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Nouvel ordre

France, 2024 : acheter, abandonner son enfant

Le 19 janvier 2024, on a appris deux choses qui, mis en perspective, font froid dans le dos. Toute une époque se révèle à travers ce qui se présent comme des faits divers, alors que ce sont des expressions de décadence complète.

Nous avons besoin d’un État socialiste, et vite. Il faut que le nouvel ordre s’établisse, et balaie les vieilles valeurs et tous les gens qui les portent. Le capitalisme est une horreur et il faut s’en débarrasser !

La première information vient du Parisien, elle a profondément choqué ceux qui l’ont apprise, tellement cela semble invraisemblable.

« Un petit bâtiment HLM tout blanc, de deux étages, des fenêtres qui donnent sur un cimetière. C’est là qu’un petit bonhomme de 9 ans a passé deux ans, vivant seul, presque comme un grand. De temps en temps, les résidents de la cité « La Foucaudie » à Nersac à l’ouest d’Angoulême apercevaient son visage à la fenêtre. Ses voisins qui lui tendaient la main, garnissant de temps en temps son frigo, ont fini par donner l’alerte (…).

Selon l’enquête des gendarmes, le petit élève de CM2 puis de 6ème a été livré à lui-même entre ses 9 et 11 ans tandis que sa mère, une femme de 36 ans qui en avait la garde, vivait à une poignée de kilomètres de Nersac avec sa compagne.

Repas, école, hygiène… le garçonnet vivait en effet seul. La petite victime s’est nourrie la plupart du temps de biscuits, de boîtes de conserve ou de tomates volées sur un balcon voisin. « Je me suis fait un petit jardin, et le petit venait discrètement prendre des tomates pour manger », a expliqué une voisine à TF1.

L’appartement dans lequel il a vécu n’était pas chauffé et ne disposait pas d’électricité. Le garçon s’emmitouflait dans des couvertures pour affronter les mois d’hiver (…)

Une voisine raconte : « Avec une amie, on lui avait dit de ne pas le laisser tout seul, elle nous a fait comprendre que ce n’était pas du tout nos affaires». »

La mère – où est le père ? – a été condamnée à dix-huit mois de prison dont douze avec sursis. Les six mois se passeront sous bracelet électronique !

Le juge mérite lui-même la prison pour une telle peine. La mère mériterait en réalité dix ans dans un camp de travail. Les voisins, qui n’ont rien dit, en mérite au moins quatre.

Le capitalisme, c’est l’indifférence, il faut condamner ceux qui la portent. Et qu’on ne fasse pas du misérabilisme. Nous sommes en 2024, les gens savent lire, écrire, regarder la télévision et utiliser internet. Et nous sommes en France, donc en plus de cela il y a tout un arrière-plan de sécurité sur le plan social.

Les responsables des services sociaux… méritent d’ailleurs également une peine lourde. Pareil pour les responsables de l’école. On nage ici en plein délire, où les gens font tous semblant de tout, sont là pour la forme, et en pratique personne ne prend aucune responsabilité.

Quant à la société… elle est condamnée, comme l’époque où nous vivons. Si on en arrive là, c’est que c’est intenable. En France, au début du 21e siècle, une telle chose? Même dans la plupart des pays du tiers-monde, une telle histoire serait pareillement dans les médias.

Mais justement, dans un pays capitaliste bien développé, la décadence prédomine et cela ne choque même plus, ou comme un fait divers. Rien qu’avec cette histoire le pays devrait être à feu et à sang. Et c’est un bon programme. Il faut le Socialisme, et cela veut dire beaucoup de prisons et de camps de travail ! La protection de l’enfance le demande.

La seconde information, justement, concerne la GPA. On la trouve dans Le Figaro, qui est politiquement à droite, mais aligné de plus en plus sur les valeurs libérales-libertaires, post-modernes. Il retranscrit les propos de Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie.

« Le patron de Bercy a finalement revu sa position, après avoir été «touché» par l’histoire d’«un couple d’amis très proches» qui «viennent d’avoir un enfant par GPA». «J’en discute avec eux, je regarde, j’observe, et on évolue», a-t-il raconté, confirmant que le bébé de ses amis, né à l’étranger, n’était pas reconnu en France (…).

Quant à la procréation médicalement assistée (PMA), Bruno Le Maire, qui se présente comme «marié depuis 25 ans, (ayant) quatre enfants, hétérosexuel», a notamment déclaré avoir «évolué» sur la mesure à laquelle il était initialement «sceptique». »

Bruno Le Maire connaît donc des gens ayant réalisé une GPA, forcément à l’étranger. Moralement, c’est condamnable. On peut imaginer qu’ils sont en France, que l’enfant est naturalisé français. Rien qu’avec le doute, il devrait y avoir une enquête de la justice, car en théorie c’est interdit. Et dans tous les cas, Bruno Le Maire fait un éloge indirect de la GPA, il installe une narration.

Mais il n’y aura pas d’enquête. La tendance est précisément à la légalisation de la GPA et ses propos n’ont rien de « spontané ». On est dans une mise en place idéologique, pour faire passer la prochaine « réforme » accordant davantage de « libertés ».

C’est le prolongement logique de la PMA, du libéralisme généralisé à tous les domaines de la société. C’est la décadence propre au capitalisme ayant instauré sa domination 24 heures sur 24. C’est la preuve de la dimension historique de la révolution à venir, qui doit renverser l’ordre dominant, ses valeurs, et assumer la réaffirmation de la civilisation, par le Socialisme !

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Culture & esthétique

Casse-noisette va rétablir Noël

Noël est devenu un prétexte à l’achat de n’importe quoi sur internet, distribué n’importe comment dans des points relais. Tout est fait dans la précipitation et en même temps machinalement, et les cadeaux n’ont pas de personnalité, ils ne sont plus adaptés aux gens.

Les aristocrates ou ceux qui s’imaginent l’être diront qu’on a troqué la qualité contre la quantité. Ce n’est même pas sûr. Mais admettons, peut-on pour autant revenir en arrière? Pas du tout, il vaut mieux profiter de la capacité énorme des forces productives pour faire mieux.

Il suffit que les gens aient du goût et à ce moment-là ils choisiront de manière à la fois naturelle et culturelle. La magie de Noël pourra alors opérer, car s’adressant à chacun personnellement. Et qui peut faire tout cela? Casse-noisette qui remplace le père Noël !

Ce n’est pas seulement que le ballet Casse-noisette de Tchaïkovski est charmant, incontournable. C’est qu’il plaît de manière universelle et même s’il y a une dimension commerciale dans le phénomène, depuis plusieurs années en France la figurine du casse-noisette est devenue régulière au moment de Noël. C’est assez notable quand on sait que le régime ukrainien fait un lobbying de folie pour interdire tout ce qui est russe, Tolstoï et Dostoïevsky en tête.

De plus, il y a l’arrière-plan littéraire. Il est vrai que le roman d’Ernst Theodor Amadeus (E.T.A.) Hoffmann est assez difficile à lire et peut-être un peu sombre dans son ambiance, malgré la magie. Cependant, cela renforce la dimension culturelle. Un ballet, un roman… c’est autre chose que Coca-Cola ayant forcé l’introduction du Père Noël.

C’est d’ailleurs ici une contradiction qui doit nous intéresser en premier lieu. Il y a un côté désuet, passéiste dans Casse-noisette. Et c’est très bien, car cela montre bien que c’est un héritage historique. Exactement ce que le capitalisme ne supporte pas, de par son besoin de tout déconstruire, de tout recycler. Ce n’est pas non plus de l’idéalisme réactionnaire, car c’est de la vraie culture, allemande puis russe, atteignant l’universel.

Bref, c’est du classicisme et le socialisme défend le classicisme!

Noël a bien mérité un ballet, plein de légèreté et de féérie. Casse-noisette peut rétablir Noël, il en a les moyens. Il y a ici suffisamment d’ampleur, de profondeur, pour faire s’exprimer les esprits avec intelligence et bienveillance. C’est de cela dont les enfants ont besoin, et d’ailleurs Noël ne doit être que pour eux.

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Rapport entre les classes

GPA: ce lien mère-enfant qui est nié

Un sondage IFOP de 2022 établit que soit-disant 75% des Français sont pour le principe de la gestation pour autrui (GPA). C’est-à-dire qu’ils adhèreraient au fait qu’on puisse réquisitionner le corps d’une femme, contre rémunération (ou non), pour en obtenir un enfant, à l’aide d’un contrat.

Dans le Droit bourgeois, le droit individuel est à peu près au dessus de tout, c’est un prétendu consentement éclairé, c’est comme ça que sont présentées les choses aux gens.

Et surtout, pour arriver à ce résultat c’est la souffrance de la séparation mère-enfant qui est masquée. Les gens qui ont intérêt à ce que la gestation pour autrui se répande se cachent derrière la notion de contrat et de consentement.

Si la mère porteuse a bien compris que l’enfant n’est pas pour elle, alors c’est bon, il n’y aura pas de souffrance. Et puis selon les acteurs du secteur, si les ovules de la mère porteuse ne sont pas utilisés alors il y a moins de risque qu’un lien puisse se créer.

C’est faire preuve ici de beaucoup de mauvaise foi, il est clair qu’il y a un lien qui est tissé durant la grossesse, par huit à neuf mois d’échanges organiques et sensoriels. C’est cette réalité qui rattrape beaucoup de mères porteuses, qu’elles soient soi-disant « altruistes » ou motivées par des raisons financières, au moment où le lien est rompu avec la séparation juste après la naissance.

C’est ce lien rompu que propose d’exposer le livre Broken Bounds : Surrogate Mothers Speak Out (« Liens brisés : les mères porteuses s’expriment »), à travers des témoignages de mères porteuses de différents pays. Un ouvrage n’ayant eu malheureusement presque aucun écho donc n’existant qu’en anglais.

Il y est notamment souligné en introduction que lorsqu’il s’agit de la plupart des animaux on fait très attention de ne pas séparer des petits de leur mère avant le sevrage car cela crée des troubles, ou si on tue une mère ayant des petits, cela choque.

« En science animale, la séparation maternelle est considérée comme l’une des expériences négatives précoces les plus stressantes de la vie d’un animal (Récamier-Carballo et al., 2017). »

Klein, Renate. Broken Bonds : Surrogate Mothers Speak Out (édition anglaise) (p. 10). Spinifex Press.

Une compréhension et une compassion qui s’arrête malheureusement ou commence le calvaire des animaux d’élevage destinés à l’industrie alimentaire, ou de l’habillement ou encore des cibles vivantes de chasse.

Bref, là où il existe une industrie, il existe un discours visant à présenter les choses sous un jour attrayant et propre, comme dit plus haut au sujet de la GPA.

La grossesse est un processus biologique complexe, indépendamment de la question de l’origine des gamètes. Si la grossesse fonctionne, c’est bien que l’organisme féminin fait comme si c’était une fécondation naturelle.

Il y a un lien dialectique qui se forme entre deux êtres et non pas un lien unilatéral de la mère à l’enfant qui serait artificiellement évitable. Au contraire on est à la source de la vie et les choses sont faites pour que cette dernière triomphe.

La grossesse prépare une relation autant qu’elle « fabrique » un enfant.

Pour la mère c’est une préparation à accueillir un être dont elle a entendu et vu le cœur durant les échographies, dont elle a porté le poids et senti les mouvements. Même si l’attachement se construit encore après la naissance, la naissance n’est qu’un saut qualitatif dans un processus ou la grossesse et la vie de l’enfant forment une continuité organique.

Qu’on le veuille ou non le moment de la séparation est donc difficile non seulement pour la femme connaissant tous les inconvénients du post-partum, sans ses joies, mais aussi pour l’enfant.

Pour le nourrisson, le lien se matérialise très concrètement par le fait de retrouver l’odeur du liquide amniotique sur le sein de sa mère, de reconnaître sa voix et celle de ses proches, entendues pendant neuf mois, les battements du cœur maternel. Toutes ces choses sont impossibles à reproduire artificiellement, car ce que vivent mère et enfant est une synchronie physiologique, hormonale et sensorielle.

La rupture de ce lien est une immense perte de repère pour le nouveau né et est très traumatisante. Un stress précoce qui peut expliquer des troubles anxieux et dépressif chez l’adulte, ainsi que des tendances addictives.

Là où cela arrive par défaut, en raison d’une naissance prématurée, un problème de santé grave chez le nourrisson ou la mère, d’un abandon pour X raison dramatique, la GPA vient le provoquer sciemment.

La GPA contient donc une rupture physiologique et psychologique chez les femmes exploitées et les enfants qui en sont le produit pour satisfaire une vision égoïste de la reproduction.

Pour promouvoir la gestation pour autrui auprès de potentielles mères porteuses il est joué sur l’empathie et l’altruisme des femmes. Une véritable instrumentalisation ne manquant pas d’hypocrisie, comme ci-dessous, où l’on laisse penser que le fait d’être mère porteuse a quelque chose à voir avec le fait d’être mère (le texte dis « tu aimes être mère ? As-tu pensé à devenir mère porteuse »).

Le décalage entre comment la GPA est montrée comme « altruiste », une « expérience humaine unique » et la froideur de la réalité du rapport marchand est une notion qui revient dans de nombreux témoignages de mères porteuses des pays occidentaux où la GPA est autorisée.

La gestation pour autrui est une pratique moche qui ne devrait même pas être une option. L’envie de parentalité doit être reconnue comme une chose sociale et non pas individuelle.

La reproduction est la base du renouvellement de la société humaine, mais elle n’est pas la seule manière de préparer le futur. S’impliquer en adoptant ou en tant que famille d’accueil sont par exemple des manières très louables de faire partie de ce processus inexorable.

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Société

L’idéologie transgenre: une camisole chimique opposée au féminisme

Ces derniers temps, la vague transgenre déborde de son cadre militant initial pour trouver écho dans des tas d’émissions grand public en France. C’est une tentative de normalisation par en haut d’un phénomène societal potentiellement dangereux pour des enfants en route vers le monde adulte.

Depuis décembre 2020, 4 documentaires et reportages ont été diffusés sur Arte, M6, TMC et TF1, dont certains en prime time, c’est-à-dire pendant le moment familial devant la TV. C’est le cas de « Petite Fille », de Sébastien Lifshitz diffusé sur Arte en décembre 2020 acheté par Netflix pour une mise à disposition le 15 mars 2021. Ce documentaire est un monument de propagande, traitant de la dysphorie de genre uniquement du point de vue subjectif des protagonistes sans jamais expliquer le fond de ce phénomène psychologique.

Cet axe est entièrement déterminé par le principe de l’ « approche trans-affirmative ». Voici comment « Jeune Trans Youth », un collectif québécois qu’on peut qualifier de groupe de pression trans-activiste, développe cette approche :

« une perspective d’intervention qui vise à suivre et soutenir l’enfant dans son cheminement individuel d’affirmation de son genre, et à faciliter l’accès aux différentes formes de transition (médicale, sociale, légale) selon ses besoins. Les questions d’autodétermination et de reconnaissance de la personne y sont centrales, car selon cette approche, seule la personne concernée est en position de définir et d’affirmer son identité de genre »

L’identité de genre serait donc une affirmation innée. Il faut donc s’en remettre à l’enfant de 3, 6, 13 ans, l’accompagner et repousser toute forme d’approche psychologique et scientifique. On est là dans la diffusion d’une idéologie qui relève de la superstition, notamment avec la récurrence de l’assertion « né dans le mauvais corps » avec l’idée que la perception du « genre » relèverait de l’esprit, alors que le sexe relève, lui, du corps.

Le corps et l’esprit ne sont pas deux choses distinctes : affirmer le contraire quand on est médecin relève du charlatanisme. C’est pourtant ce qu’il se passe à heure de grande écoute à la TV en France et dans de nombreuses cliniques anglo-saxonnes où les « transitions » sont une réelle manne.

Ce marché est évalué actuellement à 319 millions de dollars et pourrait atteindre 1,5 milliards en 2026. Le nombre de personnes transgenre représenteraient de 0,2 à 0,3 % de la population, aux États-Unis, ce sont environ 1 million de personnes qui se disent transgenre, alors qu’en France on serait autour de 15 000.

La transsexualité, les transitions « chimiques » et physiques sont donc promues dans une bataille pour l’opinion publique ne comportant à ce jour aucun contradicteur crédible.

Pourtant, en Angleterre, le procès de la clinique Tavistock & Portman NHS, historiquement liée à la pensée de Freud et de Jung et comportant un service de « Développement de l’Identité de Genre » (GIDS) a été une actualité majeure qui a exposé au grand jour les risques que représentent ces transitions.

La plaignante, Keira Bell, a été prise en charge par cette clinique, autour de ses 16 ans. Après trois « ateliers » de 1h, on lui a prescrit des bloqueurs de puberté, et il a été décidé qu’elle subirait un traitement hormonal à 17 ans et une double mastectomie (ablation des seins) à 20 ans.

Keira connaissait alors les difficultés de beaucoup de jeunes filles à l’âge de la puberté, une période qui s’accompagne de stéréotypes sexistes très éprouvants, doublés souvent d’un harcèlement sexuel. Pourtant, jamais les psychologues de la clinique n’ont remis en question ces stéréotypes, au contraire, ils poussent les jeunes filles (ou les jeunes garçons) vers des transitions.

Or, évidemment, de tels traitements ne peuvent pas être sans dommages physiques et psychologiques.

Le processus de transition dite chimique est présenté comme l’idéal, juste avant la puberté donc à un âge de 11, 12, 13 ans. Il comporte deux étapes, les bloqueurs de puberté puis les hormones croisées à partir de 16 ans.

Le bloqueur de puberté « générique » est le Lupron (Leuprolide), un médicament conçu pour traiter les cancers de la prostate chez les hommes ou l’endométriose chez les femmes, mais jamais prescrits plus de 6 mois pour éviter les complications. Ils sont aussi parfois utilisés lorsque des enfants présentent des signes de puberté précoce (9 ans pour les garçons, 8 ans pour les filles) afin de prévenir l’apparition des poils, la mue de la voix etc. Ou encore pour procéder à la castration chimique des délinquants sexuels.

Ce médicament à injecter tous les mois, agit sur le corps au niveau de l’hypothalamus dans son interaction avec l’hypophyse, où il empêche la libération d’hormones qui agissent sur les glandes sexuelles et directement sur la production de testostérones chez les hommes et d’œstrogènes et de la progestérone chez les femmes.

Initialement ces hormones entraînent le développement physiologique pour arriver à un corps adulte, pouvant procréer, etc. Le Lupron bloque cette production d’hormones donc bloque la croissance.

Dans l’utilisation de ce médicament pour interrompre la croissance naturelle, les médecins activistes, raisonnent de manière isolée, comme si la croissance pouvait être interrompue seulement au niveau des organes génitaux et sexuels secondaires (poitrine…). Cela bloque en effet toute la maturation nécessaire physique, y compris celle du cerveau donc de l’intellect et des os.

Le tribunal a conclu dans le sens de la plainte, avec l’idée que le consentement n’est pas possible avant 16 ans. D’autant plus qu’il est très difficile de parler de consentement alors que les effets secondaires sont abordés de manière tronquée et superficielle.

Les bloqueurs de puberté sont présentés comme des traitements totalement réversibles, qui ne font que stopper le cours du développement. C’est évidemment un mensonge car il n’y a rien de plus anti-naturel que d’empêcher le développement d’un organisme, ce blocage entraîne des effets secondaires qui sont en fait la manifestation d’un organisme entrain d’être mutilé.

Les enfants subissant ce traitement vont avoir de plus grandes chances de développer une ostéoporose mais aussi des dépressions sévères accompagnées d’éventuelles tentatives de suicides. Loin de régler le mal-être de ces enfants, il peut être accentué par le fait que durant toute la puberté, ils restent des enfants physiquement et psychologiquement tandis que leurs camarades évoluent.

Le service de « Développement de l’Identité de Genre » (GIDS) de la clinique NHS reconnaît lui-même que l’impact des bloqueurs de puberté n’est pas entièrement connu. Tous ces enfants déclarés transgenres sont donc à l’heure actuelle des cobayes de l’industrie pharmaceutique.

La deuxième étape consiste en un traitement hormonal dit « croisé », les femmes qui prétendent à un corps d’homme vont devoir s’injecter de la testostérone et les hommes des œstrogènes, pour un corps de femme.

Plusieurs études ayant suivi des personnes en transition pendant des années ont souligné l’augmentation des maladies cardiovasculaires, notamment chez les femmes sous testostérone avec le risque d’apparition de caillots sanguins multiplié par deux avec presque 10 fois plus de probabilité de faire un AVC.

Normalement, les médicaments sont fait pour soigner des malades : là, on rend malade des personnes saines avec des médicaments. De plus, on les administre quasiment automatiquement a des jeunes à partir de 11 ans, en partant du principe absurde qu’ils peuvent émettre une pensée autonome et rationnelle.

Maintenant âgée de 23 ans, Keira Bell qui a donc gagné son procès contre cette monstrueuse clinique Tavistock & Portman NHS peut déclarer très justement :

 Je n’avais pas besoin de traitements ou de chirurgie, j’avais juste besoin de savoir que j’étais bien comme j’étais

L’activisme trans est une des pires capitulations face à une question qui devrait être réglée par le féminisme et non par des mutilations chimiques et chirurgicales.

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Société

Pas de «consentement» avant 15 ans: tribune de 164 personnalités

Voici une tribune initiée par Tristane Banon au nom du Collectif pour l’enfance et signée par 164 personnalités. Elle est initialement publiée par le Parisien.

« L’appel des 164 personnalités pour défendre les enfants

Le 21 janvier 2021, le Sénat a adopté le projet de proposition de loi Billon qui vise à fixer le seuil du non-consentement sexuel de l’enfant à l’âge de 13 ans. Autrement dit, le Sénat a décidé que l’acte de pénétration sexuelle de quelque nature qu’elle soit entre un mineur de moins de 13 ans et un adulte serait de facto considéré comme un crime, sans possibilité pour l’adulte de se défendre d’un consentement apparent, sous-entendu ou revendiqué par l’enfant.

C’est bien, mais c’est insuffisant. C’est bien, mais c’est dangereux.

Après avoir lu « la Familia Grande », où Camille Kouchner raconte comment son frère jumeau de 14 ans a subi l’inceste de son beau-père, le célèbre constitutionnaliste Olivier Duhamel ; après avoir lu « le Consentement », de Vanessa Springora, où la jeune femme raconte comment elle est tombée à 14 ans (encore) sous l’emprise de l’écrivain pédophile Gabriel Matzneff ; après avoir lu Christine Angot, après avoir lu Catherine Allégret, après avoir lu les dizaines de milliers de témoignages d’anonymes qui ont trouvé à s’exprimer sous le désormais célèbre hashtag #MeTooInceste…

Après que les victimes ont trouvé la force et le courage d’ouvrir grands les yeux de la société, vous qui faites les lois ne pouvez pas rester les seuls à les garder partiellement clos.

Evidemment que l’instauration d’un seuil de non-consentement fixé à 13 ans est un progrès, mais il est petit et incomplet.

Votre progrès laisse la possibilité, pour un pédocriminel qui violerait un enfant de 13 à 15 ans, de prétendre que l’enfant était consentant. Avec la possibilité du consentement, c’est la requalification de l’acte et l’allègement de la peine qui s’ensuivent.

Votre progrès est sans sens car il n’aligne pas le seuil de non-consentement sur l’interdit à 15 ans posé par la loi Schiappa.

Votre progrès crée une zone trouble pour les crimes sur mineurs de 13 à 15 ans, et cette zone trouble, si vous pouvez vous en contenter, nous ne pouvons l’admettre.

Votre progrès est absurde, car il ne considère pas les victimes d’inceste comme des enfants de leurs parents, des frères ou des sœurs sous emprise, et ceux bien au-delà de votre seuil de 13 ans qui les rendrait apte à consentir. Qui peut dire qu’il n’est pas resté l’enfant de son ascendant légal jusqu’à 18 ans, au moins ? Il n’y a qu’en alignant le seuil du non-consentement sur l’interdit à 15 ans posé par la loi Schiappa que votre progrès sera véritable. Il n’y a qu’en reconnaissant l’impossibilité de consentir à l’inceste avant 18 ans que votre progrès sera remarquable.

Mesdames et messieurs qui faites les lois, nos espoirs étaient grands, votre progrès est tout petit.

Vous brandissez en bouclier le couple que formerait cet adulte de 18 ans avec un enfant de 14 ans et demi, nous voulons vous rappeler ici que les lois doivent être faites pour protéger le plus grand nombre et non pour des situations marginales fantasmagoriques.

Vous criez qu’existent des blocages juridiques qui rendraient inconstitutionnel un seuil de 15 ans, nous voulons vous dire que c’est votre métier de débloquer les choses.

Mesdames et messieurs qui faites les lois, monsieur le président Emmanuel Macron, monsieur le secrétaire d’Etat Adrien Taquet,

Nous anciens enfants, nous parents, nous frères, nous sœurs, nous famille, nous amis, nous Français, nous associations, nous soignants, nous juristes, nous votants, nous… citoyens !

Nous qui voyons les chiffres : 10% des Français qui auraient subi l’inceste, six millions de personnes ; un enfant mineur violé toutes les heures en France ; un Français sur six ou cinq qui aurait subi un acte de pédocriminalité, dix millions de personnes, dix millions de Français, c’est de crime de masse dont nous parlons ;

Nous qui voulons que des lois fermes dissuadent ces actes inacceptables,

Nous tous, qui signons aujourd’hui cette pétition, vous demandons que ce seuil de non-consentement soit fixé à 15 ans, 18 en cas d’inceste. Nous ne saurons nous contenter de votre petit progrès, nos attentes sont bien trop grandes pour cela.

Tristane Banon, au nom du Collectif pour l’enfance »

Ils ont signé l’appel : Lionel Abelanski, Sylviane Agacinski, Sophia Aram, Pascale Arbillot, Laurence Arné, Yann Arthus-Bertrand, Lisa Azuelos, Maurice Barthélemy, Valérie Bègue, François Berléand, Marilou Berry, Louis Bertignac, Andréa Bescond, Philippe Besson, Juliette Binoche, Serge Blanco, Laurence Boccolini, Sidonie Bonnec, Claire Borotra, Amandine Bourgeois, Anaïs Bouton, Patrick Braoudé, David Brécourt, Zabou Breitman, Carla Bruni, François Busnel, Ivan Calbérac, Isabelle Carré, Clémentine Célarié, Emmanuel Chain, Karima Charni, Anne Charrier, Jérôme Commandeur, Clovis Cornillac, Olivia Côte, Gérémy Crédeville, Michel Cymes, Audrey Dana, Géraldine Danon, Dany Boon, Julie de Bona, Hélène de Fougerolles, Delphine de Vigan, Vincent Delerm, Philippe Delerm, Emilie Dequenne, Didier Deschamps, Claude Deschamps, Alice Dufour, Marc Dugain, Anny Duperey, Thomas Dutronc, Valérie Expert, Nadia Farès, Isabelle Farrugia, Dominique Farrugia, Cyril Féraud, Laurence Ferrari, David Foenkinos, Lilou Fogli, Elodie Fontan, Maud Fontenoy, Sara Forestier, Guy Forget, Déborah François, Guillaume Gallienne, Christophe Galtier, Rudi Garcia, Julie Gayet, Florian Gazan, Arnaud Gidoin, Sara Giraudeau, Bruno Guillon, Guillermo Guiz, Linda Hardy, Jeanne Herry, Clotilde Hesme, Agnès Hurstel, Donel Jack’sman, Catherine Jacob, Jérémie Janot, Jean-Michel Jarre, Jarry, Marlène Jobert, Joyce Jonathan, Arthur Jugnot, Leïla Kaddour-Boudadi, Keren Ann, Tina Kieffer, Richard Kolinka, Françoise Laborde, Philippe Lacheau, Jonathan Lambert, Alexandra Lamy, Chantal Lauby, Benjamin Lavernhe, Jean Le Cam, Anne Le Nen, Baptiste Lecaplain, Patrice Leconte, Philippe Lelièvre, Claude Lelouch, Jean-Luc Lemoine, Pierre Lescure, Manu Levy, Bixente Lizarazu, Camille Lou, Elise Lucet, Olivier Marchal, Anne Marivin, Pierre-François Martin-Laval, Hervé Mathoux, Mathilda May, Radu Mihaileanu, Olivier Minne, Miou-Miou, Clara Morgane, Daniel Morin, Vincent Moscato, Xavier de Moulins, Nagui, Yael Naim, Mélanie Page, Florent Pagny, Tanguy Pastureau, Raphaël Personnaz, Laurent Petit-Guillaume, Florent Peyre, Alix Poisson, Alice Pol, Barbara Pravi, Caroline Proust, Yann Queffélec, Cristiana Reali, Ali Rebeihi, Jean-Luc Reichmann, Line Renaud, Jérémie Renier, Muriel Robin, Karole Rocher, Sonia Rolland, Gaëtan Roussel, Aurélie Saada, Ludivine Sagnier, Etienne Saldès, Céline Sallette, Fabrice Santoro, Frah (Shaka Ponk), Sam (Shaka Ponk), Bruno Solo, Claudia Tagbo, Sylvie Testud, Mélissa Theuriau, Laury Thillemann, Philippe Torreton, Mali (Tryo), Daniel (Tryo), Guizmo (Tryo), Manu (Tryo), Vianney, Caroline Vigneaux, Tom Villa, François Vincentelli, Michaël Youn. »

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Culture

Quelques films pour enfants et pré-ados

Voici une petite réflexion sur des films pour un public exigeant : les enfants et pré-ados.

Proposer des films à des enfants et des pré-ados est toujours délicat, car ils ont une exigence moderne de vivacité que n’ont pas forcément les films du passé. Il faut savoir capter leur attention, sans pour autant tomber dans des choses purement commerciales où les neurones connaissent comme un processus de congélation. Et il faut surtout éviter ces inondations de violence, de brutalité, d’armes, qui sont malheureusement de rigueur.

Une première solution est de passer par des films d’animation qui combinent l’agitation des péripéties et un bon fond. On a ici Chicken run, Souris City (en fait il s’agit de rats), Hôtel Transylvanie ou encore Nos voisins, les hommes, Toy Story, Wall-E, Ratatouille.

De manière plus poussée, plus exotique, avec un contenu qui passe largement puisque personne n’y verra les allusions religieuses shintoïstes, on a des films de Hayao Miyazaki comme Le Château dans le ciel, Mon voisin Totoro, Porco Rosso (d’autres présentant plus de risques niveau violence graphique).

On pensera bien entendu aux petits films incroyablement réussis avec la petite taupe tchèque (Krtek) ou bien sûr les fabuleuses aventures de Moumine, bien que les livres pour enfants soient plus lugubres que la version en dessins animés japonais.

Pour les films en tant que tel, on a Sauvez Willy, E.T., La forêt d’émeraude, Le magicien d’Oz, Les goonies, Mary Poppins, Les aristochats, SOS Fantômes.

Et si l’on veut quelque chose avec plus d’action, mais une violence très contenue, sans rien de sanglant, on a le très intelligent John Carter et d’ailleurs il est impossible de ne pas lui associer une autre production Disney qu’est la série The Mandalorian. C’est encore assez limite pour des enfants, en raison du fait qu’il y ait des armes, mais le refus de la gratuité du sang et l’exigence morale font que c’est très pré-ado en définitive.

On préférera peut-être les trois films Retour vers le futur, ce qui soulignera d’ailleurs que si l’on veut éviter le racolage de la violence et du sexe, il faut forcément se tourner vers les années 1980 (d’où l’anomalie du Mandalorian).

Parce que si on prend, par exemple, Alien, Predator, Conan le barbare. Ce sont trois films à la thématique violente, qui ne visent pas des préados ni des enfants. Mais tout est extrêmement contenu, il n’y a pas de racolage.

Alien fait dans tous les cas bien trop peur pour des enfants, naturellement, d’autant plus paradoxalement qu’on ne voit quasiment pas le monstre. Mais Predator pour un pré-ado quasi ado ne présente pas de contenu choquant, ni même Conan le barbare. Un pré-ado s’y perdra, mais sans plus. C’est là qu’on voit comment les années 1980 ont un calibrage précis, avec des barrages qui n’ont pas sauté.

Même les films de super-héros actuels, où pourtant le sang ne coule pas, sont bien plus violents avec leurs incessantes actions brutales, leurs affrontements permanents. On a d’ailleurs déjà cela dans les Indiana Jones, qui ont d’ailleurs un contenu mystique et patriarcal.

On regrettera au passage les échecs de Luc Besson à réaliser ce chef d’œuvre universel, avec de l’action, du contenu mais de violence, qu’il a inlassablement chercher à réaliser (Le Cinquième élément, Valérian et la Cité des mille planètes). Ready Player One de Steven Spielberg a le même défaut, cela étant cela reste totalement valable pour des enfants, tout comme Super 8.

Mais cela manque d’un cadre imaginatif, et c’est précisément ce qui manque, relativement à des films pour enfants comme Maman j’ai encore raté l’avion, Chérie j’ai rétréci les gosses, Stuart Little, Casper, Le pôle express, etc. Il y a un cadre mais il manque un côté entraînant qui, pour autant, ne bascule pas dans le magique, l’irrationnel, etc.

C’est ce qui fait par exemple que Chicken run est exemplaire : réel, concret, avec une morale pour animaux, accessible, instructif, foncièrement amusant et captant l’attention…

Et c’est ce qui souligne que pour être marquant, un film qu’on propose à des enfants, à des pré-ados, doit pouvoir être accompagné d’autres activités tels le dessin, la lecture, des jeux. C’est là qu’on a la preuve qu’on est dans la culture.

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Inceste: la vidéo « Deux cauchemars dans mon histoire »

Alors que ces derniers jours des témoignages de personnes ayant subit des violences incestueuses ont afflué sur les réseaux sociaux sous le hashtag #MeTooInceste, l’association Face à l’Inceste accélère sa mobilisation pour y apporter une réponse juridique.

Le viol est quelque chose qui détruit profondément et durablement la personne attaquée, c’est d’autant plus traumatisant lorsque cette intrusion intime se produit à un âge où l’on ne conçoit pas ou que très vaguement la sexualité. Ces phénomènes traumatiques peuvent aller de la dissociation à une sorte d’amnésie.

C’est ce que la psychiatre française Muriel Salmona met en lumière dans ses travaux, et tente de faire reconnaître depuis des années aux côtés des victimes de pédophilie et d’inceste avec son association Mémoire traumatique et victimologie.

C’est cette « perte de mémoire » qui pousse ces associations à demander l’imprescriptibilité de ces crimes.

Avec cette vidéo, l’association Face à l’Inceste souhaite sensibiliser à la nécessité d’établir un âge de présomption de non-consentement. Car à l’heure actuelle on peut considérer que si l’enfant ne dit pas non, ne se débat pas, à 6 ans, à 9 ans, à 13 ans, à 15 ans… C’est qu’il est consentant, que c’est une forme d’amour, comme ont pu le défendre l’ignoble « gauche » libérale libertaire sauce Libération des années 1970. Cette notion du consentement est déjà parfois compliquée à établir dans des cas concernant les adultes, alors chez l’enfant la notion est d’autant plus inappropriée.

Selon les mots de l’association :

« La campagne a pour objectif d’inviter les Français à signer une pétition pour changer la loi. En se plaçant à hauteur d’enfant, le film entièrement réalisé en animation soulève la violence de la question du consentement et fait prendre conscience au spectateur combien le cadre légal peut entretenir le cauchemar physique et psychologique que vivent les enfants. »

Voici la vidéo et en dessous, le texte de la pétition.

« Aucun(e) mineur(e) ne saurait consentir à une relation sexuelle incestueuse. Il est temps de changer la loi pour qu’elle prenne en compte les spécificités de l’inceste et qu’elle protège tous les enfants contre la pédocriminalité.

10% des Français soit 6,7 millions de personnes ont subi l’inceste selon un sondage Ipsos du 5/11/2020 pour l’association « Face à l’Inceste ». L’inceste représente les trois quarts des violences sexuelles sur mineurs et pourtant le mot « inceste » reste tabou, ce qui empêche la France d’adopter une véritable politique de prévention afin de protéger les enfants de ce fléau de santé publique.

Dans la loi française, un enfant qui porte plainte pour un viol ou une agression sexuelle de nature incestueuse doit prouver que l’acte a été commis avec menace, violence, contrainte ou surprise, autrement dit qu’il n’était pas « consentant ».Pour un enfant survivant de violences sexuelles et qui a déjà le courage de dénoncer ce qu’il subit, s’entendre poser la question de son « consentement » par les autorités judiciaires est d’une violence extrême. Cela sonne comme une remise en question de sa parole, ou pire, cette question induit qu’il est responsable de la situation, qu’il a bien cherché ce qui lui est arrivé.

Ainsi, au cauchemar de l’agression sexuelle succède le cauchemar de se voir poser cette question de son « consentement » impossible à l’inceste. Les agresseurs ont tout intérêt à plaider le « consentement » de l’enfant car cela permet de requalifier le viol en « atteinte sexuelle sur mineur » en minimisant les peines encourues de 20 ans à 10 ans. La structure du Code Pénal encourage cela. Le procès de l’agresseur devient donc celui de l’enfant victime !

Malgré les promesses faites par le gouvernement lors du vote de la « Loi Schiappa » sur les violences sexuelles du 3 août 2018, un enfant de tout âge peut encore être considéré comme consentant. Ainsi le tribunal de St Malo, en septembre 2019, a condamné un père incestueux pour « atteinte sexuelle » sur sa fille de 4 ans ! La peine prononcée (8 mois avec sursis, 1€ de dommages et intérêts) montre à quel point certains juges minimisent la gravité du crime d’inceste et de ses conséquences.

Le 12 novembre 2020, la Cour d’Appel de Versailles a redit qu’une fille de 13 ans pouvait être jugée « consentante » en requalifiant les plaintes pour viol en réunion contre 20 pompiers de Paris en « atteinte sexuelle sur mineur » pour 3 d’entre eux (les 17 autres ne sont même pas poursuivis !).

Par ailleurs, la prescription pénale, véritable passeport pour le viol d’enfant, demeure un obstacle aux poursuites notamment dans le cas des agresseurs en série qui multiplient les victimes pendant des décennies. À cause de la prescription, empêchant toute poursuite au-delà d’un certain temps, les victimes dites “prescrites” ont le statut de simple « témoin » au procès de leur agresseur, ce qui est injuste et absurde. Il faut que toutes les victimes soient traitées à égalité.    

Ce que nous demandons :

1. Tout acte sexuel incestueux commis sur un(e) mineur(e) doit être qualifié de crime incestueux et puni par la loi sans qu’un hypothétique « consentement » de la victime ne soit examiné.

2. Tout acte sexuel non incestueux commis sur un(e) mineur(e) de moins de 15 ans doit être qualifié d’infraction pédocriminelle sans que le critère additionnel de « menace, surprise, contrainte ou violence » soit nécessaire.

3. Les crimes sexuels sur mineur(e)s doivent être imprescriptibles. »

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Hommage à Samuel Paty… et attaque coordonnée fanatique à Vienne

La crise de civilisation s’impose partout. Alors qu’en France l’hommage à Samuel Paty s’est tenu sobrement mais avec dignité, une attaque coordonnée islamiste frappait Vienne. L’époque est prise de spasmes.

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C’est une bien belle lettre de Jean Jaurès que le gouvernement a fait lire par les enseignants à leurs élèves, à l’occasion de l’hommage à Samuel Paty, l’enseignant assassiné par un fanatique islamiste. Cela souligne la force de la question de l’éducation dans notre pays, une véritable tradition nationale avec, surtout, la figure de l’enseignant visant à élever le niveau des élèves sur le plan moral. L’engagement du professeur qui veut bien faire, sans briser les esprits mais en les faisant avancer, est quelque chose de connu et d’apprécié dans notre pays.

Non pas que tous les professeurs soient ainsi, très loin de là, ni que l’Ecole telle qu’elle existe soit agréable et épanouissante. Mais justement il y a quelques figures émergeant toujours, ici et là, faisant qu’on se souvient avec émotion de tel ou tel enseignant, qui s’est donné pour les élèves. La lettre de Jean Jaurès est donc bien choisie et on sait d’ailleurs à quel point Jean Jaurès fut un ardent républicain et un orateur extraordinaire. La finesse de ses propos, le choix méticuleux des termes et du ton, la vivacité dans la répartie… font qu’il était pratiquement un représentant de l’esprit français.

Jean Jaurès était, également et évidemment, un socialiste, de l’aile droite historiquement, ce qui ne change rien au fond car les socialistes sont en France en général des républicains de Gauche, éloignés des traditions pro-marxistes social-démocrates allemande, russe, autrichienne, bulgare, etc. On ne peut donc guère parler de récupération par le gouvernement et de toutes façons la question n’est pas du tout là. Ce qui compte, c’est de voir l’honneur du professeur, du passeur de savoir face au fanatisme.

On doit ici qualifier d’abject les diverses critiques anti-gouvernementales cherchant la petite faille pour un populisme vraiment déplacé. Profiter d’un tel événement pour accuser le ministre de l’Éducation de prôner une réforme du baccalauréat que Jean Jaurès aurait réfuté, comment dire… C’est absurde. Les terribles attentats dans la capitale autrichienne montrent d’ailleurs où est le problème.

Les attaques coordonnées dans le centre de Vienne en Autriche, en différents endroits, visant à tuer, à blesser, à terroriser, montrent que le mal est profond, qu’à côté de la machinerie capitaliste détruisant la planète on a des crises de folies réactionnaires meurtrières.

Le fanatisme islamiste est le produit d’une époque sans cœur ni esprit, où tout esprit constructif, démocratique, s’efface devant un marché capitaliste tout puissant accompagné de poches de romantismes ultra-réactionnaires idéalisant un passé romancé. Comment affirmer la Culture, la Connaissance, la Démocratie dans un tel cadre historique ? Là est le défi de notre époque et évidemment, seul le Socialisme peut porter cela.

Lire également : La lettre de Jean Jaurès aux instituteurs et institutrices

Le drapeau de la Démocratie, du peuple organisé au niveau de la société, de l’État, est la condition impérative pour sortir d’une crise de civilisation toujours plus folle. La peur et la réflexion se combinent dans des situations nouvelles, inquiétantes et d’envergure. Il faut contribuer à être à la hauteur des questions, il faut savoir souligner les bonnes réponses. Il faut être là. Qui se met de côté dans une telle époque n’a pas saisi ce qui se passe – mais comment ne peut-on pas le saisir ?

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La lettre de Jean Jaurès aux instituteurs et institutrices

Voici la lettre de Jean Jaurès, publiée dans La Dépêche, journal de la démocratie du midi, le 15 janvier 1888 :

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« Aux Instituteurs et Institutrices

Vous tenez en vos mains l’intelligence et l’âme des enfants ; vous êtes responsables de la patrie. Les enfants qui vous sont confiés n’auront pas seulement à écrire et à déchiffrer une lettre, à lire une enseigne au coin d’une rue, à faire une addition et une multiplication. Ils sont Français et ils doivent connaître la France, sa géographie et son histoire : son corps et son âme. Ils seront citoyens et ils doivent savoir ce qu’est une démocratie libre, quels droits leur confère, quels devoirs leur impose la souveraineté de la nation. Enfin ils seront hommes, et il faut qu’ils aient une idée de l’homme, il faut qu’ils sachent quelle est la racine de toutes nos misères : l’égoïsme aux formes multiples ; quel est le principe de notre grandeur: la fierté unie à la tendresse.

Il faut qu’ils puissent se représenter à grands traits l’espèce humaine domptant peu à peu les brutalités de la nature et les brutalités de l’instinct, et qu’ils démêlent les éléments principaux de cette œuvre extraordinaire qui s’appelle la civilisation. Il faut leur montrer la grandeur de la pensée ; il faut leur enseigner le respect et le culte de l’âme en éveillant en eux le sentiment de l’infini qui est notre joie, et aussi notre force, car c’est par lui que nous triompherons du mal, de l’obscurité et de la mort.

Eh quoi ! Tout cela à des enfants ! —Oui, tout cela, si vous ne voulez pas fabriquer simplement des machines à épeler. Je sais quelles sont les difficultés de la tâche. Vous gardez vos écoliers peu d’années et ils ne sont point toujours assidus, surtout à la campagne. Ils oublient l’été le peu qu’ils ont appris l’hiver. Ils font souvent, au sortir de l’école, des rechutes profondes d’ignorance et de paresse d’esprit, et je plaindrais ceux d’entre vous qui ont pour l’éducation des enfants du peuple une grande ambition, si cette grande ambition ne supposait un grand courage. […]

Sachant bien lire, l’écolier, qui est très curieux, aurait bien vite, avec sept ou huit livres choisis, une idée, très générale, il est vrai, mais très haute de l’histoire de l’espèce humaine, de la structure du monde, de l’histoire propre de la terre dans le monde, du rôle propre de la France dans l’humanité. Le maître doit intervenir pour aider ce premier travail de l’esprit ; il n’est pas nécessaire qu’il dise beaucoup, qu’il fasse de longues leçons ; il suffit que tous les détails qu’il leur donnera concourent nettement à un tableau d’ensemble. De ce que l’on sait de l’homme primitif à l’homme d’aujourd’hui, quelle prodigieuse transformation ! et comme il est aisé à l’instituteur, en quelques traits, de faire sentir à l’enfant l’effort inouï de la pensée humaine ! […]

Je dis donc aux maîtres, pour me résumer : lorsque d’une part vous aurez appris aux enfants à lire à fond, et lorsque d’autre part, en quelques causeries familières et graves, vous leur aurez parlé des grandes choses qui intéressent la pensée et la conscience humaine, vous aurez fait sans peine en quelques années œuvre complète d’éducateurs. Dans chaque intelligence il y aura un sommet, et, ce jour-là, bien des choses changeront. »

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Les horribles coulisses de la GPA en Ukraine

Le Figaro a fait un reportage publié le 23 octobre 2020 sur la clinique Ukrainienne Feskov, pratiquant des GPA pour une clientèle internationale. Cette même clinique était intervenue sur le sujet de la GPA lors d’un salon de la procréation médicalement assistée à Paris le 6 septembre 2020.

On y apprend notamment le fait que depuis 2015, l’Ukraine profite d’un durcissement des nouvelles réglementations de la GPA en Inde et en Thaïlande.

Ces deux pays étaient devenus des pays « usine » à bébé, avec de nombreuses femmes « en gestation » parquées dans des dortoirs, dans une hygiène déplorable, pour fournir des enfants pour une clientèle internationale et sans scrupules. Après une mobilisation démocratique contre l’exploitation de ces femmes, ces pays ont interdit la GPA aux étrangers.

Il apparaît qu’en Ukraine, malgré le fait que la GPA soit réservée aux couples hétérosexuels ayant des problèmes de fécondité, des entorses sont faites en permanence et sans complexes. Ainsi des hétérosexuels y ont massivement recourt pour bénéficier des avantage de la PMA que contient la GPA en terme de choix que cela offre. On a notamment la confirmation que les couples chinois y ont massivement recours pour pouvoir avoir un garçon sur commande (90 % du choix du sexe chez cette clientèle). Sans parler des multiple caprices de gens riches, comme ce couple de 72 ans ayant « commandé » 5 bébés en peu de temps, comme on achète des chiens pour tromper l’ennui des vieux jours.

Le fait de louer le ventre d’une femme est donc proposé par la clinique Feskov comme étant assez banal, tant que les personnes peuvent payer environ 50 000 euros. Sur cette somme, 11 000 euros seront destinés a rémunérer une mère porteuse, plus un salaire mensuel de 350 euros par mois de grossesse (le salaire médian de cette zone est de 270 euros). Dans des cliniques bon marché, cette rémunération peut être de seulement 5 000 euros.

Pour ce qui est du processus du don de gamètes à l’accouchement derrière un drap pour ne jamais voir l’enfant porté, les reporters du Figaro témoignent d’une extrême froideur. Les femmes gestatrices sont traitées comme des convoyeurs de marchandise qu’on bourre de traitements de fertilité, un contraste indigne avec l’émotion inévitable qu’elles semblent éprouver avec la conscience de la vie qu’elles portent. Toutes les personnes engagées dans ces étapes de procréation se côtoient dans des structures où la création d’un enfant est réglée de manière industrielle.

Les critères pour devenir mère porteuse pour cette clinique est d’avoir déjà eu un enfant « à soi », d’être âgée de moins de 34 ans et d’être en bonne santé. Les femmes qui se portent candidates sont en général dans le besoin, et comptent sur cette rémunération pour pouvoir accéder à un logement, payer des études à leurs enfants etc.

En outre, le reportage souligne qu’il existe des contrats problématique pour la liberté des mères porteuses pendant la grossesse. Certaines cliniques leur interdisent des choses toutes naturelles de la vie quotidienne comme le fait de prendre les transports publics, se baigner dans la nature ou surtout de s’occuper de ses enfants malades.

Et si par malheur elles voudraient garder l’enfant qu’elles ont porté, il leur faudrait payer une pénalité pouvant aller jusqu’au double de la somme du contrat.

Les demandes de GPA en Ukraine sont en augmentation constante depuis quelques années, les travaux d’agrandissement de la clinique Feskov en témoignent. L’emplacement des cliniques est bien pensé pour pouvoir accélérer le processus de manière administrative : ne pas dépendre d’une grande ville pour faire l’état-civil des nouveau-nés, faire disparaître l’existence de la mère porteuse de l’acte de naissance et envoyer la demande de déplacement du bébé au consulat étranger correspondant.

Pour le consulat français, il y aurait une augmentation de 20 % d’arrivée d’enfants issus de GPA chaque année, même en 2020, malgré le COVID-19. La procédure serait même facilitée en France grâce au bon vouloir du tribunal de Nantes dont dépend ces dossiers et grâce aux prises de positions du président.

Ce qui fait que la GPA est indirectement reconnue en France, malgré son interdiction pour des raisons évidentes de trafic humain et de non-respect de la dignité des femmes.

Ainsi on a des états-civils français rocambolesques où des enfants peuvent être nés, soit-disant, seulement d’un père !

L’ONG La Strada International, un réseau européen contre la traite des êtres humains, a confié au Figaro qu’elle était contactée chaque année par une centaine de femme.

« Certaines développent des cancers après leurs traitements répétés aux hormones et cherchent à se faire défrayer leurs soins par la clinique qui les a utilisées. D’autres ne sont pas payées en cas de perte involontaire du bébé, d’autres sont rongées de scrupules au moment d’abandonner l’enfant qu’elles portent, liste encore cette douce blonde qui s’exprime en anglais avec un puissant accent. D’autres enfin se renseignent sur leurs droits, vers la fin de la grossesse, quand les commanditaires leur interdisent de sortir de chez elles ou de s’occuper de leurs vrais enfants. Nous avons tous les cas de figure. »

En Ukraine la question du trafic d’enfant émerge timidement dans la société, mais doit assurément être saisi de manière populaire pour combattre ce commerce ignoble.

Outre la création artificielle de grossesses dans des ventres de location, le patron de la clinique Feskov fait étalage de ses expérimentations embryonnaires. Il conserve un grand nombre d’embryon dans des cuves remplies de nitrogène liquide, justement à cet effet. Dans le processus de fécondation in vitro, plusieurs ovules sont fécondées pour pouvoir élargir les chances de réussite de l’implantation, les un, deux ou trois meilleurs sont choisis grâce au diagnostic préimplantatoire (DPI) pour être implantés dans la mère porteuse, les autres sont apparemment conservés par la clinique pour ses expérimentations sur les cellules souches. En France, ce genre d’expérimentation est strictement réglementé et n’est autorisé que depuis 2013.

Ce reportage montre sans nul doute que la reconnaissance de la GPA en France est lancée et que si elle ne pourra peut-être jamais y être pratiquée, elle n’en est pas moins déjà déléguée dans des pays où des femmes précaires en font les frais.

Une des réponses à cela consisterait a autoriser la pratique en France pour soit disant mieux l’encadrer. Mieux traiter les mères porteuses n’enlève rien au fait que c’est la marchandisation de la vie et l’exploitation du corps des femmes. La gestation pour autrui est donc, en soi, une horreur à refuser en bloc, dès maintenant.

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La critique féministe de la GPA en Espagne (interview)

En Espagne, le mouvement féministe est à la pointe de la critique de la GPA, un exemple que la France doit suivre. Nous nous sommes entretenus avec Berta O. García (@Omnia_Somnia sur Twitter), une féministe radicale espagnole, membre de la RECAV (Red Estatal Contra el Alquiler de Vientres), un récent réseau de 50 organisations et groupes de femmes contre la légalisation de l’exploitation reproductive et le commerce de bébés en Espagne. Elle fait également partie du bureau de la Coalition Internationale pour l’Abolition de la Maternité de Substitution (CIAMS).

1) L’Espagne est leader européen de la reproduction assistée, comment cela amène-t-il la question de la GPA ?

Il est vrai qu’en Espagne, on effectue des traitements qui n’existent pas dans d’autres pays ou qui sont réglementés d’une autre manière. Ici, par exemple, le don anonyme de gamètes est autorisé, « compensé » financièrement, ce qui est interdit en Italie, en Suisse, en Autriche et en Allemagne ; dans d’autres pays, comme la Suède et le Danemark, l’ovodonation (don d’ovule) est considérée comme une pratique dangereuse pour la santé et il est seulement permis d’utiliser ses propres ovocytes ou les restes d’autres femmes ayant subi une fécondation in vitro.

En Espagne, il est également possible de réaliser le test génétique préimplantatoire (PGT-A), qui n’existe pas dans d’autres pays, ou la méthode «Ropa» (réception d’ovules en couple), par laquelle deux femmes participent activement au processus de procréation, l’une fournissant à l’autre les ovules pour être inséminés avec le sperme du donneur, et l’embryon implanté par FIV. La législation espagnole permet également aux femmes seules ou non-mariées d’avoir accès aux traitements de fertilité.

Tout cela place l’Espagne à la tête de l’Europe dans ce type de traitement et en fait une destination de tourisme de reproduction.

Le revers de la médaille est que la mainmise d’entreprises privées sur l’ovo« donation », en réalité rétribuée à hauteur d’environ 1000€, pousse de nombreuses jeunes filles, notamment étudiantes à céder aux ambitions des cliniques privées et à subir des traitements hormonaux très agressifs pour stimuler leur production d’ovocytes. De plus, l’extraction par ponction chirurgicale du liquide folliculaire qui contient les ovules, sous sédatif, est non sans risque.

Il y a des filles qui sont soumises plusieurs fois à ces procédures agressives, ce qui suppose une véritable exploitation reproductive, bien que plus cachée et moins évidente que la mal nommée maternité de substitution.

Paradoxalement, les patientes qui viennent dans les cliniques pour résoudre leur infertilité sont dissuadées de subir ces traitements parce qu’il s’agit d’une véritable bombe hormonale.

Ensuite, il y a les femmes bénéficiaires, pour la plupart des femmes qui ont été contraintes de retarder la maternité pour des raisons professionnelles. Il existe d’ailleurs de grandes entreprises telles que Google, Facebook, Apple, Úber, Spotify qui encouragent leurs employés à retarder l’âge de la maternité et financent la cryoconservation des ovules. Cette pratique a déjà atteint les entreprises espagnoles.

La majorité des fécondations in vitro en Espagne ne sont plus réalisées pour des raisons de maladie, mais pour des raisons « sociales », c’est-à-dire l’âge de plus en plus avancé des femmes qui décident de devenir mères se soumettant à la pression exercée par les entreprises pour que la productivité des travailleuses ne soit pas interrompue par la maternité. Si l’on ajoute à cela la pression sociale que les femmes subissent pour devenir mères, le tableau est décourageant.

Il y a environ 400 cliniques de fertilité en Espagne, nous sommes le deuxième pays au monde, après les États-Unis, en nombre de cliniques. Elles ne nécessitent pas beaucoup d’investissements et les bénéfices sont très juteux. La sécurité sociale couvre également ces traitements, mais avec des restrictions, et le temps d’attente est généralement compris entre 1 et 4 ans, de sorte que la plupart des patients optent pour les cliniques privées.

Il est évident que les cliniques seraient les premières intéressées à proposer la maternité de substitution, mais la loi espagnole sur les techniques de procréation assistée n’inclut que les techniques qui remplissent les conditions d’accréditation scientifique et clinique, et le fait d’utiliser une femme pour porter et accoucher un bébé sur commande et par contrat afin de le donner à un tiers n’est pas une technique.

Cela doit être très clair, car dans la plupart des règlements existants et dans la plupart des propositions législatives, cette erreur est commise. Aucune société scientifique-médicale n’approuve cette pratique en tant que technique de procréation assistée. La loi espagnole déclare « nul le contrat par lequel la gestation est convenue, avec ou sans prix, à la charge de la femme qui renonce à sa filiation maternelle en faveur du contrat.

2) Y-a-t-il une actualité politique pour la légalisation de la GPA? Si oui, peux-tu développer par qui c’est porté ?

Il y a quelques années, le sujet de la maternité de substitution n’apparaissait que dans les magazines de type people quand une célébrité avait acheté un, deux ou quatre bébés.

Il existe plusieurs associations très actives en faveur de la maternité de substitution et des acheteurs de bébés à l’étranger. Ces associations ont inspiré les propositions législatives du parti politique Ciudadanos (Citoyens) en 2017 et 2019, mais aucune d’entre elles n’a été soumise au débat du Congrès des députés. De plus, il n’a obtenu que 10 représentants au Congrès lors des dernières élections générales, il est donc en nette minorité pour faire avancer une éventuelle nouvelle proposition législative.

En revanche, du fait de la reconnaissance des bébé nés par GPA à l’étranger depuis 2010, il y a un terreau à la formation d’associations de défense de la maternité de substitution. Une initiative législative populaire a ainsi été lancée par l’Association pour la Légalisation et la Régulation de la GPA en Espagne mais les 500 000 signatures nécessaires n’ont jamais pues être obtenues.

3) Quelle opposition à la GPA en Espagne ?

Les deux partis qui gouvernent actuellement en coalition, PSOE et Podemos, se sont récemment déclarés contre la légalisation de la maternité de substitution et cela se reflète dans leur engagement au gouvernement.

Cependant, l’enregistrement d’un enfant né à l’étranger « grâce à des techniques de substitution » est possible à condition qu’il y ait une résolution judiciaire déterminant la filiation du nouveau-né comme fils ou fille des mandants, sans aucune référence à la mère qui l’a mis au monde. Ce type de décision de justice est rendu aux États-Unis et au Canada, effaçant la mère et accordant légalement la paternité/maternité aux « parents intentionnels », un concept très curieux et fictif, puisque ces personnes sont reconnues par une décision de justice comme parents avant même la naissance du bébé.

Ainsi, sans volonté politique de renverser cette simple instruction, nous ne pouvons pas dire qu’il y a vraiment un engagement du gouvernement contre l’exploitation reproductive et le commerce de bébés en général.

4) Comment se positionne le mouvement féministe au sujet de la « maternité de substitution » ?

Le féminisme est abolitionniste de toutes les pratiques qui impliquent l’exploitation des femmes, qu’elle soit sexuelle ou reproductive. Il y a donc toujours eu des voix contre la GPA et en 2014 un arrêt de la Cour suprême souligne cela en rendant inefficace l’instruction de 2010.

Mais celle-ci étant toujours appliquée dans les faits, des agences d’intermédiaires entre les cliniques pratiquant la GPA à l’étranger et les parents/clients, se sont multipliées sous couvert d’agences de voyages, agences immobilières etc.

C’est en 2015, que le manifeste No Somos Vasijas (« Nous ne sommes pas des réceptacles »), rédigé par un groupe d’académiciennes et des juristes a vu le jour. Le nom fait référence à la conception de la reproduction selon Aristote, pour qui la femme était un être incomplet qui ne servait qu’à « cuire » la matière fertile de l’homme.

Ce manifeste a été un véritable phare sur ce marasme d’un point de vue féministe, alors que les principales forces politiques de l’État de l’époque avaient soutenu la demande de régulation des associations. Les médias ont aussi consacré des pages et des pages et des heures de programmation pour parler de cette pratique et de ses protagonistes les plus connus et les plus populaires, afin que l’opinion publique soit touchée par tant « d’amour ».

Envers et contre tout, mais avec la force de la raison féministe, des conférences, des séminaires (…) ont commencé à être programmés, des articles, des études, des analyses et des essais féministes ont commencé à proliférer, analysant toutes les facettes et les contours de cette nouvelle forme d’exploitation des femmes et de vente d’êtres humains.

Le travail de sensibilisation a été énorme, grâce aux médias numériques, aux sites web et aux blogs féministes, mais aussi grâce à un activisme féministe très combatif dans les réseaux sociaux.

La première foire Surrofair organisée à Madrid en 2016 avait été dénoncée au ministère public par le Parti féministe pour avoir encouragé la traite des êtres humains. En 2017, la deuxième édition de Surrofair a été le déclencheur qui a appelé des dizaines d’organisations féministes faisant partie du RECAV à la première protestation en face à face contre la marchandisation des femmes et des bébés et contre la réglementation de cette pratique en Espagne.

La même année, le comité de bioéthique a publié un rapport sur les aspects éthiques et juridiques de la maternité de substitution et a proposé de promouvoir au niveau international un cadre réglementaire commun qui interdirait la conclusion de contrats de maternité de substitution.

En 2018, la Coalition Internationale pour l’Abolition de la Maternité de Substitution (CIAMS) a été créée en France, avec une présence dans 12 pays, les organisations regroupées au sein de RECAV et du collectif We Are Not Receptacles (Nous ne sommes pas des réceptacles) ont rejoint cette coalition.

De nombreuses actions ont été entreprises par des groupes féministes ces dernières années et le message a été transmis à la société : la pratique connue par euphémisme sous le nom de « maternité de substitution » est l’exploitation reproductive des femmes et la vente de personnes, une attaque contre les droits humains et les droits des enfants, et est incompatible avec les droits fondamentaux contenus dans notre Constitution.

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«Désir d’enfant»: Un salon pour ouvrir le marché de la procréation en France

Le 5 et 6 septembre se tiendra à Paris un événement montrant que l’ouverture de la PMA à toutes les femmes en France est déjà actée, et fait l’objet d’une pression capitaliste énorme. L’enfant y est assumé comme marchandise, puisque le processus de procréation « médicalement » assistée (PMA) s’initierait sur un désir, un droit à l’enfant.

C’est donc autour du principe de « Désir d’enfant » que vont se tenir des conférences animées par les principaux acteurs économiques européens et francophones de ce marché en plein essor. Il s’agit principalement d’interventions de médecins appartenant à des cliniques privées spécialisées dans la conception d’embryon et leur implantation utérine.

On est en plein dans le droit à l’enfant qui est un droit imaginaire, construit de toute pièce par le capitalisme sous des airs de « droits individuels », une conception en train d’être validée par le droit français avec la PMA (qui n’a rien de «médicale», malgré son appelation).

On le voit bien avec ce salon, des intervenants et des conférences insistant sur la psychologie et le bien-être. « Alimentation, bien-être et hygiène de vie », « votre cas est unique », « l’aspect psychologique du don », « comment la sophrologie vous accompagne », « devenir acteur de sa fertilité », des sujets exposés principalement par des sociétés de « coaching » à la parentalité.

La PMA a d’ailleurs toujours été présentée sous ce jour auto-centré par les lobbys, ce qui a permis de contourner l’éthique collective et de tout ramener à un pseudo-choix individuel.

Il y a aussi des interventions passant pour médicales, car présentées par des médecins de grandes cliniques de fertilité, mais relevant en fait d’un ciblage marketing en partant de sujet « sociétaux » comme le retard de parentalité chez les femmes actives, la parentalité chez les lesbiennes et femmes seules, etc.

Les cliniques espagnoles seront sur-représentées avec une publicité récurrente sur le choix de l’Espagne pour aller concevoir son enfant. Un pays qui développe d’ailleurs le « tourisme médical », c’est-à-dire allier une opération médicale à des activités touristiques et bien-être. Le géant espagnol du marché de la fertilité, IVI, étant le principal partenaire de ce salon, cela n’a rien d’étonnant.

IVI est en effet depuis 2017 actionnaire majoritaire du groupe leader mondial IVI-RMA qui gère plus de 65 cliniques spécialement dédiées à la reproduction à travers le monde. Aux États-Unis cela inclut la gestation pour autrui (GPA), puisque la législation le permet dans certains États.

> Lire également : PMA: Une étape de plus de l’assaut du capitalisme dans la vie humaine

On trouve un autre géant ibérique de l’industrie reproductive pour de nombreuses conférences. Eugin, qui appartient depuis 2015 au groupe hospitalier émirati coté en bourse, NMC Healthcare, et sa branche dédiée à la reproduction, NMC Fertility qui regroupe plus de 11 entreprises.

On a donc ici des entreprises qui, selon l’orientation de la loi, pourront venir installer des cliniques en France, ou proposer de « meilleurs » service en Espagne si cela reste trop verrouillé en France. Mais le message est clair, maintenant l’enfant sera reconnu que vous soyez une femme seule ou en couple, ou encore un couple hétéro ayant voulu choisir les gènes de son enfants à travers une banque de gamètes.

Le fait de recevoir des entreprises de pays aux législations différentes est également le prétexte pour aborder ouvertement la sélection génétique des embryons (FertiCare), mais aussi la GPA.

La « maternité de substitution » prend d’ailleurs une grande place dans le salon, car c’est pratiquement le seul sujet de la salle 3 le dimanche après-midi avec des interventions des sociétés « IARC Surrogacy », « Extraordinary Conception », « San Diego Fertility Center » et « Babies Come True ». On a aussi le directeur de la clinique ukrainienne Feskov proposant PMA et GPA avec choix du sexe de l’enfant, qui va parler… du consumérisme dans le domaine de la GPA !

 

Le capitalisme assume pleinement qu’en effet, lorsque l’on acte le fait que les enfants sont un droit, alors il n’y a aucun problème avec la GPA. Cela est tout à fait cohérent avec leur vision du libre-arbitre et de la libre entreprise, où une femme exploitée pour son utérus est en fait mue par un « choix individuel ».

Le masque de « gauche », de ceux ayant travaillé corps et âme pour la libéralisation de la reproduction assistée, va bientôt tomber quand le monstre qu’ils auront enfanté sera visible aux yeux de tous. Ils révélerons alors leur vrai visage d’agents du turbo-capitalisme.

> Lire également : PMA pour toutes : l’ultra-gauche en accord avec LREM

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L’Assemblée nationale fait de l’enfant une marchandise en adoptant (de nouveau) la «PMA pour toutes»

La « PMA pour toutes », c’est le capitalisme triomphant tellement qu’il en arrive à faire de l’enfant une marchandise. Pire, le capitalisme fera payer cela à la collectivité, en faisant rembourser cet acte de consommation par la sécurité sociale.

La Procréation médicalement assistée (PMA) est une technique permettant aux couples ayant un problème de santé d’y remédier. On peut être contre éventuellement, mais il s’agit en tout cas de médecine et c’est pour cela que la sécurité sociale est concernée.

Tel n’est pas le cas avec l’élargissement le la PMA, votée pour la seconde fois par l’Assemblée nationale mercredi 29 juillet 2020. Il s’agit cette fois de consommation d’enfant.

Une femme ne peut pas avoir d’enfant seule, non pas en raison d’une maladie ou d’un problème de santé, mais pour des raisons biologiques, que l’on apprend aux enfants au collège. La PMA n’y change rien puisque dans tous les cas, il y a la fécondation de l’ovule d’une femme par un spermatozoïde produit par un homme.

L’article 1 de la loi de bioéthique élargissant l’accès à la PMA ne change rien à la réalité des femmes, car elles ne peuvent toujours pas avoir un enfant sans hommes. Cependant, il détourne une technique de sa finalité médicale en la mettant à disposition d’une consommatrice à qui l’on vend le sperme d’un homme ainsi que la technique pour la féconder.

L’article du projet de loi voté en seconde lecture par l’Assemblée nationale est très vicieux dans sa formulation. Il est parlé de « couple » et de « projet parental », avec l’idée de mettre les femmes seules ou en couple de deux femmes sur le même plan qu’un couple formé d’un homme et d’une femme ayant un problème sanitaire empêchant la fécondation.

Il est ainsi dit :

« L’assistance médicale à la procréation est destinée à répondre à un projet parental. Tout couple formé d’un homme et d’une femme ou de deux femmes ou toute femme non mariée ont accès à l’assistance médicale à la procréation […]. »

Cela est une énorme escroquerie sur le plan intellectuel, car il s’agit de deux choses tout à fait différentes ; les députés se couvrent de honte en inscrivant une telle aberration dans la loi française (ils n’étaient d’ailleurs que 66 à voter pour cette loi, 27 contre et 3 abstentions). Dans le premier cas, on a un acte naturel d’accouplement qui est aidé par la médecine. Dans le second cas, il y a un mensonge légal consistant à prétendre qu’il puisse y avoir un enfant sans père.

Parler de « projet parental » pour une femme seule ou un couple de deux femmes, c’est effectivement le mensonge d’un enfant sans père. C’est dénaturer un mot, en lui ôtant tout rapport avec la réalité biologique.

La parentalité, en ce qui concerne la procréation, c’est le fait pour un enfant d’avoir un père et une mère, et inversement c’est le fait pour un homme et une femme d’être parents d’un enfant. Point. Un « projet parental » pour une femme seule ou pour un couple de femme, cela n’existe pas, c’est impossible, c’est un non-sens.

Ce qui existe par contre, c’est la consommation d’enfant et c’est uniquement de cela qu’il s’agit avec « l’extension » de la PMA aux femmes seules et aux couples de deux femmes. Il est reconnu à celles-ci le « droit » de se voir payer par la collectivité (avec la sécurité sociale) l’achat du sperme d’un homme et de tout le processus d’insémination, en vue d’avoir un enfant. L’enfant n’est plus qu’une marchandise auquel on aurait droit.

Cette marchandisation des enfants va aller de plus en plus loin, car les gens défendant de telles choses sont de véritables barbares. Déjà, il a été voté (et refusé heureusement) la possibilité pour une femme d’être fécondé par le sperme de son compagnon… décédé. Certains ont même proposé l’élargissement la PMA aux transgenres (des femmes se prétendant « homme »).

Il y a également eu la tentative d’autoriser la « Ropa », c’est-à-dire le fait pour une femme de se voir implanter l’embryon conçu avec les ovocytes de sa compagne, grâce au spermatozoïde d’un homme.

C’est là une porte ouverte, très grande ouverte même, à la GPA, la gestation pour autrui. La « Ropa » fut rejetée heureusement, à 78 voix contre 31. Mais le sujet est sur la table et le capitalisme va maintenant pousser très fort en ce sens, au nom du droit à la consommation.

Tout le monde sait d’ailleurs très bien comment cela va se passer. L’article 1 du projet de loi de bioéthique a tout prévu, car il est précisé :

« Cet accès ne peut faire l’objet d’aucune différence de traitement, notamment au regard du statut matrimonial ou de l’orientation sexuelle des demandeurs. »

Il sera donc parlé de discrimination pour les couples d’hommes homosexuels dans leur « projet parental », et cela mènera inévitablement à la GPA. De toutes façons, la GPA existe déjà en France, car le Droit est torpillé par des grands bourgeois y ayant recours à l’étranger puis l’imposant dans le pays.

Les rapports marchands sont plus importants que les lois dans un pays capitaliste comme la France. En fait, les lois sont façonnés en fonction de ces rapports capitalistes eux-mêmes. C’est contre cela qu’est la Gauche, qui veut un ordre nouveau pour que le Droit triomphe vraiment, et donc sur une base populaire.

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La terrifiante situation des enfants «GPA» en Ukraine

106 enfants attendent leur mère qui ne l’est pas, car leurs mères à eux a servi pour l’industrie de la GPA. Le confinement montre parfaitement le caractère anti-naturel et criminel de ce marché capitaliste.

106 enfants « stockés » comme des télévisions attendant leur exportation, et avec une surproduction comme cela arrive sur les marchés : avec la fermeture des frontières due à la crise sanitaire, les naissances s’accumulent.

L’Ukraine, pays terriblement pauvre et avec une partie occupée par la Russie, révèle au monde des images terribles produites par un capitalisme sans limites. Ces enfants « accumulés » sont une terrible insulte à la dignité, à la vie.

Le CoRP, Collectif pour le Respect de la Personne, a publié ce tableau tout à fait éclairant sur le prix et les différents choix possibles pour une « GPA » en Ukraine.


Récemment, avant le confinement, il y a eu des problèmes à la naissance d’un bébé et l’homme ayant fait la commande n’est même pas venu. L’enfant a été bringuebalé de foyer en foyer avant de mourir. Est-ce là la dignité ? Est-ce là le respect de la vie ? Naturellement, on devine que ceux acceptant les élevages d’animaux acceptent logiquement que les bébés soient produits pareillement, en masse, de manière encadrée par le marché.

Le CoRP a d’ailleurs noté que le commissionnaire présidentiel ukrainien pour les droits de l’enfant, Mykola Kuleba, vient de protester contre cette situation des enfants « en attente ». Sur Facebook il dit même que :

« La naissance d’un enfant loin de sa mère n’est pas naturelle. En ce sens, l’Ukraine devient un supermarché international en ligne pour les bébés. »

C’est que tout cela est intenable. Jamais une opinion publique ne peut accepter une chose pareille. La PMA, la GPA, toutes ces élucubrations produites par le marché au service du consommateur roi, produisent des horreurs et si les gens n’y font pas attention, car ils sont prisonniers du libéralisme, lorsque cela leur pète à la figure ils prennent conscience et se révoltent. Chassez le naturel, il revient au galop.

L’Ukraine est, avec cette affaire, sur la bonne voie pour l’abandon de la GPA. Le caractère scandaleux de cette histoire est bien trop grand. Le capitalisme n’a pas réussi à hypnotiser les gens dans une telle situation, son visage ignoble a été révélé de manière bien trop flagrante.

Cela doit nous galvaniser pour une opposition ferme et intraitable à la PMA et à la GPA, à la généralisation du consommateur roi défaisant les réalités naturelles comme bon lui semble, c’est-à-dire en réalité comme bon cela semble au marché.

La réalité est la réalité. Lors d’une situation de crise, cela s’impose au-delà de toute machine à illusions.

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Coup de force anti-démocratique de la Cour de cassation en faveur de la GPA

La Cour de cassation a procédé ce vendredi 4 octobre 2019 à un véritable coup de force contre le principe même de droit en considérant qu’un recours à une mère porteuse réalisé à l’étranger pouvait être accepté au nom du concept juridique grotesque de « mère d’intention ». Sur le fond comme sur la forme, on a ici un État décadent, incapable de s’en tenir tant aux valeurs démocratiques qu’à une notion correcte du droit.

La nouvelle décision de la Cour de cassation rendue par son assemblée plénière est un bon exemple de la tendance actuelle. Elle montre que le droit vacille profondément sous les coups de l’élargissement du capitalisme à tous les domaines de la vie. On a ainsi un couple qui, ayant pratiqué la GPA, non seulement n’est pas en prison, mais réussit à écraser le droit français pour lui forcer à accepter le droit de l’État de Californie.

La Cour de cassation reprend en effet directement le concept barbare et absurde de « mère d’intention » :

« Une GPA réalisée à l’étranger ne fait pas, à elle seule, obstacle à la reconnaissance en France d’un lien de filiation avec la mère d’intention. Dans le cas d’espèce, seule la transcription des actes de naissance étrangers permet de reconnaître ce lien dans le respect du droit à la vie privée des enfants. »

Bien malin le juriste capable de prouver ce qu’est une mère d’intention. La vie explique d’elle-même ce qu’est un père et une mère. Mais une mère d’intention, c’est du niveau de quelqu’un rentrant dans un magasin avec l’intention d’acheter un iphone ou un sac Louis Vuitton. Et il se trouve donc des juristes, les plus compétents de France en principe, pour admettre une telle énormité juridique et en plus trouver cela très bien, conforme à l’esprit du droit ?

Car bien malin aussi qui peut faire reconnaître au droit, tel qu’il existe depuis des siècles, le principe de GPA. Même le droit positif ne peut pas accepter une pratique criminelle rien que par le fait qu’elle implique l’aliénation corporelle d’une personne, donc le déni d’elle-même, donc par définition son incapacité à signer un quelconque contrat. Mais les affaires sont les affaires. La Cour de Cassation dit elle-même : la GPA a été faite par le couple, cela fait longtemps maintenant, donc acceptons-la parce que sinon les enfants seront dans un vide juridique. La transcription en France des actes de naissance désignant la « mère d’intention », avec laquelle le lien est depuis longtemps largement concrétisé, ne doit pas être annulé.

C’est là plier le droit au besoin des affaires. Et ces gens sont juristes ! Ils nient le sens même du droit ! Au nom des affaires… Et celles-ci tournent tellement qu’à l’Assemblée nationale, Jean-Louis Touraine a mené rondement une petite opération.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, soit juste avant le vendredi où on attendait l’arrêt de la Cour de cassation, cet ancien socialiste ayant dirigé les travaux à l’Assemblée nationale pour l’adoption de la « PMA pour toutes » a fait voter un amendement en faveur de la reconnaissance de la filiation des enfants nés de GPA à l’étranger.

Le gouvernement a immédiatement fait savoir qu’il allait recadrer sa majorité et que l’amendement sera revoté, puis normalement rejeté. Poudre aux yeux ? Véritable petite embrouille ? Dans tous les cas, « PMA pour toutes », GPA, cela revient au même, c’est du capitalisme dans sa substance même. Il y a donc une tendance irrépressible à ce que cela s’impose concrètement. À moins que la Gauche ne stoppe radicalement cela, temporairement du moins, pour lancer une contre-offensive par la suite et balayer les forces qui produisent une telle barbarie.

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Extension de la PMA : l’absence d’une opposition de gauche à l’Assemblée nationale

Le débat parlementaire sur le projet de loi bioéthique est très intense, avec pas moins de 587 amendements déposés sur l’article premier concernant l’extension de la PMA. Au lieu d’être à l’avant-garde de l’opposition, la « Gauche » représentée à l’hémicycle se fait l’accompagnatrice forcenée du libéralisme – ce sont d’autres forces qui, malheureusement, s’accaparent et détournent les valeurs qu’elle devrait porter.

Ce sont surtout la Droite et l’extrême-Droite qui mènent l’opposition à l’extension de la PMA. C’est là quelque-chose de terrible car cela renforce leur hégémonie culturelle sur la société française et leur apparente crédibilité aux yeux des classes populaires.

Il ne faut pas être dupe ici : si beaucoup de Français n’étaient jusque-là pas opposés à l’extension de la PMA, car ils sont très perméables au libéralisme, ce n’était pas pour autant un soutien engagé. Mais quand on rentre au cœur du sujet, quand les vraies questions sont posées, alors les arguments contre la PMA touchent largement la population et tout le monde le sait.

Marine Le Pen s’en donne donc ici à cœur joie pour apparaître démocratique, s’accaparant la morale populaire, rappelant des choses fondamentales : « on ne peut pas naître de deux mères » et le projet de loi revient à « mettre en place un mensonge légal » en faisant croire qu’il n’y a plus de père.

La députée RN se paye même le luxe de préciser qu’elle pense que deux femmes peuvent très bien élever un enfant, ainsi que deux hommes – il faudrait effectivement être très réactionnaire et pétris de certitudes conservatrices pour penser l’inverse.

On a dans le même genre les propos du député Joachim Son-Forget, une personnalité très complexe, brillante mais tourmentée, qui penche vers la Droite. Rappelant avoir apprécié le discours de Marine Le Pen soutenant « l’intérêt premier de l’enfant », il explique alors :

« Les faits sont tenaces. Je ne peux pas entendre que la biologie n’existe pas et que seul l’environnement compte. Je sais que j’ai les yeux bridés, que j’ai une couleur de peau qui fait que quand je croise des Coréens, ils me reconnaissent, étant d’origine coréenne.

Je sais qu’au fond de moi, je suis probablement un bon Haut-marnais, bien de ma campagne haut-marnaise. C’est tout cela qui cohabite en moi. Donc, on ne saurait nier l’un, pour accepter l’autre. Les faits sont vraiment tenaces. »

C’est la même rengaine anti-PMA du côté de la Droite traditionnelle, qui explique en long, en large et en travers en quoi tout cela mène évidemment à l’autorisation de la GPA. Le député LR Arnaud Viala a par exemple reproché au gouvernement et à la majorité de « mentir aux Français », tellement le projet de loi porte en lui « une ouverture presque immédiate » de la GPA.

Rien de tout cela chez les députés liés à la fausse Gauche, celle qui est post-industrielle et post-moderne, qui a pour seul horizon d’accompagner le libéralisme prenant le masque du « progrès » et des « droits ». Des socialistes ont même déposé des amendements réclamant l’autorisation de la PMA post-mortem, alors que le PS a de son côté produit un communiqué pour dénoncer les opposants :

« Celles et ceux qui s’opposent à ce texte continuent malheureusement d’ignorer les familles homoparentales qui vivent dans notre pays et de s’opposer aux droits des femmes. »

Il y a même des fous furieux qui veulent pousser encore plus loin le projet en prônant l’ouverture de la PMA à des soi-disant « hommes transgenres ». Cela aboutirait donc à ce que des personnes ayant voulu être identifiée comme « homme » à l’état civil deviennent… mère !

On nage en plein délire, mais c’est pourtant très sérieusement que cela a été discuté en commission, sous la présidence de l’ancien socialiste Jean-Louis Touraine. Il y a également des propositions de fécondation in vitro dite ROPA, c’est-à-dire le fait de féconder l’ovocyte d’une des femmes d’un couple lesbien puis de faire porter l’enfant à l’autre femme, histoire de faire comme s’il y avait vraiment « deux mamans »…

Ironie du sort, c’est du côté de La République en marche qu’il faut se tourner pour trouver un propos sérieux ayant un minimum de dimension. Ou plutôt, ex-LREM, car la députée Agnès Thill a été exclue du mouvement en juin suite à ses prises de positions allant «  à l’encontre de la Charte et des valeurs inclusives du Mouvement ».

On notera ici qu’avant d’atterrir chez Emmanuel Macron, elle a été membre du Parti socialiste dans les années 1980 et qu’elle est fille d’ouvrier. Ce qu’elle dit dans l’extrait ci-dessous, c’est exactement le genre de propos que devraient avoir des députés vraiment à Gauche, pour s’opposer à l’extension de la PMA :

« Votre loi, Madame la Ministre, est criminelle. C’est souffrance contre souffrance. Il ne faudra pas dire « cette France-là a été humiliée ». Votre loi, c’est s’offrir un être humain. On ne s’offre pas un être humain, Madame la Ministre. Un être humain n’est ni un objet, ni un projet, ni une promesse de campagne.

Loin d’abolir les inégalités, votre loi les aggrave. Votre loi soulève des questions de marchandisation du vivant, d’eugénisme, de sélection, le dévoiement du sens de la médecine et la voie du design de l’enfant parfait « comme nous le voulons » que vous déverrouillez. Au delà des bornes, il n’y a plus de bornes.

Ce n’est pas le droit qui refuse un enfant à ces femmes, c’est la biologie. Il n’y a ni discrimination, ni inégalité et vous le savez très bien. L’affirmer à longueur de média c’est mentir et manipuler l’opinion. La liberté si fièrement revendiquée n’est qu’une liberté de consommateurs. Des Français accèdent au hard-discount reproductif, qu’il faudra reconnaître en France.

Si la PMA, la congélation ovocytaire, le DPI, la recherche sur embryon, si tout cela existe, c’est aussi parce qu’elle enrichit médecins, généticiens, biologistes, patrons de start-up, juristes, avocats, banquiers en sperme et en ovule. Et vous faites semblant de ne pas le voir !

Aidez l’autre, voyez-vous, et vous le savez, c’est l’aider à accompagner ses limites. C’est l’aider à accepter ses limites et vivre avec. Ce n’est pas dépasser le possible humain. On ne peut décemment pas destituer la figure paternelle au motif que des nouvelles familles apparaissent. »

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Les réserves de l’Académie de médecine sur l’extension de la PMA

Alors que le débat sur le projet de loi de bioéthique incluant l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) doit s’ouvrir à l’Assemblée nationale, l’Académie de médecine s’est invitée à la discussion en publiant samedi 21 septembre 2019 un document très critique.

L’Académie de médecine a produit un Rapport sur le Projet de loi relatif à la bioéthique dans lequel elle émet notamment de larges réserves au sujet de la PMA, dénommée AMP (Aide médicale à la procréation, le terme utilisé par les médecins). Il est considéré que « la conception délibérée d’un enfant privé de père constitue une rupture anthropologique majeure », affirmant même que la disposition du projet de loi est « contraire à la Convention internationale des droits de l’enfant de 1989 ».

La ministre de la Santé Agnès Buzyn a réagit en considérant que le propos était « peut-être daté », mais sans argumenter sur le fond. Le gouvernement a en effet tout fait pour éviter un débat de société sur une question pourtant d’une grande importance.

L’Académie de médecine rappelle des choses essentielles, alors que l’ultra-libéralisme veut tout réduire à l’état de marchandise. Voici un long extrait du rapport concernant le Titre I du projet de loi de bioéthique, au sujet donc de la PMA, mais aussi de l’autorisation de l’autoconservation des ovocytes :

« POSITIONS DE L’ACADEMIE NATIONALE DE MEDECINE sur le titre I

1)
Pour l‘ANM [Académie nationale de médecine, NDLR] l’extension de l’AMP aux couples de femmes et aux femmes seules relève davantage d’une loi sociétale s‘inscrivant dans la suite des lois sur le Pacte civil de solidarité et du Mariage pour tous, que de la loi de bioéthique dans la mesure où les techniques utilisées sont anciennes et ne soulèvent pas de nouvelles questions d’ordre médical. S’agissant, selon elle, d’une mesure à caractère sociétal et au-delà des convictions de chacun, l‘ANM ne s’estime pas à même de donner un avis hors du champ de ses missions. En revanche, elle se sent impliquée et estime de son devoir de soulever un certain nombre de réserves liées à de possibles conséquences médicales.

L’ANM reconnaît la légitimité du désir de maternité chez toute femme quelle que soit sa situation, mais elle veut souligner que si l‘invocation de l’égalité des droits de toute femme devant la procréation est compréhensible, il faut aussi au titre de la même égalité des droits tenir compte du droit de tout enfant à avoir un père et une mère dans la mesure du possible.

Sur ce point, il y a donc une rupture volontaire d’égalité entre les enfants. A ce titre, la conception délibérée d’un enfant privé de père constitue une rupture anthropologique majeure qui n‘est pas sans risques pour le développement psychologique et l’épanouissement de l’enfant.

L’argument régulièrement avancé pour rejeter le risque pour l’enfant se fonde sur certaines évaluations, essentiellement dans quelques pays anglo-saxons et européens, faisant état de l’absence d’impact avéré sur le devenir de l’enfant.

L’ANM ne juge pas très convaincantes ces données au plan méthodologique, en nombre de cas et en durée d’observation sur des enfants n’ayant pas toujours atteint l’âge des questions existentielles. Quoi qu’il en soit, l’ANM rappelle que l’incertitude persiste sur le risque de développement psychologique de ces enfants au regard du besoin souvent exprimé de connaître leurs origines. Cela conduit donc à souhaiter qu’il y ait des études en milieu pédopsychiatrique à partir d’enfants privés de pères, parmi lesquels ceux issus de l’AMP pour des femmes seules ou en couples.

Cela permettra d’évaluer le devenir de ces enfants au nom du principe de précaution si souvent évoqué pour des sujets d’importance moindre. II apparaît, à l’ANM que cette disposition est contraire à la Convention internationale des droits de l’enfant de 1989, ratifiée par la France. Celle-ci mentionne le droit de l’enfant à connaître ses parents en insistant sur le «bien de l’enfant » comme sur son «intérêt supérieur». De fait, on quitte le domaine de la vraisemblance puisque deux parents du même sexe ne suffisent pas pour donner vie à un enfant. Il s’agira pour la première fois de permettre à deux femmes d’être les deux mères d’un même enfant. Pourtant, l’existence de deux mots distincts, père et mère, signifie que l’un ne peut se substituer à l’autre car le rôle des mères et des pères ne sont pas équivalents.

L’ANM estime que, de plus en plus malmenée par les évolutions sociétales, la figure du père reste pourtant fondatrice pour la personnalité de l’enfant comme le rappellent des pédopsychiatres, pédiatres et psychologues qui demeurent dans leur majorité pour le moins réservés sur cette innovation radicale. A la différence notoire des situations subies par certaines familles monoparentales, des réserves médicales sont également exprimées sur l’extension de la procréation volontaire aux femmes seules en raison de l’observation d’une vulnérabilité, source d‘anxiété et de fragilité maternelle avec des couples mère/enfant qui peuvent être pathologiques comme cela a été souligné lors des auditions par la commission spéciale à l’Assemblée nationale. Dans tous les cas d’extension de l’AMP, on ne peut méconnaître la question de l’altérité et celle de la différence homme-femme.

2)
Concernant la question de l’anonymat du donneur, l’ANM rappelle que ce choix fait par les CECOS dès le début de l’Insémination artificielle avec sperme de donner (lAD) a été régulièrement rediscuté. On sait, désormais, que le maintien de l’anonymat a suscité chez un certain nombre d’adolescents ou jeunes adultes connaissant leur mode de conception, le besoin de rechercher leur géniteur et leurs origines biologiques.

Cette quête pouvait même devenir obsessionnelle et nuire à leur épanouissement comme à leur équilibre psychologique, ce qu’on ne peut ignorer. En outre, l’accès de plus en plus facile au séquençage de son génome et aux réseaux généalogiques sur internet a déjà permis à certains de retrouver leur géniteur ou des demi-frères ou demi-soeurs. La nécessité de faire évoluer le processus est donc légitime. Les dispositions proposées dans le projet de loi permettant d’accéder à des données non identifiantes sont satisfaisantes et peuvent être utiles sur le plan médical.

Quant à l’accès à l’identité du géniteur lui-même, il sera rendu possible à la condition que celui-ci y consente au moment de la demande d’accès. Un dispositif semblable à celui du Centre National d’Accès aux Origines Personnelles (CNAOP) créé en 2002 pour répondre au même besoin exprimé par les enfants nés sous X de mère anonyme, sera organisé pour guider les demandes. L’ANM est favorable à une telle évolution maîtrisée vers l’accès aux origines. Elle observe néanmoins que 75% des candidats au don de sperme sont pour le maintien total de l’anonymat et pourraient revenir sur leur intention initiale en cas de sa levée, même partielle.

Sur ce point, l’ANM veut souligner l’actuel équilibre fragile entre donneurs et couples hétérosexuels infertiles demandeurs d’une IAD, avec un délai moyen d’un à deux ans entre la demande et sa réalisation. II apparaît évident que la demande accrue du fait de l’extension prévue de l’AMP entrainera un déficit de spermes et un allongement des délais portant préjudice aux couples hétérosexuels souffrant d’une infertilité qui relève pourtant d’une indication véritablement médicale.

Dans les faits, il s’agira donc pour ces couples d’une régression dans leur prise en charge et il reviendra aux médecins de l’expliquer aux patients. Les médecins ne comprennent pas qu’on puisse considérer de la même façon les indications médicales et les demandes sociales. Dans de telles conditions où la demande sera supérieure à l’offre, l’ANM exprime sa crainte de voir s‘établir un marché déjà en voie d’organisation dans certains pays voisins.

L‘éventuelle marchandisation des produits du corps humain est donc un réel danger qui menace le principe essentiel de l’éthique française, à savoir la gratuité du don et la non-marchandisation du corps humain. En outre, l‘ANM estime que le financement de ce choix sociétal personnel par l’Assurance-Maladie n‘est pas cohérent avec les missions qui lui sont assignées.

3)

Concernant la filiation qui ne va pas de soi pour deux femmes qui souhaitent être toutes les deux les mères du même enfant, nonobstant les réserves de l’ANM sur l’extension prévue de l’AMP, elle estime que la procédure de filiation retenue semble la plus à même de créer un cadre aussi rassurant que possible pour l’enfant bien que reposant sur des critères non biologiques et en dehors de toute vraisemblance.

4)
Concernant la possibilité pour les femmes de conserver leurs ovocytes en dehors de tout motif médical, sans s’y opposer formellement, l’ANM souligne que si les risques que pourrait entraîner une telle pratique sont bien connus des professionnels, ils ne sont pas mentionnés dans l’exposé des motifs de la loi et n’ont pas été réellement discutés lors des débats préparatoires,ce qui est éminemment regrettable. Ils n’ont donc pas été repris par les medias et les femmes n’ont généralement pas une juste idée de la réalité de l’entreprise. D’une part, le recours à l’autoconservation des ovocytes augmenterait davantage encore la surmédicalisation des grossesses.

D‘autre part, elle pourrait contribuer au recul de l’âge moyen de la première grossesse. Or, on sait l’augmentation significative des Infirmités motrices-cérébrales qui en découlent pour l’enfant. Enfin, la présentation banalisée qui en est faite semble sous-estimer, voire méconnaitre, les risques que la méthode induit par elle-même. Ceux liés aux inductions de l’ovulation, souvent répétées pour obtenir le nombre d’ovocytes nécessaires.

Ceux concernant lesrisques d’échecs non négligeables dont il n’est pratiquement pas fait mention alors que le taux de réussite est estimé à 60% après quatre tentatives et décroit notablement avec l’âge. L‘ANM regrette que, dans les débats,l’information des femmes ne soit pas présentée de façon suffisamment objective et que l’autoconservation de leurs ovocytes puisse apparaître commeune garantie de réussite lorsqu‘elles décideront du moment de leur grossesse. En pareil cas, il s’agirait d’une grave mésinformation que les médecins auront du mal à réparer sans décevoir.

En outre, l’ANM déplore qu’à aucun moment il ne soit fait mention de la nécessaire information sur la fertilité d’une femme et sa décroissance en fonction de l’âge. L‘ANM veut encore souligner que l’extension de l’AMF à toutes les femmes comme celle de l’autoconservation des ovocytes par volonté personnelle correspondent à des demandes sociétales pour des femmes qui ne souffrent d’aucune pathologie de la reproduction.

Il ne s‘agit aucunement d’indications médicales conformes à la mission de la médecine qui est de soigner. Ce changement de nature de l’acte médical n’est pas sans soulever de sérieuses questions de fond pour l’avenir de la pratique médicale. D‘autant qu’auregard d’une aspiration sociétale vers le report banalisé de l’âge de la conception, l’importance d’un avertissement des femmes n’est même pas mentionnée quant aux pertes de chance de fertilité et de risque foetal. L’ANM insiste à nouveau sur l’information nécessaire des femmes sur l’évolution de leur fertilité et souligne qu’il s’agit là d’un enjeu de santé publique majeur. »

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Le sens de la polémique sur les adoptions par des parents homosexuels

La semaine dernière a vu enfler une polémique d’ampleur nationale autour du droit des couples homosexuels. A la suite de l’interview d’une fonctionnaire des services de l’adoption du département de Seine-Maritime, une plainte a été déposée par une association de personnes homosexuelles (Association des familles homoparentales) pour discrimination. Une enquête a été ouverte par le parquet de Rouen.

Voici la retranscription des propos tenus à l’antenne de France Bleue Normandie, le 18 juin :

La journaliste : « Est-il plus compliqué pour les couples homosexuels que pour les hétérosexuels d’adopter un enfant de trois mois qui va bien en Seine-Maritime ?

La fonctionnaire : « Il y aura des parents qui correspondent davantage aux critères requis  »

La journaliste : «  Et donc pas un couple homosexuel ?  »

La fonctionnaire :  » Ben non. Les couples homosexuels sont eux-mêmes un peu atypiques, si on peut dire, par rapport à la norme sociale et à la norme biologique, donc si leur projet supporte des profils d’enfants atypiques (…), si les couples homosexuels ont des attentes ouvertes, ils peuvent très bien adopter un enfant »

La journaliste : « Pour les couples homosexuels, l’adoption reste envisageable si leur projet supporte des profils d’enfants atypiques?».

La fonctionnaire : « Des enfants dont personne ne veut, puisqu’il y a des gens qui ne veulent pas adopter des enfants trop cassés, trop perturbés psychologiquement, trop grands, handicapés… Ces enfants-là ont des perturbations qui ne sont pas recherchées par les couples et c’est normal. »

Interrogé sur franceinfo, le président de l’association des familles homoparentales s’insurge :

« Ce qu’elle dit, c’est que les enfants dont personne ne veut, comme les enfants trop cassés, handicapés, pourraient faire l’objet d’une adoption par les couples homosexuels, mais ils ne seraient pas prioritaires. Tout ça c’est de l’homophobie, cela relègue l’idée qu’on serait des sous-citoyens, qu’on devrait passer après tout le monde. »

C’est là un discours : celui du droit à l’enfant. A lire de tels propos on pourrait penser qu’il y a des adoptions en masse qu’on se procurerait comme des produits vaisselle au supermarché et qu’on priverait certaines personnes du droit de consommer.

C’est là du libéralisme, qui s’est accompagné du refus du débat démocratique sur ce qu’est une adoption, ce que sont des parents.

D’ailleurs, sommé de s’expliquer, notamment par les jeunes socialistes de son département, le Président (UDI) du Conseil Départemental concerné s’est désolidarisé de son agent, faisant état de nombreuses actions de son institution en faveur des personnes homosexuelles et contre leur discrimination.

C’est là déplacer le problème, saborder une expertise concernant l’adoption – qu’elle soit bonne ou mauvaise il la faut et donc il faut en débattre.

Jacques Toubon, le Défenseur des Droits, s’est pareillement auto-saisi de la question. Interpellée à plusieurs reprises sur les réseaux sociaux, Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat en charge de l’égalité femmes-hommes, a réagi dans un communiqué : « Aucune discrimination ne saurait être tolérée. »

Mais, est-ce bien la question principale ici ? Non. La question n’est pas celle des droits des personnes homosexuelles. Pour le comprendre cela, il faut établir les faits en se gardant de tout sensationnalisme. Quels sont-ils?

L’adoption est un des domaines de la protection de l’enfance. L’Etat, au travers de l’ « aide sociale à l’enfance » exercée par les Conseils Départementaux, prend en charge les enfants privés de parents.

Ces pupilles d’Etat peuvent être proposés à l’adoption. Ce sont donc les enfants qui sont les bénéficiaires de la procédure d’adoption, en vue de leur trouver une famille. Il n’existe pas de droit à avoir un enfant.

En revanche, il existe un droit pour les couples, parmi lesquels les couples homosexuels, de se voir attribuer un agrément en vue d’adoption. Cet agrément est délivré par le Conseil Départemental.

Il s’agit d’un acte administratif attestant de la qualité du projet parental du couple et d’une certaine capacité du couple à recevoir un enfant. Si un couple se voit refuser l’agrément, il peut saisir la justice administrative pour contester la décision ce refus. Les juges annuleront, par exemple, les refus d’agrément fondés sur un motif discriminatoire.

13 700 couples munis d’un agrément en cours de validité attendent présentement de devenir les parents d’un enfant pupille d’Etat.

Cela, c’est la réalité, bien éloigné du droit à l’enfant repris par les associations et les promoteurs des droits individuels sans aucun respect pour le réel.

Et pour obtenir cet agrément, il y a une procédure. Pour cela, il faudra en effet que le conseil de famille de leur département le décide. Le conseil de famille est une instance composée d’élus du conseil départemental, de membres d’associations de pupilles de l’État et de familles adoptantes et de professionnels de la protection de l’enfance, chargée d’évaluer les candidats à l’adoption.

Guide du représentant du conseiller de famille des pupilles de l'Etat

Les enfants pupilles d’Etat ont des parcours de vie particuliers, quel que soit leur âge, ils ont tous subi des ruptures affectives. L’enjeu est de choisir parmi les candidats le couple (ou la famille) qui pourra au mieux satisfaire les besoins de l’enfant. Il s’agit d’une décision souveraine qui aura des conséquences sur des individus pour la durée de leur vie.

Dès lors, il faudrait faire preuve d’une grande inconséquence pour envisager la question du choix des parents adoptifs en terme de ratio homosexuels / hétérosexuels.

Ici, le droit à « consommer » s’oppose à la réalité, qui a sa complexité, sa dignité. On ne se procure pas un enfant, dans une adoption, c’est l’enfant qui se voit donner la chance d’avoir un foyer. C’est bien différent!

Mais cela, le populisme ne peut pas le voir, encore moins s’il ne veut pas le voir car il raisonne en  termes de droits individuels.

Et, donc, ce qui préside au choix des membres du conseil de famille, c’est le projet du couple candidat à l’adoption. Les nourrissons en bonne santé trouvent facilement des parents.

Ce n’est pas le cas pour d’autres. Certains des enfants pupilles d’Etat sont plus âgés, leur prime enfance pourra avoir été marquée de traumatismes, de carences affectives, de violences ou de négligences. D’autres sont en fratrie, d’autres encore sont victimes de maladie ou porteurs d’un handicap. Et plus de 800 enfants aujourd’hui pupilles d’Etat sont des enfants dits « à besoins spécifiques ».

La question n’est pas celle du sexe des adoptants ou de leur orientation sexuelle. Il s’agit de trouver des parents dont le projet de couple est de les accueillir avec leurs différences et capables d’adapter leur vie aux besoins de ces enfants.

Il y a eu ici un profond déplacement orchestré par la polémique, dans un sens libéral, dans le sens de la consommation : il y aurait un droit à l’enfant. Il est évident ici que l’ombre de la Gestation Par Autrui (GPA) était juste derrière, c’est-à-dire le refus de la nature et l’élargissement à tout prix du marché.

S’étonnera-t-on alors que l’association qui a lancé la polémique, l’association des familles homoparentales (ADFH), soit justement favorable à la GPA?