La religion est un véritable angle mort à gauche, depuis bien longtemps. On sait bien que sur le plan des idées, on a affaire à la superstition, et que le contenu religieux reflète à la fois l’espoir et le désarroi.
Pourtant, les religions continuent d’exister et on peut même dire qu’on n’en voit pas le bout ! Même en France, la majorité des gens ne s’imaginent pas que les religions vont disparaître. Pour une minorité de la population, la religion joue même un rôle essentiel dans la vie, au moins symboliquement.
Même sans y croire formellement, on trouve dans la religion de la beauté et de l’esprit, de l’espoir et du réconfort. Ce n’est jamais simple non plus, mais en cherchant bien c’est grosso modo ça quand même. On peut y trouver son compte, en ajoutant de la croyance, de la foi.
C’est pourquoi les dossiers publiés par le site consacré au matérialisme dialectique apportent indéniablement quelque chose pour avancer. Dans La naissance de la religion comme thérapie mentale et dans Du chamanisme au monothéisme, dans Le polythéisme comme animisme cosmique et La naissance du monothéisme, on trouve une hypothèse qui au moins fait réfléchir.
L’idée, somme toute, est relativement simple et elle pointe du doigt la vie quotidienne. Pour dire les choses simplement : l’être humain est un animal, mais un animal social. Il est coincé, car il est naturel, mais il agit contre la Nature. Qui plus est, il se transforme : il a beaucoup changé et il continue de changer depuis qu’il a commencé à employer le feu, des outils, qu’il a mis en place l’agriculture, la domestication des animaux.
L’être humain est ainsi un grand traumatisé, éprouvant une nostalgie terrible. Il veut retourner dans la Nature, mais en même temps par son existence sociale, il la combat.
Toute la tension entre l’être humain « animal » et le rejet de la Nature forme la religion, qui sert alors en fait de stabilisateur, de thérapie mentale. Et les grandes figures religieuses sont des psychonautes, qui viennent calmer le bien et le mal découvert de manière traumatisante par l’animal humain.
La religion est donc, dans cette perspective, une sorte de super-psychiatrie. Comme l’humanité sortie de la Nature passe par des étapes douloureuses – le cannibalisme, les guerres tribales, l’esclavage, le servage, la torture, le meurtre, les viols, etc. – les religions doivent d’autant plus être à la fois fantastiques et fantasmatiques.
C’est, en quelque sorte, une sorte de folie, propre à l’humanité sortie de la Nature. Mais, et c’est là ce qui est à la fois la question et la réponse, en arrivant au « Communisme », l’humanité redevient naturelle, et c’est précisément ça « la fin de l’Histoire » dont parlait Karl Marx.
La Nature remplace la religion, tout comme la religion avait remplacé la Nature. L’être humain garde toutefois les acquis de son propre parcours « spécial ».
Il y a là matière à réfléchir, et les dossiers sont d’un très haut niveau. C’est d’autant plus une récompense pour leur publication que cela n’a attiré l’attention nulle part, semble-t-il. C’est rassurant quand on se veut révolutionnaire que d’échapper à l’intérêt des institutions universitaires et autres parasites, qui sont prompts à inventer des idées au service du maintien de l’ordre bourgeois.
Il faut effectivement une intelligence portant les idées du Socialisme, de démarche encyclopédique, encadrée dans une démarche prolétarienne, dans un esprit de collectivité!