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Le discours ouvertement post-moderne de Raphaël Enthoven à la convention de la Droite

Le « philosophe » Raphaël Enthoven a été invité à la convention de la Droite pour faire le spectacle. Cela n’a pas raté. Son discours a été un manifeste post-moderne où il a expliqué que la conquête des « droits individuels » tel la GPA sont inéluctables et qu’aucun retour en arrière ne sera jamais possible. Évidemment, il a appuyé son raisonnement en expliquant que l’opposition Gauche/Droite était également caduque.

Voici les principaux extraits du discours de Raphaël Enthoven à la convention de la Droite. Il est frappant qu’il ne s’est pas dit de gauche, qu’il n’a pas levé le drapeau de l’antifascisme. Il s’est contenté de dire que le libéralisme triomphera sur tous les plans. On comprend qu’il ait été invité !

« Ce qu’il est essentiel de comprendre, c’est que le clivage libéral / souverainiste, apparu en 1992, s’est affermi en 2005, et s’est définitivement installé dans le pays en 2017, avec la victoire d’Emmanuel Macron – qui n’est pas une victoire de la gauche, mais une victoire du libéralisme.

Pour le dire simplement: la question aujourd’hui – l’alternative – n’est plus «suis-je de gauche ou suis-je de droite?» mais «ai-je intérêt à m’ouvrir au monde ou bien à me replier sur mon pré carré?» (et dans cette nouvelle répartition, on trouve des deux côtés de l’alternative autant de gens de gauche, que de gens de droite) (…).

En vous agrippant à la droite comme le PS s’agrippe à la gauche, vous vous condamnez au parasitisme politique (et à l’indécision sur la question européenne) (…).

Le retour en arrière ne fait pas un avenir.

La restauration n’est pas un plat de résistance.

Le sentiment que tout s’est perdu, l’exhumation idéale de valeurs égarées dans le tourbillon de nos mœurs décadentes… Tout cela ne rassemble que des craintifs. Qui sont nombreux. Mais qui le sont de moins en moins. Et qui vieillissent.

La «défense de la vie» ou de «l’ordre naturel» dans un univers d’IVG, de PMA pour toutes, de GPA possible, de mariage gay, de légalisation du cannabis voire de la prostitution (on peut toujours rêver) ne sert qu’à consoler les gens qui ont le sentiment de s’y noyer.

Il ne faut pas s’y tromper: ce que vous êtes en train de construire n’est pas un paquebot. Du tout. C’est le radeau de la méduse! Ou l’arche de Noé si vous voulez, peu importe. Ce que je veux dire, c’est que c’est un bateau sans moteur (…).

Mais je parle de l’efficacité de vos valeurs dans un pays qui, majoritairement, leur tourne le dos. Car (et c’est la troisième raison pour laquelle, à mon avis, ce que vous faites ne marchera pas) la société elle-même est incurablement libérale.

On ne revient pas sur une liberté supplémentaire.

Comme elle est majoritairement attachée au droit de disposer de son corps.

Je n’entre pas ici dans le débat sur ces questions. Si vous me réinvitez un jour, on parlera ensemble de la PMA, de la GPA, de la peine de mort, du mariage pour tous, de l’IVG, de l’euthanasie, du porno, du cannabis… De ce que vous voulez.

Mais ça n’est pas mon sujet aujourd’hui.

Ce que je veux vous dire, c’est que ces mouvements-là sont irréversibles (…).

C’est la raison pour laquelle on peut parfaitement appliquer la seconde loi de la thermodynamique au cas des libertés supplémentaires: aucun retour en arrière n’est possible!

Vous pouvez le souhaiter tant que vous voulez. Et même vous satisfaire de le souhaiter. Faites-vous plaisir! Mais revenir sur l’IVG? La PMA? La GPA (si elle entre dans la loi)? La peine de mort? C’est aussi improbable que de retrouver un œuf intact en détournant une mayonnaise.

Et pour cette raison, paradoxalement, votre conservatisme est, à mes yeux, une bénédiction… Ne commencez pas à devenir progressistes, s’il vous plaît!

Continuez de croire qu’on peut prendre le pouvoir en France au XXI siècle en estimant que les enfants sans père ne devraient pas exister ou (pour certains d’entre vous) que l’IVG est un assassinat (…).

En vérité, je vous le dis (et je ne vous le dis que parce que je ne crains pas de vous faire changer d’avis en vous le disant): vous êtes beaucoup trop réacs pour gagner quoi que ce soit! Vous préférez le Bien (c’est-à-dire l’idée que vous en avez) à la liberté collective (…).

La nature n’est pas une norme. Son fonctionnement n’est pas une intention.

J’en veux pour preuve qu’on trouve la même proportion de crapules, d’incestes et de toxicomanes chez les enfants issus de familles dites «traditionnelles» que chez les enfants de couples homosexuels…

Si la famille traditionnelle protégeait de quoi que ce soit, ce serait parfait. Mais vous n’en faites un rempart que parce que vous en faites une valeur absolue, et qu’à ce titre vous déniez aux autres un mode de vie qui, en lui-même, ne produit pas plus de vices que le vôtre (pas moins non plus) (…).

Parce que vos credo sont désuets, parce que votre projet n’est qu’un rejet, parce que votre patriotisme est un communautarisme, que vos principes sont des fictions et parce que vous auriez l’impression de vous perdre si vous changiez d’avis, ce que vous espérez ne marchera pas… Et je suis bien obligé de reconnaître que, contrairement à ce que j’ai dit d’abord pour justifier ma participation à cette convention, votre projet politique ne m’inquiète pas du tout, car il se prive lui-même, tout seul, de l’ensemble des moyens d’action nécessaires à la conquête du pouvoir. »

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PMA pour toutes : la Gauche post-moderne en rêvait, la Droite l’a fait

La négation de la réalité matérielle est de rigueur pour une société de consommation pour qui tout doit relever d’un choix individuel. L’existence nécessaire d’un homme pour la reproduction se transforme donc en un choix de consommation épaulé par les nouvelles technologies. La Gauche post-moderne, post-industrielle est ravie de cet élargissement des droits individuels, montrant qu’elle n’a été que l’avant-garde de l’ultra-libéralisme.

La procréation médicalement assistée (PMA) accessible à toutes les femmes a désormais le soutien de l’Assemblée nationale, avec peu de présents : 55 députés ont voté pour, 17 contre et 3 se sont abstenus. C’est qu’il vaut mieux ne pas être forcément là pour une thématique littéralement explosive, dont la société française n’a pas encore compris les enjeux.

D’ailleurs, sa validation juridique définitive devrait avoir lieu juste avant l’été, histoire de faire passer la pilule à une société française censée découvrir au fur et à mesure les « vertus » de l’ultra-libéralisme.

La France ne fait d’ailleurs que rejoindre la tendance libérale générale, puisque la PMA pour toutes est déjà légale en Belgique, aux Pays-Bas, au Royaume-uni, en Irlande, au Portugal, en Espagne, au Luxembourg, au Danemark, en Suède et en Finlande. De nombreux autres pays le permettent aux couples de femmes mais pas aux femmes seules, ou inversement.

Les deux prochaines étapes sont à ce titre évidentes. Il y aura d’abord la GPA (les « mères porteuses »), qui s’imposera d’elle-même une fois la digue de la PMA rompue. Cela sera considéré comme un droit de plus pour les couples d’hommes homosexuels, même si on l’a compris cela servira également à des femmes aisées.

Dans tous les cas, il y aura déjà – il y a déjà en partie – la reconnaissance des GPA effectuées à l’étranger. Une fois que la pratique sera bien établie, il y aura une reconnaissance générale.

Ensuite, il y aura la PMA pour les femmes devenues des « hommes » – dans le libéralisme généralisé il n’y a en effet plus de normes. Les députés LRM Raphaël Gérard et Laurence Vanceunebrock-Mialon ainsi que le député La France Insoumise Bastien Lachaud ont pour cette raison prôné la PMA non pas pour toutes les femmes, mais pour toutes les personnes ayant un « appareil reproducteur féminin ».

Mattel vient de sortir, conformément à cette idéologie, des Barbies « neutres sur le plan du genre ». L’ultra-libéralisme est la négation de l’universel : il n’y a plus ni humanité, ni classe, ni nation, ni rien de général. Il n’y a plus que des individus, tous irréductiblement différents. La réforme du Bac commençant cette année va en ce sens : chaque lycéen « choisit » ses matières, il passe son propre bac.

C’est, si l’on veut, une américanisation de la société, au sens d’une atomisation générale de la société. Et même en politique ! L’alliance future entre la Droite et l’extrême-Droite va ressembler à l’assemblage que sont les Républicains aux États-Unis, tandis qu’Emmanuel Macron et la Gauche post-moderne vont ressembler aux Démocrates.

Tant les Républicains que les Démocrates sont un rassemblement de multiples courants, tendances, factions, chacune cédant la prééminence à celle plus forte dans toute une série d’étapes. Emmanuel Macron se dit qu’à ce jeu, il sera forcément gagnant vu qu’il prend la Gauche en général en otage et que sur le plan des valeurs, il a la Gauche post-moderne avec lui.

Il procédera ainsi à une ouverture prononcée vers le cannabis, pour la même raison. Il y a un marché, il le soutient. Il appuie les chasseurs pour la même raison : il y a un marché, un lobby, il y a donc alliance. C’est tout à fait à l’américaine : on est plus dans la politique, mais dans la communauté d’intérêts.

Seule une Gauche éminemment politique peut contrecarrer cette tendance. Seule une Gauche s’assumant telle quelle, levant ouvertement son drapeau – rouge par définition, et uniquement rouge – peut mettre en branle les ouvriers, seule force vierge d’un degré de corruption gigantesque dans le domaine des mœurs.

On assiste très clairement à la fin de la civilisation – à la Gauche de faire en sorte que ce soit uniquement la civilisation capitaliste qui s’effondre et que les acquis de la civilisation soient préservés et amenés à un niveau de développement supérieur.

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Jacques Chirac : un horrible bonhomme

Jacques Chirac est décédé ce jeudi 26 septembre 2019. Il a été la grande figure de la Droite populaire : beauf et ultra-moderne dans son soutien au complexe militaro-industriel, hyper machiavélique dans son parcours politique et simpliste jusqu’à être affable. Ce Président de la République a été l’homme de la « bonne bouffe » à la vulgarité sexiste proverbiale au chevet d’une France nombriliste s’imaginant donner des leçons au monde, tout en pourrissant sur pied.

Il est des transmissions qui sont des mystères qui nous dépassent : Emmanuel Macron a été lyrique quant à la figure de Jacques Chirac, annonçant suite à son décès un jour de deuil national. Jacques Chirac aurait aimé les Français comme les Français l’auraient aimé, il aurait été une figure politique mondiale, un fin connaisseur des arts et des artistes, capable de parler aux hommes du peuple comme aux capitaines d’industrie.

Il aurait aimé la France plus que tout, fait une haute carrière politique sans jamais oublier ses « racines ». Même le Parti socialiste a salué l’homme du terroir qu’a été Chirac !

Une belle légende nationale autour d’un homme véritablement méprisé par la Gauche pendant des décennies, jusqu’à ce que les Guignols de l’info le caricaturent de manière sympathique et lui confère l’image apolitique d’un homme rond sur tous les plans, mais capable de coups de gueule à la française, voire même de panache.

Souvent reviennent d’ailleurs les références au fait qu’il a refusé de soutenir le plan américain d’invasion de l’Irak sans l’ONU en 2003, ou lorsqu’il bouscule la sécurité israélienne lors d’un bain de foule à Jérusalem, les menaçant de reprendre l’avion s’ils continuaient à le coller de trop près. Cela plaît évidemment à ceux qui aiment les rodomontades et l’arrogance à la française, ainsi que le « jeu » impérialiste très particulier de la France à l’internationale.

Mais le fait est que la Gauche ne doit avoir qu’un seul regret : que la principale figure de la Droite n’ait pas terminé en prison. Non pas tant pour ses multiples affaires – il a même été condamné, c’est dire – que pour avoir été l’un des ennemis majeurs de la cause populaire, l’un des grands obstacles à l’affirmation du Socialisme.

Car Jacques Chirac, c’est avant tout la Droite populaire, c’est-à-dire une droite portée par la bourgeoisie traditionnelle mais capable de profiter d’un véritable soutien dans le peuple, jusqu’aux ouvriers. Jacques Chirac, c’est la tête de veau comme repas, c’est l’idéologie beauf avec une telle proportion, un tel élargissement, que même le prolo de base parvient à voter à Droite en trouvant cela très bien.

Il est d’ailleurs tout à fait évident que Jacques Chirac ne rentrera nullement dans l’Histoire, mais restera une figure insignifiante de la politique française du XXe siècle. On a déjà oublié Valéry Giscard d’Estaing, autrement plus brillant et moderniste, on en oubliera que d’autant plus un carriériste dont la principale qualité aura été de savoir serrer les mains et de faire le guignol au salon de l’agriculture.

Il est vrai que les Français aiment caresser dans leur esprit l’idée que les arrivistes au pouvoir sont tout de même brillants malgré leur dimension caricaturale, qu’ils portent le pays malgré tout à des horizons de succès illuminant le monde entier. Allons donc ! C’est toute la conception de la Ve République fondée sur le Président, ce « roi élu » pour sauver le peuple tous les sept et désormais cinq ans, qui se montre ici une fable, une fantasmagorie même.

Rien que pour son propos « À nos chevaux, à nos femmes, à ceux qui les montent », Jacques Chirac méritait le plus grand mépris. Il ne restera pas dans les mémoires et le respect, le vrai respect, se mérite bien autrement !

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«L’Importance de la mémoire européenne pour l’avenir de l’Europe», un texte contre la Gauche

Le 19 septembre 2019, le Parlement européen a adopté un texte dénommé l’«Importance de la mémoire européenne pour l’avenir de l’Europe». Il y est expliqué que l’origine de la Seconde Guerre mondiale serait… le pacte germano-soviétique.

Le texte adopté par le Parlement européen avec peu de votants a néanmoins été porté par de grands groupes : le Groupe du Parti populaire européen (PPE), Renew Europe (RE) auquel appartient La République En Marche, l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates au Parlement européen (S&D) qui regroupe les socialistes, le groupe Conservateurs et réformistes européens (CRE).

Il :

« souligne que la Seconde Guerre mondiale, conflit le plus dévastateur de l’histoire de l’Europe, a été déclenchée comme conséquence immédiate du tristement célèbre pacte de non-agression germano-soviétique du 23 août 1939, également connu sous le nom de pacte Molotov-Ribbentrop, et de ses protocoles secrets, dans le cadre desquels deux régimes totalitaires ayant tous deux l’objectif de conquérir le monde se partageaient l’Europe en deux sphères d’influence »

Il va de soi que c’est tout simplement ridicule. Aucun historien ne niera que toute la dynamique de la Seconde Guerre mondiale repose sur les expansionnismes allemand et japonais. L’URSS a d’ailleurs beaucoup souffert lors de l’invasion allemande, après avoir tenté désespérément de former un glacis pour établir une grande distance à la suite du refus de la France et de la Grande-Bretagne de former un bloc anti-nazi.

Cependant, ce qui compte ce n’est pas tant ici la mémoire que l’avenir. Adopté sans attirer l’attention, ce texte est d’une très grande importance à la fois culturelle et légale pour les années à venir. Déjà, il reflète les courants les plus fanatiques de la Droite des pays de l’Est européen, qui vouent une haine la plus complète pour tout ce qui est socialiste, communiste ou lié en général à l’histoire du mouvement ouvrier.

> Lire également : Le projet de loi visant à interdire le communisme en Pologne

Des pays comme la République tchèque, la Pologne, la Lettonie, la Hongrie… sont des bases fanatiques des courants conservateurs, pour qui la Gauche ne doit tout simplement pas exister. Pour cette raison le texte :

« se dit préoccupé par le fait que des symboles de régimes totalitaires continuent à être utilisés dans les espaces publics et à des fins commerciales, tout en rappelant qu’un certain nombre de pays européens ont interdit l’utilisation de symboles nazis et communistes ».

Il va de soi ici que ce sont les symboles communistes qui sont visés : l’objectif est de faire en sorte que le moindre « marteau et faucille » soient purement et simplement interdits. Pour la forme, il est demandé que la symbolique nazie soit interdite, mais il va de soi que les croix gammées ne courent pas les rues en Europe, étant bien souvent déjà interdites par ailleurs.

Ce à quoi il faut s’attendre, c’est à une interdiction du « stalinisme » dans les pays de l’Union européenne, ce que le texte réclame et ce qu’il obtiendra, car l’objectif à l’arrière-plan est d’empêcher toute révolte ouvrière et l’émergence de la Gauche, alors que « progressistes » et nationalistes se disputent le pouvoir.

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L’UEJF et SOS Racisme font annuler un spectacle de Dieudonné à Paris

Voici les communiqués de l’Union des étudiants juifs de France et de SOS Racisme, qui ont obtenu l’annulation d’un des deux spectacles de l’antisémite Dieudonné à Paris cette semaine. L’intervention était malheureusement largement confidentielle, probablement parce qu’elle s’est organisée au dernier moment ; c’est en tout cas une victoire marquante. Partout en France, il faut empêcher Dieudonné de répandre sa propagande antisémite.

UEJF :

« Le 19 septembre 2019, des étudiants de l’UEJF et de SOS racisme, rejoints par des passants ont scandé des slogans dénonçant le racisme et l’antisémitisme de Dieudonné pendant la première représentation de la soirée. Un important dispositif policier a été mobilisé et la préfecture de police a finalement demandé à Dieudonné d’annuler la seconde représentation de son spectacle prévue en fin de soirée Porte Maillot.

Dieudonné propage depuis des années l’antisémitisme et le complotisme, organise son insolvabilité et se joue des forces de l’ordre pour continuer à se produire.

Alors que l’antisémitisme a augmenté de 74% en France en 2018, l’UEJF demande aux maires et préfets de France de tout mettre en œuvre pour l’empêcher de se produire. Les autorités doivent agir et faire appliquer les décisions de justice.

Pour Sacha Ghozlan président de L’UEJF « Cette annulation est une étape supplémentaire dans le combat contre Dieudonné. Dans son dernier spectacle, il prétendait que les chambres à gaz n’ont jamais existé, tout en incitant à la haine. Malgré ses subterfuges pour échapper à la justice, nous continuerons à mener ce combat pour défendre des valeurs bafouées par un multirécidiviste haineux.

Après cette annulation, nous demandons aux pouvoirs publics de prendre les mesures nécessaires pour empêcher toutes les représentations de Dieudonné ».

SOS Racisme :

« Ce jeudi 19 septembre, des militants de SOS Racisme et de l’UEJF (Union des Etudiants Juifs de France) ont manifesté devant le bus dans lequel Dieudonné donnait son spectacle. Dans le 17ème arrondissement parisien, ils étaient munis de banderoles et scandaient des slogans afin de créer un trouble à l’ordre public et d’interrompre la représentation de l’«humoriste ».

Ce fut chose faite puisqu’un important dispositif policier a été mobilisé et que la préfecture de police a finalement demandé à Dieudonné d’annuler la seconde représentation du spectacle prévue en fin de soirée Porte Maillot. Une victoire pour les deux associations qui rappellent que Dieudonné a été maintes fois condamné pour incitation à la haine raciale.

En effet, depuis plusieurs semaines, Dieudonné, multirécidiviste antisémite, se produit au cœur de Paris dans un bus aménagé pour son spectacle « Gilets Jaunes ». Il propage depuis des années l’antisémitisme et le complotisme, organise son insolvabilité et se joue des forces de l’ordre pour continuer à se produire… Ce contre quoi les associations se battent au quotidien et ce qu’elles dénonçaient lors de cette action. Nous demandons désormais à ce que les maires et préfets de France mettent tout en œuvre pour l’empêcher de se produire. Les autorités doivent agir et faire appliquer les décisions de justice !

SOS Racisme rappelle enfin que les mobilisations militantes comme celle-ci permettent des avancées dans la cause antiraciste. C’est pourquoi nous devons être toujours plus nombreux ! »

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Michel Onfray fait enfin son coming-out de facho

Cela fait des années que Michel Onfray pourrit la Gauche de l’intérieur avec ses thèses proudhonistes d’une totale hostilité aux valeurs historiques du mouvement ouvrier. Il a enfin tombé le masque pour la rentrée en affirmant souscrire aux thèses de l’UPR, le mouvement de François Asselineau.

On avait déjà Aurélien Enthoven, très médiatisé fils de Carla Bruni et Raphaël Enthoven, qui avait rejoint l’Union populaire républicaine (UPR). C’est un exemple important, car celui qui est désormais un inconditionnel du Brexit (et donc du « Frexit ») était présenté hier comme un progressiste faisant une chaîne Youtube de vulgarisation intellectuelle (Motorsport Gigantoraptor), comme un adepte du véganisme, etc.

C’est un excellent exemple de comment des intellectuels bourgeois viennent pourrir les choses de l’intérieur, Aurélien Enthoven assumant somme toute la posture du dandy au-dessus de la mêlée se permettant de donner des leçons.

Michel Onfray a fait cela pendant des années, avec un gigantesque soutien médiatique. Sa pensée était brouillonne, incohérente, anti-historique, mais bon nombre de gens de la Gauche, par fainéantise ou faiblesses intellectuelles, ont cédé devant lui. Sa démarche a toujours été celle d’un « nietzschéen », se baladant de révolte en cercle intellectuel, racontant tout et n’importe quoi en cherchant l’éclat à coups de références éclectiques.

Il va de soi que personne de la Gauche historique n’a jamais pu porter attention à ses élucubrations, voyant aisément une sorte d’anarchiste de Droite cherchant un assentiment médiatique et populaire. Ce qui s’appelle, au sens strict, une démarche fasciste.

De toutes manières, on peut voir que Michel Onfray a soutenu en 2002 Olivier Besancenot de la Ligue communiste révolutionnaire (devenu depuis 2009 NPA) aux présidentielles de 2002, affirmant que « la gauche doit être de gauche ». En 2006, il explique finalement qu’il n’est pas contre le capitalisme ni la propriété privée. Il se dit alors post-anarchiste et pour un « capitalisme libertaire », pour soutenir le Front de gauche aux élections européennes de 2009, pour de nouveau changer d’avis, etc.

Finalement, ces derniers mois il s’est posé comme climato-sceptique et souscrit désormais ouvertement aux thèses de l’UPR. Ce coming out s’est fait à la toute fin d’une conférence de deux heures dans une librairie, avec une question « tombée du ciel » prétexte à une véritable apologie. C’est naturellement un coup politique.

On vivrait dans un « État supranational », il y aurait un « empire maastrichtien » : c’est tout le discours nationaliste, qui s’associe impeccablement au discours sur la décadence de « l’Occident » fait par Michel Onfray.

De manière très intéressante, il défend également les gilets jaunes des origines, contre ceux ensuite manipulés par Jean-Luc Mélenchon, la CGT, SUD, etc. Au lieu de faire une critique par la Gauche – et donc de rejeter les gilets jaunes, ainsi que l’opportunisme à ce sujet – il fait une critique par la Droite.

Il est à ce niveau dans la tendance, car les gilets jaunes ne vont ramener que de mauvaises choses, relevant de la boîte de Pandore du populisme, de l’éclectisme des idées au point de mélanger revendications sociales et nationalisme. Ce qui se déroule sous nos yeux est de l’Histoire à l’état pur.

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Nouvel ordre Politique

L’Appel de Stockholm (1950)

Le 18 mars 1950, le Congrès mondial des partisans de la paix, impulsé par les communistes, lançait l’Appel de Stockholm, un manifeste pour la paix qui eut un retentissement énorme. Il faisait suite à une dynamique mondiale importante dans toute la Gauche européenne, avec le Congrès mondial des intellectuels pour la paix à Wrocław en Pologne en 1948 puis les Assises pour la paix et la liberté à Paris.

En France, 14 millions de personnes signèrent la pétition liée à l’Appel de Stockholm, ainsi que 560 millions de personnes dans toute l’Europe. Ce fut un moment important pour la Gauche, marquant l’émergence d’un mouvement de masse en faveur de la paix, à l’époque où les États-Unis lançaient la construction de la bombe H.

C’est de cette époque et de cette dynamique que provient la fameuse colombe comme symbole de la paix, dessinée par Pablo Picasso. Le premier signataire de l’Appel fut le scientifique communiste français Frédéric Joliot-Curie, en tant que Président du Congrès mondial des partisans de la paix.

« APPEL

Nous exigeons l’interdiction absolue de l’arme atomique, arme d’épouvante et d’extermination massive des populations.

Nous exigeons l’établissement d’un rigoureux contrôle international pour assurer l’application de cette mesure d’interdiction.

Nous considérons que le gouvernement qui, le premier, utiliserait, contre n’importe quel pays, l’arme atomique, commettrait un crime contre l’humanité et serait à traiter comme criminel de guerre.

Nous appelons tous les hommes de bonne volonté dans le monde à signer cet appel.

— Stockholm, 19 mars 1950 »

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Oskar Lafontaine sur la progression de l’extrême-Droite en Allemagne

Le texte suivant, à propos des victoires électorales de l’extrême-droite lors d’élections partielles en Allemagne, est un excellent exemple d’affirmation de la Gauche historique. Il a été écrit par Oskar Lafontaine.

Celui-ci a dirigé le SPD, le parti socialiste en Allemagne, de 1995 à 1999. Il a ensuite contribué à fonder le Mouvement Die Linke (La Gauche), né de l’unité de la gauche du SPD avec le PDS, issu du SED ayant dirigé l’Allemagne de l’Est. Il est par ailleurs marié à Sahra Wagenknecht, fondatrice du mouvement Aufstehen.

Les élections dans le Brandebourg et en Saxe montrent qu’il y a eu beaucoup de mécontentement à l’égard de la politique de ces dernières années et que de plus en plus de gens se sentent marginalisés et déconnectés.

Et que les partis qui devraient en réalité représenter des améliorations sociales et donc les intérêts de la grande majorité de la population n’ont pas la confiance nécessaire de l’électorat. De plus, il ne faut pas se leurrer quant aux progrès des Verts, qui deviennent de plus en plus un parti bourgeois des plus aisés.

Mais les élections montrent également à quel point il est important de créer un mouvement au-delà des partis qui conduise, au Bundestag allemand, de nouveau à une majorité pour des salaires et des retraites plus élevés, de meilleures prestations sociales, une politique étrangère pacifique et une politique environnementale, qui détermine les produits et la production, force à la responsabilité les monopoles et n’impose pas un fardeau de plus pour les personnes à faible revenu.

L’expérience montre que les personnes qui se sentent lésées placent leur espoir dans les partis de gauche. Si elles sont déçues par ceux-ci, ils se subordonnent aux démagogues de droite.

Si l’AfD assumait une responsabilité gouvernementale, les travailleurs seraient comme Gribouille plongeant dans l’eau pour ne pas se mouiller sous la pluie.

L’AfD représente une politique fiscale qui aggrave encore plus l’inégalité croissante des revenus et des possessions – leur mot d’ordre : pas de taxe sur les successions, pas d’impôt sur la fortune – elle vote au Bundestag contre les améliorations sociales et préconise une augmentation des dépenses militaires et une participation aux guerres d’intervention.

Les partis du camp de la gauche doivent de nouveau placer au centre de leur travail les questions qui sont vraiment au cœur de la vaste majorité de la population, et non pas se concentrer uniquement sur des thèmes symboliques pour des minorités.

Au lieu de s’attaquer à la pauvreté et aux inégalités grandissantes, les partis de gauche se sont pliés à la logique de la propagande néolibérale, selon laquelle toute inégalité repose uniquement sur la discrimination et non sur les scandaleux rapports de propriété, qui donnent à une minorité la possibilité de largement déterminer l’économie et la vie politique.

Le prix de cette politique symbolique, qui s’épuise sur les identités, afin de ne pas avoir à faire face aux questions de pouvoir et de propriété, ces partis l’ont connu dimanche. Nous ne devons jamais oublier : la concentration croissante de richesses mène à l’autoritarisme et finalement au fascisme.

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Emmanuel Macron ouvre le thème de l’immigration avec la question «bourgeoise»

Emmanuel Macron a annoncé l’ouverture de l’immigration comme thème politique. Normalement marginalisé en raison des besoins économiques pour le capitalisme français, ce thème n’a fait que se renforcer au cœur de la société, c’est-à-dire dans les couches populaires.

Le thème de l’immigration apparaît désormais comme hautement explosif, notamment dans un contexte marqué par des déstructurations sociales toujours plus massives.

Emmanuel Macron n’y est donc pas allé de main-morte. Il sait que son « progressisme » fait ici face à un nationalisme conquérant, alors que la Gauche est totalement hors-jeu, quand elle ne sert pas carrément de force d’appoint au « progressisme ».

Le nationalisme conquérant veut faire en sorte que la réponse à la crise soit identitaire-sociale et militariste, comme dans les années 1930. L’affirmation politique indirecte de Marion Maréchal et la vigueur de Marine Le Pen rendent donc la situation incontournable, même pour les capitalistes modernistes, « progressistes », dont Emmanuel Macron est le représentant.

Devant les parlementaires de la majorité présidentielle, il a donc parlé de l’immigration et affirmé les choses suivantes :

« La question est de savoir si nous voulons être un parti bourgeois ou pas. Les bourgeois n’ont pas de problèmes avec ça : ils ne la croisent pas. Les classes populaires vivent avec. »

« La gauche n’a pas voulu regarder ce problème pendant des décennies. Les classes populaires ont donc migré vers l’extrême droite. On est comme les trois petits singes: on ne veut pas regarder. »

« Vous n’avez qu’un opposant sur le terrain: c’est le Front national [en fait le Rassemblement national, NDLR]. Il faut confirmer cette opposition car ce sont les Français qui l’ont choisie. Il y a deux projets : celui du repli, tout faire peur ou bâtir une solution ouverte mais pas naïve. »

Ce que veut dire ici Emmanuel Macron, c’est que l’immigration massive utilisée par un capitalisme tournant à fond comme lors des « 30 glorieuses » (1945-1975) ne peut plus être de rigueur. Il ne l’a pas dit ainsi, mais un bon observateur politique comprend qu’il sous-entend la nécessité de passer à l’immigration choisie.

Le libéralisme conçoit en effet que chacun aille où il veut, mais seulement s’il fait tourner la machine capitaliste. On peut donc parier qu’il annoncera une « sélection » dans l’immigration dans son prochain programme, à l’occasion des présidentielles.

Il va de soi que la réaction de l’extrême-Droite a été vive, comme ici avec Stéphane Ravier, sénateur Rassemblement national des Bouches-du-Rhône :

« Emmanuel Macron non plus ne croise pas l’immigration. Il en parle sans doute parce que les sondages ont dû lui être présentés.

Les Français en ont assez d’une immigration de peuplement, de remplacement, d’une immigration qui ne s’intègre pas, qui est de plus en plus communautariste, revendicative et conquérante. Il y a le feu à la maison ! »

On aura compris que Stéphane Ravier entend ne pas accepter la logique d’Emmanuel Macron, afin de pouvoir continuer à faire de l’immigration un thème identitaire et populiste. Sa logique, c’est qu’au quotidien le capitalisme actuel est trop chaotique et ne parviendra pas à réguler quoi que ce soit, alors autant y aller à fond dans ce qu’on doit comprendre comme un appel au fascisme.

À l’arrière-plan, toute la question des « progressistes » et des nationalistes est de savoir comment se placer par rapport à la bourgeoisie. Les « progressistes » représentent une bourgeoisie ultra-puissante, mondialisée, « connectée », mais sans ancrage dans les masses. À l’opposé, la haute bourgeoisie est ambitieuse et capable donc d’assumer le populisme le plus démagogique.

C’est, somme toute, une simple réédition des années 1920-1930. La bourgeoisie libérale, expression du capitalisme triomphant, s’enlise dans son ghetto de profiteurs et n’a plus d’emprise sur les masses, se faisant ainsi dépasser par les nationalistes, les capitalistes ultra-agressifs.

Emmanuel Macron prétend avoir la clef pour empêcher ce qui s’est passé à l’époque, c’est-à-dire la montée du fascisme : personne à Gauche ne doit croire à une telle fantasmagorie. Un bourgeois libéral comme Emmanuel Macron n’empêchera jamais le fascisme, seul un nouveau Front populaire sera en mesure de le faire.

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La Gauche à la Fête de l’Humanité : l’unité «salade, tomate, union»

Traditionnellement, la Fête de l’Humanité marque la rentrée politique de la Gauche. Cette année encore, à peu près toutes les figures y étaient et se sont échangées les amabilités d’usage, en souhaitant l’unité la plus large. Cela n’est cependant pas très convaincant, de la part de gens qui s’écartent toujours plus des classes populaires et ne sont pas à la hauteur des enjeux historiques.

Lors d’un de ces nombreux discours à la Fête de l’Humanité, le dirigeant du PCF Fabien Roussel a expliqué qu’il lançait un appel à « travailler ensemble », pour une union à construire « de la base au sommet ». Ce sont là de bien belles paroles, mais elles sont sans contenu. La preuve, il a ensuite fait dans l’humour, comme il le fait souvent, en ajoutant :

« [l’union] ici à la Fête de l’Huma on en a même dans nos assiettes, on peut manger des sandwiches salade, tomate, union ! Et à la sauce marxiste. Et c’est ce repas qu’on préfère, nous les communistes ».

Cette référence au kebab (salade, tomate, oignon) est d’un populisme hallucinant, indigne d’un discours politique. Ce n’est pas sérieux, comme il n’est pas sérieux de parler de « sauce marxiste » quand on parle d’unité de la Gauche, alors que se profilent les élections municipales. Le PS, Génération-s, éventuellement les Verts ou la France insoumise à tel ou tel endroit, ne sont pas « marxistes » : faudrait-il ne pas faire l’unité, dans ce cas ?

Bien sûr que si, il faut faire l’unité, car ce qui compte n’est pas la « sauce marxiste », mais le contenu commun, les valeurs de Gauche, pour le Front populaire. Ce qui se profile en face, c’est l’union de la Droite et de l’extrême-Droite, avec notamment Marion Maréchal comme figure de proue. Pas pour les municipales évidemment, mais pour après. Or, si la Gauche perd un certain nombre de municipalités en 2020, ce sera autant de points d’appuis en moins pour faire face au nationalisme. C’est aussi simple que cela.

Fabien Roussel n’aide donc ici aucunement les forces de Gauche avec ses guignolades populistes en référence au kebab et sa « sauce marxiste ». Celle-ci est d’ailleurs bien fade, le pauvre Karl Marx doit se retourner dans sa tombe en entendant une telle horreur qui est non seulement pas marxiste, mais même pas vraiment de gauche :

« [nous voulons] faire marier le drapeau rouge du mouvement ouvrier avec le drapeau bleu, blanc, rouge, de la République française. »

Cela ne date pas d’aujourd’hui cependant, on ne va pas s’étonner ici que le vieux PCF en soit encore à chanter la Marseillaise le poing levé. Là n’est pas la question. Ce qui est vraiment problématique par contre, c’est de voir la Gauche s’éloigner encore et toujours plus des classes populaires françaises et du cœur de la classe ouvrière.

Ces propos du dirigeant du PS Olivier Faure lors du débat commun en disent très long :

« En un an, nous avons connu trois grands mouvements protestataires entre #MeToo, les Gilets jaunes et la Marche pour le climat. Et ils se sont tous construits en dehors de nous. »

Encore heureux que la Gauche n’était pas au cœur de ces « mouvements », qui n’ont rien de populaires ! Il faut en dire de même pour l’immigration, rengaine d’à peu près tous les dirigeants de gauche ce week-end : tant que la Gauche persistera à défendre l’immigration aujourd’hui, elle n’arrivera à rien auprès des classes populaires, particulièrement de la classe ouvrière.

Alors, oui le PCF a raison de dire qu’il faut s’unir pour gagner ou conserver des municipalités avec un programme de gauche écologiste. Le PS et Génération-s, ainsi que quelques autres forces qui leur sont respectivement liées, disent aussi la même chose. Il convient donc de le faire.

Par contre, si ce programme ne consiste qu’en des invectives populistes sans contenu populaire réel, comme avec cette autre touche d’« humour » de Fabien Roussel évoquant la chanson Disney de La Reine des neiges, alors cela ne fonctionnera jamais :

« Nous rêvons d’une France libérée, délivrée du capitalisme et de la finance. »

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Les pitoyables provocations entre Alexandre Benalla et Alexis Corbière

Alexandre Benalla était à la Fête l’Humanité ce samedi à un stand de MMA, un sport de combat dont toute compétition est interdite en France car très violent. Alors qu’il échange depuis quelques jours des invectives sur Twitter avec Alexis Corbière de La France insoumise, il a provoqué ce dernier en l’invitant à venir s’entraîner avec ses « potes » sur le stand, un combat étant plus ou moins sérieusement prévu entre-eux. C’est affligeant et en dit long sur la décadence des « élites » politiques du pays.

Pauvre France ! On ne peut que penser cela en voyant cet épisode de la vie politique française, qui n’a rien d’anecdotique. Car ces gens ne sont pas n’importe qui. Alexandre Benalla est un proche du Président de la République. Très proche même, au point qu’il ne l’a jamais lâché malgré ses affaires pour le moins compromettantes, et inversement. Alexis Corbière quant à lui, est un des principaux cadres du mouvement politique qui s’imaginait il y a encore quelques mois représenter l’opposition en France, en chipant la place du Rassemblement national (qui a lui-même failli, heureusement, à incarner l’opposition, en tous cas pour l’instant).

Leurs échanges sur Twitter sont lamentables, à coup de moqueries absolument ahurissantes pour des gens avec de telles responsabilités. L’humoriste Guillaume Meurice s’est moqué d’eux tellement c’est ridicule, en proposant un « octogone ». C’est une référence à ce que se disent les adolescents dans les cours de récréation, eux-mêmes en référence moqueuse aux accrochages entre les rappeurs Booba et Kaaris qui sont censés se battre dans un octogone suite à des chamailleries.

L’octogone est la cage qui sert de lieu de combat pour le MMA. C’est quelque-chose de très impressionnant où deux personnes s’empoignent violemment, bien plus violemment qu’à la boxe, en se jetant l’une-l’autre contre le grillage, en ayant le droit de s’étrangler et même de frapper leur adversaire quand il est au sol et soumis.

Ugo Bernalicis, autre cadre de la France insoumise, s’est cru malin en s’invitant dans la conversation. Il s’est proposé de « représenter » son « camarade » Alexis Corbière dans l’octogone, car « #OnTouchePasAuxCamarades ». Ce n’est pas tout. L’échange a continué, puis qu’Alexandre Benalla a accepté et a continué dans la surenchère de provocation moqueuse. Alexis Corbière est complètement parti en vrille en répondant ensuite à la manière beauf :

« Et en quoi étiez vous déguisé cette fois ci ? En chef indien ? En ouvrier du bâtiment ? En cow-boy ? En marin ? Comme vous avez deja fait le policier, vous pourriez faire tout le groupe YMCA »

C’est alors qu’Alexandre Benalla s’est filmé depuis la Fête de l’Humanité en invitant ses rivaux, trop content de pouvoir les provoquer directement.

On se demandera au passage ce qu’Alexandre Benalla pouvait bien faire à la fête de l’« Huma »… Le PCF ne représente-t-il à ce point plus rien pour être incapable d’empêcher la venue d’un tel personnage grossier, honni de la Gauche ? Le PCF était pourtant connu encore récemment pour ses « gros bras » qui lui permettaient d’assumer un certain style dure, « prolétarien », allant au moins en apparence au bout des choses et ne se laissant pas marcher sur les pieds. Alexandre Benalla au milieu de la fête de l’« Huma », c’est une humiliation incroyable pour le PCF, le marqueur de la fin de quelque-chose, indéniablement.

Il faut en dire de même de ce stand MMA, d’ailleurs. Cette activité, heureusement interdite malgré le fait que le gouvernement d’Emmanuel Macron pousse pour la légaliser, n’a rien à faire à une fête prétendant incarner la rentrée politico-culturelle de la Gauche. C’est une faillite complète sur le plan de la morale d’avoir un tel stand ici.

> Lire également : La ministre des Sports va légaliser les combats de MMA

La présence d’Alexandre Benalla à ce stand, très bien accueilli d’ailleurs par des gens qu’il présente comme ses « potes » et qui posent sur sa vidéo, en dit très long sur ce que représente culturellement le MMA. C’est absolument conforme à son style et ses valeurs, mais certainement pas au style et aux valeurs de la Gauche.

Alexis Corbière a répondu, avec une photo où on le voit entouré des « potes » d’Alexandre Benalla du stand de MMA. Il porte même le tee-shirt et explique qu’au stand, « personne ne connaît Benalla » ». Ils assument donc leur surenchère mutuelle, dans un spectacle minable, d’une stupidité sans nom.

Certaines personnes disent que c’est du niveau « cour de récréation ». Ce n’est pas vrai, car les enfants et les adolescents dans les cours de récréation n’en sont pas à ce niveau-là, ils sont beaucoup plus subtils et sincères dans leurs querelles. Alexandre Benalla et Alexis ne sont que deux membres d’une même « élites » complètement corrompue moralement, décadente culturellement, en dessous de tout sur le plan politique.

Ces gens se feront bientôt broyer très violemment par les classes populaires entrant dans l’histoire et assumant enfin de prendre en mains le cours des choses.

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Grève du 13 septembre 2019: les travailleurs de la RATP ne font pas rêver

Le trafic RATP a été pratiquement entièrement plombé par la grève, le 13 septembre 2019, avec pratiquement 90% de grévistes pour le personnel roulant, 60 % pour l’encadrement. Un succès pour les travailleurs de la RATP et les syndicats participants. Mais cela ne fait pas rêver, parce que c’est une simple défense sur un mode corporatiste.

Les conséquences de la grève ont un impact littéralement insupportable sur le quotidien de millions de personnes. Par conséquent les travailleurs de la RATP et les syndicats s’accordent des plaisirs symboliques, mais sortent de toute lutte des classes, et vont donc à la défaite.

La défense des acquis est juste. La conquête de nouveaux acquis aussi. Mais le repli corporatiste est erroné. Il est culturellement erroné, car c’est une logique de caste. Il est moralement erroné, car il est une trahison des autres travailleurs. Il est erroné dans les faits, car il amène la défaite. Seule l’unité populaire triomphe de l’État. Rien d’autre.

La grève de la RATP est donc ici un mauvais exemple et il faut vraiment vivre dans le fantasme permanent de la grève générale et autres balivernes anarcho-syndicaliste pour dire, comme Manon Aubry, députée européenne LFI :

« Total soutien à la grève RATP, qui lance la mobilisation générale pour la défense de nos retraites. »

La grève de la RATP ne lance rien du tout. Il peut y avoir une mobilisation, espérons la, mais ce ne sera pas cette grève qui sera le déclencheur. D’ailleurs voici le communiqué de presse, commun aux syndicats UNSA / CGT/ CFE-CGC de la RATP.

Il est d’une faiblesse terrible, il n’a aucune envergure. Il est même déjà l’expression de la défaite, parce qu’il pose le problème comme étant celui d’un affrontement travailleurs de la RATP / gouvernement. La dernière phrase prétend le contraire, symboliquement, mais la méthode, l’approche, la conception, tout montre qu’il tourne purement et simplement, uniquement, autour de la question de la RATP.

COMMUNIQUE DE PRESSE
13 septembre 2019

Nos trois organisations syndicales représentatives de la RATP ont été reçues ce jour par la direction de l’entreprise au sujet du projet de réforme des retraites.

Sans surprise, la direction de la RATP n’a aucune proposition à faire pour répondre à la forte mobilisation des salariés dans toutes les catégories professionnelles.

Nous avons insisté auprès de la direction qu’elle remonte auprès des pouvoirs de tutelle nos analyses de la situation. Nous réclamons de véritables négociations, le maintien des compensations au regard des contraintes et des garanties concrètes rapidement

En réponse à cette mobilisation d’un très haut niveau, notre engagement est total et nous sommes déterminés à défendre l’intérêt de tous les salariés qu’ils soient ou non sous statut RATP.

Paris, le 13/09/2019 – 15H30

Sud Ratp a un communiqué plus long, mais en substance similaire. C’est extrêmement mauvais. En effet, cette démarche particulariste, qui refuse de se placer das l’optique de tous les travailleurs du pays, était déjà fausse hier. Elle l’est encore davantage aujourd’hui. Parce que Paris, et même la région parisienne en partie, connaît désormais Uber et Jump, Blablalines, Klaxit, Lime, Smovengo, etc.

Le capitalisme a encore plus investi les modes de vie et les fuites dans les démarches individuelles sont une règle. L’esprit vivifiant qu’on trouvait en 1995 en région parisienne, avec la sympathie pour la grève à l’arrière-plan malgré les galères insupportables, ne peut plus être de règle.

La grève a essayé de contourner ce problème en réactivant certaines lignes en fin d’après-midi pour trois heures, et encore de manière très partielle. Mais c’est trop ou pas assez. Et de toutes façons le problème de fond n’est pas que technique, il est culturel. Les travailleurs de la RATP ne veulent pas aller vers les usagers, qui sont d’ailleurs désormais en fait des clients. Ils veulent s’en sortir tout seul.

Comme tout le monde. Chacun raisonne en termes d’intérêts individuels, parfois collectivement, mais toujours pour soi en fin de compte. Il n’y a aucune envergure, aucune lecture de classe, encore moins une volonté d’utopie.

On peut même dire, et c’est encore pire, que les travailleurs de la RATP font du chantage émotionnel en disant : protégez nos acquis sinon le gouvernement ira encore plus loin. Très franchement, on n’est pas loin de la vérité en disant cela.

Cela montre la nature de tout un syndicalisme et de tout son cinéma. Car après tout les cheminots de la CGT, l’année dernière, annonçaient bien qu’ils allaient faire tomber le gouvernement…

Tel est le syndicalisme français : bavard, bruyant, entièrement minoritaire chez les travailleurs, totalement intégré aux institutions. Un sacré paradoxe qui a mené de défaite en défaite, et cela va continuer.

Car non, les acquis n’ont pas été apportés par le syndicalisme. Ils l’ont été par la lutte de classes, la politique, la culture… dont le syndicalisme n’est qu’une méthode annexe.

Les travailleurs qui n’assument pas une telle vision vont à la défaite.

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Communiqué : le Collectif Inter-Urgences maintient la grève et appelle l’ensemble des hospitaliers à se mobiliser

Voici le communiqué du Collectif inter-urgence de mercredi 11 septembre 2019, qui appelle à maintenir la grève et à continuer la mobilisation. La colère ne désemplie pas dans les établissement de santé et s’étend même à d’autres travailleurs.

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Le 5e numéro de la Revue des Jeunes Génération-s

Le groupe de jeunesse liée à l’organisation de gauche Génération-s publie une revue, dont voici le 5e numéro.

Au sommaire :

– Un édito sur le Tour de France des Communes en Transition
– Menace sur la forêt
– La loi d’Orientation des Mobilités
– Un Entretien avec Sophie Taillé Polian, sénatrice Génération-s du Val de Marne
– L’école privé doit renouer avec l’idéal Républicain
– La lettre de Jan Kasnik, candidat aux elections européennes, à Jean-Michel Blanquer
– La sédentarité et l’inactivité physique, fléau du XXIème siècle
– Les municipales à Instanbul
– Le socialisme aux Etats-Unis

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Journées de rentrée du mouvement Génération-s à Villejuif les 28 et 29 septembre

Le mouvement Génération-s organise ses journées de rentrée samedi 28 et dimanche 29 septembre 2019 à Villejuif dans le Val-de-Marne. Elles sont intitulées « inventer le monde qui vient ».

On retrouvera toutes les informations sur le site internet rentree-generation-s.fr avec un lien pour s’inscrire.

Voici le programme :

Samedi

Plénières

– Désobéir ?
Comment la société peut-elle se faire entendre à l’heure des autoritarismes ?

– Communes : le changement, c’est comment ?
Inventer les territoires du monde qui vient.

Ateliers

– Technologies, sécurité et démocratie : demain le monde de Black Mirror ?

– Trump-Bolsonaro-Poutine : Macron le sauveur ?

– Pas de quartiers pour les inégalités

– Fin de la démocratie représentative ?

– Climat : Avoir 20 ans quand il n’en reste que dix

– Soignants et soignés, même combat

– Vive l’impôt ?
Répartir les richesses pour assurer les transitions

Dimanche

Plénières

– Mutations, transitions : quelles protections ?
Transition écologique, mutations du travail : quelle protection sociale ?

– 2022 : si on gagnait ?
Préférer l’union à la division : les gauches et les écologistes relèvent le défi de leur génération.

Ateliers

– Effondrement et démocratie, mission impossible ?

Refugees welcome, du slogan aux solutions

Les journées auront lieu à l’espace événementiel Les Esselières, 3 Boulevard Chastenet de Géry à Villejuif (94).

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Politique

«Convention de la Droite»: l’affirmation d’un néogaullisme conquérant avec Marion Maréchal comme figure de proue

Une partie de la Droite française se reconstitue autour d’un néogaullisme conquérant et farouchement opposé à la Gauche, en visant l’hégémonie dans son propre camp. C’est précisément dans ce cadre que s’inscrira la « Convention de la Droite », prévue le 28 septembre à Paris en présence de Marion Maréchal et d’Eric Zemmour, ainsi que d’un certain nombre de personnalités importantes de la Droite conservatrice et de l’extrême-Droite.

C’est le magazine L’incorrect qui organise cette convention avec les associations « Racines d’Avenir » (un mouvement issu des Républicains et destiné à la jeunesse) et « Cercle Audace » (un réseau issu du Front national et tourné vers l’union « des Droites »).

Doivent y participer tout autant des personnalités de LR comme Xavier Breton, député de l’Ain, que des personnalités du Rassemblement national comme Gilbert Collard, Robert et Emmanuel Ménard, ainsi que bien sûr que le prétendu électron libre Marion Maréchal. On y trouvera même un dirigeant de l’UDI / Nouveau Centre, Fabrice Haccoun, ainsi qu’un certain nombre de personnes liées au quotidien traditionnel de la Droite, Le Figaro.

Il y a depuis ces dernières années un grand bouillonnement au sein de la Droite française, qui voit converger avec la Droite traditionnelle des nationalistes liés d’une manière ou d’une autre à l’ancien FN et au mouvement identitaire. Cette « Convention de la Droite » doit être une étape importante dans la constitution de ce nouveau front néogaulliste, dont Marion Maréchal et son entourage immédiat apparaissent de plus en plus comme la force centrifuge.

Qui sont les organisateurs ?

Les trois organisateurs, Erik Tegnér, François de Voyer et Jacques de Guillebon, sont tous très proches de l’ancienne députée du Vaucluse et ont comme objectif commun le rassemblement de la Droite dans une perspective nationaliste.

Erik Tegnér, membre de LR, se présente comme « démineur d’une alliance populistes & conservateurs ». Il avait organisé l’année dernière lors de sa campagne pour la direction des Jeunes Républicains une réunion avec des figures très diverses allant de Romain Espino de Génération Identitaire à Nicolas Dupond-Aignan de Debout la France, en passant par le néogaulliste Paul-Marie Coûteaux, ancien proche et conseiller de Marine Le Pen, dont on disait qu’il serait le ministre de la Culture.

C’est la même rengaine pour François de Voyer, dirigeant du cercle Audace, qui a été candidat du RN aux dernières législatives et qui reçoit des figures aussi diverses que le très conservateur Jean-Frédéric Poisson ou le néogaulliste Henri Guaino, ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy. François de Voyer avait accompagné Marion Maréchal aux États-Unis lors de son discours devant les conservateurs américains.

Jacques de Guillebon, un catholique traditionaliste, est lui aussi un fervent partisan d’une union allant de LR aux identitaires. Il est le président du conseil scientifique de l’ISSEP, l’École de Marion Maréchal, ainsi que le directeur de L’incorrect. Cette revue avait organisé l’an dernier un débat contre « mai 68 », dont la convention de cette fin septembre sera une sorte de prolongement.

> Lire également : Marion Maréchal contre « mai 68 »

Une grande ambition est ouvertement affichée puisqu’il est ni plus ni moins question de « victoire face à Emmanuel Macron en 2022 ». Alors que la Droite traditionnelle est éparpillée, sans chef de file, travaillée au corps par le centrisme et le libéralisme, les tenants d’une Droite conservatrice et farouchement antilibérale entendent s’affirmer et disposer de l’hégémonie en rassemblant jusqu’à l’extrême-Droite.

« L’alternative au progressisme »

Eric Zemmour, qui inaugurera les débats, est ici une figure de choix puisqu’il représente cette Droite que l’on dit décomplexée, assumant de s’en prendre ouvertement à la Gauche et de prôner un discours réactionnaire. « L’alternative au progressisme » sera d’ailleurs le thème principal de cette convention, au sens où bien entendu il s’agit de briser la Gauche en l’assimilant au « progressisme » d’Emmanuel Macron.

Il s’agit de réduire la Gauche à la prétendue Gauche devenue post-moderne, post-national, entièrement libérale culturellement, etc.

« L’heure est au réveil et à la reconquête » dit ainsi le texte de présentation qui parle directement de « stratégie conquérante ». Il s’agit pour ces gens de prendre le pouvoir, selon la considération que Marine Le Pen a échoué dans sa tentative, que la Droite traditionnelle est trop perméable au libéralisme et que rien ne vaut un grand élan nationaliste, pétri d’anticapitalisme version catholico-romantique, mais en même temps libéral économiquement, pour réussir.

La critique du libéralisme dans les mœurs, dans le prolongement des grandes mobilisations national-catholiques contre le mariage homosexuel (et aujourd’hui contre la PMA et la GPA) est le dénominateur commun de toute cette Droite, qui voit bien qu’elle a un boulevard de par la faiblesse extrême de la Gauche historique (celle qui n’est pas passée sur le terrain de ce libéralisme ultra-individualiste pour qui chacun doit consommer comme il veut). Il s’agit pour eux de s’appuyer sur ces questions pour mobiliser la société française afin de servir un néogaullisme dans le cadre de la tendance à un repartage du monde, jusqu’à la guerre.

C’est la version française des populismes mondiaux, en concurrence avec les autres options françaises du populisme que représentent principalement Marine Le Pen avec le Rassemblement national et Jean-Luc Mélenchon avec la France insoumise. C’est très proche de la stratégie du FPÖ autrichien, qui a pareillement les identitaires comme sas idéologique de formation et d’incubation des idées de « révolte » par la Droite.

Un populisme « gilets jaunes »

La question des gilets jaunes est donc ici très importante, afin de se présenter comme populaire, en fait populiste. La vidéo de présentation à la manière hollywoodienne de cette « Convention de la Droite » fait très fort dans ce « lyrisme » gilet jaune anti-Macron, affirmant que « le Peuple gronde » et que « la France se réveille ».

Marion Maréchal avait fait de même dans sa tribune publiée suite à l’annulation de son invitation à la réunion de rentrée du Medef, elle qui a soutenu les gilets jaunes depuis le début et jusqu’au bout. Elle y évoquait « le chef d’entreprise, l’artisan, le commerçant, les ménages usent leurs forces à financer le puits sans fond d’un chômage structurel, d’une immigration délirante et extrêmement coûteuse qui vient profiter des largesses de notre système social, ou de privilèges bien installés dont l’existence ne se justifie plus ».

Sa perspective est clairement un néogaullisme agressif ; elle cite d’ailleurs ouvertement De Gaulle dans sa tribune, ce qui est relativement nouveau de sa part :

« [De Gaulle] ne se soumettait pas à je ne sais quel diktat capitaliste, il n’était pas non plus obsédé par une vision comptable du remboursement de la dette : il agissait en patriote soucieux de l’indépendance française. »

Le ton est ouvertement nationaliste et va-t-en-guerre, pavant la voie à la militarisation totale :

« Notre pays ne peut malheureusement pas se contenter de vivre sur ses acquis en regardant désabusé la disparition progressive de la classe moyenne et la relégation croissante des classes populaires.

L’avenir appartient aux nations indépendantes qui déploient une véritable stratégie industrielle, qui refusent la colonisation économique de puissances étrangères dans des secteurs stratégiques comme l’industrie de défense ou l’agriculture, qui défendent leur souveraineté notamment numérique, qui favorisent les produits fabriqués sur leur territoire, qui protègent leurs ressources par une écologie concrète et non idéologue, qui orientent l’investissement vers l’innovation et l’éducation. »

Une convention très importante

La « Convention de la Droite » servira à discuter de cette orientation néogaulliste, afin de déterminer stratégiquement le chemin de la marche au pouvoir, qui passe inévitablement par l’union des forces de la Droite.

Il y a donc un moment très important dans l’actualité politique de notre pays, avec des forces réactionnaires synthétisant au moins deux décennies de divergences et de propositions issues de différents courants. L’heure est pour eux maintenant à l’unité, pour la conquête du pouvoir.

La Gauche doit considérer cela avec le plus grand sérieux et la plus grande attention, puisqu’il s’agit de la principale menace politique à moyen et long terme. Elle doit s’organiser dans cette perspective et mobiliser les classes populaires contre ce nationalisme et la tendance à la guerre dont il profite et à laquelle il participe de plein pied.

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Le plan Marshall et Fabien Roussel, secrétaire national du PCF

Fabien Roussel n’est pas très connu, mais depuis la fin de l’année 2018, c’est le dirigeant du PCF, c’est-à-dire son secrétaire national. À l’occasion de la campagne actuelle contre les violences mortelles contre des femmes par leurs conjoints, il a employé de manière favorable l’expression « plan Marshall ». Cela en dit très long, parce que toute l’identité du PCF est pourtant issue de l’opposition totale au plan Marshall après 1945…

Le plan Marshall fût un outil américain d’une utilité énorme pour ce pays. Les États-Unis étaient en surproduction dès avant la seconde Guerre mondiale. Le Plan Marshall consiste alors à dire : on vous prête de l’argent, car vous n’avez plus rien à cause des destructions, mais il faut acheter américain. Vous rembourserez plus tard.

On l’aura compris, c’est une vente à crédit et, forcément, les pays voulant garder leur indépendance on dit non. Les autres ont dit oui, considérant que la perte de l’indépendance, au moins relativement du moins, valait mieux que le risque communiste.

Ainsi, à part le PCF, farouchement opposé au plan Marshall, tout le monde a dit oui, socialistes y compris. Cela a même servi de détonateur à la sortie de toute une fraction de la CGT, qui donna la CGT – Force Ouvrière, qui existe encore comme on le sait et clame toujours qu’il est né comme syndicat dans le rejet du communisme et la poursuite du syndicat anti-politique, dans la tradition de la charte d’Amiens.

En rejetant le plan Marshall, le PCF et la CGT se sont isolés politiquement, ils ont assumé un haut niveau de conflit, d’ailleurs l’opposition aux Américains allait amener des batailles dures, voire très violentes en France. Fabien Roussel ne peut pas ne pas le savoir.

Son tweet réclament un plan Marshall est donc lunaire. C’est une insulte à tout ce qu’a été le PCF :

« 100 femmes assassinées par leur conjoint dps le debut de l’année. Le #PCF est avec les assos féministes pour un vrai plan Marshall de lutte ctre les violences et la création d’unités spéciales (police, justice, medecins) d’accueil des femmes ds ts les départements! #Grenelle »

Pourquoi emploie-t-il une telle expression ? Déjà, par décadence totale au sein du PCF, qui ne cesse donc de perdre ses valeurs, au point d’être totalement délavé. Mais ensuite, aussi par cynisme. Car l’emploi à tort et à travers par les médias et certains politiques des expressions « Grenelle » et « plan Marshall » n’est rien d’autre qu’une opération de communication sur le dos de la cause des femmes.

On sait que Twitter force à résumer, conceptualiser au maximum, mais là c’est l’absence de respect sans commune mesure… On prétend vouloir des « plans d’urgence », ce qui ne veut strictement rien dire, car c’est le contenu qui compte. Les accords de Grenelle issus de mai 1968 ne sont pas un plan d’urgence, mais des acquis arrachés. Quant au plan Marshall, c’est une manœuvre américaine. Quel rapport avec la mise en place réelle d’un soutien aux femmes ?

On voit que le problème, ce sont ici les réseaux sociaux, mais surtout la consommation politique. Car le mouvement « #metoo » ou « youth for climate » avec Greta Thunberg, ainsi que toutes ces choses qui ne sont que des bulles montées de toutes pièces, sont aux antipodes de l’organisation démocratique du peuple sur des valeurs. Ce qu’a pourtant été capable de réaliser la Gauche historique à une autre époque. Et ce dont nous avons besoin aujourd’hui.

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Triomphe de l’AfD dans l’Est de l’Allemagne

Cela fait plusieurs mois qu’on savait que le mouvement d’extrême-Droite AFD allait faire un carton plein aux élections partielles dans certaines régions de l’Est de l’Allemagne. Malgré tous les efforts faits, cela n’a pas pu être empêché. C’est que la mise en place de la grande Allemagne s’accompagne de très importants problèmes internes, ce qui s’ajoute à la réaffirmation du nationalisme conquérant parallèlement à la crise du capitalisme mondial.

5,4 millions de personnes ont voté ce dimanche, dans deux régions allemandes. En Saxe, la Droite est en tête avec 32,3 % et juste derrière il y a l’AfD, avec 27,8 % soit quasiment 18 % de plus qu’en 2014.

Dans le Brandebourg, c’est le SPD c’est-à-dire l’équivalent du Parti socialiste qui est en tête avec 27,2 % des voix, l’AfD récoltant 22,8% des voix.

Cette situation est surtout une catastrophe pour le parti Die Linke (La Gauche), issue des structures de la Gauche est-allemande officielle d’avant 1989. Elle est décrédibilisée. Comme le dit Sahra Wagenknecht :

« Il est apparent que Die Linke n’est plus considérée comme une force crédible de la part de beaucoup de gens qui votaient pour elle auparavant, capable de prendre au sérieux ses intérêts et de changer leur vie pour quelque chose de meilleur. »

Il faut savoir ici que l’élite économique allemande n’est composée qu’à 2 % de gens originaires de l’Est du pays, que dans l’ancien territoire de la RDA, les gens ont un niveau de vie inférieur de grosso modo 20 % par rapport à l’Ouest. La rancœur prédomine alors que l’économie continue de se délabrer. C’est une des raisons du succès de l’AfD.

Une autre raison est que l’Allemagne devient une grande puissance, ce qui exacerbe le nationalisme conquérant. L’AfD est ainsi propulsé et propulse une multitude de regroupements nazis, le tout de manière non formelle. Jusqu’à présent, l’extrême-Droite était décapitée par les interdictions dès qu’elle passait un cap. Elle n’a jamais été en mesure de structurer un front pour se couvrir. Avec l’AfD, elle l’a enfin.

La troisième grande raison est le chaos provoqué par l’afflux de migrants et de réfugiés. L’Allemagne a dépensé 23 milliards d’euros pour accueillir plus d’un million de personnes. Cependant, cela ne suffit pas et les frictions sont très nombreuses. La perte de repère a déboussolé des personnes ayant quitté leur pays tout en emportant avec eux leurs valeurs souvent féodales, d’autant qu’ils sont bien souvent bien plus migrants économiques que réels réfugiés. Cela a, là aussi, provoqué une rancœur énorme dans la population.

La grande question en Allemagne depuis des mois est ainsi de savoir si ces élections catastrophiques absolument prévues préfigurent un renversement de tendance également à l’Ouest, ou pas.

Formellement, cela ne devrait pas être le cas à court terme, l’AfD ne disposant pas d’une dynamique suffisante. De plus, la grande dynamique allemande est surtout d’avoir l’hégémonie dans l’Union européenne, avec le moteur franco-allemand comme noyau dur.

Cependant, l’AfD est un outil bien utile pour liquider la Gauche et surtout les forces anti-guerre extrêmement puissantes en Allemagne. On peut donc bien parier sur son installation réelle dans le paysage politique.

Cela montre que l’Allemagne, comme la France, est un pays qui tangue. Dans ces deux pays, l’avenir va consister en de grandes révoltes sociales et une vraie bataille politique.

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L’université d’été 2019 de La France insoumise, une négation des valeurs de la Gauche

L’université d’été de La France insoumise à Toulouse a été propice à des abandons formels de valeur de la Gauche. Avoir invité Thierry Ardisson est ainsi un véritable scandale, de par ce que représente cette figure médiatique. Les propos de Henri Peña-Ruiz sont tout autant inacceptables, puisqu’elle met les religions sur le même plan que l’athéisme, au nom de la « laïcité ». C’est une capitulation dans tous les domaines qu’on peut observer ici.

Henri Peña-Ruiz, présentée par les médias comme une « philosophe proche de La France insoumise », a tenu les propos suivants lors de l’Université d’été de cette organisation :

« Le racisme antimusulman est un délit. La critique de l’Islam, la critique du catholicisme, la critique de l’humanisme athée n’en est pas un. On a le droit d’être athéophobe, comme on a le droit d’être islamophobe, comme on a le droit d’être catophobe. »

Ces propos ont fait scandale, car comme on le sait La France insoumise est largement poreuse à la thèse tiers-mondiste et misérabiliste de l’Islam comme une sorte de religion des opprimés. Cette thèse converge avec les opérations de diffusion de l’Islam par l’Arabie Saoudite et le Qatar, le concept d’ « islamophobie » étant un outil politique en ce sens.

Sauf qu’ici on marche sur la tête, car une phobie est une peur démesurée et il va de soi qu’il faut en triompher. La peur démesurée des araignées, de l’Islam ou de quoi que ce soit est irrationnelle et doit donc être vaincue.

Il faut vraiment rejeter la Gauche historique en bloc pour en arriver à justifier toutes les phobies en bloc et parler de catophobie ou athéophobie. C’est d’autant plus vrai que le rejet des religions est mis sur le même plan que les religions elles-même ! Alors que la Gauche historique a justement une thèse simple : les religions doivent disparaître de la surface de la Terre, car elles sont un préjugé du passé.

Cette polémique estivale montre à quel point La France insoumise est aux antipodes de la Gauche historique et quand on voit qu’un invité de marque a été Thierry Ardisson, on voit bien qu’il n’y a plus rien à faire, qu’on a atteint le point de non-retour.

Thierry Ardisson a un parcours qui le place à rebours complet de la réalité populaire. C’est avant tout un publicitaire (« Ovomaltine, c’est de la dynamique ! », « Vas-y Wasa ! », « Lapeyre, y’en a pas deux ! », « Chaussée-aux-Moines : Aaamène ! », « Quand c’est trop c’est Tropico ! ») qui a appliqué ses recettes à la télévision.

Cela en a fait une figure du racolage télévisuel, de la beauferie présentée comme culturelle et d’une posture de dandy anarchiste de droite comme garant d’une pseudo-authenticité. Tout cela pour un succès économique capitaliste efficace pendant des décennies et en 2018, dans une interview, Thierry Ardisson, par ailleurs monarchiste assumé, expliquait gagner « entre 15 000 et 20 000 euros par mois » et qu’il faisait de la télé « au détriment d’activités plus nobles », car vénal et aimant l’argent.

Et c’est lui qu’on invite à La France insoumise ? Ce n’est même plus grotesque, ni même pathétique, c’est ouvertement anti-Gauche. La France insoumise est un simple vecteur nationaliste se targuant de valeurs sociales, le drapeau français étant associé à des revendications allant dans le sens d’un pays « fort ». Le slogan employé « Macron vend la France » est digne de l’extrême-Droite de par son contenu à la fois nationaliste et démagogique, ses raccourcis intellectuels et son racolage.

Un racolage devenu de fait intempestif à La France insoumise et cela va continuer jusqu’aux municipales, élections qui vont être d’une difficulté extrême pour cette structure. Elle va donc prolonger sa démarche et certainement pas aller à du contenu, encore moins à l’unité de la Gauche sur des fondements solides.

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Nouvelle agression du local PCF de la Croix-Rousse à Lyon

Le local du PCF du quartier de la Croix-Rousse à Lyon a de nouveau été dégradé hier, alors qu’il venait d’être réparé suite à une précédente agression. Cela porte assurément la marque de l’extrême-Droite qui est de plus en plus menaçante à notre époque.

Aline Guitard, dirigeante lyonnaise du PCF, a expliqué que les 22 vitres du local venaient d’être réparées, après « des mois de tergiversations de l’assurance ». Cela faisait suite à une précédente dégradation, s’inscrivant dans une longue liste d’agressions ces dernières années.

L’attaque a eu lieu pendant la nuit du 27 au 28 août 2019 de la part de trois individus cagoulés et armés de barres de fer. L’extrême-Droite, très implantée à Lyon, est évidemment en cause. On reconnaît là son style et on sait que son but est d’écraser la Gauche, pour empêcher toute expression politique démocratique et populaire.

Aline Guitard a ainsi justement expliqué :

« Mais nous ne désarmons pas pour autant : nous ne baisserons pas plus les bras que les yeux et nous continuons la lutte ! NO PASARAN ! »

La Gauche lyonnaise a logiquement soutenu le PCF face à cette agression, comme avec le premier secrétaire du PS du Rhône Yann Crombecque qui a affirmé qu’il est « est impératif que ces actes de violences soient condamnés, et que les auteurs de ces agissements détestables soient identifiés, arrêtés et jugés ».

De son côté, Karim Aou de Génération-s a exprimé sa stupéfaction et sa colère en affirmant notamment :

« Face à la brutalité exercée et à la volonté d’intimider un mouvement démocratique, il convient de garantir la sécurité des biens et des personnes, ainsi que la liberté d’opinion. Pour cela, j’invite le maire de Lyon et le Préfet de police à prendre les mesures nécessaires et sans attendre.

Les Lyonnaises et les Lyonnais dont la ville est la capitale historique de la Résistance, ne se laisseront jamais intimider par la peste brune. Tous ensemble, résistons à l’extrême-droite ! »

Rappelant que les dégradations concernent toutes ses sections en France avec « près d’une vingtaine de dégradations volontaires » en un an, le PCF a également expliqué que « ça suffit » et qu’il ne se laissera pas intimider par la violence.

On sait en effet à quel point la violence de l’extrême-Droite s’inscrit dans les interstices de la société, de manière subite et agressive, sans qu’on puisse forcément opposer autre chose que la force. Sans parler de la couverture toujours plus grande de tels agissements par l’État lui-même…

C’est là tout de même quelque chose que la Gauche sait par tradition. Lutte Ouvrière a publié à ce titre un document intéressant cet été dans son organe théorique : « Face à la crise et à l’extrême droite : la question de l’armement du prolétariat. »

Lutte Ouvrière récuse en revanche l’idée du Front populaire, ce qu’on peut évidemment critiquer si l’on considère que seule l’unité la plus large est à même de vaincre le fascisme. Dans tous les cas, les attaques d’extrême-Droite ne sont jamais anecdotiques et sont toujours à considérer avec un regard d’ensemble foncièrement politique.