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Écologie

La Gauche et l’écologie lors du premier débat pour les élections européennes

La Gauche en France est arriérée sur le plan des idées et des valeurs. C’est un constat évident lorsqu’on regarde les interventions à propos de l’écologie des candidats lors du premier débat pour les élections européennes.

Déjà, et cela en dit long, il a fallu que les journalistes posent la question pour que les thèmes écologiques soient abordés. Sans ça, cela passait à la trappe, car finalement, ce n’est pas une préoccupation réelle, mais un « argument » de plus, parmi une multitude d’autres.

Il n’y a aucune culture alternative, aucune volonté de changer les choses en profondeur, et il est remarquable ici que la question animale n’ait même pas été abordée, tellement les figures de la Gauche en France sont très loin de tout cela, tant dans leur vie quotidienne que dans leurs conceptions des choses.

Ian Brossat du PCF fut le premier interrogé sur la question. Il s’imaginera certainement qu’il a été très percutant, en « osant » dire que « la pollution est un crime », car il y aurait 50 000 morts par an en France et 600 000 dans l’Union européenne.

Il faut bien voir cependant qu’il ne parle pas d’un crime contre la planète justement, d’un écocide, qui relève d’une critique écologique, mais seulement de pollution concernant les humains. « L’humain d’abord », c’est en effet le grand slogan du PCF qui, pour utiliser une expression triviale, est complément à la ramasse sur la question écologique depuis des dizaines d’années.

Doit-on en effet rire ou pleurer quand on entend Ian Brossat dire qu’il faudrait « dissuader d’utiliser l’avion », alors que le PCF a toujours soutenu de manière véhémente la construction de l’aéroport à Notre-Dame-des-Lande ? C’est pourtant le b-a-ba que de comprendre l’importance des zones humides, qu’il faut préserver. Mais c’est de trop pour le PCF, qui avait considéré que l’abandon du projet à Notre-dame-des-Landes était « grave de conséquences pour les populations concernées ».

Ian Brossat s’est donc mis au niveau des gilets jaunes, en disant qu’« on explique en permanence que le responsable de la pollution c’est l’ouvrier qui va utiliser sa voiture diesel, souvent sa vieille voiture, et qui est contraint de l’utiliser pour aller sur son lieu de travail, tout ça parce qu’on a fermé sa petite ligne de train. »

C’est de la pure démagogie, pour se dédouaner. Les ouvriers en France ne prennent pas leur « petite ligne de train » pour aller travailler, cela fait bien longtemps qu’ils ont choisi, subjectivement, de prendre la voiture pour aller travailler. Il suffit d’ailleurs d’aller sur le parking de n’importe quelle usine en France pour voir que la voiture a une grande importance pour les ouvriers, y compris chez les intérimaires, qui ne se gênent pas pour avoir de grosses voitures, quitte à se priver sur bien d’autres choses.

Il y a là un problème culturel énorme, et ce doit être le rôle de la Gauche que de tirer la classe ouvrière vers le haut, avec la conscience qu’il n’y a rien à attendre des riches justement. Car c’est bien beau de dire que « les ménages les plus riches polluent 40 fois plus que les plus pauvres », mais à quoi cela sert-il, à par à se dédouaner, si on ne dit pas en même temps qu’il faut confisquer les richesses des riches ?

Le PCF considère plutôt que la solution viendrait d’un « grand plan », qui serait financé par la Banque centrale européenne. C’est un discours de centre-gauche, mou, technocrate, sans aucune dignité ni aucune valeur sur le plan de l’écologie.

Benoît Hamon a été lui en peu plus loin dans les mots, en assumant ce terme d’écocide, qui est le véritable terme à utiliser pour qualifier le rapport actuel de l’humanité à la nature. Seulement, on se demande s’il a vraiment conscience de ce que cela signifie. Il explique en fait qu’il faudrait contre l’écocide… des institutions judiciaires européennes dédiées, qui reconnaîtraient la nature comme « personne morale ».

Là encore, une expression triviale : c’est complètement à côté de la plaque ! C’est tout sauf démocratique et populaire, ce n’est pas un discours de gauche, qui placerait l’espoir et la solution dans le peuple. C’est technocratique, hors-sol, complètement vain.

En fait, Benoît Hamon n’a pas mieux à dire que François Hollande en 2012. Il faudrait, un « plan d’investissement vert » pour faire des « obligations vertes », avec une politique de création monétaire par la Banque centrale européenne.

Le capitalisme, toujours le capitalisme, encore le capitalisme.

Tout cela est strictement parallèle à la position de Yannick Jadot, qui tourner sciemment le dos à la Gauche en présentant comme une sorte de version « écolo » d’Emmanuel Macron.

> Lire également : Yannick Jadot fait en sorte qu’EELV tourne le dos à la Gauche

On n’a donc pas été étonné qu’il ne parle que d’« investir », ou encore d’un « new green deal », car « la transition écologique, c’est l’emploi ».

Les exercices de Manon Aubry, dont on ne sait pas s’il faut la qualifier de gauche, et de Raphaël Glucksman, dont on ne sait pas non-plus vraiment s’il est de gauche, furent du même ordre.

La tête de liste La France insoumise veut instituer une « règle verte », qui consiste à ne prendre « à la Terre que ce qu’elle peut reconstituer elle-même ».

C’est un point de vue de gestionnaire, qui considère la planète comme une ressource, une matière première. Ce n’est certainement pas un point de vue écologiste, mais un keynésianisme tout ce qu’il y a de plus banal.

Il faudrait « 100 % d’énergie renouvelable d’ici 2050 » car « c’est aussi bon pour la croissance », et (le chiffre est sorti du chapeau) cela créera « près de 4 % de croissance ». Il faudrait pour cela, non pas un grand élan populaire et un grand bouleversement des valeurs, mais simplement « dé-serrer l’étau budgétaire, car on peut vivre avec 3 % de déficit, mais pas avec 3° de plus » !

On se demande si ces gens ont déjà entendu parler de Karl Marx, ou même de Jean Jaurès, tellement ils semblent fascinés par l’investissement capitaliste et la « croissance » capitaliste.

Raphaël Glucksman a eu au sujet de l’écologie un discours encore plus fade que les autres. Il n’a même pas été capable d’assumer ne serait-ce que le minimum du style bobo parisien, qui mangerait moins de viande et ferait un peu de vélo, en faisant attention aux déchets.

Il a proposé un « fond de budget climat », pour « créer des emplois », car « la rénovation énergétique des bâtiments » serait « une aubaine pour la justice sociale ».

Tout cela est très insuffisant, car l’écologie devrait être un terme majeur pour la Gauche, assumé concrètement avec une perspective culturelle bien meilleure que ce qui est proposé là. Cela est d’autant plus inquiétant que Marine Le Pen a décidé de faire de la préservation de l’environnement un thème fondamental.

> Lire également : Marine Le Pen utilise l’écologie pour son nationalisme

Le pire, c’est que tous disent strictement la même chose, mais ne sont pas capable de s’unir dans une liste commune pour tenter d’au moins sauver les meubles, et ne pas se faire laminer chacun de son côté.

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Politique

Le long débat télévisé des élections européennes

Le premier débat télévisé des élections européennes s’est tenu hier, avec douze têtes de liste ayant le droit de parler douze minutes. Un format ingérable, obligeant certains candidats à devoir s’abstenir de s’exprimer, ce qui est absolument contraire à toute recherche d’un débat politique et d’une compréhension rationnelle des choses. Rien que pour cela, ce débat est une preuve de la décadence du niveau politique et culturel dans notre pays.

Il y a également eu beaucoup de polémiques avant sa tenue, car France 2 ne voulait pas inviter certains candidats, qui ont alors fait appel à la justice (Benoît Hamon, Florian Philippot et François Asselineau avaient contesté la décision via un référé-liberté). Force est de constater en tout cas que les candidats de la Gauche n’ont pas été dérangés par la non-présence de la tête de liste de Lutte Ouvrière, Nathalie Arthaud. Quoiqu’on pense de cette organisation, elle est active à Gauche depuis plus de cinquante ans et représente une certaine conception des choses, qu’on ne peut pas balayer d’un revers de la main.

Il y aurait eu l’occasion pourtant de mentionner cette absence lors d’une minute de présentation qui, par ailleurs, a acquis une dimension pratiquement surréaliste, puisque les candidats devaient amener un objet censé représenter leur vision du monde. Une séquence pittoresque, relevant du populisme télévisuel le plus infâme, et qui n’aurait jamais dû être accepté par quiconque a encore le sens des réalités.

Les nationalistes ont bien entendu pu surfer sur une telle indignité, car ce genre de démarche est tout à fait dans l’esprit de leur démagogie, de leur populisme, de leur simplification, de leur outrance.

Florian Philippot, des Patriotes, a amené une baguette de pain, François Asselineau de l’Union populaire républicaine, des menottes symbolisant « l’emprisonnement » de la France par l’Union européenne, Nicolas Dupont-Aignan de Debout la France, un petit avion Airbus, Jordan Bardella du Rassemblement national, une passoire symbole de l’incapacité de l’Union européenne à « protéger nos citoyens, de protéger notre environnement, de protéger notre civilisation, face à la menace terroriste ».

Rien de plus facile pour eux, comme on le voit, de profiter d’une mise en scène absolument scandaleuse, anti-intellectuelle au possible. Et les candidats de gauche ont malheureusement ici succombé au populisme, cherchant à jouer sur les émotions, tentant d’attendrir, de dénoncer sur un ton bravache. C’est un moment très grave et il faut être ici certain qu’aucune figure socialiste ou communiste de la Gauche historique n’aurait accepté une telle mascarade.

Voit-on un journaliste demander à François Mitterrand, Léon Blum, Georges Marchais, Maurice Thorez… d’apporter un objet explicatif de leur démarche ? C’est un peu comme si on disait : oh non ce que vous dites est trop compliqué, faites-nous un dessin ! Pour l’anecdote, en 2017, Jean-Luc Mélenchon a justifié la disparition de l’Internationale comme chant pour la même raison. Il a dit : les gens ne savent pas ce que c’est, cela exclut, donc on ne garde que la Marseillaise.

Il a fallu donc assister à des scènes pathétiques, avec comme thème fondamental l’argent, encore et toujours l’argent, cette obsession à la Proudhon qui n’a strictement aucun rapport avec les exigences de la Gauche historique. Là aussi, il y a une faillite intellectuelle, très profonde, une déconnexion complète avec la réalité du travail, de la production, de la transformation de la réalité, des ouvriers. Quand on sait que les choses se changent, on ne se focalise pas sur l’argent ; on veut au contraire changer en profondeur les choses.

On a donc pu voir Ian Brossat du PCF apportant un bracelet de naissance contre l’austérité et les fermetures de maternité que cela implique, Manon Aubry de La France Insoumise montrant un chèque (celui fait par Emmanuel Macron en supprimant l’ISF, ou bien « un chèque en blanc pour la transition écologique »), Benoît Hamon de Génération-s faisant d’un gilet de sauvetage le symbole de l’aide aux banques après 2007 et l’absence de celle-ci aux migrants traversant la Méditerranée.

Ces pauvres malheureux pensent qu’en tentant de faire pleurer Margot et en réclamant de l’argent, ils vont avoir un écho populaire. C’est un véritable suicide, un massacre de tout le patrimoine intellectuel, culturel, idéologique de la Gauche historique !

Quant à Raphaël Glucksmann, de la liste commune Place publique-Parti socialiste, celui-ci a amené des morceaux du mur de Berlin, tout comme le centriste Jean-Christophe Lagarde de l’Union des démocrates et indépendants, ce qui veut tout dire : ce n’est qu’un bobo de centre-gauche cherchant à mener un hold-up électoral.

Il va de soi qu’avec un tel positionnement, rien ne pouvait sortir de tout cela. On était condamné à avoir comme thèmes les frontières, les migrants, l’entrée de la Serbie dans l’Union Européenne, le budget européen, le glyphosate, le SMIC européen ou le protectionnisme européen.

Non pas que ces thèmes ne soient pas importants, mais ils répondent à des phénomènes bien plus vastes, bien plus importants, à savoir principalement le rapport de l’humanité à la nature, l’impact de la consommation décidée par le capitalisme, la pression gigantesque des entreprises sur les travailleurs pour leur arracher du profit, la condition animale dans ce quelle représente à l’échelle planétaire, la déforestation et le déréglementent climatique comme conséquence de la dévastation de la course au profit.

Il n’y a eu personne à Gauche pour porter lors du débat ces thèmes, pour affirmer leur actualité, et c’est une catastrophe : aussi l’actualité est-elle de reconstruire la Gauche historique !

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Politique

La ligne « François Mitterrand » du Parti social-démocrate d’Allemagne (SPD)

Le Parti social-démocrate d’Allemagne (SPD) vient de terminer sa grande convention pour établir sa plate-forme en vue des élections européennes. La différence est marquante par rapport au Parti socialiste en France, puisqu’on a quelque chose de très ouvert sur le plan des décisions, avec des compte-rendus et les documents proposés par les sections à la base, etc.

Sur le plan du contenu, cela reste dans les normes de la social-démocratie allemande, avec donc toujours une insistance sur la modernisation de l’économie et des sécurités pour les travailleurs, le refus des démantèlements sociaux et de la logique du militarisme.

On peut bien entendu critiquer cela comme hypocrite, vide de sens ou bien vain ; il n’en est pas moins vrai que le SPD assume une posture très François Mitterrand des années 1980, ce que le Parti socialiste ne parvient même pas à faire dans notre pays, ni même d’ailleurs Benoît Hamon ou Jean-Luc Mélenchon.

Voici également des extraits des différentes propositions qui ont pu y être faites, qui n’ont pas été choisi au hasard. De par leur contenu, ils font passer le PCF pour une sorte de mouvement de centre-gauche. Cela montre bien l’incroyable glissement à Droite de la politique française depuis une vingtaine d’années au minimum.

Voici ce que dit notamment le SPD de Berlin :

« Nous avons conscience que la prétendue « eurocrise », tant eu égard aux discussions sur le sens et la valeur d’un moyen de paiement européen unitaire, qu’à l’état et les possibilités de développement d’un niveau de structuration démocratique bourgeois, n’est en réalité qu’une crise des banques.

La discussion quant à une « crise de l’Union Européenne » est une manœuvre de diversion par rapport à la crise d’accumulation du capitalisme dans sa phase mondialisé, néo-libérale. La crise, en tant que telle, est immanente au système économique capitaliste.

Cette fois, les capitaux sont parvenus de manière quasi parfaite à socialiser les coûts de la crise. Les réflexes de défense de groupes inquiets dans la population, qui se sentent menacés par des pratiques néo-libérales comme la monétarisation dans tous les domaines de la vie, aboutissent au renforcement des forces nationalistes, dont le summum est le Brexit.

Le renforcement du nationalisme dans certains États et certaines régions de l’Union européenne ne se produit ainsi pas seulement au sens de stratégies d’entreprises pour s’assurer des structures de type monopolistes. Il s’agit également, en plus de cela, de détruire la base pour la solidarité et en même temps de masquer les véritables causes de la crise.

Les mouvements nationalistes actuels sont unis dans l’objectif de former un État sans droits pour la majorité de la population dépendante d’un salaire. C’est pour cette raison un devoir de la social-démocratie internationale, comme mouvement internationaliste, d’opposer une union sociale européenne au néo-libéralisme mondialisé. »

Voici un extrait de la proposition du SPD de Braunschweig :

« Le nationalisme, c’est la guerre ! Cette phrase connue de l’ancien président français François Mitterrand est toujours valable.

Les pères et mères fondateurs de l’Europe avaient directement sous les yeux ce qu’amènent le nationalisme et le fascisme : la mort, la souffrance, la haine et la destruction étaient encore présentes dans toutes les têtes des années après la guerre.

Il y avait besoin de courage et de vue à long terme pour aborder ensemble les problèmes urgents comme la faim, la reconstruction des infrastructures, ou le contrôle des biens importantes pour la guerre, et pour ainsi poser les fondements pour une Europe avec une paix durable. »

Voici un extrait de la proposition du SPD Unterbezirk Ennepe-Ruhr (Nordrhein-Westfalen) :

« Un capitalisme de plus en plus autoritaire, une démocratie vidée de son contenu et les peurs sociales existentielles, tout comme la perte de contrôle social et individuel, sont le terrain sur lequel fleurit la mentalité nationaliste.

Le processus de renationalisation et le renforcement de partis autoritaires ethno-patriotiques et nationalistes n’ont pas du tout encore été bloqués et fait reculer, bien que les partis de droite comme récemment en France ou aux Pays-Bas sont restés en-deçà des croissances de voix attendues (…).

La retombée dans le nationalisme – en particulier allemand – correspond à une pensée et une politique qui a aboutit à deux catastrophes désastreuses lors du dernier siècle.

Le SPD est dans son histoire tourné programmatiquement international et pro-européen, comme politiquement pour la paix et la solidarité. La voie va de la revendication « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » du Manifeste communiste, à celle des « États-Unis d’Europe » du programme de Heidelberg, jusqu’à la politique de désescalade et de paix de Willy Brandt ou son rapport Nord-Sud sur la situation catastrophique dans le pays du Sud. »

 

https://www.youtube.com/watch?v=yUYaZmFJd3A

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(Communiqué) Benoît Hamon n’est pas invité au débat sur les européennes par France 2

Deux semaines après Ian Brossat du PCF, qui a finalement été invité, c’est au tour de Benoît Hamon de déplorer son éviction du débat pour les européennes sur France 2 le 4 avril prochain.

Voici le communiqué de Génération-s, qui dénonce un déni démocratique évident, mais paie en fait surtout le prix de la division et de l’éparpillement de la Gauche.

Génération.s exclu du débat sur les Européennes du 4 avril, une décision arbitraire et partiale qui fausse la loyauté du scrutin

La direction de France Télévisions vient de nous confirmer, par la voix de M. Letranchant, directeur exécutif en charge de l’information à France Televisions, que Benoît Hamon ne sera pas invité pour représenter Génération.s au débat du 4 avril.

La direction de l’information de France 2 a indiqué que cette décision avait été prise sur la base du croisement de plusieurs critères :

la représentation des partis politiques aux parlements nationaux et au Parlement européen : sur ce sujet, des députés et parlementaires européens sont affiliés à Génération.s. Nous notons que Messieurs Dupont Aignan ou Glucksmann, têtes de liste n’en ont aucune ;

les sondages : Ian Brossat ou Jean-Christophe Lagarde sont crédités dans toutes les enquêtes d’intention de vote, de résultats inférieurs à ceux de Génération.s ; c’est sans évoquer la côte de popularité de Benoît Hamon qui depuis des mois, fait partie des cinq personnalités politiques préférées des Français et des trois premières à gauche.

Aucun critère ne s’applique à Génération.s. C’est donc une décision arbitraire et partiale d’exclusion qui fausse la loyauté du scrutin. Génération.s est d’ailleurs invité aux débats organisés dans le cadre des élections européennes par le groupe TF1, BFM TV ou encore France Info.

Une fois encore, nous ne comprenons pas et contestons le choix de la direction de France Televisions.

Une injonction a été envoyée au CSA afin que celle-ci garantisse le respect du caractère pluraliste de l’expression des courants de pensée et d’opinion.

Génération.s organise ce mardi 26 mars à 12h30 une première mobilisation devant les locaux de France Télévisions.

Génération.s mettra en œuvre tous les moyens à sa disposition pour que sa voix soit représentée le 4 avril prochain sur France 2.

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Politique

Aurore Lalucq, symbole des ennemis intérieurs de la Gauche

Aurore Lalucq était la porte-parole de Génération-s, mais n’ayant pas la seconde place de la liste aux Européennes, elle a rejoint la liste de Place publique et du Parti socialiste. C’est un exemple tout à fait représentatif de comment les opportunistes pourrissent la Gauche.

Il ne faut pas s’étonner que les anarchistes soient si nombreux dans notre pays quand on voit quelle image donne la Gauche avec des gens comme Aurore Lalucq. Alors qu’elle était la porte-parole de Génération-s, elle a tout plaqué du jour au lendemain, pour rejoindre une autre liste électorale. Tout en prétendant continuer à faire partie de Génération-s ! C’est pitoyable, mais malheureusement tout à fait représentatif de l’état d’esprit de ces gens surdiplômés avides de carrière et coupés de tout lien avec la Gauche historique.

Benoît Hamon paie ici cher le prix de son laxisme libéral sur le plan des idées. En intégrant Aurore Lalucq à son équipe lors des primaires socialistes en 2016, il a eu la faiblesse d’intégrer une intellectuelle hors de tout parcours militant : voilà ce que cela donne. On ne se coupe pas impunément de la vision du monde de la Gauche historique. Et quand on récupère des gens « qui tombent du ciel », il faut bien se douter qu’il s’agit là d’opportunisme, pas de convergence de valeurs, il ne faut pas être naïf tout de même !

> Lire également : Place publique fait un hold up sur le Parti socialiste

Naturellement, Aurore Lalucq justifie son revirement en disant qu’elle veut… l’unité. C’est le discours traditionnel des opportunistes, ceux-ci prétendent toujours se mettre au service de l’urgence, ils affirment toujours que les différences sont gommées par une situation exceptionnelle, etc. Dans Libération, elle explique qu’il n’y a sur le fond aucune différence entre Place publique et Générations, et que si elle fait ce qu’elle fait, c’est par états d’âme :

« La désunion me pèse, m’empêche de dormir. »

Tant d’hypocrisie n’est pas seulement sidérant, c’est surtout criminel et de telles personnes sont des machines à faire gagner l’extrême-droite. Ces gens sans morale, allant dans le sens du vent, sans aucune valeur, sont la plaie de la Gauche. Benoît Hamon a fait une faute morale en accordant de la place à une telle personne, il n’a pas ici fait mieux que le Parti socialiste avec ses mauvaises manières.

Et le pire dans tout cela, c’est qu’Aurore Lelucq vit de son parasitisme, car toute son aura d’intellectuelle pille largement les réseaux et l’image de la Gauche. C’est ainsi une économiste « spécialiste de la monétarisation et de la financiarisation de la nature, de la transition sociale-écologique et de la régulation bancaire », comme le dit Wikipédia. Ce qui signifie qu’elle se présente comme un experte indispensable et se permet ainsi de donner des leçons à la Gauche dans les domaines des banques et de l’écologie, notamment par l’intermédiaire de son think tank, l’Institut Veblen.

Aurore Lalucq avait déjà préparé son départ, en étant présente, sans avertir personne de Génération-s, au meeting de Place publique le 29 janvier 2019 à Paris. Elle y a dit, entre autres :

« Je nous trouve collectivement minables, je nous trouve collectivement irresponsables face à l’histoire. »

Si collectivement il y a encore débat, Aurore Lalucq aurait pu mettre la phrase au singulier et employer le terme d’individuellement, cela aurait été parfait. Elle est minable, et pire qu’irresponsable, responsable, car elle sait très bien ce qu’elle fait : elle soigne sa carrière, la possibilité de devenir député européenne bientôt, ministre plus tard, renforçant encore davantage son statut d’économiste « de son époque ».

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Tribune de plusieurs membres de Génération.s en réponse à Yannick Jadot

[Tribune publiée dans le Journal du Dimanche ]

L’écologie porte en elle l’indispensable adaptation de nos modes de vie, de production et de consommation aux limites de la planète. C’est une promesse d’harmonie, de justice et de bien vivre. Chaque année pourtant, le ‘jour du dépassement’ à partir duquel le prélèvement opéré par nos sociétés est supérieur à la capacité de la planète à se régénérer avance. Le climat se dérègle, les écosystèmes disparaissent, l’humanité trinque, les plus fragiles en premier. Cette fuite en avant est d’abord le résultat de choix politiques qui refusent de procéder aux indispensables arbitrages et continuent de favoriser la cupidité et le court terme.

La course au profit – et donc le libéralisme – est antinomique avec la vision d’un monde équilibré et pérenne dans lequel le partage équitable de ressources préservées et la répartition des richesses sont les meilleurs remparts contre les conflits et la prédation de notre écosystème vital.

Nous sommes écologistes donc de gauche, nous portons un projet, une éthique d’action, une grille de lecture du monde, et une vision inscrite dans la durée qui lie indéfectiblement les dimensions environnementales et sociales, sans primat de l’une sur l’autre. Nous sommes engagé.es pour que les plus démuni.es ne soient pas les exclu.es de la mutation du monde et que la transition écologique soit d’abord une opportunité pérenne pour chacun.e de vivre bien sur une planète préservée.

Nous nous réjouissons que cette vision ait gagné une partie de celles et ceux qui, venu.es de la gauche classique, lui offrent aujourd’hui un horizon renouvelé, un idéal d’égalité, de justice et de démocratie à l’échelle de la planète et des générations futures. La rupture effectuée avec le productivisme, le culte de la croissance et la foi aveugle en la technique salvatrice permet une convergence idéologique et l’invention d’une culture commune. Politiquement, nous l’entendons comme une promesse d’élargissement attendue par l’opinion publique et une réponse structurée, à vocation majoritaire, potentiellement bien plus forte, apte à s’attaquer au fléau libéral comme à la gangrène nationale-populiste.

Nous affirmons que se revendiquer écologiste sans s’assumer ‘de gauche’ est une impasse, mener des combats environnementalistes sans porter au même niveau les valeurs de justice sociale est un leurre. S’en remettre à l’économie de marché c’est imaginer que la concurrence pourrait permettre l’égalité, que la somme des initiatives individuelles pourrait mener à un optimum collectif ou que la poursuite des intérêts particuliers pourrait protéger les biens communs et leur accès universel. Quand quelques dizaines de personnes détiennent autant de richesses que la moitié de l’humanité, la démonstration de l’illusion libérale n’est plus à faire, celle de son incompatibilité avec les politiques écologiques non plus.

Pourtant, certaines ambiguïtés profondes ressurgissent récemment. En s’affirmant ‘ni de droite ni de gauche’ et compatibles avec ‘l’économie de marché’ certains écologistes choisissent d’épouser les orientations des Verts allemands dont le nomadisme politique permet des alliances à géométrie variable avec tantôt les conservateurs tantôt les sociaux-démocrates. Ce faisant ils rompent avec cette écologie politique historiquement ancrée dans le camp progressiste et les valeurs de gauche, en France et ailleurs, au profit d’un repli essentiellement environnementaliste.

Cette attitude régressive se veut ‘pragmatique’ c’est-à-dire fondée sur la méthode dite des ‘petits pas’, ou plutôt des faux pas, qui peut s’accommoder de beaux discours et de petites décisions. Cette politique sans résultat ni sur le climat ni sur la biodiversité fait perdre un temps désormais compté pour la planète quand les politiques radicales menées localement font leurs preuves.

Nous ne nous résignons pas à ce que le bien vivre, soit l’apanage de celles et ceux qui ont les moyens, dans une société où manger bio, acheter véhicule propre ou isoler son logement serait le privilège de quelques un.es. Nous croyons à la nécessité d’en finir avec un système capitaliste qui réduit le vivant à une donnée économique et dévaste notre santé, les forêts, les océans, l’air et la biodiversité et, disons-le, la survie même de l’humanité, tant que cela contribue au profit de court terme d’une minorité.

L’écologie politique est systémique. Elle propose une vision et des solutions globales qui par leur humanisme, leur ancrage dans les luttes sociales, leur rejet des inégalités, leur universalisme ne peuvent appartenir qu’à une pensée de gauche. Nous en ferons un Manifeste qui sera publié prochainement.

Ecologistes, nous œuvrons au rassemblement et nous réjouissons que l’écologie politique ne soit plus le pré carré d’une seule formation minoritaire. En nous engageant auprès du mouvement Génération.s, nous sommes fier.es de porter une écologie sans ambiguïté, fidèles à l’ambition historique de réunir les diverses composantes de l’écologie politique, dans sa globalité environnementale, sociale et démocratique. De la faire grandir et se répandre toujours plus dans la société pour enfin conquérir une majorité culturelle et d’action.

Les signataires :

Pascal Baudont, conseiller municipal d’Arradon (56)
David Berly, militant écologiste, Paris
Michel Bock, maire-adjoint honoraire Guyancourt (78)
Alice Brauns, responsable Comité Ville Génération.s (50)
Dominique de Broca, militante écologiste Paris
Yves Contassot, conseiller de Paris et Métropolitain Grand Paris
Isabelle Couradin, co-responsable du pôle Ecologie du CN de Génération.s
Jean-Luc da Lage, militant écologiste, Paris
Patrice Lanco, militant écologiste, Paris
Anne Laure Fabre Nadler, vice-présidente du Conseil départemental de la Gironde (33)
Suzanne Grandpeix, militante écologiste, Paris
Frédéric Guerrien, conseiller d’arrondissement Paris 20e
Pierre Japhet, maire-adjoint Paris 11e
Claire Monod, conseillère régionale d’Ile-de-France
Clément Pequeux, membre CN de Génération.s
Stéphane Saubusse, conseiller départemental de Gironde (33)
Pierre Serne, conseiller régional d’Ile-de-France
Damien Zaversnick, membre CN de Génération.s
Julien Zloch, co-responsable du pôle Ecologie du CN de Génération.s

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Politique

Place publique fait un hold up sur le Parti socialiste

Le Parti socialiste, pour la première fois depuis 1979 et les élections européennes, n’aura pas l’un de ses représentants comme chef de file d’une liste de Gauche. Cette année, c’est Raphaël Glucksmann qui sera le numéro un, avec en échange la moitié des places de la liste accordée au Parti socialiste.

C’est un véritable « deal » et ce qui est très grave, c’est qu’on le sait depuis vendredi matin, alors que ce n’est que le samedi que le Conseil National du Parti socialiste l’a décidé, à 128 voix pour, 5 contre, 3 abstentions – il y est censé avoir pourtant plus de 300 membres !

Stéphane Le Foll n’a d’ailleurs pas attendu pour ruer dans les brancards et a décidé d’abandonner le bureau national du Parti socialiste avant sa tenue. Bon, la vérité c’est que cela fait bien longtemps qu’il n’assistait plus à ses séances ; cela fait partie des psychodrames du Parti socialiste et du folklore de ses tambouilles internes.

Lui-même fait par ailleurs partie de la droite du Parti socialiste ; néanmoins, difficile de lui donner tort au sujet de Place publique, avec ses propos tenus au Figaro :

« C’est une mauvaise plaisanterie. Les écologistes restent écologistes, Benoît Hamon reste Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon reste Jean-Luc Mélenchon et nous, les socialistes, nous devrions nous effacer derrière Raphaël Glucksmann sans débat interne, sans aucune base idéologique et politique, sans ligne stratégique ? (…)

Mais de quoi parlons-nous ? Ce mouvement inconnu de tous n’a ni ligne, ni portée, ni consistance ! Claire Nouvian est certes une écologiste respectable, mais elle est radicale. Or je suis convaincu que l’on ne change pas une société contre son peuple. Mon écologie passe par l’adhésion des couches modestes, pas par les menaces et la contrainte. Quant à Raphaël Glucksmann, je respecte son parcours, assez divers, mais ce n’est pas le mien. Élu d’un village de 256 habitants à 23 ans, j’ai toujours été fidèle à mes convictions socialistes. »

Stéphane Le Foll a absolument raison : Place publique ne repose sur aucune rationalité. C’est une structure parisienne d’intellectuels et d’artistes coupés de toute réalité politique militante, de tout lien avec la population en général. Stéphane Le Foll a raison de souligner le besoin d’une base idéologique et politique, d’une ligne stratégique. C’est là la base de la politique, et encore plus à Gauche où la rationalité est le maître-mort.

En revanche, on n’est pas obligé de penser comme Stéphane Le Foll que « l’écologie radicale » serait un ennemi politique. Cela n’a aucun sens que de dire cela en 2019, ou plus exactement c’est un vil populisme, un manque de courage de dire la vérité aux gens et de leur expliquer qu’il va falloir tout changer.

Quoiqu’il en soit, dans tous les cas, si l’on peut être en désaccord avec Stéphane Le Foll et le Parti socialiste, on ne peut pas être d’accord avec Place publique, qui ne dit absolument rien, n’est pas structurée tel un parti politique, repose sur du vent. 28 000 « adhérents » revendiqués – les adhésions se font gratuitement et en lignes, mais aucun vote interne, aucun processus de décision. On ne peut d’ailleurs que trouver ridicule la position de l’économiste Thomas Porcher qui prétend « découvrir » cela que maintenant :

« Quand on a créé PP, on avait une promesse : mettre les citoyens au cœur des institutions en rassemblant toutes les forces de gauche. Aujourd’hui, on se retrouve cornérisé avec le PS, quelques petites chapelles, comme l’Union des démocrates et des écologistes [UDE], et un mouvement de centre droit, Cap21, qui a fait campagne pour Emmanuel Macron ! Olivier Faure, le premier secrétaire du PS, a annoncé que toutes les tendances de son parti seraient représentées : ce sera une liste d’apparatchiks, pas de citoyens. C’est pourquoi je préfère quitter Place publique. »

Cela n’est néanmoins pas faux. D’où sort Raphaël Glucksmann pour avoir le droit de prendre la tête, sans aucune discussion ni choix de la base, d’une liste avec le Parti socialiste, Cap 21, Nouvelle Donne, le Parti radical de Gauche ? C’est là encore du populisme.

> Lire également : Place publique de Raphaël Glucksmann : les bobos veulent sauver leur peau

La vérité, c’est que la peur de la raclée était trop forte au Parti socialiste, la tentation de passer l’orage à l’abri trop forte. C’est sans doute faux, car un Parti socialiste qui aurait réaffirmé ses fondamentaux et fait du nettoyage aurait pu aisément réapparaître sur la scène française, d’autant plus avec l’appui des partis socialistes des autres pays. D’ailleurs, dans des pays comme l’Allemagne ou l’Autriche, il y a un coup de barre à gauche.

Il est vrai que dans ces deux derniers pays, il y a une tradition historique de la social-démocratie, alors qu’en France le Parti socialiste a historiquement surtout été un appareil électoral, et ce déjà à l’époque de la SFIO. Cependant, la question de fond est la même : repartir à gauche, ou pas ? Le Parti socialiste a raté un virage historique, tout comme sa gauche qui a fait l’erreur de s’enliser dans une version post-moderne sans traditions avec Génération-s, ou bien en rejoignant La France Insoumise.

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La tribune de Martine Aubry et ses proches appelant au rassemblement autour de Raphaël Glucksmann et Claire Nouvian

[ Tribune publiée initialement sur nouvelobs.com ]

« Nous appelons, avec Martine Aubry, tous ceux qui veulent une Europe social-écologique au rassemblement autour de Raphaël Glucksmann et Claire Nouvian.

Le 26 mai prochain, l’Europe a rendez-vous avec elle-même. La défiance à l’égard de l’Europe n’a jamais été aussi forte. Les reniements et la distance entre les institutions et les citoyens mettent aujourd’hui en péril l’idéal d’une génération.

Les libéraux et les nationalistes n’incarneront jamais la solution à une situation qu’ils ont créée et qu’ils font vivre. Ils se partagent les responsabilités de l’échec. D’un côté, le refus systématique de placer les femmes et les hommes au centre de la construction européenne, et de l’autre, le reniement permanent des valeurs fondatrices de l’Union Européenne, nous ont conduits face à un nouveau mur.

La gauche doit aussi assumer ses responsabilités. Trop longtemps, sous couvert d’une prétendue gouvernance du compromis en Europe, elle a fourni un alibi à une politique libérale et d’austérité qui ne profite qu’à quelques-uns, quand tous devraient se sentir Européen.

Depuis plusieurs mois, le dialogue est engagé avec Place Publique pour ne pas faire de ce 26 mai un jour noir pour les droits fondamentaux au sein de l’Union. Nos valeurs de justice, de progrès, d’égalité sont les mêmes. Nous faisons, ensemble, de la transition écologique et sociale, ainsi que de la refondation démocratique, nos priorités. Nous avons une conviction commune : jamais l’Europe n’a eu autant besoin de politique, de débat, et d’idées novatrices.

La France va mal, l’Europe va mal. Nous avons donc une responsabilité immense : réinventer une gauche du XXIe siècle, qui place la justice, l’égalité, l’écologie et le progrès au cœur de son projet en Europe, pour que chacun se reconnaisse enfin dans l’Union au-delà des seuls gagnants de la mondialisation.

Depuis de nombreuses années, avec Martine Aubry, notre engagement est sans faille pour le dialogue et le rassemblement des gauches et des écologistes. Nous avons toujours refusé l’idée de « gauches irréconciliables ». Pour nous, l’écologie sera sociale ou échouera, le socialisme sera écologique ou disparaîtra, la démocratie s’appuiera sur la société ou s’affaiblira.

Ce rassemblement pour lequel nous avons toujours œuvré, est aujourd’hui plus que nécessaire. L’élection européenne est une élection à un tour : on ne peut pas espérer se compter au premier et se rassembler au second. Or, la gauche aujourd’hui n’est pas seulement divisée, elle est fragmentée. Sans rassemblement, ce qui la guette n’est pas l’affaiblissement, mais l’effacement.

Dans ce contexte, nous avons accueilli positivement l’initiative citoyenne de Raphael Glucksmann et Claire Nouvian, pour construire ce rassemblement autour de dix combats communs identifiés par un travail collaboratif auquel nous avons participé.

Nous retenons parmi celles-ci : un plan d’urgence pour le climat de 500 milliards d’euros d’investissement sur cinq ans sortis du calcul des déficits, une politique commerciale au service de l’emploi et de la lutte contre les inégalités commençant par la suspension du Ceta, une harmonisation sociale intégrant un salaire minimum européen, plus de justice sociale par imposition européenne sur les hauts patrimoines et une TVA à taux zéro pour les produits de première nécessité, la lutte contre l’évasion et l’optimisation fiscale avec la mise en place d’un impôt européen taxant les profits des Gafa et multinationales dans les pays où ils sont réalisés, la défense de la santé de tous en Europe par la limitation des intrants chimiques dans nos sols et l’interdiction du glyphosate, la démocratisation de l’Union avec un Parlement qui fixe les objectifs économiques et un budget de la zone euro doté de ressources propres et capable de mener une politique d’investissements.

Pour nous, il existe des biens publics européens et mondiaux, que les Etats dans leur forme actuelle ne peuvent traiter seuls. Il en va ainsi de la sauvegarde de notre planète, de la qualité de l’air, de la dignité et du progrès humain. Cette vision doit être au cœur de nos combats communs.

Aujourd’hui, Raphaël Glucksmman et Claire Nouvian, avec courage et sens des responsabilités, proposent de conduire le rassemblement de tous ceux qui veulent une Europe social-écologique. Nous y répondons favorablement et dès demain, lors du conseil national du Parti Socialiste, nous joindrons la parole aux actes en votant en faveur de cette perspective et en appelant les autres formations politiques de gauche et de l’écologie à en faire de même.

Oui, pour surmonter les divisions mortifères, nous le disons sans détour, nous sommes prêts à ce que, pour une fois, le Parti socialiste, n’impose pas l’un des siens comme tête de liste à un scrutin national. L’effacement serait de ne pas être au-rendez-vous de l’Histoire. L’effacement serait, le 26 mai, de nous replier sur nous-mêmes, compter nos divisions en espérant être, au mieux, le premier des derniers.

Au contraire, faire honneur à nos valeurs, à nos combats, pour nous socialistes, à ce moment précis de notre histoire, c’est nous ouvrir aux autres, accepter la main tendue sans rien n’exiger pour nous-mêmes d’autre que la perspective, en conjuguant les talents d’où qu’ils viennent, que la social-écologie devienne la grande force politique des élections européennes.

Depuis des mois, nous appelons de nos vœux le rassemblement. Aujourd’hui, il devient possible : alors, en avant !

Tony BEN LAHOUCINE, 1er fédéral de l’Indre ; Isabelle DAHAN,1ère fédérale adjointe des Hauts de Seine, conseillère municipale à Bois Colombes ; Camille GANGLOFF, Adjointe au maire de Strasbourg, 1ère fédérale déléguée Bas Rhin, Membre du conseil National, Jean Marc GERMAIN, Secrétaire National à l’International et à la mondialisation ; Cécilia GONDARD, 1er fédéral des Français de l’étranger, Secrétaire National à l’égalité femmes-hommes et lutte contre les discriminations ; Annie GUILLEMOT, sénatrice du Rhône, Membre du Bureau National ; Arnaud HADRYS, Secrétaire Général HES Socialistes LGBT, Membre du Bureau National ; Antoine HOME, 1er fédéral du Haut Rhin, Maire de Wittenheim ; André LAIGNEL, maire d’ISSOUDUN, 1er Vice-président délégué de l’Association des Maires de France ; François LAMY, membre du Bureau National ; Carole LE STRAT, membre de la Commission Nationale du Contrôle Financier ; Antoine RAVARD, Membre du Conseiller Fédéral du PS Nord ; Rafika REZGUI, Conseillère départementale 91, Conseillère municipale Chilly-Mazarin, Membre du Bureau National ; Vincent TISON, Conseiller municipal Joué-les-Tours, Membre du Bureau National ; Sylvine THOMASSIN, maire de BONDY, membre du Conseil National ; Stéphane TROUSSEL, Président Conseil départemental 93, Secrétaire National aux Nouvelles Solidarités, Parcours de Vie et Innovation Sociale ; Roger VICOT, Maire de LOMMES, Membre du Conseil National et Fatima YADANI, Conseillère municipale Paris, Membre du Bureau National. »

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Marine Le Pen déroule son populisme dans l’Émission politique

Marine Le Pen était à l’honneur hier soir de l’Émission politique sur France 2. Elle a pu y dérouler son populisme nationaliste, s’installant de plus en plus comme figure de l’opposition en France, dans une sorte de grand face-à-face avec Emmanuel Macron entretenu par Emmanuel Macron lui-même.

Beaucoup de constats exprimés de manière vindicative, peu de contenus concrets assumés sérieusement. Voilà comment on pourrait résumer la prestation de Marine Le Pen hier sur le plateau de France 2 dans une émission de deux heures trente qui lui était entièrement consacrée.

Cela est bien sûr le propre du populisme, où ce qui compte n’est pas le fond mais la forme, pour apparaître comme voulant changer les choses sans n’avoir jamais besoin d’expliquer comment on change les choses.

L’écologie ? Il faut changer ce « système mondialiste », mais il ne faut surtout pas accabler la France qui serait un des pays les plus « vertueux » du monde en la matière, avec des « résultats exceptionnels en termes d’émission de CO2 ». Le problème viendrait en fait surtout de l’étranger, des autres pays.

La redistribution des richesses ? D’accord, mais elle n’est pas « en guerre contre les riches », plutôt « en guerre pour les Français les plus modestes ». C’est la même chose sur les frontières où chacun peu comprendre ce qu’il veut puisqu’elle dit vouloir les renforcer tout en prônant un « pragmatisme », pour laisser entrer « ce qui est positif ».

On a eu la même chose à propos de la Police, où elle explique que le Gouvernement pratiquerait une grande répression contre le mouvement des gilets jaunes, mais que par contre il faudrait respecter l’ordre et l’uniforme.

C’est pratique, c’est d’ailleurs tout à fait conforme aux gilets jaunes, qui « râlent » mais ne veulent surtout pas avoir à assumer de choix politiques, de grands changements. Il faut bien voir ici comment le mouvement des gilets jaunes facilite grandement la tâche du Rassemblement national sur le plan politique. Un exemple très concret de cela a été au début de l’émission quand elle a rétorqué à une proposition de taxe par le gouvernement que les gilets jaunes étaient à la base un mouvement d’opposition aux impôts et aux taxes, qu’il ne fallait donc pas le faire.

En répondant ainsi, elle peu satisfaire tant une base populaire apolitique aux revenus modestes, que l’électorat traditionnel de la Droite, souvent plus bourgeois, qui afflue de plus en plus vers elle. L’ouverture à la Droite était d’ailleurs très flagrante pendant l’émission, en appuyant sur les questions sécuritaires, en assumant totalement l’origine identitaire (c’est-à-dire d’extrême-droite) du Directeur de la campagne européenne Philippe Vardon, en expliquant que les gilets jaunes avaient été « expulsés des rond-points par l’extrême-gauche », etc.

Cependant, en deux heures et trente minutes d’émission, alors que se profilent les élections européennes, Marine Le Pen n’a jamais véritablement expliqué des projets ou mesures concrets, présenté un programme par rapport à la question européenne.

On ne sait toujours pas depuis le débat au second tour de l’élection présidentielle, si elle veut ou non sortir de l’euro, sortir de l’Union européenne, sortir de tel ou tel traité, en signer de nouveaux, etc.

Il faut dire qu’elle a été bien aidée par des intervenants tous plus caricaturaux les uns que les autres, qu’elle pouvait souvent laisser parler de longs moments sans intervenir, tellement cela servait son propos par miroir inversé.

Que cela soit Jacques Attali, d’une mauvaise foi ahurissante sur son libéralisme, le youtubeur « Hugo Décrypte », qui fait Science po et dit exactement la même chose que les journalistes classiques, la Maire PCF d’Aubervilliers, qui s’écoutait parler de manière hystérique, l’ancien Président du conseil italien, un avatar de Macron avec l’accent exotique en direct depuis Londres. La palme revient bien sûr à la ministre des Affaires européennes dans son style « premier de la classe », qui de manière grand-guignolesque a conclu l’émission en prétendant qu’elle avait eu un déclic pendant son échange avec Marine Le Pen et qu’elle souhaitait maintenant être tête de liste pour le parti présidentiel aux élections européennes !

Très bien. Elle aura fait son petit numéro après avoir été « incollable » sur ses dossiers. Sauf qu’elle n’a jamais obligé la présidente du Rassemblement National à parler politique sur le fond, à exprimer ses points de vue en profondeur. Cela est en fait très utile à Emmanuel Macron, qui de son côté s’imagine pouvoir simplement lui opposer les gens qui sont « raisonnables » et transi par le populisme.

Cela est un jeu très dangereux, cela revient à ouvertement jouer avec le feu, et l’Histoire au XXe siècle fût malheureusement d’un grand enseignement à ce sujet. Il y a péril en la demeure, littéralement. La Gauche a le devoir de comprendre ce danger, de saisir l’urgence qu’il y a à s’organiser contre ce face-à-face périlleux entre libéraux européens et populistes nationalistes. Il faut tout faire pour l’unité de la Gauche contre l’éparpillement qui mène tout droit à la catastrophe.

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Philippe de Villiers reprend les thèses du PCF du début des années 1950

Figure de la Droite dans sa composante à la fois dure et catholique, Philippe de Villiers vient de sortir un ouvrage pour dénoncer l’Union européenne. Son argumentaire nationaliste est en fait un copié-collé inversé des thèses du PCF dans les années 1950.

L’ouvrage J’ai tiré sur le fil du mensonge et tout est venu (Fayard) de Philippe de Villiers est largement salué par la presse de Droite. Le Point, par contre, n’est pas du tout content et y voit une démarche « complotiste ».

L’idée est en effet très simple : Philippe de Villiers prétend révéler des documents d’époque montrant que le projet de construction européenne ne fut pas une belle idée issue de la guerre et de la Résistance, mais un projet monté par les États-Unis d’Amérique pour disposer d’un marché où écouler ses marchandises.

Les États-Unis auraient monté des structures pour arroser d’argent et former des cadres organisant une construction européenne servant leurs intérêts.

Voici comment Philippe de Villiers présente la chose au Parisien.

« Les preuves que j’apporte à travers les archives montrent que les Américains ne voulaient pas d’une « Europe-puissance ». Ils voulaient un marché annexe pour écouler leurs surcapacités productives, et une simple « commission exécutive » dans un bloc transatlantique où les nations européennes viendraient se fondre sous une gouvernance mondiale. Ce projet a été exécuté par Jean Monnet. Dans ses Mémoires, il annonce d’ailleurs que l’Europe « ne sera qu’une étape » vers un marché planétaire de masse (…).

J’ajoute que le troisième Père de l’Europe, Walter Hallstein [avec Jean Monnet et Robert Schuman], était un juriste d’Hitler. Il a appartenu à quatre organisations nazies, a été professeur en enseignement du nazisme, a été capturé par les Américains, rééduqué avant d’être propulsé président de la Commission européenne. Ils le tenaient. Découvrir que l’architecte du traité de Rome a été un bureaucrate nazi est quand même inquiétant.

Monnet et Schuman partageaient trois obsessions avec lui : la première, c’est que les nations sont des survivances du passé, ce que croyait aussi Hitler qui, supranationaliste, faisait primer la race ; la deuxième, c’est qu’il faut faire sauter la séparation entre l’économie et le politique d’où l’influence des lobbys ; la troisième, c’est qu’il faut fondre l’Europe dans un bloc transatlantique. Mon livre évoque aussi le passé de Schuman qui fut ministre du maréchal Pétain et fut frappé « d’indignité nationale » en 1945. Le mythe de l’Europe comme prolongement de la Résistance est un mensonge. »

Philippe de Villiers est très fier de lui et affirme avoir « découvert » quelque chose, qu’il appelle le « mondialisme ». On voit mal pourtant comment il pourrait y avoir un « mondialisme » en 1950 alors que la moitié du monde se revendique du socialisme et s’oppose au capitalisme. Mais le fond de la question n’est pas là : oui ou non la construction européenne a-t-elle été un projet américain ?

Le Point, qui fait partie de la Droite traditionnellement pro-américaine, se moque de lui en résumant sa vision à « un Da Vinci Code dans l’Union européenne » ; Christian Lequesne, professeur à Sciences-po Paris, et Sylvain Schirmann, professeur à l’Institut d’études politiques de Strasbourg et spécialiste de la construction européenne rejettent catégoriquement cette thèse.

Et c’est là tout de même qu’on voit l’effondrement du niveau de culture politique. Car Philippe de Villiers, malgré sa prétention d’intellectuel réactionnaire cherchant à former un néo-romantisme catholique national, ne fait que dire de manière déformée… ce que le Parti Communiste disait dans notre pays dans les années 1950.

Évidemment, Philippe de Villiers détourne ce que le PCF disait dans un sens nationaliste, puisqu’il fait partie des ultra-chauvins voulant que la France rétablisse ses velléités impériales (il rejoint ainsi tant Marine Le Pen que Jean-Luc Mélenchon). Le PCF, quant à lui, rejetait le militarisme. Voici ce qu’il dit, dans une déclaration commune de juillet 1950 des Partis Communistes de France, d’Allemagne, d’Italie, de Grande-Bretagne, de Hollande, de Belgique et du Luxembourg.

« La réalisation du projet Schuman aboutirait à mettre les industries minières et sidérurgiques ­ et par voie de conséquence l’ensemble de l’économie ­ de la France, de la Grande-Bretagne, de la Belgique, du Luxembourg, de l’Italie et de la Hollande sous le contrôle des magnats capitalistes de la Ruhr, eux-mêmes aux ordres des financiers de Wall Street. »

Cette thèse était partagée alors par le PCF et la Gauche des socialistes, tandis que la Droite de socialistes rejoignaient le centre et la mouvance de la Droite catholique pour l’accepter mais dans un sens inverse, en l’assumant politiquement, administrativement. Ce fut historiquement très clairement un levier pour casser la Gauche en deux et isoler les communistes… Ainsi que pour satisfaire la production américaine cherchant à développer ses possibilités de trouver des débouchés.

Nul mondialisme donc, ni complot, ni même de complotisme : c’est tout simplement du capitalisme. Et quand on ne saisit pas cela, on bascule dans des explications aux tendances historiques bien connues. Philippe de Villiers explique ainsi le « mondialisme » par l’activité de Rotschild, Soros, et en arrive dans son livre, dans une même perspective dont on devine le sens, à évoquer Moïse et Josué pour dénoncer les fondateurs de la construction européenne…

« Depuis soixante-dix ans, on nous répète que l’idée d’une super-nation européenne a surgi des entrailles des peuples, que c’est la ferveur populaire qui, par un phénomène inouï d’immanence eschatologique, a porté le processus d’intégration communautaire et, ainsi, favorisé le dépassement du droit international public traditionnel. Au cœur de cette « histoire sainte », Jean Monnet, l’Inspirateur, est une sorte de Moïse. Robert Schuman, qui fait tomber les murailles de Jéricho à coups de déclarations sonnantes, est une sorte de Josué. »

Voilà où mène l’irrationnel, mais il serait erroné de ne pas voir que l’irrationnel n’est pas que folie : il est aussi un moyen de détourner d’une compréhension correcte de choses. Philippe de Villiers agite une manière de voir les choses, pour pas qu’on se tourne vers la critique de la construction européenne par le PCF et la Gauche des socialistes des années 1950… Qui est précisément ce dont on a besoin aujourd’hui.

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La lettre de Ian Brossat du PCF à France Télévision

Ian Brossat qui conduit la liste PCF pour les élections européennes de mai prochain n’est pas invité au grand débat télévisé du 4 avril prochain sur France 2. S’il fustige avec raison un déni de démocratie, il faut malgré tout rappeler la grande responsabilité de la Gauche dans son ensemble qui, en refusant l’unité, donne en quelque sorte le bâton pour se faire battre.

Pour les organisateurs de débats télévisés, y compris sur le « service public », ce qui compte est surtout la contrainte technique de la réalisation. Leur préoccupation n’est pas démocratique, alors ils voient forcément les « petites listes » comme autant de difficultés pour distribuer la parole, avoir un rendu dynamique, ne pas traîner en longueur, etc.

Ce qui se passe est très simple : les organisateurs ne voient pas l’intérêt de donner la parole à une liste créditée de quelques pourcents dans les sondages, qui selon-eux dira peu ou prou la même chose qu’une autre, par exemple celle de Benoît Hamon.

Le problème est que tout le monde à Gauche mise sur les élections pour se faire entendre, peser le plus possible, comme si la bataille démocratique ne pouvait passer que par là, ou en tous cas principalement par là. C’est une grossière erreur.

La Gauche devrait être en mesure d’avoir une seule voix qui se ferait entendre clairement et facilement à la télévision pour les élections. Les débats électoraux télévisés ne sont pas le lieu pour un débat contradictoire entre les différentes forces de Gauche qui veulent chacune apporter leur nuance. Ce genre de débat doit avoir lieu avant, et surtout sous d’autres formes, réellement démocratiques, permettant d’analyser le fond et d’étayer les arguments.

Voici donc la lettre de Ian Brossat qui en quelque sorte réclame son du à la directrice de France Télévision avec des arguments qui ne sont pas absurdes, mais qui sont très insuffisant politiquement.

Rappelons avant que le PCF a prévu un rassemblement devant le siège du groupe pour appuyer cette demande mardi prochain le 19 mars à 18h.

 

Madame Delphine Ernotte-Cunci

Présidente de France Télévisions

 

Madame la Présidente,
La chaîne France 2, du groupe public France Télévisions dont vous êtes la Présidente, organise le jeudi 4 avril un débat télévisé dédié à l’élection européenne lors de « L’Émission politique ».
Votre initiative est salutaire pour notre démocratie et pour le débat public, alors que cette échéance électorale d’une importance capitale demeure mal connue du grand public.

Toutefois, à la suite d’un appel téléphonique fortuit de notre attachée de presse, nous avons appris que France 2 ne jugeait pas utile d’inviter de représentant de la liste « Pour l’Europe des gens, contre l’Europe de l’argent », soutenue par le Parti Communiste Français, et que j’ai l’honneur de conduire.

Il s’agirait d’un déni de démocratie grave et incompréhensible.

Comme vous ne l’ignorez pas, le Parti communiste français est présent dans les deux assemblées, avec plus de trente parlementaires qui prennent part au fonctionnement institutionnel de notre pays. Les Françaises et les Français se sont choisis plus de 7 000 élu·es locaux et nationaux de notre famille politique pour les représenter, plus de 800 maires et trois parlementaires européens pour faire entendre et respecter leur voix. L’effacement du Parti communiste français du débat du jeudi 4 avril, sur la première chaîne du service public, serait une véritable anomalie démocratique.

Comme en 2005 déjà, à l’occasion du référendum européen, les Français attendent aujourd’hui une plus juste et sincère représentation de leurs opinions. Dans cette élection européenne où l’enjeu du pluralisme est tout particulièrement important, la voix de la liste du PCF n’est réductible à celle d’aucune autre liste.

Faut-il vous rappeler que nous sommes le seul parti de gauche à avoir rejeté tous les traités européens libéraux depuis le début de la construction européenne ? Nous sommes également la seule liste du paysage français à inclure dans ses rangs plus de la moitié d’ouvrières et d’ouvriers, de femmes et d’hommes employés — à l’image exacte de ce qu’est la France aujourd’hui. Nous sommes la seule liste, droite et gauche confondues, qui est en mesure de faire entrer, le 26 mai une femme ouvrière, en la personne de Marie-Hélène Bourlard, pour la première fois dans l’histoire du Parlement européen.

La dernière élection présidentielle a démontré qu’il était possible de proposer aux Français des débats télévisés de grande qualité en y conviant l’ensemble des forces en présence. C’est cela la vitalité de notre démocratie ; elle est une chance que chacune et chacun devrait saluer. Dès lors, comment les Français pourraient-ils comprendre qu’il en soit aujourd’hui différemment sur la première chaîne du service public, qu’ils financent ?
C’est la raison pour laquelle j’ai l’honneur de solliciter auprès de vous un rendez-vous dans les plus brefs délais, afin qu’une solution puisse être trouvée concernant la présence de notre liste au débat du 4 avril.

Je vous prie d’agréer, Madame la Présidente, l’expression de mes sentiments respectueux

Ian Brossat,
Porte-parole du PCF, tête de liste « Pour l’Europe des gens, contre l’Europe de l’argent »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

de répondre techniquement à une demande.

 

débat à la télévision ne sont pas

 

le jeudi 4 avril un débat télévisé dédié à l’élection européenne lors de « L’Émission politique »

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Élections européennes 2019 : la Gauche unie ou éparpillée façon puzzle

Il faut bien trouver une image pour montrer ce qui risque d’advenir à la Gauche si elle ne parvient pas à l’unité. Ce sera l’éparpillement façon puzzle.

L’expression est douteuse, car elle relève d’une logique mafieuse et de ce grave travers français du goût gratuit pour le pittoresque. Il n’empêche qu’elle est ici adéquate : si la Gauche n’est pas unie aux élections européennes de 2019, elle va se retrouver éparpillée façon puzzle. Rappelons d’où vient cette étrange image, à savoir du film culte (mais qu’on peut ne pas aimer) Les tontons flingueurs, où Bernard Blier alias « Raoul Volfoni » dit la chose suivante :

« J’vais lui faire une ordonnance et une sévère… J’vais lui montrer qui c’est Raoul. Aux quatre coins d’Paris qu’on va l’retrouver éparpillé par petits bouts, façon puzzle. Moi, quand on m’en fait trop j’correctionne plus : j’dynamite, j’disperse, j’ventile. »

En 2019, point de Raoul : c’est la Gauche elle-même qui s’auto-dynamite, se disperse elle-même, se ventile par choix. Parce que les gens de Gauche se croient dans les années 1990 ou 2000, dans une société stable où il est suffit de gérer en disant vaguement le contraire de la Droite. Les carriéristes ont bien compris que tout avait changé et ont pris la poudre d’escampette, passant souvent dans le camp d’Emmanuel Macron.

D’autres, sincères, se sont retrouvés désorientés et ont capitulé. Ceux et celles qui avaient des idéaux se sont noyés dans l’amertume et d’autres, plus friables sur le plan des idées, ont rejoint le populisme de Jean-Luc Mélenchon. Tout cela pour dire que ce qui reste ne pèse pas lourd ; il n’y a plus grand monde.

Et il y en aura encore moins si on rate les « millenials ». Cependant, encore faut-ils que ceux-ci sachent que la Gauche existe et dans l’état actuel des choses, c’est l’unité où l’éparpillement façon puzzle. Et tout le monde y a intérêt, pour survivre.

Le Parti socialiste ne peut pas se présenter sous son propre nom, tellement il est dévalorisé dans l’opinion publique. Génération-s est inconnu d’une vaste partie de la population y compris de secteurs pouvant sympathiser. Le PCF est travaillé par tellement de courants internes que s’il part tout seul et qu’il fait un score misérable, il se fractionne.

Europe Écologie – Les Verts a un dirigeant qui pousse, mais rien comme structures derrière lui : il suffit de lui donner la tête de liste et les volontés de parcours solitaire cesseront d’elles-mêmes.

Il serait donc logique de s’unir, pour résister ensemble à une vague de Droite, et il serait parfaitement cohérent aussi de s’ouvrir à toute la Gauche en général, y compris l’extrême-gauche dans la mesure où celle-ci n’est pas devenue une ultra-gauche historique. Il suffirait d’un drapeau rouge et du mot ouvrier pour réinscrire plein de monde dans une démarche politique réelle.

Comme ce sont de plus les élections européennes, les valeurs servant de dénominateur commun sont vraiment faciles à trouver et ce serait un premier pas pour la suite. Autrement, ce sera un premier pas pour une traversée du désert… Voire une traversée du désert avec qui plus est une brutale répression de Droite, voire d’extrême-droite, voire du militarisme, du fascisme, vu comment tout va vite.

Car c’est là le fond de la question. On sait à quel point la Gauche, historiquement, n’a saisi son identité commune malheureusement bien souvent qu’alors que la menace fasciste planait ou qu’il avait déjà pris une forme monstrueuse très concrète. Et si on doit avoir un critère pour savoir qui est de Gauche aujourd’hui, ce serait la réponse « oui » à la question « Le fascisme est-il une menace réelle, et non une fantasmagorie ? ».

Il faut donc assumer l’unité, car sans cela, à l’échec succéderait la honte sur le plan des responsabilités face à l’Histoire. Il faut l’unité pour protéger la Gauche et prévoir les choses positives de demain, mais aussi pour former un avertissement au peuple de France : si celui-ci cède à la démagogie, au populisme, ce sera la catastrophe !

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«Pour une renaissance européenne», la tribune politique d’Emmanuel Macron

Le président français Emmanuel Macron publie aujourd’hui une tribune dans la presse des 28 pays de l’Union européenne, après avoir été en direct sur la télévision italienne dimanche soir. C’est un positionnement « européen » très fort, qui devrait lancer les débats en vue des élections, obligeant la Gauche à rentrer dans un débat de fond.

C’est une tribune assez courte, exposant le propos tout à fait classique d’un libéral partisan de l’Union Européenne comme « grand projet » moderne. Cela représente néanmoins une affirmation politique forte, qui marque le lancement de la campagne de son parti pour les élections européennes de mai prochain, et par la même de la campagne en général en France.

Que dit Emmanuel Macron, en s’adressant à tous les Européens ? Il dit deux choses : d’une part, qu’il y a une grande crise démocratique en Europe, avec une tendance au repli qui menace les sociétés dans leur fondement même ; d’autre part, qu’il faudrait la renaissance du « projet » européen, comme fer de lance du progrès.

C’est une affirmation très claire, synthétique, palpable, cohérente par rapport à sa démarche, qui est donc sur la table. Elle existe à côté de la proposition nationaliste, dans ses différentes variantes. Cela forme une orientation générale, une vision du monde qui est proposé, et qui consiste en bien plus qu’un catalogue de revendications.

Cela pose la nécessité pour la Gauche de s’affirmer elle aussi, afin d’avoir son projet, sa vision, sur cette grande table du débat politique.

Beaucoup de choses ont été dites à Gauche, mais il s’agissait surtout de constituer des listes, ou de tenter d’en constituer. Cela fut un échec, il n’y a pas d’unité, et cela rendra d’autant plus compliqué l’expression d’une vision. C’est pourtant indispensable.

La chose est compliquée, il est vrai, surtout qu’on a vraiment l’impression que les différentes forces à Gauche n’ont rien d’autre à dire que : « oui à l’Europe, mais plus sociale et écolo ».

Le problème est qu’Emmanuel Macron dit peu ou prou la même chose, mais de manière beaucoup plus convaincante, ou en tous de manière plus conforme à ce qu’est réellement l’Union Européenne.

Il faudrait s’organiser contre les « GAFA », les géants du numérique ? Pas de problème dit-il, en proposant « une supervision européenne des grandes plateformes (sanction accélérée des atteintes à la concurrence, transparence de leurs algorithmes…) » et évoquant même la question des impôts qui ne sont pas, ou presque, payés par ces grands groupes. Il faudrait se prémunir contre les lobbies de l’agroalimentaire ? Pas de problème là encore, selon lui, puisqu’il propose une « force sanitaire européenne », ainsi qu’une « évaluation scientifique indépendante ».

Il en est de même sur le plan social, où il propose d’en finir avec ce problème des travailleurs détachés avec un « bouclier social lui garantissant la même rémunération sur le même lieu de travail ».

Emmanuel Macron va même encore plus loin sur le plan écologique avec la prétention, absolument pas crédible, d’une ambition « 0 carbone en 2050 » et d’une « division par deux des pesticides en 2025 ».

La seule différence serait en fait sur la question de l’immigration, où les gens de gauche disent globalement « toujours plus », alors qu’Emmanuel Macron a bien compris que ce discours n’est pas acceptable pour les classes populaires, et parle de régulation et de frontières qui « protègent ».

La question se pose donc pour la Gauche de savoir s’il faut se mettre à la remorque de cette « renaissance » européenne, ou bien s’il faut au contraire proposer une vision du monde propre, nouvelle, réjouissante, et surtout concrète, cohérente.

Le piège à éviter étant bien sûr celui du repli nationaliste, avec cette grande difficulté pour la Gauche qui est d’avoir un regard critique sans pour autant céder aux chauvinismes, aux « brexits », aux raccourcis populistes, etc.

Voici donc la tribune d’Emmanuel Macron :

«Pour une renaissance européenne»

Citoyens d’Europe,

Si je prends la liberté de m’adresser directement à vous, ce n’est pas seulement au nom de l’histoire et des valeurs qui nous rassemblent. C’est parce qu’il y a urgence. Dans quelques semaines, les élections européennes seront décisives pour l’avenir de notre continent.

Jamais depuis la Seconde Guerre mondiale, l’Europe n’a été aussi nécessaire. Et pourtant, jamais l’Europe n’a été autant en danger.

Le Brexit en est le symbole. Symbole de la crise de l’Europe, qui n’a pas su répondre aux besoins de protection des peuples face aux grands chocs du monde contemporain. Symbole, aussi, du piège européen. Le piège n’est pas l’appartenance à l’Union européenne ; ce sont le mensonge et l’irresponsabilité qui peuvent la détruire. Qui a dit aux Britanniques la vérité sur leur avenir après le Brexit? Qui leur a parlé de perdre l’accès au marché européen? Qui a évoqué les risques pour la paix en Irlande en revenant à la frontière du passé? Le repli nationaliste ne propose rien ; c’est un rejet sans projet. Et ce piège menace toute l’Europe: les exploiteurs de colère, soutenus par les fausses informations, promettent tout et son contraire.

Face à ces manipulations, nous devons tenir debout. Fiers et lucides. Dire d’abord ce qu’est l’Europe. C’est un succès historique: la réconciliation d’un continent dévasté, dans un projet inédit de paix, de prospérité et de liberté. Ne l’oublions jamais. Et ce projet continue à nous protéger aujourd’hui: quel pays peut agir seul face aux stratégies agressives de grandes puissances? Qui peut prétendre être souverain, seul, face aux géants du numérique? Comment résisterions-nous aux crises du capitalisme financier sans l’euro, qui est une force pour toute l’Union? L’Europe, ce sont aussi ces milliers de projets du quotidien qui ont changé le visage de nos territoires, ce lycée rénové, cette route construite, l’accès rapide à Internet qui arrive, enfin. Ce combat est un engagement de chaque jour, car l’Europe comme la paix ne sont jamais acquises. Au nom de la France, je le mène sans relâche pour faire progresser l’Europe et défendre son modèle. Nous avons montré que ce qu’on nous disait inaccessible, la création d’une défense européenne ou la protection des droits sociaux, était possible.

Mais il faut faire plus, plus vite. Car il y a l’autre piège, celui du statu quo et de la résignation. Face aux grands chocs du monde, les citoyens nous disent bien souvent: «Où est l’Europe? Que fait l’Europe?». Elle est devenue à leurs yeux un marché sans âme. Or l’Europe n’est pas qu’un marché, elle est un projet. Un marché est utile, mais il ne doit pas faire oublier la nécessité de frontières qui protègent et de valeurs qui unissent. Les nationalistes se trompent quand ils prétendent défendre notre identité dans le retrait de l’Europe ; car c’est la civilisation européenne qui nous réunit, nous libère et nous protège. Mais ceux qui ne voudraient rien changer se trompent aussi, car ils nient les peurs qui traversent nos peuples, les doutes qui minent nos démocraties. Nous sommes à un moment décisif pour notre continent ; un moment où, collectivement, nous devons réinventer politiquement, culturellement, les formes de notre civilisation dans un monde qui se transforme. C’est le moment de la Renaissance européenne. Aussi, résistant aux tentations du repli et des divisions, je vous propose de bâtir ensemble cette Renaissance autour de trois ambitions: la liberté, la protection et le progrès.

Défendre notre liberté

Le modèle européen repose sur la liberté de l’homme, la diversité des opinions, de la création. Notre liberté première est la liberté démocratique, celle de choisir nos gouvernants là où, à chaque scrutin, des puissances étrangères cherchent à peser sur nos votes. Je propose que soit créée une Agence européenne de protection des démocraties qui fournira des experts européens à chaque État membre pour protéger son processus électoral contre les cyberattaques et les manipulations. Dans cet esprit d’indépendance, nous devons aussi interdire le financement des partis politiques européens par des puissances étrangères. Nous devrons bannir d’Internet, par des règles européennes, tous les discours de haine et de violence, car le respect de l’individu est le fondement de notre civilisation de dignité.

Protéger notre continent

Fondée sur la réconciliation interne, l’Union européenne a oublié de regarder les réalités du monde. Or aucune communauté ne crée de sentiment d’appartenance si elle n’a pas des limites qu’elle protège. La frontière, c’est la liberté en sécurité. Nous devons ainsi remettre à plat l’espace Schengen: tous ceux qui veulent y participer doivent remplir des obligations de responsabilité (contrôle rigoureux des frontières) et de solidarité (une même politique d’asile, avec les mêmes règles d’accueil et de refus). Une police des frontières commune et un office européen de l’asile, des obligations strictes de contrôle, une solidarité européenne à laquelle chaque pays contribue, sous l’autorité d’un Conseil européen de sécurité intérieure: je crois, face aux migrations, à une Europe qui protège à la fois ses valeurs et ses frontières.

Les mêmes exigences doivent s’appliquer à la défense. D’importants progrès ont été réalisés depuis deux ans, mais nous devons donner un cap clair: un traité de défense et de sécurité devra définir nos obligations indispensables, en lien avec l’OTAN et nos alliés européens: augmentation des dépenses militaires, clause de défense mutuelle rendue opérationnelle, Conseil de sécurité européen associant le Royaume-Uni pour préparer nos décisions collectives.

Nos frontières doivent aussi assurer une juste concurrence. Quelle puissance au monde accepte de poursuivre ses échanges avec ceux qui ne respectent aucune de ses règles? Nous ne pouvons pas subir sans rien dire. Nous devons réformer notre politique de concurrence, refonder notre politique commerciale: sanctionner ou interdire en Europe les entreprises qui portent atteinte à nos intérêts stratégiques et nos valeurs essentielles, comme les normes environnementales, la protection des données et le juste paiement de l’impôt ; et assumer, dans les industries stratégiques et nos marchés publics, une préférence européenne comme le font nos concurrents américains ou chinois.

Retrouver l’esprit de progrès

L’Europe n’est pas une puissance de second rang. L’Europe entière est une avant-garde: elle a toujours su définir les normes du progrès. Pour cela, elle doit porter un projet de convergence plus que de concurrence: l’Europe, où a été créée la sécurité sociale, doit instaurer pour chaque travailleur, d’Est en Ouest et du Nord au Sud, un bouclier social lui garantissant la même rémunération sur le même lieu de travail, et un salaire minimum européen, adapté à chaque pays et discuté chaque année collectivement.

Renouer avec le fil du progrès, c’est aussi prendre la tête du combat écologique. Regarderons-nous nos enfants en face, si nous ne résorbons pas aussi notre dette climatique? L’Union européenne doit fixer son ambition – 0 carbone en 2050, division par deux des pesticides en 2025 – et adapter ses politiques à cette exigence: Banque européenne du climat pour financer la transition écologique ; force sanitaire européenne pour renforcer les contrôles de nos aliments ; contre la menace des lobbies, évaluation scientifique indépendante des substances dangereuses pour l’environnement et la santé… Cet impératif doit guider toute notre action: de la Banque centrale à la Commission européenne, du budget européen au plan d’investissement pour l’Europe, toutes nos institutions doivent avoir le climat pour mandat.

Le progrès et la liberté, c’est pouvoir vivre de son travail: pour créer des emplois, l’Europe doit anticiper. C’est pour cela qu’elle doit non seulement réguler les géants du numérique, en créant une supervision européenne des grandes plateformes (sanction accélérée des atteintes à la concurrence, transparence de leurs algorithmes…), mais aussi financer l’innovation en dotant le nouveau Conseil européen de l’innovation d’un budget comparable à celui des États-Unis, pour prendre la tête des nouvelles ruptures technologiques, comme l’intelligence artificielle.

Une Europe qui se projette dans le monde doit être tournée vers l’Afrique, avec laquelle nous devons nouer un pacte d’avenir. En assumant un destin commun, en soutenant son développement de manière ambitieuse et non défensive: investissement, partenariats universitaires, éducation des jeunes filles…

Liberté, protection, progrès. Nous devons bâtir sur ces piliers une Renaissance européenne. Nous ne pouvons pas laisser les nationalistes sans solution exploiter la colère des peuples. Nous ne pouvons pas être les somnambules d’une Europe amollie. Nous ne pouvons pas rester dans la routine et l’incantation. L’humanisme européen est une exigence d’action. Et partout les citoyens demandent à participer au changement. Alors d’ici la fin de l’année, avec les représentants des institutions européennes et des États, mettons en place une Conférence pour l’Europe afin de proposer tous les changements nécessaires à notre projet politique, sans tabou, pas même la révision des traités. Cette conférence devra associer des panels de citoyens, auditionner des universitaires, les partenaires sociaux, des représentants religieux et spirituels. Elle définira une feuille de route pour l’Union européenne traduisant en actions concrètes ces grandes priorités. Nous aurons des désaccords, mais vaut-il mieux une Europe figée ou une Europe qui progresse parfois à différents rythmes, en restant ouverte à tous?

Dans cette Europe, les peuples auront vraiment repris le contrôle de leur destin ; dans cette Europe, le Royaume-Uni, j’en suis sûr, trouvera toute sa place.

Citoyens d’Europe, l’impasse du Brexit est une leçon pour tous. Sortons de ce piège, donnons un sens aux élections à venir et à notre projet. A vous de décider si l’Europe, les valeurs de progrès qu’elle porte, doivent être davantage qu’une parenthèse dans l’histoire. C’est le choix que je vous propose, pour tracer ensemble le chemin d’une Renaissance européenne.

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Yannick Jadot fait en sorte qu’EELV tourne le dos à la Gauche

Alors qu’Europe Écologie – Les Verts est historiquement un partenaire de la Gauche gouvernementale, son dirigeant Yannick Jadot a décidé de la placer sur une orbite « réaliste », c’est-à-dire d’en faire le grand remplaçant du Parti socialiste des années 1990-2000.

En Allemagne, un grand conflit avait frappé les Verts après leur émergence. Les realos, partisans de compromis, se voyaient confrontés aux fundis, accusant les premiers de compromissions. C’était un conflit entre deux tendances historiques de la Gauche allemande et ayant fourni les troupes aux verts : les partisans de la marche dans les institutions d’un côté, les anciens maoïstes de l’autre. Les premiers se tournaient vers les sociaux-démocrates, les seconds vers les autonomes dont Berlin-Ouest était le grand bastion avec sa centaine de squats ; finalement, les premiers ont gagné.

Les Verts français n’ont jamais eu ce parcours tourmenté, car ils ne viennent pas de la Gauche alternative, mais de différents milieux apolitiques pour qui l’écologie était surtout une critique culturelle de la civilisation industrielle. C’est, pour caricaturer, la même idéologie que les premiers magasins bios ou les promoteurs des magnétiseurs, des cours de yoga, etc. C’est un fond plutôt mystique, très ancré dans la perspective pétainiste.

Tout cela a été passé par-dessus bord avec l’émergence mondiale de l’écologie, aboutissant à faire des Verts un parti de carriéristes bobos des centres-villes, alliés au Parti socialiste pour qui il s’agissait d’un soutien idéal. L’exemple reflétant cet état d’esprit est Cécile Duflot lors du sommet de Copenhague, en 2009. Elle se fait filmer par les journalistes en train de prendre le train, mais est à Paris le lendemain pour le journal de treize heures. Elle est donc arrivée à Copenhague au bout de quinze heures de train pour reprendre l’avion pour un voyage de deux heures.

Comme le Parti socialiste est désormais dans les choux, Europe Écologie – Les Verts avait le choix de soit participer à la recomposition de la Gauche, soit tenter de formuler une propre ligne politique. C’est le second choix qui a été fait, Yanick Jadot se faisant le chef de file d’une approche favorable « à la libre entreprise et l’économie de marché », mais critique sur le libre-échange au niveau mondial. Il vient de publier Aujourd’hui tout commence, pour formaliser le tout. Dans une interview au Point, un média de Droite, il le résume de la manière suivante :

« Dans ce livre, j’explique à quel point le repli derrière nos frontières nationales ne serait protecteur de rien. Bien entendu que les écologistes sont pour le commerce, la libre entreprise et l’innovation. Mais le commerce doit se construire dans le respect de chacun, des hommes et de la nature, et non pas en abusant de dumping environnemental, social ou fiscal. »

Il n’est pas bien difficile de voir que Yannick Jadot espère récupérer les déçus du Macronisme. Il tente de se placer comme un Emmanuel Macron qui aurait assumé d’aller au conflit ouvert avec Donald Trump sur la question du réchauffement climatique, un Emmanuel Macron qui n’aurait pas soutenu ouvertement les chasseurs, un Emmanuel Macron qui « réussirait » le pari européen.

En étant mauvaise langue, on pourrait dire qu’il fait du Benoît Hamon, en moins social et en plus écologiste. Dans tous les cas, c’est quelque chose qui n’a rien à voir avec la Gauche historique.

Europe Écologie – Les Verts fait de l’écologie un support pour une relance du capitalisme, en affirmant que c’est le seul moyen pour l’écologie qui sinon n’existerait pas. C’est une simple capitulation devant les immenses enjeux, ce qui va de pair avec une trahison par rapport à la Gauche.

 

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Génération-s et les élections européennes : « Hope is back »

Génération-s a présenté ses principaux candidats pour les élections européennes. Avec comme mot d’ordre « Hope is back », témoignant d’un entre-soi très propre, très policé, totalement en décalage avec la réalité ouvrière, populaire.

C’est terriblement décevant pour qui espérait que, tout de même, Génération-s porte une certaine modernité, à défaut d’assumer le patrimoine historique de la Gauche. La liste présentée par Génération-s pour les élections européennes de 2019 relève d’un positionnement bobo outrancier, et même pas masqué. La lettre de Guillaume Balas et Claire Monod annonçant la mise en place de la liste se termine même par un « Hope is back », c’est-à-dire « L’espoir est de retour ». C’est là tout un symbole de l’esprit de l’entre-soi de gens des milieux associatifs et liés historiquement au Parti socialiste ; le décalage avec la réalité populaire est énorme.

Le fait que la « votation citoyenne » soit expliquée seulement dans une interview de Benoît Hamon dont l’accès est payant sur le site du Monde annonçait déjà cette orientation. Le document « Un New Deal pour l’Europe Printemps Européen », toujours en cours d’élaboration, ne contient en 43 pages pas une seule fois les mots capitalisme, bourgeoisie, ouvrier. Il faut rappeler ici à Benoît Hamon ce que Pierre Mauroy a déclaré peu avant la terrible défaite de Lionel Jospin en avril 2002 :

« Pour le premier et le deuxième tour, il faut des gestes à l’égard du mouvement populaire. Il faut utiliser les mots de travailleur, d’ouvrier ou d’employé. Ce ne sont pas des gros mots! »

Cela n’a cependant aucune chance d’avoir de l’écho, car la liste des 30 personnes en tête de liste (sur 79) relève précisément de cette liste d’après 2002, avec des racines bien ancrées dans le Parti socialiste.

Il y a ainsi l’eurodéputée Isabelle Thomas, dont le parcours est « exemplaire » ou du moins typique, étant cadre du syndicat étudiant UNEF-ID à partir de 1981, au Parti socialiste à partir de 1983, une des fondatrices de SOS racisme en 1984. Vice-présidente de l’UNEF-ID au moment de la campagne contre Devaquet en 1986, elle est propulsée par François Mitterrand à la direction du Parti socialiste. Elle a rejoint Génération-s dès le départ, ce qui est également le cas de l’eurodéputé Guillaume Balas, qui avait rejoint le Parti socialiste en 1991.

On a également Laura Slimani, ancienne responsable du Mouvement des jeunes socialistes, et Mehdi Ouraoui, qui a fait l’école normale supérieure et donné des cours à Sciences-Po, en étant un des responsables du Parti socialiste à partir de 2005. On trouve Michel Pouzol, né en 1962 et ayant quant à lui adhéré très tard au Parti socialiste, en 2007 seulement, dont il est député de 2012 à 2017. Il a été l’un des porte-paroles de Benoît Hamon pour la présidentielle et a rejoint Génération-s trois mois après sa fondation. Il a été notamment ouvrier au départ, puis vendeur et formateur à la FNAC, professeur au Cours Florent à Paris, scénariste, et même figurant dans Ma 6-T va crack-er de Jean-François Richet.

Il y a l’appoint d’associatifs : Eric Pliez, président du SAMU social qui regroupe plusieurs associations, Françoise Sivignon qui a été présidente de Médecins du monde en France, dont a été bénévole Naïma Charaï qui a été très active dans différentes associations. On trouve également Salah Amokrane, responsable de Takticollectif qui agit dans les « quartiers populaires » et a fait partie de la liste « Motivé-e-s » lancée à Toulouse par le groupe Zebda en 2001.

L’agrégé d’histoire Pierre Serne vient quant à lui d’Europe écologie – Les verts, dont Aurore Lalucq a été une sympathisante avant de rejoindre Benoît Hamon pour la présidentielle.

On a ici des profils entièrement coupés de la classe ouvrière et de la Gauche historique ; on ne trouve grosso modo que des cadres historiques du Parti socialiste, des éléments post-Gauche historique d’après 2002, des associatifs. Croire que cela peut faire le poids, en termes d’idéologie, de culture, de perspective, dans un climat explosif comme celui de la France, ce n’est même pas un doux rêve, c’est de l’inconscience.

Quel intérêt Benoît Hamon a-t-il eu de valoriser les gilets jaunes si ce n’est même pas pour proposer une ligne populaire, un engouement militant pour un projet de changement de société ? Croire qu’une petite-bourgeoisie éduquée et propre sur elle peut maîtriser le cours des choses en s’appuyant sur l’idéal européen est un pur suicide.

Dans l’état actuel des choses, la Droite va briser la Gauche de manière terrible aux prochaines Européennes !

 

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Benoît Hamon annonce que Génération-s part seul aux élections européennes de 2019

Benoît Hamon avait lancé la « votation citoyenne » ; il considère que la Gauche n’a pas répondu et que les initiatives de Place publique sont viciées par des accords masqués avec le Parti socialiste. Il a par conséquent annoncé que Génération-s présenterait demain sa liste pour les élections européennes. C’est regrettable car l’unité à Gauche est un combat qui ne pouvait par définition pas s’exprimer aussi rapidement.


Le combat pour l’unité de la Gauche, alors que s’obscurcissent les nuages politiques sur l’Europe, est primordial et malheureusement, les considérations d’appareil ont fini par triompher sur les bonnes volontés. La Gauche est en fait tellement faible qu’il y a une fuite en avant, avec l’idée que plus on fait de bruit, plus on peut surnager et l’emporter sur les autres. C’est absurde et c’est pourtant par exemple bien le sens de la lettre du PCF à Génération-s annonçant son refus de participer à la votation citoyenne.

> Lire également : L’appel de Benoît Hamon en faveur d’une votation citoyenne pour l’union de la Gauche

Benoît Hamon s’est démené comme un diable pour l’unité, il faut le reconnaître, mais il a fini par capituler lui aussi. Les médias ont annoncé que lui et Guillaume Balas ont appelé Thomas Porcher et Raphaël Glucksmann de Place publique, notamment pour leur reprocher ce qu’ils considèrent un accord à la base avec le Parti socialiste. C’est un peu hypocrite, car c’était évident à la base même, de par le caractère incontournable du Parti socialiste. La vérité est que l’unité à Gauche face à la menace du raz-de-marée de Droite ne peut pas aller sans alliance avec le Parti socialiste, même si cela fait mal au cœur.

Si on est pas content, on fait mieux et la question du Parti socialiste sera réglée, après. Benoît Hamon a décidé de régler cette question avant. C’est une erreur, annoncée de plus dans une interview au Parisien. Ce n’est pas là une approche correcte. Qui plus est, au lieu d’annoncer vouloir chercher à exprimer la Gauche en général, Benoît Hamon a décidé que la seule chose qui aurait droit de cité, c’est le hamonisme, résumé en quatre points :

– politique écologique commune,
– droit européen à l’IVG,
– taxe européenne sur les robots,
– revenu universel d’existence.

On peut discuter comme on le veut de ces thèmes, les trouver importants ou pas, valables ou pas, force est en tout cas de reconnaître qu’ils sont extérieurs à la tradition historique de la Gauche et qu’ils relèvent d’une approche post-moderne définie par le social dans l’économie et le libéral dans la politique.


C’était bien la peine que Benoît Hamon annonce que les gilets jaunes peuvent laisser voir quelque chose de formidable pour balancer par-dessus bord la moindre possibilité de critique du capitalisme. C’est là laisser le champ libre à l’extrême-droite dont la démagogie contre le « capitalisme ultra-libéral » va être de plus en plus forte.

Benoît Hamon a tout à fait raison, par conséquent de dire que :

« Moi, je veux être fidèle au peuple de la gauche et de l’écologie : pour cela, je suis constant dans mes valeurs, sincère dans mes combats et innovant dans mes idées. »

Cependant, ses idées ont décroché de la Gauche historique tout autant que celles de Jean-Luc Mélenchon. À l’un le post-modernisme, à l’autre le populisme. Benoît Hamon reste éminemment sympathique, mais il fait l’erreur de croire qu’il peut porter quelque chose de « nouveau ».

 

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La réponse du PCF à Génération-s et Benoît Hamon

Le PCF a rendu public sa réponse à Génération-s et Benoît Hamon, à la suite de la proposition de votation citoyenne pour unifier la Gauche pour les élections européennes de 2019.

La voici :

A l’attention de Benoît Hamon et de la direction de Génération.s

Cher·e·s Amis,

Par voie de presse puis dans un courrier, Benoît Hamon, au nom de Génération.s, vient d’inviter les différentes forces de gauche à s’engager collectivement, en vue des élections européennes, dans une « votation citoyenne pour l’Union ». De leur côté, les animateurs et animatrices de Place publique ont rendu publique une proposition de « dix combats communs ».

C’est l’occasion, pour le Parti communiste français, de vous redire dans quel état d’esprit il aborde le moment présent.
Vous ne l’ignorez pas, notre inquiétude est grande devant la situation de la gauche, à quelque cent jours du scrutin des européennes, alors que le pays traverse une crise sociale et démocratique sans précédent.

Les exigences populaires sur les salaires, les retraites, le pouvoir d’achat, les services publics, la justice fiscale, la lutte contre l’évasion fiscale et les inégalités, l’écologie, la transition de nos modèles économiques appellent d’amples rapports de force pour faire reculer les logiques concurrentielles, financières, de déréglementation qui dominent aujourd’hui la construction européenne.
Oui, pour y parvenir, tout doit être fait pour porter haut la colère qui s’exprime en France et en Europe. Oui, il faut unir le plus grand nombre possible de forces et de citoyen·ne·s pour combattre la politique du pouvoir en place, pour reconquérir notre souveraineté face aux décisions prises par les gouvernements, par Bruxelles et par la BCE.
Oui, il est urgent de rompre avec la logique de traités européens qui donnent la priorité à la finance et creusent un déficit démocratique nourrissant les tentations de la haine et du repli, pour construire de nouvelles politiques de solidarité et d’égalité s’opposant aux choix présentement mis en œuvre.

Cela exige de la clarté dans les réponses portées et une forte envie d’union.

Puisque nous échangeons à propos de l’échéance électorale du 26 mai prochain, il n’est tout de même pas inutile de rappeler que c’est la complaisance d’une partie des forces de gauche envers des traités libéraux enfermant l’Europe entière dans l’austérité perpétuelle qui a conduit la gauche, dans son ensemble, au désastre présent.

Ensemble, c’est cette page qu’il conviendrait de tourner résolument.

C’est le sens des propositions que nous formulons, pour notre part. Et c’est l’objectif que poursuit la liste conduite par Ian Brossat, dont nous avons mis la candidature à disposition comme tête d’une liste portée par large rassemblement pluraliste.
La campagne qu’il mène actuellement avec ses colistiers et colistières s’efforce de se faire l’écho des aspirations de notre peuple, et les candidat·e·s, dont nombre ne sont pas adhérents du PCF, ont pour première qualité d’être à l’image de la diversité des combats qui se mènent aujourd’hui dans tout le pays.

Sur le fond comme sur la forme, la proposition de « votation citoyenne » ne nous semble pas permettre la clarté nécessaire à l’unité et à la reconquête. Quant à l’offre des « dix combats communs», il y manque des questions essentielles, et aujourd’hui centrales, dans les mobilisations sociales, quand bien même nous y retrouvons des propositions qui nous sont chères.

Comment promouvoir une nouvelle vision de l’Europe tournant sans ambiguïté le dos à ce qui s’est fait jusqu’alors en son nom, comment remobiliser à gauche des millions de femmes et d’hommes qui ont perdu confiance au fil des renoncements passés, à partir d’une liste dont le programme évacuerait des points cruciaux ? À commencer par la nécessaire bataille pour de nouveaux traités capables de répondre aux besoins des peuples d’Europe et de s’opposer pratiquement à ceux qui existent, dont on sait les conséquences désastreuses pour les populations… Ou encore l’engagement des député·e·s élu·e·s à siéger dans le même groupe au Parlement européen, afin de donner toute leur force aux propositions qu’ils·elles auront auparavant défendues ensemble devant les électeurs…

C’est sur ces questions que nous butons. C’est à partir d’elles que l’union pourrait déjouer l’impasse du face-à face organisé entre les libéraux et l’extrême droite.

Nous ne nous satisfaisons nullement de l’éparpillement actuel. Si nous entendons répondre avec efficacité à la profondeur des exigences populaires, l’union suppose que nous énoncions ensemble le sens de notre présence future au Parlement européen. À partir d’un engagement clair et concis, tous les débats de construction d’une liste commune pourraient effectivement s’ouvrir.
Nous l’avons déjà dit maintes fois, nous le répétons, tout en étant engagés dans la campagne, nous sommes à tout moment disponibles aux initiatives et rencontres qui permettraient un rassemblement pluraliste, dans la clarté et en pleine transparence devant le pays, de toutes les forces ayant en commun de vouloir s’émanciper de la logique de traités que les peuples rejettent de plus en plus.

Telle est, à nos yeux, la seule manière de rendre possible la construction d’une autre Europe, anti-austéritaire et de progrès social, démocratique et féministe, fondée sur un nouveau modèle de développement durable, associant librement des peuples et des nations souverains, actrice de la paix dans le monde parce qu’elle se dégagerait de sa trop longue soumission à l’Otan.
Ce débat-là, nous le voulons, et nous le croyons toujours possible.

Paris, le 13 février 2019

Fabien ROUSSEL
Secrétaire national de Parti communiste français

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Un sondage ne suffira pas à Benoît Hamon pour unifier la Gauche

Benoît Hamon a lancé une initiative pour une votation citoyenne afin de favoriser l’unité de la Gauche en contournant l’appareil des partis. Ceux-ci n’ont pas accepté la proposition et, par l’intermédiaire d’un sondage commandé directement à l’IFOP, le mouvement Génération.s entend forcer les choses, comme si cela était suffisant.

Les résultats du sondage sont clairs et nullement étonnants : 77 % des électeurs de Gauche seraient pour la proposition de votation citoyenne de Benoît Hamon en vue des élections Européennes. La proportion monte même à 87 % en considérant uniquement les sympathisants d’Europe Écologie – Les Verts et du Parti Socialiste.

On trouvera l’intégralité du sondage sur ce lien.

Cela conforte bien sûr l’idée que nous avions ici qu’en prenant cette initiative en faveur de l’unité, Benoît Hamon exprimait le point de vue de la majorité des gens de Gauche.

> Lire également : L’appel de Benoît Hamon en faveur d’une votation citoyenne pour l’union de la Gauche

Seulement, cela ne suffit pas, car il ne suffit pas de vouloir pour pouvoir. Cette situation est en fait typique de l’état de la Gauche aujourd’hui en France. Elle a subi un énorme revers après le quinquennat de François Hollande qui l’a ébranlée sur ses propres bases, mais elle n’a pas encore saisi l’importance du travail de fond pour se relever.

On peut bien sûr comprendre l’état d’esprit de ces sympathisants qui sont pour l’unité électorale, sauf que cela est d’une certaine manière trop facile. Les dirigeants des appareils ne pourront pas s’en sortir seuls, sans une mobilisation à la base des sympathisants de Gauche.

Ce sondage ne change donc pas grand-chose à l’affaire, il ne modifie nullement la position des appareils qui ont besoin d’un élan bien plus grand pour accepter l’unité, renoncer à une stratégie élaborée alors qu’ils ont déjà mobilisé des personnes dans un sens, établi des projections, budgétisé des choses, etc.

Ce dont a besoin la Gauche, c’est assurément d’un grand débat d’idée, à la base, partout en France, en prenant le temps de confronter les points de vue et de faire un véritable bilan des dernières années, voir même des quarante dernières années si l’on considère que François Mitterrand a réalisé deux présidences institutionnalisant la Gauche, lui faisant perdre sa nature.

On ne va pas se voiler la face ici, il est à peu près évident que c’est déjà trop tard pour les prochaines élections européennes. Par exemple, Ian Brossat, tête de liste du PCF, peut bien dire qu’il est intéressé par l’initiative et annoncer rencontrer Benoît Hamon, son parti a de toutes façons déjà lancé sa campagne, ses thèmes, ses infographies, et même un site internet, europedesgens.fr

On fera les compte en mai, ce qui influencera quelque peu le rapport de force entre les différents courants et les différentes organisations en fonction des scores obtenus. Ceux-ci seront cependant très faibles pour chacun, malheureusement, et il sera de la responsabilité de tous, mais surtout des mieux «lotis », de ne pas reposer sur ses acquis pour au contraire s’ouvrir aux débats, à la recomposition.

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L’appel de Benoît Hamon en faveur d’une votation citoyenne pour l’union de la Gauche

Génération.s a appelé hier à une « votation citoyenne » en faveur de l’union de la Gauche ; un site internet a été ouvert à ce sujet, votationcitoyenne.eu. L’idée est que les bases des organisations à Gauche court-circuitent les appareils.

Pour parler de la votation citoyenne proposée par Benoît Hamon, il faut prendre en compte un souci qui n’est pas anecdotique. Le site internet ouvert pour celle-ci a un lien vers une interview accordée par Benoît Hamon au journal Le Monde, où il explique le fond de sa pensée. Malheureusement, celle-ci est en accès réservé aux abonnés.

C’est pour le moins étrange, dommage ; cela reflète sans doute, voire certainement, le statut social de beaucoup de gens soutenant Benoît Hamon. Mais dans tous les cas, ce n’est pas comme cela qu’on touche tout le monde. Quoi qu’il en soit le tout début de l’interview est accessible et Benoît Hamon dit la chose suivante :

« Je fais un double constat. Le premier, c’est qu’on n’arrive pas à parler d’Europe, de cet enjeu fondamental. Il y a vraiment besoin de débattre de l’action de l’Union européenne, parce qu’on perçoit que le projet européen est menacé.

On trouve d’autant moins d’espace pour en discuter que le choix du président de la République et de la majorité actuelle est de refuser un débat démocratique sur ce qu’on pourrait faire de différent en Europe. Ils se sont choisi un adversaire, les nationalistes, et ont réduit le choix à ceux qui sont pour ou contre l’Europe. C’est extrêmement dangereux, parce qu’à force de faire monter [la présidente du Rassemblement national] Marine Le Pen comme seule opposition, on finira par avoir Le Pen en France. On a donc un débat européen escamoté par le chef de l’État, avec le grand débat national.

A cela s’ajoute une confusion née de la dispersion à gauche et chez les écologistes. Les différences entre les organisations justifient-elles de partir séparément ? Elles ne sont pas indépassables. Si on fait reposer l’unité sur les appareils, il n’y aura pas d’union. Cela doit passer par un vote citoyen. Le grand moment politique que vit la France depuis plusieurs semaines nous y invite. »

Heureusement, on dispose d’un communiqué de Génération.s à ce sujet. Le voici, présentant quatre idées, si l’on veut résumer :

– il faut une liste de Gauche, car sinon c’est la déroute ;

– il faut un « new deal vert » européen ;

– il faut que la base des structures de Gauche soit en révolte ouverte contre les appareils ;

– la liste aux élections serait le choix d’une sorte de vote à choix multiples.

 

Pour une Votation Citoyenne pour l’Union !

Donnons aux citoyen-ne-s le moyen de faire en un vote ce que des appareils inertes n’arrivent pas à réaliser.

Depuis trop de temps, les citoyens ont été exclus du projet européen. Le fossé démocratique de 2005 n’a jamais été comblé.

Aujourd’hui, Emmanuel Macron voudrait nous enfermer dans un faux débat. D’un côté, son libéralisme autoritaire ; de l’autre, des nationalistes ultralibéraux. Le référendum qu’il propose n’est qu’un étouffoir pour la démocratie européenne. Face à la confiscation du débat, il faut faire la place aux citoyen.nes.

La responsabilité de la gauche et des écologistes est immense. Nous seuls portons l’alternative au libéralisme destructeur comme au repli passéiste. Et pourtant nous offrons l’image de nos divisions et trop nombreux sont ceux qui abandonnent le terrain des idées.

Depuis des mois, Génération.s propose son projet avec le Printemps européen. Un New Deal vert européen, pour sauver l’Europe en préparant l’avenir. Une Constituante européenne pour refonder notre démocratie commune. Un ISF européen pour conquérir la justice fiscale.

Depuis des mois, Génération.s a fait beaucoup pour permettre l’unité. Interview après interview, discussion après discussion, nationalement et dans nos territoires, nous avons proposé de nous réunir sur une démarche commune. Nous avons reçu un millier de candidatures citoyennes.

Mais que nous propose-t-on ? Des réunions de sous-sol pour régler des problèmes de listes entre appareils. Cela ne débouchera sur aucune unité, et ne réglera aucun problème. Nous constatons que l’unité ne se fait pas alors que chacun sent qu’elle est nécessaire.

Nous proposons une ultime solution, que les citoyen-ne-s décident !

Donnons aux citoyen-ne-s le moyen de faire en un vote ce que des appareils inertes n’arrivent pas à réaliser.

Confrontons nos idées, débattons, imposons tous ensemble le débat européen qui manque aujourd’hui.

Aujourd’hui, nous demandons aux responsables politique de prendre leurs responsabilités comme nous le faisons : êtes-vous prêts à laisser les citoyen-ne-s décider ? Assumez ce qui apparaît comme un risque mais qui est en réalité l’opportunité de nous placer collectivement en tête le 26 mai. Avons nous des désaccords ? Oui. Pouvons-nous les dépasser et nous rassembler sur une orientation politique et une stratégie communes ? Oui aussi.

Organisons, d’ici au mois d’avril, une votation citoyenne pour l’union sur le principe du vote préférentiel.

Le jour de vote, chacun pourra choisir les 3 listes candidates qu’il préfère et leur attribuer trois, deux et un point. La liste désignée sera celle qui sera la plus choisie, et non celle qui aura éliminé toutes les autres. Le binôme paritaire qui la porte sera chargé de constituer une liste unitaire, en proportion des résultats obtenus.

Ce processus est inédit en France. C’est moderne, cela fait confiance, cela rassemble. Ce sera la votation citoyenne de l’avenir, la votation écologique et sociale, la votation démocratique.

Nous en appelons également à tous les citoyens et citoyennes qui s’engagent depuis des années pour l’unité. N’attendez pas les partis : c’est à vous de rendre le rassemblement possible. Dès maintenant, rendez-vous sur www.votationcitoyenne.eu pour soutenir la démarche.

Nous en appelons aux consciences morales de la gauche, (chercheur.se.s, intellectuel.le.s, personnes engagé.e.s…) : soyez les garants de l’unité !

Engagez-vous dans l’organisation indépendante de la votation.

Génération.s se met au service de l’avenir. Soyons au rendez-vous !

Cette histoire de listes ( lesquelles d’ailleurs ? ) avec des choix multiples n’est pas très claire et sans doute que Pierre Jouvet, un des porte-paroles du Parti socialiste, a résumé la perplexité de chacun en disant :

« Je n’ai pas exactement compris le système. Techniquement je ne vois pas comment il veut faire ça. »

Politiquement, on voit cependant de quoi il en retourne : il s’agit de provoquer une secousse pour avoir une alliance qui, en l’état, concernerait le PCF, Place publique et le Parti socialiste, même si Benoît Hamon ne veut pas de ce dernier. Europe Écologie Les Verts et La France insoumise ont quant à eux déjà refusé hier une telle initiative, même s’il est vrai que la base d’Europe Écologie Les Verts peut être réceptive à cette démarche de « primaires ».

Est-ce le type d’unité au-delà des structures politiques qui est souhaitable ? Peut-on se passer du débat d’idées et surtout du renouveau de la culture, de la politique, des principes à Gauche ? On va très vite savoir si c’est quelque chose de positif ou si au contraire c’est en décalage total avec la réalité.

Mais une chose est certaine : en prenant une initiative en faveur de l’unité de la Gauche, Benoît Hamon exprime le point de vue de la majorité des gens de Gauche.

 

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Politique

Génération.s et l’Europe : un soutien unilatéral

Benoît Hamon porte une ligne résolument pro-européenne. Le souci est qu’on a beau chercher, on n’y voit guère de différence avec ce que dit Emmanuel Macron. C’est un peu plus radical, avec un peu plus d’écriture inclusive, mais le fond est le même.

Génération.s se met en branle pour les élections européennes et voici comment le mouvement de Benoît Hamon présente ce qui est sa ligne :

« Face aux nationalistes et aux libéraux qui détruisent l’Europe, Génération.s s’engage avec détermination dans la campagne des élections européennes.

L’enjeu des ces élections européennes est de taille, mais il n’y a pas de fatalité ! L’Espoir et le Printemps Européen sont entre nos mains !

Génération.s propose des solutions positives et concrètes pour la justice sociale, pour l’écologie et pour le respect de tous les citoyens européens. »

Lee refus des nationalistes et des libéraux est bien un dénominateur commun des gens à Gauche, cela est évident. Mais il y a un souci dans ce qui est dit : l’Europe a toujours été le grand thème des libéraux. C’est l’UDF de Giscard, de Simone Veil, etc. qui a toujours dit que l’Europe en élargissant le marché, en le libéralisant, allait améliorer la société française. L’expression « Printemps Européen » est exactement ce dont ils auraient pu parler, de par son côté vague et romantique.

Si donc Génération.s veut une autre Union Européenne, de laquelle parle-t-il ? Parce que personne en Europe n’a, à Gauche, formulé d’alternatives. Même en admettant que Benoît Hamon ait raison, il faudrait qu’il l’explique, et qu’ensuite il présente des alliés dans toute l’Europe. Ce n’est pas le cas.

Il faut également appeler un chat un chat. Dire qu’on est pour « la justice sociale, pour l’écologie et pour le respect de tous les citoyens européens », cela ne veut rien dire : à peu près tout le monde peut le dire. Ce n’est même pas que cela dit tant quelque chose de valable pour tous, c’est surtout que cela ne veut rien dire du tout. Les pro-nucléaires peuvent se dire écologistes car le nucléaire exige moins de Co2 que le charbon en apparence, la Droite peut se dire pour la justice sociale par l’ouverture à la concurrence au profit soi-disant des consommateurs, quant au respect de tous les citoyens européens c’est une règle posée d’office dans le cadre de l’Union Européenne.

Dernier souci et non des moindres de tout cela : Génération.s n’est pas anti-libéral. Génération.s revendique de s’opposer au libéralisme dans le domaine économique. Génération.s assume par contre entièrement le libéralisme dans les domaines politique et culturel, avec une revendication très forte de libéralisme dans le domaine migratoire. Il n’y a donc pas le rejet des « libéraux » en général, seulement de certains libéraux.

Ce qui ramène directement à ce que porte Emmanuel Macron, puisqu’on est pas ici dans une perspective de la Gauche historique, mais celle d’une bourgeoisie moderne, branchée, celle de l’art contemporain et des start ups, à l’aise dans toutes les très grandes villes du monde, favorable à la remise en cause de toutes les règles, de la déconstruction générale de toutes les valeurs sociales.

Génération.s a-t-il alors réellement un espace, alors qu’Emmanuel Macron porte en quelque sorte la plupart de ses valeurs politiques et culturelles ?

Si Benoît Hamon a véritablement une densité suffisante le distinguant historiquement d’Emmanuel Macron, alors Génération.s trouvera un espace. Mais sinon, les élections européennes rendront sa situation intenable.