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Marion Maréchal prône une «alliance latine» à Rome

Présente à Rome pour une conférence internationale de néo-conservateurs, Marion Maréchal y a soutenu l’idée d’une « alliance latine ». Cette alliance permettrait, pour elle, une véritable dynamique qu’on doit qualifier de « conservatrice révolutionnaire ».

Marion Maréchal était à Rome en Italie ce mardi 4 février 2020 pour tenir un discours lors d’une conférence internationale sur le « national-conservatisme ». Elle y a parlé en anglais… d’une « alliance latine », ce qui est un paradoxe, mais aussi une manière de marquer sa différence, ou plus exactement sa convergence avec les conférenciers.

Ce thème de « l’alliance latine » (et catholique) avait été celui de Charles Maurras dans les années 1930, qui souhait unir le fascisme italien et son Action française, dans une perspective différente et opposée au national-socialisme allemand. L’Autriche fasciste entièrement aux mains de l’Église catholique, farouchement opposée au nazisme pangermaniste, prônait le même rapprochement, qui a fonctionné un temps.

On est ici dans une perspective plus agraire, plus catholique, plus traditionnelle, plus conventionnelle surtout. On est ici chez Salazar, Dollfuss, Pinochet et bien sûr Franco. Marion Maréchal était justement à Madrid la semaine dernière pour lancer la branche espagnole de son École « science-po » de droite, l’ISSEP. Elle avait expliqué pour l’occasion :

« je suis convaincue que les pays latins, Italie, Espagne et France notamment, ont la clef de l’avenir européen. C’est pourquoi je crois très important de s’attacher à la formation des futures élites de ces pays. »

Il va de soi que c’est tout à fait là satisfaire l’idéologie monarchiste espagnole, ainsi qu’au Vatican. L’idée est simple : la civilisation nécessiterait une révolution conservatrice. Il faut que les plus méritants, les plus porteurs de la stabilité, soient aux commandes :

« Nous sommes le nouvel humanisme de ce siècle. Pourquoi ? Parce que nous connaissons et défendons tous les besoins de l’âme humaine : ordre, liberté, obéissance, responsabilité, hiérarchie, honneur, sécurité. Tous ces besoins essentiels à l’être humain. »

Dans son discours à Rome, elle a présenté cela comme suit le principe de « l’alliance latine » :

« J’imagine une alliance latine entre la France, l’Espagne, l’Italie et le Portugal. Une alliance latine qui marcherait avec le groupe de Visegrad [Pologne, République Tchèque, Hongrie, Slovaquie – NDLR]. Une alliance qui garderait le lien avec la Grande-Bretagne et la Russie ».

On aura compris évidemment ici deux choses : tout d’abord, que Marion Maréchal ne croit pas du tout en la démagogie sociale-nationaliste, mais privilégie un nationalisme culturel et religieux. Ensuite, qu’elle prône très clairement une rupture avec toute la sphère influencée de près ou de loin par l’Allemagne. Cette idée d’alliance vise très clairement à faire contre-poids.

On a la même « peur » française d’une hégémonie allemande que dans les années 1910 et 1930, avec notamment Charles Maurras comme chef de file d’une « alliance latine » pour faire contrepoids. Avec, pareillement, l’idée d’un repli :

« Nous n’avons pas d’autre choix que de reconstruire nos frontières. Il n’y a pas d’autres choix que de protéger notre agriculture en tant que secteur stratégique, pas d’autres choix que de chercher à produire le plus possible sur place. Il n’y a pas d’autre choix que de fonder notre pouvoir non pas sur des chiffres mais sur l’ingéniosité ».

Charles Maurras et l’Action française n’ont jamais prétendu autre chose : il y a un côté autarcique très marqué, une forte volonté de temporiser, de maintenir les fondamentaux car le moment n’est pas encore opportun.

Idéologiquement, la base est la même d’ailleurs, puisqu’on a le refus d’une élite coupée du « pays réel », ainsi que le refus de toute idéologie bien déterminée, au nom du pragmatisme.

« La France est aussi connue comme l’État nation par excellence. Qu’est-ce qui a disparu à l’époque des technocrates et des juges européens qui ignore la volonté du peuple ? »

« Cette grande idée que le conservatisme n’est pas une norme, ce n’est pas une doctrine fixe. C’est avant tout une disposition d’esprit. Le génie de chaque peuple a traduit à sa manière le besoin universel de conservation de la société. »

On est là dans un romantisme national très 19e siècle, ce qui n’est pas mal en soi, bien au contraire… si ce romantisme était authentique et uniquement populaire. Car on se doute que Marion Maréchal a beau parlé de « révolution conservatrice », son objectif réel n’est pas de faire lire Racine, de faire savoir apprécier La Bruyère, de faire sentir les choses comme Du Bellay, de faire penser comme Montaigne, de faire écrire comme Balzac.

> Lire également : Marion Maréchal s’aligne sur l’Action française

Cela sera d’ailleurs le moyen essentiel de dénoncer la « révolution conservatrice » que de la démasquer comme une construction par en haut. Naturellement, seule la Gauche historique peut mener un tel combat, et pas les postmodernes dont la vision du monde est la même que Coca Cola, Google et Louis Vuitton.

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La Gauche et les européennes de 2019 : les déclarations critiques

La Gauche a réagi très différemment aux résultats des élections européennes de 2019. On peut distinguer deux tendances : il y a ceux pour qui la situation est catastrophique et pour qui un travail de fond est à mener d’urgence. Il y a ceux pour qui au contraire la situation est porteuse d’une situation de rupture. Voici la position des premiers.

Le PCF s’est exprimé par l’intermédiaire de Ian Brossat et de Fabien Roussel. Une partie de la déclaration s’adresse aux membres du PCF, appelant à ce qu’ils ne se démobilisent pas. Une autre partie s’adresse à la Gauche en général et tient somme toute le même discours qu’on peut lire sur Agauche.org : l’extrême-droite en tête c’est une catastrophe, la Gauche est à reconstruire entièrement.

Première leçon. L’extrême-droite arrive en tête de ce scrutin. Rappelons-nous, il y a encore 10 ans, la liste du Front National ne dépassait pas les 6% (…).

Deuxième leçon. La gauche a également sa part de responsabilités. Je prends ma part de responsabilité, il ne s’agit pas de se dédouaner. Ce soir, la gauche est affaiblie, tout est à reconstruire.

J’ai l’intime conviction que l’avenir passe par l’humilité, le travail collectif, le respect mutuel, le refus de la tentation hégémonique. Ecoutons-nous, respectons-nous, travaillons ensemble.

Cette gauche, cette gauche que nous devons reconstruire, que nous allons reconstruire, doit placer au coeur de son projet la justice sociale et l’urgence écologique.

Et soyons clairs: cette reconquête des coeurs et des esprits ne sera possible que dans la rupture avec le libéralisme.

Génération-s a le même positionnement : l’extrême-droite est en première place, la Gauche à reconstruire, cela va être un travail de longue haleine.

Nous n’avons jamais ignoré que notre combat prendrait du temps, exigerait de la constance dans les idées et beaucoup de travail sur le terrain. Nous poursuivrons cet engagement, au service de notre projet d’une société du partage, de la reconstruction et de l’unité de la gauche et des écologistes que le résultat de ce scrutin appelle intensément.

Le NPA tient un discours similaire. L’extrême-droite a un succès qui sonne comme un avertissement, il faut se retrousser les manches.

Plus que jamais, l’heure est à la construction des résistances, à travailler à leur convergence. Les votes ne nous protègent pas des injustices sociales, de la casse des services publics, du racisme et de la xénophobie, du réchauffement climatique, nous en avons encore la preuve ce soir.

Sur les lieux de travail et d’étude, sur les ronds-points, nous devons nous organiser, débattre de comment, ensemble, notre camp social peut reprendre la main et remporter des victoires sur nos revendications. Les résultats de ce soir, s’ils sonnent comme un avertissement, ne font pas disparaître les luttes de ces derniers mois qui doivent continuer.

Ces derniers mots sont une allusion aux gilets jaunes, considérés comme grosso modo quelque chose plus positif qu’autre chose. Ce n’est pas le cas du PCF (mlm), qui voit en eux l’expression d’un apolitisme généralisé, voyant en l’extrême-droite l’affirmation justement du rejet total de la politique.

Pour la grande masse des gens, la vie consiste uniquement à sa propre vie, entre famille et emploi, consommation de divertissement et vacances, avec l’écran de télévision, d’ordinateur ou de smartphone comme nœud central permettant de disposer d’une liaison censée être objective avec la réalité (…).

La passivité politique est la règle, et cela jusqu’à l’apolitisme. L’abstentionnisme n’est même plus un mépris, c’est simplement un dédain, et ceux qui se mobilisent consistent surtout en ceux qui justement affirment l’amertume de ne pouvoir satisfaire leur parfaite intégration dans la consommation et le style de vie capitaliste. Les gilets jaunes sont représentatifs de cette partie de la petite-bourgeoisie qui compte bien perpétuer son existence sociale (…).

Les élections européennes de 2019 sont un autre exemple de victoire du dédain et du populisme, avec la grande abstention, le succès de l’extrême-droite, l’apathie générale à ce sujet (…).

Le capitalisme est ébranlé et en même temps se renforce comme jamais en profitant de ses gigantesques vagues successives d’accumulation de capital et de marchandises. Ce n’est pas un paradoxe, c’est une contradiction et cela est propre au développement non harmonieux du capitalisme lui-même.

Cela en est au point où la notion même de société se voit étouffée. Apolitisme et populisme sont, dans les faits, indissociablement liés. Ils sont le produit du 24 heures sur 24 de la vie sous le capitalisme, tout comme de l’effondrement du niveau culturel de la bourgeoisie, qui elle-même se confond toujours plus avec les possibilités de valoriser le capital.

La position du Parti Révolutionnaire Communistes n’est pas très claire. Il s’est présenté aux élections, sans aucun résultat patent. Cependant, il voit cela comme une avancée dans un contexte interprété comme mauvais.

Le Parti Révolutionnaire Communistes remercie les électrices et électeurs qui ont voté pour la seule liste ouvrant une perspective claire : abolir le capital, l’empêcher de nuire, lui enlever tout pouvoir économique et politique pour confier au peuple la gestion de la société pour le progrès social et humain.

Malgré tous les obstacles rencontrés, liés en premier lieu au financement de la campagne électorale, l’impossibilité d’imprimer les bulletins de vote et les circulaires, les directives de quelques préfectures demandant à retirer les bulletins remis aux maires des communes, malgré l’obstruction des médias, des bulletins du Parti Révolutionnaire Communistes ont été utilisés dans plus de 60 départements confirmant ainsi notre ancrage national (…).

La « gauche » et ses nombreuses ramifications sont en échec total, la recomposition politique se poursuit visant à centrer le combat pour le pouvoir politique entre l’équipe dirigeante et l’extrême droite, phénomène déjà observé dans d’autres pays d’Europe.

Cette recomposition politique vise à marginaliser les partis traditionnels, on voit à quel point l’action des « gilets jaunes » a été utilisée pour servir les objectifs politiques des serviteurs du capital (…).

Il n’y a que les luttes pour freiner et stopper le capital, c’est le seul outil dont disposent les travailleurs pour y parvenir. L’amplification, la convergence des luttes qui n’ont pas cessé doit devenir l’objectif urgent et essentiel de la classe ouvrière pour satisfaire les revendications, augmenter les salaires, les pensions et allocations sociales… (…) Il n’y a pas de temps à perdre.

Enfin, le ton est relativement similaire à la France Insoumise (qui n’est habituellement pas considéré comme de gauche par Agauche.org). Citons ici la déclaration de Jean-Luc Mélenchon :

« Ce n’est pas une soirée heureuse que celle-ci. Pour la seconde fois en France, l’extrême-droite gagne l’élection européenne. Ainsi se confirme que la France prend une pente que nous continuerons à combattre par tous les moyens dont nous disposons.

Monsieur Macron semble avoir perdu le match qu’il avait voulu installer de façon si irresponsable. De fait, la victoire de l’extrême-droite, l’effondrement du pouvoir dans le match qu’il avait engagé et le niveau de l’abstention qui reste considérablement élevée montrent que notre pays s’enfonce dans une crise profonde.

Nul n’en aperçoit à cette heure d’issue positive. Cela restera notre responsabilité de tâcher de l’ouvrir. De continuer à tracer le chemin que nous avions d’abord inauguré si vaillamment.

Dans ce contexte, notre résultat est très décevant. Il n’est pas à la hauteur de nos espérances, cela va de soi, et encore moins de nos efforts. Mais je veux saleur Manon Aubry et ses colistières et colistiers qui ont, dans cette bataille, jeté toute leur force de conviction et d’espérance (…).

La pente qui est prise est mauvaise. Il est possible de l’inverser. Mais cela reste impossible si chacun, en conscience, ne prend pas pour lui même ses responsabilités.

C’est l’heure des combats et des caractères. La France en a toujours disposé en abondance. Je forme le vœux qu’elle sache se manifester et se rassembler pour parvenir aux objectifs qu’elle doit se donner : libérer une bonne fois le pays, le système de notre pays, de la pesanteur économique anti-écologique qui pèsent sur lui et des ombres que projette sur son destin l’extrême-droite.

Vive la République, vive la France.»

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La Gauche et les européennes de 2019 : les déclarations optimistes

Il y a une partie de la Gauche qui considère que la situation est finalement bonne, que les gilets jaunes notamment ont exprimé une forme de révolte qui correspondrait au climat général. Partant de là, il n’y aurait qu’à pousser pour que cela marche. Les élections européennes sont vues comme un échec pour tout le monde, sauf pour eux.

On notera qu’au-delà des déclarations suivantes, la majorité de ce qu’on appelle l’ultra-gauche n’a même pas fait de communiqué à la suite des élections. Il y a eu des appels au boycott avant celle-ci, mais rien à la suite de celle-ci. Ce n’est pas considéré comme une actualité. On notera au passage que dans un autre genre, le Parti socialiste n’a lui non plus pas fait de déclaration !

De tous les communiqués qu’on peut qualifier de relativement triomphalistes à la suite des élections européennes de 2019, le plus marquant est indubitablement celui de Lutte Ouvrière. Il est d’une brutalité extrême, qui tranche étrangement totalement avec la posture précédente, caractérisée par une regard très critique quant aux gilets jaunes et à la capacité de lutte des ouvriers.

Puisant dans ses racines historiquement « gauchistes », Lutte Ouvrière se réjouit ouvertement de l’effondrement de la Gauche, qui pour elle permet l’ouverture d’un espace:

Au moment où la démocratie bourgeoise est minée par la faillite du capitalisme, par la crise économique, par la menace de guerres et de catastrophes écologiques, d’aucuns ont pour ambition de reconstruire la gauche.

La gauche, tant qu’elle avait un certain crédit parmi les travailleurs, a été un moyen d’enchainer le mouvement ouvrier au système institutionnel de la bourgeoisie. Cet instrument s’est brisé en remplissant cette tâche, et tous ceux qui veulent le réparer trompent les travailleurs alors que la société est poussée vers le précipice (…).

Les résultats de Lutte Ouvrière, pour modestes qu’ils soient, confirment la présence d’un courant politique qui maintient la tradition révolutionnaire du mouvement ouvrier, l’internationalisme face à la montée des nationalismes, le drapeau rouge face au drapeau tricolore de la bourgeoisie

Du côté du PRCF, la principale structure issue de la « gauche du PCF » des années 1990, le ton est assez triomphaliste également. Il est considéré que tout le monde échoue, que l’abstention témoignerait d’un rejet et qu’il y a ainsi la place pour l’alternative : le « FREXIT progressiste ».

La vie du pays ne dépend pas (seulement) des élections mais dans le contexte actuel dans les luttes populaires convergentes dont les GJ jaunes ont donné l’exemple avec le soutien de 75 % de la population, permettant au peuple de se constituer en sujet historique collectif et pas en individus isolées dans… l’isoloir… L’euro-politique antisociale et antidémocratique va se poursuivre, les résistances aussi, à nous de construire un front de luttes en le portant par la perspective du frexit progressistes…

Plus que jamais, une seule solution s’impose : FREXIT PROGRESSISTE !

Fier d’avoir porté la voix majoritaire des travailleurs de France, celle de l’abstention citoyenne, honteusement censurée par tous les médias et d’avoir mené campagne grâce à la mobilisation entière et enthousiaste de toutes et tous ses militants, le PRCF continuera de porter les idées et les propositions communistes dans un esprit d’ouverture, mais aussi de fermeté idéologique, face aux terrifiantes euro-illusions portées par les ennemis de classe. Plus que jamais, une seule solution s’impose : FREXIT PROGRESSISTE !

Le PRCF a également souligné l’importance qu’il y a selon lui du fait qu’Emmanuel Macron a mis en place un « duel » entre lui et Marine Le Pen, qu’il s’agirait d’un piège. C’est là-dessus que s’exprime surtout le PCOF, qui dit que l’extrême-droite est très loin d’avoir l’hégémonie dans les masses populaires.

La Gauche républicaine et socialiste s’est contenté d’un simple tweet :

La @Gauche_RS prend acte de la sanction infligée à la gauche. Nous félicitons notre animateur national @emmanuelmaurel pour sa réélection, aux côtés de @ManonAubryFr. Parlementaire de combat et de gauche, son action aura pour horizon la rupture avec le néolibéralisme de l’UE !

Le Courant communiste révolutionnaire du NPA  voit en les élections un simple aléa dans un vaste parcours historique de lutte.

Ce n’est donc qu’en apparence que cette dernière semaine et la séquence post-élections auront permis d’effacer les Gilets jaunes du paysage médiatique et politique. Les 7 mois de contestation historique qu’a connu le pays ne risquent pas de disparaître comme ça, et pourraient au contraire annoncer de nouveaux épisodes de luttes de classe qui n’en ont pas fini de mettre des bâtons dans les roues des projets du gouvernement et du patronat.

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Le « départ » de Benoît Hamon

Benoît Hamon filait un mauvais coton avant les élections. Ses propos négatifs étaient nombreux. Dépassant 3 %, Génération-s est remboursé de ses investissement pour les élections et est sauvé de ce point de vue-là. Lui préfère prendre un peu de champ, tout en soutenant le mouvement.

Benoît Hamon a multiplié les signaux négatifs juste avant les élections, reflétant ses inquiétudes. Une semaine avant le vote, il déclarait en « off » à des journalistes la chose suivante :

« C’est fou, on est à une semaine de l’élection, et j’ai l’impression d’apprendre aux gens que je suis candidat, ça me laisse pantois. »

Peu après, sur France 2, il expliquait :

« Je tirerai les leçons d’un deuxième échec majeur au suffrage universel et les idées que je porte, naturellement, elles disparaîtront et de la reconstruction de la gauche et du paysage politique (…).

Je veux le dire aux électeurs et notamment aux indécis : si je ne passe pas les 5%, les idées que j’ai défendues, le revenu universel, la taxe sur les robots, la transition écologique telle que je l’ai défendue avec la justice sociale, ces idées s’évanouiront aussi. »

Il a hier soir annoncé sa décision à la suite de l’échec de Génération-s à atteindre 5 %: il se met en retrait. Voici son message à Génération-s.

« Chères amies, chers amis,

Ces élections européennes nous ont déçu par leur résultat mais nous avons fait une incroyable campagne, à moyens financiers minuscules, mais à énergie humaine (et propre) incroyable.

C’est une des campagnes dont je suis le plus fier. Partout vous avez déployé engagement et arguments pour convaincre. J’ai eu écho des mille initiatives prises sur le terrain, des nuits de collage, des petits matins de tractage dans les gares, des après midi de porte-à-porte. Ce sont des jours heureux dans nos mémoires. Nos idées grandissent, c’est l’essentiel.

Maintenant s’ouvre une nouvelle étape pour la gauche qui doit se reconstruire et se rassembler, d’une part, et pour notre mouvement qui prépare déjà les prochaines élections municipales, d’autre part.

D’ici là, nous aurons l’occasion de débattre, de faire le bilan de notre jeune existence et de cette première épreuve du feu et de décider comment nous inscrire dans l’avenir de la gauche : construction d’un lobby citoyen ; participation à la réalisation d’une maison commune de la gauche et de l’écologie… Le collectif national prendra des initiatives bientôt.

Je participerai à cette nouvelle étape, fidèlement à vous et à notre projet. J’ai cependant besoin de prendre du recul, de m’éloigner des médias notamment. Cela fait presque trois ans et le lancement de la primaire de la gauche, que je bats campagne sans interruption. J’ai besoin de retrouver un peu mon souffle, de penser, lire, croiser de nouveau regards. Génération·s est le mouvement de l’intelligence collective. Soyez sûrs qu’elle nous portera loin.

On ne se quitte donc pas.

Merci.

A bientôt.

Benoît Hamon »

Cela est fort dommage, car Benoît Hamon est une figure connue de la Gauche. Cela sonne comme une capitulation, même si cela en est pas une. Ce n’est dans tous les cas pas dignes de la politique. Vus les défis attendus, il faut des gens connus, avec de l’expérience, ayant fait preuve de leur engagement. On ne se met pas de côté au moment où les batailles terribles s’annoncent.

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Résultats des Européennes de 2019 : tout reste à faire à Gauche

La Gauche a politiquement disparu : tel est l’enseignement des élections européennes. Il aurait fallu l’unité pour rassembler les forces vives et permettre de relancer quelque chose. Désormais, la défaite est une combinaison d’échec culturel et de déroute politique.

Selon la manière avec laquelle on prend les choses, on peut voir le verre à moitié vide ou à moitié plein. Mais cela implique qu’on voit soit le verre en train de se vider, soit en train de se remplir. Les listes de Gauche au sens le plus large possible, si on les combine, donnent un chiffre relativement important. LFI et la liste autour de Raphaël Glucksmann font chacun autour de 6 %, Génération-s autour de 3 %, le PCF moins de 3 %, Lutte Ouvrière moins de 1 %, et si l’on ajoute EELV avec autour de 12-13 %, on a alors quelque chose qui tourne autour de 30 %.

Seulement voilà, il s’agit de 30 % des électeurs, et la moitié des Français n’est pas allée voter. De plus, EELV a largué les amarres avec la Gauche pour devenir « ministérialiste » et La France Insoumise l’a fait pour prôner le populisme. Et La France Insoumise est même en chute libre : on est passé de 19,58 % de Jean-Luc Mélenchon au premier tout des présidentielles à 11,03 % aux législatives en 2017, à désormais presque moitié moins.

À cela s’ajoute que la liste de Raphaël Glucksmann était composée du Parti socialiste, de Nouvelle Donne, du Parti Radical de Gauche et de Place publique. Pour au moins la moitié de ces structures, voire plus même en réalité, on a un courant de centre-gauche. Et du côté de la Gauche assumée, ni le PCF, ni Génération-s, ni Lutte Ouvrière n’auront des députés européens. Politiquement, cela reste fondamentalement marginal.

Après les résultats, Raphaël Glucksmann a affirmé la chose suivante :

« La gauche éparpillée et morcelée n’arrive pas à s’imposer comme une alternative crédible. »

Ce n’est pas vrai. C’est l’inverse qui est vrai. Le morcellement, l’éparpillement, sont la conséquence de l’incapacité à se poser comme alternative crédible. Ce n’est pas en regroupant des structures en perdition, sans contenu ni culturel ni politique et encore moins idéologique, sans base de masses, qu’on peut parvenir à quelque chose. La seule démarche possible est de refaire une Gauche de masse d’un côté et de relancer de l’autre le débat d’idées, l’enseignement des points de vue fondamentaux de la Gauche.

Mais ces points de vue existent-ils ? Ici on doit voir le fond du problème. Car la gauche est devenue une « sensibilité », plus qu’une catégorie politique. On ne se définit plus comme à Gauche, mais comme de gauche, et cela ne veut plus rien dire. Quand on voit qu’il est considéré comme de gauche de légaliser le cannabis, on voit le degré de déchéance d’une culture politique tombée dans le soutien entier au libéralisme culturel. Quand on voit que le terme ouvrier est inexistant à Gauche, on a de toutes façons tout compris.

C’est pour cela qu’on ne peut être que perplexe quant au communiqué de Génération-s :

« Génération.s prendra part à la reconstruction de la gauche et de l’écologie à partir des initiatives des mouvements politiques, sociaux et citoyens qui veulent réinventer le projet de la gauche et l’unir. »

Il n’est pas possible de mettre sur le même plan les mouvements politiques, les mouvements sociaux et les mouvements citoyens. Ce qui compte, ce sont uniquement les mouvements politiques : il faut le primat de la politique. Finie la course populiste derrière des mouvements sociaux aux natures indéfinies, finie la soumission aux classes moyennes éduquées de type bobo.

Tout reste donc à faire : il faut que la Gauche politique redevienne de masse et se positionne par rapport à des fondamentaux. Et ces fondamentaux, ce sont ceux du mouvement ouvrier. C’est un travail énorme qui est à mener. Et qui pense qu’on peut contourner cela au moyen de coalitions électorales n’entend former qu’une coquille vide.

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Tribune : « L’Europe a besoin des socialistes »

Voici une tribune d’Alain Bergounioux, président de l’Office universitaire de recherche socialiste et d’Henri Weber, ancien sénateur et député européen, expert associé à la Fondation Jean-Jaurès, initialement publiée par Libération.

Ils appellent à une alliance large à Gauche derrière le courant majoritaire, que l’on peut qualifier de centriste et qui est incarné au parlement européen par le groupe S&D du Parti des socialistes européens (PSE).

Le PSE regroupe les grands partis de la Gauche européenne, le PS français, le SPD allemand, le SPÖ autrichien, le Labour britannique, le PSOE espagnol, le PD italien ou encore le Partij van de Arbeid néerlandais.

Une partie de la Gauche de plus en plus importante récuse le rôle et l’action du PSE qui a voté en 2017 à 90 % la même chose que la Droite (PPE) lors votes finaux, selon une étude de la fondation Robert Schumann.

Il faut néanmoins, pour être tout à fait honnête, interpréter cette de donnée dans le cadre particulier du Parlement européen, qui fonctionne par des compromis négociés longuement, y compris à l’intérieur même des groupes.

Notons pour finir qu’il est question dans cette tribune de s’opposer à l’ordo-libéralisme, à quoi est opposé traditionnellement le keynésianisme, et non pas le Socialisme. Le Socialisme s’oppose par définition au mode de production capitaliste, dont l’ordo-libéralisme et le keynésianisme sont deux aspects.

« L’Europe a besoin des socialistes

Le 26 mai, il faut conforter le Parti des socialistes européens (PSE) et son groupe parlementaire à Strasbourg, «l’Alliance des démocrates et des socialistes». Implanté de longue date dans les 28 Etats de l’Union, (la Grande-Bretagne est encore des nôtres !); fort aujourd’hui de 188 députés, le PSE est la seule force politique au Parlement européen capable de promouvoir une coalition progressiste rassemblant les sociaux-démocrates, les écologistes, et les centristes.

Une telle coalition est nécessaire et urgente, face à la montée des nationalismes d’extrême droite et des partis europhobes, crédités de 25% des sièges, dont l’objectif proclamé est la destruction de l’UE. Elle est indispensable aussi pour réorienter la construction européenne dans le sens d’une Europe plus écologique, plus sociale, plus solidaire, plus volontaire. Jamais les risques d’enlisement et de désagrégation nationaliste qui menacent l’Europe n’ont été aussi grands. Mais jamais non plus les chances de tourner le dos à l’ordo-libéralisme longtemps dominant et d’engager la transition écologique et la révolution numérique en Europe n’ont été aussi fortes.

La prise de conscience de l’urgence écologique dans la grande opinion a beaucoup progressé depuis cinq ans. Elle joue en faveur d’un «Green New Deal», une nouvelle donne écologique, en deux volets : le renforcement qualitatif des normes et règles en défense de l’environnement et de la qualité de la vie. C’est le volet défensif, auquel s’ajoute un volet offensif : la mise en œuvre de politiques industrielles volontaristes et ambitieuses en vue de réaliser les objectifs de la COP 21, la reconversion thermique des bâtiments, le développement des «mobilités propres» et des énergies renouvelables, la généralisation d’une «agriculture raisonnée»…

Cette transition écologique que chacun appelle désormais formellement de ses vœux, ne peut être le fruit du libre jeu des forces du marché, toute l’histoire du capitalisme l’atteste. Elle appelle au contraire une forte impulsion de la puissance publique, à tous ses niveaux : local, régional, national, européen et mondial, le niveau continental s’imposant toutefois de plus en plus comme l’espace stratégique. Ce retour nécessaire de la puissance publique s’affirme à un moment où les dogmes du néo-libéralisme économique, triomphants au début du siècle, ont beaucoup perdu de leur crédibilité, en raison des résultats des politiques qu’ils ont inspirés. Peu nombreux sont ceux qui croient encore dans les vertus autorégulatrices des marchés. L’idée que le monde souffre, non pas d’un excès, mais d’une carence d’organisation, de régulation, de planification, d’intervention des acteurs publics, s’est peu à peu imposée, après la crise de 2008. Elle a pris tout d’abord la forme régressive d’une montée des protectionnismes nationalistes. Mais elle peut prendre aussi, celle, progressiste, de politiques publiques coopératives et socialement inclusives, comme on dit à Bruxelles, préconisées par la social-démocratie au niveau de l’UE et de chacun de ses Etats membres.

Malgré ses déboires dans certains pays, la famille socialiste restera la principale force progressiste au Parlement européen et au Conseil des chefs d’Etat et de gouvernement dans la prochaine législature (2019-2024). La seule force capable de fédérer la gauche, les écologistes et le Centre-gauche pour mettre en échec les offensives désagrégatrices des partis europhobes et de réorienter l’Europe. C’est pourquoi nous appelons à voter pour la liste «Envie d’Europe», emmenée par Raphaël Glucksmann. Le 26 mai, il s’agit d’élire le Parlement européen, non de censurer ou de plébisciter le Président de la République française. »

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Le témoignage d’Édouard Martin, député de gauche au Parlement européen

L’ancien ouvrier Édouard Martin est une figure connue et appréciée à Gauche pour le combat médiatique qu’il a mené contre la fermeture des derniers hauts-fourneaux d’ArcelorMittal à Florange il y a 10 ans. Dans un petit reportage réalisé par France bleue Moselle, il témoigne de son activité d’eurodéputé, d’abord sous les couleurs du Parti socialiste puis du mouvement Génération-s.

Édouard Martin semble satisfait de l’expérience qu’il a pu avoir au Parlement européen. Conformément au discours des autres eurodéputés du mouvement Génération-s de Benoît Hamon, il explique que son mandat a été utile, avec des avancées concrètes.

Malgré toute la sympathie que l’on peut avoir pour lui, il peine à convaincre de cela, en avançant un bien maigre bilan. Le « dossier » qu’il cite en priorité est le combat pour que la Commission européenne « ne reconnaisse pas le statut d’économie de marché à la Chine »… Cela paraît bien étrange comme préoccupation et laisse quelque peu perplexe.

L’autre exemple qu’il donne est l’obligation de transparence sur l’origine des minerais issus des mines de cobalt en République démocratique du Congo. S’il s’agit à n’en point douter d’un combat démocratique important, on a du mal à savoir quelle plus-value ont pu apporter les parlementaires européens sur la question par rapport au travail d’associations environnementales. Comme l’admet l’ancien métallo, les États ne respectent pas cette obligation. On se demande alors l’intérêt de ces journées harassantes qu’il décrit.

Car il ne faut pas se raconter de bêtise : quoi que l’on pense du fédéralisme européen comme projet, on ne doit pas nier que l’Union européenne telle qu’elle est n’est pas une structure démocratique. Les parlementaires, minés par les divisions nationales et travaillés au corps par les lobbyistes, n’ont qu’un faible rôle s’il n’accompagne pas le point de vue des États membres.

Ils n’ont que peu de poids pour les obliger à respecter les choses qu’ils voteraient et ils n’ont d’ailleurs pas le droit d’initier eux-même des directives (qui sont ensuite retranscrites dans les lois nationales). Le Parlement n’a même pas le droit de se prononcer sur des sujets aussi importants que l’adhésion de nouveaux États ou le droit à la concurrence. Ce dernier point relève pourtant de la nature même de l’Union européenne, qui est depuis l’origine une communauté économique destinée à organiser un grand marché européen, sous l’égide du moteur franco-allemand.

On peut avoir beaucoup de sympathie pour les « 180 000 km parcouru en 5 ans » par Édouard Martin pour aller à la rencontre de la population, on ne pourra pas s’empêcher de penser cependant que tout cette énergie aurait pu être utile pour autre chose.

Si l’on peut considérer qu’il est important pour la Gauche d’avoir un score important aux Européennes pour peser politiquement, il ne faut pas pour autant prétendre des choses qui ne sont pas vraies.

On peut très bien voter pour la liste présenter par le mouvement Génération-s de Benoît Hamon par sympathie pour ses membre et soutien du programme qu’il propose avec d’autres organisations européennes. Il ne faut pas s’imaginer par contre que ces eurodéputés pourraient faire appliquer ce programme d’une quelconque manière.

Ce n’est pas au Parlement européen que la Gauche va changer la vie. C’est pourtant là son rôle, le cœur même du combat de la Gauche.

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Les clips de campagnes de la Gauche et de l’écologie pour les élections européennes

Voici les clips de campagne des listes de la Gauche ou se définissant de l’écologie pour les élections européennes de ce dimanche 26 mai 2019 :

 

  • La liste POUR L’EUROPE DES GENS CONTRE L’EUROPE DE L’ARGENT conduite par Ian Brossat (PCF)

  • La LISTE CITOYENNE DU PRINTEMPS EUROPEEN AVEC BENOÎT HAMON SOUTENUE PAR GÉNÉRATION.S ET DÈME-DIEM 25 conduite par Benoît Hamon (Génération-s)

  • La liste ENVIE D’EUROPE ÉCOLOGIQUE ET SOCIALE, conduite par Raphaël Glucksmann (Parti socialiste – Place publique)

  • La liste LUTTE OUVRIERE – CONTRE LE GRAND CAPITAL, LE CAMP DES TRAVAILLEURS conduite par Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière)

 

  • La liste EUROPE ÉCOLOGIE conduite par Yannick Jadot (EELV)

  • La liste URGENCE ÉCOLOGIE conduite par Dominique Bourg (Génération Ecologie, le Mouvement Ecologiste Indépendant et le Mouvement des progressistes)

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Les têtes de liste aux Européennes présentes contre le méga-centre commercial EuropaCity en région parisienne

Ce week-end avait lieu une mobilisation de 24 heures contre le projet de méga-centre commercial EuropaCity à Gonesse, en région parisienne. Un millier de personnes étaient mobilisées et plusieurs personnalités politiques de la Gauche ou se revendiquant de l’écologie s’y sont rendues, alors que le projet est soutenu par le maire PS de la ville.

Le groupe Auchan, détenu par la grande-bourgeoise famille Mulliez, envisage depuis plusieurs années un immense centre-commercial de 240 000 m² à Gonesse dans le Val-d’Oise. Peu importe que les terres sur lesquels il doit être construit soient des plus fertiles, à 15 km de Paris : rien ne devrait entraver la marche du capitalisme triomphant, écoulant toujours plus de marchandises.

Le Collectif pour le triangle de Gonesse (CPTG) qui organisait la mobilisation s’oppose à toute une zone d’aménagement autour de ce projet qui détruirait « 300 hectares, dont 80 hectares pour le méga-centre commercial EuropaCity : 500 boutiques,2.700 chambres d’hôtel, un aquapark, une piste de ski artificielle… »

Ce n’est pas tout puisque « la société du GrandParis, une structure sous tutelle étatique, a annoncé son intention d’engager dès novembre 2019 la construction d’une gare au milieu du Triangle, qui formerait un décroché de 6 km sur la future ligne 17-Nord. Les premiers habitants seraient à 1,7 kilomètres. »

Le projet a déjà été bloqué par voie administrative, mais l’État et la mairie de Gonesse font appel de ces décisions. Le maire de la ville, Jean-Pierre Blazy, est au Parti socialiste, qui soutient donc ce projet écocidaire du groupe Auchan.

Tel n’est pas le cas d’autre personnalités politiques, liée à la Gauche et l’écologie, qui se sont rendue sur place pour apporter leur soutien à l’opposition.

Benoît Hamon de Génération-s s’est rendu sur place et a expliqué sur Twitter :

« A #Europacity se joue une bataille cruciale. Il faut abandonner ces projets qui défugurent nos territoires et abîment la biodiversité. La reconnaissance du crime d’écocide et celle des biens communs de l’humanité (air eau, forets, et…) sont aussi l’enjeu du scrutin du #26mai »

Ian Brossat a de son côté écrit, conformément au discours habituel du PCF :

« Au Triangle de Gonesse, pour dire non à #EuropaCity. Dire que la famille Mulliez, à l’origine de ce projet, ose expliquer qu’elle rend service à l’économie de la région. Qu’elle commence par payer ses impôts en France… »

Il a aussi affirmé à la tribune sur place qu’il faut « en finir avec l’artificialisation des terres » en parlant de Karl Marx qui aurait dit que « le capitalisme s’attaque avec la même férocité à l’homme et à la nature » (la citation n’est toutefois pas connue ; on imagine qu’il s’agit d’une référence malhabile à un passage du Capital où il est expliqué que la production capitaliste épuise en même temps la terre et le travailleur).

Yanick Jadot chef de file de la liste Europe écologie était sur place et a écrit :

« Les écologistes combattent le projet #Europacity Nous voulons que cesse l’urbanisation commerciale qui grignote les terres agricoles et encourage à toujours plus de déplacements tout en détruisant le commerce le proximité #VotezEuropeEcologie http://pourleclimat.eu »

Delphine Batho, tête de la liste Urgence écologie, était également sur place pour s’opposer au projet et expliquer que :

« L’État bafoue les décisions de justice obtenues par les opposants à ce projet destructeur ».

Notons également que Thomas Porcher, qui avait quitté le mouvement Place publique de Raphaël Glucksmann en mars dernier, a rappelé à la tribune de manière très politique que des élus du PS sont alliés au parti d’Emmanuel Marcon et à la Droite pour soutenir ce genre de projets.

Il a également écrit :

« Au triangle de #Gonesse avec les collectifs citoyens opposés au projet #Europacity. La cohérence dans l’engagement écologique, c’est d’être toujours de leur côté et de ne jamais s’allier avec ceux qui soutiennent ces projets inutiles (à savoir pour #EuropaCity l’arc PS-LREM-LR). »

Le Parti socialiste avait également unilatéralement soutenu le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, avec les élus locaux refusant toutes considérations écologistes au profit de l’argument économique, du développement et des emplois. Le maire de Gonesse Jean-Pierre Blazy s’est défendu avec de genre d’arguments, dans une longue lettre adressée directement aux personnalités intervenant durant le week-end de mobilisation.

Il y explique que lui aussi serait opposé au projet si la « caricature » faite par les opposants était vraie, mais qu’il reste en fait beaucoup de terres agricoles en Île-de-France et qu’EuropaCity n’est pas problématique pour l’environnement.

Il faudrait ce grand projet « structurant » pour améliorer la vie des habitants, dans une sorte de chantage à la banlieue contre les préoccupations écologistes qui seraient une lubie de bobos. On a même le droit à l’argument incroyable disant qu’il ne s’agirait « pas d’un centre commercial », mais d’un « pôle dédié aux loisirs et à la culture », qui « aménera de l’esthétisme en banlieue », sans compter que les bâtiments seraient bien-sûr « Haute qualité environnementale »… Monsieur Blazy explique donc aux intervenants qu’ils se « trompent de combat » ; il faudrait croire à sa fable disant que la famille Mulliez investit 3 milliards d’euros pour un projet socialiste et écologiste, pour les banlieusards…

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L’Union européenne est-elle l’un des plus grands espaces de démocratie, comme le disent les jeunes socialistes ?

Le Mouvement des jeunes socialistes a relayé et signé une tribune appelant la jeunesse à voter pour les élections européennes, parce que l’Union européenne serait l’un des plus grands espaces de démocratie. Qu’en est-il réellement ?

Deux associations destinées à la jeunesse, mais organisées par des adultes, ont commandé un sondage qui confirme ce que tout le monde sait. Les jeunes se désintéressent des élections et la plupart d’entre eux n’envisagent pas de se rendre aux urnes le dimanche 26 mai 2019.

L’enquête d’opinion réalisée par l’IFOP pour l’Anacej et les Jeunes Européens – France estime que seuls 23 % des jeunes de 18 à 25 ans pensent aller voter. Cela serait un record.

Le Mouvement des jeunes socialistes (MJS) s’en est désolé et a signé la tribune publiée par ces deux associations pro-européennes (que nous reproduisons à la fin de l’article), afin d’appeler au vote.

Dans une publication Facebook, le MJS a partagé cette tribune en expliquant :

« L’Union Européenne est l’un des plus grands espaces de démocratie. Pourtant une part de sa population s’abstiendra en trop grand nombre : la jeunesse.

Si son doute est compréhensible, nous ne nous résignons pas à cette abstention qui consiste à laisser aux autres le choix de faire changer les choses.

Même dans des formes différentes, la jeunesse s’engage ; le 26 mai elle doit voter. »

Ce message est très problématique. On peut très bien déplorer le fait que la jeunesse ne s’intéresse pas aux élections et penser que l’abstention n’est pas une solution. C’est d’ailleurs l’une des grandes bataille de la Gauche que de politiser la jeunesse, au contraire de la Droite dont l’essence est de confisquer la politique au profit de notables.

Cependant, il faut savoir de quoi l’on parle, et ne pas lancer de grands phrases abstraitement, sans se soucier de la réalité. Appeler au vote pour défendre des idées, c’est une chose, et c’est le rôle de la Gauche ; c’est en tous cas le choix qu’elle a quasiment toujours fait historiquement. Cela n’a toutefois rien à voir avec le fait de défendre le vote pour le vote, en faisant la promotion des institutions elles-mêmes.

N’est-il pas problématique d’ailleurs de la part de Julien Lesince, le « responsable des relations avec les partenaires aux Jeunes Socialistes », de signer cette tribune aux côtés du délégué général des Jeunes avec Macron ?

Cela ne revient-il pas à vouloir dépolitiser la jeunesse, en faisant comme si tout se valait, comme si la Droite et la Gauche étaient deux options tout autant acceptables, relavant d’une sensibilité personnelle ? C’est d’ailleurs le discours des populistes que de dire que la Gauche et la Droite se valent et on connaît les ravages que font de tels propos.

Le point de vue de la Gauche, c’est au contraire de considérer que cette société ne fonctionne pas comme elle le devrait, qu’il faut la changer en profondeur. Les modalités du changement différent suivant les courants de la Gauche, mais l’idée est toujours de proposer un accès égalitaire et massif aux richesses par un fonctionnement démocratique général.

La Droite ou les libéraux-centristes tels Emmanuel Macron disent l’inverse. Ils pensent que cela est très bien qu’il y ait des riches et des pauvres, que ce sont des personnes riches et bien établies qui doivent diriger, etc.

D’ailleurs, n’a-t-on pas appris récemment qu’Emmanuel Macron a largement fait financer sa campagne présidentielle par des personnes riches, contournant toute pratique démocratique réelle pour se faire élire avec de grands moyens ?

Quel sens cela a-t-il alors pour la Gauche, de surcroît pour la jeunesse de gauche, d’appeler les jeunes au vote pour le vote, aux côtés d’un soutien d’Emmanuel Macron ? Cela revient à soutenir le fonctionnement des institutions, précisément ce que rejette la jeunesse, à juste titre. C’est une grande erreur.

Et c’est là qu’on en vient à la question de l’Union européenne. Est-ce un des plus grands espaces démocratiques, comme le disent les jeunes socialistes ? Est-ce même un espace démocratique ? On pourra toujours discuter des nuances, mais il est indéniable que l’Union européenne n’est pas une instance démocratique. N’importe quel constitutionnaliste sérieux le reconnaît sans problème – elle n’a d’ailleurs pas de Constitution.

Son Parlement n’est pas un réel parlement. Il n’a qu’une valeur de témoignage quand il s’oppose et n’est efficace que quand il va dans le sens du Conseil et de la Commission. Autrement dit, ce sont les gouvernements nationaux qui font l’« Europe », avec principalement le moteur franco-allemand qui la dirige.

L’Union européenne n’est pas pour autant cette sorte de « dictature » que décrivent les populistes et les nationalistes, évidemment. Elle n’est que la déclinaison des gouvernements nationaux et des rapports de force politiques en son sein ; ses institutions n’ont d’ailleurs bien souvent pas d’autre choix que de passer outre leurs propres règles ou les traités – rien n’empêche par exemple la France qui ces dernières années ne respectaient pas la règle des 3 % de déficit ou ne respecte pas un certain nombre de réglementations environnementales.

L’important est donc la politique, en tant que rapport de force général dans la société et rapports de forces particuliers s’exprimant dans des situations particulières.

De ce point de vue, on aurait tort de penser que la jeunesse ne s’intéresse pas à la politique. Il n’y a qu’à voir ce qui se passe dans les collèges par exemple, où les jeunes sont très organisés et très malins pour s’opposer aux professeurs et aux règles qui les agacent, presque tout le temps à juste titre d’ailleurs. Si ce n’est pas de la politique, ça !

Le MJS en a certainement conscience ceci-dit, quand il écrit que « même dans des formes différentes, la jeunesse s’engage ». Par contre, il se trompe en disant que la jeunesse a forcément tort de ne pas voter.

Il est faux de prétendre ici que l’abstention aux élections européennes « consiste à laisser aux autres le choix de faire changer les choses. » Les députés européens ne changeront rien eux-mêmes, en tant que députés européens. Ils ne pourront qu’aller dans le sens du Conseil et de la Commission, car les institutions européennes ne sont pas démocratiques et sont par ailleurs travaillées au corps par des lobbies industriels ultra organisés.

C’est donc causer un grand tord à la Gauche et aux principes de la Gauche que de vouloir faire croire à la jeunesse qu’elle devrait embrasser les institutions de l’Union européenne, qui serait un des plus grands espaces démocratiques. Cela revient à faire de la Gauche un truc de « vieux », dépassé, en dehors du mouvement réel des choses existantes.

Le Mouvement des jeunes socialistes français est ici complètement « à la ramasse », hors-jeu, à des années lumières de son équivalent en Allemagne dont le dirigeant provoque au même moment un coup de tonnerre politique dans le pays en parlant de collectivisation et de Socialisme.

Le MJS se fourvoie en signant cette tribune intitulée « Nous irons voter pour refonder l’Europe ! », alors qu’on sait très bien que les députés européens n’ont aucun pouvoir pour faire cela.

Un tel discours mensonger n’est pas étonnant de la part d’une association comme l’Anacej, dont le rôle consiste à faire croire à des jeunes (non démocratiquement élus), qu’ils ont un pouvoir auprès des institutions par le biais de pseudo-conseils municipaux « enfants ».

Un tel discours de la part d’une organisation de jeunesse de la Gauche est par contre inacceptable. Il ne s’agit pas ici de défendre l’abstention, en tant qu’acte relevant d’un certain nihilisme. Il ne faut par contre pas accepter cette idée qu’il faudrait voter, pour voter. S’il faut voter, alors c’est pour des idées, pour une vision du monde, pour renforcer la Gauche et changer vraiment la vie !

Voici pour information cette tribune initiée par l’Anacej et les Jeunes Européens – France et signée par le MJS :

« Nous irons voter pour refonder l’Europe !

Le 26 mai, les citoyens sont appelés aux urnes pour élire leurs députés européens. Si l’abstention des Français pour les élections européennes est importante dans les sondages (60 % en mars 2019), elle est massive et atteint le chiffre de 77 % chez les jeunes de 18 à 25 ans (avril 2019). De plus, 69 % des jeunes estiment être mal informés sur l’Union européenne et ses actions.
Nous, jeunes engagés, ne pouvons nous résoudre à une participation si faible de notre génération à un scrutin aussi déterminant pour l’avenir de notre continent et de ses citoyens.

La méfiance croissante des jeunes envers les institutions politiques traditionnelles, la méconnaissance des enjeux européens et du fonctionnement de l’Union européenne, et leur déception face à l’incapacité de ces instances à répondre à leurs préoccupations premières sont autant de facteurs qui expliquent l’abstentionnisme des jeunes. Notre génération a tendance à se reporter sur d’autres modes d’engagement, ne trouvant pas sa place dans la démocratie représentative que nous partageons avec 500 millions d’Européens.

Pourtant, l’Union européenne a un impact direct sur notre vie quotidienne par les lois qu’elle adopte. Et ces mesures sont votées par nos députés européens.
L’Union européenne est aussi la seule à même de pouvoir répondre aux grands défis de notre génération, parmi lesquels la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la biodiversité, une gouvernance mondiale pacifique, et enfin les migrations et la lutte contre les inégalités dans le monde.

Les jeunes placent ces sujets au cœur de leurs préoccupations et attendent des engagements forts dans ces domaines de la part des candidats et des responsables politiques.

Il est donc temps que des propositions concrètes, répondant aux attentes des jeunes, émergent dans cette campagne. Candidates et candidats, arrêtez la bagarre politico-politicienne relevant d’enjeux nationaux, et engagez-vous dans un débat d’idées sur les grands défis européens ! L’avenir de notre génération et des suivantes en dépend.

Nous formulons donc trois propositions pour tenter d’infléchir à court et moyen terme cette situation désolante de désintérêt massif des jeunes pour la démocratie européenne :

• Que les candidats en lice publient enfin leurs principales propositions à destination des jeunes en vue du scrutin du 26 mai ;
• Que les candidats et les responsables politiques s’engagent sur la multiplication par dix du budget consacré à Erasmus + pour faire de la mobilité une opportunité pour toutes et tous ;
• Que l’éducation à la citoyenneté européenne devienne une priorité nationale dans la politique éducative du Gouvernement français
Nous ne ferons pas l’Europe sans ses citoyens, nous ne ferons pas l’Europe sans la mobilisation générale des jeunes du continent. Relevons le défi de raviver la démocratie européenne, soyons la génération de refondateurs de l’Europe !
Liste des signataires :
• Hervé Moritz, président des Jeunes Européens – France
• Léanna Vandewalle, vice-présidente de l’Anacej et membre du Comité jeunes
• Thomas Khabou, coresponsable du Forum français de la jeunesse
• Orlane François, président de la FAGE
• Martin Bohmert, délégué général des Jeunes avec Macron
• Théo Garcia-Badin et Nina Cormier, co-secrétaires des Jeunes Écologistes
• Mathilde Karceles, vice-présidente Europe des Jeunes Démocrates
• Henry Dupas, président des Jeunes Radicaux
• Rabi Bakkali, président du Syndicat Général des Lycéens
• Benjamin Flohic, représentant de Place Publique Jeunes
• Maylis Lavau Malfroy, référente Nouvelle Donne Campus
• Laure Gombert, présidente de l’UNEAP
• Julien Lesince, responsable des relations avec les partenaires aux Jeunes Socialistes »

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La Gauche pourrait n’avoir aucun député au Parlement européen

Un sondage publié ce dimanche 5 mai 2019 donne la liste menée par Raphaël Glucksmann et soutenue par le Parti socialiste en dessous des 5 % requis pour avoir des élus aux Européennes. Cela serait un grand échec politique pour la Gauche française si aucune de ses listes ne parvenait à obtenir des députés européens.

Les sondages valent ce qu’ils valent et on peut même penser qu’ils sont très critiquables dans la mesure où ils influencent injustement les campagnes électorales. En attendant, ils existent et ils participent de la réalité, tout en la reflétant au moins dans les grandes lignes.

La grande information politique d’hier était donc ce sondage donnant la liste emmenée par Raphaël Glucksmann ( ENVIE D’EUROPE ÉCOLOGIQUE ET SOCIALE ) sous la barre des 5 %, soit le seuil minimum pour avoir des élus.

L’enquête réalisée par l’institut Harris Interactive-Epoka pour les médias RTL, Le Figaro, et LCI-TF1 donne la liste à 4,5 %, en recul de 0,5 point par rapport à l’enquête précédente. C’est border-line comme ont dit, et si on peut penser que cela se situe dans la marge d’erreur, que c’est rattrapable avec une bonne dynamique de campagne pendant trois semaines, le signal est néanmoins très clair.

Force est de constater que la Gauche est tombée très bas en France. Son principal parti, le PS, ne présente même pas de tête de liste, et se retrouve maintenant menacé par un sondage de soutenir une liste qui fera chou blanc.

C’est que la Gauche est dispersée, elle n’a pas été en mesure de s’entendre. Ni Ian Brossat, tête de la liste liée au PCF ( POUR L’EUROPE DES GENS CONTRE L’EUROPE DE L’ARGENT ), ni Benoît Hamon, tête de la liste liée à Génération-s ( LISTE CITOYENNE DU PRINTEMPS EUROPEEN AVEC BENOÎT HAMON SOUTENUE PAR GÉNÉRATION.S ET DÈME-DIEM 25 ), n’ont su aller dans le sens de l’unité.

À elles trois, ces listes cumulent pourtant aux alentours de 10 %, en fonction des sondages. Ce n’est pas énorme, mais au moins cela serait significatif, marquant un pôle de la Gauche, établissant une dynamique nécessaire pour faire face à l’extrême-droite.

C’est malheureusement tout l’inverse qui se passe. En plus d’être rongée de l’intérieur, la Gauche est attaquée par les flancs, surtout par son flanc droite en fait. Yannick Jadot, qui conduit la liste EUROPE ÉCOLOGIE, explique partout qu’il n’est surtout pas de gauche, mais un sorte d’équivalent d’Emmanuel Macron en un peu moins libéral. Il entraîne cependant avec lui beaucoup de gens de gauche, notamment des personnes qui sont ou étaient liées aux Verts.

> Lire également : Yannick Jadot fait en sorte qu’EELV tourne le dos à la Gauche

C’est d’ailleurs exactement la même chose pour l’ancienne socialiste Delphine Batho, présente sur la liste URGENCE ÉCOLOGIE, qui avait expliqué récemment qu’elle n’est plus de gauche.

Il se passe bien-sûr la même chose avec la formation de Jean-Luc Mélenchon, la France insoumise, qui assume ouvertement le populisme plutôt que la gauche, mais attire à elle une partie de l’électorat de la gauche. La tête de la liste LA FRANCE INSOUMISE, Manon Aubry, n’est pas de gauche mais entend bien s’accaparer des voix pour faire un score important et mettre la Gauche dans les cordes.

> Lire également : Alexis Corbière assume de rejeter la Gauche

À gauche de la Gauche, si l’on peut dire les choses ainsi, il y a les listes LUTTE OUVRIERE – CONTRE LE GRAND CAPITAL, LE CAMP DES TRAVAILLEURS menée par Nathalie Arthaud de Lutte ouvrière et PARTI RÉVOLUTIONNAIRE COMMUNISTES menée par
Antonio Sanchez, issu du PCF. Cela ne représente toutefois a priori pas grand-chose et ces personnes n’ont de toutes manières, traditionnellement jamais fait le choix de l’unité à Gauche, à part pour des visées électoralistes.

Cela n’est pas tout. La Gauche, en étant incapable de se positionner comme un pôle clair et dynamique aux yeux de la société française, favorise de surcroît un éparpillement des initiatives. Il y a parmi les 33 listes déposées officiellement pour les élections du 26 mai prochain, beaucoup de petites listes que l’on pourrait qualifier de « thématiques » et qui pourraient séduire des gens de gauche.

C’est le cas par exemple de la liste « animaliste », de la liste « décroissance », de la liste censée représenter les jeunes ( ALLONS ENFANTS ) ou encore les questions liées au numérique ( PARTI PIRATE ), et même d’une certaine manière des « listes gilets jaunes ».

Tout cela relève de problématiques qui devraient être largement assumées par la Gauche, qui attirerait alors à elle les initiatives, pour former un grand élan démocratique et populaire dans la société française. Il en est de même évidemment de l’écologie, qui n’a pas de raison d’être considérée de manière autonome, mais doit faire partie de la proposition d’ensemble de la Gauche.

C’est d’ailleurs ce que disent tant Raphaël Glucksmann que Benoît Hamon et Ian Brossat, sauf que la dynamique de gauche n’est pas suffisamment puissante pour que cela se traduise concrètement, ici dans les votes, et autrement dans les pratiques quotidiennes et les préoccupations politiques concrètes.

La Gauche donc, risque de se retrouver bien mal dans trois semaines, avec un score très faible et une incapacité à faire front face au grand succès d’extrême-Droite qui se profile. Si, de son côté, l’extrême-Droite connaît aussi de nombreuses listes, celles-ci sont bien plus l’illustration d’une dynamique générale que d’un éparpillement. La liste PRENEZ LE POUVOIR, LISTE SOUTENUE PAR MARINE LE PEN de Jordan Bardella du Rassemblement national est promise à un très gros score et pourrait même obtenir le meilleur score en France, devant la liste représentant la majorité présidentielle.

La Gauche ne sera en mesure d’y faire face qu’en faisant front, en assumant ses valeurs historiques liées au mouvement ouvrier, en assumant le Socialisme, en assumant de vouloir réellement changer la vie pour emmener avec elle les classes populaires vers de meilleurs lendemains.

N’avoir aucun député européen à l’issue de ces élections ne changerait pas grand-chose à la donne politique et à la possibilité de construire un Front populaire dans les années à venir. Cela serait toutefois un échec symbolique retentissant pour la Gauche, qu’il vaudrait probablement mieux éviter.

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Les réactions à la proposition de fédération populaire par Jean-Luc Mélenchon

Plusieurs personnalités liées à la Gauche ont réagit à la proposition faite par Jean-Luc Mélenchon de créer une fédération populaire. Les réactions sont dans l’ensemble mitigées, car tout le monde ou presque a compris qu’il s’agirait surtout d’un « rassemblement » autour de sa propre personne.

Le Premier secrétaire du Parti socialiste a bien résumé le sentiment général à Gauche sur la proposition du leader de la France insoumise :

« C’est « Je veux bien rassembler mais sur mes bases et derrière moi ». Et c’est comme ça qu’on n’y arrive jamais ».

Olivier Faure a également considéré que c’était d’abord « un aveu d’échec » de la part de  celui qui avait initialement refusé « l’idée même de rassembler la Gauche ».

Selon lui, le député insoumis considérait auparavant « qu’il n’était pas de la Gauche mais du peuple », ce à quoi il a répondu :

« la Gauche, ça n’est pas le populisme, ça ne le sera jamais. Jamais. Cela suppose de sa part qu’il fasse ce pas-là et qu’il abandonne cette idée folle du populisme de gauche ».

Olivier Faure considère par ailleurs que le Parti socialiste fait la démarche de l’unité pour les élections européennes en présentant Raphaël Gluksman et que cela fonctionne, tout en regrettant qu’il y ait actuellement une « offre divisée ». C’est un raisonnement qui peu paraître absurde, car cela revient à se féliciter d’une situation tout en regrettant qu’elle n’existe pas.

Il faut cependant comprendre que le Parti socialiste considère être toujours la force centrifuge de la Gauche. Il imagine pouvoir rassembler à nouveau après ces élections, ce qui couperait de fait l’herbe sous le pied de Jean-Luc Mélenchon :

« Il y a déjà une progression, qui n’est pas suffisante, et nous devons viser un score qui nous mettent dans une situation où nous puissions, demain, être à nouveau en mesure de rassembler et d’être un pôle de stabilité à gauche. »

Le sénateur et secrétaire national en charge des relations extérieures du Parti socialiste Rachid Temal est allé dans le même sens qu’Olivier Faure, en critiquant l’exclusion de fait du PS par la France insoumise :

« Mélenchon dit « Je veux discuter avec la Gauche », mais ne veut pas des partis et met des oukases sur le PS  ! »

Le candidat Raphaël Glucksmann a pour sa part considéré qu’effectivement, « la gauche ne pourra être une offre crédible que si elle se réunit », mais qu’il faut d’abord avoir des discussions de fond, en assumant les divergences de chacun. On comprendra que cela revient là aussi à critiquer le populisme de Jean-Luc Mélenchon, qu’il avait d’ailleurs qualifié quelques jours avant de « Thatcher de gauche ».

De son côté, le tête de liste du PCF aux Européennes Ian Brossat a eu une position plus mesurée, mais néanmoins sceptique. Il a considéré qu’il était d’accord sur l’idée de se reparler à Gauche après les Européennes, mais que pour autant « personne ne peut jouer les gros bras ».

Le secrétaire national du PCF Fabien Roussel n’a pas réagit publiquement, ou alors très discrètement et cela est passé inaperçu. Rappelons qu’il expliquait au mois de février dernier discuter toutes les semaines avec Jean-Luc Mélenchon « pour lui demander de se détendre un petit peu, qu’on puisse trouver les contours d’un rassemblement ensemble », précisant que cela ne « veut pas dire forcément fusionner dans des listes ».

Benoît Hamon a pour sa part répondu longuement à la proposition de fédération populaire, dans un entretien également à Libération dès le lendemain. Il a considéré cela comme un « geste d’unité » pris très « au sérieux ».

Sa position est néanmoins compliquée à comprendre. Il explique qu’il faut une unité face au danger que représente l’extrême-droite, sans parler du fait que justement Jean-Luc Mélenchon n’aborde jamais le sujet de l’extrême-droite dans son long entretien.

> Lire également : Jean-Luc Mélenchon rejette le principe de Front populaire et appelle la Gauche à suivre sa démarche

Les propos de Benoît Hamon sont de gauche, avec un héritage évident de la tradition du Front populaire :

« Je vois la colère partout. L’alternance la plus naturelle aujourd’hui, c’est Marine Le Pen. Je me refuse d’user de cette situation avec cynisme comme le fait Emmanuel Macron en polarisant le débat entre lui et le Rassemblement National. Je préfère apporter des réponses positives aux inquiétudes des Français. Pour ce faire, il nous faut une gauche forte. Le drapeau est aujourd’hui à terre, relevons-le. »

Il semble cependant céder à la panique, en oubliant l’analyse de fond en raison d’un danger imminent, ce qui est forcément un grave erreur. Il dit en effet :

« Alors à tout prendre entre le désastre annoncé et un geste d’unité je préfère prendre acte de ce geste d’unité et le prendre au sérieux. Après tout, le fair-play, c’est peut-être contagieux. »

Il ne semble pas avoir vu que Jean-Luc Mélenchon n’était pas du tout dans une optique de Front populaire face à l’extrême-droite.

Le secrétaire national d’Europe Écologie-Les Verts David Cormand a lui très bien vu que la question se posait par rapport à l’extrême-droite et que le « peuple de gauche » ne considérait pas le leader de la France insoumise comme étant un opposant à l’extrême-droite :

« Mélenchon le fait maintenant parce qu’il est en difficulté politique, interne, et dans les sondages. Il voit bien que le peuple de gauche qui lui avait accordé sa confiance à la présidentielle considère moins que c’est lui qui peut offrir une alternative aux libéraux et aux fachos ».

Finissons par Yannick Jadot, tête de la liste Europe Écologie-Les Verts, qui pour le coup assume totalement de ne plus être de gauche. Il a répondu qu’il fallait totalement rejeter la question de l’unité de la Gauche :

« J’ai noté qu’après m’avoir tapé dessus, il était favorable à l’économie de marché, finalement. Il est vrai que l’économie chez Maduro, l’économie des sovkhozes, ça ne fait pas rêver. Le problème de Mélenchon, Faure, Hamon, Glucksmann est que le pôle socialiste a explosé. Ils utilisent l’écologie pour essayer de masquer leur rupture. Ils disent tous : il faut recomposer la gauche derrière moi.

Moi, mon sujet, c’est qu’un projet écologique et solidaire gagne en Europe et dans ce pays. Je n’ai jamais été socialiste, trotskiste ou communiste, je n’ai toujours été qu’écologiste. J’ouvre portes et fenêtres aux citoyens qui ont compris que la lutte contre le dérèglement climatique était la mère de toutes les batailles et qu’elle pouvait être un formidable levier de justice sociale. »

Il rejette de ce fait totalement la proposition Jean-Luc Mélenchon, le considérant presque ouvertement comme un équivalent de Marine Le Pen (alors que lui-même est un équivalent d’Emmanuel Macron) :

« Non, ça ne m’intéresse pas. Jean-Luc Mélenchon a des convictions, une colère, une indignation par rapport à l’injustice sociale que je peux partager. Mais il a une conception de la démocratie qui n’est pas la mienne. Il passe son temps à brutaliser le débat politique, moi je veux apaiser notre pays. Il se place dans une logique national-étatiste, moi je veux une France beaucoup plus décentralisée, régionalisée.

Je crois fondamentalement que l’Europe, malgré ses défauts, est une formidable aventure, qu’elle est notre horizon civilisationnel. Il a quelques ambiguïtés avec Maduro et Poutine. Nous les écologistes, combattons toutes les dictatures, de droite, de gauche, où qu’elles soient. Nous devons à nos enfants une Europe des libertés, qui reconnaît à chacune et chacun sa dignité, ses identités multiples. Nous leur devons un avenir bienveillant dans lequel ils se projetteront avec confiance. »

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Politique

Gérard Filoche : « Lettre ouverte aux formations de gauche et de l’écologie »

Voici un appel à l’unité de la Gauche lancé par Gérard Floche du mouvement Gauche démocratique et sociale. Ce qu’il dit est un point de vue très répandu chez les personnes de gauche, qui redoutent une déroute pour les prochaines élections européennes.

On peut douter de l’évaluation de Gérard Filoche qui affirme qu’il existe une très grande mobilisation sociale dans le pays et il est malheureusement obligé, par principe, de rappeler par ailleurs sa faute en diffusant une image ouvertement antisémite, ce qu’il a considéré comme une erreur.

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Écologie

La Gauche et l’écologie lors du premier débat pour les élections européennes

La Gauche en France est arriérée sur le plan des idées et des valeurs. C’est un constat évident lorsqu’on regarde les interventions à propos de l’écologie des candidats lors du premier débat pour les élections européennes.

Déjà, et cela en dit long, il a fallu que les journalistes posent la question pour que les thèmes écologiques soient abordés. Sans ça, cela passait à la trappe, car finalement, ce n’est pas une préoccupation réelle, mais un « argument » de plus, parmi une multitude d’autres.

Il n’y a aucune culture alternative, aucune volonté de changer les choses en profondeur, et il est remarquable ici que la question animale n’ait même pas été abordée, tellement les figures de la Gauche en France sont très loin de tout cela, tant dans leur vie quotidienne que dans leurs conceptions des choses.

Ian Brossat du PCF fut le premier interrogé sur la question. Il s’imaginera certainement qu’il a été très percutant, en « osant » dire que « la pollution est un crime », car il y aurait 50 000 morts par an en France et 600 000 dans l’Union européenne.

Il faut bien voir cependant qu’il ne parle pas d’un crime contre la planète justement, d’un écocide, qui relève d’une critique écologique, mais seulement de pollution concernant les humains. « L’humain d’abord », c’est en effet le grand slogan du PCF qui, pour utiliser une expression triviale, est complément à la ramasse sur la question écologique depuis des dizaines d’années.

Doit-on en effet rire ou pleurer quand on entend Ian Brossat dire qu’il faudrait « dissuader d’utiliser l’avion », alors que le PCF a toujours soutenu de manière véhémente la construction de l’aéroport à Notre-Dame-des-Lande ? C’est pourtant le b-a-ba que de comprendre l’importance des zones humides, qu’il faut préserver. Mais c’est de trop pour le PCF, qui avait considéré que l’abandon du projet à Notre-dame-des-Landes était « grave de conséquences pour les populations concernées ».

Ian Brossat s’est donc mis au niveau des gilets jaunes, en disant qu’« on explique en permanence que le responsable de la pollution c’est l’ouvrier qui va utiliser sa voiture diesel, souvent sa vieille voiture, et qui est contraint de l’utiliser pour aller sur son lieu de travail, tout ça parce qu’on a fermé sa petite ligne de train. »

C’est de la pure démagogie, pour se dédouaner. Les ouvriers en France ne prennent pas leur « petite ligne de train » pour aller travailler, cela fait bien longtemps qu’ils ont choisi, subjectivement, de prendre la voiture pour aller travailler. Il suffit d’ailleurs d’aller sur le parking de n’importe quelle usine en France pour voir que la voiture a une grande importance pour les ouvriers, y compris chez les intérimaires, qui ne se gênent pas pour avoir de grosses voitures, quitte à se priver sur bien d’autres choses.

Il y a là un problème culturel énorme, et ce doit être le rôle de la Gauche que de tirer la classe ouvrière vers le haut, avec la conscience qu’il n’y a rien à attendre des riches justement. Car c’est bien beau de dire que « les ménages les plus riches polluent 40 fois plus que les plus pauvres », mais à quoi cela sert-il, à par à se dédouaner, si on ne dit pas en même temps qu’il faut confisquer les richesses des riches ?

Le PCF considère plutôt que la solution viendrait d’un « grand plan », qui serait financé par la Banque centrale européenne. C’est un discours de centre-gauche, mou, technocrate, sans aucune dignité ni aucune valeur sur le plan de l’écologie.

Benoît Hamon a été lui en peu plus loin dans les mots, en assumant ce terme d’écocide, qui est le véritable terme à utiliser pour qualifier le rapport actuel de l’humanité à la nature. Seulement, on se demande s’il a vraiment conscience de ce que cela signifie. Il explique en fait qu’il faudrait contre l’écocide… des institutions judiciaires européennes dédiées, qui reconnaîtraient la nature comme « personne morale ».

Là encore, une expression triviale : c’est complètement à côté de la plaque ! C’est tout sauf démocratique et populaire, ce n’est pas un discours de gauche, qui placerait l’espoir et la solution dans le peuple. C’est technocratique, hors-sol, complètement vain.

En fait, Benoît Hamon n’a pas mieux à dire que François Hollande en 2012. Il faudrait, un « plan d’investissement vert » pour faire des « obligations vertes », avec une politique de création monétaire par la Banque centrale européenne.

Le capitalisme, toujours le capitalisme, encore le capitalisme.

Tout cela est strictement parallèle à la position de Yannick Jadot, qui tourner sciemment le dos à la Gauche en présentant comme une sorte de version « écolo » d’Emmanuel Macron.

> Lire également : Yannick Jadot fait en sorte qu’EELV tourne le dos à la Gauche

On n’a donc pas été étonné qu’il ne parle que d’« investir », ou encore d’un « new green deal », car « la transition écologique, c’est l’emploi ».

Les exercices de Manon Aubry, dont on ne sait pas s’il faut la qualifier de gauche, et de Raphaël Glucksman, dont on ne sait pas non-plus vraiment s’il est de gauche, furent du même ordre.

La tête de liste La France insoumise veut instituer une « règle verte », qui consiste à ne prendre « à la Terre que ce qu’elle peut reconstituer elle-même ».

C’est un point de vue de gestionnaire, qui considère la planète comme une ressource, une matière première. Ce n’est certainement pas un point de vue écologiste, mais un keynésianisme tout ce qu’il y a de plus banal.

Il faudrait « 100 % d’énergie renouvelable d’ici 2050 » car « c’est aussi bon pour la croissance », et (le chiffre est sorti du chapeau) cela créera « près de 4 % de croissance ». Il faudrait pour cela, non pas un grand élan populaire et un grand bouleversement des valeurs, mais simplement « dé-serrer l’étau budgétaire, car on peut vivre avec 3 % de déficit, mais pas avec 3° de plus » !

On se demande si ces gens ont déjà entendu parler de Karl Marx, ou même de Jean Jaurès, tellement ils semblent fascinés par l’investissement capitaliste et la « croissance » capitaliste.

Raphaël Glucksman a eu au sujet de l’écologie un discours encore plus fade que les autres. Il n’a même pas été capable d’assumer ne serait-ce que le minimum du style bobo parisien, qui mangerait moins de viande et ferait un peu de vélo, en faisant attention aux déchets.

Il a proposé un « fond de budget climat », pour « créer des emplois », car « la rénovation énergétique des bâtiments » serait « une aubaine pour la justice sociale ».

Tout cela est très insuffisant, car l’écologie devrait être un terme majeur pour la Gauche, assumé concrètement avec une perspective culturelle bien meilleure que ce qui est proposé là. Cela est d’autant plus inquiétant que Marine Le Pen a décidé de faire de la préservation de l’environnement un thème fondamental.

> Lire également : Marine Le Pen utilise l’écologie pour son nationalisme

Le pire, c’est que tous disent strictement la même chose, mais ne sont pas capable de s’unir dans une liste commune pour tenter d’au moins sauver les meubles, et ne pas se faire laminer chacun de son côté.

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Politique

Élections européennes 2019 : la Gauche unie ou éparpillée façon puzzle

Il faut bien trouver une image pour montrer ce qui risque d’advenir à la Gauche si elle ne parvient pas à l’unité. Ce sera l’éparpillement façon puzzle.

L’expression est douteuse, car elle relève d’une logique mafieuse et de ce grave travers français du goût gratuit pour le pittoresque. Il n’empêche qu’elle est ici adéquate : si la Gauche n’est pas unie aux élections européennes de 2019, elle va se retrouver éparpillée façon puzzle. Rappelons d’où vient cette étrange image, à savoir du film culte (mais qu’on peut ne pas aimer) Les tontons flingueurs, où Bernard Blier alias « Raoul Volfoni » dit la chose suivante :

« J’vais lui faire une ordonnance et une sévère… J’vais lui montrer qui c’est Raoul. Aux quatre coins d’Paris qu’on va l’retrouver éparpillé par petits bouts, façon puzzle. Moi, quand on m’en fait trop j’correctionne plus : j’dynamite, j’disperse, j’ventile. »

En 2019, point de Raoul : c’est la Gauche elle-même qui s’auto-dynamite, se disperse elle-même, se ventile par choix. Parce que les gens de Gauche se croient dans les années 1990 ou 2000, dans une société stable où il est suffit de gérer en disant vaguement le contraire de la Droite. Les carriéristes ont bien compris que tout avait changé et ont pris la poudre d’escampette, passant souvent dans le camp d’Emmanuel Macron.

D’autres, sincères, se sont retrouvés désorientés et ont capitulé. Ceux et celles qui avaient des idéaux se sont noyés dans l’amertume et d’autres, plus friables sur le plan des idées, ont rejoint le populisme de Jean-Luc Mélenchon. Tout cela pour dire que ce qui reste ne pèse pas lourd ; il n’y a plus grand monde.

Et il y en aura encore moins si on rate les « millenials ». Cependant, encore faut-ils que ceux-ci sachent que la Gauche existe et dans l’état actuel des choses, c’est l’unité où l’éparpillement façon puzzle. Et tout le monde y a intérêt, pour survivre.

Le Parti socialiste ne peut pas se présenter sous son propre nom, tellement il est dévalorisé dans l’opinion publique. Génération-s est inconnu d’une vaste partie de la population y compris de secteurs pouvant sympathiser. Le PCF est travaillé par tellement de courants internes que s’il part tout seul et qu’il fait un score misérable, il se fractionne.

Europe Écologie – Les Verts a un dirigeant qui pousse, mais rien comme structures derrière lui : il suffit de lui donner la tête de liste et les volontés de parcours solitaire cesseront d’elles-mêmes.

Il serait donc logique de s’unir, pour résister ensemble à une vague de Droite, et il serait parfaitement cohérent aussi de s’ouvrir à toute la Gauche en général, y compris l’extrême-gauche dans la mesure où celle-ci n’est pas devenue une ultra-gauche historique. Il suffirait d’un drapeau rouge et du mot ouvrier pour réinscrire plein de monde dans une démarche politique réelle.

Comme ce sont de plus les élections européennes, les valeurs servant de dénominateur commun sont vraiment faciles à trouver et ce serait un premier pas pour la suite. Autrement, ce sera un premier pas pour une traversée du désert… Voire une traversée du désert avec qui plus est une brutale répression de Droite, voire d’extrême-droite, voire du militarisme, du fascisme, vu comment tout va vite.

Car c’est là le fond de la question. On sait à quel point la Gauche, historiquement, n’a saisi son identité commune malheureusement bien souvent qu’alors que la menace fasciste planait ou qu’il avait déjà pris une forme monstrueuse très concrète. Et si on doit avoir un critère pour savoir qui est de Gauche aujourd’hui, ce serait la réponse « oui » à la question « Le fascisme est-il une menace réelle, et non une fantasmagorie ? ».

Il faut donc assumer l’unité, car sans cela, à l’échec succéderait la honte sur le plan des responsabilités face à l’Histoire. Il faut l’unité pour protéger la Gauche et prévoir les choses positives de demain, mais aussi pour former un avertissement au peuple de France : si celui-ci cède à la démagogie, au populisme, ce sera la catastrophe !

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Benoît Hamon annonce que Génération-s part seul aux élections européennes de 2019

Benoît Hamon avait lancé la « votation citoyenne » ; il considère que la Gauche n’a pas répondu et que les initiatives de Place publique sont viciées par des accords masqués avec le Parti socialiste. Il a par conséquent annoncé que Génération-s présenterait demain sa liste pour les élections européennes. C’est regrettable car l’unité à Gauche est un combat qui ne pouvait par définition pas s’exprimer aussi rapidement.


Le combat pour l’unité de la Gauche, alors que s’obscurcissent les nuages politiques sur l’Europe, est primordial et malheureusement, les considérations d’appareil ont fini par triompher sur les bonnes volontés. La Gauche est en fait tellement faible qu’il y a une fuite en avant, avec l’idée que plus on fait de bruit, plus on peut surnager et l’emporter sur les autres. C’est absurde et c’est pourtant par exemple bien le sens de la lettre du PCF à Génération-s annonçant son refus de participer à la votation citoyenne.

> Lire également : L’appel de Benoît Hamon en faveur d’une votation citoyenne pour l’union de la Gauche

Benoît Hamon s’est démené comme un diable pour l’unité, il faut le reconnaître, mais il a fini par capituler lui aussi. Les médias ont annoncé que lui et Guillaume Balas ont appelé Thomas Porcher et Raphaël Glucksmann de Place publique, notamment pour leur reprocher ce qu’ils considèrent un accord à la base avec le Parti socialiste. C’est un peu hypocrite, car c’était évident à la base même, de par le caractère incontournable du Parti socialiste. La vérité est que l’unité à Gauche face à la menace du raz-de-marée de Droite ne peut pas aller sans alliance avec le Parti socialiste, même si cela fait mal au cœur.

Si on est pas content, on fait mieux et la question du Parti socialiste sera réglée, après. Benoît Hamon a décidé de régler cette question avant. C’est une erreur, annoncée de plus dans une interview au Parisien. Ce n’est pas là une approche correcte. Qui plus est, au lieu d’annoncer vouloir chercher à exprimer la Gauche en général, Benoît Hamon a décidé que la seule chose qui aurait droit de cité, c’est le hamonisme, résumé en quatre points :

– politique écologique commune,
– droit européen à l’IVG,
– taxe européenne sur les robots,
– revenu universel d’existence.

On peut discuter comme on le veut de ces thèmes, les trouver importants ou pas, valables ou pas, force est en tout cas de reconnaître qu’ils sont extérieurs à la tradition historique de la Gauche et qu’ils relèvent d’une approche post-moderne définie par le social dans l’économie et le libéral dans la politique.


C’était bien la peine que Benoît Hamon annonce que les gilets jaunes peuvent laisser voir quelque chose de formidable pour balancer par-dessus bord la moindre possibilité de critique du capitalisme. C’est là laisser le champ libre à l’extrême-droite dont la démagogie contre le « capitalisme ultra-libéral » va être de plus en plus forte.

Benoît Hamon a tout à fait raison, par conséquent de dire que :

« Moi, je veux être fidèle au peuple de la gauche et de l’écologie : pour cela, je suis constant dans mes valeurs, sincère dans mes combats et innovant dans mes idées. »

Cependant, ses idées ont décroché de la Gauche historique tout autant que celles de Jean-Luc Mélenchon. À l’un le post-modernisme, à l’autre le populisme. Benoît Hamon reste éminemment sympathique, mais il fait l’erreur de croire qu’il peut porter quelque chose de « nouveau ».

 

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La réponse du PCF à Génération-s et Benoît Hamon

Le PCF a rendu public sa réponse à Génération-s et Benoît Hamon, à la suite de la proposition de votation citoyenne pour unifier la Gauche pour les élections européennes de 2019.

La voici :

A l’attention de Benoît Hamon et de la direction de Génération.s

Cher·e·s Amis,

Par voie de presse puis dans un courrier, Benoît Hamon, au nom de Génération.s, vient d’inviter les différentes forces de gauche à s’engager collectivement, en vue des élections européennes, dans une « votation citoyenne pour l’Union ». De leur côté, les animateurs et animatrices de Place publique ont rendu publique une proposition de « dix combats communs ».

C’est l’occasion, pour le Parti communiste français, de vous redire dans quel état d’esprit il aborde le moment présent.
Vous ne l’ignorez pas, notre inquiétude est grande devant la situation de la gauche, à quelque cent jours du scrutin des européennes, alors que le pays traverse une crise sociale et démocratique sans précédent.

Les exigences populaires sur les salaires, les retraites, le pouvoir d’achat, les services publics, la justice fiscale, la lutte contre l’évasion fiscale et les inégalités, l’écologie, la transition de nos modèles économiques appellent d’amples rapports de force pour faire reculer les logiques concurrentielles, financières, de déréglementation qui dominent aujourd’hui la construction européenne.
Oui, pour y parvenir, tout doit être fait pour porter haut la colère qui s’exprime en France et en Europe. Oui, il faut unir le plus grand nombre possible de forces et de citoyen·ne·s pour combattre la politique du pouvoir en place, pour reconquérir notre souveraineté face aux décisions prises par les gouvernements, par Bruxelles et par la BCE.
Oui, il est urgent de rompre avec la logique de traités européens qui donnent la priorité à la finance et creusent un déficit démocratique nourrissant les tentations de la haine et du repli, pour construire de nouvelles politiques de solidarité et d’égalité s’opposant aux choix présentement mis en œuvre.

Cela exige de la clarté dans les réponses portées et une forte envie d’union.

Puisque nous échangeons à propos de l’échéance électorale du 26 mai prochain, il n’est tout de même pas inutile de rappeler que c’est la complaisance d’une partie des forces de gauche envers des traités libéraux enfermant l’Europe entière dans l’austérité perpétuelle qui a conduit la gauche, dans son ensemble, au désastre présent.

Ensemble, c’est cette page qu’il conviendrait de tourner résolument.

C’est le sens des propositions que nous formulons, pour notre part. Et c’est l’objectif que poursuit la liste conduite par Ian Brossat, dont nous avons mis la candidature à disposition comme tête d’une liste portée par large rassemblement pluraliste.
La campagne qu’il mène actuellement avec ses colistiers et colistières s’efforce de se faire l’écho des aspirations de notre peuple, et les candidat·e·s, dont nombre ne sont pas adhérents du PCF, ont pour première qualité d’être à l’image de la diversité des combats qui se mènent aujourd’hui dans tout le pays.

Sur le fond comme sur la forme, la proposition de « votation citoyenne » ne nous semble pas permettre la clarté nécessaire à l’unité et à la reconquête. Quant à l’offre des « dix combats communs», il y manque des questions essentielles, et aujourd’hui centrales, dans les mobilisations sociales, quand bien même nous y retrouvons des propositions qui nous sont chères.

Comment promouvoir une nouvelle vision de l’Europe tournant sans ambiguïté le dos à ce qui s’est fait jusqu’alors en son nom, comment remobiliser à gauche des millions de femmes et d’hommes qui ont perdu confiance au fil des renoncements passés, à partir d’une liste dont le programme évacuerait des points cruciaux ? À commencer par la nécessaire bataille pour de nouveaux traités capables de répondre aux besoins des peuples d’Europe et de s’opposer pratiquement à ceux qui existent, dont on sait les conséquences désastreuses pour les populations… Ou encore l’engagement des député·e·s élu·e·s à siéger dans le même groupe au Parlement européen, afin de donner toute leur force aux propositions qu’ils·elles auront auparavant défendues ensemble devant les électeurs…

C’est sur ces questions que nous butons. C’est à partir d’elles que l’union pourrait déjouer l’impasse du face-à face organisé entre les libéraux et l’extrême droite.

Nous ne nous satisfaisons nullement de l’éparpillement actuel. Si nous entendons répondre avec efficacité à la profondeur des exigences populaires, l’union suppose que nous énoncions ensemble le sens de notre présence future au Parlement européen. À partir d’un engagement clair et concis, tous les débats de construction d’une liste commune pourraient effectivement s’ouvrir.
Nous l’avons déjà dit maintes fois, nous le répétons, tout en étant engagés dans la campagne, nous sommes à tout moment disponibles aux initiatives et rencontres qui permettraient un rassemblement pluraliste, dans la clarté et en pleine transparence devant le pays, de toutes les forces ayant en commun de vouloir s’émanciper de la logique de traités que les peuples rejettent de plus en plus.

Telle est, à nos yeux, la seule manière de rendre possible la construction d’une autre Europe, anti-austéritaire et de progrès social, démocratique et féministe, fondée sur un nouveau modèle de développement durable, associant librement des peuples et des nations souverains, actrice de la paix dans le monde parce qu’elle se dégagerait de sa trop longue soumission à l’Otan.
Ce débat-là, nous le voulons, et nous le croyons toujours possible.

Paris, le 13 février 2019

Fabien ROUSSEL
Secrétaire national de Parti communiste français