Catégories
Société

La faillite de l’Éducation nationale face au confinement

Le système éducatif français est à la peine depuis de nombreuses années, tant par son rapport désastreux à la jeunesse que par la qualité et le contenu de son enseignement. Face à la crise sanitaire et à la survenue intempestive du confinement, il s’est littéralement effondré… finissant par tout simplement annuler les examens scolaires.

Dans un épisode de l’émission « C’est pas sorcier » datant de 2010 consacré à la grippe aviaire, il est expliqué qu’une pandémie est quelque chose d’envisagé par l’État, qu’il y a des scénari en place et qu’un confinement massif des élèves pourrait être déclaré un jour.

Dix ans plus tard, ce jour est arrivé, et c’est comme si le ciel était tombé sur la tête de l’Éducation nationale. Les moyens techniques ont pourtant évolué drastiquement depuis 2010, mais rien n’était prêt. En fait, rien n’avait été envisagé concrètement et rien n’a donc pu être mis en place.

C’est un jeudi soir que les élèves et les enseignants ont appris à la télévision qu’il ne leur restait plus qu’un jour à l’école, avant de rester à la maison. Trois semaines plus tard, le Ministre de l’Éducation nationale a fini par expliquer que les examens du brevet des collèges, des baccalauréats généraux et professionnels, des BEP et des CAP n’auront pas lieu.

Tout ce qu’il a été en mesure de proposer, c’est de compter sur les notes obtenues avant le confinement, reconnaissant de facto que rien de ce qui aura pu être fait durant cette période ne peut être pris au sérieux.

Il a aussi décidé de prolonger éventuellement l’année scolaire de deux semaines, afin de pouvoir ajouter quelques évaluations à toute hâte si un retour en classe est possible. Et encore, tout cela pour donner finalement tous les pouvoirs à des jurys qui décideront sur la base des bulletins précédents qui aura ou pas son diplôme.

C’est une manière de s’assurer de maîtriser par le haut et de manière totalement forcée et artificielle le taux de réussite final aux différents examens. Au passage, remarquons quelle fin lamentable, mais significative, cela constitue pour le dernier baccalauréat par série de l’histoire…

> Lire également : La remise en cause du principe d’un baccalauréat universel

Depuis maintenant trois semaines, les professeurs semblent n’avoir que la débrouille afin de garder le contact avec les élèves. Certains « cours » ont lieu sur Discord, Zoom, voir même sur What’sApp ou Facebook… D’autres professeurs, soit parce qu’ils ne maîtrisent pas ces outils, soit parce que, pour des raisons souvent légitimes ils refusent de les utiliser, n’ont plus qu’un lien sporadique avec leurs élèves, ou en tous cas certains d’entre eux. Il ne s’agit plus alors que de quelques e-mails échangés, en général via les outils de l’Éducation nationale qui ont été très rapidement surchargés et dépassés.

La réalité est que beaucoup d’élèves ne se retrouvent qu’avec des fiches en guise de cours et des exercices à envoyer à leurs professeurs, qui parfois répondent à peine. Les plus sérieux s’entre-aident via des groupes de travail, notamment pour les jeunes filles. Une partie d’entre eux, dont beaucoup de garçons, délaissent totalement les cours.

La situation est encore plus compliquée dans l’enseignement professionnel où il est pratiquement impossible de suivre un cours sans une présence physique avec des machines ou des outils en particulier. Des choses auraient été possibles, mais il aurait fallu pour cela prévoir et former tant les élèves que les enseignants. Ainsi que les familles, bien sûr.

Combien d’élèves se retrouvent ainsi « au bord du chemin » ? Le Ministère n’est en fait pas en mesure de pouvoir quantifier sérieusement l’impact du décrochage dans un sens ou même du maintien du lien scolaire dans l’autre. De toute façon, il est évident que les chiffres sont vertigineux, on sait que les élèves de l’enseignement professionnel (650 000 environ), les élèves de maternelle (2, 5 millions), une bonne partie des élèves du primaire et des collèges sont massivement laissés à leur sort ou en incapacité de pouvoir suivre le principe de la « formation à distance ».

Le fait d’envisager maintenant de donner tous les diplômes du secondaire de manière administrative (sous prétexte du « contrôle continu ») est l’aveu de cet échec lamentable et le reflet d’une impréparation totale, qui ne date d’ailleurs pas du confinement…

> Lire également : Réforme du baccalauréat: la situation compliquée dans les Lycées

Les prétentions ou les illusions de l’époque de Jamy dans « C’est pas sorcier » sont bien derrière nous. La perspective d’une pandémie était connue depuis des années, la crise en cours a été annoncée comme un risque des mois avant son arrivée en France, mais il n’y avait aucun plan, rien n’a été pris au sérieux. L’État a été totalement pris au dépourvu, avec une ampleur et des conséquences dont on ne peut même pas prendre encore la mesure, mais dont la pitoyable fin du baccalauréat sous sa forme traditionnelle est tout un symbole.

La faillite est complète et correspond à la fin d’une époque : celle de l’individualisme triomphant. Seule une démarche collectiviste est rationnelle.

Catégories
Société

Les 11 mesures demandées par la CFDT pour les salariés des commerces alimentaires

Voici la déclaration de la CFDT ce mardi 31 mars 2020 concernant les salariés des commerces, en première ligne dans le cadre de la crise sanitaire en cours :

« Covid-19 : La CFDT services demande 11 mesures pour protéger les salariés des commerces alimentaires

 La Fédération CFDT des services a établi une liste de onze revendications pour protéger les 600 000 salariés du commerce alimentaire dont l’action est indispensable pour permettre aux Français confinés de continuer de se nourrir. Elle estime que ces salariés ne tiendront pas dans la durée si le secteur ne répond pas favorablement ses demandes.

 « Ce que nous voulons c’est une régulation du secteur. Il y a à ce jour trop de disparités entre les enseignes, explique Olivier Guivarch, le secrétaire général de la fédération CFDT des services, il y a beaucoup de différences en temps normal sur les salaires, les avantages, les acquis mais là sur la santé des salariés, c’est inacceptable. C’est la raison pour laquelle nous avons fait des propositions très concrètes. Nous avons les mêmes exigences de protection pour tous. »

Aussi la fédération a réuni les délégués CFDT des enseignes de la grande distribution qui ont défini les mesures à mettre en place pour protéger les 600 000 salariés du commerce alimentaire. La Fédération a transmis ces revendications au gouvernement et à la fédération du commerce et de la distribution (FCD), revendications sans lesquelles elle estime que les salariés de ce secteur ne pourront pas tenir longtemps sans mettre leur santé en péril. Les voici :

  • L’accès prioritaire à un équipement de protection individuelle (dont masques, gel et gants) pour tout le personnel, sous-traitants inclus (propreté, sécurité). quel que soit le format de l’établissement qu’ils soient en hyper, super, en établissement de proximité, en franchise ou location – gérance ;
  • L’aide de l’État pour les entreprises ;
  • La réorganisation des caisses pour respecter la distanciation sociale ;
  • La fermeture de tous les commerces alimentaires le dimanche ;
  • La fermeture au plus tard à 18h00 de tous les magasins, toutes surfaces ;
  • Un nombre maximum de clients par surface ;
  • La mise en rayon en dehors des heures d’ouverture ou neutralisation de la zone fermée à la clientèle (pour limiter le contact avec la clientèle) ;
  • La protection des magasins et des salariés par la force publique (incivilités des clients) ;
  • La sécurisation des établissements sans personnel (tout en caisses automatiques) pour préserver le personnel de sécurité ;
  • La sécurisation des caisses automatiques dans les établissements avec personnel ;
  • La mise en place de procédures en cas de salariés contaminés.

La fédération CFDT des services estime que ces revendications sont d’une urgence absolue.

Par Didier Blain dblain@cfdt.fr »

 

 

 

Catégories
Société

La crise du coronavirus 19 est-elle compréhensible virtuellement?

Le jeu vidéo multijoueurs World of Warcraft a connu un bug répandant une épidémie parmi les personnages virtuels. Un épidémiologiste a étudié la question et cela rappelle la différence essentielle entre virtuel et le réel.

Cela s’est déroulé en 2005 à l’occasion d’une mise à jour du jeu multijoueurs World of Warcraft, un grand classique du genre. Un article du Temps le raconte en détail. Il y a eu un nouveau donjon, Zul’Gurub, et lorsqu’on y entrait, on faisait face à « Hakkar l’écorcheur d’âmes », qui dans l’affrontement, pompe l’énergie des joueurs en les contaminant avec du « sang vicié ».

Les joueurs contaminés contaminent les autres, mais tout se termine normalement quand on quitte le donjon. Sauf que le jeu a intégré des « animaux familiers » et que les programmeurs ont oublié de prévoir leur décontamination automatique. La contamination s’est donc répandue, tuant des joueurs après qu’ils en aient eux-même contaminés d’autres, etc. Cela a duré un mois avant que les programmeurs ne se sortent de cette situation ingérable.

Beaucoup d’autres médias en ont parlé également, le déclencheur étant l’interview par PC Gamer de l’épidémiologiste Eric Lofgren il y a quelques jours. Celui-ci avait réalisé en 2007 une étude sur l’épisode du « sang vicié » dans le jeu, avec Nina Fefferman. L’idée est bien entendu de voir dans quelle mesure cela apporte des connaissances quant à l’évolution d’une épidémie. De plus, le rapport au coronavirus 19, c’est bien entendu notamment que la maladie est transmise par des animaux.

Cela est pourtant absurde. On a en effet le processus une fois qu’il a lancé, pas le processus à son point de départ. Et il n’y a pas de rapport entre le coronavirus 19 et un oubli de programmeurs. Ce qui est en jeu ici, c’est de savoir ce qu’est la science. La science est-elle une démarche empiriste, qui se fonde sur l’expérience seulement, et qui regarde les choses en détail quand elles sont-là ?

Ou bien la science c’est une certaine vision du monde, une conception de la réalité et de ses processus ? Les deux points de vue n’ont rien à voir. Dans le premier cas, on a la stratégie du chiffre. Il faut des données, des données, encore des données, toujours plus de données. On circonscrit les faits une fois qu’on les a, on les délimite, on les évalue avec des chiffres.

De l’autre, on s’intéresse aux faits mais en les intégrant dans un processus, dans un processus dont on chercher à percevoir les fondements. On regarde les tendances dans la réalité, pas les détails. On considère que les choses en mouvement sont issus de quelque chose. Oui, mais de quoi ? Le rôle de la science est de trouver.

La crise du coronavirus 19 pose la question de ce rapport à la science de manière aiguë. Qu’est-ce qu’un scientifique ? Peut-il calculer dans un laboratoire ? Ou bien doit-il chercher les tendances dans la réalité ? On a pu lire qu’une pandémie comme celle d’un coronavirus se produisant en Asie a pu déjà être prévu par la CIA dans les années 2000. La CIA évalue en effet les tendances, car elle craint les retombées. Paradoxalement, sa démarche a été plus scientifique que beaucoup de scientifiques qui, eux, attendent que les choses se passent pour essayer de les comprendre.

La science, la vraie, vise en effet à trouver les choses alors qu’elles ne sont pas encore là, car on comprend ce qui les fait naître. Il faut croire ici que les scientifiques sont pour la plupart devenus de simples consommateurs, incapable de comprendre le principe de production. Pour eux il n’y a pas de réalité produisant quelque chose. Il y a eux et des choses à évaluer. Quitte pour cela à charcuter des animaux lors d’innombrables expériences inutiles, menées par millions dans chaque pays chaque année.

Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. Et sans science sans conscience de la réalité se transformant n’est pas science du tout.

Catégories
Société

Document de la CGT sur le droit de retrait lié à la crise du Covid-19

Voici un document de la CGT sur le droit de retrait lié à la crise du Covid-19 publié hier :

« Coronavirus, droit de retrait et action syndicale et du CSE

Vous avez des questions concernant le droit de retrait, l’action syndicale et le CSE ? Nous y répondons ici !
  • Exercice du droit de retrait du salarié

L’exercice du droit de retrait peut permettre de protéger la santé du salarié exposé au risque de contracter le coronavirus. De plus, la simple évocation d’un exercice collectif du droit de retrait lors de discussions avec l’employeur peut permettre de créer un rapport de force propre à contraindre celui-ci à prendre les précautions nécessaires pour protéger les salariés et limiter la propagation du virus (mesures barrières, diminution de l’activité, annulation de certains déplacements, etc.).

À l’heure où tout un chacun se demande comment il peut contribuer à lutter contre la propagation du virus, l’exercice du droit de retrait, peut constituer une mesure forte et efficace. Encore faut-il qu’il soit mis en œuvre de façon appropriée !

  • Danger grave et imminent pour la santé du salarié

En cas de danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé, le salarié est en droit de suspendre son activité après avoir avisé l’employeur de ce danger (art. L. 4131-1 du Code du travail). Il suffit que le salarié ait un motif raisonnable de craindre pour sa vie ou sa santé pour qu’il déclenche la procédure de retrait (Cass. soc. 23 avril 2003, n° 01-44806, BC V n° 136).

L’appréciation se fait au cas par cas. Le Questions/Réponses du gouvernement souligne que peut être considéré comme « grave » tout danger susceptible de produire un accident ou une maladie entraînant la mort ou paraissant devoir entraîner une incapacité permanente ou temporaire prolongée et comme « imminent », tout danger susceptible de se réaliser brutalement dans un délai rapproché (Q/R 29 du « Questions/Réponses » pour les entreprises et les salariés Covid-19 version du 17/03/2020).

L’employeur ne peut pas sanctionner le salarié qui exerce ce droit et ne peut pas cesser de lui verser sa rémunération (L. 4131-3 du Code du travail).

En cas de suspicion d’abus dans l’exercice du droit de retrait, le litige pourra être tranché a posteriori par un conseil de prud’hommes (qui sera le plus souvent saisi d’une demande de l’employeur ou du salarié relative au versement des salaires).

Le risque d’exposition au coronavirus permet-il au/à la salarié.e d’exercer son droit de retrait ?

Une position gouvernementale contestable

Pour le gouvernement les possibilités de recours au droit de retrait sont « fortement limitées » lorsque l’employeur prend les mesures de prévention et de protection recommandées par le gouvernement. Dès lors qu’un employeur suit les recommandations du gouvernement, le salarié ne pourrait a priori pas invoquer le droit de retrait au motif qu’un de ses collègues revient d’une zone à risque ou a été en contact avec une personne contaminée, en l’état des connaissances épidémiologiques à ce jour (Question/réponse du gouvernement n° 9).

Cette position du gouvernement est restrictive. D’abord, le droit de retrait est un droit garanti par de dispositions législatives et mis en œuvre sous le contrôle des conseils de prud’hommes, ce n’est pas au gouvernement de le définir. De plus, les recommandations du gouvernement paraissent parfois bien légères au vu des risques de contamination encourus.

Ce qui est certain, c’est que de l’avis même du gouvernement, le fait que l’employeur ne mette pas en œuvre les recommandations du gouvernement (voir Q/R n° 13 à 19) peut ouvrir la voie au droit de retrait : refus de télétravail alors qu’il est possible, pas de protection mise en place en cas d’accueil du public, absence d’affichage des gestes barrières, absence de nettoyage adéquat des locaux etc.

Ensuite, soulignons que le « danger » peut être caractérisé par une cause extérieure au salarié (ex. : locaux dangereux), mais peut aussi très bien être lié à son état de santé (ex. : allergie aux agents auxquels son poste l’expose ; Cass. Soc. 20 mars 1996, n° 93-40111, BC V n° 107). Ainsi, un salarié vulnérable au coronavirus (femmes enceinte, personnes âgées de plus de 60 ans, gros fumeurs, personnes asthmatiques ou connaissant des difficultés respiratoires) pourrait mettre en œuvre son droit de retrait beaucoup plusfacilement.

Notons que le droit de retrait concerne la situation du salarié. Le fait qu’il vive avec une personne particulièrement vulnérable au coronavirus ne permet malheureusement pas d’invoquer le droit de retrait. Cependant, si l’employeur a parfaitement connaissance du fait que le salarié vit avec des personnes vulnérables, et qu’il existe des solutions de télétravail, de changement de postes, de mesures de protection ou de remplacement par un autre salarié, et que l’employeur ne les a pas mises en œuvre, il commet alors certainement un abus dans l’exécution du contrat de travail.

Le rôle des syndicats et représentants du personnel est indispensable pour regarder au cas par cas la situation des salariés et peser pour que leur soit appliquées les mesures les plus protectrices.

Comment le salarié peut-il mettre en œuvre son droit de retrait ?

Il suffit que le salarié informe son employeur ou son responsable hiérarchique par tout moyen de l’existence d’un danger et de l’exercice du droit de retrait juste avant ou concomitamment au début du retrait. Un écrit (mail, lettre recommandé etc.) est cependant toujours préférable.

Le droit de retrait s’exerce individuellement par le salarié. Cependant, il est plus efficace et protecteur qu’un syndicat ou les représentants du personnel organisent le déclenchement du droit de retrait.

Rôle des représentants du personnel et des syndicats

Mise en œuvre syndicale du droit de retrait : un droit de retrait « collectif » est plus efficace et protecteur qu’un droit de retrait exercé individuellement

Le droit de retrait s’exerce individuellement par le salarié. Cependant, il est largement préférable qu’un syndicat organise le déclenchement du droit de retrait en ciblant les postes de travail exposés à un danger grave et imminent ou encore en ciblant les salariés particulièrement vulnérables.

Mais pour être sûr d’être dans les clous, il faut que chaque salarié individuellement prévienne l’employeur de l’exercice de son droit de retrait.

Les salariés du musée du Louvre, en lien avec la CGT Culture, ont exercé leur droit d’alerte et de retrait pendant plusieurs jours, avant que leur Direction ne prenne des mesures de limitation du nombre de visiteurs et de protection.

Mise en œuvre du droit d’alerte par les membres du CSE

Les représentants du personnel au CSE peuvent individuellement exercer un droit d’alerte en cas de danger grave et imminent pour les travailleurs.

Il doit consigner son alerte par écrit dans un registre spécial. Cet avis doit comporter les postes de travail concernés par le danger, la nature et les causes de ce danger, le nom des travailleurs exposés.

L’employeur est alors tenu de procéder à une enquête avec le représentant du personnel qui a lancé l’alerte et de prendre toute mesure qui s’impose. Avant que les salariés n’exercent leur droit de retrait chacun individuellement, il peut être utile que des membres du CSE lancent une alerte auprès de l’employeur. Cela rend le droit de retrait plus collectif. Cela peut permettre également de contraindre l’employeur à réfléchir à des solutions pour éviter les situations à risque.

A l’issue de l’enquête s’il y a désaccord entre le CSE et l’employeur sur les mesures à mettre en œuvre ou sur l’existence même d’une situation de danger l’inspecteur du travail doit être saisi par l’employeur.

Une communication indispensable

Dans le contexte actuel, il est indispensable d’expliquer de façon claire et convaincante les raisons du droit de retrait ou du droit d’alerte. La communication pourra se faire en fonction de l’ampleur du droit de retrait via un tract interne, un communiqué, un P-V de réunion de CSE, etc.

La communication pourra par exemple démontrer que l’employeur n’a pas mis en place les mesures nécessaires pour protéger les travailleurs et que c’est pour éviter la propagation du virus dans la population et l’engorgement des hôpitaux que ceux-ci exercent leurs droit de retrait ou que le syndicat les appelle à le faire.

Exiger la mise en place des mesures nécessaire à la santé et sécurité des salariés

Les représentants du personnel et les syndicats peuvent exiger des employeurs qu’ils diffusent les informations sur les règles d’hygiène et de sécurité, qu’ils mettent à disposition du matériel de prévention, qu’ils procèdent au nettoyage des locaux lorsque cela est nécessaire, qu’ils réaménagent les postes de travail, qu’ils mettent en place du télétravail, qu’ils ferment temporairement l’entreprise avec maintien de salaire… toutes mesures qui doivent être exigées en fonction de la situation spécifiques de chaque entreprise, chaque poste, chaque salarié.

Rappelons que l’employeur est tenu à une obligation de sécurité à l’égard des salariés. Il doit prendre les mesures nécessaires pour protéger leur santé. Il doit notamment les informer lorsque des risques se présentent et mettre en place les moyens adaptés pour les protéger au mieux (art. L. 4121-1 et L. 4121-2 du Code du travail).

Les représentants du personnel et syndicaux peuvent aussi revendiquer que les mesures prises par l’employeur soient négociées.

Surtout, toutes les mesures concernant le fonctionnement de l’entreprise nécessitent une consultation du CSE. Ces consultations doivent impérativement avoir lieu. Les élus doivent exiger d’être consulté dans les formes. Ils doivent également veiller à la bonne application des accords existants (ex. : accord de modulation du temps de travail, accord RTT, accord sur le télétravail).

Si les représentants du personnel ne souhaitent pas se rendre physiquement à des réunions ils peuvent toujours demander des réunions par visio-conférences, même si les conditions légales ne sont pas remplies, avec toutefois le risque que l’employeur refuse pour ce motif.

Les représentants du personnel sont un rouage essentiel du fonctionnement de l’entreprise, à plus forte raison lorsque celle-ci fait face à une crise. Il n’y a pas de bonne décision auxquelles ils n’ont pas été associés et, surtout, ce sont eux qui permettent d’informer réellement et en confiance le personnel.

Or, ces derniers jours ont montré que « l’effet panique » créé par les annonces des dirigeants peut avoir des conséquences sérieuses et créer des problèmes qui ne se seraient pas produits autrement (ex. : pénuries dans les supermarchés parisiens, embouteillages exceptionnels pour quitter Paris, etc.).

Le projet de loi qui va être débattu cette semaine prévoit de nombreux aménagements en matière de droit du travail, qui seront précisés par ordonnance. On sait dès à présent que le gouvernement envisage de prendre des mesures permettant de modifier les modalités d’information et de consultation des institutions représentatives du personnel, notamment le CSE, « pour leur permettre d’émettre les avis nécessaires dans les délais impartis ».

Nous ne savons pas pour l’instant quelles formes prendront précisément ces mesures, si elles ne concerneront que les modalités de consultation du CSE en cas de mise en œuvre de l’activité partielle, ou si elles concerneront également d’autres consultations. Nous tenions toutefois à vous alerter dès à présent sur ces dispositions envisagées, et vous tiendrons informés dès que possible. »

Catégories
Société

Tribune: «Violences contre des survivantes de la prostitution»

Voici une tribune initialement publiée dans L’Humanité ce lundi 16 mars, pour dénoncer ces agressions révoltantes de féministes défendant l’abolition de la prostitution le 8 mars dernier.

Une vidéo de l’agression parisienne a d’ailleurs été publiée par un journaliste indépendant. Ce qu’on y voit est insupportable et indéfendable !

Voici la tribune :

« Violences contre des survivantes de la prostitution

Texte collectif

S’il est un système qui résume toutes les exploitations, toutes les oppressions, toutes les discriminations, c’est le système prostitutionnel.

S’il est des personnes, très majoritairement des femmes, qui ont tout vécu, tout subi sur l’échelle des violences sexistes et sexuelles, ce sont les victimes de la prostitution.

Et s’il est des femmes courageuses, ce sont bien les survivantes qui s’engagent dans le combat contre ce système. Un combat jalonné par la misère et la précarité, et par-dessus tout, marqué par les insultes et les menaces, y compris contre leur vie. Car ces femmes, elles, osent s’attaquer à des réseaux internationaux parmi les plus puissants et les plus cruels au monde.

Alors, s’il est un lieu où elles devraient être accueillies, protégées et célébrées comme les héroïnes qu’elles sont, ce sont bien les mobilisations féministes.

Et pourtant… Bruxelles, Paris, Toulouse, Marseille… Insultes, arrachages de banderoles et jusqu’aux agressions physiques contre des militantes et militants abolitionnistes se multiplient au rythme de l’extension du mouvement en faveur des droits des femmes. Des survivantes ont subi des coups, en France, dans le cadre des manifestations du 8 mars. Et alors qu’ensuite la plupart des manifestant·e·s célébraient dans la joie le grand succès des mobilisations, deux d’entre elles passaient cette même nuit entre commissariat et urgences médico-judiciaires.

Solidaires de toutes les associations abolitionnistes qui les soutiennent, on ne peut pas se taire face à cette réalité et face au lynchage, particulièrement ignoble, des survivantes de la prostitution !

Au-delà d’assurer les victimes de notre pleine solidarité et soutien, nous tenons à réaffirmer notre engagement dans la lutte contre cette violence extrême qu’est la prostitution. Il incombe au gouvernement de financer, renforcer et garantir le parcours de sortie de cet enfer.

Signataires

Jocelyn Adriant-Mebtoul, Présidente de la CLEF

Clémentine Autain, Députée FI

Zahra Agsous, Maison des Femmes de Paris

Ana Azaria, présidente de Femmes Égalité

Marie-Noelle Bas, Chiennes de garde 

Flor Beltran Las Rojas, collectif de femmes latino américaines, 

Hélène Bidard, Responsable nationale de la commission féministe / droits des femmes du PCF.

Oriane Bonnazi, Femmes Gilets Jaunes

Claire Charlès, Secrétaire générale des Effronté-es

Monique Dental, Réseau féministe “Ruptures

Claire Desaint, Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir

Marie-Hélène Franjou, Amicale du Nid

Cécile Gondard Lalanne, porte-parole de l’Union syndicale Solidaires

Cherifa Khiari, Comité de soutien aux Femmes du Palais

Le Planning Familial 94.

Le Planning familial Paris.

Mélanie Luce, présidente de l’UNEF

Myriam Martin, porte parole Ensemble!

Nelly Martin, Marche Mondiale des Femmes France

Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT

Florence Montreynaud, « Encore féministes ! »

Catherine Morin Le Sech, co-présidente de CQFD Lesbiennes Feministes

Maud Olivier, ECVF

Céline Piques, porte-parole d’Osez le Féminisme !

Emmanuelle Piet, Collectif féministe contre le viol

Claire Quidet, Mouvement du Nid

Lorraine Questiaux, militante féministe et avocate.

Sabine Salmon, Femmes solidaires

Muriel Salmona, Mémoire Traumatique et Victimologie 

Roselyne Rollier, Maison des Femmes Thérèse Clerc de Montreuil

Suzy Rotjman, porte-parole du Collectif National pour les Droits des Femmes

Benoît Teste, secrétaire général de FSU

Aurélie Trouvé, porte parole d’ATTAC »

Catégories
Société

Covid-19: il y a beaucoup plus que 6633 personnes infectées en France

Officiellement, les personnes touchées par le Covid-19 en France étaient 6633 hier, lundi 16 mars 2020. En réalité, le nombre de personne contaminées est bien plus élevé et les autorités devraient donner l’estimation de ce nombre, pas simplement les cas connus officiellement. Cela aurait permis une meilleure prise de conscience collective et peut être l’établissement de mesures plus précoces, pour éviter la situation catastrophique actuelle.

Lors de sa seconde allocution, Emmanuel Macron a déploré l’attitude de nombreux français n’ayant pas respecté les consignes de distanciation sociale. Il a eu raison de faire ce reproche, mais il est aussi responsable du fait que la population n’avait pas forcément les moyens de prendre la mesure de l’ampleur de la crise sanitaire en n’expliquant pas suffisamment la réalité.

On peut très bien être porteur du Covid-19 et n’avoir aucun symptôme, en tous cas pas tout de suite. Par définition, les personnes dans ce cas ne sont pas comptabilisées. Il y a même maintenant dans certaines régions françaises de nombreuses personnes ayant des symptômes, mais ne pouvant être testées, faute de moyens.

Il y a donc bien plus que 6633 porteurs du virus en France.

Le gouvernement et les institutions sont habituées à fonctionner avec des statistiques pour tout un tas de cas, sondages, audiences médiatiques, prévisions économiques, etc. Il n’y a donc pas de raisons qu’elles ne le fassent pas dans le cas de la crise sanitaire en cours, d’autant plus que les épidémiologistes savent faire ce genre de projections, et qu’ils le font probablement déjà.

On peut en effet tout à fait envisager les choses en comparant avec la situation chinoise. Ce graphique publié par le Journal of the American Medical Association le 24 février dans un article analysant la situation est très instructif :

 

On y voit en jaune les cas diagnostiqués chaque jour dans la région du Hubei. Il faut ainsi lire par exemple : le 10 février, près de 3000 cas sont diagnostiqués.

On y voit également en gris, la date déclarée (donc après coup) par les malades du jour de survenance des symptômes. Il faut ainsi lire par exemple : le 23 janvier, les symptômes se sont déclarés chez 2500 personnes (dont le diagnostique a ensuite été confirmé).

Ce jour correspond à la date du confinement dans la région.

En regardant la barre jaune, on voit que ce même jour environ 400 personnes ont été officiellement diagnostiquées.

Cela donne une première indication et permet une première possibilité d’estimation.

Il y a 1210 cas qui ont été diagnostiqués sur la journée d’hier en France, soit quatre fois plus que la journée du 23 janvier dans le Hubei, où les nouveaux cas réels (de personnes ayant des symptômes, donc pas seulement des personnes contaminées) étaient de 2500.

Un simple rapport de proportionnalité permet de penser qu’il peut y avoir eu hier 10 000 personnes contractant des symptômes, soit une avancée de l’épidémie quatre fois plus importante que dans le Hubei à une date équivalente (décision de confinement). Cela cependant n’est qu’une extrapolation statistique et n’est pas satisfaisante, bien que la taille du bassin soit équivalente (59 millions d’habitants pour le Hubei).

Une autre différence est que les mesures sanitaires ont été rapidement efficaces, alors que les Chinois avaient déjà à la base des comportements sanitaires beaucoup plus responsables qu’en France, puisqu’ils portent systématiquement un masque en cas de rhume ou d’état grippal.

En France, où les comportements ne sont pas appropriés, on peut donc largement supposer que la situation est pire.

Un autre exercice statistique est possible avec le graphique du Hubei. En s’intéressant à la période d’avant le confinement et en choisissant la date du 22 janvier comme limite :

– en additionnant les barres orange, on a environ 450 cas ;

– en additionnant les barres grises, on a environs 12 000 cas.

Le nombre de cas officiels en France le 15 mars (le « orange » sur le graphique), veille des mesures de confinement, était de 5 423 cas, soit plus de dix fois plus. Un simple rapport de proportionnalité permet d’estimer le nombre de cas réels actuellement à environs 150 000 personnes. C’est énorme, d’autant plus que beaucoup de choses permettent de supposer que c’est plus.

Les autorités françaises ont beaucoup trop tardé à prendre des mesures, ont même refusé d’en prendre au début et le pays va en payer très cher le prix. Le système de santé, déjà saturé dans l’Est, et engorgé en Île-de-France et dans le Nord, ne pourra pas supporter le nombre de malades qui va encore exploser.

Catégories
Société

La pandémie de Covid-19 et le retour de la puissance publique

Un argument massue du libéralisme est qu’on ne peut plus empêcher les gens de passer les frontières, ni d’ailleurs en fin de compte de faire ce qu’ils veulent en général. L’épidémie de Covid-19 remet les choses à plat : il y a bien une administration, un appareil d’État, des organes d’État. Tout est décision politique, y compris celle de ne rien faire.

C’est un phénomène de grande importance pour notre pays qui vit dans une sorte de bulle libérale libertaire où l’on considère qu’on ne pourrait rien faire : ni interdire le cannabis, ni arrêter l’urbanisation anarchique, ni empêcher les délocalisations. Le retour de la puissance publique à l’occasion de la pandémie de Covid-19 remet tout à plat.

D’un coup, on s’aperçoit qu’on peut du jour au lendemain contrôler les frontières. Que des milliards d’euros sont à la disposition de la vie des entreprises. Que l’administration est capable de décisions et que ces décisions sont suivies. Que le service public hospitalier est un gigantesque poids lourd, étatique mais transversal avec les grands laboratoires.

L’image d’une France comme paradis du grand bourgeois, du bobo, de l’anarchiste, et finalement du Français qui n’en fait qu’à sa tête, disparaît pour céder la place à un État qui décide et une société qui obéit. On ne saurait sous-estimer ce retour à la réalité dans un pays où les gilets jaunes ont toujours considéré qu’ils pouvaient se comporter en vandales et que c’était légal.

Il suffit de rappeler un événement récent tout à fait exemplaire. Le 7 mars avait eu lieu une marche féministe « de nuit ». Commencée en toute fin d’après-midi, elle s’est terminée vers 22h, ayant rassemblé plusieurs milliers de femmes.

Puis, quelques centaines de femmes restées sur place se sont cependant fait violemment dégagées par la police. Cela s’est déroulé.. à minuit. Pensaient-elles réellement que la police allait les attendre toute la nuit, que l’occupation de la place de la République allait se dérouler sans accrocs ? En tout cas, elles ont fait semblant.

La police a été très violente, sans faire semblant, pour les dégager, puis le gouvernement a lui fait semblant d’être étonné, promettant d’enquêter. Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a demandé « un rapport sur ce qui s’est passé en marge de la marche féministe » et Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat à l’Egalité femmes-hommes, a joué les offusqués au moyen d’un message disant « Toutes les femmes doivent pouvoir manifester pacifiquement pour faire respecter leurs droits ! ».

C’est de la comédie. Les Français sont des individualistes s’imaginant avoir tous les droits dans une société où il n’y a plus d’État de droit. Dieudonné a perdu, heureusement, pour le contenu : l’antisémitisme n’est pas passé. Mais sur le plan de la forme, il a gagné : n’importe qui peut dire n’importe quoi n’importe comment. À condition de tout accepter, depuis la drogue jusqu’à la prostitution en passant par la télé-réalité et la PMA pour toutes.

La société française est tellement corrompue par la consommation de masse, l’égoïsme, l’égocentrisme même, que le moindre événement lui semble avoir des proportions gigantesques. On se passionne pour le dernier Iphone, on adule Bilal Hassani comme le paragon du progrès, avant de s’en débarrasser. On en est au point où des étudiants révolutionnaires s’imaginent que faire un tag et en mettre une photographie sur Facebook est un acte subversif. C’est l’idéologie du jetable.

Mais ce n’est pas la civilisation, cela, seulement du capitalisme total. Le retour de la puissance publique avec le Covid-19 le rappelle en bousculant le capitalisme et en rappelant qu’on ne vit pas de réseaux sociaux et de consommation.

La Gauche doit profiter de cet espace pour rappeler ce qu’elle veut, historiquement : une société organisée de manière complète, systématique, sans place pour l’individualisme, seulement pour l’épanouissement de la personne, mais dans la reconnaissance pleine de la collectivité comme aspect principal.

Les libéraux et les anarchistes pleureront que l’État intervient dans leur vie – la Gauche affirmera qu’au contraire il n’est pas assez d’État, que la société elle-même doit devenir l’État.

Catégories
Société

COVID-19, une crise de la civilisation capitaliste

La Maladie à coronavirus (COVID-19), provoquée par le coronavirus SARS-CoV-2, est le produit direct du capitalisme : de ses villes, de sa consommation industrielle et artisanale d’animaux, de ses mœurs individualistes, de son rapport au corps. Le scepticisme français ne peut tout simplement pas le concevoir, prisonnier de son positivisme capitaliste.

La situation provoquée par le coronavirus COVID-19 est, peut-être, le plus grand symbole de la rentrée dans le 21e siècle. En effet, le capitalisme part à l’assaut de la biologie, de la nature elle-même. Désormais, tout doit être consommable, jusqu’aux animaux sauvages, dont le trafic mondial rapporte une véritable fortune, malgré son illégalité.

L’émergence de la figure de Greta Thunberg n’est que le pendant d’une systématisation du capitalisme dans des domaines nouveaux et ce à l’échelle planétaire. Son discours est creux, une fabrication médiatique, car il prétend que quelques problèmes vont arriver, alors le capitalisme triomphant et destructeur est déjà entièrement là.

Il n’y aurait en effet pas de passage d’un virus d’une espèce à une autre s’il n’y avait pas des conditions contre-nature à Wuhan, avec un marché local où des animaux sauvages sont consommés dans des conditions atroces.

C’est là une vérité facile à comprendre, mais qui est justement, par là-même, évitée autant que possible. En effet, cette vérité implique la nécessité d’un changement complet du rapport de l’humanité aux animaux sauvages… et, de fait, aux animaux en général, puisque parfois les virus ont sauté la barrière des espèces depuis des animaux relevant d’une production industrielle.

Pour dire les choses simplement, si le monde était vegan, il n’y aurait pas eu de possibilité que se produise la maladie COVID-19, car il n’y avait pas le terrain viable pour l’arrivée dans le domaine humain du coronavirus SARS-CoV-2. D’où justement la preuve de l’intérêt que présente le véganisme comme philosophie de la vie concernant le rapport à la vie naturelle.

Seulement, on se doute, le capitalisme a réussi à aliéner tout le monde. On cherchera en vain une vie naturelle dans la consommation à outrance, la chirurgie esthétique (ou relevant de la démarche « trans »), l’idéologie du selfie, l’art contemporain, le transhumanisme, la prostitution, des villes tentaculaires, etc. etc.

Une véritable Gauche ne peut partir qu’à l’assaut de tout cela, mais cela demande une exigence énorme, d’où justement l’apparition d’une « gauche » postmoderne qui a choisi de se « rebeller » en… accompagnant l’ultra-libéralisme capitaliste. Et cela en phase, d’ailleurs, avec tout un existentialisme libéral français.

Le Français, façonné par le capitalisme, considère qu’il a le droit de n’en faire qu’à sa tête. Les règles et les devoirs s’appliquent aux autres, et aux autres seulement. L’égocentrisme va si loin que l’hygiène elle-même s’efface devant un sentiment de toute-puissance : le Français distingue en effet soigneusement entre la saleté et sa saleté. Cette dernière est tout fait acceptable.

Quant à considérer qu’une maladie puisse être « nouvelle », qu’elle ne puisse pas être « maîtrisée » par l’Homme qui serait « comme maître et possesseur de la nature »… Ce n’est même pas concevable ! Le Français reste fidèle au positivisme d’Auguste Comte. On ne fait qu’aller de l’avant, de manière unilatérale.

Impossible n’est pas français! Surtout pas le déni, le relativisme, le scepticisme, cette confiance irrationnelle en la principale qualité française qu’est l’ingéniosité. Mais la France ne vit pas dans la conscience, fut-elle cartésienne, elle vit dans la réalité. Et celle-ci convainc tout le monde, par définition.

Catégories
Nouvel ordre Société

«La prostitution, plaie et honte de notre civilisation»

Voici un petit article très intéressant, issu d’une rubrique du journal Le Populaire (organe du Parti Socialiste SFIO) daté du 5 juin 1934 et évoquant le sujet de la prostitution.

1934. Une militante socialiste s’adresse à une militante contre la prostitution, qu’elle veut convaincre de rejoindre la lutte politique, générale, contre le capitalisme. Quand elle évoque la prostitution, son point de vue est simple, clair, net et précis : la prostitution est la plaie et la honte de notre civilisation.

Voilà le point de vue de la Gauche historique, affirmant la morale prolétarienne contre la décadence bourgeoise et la corruption des corps et des esprits par le grand marché capitaliste. Voilà qui est littéralement opposé à l’ultra-gauche libérale libertaire et décadente, défendant la prostitution et agressant même des féministes opposées à la prostitution.

Cet article est issu de la rubrique « La militante – tribune des femmes socialistes » du journal Le Populaire daté du 5 juin 1934 :

Le « redressement moral »

J’ai rencontré une protagoniste du droit de vote pour les femmes dans un préau d’école un soir de scrutin. Le lieu n’était pas très propice aux conversations et encore moins aux discussions, car c’était au moment du dépouillement des bulletins de vote. Nous étions dans une atmosphère de grande surexcitation, de sorte qu’entrecoupé par des cris d’une foule houleuse et énervée, notre entretien ne fut pas long.

J’eus juste le temps d’apprendre que mon interlocutrice appartenait également à la Ligue du « Redressement moral ». Cette ligue tient, paraît-il, à rester en dehors de la politique, et ne désire que s’occuper des questions concernant la prostitution. Sa tâche principale est le relèvement de la moralité.

Je regrette la brièveté de notre entretien. Mais dans l’espoir que notre page retient parfois l’attention de mon interlocutrice, j’essayerai de le continuer ici tout en tirant les conclusions logiques. Si j’en avais eu le temps, j’aurais demandé : « Comment cette ligue prétend-elle, dans les cadres du régime actuel, faire un véritable redressement ? Quels remèdes préconise-t-elle pour le relèvement de ces « créatures immorales » que vous dites en marge de la société, de cette société pourtant si coupable envers ces malheureuses ? »

Vous savez sûrement, madame, que l’on ne peut apporter des remèdes efficaces aux maux de toute sorte sans en rechercher les causes. Vous connaissez, bien entendu, les faits principaux amenant ces femmes à la prostitution, plaie et honte de notre civilisation.

Ces pauvres filles sont tantôt des bonnes séduites par le patron ou le fils de la maison et abandonnées à leur sort, tantôt c’est la grande misère de leur famille qui pousse les jeunes filles à faire commerce de leur corps, souvent les travailleuses des magasins ne gagnent qu’un salaire dérisoire, alors qu’elles sont obligées d’être mises plus que correctement.

Nous, femmes socialistes, nous les connaissons tous ces phénomènes aboutissant à l’immoralité forcée ; mais ce que nous savons aussi, c’est que la véritable cause de toutes les misères de l’humanité, y compris la prostitution, réside dans le régime même que nous subissons. C’est seulement en changeant la structure sociale et économique de la société que l’on arrivera à un réel « redressement de la moralité » et non en prêchant simplement une moralité que les circonstances rendent si difficile d’observer.

J’étais d’accord avec mon interlocutrice pour revendiquer le droit de vote.

Mais, contrairement à ce que pensent les féministes, le vote n’est pas pour nous un but, mais un moyen devant servir à l’affranchissement total de la femme. En amenant les femmes sur l’arène politique, surtout celles qui appartiennent à la classe travailleuse, celles qui fournissent le plus grand contingent de ces parias – objet des préoccupations des dames patronnesses – on arrivera à mieux leur faire comprendre leur propre intérêt, et elles verront qu’il est nécessaire pour elles de travailler à l’émancipation des classes opprimées et de préparer l’établissement du régime socialiste, qui, seul, fera disparaître le chômage et la misère, facteurs essentiels de la prostitution.

Ainsi la femme contribuera à l’instauration d’une vie saine et morale, que les conditions actuelles de vie rendent impossible.

Hélène EPSTEIN.

Catégories
Nouvel ordre Société

8 mars, la Cause des femmes: une exigence culturelle

C’est la Gauche politique qui a posé la date du 8 mars. C’est la Gauche politique qui fait vivre cette date. Car la condition féminine est réelle et par conséquent dépend du capitalisme. Promouvoir la libération de la femme implique de passer par le dépassement du capitalisme pour exiger un changement culturel réel.

Le 8 mars est la journée internationale des femmes, qui a été conceptualisée et mise en avant par le mouvement ouvrier, à travers l’Internationale socialiste des femmes. L’URSS, en reconnaissant officiellement cette date en 1921, lui a donné un élan général. La date précise du 8 mars a d’ailleurs été choisie par Lénine, en référence à une grève d’ouvrières du textile au tout début des révolutions russes de 1917.

Tout cela n’est pas que symbolique ou une question de mémoire. C’est une question de culture. Car tout passe pour les femmes par la culture, cette dernière déterminant que tel ou tel comportement soit valorisé, dévalorisé, légal, interdit.

Or, il y a une culture de la violence sexiste, dont la prostitution et la pornographie sont des vecteurs – et en même temps des fondements. Le capitalisme véhicule cette culture, comme toutes celles qu’il peut transformer en monnaie sonnante et trébuchante. Le capitalisme produit même des poupées sexuelles « enfant ». Car le capitalisme vend n’importe quoi.

Le féminisme bourgeois admet que le capitalisme est une bourse aux cultures et tente de renverser les tendances, comme les Femen en manifestant torse nue. C’est une conception totalement erronée, à la fois car jouant sur la sexualisation et admettant qu’il y aurait une « bourse aux idées ».

En réalité, il faut une culture fondée sur la civilisation, une culture féministe fondée sur la civilisation, écrasant la culture non féministe fondée sur le capitalisme. La Cause de la femme est toujours concrète : elle est celle des femmes dans la réalité. Et cette réalité n’est pas un « patriarcat » abstrait, mais une culture individualiste où les hommes tirent leur épingle du jeu en profitant des restes du vrai patriarcat ayant existé dans le passé.

Dans une société individualiste, pourquoi les hommes feraient-ils des efforts, si en plus les femmes sont encore largement aliénées par les valeurs du passé elles-mêmes ? Il suffit de regarder les femmes en France en 2020 pour voir que la très grande majorité, voire pratiquement la totalité, accepte les règles du jeu beauf, ne comptent aucunement se remettre en cause pour devenir féministe.

Elles préfèrent savoir dans quelle mesure leur partenaire est beauf pour le manœuvrer individuellement. Le premier ennemi des femmes, c’est elles-mêmes aliénées, car le capitalisme aliène tout le monde, individualise tout. L’enterrement de vie de jeune fille est typiquement une tradition petite-bourgeoise de femmes qui, par définition même, est totalement anti-féministe de par sa dimension régressive.

Seules des femmes offensives, assumant la cause démocratique de l’égalité hommes-femmes, peuvent taper du poing sur la table et exiger une transformation culturelle concrète, car portée par le peuple.

Les mesures institutionnelles comptent, mais tout le monde sait que sans la dimension culturelle, cela ne va pas assez loin, cela s’effrite, cela disparaît. La Cause des femmes peut reculer. Elle recule d’ailleurs dans le monde, comme toute la Cause démocratique, la Cause du Socialisme.

Qui veut la Cause des femmes sait que c’est une Cause démocratique, liée à la question démocratique en général, donc au Socialisme. Le seul féminisme possible porte la culture – et donc se fonde sur la classe ouvrière, qui elle seule peut porter une culture en rupture avec les modèles dominants.

Catégories
Société

Le féminisme authentique et la question décadente des «trans»

Le mouvement féministe est décomposé et ce pour une raison simple : il est séparé de la Gauche historique. Ce sont donc des femmes bourgeoises qui choisissent les revendications, comme l’égalité hommes-femmes des salaires pour les cadres. Le mouvement est également pourri de l’intérieur par les courants de pensée postmoderne, avec l’idéologie « transgenre » comme fer de lance.

J.K. Rowling, l’auteure de la série des Harry Potter, est devenue richissime et elle vient d’installer pour plus de deux millions d’euros de clôture autour de sa résidence écossaise. La raison en est ses propos considérés comme « transphobes » par les groupes activistes surfant sur l’idéologie postmoderne LGBTQ+.

Elle a en effet soutenu Maya Forstater, une femme licenciée d’une structure de réflexion sur l’inégalité et la pauvreté au niveau international, avec l’appui de la justice britannique, pour avoir affirmé que « les hommes ne peuvent pas se transformer en femmes ».

Le message sur Twitter de J.K. Rowling a été le suivant :

« Habillez-vous comme vous voulez. Appelez vous comme vous voulez. Couchez avec n’importe quel adulte consentant qui vous veut. Vivez votre meilleure vie, dans la paix et la sécurité. Mais éjecter des femmes de leurs jobs pour affirmer que le sexe est réel ? »

Ici, tout est résumé. J.K. Rowling représente tout à fait le féminisme bourgeois, qui veut le libéralisme le plus complet, tout en exigeant l’égalité hommes-femmes. Or, l’égalité hommes-femmes implique qu’il y ait des hommes et des femmes.

Mais le libéralisme authentique exige l’individu et donc la négation de tout universalisme. Tout relève du choix, aucune « catégorie » ne peut exister au sens strict, même pas sur le plan biologique. Le féminisme bourgeois, focalisé sur les salaires des femmes des couches supérieures, rentre donc en conflit avec les courants postmodernes.

L’épisode Marguerite Stern en est un bon exemple. Les arguments de Marguerite Stern sont aussi posés que son style est non agressif. C’est là typique du féminisme bourgeois, qui refuse l’affrontement avec les courants postmodernes, car refusant de combattre le libéralisme en général.

Or, le féminisme bourgeois est coincé, comme toute la bourgeoisie. Soit les bourgeoises encore un peu rationnelles comprennent que tout va trop loin – mais alors elles doivent abandonner leur esprit bourgeois et se tourner vers la classe ouvrière. Soit elles acceptent que cela va trop loin et c’est la capitulation.

L’alternative se présente même à toutes les femmes en France, mais si elles ne le savent pas. Elles n’ont pas conscience que « parent 1 parent 2 », formule de l’administration française, implique la négation de la mère, de la différence homme-femme. Les femmes françaises ne pensent pas à cela, si elles le remarquent elles trouvent cela secondaire. Elles ne s’aperçoivent pas que leurs droits se font liquider par le libéralisme au moyen de la politique des identités.

D’ailleurs, tout le monde voit sa réalité sociale anéantie par la politique des identités. On le voit bien avec la division religieuse. En multipliant les identités à l’infini, le capitalisme rêve d’un marché total, avec des individus tous « différents » les uns des autres, faisant vivre la consommation par leurs « différences ».

Les femmes en seront les premières victimes. Les « trans », un phénomène décadent propre à un capitalisme plus que malade, sont le vecteur de la négation de l’existence réelle, matérielle, des femmes. C’est un pas vers la négation des hommes et des femmes, au profit des individus.

Et si les femmes sont ciblées davantage que les hommes, c’est parce que les femmes représentent une menace : elles sont moins beaufs, elles ont un aperçu plus concret de la vie de par leur capacité de donner la vie, elles sont historiquement coupées du militarisme. Le capitalisme vise à supprimer la possibilité d’un matriarcat moderne qu’est, bien entendu, le Socialisme. C’est cela qui rend la question si brûlante.

Catégories
Société

Affaire Pilarski: Valeurs Actuelles, en service commandé pour défendre la chasse à courre

La chasse à courre est suspectée dans l’affaire Élisa Pilarski, mais on ne touche pas à ce monument sacré du dispositif réactionnaire français. Le journal de la Droite réactionnaire Valeurs Actuelles est donc en service commandé pour la défendre coûte que coûte… quitte à raconter n’importe quoi.

Quoi qu’il se soit passé dans la forêt de Retz en novembre dernier, il y a un flou immense entourant cette affaire, un flou pour le moins suspect. Il y a eu cette histoire rocambolesque des tests ADN qui n’avaient jamais été commandés, malgré ce qui avait été dit, il y a eu le responsable de la Gendarmerie de l’Aisne, présent avec sa famille derrière la chasse à courre ce jour-là, qui a été mis au placard suite à l’affaire. Et finalement, on ne sait pas grand-chose dans cette histoire, alors que beaucoup d’informations fausses sont diffusées dans tous les sens, pour brouiller les pistes.

Valeurs Actuelles participe ici directement à cette opération d’enfumage en écrivant un article à charge contre Élisa Pilarski, sa famille et son chien. Le but de l’opération est simple : diffuser une « vérité » qui mette hors de cause la chasse à courre.

On se dit en lisant l’article que le journal sait beaucoup de choses, comme s’il avait accès au dossier et révélait des informations par encore connues. Il y a cependant certaines choses qui sont connues et avérées, et c’est là qu’on se rend compte qu’il raconte n’importe quoi.

Il est parlé d’un « Bellinois » pour un chien croisé plus tôt par Élisa Pilarski, alors que cela n’existe pas comme chien. C’était un malinois. Il est utilisé l’argument, mainte fois répété, que les chiens de chasse à courre sont des chiens d’arrêt, qui ne sont pas entraînés à dévorer leur proie d’eux-mêmes. Ce n’était pas le cas des chiens présents en forêt ce jour-là, qui étaient des chiens de chasse au chevreuil, donc des chiens d’attaque, entraînés à déchiqueter leur proie.

En ce qui concerne Curtis, le chien d’Élisa Pilarski, Valeurs Actuelles prétend savoir des choses que personne ne sait en disant qu’ « aucune trace de morsure ou de blessure n’a été identifiée » sur lui. Le problème, et c’est un véritable problème démocratique, c’est que le procureur ne communique pas sur cette question essentielle depuis le début de l’affaire, et donc personne ne sait rien.

Au passage, Valeurs Actuelle participe, sans aucune preuve, à la petite campagne de diffamation consistant à dire, « selon un proche de l’enquête », qu’« Élisa aurait été victime de morsures de son chien à l’été 2019 ». Cela n’est aucunement avéré et d’ailleurs la famille a même dû ressortir des documents de l’hôpital pour prouver qu’elle avait été mordue par un chat errant qu’elle nourrissait.

Il est également parlé du détournement de l’argent d’une caisse de soutien… alors que tout le monde sait que ce n’est pas la famille qui est en cause et que l’argent a été rendu. On a le droit également à une analyse fumeuse sur la durée de l’appel au secours d’Élisa Pilarski à son compagnon, ou alors l’itinéraire de ce dernier pour se rendre en forêt, tout cela pour faire croire que la chasse à courre a été désignée comme coupable afin de cacher quelque-chose.

Quant au déroulé des faits, Valeurs Actuelles invente totalement, en affirmant une chronologie qui l’arrange (« il faudra attendre encore une demi-heure avant que les chiens passent dans la zone »), sans que cela ne soit étayé nulle part.

Cela est d’autant plus problématique qu’il y a une ambiguïté entre le début effectif de la chasse, qui pourrait ne pas correspondre avec l’heure de l’attaque d’Élisa Pilarski, et l’heure de la présence réelle des chiens en forêt, après la messe s’étant déroulé le matin.

De toutes façons, si le médecin légiste parle d’un décès « aux environs de 13h30 », comme le rappel Valeurs Actuelles, ce médecin a également précisé qu’il y a une période d’incertitude de 2h par rapport à l’heure annoncée. Cela, bien sûr, Valeurs Actuelles ne le précise pas, puisque cela ne va pas dans le sens de la « vérité » qui est déroulée pour défendre la chasse à courre.

La même méthode est employée à propos des morsures, où là encore les citations sont tronquées. Nulle mention de cette précision du procureur de la République de Soisson parlant des morsures : « probablement de plusieurs chiens au regard de la répartition des plaies ».

Quant aux chiens de la chasse à courre, on devrait se contenter de croire, malgré la scandaleuse absence de test ADN, malgré aucune version officielle, qu’il n’y avait sur ces chiens « aucune trace de morsure ou de blessure »… simplement parce que le vétérinaire des veneurs le dit.

Mais comme cela vient de la chasse à courre, Valeurs Actuelles prétend que c’est vrai, puisque son but est uniquement de défendre la chasse à courre. Cette accumulation d’approximations, de mensonges et d’inventions va même très loin puisqu’il est insinué en arrière plan que Curtis aurait dévoré sa maîtresse… par jalousie pour l’enfant qu’elle portait.

Ce sous-entendu, telle une affirmation sans aucune preuve évidemment, est inacceptable et en dit très long sur l’état d’esprit des gens défendant la chasse à courre. On a là une mentalité arriérée, de la part de gens défendant la barbarie dans les forêts, au nom d’un prétendu patrimoine culturel.

Catégories
Société

Le coronavirus COVID-19 et les multiples crises qu’il implique

Le coronavirus COVID-19 fait peur en France, mais la nature de la crise est mondiale et touche pratiquement tous les aspects de la vie. C’est encore un signe que rien ne va plus pour une planète toujours plus malade du capitalisme et des humains le diffusant.

Paranoïa et réelle crise sanitaire, crise de l’utilisation des animaux à la fois de manière artisanale et hyper-industrielle, perturbations économiques, chaos administratif et réelle supervision à la fois opaque et bureaucratique… Le coronavirus COVID-19 a été la boîte de Pandore de toute une série de contradictions, dont on ne voit pas la fin.

Il va de soi que le fait que la crise du coronavirus COVID-19 parte de Chine, l’usine du monde, renforce d’autant plus le véritable choc mondial. Un choc dont on n’entrevoit pas la fin : qui peut savoir comment une maladie d’origine animale, ayant sauté la barrière des espèces, comme le SRAS et Ebola, va se comporter ?

On est en effet ici dans une crise provoquée par le grand chambardement planétaire provoqué par les activités humaines. Si en Chine on ne capturait pas des centaines et des centaines de milliers d’animaux sauvages, dans les conditions les plus sordides, pour les amener vivant et les tuer sur le marché, pour les consommer comme aliments, la crise du coronavirus COVID-19 n’aurait pas existé. C’est aussi simple que cela.

Naturellement, cela n’inquiète guère les médias, qui préfèrent distiller la peur et engager une réflexion inquiète sur les conséquences pour l’économie mondiale. Le capitalisme se nourrissant du capitalisme toujours plus grand, toujours plus étendu, le ralentissement général lui est contre nature. Cela ne sera pas sans conséquences, mais quelle sera leur dimension ?

Et la Chine s’en remettra-t-elle ? Ce pays vise à être une superpuissance et son affrontement avec les États-Unis est déjà programmé, de part et d’autre. Mais son statut de colosse aux pieds d’argile est déjà flagrant. Wuhan, avec ses onze millions d’habitants, désormais connu mondialement comme lieu source du coronavirus COVID-19, reflète l’incroyable décalage chinois entre une avancée à pas de géant et une arriération terriblement profonde.

Si 400 millions de Chinois voient leur niveau de vie augmenter, tel n’est pas le cas pour un milliard d’ouvriers, de paysans, affrontant des conditions de vie misérable. Les 3/4 des Chinois n’ont même plus d’assurance-maladie, le système ayant été démantelé pour laisser libre la voie au capitalisme le plus effréné. Quant à l’hôpital censé être sorti du sol en dix jours, c’est un simple assemblage de préfabriqués, lui-même symbole de l’absence initiale d’infrastructures.

Ce qui est inversement d’autant plus étonnant, c’est le gigantesque stress qui est né en France. Il y a pourtant beaucoup d’infrastructures, une capacité sanitaire parmi les meilleures mondiales. On voit cependant à quel point tout est atomisé et il n’y a aucune confiance nulle part. Le coronavirus COVID-19 est prétexte à un repli sur soi, à un retour dans une bulle d’autant plus trompeuse qu’elle exige l’individualisme le plus complet.

Il y a tellement d’aspects dans cette crise qui commence seulement que, finalement, il est inévitable de la considérer comme propre à une époque, celle de la fin d’une civilisation, incapable de se saisir rationnellement des questions posées, de s’organiser de manière constructive, à l’échelle planétaire d’ailleurs.

Oui, il faut être visionnaire, par les temps qui courent. Sans quoi la fin de la civilisation capitaliste sera la fin de la civilisation tout court.

Catégories
Société

Pour en finir avec les ultra-libéraux trans

Le 26 février 2020, une tribune intitulée « Le débat sur la place des femmes trans n’a pas lieu d’être » était publiée sur Libération, avec un site lié. Le 27 février 2020, Marguerite Stern annonçait sur Twitter qu’elle venait de porter plainte pour menaces de mort. On espère que les deux ne sont pas liés, mais l’enchaînement est toutefois révélateur de l’offensive en cours.

John William Waterhouse - Penelope

Le capitalisme essaie désespérément de se maintenir. Pour cela, il a besoin d’élargir son périmètre d’action : le libéralisme doit triompher, chaque moment de la vie quotidienne doit être encadré en dirigé par le mode de production capitaliste ; la réalité naturelle doit être niée, piétinée et ensevelie par l’individu-roi, le consommateur rêvé, celui qui consomme son esprit, son environnement, son corps et ses semblables.

En période de crise, l’avant-garde du libéralisme se trouve chez les postmodernes. Les troupes de chocs des postmodernes se trouvent chez les activistes trans. L’offensive ne date pas d’hier, mais elle s’est intensifiée depuis ce fil Twitter dans lequel Marguerite Stern a très simplement rappelé de vérités biologiques que n’importe quel collégien peut comprendre. Mais c’était trop. Le capitalisme des principales puissances impérialistes occidentales a besoin d’un dernier élan : les ouvriers ont été corrompus en masse, la vie quotidienne est une aliénation perpétuelle, l’urbanisation anarchique est une insulte permanente aux sens et à la beauté… mais il reste encore quelques espaces à conquérir.

Le progrès ? Soutenir quelques personnes délirantes au détriment de la moitié de l’humanité

Les activistes trans soutiennent donc que la nature n’existe pas, tout ne serait qu’une question de choix et de ressentis. Un homme affirme qu’il se sent femme ? C’est une femme. Peu importe qu’il n’a jamais pu, qu’il ne peut pas et ne pourra jamais porter un enfant. Non à cause d’une maladie, d’une malformation, d’un accident… Mais simplement parce qu’il n’y a jamais eu la moindre possibilité biologique pour cette personne de porter un enfant.

N’importe quel homme qui se définit comme femme serait donc une femme. Une « femme » avec un pénis, de la barbe, une ossature, une musculature, des maladies, etc. d’homme. Une « femme » qui, de surcroît, a été socialisée comme un homme. Mais non, tout est normal. Une « femme » qui devrait donc accéder aux toilettes pour femmes, concourir en tant que femme à des compétitions sportives, aller aux dortoirs pour femme, etc. Une « femme » qui pourra côtoyer des femmes victimes de violence masculines… Tout cela parce que cette personne se sent « femme ». Quelle insulte ouverte à la moitié de l’humanité.

La tribune est un pas de plus dans cette offensive ignoble. La proposition est simple : toute personne qui ne considère pas une femme trans comme une femme est au moins conservatrice, au pire d’extrême-droite. N’ayant peur de rien, la tribune en arrive à des dénonciations à peine croyables :

« Aux États-Unis, les projets de loi se multiplient dans les États conservateurs afin d’interdire aux enfants trans toute forme de transition »

Jusqu’à quel point ces transitions devraient aller selon ces personnes ? Il faudrait accepter de mutiler des enfants à coups d’hormones (dans le meilleur des cas ?) sous prétexte que l’enfant se sent différent ? Pour ces dégénérés, un enfant n’est pas un adulte en devenir mais un consommateur à part entière : que le marché et l’individu libre de toute contrainte passent des accords en toute liberté. Peu importe qu’il s’agisse de détruire des vies. Tout le monde est consentent après tout ?

Après la pédophilie dans les années 1970, les transitions dans les années 2010 et 2020 ? Les ultra-libéraux trouvent toujours de beaux arguments pour corrompre et détruire les plus vulnérables. Quelle nobles causes.

La science face aux ressentis de quelques personnes

Le fondement de la vision anti-scientifique du monde défendue par les signatures est exprimée très clairement dans ces quelques lignes :

« Les militant·e·s anti-trans définissent les femmes comme des femelles, des êtres avant tout définis par leurs capacités reproductives. Pourtant l’oppression des femmes n’est pas une conséquence logique de la capacité à enfanter : ni les filles prépubères, ni les femmes ménopausées, ni les femmes stériles n’y échappent. La justification biologique de la différence entre hommes et femmes est une conséquence des modes d’exploitation spécifiques à la division sexuée de la société, pas l’inverse. »

D’abord une division sexuée de la société et ensuite une division biologique. Les premiers êtres humains étaient donc des purs esprits qui ont, à un moment de leur existence, revêtus des corps d’êtres humains : des corps de femmes pour les esprits-femmes et des corps d’hommes pour les esprits-hommes ? Avec parfois des erreurs : des esprits-femmes dans des corps de femmes et inversement ?

La dernières phrase a le mérite d’être un exemple frappant de retournement complet de la vie vision scientifique du monde portée par la Gauche historique.

La première division du travail est sexuée, la biologie arrive avant la société et l’économie : la matière précède l’esprit, pas l’inverse.

Si la capacité à enfanter ne saurait définir une femme, pourquoi cette oppression, si ancienne, envers la moitié de la population qui va avoir, qui a ou qui a eu la capacité de porter un enfant ?

Cette attaque est d’autant plus grave qu’elle participe à effacer les maladies, les douleurs et les problèmes propres aux femmes. Si tout n’est que ressenti, ou presque, s’il n’y plus réellement d’hommes ni de femmes mais des identités multiples et changeantes, comment faire progresser la médecine dans sa compréhension de la santé des femmes ?

Surtout quand la médecine et la société font comprendre aux femmes qu’il est normal d’avoir mal et qu’il ne faut pas se plaindre, pas faire de bruit et rester à sa place. Il faut croire que la réalité biologique n’a que peu d’importance face aux prétendues constructions sociales et aux ressentis, comme le dit très bien le site féministe racine rouge dans son article « Les médias s’éveillent au problème transgenre… plus ou moins » :

« Corroy-Labardens évoque notamment le fait qu’en médecine, ce sont principalement sur des modèles masculins que l’on teste les traitements, alors que le corps des femmes n’y réagit pas nécessairement de la même façon. De même, les hommes et les femmes ne sont pas atteints des mêmes maladies. En cause : les différences comme le poids, la masse musculaire, le métabolisme, la structure osseuse, etc. L’idée selon laquelle le sexe « binaire » ne serait qu’une invention fantasmée par les bigots ne tient donc pas face au réel. »

Quel est donc l’objectif des personnes qui considèrent les hommes qui s’imaginent être des femmes comme des femmes ? Quel est le sens de leur féminisme ? Si la réalité naturelle des femmes et en premier lieu dans leur capacité à porter et mettre au monde un enfant est niée, que défendent ces personnes ? La réponse est simple : le but n’est pas défendre mais de détruire de l’intérieur.

Tout ce qui tend vers l’universel s’oppose au libéralisme qui a besoin de consommateurs toujours plus aliénés pour survivre. Tout combat réellement démocratique, tout combat pour la science s’oppose de fait au particularisme : de la même manière que le libéralisme a détruit la Gauche de l’intérieur, le libéralisme portée par les trans ne vise qu’à détruire le féminisme de l’intérieur.

Les signataires la tribune ne s’opposent pas au patriarcat : ils ne font que le soutenir et le moderniser. Ils participent au mépris envers le corps des femmes et envers leurs vies quotidiennes. Ils ne s’opposent pas non plus au harcèlement ou violences conjugales : quand des hommes violents, atteints de troubles mentaux, agresseront des femmes dans des lieux de non-mixité, où seront ces braves gens ? Ils seront probablement trop occupés à insulter tout le monde de transphobe pour s’intéresser à ces considérations bassement matérielles.

Cette tribune ne peut pas rester de l’ordre du débat ou des échanges entre féministes – échanges extrêmement violents de la part des militants pro-trans rappelons-le (menaces de morts, violences physiques…). La Gauche doit se relever et relever le drapeau de la civilisation face au relativisme d’aujourd’hui et au fascisme qui s’en nourrira demain. C’est une question de survie.

Des femmes qui ont rappelé de simples vérités biologiques mériteraient donc d’être brûlées vives…
Catégories
Société

Une cérémonie des Césars teintée de comédie féministe

Vendredi 28 février s’est tenue la soirée des Césars, un événement incontournable pour le cinéma français. Plus qu’un événement, c’est une académie dont la morale douteuse peut nominer douze fois un délinquant sexuel et faire salle comble, faisant de toute entreprise féministe dans ce cadre un simulacre absurde anti-populaire.

Aux Césars, les films sont nominés par environ 4700 académiciens issu de l’industrie du cinéma. Ces personnes sont anonymes, cela donne déjà un aperçu de l’aspect anti-démocratique que cela peut avoir. Ces gens n’ont donc de comptes à rendre à personne et cela passe pour un processus impartial qu’on ne peut pas remettre en cause.

Voici ce que disait le directeur générale de la SACD, Pascal Rogard, à Franceinfo vendredi :

« Ce qu’il a fait dans sa vie privée [R. Polanski, ndlr] est très contestable, peut-être critiqué, mais il a quand même été jugé aux États-Unis et pour le moment il ne fait pas l’objet de plaintes en France »

Il dit en même temps qu’en dernière instance, si les académiciens l’avaient nominés, on ne pouvait remettre ça en cause.

On a donc un délinquant sexuel fugitif (il est toujours inscrit comme recherché par Interpol) dont le travail cinématographique pourrait être apprécié car violer des gens, de surcroît des enfants, ferait partie de la vie privée et ne regarderait personne.

Une telle manière de penser est en fait représentative de la morale, ou plutôt la non morale de cette institution bourgeoise issue de mai 68 sur le plan des mœurs.

L’académie des Césars veut conserver un mode de vie issu de la « libération sexuelle » qui est en fait de prôner l’absence de limites. Une absence de limites profitant en général aux hommes, aux personnes ayant l’ascendant sur les autres.

C’est là l’héritage d’une gauche moderniste, bourgeoise, libertaire, libertine et amorale.

Face à cela, la fausse-gauche postmoderne essaie de s’ériger en alternative en réclamant une modernisation de l’intérieur. C’est ainsi que la présidence des Césars démissionne, proposant comme présidente par intérim Margaret Ménégoz. Cette décision provoque le contentement chez les personnalités frondeuses des Césars, ayant signé la pétition dénonçant le fonctionnement élitiste de cette institution.

Comme pour la question du manque de représentation des « minorités » dans le cinéma français, l’idée c’est que si on met plus de femmes, plus de noirs et d’arabes, plus de « LGBTQI++ », on aura une institution nouvelle, pouvant influencer positivement la société.

C’est le sens de la démarche de Florence Foresti, qui avait été désignée pour présider la séance. Elle n’a pas renoncé à son rôle, pensant qu’elle pouvait en tant qu’individu, faire passer un message à travers un one woman show déplacé. Elle y a tourné à la dérision le Roman Polanski des années soixante-dix et pas la même occasion faire rire de ses victimes aussi dans un moment extrêmement malaisant.

Pour la plupart des gens présents, la grogne est acceptable, mais complètement faire capoter la cérémonie, c’est impensable.

Adèle Haenel est venue y assister, sachant pourtant que Polanski était nominé douze fois, espérant encore que l’agitation virtuelle aurait pu changer quoique ce soit à l’esprit de tout un milieu. Elle a donc quitté la salle avec une dizaine d’autres actrices pour marquer le coup, sincèrement choquée, mais prisonnière de son propre milieu.

Cette « fronde » au sein de l’institution conservatrice patriarcale du cinéma français, n’est autre que l’affirmation du post-modernisme, qui pour s’opposer au patriarcat est capable d’inventer par ailleurs quelque chose comme la pornographie féministe.

La réelle opposition à tout cela est en fait la morale populaire, intransigeante avec toute déviance. Si on plaçait Polanski au milieux des gens normaux en disant qui il est et ce qu’il a fait, il n’y aurait pas lieu de tergiverser sur son art. Un « pointeur » reste un « pointeur ».

Mais les gens du peuple qui font du cinéma se font aspirer par la bourgeoisie, laissant derrière eux une bonne partie de leur valeurs.

La culture populaire voudrait une démarche complète, incorruptible et avec pour objectif de combattre la décadence morale et de mettre en avant le réalisme, l’émancipation collective.
Catégories
Société

Tribune pro-transgenre: une idéologie ultra-libérale avec EELV au centre

La tribune de soutien à la conception ultra-libérale (et donc absurde) de « femmes trans » en dit long sur la situation de panique vécue par tous les postmodernes face à une révolte contre leurs délires. Cela est d’autant plus clair que désormais la « Gauche » postmoderne s’est ralliée à EELV, ce qui a le mérite de clarifier les choses.

C’est la panique chez les post-modernes ! Une tribune dans Libération, une liste de signataires immensément longue, un site internet avec de multiples liens vers des articles explicatifs… Et un titre sans appel pour la tribune : « Le débat sur la place des femmes trans n’a pas lieu d’être ».

C’est qu’il y a le feu car la révolte gronde. L’affaire Marguerite Stern a provoqué une véritable onde de choc. L’idéologie postmoderne en mode LGBT – on est ce qu’on veut être – tout est choix individuel… est puissamment ébranlée.

Il s’agit donc de colmater les brèches. Et qui retrouve-t-on en première ligne ? EELV bien entendu. On trouve ainsi parmi les signataires la secrétaire nationale adjointe d’EELV Sandra Regol, la porte parole d’EELV Eva Sas, la sénatrice écologiste de Paris Esther Benbassa, la commission LGBTI d’EELV. EELV, cette forteresse de l’apolitisme social-écologiste, cette négation du mouvement ouvrier, est le cœur même du processus de macronisation « par la gauche ».

> Lire également : Cauchemar pour la Gauche: EELV en nouveau François Hollande

Et la « Gauche » postmoderne est toute contente de s’aligner sur EELV. On retrouve parmi les signataires les équipes thématiques égalité femme-homme ainsi que LGBTI de la France insoumise, les députées France insoumise Clémentine Autain, Mathilde Panot et Danièle Obono, la députée européenne France insoumise Manon Aubry.

On a également la députée PCF Elsa Faucillon, Générations-s LGBTI+, la porte-parole du Nouveau Parti Anticapitaliste Christine Poupin.

On a naturellement aussi toutes les structures passées de la défense des gays et des lesbiennes à l’idéologie ultra-libérale LGBT, telles la Fédération LGBTI+, la Fédération des Associations & Centres LGBTI+, ainsi que les collectifs défendant la prostitution comme un « travail ».

On a surtout la cohorte de femmes ayant trouvé leur place dans la bourgeoisie intellectuelle universitaire. Car le fond de la question est là. Comme l’a formulé Bertolt Brecht, pour saisir une idée il faut savoir d’où elle vient et où elle va.

D’où vient la conception de « femmes trans » ? D’hommes qui, au lieu de remettre en cause leur culture patriarcale, d’apprendre des femmes, voire même de se soumettre à leur approche non viriliste – destructrice, s’imaginent être une femme.

D’où vient la conception LGBT ? Du capitalisme le plus poussé, pour qui il n’y a que des consommateurs, pour qui tout est choix individuel, décision de consommer, achat, vente.

Produit de l’ultra-modernité capitaliste, de la totale décadence des valeurs dans le capitalisme, les postmodernes accusent leurs détracteurs d’être des fachos. Mais ils ne sont que le revers de la médaille capitaliste, qui a un côté identitaire facho, un côté identitaire postmoderne. Les uns se nourrissent des autres, avec un seul but : nier les classes, masquer la bourgeoisie, préserver le capitalisme.

Toutes les personnes qui assument la Gauche historique voient bien cela. Elles doivent faire front. Refuser. Empêcher la grande opération de lessivage des valeurs, des liquidations des traditions du mouvement ouvrier par l’alliance baroque des identitaires fachos et des identitaires post-modernes.

Il y en assez de ces « identités »… Il faut la lutte des classes !

Catégories
Société

Tribune: «Le débat sur la place des femmes trans n’a pas lieu d’être»

Une nouvelle tribune a été publiée dans Libération pour défendre l’idéologie transgenre. On retrouve parmi les signataires plusieurs figures issues de la Gauche ou de l’écologie défendant le concept postmoderne disant qu’il suffit à des hommes de se prétendre femme pour être des femmes. Ces gens n’ont honte de rien et défendent même le « droit » pour des enfants à des « transitions » chirurgicales…

Voici la tribune :

« Le débat sur la place des femmes trans n’a pas lieu d’être

Depuis un mois, les attaques contre les femmes trans sous couvert de féminisme se multiplient et trouvent en France un relais médiatique inédit. Nous savons depuis longtemps qu’il existe parmi les féministes une infime minorité hostile aux personnes trans et en particulier aux femmes trans. Leur nombre n’a pas progressé ces dernières années, mais elles ont su se regrouper derrière des idées communes.

Aux Etats-Unis, au Canada et au Royaume-Uni, des groupuscules féministes et des mouvements réactionnaires, d’extrême droite ou chrétiens intégristes, collaborent pour s’opposer aux droits des personnes trans. Leur activité a décuplé à partir de 2016. Aux Etats-Unis, les projets de loi se multiplient dans les Etats conservateurs afin d’interdire aux enfants trans toute forme de transition, allant jusqu’à imposer aux professeurs de dénoncer aux parents les élèves qu’ils pensent transgenres (1). Les enfants trans sont instrumentalisés contre les mères dans les affaires de divorce. Ces groupuscules font front commun avec Donald Trump contre les droits des personnes trans (et au-delà, des LGBTI). Au Canada, la loi C-16 protégeant les personnes trans a été combattue par Meghan Murphy, fondatrice d’un blog anti-trans, et Jordan Peterson, polémiste conservateur masculiniste. Au Royaume-Uni, les attaques se sont cristallisées autour du projet de réforme du Gender Recognition Act, visant à simplifier le changement de sexe à l’état civil. C’est là-bas que le mouvement dit «gender critical» a rencontré le plus de succès, la panique transphobe a été alimentée par le tabloïd Daily Mail avant de s’étendre aux grands médias.

Les militant·e·s anti-trans français·es s’inspirent de ces exemples étrangers dans l’espoir de reproduire ici ce climat délétère tant aux luttes trans qu’aux luttes féministes. «L’idéologie transgenre» décriée par ces militant·e·s anti-trans serait promue par un groupe nébuleux mais influent, inventé de toutes pièces qu’ils nomment «transactivistes». Elle est semblable à la «théorie du genre» du «lobby LGBT» brandie comme épouvantail par l’extrême droite.

Lorsqu’on observe l’évolution de ces mouvements, les interrogations initiales déguisées en «inquiétudes légitimes» laissent rapidement la place à des accusations bien plus violentes, recyclage de clichés homophobes du passé : les femmes trans seraient des «malades mentaux», voire des pervers sexuels ; comme les lesbiennes, elles seraient des prédatrices ; les enfants et jeunes adultes seraient touchés par une contagion transgenre, rappelant l’idée de contagion homosexuelle. Sous couvert de féminisme, c’est une entreprise idéologique confusionniste et complotiste qui répand la division au sein des combats féministes réels.

Les militant·e·s anti-trans définissent les femmes comme des femelles, des êtres avant tout définis par leurs capacités reproductives. Pourtant l’oppression des femmes n’est pas une conséquence logique de la capacité à enfanter : ni les filles prépubères, ni les femmes ménopausées, ni les femmes stériles n’y échappent. La justification biologique de la différence entre hommes et femmes est une conséquence des modes d’exploitation spécifiques à la division sexuée de la société, pas l’inverse.

Les femmes trans sont depuis longtemps objets de fantasmes mais surtout de violences, de discriminations et d’exclusion, de viols et de meurtres parce qu’elles sont trans, mais aussi, parce qu’elles sont des femmes. Jessyca Sarmiento était l’une d’entre elles, dont le féminicide ce 21 février à Paris indiffère une fois de plus. Les discours les représentant comme des menaces favorisent ces violences. Or ce militantisme transphobe nuit à toutes les femmes. Des femmes sont agressées car elles sont trans ou suspectées de l’être. Ce climat de suspicion envers les femmes trans, qu’il s’agirait de détecter, produit un contrôle renforcé des corps des femmes. Nous refusons qu’une femme ait à apporter des preuves de féminité.

Malgré toute l’attention médiatique qu’elles ont su attirer pendant un mois, les militant·e·s anti-trans se plaignent sans cesse d’être silencié·e·s. Des journalistes font trop souvent l’erreur de représenter comme une division significative, traversant les mouvements féministes, les polémiques créées par quelques individus. C’est leur accorder une importance qu’ils n’ont pas. Il n’y a pas, comme on a pu le lire, un débat qui opposerait féministes «matérialistes et universalistes» d’un côté et «inclusives et intersectionnelles» de l’autre.

Nous, femmes, transgenres ou cisgenres, féministes, refusons l’importation de ces débats transphobes en France. Nous refusons cette opposition entre femmes, nous refusons cette division ne servant que le patriarcat et réaffirmons la solidarité féministe. Les luttes des femmes trans rejoignent les luttes féministes, telles la lutte contre le paternalisme médical, l’accès à la PMA et la conservation de gamètes.

Nous sommes toutes des femmes, toutes féministes.

Toutes, nous subissons l’oppression patriarcale, le sexisme, l’exploitation domestique, les violences sexuelles, médicales, conjugales, le harcèlement et les discriminations.

Toutes, nous réaffirmons l’importance de la sororité.

Toutes, nous combattrons ensemble, unies, déterminées.

(1) Section 2, article 3 du projet de loi numéroté 321 présenté à la Chambre des représentants du Kentucky.

Les signataires nommées dans Libération

Acceptess-T
Agathe Ameslant, militante écologiste et féministe
AIDES
Alyx Taounza-Jeminet
Amandine Gay, réalisatrice
Anaïs Bourdet, fondatrice de Paye Ta Shneck
Assemblée féministe Toutes en Grève 31
Aurore Koechlin, militante féministe et doctorante
Cécile Lavergne, Maîtresse de conférences en philosophie à l’université
Christine Poupin, militante féministe et porte-parole du NPA
Clémentine Autain, députée France insoumise
Collectifs Féministes Révolutionnaires de Paris et Nantes
Constance Lefebvre, militante féministe
Daisy Le Merrer, blogueuse
Danièle Obono, députée France insoumise
Daria Marx, autrice et militante feministe
Elsa Faucillon, députée PCF
Esther Benbassa, Sénatrice écologiste de Paris
Eva Sas, Porte parole d’EELV
Fatima Benomar, militante féministe
Fédération LGBTI+, Fédération des Associations & Centres LGBTI+
Fédération trans et intersexes
Giovanna Rincon
Gwen Fauchois, activiste lesbienne et blogueuse
Jill Royer, responsable outils numériques de la France insoumise, militante trans et féministe
Joëlle Sambi Nzeba, coprésidente d’EL*C
Julia Lanoë, Rebeka Warrior
Karine Espineira, Legs, Paris 8
Les collectifs des colleuses féministes de Bordeaux, Lyon, Marseille, Rouen et Toulouse
Les Dévalideuses collectif handi-féministe
Les effronté-es
Ludivine Bantigny, historienne
Manon Aubry, députée européenne France insoumise
Manon Garcia, chercheuse en philosophie
Mathilde Panot, députée France insoumise
Maud-Yeuse Thomas, Observatoire des transidentités
Mirion Malle, autrice de bande dessinée
Ouest-Trans
Outrans
Ovidie, documentariste
Pauline Clochec, universitaire et militante lesbienne
Pénélope Bagieu, autrice de bande dessinée
Planning Familial d’Ille-et-Vilaine
Planning Familial du Calvados
Planning Familial du Rhône
Rachel Garrat-Valcarcel, co-présidente de l’Association des Journalistes LGBTI
Rebecca Amsellem, fondatrice des Glorieuses
Rokhaya Diallo, Journaliste et réalisatrice
Salomé Martini, syndicaliste et féministe
Sandra Laugier, professeure de philosophie à l’université Panthéon Sorbonne
Sandra Regol, Secrétaire nationale adjointe d’EELV
Silvia Casalino, cofondatrice d’EL*C (Conférence Européenne Lesbienne)
SOS Homophobie
Titiou Lecoq, autrice
Tiziri Kandi, syndicaliste CGT hôtellerie
Valérie Rey-Robert, militante et autrice féministe
Wiki Trans
Women’s March Paris

Les collectifs

ACRAN, collectif féministe non-mixte de l’ENS Paris
Alerta Feminista
Alerte Grise, rassemblement d’organisations toulousaines de soirées pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles en milieu festif
association et webzine Deuxième Page
Amicale Radicale des Cafés Trans de Strasbourg, collectif d’autosupport trans
Association Le Castor Magazine
Cachavièhla, collectif d’étudiant·es féministes de l’institut national universitaire Champollion d’Albi
C’est pas mon Genre
CLE Autistes : collectif pour les droits des personnes autistes et la neurodiversité
Chrysalide
Collages Féministes Nantes
Collages_feministe_montpellier
Collectif anti crasse
Collectif Émancipation
Collectif Féministe Paris 6
Collectif Gouines contre nature
Collectif Le SEUM
Collectif Lesbien Lyonnais
Collectifs LGBTI
Commission LGBTI d’EELV
Commission Nationale d’Intervention Féministe du NPA
Couleurs Gaies, association LGBTQI+ de Metz
Droits Des Femmes Rouen
Egal’in, association féministe de l’université Lyon 2
Épicène, association pour la diffusion des connaissances en sciences sociales sur le genre et les sexualités à Caen (14)
Équipe thématique égalité femme-homme de la France insoumise
Équipe thématique LGBTI de la France insoumise
Exit Lyon
Fédération du mouvement jeunes communistes de France
FièrEs
Friction Magazine
Genepi
Générations•s LGBTI+
Gouinement Lundi, émission de radio sur Fréquence Paris Plurielle
Georgette Sand
Gras Politique association féministe contre la grossophobie
Guarichas Cosmikas
Impact, association de prévention des violences liées au genre, d’autodéfense féministe
Iskis – Centre LGBTI+ de Rennes
Jules et Julies
L’Échappée, association pour le financement de projets féministes et collectifs
La BAFFE
La Petite, association basée à Toulouse depuis 2004 pour l’égalité des genres dans le secteur culturel
Le poissson sans bicyclette, café féministe bruxellois
Le ReST
Le STRASS
Les ateliers de l’antémonde, collectif d’autricEs féministes
Les Bavardes, collectif lesbien et féministe à Amiens
Les Flux, une initiative féministe pour la reappropriation des savoir gynécologiques
Les ourses à plumes
Les Trois Points (podcast anarchiste et libertaire)
Malorie Peyrache, référente nationale du comité LGBTI+ de Génération•s
Marseille Féministe
Meufs, Meufs, Meufs, association qui recense et partage les initiatives féministes à travers le monde
Nemesis Feminist Boxe Club (Bruxelles)
Noustoustes38, collectif féministe isérois
Nta Rajel?, collectif féministe décolonial de la diaspora nord-africaine
On est pas des cadeaux!, émission TransPédéGouines et féministe
Ouest-Trans
Pamplemousse, association féministe de Sciences Po Lyon
Parlons Trans (Brest)
Planning familial 69
Planning Familial d’Ille-et-Vilaine
Planning familial du Calvados
Pour une M.E.U.F. (Médecine Engagée Unie et Féministe), association de professionnel·le·s de santé contre le sexisme médical
Quidam•e•s, association étudiante féministe intersectionnel et inclusive basée sur Nancy
Radical cheerleading – Pompom riot
Reboo-T
Réseau Fertilité France
RITA, association Trans & Intersexe
Roseaux, magazine féministe
Sexy SouciS, collectif féministe engagé pour la santé sexuelle
Simonae
Solidaires Etudiant.e.s
Sud Education 14
Syndicat Autogestionnaire de Paris 3 (SAP 3)
T-Time
Timult, revue qui parle de luttes sociales et d’aspirations à changer le monde
Trans Inter Action
Trans Posé•e•s
Transat
Transgrrrrls
Union Nationale Lycéenne
Where we belong, collectif lesbien bruxellois
Women Who do Stuff

Catégories
Société

Coronavirus Covid-19: les supporters turinois n’auraient pas dû être autorisés à Lyon

Alors que la rencontre entre l’Italie et l’Irlande du tournoi des six nations à Dublin a été reporté, le stade lyonnais de Décines-Charpieu quant à lui recevait 3000 supporters de la Juventus de Turin hier soir. Cela a pu être possible car en France le libéralisme est encore trop fort, même après l’expansion éclair du coronavirus Covid-19 en Italie.

On saura dans les prochains jours si le maintien du déplacement des supporters aura été une erreur. Mais parfois dans le doute, quand les conséquences peuvent être dramatiques, on s’abstient. C’est le principe de précaution.

Mais malheureusement le principe de précaution est ici maintenu dans le flou du libéralisme.

Quand on a d’un coté des relativistes et de l’autre des gens qui paniquent, la confusion aggrave la situation. Car remplir un stade avec des personnes à risque, c’est ouvrir les vannes, et laisser dévaliser les pharmacies en ne laissant aucun équipement de protection pour les personnes fragiles. C’est exposer certains de nos concitoyens.

Les mesures collectives permettent justement la diminution de la panique chez certains, car on se dit que cela est géré et qu’on peut suivre le protocole et tout le monde ira bien. Mais il n’y a pas de protocole ni sur les événements publics ni sur les déplacements.

Si on écoute ceux qui disent que le Covid-19 est moins létal que la grippe saisonnière, moins contagieux que le SRAS alors oui on ne fait pas grand-chose et on vit sa vie en s’attendant à ne pas être entravé dans ses activités.

On a pourtant tendance à oublier que, si la grippe tue, c’est bien parce qu’en partie les français refusent massivement la vaccination. Ce mouvement « anti-vaccin » est d’ailleurs né en Belgique contre une possible obligation de vaccination contre la grippe porcine de 2009.

Aujourd’hui, un français sur trois estime qu’il est plus risqué de se faire vacciner que de mourir d’une maladie virale (grippe, rougeole…). Les « antivax » sont comme les gens ne voulant pas de mesures importantes contre le coronavirus, ils ne pensent qu’à eux, n’ont aucun esprit collectif. Si on est en pleine santé, effectivement on a presque rien à craindre, mais il s’agit de penser aux personnes âgées, aux personnes immunodéprimées car greffées ou traitées contre le cancer ou encore les enfants.

Les arguments relativistes ne sont pas l’apanage de quelques individus sceptiques, mais sont aussi diffusés par la presse ou les responsables politiques même s’ils n’ont alors pas la même substance.

Le Monde diffuse ainsi les chiffres montrant que la létalité et la contagiosité du coronavirus sont bas respectivement par rapport au SRAS de 2003 et la varicelle ou la rougeole, donc pas d’inquiétude.

Ce n’est pas prendre en compte une détection difficile car les symptômes se confondent avec la grippe saisonnière ou même une simple angine. Cela peut aussi bien ne pas se déclarer tout en se transmettant. On a donc un risque plus élevé d’avoir des cas contagieux non pris en charge à bon escient, engendrant des cas ne revenant pas de zone à risque et ne pouvant localiser leur transmetteur. Ça a été le cas du patient n°1 en Italie ou de l’instituteur de l’Oise, malheureusement décédé hier.

Le fait qu’il faille être exposé plus d’une heure à moins d’un mètre d’une personne contaminée pour être contaminé à son tour peut donc être contrebalancé par le fait qu’on sait beaucoup moins discerner quelqu’un qui l’a. C’est ainsi que ça s’est répandu en Italie.

Il y a aussi le temps d’incubation dont on pensait qu’il était de 10 jours au début, puis 14, puis peut-être 21 ou 24. En fait les données qu’on a sur le virus sont fluctuantes, on ne doit donc rien considérer comme acquis.

Lorsque le secrétaire d’État aux Transports Jean-Baptiste Djebbari déclare que renforcer les contrôles au frontières «n’aurait pas beaucoup d’intérêt parce que la circulation du virus ne se fait pas selon les frontières administratives», on a aussi la manifestation d’un relativisme de type pragmatique dans une phrase qui n’a aucun sens. Il s’agit de concilier la bonne marche de l’économie avec la santé publique. Un grand écart qui, si la pandémie se confirme, risque d’être intenable.

Deux mesures sont sur toutes les lèvres, celle de procéder à des contrôles sanitaires à la frontière et celle de fermer les frontières communes à l’Italie.

Les deux sont qualifiées d’inefficaces par les autorités, ce qui est incontestablement vrai et justifié par le temps d’incubation pour la première.

Mais les justifications de la seconde sont extrêmement bancales. On se sert même d’études de comportement du virus du sida pour prédire qu’une fermeture de frontière ne servirait à rien. C’est une sorte de blague ? Le virus du sida n’a d’abord rien à voir dans son mode de transmission avec le coronavirus.

Et quand bien même, ce n’est vrai pour ni l’un ni l’autre de dire :

« Pour que cela soit un petit peu efficace, cela nécessiterait une mise en œuvre très compliquée à réaliser parce que les virus n’ont pas de passeport et peuvent passer les frontières. »

Nous devons ces propos à l’épidémiologiste Antoine Flahault, qui semble caractériser ces virus comme voyageant au gré du vent, hors de toute considération scientifique.

Le coronavirus n’est pas un nuage, il se base sur les humains et les humains peuvent être bloqués par un simple barrage routier. Contrôler les gens pour savoir où ils vont, d’où ils viennent ce n’est pas infaisable.

Les surfaces inanimées ne transportant pas le virus plus de 5 jours en moyenne, il serait envisageable de simplement installer des temps de latence dans la livraison des marchandises.

Mais déjà cela dans une société basée sur le flux-tendu, c’est demander beaucoup pour certains, d’autres le mettent déjà en place à l’échelle de leur entreprise. Encore le libre-arbitre…

Voici le réel argument pour ne pas prendre de mesures de frontières : les intérêts économiques s’entrechoquent avec cette idée.

Pour être correct, il aurait fallu supprimer les vols allant et revenant de Chine dès le début de l’épidémie, et faire de même pour chaque pays présentant des nouveaux cas liés aux mondes des affaires, du tourisme notamment. Cela ne permet pas de stopper la crise mais permet un gain de temps, tout est bon à prendre dans la course contre le virus.

Bloqué dans une gestion libérale, forcément que la société va vers le chaos, car chacun va devoir compenser les manquements de l’État par des précautions personnelles, parfois au détriment des autres.

Catégories
Société

L’alcool pour remédier à la misère sociale dans les campagnes?

Jeudi 20 février, Édouard Philippe, en déplacement dans les Vosges a annoncé, pour la deuxième fois (la première étant en septembre 2019 lors de « l’agenda rural »), la mise en place de 10 000 nouvelles licences IV, c’est-à-dire d’autorisation de débit d’alcool dans les villages ayant perdu leur bistrot, afin de lutter contre la morosité dans les campagnes.

C’est glaçant de voir qu’en France cela ne pose pas de problème de dire que la vie sociale va de paire avec l’alcool.

Du point de vue d’un citadin quelconque, qui n’a jamais traîné dans un bar de village (type PMU), évidemment l’idée d’amener un petit bistrot, cela paraît sympa. On se dit que ça peut être un endroit où écouter de la musique, où rencontrer de nouvelles personnes, où trouver l’amour, où exposer de l’art et d’autres choses encore…Bref, un bar à la campagne, ce serait contrer l’ennui et la morosité.

On a là toute l’approche d’une bourgeoisie libérale qui voit la culture rurale dans les bistrots comme elle voit la « lutte des classes » dans le mouvement des gilets jaunes. La campagne ce serait de manière immuable le combo beauf-chasseur-bistrot.

Mais il suffit de ré-écouter « demain c’est trop tard » de MC Circulaire pour comprendre comment la jeunesse populaire des campagnes évite ces bistrots, voir même les fuit comme un résidu folklorique. Dans les années 1990 – 2000, l’arrivée des free party furent un temps l’expression d’un besoin de culture avec le progrès technologique comme outil, pour rompre avec des mentalités qui ne changent pas.

Dans les campagnes et les zones péri-urbaines, l’alcool, et les drogues en général, participent à un long naufrage social, culturel. C’est justement dans les villages, où l’alcool est un faux frère emportant amis et familles dans des accidents de la route, qu’il faut fermer les vannes. Le quotidien est morose c’est ainsi, le bistrot n’y changera rien.

Dans ce genre de bar, pas de concerts, il y a la radio ou les clips à la télé, de toute façon, ça ferme à 20h car il faut ouvrir à l’aube pour ceux qui prennent le premier verre avant le travail. Dans ce genre de bar, pas de rencontre, on connaît déjà tout le monde ! Et puis les femmes n’aiment pas trop y traîner car les hommes y sont pesants. Celles qui y traînent, on leur refait leur réputation.

Le murmure des ragots, c’est aussi ça l’ambiance « bistrot » des campagnes, ça comble le vide. Il n’en faut pas plus pour pousser à s’en aller pour la jeunesse moderne qui veut s’épanouir.

Or, la culture « bistrot » fait partie d’un dispositif de maintien des mentalités conservatrices dans le cœur du pays. En faisant une telle annonce à quelques semaines des élections municipales, Édouard Philippe joue là sa carte de ralliement des esprits les plus rétrogrades et montre par là-même que le libéralisme des villes renforce l’arriération réactionnaire des campagnes. Le retro-pédalage de l’Etat concernant la campagne du mois sans alcool est aussi révélateur.

Ce qui sauverait le village, ce serait des services publics, qu’une association se monte proposant des choses qui changent, un petit festival pendant l’été, un café bibliothèque avec des concerts divers et variés. Ce serait que la jeunesse refuse d’avoir à choisir entre passivité au village ou consommation à la ville, pour mettre en œuvre ce dont elle a besoin.

Il est donc de la responsabilité de la gauche dans les milieux ruraux d’assumer son rôle de vecteur d’élévation culturelle. Car si la question des services publics appartient à l’état, la culture, l’enrichissement moral ne peut venir d’en haut, il est un produit des bases se mettant en mouvement pour changer la vie.

Catégories
Société

Mort d’Élisa Pilarski et de son bébé: toujours pas de résultat des tests ADN, d’ailleurs non réalisés

C’est terrible : alors qu’on attend les résultats des analyses des tests ADN, on apprend désormais qu’ils n’ont en fait pas été réalisés ! Le laboratoire coûterait trop cher, il faudrait voir si un autre n’a pas moins cher à proposer… En réalité, il s’agit de gagner du temps, tout simplement. Pour faire oublier l’affaire par l’opinion publique.

forêt

On a vu se faire débarquer le responsable de la gendarmerie présent à la chasse à courre le jour de la mort d’Élisa Pilarski. Discrètement, mais sûrement. Et maintenant on a cette affaire rocambolesque de tests ADN coûtant trop cher pour les mener. Et on apprend cela trois mois après.

Cela ne tient pas debout une seule seconde. Aucun État riche et puissant comme on l’a en France ne peut prétendre ne pas avoir les moyens de réaliser des tests ADN, alors qu’il y a une question d’ordre public à l’arrière-plan. Il est évident qu’ici, en fin de compte, c’est la chasse à courre qui est protégée.

Une source proche de l’enquête a d’ailleurs diffusé hier en fin de soirée l’information que les tests auraient bien lieu, qu’il s’agit de 200 000 euros pour plus de 350 analyses, que c’est l’argent du contribuable, etc. Les médias se sont empressés de reprendre cette affirmation.

En réalité, pour qui n’est pas naïf, l’annonce de non-réalisation des tests ADN était un ballon d’essai. En plus de repousser encore et toujours les résultats, il est évident que les réactions à l’absence de réalisation des tests ont été évaluées, soupesées, étudiées. La sortie de la « source proche de l’enquête » rassure donc : la pression est bien là et l’État a été obligé de prétendre agir.

En même temps, il est à peu près évident que la vérité aura bien du mal à ressortir. Au lieu d’agir vite pour savoir, l’État cherche à temporiser, à maintenir le flou, le trouble quant à de nombreux aspects de l’affaire, comme le fait qu’une seconde meute de chiens de chasse à courre censée être présente le même jour a littéralement disparu des radars.

Il y a également une vaste campagne de criminalisation de Curtis, le chien d’Élisa Pilarski, un croisé lévrier Whippet et Patterdale terrier âgé de deux ans, soit un chien adolescent, qui a pu être terrorisé par la meute de chiens de chasse, une hypothèse tout à fait sérieuse que les médias, par contre, ne mentionnent pas. Curtis a d’ailleurs été mordu : il n’a pas pu le faire tout seul, pourquoi cela aussi est-il passé à la trappe ?

On l’aura compris, tout cela est trop flou, trop lent, pour ne pas qu’on devine un problème de fond. L’affaire dérange, et si elle dérange c’est qu’elle dérange les classes dominantes, le milieu de la chasse à courre, la chasse à courre elle-même. Cette dernière est un puissant levier de contrôle social de la « France profonde », c’est un véritable dispositif de la Droite pour rendre les masses soumises.

C’est donc quelque chose d’intouchable. La ligne populaire d’Abolissons la Vènerie Aujourd’hui a ébranlé l’édifice et on imagine très bien les forces réactionnaires s’arc-bouter pour protéger à tout prix la chasse à courre. Cette affaire prend, en tout cas, une dimension historique. Sa dimension est tellement grande, son opacité si forte, l’incohérence de l’enquête si profonde, qu’il est évident qu’on est là à un endroit nœud de terribles contradictions.

La pression démocratique doit se maintenir, l’opinion publique ne pas détourner son attention, les gens conscients doivent maintenir une capacité d’informer, se tenir aux aguets pour réfléchir à la manière dont l’État cherche à faire passer cette histoire sous le tapis.

À voir tout cela, on a du mal à croire qu’on est au début du 21e siècle. Et pourtant !