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Nicolas Hulot éjecté du ministère par la France profonde

Nicolas Hulot a annoncé hier matin en direct sur France Inter sa démission du Ministère de la Transition écologique et solidaire, sans avoir prévenu personne auparavant à ce sujet.

C’était attendu, tellement tout le monde connaît les renoncements qui ont été les siens et qu’il avait du mal à vivre. Mais que cela se déroule également au lendemain d’une réunion au plus haut niveau avec les responsables de la chasse en France reflète de vraies tensions qui sont elles véritablement nouvelles.

La France profonde ne veut même pas entendre parler d’écologie et Nicolas Hulot a ainsi été obligé de s’autoéjecter.

Nicolas Hulot n’a prévenu personne de sa démission du poste de Ministre de la transition écologique et solidaire, avant de le faire à la radio. C’est une manière assez particulière de faire. Cependant, ce n’est pas une déclaration de guerre : il tresse des louanges à Emmanuel Macron d’une manière extrêmement forte, en affirmant son « admiration » pour lui et d’ailleurs également pour le Premier ministre.

Il va jusqu’à s’excuser de « faire une mauvaise manière », ce qui montre à quel point cette personne est torturée, tourmentée. Car Nicolas Hulot dresse un constat terrible de la situation écologique. La profondeur de l’échange entre les journalistes et Nicolas Hulot hier matin à la radio est ainsi immense.

« – Tout a été dit, tous les grands mots ont été employés, mais le film catastrophe est là sous nos yeux, on est en train d’y assister. Est-ce que vous pouvez m’expliquer pourquoi, rationnellement, ce n’est pas la mobilisation générale contre ces phénomènes et pour le climat ?

– J’aurai une réponse qui est très brève : non.

C’est impossible à expliquer ?

– Je ne comprends pas. Je ne comprends pas que nous assistions, globalement les uns et les autres à la gestation d’une tragédie bien annoncée, dans une forme d’indifférence (…).

On est dans ce paradoxe, au moment où je parle, où l’humanité a tous les outils technologiques pour faire un saut qualitatif, elle n’a pas encore perdu la main. Mais tout se joue dans les 10 ans qui viennent. Voilà. »

Nicolas Hulot va jusqu’à dire :

« On s’évertue à vouloir entretenir et réanimer un modèle économique marchand qui est la cause de tous ces désordres. »

Voilà donc quelqu’un qui, encore ministre d’État, officiellement numéro trois du gouvernement, explique que le capitalisme n’est pas compatible avec la résolution de la question écologique, avec la « transition » dont il était le responsable.

Tout en appréciant Emmanuel Macron et en ne remettant pas en cause le capitalisme. C’était intenable et cela continue de l’être même après la démission, dont le timing a été très particulier, motivé par la pression des chasseurs.

Nicolas Hulot a pris sa décision le lendemain d’une rencontre à l’Élysée sur la question de la chasse, avec un parti-pris  pour celle-ci, puisque des mesures facilitant l’accès à ce « loisir » ont été mises en place. Cela a été pour lui la goutte d’eau qui fait déborder le vase et il a expliqué à quel point il n’a pas supporté la présence de Nicolas Coste, le lobbyiste  de la Fédération nationale des chasseurs.

« On avait une réunion sur la chasse. J’ai découvert la présence d’un lobbyiste qui n’était pas invité à cette réunion. C’est symptomatique de la présence des lobbys dans les cercles du pouvoir. Il faut poser ce sujet sur la table parce que c’est un problème de démocratie. »

Emmanuel Macron est en effet  un fervent défenseur de la chasse et de ses valeurs réactionnaires. C’est là un obstacle fondamental à l’écologie et d’ailleurs les observateurs activistes remarquent que les chasseurs mènent une campagne générale afin d’apparaître dans l’opinion publique comme les vrais écologistes, visant à remplacer les associations écologistes notamment pour les soutiens financiers des mairies, des départements, des régions, de l’État.

Nicolas Hulot l’a bien constaté, mais a refusé l’affrontement, d’où sa démission, présentée comme une capitulation objectivement inévitable :

« Le Premier ministre, le Président de la République ont été pendant ces 14 mois, à mon égard, d’une affection, d’une loyauté et d’une fidélité absolue. Mais au quotidien, qui j’ai pour me défendre ?

Est-ce que j’ai une société structurée qui descend dans la rue pour défendre la biodiversité ? Est-ce que j’ai une formation politique ? Est-ce que j’ai une union-nationale sur un enjeu qui concerne l’avenir de l’humanité et de nos propres enfants ?

Est-ce que les grandes formations politiques et l’opposition sont capables à un moment ou un autre de se hisser au-dessus de la mêlée pour se rejoindre sur l’essentiel ? »

La réaction de Nicolas Hulot n’a surpris personne, elle apparaît trop comme logique. Le paradoxe est que cela n’aboutit pas à une affirmation plus prononcée en faveur de l’écologie. Les gens restent prisonniers d’une vie quotidienne entièrement façonnée par le capitalisme. Ils ne sont pas prêts à remettre en cause un « confort » qui n’est en réalité que le produit des besoins industriels et commerciaux.

Il suffit de voir comment la France est rétive au véganisme, comment les climato-sceptiques sont nombreux, comment la chasse est intouchable, comment la bétonnisation des sols est ininterrompu.

Nicolas Hulot l’a vu, mais comme il l’a dit, selon lui rien ne peut être fait sans consensus, consensus qu’il voit comme impossible à mettre en place. C’est à ce consensus que vise Jean-Luc Mélenchon, mais par le populisme.

A la Gauche de le réaliser, mais par la lutte des classes et la socialisation des moyens de production, par l’établissement de nouvelles normes culturelles.

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Pourquoi la Gauche n’a-t-elle pas interdit la chasse à courre ?

Depuis 1981 et l’élection de François Mitterrand comme Président, il y a eu plusieurs gouvernements de gauche. Ils n’ont pas interdit la chasse à courre et n’ont jamais abordé la chasse non plus.

Chasse à courre

Pour la chasse, la raison en est bien connue : c’est la faute au PCF. Il se plaçait comme opposition radicale dans les années 1950 lorsqu’il était le plus grand parti politique français, mais à partir de 1958 avec le coup d’État gaulliste il s’est de plus en plus effacé. Et pour conserver son influence, il a été particulièrement populiste et a défendu la chasse avec acharnement, en disant que c’est un acquis de la révolution française.

Auparavant, seule la noblesse avait le droit de chasser et désormais, le régime républicain permettrait à chacun de le faire. Il est désormais pourtant évident qu’il ne s’agit pas que chacun puisse chasser, mais que personne ne puisse le faire. Aucune civilisation développée ne peut accepter le principe d’une personne se baladant avec une arme pour tuer un être vivant.

Cette idée d’assassinat s’appuie par ailleurs sur une approche résolument patriarcale, avec l’homme primitif abordant avec violence la réalité l’environnant. C’est un élément très important, car la chasse est une démarche partagée par des hommes, avec une idéologie viriliste agressive.

D’où justement le soutien unilatéral des structures officielles de la chasse à la chasse à courre, de par les ponts du virilisme avec la néo-féodalité, l’esprit néo-aristocrate des « équipages » de la chasse à courre et leur entourage obséquieux fasciné par le clinquant, la puissance locale, le style oligarchique.

La Gauche gouvernementale a capitulé pour cette raison devant la chasse à courre. Elle n’en a jamais fait un thème, parce que la chasse à courre est reliée à la chasse en général. Or, critiquer la chasse, ce serait rompre avec les valeurs traditionnelles, que la Gauche gouvernementale n’a jamais voulu heurter. Dans l’esprit de Sciences-Po, il y avait l’idée que tout gouvernement doit avant tout s’appuyer sur le « centre », donc sur les circuits traditionnels du régime en place.

Par là même, on doit sans doute dire que la Gauche gouvernementale a échoué du moment même où elle a capitulé devant sa volonté, juste après 1981, de supprimer l’école privée. Le front catholique en défense de « l’école libre » a été assez puissant pour casser la dynamique de Gauche, pour la faire capituler sur le plan des idées.

Chasse à courre

On dit souvent que c’est la crise économique qui a obligé la Gauche gouvernementale à abandonner sa démarche, avec également la fuite de gens très riches notamment en Suisse. Ce n’est pas vrai : la France est un pays très riche et il y avait les moyens d’avancer indépendamment des crises du capitalisme, et même contre elles. La réalité est qu’il y a eu un abandon des valeurs culturelles de Gauche, au profit d’un esprit de gestion, d’amélioration du capitalisme, comme avec les nationalisations ayant abouti à des privatisations finalement.

De toutes façons, la Gauche gouvernementale n’avait pas réellement réfléchi à tout cela. Elle est le pendant « réaliste » de la Gauche « utopiste », les deux étant nés avec 1958 comme la « nouvelle gauche », et ayant connu leur moment de gloire avec mai 1968. L’idée a toujours été de parvenir au pouvoir d’une manière ou d’une autre, afin de mettre un terme à la domination de la Droite.

C’est un grand problème de la Gauche et c’est également cette même absence de contenu bien déterminé qu’on retrouve au moment du Front populaire. Ce dernier a été construit dans l’urgence antifasciste et est un exemple historique à forcément suivre. Il est dommage cependant que l’absence de contenu ait été si important qu’il se soit justement effondré rapidement après, sans tracer de perspective.

Cela souligne l’importance de la lutte contre la chasse à courre. C’est une réalité historique qui ne peut que fédérer la Gauche, qui ne peut que la forcer à comprendre que les riches vivent à part et comme ils veulent, qu’ils ont des valeurs pratiquement fondamentalistes : la grande propriété et sa domination sur la population, l’utilisation de la nature selon les « besoins » du divertissement jusqu’au plus absurde, l’appui le plus grand aux « traditions ».

Cela ne peut qu’aider à faire se remettre en cause les hommes de Gauche qui ont été happés par la chasse, sans voir qu’ils cédaient ici culturellement à la Droite, obéissant à des valeurs contraires à ce qu’eux-mêmes défendent.

La Gauche n’a pas interdit la chasse à cour, car elle n’était pas réellement elle-même : il est temps qu’elle le soit !

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L’ONF réclame 55 000 € à trois opposants à la chasse à courre

Le collectif AVA – Abolissons la Vénerie Aujourd’hui est victime d’une nouvelle manœuvre d’intimidation de la part de l’État, par le biais de l’ONF – Office National des Forêts. Cet établissement public a en effet intenté une action en justice le 27 juillet 2018 pour réclamer pas moins de 55 000 euros à trois personnes désignées comme « meneurs ». La démarche vise à casser brutalement le mouvement populaire contre la chasse à courre qui prend de l’ampleur dans le pays.

La chasse à courre sera abolie en France, comme elle l’a été en Allemagne en 1950, en Belgique en 1995, en Écosse en 2002 puis en Angleterre en 2005. C’est inévitable, car la population ne peut plus tolérer une telle pratique arriérée et brutale, pour ne pas dire barbare.

En attendant, les forces réactionnaires s’organisent et cherchent des moyens pour freiner la marche de l’Histoire. agauche.org a déjà signé et relayé la tribune dénonçant cette répression.

> Lire : Chasse à courre et répression (tribune)

Celle-ci prend une dimension nouvelle avec l’assignation d’AVA devant le Tribunal de grande instance de Compiègne. Outre le fait qu’elle a lieu au plein milieu de l’été pour tenter d’isoler la défense, les sommes énormes qui sont réclamées visent clairement à intimider les opposants à la chasse à courre partout en France.

De plus, comme l’a expliqué l’avocate Barbara Vrillac au Courrier-Picard :

«  L’ONF fait le sale boulot. Pourquoi en prendre trois au hasard, même s’ils ont eu les honneurs de la presse. Au niveau juridique, il va y avoir un problème. »

Depuis la fin de la dernière saison de chasse, les déclinaisons locales d’AVA se sont multipliées et l’État considère que cela devient problématique. Quand on dit l’État, il faut bien sûr penser à Emmanuel Macron, car la France a un fonctionnement de type monarchique donnant un pouvoir immense au Président de la République. C’est sous son autorité que sont désignés tant les Préfets que les directions des Établissements publics comme l’ONF (par décision du conseil des ministres, sur proposition de l’Élysée).

> Lire également : Plus de 30 000 personnes appellent à la démission du préfet de l’Oise

Dans sa communication, reprise dans l’assignation en Justice, le Préfet de l’Oise explique qu’il a écrit au Ministre de l’Intérieur et qu’il a donné des consignes pour la prochaine saison de chasse afin de disperser les « entrave au droit de chasse ».

Mais comme tout le monde le sait, le Préfet n’est qu’une autorité exécutive, un relais de l’État dans son département.

C’est la même chose pour l’ONF et on notera d’ailleurs que le Président de son conseil d’administration, Jean-Yves Caullet, est un ancien socialiste s’étant rallié à Emmanuel Macron pour la présidentielle 2017. Il a ensuite été investi par En Marche dans la 2e circonscription de l’Yonne pour les élections législatives, qu’il n’a pas remportée.

Il est évident aujourd’hui qu’Emmanuel Macron entend soutenir la vénerie et empêcher le mouvement populaire de s’exprimer. Lui qui souhaite rouvrir les chasses présidentielles et qui a fêté ses 40 ans au Château de Chambord en assistant à une chasse de manière aristocratique.

Car justement, c’est de cela dont il est question avec la chasse à courre : soit l’on considère que la France doit évoluer sur le plan culturel, soit l’on trouve qu’il est acceptable qu’une bande de notables vêtus comme des aristocrates d’un autre temps pénètre brusquement des habitations ou des terrains, traverse les routes n’importe comment et cause un raffut pas possible dans les forêts.

Outre la chasse en elle-même, que l’on peut ne pas apprécier par compassion pour les animaux, il y a surtout la manière de la chasse à courre qui est rejetée par la population.

Faut-il le rappeler, celle-ci ne consiste pas simplement à tuer un animal, mais à le poursuivre pendant des heures pour l’épuiser, le terroriser, l’isoler, le « soumettre » en lui frappant les pattes, puis le tuer avec une dague, avant de le laisser dévorer par la meute de chien.

Ce sont des notables, souvent des châtelains, qui s’adonnent à cette activité très hiérarchisée et codifiée de manière féodale. Ils ont avec eux un certain nombre de suiveurs, c’est-à-dire des gens n’ayant pas le même rang social et n’ayant pas le droit d’être à cheval. Ils peuvent quand-même se voir récompenser d’un trophée (par exemple le bois d’un cerf) si leur dévouement est considéré par le maître d’équipage.

> Lire également : La chasse à courre : une véritable néo-féodalité

Un tel panorama est absolument détestable, et n’importe qu’elle personne de gauche ne peut que souhaiter l’interdiction de cette pratique, et soutenir AVA.

Le mouvement populaire contre la chasse à courre a pris de l’ampleur après que différentes vidéos aient circulé sur internet ces dernières années. Elles montrent le comportement des veneurs qui se considèrent au-dessus de tout, à la manière de grands seigneurs sur « leur » domaine.

AVA fait un travail démocratique remarquable, en mobilisant des personnes qui étaient auparavant isolées, ne trouvant pas les moyens d’y faire face.

Cela consiste à :

  •  créer des « réseaux de voisins capables de se rassembler rapidement en cas d’intrusion » et « transformer chaque village, chaque lotissement en sanctuaire pour les animaux » ;
  •  surveiller les chasses à courre en suivant les équipages ;
  • dénoncer cette pratique par des vidéos et des plaintes ;
  • rassembler des gens capables d’aider des maires à parfaire leurs arrêtés municipaux pour protéger les villages ;
  • permettre des réunions publiques afin de sensibiliser la population et faire connaître le mouvement d’opposition ;
  • contribuer à faire avancer l’abolition de la vénerie sur le terrain parlementaire.

Il ne s’agit pas d’un mouvement d’activistes isolés, mais bien un mouvement populaire qui s’organise démocratiquement, en se donnant les moyens d’être efficace.

La plainte de l’ONF vise évidement directement cela, et son objet n’est qu’un prétexte. L’argumentation est d’ailleurs assez grotesque puisqu’elle consiste à dire qu’AVA a empêché l’exécution du plan de chasse annuel.

Cette institution considère en effet que la nature n’est pas capable de fonctionner sans les humains, et qu’il faut donc « réguler » des équilibres dans les forêts. Elle établit donc un plan de chasse et délivre des permis afin qu’il soit réalisé par des gens en faisant leur loisir.

Cela est totalement contradictoire, et en fait n’a aucun sens. Soit il y a un loisir, soit il y a une mission de service publique indispensable, mais les deux ne sont pas compatibles. Les plans de chasses ne sont qu’un prétexte pour le « loisir », et cela est flagrant avec la chasse à courre.

D’ailleurs les veneurs expliquent eux-mêmes qu’ils ne tuent pas beaucoup d’animaux en définitive et que leur action permet d’éliminer les individus les faibles… pour renforcer les espèces !

Quelle prétention, et surtout quelle mauvaise foi !

Pour l’instant, aucune date n’a été fixée pour le procès. D’ici là, pour faire face aux frais de justice et organiser sa défense, AVA a lancé une souscription populaire de soutien dont voici le lien :

Cagnotte leetchi.com Frais de justice AVA

Cet épisode de répression est un obstacle, mais il n’empêchera pas le mouvement populaire. L’opposition va forcément se généraliser pour aboutir à l’abolition de la chasse à courre en France. C’est en tous cas indispensable si l’on souhaite que le pays évolue sur le plan des mœurs et de la civilisation. Il s’agit d’une cause démocratique essentielle, et cette tentative de procès en est un moment important.

Comme le dit AVA :

« Tous les habitants et usagers des forêts, les amis de la Nature, les démocrates, les progressistes, les élus des campagnes, les artistes et intellectuels engagés doivent faire front pour défendre ce mouvement authentiquement populaire qu’est AVA ! Ensemble, nous devons faire échouer cette manoeuvre anti-démocratique ! »

La liste des groupes pour rejoindre des habitants en forêt près de chez soit est disponible en suivant ce lien.

Voici pour finir le lien vers le communiqué d’AVA :

http://ava-picardie.org/2018/08/07/lonf-reclame-55-000e-a-trois-personnes/#more-756

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Nicolas Hulot prétend défendre l’écologie pour servir Emmanuel Macron

Nicolas Hulot a expliqué dans un entretien au Journal du dimanche qu’il faudrait « une union sacrée sur le climat ». Le ministre de la Transition écologique et solidaire d’Emmanuel Macron se prétend à l’avant-garde de la défense de la planète mais sa démarche est erronée.

L’action du gouvernement auquel participe Nicolas Hulot consiste surtout à élargir et intensifier le prisme de l’économie marchande sur la société tout entière. Il est le Ministre d’État d’un Président et d’un chef du Gouvernement qui ne parlent pour ainsi dire jamais d’écologie.

Son rôle est donc de s’exprimer régulièrement sur le sujet, avec la posture de celui qui sait, qui alerte et tente d’emmener un mouvement ; dans le monde des entreprises on appelle cela du greenwashing.

Son entretien au Journal du dimanche allait pleinement dans ce sens. C’est un exercice grotesque dans lequel il prétend avoir des considérations écologiques, alors qu’il ne fait que de la communication au service de la modernité d’Emmanuel Macron.

Comment interpréter cela autrement quand on lit quelque chose d’aussi énorme que :

« Si on ne veut pas décourager ceux qui commencent à intégrer cette mouvance, reconnaissons les avancées plutôt que de prêcher entre convaincus. Il y a quelques mois, qui aurait pensé qu’EDF ou Total se mettraient à faire des énergies renouvelables, ou que la FNSEA chercherait des solutions alternatives au glyphosate ? »

C’est absurde ! Une recherche rapide sur les sites internet de Total et EDF permet bien sûr de constater que les premiers disent qu’ils sont « engagés depuis plus de 30 ans dans le développement des énergies renouvelables » et que les seconds affirment être le « 1er producteur d’énergies renouvelables en Europe ». Cela n’a donc rien de nouveau.

Une telle légèreté sur un point qui est au cœur de son discours en dit long sur la vanité de sa démarche.

Quant à la question du glyphosate, on se demande si ce n’est pas une provocation tellement, justement, c’est l’inverse qui est vrai. Nicolas Hulot avait subit un sacré revers sur ce sujet au mois de mai puisque les députés de la Majorité avaient sous l’impulsion du Ministre de l’agriculture refusé l’interdiction du glyphosate.

Cet exemple du glyphosate, qui rappelons-le est un puissant herbicide typique de l’agro-industrie, montre à quel point la question économique est primordiale. Nicolas Hulot prétend que les choses avancent alors qu’il y a eu ici une pression économique immense et une défaite nette sur une question très partielle.

Les changements nécessaires contre la pollution et contre les émissions de gaz à effet de serre sont pourtant incommensurablement supérieurs à un simple amendement de loi visant un produit.

L’humanité est très loin du compte et la tendance ne s’inverse pas.

En attendant, s’il y a de l’argent à faire, le Ministre de la transition écologique et solidaire est là pour aider, comme le lui confèrent ses missions officielles.

« Depuis mon entrée au gouvernement, nous avons renégocié les appels d’offres des six champs d’éoliennes offshore, pour en construire plus sans dépenser plus. J’ai donné un cap pour que l’industrie automobile propose, dans un délai très court, des véhicules électriques à tout le monde. »

L’écologie est en effet considérée par de nombreux entrepreneurs et décideurs comme un relais de croissance. La France, en tant que grande puissance économique, cherche à se placer afin d’être à la pointe technologiquement et industriellement sur ces secteurs économiques.

Mais cela ne représente rien concrètement, aujourd’hui. À tel point que finalement Nicolas Hulot est obligé de le reconnaître. Quand il lui est fait remarquer que la France ne respecte pas ses engagements et « laisse ses émissions de gaz à effet de serre augmenter de 3 % par an », il répond :

« Sur certains sujets, je l’admets, la France n’est pas dans les clous. Tant que nous ne serons pas sur la bonne trajectoire, je ne m’en satisferai pas. Je l’ai souligné à l’occasion du bilan de la première année du plan climat. »

Son rôle est ici d’expliquer que ce n’est pas si grave, il ajoute ensuite :

« Pour moi, ce n’est pas un échec, c’est simplement que nous devons faire plus. Nous entrons maintenant dans la période des solutions, car elles sont là : ce sont les énergies renouvelables, la voiture électrique, l’agroécologie. Nous avons tout pour réussir, si nous n’hésitons plus. »

Qu’il existe, potentiellement, des solutions techniques, c’est une chose. Mais que celles-ci soient généralisées de manière conformes aux enjeux écologiques, c’en est une autre. À Gauche, du moins pour les personnes qui n’ont pas abandonné le cœur de la pensée de Gauche, nous n’avons aucune confiance en l’économie capitaliste pour cela.

Car, soit il y a la concurrence et le profit privé, comme le prône Emmanuel Macron que sert Nicolas Hulot, soit il y a une planification économique de manière démocratique et utile socialement.

Ce ne sont pas les besoins de la population, mais des quêtes d’enrichissement pour quelques-uns qui imposent le glyphosate, la multiplication de panneaux publicitaires ultra-lumineux, l’accumulation de marchandises de mauvaise qualité produites à l’autre bout du monde, le sur-emballage, la pêche intensive, la généralisation des transports polluants et le démantèlement du chemin de fer ou encore une mine d’or en pleine forêt Amazonienne, etc.

Nicolas Hulot, pour justifier sa propre inutilité, explique qu’il n’est responsable de rien, voire que ce serait la faute des autres :

« Nous avons collectivement une immense responsabilité. On le voit bien quand certains partis politiques rechignent encore à faire figurer le changement climatique et la biodiversité dans l’article premier de la Constitution, comme si c’était une préoccupation mineure. Même constat avec les états généraux de l’alimentation et la loi sur les hydrocarbures. Ils n’ont pas compris que ce sujet conditionne tous les autres.

Nous ne pouvons plus entretenir des divisions, réelles ou factices, alors que cet enjeu appelle une réponse universelle. La confrontation politique est nécessaire, mais sur ce point, faisons la paix. J’appelle à une union sacrée sur le climat. Ne tombons pas dans la querelle des anciens et des modernes. Le feu est à nos portes, au sens propre comme au sens figuré. »

Et :

« Je fixe un cap, je prends des mesures. Mais tout le monde doit comprendre qu’un homme, un ministre, un gouvernement seuls ne peuvent rien faire. »

À le lire cela, on croirait qu’il est un Ministre hyper actif, déployant des moyens énormes, promouvant une refondation radicale du mode de production et des institutions, et faisant face à une organisation politique structurée contre l’écologie.

Cela n’est pas vrai, c’est de la démagogie, de la poudre aux yeux. L’écologie en tant que telle n’existe pas. Elle n’est qu’à la marge, parfois comme faire-valoir, souvent comme seulement une démarche individuelle.

C’est le rôle de la Gauche de la faire exister, de lui donner corps dans un projet idéologique et culturel de grande envergure, propre à soulever les masses.

L’actualité est intense en termes d’événements liés au dérèglement du climat. Les records de chaleurs se succèdent de monstrueux incendies et autres catastrophes font rage à travers le monde. La question n’est plus de savoir si l’on va bouleverser les équilibres naturels de la planète ; c’est déjà fait, comme tout le monde le sait.

On se demande maintenant jusqu’où ira-t-on avant d’essayer, enfin, d’inverser la tendance.

Nicolas Hulot a un rôle néfaste en ce sens, puisqu’il est là pour prétendre que des choses sont faites, afin que surtout rien ne change, que le capitalisme ne soit pas remis en cause.

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Non au méga-projet de mine d’or « Montagne d’or » en Guyane !

La Montagne d’or est un immense projet de mine d’or à ciel ouvert dans le nord-ouest de la Guyane, en pleine forêt amazonienne. Ce « monstre industriel » est dénoncé par le collectif citoyen Or de question comme étant une catastrophe écologique.

Or de question ! Contre la méga-industrie minière en forêt guyanaise

Le plan prévoit une phase de construction de 2019 à 2021, une phase d’extraction de 12 ans  puis une dernière phase de fermeture du site pendant 30 ans. Le rendement espéré est de 6,7 tonnes d’or par an, pour 4 500 000 tonnes de minerai extraits chaque année en tout.

On l’aura compris, le projet est gigantesque. Avec une emprise totale de 190km2 et une fosse de 2,5km de long sur 500m de large pour 400m de profondeur, la Montagne d’or constituerai la plus grande mine de France. Ce projet est soutenu pas deux grandes entreprises du secteur, Colombus Gold (Canada) et Norgold (Royaume-Uni).

la construction de la mine

Le projet se situe en pleine forêt amazonienne, qui présente comme tout le monde le sait une très grande richesse naturelle. Cela occasionnera forcément de grands dégâts.

Il est expliqué que le mal est déjà en partie fait car l’activité minière aurait déjà façonné le site depuis 140 ans. Il est vrai que l’orpaillage illégale, c’est à dire la recherche d’or dans les rivières, est en fléau environnemental en Guyane. Cela avait d’ailleurs été largement dénoncé par la population lors du mouvement social en 2017.

Cependant, l’envergure du projet fait que l’impact sur la faune et la flore sera encore plus grand. Il est admis dans le document de synthèse de la compagnie minière que 45 % du site minier nécessitera de déboiser une partie de forêt « à caractère primaire » et la ligne électrique 30 %.

Il est bien entendu dit, conformément à la loi, que l’impact est minimisé et qu’il y aura des compensations. Ce sont des logiques absurdes ! Les animaux délogés et dont la la vie aura été plus ou moins impactée se fichent bien de savoir que des arbres seront plantés plus loin, « pour compenser ».

Une fois les dégâts faits, il n’y a pas de retour en arrière possible. Et encore moins de compensation. Cette mentalité d’ingénieur étriqué est de la folie pure.

Le déboisement n’est qu’une partie du problème. La profondeur de la mine pose aussi des questions sur des pollutions possibles de l’eau et l’impact sur les nappes phréatiques. La région est sujette à d’importantes pluies qui pourraient disséminer des éléments présents dans les roches par ruissellement.

Le cyanure

L’or ne peut être extrait du minerai avec une très bonne efficacité qu’avec du cyanure. C’est une question très sensible car son utilisation n’est pas anodine et sans risque, loin de là. Les résidus de l’extraction devront être traités afin que le taux de cyanure soit inférieur à un seuil légal de 10 ppm (partie par million), et seront stockés dans un important dispositif de traitement. La crainte est celle d’un écoulement de ces résidus et donc de cyanure dans l’environnement. Ceci pourrait engendrer une véritable catastrophe écologique

Il faut se rappeler la catastrophe de Baia Mare (nord-ouest de la Roumanie) en 2000. De grandes quantités de cyanure (et de métaux lourds) se sont déversés dans la nature suite à un accident. Un barrage a cédé et l’eau contaminée s’est déversée dans l’environnement. A proximité du site, presque toute la vie a disparu. Plus au sud, en Serbie, on estime que 80% de la vie aquatique a été décimée. Cette catastrophe est souvent considérée comme la pire après Tchernobyl, en Europe de l’est. Voici donc ce qui peut se produire lorsqu’une exploitation aurifère tourne mal.

L’énergie

Aux problèmes liés à la construction de la mine, s’ajoutent ceux de son fonctionnement. La consommation électrique pour commencer, est estimée à 20MW. Cela représentera un peu moins de 10 % de la capacité de production de la Guyane en 2023, et 20 % de la consommation.

A ces chiffres bruts s’ajoutent toutes les question d’infrastructures. Comment acheminer l’énergie nécessaire au fonctionnement de ce projet en pleine forêt ? La construction de lignes électriques nécessitera de nouvelles agressions envers l’environnement. De plus, ces lignes impliquent qu’EDF soit en mesure de mettre en place les infrastructures nécessaires à temps. Dans le cas contraire, le promoteur indique qu’il faudra se tourner vers des solutions alternatives comme «  des turbines ou groupes électrogènes alimentés au fuel ». Ce qui pose encore d’autres questions sur la pollution.

La compagnie Montagne d’or peut bien installer des panneaux solaires sur les toitures des bâtiments pour avoir l’air de se soucier de l’environnement : les estimations des promoteurs ne donnent une production que de 440 kW… presque 1/40e des 20MW.

Pourquoi il faut dire non au projet Montagne d'or (Or de question !)
Pourquoi il faut dire non au projet Montagne d’or (PDF)

Détruire l’environnement pour relancer l’économie ?

Comme toujours, la destruction de l’environnement est minimisée et l’argument fort est celui de la création d’emplois. Le projet avance la création de 750 emplois directs et 3000 indirects. La Guyane étant une région détenant le taux de chômage le plus élevé de France, l’argument économique est ici tout trouvé.

Pourtant, tous ces emplois ne dureront pas quarante ans, de la construction à la fermeture de la mine. Les chiffres avancés correspondent au nombre d’emplois créés au plus haut. Certains emplois ne seront plus nécessaires une fois la mine construite et opérationnelle au bout de deux ans. Et tous les emplois liés à l’extraction n’auront sûrement plus de raison d’être tout au long des trente années de fermeture du site.

Le but est surtout d’enrichir quelques personnes déjà riches, pas de servir l’économie locale et la population.

Un projet sans vision sur le long terme

Le projet s’étend sur un peu plus de quarante ans de la construction à la fermeture de la mine. Il va nécessiter énormément d’explosifs et de cyanure. Des quantités d’eau phénoménales seront aussi nécessaire. Les boues contaminées devront être traitées dans des lieux parfaitement hermétiques. Il faudra ensuite s’assurer, une fois l’extraction terminée, que plus rien de nocif ne subsiste sur le site.

Au vu de la taille du projet, toutes ces précautions sont autant d’investissements lourds pour l’entreprise. Toutes les parties de ce projet peuvent signer autant d’accords et s’engager à respecter toutes les conventions du monde, cela ne changera rien à sa nature même. C’est une aventure capitaliste, donc destiné à faire du profit à court ou moyen termes, mais pas à servir la société à long terme.

Les entreprises ne savent raisonner qu’en terme de probabilité lorsqu’il s’agit de gestion de risque. Nous avons vu ce que ce genre de raisonnement peut donner à Fukushima…

Et quand bien même tous les intervenants de ce projet respectaient à la lettre les conventions les plus strictes dans les premières années du projet, qui nous dit que cela sera toujours vrai à la fin des douze années d’extraction ? Pendant les trente années de fermeture du site ?

Comment espérer que des entreprises capitalistes qui n’ont souvent aucun scrupule à détruire l’environnement soient exemplaires, toutes proportions gardées, durant les quarante ans du projet ?

Comment être certain que les changements de direction, les évolutions des cours des matières premières ou encore les différentes politiques locales et nationales n’influent pas sur le respect scrupuleux des normes et des consignes de sécurité ? Qui peut garantir que toutes ces entreprises seront prêtes à tous les sacrifices financiers afin d’assurer la sécurité du site ?

Non à la Montagne d’or !

Le projet de la Montagne d’or est une aberration et est tout simplement indéfendable. L’enjeu ici est de savoir si des grands groupes doivent dicter leurs lois ou si nous voulons une humanité capable de prendre conscience des enjeux de son époque et des les assumer. Il ne peut et il ne doit pas y avoir de place pour la recherche du profit à tout prix, pour les calculs de risques probabilistes, pour des engagements sur des dizaines d’années avec des entités dont le seul but et d’engranger toujours plus de bénéfices. L’environnement n’est pas à vendre. La vie n’est pas une ressource dont l’on peut disposer à sa guise ou que l’on peut compenser.

Ce projet est de plus une insulte au Guyanais et aux peuples autochtones, en faisant miroiter quelques emplois à défaut d’une véritable planification économique.

Si ce projet devait avoir lieu, chaque personne qui l’a défendu devra répondre de son choix devant les générations futures qui ne pourront qu’être abasourdies par une telle folie.

Le projet de la Montagne d’or ne doit pas avoir lieu !

Pour en savoir plus sur  le projet minier, consultez le site du collectif citoyen Or de question !

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Écologie

Stanislas Kraland : vegan mais pas vraiment

Stanislas Kraland est un journaliste français dont le premier livre a été publié récemment (mai 2018) : « L’expérience alimentaire ». Il a exposé ses motivations et son parcours dans des articles et des vidéos du Huffington Post.

Le parcours se résume facilement. L’auteur avait une certaine sensibilité envers les animaux et est devenu végétarien puis il a cherché à passer le cap du véganisme – sans jamais y arriver puisqu’il dit dans ses vidéos qu’il n’a jamais arrêté les produits laitiers. Cette transition lui aurait causé de nombreux problèmes sur le plan physique et sur le plan psychologique. Il s’est donc remis à manger de la viande.

 

sébastien kraland, huffington post blog

 

Stanislas Kraland se veut démocratique. Il souhaite engager le débat sur le véganisme et les risques qui y seraient liés, selon lui. Son but : que personne ne blâme personne, et qu’une discussion calme se construise. Les vegans ne devraient pas critiquer son retour en arrière car l’auteur n’a rien contre les vegans.

 

Les problèmes soulevés sont-ils de vrais problèmes ?

 

sébastien kraland, l'obsL’auteur évoque des problèmes physiques comme des « fringales de sucre », « chute de masse musculaire », des troubles au niveau de certaines articulations, tendinites, « crise de sciatique extrêmement aiguë », « sursautements de membres » en position allongée, une hypersensibilité auditive (son oreille « ne supportait plus le bruit d’une cuillère qui tombait par terre »). Il pensait que devenir vegan aurait forcément un impact positif sur sa santé, il n’a donc pas cherché à établir un lien immédiatement.

Voici pour la présentation des problèmes physiques. Intéressons, aux plus gros problèmes rencontrés : ceux psychologiques. Essayer de devenir vegan aurait plongé l’auteur dans un état dépressif. Pour preuve : il est allé voir en psychiatre qui lui a prescrit des anti-dépresseurs.

On apprend donc qu’il a commencé à se dire « je n’aime pas cette planète », « je n’aime pas ce monde », « je n’aime pas cette société », « je n’aime pas mon travail », « je n’aime pas ma famille ». La raison de tous ces maux ? Le changement d’alimentation, encore une fois.

Les premiers problèmes décrits ont encore un minimum de poids avant qu’on en arrive à l’étape de la dépressions. Comment accorder de la crédibilité au témoignage d’une personne vivant dans un monde merveilleux de bisounours et qui, en réalisant que l’humanité se comporte d’une manière barbare envers la planète (déforestations, réchauffement climatique, pollution, blanchiment de coraux, etc.) et les animaux (abattoirs, tests sur les animaux, chasse à courre, etc.), tombe de haut et commence à déprimer ?

 

sébastien kraland, huffington post blog

 

Le problème ici est que tout cela est du ressenti et que cette personne a abandonné des principes qu’elle avait voulu défendre (très très modérément puisqu’elle n’a jamais été vegan). Impossible de faire la part entre l’exagération, le somatisation, et la vérité. Ajoutons à cela d’éventuels mensonges par omission et nous nous retrouvons dans un débat sans fin.

Cependant, une chose transparaît clairement : cette personne cherche à tout pris à justifier son revirement. On apprend même que sa dépression serait due à une carence en tryptophane, un acide aminé qui serait moins disponible dans les végétaux. Il est tout de même étonnant de voir le nombre de personnes vegan depuis dix ou quinze ans, ou plus, qui n’ont pas ce genre de trouble… On nous répondra que chacun est très différent, que certaines personnes peuvent être vegan et d’autres non, etc. Encore une discussion sans fin.

 

Ego et psychodrame contre morale et démocratie

 

S’il est impossible d’affirmer quoi que ce soit avec une certitude inébranlable concernant les symptômes décrits, il est revanche très simple de juger la démarche de la personne.

Cette personne dit qu’être vegan a été une des expériences les plus difficile de sa vie dans une vidéo, tout en reconnaissant… qu’elle a continué à consommer des produits laitiers. Elle n’a donc jamais été vegan.

Cette personne se veut démocratique et veut aider les gens à prendre conscience des risques à devenir vegan. Elle veut que chacun fasse des choix de manière éclairée et amener tout le monde à reconnaître que tout le monde ne peut pas devenir vegan – en raison des risques encourus.

sébastien kraland, l'obs
Après le végétarisme, les élevages…

Pourtant dans aucune de ses deux vidéos, il n’est fait mention de visites médicales, de prises de sang, de tentatives sérieuses pour comprendre d’où provenaient ses problèmes. Nous n’avons le droit qu’a des ressentis. Si tout ce que l’auteur décrit est vraiment lié à une alimentation végétalienne et qu’il était vraiment sincère, il aurait évoqué ses consultations, il aurait demandé si de l’aide pour savoir si d’autres personnes avaient les mêmes problèmes, et si oui, comment les surmonter.

Si cette personne avait un minimum de sincérité, elle ne profiterait pas des problèmes liés, encore une fois selon l’auteur, à une alimentation « quasi-végétalienne » pour vendre son livre.

Nous avons donc une personne qui a été vegan-mais-pas-vraiment-au-final, qui veut informer mais ne donne aucune information utile et qui profite de toute cette histoire pour mettre en avant son égo. On retrouve malheureusement la démarche insupportable de chez certains journalistes, doublé d’un niveau de conscience politique ras-les-pâquerettes, et d’un esprit carriériste étranger à toute l’histoire de la social-démocratie et du mouvement ouvrier.

Devenir vraiment vegan

Le véganisme est devenue une mode ces dernières années, tout particulièrement dans les centre des grandes villes comme Paris. De plus en plus de personnes le deviennent, mais qui dit mode dit égo et superficialité. Et cela se vérifie avec des personnes comme Stanislas Kraland.

Il n’est pas le premier à arrêter et faire une vidéo publique pour expliquer ses raisons. La santé est un argument massue dont bon nombres d’ex-vegan ont abusé pour justifier leur capitulation.

Pourtant, le véganisme porte quelque chose de fort et il est évident qu’une société socialiste ne peut que devenir vegan. L’humaniste Thomas Moore dans son Utopie, avait relégué l’abattage à l’extérieur de sa cité. Ce travail était même réservé aux esclaves, jugé disgracieux pour ces citoyens. Et quelques siècles plus tard, le végétarisme était un thème mis en avant au sein du mouvement ouvrier. Il est évident que tout notre rapport à la Nature et aux animaux doit changer.

Le véganisme va dans le sens de l’histoire, mais des personnes comme Stanislas Kraland préfèrent se cramponner au faible prestige que leur offre notre époque. Ces personnes veulent avoir l’air bien, elles pensent faire bien… jusqu’à ce qu’elles craquent, lorsqu’elles en ont marre de sacrifier quelques petits moments de confort. A ce moment-là arrive l’excuse de la santé: « ce n’est pas de ma faute, c’est mon corps ».

Arrêter est une chose, arrêter après avoir critiqué l’exploitation animale pendant des animaux en est autre. Et le faire, en plus, en se mettant en avant est immonde.

Stanislas Kraland est devenu un argument supplémentaires des anti-vegan. Il est devenu un allier objectif des boucheries, des éleveurs, et de toutes les personnes qui tuent et exploitent des animaux : « vous voyez, l’humanité ne pas devenir vegan ». Il n’est que l’expression d’une tendance de fond, d’une vague qui refuse d’aller de l’avant et se tourner vers la planète et les animaux.

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Écologie

La fin de la « ZAD » à Notre-Dame-des-Landes

Il en est fini de la « ZAD » à Notre-Dame-des-Landes dans sa dimension prétendument rebelle et vraiment anarchiste. L’État a mené hier une opération de grande envergure visant à expulser ce qu’il reste des « zadistes » récalcitrants.

Dix-neuf escadrons de gendarmerie étaient mobilisés, ce qui représente 1 500 à 1 700 militaires. Ils accompagnaient deux huissiers chargés de mener les procédures, des agents de déminage de la sécurité civile, ainsi que des ouvriers (masqués) devant procéder au démantèlement des habitations illégales.

Les moyens mobilisés étaient importants, avec trois véhicules blindés, des véhicules tout-terrains, un hélicoptère, des drones et des tractopelles. L’officier de gendarmerie chargé de la communication a tranquillement et publiquement annoncé tôt dans la matinée les lieux devant être expulsés et détruits :

« de manière à ce qu’il n’y ait pas de surprise et pas d’inquiétude chez ceux qui ne seraient pas concernés » (c’est-à-dire les personnes ayant déposé une demande d’occupation légale des lieux).

Le ton était calme et serein, avec la volonté de montrer la toute-puissance de l’État :

« C’est un site complexe, mais qu’on va traiter de manière méthodique, comme toujours : ordre et méthode, de manière à ce que force reste à la loi. »

En pratique, l’opposition a été faible et très parcellaires, les opérations ont pu être menées facilement et rapidement par les forces de l’ordre.

La résistance des « zadistes » n’a été que symbolique, et bien inférieure à celle des précédents affrontements sur le site. La « ZAD », isolée et repliée sur elle-même, sans cause légitime à défendre, s’effondre comme un château de carte.

Le projet d’aéroport, qui n’était qu’un prétexte à une rhétorique réactionnaire anti-modernité pour la plupart des zadistes, n’est déjà plus qu’un lointain souvenir. Les manœuvres de division et d’encerclement ont fonctionné parfaitement, montrant la faiblesse et la vanité des prétentions anarchistes à affirmer leurs positions.

Libération pouvait citer avec un certain goût du pittoresque les propos d’un zadiste réagissant à l’intervention militaire :

« Enlevez vos armures et vos casques et venez nous voir. Ici, on peut faire des potagers, du pain, de la musique et on peut faire l’amour ! »

Les éléments les plus radicaux n’auront servi qu’à afficher une radicalité de façade, voire plutôt folklorique, à des projets agricoles expérimentaux. La « ZAD », à défaut d’avoir été une place forte de l’écologie en France, aura été une sorte de laboratoire protéiforme et rudimentaire à des projets agricoles et communautaires.

Seules les personnes acceptant l’autorité de l’État vont désormais pouvoir continuer leurs « expérimentations ». Ce « laboratoire » de la « ZAD » devrait maintenant se transformer en une sorte de pépinière servant à la modernisation de l’agriculture capitaliste.

Il ne pourra en être autrement puisque cela est directement encadré par l’État, avec le soutien de différentes autorités institutionnelles.

C’est ainsi que des personnalités avaient lancé récemment « un appel solennel au gouvernement français » pour qu’il laisse du temps aux différents projets voulant continuer légalement sur le site de Notre-Dame-des-Landes. L’idée étant à terme de former un Comité d’Accompagnement et de Conseil, ce qui avait été relayé par les « zadistes » eux-mêmes, sur leur site internet.

On trouvait parmi ces gens, cité en premier, un ancien directeur de recherche à l’INRA. Il s’agit de l’Institut National de la Recherche Agronomique, c’est-à-dire la pointe en termes d’agro-industrie capitaliste encadrée par l’État en France. Suivaient parmi les signataires, différents universitaires, pour la plupart au CNRS, mais aussi d’Agrocampus Ouest, ou alors de l’Office National des Forêts, etc.

La presse a également remarqué que l’un des signataires, Marc Dufumier, professeur émérite à AgroParis Tech, est membre du conseiller scientifique de la Fondation Nicolas Hulot, qui est comme on le sait ministre de l’Écologie.

C’est-à-dire qu’on nage ici dans les plus hautes sphères du pouvoir en France. Il s’agit pour ces gens de revitaliser le capitalisme, par en haut, par les biais de projets individuels, d’entreprises ou de petites entreprises individuelles.

On est ici à l’opposée d’une tradition de Gauche qui, s’appuyant sur le mouvement ouvrier, promeut des solutions collectives et démocratiques, avec une dimension sociale et universelle, plutôt que communautaire.

Le libéralisme communautaire de petit-entrepreneurs agricoles radicalisés va fusionner avec le libéralisme institutionnel de gens ayant fait une carrière universitaires. Voilà ce qu’il restera de la « ZAD » de Notre-Dame-des-Landes dans les années à venir.

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Écologie

Plus de 30 000 personnes appellent à la démission du préfet de l’Oise

Ce sont pratiquement 35 000 personnes qui ont signé un appel pour la démission du préfet de l’Oise, à la suite de son soutien unilatéral et déterminé à la chasse à courre.

Naturellement, François Ruffin, qui appelle à un rassemblement à Paris ce 5 mai pour faire la « fête à Macron », ne fait pas partie des signataires. Pourtant, Emmanuel Macron est le grand soutien aux chasseurs et à la chasse à courre en particulier…

Ce qui montre qu’une personne comme lui peut s’imaginer de gauche sans l’être, alors que des gens qui ne se définissent pas nécessairement comme de gauche assument une démarche fonrieriedamentalement de gauche…

Voici une vidéo relatant les propos tenus, ainsi que le texte de la pétition, qui peut être signée sur cette page.

Démission du préfet de l’Oise pour incitation à la violence

Lors de la dernière assemblée générale de la fédération des chasseurs de l’Oise, soit une semaine après une manifestation pacifique record contre la chasse à courre le 31 mars 2018 à Compiègne, le préfet de l’Oise et les présidents de la Fédération Nationale de la Chasse et de la Fédération de la Chasse de l’Oise, ont répondu à l’unisson pour appeler à la violence contre les opposants à la chasse à courre, de plus en plus nombreux.

Le Président de la Fédération Nationale des Chasseur, M Willy Schraen, en appelle à ses « gros bras », 800 chasseurs de gibier d’eau, pour venir « chasser en meute » les  citoyens qui s’opposeraient désormais à cette pratique. Il faut noter qu’il appelle des chasseurs non concernés par ce mouvement qui ne s’oppose qu’à une seule forme de chasse, la chasse à courre.

Le Préfet de l’Oise, M Louis Lefranc, appuie cette initiative en les appelant à « passer à l’action ».

Une véritable milice est levée à la simple demande de représentants de la chasse française. 

Ces méthodes sont anti-démocratiques et contraires aux droits de l’homme et du citoyen. Elles visent à écraser un élan citoyen qui n’en peut plus de supporter une pratique féodale et morbide qui représente la domination par la violence, extrême et gratuite, sur des êtres innocents.

Au lieu d’écouter ce mouvement et ce désir de beaucoup de français de vivre sans ces horreurs et ses souffrances infligées aux animaux, juste pour le plaisir d’une minorité , M le préfet de l’Oise a choisi LA REPRESSION et soutient désormais toute action des chasseurs visant à se faire justice eux-mêmes afin de continuer à vivre selon leurs us et coutumes.

Par ailleurs, M  Guy Harle d’Ophove affirme que toute personne n’aimant pas la chasse se doit de déménager et de quitter les villages forestiers, qui bien sûr selon lui, n’appartiennent qu’à une seule catégorie de citoyens : LES CHASSEURS.

Ce discours, en plus de son caractère dictatorial et violent, atteint plus d’une liberté fondamentale du citoyen français:

– le droit de manifester et d’exprimer ses opinions,

– le droit de vivre à la campagne et dans les villages forestiers pour toute personne opposée à la chasse.

 En soutenant ces  propos dangereux, le préfet de l’Oise cautionne la violence contre des citoyens qui ne veulent que préserver la vie.

Il prône de même l’obligation d’abattre tout animal s’introduisant sur une zone urbaine. Ceci, alors que les habitants des villages ont souvent manifesté leur désir de protéger ces animaux.

Comment un représentant de l’Etat peut-il à ce point ignorer le peuple au profit d’une caste minoritaire?

Comment un préfet peut-il cautionner l’emploi de la violence face à des militants pacifistes?

Comment peut-il mettre en place un dispositif tel que ‘les chasseurs vigilants’, tout en les incitant en même temps, à se faire justice eux-mêmes, alors qu’il s’adresse à des personnes munies d’armes ?

Il doit être le garant de la sécurité sur son territoire et non l’inverse.

Il doit par ailleurs respecter les libertés fondamentales des citoyens, ce qui n’est apparemment pas le cas.

Pour rappel, la loi n° 2016-483 du 20 avril 2016 relative à la DEONTOLOGIE et AUX DROITS et OBLIGATIONS des fonctionnaires:

Art. 25.-Le fonctionnaire exerce ses fonctions avec dignité, impartialité, intégrité et probité. Dans l’exercice de ses fonctions, il est tenu à l’obligation de neutralité.

Art. 25 bis.-I.-Le fonctionnaire veille à faire cesser immédiatement ou à prévenir les situations de conflit d’intérêts dans lesquelles il se trouve ou pourrait se trouver.

Au sens de la présente loi, constitue un conflit d’intérêts toute situation d’interférence entre un intérêt public et des intérêts publics ou privés qui est de nature à influencer ou paraître influencer l’exercice indépendant, impartial et objectif de ses fonctions.

Au vu des derniers évènements, le préfet Louis Le Franc, ne répond plus à aucune des obligations relatives à la DEONTOLOGIE et AUX DROITS et OBLIGATIONS des fonctionnaires.

Ses agissements sont de plus en plus dangereux pour nos concitoyens. Nous demandons de fait sa démission.

https://www.facebook.com/avapicardie/videos/1734101006647754/

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Écologie

« Cent noms pour une Zone d’Agriculture Durable à Notre-Dame-Des-Landes »

Quand même, même si on sait que parfois il y a un manque de culture ou d’intelligence, de plus en plus de positions à gauche laissent perplexes, pantois, tellement l’incohérence rejoint l’inconsistance.

Prenons la question de Notre-Dame-des-Landes. La lutte contre l’aéroport à Notre-Dame-des-Landes vise initialement à défendre les zones humides, comme on le sait on est ensuite passé totalement à autre chose, avec des gens voulant vivre en petites communautés autosuffisantes.

On est passé d’une question écologiste à une question d’idéologie de repli sur la petite propriété, l’esprit communautaire, un vécu commun plein de « transcendance » par la solidarité, la mise en œuvre en commun, l’autosuffisance individuelle, etc.

On sait que cela relève du folklore anarchiste, de l’esprit anti-social de négation du mouvement ouvrier ; les zadistes de la « Zone à défendre » sont des gens cherchant à tout prix à vivre en marge de la société, récusant toute envie de changer celle-ci, haïssant la production organisée, développée, moderne.

Il n’y a donc rien à défendre là-dedans quand on est de Gauche. Et c’est pour cela que se précipitent pour défendre cela des gens cherchant à « dépasser » la Gauche historique, le mouvement ouvrier.

C’est cela qui unit les cadres du Parti de Gauche, de La France Insoumise, de Génération-s, d’Europe Ecologie Les Verts, etc.

A lire en effet « Cent noms pour une Zone d’Agriculture Durable à Notre-Dame-Des-Landes », un manifeste en faveur des zadistes cherchant à prolonger leur démarche, il y aurait une voie nouvelle combinant individualité, propriété et collectivité.

C’est là l’idéologie de la « troisième voie », celle du fascisme, qui prétend fonder le monde sur des « idées », des « expériences », le « vécu », la mise à plat des contradictions, etc.

La « nouvelle » gauche – rempli d’universitaires adeptes des philosophies sur la post-modernité, le monde post-industriel, etc. – se précipite toujours plus dans un positionnement franchement réactionnaire.

Au prétexte du respect de l’« Etat de droit », des femmes et des hommes qui cultivaient la terre et pratiquaient l’élevage ont été délogé·e·s de leur lieu d’activité et de vie. Leur ferme, où deux agneaux sont nés la semaine passée, a été détruite.

Ces paysannes et ces paysans occupaient un terrain appartenant à l’Etat. Pourtant, il leur avait été promis qu’une solution viable, pacifique et tournée vers l’avenir serait recherchée. Ils/elles étaient en discussion avec la préfecture pour obtenir une convention d’occupation collective de ces terrains.

Le collectif : voilà le sujet du combat qui se joue à Notre-Dame-des-Landes.

Quand le Gouvernement impose des conventions d’occupation temporaires individuelles, des paysan·ne·s, de la ferme des Cent noms ou d’ailleurs, envisagent leur activité collectivement.

La question de la propriété de la terre et le fait qu’elle puisse appartenir à celles et ceux qui la travaillent est un enjeu considérable de l’Histoire politique de notre pays et du monde. L’un des ressorts de la Révolution française reposait sur cette question majeure.

La lutte des paysan·ne·s sans-terre d’Amérique latine comme l’accaparement des terrains agricoles par la Chine et les puissances occidentales en Afrique en sont l’expression criante aujourd’hui.

Si notre tradition et notre Histoire envisagent la possession de terres principalement de façon individuelle, l’imaginaire politique qui existe à Notre-Dame-des-Landes et ailleurs prend appui sur un constat critique du rapport à la propriété pour expérimenter des propositions nouvelles.

Nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants. Dès lors, les écologistes et toutes celles et tous ceux qui réfléchissent à une autre relation à l’agriculture et aux sols envisagent légitimement, à coté de la propriété individuelle, une propriété collective, partagée, de la terre, ainsi qu’un travail lui aussi appréhendé collectivement.

Depuis des décennies, le labeur des agricultrices et des agriculteurs n’a cessé de s’alourdir pour des revenus de plus en plus faibles. Isolé·e·s les un·e·s des autres, les agriculteurs·trices de notre pays souffrent et meurent.

À Notre-Dame-des-Landes, l’intervention brutale des forces de l’ordre ne vise pas à faire respecter le droit. Elle vise à combattre une idée : celle d’un autre rapport à l’agriculture, en rupture avec le modèle productiviste.

Dans un monde globalisé, où la concurrence et l’individualisme font rage en délitant les liens de solidarité humaine et en détruisant l’environnement, les paysan·ne·s de Notre-Dame-des-Landes sèment les graines d’un autre monde.

Les défricheuses et les défricheurs de ce nouveau monde désirable n’ont pas toujours raison, mais celles et ceux qui les moquent, les oppriment et qui les blessent ont toujours tort.

En accordant la possibilité de conventions d’occupation collective des terres de Notre-Dame-des-Landes à celles et ceux qui en font la demande, ce que le droit permet, le Gouvernement n’abandonnerait pas son autorité. Au contraire, il ferait la preuve de sa disponibilité et de son ouverture à une approche différente de l’agriculture.

La ferme des 100 noms est tombée mais son imaginaire, celui qui s’est épanoui à Notre-Dame-des-Landes, est porteur d’espoir. Nous sommes convaincu·e·s que cet espoir est notre avenir. Il n’est pas trop tard.

Nous réclamons le droit de laisser vivre cette alternative pour transformer en réalité le rêve d’une agriculture ancrée sur les territoires, respectueuse du vivant et des paysan.ne.s.

Nous affirmons que cette France qui s’investit contre les grands projets destructeurs et dangereux sait et peut construire un monde meilleur.

Nous demandons l’arrêt immédiat des interventions policières et l’ouverture d’un vrai dialogue qui permette dans le respect de la loi l’élaboration de conventions individuelles, mais aussi collectives, d’occupation des terres de Notre-Dame-des-Landes.

Pour signer cette tribune en ligne : https://100noms.typeform.com/to/TO4gy9

Premier·es signataires :

Arnaud Apoteker, tribunal Monsanto; Isabelle Attard, ancienne députée; Clémentine Autain, députée du groupe LFI; Geneviève Azam, Attac; Laurence Abeille, ancienne députée écologiste;

Pénélope Bagieu, autrice de bandes dessinées; Guillaume Balas, co-coordinateur de Génération.s; Étienne Balibar, philosophe; Clotilde Bato, directrice de SOL-asso; Michel Bauwens, fondateur de la Fondation P2P; Julien Bayou, porte-parole EELV; Sandrine Bélier, ancienne députée européenne; Esther Benbassa, sénatrice EELV; Fatima Benomar, Les effrontées; Michel Bérhocoirigoin, paysan, co-fondateur de la Confédération paysanne; Martine Billard, secrétaire nationale à l’écologie du PG; Christophe Bonneuil, historien, CNRS; Dominique Bourg, philosophe; Jacques Boutault, maire du 2e arrondissement de Paris; Pauline Boyer, porte-parole Alternatiba; Sophie Bringuy, conseillère régionale EELV des Pays-de-Loire; Sophie Bussière, avocate au barreau de Bayonne et militante écologiste;

Valérie Cabanes, essayiste et juriste; Alice Canabate, vice-Présidente de la FEP; Aymeric Caron, journaliste, écrivain, porte-parole du REV; Damien Carême, maire EELV de Grande-Synthe; Naima Charai, Génération.s; Pascal Cherki, Génération.s; Philippe Colomb, président d’Agir pour l’environnement; Eric Coquerel, députée du groupe LFI; Maxime Combes, économiste; Hugo Cordier, co-secrétaire des Jeunes écologistes; David Cormand, secrétaire National EELV; Christel Cournil, juriste et enseignante chercheuse; Thomas Coutrot, porte-parole d’Attac;

Célia Da Costa Cruz, co-secrétaire des Jeunes écologistes; François Damerval, Cap21; Laurence de Cock, professeure et chercheuse; Jean-Paul Deléage, fondateur et directeur de la revue Ecologie & Politique; Estelle Deléage, rédactrice en chef de la revue Ecologie & Politique; Karima Delli, députée européenne EELV; Stéphane Delpeyrat, Génération.s; Florence Denier-Pasquier, membre du CESE; Marie Desplechin, auteure; Rokhaya Diallo, journaliste et réalisatrice; Cyril Dion, auteur-réalisateur; Clémence Dubois, 350.org; Michel Dubromel, Président de FNE; François Dufour, conseiller régional, syndicaliste et faucheur volontaire; Marc Dufumier, agronome; Julien Durand, porte-parole de l’ACIPA, paysan;

Quentin Erades, lauréat de l’Institut De l’Engagement; Txetx Etchevery, Bizi;

David Flacher, Porte-parole d’Utopia; Charles Fournier, vice-Président EELV de la Région Centre Val-de-Loire; Bastien François, président de la Fondation pour l’écologie politique;

Roccu Garoby, autonomiste corse, membre du PNC; François Gemenne, chercheur en sciences politiques, Université de Liège, professeur à SciencesPo.; Guillaume Gontard, sénateur divers gauche de l’Isère; Gueraud Guibert, président de la Fabrique écologique;

Emilie Hache, philosophe; Nicolas Haeringer, 350.org; Benoit Hamon, Génération.s;

Nicolas Imbert, directeur de Green Cross France;

Yannick Jadot, député européen EELV; Mila Jeudy, Génération.s; Eva Joly, députée européenne EELV; Samuel Juhel, Président du REFEDD; Jean-François Julliard, Délégué général de Greenpeace France;

Stéphen Kerckhove, Délégué général d’Agir pour l’environnement;

Annie Lahmer, conseillère régionale EELV; Jean-Charles Lallemand, secrétaire général du PG; Aurore Lalucq, porte-parole de Génération.s; Philippe Lamberts, président du groupe Verts – ALE au Parlement Européen; Frédéric Lamblin, directeur d’une association agricole et environnementale; Mathilde Larrere, historienne; SarahLegrain, Secrétaire nationale aux relations extérieures du PG; René Louail, paysan; Benjamin Lucas, Génération.s; Roxane Lundy, Génération.s; Alexandra Lutz, présidente de CliMates;

Sébastien Mabile, avocat; Noel Mamère, journaliste et militant écologiste; Dominique Méda, sociologue et philosophe; Jean-Luc Mélenchon, président du Groupe LFI à l’Assemblée nationale; Christian Métairie, maire d’Arcueil; Guillaume Meurice, humoriste; Benoit Monange, directeur de la Fondation de l’Ecologie Politique; Claire Monod, co-coordinatrice Génération.s; Corinne Morel-Darleux, conseillère régionale AURA LFI; Cécile Muret, secrétaire Nationale de la Confédération Paysanne;

Franck Nicolon, conseiller régional «écologiste et citoyen» Pays-de-Loire; Claire Nouvian, présidente de Bloom;

Jon Palais, ANV-Cop 21; Mathilde Panot, députée du groupe LFI; Corine Pelluchon, philosophe, professeur à l’Université Paris-Est-Marne-La-Vallée;

Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération Paysanne; Eric Piolle, maire EELV de Grenoble; Emmanuel Poilane, directeur de France Liberté; Thomas Porcher, économiste; Loïc Prud’homme, député du groupe LFI; Audrey Pulvar, présidente de la Fondation pour la Nature et l’Homme;

François Ralle Andreoli, conseiller consulaire; Sandra Regol, porte-parole EELV; Guillaume Riou, Président de la Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique; Michèle Rivasi, députée européenne EELV; Marie-Monique Robin, journaliste d’investigation et réalisatrice; Barbara Romagnan, militante écologiste et féministe; Clément Rossignol Puech, maire de Bègles;

Laetitia Sanchez, conseillère régionale EELV de Normandie; Olivier de Schutter, ancien rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation de l’ONU et Président de IPES Food; Arnaud Schwartz, membre du CES européen; Pierre Serne, conseiller régional EELV; Danielle Simonet, coordinatrice du PG;

Claude Taleb, conseil Régional écologiste de Normandie; Laura Slimani, Génération.s;

Annie Thebaud-Mony, association Henri Pezerat; Nicolas Thierry, vice-président du Conseil Régional Nouvelle Aquitaine, EELV; Marie Toussaint, présidente de Notre affaire à tous;

François Veillerette, militant écologiste; Véronique Vinet, conseillère régionale EELV d’Occitanie; Vincent Verzat, youtubeur; Denis Vicherat, directeur des éditions Utopia; Patrick Viveret, philosophe…

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Le triste spectacle des « zadistes » à Notre-Dame-des-Landes

Après l’abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, l’État avait annoncé qu’il procéderait à l’expulsion des « zadistes », ainsi qu’à la réouverture d’une route départementale barricadée depuis plusieurs années.

Des moyens immenses ont été mobilisés début avril, avec quelque 2500 gendarmes mobiles, ce qui n’a pas empêché de nombreux affrontements. Parallèlement, il a été proposé aux « zadistes » de renseigner des fiches individuelles, nominatives, expliquant le projet agricole qu’ils souhaiteraient mener sur le territoire.

Quel triste spectacle aujourd’hui que ces « zadistes » à Notre-Dame-des-Landes continuant leur agitation coûte que coûte, pendant qu’une partie d’entre eux accepte la partition mise en place par l’État.

L’abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes aurait dû être considéré comme une victoire, permettant d’aller de l’avant dans la défense de la planète. Ce ne fut pas le cas pour une raison très simple : l’aéroport n’était qu’un prétexte. C’était une sorte de totem inversé, permettant de dérouler toute une rhétorique contre la modernité, digne de tous les esprits réactionnaires, fascistes ou semi-fascistes, des années 1930-1940 avec leurs discours sur le retour à la terre, le rôle néfaste de la technique, la valeur de la petite propriété, etc.

Les « zadistes » ne se sont jamais véritablement préoccupé d’écologie. La zone humide n’a été d’ailleurs qu’un argument trouvé très tardivement. Ce qui compta, ce fut rapidement l’agriculture artisanale et le retour à une vie en communauté restreinte.

À côté de cela, la ZAD a charrié et charrie encore toute une frange de l’ultra-gauche européenne, anarchiste et nihiliste, qui fétichise les affrontements avec la police, dans une démarche destructrice n’apportant rien de constructif.

Cela forme un panorama lamentable, qui amène la population à se demander : comment se fait-il qu’il faille mobiliser une telle force publique pour quelques agitateurs à peine armés d’ustensiles artisanaux ?

Que les quatre agriculteurs présents historiquement ayant toujours refusé leur expulsion se voient régulariser leur situation, c’est dans l’ordre des choses.

Mais comment se fait-il que des individus qui n’ont rien fait d’autre que tout casser et boire des bières volées dans les supermarchés locaux se voient attribuer « gratuitement » des terres qu’ils occupent illégalement ?

Ces questions sont inévitables. On peut être contre la propriété privée, bien sûr – mais cela ne signifie aucunement accepter que l’État attribue des terres unilatéralement pour pacifier une situation. Ce n’est pas là un partage des terres comme toute révolution en a amené, plus ou moins, ces deux derniers siècles, mais un esprit de conquête digne du Far West.

L’État et le capitalisme ont très bien compris cet aspect d’ailleurs. La Préfète de Loire-Atlantique a expliqué à propos des 28 fiches de candidatures pour l’obtention de terrain que « ce sont notamment des activités d’élevage, de maraîchage et des cultures céréalières avec transformation sur place ».

Une partie des projets sont considérés comme « structurants, cohérents et portés par des personnes tout à fait crédibles » et portent selon le Figaro sur de la culture des céréales, de plantes médicinales et aromatiques, la création de vergers, l’élevage de vaches allaitantes ou encore sur l’héliciculture, la production d’escargots.

Cela est tellement éloigné de ce qu’aurait dû être la lutte contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. On a ici un boulevard pour la réaction, avec d’un côté des projets passéistes qui servent de laboratoire réactionnaire, de l’autre un nihilisme destructeur qui ne peut que renforcer les appels à l’autorité de l’État.

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Compte-rendu du rassemblement réussi contre la chasse à courre à Compiègne

Le samedi 31 Mars 2018, 1000 personnes défilaient à Compiègne pour l’abolition de la chasse à courre, à l’initiative d’AVA. Un grand succès, dont voici le compte-rendu.

10h30, non loin de la gare de Compiègne, les gens commencent à arriver. Beaucoup ont confectionné des pancartes chez eux, en famille, avec des extraits de journaux, des photos, les enfants ont des dessins… C’est un festival d’expression libre, avec même des banderoles et des fresques très travaillées. Un homme brandi les bois d’un cerf que la chasse à courre avait tué chez lui et qu’il a réussi à leur arracher. Des fleurs et des autocollants sont distribués contre une participation volontaire et la foule s’élance joyeusement sur le Pont Solférino.

« Chasse à courre, abolition« , « Vénerie, barbarie », « Halte au carnage, on est plus au moyen âge », « Veneurs, suiveurs, laissez place aux promeneurs », « Folie meurtrière, citoyens en colère », « Chasse à courre on en peut plus, les riverains sont dans la rue », « Veneurs, bourreaux, laissez les animaux »…

Les slogans rythment cette marche au centre ville de Compiègne, défiant les notables locaux et en premier lieu le maire de la ville. Philippe Marini, grand ami déclaré des chasseurs à courre avait mis tous les batons dans les roues possibles à ce rassemblement : arrêté municipal interdisant l’accès à la Place de l’Hotel de Ville (prétextant un marché au fleurs bondé-voir photo), puis un autre interdisant aux manifestants de tenir des stands de café et de gateaux.

Son Adjoint à la sécurité n’avait même pas été consulté. Du côté des chasseurs le mot d’ordre d’étouffer la manifestation avait été donné : toutes les affiches d’AVA ont été arrachées, et une équipe de gros bras suivait de près les tractages, déchirant systématiquement les papiers sur le pare-brise même des voitures. Trois jeunes filles ont été poursuivies dans les rues et traitées de « pétasses » pendant qu’elles informaient les clients d’un marché.

Le fameux marché aux fleurs

Difficile de retenir les huées, donc, quand le cortège fait une halte non loin de l’Hotel de Ville, avant de devoir le contourner et passer par les petites rues désertes pour rejoindre la place du Palais. Quelques médias sont présents quand la Police annonce le chiffre de participation : nous sommes 1000, dont une grande majorité de locaux.

Et dire qu’il y a cinq mois notre jeune collectif ne comptait qu’une dizaine de membres… Après quelques chants et un discours, la foule rejoint la Place Saint-Jacques pour assister à un concert (les Old Moonshine Band, groupe folk de Clermont de l’Oise) et se restaurer : des gateaux et des boissons chaudes sont distribuées à l’arrière des voitures, faute de stands.

Fait notable : la plupart des gens ont fait l’effort de cuisiner sans matières animales, sans forcément être végans eux même. Un clown gonfle des ballons pour les enfants : canards, cerfs, fleurs…

Mais une question revient immanquablement : « Que fait on pour la chasse cet après midi ? Quelque chose est prévu? » Car le 31 mars, c’est aussi le jour de la dernière chasse à courre de l’année.

Un départ s’organise spontanément, par petits groupes, même si des personnes plus expérimentées sont présentes pour encadrer les volontaires. Le matériel du service d’ordre (talkies-walkies et caméras GoPro) sera d’une grande utilité en forêt.

Deux convois se forment, sans vraiment s’être donnés le mot, chacun suivant les autres. L’un part en forêt de Compiègne, retrouver Alain Drach et son fameux équipage « La Futaie des Amis », connu de tous pour avoir tué un cerf dans un jardin de LaCroix-Saint-Ouen en octobre. Ils seront finalement une quarantaine à le surveiller jusqu’à ce qu’il rentre au chenil bredouille vers 15h30.

Mais le gros des troupes s’est rendu en forêt de Laigue, fief de l’équipage Rivecourt, ceux là même qui ont noyé un cerf dans la rivière en janvier dernier. Courant dans les bois par petits groupes, harcelant les cavaliers sur les chemins, arrêtant les chiens, faisant des opérations escargot en voiture…

Mais l’équipage arrive tout de même à acculer un malheureux cerf dans un étang privé, au bord de l’Aisne. Sur la route qui y mène, la foule commence à grossir, et ne tenant plus, une vingtaine d’intrépides pénètre dans la parcelle privée.

Là ils trouvent le cerf à l’eau, nageant avec des chiens aux trousses, qui lui mordent l’arrière train ! Des veneurs se postent tout autour pour l’empêcher de remonter sur la rive. Le pauvre nage désespérément en rond, s’épuisant pour trouver une issue !

Désemparées, certains personnes se préparent à plonger, d’autres essaient de créer un passage pour que le cerf puisse remonter… Mais rien n’y fait et la Police entre dans le bois pour les déloger.

Dehors, c’est plus de 150 personnes qui sont maintenant massées, et qui conspuent les cavaliers  » Assassins, assassins ! ».

La situation est de plus en plus tendue et l’énorme dispositif policier prévu par la Préfecture se déploie : 17 cars de CRS sont sur place ainsi qu’un hélicoptère qui tourne autour de la forêt depuis le midi. Un cordon est formé pour protéger les chasseurs.

Mais la situation est intenable pour les forces de l’ordre, et vers 16h la nouvelle tombe sur le canal radio de la Gendarmerie: le cerf est « gracié » !

Après un moment de doute, c’est l’explosion de joie parmi les manifestants ! Des enceintes jouent la Compagnie Créole (hymne d’AVA depuis que des veneurs les ont accusé de venir « masqués » comme au fameux bal). On danse la chenille, des filles pleurent de soulagement…

C’est la victoire ! Loin de là, la maitresse d’équipage, Florence de Lageneste, ne cachera pas sa rage d’avoir perdu un trophée « On est pas dans un état de droit ! C’est un scandale ! ».

Difficile de se séparer après une telle journée, la fête se poursuivra encore une heure en forêt, et certains veilleront sur le cerf jusqu’à 20h pour s’assurer de sa santé. Les cafés de la ville en désempliront pas de la soirée.


Comment mieux finir cette saison mémorable, où plus de 130 personnes se sont relayées en forêt pour veiller sur les animaux, sous la neige, dans la boue, sous les coups de fouets ? C’est certainement une grande victoire populaire comme on en voit peu et qui présage le meilleur pour la saison à venir !

BRAVO ET MERCI A TOUS

SOYONS PLUS FORTS ENCORE L’ANNEE PROCHAINE JUSQU’A L’ABOLITION

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Le printemps 2018 s’annonce silencieux dans les campagnes françaises

Le CNRS et le Muséum d’histoire naturelle ont enquêté et abouti à un constat terrible sur la disparition des oiseaux ces dernières années. Voici le communiqué à ce sujet du Muséum national d’Histoire naturelle, dont le titre est « Le printemps 2018 s’annonce silencieux dans les campagnes françaises ».

Les derniers résultats de deux études de suivi des oiseaux, l’une menée à une échelle nationale, l’autre plus localement, viennent de sortir.

Les chercheurs du Muséum national d’Histoire naturelle et du CNRS arrivent au même constat : les oiseaux des campagnes françaises disparaissent à une vitesse vertigineuse.

En moyenne, leurs populations se sont réduites d’un tiers en 15 ans. Au vu de l’accélération des pertes ces deux dernières années, cette tendance est loin de s’infléchir…

Grâce à des ornithologues amateurs et professionnels qui identifient et comptent les oiseaux sur tout le territoire métropolitain, le STOC (Suivi Temporel des Oiseaux Communs, un programme de sciences participatives porté par le Muséum national d’Histoire naturelle au sein du CESCO1), produit des indicateurs annuels sur l’abondance des espèces dans différents habitats (forêt, ville, campagne etc.).

Les relevés effectués en milieu rural mettent en évidence une diminution des populations d’oiseaux vivant en milieu agricole depuis les années 1990. Les espèces spécialistes de ces milieux, comme l’alouette des champs, la fauvette grisette ou le bruant ortolan, ont perdu en moyenne un individu sur trois en quinze ans. Et les chiffres montrent que ce déclin s’est encore intensifié en 2016 et 2017.

Ces résultats nationaux sont confirmés par une seconde étude menée à une échelle locale sur la Zone atelier « Plaine & Val de Sèvre » portée par le CNRS.

Depuis 1995, des chercheurs du CEBC2 suivent chaque année, dans les Deux-Sèvres, 160 zones de 10 hectares d’une plaine céréalière typique des territoires agricoles français.

En 23 ans, toutes les espèces d’oiseaux de plaine ont vu leurs populations fondre : l’alouette perd plus d’un individu sur trois (-35%) ; avec huit individus disparus sur dix, les perdrix sont presque décimées.

Ce déclin frappe toutes les espèces d’oiseaux en milieu agricole, aussi bien les espèces dites spécialistes – fréquentant prioritairement ce milieu -, que les espèces dites généralistes – retrouvées dans tous les types d’habitats, agricoles ou non.

Or d’après le STOC, les espèces généralistes ne déclinent pas à l’échelle nationale ; la diminution constatée est donc propre au milieu agricole, sans doute en lien avec l’effondrement des insectes.

Cette disparition massive observée à différentes échelles est concomitante à l’intensification des pratiques agricoles ces 25 dernières années, plus particulièrement depuis 2008-2009.

Une période qui correspond entre autres à la fin des jachères imposées par la politique agricole commune, à la flambée des cours du blé, à la reprise du sur-amendement au nitrate permettant d’avoir du blé sur-protéiné et à la généralisation des néonicotinoïdes, insecticides neurotoxiques très persistants.

Ces deux études, menées toutes deux sur une vingtaine d’années et à des échelles spatiales différentes, révèlent l’ampleur du phénomène : le déclin des oiseaux en milieu agricole s’accélère et atteint un niveau proche de la catastrophe écologique.

En 2018, de nombreuses régions de plaines céréalières pourraient connaître un printemps silencieux (« Silent spring ») annoncé par l’écologue américaine Rachel Carson il y a 55 ans à propos du tristement célèbre DDT interdit en France depuis plus de 45 ans.

Si cette situation n’est pas encore irréversible, il devient urgent de travailler avec tous les acteurs du monde agricole pour accélérer les changements de pratiques ; et d’abord avec les agriculteurs qui possèdent aujourd’hui les clés pour infléchir la tendance.

1 Centre des sciences de la conservation (Cesco – MNHN/CNRS/SU)
2 Centre d’études biologiques de Chizé (CNRS/Université de La Rochelle)

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Le maire de Compiègne Philippe Marini interdit un rassemblement anti-chasse à courre

Le maire de Compiègne, Philippe Marini, a décidé d’interdire le rassemblement anti-chasse à courre, avant même que celui-ci soit déclaré. C’est un exemple significatif du déni de démocratie d’une Droite décomplexée et le prolongement d’une répression déjà dénoncée dans une tribune (que nous avons signée).

On comprend pourquoi, dans leur bande dessinée intitulée La Présidente, qui raconte la victoire hypothétique de Marine aux présidentielles de 2017, François Durpaire et Farid Boudjellal aient fait en sorte de placer Philippe Marini comme secrétaire d’État aux Finances du nouveau gouvernement.

Le CV du maire est également édifiant. Comme études : sciences-Po, l’ENA, licence de droit à Assas…

Puis un parcours institutionnel de haut vol : professeur à Sciences-Po et à l’IUT de Compiègne, directeur adjoint (1979-1982) puis directeur des services financiers du Commissariat à l’énergie atomique (1982-1989), membre du directoire de la banque Arjil de 1989 à 1994, avocat à la cour de Paris, inspecteur des finances, membre de la Commission de surveillance de la Caisse des dépôts de 2002 à 2008, rapporteur général de la Commission des Finances du Sénat, président de la commission des finances, sénateur de l’Oise,  président de la communauté d’agglomération de Compiègne, Secrétaire général de la Section française de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie, membre du Comité national de l’Euro, membre du Conseil national des assurances, membre du Conseil national du crédit, chargé d’une mission temporaire auprès du Premier ministre, président du Syndicat mixte de la Vallée de l’Oise, président de l’association Seine Nord Europe, membre du Conseil d’Administration de l’université de technologie de Compiègne, président de l’Association des lauréats du concours général de 2011 à 2018…

Celui qui est également président du groupe France-Arabie saoudite-Pays du Golfe au Sénat avait également demandé à la fin des années 2000, sans succès, que soient déductibles des impôts les pertes boursières issues de la crise financière de fin 2008.

Finalement cela résume tout et on aurait pu commencer par là pour cerner le personnage.

Et rappelons – l’anecdote a son importance – que François Ruffin n’a pas signé la tribune mentionnée plus haut et qu’il ne s’oppose pas à la chasse à courre, ni à la chasse en général. Cela reflète bien son manque de fond culturel réellement de gauche.

 

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Chasse à courre et répression (tribune)

Tribune publiée originellement sur mediapart et dont agauche.org est signataire. Pour rappel : le facebook et le site du groupe AVA (Abolissons la vénerie aujourd’hui).

Depuis le mois d’octobre 2017, le mouvement d’opposition à la chasse à courre (aussi appelée vénerie) prend de l’ampleur dans le pays.

Mais, malgré les 84% de français opposés à cette pratique (sondage IFOP/Fondation Brigitte Bardot), l’abolition ne tombe pas du ciel.
Dans l’Oise, les habitants des villages ont décidé de s’organiser pour la défense de la Nature, mais aussi pour le simple respect de leurs droits et de leur quiétude.

Car les incidents continuent de se multiplier dans les villages : Bonneuil-en-Valois fin décembre, Choisy-au-Bac début janvier, Pont-Sainte-Maxence début février… A chaque fois, ces scènes donnent lieu à des affrontements entre les habitants et les veneurs, repoussés  souvent avec l’appui des maires.

Ces derniers sont de plus en plus nombreux à adopter des arrêtés municipaux interdisant le passage de la chasse à courre dans leur commune, mais ceux-ci sont constamment violés. La contestation gagne maintenant la forêt elle-même.

Chaque mercredi et samedi, des habitants se réunissent sous la bannière d’AVA (Abolissons la Vénerie Aujourd’hui) jusqu’à être parfois une soixantaine. Ils suivent les chasses à courre et en documentent les méfaits. Les méthodes d’action sont clairement pacifiques : une charte proscrit toute violence, injure ou dégradation.

Au grand dam des veneurs, les policiers qui assistent à ces sorties depuis le mois de novembre n’ont relevé aucune infraction.

Privés de recours légaux, la Fédération des Chasseurs de l’Oise saisit alors le préfet Louis Le Franc.

Celui-ci les assure immédiatement de « son entier dévouement » : « La sécurité et le bon déroulement de ces chasses traditionnelles sont, pour le représentant de l’Etat que je suis, une priorité. Face à cette situation, j’ai donné des instructions précises à la Gendarmerie Nationale pour que soient interpellés et poursuivis les individus pris en flagrant délit d’entrave au droit de chasse ».

Samedi 17 février, Guy Harlé d’Ophove, président de la FDC60, invite le préfet sur place, à l’arrière de son 4×4.

Ils tentent ensemble d’intimider les habitants. Mis en file indienne à un carrefour de forêt, certains d’entre eux subissent menaces et contrôles d’identité. Des brigades de Gendarmerie de tout le département sont mobilisées pour une séance d’intimidation. « Je veux que cela cesse, laissez-les chasser ! ».

Les veneurs, les encerclant à cheval, se délectent de la scène. Mais comme d’habitude, aucun délit n’est constaté, et à peine la mise en scène terminée, les activités reprennent des deux côtés. Le préfet, quant à lui, ne communique pas aux médias sa présence ce jour là. Loin de calmer le jeu, cette démonstration de force, hors de tout cadre légal, vient arbitrairement renforcer une position contre une autre, et ainsi aggraver le climat de violence.

Car deux jours avant, un événement est survenu, symptomatique du sentiment d’impunité des veneurs qui va crescendo.

Lors d’une promenade, quatre personnes tombent sur un rassemblement d’une centaine d’entre eux dans un lieu public, apprécié des familles le week-end.

Reconnus comme des opposants à la chasse à courre, les quatre personnes (trois femmes et un homme) sont frappées, et poursuivies jusqu’à leur voiture par une quinzaine d’hommes armés de fouets.

Ceux-ci leur volent un téléphone, et prennent en photo leurs plaques d’immatriculation. Moins d’une semaine plus tard, le propriétaire du journal « Oise hebdo » signera un article révélant l’identité d’un des militants, ainsi que des informations sur sa vie privée, son métier et sa famille. Celui-ci est depuis victime de menaces quotidiennes.

Quand la sécurité des personnes n’est pas assurée, la liberté d’expression n’est plus qu’une chimère.

Beaucoup craignent que cette situation se généralise dans l’Oise, car le plus inquiétant reste à venir. Le département est le théâtre d’une expérimentation inédite en France. La préfecture vient de signer un partenariat avec la Fédération des Chasseurs locale : les « Chasseurs Vigilants ».

Une véritable milice armée de deux cents hommes recevra le rôle d’assister la Gendarmerie dans les « zones forestières » et de « campagne profonde ».

Satisfait, Guy Harlé d’Ophove qualifie ce nouveau détachement de « RG des campagnes », et prévient les critiques : « si ces gens ne sont pas contents, qu’ils restent dans les villes ».

Le sentiment de toute-puissance des veneurs ne peut alors que se renforcer, finissant d’enterrer tout débat d’idées.
Par la présente tribune, nous affirmons notre solidarité aux personnes intimidées et violentées. Nous exigeons la fin de ce climat de menace constante dans nos campagnes.

Nous demandons au préfet l’arrêt immédiat du protocole « Chasseurs Vigilants », dont la partialité est insupportable, donnant le pouvoir de loi à un groupe d’intérêt de manière anti-démocratique.

Nous demandons expressément que le préfet de l’Oise, Louis Le Franc, donne des garanties de liberté d’expression aux personnes opposées à la vènerie et mette tout en œuvre pour les protéger des violences lors de leurs actions pacifiques, comme à leur domicile, faisant respecter l’ordre républicain dont il a la charge.

Les signataires :

– One Voice

– L.214

– Fondation Brigitte Bardot

– Réseau-Cétacés

– Collectif pour l’Abolition de la Chasse à Courre

– SAMA Protection Animale (Saint-Quentin)

– Laterredabord.fr

– PicardiePopulaire.net

– AGauche.org

– Parti Animaliste

– ASPAS

– Xavier Renou (Les Désobéissants)

– Aymeric Caron (auteur, Rassemblement des Ecologistes pour le Vivant)

– Eric Damamme (VASARA, fondateur de 269 Life France)

– Pierre Athanaze (Action Nature Rewilding France)

– Gérard Charollois (Convention Vie et Nature)

– Christophe Leprêtre (Parti Antispéciste Citoyen pour la Transparence et l’Éthique)

– Marc Vallaud (Collectif Contre l’Exploitation et l’Expérimentation Animales)

– Yves Bonnardel (auteur et chercheur, SFR université de Grenoble)

– Marc Giraud (journaliste, auteur)

– Rémi Gaillard (humoriste)

– Jean-Marc Sauvagnargues, Laurent Honel et Paul Léger (Fatals Picards)

Govrache (chanteur)

– Djamel Vice (rappeur)

– Pierre Rigaux (auteur)

MAN (dessinateur)

– Brigitte Bardot (actrice)

– Xavier Matthieu (acteur, ancien syndicaliste chez Continental-Clairoix)

– Gérard Filoche (Gauche Démocratique et Sociale)

– Cédric Maisse (Aube Nouvelle)

– Laurence Parisot (chef d’entreprise)

– Jean-Luc Mélenchon (député des Bouches du Rhone)

– Michel Larive (député de l’Ariège)

– Bastien Lachaud (député de Seine-Saint-Denis)

– Eric Coquerel (député de Seine-Saint-Denis)

– Muriel Ressiguier (députée de l’Hérault)

– Maud Petit (députée du Val de Marne)

– Maud Assila (secrétaire nationale du Parti de Gauche)

– Lionel Ollivier (maire de Clermont de l’Oise)

– Marie-Laure Darrigade (conseillère municipale d’Agnetz, Oise)

– Stéphane Coville (conseiller municipal de Venette, Oise)

– Corinne Morel-Darleux (conseillère régionale Rhone-Alpes)

– Laurent Grenier et Martin Battaglia (France Insoumise Oise)

– Matthieu Ricard (auteur)

– Guillaume Meurice (animateur radio)

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La chasse à courre : une véritable néo-féodalité

La chasse à courre nous a rappelé son existence ces mois derniers, avec des incidents opposant des équipages à la population. A La Croix Saint-Ouen en octobre dernier, un cerf trouve refuge dans le jardin d’un lotissement. Le Maître d’équipage sautera le grillage pour le tuer et emporter le corps.

Cet incident est le début d’une mobilisation inédite en France : 450 habitants se rassemblent la semaine suivante pour exprimer leur opposition à cette pratique. Ils jurent de transformer leur quartier en « sanctuaire pour les animaux ». Et les événement qui suivent témoignent d’un engagement soutenu.

Fin décembre à Bonneuil-en-Valois, un cerf traqué se réfugie lui aussi dans un quartier résidentiel. Les habitants, qui font face aux chasseurs tout l’après-midi pour sauver l’animal, sortiront victorieux.

Un mois plus tard, à Pont-Sainte-Maxence, même ambiance : un cerf fuyant la meute de chiens entre dans le centre-ville et est protégé par les habitants, qui resteront pour veiller sur lui jusqu’à la tombée de la nuit. Les pompiers le soigneront et le raccompagneront en forêt, groggy.

Et le mouvement gagne maintenant les forêts, avec des habitants qui sortent chaque mercredi et samedi pour surveiller les chasses (jusqu’à une soixantaine certains jours).

Depuis, deux propositions de loi ont été déposées au Parlement pour obtenir l’abolition : une à l’initiative de Laurence Rossignol, du Parti socialiste, et une autre à l’initiative de députés de la France Insoumise.

Si de prime abord, il semble évident pour toute personne de gauche de rejeter cette pratique, au niveau des partis politiques les choses sont plus compliquées.

Dans les années 1970, le PCF, alors même qu’il finissait de rejeter son cœur idéologique, tenait une position étrangement neutre vis à vis de la chasse à courre.

Pour George Marchais, c’est « le vecteur d’une certaine culture qui se perpétue depuis des centaines d’années. Elle fait l’objet de fêtes et de rassemblements populaires, et à ce titre dépasse la seule pratique de la chasse. En toute conscience, peut-on interdire cela ?».

Pareillement, pour les sociologues Michel Pinçon et Monique Charlot, membres du même parti, « la chasse à courre réalise ce miracle de faire partager la même passion par des ducs, des grands bourgeois, des banquiers, des facteurs, des cantonniers ».

Aujourd’hui, les seuls refusant de s’engager contre la chasse à courre sont ceux dont l’électorat comprend potentiellement un grand nombre de chasseurs, comme par exemple François Ruffin à Amiens, qui n’a pas signé la proposition de loi déposée par son groupe parlementaire.

Maxime Gremetz, lui, s’était opposé à la chasse à courre, mais en la distinguant clairement de celle à tir, toujours sur l’argument que cette dernière serait « populaire ».

Pourtant, parmi les « saboteurs » de chasse à courre, beaucoup sont aussi issus des milieux populaires. Si on voit du « peuple » de chaque côté, comment choisir son camp ? En se plaçant sur le terrain des valeurs, en distinguant les pratiques culturelles qui appartiennent à l’ancien monde, et celles qui portent le progrès. Et du point de vue des valeurs, l’évidence est là.

L’idéologie portée par la chasse à courre est héritée du féodalisme, de l’époque précédant le capitalisme. Chaque forêt est considérée comme un fief, réservé à un seul équipage par animal, et logiquement les promeneurs ou les automobilistes sont traités comme des intrus, des « manants ».

Le débordement des veneurs sur la vie des habitants est constant : embouteillages, accidents de voiture, invectives, mise en danger d’animaux domestiques, invasion de jardins ou de centre-villes… De manière générale, les gens qui habitent en lisière de forêt sont accusés d’empiéter sur leur territoire ancestral.

Du côté des animaux, ils sont considérés soit comme des outils (chiens, chevaux) soit des proies, mais toujours des objets dont la sensibilité importe peu.

Ils n’existent que pour le bon plaisir des veneurs, et leur population est gérée selon ce simple critère.

La vie des animaux sauvages est hiérarchisée selon une valeur arbitraire : les cerfs sont les plus chers, puis viennent les chevreuils et les sangliers, puis les renards, et enfin les lièvres.

Dans cette logique, les équipages de chasse les plus huppés veulent s’attaquer à un animal digne de leur rang, donc le cerf, souvent considéré comme le « Roi des forêts ».

Socialement, le modèle d’organisation de la vénerie est aussi très parlant. Le prix d’entrée au sein d’un équipage (au moins 1.000€ par an et plusieurs autres milliers pour l’entretien du cheval, l’achat des accessoires, de l’uniforme…) sélectionne les pratiquants selon leur niveau de vie.

Cela fait de la vénerie un outil de réseau très important entre les notables des campagnes françaises. C’est là qu’on rencontre un avocat, un notaire, un industriel, un bon cardiologue… Les employés de l’équipage sont, encore aujourd’hui, appelés des « valets ». Les suiveurs, souvent des milieux les plus populaires, ne sont que les spectateurs de cette Cour, et n’ont aucune autonomie dans cette pratique.

Pour y voir clair autour de nous, il s’agit de distinguer ce qui constitue la force motrice de l’histoire et ce qui constitue la force d’inertie dont nous devons nous extraire.

Une fois abandonné le prisme grossier du populisme, un consensus devient évident à gauche : la chasse à courre doit disparaître. Il faut revendiquer son abolition et appuyer le mouvement qui naît en ce sens !

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La cymbalaire, également appelée « ruine de Rome »

Le cymbalaire linéaire ou cymbalaire mural est considéré comme « nuisible » par beaucoup de monde parce qu’il peut s’étendre dans de nombreux espaces où l’absence de végétation est attendue.

Cette plante touffue, rampante ou tombante pouvant atteindre 80 cm de long pousse dans de nombreux endroits quelque soit l’exposition au soleil. Ainsi, du nord au sud de la France, le cymbalaire est légion.

Ses tiges très fines s’immiscent dans les murs à ciment calcaire. On peut la rencontrer sur des voies ferrées, sur les ponts ou les édifices.

Sa reproduction est assurée par un astucieux moyen de dispersion. La tige s’allonge et se courbe pour enfoncer le fruit dans les fissures des murs.

Les graines y sont déposées à demeure jusqu’à ce que la pluie en assure leur portage grâce au ruissellement de l’eau.

Dans le Moniteur Universel de 1836, journal crée en 1789 par l’éditeur de l’Encyclopédie Universelle de Diderot et D’Alembert, Théophile Gautier, dans sa nouvelle Avatar publiée en 1836, fait référence à la ruine de Rome en évoquant un caractère envahissant donc repoussant de cette plante.

« Dans les anfractuosités de ces roches, le cactier raquette, l’asclépiade incarnate, le millepertuis, la saxifrage, la cymbalaire, la joubarbe, la lychnide des Alpes, le lierre d’Irlande trouvaient assez de terre végétale pour nourrir leurs racines et découpaient leurs verdures variées sur le fond vigoureux de la pierre ; un peintre n’eut pas disposé, au premier plan de son tableau, un meilleur repoussoir. »

Cette belle plante légère et aérienne se répand très vite dans les interstices des trottoirs et des murs qui ne sont plus entretenus. Son nom vernaculaire évoque d’ailleurs la représentation d’une plante s’épanouissant sur une cité détruite : « la ruine de Rome ».

Par les caractéristiques propres à cette plante, les notions de nature et de culture sont en contradiction apparente. Dans la conception académique de la philosophie, la culture suppose le développement historique de l’humanité par sa sortie de l’état de nature.

Rome est la capitale de l’un des plus grands empires de l’Antiquité. Elle est le symbole de ce qu’est la civilisation : des constructions monumentales représentant la domination de la cité sur la nature.

Dès le moyen-âge, les monuments de l’antiquité romaine sont délaissés jusqu’à tomber en ruines. La vie sauvage apparaît alors, sur les vestiges de la civilisation antique. Le cymbalaire des murs en est le symbole.

Cela en fait sa valeur : admettre que la civilisation humaine ne peut se faire parfaitement sans la nature, rien n’est en dehors de la nature.

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Le Parti socialiste de Loire-Atlantique dénonce l’abandon du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes

La fédération de Loire-Atlantique du Parti socialiste a réagi à propos de l’abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes en dénonçant « une vision à court terme » dans le titre de son communiqué.

Cela en est presque risible tellement c’est hors de propos. La vision « à court terme », c’est justement celle des partisans du projet qui n’ont pas encore compris en 2018 l’importance des zones humides et des milieux naturels pour l’avenir de notre planète.

Faut-il encore que l’humanité bétonne des milliers d’hectares de marécages et déversent un peu plus de dioxyde de carbone dans l’atmosphère avec l’accroissement du trafic aérien pour que ces gens comprennent ce qui est en jeu ?

Rien n’est plus « à court terme » justement que de croire que l’humanité puisse continuer son développement économique sans tenir compte des erreurs qu’elle a faite aux XIXe et XXe siècles.

Le Parti Socialiste se prétend écologiste et affiche sous son logo le terme « social-écologie ». On se demande bien pourquoi.

Comment peut-on se prétendre écologiste, invoquer « l’État de droit » comme il est fait dans ce communiqué, et ignorer ainsi la Loi sur l’eau ?

Tout écologiste sait pertinemment, et ce depuis de nombreuses années, que la Loi sur l’eau avait été littéralement piétinée par ce projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes.

Le reste de l’argumentaire du communiqué consiste en une sorte de chantage au développement économique, prétextant que la Loire-Atlantique serait un bon élève en France et aurait donc le droit à « son » équipement. Cela n’a pas grand-chose à voir avec les valeurs sociales et universelles de la gauche française.

C’est une vision d’entrepreneurs, de libéraux, de personnes ayant foi en les possibilités de développement économique du capitalisme. Mais ce n’est certainement pas un point de vue socialiste.

Les propos grandiloquents de la Maire de Nantes Johanna Rolland, membre du Parti Socialiste, sont du même registre :

« Je demande donc officiellement au Président de la République de me recevoir pour parler de l’avenir de la Métropole, de l’avenir du grand Ouest. Et la question que je lui poserai, elle est simple : « Est-ce que l’Ouest peut encore compter sur l’État pour son avenir ? »

Car l’abandon de ce projet d’État ne peut être synonyme d’abandon de l’Ouest. Nous participons activement à la dynamique du pays.

Nous sommes une terre source d’innovation, d’équilibre. Nous sommes moteurs dans beaucoup de domaines.

C’est de l’avenir des 600 000 habitants de la Métropole dont je veux lui parler.»

Voilà qui n’est pas sérieux. Voilà qui est bien éloigné de l’engagement et du flegme dont a besoin la gauche française pour se reconstruire.

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L’abandon officiel du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes

L’annonce par le gouvernement de l’abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes près de Nantes est assurément une bonne nouvelle pour toutes les personnes réellement de gauche. La persistance de ce projet était une insulte permanente à l’idée de progrès et de civilisation. C’était une idée d’un autre temps, portée par des forces antidémocratiques.

L’humanité ne peut plus s’imaginer pouvoir vivre en dehors de la nature, considérant la planète Terre comme un gros caillou pourvoyeur de « ressources » lui appartenant unilatéralement. L’aéroport de Notre-Dame-des-Landes devait assécher plusieurs hectares de zones humides, au mépris des connaissances scientifiques de notre époque quant à leur importance.

Les personnalités politiques et économiques favorables au projet s’offusquent d’une décision qui serait anti-démocratique. En réalité, c’est précisément l’inverse qui est vrai.

Si l’on considère que la France est un État de droit, cela signifie que les lois sont censées s’appliquer. Or, le projet d’aéroport, quelque-soit la manière dont il était abordé, bafouait systématiquement la loi sur l’eau.

La loi sur l’eau est une loi datant des années 1970 et ayant connus quelques évolutions. Malgré ses limites évidentes, son but est justement de protéger les zones humides comme celle de Notre-Dame-des-Landes.

L’ensemble des décisions de justice rendues en faveur de la construction de l’aéroport allaient à l’encontre tant de l’esprit que de la lettre de cette loi. Elles consistaient en une interprétation unilatérale et biaisée de la réalité.

À partir du moment où il est techniquement possible de faire autrement, la destruction d’une zone humide est interdite.

De plus, de nombreux rapports, dont au moins un rapport officiel commandé directement par l’État en 2013, ont montré que les mesures compensatoires à des destructions ne seraient pas respectées par le projet d’aéroport, particulièrement par l’entreprise Vinci en charge de la construction.

Rien que cela aurait dû suffire à clore tout débat. Tel ne fut pourtant pas le cas et les forces politiques et économiques locales soutenant le projet ont continué à vouloir passer en force.

La consultation lancée par le gouvernement en juin 2016 était un nouveau coup porté à la démocratie et à l’écologie. Il n’était pas normal qu’elle ne concerne que les habitants de la Loire-Atlantique alors que l’enjeu était le respect ou non d’une loi, la loi sur l’eau, ce qui concerne la nation toute entière. On peut même arguer que cette loi relève d’accords internationaux (issus de la convention de Ramsar), et donc qu’elle concerne l’humanité toute entière dans son rapport à la planète Terre.

Le dernier épisode en date était le coup de théâtre juridique de novembre 2016, lorsque la Cour administrative d’Appel de Nantes avait rejeté des requêtes d’opposants.

Cela allait à l’encontre de l’avis du rapporteur public qui avait considéré que la loi sur l’eau n’était pas respectée. Cela montrait une nouvelle fois la faiblesse démocratique des institutions françaises. Le caractère politique et partisans de ces décisions de justices apparaissant comme évident, contrairement à ce qui est prétendu par l’Etat.

Le gouvernement en place a finalement considéré que « les conditions ne sont pas réunies pour mener à bien le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. »

Cela est dû en partie au rapport de force mis en place par les opposants, au manque de soutien réelle du projet par la population, ainsi qu’à d’autres considérations d’ordres politiques.

S’il est tout à fait logique et pertinent de se réjouir de cette décision, il ne faut pas pour autant considérer cela comme une grande victoire. L’abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes n’est pas une victoire de l’écologie portée par des forces démocratiques en France.

Durant toute la campagne d’opposition, qui a pris de l’ampleur à partir des années 2010, l’écologie et les zones humides n’ont été qu’un prétexte. Le moteur de la contestation était une vision du monde arriéré, défendant de manière fantasmée l’agriculture d’autrefois et la vie en communautés isolées. Le mouvement d’opposition, particulièrement celui de la « ZAD », était largement d’essence réactionnaire.

Au contraire, les forces de gauche doivent maintenant se focaliser sur l’essentiel. Il est urgent de porter les exigences démocratiques de la population tout en diffusant et faisant vivre une culture authentiquement écologique.

Le mouvement d’opposition à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes a été un rendez-vous manqué pour la gauche française. Elle n’a pas su être à la hauteur des exigences de son époque. Il faut maintenant changer la donne.

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Poinsettia, les « étoiles de Noël »

En cette fin d’année et ces jours de fêtes, en France, des Poinsettia, ou plus familièrement appelées les « étoiles de Noël » seront offertes. Elles sont d’ailleurs les plantes les plus vendues en cette période de fin d’année.

Aussi flamboyante soit-elle, cette jeune pousse rouge en pot, risque fortement ne pas résister à l’année à venir. Il faut pour cela comprendre son mode de vie et voir comment les Poinsettia ont été modifiés.

Poinsettia est un ancien nom faisant référence à un ambassadeur américain au Mexique et botaniste à ses heures, Joël Poinsett. Il découvre en 1825 cette plante arbustive, à Taxco et envoie des plants dans son état natal de Californie, dans le but de l’étudier. Elle portera alors le nom de Poinsettia en l’honneur de l’ambassadeur, en 1836.

Bien évidemment, la découverte ne dépend pas de Joël Poinsett. Cette plante existe depuis très longtemps. Cuetxlaxochitl «  la fleur de peau » est originaire du Mexique du sud et d’Amérique centrale.

Selon la tradition aztèque, cette plante rouge est sortie du sol dès suite de la mort d’un chagrin d’amour de la déesse. Les Aztèques l’utilisaient pour ses pigments rouges et comme remède aux difficultés de lactation et d’allaitement des mères.

Sur le plan botanique, c’est l’explorateur allemand Von Humboldt qui amène un plan en 1804. Le Poinsettia est un ancien genre botanique qui est dorénavant classé comme sous-genre des Euphorbiaceal du genre des Euphorbia (euphorbe véritable).

En 1834 la désignation d’euphorbia pulcherrima lui est attribué par le botaniste Ludwig Wildenow. C’est une plante arbustive pouvant atteindre, dans son milieu naturel (Amérique central et Sud du Mexique) la hauteur de 5 mètres.

Toutefois, on promotionne souvent l’ euphorbia pulcherrima comme la plante représentative de Noël. Or, elle correspond bien au mois de décembre, mais dans l’hémisphère sud.

Voyons pourquoi.

Les bractées lancéolées rouge vif (en forme d’étoile), jouent le rôle de pétales. Les petites fleurs nectarifères se regroupent dans une inflorescence de capitule (mâle apétales autour de fleur femelle). Les canaux de la plante véhiculent quant à elles, comme toutes les euphorbes, un latex blanc proche du caoutchouc. Ce liquide contient des protéines allergènes.

Sa culture est très fragile en Europe du fait de multiples aspects : un système racinaire, le besoin d’une phase de repos stricte, les engrais, l’hygrométrie, le bouturage, l’obscurcissement, le réglage des températures et la régulation de croissance.

De plus la multiplication se fait par bouturage tous les ans afin d’assurer la production industrielle. Ce sont donc de jeunes plants qui sont tous les ans exploités dans le but d’assurer une induction florale vigoureuse. Pour cela, il y a le forçage de l’obscurité si la durée du jour dépasse 15 jours par l’application de bâches noires sur les plantes.

Une euphorbia pulcherrima, dans notre hémisphère restera donc ornementale pour un temps donné. Il sera difficile (pour les raison sus mentionnées) de les maintenir en vie.

Afin de conserver cet engouement commercial, les « étoiles de noël » sont ainsi produites à grandes échelle dans des serres. En effet, ce ne sont que les jeunes pieds, issus de sélections variées, qui donnent des pétales rouges flamboyants.

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Campagne en faveur du lac des Pises dans les Cévennes

L’Association Causses-Cévennes d’action citoyenne mène une campagne pour sauver le lac des Pises. Ce lac a été formé au début des années 1960 par la construction d’un barrage, initié par un promoteur voulant organiser une zone touristique.

Heureusement, l’endroit appartient désormais au parc national des Cévennes. Cependant, comme il faut l’entretenir, l’Etat entend réduire sa surface, voire le détruire. Cela aurait naturellement de larges conséquences néfastes sur la faune et la flore.

Voici le lien vers le dossier de l’association, et celui vers la pétition en la faveur de la défense du lac. Une réunion publique a lieu le 16 décembre dans la région.

Voici également un article de la grande presse présentant les grands traits de la problématique.