pourquoi les camions ont le droit de rouler ? »

Voici la longue réponse que fait Emmanuel Macron, qui est très intéressante car tout à fait typique de sa façon d’aborder l’écologie :

« Je connais cette situation, je suis allé dans la vallée de l’Arve. C’est un sujet de santé publique, les enfants de Fourvière [à Lyon] vivent aussi cela. Il n’y a pas de solution miracle, il faut un changement profond. Les premiers résultats sont en train de payer, on est en train d’infléchir la courbe, ce qui n’a pas été fait depuis des années. Il a raison ce jeune garçon, sa question est pleine de bon sens et très forte.

Je ne peux pas interdire aux camions de passer, si je le fais, cela veut dire que je coupe la frontière, comme je ne peux pas couper le tunnel de Fourvière [à Lyon] le jour de retours de congés scolaires.

Il faut continuer la politique que nous avons commencé, le renouvellement du parc de camions et aussi la taxation des vieux camions qui polluent là où ils passent et en particulier dans la vallée.

La lutte contre les émissions par les transports, c’est une politique européenne pour laquelle je me bats. Si j’impose ce renouvellement seulement aux camions de la région, je les tue, car des camions viendront d’Espagne ou de Roumanie.

La question est comment on oblige tous les roulants en Europe à renouveler leur parc pour aller vers de nouvelles générations de camions beaucoup moins polluants.

Il faut aussi accélérer le renouvellement de tous les véhicules avec la prime à la conversion,  pour que les habitants du bassin de l’Arve puissent eux aussi en changer. Et enfin, cela passe aussi par le renouvellement des chaudières. C’est un ensemble et cela requiert une mobilisation de tous, de l’Etat et des collectivités territoriales.  Il faut continuer à agir en transparence avec les associations. »

Ce raisonnement d’Emmanuel Macron est celui du libéralisme, qui dit qu’il ne faut surtout pas perturber le capitalisme, seulement l’accompagner petit à petit. En l’occurrence, la circulation massive et rapide des marchandises, en flux tendu, est devenue indispensable pour les entreprises, y compris pour les PME. Emmanuel Macron explique donc à Lilian, 6 ans, que les camions sont intouchables et qu’ils doivent avoir le droit de rouler, tant pis si cela l’empêche de courir en raison de la pollution.

Il existe des solutions pourtant, comme le report par ferroutage (des camions sur des trains pour traverser la montagne). Cependant, cela est inacceptable pour le capitalisme, car cela requiert de la planification… ce dont il est incapable de part la nature de son fonctionnement : des entreprises séparées les unes des autres se faisant concurrence et devant en permanence chercher à réduire les coûts, notamment en faisant circuler les marchandises rapidement.

On a donc une contradiction énorme entre la population, incarnée ici par la question de Lilan, 6 ans, et l’économie capitaliste. La population demande tout simplement à ce que les camions ne roulent plus, pour ne pas polluer son air. Les personnes les plus averties sur le sujet connaissant même concrètement des solutions alternatives permettant aux marchandises d’éviter la vallée. Le capitalisme ne peut cependant pas accepter cela, comme l’explique Emmanuel Macron, en bon libéral.

Il faut noter également de manière très intéressante ici que le libéralisme économique va de pair avec le libéralisme culturel. C’est la même chose, la même idéologie, avec les mêmes conséquences pour la population.

En effet, il y a un autre aspect encore plus important que la circulation des camions en ce qui concerne la pollution de la vallée de l’Arve : c’est la pollution générée par le chauffage au bois. Les scientifiques connaissent très bien ce problème et expliquent que la part la plus importante de la pollution dans la vallée provient de la combustion de biomasse, surtout lors des pics de pollution.

Emmanuel Macron le sait très bien car c’est connu, et d’ailleurs il évoque le renouvellement des chaudières dans sa réponse. Seulement, il se garde bien d’en parler concrètement, alors que c’est au cœur du problème soulevé par la question qui lui est posée.

Le libéralisme culturel ici ne veut surtout pas s’affronter aux pratiques individuelles en prônant de réelles mesures contre les feux de cheminée.

On a donc des habitations sur les montagnes, dont beaucoup de chalets bourgeois occupés surtout pour les vacances d’hiver, qui polluent avec leurs cheminées, et des habitants de la vallée, dont beaucoup d’ouvriers, qui en subissent les conséquences dramatiques.

Un « plan » existe pour changer les équipements, mais c’est très faible, mal évalué… et pas forcément efficace puisque des systèmes de chauffage restant polluants font quand même partie du plan de renouvellement.

Il s’agirait pourtant d’interdire purement et simplement les feux de cheminée, et pas simplement en foyer ouvert, tellement l’effet des particules fines qu’ils émettent est dévastateur. Les particules fines des feux de cheminée sont bien plus nombreuses que celles des camions.

Si le chauffage au bois reste éventuellement incontournable dans un premier temps pour certains logements isolés, il ne peut être acceptable qu’avec les technologies les plus récentes permettant le meilleur rendement possible, comme des poêles à granule parfaitement réglés. La question qui se pose cependant est celle de la pertinence de l’habitat individuel et isolé.

Il est beaucoup plus facile et efficace de bien chauffer de l’habitat collectif. Il existe d’ailleurs dans la vallée de l’Arve un système performant via des canalisations d’eau chauffée. Cela est d’autant plus intéressant que dans la région, l’électricité alimentant la chaudière centralisée (chauffant plus de 3000 habitants) n’est pas le nucléaire, mais l’hydroélectricité.

Seul un puissant mouvement démocratique et populaire parviendra à prendre de telles mesures, pour lutter concrètement et immédiatement contre la pollution de la vallée de l’Arve, et de toute la planète. Ce mouvement devra faire face au libéralisme économique qui ne veut pas empêcher les camions de rouler, mais aussi au libéralisme culturel qui maintient le chauffage au bois.

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Politique

Municipales 2020: la Gauche coûte que coûte… à la condition de l’unité

Si la Gauche ne s’unit pas, elle laisse un boulevard à l’extrême-Droite. Il faut donc appuyer cette unité à Gauche à tout prix. Quels sont les critères à avoir pour savoir s’orienter ? Il y en a deux : l’affirmation de la Gauche et l’unité. L’enjeu national doit prévaloir sur l’enjeu local.

Pour les élections municipales de 2020, il n’y a pas le choix, il faut voter. Qui ne le fait pas laisse s’installer une vague réactionnaire. Qui ne le fait pas ne contribue pas à l’unité de la Gauche dont on a impérativement besoin face à l’extrême-Droite.

Il y a donc deux critères qui apparaissent d’eux-mêmes : l’unité, la Gauche. Et il faut que cela soit assumé, ce qui n’est pas gagné aux municipales. Car les municipales, c’est historiquement la grande machine à corrompre. Le goût du pouvoir, les capacités financières, les magouilles avec les entreprises locales, le placement de proches, l’utilisation des moyens municipaux… la Gauche s’est historiquement faite broyée là-dessus. On peut interpréter l’histoire du PCF comme on le voudra, il n’en reste pas moins que son histoire s’est enlisée dans les gestions municipales plus ou moins opaques.

Déjà qu’il y a un problème à la base donc, il est d’autant plus essentiel que de ne pas voter pour des listes se présentant comme apolitiques. C’est très courant aux élections municipales et c’est une très mauvaise chose. Cela n’aide nullement à l’affirmation des valeurs de gauche. Cela renforce l’assèchement démocratique, ainsi que l’opportunisme. Et comme cet opportunisme est immense aux municipales…

Le pire exemple vient d’Anne Hidalgo. Ce n’est pas un secret qu’elle vise également la Présidentielle et que la ville de Paris est censée lui servir de tremplin. Elle s’évertue donc à se présenter comme une simple gestionnaire. Qui plus est, la capitale est remplie à moitié de « cadres et de professions intellectuelles supérieures » , elle devient de plus en plus un Disneyland pour touristes et pour grands bourgeois. C’est une ville culturellement littéralement perdue pour la Gauche.

Donc lorsqu’Anne Hidalgo présente une « Plateforme citoyenne pour un Paris écologique, solidaire et inclusif », on ne peut pas voter pour elle. Elle ne se dit pas de gauche, elle ne lutte pas en faveur de l’unité, c’est donc impossible. Il faut avoir en tête l’enjeu national.

Il est justement des cas totalement différents, qui sont simples. À Beauvais, Roxane Lundy assume de se présenter comme la « candidate de toute la gauche et des écologistes ». Sa liste unit le PRG, Generation-S, EELV, le PCF, le PS. À Bagneux, Marie-Hélène Amiable, qui est du PCF, est soutenue par le PCF, le PS, LFI, Génération-s et EELV.

À Saint-Étienne, il y a une liste soutenue par À gauche autrement, Génération.s, le Parti socialiste, le Parti communiste français, Place publique et les Radicaux de gauche. Le socialiste Pierrick Courbon est tête de liste. On a également la liste Tourcoing solidaire et engagée (LFI, PCF, de Génération-s, Ensemble, Nouvelle Donne).

Il y a des cas qui sont moins simples. Il y a ainsi une tentative de suicide à Béziers, où pourtant l’unité est primordiale, nécessaire coûte que coûte. Il faut faire tomber Robert Ménard ! Mais il y aura de manière totalement folle deux listes, portées par Nicolas Cossange (PC/PRG/PS) et Thierry Antoine (EELV/LFI). Comment faire ?

Et comment faire lorsqu’il y a plusieurs listes de Gauche ? Eh bien il faut se battre pour l’unité. Avec en tête l’enjeu national. Car finalement la question des municipales est simple. Il y a ceux qui privilégient l’enjeu local, basculant dans l’apolitisme, voire le populisme. Et ceux qui le relient à l’enjeu national et comprennent ce qu’est le sens des responsabilités.

Les municipales sont ainsi un grand test. Dont les effets vont se prolonger… Et cela alors que la Gauche est extrêmement faible. La sortir de cette faiblesse, telle est la véritable tâche à mener, l’arrière-plan véritable.

> À lire : notre page spéciale Les municipales 2020 à Gauche

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Guerre

Forum international de la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires vendredi et samedi à Paris

La Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires (ICAN) organise ces vendredi 14 et samedi 15 février 2020 à Paris son forum international. Les inscriptions officielles sont closes, mais il reste possiblement des disponibilités, sur demande via ce formulaire de contact.

Le site internet de l’événement est entièrement en anglais, ce qui est regrettable pour un événement se déroulant à Paris. La branche française de la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires propose toutefois une présentation de l’événement en français, que nous reproduisons ci-dessous.

Le ton de l’événement est très incisif, « contre la pensée unique », « changer le monde », avec un volontarisme optimiste qui peut surprendre, mais qui est forcément intéressant, tant l’enjeu de la cause défendue est immense.

À noter par ailleurs pour les Parisiens que Setsuko Thurlow, survivante d’Hiroshima et principale figure de l’ICAN, dont nous reproduisions lundi la lettre ouverte en réponse à Emmanuel Macron, sera à la Sorbonne à 19h30 ce soir mercredi 12 février 2020 (organisé par l’Association des Droits de l’Homme de la Sorbonne).

Une projection du film « Sécurité nucléaire le grand mensonge » (film visible ici) est également organisée ce jeudi 13 février à 18h à l’université parisienne Assas (organisé par Initiatives pour le Désarmement Nucléaire).

Voici la présentation du forum international de la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires :

« CAN PARIS FORUM – Comment interdire les armes nucléaires et créer une mobilisation citoyenne  ?

Nous vivons aujourd’hui une vague d’activisme, de manifestations et de campagnes politiques à travers le monde : La Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires qui a remporté le prix Nobel de la paix en 2017 en raison de son action pour l’interdiction des armes nucléaires, la mobilisation de millions de personnes en faveur du changement climatique, de l’égalité des genres et de la justice en sont des témoignages. Cette période pourrait ainsi se révéler être une fenêtre d’opportunité unique pour se mobiliser et mener à bien une campagne en faveur de mutations politiques concrètes.

Dans cette vague d’activisme, une nouvelle génération de militants cherche à infléchir la trame politique. Mais, comment des marches et des manifestations peuvent-elles se transformer en mouvement capable d’impacter les orientations politiques, les lois et les politiques publiques ?

Les succès passés dans les domaines du désarmement, des droits de l’homme et des droits civils démontrent qu’une société civile engagée et unie, derrière une cause claire et un programme d’action réalisable, peut modifier l’action gouvernementale.

Les 14 et 15 février 2020, la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires (ICAN) et ICAN France invitent militants, étudiants et toute autre personne voulant changer le monde à se réunir à Paris pour s’informer et échanger à propos de comment construire un mouvement, faire changer les politiques et devenir militant.

Durant deux journées intensives, mais pleines de passion, nous discuterons de ces grands sujets avec les voix militantes les plus emblématiques et les plus inspirantes. Nous écouterons le témoignage de personnes qui ont fait preuve de courage en se dressant contre la pensée unique. Ensemble, nous développerons nos campagnes et compétences de plaidoyer et rencontrerons cette prochaine génération qui peut changer le monde.

Ces deux jours seront composés de sessions plénières, de discus- sions modérées et de présentation éclairs. En marge de la conférence, des activités interactives mettront en vedette des artistes, des scientifiques, des activistes et des étudiants. Les participants approfondiront leurs connaissances sur l’activisme stratégique, les liens entre la culture et le changement politique, et étudieront comment aborder les grands défis d’aujourd’hui et comment travailler avec différentes coalitions. Nous tirerons les leçons de nos propres actions pour l’interdiction des armes nucléaires, et nous bénéficierons également de la contribution d’acteurs provenant d’autres mouvements. Ceci permettra aux étudiants et aux militants de tout âge, de comprendre plus globalement les enjeux et les ressorts de l’activisme.

Inscription : https://paris.icanw.org

Pour toute question ou demande d’information, veuillez contacter: paris@icanw.org »

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Écologie

Saccage de BlackRock: l’ultra-gauche se sert de l’écologie pour se sentir exister

Une poignée de militants d’ultra-gauche s’est invitée dans les locaux parisiens du gestionnaire d’actifs financiers BlackRock pour un petit saccage spectaculaire et médiatique ce lundi 10 février 2020. L’action était organisée par « Youth for Climate Paris », qui prend prétexte de l’écologie pour servir un discours « anticapitaliste » radicalisé en mode gilets jaunes.


Des jeunes disent vouloir défendre radicalement la planète. On pourrait imaginer qu’ils aillent démanteler des chantiers détruisant des zones humides. Mieux, on pourrait penser qu’ils s’investissent pour organiser le mouvement démocratique et populaire partout où il faut défendre la planète concrètement.

Cela cependant demande beaucoup de travail et d’abnégation, avec un investissement sur le long terme engageant sa propre personnalité, qui se transforme elle-même en étant au service de la cause. Il est donc bien plus facile de s’imaginer exister en allant taguer les murs du siège d’un groupe financier en direct sur internet. C’est plus conforme à l’attitude consommatrice et passive requise par le capitalisme. Il suffit alors d’un petit communiqué pour dire « BlackRocks sont méchants car ils détruisent la planète », et voilà le tour est joué.

Le gestionnaire d’actif BlackRock est régulièrement la cible de pleurnicheries d’ONG qui lui reprochent son « greenwashing ». En France, il est également la cible symbolique de tout une frange anticapitaliste romantique qui en a fait le responsable de la réforme des retraites. Cela faisait donc deux prétextes pour les activistes de « Youth for Climate Paris » pour organiser leur petite opération coup de poing.

Il faut noter ici la grande prétention de ces gens qui dans le communiqué annonçant leur opération « Avenir en feu, reprenons le contrôle » affirmaient :

« Nous nous attaquerons à une grande entreprise, qui exploite le vivant et les plus démunis, en enrichissant les actionnaires »

En guise d’« attaque », on a donc des tags d’ultra-gauche et des bureaux renversés, avec pour le symbole des « trophées » du groupe qui ont été souillés et mis à la poubelle. Tout cela est tellement radical et subversif que le rendez-vous dans un parc parisien le matin était publiquement annoncé sur les réseaux sociaux. Il faut dire que l’État français se moque bien de ce genre d’action symboliques médiatiques et n’a rien fait pour les empêcher.

L’opération était bien sûr diffusée en direct sur internet, notamment par le fameux Taha Bouhafs de la France insoumise qui a trouvé le filon et est toujours dans les « bons coups » médiatiques. On a donc pu constater sur tout un tas d’images le contenu de leurs tags, typiques de l’ultra-gauche :

« écologie libérale, mensonge du capital », « anticapitaliste, -impérialiste, -patriarcat », « notre planète votre crime », « LGBTQI++ avec nous ! La retraite à 20 ans, pour baiser il faut du temps ! », « black rock meurtriers », « black rock + black blocs = <3 [coeur] », « qui sème le BlackRock récolte le black bloc », « le kerozen c’est pas pour les avions, c’est pour brûler les flics et les patrons » ou encore « les gilets jaunes triompheront ».

D’ailleurs, c’est en scandant l’insupportable gimmick des gilets jaunes (un chant de football détourné) « on est là, même si Macron ne veut pas », que ces gens sont sortis du bâtiment, alors que la police ne se pressait pas pour venir les déloger.

L’écologie ne doit pas être prétexte à un anticapitalisme romantique radicalisé de la part de petits-bourgeois s’imaginant représenter une menace pour le capitalisme. L’écologie est une cause bien trop importante pour être laissées à ces gens-là ; la planète n’a pas besoin d’eux, mais d’une jeunesse véritablement investie pour elle.

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Politique

Après le mythe de la grève générale, le populisme du référendum

La grève générale n’étant clairement pas en vue, il fallait trouver un autre mythe mobilisateur de la part du PCF et de La France insoumise pour sauver la CGT. C’est l’Humanité qui s’est chargée de la mission, avec un grand appel à un référendum. Il faut sauver le soldat CGT.

Si la CGT coule, alors tout un pan de la Gauche s’écroule. Pas celle liée au Parti socialiste, car elle s’appuie de son côté sur des valeurs, un programme. Mais celle liée au PCF, à La France insoumise, au NPA, c’est-à-dire « à la gauche de la gauche », qui vit de surenchère.

S’il n’y a plus la CGT, il n’y a plus le levier de la surenchère. Et c’est la fin de tout. Il ne reste alors que les idées, le programme, les valeurs, et cela ne pèse pas lourd, tellement le populisme a fait des ravages.

L’ultra-gauche peut bien de son côté commencer à dénoncer une CGT qu’elle a entièrement soutenu jusque-là. Elle ne fait que revenir à son culte de la marginalité après un traditionnel suivisme syndical à la première occasion. Hier, les chasubles CGT, les cortèges CGT, aujourd’hui les postures de regret du manque d’élan, de la « trahison » des dirigeants. Rien de plus classique. On connaît l’adage : « la crise est une crise de la direction révolutionnaire ». L’ultra-gauche connaît son Léon Trotski.

Mais le PCF et LFI ont de l’ambition. Sans la CGT, il n’y a plus les moyens de cette ambition. Il faut donc agir avant qu’il ne soit trop tard. Ce qui se lit ici, c’est l’étrange rapport, très pervers, entre la gauche de la gauche et le syndicalisme. Il y a des non-dits, des zones réservées, un équilibre précaire mais en même temps une grande connivence, etc. Il y a un accord masqué qui, véritablement, pourrit la primauté de la politique et ce depuis les débuts de la CGT.

Il y a par conséquent une dépendance à la CGT, que le PCF et LFI la reconnaissent comme essentielle. Il faut donc sauver la CGT, qui va dans le mur. Mais comment faire pour ne pas la compromettre, pour qu’elle sauve la face ? D’où l’idée de demander un référendum, avec une pétition en ce sens, signée des principales figures de la « gauche de la gauche ».

La CGT, anti-politique, ne le signera pas, surtout lancée dans la grève, du moins officiellement. Si elle le fait, elle remettrait en cause sa propre logique syndicaliste. Elle ne peut donc pas vraiment être vexée. Surtout que c’est l’Humanité qui lance la pétition. On a aussi parmi les signataires Patrick Le Hyaric, qui est directeur de l’Humanité, ainsi que Bernard Thibault, ancien secrétaire général de la CGT.

Les angles sont donc arrondis. Et pour sauver le soldat CGT, on a Ian Brossat du PCF, ainsi que Adrien Quatennens et Jean-Luc Mélenchon de La France Insoumise. On a Marie-Noëlle Lienemann et Emmanuel Maurel de la Gauche républicaine et socialiste et Gérard Filoche de la Gauche démocratique et sociale.

On a Julien Bayou, qui est secrétaire national d’EELV, et Alain Coulombel, porte-parole d’EELV. On a Clémentine Autain de La France insoumise et Guillaume Balas, coordinateur de Génération-s.

On a également des figures d’arrière-plan, comme Pouria Amirshahi, ancienne figure majeure du syndicalisme étudiant et actuel directeur de publication de Politis, Willy Pelletier qui est coordinateur général de la fondation Copernic, Alain Obadia qui est président de la fondation Gabriel-Péri.

La liste initiale comporte également des avocats, des intellectuels, des chercheurs, des artistes, des économistes, etc. avec quelques ambulancier, sans profession et chauffeur poids lourd pour donner un côté populaire.

Est-ce que cela suffira ? Certainement pas. C’est même plus un signe d’effondrement qu’autre chose. Car la véritable actualité n’est pas dans ces noms. Elle est dans le fait que les hauts cadres du Parti socialiste ont également signé la pétition, et notamment Olivier Faure, qui est secrétaire national du PS, et Jean-Christophe Cambadélis, ex-premier secrétaire.

Qu’Olivier Faure veuille faire bien, soit. Mais que viennent faire les autres signataires, et notamment Jean-Christophe Cambadélis ? Ce dernier a un regard extrêmement précis et aguerri. Il disait tout récemment, avec justesse, au sujet des municipales :

« La gauche, elle, va toucher le fond de la piscine alors que le PS gardera pour l’essentiel ses bastions. Le PCF aussi, grâce à une alliance jugée hier impossible avec le PS. Même si ce sera l’arbre qui cachera la forêt des reculs du premier tour, la rupture avec la France insoumise va coûter chère au PCF et à la France insoumise.

Les écologistes seront globalement très hauts et devant les socialistes là où la gauche n’est pas sortante. Dans les villes de Besançon, Bordeaux etc. où la gauche est unie avec eux, ils peuvent même virer en tête. Reste que l’écologie est un vote de 1er tour, pas ou pas encore de rassemblement.

Quant à la France insoumise, elle est réduite à une posture de témoignage protestataire, ayant du mal à exister dans ce scrutin qui est pour elle encore plus difficile que les européennes. »

Et il ajoutait, présentant sa solution :

« Mais, encore une fois, le problème de la gauche c’est la faiblesse et le manque d’attractivité du PS. Ce n’est pas un problème de personnes mais une question structurelle. La marque est obsolète, il faut la refonder (…). Ce renouveau, cette réinitialisation du PS nécessite de dépasser le PS. »

Jean-Christophe Cambadélis croit-il qu’une Gauche, qu’il qualifie de « réformiste », peut naître d’un appel populiste à sauver une CGT antipolitique qui a mené un mouvement de protestation dans le mur ?

Cet appel au référendum est un suicide pour la Gauche politique. Il est une énième tentative de contourner les problèmes, les questions de politique, d’économie, de morale, de société, de valeurs. Il n’est aucunement possible d’échapper à la seule solution possible : constituer une Gauche consciente, organisée, structurée, établie de manière stricte.

Cela n’est pas possible avec une Gauche populiste, libérale culturellement, refusant l’organisation au nom de « mouvements », ne cherchant jamais à établir des structures locales menant un travail sur le long terme.

Le signe qu’on a ici, c’est que le Parti socialiste lui-même agonise – pas qu’il va contribuer à une structuration à Gauche. Sinon il ne se retrouverait pas là.

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Guerre

Setsuko Thurlow, survivante d’Hiroshima, répond à Emmanuel Macron sur l’arme nucléaire

Setsuko Thurlow est une survivante du bombardement atomique d’Hiroshima au Japon le 6 août 1945. Figure de la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires (Ican), elle répond dans une lettre ouverte (initialement publiée dans Libération) à Emmanuel Macron et son discours de vendredi dernier assumant l’arme atomique.

« Le président Emmanuel Macron a prononcé aujourd’hui un discours sur les centaines d’armes nucléaires de la France, refusant le désarmement nucléaire et invoquant le manque de réalisme des efforts en vue de les abolir au niveau mondial. Mais il n’a jamais fait l’expérience de l’inhumanité absolue de ces armes. Moi, oui. Et j’ai passé ma vie entière à avertir le monde de la menace réelle que ces armes posent, et à faire comprendre l’illégalité et le mal ultime qu’elles représentent.

Le président Macron n’a pas répondu à ma demande de le rencontrer à Paris la semaine prochaine afin de partager avec lui les réalités de ce que sont les armes nucléaires et de ce qu’elles font aux personnes et à l’environnement. Mais les Français, et notamment les jeunes, méritent de connaître l’entière vérité sur les armes nucléaires.

En août prochain, cela fera 75 ans que les Etats-Unis ont complètement anéanti ma ville natale, Hiroshima. J’avais 13 ans. À 8h15, j’ai vu par la fenêtre un éclair aveuglant, blanc bleuté. Je me souviens d’avoir eu la sensation de flotter dans l’air.

Alors que je reprenais conscience dans un silence total et une profonde obscurité, je me suis retrouvée prise au piège du bâtiment qui s’était effondré sur moi. J’ai commencé à entendre les cris faibles de mes camarades de classe : «Maman, aide-moi. Dieu, aide-moi.» Alors que je sortais en rampant, les ruines étaient en feu. La plupart de mes camarades de classe ont été brûlés vifs. J’ai vu tout autour de moi une dévastation totale, inimaginable.

Des processions de figures fantomatiques se sont mises à défiler. Des personnes grotesquement blessées saignaient, brûlées, noires et enflées. Des parties de leurs corps avaient disparu. Leur chair et leur peau pendaient, laissant leurs os à. vif. Certains tenaient leurs yeux dans leurs mains. D’autres, le ventre ouvert, les intestins pendants. La puanteur nauséabonde de la chair humaine brûlée remplissait l’air.

Chaque fois que je me souviens d’Hiroshima, la première image qui me vient à l’esprit est celle d’Eiji, mon neveu de 4 ans. Son petit corps a été transformé en un morceau de chair fondue méconnaissable. Il n’a cessé de mendier de l’eau, d’une voix faible, jusqu’à ce que la mort le libère de son agonie.

Ainsi, avec une bombe atomique, ma ville bien-aimée a été anéantie. La plupart de ses habitants étaient des civils – parmi eux, des membres de ma propre famille et 351 de mes camarades de classe – qui ont été incinérés, vaporisés, carbonisés. Dans les semaines, les mois et les années qui ont suivi, des milliers d’autres personnes sont mortes, souvent de façon aléatoire et mystérieuse, des effets à retardement des radiations. Aujourd’hui encore, les radiations tuent des survivants.

Monsieur le président Macron, vous voulez maintenir et moderniser des centaines de ces armes inhumaines, instruments de génocide, qui menacent d’indicibles souffrances tous les êtres vivants ? Il est profondément naïf de croire que le monde peut conserver indéfiniment des armes nucléaires sans qu’elles ne soient à nouveau utilisées. Toute utilisation d’arme nucléaire serait contraire aux règles et aux principes du droit international humanitaire. En perpétuant le mythe de la dissuasion, en en faisant un élément central de la politique de défense de la France, en investissant massivement dans ces armes (à hauteur de 37 milliards pour les cinq prochaines années), vous mettez en péril la sécurité européenne ; vous mettez en péril la sécurité mondiale. Soyez réaliste.

Chère France, vous pouvez faire un autre choix.

En 2017, j’ai accepté le prix Nobel de la paix au nom de la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires – distinction obtenue pour le travail que nous avons accompli avec l’adoption de la première interdiction juridique internationale des armes nucléaires, le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires. A ce jour, 35 Etats ont ratifié ce traité et 81 l’ont signé.

Près de 20 villes françaises, dont Paris et Grenoble, ainsi que des dizaines d’élus français appellent la France à adhérer à ce traité et à s’engager sur la voie d’un monde sans armes nucléaires. La jeunesse française, cette nouvelle génération, a compris la menace inacceptable que représentent les armes nucléaires pour l’humanité. Selon un sondage publié en janvier par le Comité international de la Croix-Rouge, 81% des «milléniaux» pensent que l’utilisation des armes nucléaires n’est jamais acceptable. Et la semaine prochaine, des centaines d’étudiants et des militants se réuniront à Paris pour une conférence sur l’abolition des armes nucléaires.

Comme l’a déclaré le pape François à Nagasaki en novembre dernier, l’histoire jugera sévèrement les dirigeants qui rejettent le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et qui, au contraire, prononcent des discours à la gloire de leurs armes atomiques conçues avec l’intention de commettre une tuerie de masse. Les théories abstraites ne doivent plus masquer la réalité génocidaire de ces pratiques. Ne considérons la «dissuasion» comme rien d’autre que ce qu’elle n’est : la mise en péril certaine des peuples. N’acceptons plus d’avoir cette épée de Damoclès nucléaire au-dessus de nos têtes.

Monsieur le président Emmanuel Macron, vos stratèges de la défense ont peut-être étudié la théorie nucléaire, mais j’ai moi-même fait l’expérience bien réelle de l’enfer atomique. Vous devez choisir un avenir meilleur pour la France et pour l’Europe. Adhérez au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, et éradiquez à jamais la menace de l’anéantissement nucléaire. »

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Politique

La vague postmoderne à l’exemple de la revue «Offensive»

Les postmodernes ont d’abord intégré la Gauche classique en général, pour profiter de ses faiblesses et diffuser leurs conceptions. Puis, ils ont pris le pouvoir. Ici, un exemple avec un groupe libertaire Offensive Libertaire et Sociale.

En décembre 2014, Offensive Libertaire et Sociale (OLS), qui produisait la revue Offensive, annonçait sa dissolution. La revue, qui avait 800 abonnés environ, avait cessé sa parution en janvier. La raison donnée, pour ce groupe existant depuis 2003 est l’impossibilité de « construire du commun » sur la base de différentes questions.

La plupart tiennent en fait à la question « postmoderne » :

« Sur le féminisme : Le féminisme peut-il faire l’impasse sur la déconstruction du genre ? Peut-on lutter contre les dominations sans déconstruction ? L’idée de déconstruction conduit-elle inévitablement à nier toute idée de nature ? Les luttes pour la libération sexuelle ne contribuent elles pas à véhiculer des valeurs qui sont celles du néolibéralisme ? »

« À propos de la famille : La famille peut-elle être une réponse au délitement des liens sociaux et des solidarités et un espace de résistance au capitalisme ? Ou ne reste-t-elle qu’une institution patriarcale qui socialise aux normes dominantes ? »

« Autour de l’identité et de l’universalisme : La multiplication des identités ne brouille-t-elle pas la perception qu’on a des rapports de domination ? Cette atomisation des identités ne risque-t-elle pas de participer de la déstructuration du tissu social, des solidarités ? Les luttes sociétales (comme le féminisme, l’antiracisme…), que l’on dit plus facilement récupérables par le pouvoir, doivent-elles pour autant passer au second plan ? Situer d’où on parle est-il primordial pour lutter et penser ensemble ? Peut-on lutter ensemble sans partager certaines valeurs communes ? »

Le groupe OLS a été ici très hypocrite dans sa formulation, car il a lui-même été un des vecteurs de l’idéologie postmoderne. C’est en effet un produit direct de la décomposition du milieu anarchiste, avec notamment un membre désormais maître de conférences à l’université et ayant été l’un des premiers à assumer les thèses de ce qu’on va appeler la « gauche américaine » sur les questions « sociétales ».

En octobre 2004, la revue Offensive propose un dossier consacré au thème « Genre et sexualité ». On y trouve déjà la rhétorique postmoderne, avec l’inévitable valorisation de Michel Foucault. On retrouve ce dernier dans le numéro suivant, alors que le numéro de décembre 2007 aborde la question de la prostitution selon l’angle postmoderne.

On a également en décembre 2009 un dossier  « Nature & animalité » réfutant évidemment la biologie. La nature est présentée comme une « idée » par définition obstacle à l’émancipation.

Pourquoi alors la crise de 2014 ? C’est simple à comprendre, car il y a un vrai modèle, valable tant pour le PS que l’UNEF ou encore la CNT. Comme le libéralisme prime dans le domaine des idées, il y a eu un espace pour les postmodernes. Ceux-ci ont tapé tout de suite très haut en profitant du fait que la « gauche américaine » était dans leurs mains, avec le monde universitaire américain à leur service.

Ils se sont valorisés, ont commencé à introduire leurs thématiques, leurs approches… Jusqu’au moment où cela allait tellement loin que tout se renverse en leur faveur. Naturellement, cela passe ou cela casse.

À l’OLS, cela a cassé, car il y a un fond communiste libertaire rationaliste qui prévalait chez certains, comme d’ailleurs chez l’Organisation Communiste Libertaire. L’intellectualisme pour ouvrir des perspectives, oui, le libéralisme d’accord, mais un basculement ouvert dans quelque chose de nouveau, combinant intellectualisme et libéralisme dans une démarche post-idéologique, cela allait trop loin…

Les communistes libertaires sont d’ailleurs, au sens strict, les très grands perdants de ces 30 dernières années. De par leur approche, ils sont coincés entre le maoïsme avec sa perspective rationaliste, culturelle et prolétaire, et un anarchisme post-marxiste ouvert aux postmodernes, porté désormais par l’Union Communiste Libertaire.

La crise de l’OLS est un bon exemple de pénétration postmoderne, suivie d’une fêlure, puis d’une cassure. Avec les postmodernes, soit il y a renversement des valeurs de la Gauche historique, soit crise et effondrement de l’organisation. C’est une véritable entreprise de démolition.