Catégories
Société

L’assassin de Villeurbanne : il y a des responsables à sa folie

Le capitalisme, c’est du profit et en rien de l’organisation. C’est une fuite éperdue en avant. Les vagues massives de mouvements de population sont dans son intérêt, afin d’impulser de nouvelles dynamiques économiques. L’assassin de Villeurbanne est un de ces migrants qui, incapable de se propulser dans le capitalisme, a basculé dans l’errance et la folie.

C’est un drame du monde d’en bas – alors que la société tout en haut du capitalisme vit bien à l’écart de ce genre d’événements. L’assassin de Villeurbanne, un Afghan pachtoune, l’État ne sait pas quel âge il a. 33, 31 ou peut-être 27 ans. Il avait trois identités différentes. Et son errance est longue. On sait qu’il était en France en 2009, en Italie en 2014, en Allemagne en 2015, en Norvège en 2016, puis la même année en France.

Bref, on ne savait finalement rien de lui et lui-même ne savait sans doute plus trop qui il était. Sa personnalité a été atomisée. Pulvérisée par un parcours erratique depuis l’Afghanistan tribale jusqu’aux métropoles modernes et aliénées dans leur anonymat consommateur.

C’était un être humain, mais socialement un sous-produit de la vague d’immigration servant à renouveler les stocks de main d’œuvre pour le capitalisme. C’était un numéro parmi d’autres numéros. Et les numéros peuvent faire ce qu’ils veulent du moment qu’ils restent des numéros isolés.

C’est le principe du libéralisme, de l’atomisation en individus séparés. Le soutien au vague migratoire n’est rien d’autre qu’un éloge de l’atomisation, de la course au bonheur purement individuel, dans la négation de l’histoire, de la société, de la culture.

L’assassin de Villeurbanne, avant d’assassiner, a été assassiné culturellement. Sa folie vient de là. Et il y a justement une administration étatique, qui se charge de vérifier que rien ne déborde. Celle-ci a fait qu’il disposait d’une carte de séjour temporaire valable jusqu’à janvier 2020, la première étant obtenue en 2018, ce qui signifie qu’elle a été renouvelé en 2019.

Et elle savait qu’il avait des problèmes. Depuis avril 2019, il était dans un centre d’hébergement à Vaulx-en-Velin et on lui a proposé de se tourner vers le centre de santé mentale de Forum réfugiés, puis vers un établissement psychiatrique de Lyon.

Il n’a pas voulu. Mais on l’a laissé, car l’administration étatique ne fait qu’accompagner les phénomènes de la société capitaliste. Elle ne veut pas les résoudre. Cela signifie qu’on le reconnaissait, mais qu’en même temps on ne le reconnaissait pas. Cela ne pouvait qu’ajouter à sa folie.

Jusqu’à ce jour fatidique du samedi 31 août donc, où sur l’esplanade de la gare routière Laurent-Bonnevay, à Villeurbanne, armé d’un couteau et d’une broche de barbecue, il tue une personne, en blesse deux grièvement, ainsi que six autres encore.

On savait qu’il n’allait pas bien. Mais on a nié ses problèmes, son existence. Le capitalisme ne se préoccupe pas des existences. Ceux qui prônent l’ouverture totale de la France à tout le monde non plus. Tout ce qui intéresse ici, c’est le libéralisme, le libéralisme, le libéralisme et encore le libéralisme. Et tant pis si c’est un échec : malheur aux vaincus.

Finissons donc sur la seule réponse possible : non les gens ne doivent pas faire ce qu’ils veulent, comme ils veulent. Non, ils ne peuvent pas faire atterrir leur avion près du Mont-Blanc, à 4 450 mètres d’altitude, comme des Suisses l’ont fait en juillet dernier. Non, ils ne devraient pas posséder de voitures capables de dépasser les vitesses autorisées ou de rouler en SUV. Non, ils ne devraient pas avoir le droit de s’installer comme ils le veulent, n’importe où.

Mais c’est la dictature, ça ! Tout à fait, la dictature au service des intérêts de la grande majorité. Parce qu’il est évident que ceux qui ont tous les moyens, font n’importe quoi avec.

Catégories
Société

Homophobie dans les tribunes ? Les supporters répondent en assumant l’humour grotesque

Accusés d’homophobie, les supporters de football « ultras » des tribunes populaires s’en sont donné à cœur joie ce week-end pour répondre avec des banderoles plus ou moins créatives, mais toujours incisives. Et ils ont raison, car il n’y a rien de plus insupportable que les bourgeois prétendant donner des leçons au peuple.

Depuis le début de la saison, le gouvernement et la LFP, l’instance organisatrice du football professionnel en France, ont décidé de faire de l’homophobie un thème. On a alors découvert que les tribunes françaises seraient particulièrement « homophobes », qu’on y entendrait « les mots « pd », « enculé », pendant une heure trente », comme l’a dit la ministre des Sports Roxana Maracineanu.

On est là en pleine caricature évidemment, avec des supporters « ultras » considérés comme des regroupements de beaufs, d’énergumènes arriérés qui seraient simplement violents et intolérants. En fait, les gens comme Roxana Maracineanu, pétris de leur condescendance bourgeoise, sont complètement à côté de la plaque avec leur discours sur les discriminations que véhiculeraient les classes populaires.

Les supporters ont bien compris cela et ont réagit ce week-end avec de nombreuses banderoles souvent très bien vues, assumant totalement le fun, faisant part d’une certaine subtilité et d’un humour très vif.

Tout le monde a compris que la question de l’homophobie n’est ici qu’un prétexte de la part des instances et du gouvernement, mais aucunement un combat démocratique sincère. Alors, il ne faut pas les prendre « pour des cons », comme l’ont affiché les supporters nantais. C’était en effet juste de leur part de rappeler :

« Nous faire la leçon sur la prétendue homophobie dans nos tribunes après être allé promouvoir le sport français au Qatar, vous nous prenez vraiment pour des cons ! »

Ce thème du Qatar, faisant référence au PSG et à la prochaine Coupe du Monde, a été relayé à de nombreuses reprises, tellement c’est en effet grotesque. On a ainsi eu à Lyon des banderoles :

« FIFA, Roxana, Schiappa : l’homophobie n’est-elle grave que sans pétrodollars? »

« Schiappa, tu parleras d’homophobie au Qatar-2022? »

Il y aussi eu dans ce stade d’autres choses bien vues pour dénoncer ce décalage avec la réalité comme :

« Le Père Noël est une ordure sans « Je t’encule Thérèse », c’est aussi plat qu’un stade sans second degré. »

Ou encore, de manière volontairement provocatrice, des allusions à la bonne entente entre les supporters de Bordeaux et Saint-Étienne, rivaux des Lyonnais, ce qui serait :

« preuve que l’homosexualité a sa place dans les stades » !

Ce genre de provocation a été récurrente, comme de la part des Rouennais à propos de leurs rivaux du Havre :

« Non à l’homophobie, soutien aux Havrais »

Les Toulousains ont quant à eux eu le nez fin pour provoquer subtilement, ironisant sur la faiblesse de leur équipe :

« Toujours en L1 trois ans après, merci PD »

« PD » étant les initiales de Pascal Dupraz, l’entraîneur du club !

Les banderoles les plus retentissantes ont été celles des Niçois, d’autant plus qu’elles étaient réalisées avec soin. La première fait référence au nouveau repreneur du club, Ineos, qui est aussi investit dans le cyclisme et dont l’équipe a gagné le Tour de France :

« Bienvenue au groupe Ineos : à Nice aussi on aime la pédale »

« LFP/Instance : des parcages pleins pour des stades plus gay. »

L’arbitre du match s’est couvert de ridicule en arrêtant le match pendant dix minutes à causes de ces banderoles provocantes.

Très amusante fût la banderole des messins, qui ont repris les paroles de la chanteuse Angèle, que tout le monde connaît et qui à aucun moment n’ont fait scandale :

« PSG, LFP, Laisse moi te chanter d’aller te faire ennnnn… Je passerai pas à la TV parce que mes mots sont pas très gais »

La question du Qatar a également été évoquée à Metz par un petit jeu de mot :

« Coupe du Monde au Qatar, les stades sont-ils homologay ? »

À Caen, on a provoqué plus simplement, mais très sévèrement :

« LFP, Ministres, l’homophobie est un vrai sujet… »

De manière très amusante encore à Nantes, il y a eu la banderole visiteurs Montpelliérains « Faire la queue leu leu c’est homophobe ? », qui a été repris par les supporters locaux chantant « à la queu leu leu » !

Très bien vu aussi pour pointer l’absurdité des accusations d’homophobie, alors qu’il s’agit surtout de vulgarité, à Angers où une femme officiait en tant qu’arbitre, il y a eu la banderole :

« « arbitre enc**ée », est-ce homophobe pour une femme ? »

Dans leur style caractéristique très vulgaire et anti-parisien, les Marseillais ont de leur côté affiché :

«  La LFP se sert de l’homophobie pour sodomiser nos libertés : A Paris, vous avez toujours des prétextes en bois de Boulogne pour nous la mettre ».

Ils ont ensuite affirmé :

« des fumis contre l’homophobie. Nous sommes seulement Ligophobes. On a le droit ? »

Parallèlement, comme on pouvait s’en douter, les Marseillais s’en sont donné à cœur joie pour provoquer durant tout le match, scandant à tue tête « qui ne saute pas est un pédé » ou leur « fameux » chant, « Paris, Paris, on t’encule », sans que l’arbitre à aucun moment n’interrompe le match, comme ce fût le cas au début du week-end ou lors des précédentes journées.

Les instances dirigeantes du football et le gouvernement se sont en effet retrouvées coincées ce week-end, prises à leur propre jeu de la dénonciation de l’homophobie par des supporters qui ne sont pas dupes et qui ne comptent pas se laisser dire la messe.

Ils considèrent en effet, comme cela a été écrit à Reims, que :

« Quand on veut se débarrasser des supporters, on les accuse d’homophobie »

Catégories
Politique

Triomphe de l’AfD dans l’Est de l’Allemagne

Cela fait plusieurs mois qu’on savait que le mouvement d’extrême-Droite AFD allait faire un carton plein aux élections partielles dans certaines régions de l’Est de l’Allemagne. Malgré tous les efforts faits, cela n’a pas pu être empêché. C’est que la mise en place de la grande Allemagne s’accompagne de très importants problèmes internes, ce qui s’ajoute à la réaffirmation du nationalisme conquérant parallèlement à la crise du capitalisme mondial.

5,4 millions de personnes ont voté ce dimanche, dans deux régions allemandes. En Saxe, la Droite est en tête avec 32,3 % et juste derrière il y a l’AfD, avec 27,8 % soit quasiment 18 % de plus qu’en 2014.

Dans le Brandebourg, c’est le SPD c’est-à-dire l’équivalent du Parti socialiste qui est en tête avec 27,2 % des voix, l’AfD récoltant 22,8% des voix.

Cette situation est surtout une catastrophe pour le parti Die Linke (La Gauche), issue des structures de la Gauche est-allemande officielle d’avant 1989. Elle est décrédibilisée. Comme le dit Sahra Wagenknecht :

« Il est apparent que Die Linke n’est plus considérée comme une force crédible de la part de beaucoup de gens qui votaient pour elle auparavant, capable de prendre au sérieux ses intérêts et de changer leur vie pour quelque chose de meilleur. »

Il faut savoir ici que l’élite économique allemande n’est composée qu’à 2 % de gens originaires de l’Est du pays, que dans l’ancien territoire de la RDA, les gens ont un niveau de vie inférieur de grosso modo 20 % par rapport à l’Ouest. La rancœur prédomine alors que l’économie continue de se délabrer. C’est une des raisons du succès de l’AfD.

Une autre raison est que l’Allemagne devient une grande puissance, ce qui exacerbe le nationalisme conquérant. L’AfD est ainsi propulsé et propulse une multitude de regroupements nazis, le tout de manière non formelle. Jusqu’à présent, l’extrême-Droite était décapitée par les interdictions dès qu’elle passait un cap. Elle n’a jamais été en mesure de structurer un front pour se couvrir. Avec l’AfD, elle l’a enfin.

La troisième grande raison est le chaos provoqué par l’afflux de migrants et de réfugiés. L’Allemagne a dépensé 23 milliards d’euros pour accueillir plus d’un million de personnes. Cependant, cela ne suffit pas et les frictions sont très nombreuses. La perte de repère a déboussolé des personnes ayant quitté leur pays tout en emportant avec eux leurs valeurs souvent féodales, d’autant qu’ils sont bien souvent bien plus migrants économiques que réels réfugiés. Cela a, là aussi, provoqué une rancœur énorme dans la population.

La grande question en Allemagne depuis des mois est ainsi de savoir si ces élections catastrophiques absolument prévues préfigurent un renversement de tendance également à l’Ouest, ou pas.

Formellement, cela ne devrait pas être le cas à court terme, l’AfD ne disposant pas d’une dynamique suffisante. De plus, la grande dynamique allemande est surtout d’avoir l’hégémonie dans l’Union européenne, avec le moteur franco-allemand comme noyau dur.

Cependant, l’AfD est un outil bien utile pour liquider la Gauche et surtout les forces anti-guerre extrêmement puissantes en Allemagne. On peut donc bien parier sur son installation réelle dans le paysage politique.

Cela montre que l’Allemagne, comme la France, est un pays qui tangue. Dans ces deux pays, l’avenir va consister en de grandes révoltes sociales et une vraie bataille politique.

Catégories
Culture

Nouvelle playlist dream pop / shoegaze sur fond de post-punk

Voici une nouvelle playlist, davantage tournée vers le vaste monde de la pop dite « indé ». Elle est composée essentiellement de morceaux récents, d’artistes la plupart eux aussi assez récents. Non pas que le passé n’ait pas d’intérêt, loin de là ! Simplement une question de sons, d’ambiance générale.

fazerdaze

Pour introduire cette playlist, commençons par les influences qui ressortent : les Cure, période Disintegration sans aucun doute (comment ne pas être influencé d’une manière ou d’une autre par ce chef d’oeuvre ? ), les Smiths pour ceux qui s’accrochent davantage à un son plus terre-à-terre, plus classique et plus tard les approches plus aériennes de groupes comme Slowdive et ceux que l’on qualifiera de shoegaze.

La playlist commence avec trois morceaux au tempo plus élevé, avec des lignes mélodiques post-punk et une côté éthéré, aérien, un peu rêveur…

Mumrunner est groupe originaire de Tampere en Finlande, le morceau Cascais est tiré de leur EP Gentle slopes, sorti en 2016. Si le morceau est bien réussi, il a le défaut de se reposer un peu trop sur une alternance classique couplet/refrain. La formule marche, mais on tiendrait difficilement tout un album. Arrive ensuite DIIV, un groupe américain originaire de New York, avec le morceau Doused tiré de leur premier album Oshin, sorti en 2012. Et il faut bien reconnaître que le niveau est monté d’un cran : tous les instruments remplissent leur rôle à merveille, personne ne se met à l’écart. Le résultat est un morceau dense et riche. On peut ne pas accrocher, ou regretter que le groupe n’ait pas poussé le morceau un peu plus loin, mais on ne peut dire que celui-ci est creux. Enfin, Wildhoney arrive avec Horror movie, morceau tiré de la compilation Continental Drift, sortie en 2016.

Les morceaux suivants commencent à moins jouer sur les sonorités et les mélodies aériennes. Certains morceaux sont davantage dans une ligne pop indé que l’on serait tenté de qualifier de classique comme Gone home de the Spook school, groupe écossais, ou Adult diversion de Alvvays. De son côté, Castlebeat avec le morceau I follow se démarque de leurs voisins de playlist avec une approche plus minimaliste et une certaine originalité dans la partie rythmique. Seapony, groupe américain originaire de Seattle, font partie de ces groupes qui sont loin de révolutionner un genre musical, mais qui savent faire les choses bien. Leur morceau Where we go, est issu de leur premier album : Go with me, sorti en 2011.

Fazerdaze est un groupe composé d’une personne qui s’accompagne d’autres musiciens lors de ses tournées. Originaire de Nouvelle-Zélande, le morceau Lucky girl est de loin le morceau le plus connu de sa compositrice et celui qui lui a permis de connaître un certain succès. Cela tombe bien, le morceau est une réussite : preuve supplémentaire que la production artistique n’est pas qu’une question technique. Le morceau est à la fois simple et original, le résultat est très plaisant à écouter, ré-écouter encore et encore… Il provient de son premier album, Morningside sorti en 2017.

Vacations est un groupe australien, leur morceau Home est tiré de leur EP Days sorti en 2015.

Les deux derniers morceaux de la playlist ralentissent nettement le tempo. Men I trust se démarque des autres groupes avec des sonorités plus électroniques. Le morceau I hope to be around date de 2017 et le groupe est originaire du Québec, au Canada.

Enfin, le dernier morceau est composé par Dream, Ivory, groupe américain originaire de Californie.

Catégories
Écologie

Communiqué du PS : « La Santé vaut plus que les profits de l’agro-business ! »

Le Parti socialiste publie un communiqué ainsi qu’un appel à soutien aux maires qui interdisent les pesticides de synthèse à proximité des habitations sur leurs communes. Chacun sait à quel point c’est aujourd’hui une question écologique et de santé publique essentielle ; la Gauche doit assumer ce combats contre les dégâts de l’agro-industrie capitaliste.

« Interdiction des pesticides : La Santé vaut plus que les profits de l’agro-business !

30 août 2019
En ordonnant mardi la suspension de l’arrêté municipal pris par le Maire de Langouët visant à interdire l’utilisation de pesticides à moins de 150 mètres des habitations dans sa commune, le tribunal administratif de Rennes, saisi pat la Préfète d’Ille-et-Vilaine, refuse au maire l’application du principe de précaution en vue de protéger la population des effets nocifs des pesticides de synthèse.
Nous dénonçons le double discours de l’Etat qui d’un côté semble vouloir donner raison au maire en annonçant par la voix du Président de la République la mise en place d’une nouvelle législation et qui de l’autre attaque l’arrêté devant un tribunal administratif et demande sa suspension immédiate.
Cette situation risque d’ailleurs de se répéter. A Perray-en-Yvelines, Château-Thierry, Parempuyre, Ruelle-sur-Touvre, Gennevilliers, Sceaux, Audincourt, dans une vingtaine de communes déjà, d’autres maires ont pris des décisions identiques pour sauvegarder la santé de leurs habitants. Ils risquent à leur tour de voir leurs arrêtés suspendus.
Dans ce contexte, nous tenons à affirmer notre soutien aux maires qui défendent la santé des gens avant les profits des grandes industries de l’agro-business. Chacun sait que les arrêtés d’aujourd’hui seront la loi de demain. C’est pourquoi nous lançons aujourd’hui un appel pour amplifier ce mouvement et soutenir les maires dans leur action.
Nous affirmons également aux agriculteurs que nous avons conscience de leur situation. Ils sont victimes d’un système productiviste et industriel dépassé. Nous les invitons à se joindre à ce mouvement pour poursuivre le combat que nombreux d’entre eux mènent afin de produire une alimentation de qualité.
Notre devoir collectif est de préserver et renforcer la santé de nos concitoyennes et concitoyens et celle des génération futures. »

Voici l’appel en question, qui peut être signé ici :

« Appel à soutenir les maires dans leur combat contre les pesticides

Le Parti socialiste salue l’engagement des maires de France qui ont pris la décision d’interdire l’usage des pesticides sur le territoire de leur commune. 

A Langouët, Perray-en-Yvelines, Château-Thierry, Ruelle-sur-Touvre, Gennevilliers, Sceaux, Audincourt, Parempuyre, dans une vingtaine de communes déjà, des maires ont pris la décision d’interdire le glyphosate dans l’agriculture car, analyses à l’appui, ils ont pris la mesure des risques encourus pour la santé des habitants. Au cœur d’une controverse scientifique sur la dangerosité de cette molécule, ils ont décidé tout simplement d’appliquer le principe de précaution pour protéger leur population.  
Nous soutenons ces maires qui refusent la non assistance à population en danger, en défendant la santé des gens avant les profits des grandes industries de l’agro- business.  
Nous soutenons ces maires qui veulent garantir notre sécurité alimentaire en refusant de pratiquer « en même temps » la culture des sols pour se nourrir et la pollution de ces mêmes sols au risque d’en mourir.  
Nous soutenons ces maires qui concilient dans leur action au quotidien exigence sociale, précaution sanitaire et impératif écologique. Les mettre en cause au nom de la loi n’est pas être à la hauteur. Il est déjà arrivé dans l’Histoire que la loi ait besoin pour évoluer d’un aiguillon civique.  
Voilà pourquoi nous appelons à amplifier ce mouvement qui n’est pas contre les agriculteurs, mais qui les invite à participer avec nous au combat pour une agriculture et une alimentation qui ne soient pas dominées par les intérêts financiers de quelques-uns mais par un souci d’agronomie, d’économie territoriale, d’emploi, de qualité et qui préservent et renforcent la santé de nos concitoyens et celle des générations futures. »
Catégories
Guerre

Tendance à la guerre : appel australien à la militarisation accentuée contre la Chine

L’université de Sydney en Australie dispose d’un United States Study Center, qui a produit un rapport en cette fin août 2019. Les bases américaines en Asie seraient sous la menace d’un attaque rapide menée par la Chine, il faut donc militariser bien davantage et organiser un front militaire unifié américano-australien.

Le rapport de l’United States Study Center est vraiment très clair. Il est tout à fait franc dans ses objectifs, à savoir maintenir l’hégémonie américaine, avec son allié australien et empêcher la Chine de vouloir poser un repartage du monde. On est ici dans une logique militariste tout à fait assumé.

Le document, relativement long, expose la chose suivante : la clef est l’Australie.

Pour comprendre cela, il faut saisir l’arrière-plan. Il y a de nombreuses bases américaines autour de la Chine, à la base pour tenter d’exercer une pression sur la Chine communiste de Mao. Aujourd’hui la Chine n’a rien à voir et se pose comme grande puissance conquérante.

Or, selon le rapport australien, les bases américaines seraient détruites à 70 % si la Chine mène une attaque surprise. Voici une carte montrant comment le rapport voit les choses :

L’Australie, par contre, est suffisamment protégée d’une attaque surprise. Le rapport la place donc au cœur de la stratégie américaine « nécessaire ». L’Australie doit devenir la tête de pont américaine.

Cela est prétexte à toute une évaluation du matériel militaire américain, de ses capacités budgétaires, etc. Et là on a droit à tout un catastrophisme accompagné d’une exigence de militarisation, sur une ligne d’affrontement futur.

Le rapport de l’United States Study Center insiste ainsi très lourdement sur le fait que les États-Unis ne disposent pas d’un plan de budget suffisant pour maintenir leur hégémonie dans le Pacifique. Ils devraient impérativement s’organiser pour relancer l’ensemble de leur militarisation. Pour cela, ils doivent se réorganiser.

Ainsi, il est appelé à renforcer les forces sous-marines, afin d’être en mesure de contrer aux missiles chinois. Le rapport appelle également ouvertement l’Australie et le Japon à assumer militairement le « trou » laissé par la pseudo incapacité américaine à suivre la Chine militairement. D’ailleurs, il devrait y avoir un seul front organisé, unifié, des États-Unis et de ses alliés dans le Pacifique.

Le rapport parle également du sens des exercices militaires Talisman Saber de cette année. Ceux-ci ont lieu tous les deux ans en Australie depuis 2005 et ont regroupé 35 000 soldats cet été, avec des forces américaines, australiennes, canadiennes, japonaises et néo-zélandaises. Il s’agissait cette fois de s’entraîner à une opération d’envergure en mer de Chine.

Il est même parlé de « l’aventurisme chinois », ce qui est déjà un signe annonciateur du mot d’ordre du Japon, de l’Australie et des États-Unis pour l’affrontement futur avec la Chine. Au début de l’année 2019, dans son rapport annuel, le département de la défense des États-Unis annonçait d’ailleurs que la Chine était en train de devenir « la puissance prévalente dans la région indo-pacifique ».

On l’aura compris, les cartes sont désormais distribuées. Le cœur de la guerre mondiale future, ce sera la zone indo-pacifique. L’affrontement indo-pakistanais sera son à côté inévitable. L’Europe cherchera à bien se positionner, mais elle ne coupera pas elle non plus à l’affrontement.

Dans tous les cas, le capitalisme mondial vacillera de manière générale, comme ce fut le cas au moment de la première guerre mondiale. Personne ne pourra échapper à l’impact d’une guerre dévastatrice, produite par l’affrontement de la principale puissance et de celle venant la concurrencer.

Une guerre produite inévitablement par le capitalisme posant la concurrence, la compétition, comme norme à tous les domaines, et avec un système économique fondé sur l’accroissement toujours plus grand des richesses financières, ce de manière exponentielle et à tout prix.

Catégories
Politique

L’université d’été 2019 de La France insoumise, une négation des valeurs de la Gauche

L’université d’été de La France insoumise à Toulouse a été propice à des abandons formels de valeur de la Gauche. Avoir invité Thierry Ardisson est ainsi un véritable scandale, de par ce que représente cette figure médiatique. Les propos de Henri Peña-Ruiz sont tout autant inacceptables, puisqu’elle met les religions sur le même plan que l’athéisme, au nom de la « laïcité ». C’est une capitulation dans tous les domaines qu’on peut observer ici.

Henri Peña-Ruiz, présentée par les médias comme une « philosophe proche de La France insoumise », a tenu les propos suivants lors de l’Université d’été de cette organisation :

« Le racisme antimusulman est un délit. La critique de l’Islam, la critique du catholicisme, la critique de l’humanisme athée n’en est pas un. On a le droit d’être athéophobe, comme on a le droit d’être islamophobe, comme on a le droit d’être catophobe. »

Ces propos ont fait scandale, car comme on le sait La France insoumise est largement poreuse à la thèse tiers-mondiste et misérabiliste de l’Islam comme une sorte de religion des opprimés. Cette thèse converge avec les opérations de diffusion de l’Islam par l’Arabie Saoudite et le Qatar, le concept d’ « islamophobie » étant un outil politique en ce sens.

Sauf qu’ici on marche sur la tête, car une phobie est une peur démesurée et il va de soi qu’il faut en triompher. La peur démesurée des araignées, de l’Islam ou de quoi que ce soit est irrationnelle et doit donc être vaincue.

Il faut vraiment rejeter la Gauche historique en bloc pour en arriver à justifier toutes les phobies en bloc et parler de catophobie ou athéophobie. C’est d’autant plus vrai que le rejet des religions est mis sur le même plan que les religions elles-même ! Alors que la Gauche historique a justement une thèse simple : les religions doivent disparaître de la surface de la Terre, car elles sont un préjugé du passé.

Cette polémique estivale montre à quel point La France insoumise est aux antipodes de la Gauche historique et quand on voit qu’un invité de marque a été Thierry Ardisson, on voit bien qu’il n’y a plus rien à faire, qu’on a atteint le point de non-retour.

Thierry Ardisson a un parcours qui le place à rebours complet de la réalité populaire. C’est avant tout un publicitaire (« Ovomaltine, c’est de la dynamique ! », « Vas-y Wasa ! », « Lapeyre, y’en a pas deux ! », « Chaussée-aux-Moines : Aaamène ! », « Quand c’est trop c’est Tropico ! ») qui a appliqué ses recettes à la télévision.

Cela en a fait une figure du racolage télévisuel, de la beauferie présentée comme culturelle et d’une posture de dandy anarchiste de droite comme garant d’une pseudo-authenticité. Tout cela pour un succès économique capitaliste efficace pendant des décennies et en 2018, dans une interview, Thierry Ardisson, par ailleurs monarchiste assumé, expliquait gagner « entre 15 000 et 20 000 euros par mois » et qu’il faisait de la télé « au détriment d’activités plus nobles », car vénal et aimant l’argent.

Et c’est lui qu’on invite à La France insoumise ? Ce n’est même plus grotesque, ni même pathétique, c’est ouvertement anti-Gauche. La France insoumise est un simple vecteur nationaliste se targuant de valeurs sociales, le drapeau français étant associé à des revendications allant dans le sens d’un pays « fort ». Le slogan employé « Macron vend la France » est digne de l’extrême-Droite de par son contenu à la fois nationaliste et démagogique, ses raccourcis intellectuels et son racolage.

Un racolage devenu de fait intempestif à La France insoumise et cela va continuer jusqu’aux municipales, élections qui vont être d’une difficulté extrême pour cette structure. Elle va donc prolonger sa démarche et certainement pas aller à du contenu, encore moins à l’unité de la Gauche sur des fondements solides.

Catégories
Politique

Nouvelle agression du local PCF de la Croix-Rousse à Lyon

Le local du PCF du quartier de la Croix-Rousse à Lyon a de nouveau été dégradé hier, alors qu’il venait d’être réparé suite à une précédente agression. Cela porte assurément la marque de l’extrême-Droite qui est de plus en plus menaçante à notre époque.

Aline Guitard, dirigeante lyonnaise du PCF, a expliqué que les 22 vitres du local venaient d’être réparées, après « des mois de tergiversations de l’assurance ». Cela faisait suite à une précédente dégradation, s’inscrivant dans une longue liste d’agressions ces dernières années.

L’attaque a eu lieu pendant la nuit du 27 au 28 août 2019 de la part de trois individus cagoulés et armés de barres de fer. L’extrême-Droite, très implantée à Lyon, est évidemment en cause. On reconnaît là son style et on sait que son but est d’écraser la Gauche, pour empêcher toute expression politique démocratique et populaire.

Aline Guitard a ainsi justement expliqué :

« Mais nous ne désarmons pas pour autant : nous ne baisserons pas plus les bras que les yeux et nous continuons la lutte ! NO PASARAN ! »

La Gauche lyonnaise a logiquement soutenu le PCF face à cette agression, comme avec le premier secrétaire du PS du Rhône Yann Crombecque qui a affirmé qu’il est « est impératif que ces actes de violences soient condamnés, et que les auteurs de ces agissements détestables soient identifiés, arrêtés et jugés ».

De son côté, Karim Aou de Génération-s a exprimé sa stupéfaction et sa colère en affirmant notamment :

« Face à la brutalité exercée et à la volonté d’intimider un mouvement démocratique, il convient de garantir la sécurité des biens et des personnes, ainsi que la liberté d’opinion. Pour cela, j’invite le maire de Lyon et le Préfet de police à prendre les mesures nécessaires et sans attendre.

Les Lyonnaises et les Lyonnais dont la ville est la capitale historique de la Résistance, ne se laisseront jamais intimider par la peste brune. Tous ensemble, résistons à l’extrême-droite ! »

Rappelant que les dégradations concernent toutes ses sections en France avec « près d’une vingtaine de dégradations volontaires » en un an, le PCF a également expliqué que « ça suffit » et qu’il ne se laissera pas intimider par la violence.

On sait en effet à quel point la violence de l’extrême-Droite s’inscrit dans les interstices de la société, de manière subite et agressive, sans qu’on puisse forcément opposer autre chose que la force. Sans parler de la couverture toujours plus grande de tels agissements par l’État lui-même…

C’est là tout de même quelque chose que la Gauche sait par tradition. Lutte Ouvrière a publié à ce titre un document intéressant cet été dans son organe théorique : « Face à la crise et à l’extrême droite : la question de l’armement du prolétariat. »

Lutte Ouvrière récuse en revanche l’idée du Front populaire, ce qu’on peut évidemment critiquer si l’on considère que seule l’unité la plus large est à même de vaincre le fascisme. Dans tous les cas, les attaques d’extrême-Droite ne sont jamais anecdotiques et sont toujours à considérer avec un regard d’ensemble foncièrement politique.

Catégories
Société

Couple, vie quotidienne et réaction

Les couples avancent, tiennent plus ou moins et sombrent dans une vie tout ce qu’il y a de plus acceptable. Les gens se posent et veulent profiter. Leurs couples deviennent de petits îlots, à la fois acceptation et rejet du monde qui les entourent. Les sorties se font en couples, les voyages en couples, la maison change et chacun prend son petit rôle.

à bout de souffle

Arrive le premier enfant, voire le deuxième et tout est relativisé, les gens deviennent raisonnables et sont obligés de penser à l’avenir de leurs progénitures. Ils n’ont « pas le temps », ou plutôt font en sorte de ne plus l’avoir. L’avenir de l’enfant est déjà planifié, les principes s’effritent et la santé, le bien-être de l’enfant sont les premiers et éternels prétextes avancés : personne n’est prêt à reconnaître qu’il a renié ses idéaux et sa jeunesse.

Certains fuyaient la société, sa morale et une vie quotidienne aliénante ; le temps aura suffi à remettre ces personnes sur le droit chemin. Un minimum de reconnaissance, voire un très vague prestige social, un couple, un foyer, un enfant et tout est oublié : la réconciliation a lieu. Toutes les parties sont satisfaites : la machine continue de tourner, malgré quelques errements de jeunesse. Ne dit-on pas qu’il faut que « jeunesse se fasse » ? À l’image de ces hommes friands de relations éphémères et qui finissent par se caser : il faut profiter de sa jeunesse, faire des expériences…

Soyons de véritables révolutionnaires

Au final, ceux qui se renient pour un peu de reconnaissance ont adopté le même schéma : leur jeunesse n’est devenue qu’une anecdote, une manière de se caractériser, d’être unique. La sincérité et toute la dignité de ces années de jeunesse ont été transformées en marchandises, en identité. Il y a l’ancien teuffeur, l’ancien punk, l’ancienne gothique… Et les nouveaux pères et mères de familles, de nouvelles personnes respectables et dorénavant acceptées dans leurs familles et belles-familles.

Trop contents d’avoir des petits-enfants, les parents viennent détruire le peu de dignité qu’il restait. Un minimum d’argent dans la famille et la corruption morale détruit tout : les plus intègres font des compromis, les autres plongent avec le sourire, trop contents d’avoir la possibilité d’ajouter quelques mètres carrés pour le petit qui va arriver.

Les couples cimentent alors leur relation avec un enfant. Les hommes se laissent porter et les femmes arrivent à leurs fins. Les hommes échangent ce projet contre une situation confortable, un foyer tenu par leur compagne. Chacun accepte son rôle et le foyer devient un lieu qui prépare la venu sur le marché de nouveaux individus, de nouveaux consommateurs, de personnes prêtes à accepter les horreurs d’un mode de production en perdition.

Le petit appartement des habitants des grandes villes n’est plus suffisant, il faut impérativement une pièce en plus avant même l’arrivée du premier. Les plus pragmatiques s’éloigneront du centre ville et iront dans une banlieue plus ou moins proches. Les autres auront plus petit et s’engageront sur des prêts toujours plus lourds.

L’enfant fait tout oublier. On oublie les mensonges et les tromperies d’une relation. La naissance est un moyen de réécrire une histoire qui de toute façon était déjà réécrite sans cesse fasse à l’entourage : on s’imagine quelque chose de vrai à défaut de l’avoir vécu.

Et le même scénario recommence : des couples davantage démocratiques et modernes se détachent ; mais qui arrive à tenir face au poids des années et de la vie quotidienne ? Qui arrive à ne pas trouver le premier prétexte pour parler systématiquement de son enfant à la pause déjeuner ? Qui arrive à ne pas tomber dans la logique des vacances et du néant culturel, voire intellectuel dans de nombreux cas, qui vont avec ?

Les personnes raisonnables à vingt ans ont au moins la dignité de ne pas avoir jeté par la fenêtre toute une partie de leur vie. Elles sont déjà vieilles, intégrées avant que les études, le travail et les divers crédits n’aient à faire quoi que ce soit. Elles sont efficaces et productives dans cette production éternelle, en apparence, de nouveaux consommateurs, de nouveaux individus. Elles sont ces personnes fières de faire des heures supplémentaires, fières de faire avancer leurs entreprises quoi qu’il arrive.

Ces personnes savent-elles que tout le monde finit par se faire broyer tôt ou tard, d’une manière ou d’une autre ? Ont-elles fait le choix de ne pas faire de détour en espérant que la chute sera moins douloureuse ? Voire même plaisante ?

Heureusement, on finit par trouver des exceptions, des personnes, des couples qui tiennent face à la tempête. Combien tiendront ? Combien ne se feront pas démolir ?

Catégories
Écologie

« L’Amazonie est bien plus qu’une forêt », affirme le Grand conseil coutumier des Peuples Amérindiens et Bushinengé

Voici une tribune d’une grande valeur de la part du Grand conseil coutumier des Peuples Amérindiens et Bushinengé de Guyane à propos de l’Amazonie. Ce sont des choses concrètes et profondément justes qui y sont dites, avec une grande exigence démocratique et une clairvoyance sur la réalité du capitalisme. Ce texte a une portée universelle très grande, en rappelant notamment qu’en « Afrique aussi la forêt brûle et les peuples et l’ensemble des êtres souffrent de cette destruction. »

« La solidarité amazonienne

Depuis plusieurs semaines, les regards du monde entier sont tournés vers la forêt amazonienne. Cependant, il est souvent vite oublié, volontairement ou pas, que cette forêt est habitée, et gérée raisonnablement par les peuples autochtones depuis des millénaires. Le lien fraternel qui nous lie entre peuples Autochtones d’Amazonie transcende les frontières administratives.

Depuis la Guyane, nous observons avec une grande tristesse les incendies qui ravagent notre forêt dans les différents pays. L’Amazonie est le territoire ancestral des peuples Amérindiens. L’Amazonie a servi de refuge au moment de la rébellion face au système esclavagiste.

La forêt est bien plus qu’un ensemble d’arbres et d’animaux. Nous y avons, nous peuples Amérindiens et Bushinengé, un attachement particulier au niveau culturel, spirituel, économique, etc.

Quand nous voyons les flammes, c’est tout cela qui brûle et c’est ce qui crée cette profonde compassion et solidarité avec les peuples et les communautés qui font directement face à ce drame.

Les responsables de la destruction

Le président brésilien Jair Bolsonaro a déclaré le 12 avril 1998 « Quel dommage que la cavalerie brésilienne ne soit pas montrée aussi efficace que les américains. Eux, ils ont exterminé leurs indiens». Il est évident que ce personnage profondément raciste a une grande part de responsabilité, néanmoins le Grand Conseil Coutumier refuse de céder à la facilité et de personnifier le véritable problème qui est politique et économique et qui est soutenu par la majorité des dirigeants au niveau mondial.

Ce ne sont pas de simples feux, c’est l’œuvre du capitalisme.

Le Brésil n’est pas le seul pays amazonien touché par les flammes, l’Amazonie n’est pas la seule forêt en feu, en Afrique aussi la forêt brûle et les peuples et l’ensemble des êtres souffrent de cette destruction.

Le feu n’est pas le seul danger qui menace ou qui détruit l’Amazonie. L’extractivisme a sa grande part de responsabilité. Et nous sommes dans l’étonnement face au positionnement du président Emmanuel Macron qui consiste à ​dénoncer la destruction de l’Amazonie brésilienne ou bolivienne mais qui parallèlement attribue 360 000 hectares de forêt aux multinationales minières, en Guyane, en Amazonie française​.

Notre positionnement

Le Grand Conseil Coutumier a pour responsabilité de représenter et défendre les intérêts des peuples Amérindiens et Bushinengé de Guyane.

Nous tenons à ré-affirmer notre solidarité avec les peuples directement touchés par ces incendies et nous demandons à la population de prendre enfin conscience de l’importance de la forêt.

Nous avons refusé de co-signer la tribune de madame la ministre Annick Girardin, car il manque des engagements au niveau de la reconnaissance des droits des peuples autochtones et leur rôle dans la préservation de la biodiversité. Nous soutenons sa proposition d’augmenter les fonds alloués par l’Union européenne sur le développement de l’Amazonie ​mais la participation pleine des peuples autochtones à sa gestion doit être garantie​. Nous soutenons sa proposition de créer un fonds international pour l’Amazonie ​mais qui devra être directement géré en Amazonie par les peuples autochtones et les communautés​.

Nous notons les engagements du président de la République Emmanuel Macron «d’associer les peuples autochtones», néanmoins cela doit se traduire par la participation pleine des peuples autochtones à l’ensemble des décisions concernant la Guyane et l’Amazonie, donc ​le renforcement du Grand Conseil Coutumier ​en instance décisionnaire avec de véritables moyens de fonctionnement​.

Nous demandons une nouvelle fois au gouvernement français de ratifier la Convention 169 de l’OIT afin de reconnaître véritablement le droit des Peuples Autochtones.

Pour finir, l’Amazonie est bien plus qu’une forêt, c’est notre «chez-nous», elle est vivante et elle est en train de mourir, par l’action de l’homme. Ensemble, changeons le destin de notre planète et ayons le courage de prendre des virages pour l’avenir et pour l’espoir.

Le Grand conseil coutumier des Peuples Amérindiens et Bushinengé. »

Catégories
Guerre

Le G7 à Biarritz : entre amateurisme et folie militariste

Le G7 à Biarritz est le dernier avant la crise du Brexit à venir, ainsi que la récession qui s’annonce dans de nombreux pays. C’est toute une nouvelle époque qui s’ouvre, avec pour l’instant des dirigeants allant sciemment à la guerre et des gens paralysés par l’espoir d’une consommation capitaliste qui continue comme si de rien n’était.

Il y a d’un côté la nullité toujours plus grande de politiciens à la tête d’un système décadent, de l’autre une incapacité populaire à saisir quoi que ce soit au grand drame qui vient, celui de la guerre pour le repartage du monde.

On a ainsi Emmanuel Macron qui dans son allocution télévisée de samedi, expliquait :

« Dans quelques heures j’accueillerai (…) les chefs d’État et de gouvernement des États-Unis d’Amérique, du Canada, du Japon, de l’Allemagne, d’Italie, et les institutions européennes. »

Ce faisant, il oubliait le Royaume-Uni. Résultat, lors de la mise sur les réseaux sociaux, l’Élysée a été obligé de couper le passage. C’est là un amateurisme qui aurait été impossible il y a peu encore. C’est tout le niveau intellectuel et culturel qui s’effondre dans le capitalisme.

De leur côté, Donald Trump ou Boris Johnson ne sont pas que des farfelus dingos, ce sont de vrais dirigeants, prenant des décisions réelles, en conformité avec le caractère totalement fou du capitalisme allant à la guerre.

L’amateurisme devient la norme, comme hier avec Hitler ou Mussolini. Prenons par exemple le président brésilien Jair Bolsonaro. Fin juillet il devait rencontrer à Brasilia Jean-Yves Le Drian, le ministre français des Affaires étrangères. Il annulé pour des « raisons d’agenda ». Et au moment du rendez-vous, il s’est posté en vidéo directe sur Facebook… en étant chez le coiffeur.

C’est pathétique. C’est d’un pathétique meurtrier. C’est cela qui nous attend si les masses ne se réveillent pas et disent : hors de question de faire s’effondrer le niveau de civilisation !

Mais, prisonnier de la société de consommation d’une vie quotidienne à la fois aliénante et aliénée, les gens ne peuvent pas prendre la réalité au sérieux. Ils attendent que cela se passe – et rien de grave ne peut selon eux se passer.

C’est qu’il y en a de la corruption en France comme dans tous les pays du G7, qui représentent quasiment la moitié de la richesse mondiale !

Tout se révèle bien à la lumière de cette personne en train de passer comme si de rien avec son skate cruiser, clope à la main (à la fin de la vidéo suivante), à Bayonne entre les CRS et des manifestants en pleine colère, pour qui plus est perdre celle-ci dans un mauvais mouvement en arrière… Rien ne peut être finalement sérieux  !

Ajoutons à cela le fait qu’on se demande bien ce que font ici les manifestants, alors que Biarritz est à plusieurs kilomètres de là. La police ne protège pas ici un quelconque accès au G7, mais bloque les ponts vers le centre-ville commercial de Bayonne depuis le vieux-Bayonne, le quartier de la Gauche Abertzale (patriote basque). C’est comme si la police avait mis des unités là pour occuper les manifestants, et que ça marche !

Tout cela est du grand n’importe quoi et on ne dira jamais assez de mal justement des gilets jaunes, ce mouvement plébien anti-politique porté par une seule volonté : celle de vouloir vivre « comme avant ».

Mais plus rien ne sera comme avant et le G7 à Biarritz a montré à quel point on est rentré dans l’ère des tensions ouvertes, puisque même une déclaration commune à la fin de la réunion est devenue impossible.

Le Brexit qui vient, en plus de la récession dans de nombreux pays capitaliste, va provoquer une onde de choc dans une situation déjà mûre. L’Histoire s’accélère et les enjeux sont pas moins que le monde lui-même.

Catégories
Guerre

Emmanuel Macron prend en otage la question de l’Amazonie pour servir la puissance française

Avant-hier à la veille du G7 à Biarritz, Emmanuel Macron a opportunément évoqué les incendies en Amazonie, afin de critiquer l’État brésilien et faire pression sur des accords commerciaux. Il en a rajouté lors de son allocution d’hier à Biarritz, laissant entendre qu’il sera à l’origine d’un mouvement d’action en faveur de l’Amazonie, ce qui n’a d’autre fin que de servir les intérêts de la France en tant que grande puissance.

La forêt amazonienne connaît actuellement une série d’incendies de grande ampleur. D’après un spécialiste du Centre européen de prévisions à moyen terme (ECMWF), «  jamais les incendies dans l’État brésilien d’Amazonas n’avaient émis plus de CO2 lors d’un mois d’août, alors que le mois n’est pas encore fini ». Le constat fait par l’Institut national brésilien de recherche spatiale (INPE) va dans le même sens, avec un nombre de départs de feu constaté très supérieur aux années précédentes.

La catastrophe est telle que la ville de São Paulo a vu son ciel complètement obscurci pendant une heure en plein après-midi ce lundi 19 août 2019, du fait de ces incendies. Plusieurs études scientifiques alertent par ailleurs sur un possible point de non-retour qui serait franchi rapidement, empêchant l’équilibre hydrique de la forêt tropicale humide de se maintenir, la faisant devenir une savane.

La situation n’est cependant pas nouvelle, ni isolée : elle correspond à l’état général de la planète, dont la vie est bouleversée en profondeur par l’activité humaine dans le cadre du mode de production capitaliste. La question de l’Amazonie fait ici surtout office de totem, manié par des gens qui ne veulent pas réellement changer le monde et qui s’attachent à des symboles pour prétendre l’inverse.

Les propos d’Emmanuel Macron sur Twitter sont très significatifs de cette posture à propos de l’Amazonie :

« Notre maison brûle. Littéralement. L’Amazonie, le poumon de notre planète qui produit 20% de notre oxygène, est en feu. C’est une crise internationale. Membres du G7, rendez-vous dans deux jours pour parler de cette urgence. #ActForTheAmazon »

Personne ne sait vraiment d’où le Président français tient ce chiffre de 20 %, mais il est en tous cas faux. Parler de poumon de la planète pour l’Amazonie correspond de surcroît à une posture romantique, pas à la réalité scientifique.

Déjà, parce qu’un poumon ne produit pas d’oxygène ! Mais surtout, car il est faux de considérer la planète en séparant les parties du monde et les formes de la vie les unes des autres. La production et le maintient de la teneur en oxygène de l’atmosphère est quelque chose de très complexe, qui concerne l’ensemble de la biosphère. La majorité des émissions d’oxygène provient d’ailleurs des océans, grâce au phytoplancton et non pas des forêts. L’Amazonie, aussi grande soit-elle, ne constitue de toutes manières qu’une partie des forêts mondiales.

Mais ce n’est pas ce qui compte ici puisqu’en réalité Emmanuel Macron entend surtout faire pression pour tirer un avantage plus favorable des accords avec le Mercosur, c’est-à-dire surtout le Brésil et l’Argentine. La situation est très simple : l’Union européenne a signé un accord de libre-échange abolissant presque entièrement les taxes douanières entre les deux marchés communs.

Cet accord, qui est pour l’instant suspendu, est intéressant pour l’industrie allemande, notamment pour l’exportation d’automobiles, et pour le Brésil, pour l’exportation agricole. Il est en partie intéressant pour les exportations françaises, mais entre cependant en concurrence avec les intérêts de l’agro-industrie française, elle aussi très puissante et exportatrice.

La destruction par des incendies volontaires de la forêt amazonienne, qui est un crime barbare contre la vie sur Terre et la vie de la Terre, a pour but de dégager d’immenses espaces agricoles pour l’agro-industrie brésilienne et particulièrement l’élevage. C’est cela que critique Emmanuel Macron, non pas pour des raisons écologiques, mais pour des raisons de concurrence économique, principalement à l’encontre de l’élevage bovin français.

Quand le Président français accuse le Président brésilien d’avoir « menti » sur ses engagements en faveur du climat, il dénonce en fait la possibilité d’une concurrence accrue contre l’agro-industrie française du fait de plus grands espaces agricoles. C’est pour cela qu’il affirme en conséquence vouloir s’opposer à l’application de l’accord avec le Mercosur.

La présidente de la FNSEA, qui représente directement les intérêts de l’agro-industrie française, a immédiatement salué la « décision de sagesse » d’Emmanuel Macron, considérant que ses arguments ont été entendus.

La défense de la forêt amazonienne n’est en effet qu’un prétexte, un mensonge, de la part de celui qui encourageait l’industrie liée à l’extraction d’or dans la forêt amazonienne en Guyane lorsqu’il était au ministère de l’économie. Le président brésilien d’extrême-Droite Jair Bolsonaro a alors beau jeu de dénoncer une instrumentalisation, puisque c’est de cela qu’il s’agit :

« Je suis navré que le président Macron cherche à instrumentaliser une question interne au Brésil et aux autres pays amazoniens à des fins politiques et personnelles. Le ton sensationnaliste avec lequel il se réfère à l’Amazonie (faisant même appel à de fausses photos) ne contribue en rien à régler le problème. »

Remarquons ici que cette polémique bénéficie largement au chef d’État brésilien, qui se pose alors en critique des grandes puissances en plein G7, dénonçant même une mentalité colonialiste :

« Le gouvernement brésilien reste ouvert au dialogue, sur la base de faits objectifs et du respect mutuel. La suggestion du président français selon laquelle les affaires amazoniennes soient discutées au G7 sans la participation de la région évoque une mentalité colonialiste dépassée au 21e siècle ».

Chaque pays cherche à tirer son épingle du jeu dans le cadre de la concurrence économique mondiale. Nous vivons l’époque des Trump, Xi Jinping, Bolsonaro, Poutine, Erdogan, Duterte, du Brexit, de la bataille toujours plus ouverte pour le repartage du monde.

Emmanuel Macron et Angela Merkel eux-mêmes sont des va-t-en-guerre avec leur moteur franco-allemand de l’Union Européenne, qui assume une militarisation accrue. La question de la guerre, couplée à celle de la vie pacifiée de la planète sur le plan écologique, va indéniablement façonner les prochaines années !

Catégories
Guerre

Le G7 2019 à Biarritz : vers la guerre

Les années 1990 ont connu un vaste mouvement « altermondialiste » qui se focalisait sur les grands événements comme le G7, exigeant une autre orientation de l’économie mondiale. C’est du passé. Désormais, on retourne aux fondamentaux : les pays sont tous en concurrence ouverte les uns avec les autres, on va vers la guerre et l’affrontement sino-américain est la toile de fond du drame qui s’annonce.

Le G7 qui se tient à Biarritz n’est pas une simple réunion des « puissants », mais une étape dans la constitution de nouveaux blocs. Il a fallu une semaine avant que l’on s’aperçoive que les propos de Donald Trump n’étaient pas du tout farfelus, mais relevaient d’une vraie politique de conquête. Le Monde, Le Figaro, Le canard enchaîné… ont rappelé qu’en réalité, les États-Unis demandent régulièrement à se procurer le Groenland, et ce depuis 1850 !

L’OTAN a d’ailleurs mené dans la région les manœuvres Trident Juncture en 2018, à la frontière de l’Arctique entre la Norvège et l’Islande, alors que ce dernier pays abrite désormais des avions américains de lutte anti-sous-marin Poseidon P-8.

Mais telle est la naïveté des gens, qui s’imaginent que la guerre n’est plus possible, alors que seul l’effondrement du bloc de l’Est a temporairement rebattu les cartes. On est train de revivre les années 1980 désormais et donc tout recommence sur le plan de la marche à la guerre.

Donald Trump a d’ailleurs annoncé la chose suivante sur Twitter :

« Nous n’avons pas besoin de la Chine et franchement on est mieux sans eux. Les vastes sommes d’argent faites et volées par la Chine aux États-Unis, année après année, pendant des décennies, doit cesser et CESSERA.

Nos formidables entreprises américaines ont de ce fait pour ordre de commencer immédiatement à chercher une alternative à la Chine, y compris en ramenant vos entreprises à la maison et en fabriquant vos produits aux USA.… »

Ce message fait partie d’une longue liste de messages, dont un annonçant que les taxes sur 300 milliards dollars de biens chinois devant commencer le premier septembre seront de 15 % et non plus de 10 % comme prévus.

Cela suit la décision de la Chine de relever les droits de douane à l’importation sur 68 milliards d’euros d’importations américaines.

Dans ce panorama, il faut ajouter que les États-Unis viennent de procéder à un test d’une « variante d’un missile de croisière d’attaque sol-sol Tomahawk » qui a frappé une cible à 500 kilomètres. C’est une conséquence de la rupture du traité INF sur les missiles intermédiaires et la Russie a immédiatement affirmé qu’elle répondrait par un test « symétrique ».

On ne sera donc pas étonné qu’au sujet du G7 qui a lieu ce week-end à Biarritz, Le Figaro titre son article de la manière suivante :

« À Biarritz, un G7 électrique accueille des puissances plus divisées que jamais »

Emmanuel Macron a d’ailleurs prévu le coup et carrément supprimé la traditionnelle déclaration de clôture, se cachant derrière le faux argument comme quoi ce serait des « communiqués que personne ne lit, qui sont le résultat d’interminables chicayas bureaucratiques ».

C’est que plus jamais il n’y aura d’unité entre les grandes puissances. Cette unité n’était que relative par le passé, elle s’appuyait seulement sur la croissance issue de l’effondrement du bloc de l’est et de la montée de la puissance chinoise. Désormais tout recommence.

Et face à cela, il faut la Gauche historique, pas les « altermondialistes ». Un « autre monde » n’est pas possible. Seul un changement complet de système social est possible et cela implique le Socialisme, la classe ouvrière, les valeurs de la Gauche historique. Et cela va exiger de faire face à la tendance à la guerre, toujours plus présente, prégnante, agressive, décisive !

Catégories
Politique

Tribune de Claire Monod et Guillaume Balas de Génération-s pour l’écologie démocratique et sociale

Claire Monod et Guillaume Balas, responsables nationaux de Génération-s, expliquent dans une tribune initialement publiée par Le Monde (version payante) que l’écologie doit être la matrice de la reformulation des enjeux sociaux et démocratiques. Ils inscrivent leur démarche dans le cadre de la Gauche et son héritage historique, tout en se revendiquant du philosophe de la décroissance André Gorz.

« Il n’y aura pas d’écologie démocratique et sociale, émancipatrice, sans un point de départ clair

Quel été avons-nous passé ? Sans doute un peu trop chaud. Ou trop orageux, voire beaucoup trop pluvieux, sans parler des incendies. En ces mois de juillet et août 2019, nous entrons dans l’histoire incandescente de l’anthropocène par la grande porte. Face à l’urgence, pouvons-nous poursuivre plus longtemps le bricolage et l’impuissance politique sans nous interroger franchement : comment construire une majorité politique écologiste en France ?

Pendant que la prise de conscience fait fleurir les mobilisations de par le monde, l’inaction exaspère, l’inquiétude et l’exigence s’étendent. Partout « fin du mois et fin du monde » cherchent à faire cause commune. Le mouvement s’enclenche, enfin ! Et quoi ? Nous resterions là, si loin des colères et des attentes, cramponnés à des appareils politiques dépassés, après tant de combats communs ?

L’écologie politique doit maintenant passer un cap essentiel, historique, être choisie pour gouverner.

Après s’être diffusée dans les consciences, éparpillée « façon puzzle », affirmée au sein des forces de gauche, elle est devenue l’objet de réinterprétations en tous sens, voire d’opportunismes. De l’environnementalisme « apolitique » aux réminiscences nationalistes autour de la nature, en passant par le centrisme libéral adepte de la croissance verte, le populisme façon « greenwashing » [blanchiment écologique] et jusqu’aux ennemis des Lumières, le drapeau écologiste est aujourd’hui repris – comme l’avait été celui du socialisme au début du XXe siècle –, par bien des « radicalités » y compris la droite ultra-conservatrice et l’extrême droite.

Il n’y aura donc pas d’écologie démocratique et sociale, émancipatrice, sans un point de départ clair. Une filiation avec les combats républicains puis ouvriers qui ont fait la gauche dans l’histoire et dans le monde, mais aussi une rupture franche avec le productivisme. Il y a nécessité à opérer une nouvelle synthèse, fondant écologie, démocratie et justice sociale dans la même matière vivante.

Cette synthèse s’inscrirait dans le sillage de Jean Jaurès (1859-1914) et, plus près de nous, du philosophe André Gorz (1923-2007). Elle dessinerait un nouvel humanisme écologiste, tourné vers la civilisation post-croissance, le respect de la nature et la reconnaissance de ses droits, une répartition des richesses conjuguant l’égalité sociale et environnementale, la transformation du travail et l’élaboration de nouveaux modes de vie.

L’écologie doit être la matrice de la reformulation des enjeux sociaux et démocratiques, vitaux du siècle pour acter la communauté de destin de l’humain et la planète. Il est temps de pousser la voie de cette nouvelle « évidence », de la rendre accessible, populaire et de l’ancrer dans une histoire politique partagée qui lui permette d’accéder – enfin – à la majorité. Car constituer un socle commun idéologique ne suffira pas à construire la grande force, politique et citoyenne capable d’imposer son agenda aux tenants de l’ancien monde, à sa violence, à l’appétit vorace du néolibéralisme, du productivisme et de la financiarisation, aux lobbys destructeurs. Cela ne suffira pas non plus à faire face au recul continu des droits et des libertés.

Revendiquer l’urgence écologique sans en prendre la mesure politique devient une source supplémentaire d’exaspération. Comment rassembler cette force immense ? Comment être à la hauteur historiquement et politiquement ? Dans le contexte pour le moins instable de ce monde hystérisé où domine le « dégagisme » et dont tous les paramètres s’accélèrent – recul démocratique, perte des droits sociaux, effondrement de la biodiversité, dérèglement climatique… –, l’urgence n’est-elle pas d’engager cette dynamique collective, rassembleuse, en s’inscrivant fièrement dans une histoire politique commune réfutant le sectarisme et les étiquettes a priori ?

Une écologie ambitieuse et volontariste, à la hauteur des défis, ne peut plus se contenter de petits succès et de coups d’éclats de loin en loin. Si l’effondrement devient vraiment un horizon et la résilience un projet, il va sans dire que l’urgence de renforcer le cadre démocratique et le contrat social qui garantissent l’égalité et la justice est aussi forte que celle de transformer le modèle de développement vers la post-croissance.

Car oui, les perspectives de l’écologie portent fondamentalement sur notre capacité à faire société dans l’interdépendance qui régit le vivant. Nous savons que la combinaison de ces priorités constitue un potentiel gigantesque. Nous voulons miser sur l’intelligence collective pour répondre à l’indignation et aux colères qui grondent, en France, notamment face au mépris et aux violences qui voudraient les faire taire.

Au nom de ces urgences climatiques, démocratiques et sociales, et au risque de perdre toute crédibilité, il est temps de trouver ensemble, forces écologistes de gauche, les moyens réels pour construire l’alternative, le poids pour peser, la force et la cohérence pour agir. »

Catégories
Politique

G7 à Biarritz : Emmanuel Macron a fait le choix du style « second Empire »

Emmanuel Macron a choisi la ville de Biarritz pour accueillir le G7 du fait de son prestige aristocratique mondain. C’est le même état d’esprit qui le fait soutenir la chasse à courre : il y a là une alliance de la modernité avec le style ancien, du libéralisme « start up » avec l’aristocratisme grand-bourgeois, afin de maintenir la France dans le passé.

La ville de Biarritz est indéniablement associée à la personne de Louis Bonaparte, dit Napoléon III, au XIXe siècle. Il en avait fait un lieu de villégiature estival, alors que cela devenait en même temps une place mondaine.

Symbole de ce faste néo-aristocratique, l’Hôtel du Palais qui accueillera les chefs d’États ce week-end fut à l’origine érigé pour sa femme l’« impératrice » Eugénie, le bâtiment formant un « E ». On est là dans le luxe tout ce qu’il y a de plus moderne pour l’époque, mais qui se donnait un genre enraciné dans l’histoire, avec des gens se faisant appeler « majesté » et s’entourant des rois et princes d’Europe qui se ruaient volontiers à Biarritz.

Cependant, comme l’avait qualifié Karl Marx, le « règne » de Louis Bonaparte consistait en une parodie de restauration impériale, à une époque où la bourgeoisie, rongée par les divisions entre ses différentes factions, peinait à organiser son pouvoir de manière stable.

Emmanuel Macron rejoue quant à lui une parodie de la parodie, plus de 150 ans après, avec ce sommet à Biarritz. Les services de sécurité ont, d’après la presse, tenté à maintes reprises de le dissuader d’y organiser ce G7, tellement la tâche semblait compliquée. Mais il a obtenu gain de cause, ce qui en dit long sur l’importance symbolique de ce lieu pour sa démarche.

Comme avec son soutien forcené à la chasse, Emmanuel Macron tente de maintenir la France enfermée dans ses traditions réactionnaires, permettant la division de la société en classes. Le style « Biarritz » est alors parfait : il n’est pas ouvertement réactionnaire, mais il n’est certainement pas progressiste non plus. Depuis son expansion moderne au XIXe siècle, la ville représente parfaitement ce mélange des genres, permettant en quelque sorte de moderniser le maintien des traditions.

Le surf contribue largement à cette aura de modernité aujourd’hui, dans un style d’ailleurs complètement forcé : la grande plage de Biarritz est une horreur pour qui veut vraiment surfer, vu le monde et le peu d’espace qu’il y a. Mais l’essentiel est ailleurs puisqu’il s’agit surtout de se montrer, pour sembler faire partie du monde en ayant l’air riche, mais sympa en même temps, ou inversement, sympa mais riche.

C’est de la mondanité tout ce qu’il y a de plus détestable, comme d’ailleurs cet Hôtel du Palais luxueux ostentatoire surplombant la grande plage, qui est une insulte démocratique. Mais contrairement à ce qui peut exister sur la côté d’Azur, il n’y a pas non plus de grands yachts, de résidences bunkerisées complètement coupées du reste de la ville, etc. Il s’agit à Biarritz d’un faste mesuré, s’imaginant acceptable, lié au reste de la société.

Précisons cependant une chose très importante ici : le centre-ville de Biarritz est largement coupée de toutes traditions populaires basques et même de la vie locale d’aujourd’hui. C’est une ville moyenne, constituée pour près de la moitié de résidences secondaires, qui est comme posée au milieu de l’agglomération formée par Bayonne et ses environs.

C’est-à-dire que tout cela est faux de bout en bout, ce que n’est que de l’apparence, de la mondanité superficielle mêlée à du tourisme sans âme. C’est exactement ce dont à besoin le régime, qui ne s’appuie pas sur l’héritage historique et la tradition démocratique en France, mais sur des apparences.

En singeant le style « second Empire », Emmanuel Macron s’imagine justement rendre le régime acceptable pour la population, en jouant tout autant sur la tradition que l’apparente modernité. Il faut bien voir ici d’ailleurs que, si « Napoléon III » était pleinement ancré dans les préoccupations « modernes » et urbaines de son époque, il appuyait son pouvoir sur la paysannerie parcellaire, pas suffisamment consciente pour rejoindre le prolétariat des villes, mais pas suffisamment satisfaite pour rejoindre la bourgeoisie.

C’est exactement cet entre-deux qui intéresse Emmanuel Macron, qui appuie totalement l’hégémonie de la Droite, tout en étant parvenu par la Gauche, en l’ayant fait exploser de l’intérieur. Biarritz, ville de Droite, mais dirigée par le Modem, est donc un lieu de choix pour sa démarche passéiste et moderne à la fois.

Catégories
Société

Vivre et grandir ensemble

Dans la société capitaliste, on reconnaît la possibilité d’un couple. Mais dans celui-ci, on vit ensemble, on ne grandit pas ensemble. Car pour la mentalité capitaliste, grandir se fait seul, et aux dépens des autres.

Il existe de multiples jeux sur tablette, dont le nom se termine en « .io » comme Hole.io, où l’on bouge une forme (un serpent, un trou noir, une bactérie…) qui s’agrandit au fur et à mesure qu’elle mange des équivalents plus petits. Cela reflète totalement la vision néo-darwiniste de la vie et de la société, où toute évolution est individuelle et se fait aux dépens des autres.

Là où les choses se compliquent particulièrement, c’est dans le couple. Le couple traditionnel urbain ou rurbain en France – il faut ici le distinguer des couples des campagnes, des couples juifs et arabes – consiste tendanciellement en un contrat passé entre deux individus maintenant irréductiblement leur individualité.

Pour cette raison, les conflits sont récurrents et considérés comme une norme ; ils seraient même la preuve de la réussite du couple. Chacun grandit dans son coin et les engueulades si prisées des films français sont une remise en adéquation des deux protagonistes. C’est une sorte de remise en équilibre ; dans le cas où la divergence d’intérêts est trop grande, il y a séparation.

Ce n’est pas romantique, mais c’est considéré comme la seule forme résolument moderne, car chacun est différent et il s’agit d’être pragmatique. Il y a cependant un problème de fond. En quoi consiste en effet la vie partagée ? Et comment concevoir que deux personnes étant ensemble puisse avoir des évolutions totalement séparées ?

Naturellement, dans un couple, une personne grandit plus qu’une autre et il ne s’agit pas d’avoir la même évolution, un couple n’est pas une comptabilité (bien qu’inversement le couple moderne le voit justement comme une excellente comptabilité). Cependant, un couple est une fusion et avant d’être soi-même, on est dans le couple – c’est bien là ce qui est insupportable pour l’individualisme contemporain.

D’où sa remise en cause du couple, les théories sur le polyamour, l’exigence de la PMA pour les femmes seules, etc. Le couple, c’est comme la société, l’individu prétend être au-delà. L’individu contemporain réfute d’être la composante de quoi que ce soit.

Le capitalisme développé est donc en opposition complète, dans le fond, avec la notion même de couple. Lorsque Marlène Schiappa dit qu’il n’y a pas de modèle de famille, elle représente le fer de lance du capitalisme le plus affirmé. Tout doit être un contrat individuel.

Seulement, au-delà des considérations politiques ou économiques, culturelles ou morales, il est évident que cela ne correspond pas à la réalité : on ne grandit jamais aux dépens des autres. On ne grandit qu’avec les autres. La vie progresse par synthèse, pas en arrachant des bouts d’énergie ou de matières premières ici ou là !

Le capitaliste répondra bien sûr ici que la vie c’est la jungle, qu’il suffit de voir les dinosaures qui ont disparu, les requins en action, etc. Sauf que les dinosaures sont devenus en partie les oiseaux et que les requins relèvent d’un écosystème bien particulier : ils ne sont pas « en haut de l’échelle ». L’humanité non plus n’est pas en haut de l’échelle du monde ; elle en est seulement une composante.

L’individualisme contemporain ne veut rien savoir de tout cela, car il pousse à la compétition, la concurrence ; il reflète en cela le capital en lutte contre le capital, dans une bataille pour l’accumulation et la suprématie. Voilà pourquoi il y a tant de divorces : la tendance à amener la compétition au sein même du couple est inévitable pour qui vit en individualiste et ne voit en le couple qu’une sorte de compromis.

Seul le socialisme peut rétablir le couple comme fusion de deux personnes s’aimant et rejeter sa dégradation en association contractuelle fondée sur les sentiments et les intérêts.

Catégories
Réflexions

Le consommateur du 21e siècle, déboussolé entre être et avoir

Un slogan des précédentes décennies disait : « être plutôt qu’avoir ». C’était un appel existentiel ou existentialiste contre la société de consommation. Au-dela de la question de la pertinence d’une telle affirmation critique, il est facile de voir qu’au 21e siècle, un tel mot d’ordre correspond parfaitement au gigantesque foisonnement identitaire auquel on peut observer.

Aujourd’hui, on n’a plus une moto, on est motard. On n’a pas une religion, on est cette religion. On n’a pas une orientation sexuelle homosexuelle, on est cette orientation. On avait hier un compte Facebook, on est désormais son compte Instagram.

La conception identitaire du monde est un produit somme toute cohérent du capitalisme. Le capitalisme dit qu’on existe en consommant. Par le fait d’avoir, on s’affirme. Mais plus il y a des biens de consommation, plus on vit avec. Plus on vit avec, plus on est cette chose elle-même.

L’exemple le plus connu est la voiture. Une personne de sexe masculin qui conduit est aspiré par la voiture, son esprit se transforme. Qu’on touche à sa voiture et c’est un drame, comme si on l’avait touché lui-même. Le motard est pareil, mais dans le style motard : la moto fonce en ligne droite et il faut lui céder la place pour qu’elle puisse rouler sans interruption et le motard voit sa psychologie se mouler en conformité avec cette « nécessité ».

Il serait cependant réducteur de voir en les attitudes brutalement patriarcales le seul point d’appui des formes d’expression identitaire, même si cela joue fortement. Le voile islamique est un exemple typique de fétichisme, ici féminin, envers un objet avec laquelle la personne s’assimile. On voit bien ici d’ailleurs à quel point la grande campagne médiatique et politique pour l’interdiction du voile à l’école a été contre-productive : elle a renforcé la fusion identitaire avec cet objet de consommation religieuse.

Avoir un voile, le porter, est devenu être ce voile et donc la religion elle-même, comme un porte-étendard. C’est le principe du vecteur identitaire. D’autres aux États-Unis portent le cow-boy aux côtés de Donald Trump parce qu’ils représentent les grands propriétaires de ranchs, d’autres encore portent des chaussures à 500 euros pour témoigner qu’ils appartiennent à une caste riche et branchée, les exemples sont de toutes façons innombrables.

On remarquera ici de manière utile que le capitalisme, jouant sur les identités, fait justement tout pour récupérer toutes les expressions alternatives. Le capitalisme recycle y compris les vecteurs d’identité, car il sait qu’il y a collusion entre consommation et identité. D’où la récupération des chaussures Creepers, apanage des gens écoutant de la musique psycho, psychobilly… des chaussures Doc Martens des punks et des skins… du sweat-shirt Trasher des skaters… La liste étant sans fin.

Dès en effet qu’un mouvement devient identitaire, perdant sa nature rebelle en termes culturels, sociaux, il intègre le capitalisme. Cela avait un sens – quoi qu’on en pense – d’écouter du punk dans la fin des années 1970 ou de la house au début des années 1990. Mais rester prisonnier d’une telle identité, c’est du fétichisme.
Le capitalisme déboussole ainsi le consommateur du 21e siècle, l’emprisonnant dans un faux conflit entre consommation et identité. Certains basculent dans l’identitaire. Ils deviennent religieux, ou bien punk comme en 1982, motard comme en 1970 ou en 1980, etc. etc. : on connaît tous et toutes des exemples de gens bloqués dans un style, qui font un fétiche d’un moment très précis, très particulier, qu’ils n’ont le plus souvent même pas vécu.

D’autres consomment de manière effrénée, refusant de rechercher une profondeur à quoi que ce soit, considérant qu’il faut suivre les flots pour toujours disposer d’un sens adéquat à sa vie. Il n’y a ici pas de fétiche, mais une terrible superficialité. La confrontation des deux blocs renforcent les postures également.

Le mépris de telle personne ayant bien vu l’importance, disons de la musique electro-industrielle du tout début des années 1980, remarquera bien la fausseté de la musique commerciale electro jouant sur des sons un peu rudes. De l’autre côté, il a le fétichisme de quelque chose du passé et un décrochage par rapport au présent.

Le consommateur du 21e siècle se retrouve alors prisonnier de ce dilemme : faut-il un certain type de culture, liée à une époque passée, même imaginaire, ou bien faut-il se noyer dans la masse superficielle mais, au moins, être ainsi reconnu et dans la tendance ?

Catégories
Politique

Paul-François Paoli : les renégats de la Gauche, ferments du «conservatisme révolutionnaire»

Toute une génération d’intellectuels passés par la Gauche, surtout celle du PCF, s’est retrouvée désorientée et est passée à Droite, au nom du « réalisme ». Il s’agirait de se plier à l’homme du commun, le type lambda, qui serait bien incapable de raisonner en termes d’idéologie et qui aurait bien raison. Le journaliste Paul-François Paoli en fait partie.

Lefigaro.fr, sur sa partie « vox », cherche à impulser une dynamique idéologique conservatrice révolutionnaire. Une récente interview est ainsi intitulé pas moins que « La gauche est devenue le camp du conformisme, le conservatisme celui de la transgression ».

De manière très intéressante, l’interview en question est celle de Paul-François Paoli, pour sa réception du prix de l’Institut de France pour son livre autobiographique Confession d’un enfant du demi-siècle.

Ce parcours est celui de beaucoup d’intellectuels ayant un certain succès en ce moment et surfant sur la vague « conservatrice révolutionnaire ». C’est donc une personne de Droite qui a rejoint le PCF… après mai 1968. Il n’a donc pas rejoint le grand foisonnement d’extrême-gauche alors, pourtant bien plus entreprenant et critique des fondements de la société.

Paul-François Paoli reconnaît lui-même d’ailleurs avoir fait partie d’un bouillon de culture, dont le PCF n’était qu’une figure massive à l’arrière-plan. Ses propos sont vraiment intéressants :

« J’ai adhéré aux jeunesses communistes à 15 ans à Aix-en-Provence, ville bourgeoise s’il en est. Nous étions dans les années 1975 et j’étais fasciné par la dramaturgie révolutionnaire. J’avais éprouvé enfant, en côtoyant des enfants d’ouvriers ou d’immigrés, la réalité indicible d’un mépris social qui confine parfois à une forme de racisme.

Et puis je me suis rendu compte que les communistes et les gauchistes étaient souvent habités par la haine et le ressentiment. Dans les années 1970 il était pratiquement impossible en France de ne pas être de gauche dans le milieu de la culture. En 1974 les congressistes de la JOC (Jeunesse ouvrière chrétienne) avaient accueilli Georges Marchais le poing levé en chantant l’internationale. C’est dire! »

L’ambiance était donc électrique historiquement, mais Paul-François Paoli faisait partie de la frange la plus conservatrice, la plus mesurée. Cela reflétait son caractère étranger au projet socialiste de la Gauche et voilà pourquoi il est sorti par la Droite, et non par la Gauche. Le fait qu’il ne distingue pas les membres du PCF des « gauchistes », qui culturellement étaient très éloignés, montre bien qu’il ne comprenait pas grand-chose, pour ne pas dire rien, de tout le fond idéologique de la Gauche alors.

Nul étonnement alors à ce que les références de Paul-François Paoli soient donc désormais Marcel Gauchet, René Girard et Jean Claude Michéa. On est étonné qu’il ne cite pas Alain Soral, car cela correspondrait parfaitement au tableau.

Ce tableau, c’est celui d’intellectuels liés d’une manière ou d’une autre au PCF, qu’il voyaient dans les années 1970 comme le seul horizon politique. Ils se voulaient plus à gauche que les socialistes (déjà énormément de gauche, bien plus que Jean-Luc Mélenchon aujourd’hui). Cependant, ils n’avaient aucune connaissance des « gauchistes », qui pourtant disposaient de solides traditions et d’un certain bagage intellectuel.

Ils ont donc navigué dans le PCF, mais étant des intellectuels, ils avaient une approche radicalement coupée des traditions du mouvement ouvrier, que le PCF arrangeait et réarrangeait d’ailleurs à l’époque, en fonction de ses besoins électoraux, avec le Programme commun avec les socialistes en toile de fond.

Ces intellectuels allaient dans le sens du vent et lorsque le vent a cessé de souffler, ils n’ont gardé du PCF que sa pesanteur, associée à une dénonciation du libéralisme désormais de plus en plus ancrée à droite. Le PCF, lui, a fait le chemin inverse, supprimant toute pesanteur pour s’ouvrir de manière entière au courants intellectuels nouveaux, post-communistes, entièrement favorable au libéralisme culturel.

Plus le PCF s’écartait entièrement de la vie quotidienne des ouvriers, plus les intellectuels « conservateurs révolutionnaires » prétendaient en être les porte-paroles. Il suffit de lire Eric Zemmour ou Natacha Polony pour y retrouver de manière régulière une sorte d’éloge du passé, y compris de la base du PCF, considérée comme un monolithe hostile à toute transformation.

Difficile de ne pas voir ici que, au-delà de toute considération sur leur nature et leurs différences notables, les organisations « gauchistes » avaient raison de souligner le caractère bloqué de la base du PCF, enlisé dans un mode de vie intégré dans le capitalisme. Il suffit de voir les stands des marchands de canon, de TF1, etc. à la fête de l’Humanité des années 1980 pour le constater.

Toute cette histoire d’intellectuels renégats reste encore à écrire. Sur le plan des idées, ces gens ayant quitté le PCF par la Droite ont été un puissant ferment idéologique, jouant un rôle important, loin d’être fini, ne faisant peut-être même que commencer.

Catégories
Politique

Didier Guillaume, PS, habitué des corridas et ministre de l’agriculture d’Emmanuel Macron

Littéralement toute la Gauche s’offusque, à juste titre, de la présence de deux ministres à une corrida. C’est cependant malheureusement un exemple de plus du verbalisme contestataire sans grand fondement.

Le souci : la Gauche n’a jusqu’à présent rien fait contre la corrida, ni d’ailleurs en faveur des animaux en général. Qui plus est, le ministre principalement concerné par l’affaire vient du Parti socialiste, auquel il a appartenu pratiquement 40 ans. Et il est déjà allé à des corridas avant…

La corrida est quelque chose d’infâme et pour assister sans se révolter à un tel spectacle odieux, il faut avoir perdu une sacrée capacité à l’empathie, ce qui est plus qu’inquiétant. Il est donc scandaleux que la Gauche n’ait jamais interdit les corridas. Elle en avait l’occasion, que ce soit avec la vague populaire de 1981 ou encore avec la « vague » de 2012 avec François Hollande, avec aux mains de la Gauche une large majorité des départements, la quasi totalité des régions, le parlement et le Sénat.

Cependant, la Gauche est gangrenée par les valeurs de la Droite et ce depuis bien longtemps. Elle ne s’est donc jamais opposée à la corrida et on peut être humainement assez dégoûté de voir tout le monde à Gauche dénoncer les deux ministres y étant allé, à Bayonne, sans aucune autocritique. Surtout que le principal argument employé est que Didier Guillaume est ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation et à ce titre responsable de la condition animale.

Allons donc ! Qu’a fait la Gauche pour les animaux jusqu’à présent ? Rien ! Et elle continue de ne rien faire. L’abolition de l’expérimentation animale n’est même pas au programme, alors que cela devrait être une valeur de base de la Gauche. Dénoncer Didier Guillaume est donc trop facile.

Surtout que celui-ci vient de la Gauche. Responsable des jeunes socialistes de la Drôme, il est le coprésident du comité de soutien départemental à François Mitterrand… en 1981. Il est premier secrétaire fédéral de la Drôme du PS de 1986 à 1997. On lit bien : de la Drôme. Un département où la culture de Gauche est très alternative.

C’est un premier problème. Il y a une faille culturelle à Gauche. Le second souci, c’est que Didier Guillaume a été, entre autres, sénateur PS de 2008 à 2018 et même président du groupe socialiste au Sénat de 2014 à 2018. Ce n’est donc pas n’importe qui… et il est passé avec armes et bagages chez Emmanuel Macron !

Pour enfoncer le clou, ce n’est pas la première fois non plus que Didier Guillaume va à une corrida. Cela veut dire quoi, qu’avant c’était acceptable, et plus maintenant ? En quoi donc la présence à une corrida de Didier Guillaume, le ministre de l’Agriculture et Jacqueline Gourault, la ministre de la Cohésion des territoires, a-t-elle quelque chose de nouveau ?

Emmanuel Macron ne soutient-il d’ailleurs pas ouvertement la chasse ? À un moment il faut tout de même se rappeler que la Gauche, c’est la Gauche et la Droite, la Droite ! Les propos du député du Cher, François Cormier Bouligeon (LREM), sur Twitter, sont un bon exemple ici :

« Soutien total à mon ami @dguillaume26 en prise avec une vilaine polémique fomentée par les partisans d’une triste société aseptisée qui veulent nous imposer de manger de steacks de soja et boire de l’eau tiède ! Et ne comprennent rien à la portée symbolique des rituels. »

On dira : oui mais Didier Guillaume est également responsable de la condition animale, du « bien-être animal », en tant que ministre de l’agriculture. Soit. Mais quelle est la condition animale en France ? Elle est dramatique et correspond ainsi tout à fait à la présence d’un ministre de l’agriculture à une corrida.

S’offusquer est donc particulièrement ridicule. À lire les responsable de la Gauche scandalisés, on a l’impression qu’ils sont tous devenus vegans. On se doute que ce n’est pas du tout le cas… et on l’aura compris, la Gauche n’est ici tout simplement pas au niveau et c’est le règne de la démagogie.

Elle cherche à utiliser ce qu’elle peut, sans se soucier d’aucune crédibilité. Qui la ridiculise aux yeux des gens. Prenons Julien Bayou, porte-parole d’Europe Écologie-Les Verts. Il a affirmé la chose suivante :

« Le ministre de l’Agriculture lui-même est responsable du bien-être animal et il devait annoncer des pistes pour améliorer les questions de condition animale. Pourtant, il se prête à un spectacle lugubre où il s’agit de traumatiser et finalement de massacrer des taureaux comme si c’était un spectacle. C’est évidemment rigoureusement contradictoire avec tous les discours et les attentes sur la question du bien-être animal. Ce gouvernement doit tenir parole ou alors arrêter de nous bassiner les oreilles avec de grands discours sur l’écologie et le bien-être animal. Au bout d’un moment, il faut agir. »

Soit ! Mais alors pourquoi EELV n’a-t-il rien dit contre la corrida depuis des années et notamment lorsqu’il était au gouvernement dans la « gauche plurielle » ? Pourquoi rien n’a été dit lorsque Noël Mamère, député écologiste, avait expliqué dans un de ses livres en 2002 qu’il appréciait tant la corrida que la chasse ?

Car ce n’est pas comme s’il n’y avait pas de nombreux gens s’étant fait cassés la figure pour s’être opposé aux corridas. Ce n’est pas comme si la corrida n’était pas dénoncée ardemment par certains milieux à Gauche (et comme le dessinateur de Charlie Hebdo Charb, mort assassiné).

En fait, il aura fallu un ministre qui aura été au Parti socialiste pendant presque 40 ans pour que la Gauche découvre la corrida. C’est dramatique. Et au-delà de cela, il faudra se rappeler cet épisode, lorsque demain il faudra exiger de tous ces beaux-parleurs qu’ils s’engagent vraiment contre la corrida !

Catégories
Société

« Vénissieux fut le Diên Biên Phu de la ceinture rouge »

Reprenant la thèse d’Alain Soral du « grand remplacement » de la banlieue rouge sous l’effet de l’immigration, Eric Zemmour considère que le PCF est mort sous l’effet de l’effondrement de sa contre-culture. Une thèse à la fois totalement farfelue, avec une vérité fondamentale sur le rôle de la culture, que son anticommunisme lui fait remarquer.

Eric Zemmour publiait en 2014 Le suicide français. Étant une figure de la Droite, la question communiste est pour lui fondamentale. Voici ce qu’il pense observer sur la fin de la banlieue rouge encerclant Paris :

« Dans les banlieues françaises de ces années 1970, le pouvoir appartient encore au Parti. Crèches, écoles, dispensaires, stades, gymnases, bibliothèques, colonies de vacances, maisons de retraite, conservatoires de musique, naissances, mariages et funérailles : le parti communiste prend en main l’existence de chacun de 7 à 77 ans.

C’est une contre-société prolétarienne, collective et solidaire, qui n’a pas eu trop de mal à se lover dans une France forgée depuis mille ans par le catholicisme ; le marxisme a remplacé les Évangiles (…).

En 1945, à la Libération, le général De Gaulle avait d’abord pour objectif d’éviter la guerre civile ; les FTP communistes étaient armés et menaçaient de poursuivre le combat. De Gaulle négocia avec Staline leur reddition.

En échange de la paix civile, il livra aux communistes français des citadelles – comme Henri IV avait offert avec l’édit de Nantes des places fortes aux protestants. Parmi celles-ci, outre EDF et Renault, il y eut le ministère de l’Équipement. Ce fut une alliance rénovée du sabre et du goupillon entre les gaullistes qui voulaient restaurer l’État et le PCF qui rêvait d’être la nouvelle Église (…).

La jeunesse issue du regroupement familial refusa elle aussi [c’est-à-dire comme celle de mai 1968] de ployer le genou devant le Parti. Certains de ces adolescents, peu de temps après leur arrivée, goûtèrent vite aux premiers trafics, premiers vols, premières violences ; ils commençaient à vitupérer, insulter, frapper, faire des rodéos de mobylettes en pleine nuit, voler des voitures, de préférence des limousines allemandes, briser des vitrines, jeter des bouteilles par terre, pour rien, pour s’amuser, pour terroriser ; casser, voler, violer, pour mieux marquer leur territoire ; et menacer de représailles tout ce qui ose se révolter.

Ils débarquaient en bandes de garçons bruyants devant les boîtes de nuit ; harcelaient les filles dès qu’ils étaient entrés ; s’offusquaient d’être « discriminés » quand ils étaient refoulés. On n’avait pas encore inventé le mot « incivilités » pour euphémiser cette violence intolérable, et diaboliser par réaction la moindre résistance.

Certains s’armaient et tiraient ; ils étaient bientôt arrêtés, condamnés, et cloués au double pilori judiciaire et médiatique du « facho raciste ». Dupont Lajoie. Les autres, les plus nombreux, préféraient partir dès qu’ils le pouvaient. Ce fut un exode qui ne dit pas son nom (…).

Le ghetto idéologique et social que le Parti avait édifié devint peu à peu un ghetto ethnico-religieux qui leur échappait. Les communistes furent les premiers et les derniers à résister. Ils lancèrent une campagne contre la drogue qui éloignait les jeunes du militantisme politique. En vain. Le trafic de stupéfiants permit à ces bandes de jeunes de s’enrichir et de devenir les patrons de leur quartier, aidant les uns, terrorisant les autres.

Au contraire de ce que l’on crut et dit, les émeutes des Minguettes à Vénissieux ne furent pas un commencement, mais une fin. La fin du combat mené par les communistes pour tenir leur territoire. Vénissieux fut le Diên Biên Phu de la ceinture rouge. »

Il y a plusieurs idées, très intéressantes, qu’elles soient vraies ou fausses. La première, c’est que le PCF avait formé une contre-société autour de Paris. Cela est vrai et pas qu’à Paris. Être un militant de Gauche, jusque la fin des années 1980, c’est agir forcément à l’ombre du PCF, même pour les socialistes, car sur le terrain, il était omniprésent et puissant, disposant de relais solides avec des choses concrètes à proposer.

La seconde idée, c’est que l’immigration a fait de la banlieue rouge une zone de non-droit, avec des jeunes immigrés criminels. C’est là une lecture odieuse de par son racisme, en plus de sa fausseté. Eric Zemmour nie ici que jusque le milieu des années 1980, les immigrés sont puissamment ostracisés dans la société. Ils sont ghettoisés. Il caricature ici de manière sinistre la révolte des ghettos.

S’il fait cela, c’est pour prétendre que la criminalité forcenée des cités – qu’on ne saurait assimiler à la « banlieue » en général, sauf à l’extrême-Droite et l’ultra-Gauche – n’auraient pas une origine sociale, mais ethnique. Il y a une opération idéologique en ce sens très puissante à Droite et à l’extrême-Droite.

La troisième idée est la combinaison du constat juste (la contre-société) et de la thèse fausse (l’origine ethnique du crime qui est un phénomène purement social). C’est que le PCF, selon Eric Zemmour, aurait combattu la drogue, mais aurait échoué et donc aurait disparu. Comme Eric Zemmour est un anticommuniste, il fait ici une analyse juste, mais puissamment déformée.

Le PCF n’a pas mené de réelle campagne contre la drogue, à part de manière épisodique. Eric Zemmour généralise ici, parce qu’il sait très bien que les militants du PCF s’opposaient concrètement à l’alcool et aux drogues, proposant une lecture ouvrière de la réalité, c’est-à-dire posée, rationnelle, stricte, pleine de principes.

Et s’il a raison, c’est justement parce qu’il affirme que le PCF n’a pas été à sa propre hauteur et qu’il a échoué culturellement à combattre les comportements et attitudes criminelles – qu’Eric Zemmour attribue à l’immigration, qui sont en réalité un produit social.

L’immigration est un phénomène systématique du capitalisme, qui a besoin d’une armée de réserve pour les emplois, pour peser sur les salaires, profiter de salariés venant de la paysannerie et coupée des traditions ouvrières, etc. Mais les immigrés peuvent parfaitement rejoindre la lutte également, apportant un nouveau souffle. Le PCF a échoué à faire cela, car il n’a pas assumé le grand combat culturel contre le crime.

Et, si l’on voit une chose au 21e siècle, c’est que ce travail reste à mener. Sans cela, les démagogues ethno-différentialistes auront de leviers pour tromper les gens.