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Société

Pas de succès pour la manif du 19 janvier 2020 contre la «PMA sans père»

Un nouveau rassemblement a eu lieu dimanche 19 janvier contre le projet de loi de bioéthique, prévoyant notamment l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux lesbiennes et femmes célibataires. Si le peuple y est par définition opposé, il reste passif et ce d’autant plus que l’initiative est seulement portée par la mouvance catholique et de droite de la « manif pour tous ».

Comment la Gauche peut-elle avoir passivement adopté toute la vision du monde sur le plan des mœurs fournie par les capitalistes ultra-libéraux ? Cela en dit long et c’est le paradoxe de toute la période : la Gauche politique française n’est pas libérale en économie, mais elle l’est totalement sur le plan des mœurs. Et elle ne voit pas le problème.

C’est pourtant impossible. Soit on dit qu’il y a des normes, soit on les refuse. Si on les refuse, alors il n’y a plus de société, mais des individus atomisés. Le projet de loi de bioéthique va en ce sens.

La Droite catholique a bien compris qu’elle allait se faire liquider, et voit également une opportunité de chercher à se présenter comme anticapitaliste romantique. Car les gens vont devenir fous quand ils vont s’apercevoir que socialement il n’y a plus de père ni de mère, mais un parent 1, un parent 2, que la biologie est réfutée au nom des droits du consommateur à l’enfant.

La question n’est pas de savoir si va avoir lieu la révolte contre cette idéologie du consumérisme absolu, mais quand. La Droite catholique se place déjà, pendant que la Gauche s’effondre sous les coups de boutoirs post-modernes revendiquant l’idéologie inclusive, la mise en valeur des « racisés », la réfutation de l’hétérosexualité, etc.

Cependant, la Droite catholique est elle-même très abîmée par l’ultra-libéralisme, la nouvelle génération bourgeoise ayant balancé par-dessus bord toute valeur, sombrant dans la décadence totale. Elle a réussi à mobiliser 45 000 personnes environ, mais bien moins que la dernière fois, et la base est ostensiblement ringarde-réactionnaire.

On a ainsi eu la présence remarquée de Louis de Bourbon, duc d’Anjou, prétendant au trône de France… cela ne fait pas rêver les masses. Et la seule proposition de la Droite catholique, c’est de retourner soixante ans en arrière ! Cela n’intéresse personne.

La Droite catholique ne parviendra ainsi jamais à briser le terrorisme intellectuel libéral qui s’est abattu contre les opposants à la dérégulation totale des mœurs en cours. Quiconque ne fait ne serait-ce que remettre en question l’ultra-libéralisme dans les mœurs est présenté comme un facho.

Le graffiti « PMA pour toutes ou on volera vos enfants », tagué à Paris (à Strasbourg St Denis), est exemplaire de cette agressivité sans borne de gens directement au service de l’ultra-libéralisme, mais prétendant lutter contre la réaction et la religion.

Tout cela ne tiendra pas longtemps debout. Soit parce que les ouvriers sauront prendre en charge la défense de la civilisation à l’encontre de l’atomisation individuelle ultra-consumériste… Soit parce qu’une société fondée sur la barbarie de la consommation individualiste forcenée s’effondrera inévitablement. Les deux aspects allant par ailleurs ensemble.

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Culture Culture & esthétique

Playlist batcave – rock gothique

La critique romantique et esthétique de la scène gothique fut à la fois talentueuse et inspirante. Son affirmation de la sensibilité et du goût en fait quelque chose de tout à fait important.

Nous sommes à la fin des années 1970 et la vague punk a commencé. Mais déjà il y a l’idée de formuler quelque chose de plus dense, de plus sombre. Le côté punk nihiliste et brutal, parallèle à la violence skinhead, rapide et autodestructeur, semble trop insatisfaisant.

Ce qui s’affirme alors, c’est l’idée que la tristesse est une rébellion. C’est l’émergence du gothique, qui connaît deux phases. La première, celle montrée dans la playlist, est une opposition entre un son cinglant et abrasif – ce qu’on appellera le batcave – et de l’autre un son plus direct, plus accessible, plus rock – ce qu’on appellera le rock gothique.

> La playlist sera disponible quelques semaine dans la colonne de droite (version web) ou en bas de page (version mobile) et sera ensuite visible sur la page des playlists.

Une sorte de synthèse des deux se produit lorsque des groupes cinglants trempent leur musique dans la glace, pour donner ce qu’on appelle la cold wave.

Par la suite apparaîtra l’utilisation massive de la musique électronique, faisant qu’une réelle soirée gothique aujourd’hui dispose toujours de deux pistes de danse : une pour la direction rock, l’autre pour ce qui sera appelé l’electro-gothique.

Mais regardons l’une des grandes sources d’inspiration, qui a révolutionné les esprits de nombreux artistes qui deviendront goth et qui ont alors 12, 13, 14 ans. Il s’agit d’une vidéo totalement anodine pour nous aujourd’hui, mais qui a bouleversé l’Angleterre alors. Nous sommes en 1972 et David Bowie passe à l’émission Top of the pops.

On a ici une musique totale, une esthétique totale, une expression sensible assumée. L’Angleterre fut horrifiée pour une partie, fascinée pour une autre.

La vidéo de la reprise de la chanson de David Bowie Ziggy Stardust par Bauhaus reflète parfaitement comment cela été compris et transformé, de manière bien plus abrasive bien entendu.

Il faut comprendre ici que le gothique au sens le plus large est lié au punk. Il se vit, il se danse, il implique une esthétique dans la vie quotidienne. Il a une grande prétention de culture et d’exigence.

Pour cette raison d’ailleurs, et contrairement à ce que des préjugés peuvent laisser penser, le gothique a toujours possédé une très forte base populaire. En effet, quoi de plus normal que de vouloir s’arracher à un environnement beauf, sans attrait pour la beauté ?

Que ce soit par le côté punk abrasif rupturiste ou bien le rock gothique axé sur l’amour romantique, il y a toujours eu un fond de vaste critique du monde tel qu’il est. Voici deux chansons des Sisters of mercy (qui ont toujours réfuté le terme de gothique), avec une vidéo présentant indirectement une critique de la misère en Inde, et une chanson tirée d’une compilation intitulée « Ils ne passeront pas » en soutien à la CNT (avec notamment le groupe rock-soul The Redskins).

Porter un regard approfondi sur la musique gothique – batcave s’avère donc forcément utile ; de par les multiples directions prises – allant de l’incisif à la préciosité – on y trouve nécessairement des éléments parlant.

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Politique

L’UNSA-RATP quitte la grève contre la réforme des retraites

Ce samedi 18 janvier 2020, malgré l’absence d’un quelconque recul de la part du gouvernement, l’UNSA-RATP a annoncé sa sortie de la grève contre la réforme des retraites, tout en prétendant aller de l’avant et ne rien lâcher.

Quand on capitule, on ne dit jamais qu’on le fait. On prétend avoir trouvé une nouvelle forme, plus approfondie, radicalement différente, qui apporterait davantage, etc. L’UNSA-RATP, premier syndicat à la RATP, a ici une posture tout à fait classique, surtout chez les syndicats : d’un côté le radicalisme verbal, de l’autre la porte de sortie négociée.

Preuve en est de la prudence du syndicat, les multiples sites et réseaux sociaux liés à l’UNSA se sont bien gardés de diffuser le communiqué de sortie de grève, largement repris par contre par la presse. Il s’agit de neutraliser la position prise, à tout prix, pour sauver la face.

Comme lors de précédents communiqués d’ailleurs, il y a également une précaution précise utilisée, à savoir le fait de se positionner derrière la décision des assemblées générales. C’est évidemment n’importe quoi puisqu’on sait très bien que ces assemblées générales sont, de facto, des intersyndicales, et qu’à la RATP, l’UNSA y est majoritaire…

À cela s’ajoute quelques tournures savamment dosées : « reprendre des forces », « la conviction et la détermination », etc. Puis la patate chaude est remise aux autres syndicats et à l’attente d’un mouvement généralisé à toutes les entreprises du pays. Et on conclut avec un « on lâche rien » qui n’engage à rien.

Maintenant, si l’on va voir l’article du 14 janvier 2020 sur le site de l’UNSA info, intitulé justement pas moins que « Enfin le retrait de l’âge pivot ! Un compromis sur l’équilibre financier permettant d’avancer », on lit la chose suivante :

« L’UNSA avait fait du retrait de cette mesure une condition indispensable avant la tenue de la conférence de financement.
Le courrier du Premier ministre l’indique clairement.
Cette mesure injuste qui aurait dû frapper tous·tes les salarié·es dès 2022 n’est plus d’actualité. C’est une avancée majeure, à mettre à l’actif de la mobilisation et de l’action de l’UNSA.

Les échanges peuvent enfin démarrer. L’équilibre financier, dès 2027 et à long terme, de notre régime de retraites est indispensable. La future conférence de financement doit y concourir et permettre de trouver rapidement un accord engageant partenaires sociaux et gouvernement.

L’UNSA y apportera ses solutions, la pérennité du système de retraite par répartition l’exige.
Parallèlement, sur les autres sujets contenus dans le projet de loi, l’UNSA poursuivra son action notamment auprès des parlementaires et du gouvernement afin d’obtenir les avancées, garanties et compensations permettant plus de justice sociale.

L’UNSA, sur tous les fronts, continue de défendre les salari·é·es

Après le retrait de l’âge pivot par le Premier ministre, Laurent Escure, le 12 janvier, sur RTL, a exposé les préconisations de l’UNSA pour parvenir à l’équilibre financier, dès 2027 et sur le long terme. »

On lit bien : « Les échanges peuvent enfin démarrer », l’UNSA « apportera ses solutions ». Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire négocier. L’UNSA a d’ailleurs toujours affirmé être un syndicat constructif, de négociation, etc.
L’UNSA RATP pôle traction avait alors refusé de s’aligner sur cette position de l’UNSA nationale.
C’est désormais chose faite. Pourquoi ? Parce que l’abandon de tout conflit réel de la part des syndicats est inévitable. C’est une lutte de classe qu’il fallait, avec des assemblées générales, pas des intersyndicales réduisant le conflit à des points technocratiques perdant tout le monde et isolant le reste des travailleurs.
Que ce soit en 1936 ou en 1968, c’est la Gauche qui a amené le changement, les syndicats étant des courroies de transmission. La centralité syndicale ne peut amener qu’à de l’accompagnement.
L’UNSA-RATP opère désormais à un alignement qui ne dit pas son nom.
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Société

La «Gauche» postmoderne veut réformer les Écoles de commerce

D’anciens étudiants ont publié un long appel au discours postmoderne pour exiger une réforme des « grandes écoles de commerce », où les mœurs seraient « délétère -raciste, classiste, sexiste, homophobe ». Cela en dit long sur la « Gauche » post-moderne pour que des étudiants de HEC, l’ESSEC, etc. en soient une composante. Le discours « LGBTI+ » ne relève pas du combat démocratique mais du libéralisme tant culturel qu’économique.

Les étudiants des grandes écoles de commerce sont des beaufs, tout comme d’ailleurs ceux des écoles d’ingénieurs. L’idée est qu’après deux ou trois années de « prépa », il faudrait se lâcher et de toutes façons, la place a été obtenue. L’alcool coule donc à flots et les étudiants, qui se sont coupés du monde pendant longtemps, se retrouvent entre eux avec un énorme vide moral et culturel, basculant dans la décadence.

C’est un phénomène très connu de qui s’intéresse au phénomène, qui dure depuis plusieurs décennies et l’article récent de Mediapart n’apporte rien de nouveau. Avec les réseaux sociaux, les écoles ont dû réagir, mais ce n’est nullement une découverte et tous les étudiants de « prépa » savent eux-mêmes quel mode de vie ils auront s’ils réussissent le passage d’entrée.

Car l’aspect principal tient à ce que ces gens savent que, une fois entré dans les grandes écoles de commerce, ils font partie d’une caste bureaucratique parasitant la bourgeoisie. Passer par une grande école de commerce ou d’ingénieurs, c’est la garantie d’avoir un emploi hautement qualifié, avec un bon salaire. On n’en devient pas forcément un bourgeois pour autant, car on n’a pas forcément de richesses à la base, mais on va devenir un parasite aisé et c’est cela qui impulse la mentalité beauf de ces étudiants.

L’appel publié par Libération le 16 janvier 2020 est donc littéralement pittoresque ; il est à la fois risible et révélateur. Il commence comme suit :

« Nous sommes des diplômé·e·s et des étudiant·e·s de HEC Paris, de l’Essec, de l’Edhec, d’Audencia, de Neoma Business School et d’autres grandes écoles de commerce et nous avons souffert de la culture délétère − raciste, classiste, sexiste, homophobe − qui prospère sur ces campus. Nous sommes de tous bords politiques et de toutes orientations sexuelles. »

Et il constitue ensuite en une dénonciation de la culture beauf prédominante, non pas définie comme beauf, mais comme « hétéro-sexiste ».

C’est donc quelque chose de classique : la bourgeoisie libérale moderniste dénonce la bourgeoisie à l’ancienne. Passons sur le fait de voir des étudiants de grande école de commerce dénoncer une culture « classiste », ce qui est on ne peut plus pitoyable. De manière peu étonnante, le long document ne revient pas là-dessus.

Non, ce qui compte, c’est le côté « ouin ouin » d’étudiants ultra-privilégiés cherchant à se faire passer pour des victimes alors qu’ils font des études pour être des bourreaux. La liste des 514 signataires le montre aisément : on est dans les « cinq parisiennes », c’est-à-dire les écoles de commerce les plus prestigieuses, basées à Paris, Lyon ou Lille.

Ce sont donc des gens représentant un haut niveau de culture, un haut niveau intellectuel – pour autant que la société française capitaliste peut le proposer. Dans tous les cas, ce sont des gens qui savaient ce qui les attendaient et ils ont choisi. Ils mentent en prétendant s’être retrouvés piégés. Ils savaient très bien quelle était la mentalité des étudiants des grandes écoles de commerce.

Ils ont refusé de faire autre chose, car ils voulaient se vendre aux grandes entreprises. Ils doivent donc se conformer – mais étant des bourgeois « modernes », ils regrettent que les grandes écoles de commerce françaises soient trop « à l’ancienne » et n’adoptent pas le style LGBTI+ des campus américains.

C’est à l’image de la France actuelle en termes politiques, avec une Droite beauf à l’ancienne et des « progressistes » supports du libéralisme économique et culturel. Les signataires de l’appel dans Libération relèvent de ce dernier aspect et leurs pleurnicheries dramatisées ne tiennent pas debout un seul instant. Ce seront des cadres de grandes entreprises, prêts à servir à tous les niveaux, ce sont littéralement les suppôts de Satan si on considère comme tel le Capital. Ce seront donc des gens qui, si la lutte des classes se développe en France et qu’on en arrive au socialisme – il le faudra bien – s’enfuiront.

Ce ne sont pas des victimes, comme le capitaine Dreyfus, d’un complot. Ils ont choisi le capitalisme et veulent moderniser sa beauferie au moyen de l’individualisme généralisé. C’est une simple expression de l’affrontement entre les capitalismes de la vieille école à mentalité de castes et de la modernité individualiste.

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Politique

Le ridicule envahissement du siège de la CFDT par une poignée de grévistes

Le siège de la CFDT a été envahi de manière symbolique par des grévistes de la « coordination SNCF-RATP ». Plutôt que de se tourner vers la population de manière démocratique pour élargir la grève, ces gens préfèrent prétendre que tout est de la faute de Laurent Berger de la CFDT.

L’envahissement du siège de la CFDT ce vendredi 17 janvier 2020 est typique des fuites en avant militantes « radicales » qui cherchent des symboles faciles plutôt qu’un véritable ancrage de masse. Ils n’étaient qu’une poignée de grévistes RATP et SNCF à profiter de la sortie d’un salarié du siège pour déjeuner afin de s’infiltrer quelques instants en faisant du bruit, puis repartir avant l’arrivée de la police.

C’est un petit coup de force totalement inutile, mais censée symboliser la dénonciation d’une « petite bureaucratie syndicale ». Pour parfaire la mise en scène, il y a eu une prise de parole au mégaphone avec un gréviste expliquant de manière ridicule que, en grève depuis 43 jours, ils « affament » leurs enfants et ne savent plus comment remplir leur frigo.

Cette personne s’affiche pourtant comme membre du courant « Révolution Permanente » du NPA et est militante Sud Rail ; il sait très bien ce qu’il fait et n’a jamais eu besoin de Laurent Berger de la CFDT pour se mettre en grève.

On peut penser ce qu’on veut de la CFDT et même dénoncer sa ligne, mais c’est ridicule d’affirmer qu’un « mec là-haut » (sous entendu Laurent Berger), déciderait à la place des grévistes de « la suite du mouvement » et négocierait à leur place « la régression sociale. » Ce n’est pas la CFDT qui a initié la grève et qui trahirait tout le monde aujourd’hui ! Ce serait un mensonge de prétendre cela.

La CFDT ne représente quelques-chose que parce que le syndicalisme est très faible et minoritaire en France. Une critique politique de la CFDT est utile évidemment, mais ce n’est aucunement de cela qu’il s’agit ici. On a plutôt un coup de force symbolique et anti-démocratique, consistant à se laver les mains en disant « c’est la faute de la CFDT si la grève ne marche pas ».

C’est trop facile ! Surtout venant d’un militant de Sud Rail, syndicat groupusculaire à la SNCF qui n’a jamais été en mesure de peser sur quoi que cela soit et qui n’en a jamais rien eu à faire du regard de la population sur les grévistes, ni dans cette grève, ni dans les précédentes. Cet envahissement symbolique est typique de cette poignée de grévistes radicalisés s’imaginant l’avant-garde de quelque-chose et exigeant que la population les suive.

Sauf que ça ne marche pas comme cela, et ce n’est en tous cas pas la façon de faire de la Gauche. Quand la CGT, alors liée au PCF, avait un ancrage véritable dans les masses travailleuses, la question ne se posait pas de savoir ce que disaient ou faisaient les autres syndicats. D’ailleurs, la CGT actuelle n’a pas appréciée d’être associée à cette envahissement de la CFDT et l’a fait savoir :

« Quels que soient les désaccords possibles entre organisations syndicales, la CGT ne cautionne pas ce type d’action. Chaque organisation syndicale est libre de son mode de fonctionnement, de son orientation et de ses revendications. »

C’est donc cela l’actualité pour la Gauche : avoir un véritable ancrage dans les masses travailleuses de France, pour mener avec elles un changement de société. Tout le reste n’est que prétention vaniteuse et cela ne peut qu’amener de la rancœur et favoriser le populisme et l’extrême-Droite.

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Culture

Yépa – Oui? Non? OK

Le groupe Yépa des frères jumeaux Le Bon Nob (rap) et Rémo (prod) propose avec « Oui ? Non ? Ok » un morceau d’une grande valeur, qui aborde la question du viol de manière très réaliste.

On n’est pas ici dans une scène violente et impromptu, telle que l’on l’imagine presque toujours quand on parle de viol, mais dans un rapport presque banal de la vie quotidienne, le week-end en soirée. Le refrain est très bien vu :

« Elle a pas vraiment dit oui, elle a pas vraiment dit non, il a pas vraiment demandé, c’était  ambigu »

Dans de nombreux cas, les viols ont lieu dans ce genre de situations. Ce sont les comportements non-démocratiques de certains hommes qui produisent ces viols. Souvent, ils n’imaginent même pas agir en violeur. Pire, parfois même certaines femmes peuvent mettre beaucoup de temps, plusieurs années, avant d’assumer le fait qu’elle se soit faite violer (ce qu’elles savent pourtant au plus profond d’elles-mêmes depuis le début).

Yépa affirme donc une position démocratique très engagée, avec un clip d’une grande qualité montrant des femmes dans leur quotidien, afin de bien souligner leur dignité et la grande considération qu’elles méritent. Il faut écraser les comportements anti-démocratiques de ces hommes se moquant du consentement des femmes, ces violeurs.

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Guerre

Marine Le Pen candidate en 2022: lui barrer la route coûte que coûte

Le 16 janvier, Marine Le Pen a annoncé qu’elle sera candidate aux élections présidentielles de 2022. Il faut l’unité de la Gauche dès le premier tour et quoi qu’il arrive, il faudra empêcher l’accession d’une figure d’extrême-droite au poste de Président.

Marine Le Pen a confirmé à Nanterre, dans les locaux du Rassemblement national, qu’elle sera candidate à la Présidentielle de 2022, confirmant des propos tenus en octobre 2019. Le moment choisi est idéal évidemment à ses yeux puisqu’elle a dénoncé les syndicats réformistes et s’est placée contre la réforme des retraites. Comme aux municipales un bon score est déjà prévu, elle se présente comme la véritable figure de l’opposition.

Si, en plus, l’ouverture à la Droite fonctionne, alors il y a effectivement les moyens de réussir pour elle. Il suffira de proposer un pacte gouvernemental en intégrant diverses figures, telle Marion Maréchal, pour asseoir une base suffisamment large.

Il n’y a donc pas le choix. Il faut un candidat unique de la Gauche dès le premier tour de la présidentielle. Il faut s’opposer dans tous les cas au second tour à Marine Le Pen, si elle y parvient.

Il est courant d’entendre des gens dire avoir voté pour Emmanuel Macron pour contrer Marine Le Pen, mais qu’ils ne le referont pas. C’est là totalement erroné, car c’est oublier ce qu’est le Fascisme. Évidemment, il y a l’ultra-gauche pour qui la France est déjà un État policier, une dictature. Mais si on connaît l’Histoire, on sait que c’est n’importe quoi et que le Fascisme c’est totalement autre chose qu’un régime autoritaire bourgeois classique.

Qui plus est, les gens ne comprennent pas qu’avec une posture de dégoût, ils tombent dans la démagogie du Fascisme justement, qui vise à rejeter la politique comme quelque chose de dégoûtant, corrompu, etc. Pour dire les choses plus simplement, une lecture anarchiste des choses, anti-politique, contribue aux tendances anti-démocratiques représentées par le Fascisme.

Le constat est simple. Il faut sauver les principes démocratiques et cela n’est pas possible si la démagogie de l’extrême-Droite l’emporte. Il faut donc rassembler les efforts coûte que coûte et il est évident qu’une Gauche non unie au premier tour n’accédera pas au second tour. Il ne s’agit pas de penser que le régime présidentiel de la Ve République est démocratique – il ne l’est pas. Il s’agit d’empêcher l’extrême-Droite de réaliser un saut qualitatif.

Et si jamais la Gauche ne parvient pas au second tour, il faudra voter même pour Emmanuel Macron, là encore pour bloquer la route à l’extrême-Droite. Il y aura bien sûr les « ultras » pour dire que ce serait cautionner Emmanuel Macron et empêcher l’émergence d’une contestation à Gauche, mais en réalité le fond de cette posture, c’est la position de la terre brûlée. C’est l’idée qu’il faudrait que les gens connaissent le pire pour réagir. C’est du suicide.

Nous ne sommes pas à la veille de la révolution ou d’un basculement à Gauche. Qui le dit ment et ne peut mentir que sciemment, car il est frappant que le niveau de conscience populaire est faible, que le nombre d’activistes de gauche est misérable, que l’individualisme règne, que le nationalisme imprègne les valeurs.

Ce que nous risquons, c’est le basculement dans l’hégémonie d’une figure à la Donald Trump, Boris Johnson, Jair Bolsonaro, Vladimir Poutine, Xi Jinping, Recep Tayyip Erdoğan, Rodrigo Duterte.

Ce serait amener la France sur le terrain des va-t-en guerre ouverts, de l’aventurisme militaro-expansionniste ouvert.

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Politique

Mobilisation du 16 janvier 2020: la course au néant

Non seulement la mobilisation contre la réforme des retraites a été encore plus faible que les fois précédentes, mais elle a été accompagnée d’actions parmi les plus stupides qui soient. C’est un gigantesque ratage historique.

La querelle des chiffres tourne toujours plus à l’absurde et il ne faut pas se voiler la face : les syndicats forcent tellement que cela ne ressemble plus à rien. Le ministère de l’Intérieur dit qu’il y a eu 187 000 manifestants dans les rues hier en France, la CGT en voit 250 000… rien que pour Paris. Pour cette ville, le ministère de l’Intérieur dit 23 000, le cabinet Occurrence 28 000. Même chose à Marseille où la CGT a vu 110 000 personnes et la Préfecture seulement 8000.

Reste le constat objectif : les personnes mobilisées sont déterminées, mais le reflux est là. La grève à la SNCF était de 10,1 % et moitié moins la veille. Les chiffres sont relativement les mêmes dans l’Éducation nationale.

En encadrant le mouvement, en empêchant l’émergence des assemblées générales comme démarche unitaire générale, les syndicats ont barricadé le mouvement, espérant que le soutien passif des gens suivrait pour une lutte par procuration. Évidemment, les syndicats prétendaient le contraire en appelant symboliquement à un élargissement… sans jamais contribuer à le chercher.

La lutte par procuration s’est donc révélée un substitutisme complet. Aux côté de professions libérales, tels les avocats ou le secteur paramédical, pour qui jamais un ouvrier ne se bougera, et avec raison.

C’est un gigantesque ratage historique et, forcément, sur le plan culturel cela tourne au lamentable.

En Corse, la CGT énergie a privé de courants une dizaine de radars surveillant les routes d’Ajaccio, de Balisaccia, de Bastia, d’Aleria et d’Alistro. Une action du niveau des gilets jaunes, avec le même populisme anti-État allant jusqu’à dénoncer les radars comme un complot pour se faire de l’argent sur le dos des petites gens. Alors que vu le comportement des automobilistes français, il faudrait plutôt mettre des radars partout.

Yannick Baudry, de la CGT Énergie, a une explication ahurissante :

« Plutôt que d’aller couper l’électricité des usagers ou de professionnels, on veut montrer qu’on est des gens responsables, on fait des coupures sur des radars de nuit, pas sur des usagers. »

Les chauffards peuvent lui dire merci. Mais dans la course au néant, il a de la concurrence. Des enseignants ont décidé en effet de se comporter comme les derniers des abrutis : ils ont jeté des manuels scolaires devant les rectorat de Caen, de Versailles et de Clermont-Ferrand, l’inspection académique de Saint-Lô. De telles actions avaient déjà été menées les jours précédents, comme à Lille.

À Caen, un mur a été fait avec les livres avant d’être jetés. Voici l’explication, là encore ahurissante, d’Anne Roascio, co-secrétaire départementale CGT Educ’action :

« Cet acte symbolique montre le ras-le-bol des enseignants. Nous avons eu du mal à faire cette action. Ce n’est pas rien de jeter des livres, c’est le savoir, la culture, ce qui est notre mission.

Cela montre vraiment que nous sommes à bout. Ce mur a été construit à partir de manuels scolaires rendus inutiles par toutes les réformes dans le premier comme dans le second degré. »

Anne Roascio assume donc parfaitement de jeter le livre, qui sont le savoir, la culture. Pour elle c’est justifiée. Rien d’autre ne serait possible ! Ah ben on ne va quand même pas se mettre à critiquer le capitalisme, à dénoncer la bourgeoisie, voire à exiger le socialisme… Mieux vaut se comporter symboliquement comme des criminels anti-culture, c’est mieux ! On ne va tout de même pas rassembler ces ouvrages pour les envoyer dans des pays francophones d’Afrique, où ils pourraient servir…

Le ministre de l’Éducation a eu évidemment toute latitude pour dénoncer un acte symbolique inqualifiable. S’en est suivi un communiqué pittoresque se voulant unanime et parlant d’action libératrice, cathartique.

Il ne faut pas chercher, la défaite est culturelle. On ne combat pas une classe dominante de haut niveau, avec un État ultra-moderne et de haut niveau administratif, en considérant qu’être là c’est suffisant. Cette image d’une vente de sandwich jambon ou fromage, d’un verre de vin ou d’une « bierre » suffit à expliquer pourquoi rien de tout cela ne peut faire rêver.

Des couches populaires n’ayant d’autres ambitions que de vivre comme avant, que de donner au capitalisme un visage humain, ne peuvent aller que de déceptions en déceptions, de défaites en déroutes.

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Politique

La CGT et la CGT–FO à la croisée des chemins

La Fédération nationale CGT des Ports et Docks est rentrée dans la bataille, avec un blocage des ports pour 72 heures. La CGT abat une nouvelle carte, avec l’appui de la CGT-FO. Tous deux jouent leur existence et le risque d’une déroute apparaît comme de plus en plus tangible.

Le Premier ministre Édouard Philippe étant auparavant maire du Havre, la ville est un symbole important dans la lutte contre la réforme des retraites. La Chambre de commerce et d’industrie (CCI) du Havre comptait organiser une soirée pour présenter ses « voeux », elle en a été empêchée par quelques centaines personnes, principalement des dockers.

L’initiative a été mouvementée ; barricadée à l’intérieur des locaux de la CCI, les forces de l’ordre ont en effet subi les lancers de fumigènes et de pétards. Un commissaire de police a eu la très mauvaise idée de ramasser un pétard, dont l’explosion lui a arraché un doigt.

Quelques jours auparavant, la mairie avait subi également l’interruption de ses vœux. Les manifestants en avaient profité, en pénétrant les lieux, pour s’approprier les petits fours et le champagne.

Tout cela est intéressant, indéniablement, si l’on regarde de manière abstraite. Car en pratique, cette lutte est une dernière tentative de relancer, par le forcing, un mouvement de lutte contre la réforme des retraites qui est en train d’agoniser du côté des cheminots et de la RATP.

Concrètement, c’est la fédération nationale CGT des Ports et Docks qui est rentrée dans la bataille, bloquant pour 72 heures différents ports (Le Havre, Marseille, La Rochelle, Bordeaux, Rouen, Dunkerque, Nantes-Saint-Nazaire).

Ce que cela veut dire, c’est qu’on a pas ici affaire à une lutte impliquant les travailleurs, par en bas, sur la base de leurs propres décisions. On est dans une intervention tactique de la CGT, qui en appelle à une fédération très forte pour ajouter du poids dans la balance. On est donc encore et toujours dans le principe de la lutte syndicale par procuration, dans le substitutisme.

Il est évident que cela ne peut aboutir à rien et que cela ne fait que renforcer l’image d’un conflit opposant la CGT au gouvernement. Il est d’ailleurs marquant que la CGT -Force Ouvrière est sur la même position que la CGT, alors que normalement ce sont des frères ennemis s’ignorant. Ce qui est en jeu, c’est vraiment la question historique de savoir s’il y aura demain la place pour une cohabitation, comme c’est le cas depuis les années 1960, du patronat et de syndicats apparemment combatifs, le tout se neutralisant dans des instances mises en place par l’État.

Il ne faut pas se leurrer. C’est toute la tradition de la CGT qui risque de passer à la trappe. Ce qui est en jeu, c’est l’idée de la CGT et de la CGT-FO d’un syndicat à la fois intransigeant mais négociant, arrachant des acquis au sein de négociations institutionnalisées, proposant des contre-projets.

Si la réforme des retraites passe, alors il n’y aura plus de place que pour le syndicalisme non plus de cogestion – ce que sont la CGT et la CGT-FO – mais d’accompagnement moderniste, ce qu’est la CFDT.

Les conséquences seraient bien entendu politiques également, car le Parti Communiste Français est l’expression de la CGT, alors que de toutes façons une bonne partie des restes de la Gauche politique – qu’on sait terriblement affaiblie – s’appuie sur le monde syndical.

Il est ainsi normal que les dirigeants syndicaux, comme ce mercredi 15 janvier dans un  live Mediapart, ne cessent d’expliquer qu’il se passe quelque chose dans tout le pays… mais qu’en même temps, il n’y pas de bouton pour forcer la grève générale. Tout cela est incohérent, mais il s’agit de tenir, en espérant que la lutte des classes reprenne suffisamment tôt pour sauver les syndicats.

Auparavant, l’État faisait tout pour justement pour les sauver, comme en mai 1968, alors qu’ils étaient dépassés. Mais le capitalisme français dans la rude bataille à l’échelle mondiale ne peut plus se permettre tout cela. Il faut moderniser à marche forcée… et l’objectif est clairement de faire de la CFDT le seul interlocuteur, et à terme le syndicat hégémonique, voire unique.

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Culture

«Good News», le single posthume de Mac Miller

Depuis la mort brutale du rappeur et producteur de Hip-Hop Mac Miller l’année dernière, ses proches, famille et collaborateurs, ont fait en sorte que l’album sur lequel il travaillait puisse sortir. Le single « Good News », bouclé par Jon Brion avec qui il collaborait dessus, en est un avant-goût.

Mac Miller était une personne dépressive, cela se comprend à travers ses textes et « Good News » n’y échappe pas (voir la traduction). Pour autant, sa musique ne sombre jamais dans le nihilisme et montre même la volonté de se sortir de ses addictions.

On ne peut parler de Mac Miller, de son œuvre, sans parler de sa mort et donc de sa consommation de drogues. Il a connu de nombreuses phases de toxicomanie et d’alcoolisme, avec de nouveaux produits à chaque fois. Mais il pu s’en sortir plusieurs fois à l’aide de sa volonté, notamment concernant l’alcool.

En septembre dernier, le dealer qui lui avait fourni le produit à l’origine de son overdose a été arrêté. Il devait l’approvisionner en Oxycodone, un médicament largement utilisé par les toxicomanes et dévastant la jeunesse.

Ces médicament étant contrefaits, ils contenaient du Fentanyl, une nouvelle substance qui fait des ravages aux USA et surtout au Canada. L’espérance de vie de la ville de Vancouver a même baissé suite à cette déferlante de Fentanyl.

Cette drogue, un opiacé 50 fois plus puissant que l’héroïne, extrêmement bon marché, est désormais utilisée pour couper tout type de drogues et médicaments du marché parallèle.

Mac Miller en a fait les frais. Ce fut un choc car même pris dans un quotidien autodestructeur, la mort l’a réellement fauché alors qu’il était raccroché à un projet.

« Good News » est le single de cet album, Circles, arrivant après le plus sombre Swimming, album écrit après sa rupture avec la chanteuse Ariana Grande.

C’est qu’il y avait toujours une forme d’optimisme pouvant reprendre le dessus à chaque instant. Et cela se ressent dans ses œuvres, pour la plupart mélancoliques mais pas dépressives voir même carrément positives. C’est notamment l’ambiance musicale qui permet de trancher avec les paroles désabusées.

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Politique

Grèves: la faiblesse de la Gauche fait la force de l’extrême-Droite

La Gauche a refusé la politique et a laissé faire le syndicalisme pour mener la grève contre la réforme du système des retraites. Non seulement cela s’annonce de plus en plus comme un échec, malgré une forte tension à la base dans de nombreux secteurs, mais en plus cela a directement tracé un boulevard pour le Rassemblement national et son populisme nationaliste.

Marine Le Pen a lancé dimanche dernier la campagne du Rassemblement national pour les municipales en se tournant vers la Droite, car les réalités politiques dans les communes exigent de telles alliances. Dans le même temps, elle assume une position « sociale » très forte sur la question des retraites, profitant des faiblesses de la Gauche pour se présenter comme l’opposante numéro un au gouvernement.

Elle soutien le mouvement et demande même de « continuer cette contestation contre la réforme des retraites », en expliquant bien sûr qu’elle retirera la réforme si elle parvient au pouvoir.

La dirigeante du Rassemblement national torpille ici littéralement la Gauche sur son propre terrain, tout en assumant la Droite sur le plan des valeurs. Il ne faut pas s’y tromper : on a à faire ici à une démarche typiquement fasciste, consistant à critiquer la Gauche tout en assumant ses thèmes, mais avec des valeurs de droite.

C’est un rouleau compresseur qui se met en marche afin de proposer le nationalisme comme recours politico-culturel au libéralisme. La Gauche, en ayant laissé l’extrême-Droite s’emparer de la contestation sur les retraites, va se retrouver désemparer. Cela d’autant plus qu’elle a elle-même contribué à baisser le niveau en acceptant le populisme des gilets jaunes.

La situation sera d’autant plus catastrophique si la grève est un échec : le populisme nationaliste aura tout loisir d’attribuer cet échec à la Gauche, et pas au syndicalisme. Le populisme nationaliste de Marine Le Pen est d’ailleurs très clair sur ce point : il ne critique pas le syndicalisme. Au contraire, il propose au syndicalisme de se ranger derrière le nationalisme, qui serait plus à même de lui garantir des succès que la Gauche.

Elle a donc refusé de critiquer la grève, malgré la tradition anti-grève de l’extrême-Droite française, expliquant tout simplement que :

« Les syndicats sont dans leur rôle, nous les partis politiques nous sommes dans le nôtre. »

De manière très habile cependant, elle fait en sorte de critiquer la direction de la CGT, en fustigeant son secrétaire national Philippe Martinez, qu’« on a toutes les raisons de détester » car il est « sectaire, odieux, il refuse le processus démocratique ».

Ce n’est pas tout. Pour être certain que tout le monde ait bien compris son positionnement, pour couper l’herbe sous le pied à l’argument faisant de l’extrême-Droite une force d’appuis aux syndicats « jaunes » (le surnoms des casseurs de grève), elle précise dans Le Parisien :

« Les syndicats réformistes sont les idiots utiles du macronisme »

Elle en appelle même à la base de ces syndicats, en l’occurrence surtout de la CFDT, première organisation syndicale représentative dans le privé, les opposant à leurs directions :

« Ils devront en répondre auprès de leur base qui n’est probablement pas dupe. »

Cet appel du pied de l’extrême-Droite au syndicalisme est un tournant historique, ou plutôt un « retour » historique, car c’est là l’essence du fascisme. La Gauche, quand elle a été forte, politique, ancrée dans les classes populaires, a été le meilleure rempart au nationalisme.

Maintenant qu’elle est faible, isolées dans les centre-villes et soumise au syndicalisme, elle laisse un boulevard au populisme nationaliste. Et ce n’est pas Philippe Martinez qui sauvera la Gauche, car il n’a absolument rien à dire contre le nationalisme. Sa critique du Rassemblement national est totalement à côté de la plaque :

« Les solutions de gens qui sont racistes ne sont pas les bienvenues dans les mouvements sociaux »

Cela n’a aucun rapport, puisque Marine Le Pen ne mobilise absolument pas avec le racisme, mais avec le nationalisme. Alors, quand Philippe Martinez défend ensuite l’immigration en s’imaginant que cela soit utile pour combattre l’extrême-Droite (« le problème dans notre pays ce n’est pas l’immigration, c’est le partage des richesses »), il ne fait que contribuer au grand lessivage nationaliste à venir… À moins que la lutte de classe s’affirme réellement et mette à bas le populisme nationaliste de Marine Le Pen !

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Politique

La lettre de démission collective de 1120 médecins des hôpitaux publics

La contestation dans les hôpitaux publics est toujours aussi forte, alors qu’aucune avancée satisfaisante n’est proposée par le gouvernement. La situation a pris une tournure nouvelle ce mardi 14 janvier avec une lettre de démission collective remise au ministère par 1120 médecins. Cela en dit très long sur le bouillonnement généralisé de la société française, qui a besoin de changement.

Voici la lettre adressée à la ministre de la Santé Agnès Buzyn :

« Madame la ministre,

Nous signataires, chefs de service, responsables d’unité fonctionnelle, présidents et élus de CME et de CMEL, responsables de pôles, ou de départements médico-universitaires, tenons à vous faire part de notre profonde déception face à l’insuffisance du plan d’urgence annoncé le 20 novembre. C’est trop peu, trop partiel, trop étalé dans le temps. Nous sommes conscients qu’on ne corrige pas les insuffisances ou les erreurs du passé en deux ans, mais il y a urgence. La dégradation des conditions de travail des professionnels est telle qu’elle remet en cause la qualité des soins et menace la sécurité des patients.

Il faut un plan avec un volet national et un volet régional. Le financement de ce plan doit être calculé en fonction des objectifs de santé. Le démantèlement en cours de l’hôpital public coûtera beaucoup plus cher à la société que l’investissement massif qui doit être réalisé. Le plan régional confié aux Agences régionales de santé (ARS) devrait porter notamment sur la coordination entre l’hôpital et la médecine extra-hospitalière pour répondre aux besoins de santé dans les territoires, sur l’évaluation des embauches de personnels nécessaires et sur la réduction des disparités de revenus entre les professionnels libéraux et hospitaliers à qualification et activité comparables.

Selon nous, le volet national de ce plan devrait comprendre trois mesures essentielles :

-1. Une revalorisation significative des salaires, en plus des diverses primes annoncées.

-2. Un Objectif national des dépenses d’assurance maladie (Ondam) 2020 n’imposant pas de nouvelles économies aux hôpitaux. Pour ce faire, il manque 600 millions, en plus des 200 millions prévus par le nouveau plan hôpital du gouvernement (en effet sur les 300 millions annoncés, 100 millions sont attribués aux Ephad qui en ont bien besoin).

-3. Une révision profonde du mode de financement afin de permettre d’appliquer la règle du juste soin pour le patient au moindre coût pour la collectivité, d’inciter à la pertinence des prescriptions et des actes au lieu de rechercher à développer les activités rentables pour l’établissement, de donner un sens à une cogestion effective médico-administrative disposant d’une réelle autonomie grâce à une rénovation de la gouvernance impliquant médecins et gestionnaires, personnels et usagers.

Madame la ministre, vous avez connu l’excellence des hôpitaux publics pour la médecine de pointe et pour la recherche. Vous connaissez leur caractère irremplaçable pour la prise en charge de tous les patients quels que soient leurs maladies et leur statut social, vous ne méconnaissez pas leurs insuffisances en matière de qualité de vie au travail, de reconnaissance et de soutien aux équipes de soins. Notre système de santé, comme notre recherche, décroche dans les classements internationaux. L’hôpital doit être réformé, mais il n’y a pas de grande réforme possible sans moyens. C’est pour vous alerter solennellement que nous avons pris en toute responsabilité, la décision inédite et difficile de démissionner collectivement à partir du 14 janvier 2020 si à cette date des négociations ne sont pas engagées.

Croyez, madame la ministre, à nos sentiments très respectueux et à notre dévouement au service public hospitalier. »

Voici également un extrait de l’intervention d’une médecin, qui est très significative de la situation dans les hôpitaux publics :

 

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Culture

Astérix le Gaulois: une flatterie réactionnaire

Le dernier album des aventures d’Astérix est un succès qui s’inscrit dans une offensive commerciale de grande ampleur. Ce succès et ce soutien public reflètent un cadre bien précis que toute personne de gauche ne peut pas manquer de voir : celui d’un renforcement sur le plan de la culture de la tendance au populisme voire même au néogaullisme sous une forme qui se voudrait ici populaire, anodine et consensuelle.

Le 38e album des aventures d’Astérix le Gaulois sorti le 24 octobre 2019 a donc été  un réussite commerciale. Le tirage initial a été de 2 millions d’albums en français (presque autant en allemand). En 4 jours il s’en est vendu plus de 550 000. Une réédition est d’ors et déjà amorcée. Une édition de luxe, dédicacée par les auteurs, à plus de 150 euros l’unité a aussi été diffusée.

Les derniers albums en regard de cela n’avaient pas connu un franc succès de par le caractère confus des intrigues, donnant souvent à juste titre l’impression d’un travail bâclé, sans esprit, sans lien même avec le style fondateur mis en place par le dessinateur Uderzo et le scénariste Goscinny. Cela cherchait simplement à surfer sur une franchise qu’il fallait entretenir coûte que coûte. Ce n’est pas, ou plus, le cas avec cet opus.

L’album vise à assumer de manière très affirmée ce que représente Astérix dans le dispositif « culturel » de la France d’aujourd’hui. On est bien obligé de mettre des guillemets en parlant ici de « culture », puisque, en fait il s’agit essentiellement d’une caricature de la culture française, d’une caricature de l’histoire française et d’une caricature de la société française.

Cela ne serait pas encore trop grave en soi si cela ne relevait pas d’un cadre politique bien précis. Car Astérix en général et cet album en particulier a une incontestable dimension politique : celle du bon mot, du bon sens, du « ni droite ni gauche », celle pour tout dire de l’esprit beauf pseudo-populaire alliant vulgarité et mélancolie comme un trait distinctif de la psychologie voire de l’identité du « Français ».

Les personnages d’Astérix ont ainsi une apparence populaire, ronde, colorée et lumineuse, franche, avec des caractères affirmés qui semblent authentiques. Ils évoluent dans un cadre rassurant, celui d’un petit village où les gens viennent d’un peu partout au fond, se chamaillent souvent mais qui sont tous néanmoins « d’ici ».

Un petit village animé par des activités de petits producteurs indépendants, sans présence significative d’échanges commerciaux, autogérés et suffisants, où tout le monde se connaît et où la vie politique est de fait inexistante, au point où le « chef » du village n’a en réalité aucun pouvoir ni même aucun relief particulier.

Bien sûr, le village est assiégé, par un ennemi militarisé et universel, qui occupe d’ailleurs la Gaule, vue comme une allégorie de la France. Mais si le petit village résiste, il ne fait pas non plus face toutefois à une agressivité particulièrement brutale des Romains, qui sont presque acceptés comme tels et qui sont de toute façon tenus à distance par la « potion magique » du druide du village.

Surtout, le village n’envisage à aucun moment d’élargir la lutte ou au moins une sorte de reconquête. Il accepte le monde, en le tenant simplement à distance de son sanctuaire, et le fréquente comme bon lui semble et selon les termes qui l’arrangent, de façon unilatérale et sur le mode de l’aventure. Chaque histoire se termine d’ailleurs traditionnellement par un banquet collectif, censé représenter les origines du «gueuleton à la française».

Inutile de dire à quel point ce tableau a une dimension réactionnaire. Mais c’est justement cela qui parle. Cet esprit néo-gaullien a l’ambition de proposer le reflet de ce que serait la France, son esprit et son peuple. C’est-à-dire la France de droite, il faut bien le dire.

Mais cette France de droite a un puissant dispositif culturel hérité du catholicisme : celui de la conciliation, de la concorde cocardière et franchouillarde. Cela n’est pas à négliger pour les personnes ayant une sensibilité de gauche. Et cet album joue typiquement de ce ressort.

Voyons rapidement l’histoire : un groupuscule de résistants nommé le FARC (Front Arverne de Résistance Checrète : les Arvernes étant dans l’univers d’Astérix des pseudo-auvergnats du début du XXe siècle, ils sont systématiquement caractérisés d’un accent chuintant) arrive au village avec l’intention de passer clandestinement à Londres pour y organiser leurs activités de résistance face aux Romains.

Ils sont poursuivis par des collaborateurs gaulois, dont le chef Adictosérix, (notons le nom qui sonne au passage comme un reproche anti-moderne), cherche à entraver leur projet et surtout à mettre la main sur leur signe de ralliement : un torque que Vercingétorix a confié à son héritier pour l’enjoindre à poursuivre la lutte. On apprend rapidement que l’héritier en question est une jeune fille : Adrénaline.

Le parallèle avec Jeanne d’Arc est évident, mais comme une jeune fille de notre époque, Adrénaline a toutes les caractéristiques d’une adolescente, ou pour le dire plus exactement de la caricature des adolescentes vues de la droite : d’abord « féministe », c’est-à-dire caractérielle et individualiste, au point finalement de renoncer à sa mission providentielle pour vivre une histoire d’amour sur une île exotique appelée Thulé.

Il est impossible que les auteurs ignorent ce que Thulé signifie dans la culture de la Droite réactionnaire. La société secrète Thulé est considéré comme une des sources du nazisme. Cette simple allusion au milieu d’un tel dispositif est au mieux un relativisme littéralement irresponsable, au pire une volonté de diffuser des thèmes d’extrême-droite au motif de la légèreté.

D’ailleurs, la Thulé en question s’avérera une sorte de paradis tropical métissé ou plutôt ethno-différencialiste où Adrénaline et son amoureux élèveront des enfants blancs, noirs et asiatiques dans une douce insouciance.

La lecture de cette soupe ne peut être qu’écoeurante pour une personne ayant une culture de gauche un tant soit peu développée. Les références sous-entendues, qui font précisément la marque de la série, croisent sans répit les allusions allant de l’extrême-gauche (les FARC par exemple) à l’extrême-droite (le mythe de Thulé), les clins d’oeil aux libéraux (Astérix et Obélix faisant quasiment figure de couple homoparental confronté à l’éducation d’une adolescente en pleine crise existentielle) et aux conservateurs (la mission providentielle de la jeune fille incarnant l’esprit national qu’Adrénaline avant de disparaître révèle qu’il s’incarne dans tout Gaulois résistant et notamment dans le village dans son ensemble).

Tout cela est littéralement du populisme. On sort de la lecture avec l’image d’un village et même d’une Gaule diverse mais unie au bout du compte derrière ses figures et par son esprit et sa certitude de ne pas être concerné par l’universalisme romain. Et si l’universalisme serait désirable, ce serait ce paradis exotique et individuel où Adrénaline se retranche. Le « monde réel » des Gaulois étant marqué par la concorde agitée du village tel qu’il est et tel qu’il reste face au reste du monde.

Un lecteur libéral pourra bien trouver quelques allusions trop « réac » tout comme un lecteur réactionnaire trouvera bien des références trop post-modernes à son goût. Mais les deux ne peuvent rater ici l’essentiel : au bout du compte, la concorde l’emporte et c’est le village qui encore une fois triomphe. C’est précisément en cela que la dimension culturelle de cet album en particulier, mais aussi de l’ensemble de la série Astérix en général, est politique.

À nier la lutte, à prêcher la concorde, le retranchement fataliste, le refus de l’universel, la mélancolie et le mysticisme, Astérix est une oeuvre incapacitante, une flatterie masquant l’individualisme le plus vil derrière un pseudo-panache identitaire. Il est littéralement et dans le mauvais sens du terme, une caricature de la France de sa culture et de son peuple.

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Écologie

«Safari» chasse au chamois au Mont Ventoux

D’après plusieurs articles de presse, la société « Rollet Safaris et expéditions » située à Carpentras a envisagé de proposer un « safari » chasse au chamois, en France au Mont Ventoux. Aucune information n’est plus disponible car le site internet et la page Facebook ont été suspendus suite à la polémique qui a logiquement suivi cette annonce, avec notamment une pétition.

D’après La dépêche, il s’agirait d’une formule à 3000 euros pour quatre nuits en pension complète, incluant donc la chasse au chamois dans le Parc naturel régional du Mont-Ventoux (qui n’est en rien un parc naturel protégé). L’activité serait légale, elle est en tous cas inacceptable moralement et il n’est pas étonnant que la pétition circulant afin de dénoncer voit son nombre de signatures augmenter rapidement.

La pétition recueillait 46 000 signatures ce lundi 13 janvier vers 17h, puis plus de 50 000 vers 22H30.

Voici le texte de la pétition qui dénonce les safaris chasse en général et pas seulement en France :

« Stop à la chasse en safari

Auteur : Gauthier Gwendoline
Destinataire(s) : Rollet safari & expédition

Cette entreprise propose à ses clients des safaris où ils pourront non pas admirer mais tuer (chasser) des animaux !

Les clients se prennent souvent en photo auprès de la carcasse de l’animal mort.

Encore des mises à mort gratuites…

Cette entreprise se vante en plus en « garantissant de l’adrénaline » à ses clients.

Donc les animaux ne sont que ça ? Une source d’excitation ?!

Il faut stopper d’urgence ces massacres.

Comment pouvons-nous tolérer ça dans notre pays ?

Ils proposent de chasser nos beaux chamois de Provence au Mont Ventoux mais pas que… »

> Pour signer la pétition : mesopinions.com/petition/animaux/stop-chasse-safari/78933

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Réflexions

Les Français s’ennuient

Les Français s’ennuient. Mais ils ont trop le sens de l’envergure pour ne pas le savoir. Ils sont corrompus et donc l’acceptent. Jusqu’à une génération en rupture, qui en a simplement assez, qui sature.

Ce qui caractérise actuellement notre vie publique, c’est l’ennui. Les Français s’ennuient. Ils ne participent ni de près ni de loin aux grandes convulsions qui secouent le monde. Le réchauffement climatique les émeut, certes, mais elle ne les touche pas vraiment. Sur le plan de la vie quotidienne, ils restent fidèles à eux-mêmes et donc à leurs habitudes. L’élection de Donald Trump aux États-Unis et de Bolsonaro au Brésil a bien troublé les esprits, provoquant des sentiments violents et des opinions tranchés, puis on est vite passé à autre chose.

L’explosion récente de la pauvreté la plus sombre en Argentine, frappant désormais le tiers de la population, n’a pas été remarqué. Il en va de même pour les très violentes manifestations au Chili à la suite de l’augmentation du ticket de transport dans la capitale de 30 pesos (1 euro fait 848 pesos), faisant au moins 26 morts et pratiquement 3000 blessés. Ni même les mobilisations massives en Colombie, en Iran, en Irak, en Algérie… Seul le mouvement à Hong Kong a été remarqué, parce que les médias en ont parlé comme c’est une mobilisation pro-occidentale.

C’est que l’Europe est en paix et les dirigeants, Emmanuel Macron en tête, ne cessent de dire que c’est fait pour durer. De toutes façons, on n’est plus concerné : les États-Unis et la Chine décident de tout de par leur poids, alors pourquoi changer, ou même faire des efforts ? Tout peut continuer comme avant et rien n’atteint le train train de la vie quotidienne.

Mais la jeunesse s’ennuie. Nés après 2000, les jeunes n’ont pas les préjugés des anciens et ils profitent de la modernité sous la forme d’accès à ce qui forme le goût le plus immédiat : les habits, la musique, le style. Ils sont individualistes et tête en l’air, mais savent en même temps qu’ils sont en rupture complète avec le passé. On les méprise : eux répondent en ignorant ce qu’il y avait avant.

Ils sont une force tranquille, à rebours des gilets jaunes, ces mis de côté qui refusent la modernité au lieu de s’en saisir. Les gilets jaunes veulent geler la France, la faire retourner dans le passé, et les syndicats sont la même posture culturelle avec leur ligne purement défensive, nostalgique des droits acquis hier. Cela ne parle pas à la jeunesse. Comment pourrait-il en être autrement ?

Dans son article du Monde du 15 mars 1968, Quand la France s’ennuie, Pierre Viansson-Ponté constatait la même ambiance étrange où la France semblait en décalage avec tout, même avec elle-même. Et il notait :

« Cet état de mélancolie devrait normalement servir l’opposition. Les Français ont souvent montré qu’ils aimaient le changement pour le changement, quoi qu’il puisse leur en coûter. »

Cela ne semblait alors pas le cas, puisqu’il ne se passait rien. Alors vint mai 1968 juste après, comme expression de la contradiction massive entre une France enkystée dans les vieilles habitudes et une jeunesse en total décalage dans sa manière de concevoir les choses. Il va en être de même pour la France d’aujourd’hui.

Car les Français sont trop éduqués, trop conscients des rapports d’oppression, d’exploitation, trop culturels, trop fiers de leur héritage contestataire, pour ne rien faire. Et s’ils consomment jusqu’au bout, s’ils pratiquent l’individualisme jusqu’au bout, c’est pour bien être certain d’avoir essayé jusqu’au bout de rien faire. Cela aussi, c’est très français. La certitude de l’impossibilité de continuer comme avant acquise, de manière cartésienne à leurs yeux, ils vont alors rentrer dans le jeu historique.

Et cela n’aura, bien sûr, rien à voir avec la tragi-comédie des gilets jaunes. Lorsque se mettent en mouvement les jeunes et les ouvriers – car ils seront là – tout change. Le contenu sera alors ce qui compte. Car c’est toujours ce qui compte, tels les fleurs, les animaux, le bleu du ciel, le bruit de la musique, tout quoi !

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Culture

Hier Soir – Matières artificielles

Voici un clip du groupe Hier Soir. Il décrit de manière très sensible ces lendemains de soirée nauséeux et improductif, où la vie est abîmée à cause des matières artificielles, la drogue ou l’alcool. La qualité de cette production est marquante, le nombre ridicule de vues particulièrement choquant.

« En lendemain de fête, matières artificielles
Je ressasse dans ma tête
Les énigmes s’entremêlent, je n’ai pas vraiment dormi
Le matin je vois les soucis
Je suis molle au fond du lit, je n’ai pas vraiment dormi
J’observe le plafond,
Je connais par coeur toutes ses tâches, je pensais m’y mettre à fond,
Surmonter la peur du crash. »

Voici également une autre chanson significative, « Chanson d’amour ».

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Politique

La mobilisation du 11 janvier 2020 contre la réforme des retraites

Les rassemblements du samedi 11 janvier devaient profiter du week-end pour prolonger en mieux ceux du jeudi précédent. C’est un échec très net, accompagné par le passage de la CFDT dans le camp de la réforme. Alors que la lutte des classes doit précisément se lancer maintenant, elle est tétanisée.

Le grand souci actuel, c’est que les gens qui luttent s’imaginent que parce qu’ils se mettent enfin à faire quelque chose, ils vont vaincre sans péril. Ils ne comprennent pas que leur lutte est encore embryonnaire, faible culturellement, inexistante politiquement. Ils ne voient pas qu’ils ne sont pas en avance et le fer de lance d’une révolte, mais carrément en retard et l’arrière-garde réagissant à un écrasement individualiste de la société.

Les gens mobilisés croient ainsi commencer à gagner… Alors que la lutte réelle ne fait que commencer. Le décalage est total. Et le prix à payer se lit dans l’incapacité à mobiliser au-delà de la base mobilisée.

Il y a eu 149 000 personnes dans les rues le 11 janvier selon le ministère de l’Intérieur, 500 000 d’après la CGT. Dans tous les cas, cela veut dire qu’une partie significative des gens jeudi ne sont pas revenus – rappelons que la CGT avait compté 1,7 million de manifestants jeudi 9 janvier. Cela veut dire aussi que les gens qui ne se sont pas en grève ne se sont pas mobilisés en profitant du week-end.

S’il y avait réellement un élan, il y aurait plus de monde, et surtout une certaine tension sociale. Or, si la majorité du pays refuse la réforme des retraites, il n’y a simplement pas de confiance en les syndicats, CGT y compris. Donc les gens ne sont pas venus, donc les gens ne se mobilisent pas. La base de la lutte, c’est la mouvance syndicale et on ne sort toujours pas de là. Et on n’en sortira pas, car seule la Gauche, dans ses valeurs historiques, peut porter un mouvement de masse, certainement pas « les syndicats ».

Ceux-ci sont pour cette raison obligés de toujours plus basculer dans le syndicalisme révolutionnaire, c’est-à-dire le substitutisme d’une minorité luttant par procuration pour les autres. Voici ce que le dit le communiqué commun CGT – FO – FSU – Solidaires – CFE CGC – MNL – UNEF – UNL :

« Les 9, 10 et 11 janvier les mobilisations auront été d’une grande force. Ce samedi 11 janvier elles ont pris de l’ampleur avec un caractère interprofessionnel et transgénérationnel marqué. »

C’est du syndicalisme révolutionnaire, parce que l’idée est qu’à force de mettre en avant un « mythe mobilisateur », il est espéré que les choses s’auto-réalisent. On dit que la jeunesse est mobilisée aux côtés des plus anciens, que de larges secteurs du monde du travail s’impliquent. On le dit pour faire en sorte que cela arrive, comme par magie. Et on s’auto-intoxique jusqu’à croire à ses mensonges.

Seulement là, le contexte est totalement différent et les syndicats jouent pratiquement à quitte ou double. C’est d’autant plus vrai que l’État, rompu à la gestion des conflits sociaux dans notre pays, a mis en branle le processus d’intégration. La CFDT considère déjà qu’elle a gagné avec la mise de côté de l’âge pivot du projet de loi – une mise de côté pourtant présentée par le gouvernement comme « provisoire ». De plus, comme cet âge pivot pourra être modelé comme le gouvernement l’entend en jouant sur la valeur des « points » accumulés lors du parcours individuel dans le monde du travail.

La vraie question n’est toutefois pas là. Le problème de fond, c’est que les syndicats font partie des institutions depuis cinquante ans et qu’on voit leurs limites : ils ne peuvent rien proposer dépassant le cadre posé par le gouvernement. Ils ne le peuvent pas, ils ne le veulent pas. Ils ne parviennent pas – même quand ils le veulent, c’est flagrant pour les secteurs les plus offensifs de la CGT – à proposer quelque chose de positif.

On est enfermé dans un mode revendicatif rétif à toute politisation, à toute valeur politique, hostile à toute politisation même. On en revient aux mêmes travers des gilets jaunes : l’État est considéré comme les grand gestionnaire de portefeuille de la nation et doit payer, les droits sont considérés comme un privilège individuel et non des conquêtes sociales.

Et les syndicats fonctionnent comme fin en soi ; ils ne se veulent pas vecteurs de la lutte, mais le lieu de la lutte, le lieu d’absolument tout. Voilà pourquoi la démagogie d’extrême-Droite peut continuer à dénoncer la réforme des retraites, alors qu’un mouvement sur une base de Gauche rendrait cela impossible. Les choses vont se décanter… dans un sens ou dans un autre. Rien ne peut rester tel quel.

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Politique

Retraites: la «victoire» revendiquée par la CFDT

La CFDT considère qu’elle a obtenu du gouvernement le « retrait de l’âge pivot » et que cela constitue une victoire, conduisant à cesser le mouvement et à se mettre autour de la table pour organiser avec le gouvernement la réforme de la retraite.

On est ici loin de l’esprit de la CFDT qui dans les dix années ayant suivies le mouvement de mai et juin 1968 s’est posée comme une véritable organisation « démocratique » et « représentative » des travailleurs. Ils s’agissait à l’époque d’arriver en quelque sorte au socialisme depuis l’intérieur du capitalisme, via l’autogestion.

C’était alors alors perçu comme un radicalisme dans un contexte où l’extrême-Gauche était forte. La CFDT apparaissant comme une sorte de gauche de la très rigide CGT, organiquement liée au lui-même très rigide PCF, totalement débordé par « mai 68 ». La CFDT revendiquait alors la retraite à 60 ans. Une campagne d’action commune avait par exemple été lancée en ce sens avec la CGT le 1er avril 1971, la revendication n’aboutissant qu’une dizaine d’année plus tard avec l’élection de François Mitterrand.

La CFDT « autogestionnaire » des années 1970 a ensuite opéré un tournant en devenant de plus en plus « réaliste » dans ses revendications. Pour le dire autrement, puisque la norme était l’intégration des travailleurs au capitalisme, via les institutions, il s’agissait d’être les « meilleurs » sur ce plan là. Il s’est agit d’obtenir des choses « concrètes », en jouant la carte de la non-opposition systématique.

Cela a conduit l’organisation à adopter le plan Juppé (qui concernait en partie les retraites) en 1995 puis à signer la réforme des retraites de 2003. En 2020, cela amène la CFDT à se mettre à la table du gouvernement, après en être parti temporairement, en affirmant avoir obtenu quelque-chose d’important.

Voici le communiqué de la CFDT publié hier samedi 11 janvier 2020 suite à une décision du gouvernement :

« La CFDT a obtenu le retrait de l’âge pivot et poursuit son action pour un système de retraite plus juste

La CFDT a pris connaissance du courrier envoyé aujourd’hui par le Premier ministre. Elle salue le retrait de l’âge pivot du projet de loi, retrait qui marque la volonté de compromis du gouvernement.
Dans cet esprit, la CFDT va poursuivre les discussions dans le cadre proposé pour répondre aux interrogations qui demeurent sur le futur régime universel.

La CFDT s’engage pour porter ses revendications : meilleure prise en compte de la pénibilité, de la situation des femmes, sécurisation des transitions, notamment dans la fonction publique, amélioration du minimum contributif, développement de la retraite progressive et amélioration des fins de carrière.

La CFDT s’inscrira également dans la conférence de financement dont elle a proposé le principe. Elle le fera avec l’esprit de responsabilité qui a toujours été le sien et avec l’exigence de justice sociale et de solidarité qui a toujours guidé son action. Elle le fera sans exclure aucun sujet, mais avec le souci de défendre les intérêts des travailleurs et des retraités. »

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Écologie

Marche unitaire nationale contre la chasse à Toulouse le 1er février 2020

Les associations de protection animale françaises organisent une marche unitaire nationale contre la chasse en coordination avec plusieurs pays. Elle aura lieu à Toulouse le 1er février. Voici le communiqué :

« Action annuelle coordonnée avec de nombreuses villes espagnoles pour témoigner du sort funeste de plus de 50000 Galgos, Podencos et Bodegueros à la fin de la saison de chasse (début février). Mais aussi avec l’Italie, les Pays-Bas, l’Allemagne.

Utilisés pour la « Chasse au lièvre » notamment ; la tradition veut que ceux qui n’ont pas fait « honneur » à leurs Galgueros(chasseurs) soient pendus, brûlés vifs, traînés derrière une voiture, jetés au fond d’un puits vivant, battus à mort…..cette cause s’étend aux portes des Pyrénées françaises (élevages clandestins…)

Dans ce contexte d’asservissement ils ne sont pas rattachés à la loi en vigueur sur le droit des animaux.

Nous marcherons aussi pour tous les Animaux terrestres et marins victimes de la Chasse en France et dans le Monde. Loups, blaireaux, renards, globicéphales, pangolins, cerfs, faisans, sangliers, éléphants, lynx, ours, lions, baleines…….
Les personnes qui viendront accompagnées de leur Ami chien seront responsables donc tenus en laisse pour leur sécurité et devront ramasser leurs déjections.

Une prise de parole par représentant et de chaque association vous est demandé si vous souhaitez. Vous devez en avertir One Voice haute-garonne 31 par messagerie pour des raisons d’organisation le jour j (pas la veille svp).
Nous invitons les associations, collectifs luttant pour la cause animale à venir nous rejoindre et s’inscrire en co-organisatrices.

Le parcours de la Marche vous sera donné dès que la préfecture l’aura validé (déjà déposé) ainsi que le déroulement sur l’évènement.

Marche pacifiste!

Participeront ; Galgos sans famille, Galgos france, la Voix des Loups Occitanie, Ayuda association, Cercle des Podencos, One Voice, ASPAS, CCEA, Landes anti-corrida, Défense pyrénéenne des animaux, Lévrier mon Amour, Parti animaliste, CRAC Europe, association G.A.L.G.O.S, C’est Assez Catalogne, Toulouse Animal Save, 269 Life france, EELV Toulouse, Lévriers sans frontières, Association une histoire de Galgos,ASPAS,RAC, Passions Lévriers, Mouvement pour la cause animale, Fondation Brigitte Bardot, Animallibre, Convention Vie et Nature, France Insoumise, Toulouse animal save, Alliance opposants à la chasse;

Cette Manifestation est un rassemblement pacifiste donc nous ne tolérerons pas des insultes, des sarcasmes face aux passants, aux forces de l’ordre ou d’autres associations présentes. Nous serons là pour y veiller.

Nous mettons l’accent sur le fait que tout le monde est sur le même pied d’égalité les défenseurs de la Cause animale.

Nous serons là pour les Animaux ! »

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Politique

La fin de l’ancrage des «écologistes» à Gauche

Le gouvernement autrichien, après avoir été formé d’une coalition Droite / extrême-Droite, s’appuie désormais depuis janvier 2020 sur l’alliance de la Droite et des écologistes. Cette tendance est générale en Europe et en passe de se réaliser en France. Faire confiance à EELV serait un suicide pour la Gauche.

Les Verts autrichiens sont un équivalent des Verts allemands : ils sont nés pareillement de toute une génération qui s’est politisée dans les années 1970, souvent chez les « maos ». La question écologiste, une problématique née très tôt dans les pays germaniques, a servi de détonateur pour la naissance d’une Gauche alternative brassant les anciens hippies, les anti-nucléaires, les opposants à la guerre et l’OTAN, les féministes, les autonomes et leurs squats berlinois, etc.

Par la suite, tant en Allemagne qu’en Autriche, les realos (réalistes) ont vaincu les fundis (fondamentalistes), c’est-à-dire que les tenants du pragmatisme ont triomphé de ceux exigeant un modèle alternatif de société comme dénominateur commun du mouvement. Daniel Cohn-Bendit, qu’on présente souvent en France comme très « alternatif », est en réalité l’un des principaux dirigeants historiques du courant realos.

Les Verts allemands et autrichiens sont alors devenu un parti comme les autres, le parti des bobos (bourgeois-bohème), avec donc une base diplômée, vivant en centre-ville et adeptes d’un libéralisme culturel forcené.  Les grandes ONG écologistes ou humanitaires ont ici notamment servi de vivier de cadres pour les Verts, avec des allers-retours.

L’installation de la bourgeoisie de type « bobo » dans le paysage a mis un terme à toute prétention à être « alternatif ». Cela explique la formation en janvier 2020 d’un gouvernement autrichien formé par l’alliance de la Droite et des Verts, le congrès de ces derniers appuyant l’initiative à 93,18 %. Deux régions autrichiennes avaient de toutes façons, depuis plusieurs années déjà, un gouvernement avec une telle coalition.

Werner Kogler, dirigeant des Verts autrichiens et désormais vice-chancelier

En Allemagne, il y avait également eu des mairies de coalition Droite / Verts ; même si cela a toujours été une exception, cela reflète toute une tendance et c’est d’ailleurs cas d’une importante ville comme Cologne depuis 2016. Dans les années 1990, les représentants de la Droite et des Verts se rencontraient secrètement dans une pizzeria (donnant le nom de pizzeria-connexion), il n’en est aujourd’hui plus besoin.

Enfin, il y a eu également des alliances des Verts avec des partis conservateurs pour les gouvernements tchèques (2007-2009), en Irlande (2007-2011) et en Finlande (2007-2011). Ce furent des premiers coups de semonce, la participation des Verts autrichiens à un gouvernement de Droite ouvrant la boîte de Pandore.

Il est bien connu d’ailleurs que l’une des principales figures d’EELV, Yannick Jadot, est ouvertement favorable à un tel pragmatisme. François de Rugy et Jean-Vincent Placé avaient déjà ouvert la voie avant lui.

De toutes manières, la tendance est inévitable, car elle est dans la matrice d’EELV. En effet, les « Verts » à la française n’ont jamais été alternatifs comme les Allemands et les Autrichiens, ils ne sont pas issus de mai 1968. Ce sont des anti-progrès anti-technologie refusant l’opposition gauche-droite, proposant un retour en arrière, Antoine Waechter étant leur chef de file historique, un journal comme La Décroissance étant un bon exemple.

Les Verts en version alternatif ont bien existé, mais cela a été en France davantage des marxistes autogestionnaires de sensibilité écologiste. L’Alternative rouge et verte (1989-1998) fut leur structure historique. Cela donna les Alternatifs avec une alliance avec d’autres groupes, pour former finalement Ensemble ! dans le Front de gauche. Toute la culture alternative passa à la trappe dans ce processus.

Il faut souligner également que cette gauche représentée par l’AREV profite en grande partie du courant catholique de gauche, avec surtout la CFDT prônant le socialisme autogestionnaire à la fin des années 1960 (la CFDT était jusqu’en 1964 la « Confédération française des travailleurs chrétiens »).

C’est ce qu’on appelle la nouvelle gauche dans les pays anglo-saxons, et la seconde gauche en France.

On peut noter ici justement que Yannick Jadot avait participé à une association étudiante, La Déferlante, à l’université de Paris-Dauphine (sélective et fondamentalement tournée vers le « business »). Ses membres ont notamment rejoint la CFDT ainsi que des cabinets de conseil lui étant proches, des structures internationales comme la Banque Mondiale. Yannick Jadot, lui, a dirigé Greenpeace France de 2002 à 2008.

C’est une bon exemple, car cela montre que les « écologistes » tendent à devenir toujours la même chose, de par leur matrice, quel que soit leur pays. De par l’abandon de la base alternative et de par le refus du mouvement ouvrier, on a une soumission à des gens surdiplômés, vivant dans les centre-villes, profitant de structures associatives au financement massif, ainsi que d’institutions internationales ou même directement des institutions européennes.

On est ici dans une utopie sociale-libérale et par conséquent le rapprochement avec Emmanuel Macron est inévitable. L’affirmation d’un projet libéral-écologiste, appuyant l’Union Européenne, est pratiquement inéluctable comme « idée politique ». Faire confiance à EELV, c’est donc amener la Gauche à se faire tôt ou tard poignarder dans le dos.