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Société

Déconfinement partiel du 19 mai 2021: l’idéologie bourgeoise parisienne aux commandes

La réouverture partielle des terrasses des cafés a été prétexte à un matraquage pro-aliénation.

Les cafés et leurs terrasses sont un aspect essentiel de la vie culturelle des Français ; il y a une dimension paisible et un regard sur les gens qui passent en même temps, c’est une attitude très française que de porter un regard ingénieux sur ce qui se passe, en observateur.

Après, il ne faut pas se leurrer, ces cafés sont l’expression du fait que les logements étant trop exigus et peu conviviaux, il fallait un endroit pour pouvoir se retrouver. De plus, les cafetiers sont devenus des petits commerçants tout à fait éloignés de leur culture initiale, où le tenant du lieu se devait d’être un équivalent du gentil organisateur au Club Méditerranée.

Et c’est ainsi désormais surtout un lieu de superficialité où on cherche à faire voir autant qu’on regarde, où on tient des propos sans intérêts corroborés par des propos du même genre, bref c’est un lieu de fausse socialisation caractéristique d’un capitalisme touchant tous les domaines de la vie.

Et le déconfinement partiel du 19 mai ayant impliqué un couvre-feu plus tardif (21h au lieu de 19h), l’ouverture relative des commerces et de certains lieux culturels, et la réouverture des terrasses, on eu droit à une campagne acharnée en faveur d’une vie normale retrouvée, d’un style de vie reprenant ses droits, naturellement principalement à Paris.

Paris, forcément, parce que c’est à Paris qu’on trouve une grande présence des cafés et des porte-feuilles allant avec, et du style allant avec. Emmanuel Macron a tout à fait compris l’importance de cette idéologie de la légèreté, de « Paris est une fête » et autre fausse joie bourgeoise urbaine.

Tout le Paris bourgeois en une photographie

Ce matraquage des médias ou de l’Elysée montre bien une cassure fondamentale entre une bourgeoisie ayant un style de vie propre et le reste de la population qui ne vit pas du tout au même rythme, ni avec la même approche. Et il souligne également la tentative ininterrompue de l’idéologie dominante de présenter le style de vie bourgeois parisien comme raffiné, abouti, culturellement élevé, représentatif de la civilisation française, etc.

L’idéologie bourgeoise parisienne a donc été aux commandes du déconfinement partiel, pour rappeler les « fondamentaux »… qui ne parlent pas du tout à la grande majorité des gens en France, tout en leur parlant. C’est à cela qu’on reconnaît la lutte des classes, dans la réappropriation de ce qui est un patrimoine, pour le réajuster à ce qu’il devrait être.

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Société

Fiasco de la mise en place du troisième «confinement»

Emmanuel Macron avait imaginé pour seulement 16 départements un confinement qui n’en serait pas un, mais qui le serait quand même tout en ne l’étant pas. En à peine deux jours, tout a volé en éclat. Les Français, bien contents de rejeter la faute sur le gouvernement et ses mesures « pas claires », ont clairement décidé de n’en avoir rien à faire. L’État a cédé et la France capitule ouvertement face à la crise sanitaire. C’est une faillite sur toute la ligne qui n’apportera rien de bon.

La pression a été immense de la part des commerçants dès l’annonce des nouvelles mesures du gouvernement pour 16 départements le 18 mars 2021.

En quelques heures, un incroyable bon en arrière avait été fait et on découvrait petit à petit une liste très élargie de commerces « essentiels » autorisés à rester ouverts. En quelques heures, l’État français se dédisait et cédait aux fleuristes, jardineries, garagistes, centres de contrôle technique, chocolatiers, concessions automobiles, agences immobilières, magasins de bricolage et quincaillerie, opticiens, animaleries, loueurs automobiles, coiffeurs ou encore magasins de musique. Ils restent donc ouverts malgré de nouvelles restrictions dans les 16 départements concernés.

Cela sans compter bien sûr que tous les autres commerces restent eux aussi ouverts pour le « click and collect », c’est-à-dire les achats par internet ou téléphone puis retrait devant la boutique. Pour se rendre dans ces boutiques ou point de retrait, on peut se déplacer librement dans son propre département entre 6h et 19h. Pour les habitants limitrophes (ce qui concerne particulièrement l’île-de-France) il est possible de se déplacer en dehors du département dans un rayon de 30 km autour du domicile pour ces achats « essentiels » ou retraits de commandes.

Pour ce qui est de la libre circulation sans motif spécifique, il est possible de se déplacer dans un rayon de 10 km autour de son domicile, sans aucune restriction horaire en dehors du couvre-feu, repoussé à 19h au lieu de 18h.

Autrement dit, tout cela ne change quasiment rien pour les habitudes des gens depuis ces dernières semaines, à part qu’il y a une heure en plus par jour pour se balader. Et l’administration a finalement compris que personne n’envisageait de mettre le nez dans la nouvelle attestation de deux pages, avec ses astérisques et ses petites lignes, pour s’autoriser soi-même à faire la même chose que d’habitude…

Moins de 48 heures après l’annonce de nouvelles mesures par le premier ministre, l’État français s’écrasait donc lamentablement et retirait l’obligation d’une attestation pour circuler. C’était pourtant jusqu’à présent la marque de fabrique française pour encadrer un tant soit peu les restrictions, c’était la règle du jeu collective pour faire tenir l’édifice précaire de la responsabilité collective.

Il faut désormais seulement une attestation (dans les 16 départements concernés) si l’on se déplace au-delà des 10 kilomètres dans son propre département pour un achat « essentiel » ou retrait de commande.

Sans attestations, qui n’avaient déjà que très peu de valeurs, il n’y a donc plus rien et c’est un immense fiasco. C’est tellement un fiasco qu’on peut dorénavant justifier n’importe quoi et la police n’a plus aucune possibilité de contrôler quoi que ce soit.

De plus, les choses se retournent ici en leur contraire et l’attestation va servir dorénavant à pouvoir enfreindre les règles en toute quiétude. Comme l’a expliqué le cabinet du premier ministre à l’AFP, l’agence de presse semi-officielle de la France :

« Pour les Français qui possèdent une pièce d’identité où ne figure pas la bonne adresse de résidence, ou qui sont confinés dans un lieu pour lequel ils ne disposent pas de justificatifs de domicile (type facture EDF), il serait toujours possible d’utiliser le système d’attestations de déplacement ».

C’est extraordinaire ! L’attestation devient maintenant elle-même un « justificatif » de domicile ! Cela n’a aucun sens, et en dit très long sur la société française, avec sa population immature et ultra-libérale, son administration hors-sol qui se prend les pieds dans sa propre rigidité…

La France se fracasse la tête la première face à la crise sanitaire, elle n’est pas à la hauteur, elle est incapable de faire face. Le printemps va être une immense claque sur le plan sanitaire, et cela va forcément entraîner tout la société dans une spirale négative, économiquement, culturellement, diplomatiquement, etc.

Le décrochage par rapport aux autres pays, et en premier lieu le Royaume-Uni et l’Allemagne, va être terrible. On sait très bien le genre d’amertume que cela va créer, faisant le lit du poison nationaliste, alors qu’en plus anarchistes et syndicalistes continuent leurs manifestations et rassemblements comme si de rien n’était.

Le monde est en crise, mais la France s’imagine échapper à tout : résultat elle n’échappera à rien.

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Écologie

L’absence de confinement est un rude coup pour la Nature

Le premier confinement avait été marqué par de nombreux retours de la vie sauvage dans les villes. Le refus de confiner est également un refus de laisser la Nature reprendre du terrain.

Les êtres humains ne veulent pas changer leurs habitudes. Pourquoi ? Parce qu’ils sont pétris par le capitalisme, leurs comportements s’insèrent dans une société où le capitalisme se trouve au début, au milieu et à la fin de toute chose. Il y a bien entendu des tendances contraires, mais globalement les gens se comportent comme le capitalisme le veut.

Or, le capitalisme a besoin de rassurer, en particulier face à ce qui est naturel. Être naturel n’est pas acceptable pour le capitalisme qui veut qu’on rajoute des couches et des couches de consommation dans ses attitudes, ses comportements. Quelqu’un qui est naturel, qui est simplement lui-même… ce n’est pas bon pour le commerce.

D’où la grande valorisation des « trans » par le capitalisme moderne, puisque c’est un choix de consommation, avec toute une industrie, la constitution d’une identité « au-delà » de la Nature. L’idéologie LGBTQ+ est à la fois le reflet et le vecteur du capitalisme ayant conquis un maximum d’aspects de la vie. Si elle est valorisée par la CIA, Apple et le gouvernement américain, c’est qu’il y a une raison objective…

Alors, forcément, les canards se baladant en ville ne sont pas conformes à l’idéologie de la consommation. Il ne faut donc pas tolérer cela et c’est aussi une raison pour le capitalisme d’éviter un véritable confinement. Ce n’est pas du tout la seule raison et il ne faut pas se dire que c’est calculé. Le capitalisme ne calcule rien du tout et les fantasmes d’une « surveillance » généralisée sont totalement petit-bourgeois. C’est simplement une question de valeurs et de réflexes par rapport à ces valeurs. Pour le capitalisme, chaque aspect de la vie doit être consommable, comme chaque vie d’ailleurs.

Inversement, ce n’est pas pour rien que la Nature est valorisée par les humanistes, les Lumières, le mouvement ouvrier. Pour ces trois mises en perspective, qui relèvent d’une seule et même chose d’ailleurs, le « matérialisme », l’espèce humaine est une espèce animale. Il n’y a pas de séparation entre le corps et l’esprit, pas de « moi » s’imaginant être dans un mauvais corps, pas de « pensée » qui soit indépendante.

Comme Spinoza l’a formulé il y a déjà plusieurs siècles,  l’homme dans la Nature n’est pas comme un empire dans un empire, il n’a certainement pas de toute puissance sur elle, bien au contraire il est lui-même un animal. Un animal avec un parcours spécial… mais qui ne devrait pas être contre-productif par rapport à l’ensemble, sinon les choses se dérèglent et on voit le résultat avec la crise sanitaire…

Il ne s’agit pas d’une « punition », mais de la simple cohérence d’un ensemble qui est la planète Terre, avec tous ses aspects. Les générations du début du 21e siècle seront-elles celles qui paieront passivement le prix du réchauffement climatique et de la crise sanitaire, conséquences de la guerre humaine contre la Nature ? Ou seront-elles celles d’un vaste soulèvement contre une vision du monde capitaliste qui asservit la vie ?

Parce qu’à bien regarder les choses, l’humanité va avoir à volontairement se confiner, à grande échelle pour cesser la destruction de la Nature… et cela crise sanitaire ou pas. Qu’est-ce qu’on s’imagine, une planète avec du béton et des Humains ? Et quand on a tout cassé, on trouve une autre planète et on fait de même ?

Non, c’est également pour cela que le capitalisme veut éviter le confinement en France : confiner, pour le capitalisme, c’est reculer, et il préfère ne pas reculer alors que la situation sociale se tend : cela pourrait fournir une aide à la lutte des classes, qui comprendrait qu’il faut voir les choses en grand, et non pas comme les syndicalistes avec leurs merguez ou bien les anarchistes avec leur obsession policière.

La vérité est que de toutes façons tout a changé, tout le monde a changé, que les nouvelles générations sont telle une page blanche sur laquelle s’écrit la réalité. Et quand les nouvelles générations voudront tout simplement vivre, vivre tout simplement, elles renverseront tout. Les décennies à venir seront ceux de changement comme jamais vus encore par l’humanité… pour le plus grand biens des animaux et de la Nature.

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Société

18 mars 2021: le gouvernement avec des demi-mesures au lieu d’un réel confinement

Face à l’apparition d’une troisième vague épidémique entraînant une sur-charge hospitalière particulièrement catastrophique dans seize départements, le gouvernement est obligé d’agir. Mais il maintient sa ligne : surtout pas de confinement, surtout rien de drastique, surtout rien de trop contraignant. Il maintient son choix de sacrifier une partie de la population, en espérant que la vaccination sauve la mise le plus rapidement possible et fasse tout oublier.

La pandémie dure depuis un an, c’est long et douloureux psychologiquement, socialement, culturellement, parfois sur le plan de la santé aussi. Certes. Mais la réalité est surtout que les gens en France vivent largement leur vie, en s’étant adapté à la situation. Les plus jeunes qui étaient habitués à avoir beaucoup de rapports sociaux ont toujours beaucoup de rapports sociaux, les moins jeunes voient leurs amis et leurs familles régulièrement, dans beaucoup de disciplines sportives les activités ont lieu, y compris des compétitions, les travailleurs travaillent, les manifestants manifestent ou occupent des théâtres, etc., etc.

Cela fait que malgré un large respect des gestes barrière et du port du masque dans la plupart des situations publiques (transport, commerce, etc.), le virus circule beaucoup et il y a une troisième vague. C’est surtout le cas en Île-de-France, dans les Hauts-de-France ainsi que les Alpes-Maritimes, la Seine-Maritime et l’Eure, mais la situation est loin d’être réjouissante ailleurs.

Si on veut y faire face, il faut ce qu’il faut et un confinement strict s’impose, comme en mars 2020, car cela avait drastiquement fait reculer l’épidémie dans le pays et sauvé des milliers de vies. Le gouvernement en est incapable aujourd’hui. Le cap est maintenu et, donc, contrairement aux attentes d’une part importantes des milieux hospitaliers (qui devraient pourtant décider), il n’y a pas de confinement, mais simplement des demi-mesures qui ne changeront pas grand-chose à la situation.

Dans les 16 départements concernés, les gens sont censés rester chez eux, mais en fait ils iront au travail ou à l’école comme c’est déjà le cas, ils auront toujours le droit de sortir de chez eux la journée. Bien sûr, les commerces (hors alimentaires et librairies) seront fermés, ce qui n’est pas un changement négligeable, encore que les galeries commerçantes sont déjà fermées depuis plusieurs semaines. Mais on sait très bien que l’enjeu n’est pas là, mais surtout dans les brassages de population pour les rencontres amicales et familiales, car le variant britannique est très contagieux même si les gens ne se font pas la bise ni ne s’approchent trop les uns des autres.

Le pseudo-confinement de seize départements, avec son auto-attestation et son périmètre de 10 km à respecter, ne permet que très peu d’agir à ce niveau-là et on a du mal à imaginer que cela change les habitudes des gens par rapport à ces dernières semaines… On connaît notamment les mœurs de la région parisienne. Il faut donc s’attendre dans les prochaines semaines à ce que l’épidémie suive sa progression en France, dans toutes les régions.

D’autres mesures suivront probablement, car la tension hospitalière ne devrait pas diminuer. Cela va être d’autant plus traumatisant pour la France qu’à côté, beaucoup de pays devraient voir leur situation s’améliorer avec le printemps ou le début de l’été.

La différence est d’ailleurs déjà immense si l’on compare la France à l’Allemagne, qui a de son côté ses écoles fermées et un confinement assez important.

Il y a eu en un an, à la date du 18 mars 2021, deux fois plus de cas déclarés en France qu’en Allemagne, soit 4,15 millions contre 2,61 millions. Et cela alors que la population allemande est plus importante (mais les tests y ont été déployés beaucoup plus massivement et rapidement et la population n’a pas eu la même position face aux exigences qu’en France).

En ce qui concerne les nouveaux cas quotidiens, à la date du 17 mars 2021, il y a un gouffre : 38 501 en France contre 7 705 en Allemagne. Idem pour le nombre de décès le même jour : 241 contre 91.

Le confinement assez important dure depuis sept semaines en Allemagne, avec fermeture des écoles, mais le gouvernement repousse toutefois le déconfinement en raison d’un rebond de l’épidémie et d’un taux d’incidence (sur 7 jours) de 82,9 (cas pour 100 000 habitants). En France, ce taux est de… 266,22 ! Il est même de 388,9 à Paris, 512,7 en Seine-Saint-Denis et 544,12 dans le Val-d’Oise !

On se dit normalement que la situation est très grave et qu’il faudrait faire comme l’Allemagne, et confiner immédiatement et strictement. C’est exactement l’inverse que fait la France, puisque le premier ministre a expliqué ni plus ni moins qu’il considère que c’est une bonne chose de ne pas avoir confiné il y a quelques semaines… car sinon il aurait fallu prolonger encore et encore le confinement !

Le gouvernement français fait donc le choix du cynisme, en assumant d’avoir beaucoup plus de morts qu’ailleurs, en assumant de sacrifier une partie de la population au nom de l’économie. La France est hantée par son déclassement économique et pratique la fuite en avant, en attendant la généralisation de la vaccination. Mais cela ne se fait pas du jour au lendemain et les semaines et mois à venir font être très compliquées sur le plan sanitaire. Probablement même que la France n’échappera même pas au confinement tant redouté, et cela sera d’autant plus traumatisant si à côté les pays comme l’Allemagne font le chemin inverse, et qu-ils exercent une pression gigantesque pour l’instauration d’un passeport vaccinal…

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Réflexions

Le 18 mars ou comment Jean Castex fait le fou

Les Français veulent du romanesque, mais en en restant à la forme, ils auront un drame.

La France est un pays littéraire, où ce qui se vit doit s’écrire comme un roman. C’est la base de toute démarche de Français cherchant à avoir une existence qui lui donne du sens. Que ce soit pour une relation sentimentale, une coucherie hasardeuse franchement douteuse, une carrière d’homme politique, un travail associatif, des études ou même des vacances : le Français veut qu’il y ait un certain grain de folie, un petit quelque chose donnant un aspect romanesque à l’ensemble.

Que ce soit le coup d’État de De Gaulle en 1958, mai 1968, la « grève » des footballeurs français lors de la coup du monde en Afrique du Sud, l’élection d’Emmanuel Macron, toute attitude à la française implique ce petit plus, un comportement romancé souvent enclin au panache.

Seulement voilà, bien souvent les Français perdent pied avec la réalité, au nom de ce romancé. Lorsque Caroline s’imagine être un homme et entend s’appeler Gaspard ou bien lorsque Gaspard s’imagine être une Caroline, c’est vain: la crise d’identité et la mutilation corporelle peuvent donner l’image d’un roman, mais enfin cela ne change rien à l’absence de sens et de culture. Et des exemples de faux romans à la française, ce n’est pas cela qui manque. Le plus connu ces derniers temps est d’ailleurs ce roman ayant présenté Emmanuel Macron comme un J.F. Kennedy à la française.

Nommé premier ministre, Jean Castex avait sans doute oublié tout cela. Haut fonctionnaire, il comptait en rester aux faits. Mais les Français ont choisi, pétri par le libéralisme, ouvert au capitalisme, de se moquer des faits. Donc le confinement qui aurait dû être mis en place il y a une semaine, trois semaines, un mois, trois mois… eh bien les Français ont dit oui, mais non. Et Jean Castex a cédé à chaque fois, en disant : ah bon, en ce cas… on va voir ce qu’on peut faire.

D’où ce scénario ahurissant du 18 mars 2021, avec Jean Castex disant qu’on a bien fait de ne pas confiner plus tôt, sinon on aurait dû continuer à confiner, alors que cela implique qu’on n’a rien fait du tout. Citons cette phrase, qui montre comment on est passé dans un film, comment la réalité a cédé la place au discours :

Contrairement à beaucoup de nos voisins, nous avons écarté fin janvier l’option d’un confinement au long cours à l’échelle du pays et c’était la bonne décision : nous aurions alors infligé au pays un confinement de probablement 3 mois. Cela aurait été excessif et insupportable.

C’est à ce genre de propos d’un (très) haut fonctionnaire qui, avant sa nomination comme premier ministre, gagnait 200 000 euros par an, qu’on voit que la France est passée dans le camp de la fiction. On est comme avant mai 1968, dans une société fausse de menteurs.

Tel dans le film Pierrot le fou, de Jean-Luc Godard, Jean Castex part donc à l’aventure, en espérant que le discours l’emportera sur les faits et que le pseudo-confinement annoncé le 18 mars 2021 pour la région parisienne et quelques autres départements opérera comme par magie. C’est la méthode Coué : à force d’y croire, cela deviendra vrai. Et comme de toutes façons les Parisiens ne veulent pas du confinement…

Une telle fuite en avant a une portée historique, non seulement en raison de la question sanitaire. C’est aussi historique parce qu’un travers français se révèle au grand jour. Cette manière absurde de romancer sa vie est erronée. Vouloir donner une grande portée, une portée romanesque, c’est bien. Confondre la fiction avec la réalité, c’est par contre faux. On peut même dire que le faux roman est d’autant plus présent qu’il est triché avec la réalité. Les Français croient écrire un roman, ils se déconnectent en fait du réel.

Ces raisonnements à la française « jusqu’ici tout va bien », « point trop n’en faut » et autres médiocrités sont une catastrophe. Le 18 mars 2021, Jean Castex a romancé le réel, jusqu’à le défigurer. Et tout cela en raison d’une médiocrité maquillée comme gestion pragmatique du quotidien. C’est à l’image des Français : englués dans une absence de perspective, complaisants avec eux-mêmes jusqu’au sordide, infantiles jusqu’à la négation de l’avenir au profit d’un présent étroit, borné, insipide.

La France déraille, la France décroche, la France sombre. Il va lui falloir de l’intelligence pour s’en sortir, et cette intelligence c’est le réalisme, le peuple systématisant la démocratie, le socialisme.

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Société

Le gouvernement arrivera-t-il à confiner l’Île-de-France dans les faits ?

La situation sanitaire est tellement catastrophique en Île-de-France qu’un confinement local est maintenant ouvertement sur la table. C’est tard, bien trop tard, et on se demande si l’État sera en mesure de le faire appliquer tellement il a rechigné à le mettre en place, ne serait-ce que partiellement.

Si le gouvernement n’a pas encore confiné l’Île-de-France, ce n’est pas en raison de critères sanitaires. C’est tout simplement qu’il n’osait pas, par peur que la mesure fasse un fiasco, tellement l’indiscipline et l’absence de sens collectif est généralisé dans la région parisienne.

Alors les choses ont continué à empirer depuis plusieurs semaines et cela fait maintenant plusieurs jours que le taux d’occupation des lits en réanimation dépasse les 100 %. Les hôpitaux franciliens sont littéralement débordés, ainsi donc que le personnel hospitalier dont les multiples témoignages sont éloquents. Il y a eu des transferts de patients vers l’Ouest de la France, mais tout cela est artisanal et surtout marginal, car on comprend bien que des patients dans une situation grave (placés sous respiration artificielle et surveillance permanente) ne peuvent être manipulés facilement.

La situation est d’autant plus compliquée que c’est en fait plus de la moitié du pays qui voit ses services de réanimation débordés. Voici la carte nationale produite par le gouvernement montrant le niveau d’alerte par rapport au taux d’occupation des lits de réanimation par région au 16 mars 2021.

On voit du premier coup d’œil que la France est coupée en deux, avec l’Ouest et le Sud-Ouest ayant un taux compris entre 42 % et 58 % (ce qui est énorme), alors que c’est bien supérieur ailleurs. La situation est particulièrement catastrophique pour les Hauts-de-France (120,1%) et Provence-Alpes-Côte d’Azur (111,1%), ainsi donc que dans la région parisienne où le taux est de 102,6 %.

Le taux d’incidence (le nombre de personnes testées positives sur une semaine) est de 250,11 pour 100 000 habitants à l’échelle nationale. Mais en ce qui concerne la région parisienne, il est de 320,72 dans les Yvelines, 356,87 dans les Hauts-de-Seine, 397,76 à Paris, 400,41 dans l’Essonne, 436,5 en Seine-et-Marne, 458,88 dans le Val-de-Marne, 496,01 dans le Val-d’Oise 499,3 en Seine-Saint-Denis.

C’est une catastrophe qui bien sûr empire, sans compter que ces chiffres sont tributaires du bon vouloir ou non de la population qui ne va pas forcément se faire tester en cas de cas contact. Voici la courbe pour la Seine-Saint-Denis, où on voit que le pic de novembre dernier (529 %) est en passe d’être atteint.

Le gouvernement va donc forcément aller dans le sens du confinement de l’Île-de-France, comme l’a annoncé le premier ministre le 16 mars 2021, mais qu’en sera-t-il dans les faits? Car ce sont les faits qui comptent et le capitalisme a façonné des gens individualistes et cyniques…

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Le Parti des salauds ne veut pas de confinement

Que ce soit pour protéger le capitalisme ou critiquer l’État, par cynisme ou indifférence, il y a tout un Parti anti-confinement en France.

S’il faut le faire on le fera » : tels ont été les propos dimanche 14 mars 2021 de Jérôme Salomon, le directeur général de la Santé. Il parle bien entendu du confinement. Or, en réalité, il fallait le faire et il n’a pas été fait. Le confinement de plusieurs régions du pays n’a pas été fait :

– parce que les Français sont des individualistes et qu’ils ne veulent pas changer leurs habitudes pour une question collective ;

– parce que le capitalisme apprécie le « marche ou crève » qui maintient l’économie à un certain rythme ;

– parce que les anarchistes et les syndicalistes sont des gens ignobles qui veulent la réouverture des lieux, la fin des lois « liberticides » et autres stupidités corporatistes et individualistes ;

– parce qu’une partie du pays se complaît dans les comportements anti-sociaux.

C’est tellement vrai qu’on chasse les malades des hôpitaux d’Île-de-France afin d’éviter le confinement ! On préfère perturber les malades et prendre des risques en les mettant artisanalement dans un train plutôt que d’assumer la bienveillance. C’est la honte !

Alors qu’en plus en Île-de-France il y a un nombre affolant de soirées, de gens se regroupant chez les uns ou les autres après 18h ! Sans qu’il n’y ait aucun contrôle pratiquement, l’État ne gère rien du tout et ne veut pas le faire, et ne peut pas le faire.

Seulement, les faits sont têtus comme le disait Marx et le confinement apparaît tel un spectre : celui de l’exigence collective. Tout comme le réchauffement climatique exige une dimension collective qu’on le veuille ou non, la crise sanitaire oblige à révolutionner les esprits et les pratiques. Pour les Français, la situation va être ainsi toujours plus douloureuse. Le Parti des salauds va se faire gifler par la réalité.

La France petite-bourgeoise va vaciller face au poids de la réalité. Et si on ajoute à cela la crise économique d’ampleur gigantesque et la tendance à la guerre, cela va être toutes les certitudes qui vont disparaître. Et à quoi les gens s’attendaient-ils ? Pensaient-ils réellement que rien ne changerait ? Qu’on pouvait vivre en en ayant rien à faire de la réalité, qu’on pouvait consommer sa vie selon les exigences du capitalisme sans qu’il y ait un prix à payer ?

La France a totalement déraillé, elle est passée dans l’idéalisme, mais franchement, qui aurait pu penser que le refus du confinement soit d’une telle ampleur, que le cynisme soit un tyran si bien installé…

L’Histoire va mettre une terrible claque à la France petite-bourgeoise !

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Covid-19 : des Français lassés, blasés, régressifs, prêts pour le général Pierre de Villiers

Les Français, corrompus par le capitalisme dans leur vie quotidienne, veulent revenir au monde d’avant, à tout prix. Ils récusent toute remise en cause possible.

Des gens rassemblés devant des bars, des jeunes faisant soirées sur soirées, alors que de toutes façons un grand nombre de libertés sont prises quant au couvre-feu de 18 heures : les villes sont le lieu de comportements anti-sociaux en série. Vivant au rythme d’un capitalisme concernant tous les aspects de la vie quotidienne, les gens n’en peuvent plus, ils exigent de consommer, d’aller au cinéma, d’aller dans les cafés, d’aller au restaurant, etc.

Aucun ne se dit : bon, il faut se poser et comprendre quelle est la nature de la situation. Non, au contraire même, tout est fait pour nier la réalité et faire comme si de rien n’était. Si initialement la question écologique que pose l’émergence de la pandémie était posée, elle a désormais totalement disparu. Tout a disparu d’ailleurs, il n’y a qu’un seul objectif : reprendre sa vie d’avant.

C’est une faillite morale tout autant qu’une faillite intellectuelle. Les gens ont des postures régressives, ils ne veulent pas prendre de responsabilités. Ils veulent payer ou voter pour que des gens décident à leur place. McDonald’s doit décider de ce qui est vendu, TF1 de ce qui est vu et le gouvernement gérer les affaires courantes. Et le capitalisme est si fort que le gouvernement est critiqué pour ne pas obéir autant aux attentes qu’une entreprise le ferait.

En cette fin février 2021, on comprend pourquoi l’État n’a pas décidé d’un nouveau confinement : par ses réseaux, il savait que la société n’était pas prête. On a donc une double peine : une société infantilisée et un État perdant totalement pied dans sa gestion de l’ordre social. Si donc on doit définir l’objectif de la Gauche, cela doit être : changer les gens, changer l’État.

Mais dans quel ordre ? Pour changer l’État, il faut que les gens se bougent, que l’État soit porté par le peuple, pas par une bureaucratie inféodée au capitalisme et surtout aux grandes entreprises. Mais le peuple ne veut rien entendre et rien faire.

On est donc bien parti pour une relance de l’État par l’intermédiaire de l’extrême-Droite, avec le sauveur suprême qui va proposer les solutions clef en main et les Français lui diront : oui, mon général !

Il est déjà prêt, d’ailleurs. Joseph Macé-Scaron, qui vient de l’extrême-Droite et qui est un ancien journaliste du Figaro et de Marianne, va sortir en mai un ouvrage intitulé L’Appel du général. Son personnage principal est le général Pierre de Villiers.

Il ne faut pas se leurrer : c’est là le reflet de ce qui va s’orchestrer. La France dépolitisée, infantilisée, s’en remet au général : comme avec Napoléon Bonaparte, avec Napoléon III, avec Clemenceau, avec Pétain, avec de Gaulle !

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Pas de troisième confinement: l’État capitule devant le libéralisme

Le nécessaire troisième confinement est repoussé par peur d’une révolte plébéienne.

Le premier ministre Jean Castex a pris la parole le vendredi 29 janvier 2021, alors qu’on s’était attendu à ce que le président Emmanuel Macron le fasse deux jours auparavant, ou finalement le dimanche 31.

C’est qu’on s’attendait au troisième confinement, rendu nécessaire par précaution en raison des multiples variants du coronavirus. La menace est « exponentielle » soulignent de nombreux experts.

Sauf qu’en pratique, le dilemme était trop puissant pour un gouvernement libéral dans une société libérale avec des gens libéraux. Il faudrait une réponse forte, de grande ampleur, à l’échelle de la société elle-même, décidée par des gouvernants déterminés et une population mobilisée. Une telle chose n’est pas possible, alors l’État a capitulé.

Emmanuel Macron s’est donc effacé, laissant le premier ministre annoncer des mesures peut-être utiles mais minimes et plus symboliques qu’autre chose.

Il y a déjà la fermeture des grandes surfaces non alimentaires de plus de 20 000 mètres carrés, dont on se demande pourquoi elles étaient encore ouvertes.

Il y a ensuite la fermeture des frontières avec les pays hors Union européenne. C’est que l’État demandait aux voyageurs arrivés un test PCR de moins de 72 heures, ce qui est bien. Sauf qu’il était également demandé un confinement obligatoire de sept jours, sans même conserver les noms et les adresses des gens arrivés. Cette sinistre farce a été stoppée en arrêtant tout.

Il y a également depuis plusieurs jours un test PCR de moins de 72 heures demandés aux gens venant en avion d’un pays de l’Union européenne. Mais pas à ceux venant en voiture ou en train. C’est tout de même bien étrange.

Mais à vrai dire plus rien n’est étrange dans un pays où, en l’absence de réelle lutte de classes, on a une plèbe poussée par une petite-bourgeoisie hystérique. C’est le front anti-confinement allant des gilets jaunes aux anarchistes en passant par l’extrême-Droite et les courants croyant en une conspiration. C’est la grande peur de la petite-bourgeoisie dans un contexte de crise.

L’État a décidé de capituler devant une telle agitation petite-bourgeoise. C’est doublement erroné. Déjà parce qu’il faut un confinement. Ensuite, parce que la petite-bourgeoisie n’est pas prête d’arrêter ses gesticulations. Cela va même empirer, parce que la petite-bourgeoisie est prise en sandwich entre les prolétaires et les bourgeois, c’est elle qui trinque le plus de l’instabilité du capitalisme.

Beaucoup de gens, de milieux favorisés, ont pensé que le libéralisme pro-Union européenne d’Emmanuel Macron était un rempart au populisme. On voit bien ici que ce n’est pas le cas. Il y a une capitulation devant le populisme. Seule la classe ouvrière, de par son rationalisme, peut réfuter le populisme, parce qu’elle insiste sur la démocratie et sur la mobilisation populaire pour la démocratie.

Là on a des technocrates et des plébéiens. Et une crise sanitaire. Et un capitalisme qui se ratatine. Et une grande puissance qui se déclasse. Un véritable cocktail empoisonné.

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3e confinement : les Français en même temps pour et contre

Les Français veulent des services sociaux, mais pas d’impôts. Pareillement, ils veulent un confinement, mais ils n’en veulent pas.

Le président Emmanuel Macron devait prendre la parole le mercredi 27 janvier 2021, mais il n’a pas osé : il sait que les Français, pétris dans la société de consommation capitaliste, ne tiennent psychologiquement plus. Ils exigent un retour au monde d’avant.

Leur schizophrénie est telle qu’un sondage montre que si une majorité des Français est pour un nouveau confinement, un quart de ces gens favorables explique en même temps qu’il ne suivrait pas les règles ! C’est totalement schizophrène et c’est bien français non pas en vertu d’une caractéristique nationale, mais en raison d’un libéralisme ultra-puissant combiné à un système social très développé conquis de haute lutte et permis par un capitalisme développé qui s’en est bien arrangé.

Les Français veulent moins d’État… et en même temps ils veulent plus d’État. Les Français veulent moins d’impôts… mais la première crise venue, ils demandent l’intervention de l’État, les aides de l’État. C’est absolument intenable. Les Français veulent pareillement des règles, car ils voient bien que la société perd tout repère… mais en même temps, aucun ne veut de règles.

Que voit-on en ce moment, justement ? Que de nombreuses salles de sport sont remplies à 5-10%, en raison de faux certificats de médecins complaisant expliquant que c’est absolument nécessaire. Qu’il y a toute une série de restaurants ouvrant clandestinement, certaines fédérations sportives autorisant des stages de préparation hivernale en groupe pour les amateurs comme si de rien. On a même eu un commissariat, à Aubervilliers en région parisienne, fêtant un pot de départ ! Un restaurateur niçois a même ouvert à midi, avec de nombreuses figures des gilets jaunes locaux (qui se ressemble s’assemble), sans que la police ne ferme sur le champ le restaurant.

C’est que l’Etat sait très bien qu’on est sur des charbons ardents. Alors instaurer un troisième confinement dans de telles conditions…

C’est qu’on vit un problème historique et Emmanuel Macon n’y peut rien. La société française est bloquée, elle est façonnée par l’individualisme et personne ne veut prendre de responsabilités, ni assumer la dimension collective des choses. Comme il y a encore de la culture et des valeurs, les Français ont oublié d’être idiots et veulent le changement. Mais ils ne veulent pas changer.

D’ailleurs, les gens qui font du bon travail – et espérons qu’agauche.org relève de cela – connaissent le problème : on dit que c’est très bien ce qu’on fait, mais cela s’arrête là. Ne fonctionne que ce qui fait fonctionner les egos, permet de se mettre en avant, de se donner une certaine image, etc. Le reste, qui s’engage ? Trop systématique, trop d’efforts, trop en conflit avec la flemme. Consommer est bien plus simple et contrairement au misérabilisme d’ultra-gauche ou des syndicats, pratiquement tout le monde en France a largement de quoi consommer et vivre dans sa petite bulle.

Et que va-t-il se passer aux prochaines présidentielles, vu comme on est parti ? Eh bien un populiste va dire : la France s’est raté sur les masques, sur les tests, sur la vaccination, sur la recherche de vaccins, sur le séquençage des variants, alors confiez-moi les clefs du pouvoir, je m’occupe de tout. Et comme les Français sont finalement très contents de vivre dans un pays riche avec des bombes atomiques, ils diront : stoppons le déclassement, oui à l’autorité centralisée, militarisée, du moment qu’on peut vivre comme avant !

On sait que le général Pierre de Villiers attend son heure, se présentant comme le recours. Et le dernier sondage donne déjà Emmanuel Macron battant une Marine Le Pen obtenant 48% des voix au second tour des présidentielles…

Dans l’état actuel des choses, on va tout droit au nationalisme, au militarisme, à la guerre !

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Société

Le nécessaire troisième confinement et l’impossible société française

Le troisième confinement est nécessaire, mais l’État tergiverse, car la société française, pourrie de libéralisme, en a assez des exigences collectives.

La société française sait qu’il faudrait un troisième confinement ; de nombreux médecins de haut niveau s’inquiètent et prônent également cette mesure. Ce qui travaille les esprits, c’est bien sûr ce qui est appelé de manière pittoresque le « variant britannique », plus contagieux, qui a été au moins présent déjà à Bagneux, Rennes et Marseille. En raison de ce variant, il y a une situation sanitaire désastreuse en Irlande, avec une croissance exponentielle des gens malades.

Le problème, c’est que la société française n’en peut plus ou, du moins, elle pense être à bout. Elle est en fait tellement travaillée au corps par le libéralisme que tous ses efforts allant dans un sens collectif lui semblent insupportables. Pour les libéraux, c’est un chemin au collectivisme ; pour les gens c’est un obstacle à leurs libertés et une remise en cause de leur mode de vie.

Le dilemme de l’État est ainsi très simple : d’un côté il faut rassurer les gens comme quoi rien ne change, comme quoi rien ne peut changer, et de l’autre il faut en même temps colmater les brèches alors que le navire capitaliste prend l’eau de partout avec la pandémie.

Pour renforcer la gravité de la situation, il y a une haute bourgeoisie qui voit tout cela d’un très mauvais œil, car la France « c’est un sacré bordel » et cela implique un déclassement dans la hiérarchie des puissances. Une telle chose, à l’ombre d’une bataille pour le repartage du monde, est bien sûr inacceptable pour la haute bourgeoisie.

Et pour rendre le tout explosif, il y a les vaccins, qui ont été vendus comme le remède miracle. Non seulement il y en a plusieurs et on s’y perd, mais en plus les campagnes de vaccinations ne sont pas à la hauteur des attentes. On a fait croire aux gens que la sortie du tunnel allait apparaître en mars, que tout allait redevenir comme avant pour l’été… alors que l’année 2021 va être en réalité tourmentée, complexe, nullement un « retour à la normale ».

Pour comprendre cette machine à illusions, il suffit de voir la couverture du Nouvel Obs, l’organe des bobos s’imaginant à Gauche, lors du passage à la nouvelle année. La couverture n’a pas deux semaines et elle apparaît déjà comme totalement dépassée, entièrement déconnectée du réel.

C’est que les choses vont à la fois très vite et très lentement. Et pour le comprendre, il faut voir les choses en grand, à l’échelle du pays, en pleine connaissance des mentalités, de la culture, des évolutions économiques, politiques, idéologiques. C’est cela qui permet de garder le fil et de lire les développements en cours.

Car il faut se rappeler tout de même de quelque chose. Ces trois dernières années, on nous a vendu comme très radicaux, voire révolutionnaires, à la fois les cheminots en grève, les gilets jaunes et l’opposition à la réforme des retraites. Le pays allait se soulever, nous disait-on ; il faut relire les médias d’ultra-gauche et les communiqués syndicaux d’alors : quel triomphalisme y trouvait-on !

En pratique, tout cela était du vent, une simple expression de décomposition d’un capitalisme se ratatinant sur lui-même, avec des secteurs corporatistes défendant leurs acquis en n’en ayant rien à faire de rien, quand ils ne passaient pas dans le nihilisme de type fasciste comme les gilets jaunes.

La preuve, c’est qu’il ne reste rien de tout cela, rien de rien, à part quelques miettes d’agités isolés socialement ici et là. Il n’y a pas eu d’engouement populaire, de mise en branle de choses nouvelles, de production culturelle. C’était une vanité complète, typiquement petite-bourgeoise dans ses prétentions hallucinées.

Les deux confinements ont été vécus de manière d’autant plus dépressives dans un tel panorama prétexte aux bouffées d’angoisse, à l’anxiété qui ronge, au désespoir. On se prend le capitalisme en plein face, comme jamais peut-être. Et c’est corrosif. Il va falloir que les gens s’en sortent, s’en arrachent, s’en extraient. La décennie 2020 va être un traumatisme historique. Et c’est de là qu’il va falloir partir pour porter l’utopie.

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Société

Les Français littéralement incapables d’appliquer le second confinement

Le constat est partout le même : le second confinement, au début novembre 2020, n’est pas suivi. Il y a beaucoup moins de monde dehors, mais il y a tout de même beaucoup de monde.

Beaucoup de monde dehors ? En tout cas, trop de monde ! La différence entre le premier et le second confinement est énorme. Elle n’est pas que quantitative d’ailleurs, ce n’est pas seulement une question de gens présents dehors. En fait, qualitativement, cela n’a rien à voir. Et c’est la preuve d’un terrible échec.

Les gens suivent le second confinement sans s’appliquer, sans y croire, en espérant un vaccin, un retournement de situation : c’est finalement une sorte d’allégorie de leur rapport au capitalisme. On n’y croit pas plus que cela, mais on mange du foie gras et on veut acheter sa maison ; on n’aime pas les riches, mais on veut une vie quotidienne petite-bourgeoise bien rangée tout en accumulant un petit capital.

Cette ambivalence mène les Français à leur perte. Ils s’imaginent très intelligents en adoptant une sorte de ligne in medio stat virtus, la vertu est dans le milieu. En pratique, ils sont déconnectés. Ils n’ont pas l’armature psychique pour cela, ils n’ont pas la patience, ni la morale ; ils sont incapables de faire face, prisonniers de leur passivité consommatrice et de leur relativisme libéral.

Les Français, au mois d’août, avaient d’ailleurs choisi de se débarrasser de la question de la crise sanitaire. Ils s’imaginaient ainsi rationnels, alors qu’ils étaient idéalistes. Ils se sont imaginés choisir de passer à autre chose et que cela suffirait. Il faut se rappeler les comportements en août pour voir à quel point les Français étaient dans le déni. Avec le recul, c’est à peine croyable.

Et malgré la nouvelle crise sanitaire, ils continuent, en relativisant le second confinement, en cherchant à le détourner avec un justificatif par-ci un justificatif par-là, avec un État complaisant autorisant tout et n’importe quoi de manière dérogatoire. Les Français ne veulent pas de la crise sanitaire, donc elle n’est pas vraiment là. Ainsi, le second confinement est, dans les faits, une fiction.

Pas pour les restaurateurs et les fleuristes bien sûr, pour tous les petits commerces en général, qui doivent encaisser les coups et les coûts du capitalisme (ce qui devrait leur enseigner à mieux choisir ses amis et ses alliés et à se tourner vers la classe ouvrière). Pas non plus pour les refuges et centres de soins pour animaux, qui encore une fois n’existent pas pour l’État et dont les bénévoles se retrouvent à devoir bricoler pour pouvoir se déplacer, travailler, intervenir.

Mais le confinement est bien une fiction en terme de société. Je fais semblant, tu fais semblant, nous faisons semblant. Le gouvernement prétend, les gens prétendent, tout le monde prétend, les réalistes et les médecins hallucinent, désespèrent, protestent. Ils se demandent : pourquoi les Français sont-ils aussi obstinés dans leurs comportements ? Pourquoi ne s’assument-ils pas ?

C’est pourtant simple. Les esprits sont ailleurs, forcément ailleurs,et cela pour une simple raison : personne n’est prêt à assumer que le capitalisme est allé droit dans le mur à l’échelle planétaire, qu’il faut tout remettre à plat, que plus rien ne sera comme avant…

Assumer cela, c’est partir en guerre contre le capitalisme, au sens strict, dans un contexte sanitaire encore en crise, dans un contexte international militarisé, avec une économie portée à bouts de bras avec de l’argent magique, à quoi on doit ajouter le réchauffement climatique, l’effondrement de la culture sous les coups de boutoir de l’expansion du marché, etc.

Trop compliqué ! Trop difficile à suivre ! Trop de sacrifices !

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Politique

Les lycéens désemparés face à la crise sanitaire

La rentrée scolaire d’après les vacances de la Toussaint est marquée par une colère dans plusieurs lycées partout en France avec des jeunes s’opposant au manque de mesures sanitaires.

Le gouvernement n’a pas été capable de mettre en place un réel re-confinement, et ce malgré la circulation accrue de l’épidémie de covid-19. Chaque établissement scolaire devient un potentiel « cluster » en puissance, en raison notamment de moments clefs ingérables, comme la rentrée dans le bâtiment, la cantine, sans parler des heures de cours elles-mêmes. Cela a donné lieu à quelques initiatives, notamment… des blocages.

On pourra se dire qu’il y a quelque-chose d’étrange à voir des lycéens s’amasser devant un lycée… pour réclamer à ne pas être amassé dans le lycée ! C’est là le reflet d’un grand tourment dans la société française, avec des gens voyant que les choses ne vont pas bien, mais ne sachant pas comment faire, ni même quoi faire d’ailleurs.

Prenons cette lycéenne par exemple, élève d’un lycée de Bastia en Corse. Ce qu’elle dit est très juste, plein de bon sens, empli d’une saine révolte contre la situation actuelle, avec un grand sens des responsabilités :

De la même manière, les quelques lycéens qui s’organisent devant leur lycée pour en bloquer l’entrée ont forcément raison de dénoncer l’absence (ou le si peu) de mesure sanitaire dans les établissements.

Mais on ne peut que se dire, en même temps, que leurs « blocus » sont bien étranges, alors qu’il y a la possibilité de s’organiser via les réseaux sociaux pour ne pas venir en cours, tout simplement. Les lycéens n’ont ils pas les moyens d’exiger collectivement des cours en ligne, ainsi que des heures d’ateliers réellement en petit groupe et dans des salles bien aérées pour ce qui concerne l’enseignement professionnel ?

Manifestement, la jeunesse ne semble pas encore prête à un tel niveau d’organisation et d’exigence. Les ridicules échauffourées ayant eu lieu ces derniers jours entre la police et des lycéens à Nantes ou à Paris sont ici le reflet de cette faiblesse.

Peut-être, souhaitons-le, la jeunesse lycéenne sera très vite prête, même dans les prochains jours, car les choses vont très vite dans une période de crise comme la nôtre.

Il faut dire cependant que les défis qui s’offrent à elle sont immenses. Rien que le changement climatique ou la question des animaux sont d’une ampleur incroyable, une ampleur qui ne peut que terrifier dans un premier temps… mais qui le moment venu peut aussi galvaniser la jeunesse se prenant en main pour exiger le futur !

Il faut dire également que les 2005, 2004, 2003, voire 2002, qui sont actuellement au Lycée, payent aujourd’hui le prix de l’effondrement de la Gauche dans la jeunesse et les classes populaires. Cela fait maintenant des années et des années que la Gauche ne pèse plus, n’a plus aucune structure réellement ancrée dans la jeunesse, ni même aucun relais ayant un quelconque impacte.

Cette vidéo YouTube postée par le Parti socialiste en direction de la jeunesse en dit très long par exemple :

Seulement 500 vues (dans la soirée du 5 au 6 novembre)… C’est extrêmement faible, alors que ce qui y est dit, à défaut d’être transcendant, est extrêmement simple et tout à fait consensuel. Le Parti socialiste bénéficie pourtant d’une notoriété énorme, il avait même le pouvoir en France il y a quelques années, quand les jeunes visés par la vidéo étaient déjà des adolescents ! On est cependant dans un moment de désarroi et d’espoir mélangé, de combativité et de passivité, de refus et de complaisance.

La France est à l’image de sa jeunesse : prête au changement, mais pas prête à changer.

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Politique

Deux tribunes absurdes anti-confinement à gauche

Surfant sur la dynamique petite-bourgeoise anti-confinement, deux tribunes se revendiquant de la Gauche dénonce le confinement comme une manœuvre politique sans fondement.

Ce sont deux étranges tribunes, extrêmement offensives, qui dénoncent le confinement avec les mêmes arguments que l’ultra-gauche ces dernières semaines. Le second confinement reposerait sur un mensonge gouvernemental, le but serait de faire peur, d’instaurer un État pratiquant une surveillance généralisée, décidant par en haut, etc.

C’est de la paranoïa petite-bourgeoise tout à fait traditionnelle, avec la dénonciation de l’État, des décisions centralisées, des mesures collectives, avec une lecture complotiste où les mesures relèveraient d’une opération machiavélique, avec un agenda caché, etc.


La tribune Le confinement constitue un remède pire que le mal pour la société française, parue sur Regards.fr

C’est une longue tribune, signée par des gens relevant de la bourgeoisie intellectuelle: professeur d’université, maître de conférence d’université, médecin, psychiatre, chercheur au CNRS, biologiste, vétérinaire, etc.

Ces 350 signataires disent que le reconfinement a été prévu depuis des mois, qu’on a un alarmisme qui est une construction intellectuelle afin de faire peur, que les arguments pour le reconfinement seraient un délire, que la démocratie serait mise entre parenthèses, etc.

La tribune En finir avec l’état d’urgence et d’exception, publiée par Libération

Cette tribune est portée par quelques personnes seulement, avec notamment le député LFI et ultra-populiste François Ruffin, Lenny Benbara qui est fondateur du think tank Institut Rousseau, William Bouchardon qui est responsable de la rubrique Économie du Vent se lève.

Là encore il est dénoncé une atteinte aux libertés publiques, avec des décisions par en haut donc mauvaises, pour une situation accentuant qui plus est les inégalités sociales.


On croit rêver à lire ces tribunes. Le capitalisme veut évidemment faire tourner la machine à plein régime, donc il ne veut certainement pas de nouveau confinement. S’il le fait, c’est qu’il n’a pas le choix – et d’ailleurs il le fait mal. Il n’y a pas trop de confinement, il n’y en a pas assez. Mais pour les petits-bourgeois, l’ennemi c’est l’État, donc celui-ci a toujours tort, et en même temps il faut toujours se tourner vers lui pour obtenir de l’aide. D’où cette démagogie sur les libertés publiques, les décisions par en haut, etc., comme si toutes les décisions n’étaient pas prises par en haut depuis longtemps !

Dans la situation de crise sanitaire que l’on connaît, il faut se souvenir de ces deux tribunes, car bientôt leur caractère scandaleux sautera aux yeux, leur caractère petite-bourgeois sera évident et sera source de leçons. On verra aisément qu’il s’agissait de démarches anti-collectivistes, anti-populaires, d’expressions de terreurs devant les nécessaires décisions à la fois étatiques et populaires.

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Politique

Covid-19 début novembre 2020: la révolte bourgeoise contre le semi-confinement

Au mois de mars 2020, Emmanuel Macron n’avait pas osé employer le termes de confinement. Il a finalement utilisé le mot fin octobre, mais pour ce qui s’avère n’être qu’un demi-confinement, absolument pas à la hauteur de la situation sanitaire. Cela n’empêche pas l’agitation bourgeoise, et particulièrement petite-bourgeoise, qui trouve que c’est encore trop.

L’actualité française est ainsi littéralement polluée par la révolte des commerçants et chefs d’entreprises voulant à tout prix ouvrir et faire leurs petites affaires. Cela ne les intéresse pas que la deuxième vague de covid-19 déferle sur la France, avec une augmentation continue du nombre de personnes en réanimation (+75 samedi 31 octobre 2020 par rapport à la veille), avec en tout 23 153 personnes hospitalisées. Les affaires sont les affaires, peu importe les malades et les morts, voilà ce que pensent ces partisans acharnés du capitalisme, qu’ils soient petits ou gros.

Partout dans le pays, fleuristes, vendeurs de jouets ou de vêtements, libraires, bijoutiers, parfumeurs, chefs d’entreprises en tous genres, s’indignent d’être considérés « non essentiels », alors qu’effectivement ils ne relèvent pas d’une activité essentielle si l’on veut vraiment arrêter la circulation du coronavirus. Mais ils ont un tel poids en France qu’ils vont bientôt obtenir de nombreuses concessions, de la part d’un gouvernement qui, de toutes manières, n’est pas en mesure d’assumer un combat à la hauteur contre l’épidémie, préférant le capitalisme à la santé de la population, préférant les patrons aux avis des médecins et hospitaliers.

Dimanche premier novembre, ce sont donc les syndicats des commerçants, de la grande distribution, ainsi que le Medef qui sont accueillis à Matignon par le premier ministre afin de faire entendre leurs exigences. Le gouvernement est littéralement terrorisé par cette colère bourgeoise, qui est bien entendue portée par la Droite.

Des manifestations sont déjà prévues partout en France par des « artisans et commerçants » contre les mesures sanitaires, comme à La Flèche ou à Gap. Des maires de villes comme Yerres, Les Herbiers, Perpignan, Chalon-sur-Saône, Brive-la-Gaillarde, Saint-Calais, relevant tous de la Droite ou d’extrême-Droite, ne se sont pas gênés pour prendre des arrêtés municipaux autorisant l’ouverture de commerces interdits. Et les exemples sont multiples partout dans le pays. Ces arrêtés n’ont aucune valeur juridique, mais la pression est énorme, ébranlant la base même de l’autorité centrale de l’État français.

Cela ne concerne pas seulement les petits capitalistes, puisque les grandes enseignes comme Boulanger et le groupe Fnac-Darty se sont arrogées le droit d’ouvrir, alors que les groupes Auchan et Monoprix ont annoncé qu’ils allaient eux-même accueillir dans leurs magasins des petits commerçants interdits… La bourgeoisie est pratiquement à l’unisson pour mener une fronde anti-démocratique contre les mesures sanitaires.

La pression est tellement forte que Philippe Laurent, le maire de droite de Sceaux, président de l’association Centre-Ville en Mouvement, menace directement l’État d’une contestation de grande ampleur :

« S’il n’y a pas d’assouplissement des mesures d’ici le milieu de semaine prochaine, le gouvernement devra gérer 10 000 arrêtés de maires. Ce sera la fronde ! Et cela laissera de la rancœur. D’autant que les habitants sont derrière les commerçants… »

La Droite est clairement et ouvertement à l’offensive en France, d’autant plus qu’elle est galvanisée par la question islamiste depuis plusieurs jours. Il faut vraiment s’attendre à ce que la déferlante de Droite, voire d’extrême-Droite, soit énorme dans les semaines et mois à venir.

En face, il faudrait toute la solidité de la Gauche, assumant d’une main de fer l’intérêt de la collectivité et des mesures collectives. Le problème, c’est que cette Gauche est pour l’instant aux abonnés absents, avec dans ses rangs tout un tas d’usurpateurs allant dans le même sens que la Droite, avec en toile de fond le libéralisme libertaire économique et culturel.

On a ainsi le PCF, qui défend les grandes surfaces françaises au prétexte de critiquer le monopole américain Amazon, dans une logique sociale-chauvine. On a ainsi Johana Rolland, la maire « socialiste » de Nantes et présidente de l’association des métropoles France urbaine, qui réclame comme la Droite « l’équité de traitement entre commerces de proximité et grandes surfaces ».

La situation est pourtant simple et ce qu’il faut est très clair : seul un confinement strict de la population est en mesure d’enrayer la circulation accrue du virus dans l’état actuel des choses. Mais pour cela, il faut assumer que la collectivité s’impose sur le capitalisme ; c’est précisément le rôle historique de la Gauche d’assumer cela contre la Droite. Une Gauche électoraliste composée de gens des couches supérieures de la société ne peut pas saisir cela.

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Écologie

Confinement : les demandes de la protection animale

Voici le communiqué d’associations de la protection animale, demandant avec justesse la garantie du maintien de leurs activités indispensables pour les animaux pendant le confinement. Cela concerne particulièrement des associations fonctionnant sans refuges (qui ne sont pas fermés, par définition), mais par familles d’accueil ou bien directement auprès des animaux dans différentes situations.

« 𝐑𝐞𝐜𝐨𝐧𝐟𝐢𝐧𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 : 𝐋𝐞𝐬 𝐚𝐬𝐬𝐨𝐜𝐢𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐝𝐞 𝐩𝐫𝐨𝐭𝐞𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐚𝐧𝐢𝐦𝐚𝐥𝐞 𝐝𝐞𝐦𝐚𝐧𝐝𝐞𝐧𝐭 𝐚𝐮 𝐆𝐨𝐮𝐯𝐞𝐫𝐧𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐪𝐮𝐞 𝐥𝐞𝐬 𝐚𝐝𝐨𝐩𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐝’𝐚𝐧𝐢𝐦𝐚𝐮𝐱 𝐞𝐭 𝐥𝐞 𝐧𝐨𝐮𝐫𝐫𝐢𝐬𝐬𝐚𝐠𝐞 𝐝𝐞𝐬 𝐜𝐡𝐚𝐭𝐬 𝐥𝐢𝐛𝐫𝐞𝐬 𝐫𝐞𝐬𝐭𝐞𝐧𝐭 𝐩𝐨𝐬𝐬𝐢𝐛𝐥𝐞𝐬 !

Alors que le Président de la République vient d’annoncer un reconfinement strict, les associations Ethics For Animals, One Voice, L’arche des Associations et le Collectif Chats et Compagnie formulent les mêmes demandes faites lors du 1er confinement : autoriser les associations avec et sans refuge à continuer les adoptions d’animaux et aux nourrisseurs de chats libres de se rendre sur les points de nourrissage.

“Le secteur de la protection animale a été particulièrement impacté pendant le 1er confinement. Selon l’étude que nous avions menée sur un échantillon représentatif de 135 associations, ces dernières avaient perdu 32% de leurs ressources entre 2019 et 2020 sur la période 1er janvier/31 mai. Pire, leur déficit s’était accru de 58% alors que 75% de ces structures fonctionnaient déjà à flux tendu. Il est nécessaire que le Gouvernement entende ce secteur associatif.” déclarent les responsables des associations.

Les mesures que nous demandons au Gouvernement pendant ce confinement sont simples : donner la possibilité aux associations avec et sans refuge de poursuivre leurs adoptions, donner l’autorisation aux nourrisseurs de chats libres de se rendre sur les points de nourrissage et inciter les vétérinaires à considérer les stérilisations d’animaux comme des urgences vétérinaires ne pouvant être différées.
#confinement #protectionanimale #paconfinée #onevoice #urgenceerranceféline »

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Écologie

Second confinement en octobre 2020: l’humanité apprentie sorcière prise au piège

Le second confinement ne fait pas qu’ébranler les mesures sanitaires gouvernementales ; c’est tout le mode de vie de l’humanité qui est remis en cause.

Les Français savaient que le confinement serait mis en place, mais la brutalité de son caractère les a tout de même surpris. Emmanuel Macron a annoncé en effet mercredi 28 octobre que le confinement commencerait dès le 30 au matin et s’il ne va pas aussi loin que le premier confinement, cela y ressemble beaucoup dans la plupart des mesures prises. Qui plus est, il y en a jusqu’à début décembre… au minimum.

Les Parisiens suffisamment aisés ont d’ailleurs pris la fuite le jour même, avec 400 kilomètres de bouchon dans l’après-midi avant même les annonces, alors que dans la soirée le site de la SNCF a été totalement saturé, de par les nécessaires voyages en catastrophe en raison de la rapidité de la mise en place du confinement.

Tout cela, cependant, est entièrement secondaire par rapport au cadre historique. La situation est en effet peu ou prou la même dans toute l’Europe, et même si des pays s’en sortent bien mieux, comme l’Allemagne, la tendance reste la même : le virus est relancé, il faut confiner. On peut bien entendu dénoncer Emmanuel Macron, dénoncer le manque de lits dans les hôpitaux, de moyens, de préparation depuis six mois également, c’est bien entendu très vrai, mais cela n’en reste pas moins très secondaire.

Il y a un problème de fond et il est très simple. Pendant des centaines et des centaines d’années, voire des milliers d’années si on remonte à l’apparition de l’élevage et de l’agriculture, l’humanité a joué avec le feu, en désorganisant la nature, en s’appropriant la vie des animaux qui ont été réduits à de simples marchandises de consommation alimentaire, et stockés comme des matières premières.

Cela a été toute une étape historique, un développement, c’est évident. En rester là, toutefois, est une erreur grossière, une incompréhension du développement spécifique de l’humanité, spécifique, mais intégrée à un cadre : la nature.

En niant ce cadre, l’humanité a joué à l’apprentie sorcière. Cela a produit le changement climatique, cela a produit l’asservissement et la souffrance d’animaux dans une dimension industrielle, cela a produit la déforestation, cela a produit toute une série de maladies passant la barrière des espèces en raison de situations anti-naturelles, le Covid-19 se situant ici dans une longue tradition de maladies de ce type, dont la grippe espagnole a été la plus meurtrière.

Malgré un premier confinement, l’humanité ne s’est pas remise en cause. Elle a considéré qu’elle pouvait passer en force : des centaines et des centaines de milliards d’euros par ici, des mesures de confinement par là, la course au vaccin, l’espoir que le virus partirait de lui-même, etc.

L’instauration d’un second confinement en France, mais également peu ou prou dans toute l’Europe, écrase une nouvelle fois la vanité humaine. Et, d’ailleurs, cette fois la crispation est d’autant plus là, la nervosité est présente, la compréhension que l’humanité fait face à un mur s’impose. Elle est même tyrannique, au point que les petits-bourgeois nient le virus, dénoncent l’État, car ils savent que tout doit changer et comme ils ne le veulent pas, ils cherchent un « responsable ».

Ce responsable, c’est pourtant l’humanité elle-même. Son mode de développement, son mode d’existence, est dépassé. Donc il faut le dépasser. Cela implique toutefois de raisonner en termes de mode de vie. Tout doit être remis à plat. L’envergure de la question est immense.

Et malheureusement, on connaît le principe : les consciences sont en retard sur la réalité. Ce second confinement va imposer, par conséquent, les faits de manière très dure, déboussolant tout en amenant une grande exigence.

À la Gauche d’être prête pour accompagner cette nouvelle séquence et faire progresser les consciences !

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Société

Octobre 2020: un confinement étatique en raison d’une société passive et au bord du nihilisme

L’État est obligé de prendre des mesures face à la crise sanitaire, car la société est fragmentée, déstructurée, incapable d’une action collective.

Emmanuel Macron prendra la parole le 28 octobre 2020 au soir, mais déjà tous les médias distillent depuis plusieurs jours un message simple : un confinement est inévitable. Il ne sera pas massif comme le premier, alors qu’il devrait l’être, mais tel en ont décidé les intérêts capitalistes. Encore est-il que le capitalisme exige une certaine consommation également et là dans tous les cas la machine est sacrément enrayée.

On sait déjà que ce nouveau confinement n’apportera pas une certaine nouveauté, voire pour certains un certain romantisme du temps qui passe plus lentement. Le stress ayant traumatisé les uns contaminera cette fois également les autres. Cette fois, en effet, il apparaîtra clairement que la crise sanitaire est installée, que l’humanité n’en voit pas le bout.

Les comportements nihilistes et antisociaux, déjà si présents jusque-là, vont se systématiser alors que les tensions sociales (improductives) vont se multiplier. C’est la fin d’une civilisation et le sentiment de déception de classes moyennes aigries vont donner une teneur particulièrement mauvaise à une ambiance déjà délétère.

On voit, dans une telle situation, comment la société française n’est prête à rien, comment elle est passive, recroquevillée. Et comme les Français n’ont pas voulu se bouger, ils vont chercher un bouc-émissaire et déléguer les responsabilités à un sauveur : c’est l’espoir du général Pierre de Villiers, prêt à se poser en nouveau Bonaparte, Napoléon III, Boulanger Pétain, De Gaulle…

Il faudra sans doute en passer par là pour que la société se bouge, avec comme moteur la classe ouvrière qui doit littéralement réorganiser celle-ci. On voit mal comment, en effet, une telle société est prête à quoique ce soit. On a les plus grands défis que l’humanité ait connu qui se posent dans les décennies à venir et on ne s’en sort pas du triptyque divertissement – consommation – soumission aliéne au travail salarié.

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Le capitalisme va pourtant vouloir la guerre et il va donc façonner les Français à partir de ce nihilisme. Cela va impliquer une crise morale générale, une crise culturelle, une crise idéologique sans pareil. La France va, dans les faits, connaître cet effondrement intérieur qu’ont connu l’Allemagne et l’Italie au début du 20e siècle. C’est une crise qui touche tous les aspects d’un pays à bout de souffle et dont tout un parcours se termine.

Ce qui va se passer peut se résumer simplement également : la France va vouloir maintenir ses rêves impériaux, les Français passés au nihilisme vont suivre, puis tout va s’effondrer et une démocratie nouvelle portée par la classe ouvrière va surgir. Quelle sera la nature de cet effondrement, là est le dramatique problème ; quant aux problèmes sur la table pour préparer un changement positif, ils sont immenses et nécessite un haut niveau de culture.

C’est là encore une résonance de la situation des années 1920-1930 : on est dans la bataille pour la culture. On n’est de fait plus au seuil des années de crise, on est en plein dedans. Et dans ces spasmes historiques, la société nouvelle, socialiste, doit se forger en balayant l’ancien monde. C’est un vaste programme, le seul qui corresponde à notre époque, et aussi marginal que ce point de vue puisse encore sembler être aujourd’hui, l’Histoire en accélération en fera son actualité demain.

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«Les addictions en France au temps du confinement»

Psychologiquement, le confinement a été vécu très difficilement par beaucoup de monde. Ses effets restent également très importants. On se reportera ainsi avec d’autant plus d’intérêt vers l’évaluation des addictions pendant le confinement.

C’est l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies qui la fournit, venant de mettre en ligne le numéro de septembre, au format PDF, de Tendances, à retrouver ci-dessous :

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« Et ça pourrait dire reconfinement »

En parlant « reconfinement », le premier ministre a fait passer un message indirect qui révèle le fond de la situation sanitaire.

Si la situation n’était dramatique, on rirait encore des propos farfelus des institutions. « Aucun cluster n’a été découvert dans les transports en commun » apprend-on du côté de la SNCF et de la RATP. Comme s’ils en savaient quelque chose, comme s’ils avaient les moyens d’en savoir quelque chose. Alors, que, de toutes façons, c’est une évidence en région parisienne où les gens sont les uns sur les autres. On peut ajouter à ce panorama francilien les vendeurs à la sauvette de cigarettes, sans masque, aux sorties de certaines stations, ou bien ces gens venant laver les barres où s’agripper, en passant simplement partout le chiffon, sans jamais utiliser le spray de liquide désinfectant.

La RATP a également comme argument que à quatre par mètre carré, ce n’est pas grave, car le métro n’a pas retrouvé sa fréquentation normale. Surréaliste. Comme en général il y a moins de fréquentation, ce n’est pas grave qu’on soit à quatre par mètre carré aux heures de pointe ou dans les lignes traditionnellement bondées quoi qu’il arrive. C’est en fait sans doute par miracle ou magie qu’on est passé à plus de 16 000 cas de personnes contaminées par jour en France, car ce qui est vrai à Paris l’est aussi dans de nombreux endroits, les Français étant des Français.

Et dans le monde, on est à pratiquement un million de morts déjà, car les humains sont des humains : ils vivent dans l’anarchie capitaliste, des zones urbaines inhumaines, avec au choix pas de moyens ou bien pas de volonté. Quand on dit pratiquement un million de morts, notons qu’on doit être bien au-dessus, car initialement beaucoup de morts n’ont pas été compté, les institutions préférant faire tomber le nombre en associant les décès à d’autres maladies également présentes. Un jour, on aura les statistiques à l’échelle nationale et on pourra comparer la mortalité habituelle à celle de la période du covid. Un jour.

En attendant, sur France 2 le 24 septembre, le premier ministre Jean Castex a prévenu :

« Il faut que l’opinion soit très attentive, très prudente. Si nous n’agissons pas on pourrait se retrouver dans un situation proche que celle connue au printemps et ça pourrait dire reconfinement ».

C’est là un profond signe de faiblesse. L’État montre, tout simplement, qu’il n’est pas au point. Il est dépassé par les événements et ce pour une raison très simple. Un État authentique s’appuie sur une profonde dynamique au sein de la société. C’est cela qui fait que lors de la Révolution française, il y a eu la bataille de Valmy, où les Français mobilisés sur le tas ont battu les Prussiens. Un État authentique a une légitimité dans la population, des ramifications, il trouve des soutiens qui se produisent de manière autonome.

Cet enracinement de l’État peut avoir une substance très différente. Ainsi, en France, on n’a jamais compris que l’Allemagne nazie n’a jamais été un « totalitarisme », mais que les gens eux-mêmes, à la base, ont soutenu le régime, d’eux-mêmes. Mai 1945, pour les Allemands, c’est une défaite. Les Allemands voulaient le nazisme.

Bien entendu, une fausse légitimité ne tient pas ; une dictature anti-populaire ne dure qu’un temps, les gens s’apercevant du caractère démagogique du régime. Mais ce temps peut être relativement long : l’Italie fasciste a une base populaire immense avant le grand retournement de situation en 1943.

De la même manière, la France a mobilisé de manière générale en 1914 sans aucun problème, n’ayant aucun opposant en face. Ce n’est qu’à partir de 1917, sous l’effet de la révolution russe (de février) que les oppositions se forment réellement et que les poilus, surtout des paysans, commencent à prendre conscience de la situation.

Aujourd’hui, par contre, l’État est totalement déconnecté de la société. Il l’est au sens strict depuis la seconde partie du 19e siècle, depuis que la bourgeoisie est installée dans tous les rouages institutionnels. Mais là, l’État est même étranger à lui-même ! Même ses propres structures lui sont étrangères ! De plus en plus, les policiers sont par exemple eux-même de la chair à canon social, se prolétarisant et perdant leur nature traditionnelle première de mercenaires bornés cherchant à casser pour casser afin de maintenir l’ordre établi.

Un tel État ne peut pas gérer une situation sanitaire de crise. Il n’a ni relais, ni soutien ; il n’a pas de capacité d’intervention sociale, car partout il se fait remettre en cause. Cela ne veut nullement dire, comme le pense l’ultra-gauche, qu’on est dans une situation quasi révolutionnaire ; on va bien plutôt vers un régime ultra-autoritaire autour d’un général venant « remettre de l’ordre ». Cela veut dire, en fait, que la crise est partout, que plus rien ne tient, ni l’écologie planétaire, ni la situation sanitaire, ni les société et pas même leurs États.

C’est un défi immense et pour l’instant les gens sont à des années-lumière de saisir ces enjeux.