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Nouvel ordre

L’agriculture doit être étatisée et planifiée

Porter un regard intelligent sur le mouvement des agriculteurs français de janvier-février 2024, c’est se rappeler que les paysans ne sont pas une classe, et qu’il n’y a d’ailleurs plus de paysans en France. D’une masse fondamentalement petite-bourgeoise dans sa définition, les paysans sont devenus des agriculteurs, c’est-à-dire des petits-bourgeois entrepreneurs.

Le paysan possède, en effet, sa terre, et il veut accumuler ; c’est un propriétaire, même dans les cas où il est un petit propriétaire, même s’il est pauvre. C’est la raison pour laquelle l’URSS a mis en place tout un système pour « avaler » les paysans pauvres et moyens dans les collectivisme, par les fermes collectives (les kolkhozes) et les fermes d’État (les sovkhozes). Cela a été une bataille très dure, l’affrontement avec les paysans riches (les koulaks) est bien connu.

Affiche soviétique pour chasser les koulaks des kolkhozes, avec une citation de Lénine sur leur rôle dans la restauration du capitalisme

L’agriculteur est quant à lui un paysan qui a réussi, et dans le capitalisme du début du 21e siècle, cela en fait un capitaliste acharné, qui utilise notamment les animaux pour arracher du profit. Qui ne prend pas en compte les animaux tant sur le plan de la sensibilité que sur le plan de leur utilisation par le capitalisme ne peut pas comprendre notre époque. Le document Crise du capitalisme et intensification de la productivité : le rôle des animaux dans la chute tendancielle du taux de profit est ici fondamental.

Il n’y a donc rien à attendre des agriculteurs. Il faut faire avec, mais là encore ils sont les rois des bluffs. Il y a largement de quoi assez manger et leur prétention à dire qu’on va mourir de faim sans eux est juste risible. Ils font juste beaucoup de bruits pour se présenter comme incontournables.

Mais avec de l’organisation, une agriculture étatisée et planifiée est facile à mettre en place. Avec l’industrialisation et les technologies, c’est facile si on a les masses en mouvement. L’agriculture doit devenir une industrie, et les agriculteurs doivent céder la place aux ouvriers du 21e siècle. Le Socialisme n’a pas besoin d’eux et s’ils veulent travailler la terre, ils devront la faire dans une optique de service au peuple, pas d’aventurisme capitaliste aux dépens de la Nature.

Affiche soviétique : En avant !
Pour l’industrialisation du pays,
pour la collectivisation du village!

Le marteau et la faucille sont, il faut le rappeler, le symbole de l’alliance de la classe ouvrière et de la paysannerie pauvre. Il n’a jamais été question de faire de la petite-bourgeoisie des campagnes, propriétaire et entrepreneuse, une figure du Socialisme. Les paysans, c’est le petit capitalisme à fond, un puissant générateur de capitalisme, comme le montre l’histoire des États-Unis.

Lénine a dit un très bon mot à ce sujet :

« La petite production engendre le capitalisme et la bourgeoisie constamment, chaque jour, à chaque heure, d’une manière spontanée et dans de vastes proportions. »

S’imaginer, comme le fait « révolution permanente« , qu’il est possible de se tourner vers les agriculteurs et d’établir un programme « qui cherche à remettre en question le système agraire actuel qui est destiné à servir les grands capitalistes de l’agro-alimentaire, la grande distribution et les banques »… c’est ne rien comprendre justement aux agriculteurs, qui sont nés dans ce système, sont ce système et y tiennent dur comme fer.

D’ailleurs, les agriculteurs ne remettent jamais en cause le capitalisme et demande toujours à l’État de faire l’arbitre. Ils le font en correspondance avec leur nature sociale.

Affiche soviétique : jour de récolte, collectivisation

Au moins, la dirigeante des Écologistes Europe Écologie Les Verts Marine Tondelier l’a bien compris. Elle raconte qu’elle est fière de visiter les fermes et de discuter avec l’Interbev (l’Association Nationale Interprofessionnelle du Bétail et des Viandes), tout en étant vegan.

« Nous ne sommes pas les ennemis des agriculteurs », a déclaré la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, mercredi depuis une ferme de Bourgogne, où elle dit « soutenir totalement » les paysans dans leur combat pour un « juste revenu ». »Nous ne sommes pas les ennemis des agriculteurs », a déclaré la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, mercredi depuis une ferme de Bourgogne, où elle dit « soutenir totalement » les paysans dans leur combat pour un « juste revenu ».

« Je ne suis pas du tout mal aimée des agriculteurs », a assuré cette petite-fille de paysans du Pas-de-Calais, après avoir caressé des vaches bazadaises, une espèce menacée élevée dans une exploitation bio de Villebichot (Côte-d’Or), près de Dijon.

« J’ai même rencontré Interbev », l’association du bétail, « alors que je suis végane depuis 15 ans », a martelé Marine Tondelier. « Les fermes, c’est le type de déplacement que je fais le plus ! », a-t-elle ajouté. »

Voilà une soumission totale et ignoble, immorale et totalement opportuniste. Et c’est très vraisemblablement une vraie construction mythomane pour se soumettre ostensiblement, car elle n’a jamais auparavant dit qu’elle était vegan, mais végétarienne.

C’est un très bon exemple. Faut-il faire comme elle, considérer que les agriculteurs seront toujours là sous cette forme pendant encore cinquante ans? Ou bien faut-il révolutionner l’agriculture, car les temps sont mûrs pour un nouveau rapport avec la Nature?

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Politique

La France est endettée jusqu’au cou

L’État français dépense massivement et court à la catastrophe.

La France est un pays riche, très riche. Les richesses y sont abondantes et le mode de vie de la plupart des habitants est opulent. N’importe quelle commune, même rurale et isolée, a des maisons très grandes et modernes. Il n’y a qu’à observer une route, n’importe où, pour y voir beaucoup de voitures neuves et chères. Pareil dans les centre-villes où le recours à des domestiques modernes pour se faire livrer ses courses ou un repas préparé, pour se déplacer (en « uber »), est absolument massif.

Mais la réalité est aussi, voire surtout, que la France vit au-dessus de ses moyens et court à la catastrophe. La Cour des comptes a publié mi-février son rapport public annuel et elle y présente cette situation dans les détails en ce qui concerne le budget de l’État qui est en déficit chronique. Les mots sont évidemment alarmants :

« L’ampleur exceptionnelle de la hausse du déficit, passé de 75 milliards d’euros en 2019 (soit 3,1 points de PIB) à 209 milliards d’euros en 2020 (soit 9,1points de PIB), résultait du double effet de la dégradation des recettes due à la récession et du coût massif pour les finances publiques des dispositifs de soutien. »

Cela fait que :

« Près de deux ans après le début de la crise, la France fera partie des pays de la zone euro dont la situation des finances publiques est la plus dégradée. Cette situation appellera la définition d’une trajectoire à moyen terme de redressement des finances publiques exigeante pour assurer un repli de la dette rapportée au PIB. »

En effet, la dette est maintenant équivalente à près de 120 % du PIB (c’est-à-dire la richesse produite annuellement), ce qui est tout bonnement intenable, à moins de croire en l’argent magique, tombant du ciel par enchantement pour renflouer éternellement les caisses de la France…

Au moins 100 milliards d’euros ont été dépensés par l’État dans le cadre de la crise sanitaire et des mesures de soutien au capitalisme, alors que le pays était déjà largement endetté à la base. Il est expliqué en détail par la Cour des comptes à quel point la dette est structurelle, et non pas seulement conjoncturelle (c’est-à-dire liée à la situation particulière). Autrement dit, c’est en profondeur que les choses ne vont pas et il suffit de regarder pratiquement chaque secteur, chaque poste de dépense, pour voir qu’il n’y a aucun équilibre des comptes, que le déficit ne peut que se creuser.

En mettant de côté les dépenses liées à la situation sanitaire, les deux derniers budgets de l’État étaient d’après la Cour des comptes en augmentation de 11 milliards pour 2021 et 8 milliards pour 2022, sans que cela ne soit compensé dans l’autre sens.

De surcroît, ce n’est pas qu’une question purement comptable, il y a également la façon dont sont gérés les budgets, comment ne sont pas (ou mal) prélevées tout un tas de recettes, etc. Et cela est aggravé par la crise. En audience à l’Assemblée nationale pour présenter le rapport public annuel de la Cours des comptes, son président Pierre Moscovici a par exemple souligné :

« Notre rapport revient également sur les dysfonctionnements qui ont émergé au cœur de la crise, comme le manque de ciblage des moyens déployés ou l’insuffisance de précautions pour limiter les effets d’aubaine et la fraude. »

Dans un tel contexte, il suffirait de pas grand-chose pour que l’État français s’écroule sous le poids de sa propre dette. Personne n’y croit, car tout le monde est aveuglé par la consommation à outrance et le capitalisme 24 heures sur 24, mais tous les organismes sérieux tel la Cour des comptes n’ont pourtant de cesse de tirer la sonnette d’alarme à ce sujet.

Ce qui est en jeu, c’est la crédibilité de l’État français en tant qu’emprunteur sur les marchés financiers. On ne prête pas éternellement à qui à de moins en moins d’argent. Ou, comme le dit dans son rapport la Cour des comptes avec un langage plus technique :

« Une poursuite de la hausse du ratio d’endettement risquerait de fragiliser la confiance des acteurs économiques dans la capacité de la France à honorer ses engagements passés et à venir »

Alors, de deux choses l’une. Soit la France continue dans son aveuglement à dépenser l’argent qu’elle n’a pas, et elle va s’effondrer. Brutalement. Soit la Droite, dans sa forme dure et ultra-libérale à la Eric Zemmour, va finir par prendre les choses en main pour restructurer et cogner dur, pour éviter la faillite. Autrement dit, les budgets vont être coupés de toutes parts, pour enrayer l’hémorragie, ce qui fera très mal. C’est bien sûr l’option que défend au fond la Cour des comptes, en tant qu’organisme défenseur des institutions en place et du fonctionnement capitaliste de l’économie. Elle dit :

« Le nécessaire redressement des finances publiques passera inéluctablement par des efforts sans précédent de maîtrise de nos dépenses »

Alors il faudrait opposer à cela la Gauche, la vraie, pour prendre les choses en main avec une orientation démocratique et populaire. Pour prendre l’argent là où il est, chez les riches et les très riches, mais aussi, voire surtout, pour changer de fond en comble la société, et donc non seulement mettre au pas les riches et les très riches, mais la bourgeoisie en général, ce qui est bien différent.

Car si la France est massivement endettée, ce n’est certainement pas dans l’intérêt quotidien et immédiat de la population ; c’est uniquement pour servir et développer un train de vie général favorable à la société de consommation et au capitalisme 24 heures sur 24. Alors il faut tout revoir, tout remettre en cause.

Pour l’instant, ce programme de Gauche véritable n’intéresse personne et d’ailleurs aucun candidat ne le porte. Tous ne parlent que d’augmenter le « pouvoir d’achat ». Les instituts de sondages expliquent que la préoccupation principale des électeurs est justement ce « pouvoir d’achat » (pour 54 % d’entre eux dit un sondage Odoxa mi-février). Les Français tiennent absolument à maintenir leur mode de vie riche et abondant, à continuer à consommer sans entraves.

Alors la désillusion sera de plus en plus grande quand la machine va s’enrayer. Et probablement très bientôt, car la situation est explosive. Dans ce contexte, ce n’est pas la Gauche qui en profitera, avec une colère sociale voulant renverser le capitalisme faible et endetté. Au contraire, c’est l’aigreur et la rancœur de Français attachés à un capitalisme en expansion qui va prédominer. De cela, c’est d’abord le populisme, le nationalisme, l’extrême-droite, qui en récolte les fruits.

C’est là, malheureusement, la dure actualité à laquelle il faut se préparer pour la décennie à venir. Aucun redressement de la Gauche ne sera possible sans prendre en compte cette réalité.

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Société

Le premier ministre Jean Castex n’a pas le courage d’affronter une France dépressive

Lors de sa prise de parole, le premier ministre Jean Castex a présenté la situation sanitaire, mais il n’ose pas assumer la gravité de la situation face à une France dépressive.

Face à une pandémie, on court toujours derrière des évolutions qualitatives, comme le variant « britannique » en est un exemple. Alors dire qu’on va résoudre les soucis en faisant passer le couvre-feu de 20h à 18h, c’est absurde, car c’est poser une petite réponse quantitative sans rapport avec la question de fond.

La seule réponse, c’est un shut down complet, un confinement absolu à court terme et hyper verrouillé, mais aucune société libérale ne peut le faire. Alors le premier ministre Jean Castex s’est dégonflé. Les Français ne veulent pas l’entendre, alors on ne le dit pas. Et quand il faudra affronter les faits… eh bien on espère que tout ira bien, d’une manière ou d’une autre.

On en a un excellent exemple avec le fait que le portail Sante.fr destiné à la prise de rendez-vous pour se faire vacciner quand on a plus de 75 ans a planté le jour de son ouverture, repoussant de 24 heures son ouverture. En toute bonne logique, un tel échec est condamnable. Pas dans une société libérale où chaque jour est un nouveau jour et la mémoire est celle de la consommation des gens et des faits.

C’est une faillite de l’État, qui n’est pas capable de mettre en place une chose élémentaire. Mais l’État, la société, la civilisation… ne sont que des fictions relatives pour des gens totalement emprisonnés dans le capitalisme et rêvant du monde d’avant.

Que dire alors du fait qu’il y en a encore pour des mois et des mois ?

Il est vrai que l’État affirme encore et toujours qu’il maîtrise la situation. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé qu’il y aurait désormais jusqu’à un million de tests par mois dans les établissements scolaires, alors qu’en plus les vaccinations à l’échelle du pays sont censés être terminés à la fin du printemps. Cela neutralise les esprits… mais si c’est l’échec ? La société française, dépressive déjà, va sombrer moralement.

En fait, elle a déjà sombré moralement. Comme quoi plus que jamais on a besoin de boussole, d’orientation, de valeurs bien déterminées, bien délimitées. C’est le socialisme face à la barbarie.

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Culture

La situation du monde du spectacle et de la fête face à la crise sanitaire

La crise sanitaire bouleverse profondément la société et cela concerne particulièrement le monde du spectacle et de la fête, qui se retrouve littéralement broyé par la situation. Il y a une colère face à cela, qui est en partie juste, mais qui n’est malheureusement pas à la hauteur. L’ampleur de la crise est nié, minimisé, alors qu’il y a en fait un moment historique tout à fait nouveau ; rien ne sera plus jamais comme avant.

À part quelques exceptions durant l’été, qui relevaient en général du bricolage, plus rien n’est possible depuis presque un an maintenant, et forcément cela fait très mal. Les clubs, salles de concerts, théâtres, cinémas, festivals, sont à l’arrêt complet, sans aucune perspective de réouverture avant au moins le printemps 2021. Et encore, si cela se fait, ce sera de manière altérée.

Il y a forcément pour les artistes et les intermittents du spectacle, les serveurs et les programmateurs de salle ou de festival, un goût amer face à la ruée dans les magasins, ou bien l’ouverture des lieux de cultes, tandis qu’eux sont mis de côté.

Cette question des lieux de cultes est d’ailleurs particulièrement prégnante, puisqu’il est considéré dans le monde de la culture que celle-ci relève autant d’un besoin essentiel que la religion.

C’est là tout à fait vrai, et en même temps tout à fait faux, car typique d’une erreur dans la façon de considérer la crise sanitaire actuelle et ne de pas saisir son enjeu.

C’est vrai, car on ne vit pas sans culture, sans art. Mais il est erroné de croire que la culture et l’art ont cessé d’exister avec les mesures sanitaires, alors que pour les religions par contre, et particulièrement pour le catholicisme, il n’y a pas de foi possible sans communion, et donc sans messe à l’Église.

Ce sont là deux choses tout à fait différentes. On peut se passer de faire la fête et d’aller au théâtre tout en menant une vie culturelle à la maison, même avec un confinement strict, alors que les croyants ne peuvent plus vraiment vivre sans aller à l’Église. C’est le principe de l’Eucharistie, où l’hostie qu’on mange… est vraiment le corps du Christ, pour le catholicisme romain.

Il ne s’agit pas ici de défendre le catholicisme romain et sa croyance erronée en le ciel avec un Christ qu’on mange le dimanche, mais de se servir de cet exemple pour bien de comprendre ce qui se joue vraiment pour la culture. L’État en France est une grande machinerie administrative et son essence n’est pas démocratique. Néanmoins, l’État n’existe pas de manière abstraite au dessus des classes sociales et cela fait que son fonctionnement répond aux contradictions de la lutte de classes.

Cela donne la situation suivante :

1) l’État défends principalement les intérêts de la bourgeoisie (donc du capitalisme), car c’est la classe dominante (et le système économique dominant) ;

mais,

2) il doit prendre en compte la pression populaire (donc prendre des mesures sanitaires), pour éviter la colère des classes populaires (qui ne supportent pas l’attentisme face au covid-19).

Dans tous cela, le monde du spectacle et de la fête se retrouve mis de côté, avec son sort réglé administrativement, avec une réouverture sans cesse renvoyée aux calendes grecques.

Pour la bourgeoisie (donc le capitalisme), c’est acceptable et il est considéré que cela peut être supporté économiquement ; Jean Castex explique alors qu’il suffit d’accorder une rallonge de 35 millions d’euros au ministère de la Culture, en plus des mesures pour maintenir sous respiration artificielle les travailleurs et entreprises du secteur.

Pour les classes populaires, c’est également tout à fait acceptable. Ce qui compte principalement est d’endiguer l’épidémie sur le territoire et cela vaut bien, pour éviter au maximum le brassage de la population, la fermeture des clubs, salles de concerts, théâtres, cinémas, festivals, etc.

Cela n’a rien d’absurde d’ailleurs, car forcément l’ouverture des lieux de culture amène la population à se concentrer, se mélanger, et faire circuler le virus, quelque soient les mesures sanitaires qui sont prises.

On peut tout à fait regretter que les classes populaires acceptent cela tout en ne se révoltant pas contre le fait que les magasins de vêtement ou d’électro-ménager soient ouverts, alors qu’ils sont tout autant des lieux de brassage qu’on pourrait éviter.

Pour autant, on ne peut pas se contenter de dire « le spectacle et la fête doivent reprendre coûte que coûte », « l’État a tort sur toute la ligne », « la crise sanitaire est un prétexte pour s’en prendre à la culture », etc.

Certains pratiquent la fuite en avant ouverte, comme les nihilistes anti-sociaux qui ont organisé une free party en Ile-et-Vilaine le 31 décembre. C’est ce que dit également le manifeste petit-bourgeois « CULTURE 4 LIBERTY », qui appelle à des rassemblements le 16 janvier 2021, en marge des manifestation contre le projet de loi « sécurité globale ».

Certains le font à moitié, en ayant une tentative de réflexion sociale, comme la CGT spectacle qui organisait ces derniers jours des Assemblées générales en ligne, pour dire « Madame Bachelot, Nous voulons travailler », et qui envisage une journée de manifestions le 19 janvier (faisant suite à celle du 15 décembre dernier).

Toutefois, dans les deux cas, c’est largement à côté de la plaque, et en tous cas indigne de ce que doit être l’art et ce que peuvent être les artistes. Trop souvent, le monde la culture vit dans une bulle, en dehors de la société et de la marche du monde, dans un milieu auto-centré et auto-référencé.

Or, la culture authentique n’existe pas sans les classes populaires, sans être portée par les classes populaires. Et en l’occurrence, l’actualité populaire, c’est la crise sanitaire, qui est le reflet d’une immense crise écologique, et qui annonce au passage une crise économique de grande ampleur.

L’actualité, qu’on le veuille ou non, n’est pas d’aller au musée ou de faire la fête en boîte, mais d’assumer que l’humanité est à un tournant et que le covid-19 est un symbole de ce tournant. C’est l’aspect principal et il faut avoir le sens des priorités.

La situation est grave et douloureuse pour les artistes et les acteurs du spectacle et de la fête. Mais ce serait une erreur de croire que tout va devenir comme avant en se contenant de demander à l’État d’accélérer les choses par une meilleure « gestion » et surtout d’allonger la monnaie.

Les artistes, et le monde de la culture en général, n’avanceront qu’en assumant l’ampleur de la tâche à laquelle est confrontée l’humanité. L’humanité doit faire face à une pandémie dramatique, qui n’est en même temps qu’un aspect minuscule d’une crise écologique absolument gigantesque !

Alors, soit il y a l’art et le monde de la culture pour donner de la dimension à tout cela, pour aider l’humanité à se tourner vers la nature et saisir les problèmes à bras le corps, dans une perspective positive et constructive. Soit chacun reste campé sur ses positions et se rattache au « monde d’avant », et alors les années à venir seront celles d’une immense chaos… au milieu d’une guerre mondiale pour le repartage du monde.

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Société

Covid-19: est-ce le cabinet américain McKinsey qui gouverne la France?

C’est le reflet de la décadence de l’appareil d’État français, incapable de gérer le processus de vaccination : un cabinet de conseil américain a été payé pour l’aider… c’est-à-dire pour décider.

Le cabinet de conseil américain McKinsey est une entreprise très importante du capitalisme mondial, étant utilisé par la grande majorité des 200 principales entreprises mondiales. Un cabinet de conseil a comme rôle de fournir des cadres pour les appareils des entreprises, lorsque celles-ci font face à un problème qu’elles n’arrivent pas à résoudre. C’est ce qu’on appelle également le consulting. Tout cela a un coût bien entendu, McKinsey ayant un chiffre d’affaires annuel de pratiquement huit milliards de dollars.

Le gouvernement français a fait appel à ce cabinet de conseil, en raison de sa propre incapacité à cerner les aspects du processus de vaccination. Cela signifie qu’aucun haut fonctionnaire français n’a été considéré comme à la hauteur pour diriger et mener un processus d’analyse de la question. Il faut également noter que McKinsey siphonne dans la pratique les plus grandes écoles d’ingénieur français, y compris Polytechnique. Ainsi, le personnel qui auparavant aurait relevé de l’appareil d’État sont aspirés par les grandes entreprises – ou plus exactement les monopoles.

Ces monopoles prennent en partie le dessus sur les États, en raison de l’incroyable volume d’accumulation capitaliste et donc de leur énorme poids. Les cadres des monopoles sont alors d’un meilleur niveau que ceux des États, en raison des salaires, du prestige, des facilités matérielles, etc. C’est un phénomène d’une gravité exceptionnelle et en même temps quelque chose de tout à fait logique dans le capitalisme.

Le gouvernement français a concrètement fait appel à McKinsey depuis début décembre au moins ; le Canard enchaîné a même révélé que c’était le représentant français du cabinet de conseil, Maël de Calan, qui avait expliqué en quoi consistait la stratégie gouvernementale anti-covid 19 lors d’une visioconférence le 23 décembre 2020 à laquelle participaient le ministre de la Santé Olivier Véran, les directeurs des Agences régionales de santé, les directeurs d’hôpitaux sélectionnés pour démarrer la campagne.  

McKinsey s’occupe plus spécifiquement de « la définition du cadre logistique », de « l’établissement d’un benchmarking logistique avec d’autres pays », de « l’appui à la coordination opérationnelle du groupe de travail ».

On ne voit nullement là quelque chose de si complexe que des hauts fonctionnaires français ne puissent réaliser. Encore faut-il qu’ils soient à la hauteur culturellement et qu’on leur fasse confiance. Le gouvernement français a considéré que non, préférant la consommation de consultants et également, de ce fait, une absence de prise de responsabilité étatique. Car dans les faits le rôle de l’État a été remis à McKinsey.

C’est à la fois une mentalité d’entreprise – typique d’Emmanuel Macron pour qui l’État c’est une sorte d’interface aux entreprises et aux gens – et un terrible aveu d’échec. L’appareil d’État ne fait plus le poids face aux grands défis. C’est la preuve d’un changement d’époque, du fait que l’État doit être remplacé par la démocratie du peuple, une démocratie qui ne peut exister qu’en ayant arraché le pouvoir aux monopoles.

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Politique

L’État avoue enfin son fichage politique

De vaines protestations reprochent à l’État de vouloir ficher les opinions. Comme s’il ne le faisait pas déjà !

Il existe depuis quelques semaines une sorte de tourmente quant à la possibilité pour la police et la gendarmerie de ficher certaines données des personnes. On parle ici plus précisément des opinions politiques, des convictions philosophiques et religieuses, des appartenances syndicales. La raison donnée est la sûreté de l’État.

Il y a beaucoup de protestations contre un projet gouvernemental en ce sens, mais lundi 4 janvier 2020 le Conseil d’État a validé le tout, après avoir été saisi notamment par le Syndicat de la magistrature, le Syndicat des avocats de France, la CGT, la CGT-FO, la FSU… qui n’ont pas apprécié le concept de « de porter atteinte à l’intégrité du territoire ou des institutions de la République».

En pratique, on a ainsi :

– le Pasp (prévention des atteintes à la sécurité publique) de la police concernant 60 686 personnes ;

– le Gipasp (gestion de l’information et prévention des atteintes à la sécurité publique) des gendarmes concernant 67 000 personnes ;

– l’EASP (enquêtes administratives liées à la sécurité publique) concernant 221 711 personnes.

Après, il faut être sérieux. Il est évident que l’État fiche déjà les opinions politiques, les convictions philosophiques et religieuses, les appartenances syndicales. L’État n’a également certainement pas attendu cette mesure gouvernementale pour siphonner toutes les publications des réseaux sociaux, tous les commentaires, photos et autres. Il a toujours fait cela, de par sa définition même.

Naturellement, il y a une grande hypocrisie à ce sujet. En Allemagne, il n’y a pas une telle hypocrisie : chaque année, chaque région publie son résumé détaillé des activités des « extrémistes », assumant directement de ficher leurs membres. En France il est pareillement fait, sauf que ce n’est pas ouvertement dit, surtout depuis que les « renseignements généraux » sont censés avoir disparu en 2008.

Ne pas le dire aide à maintenir la fiction d’un État qui serait à l’écart, dépassé, etc. L’État français a en effet la ligne de la désescalade. Il surveille, infiltre, laisse faire, cherche à pourrir de l’intérieur… visant à éviter toute répression ouverte. L’État allemand joue quant à lui la démolition, il perquisitionne massivement, comme en août dernier contre le groupe « Construction rouge » avec 22 personnes arrêtées pour… vandalisme, dans le cadre de perquisitions avec 200 policiers armés jusqu’aux dents.

L’État français préfère lui laisser vivoter les « extrémistes », les maintenir isoler et inconnus, visant à leur épuisement. Il est ainsi risible de parler de violences policières en France alors que cette stratégie de la désescalade est complète et traditionnelle ; on l’a vu en 1968 où il n’y a pas eu de morts (du moins officiellement, en réalité il y a quelques « accidents de la route » en plus) ; on la voit de manière flagrante dans toutes les manifestations des vingt dernières années, etc.

Cela tient beaucoup à la force des centristes en France, avec les radicaux et la franc-maçonnerie, les républicains de gauche… bref toute une scène visant à « neutraliser » les conflits sociaux, tout ramener dans une neutralité tranquille, maintenir une ambiance libérale et pacifiée, etc.

Qu’on ne parle pas des gilets jaunes : ceux-ci ont été des petits-bourgeois hystériques se comportant avec une agressivité forcenée et nihiliste et ils ont plusieurs fois provoqué des destructions significatives dans Paris. Dans tout autre pays ils se seraient tous fait démolir par les forces de l’ordre et condamner à plusieurs années de prison ! La « répression » contre les gilets jaunes relève de la fiction petite-bourgeoise qu’eux-mêmes alimentent.

Et il en va de même pour les protestations aberrantes contre une loi qui ne fait que révéler ce qui se fait. L’État surveille tout, c’est sa fonction. Il a des listes et il sait qu’en cas de crise importante, il doit utiliser ces listes pour empêcher tout risque à l’opinion publique. Il est bien connu que le gaullisme avait ses listes d’activistes de la Gauche à emprisonner en urgence dans un stade : si l’on croit qu’une telle liste a disparu, c’est qu’on ne comprend rien à ce qu’est l’État.

Gouverner, c’est prévoir. Les contestataires contestent, les révolutionnaires veulent la révolution et par conséquent gouverner c’est connaître ceux-ci et envisager ce qui peut se passer. C’est une évidence même. Aux gens de Gauche d’être assez intelligents pour ne pas étaler tout et n’importe quoi n’importe comment.

Ce qui pour beaucoup, de par leur ego, est impossible. Quand on s’imagine que maintenant on trouve sur Twitter et Facebook des gens montrant même que, ô miracle, ils ont collé des affiches ou bien écrit quelque chose sur un mur… et qui présentent cela comme un coup d’éclat ! Dire qu’ils s’imaginent que c’est du « militantisme de terrain » comme ici sur cette image (pour « une société plus juste » qui plus est, peut-on faire plus creux).

Sacrée image où ce qui est banal est un événement parce qu’il faut bien satisfaire l’ego et son culte. C’est certain que pour ces gens-là, tout est fictif, car l’État les surveille et eux-même le savent. C’est du théâtre. De vrais contestataires n’iraient surtout pas raconter ce qu’ils font, afin de se préserver au maximum de la surveillance étatique.

Tout cela est surtout la preuve qu’on vit une époque délirante, où il y a de la fiction vraiment partout dans la société. L’État abandonne une partie de celle-ci en assumant qu’il fiche : tant mieux, au moins c’est autant de clarté en plus !

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Politique

Deux tribunes absurdes anti-confinement à gauche

Surfant sur la dynamique petite-bourgeoise anti-confinement, deux tribunes se revendiquant de la Gauche dénonce le confinement comme une manœuvre politique sans fondement.

Ce sont deux étranges tribunes, extrêmement offensives, qui dénoncent le confinement avec les mêmes arguments que l’ultra-gauche ces dernières semaines. Le second confinement reposerait sur un mensonge gouvernemental, le but serait de faire peur, d’instaurer un État pratiquant une surveillance généralisée, décidant par en haut, etc.

C’est de la paranoïa petite-bourgeoise tout à fait traditionnelle, avec la dénonciation de l’État, des décisions centralisées, des mesures collectives, avec une lecture complotiste où les mesures relèveraient d’une opération machiavélique, avec un agenda caché, etc.


La tribune Le confinement constitue un remède pire que le mal pour la société française, parue sur Regards.fr

C’est une longue tribune, signée par des gens relevant de la bourgeoisie intellectuelle: professeur d’université, maître de conférence d’université, médecin, psychiatre, chercheur au CNRS, biologiste, vétérinaire, etc.

Ces 350 signataires disent que le reconfinement a été prévu depuis des mois, qu’on a un alarmisme qui est une construction intellectuelle afin de faire peur, que les arguments pour le reconfinement seraient un délire, que la démocratie serait mise entre parenthèses, etc.

La tribune En finir avec l’état d’urgence et d’exception, publiée par Libération

Cette tribune est portée par quelques personnes seulement, avec notamment le député LFI et ultra-populiste François Ruffin, Lenny Benbara qui est fondateur du think tank Institut Rousseau, William Bouchardon qui est responsable de la rubrique Économie du Vent se lève.

Là encore il est dénoncé une atteinte aux libertés publiques, avec des décisions par en haut donc mauvaises, pour une situation accentuant qui plus est les inégalités sociales.


On croit rêver à lire ces tribunes. Le capitalisme veut évidemment faire tourner la machine à plein régime, donc il ne veut certainement pas de nouveau confinement. S’il le fait, c’est qu’il n’a pas le choix – et d’ailleurs il le fait mal. Il n’y a pas trop de confinement, il n’y en a pas assez. Mais pour les petits-bourgeois, l’ennemi c’est l’État, donc celui-ci a toujours tort, et en même temps il faut toujours se tourner vers lui pour obtenir de l’aide. D’où cette démagogie sur les libertés publiques, les décisions par en haut, etc., comme si toutes les décisions n’étaient pas prises par en haut depuis longtemps !

Dans la situation de crise sanitaire que l’on connaît, il faut se souvenir de ces deux tribunes, car bientôt leur caractère scandaleux sautera aux yeux, leur caractère petite-bourgeois sera évident et sera source de leçons. On verra aisément qu’il s’agissait de démarches anti-collectivistes, anti-populaires, d’expressions de terreurs devant les nécessaires décisions à la fois étatiques et populaires.

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Covid-19 début novembre 2020: la révolte bourgeoise contre le semi-confinement

Au mois de mars 2020, Emmanuel Macron n’avait pas osé employer le termes de confinement. Il a finalement utilisé le mot fin octobre, mais pour ce qui s’avère n’être qu’un demi-confinement, absolument pas à la hauteur de la situation sanitaire. Cela n’empêche pas l’agitation bourgeoise, et particulièrement petite-bourgeoise, qui trouve que c’est encore trop.

L’actualité française est ainsi littéralement polluée par la révolte des commerçants et chefs d’entreprises voulant à tout prix ouvrir et faire leurs petites affaires. Cela ne les intéresse pas que la deuxième vague de covid-19 déferle sur la France, avec une augmentation continue du nombre de personnes en réanimation (+75 samedi 31 octobre 2020 par rapport à la veille), avec en tout 23 153 personnes hospitalisées. Les affaires sont les affaires, peu importe les malades et les morts, voilà ce que pensent ces partisans acharnés du capitalisme, qu’ils soient petits ou gros.

Partout dans le pays, fleuristes, vendeurs de jouets ou de vêtements, libraires, bijoutiers, parfumeurs, chefs d’entreprises en tous genres, s’indignent d’être considérés « non essentiels », alors qu’effectivement ils ne relèvent pas d’une activité essentielle si l’on veut vraiment arrêter la circulation du coronavirus. Mais ils ont un tel poids en France qu’ils vont bientôt obtenir de nombreuses concessions, de la part d’un gouvernement qui, de toutes manières, n’est pas en mesure d’assumer un combat à la hauteur contre l’épidémie, préférant le capitalisme à la santé de la population, préférant les patrons aux avis des médecins et hospitaliers.

Dimanche premier novembre, ce sont donc les syndicats des commerçants, de la grande distribution, ainsi que le Medef qui sont accueillis à Matignon par le premier ministre afin de faire entendre leurs exigences. Le gouvernement est littéralement terrorisé par cette colère bourgeoise, qui est bien entendue portée par la Droite.

Des manifestations sont déjà prévues partout en France par des « artisans et commerçants » contre les mesures sanitaires, comme à La Flèche ou à Gap. Des maires de villes comme Yerres, Les Herbiers, Perpignan, Chalon-sur-Saône, Brive-la-Gaillarde, Saint-Calais, relevant tous de la Droite ou d’extrême-Droite, ne se sont pas gênés pour prendre des arrêtés municipaux autorisant l’ouverture de commerces interdits. Et les exemples sont multiples partout dans le pays. Ces arrêtés n’ont aucune valeur juridique, mais la pression est énorme, ébranlant la base même de l’autorité centrale de l’État français.

Cela ne concerne pas seulement les petits capitalistes, puisque les grandes enseignes comme Boulanger et le groupe Fnac-Darty se sont arrogées le droit d’ouvrir, alors que les groupes Auchan et Monoprix ont annoncé qu’ils allaient eux-même accueillir dans leurs magasins des petits commerçants interdits… La bourgeoisie est pratiquement à l’unisson pour mener une fronde anti-démocratique contre les mesures sanitaires.

La pression est tellement forte que Philippe Laurent, le maire de droite de Sceaux, président de l’association Centre-Ville en Mouvement, menace directement l’État d’une contestation de grande ampleur :

« S’il n’y a pas d’assouplissement des mesures d’ici le milieu de semaine prochaine, le gouvernement devra gérer 10 000 arrêtés de maires. Ce sera la fronde ! Et cela laissera de la rancœur. D’autant que les habitants sont derrière les commerçants… »

La Droite est clairement et ouvertement à l’offensive en France, d’autant plus qu’elle est galvanisée par la question islamiste depuis plusieurs jours. Il faut vraiment s’attendre à ce que la déferlante de Droite, voire d’extrême-Droite, soit énorme dans les semaines et mois à venir.

En face, il faudrait toute la solidité de la Gauche, assumant d’une main de fer l’intérêt de la collectivité et des mesures collectives. Le problème, c’est que cette Gauche est pour l’instant aux abonnés absents, avec dans ses rangs tout un tas d’usurpateurs allant dans le même sens que la Droite, avec en toile de fond le libéralisme libertaire économique et culturel.

On a ainsi le PCF, qui défend les grandes surfaces françaises au prétexte de critiquer le monopole américain Amazon, dans une logique sociale-chauvine. On a ainsi Johana Rolland, la maire « socialiste » de Nantes et présidente de l’association des métropoles France urbaine, qui réclame comme la Droite « l’équité de traitement entre commerces de proximité et grandes surfaces ».

La situation est pourtant simple et ce qu’il faut est très clair : seul un confinement strict de la population est en mesure d’enrayer la circulation accrue du virus dans l’état actuel des choses. Mais pour cela, il faut assumer que la collectivité s’impose sur le capitalisme ; c’est précisément le rôle historique de la Gauche d’assumer cela contre la Droite. Une Gauche électoraliste composée de gens des couches supérieures de la société ne peut pas saisir cela.

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Société

Octobre 2020: un confinement étatique en raison d’une société passive et au bord du nihilisme

L’État est obligé de prendre des mesures face à la crise sanitaire, car la société est fragmentée, déstructurée, incapable d’une action collective.

Emmanuel Macron prendra la parole le 28 octobre 2020 au soir, mais déjà tous les médias distillent depuis plusieurs jours un message simple : un confinement est inévitable. Il ne sera pas massif comme le premier, alors qu’il devrait l’être, mais tel en ont décidé les intérêts capitalistes. Encore est-il que le capitalisme exige une certaine consommation également et là dans tous les cas la machine est sacrément enrayée.

On sait déjà que ce nouveau confinement n’apportera pas une certaine nouveauté, voire pour certains un certain romantisme du temps qui passe plus lentement. Le stress ayant traumatisé les uns contaminera cette fois également les autres. Cette fois, en effet, il apparaîtra clairement que la crise sanitaire est installée, que l’humanité n’en voit pas le bout.

Les comportements nihilistes et antisociaux, déjà si présents jusque-là, vont se systématiser alors que les tensions sociales (improductives) vont se multiplier. C’est la fin d’une civilisation et le sentiment de déception de classes moyennes aigries vont donner une teneur particulièrement mauvaise à une ambiance déjà délétère.

On voit, dans une telle situation, comment la société française n’est prête à rien, comment elle est passive, recroquevillée. Et comme les Français n’ont pas voulu se bouger, ils vont chercher un bouc-émissaire et déléguer les responsabilités à un sauveur : c’est l’espoir du général Pierre de Villiers, prêt à se poser en nouveau Bonaparte, Napoléon III, Boulanger Pétain, De Gaulle…

Il faudra sans doute en passer par là pour que la société se bouge, avec comme moteur la classe ouvrière qui doit littéralement réorganiser celle-ci. On voit mal comment, en effet, une telle société est prête à quoique ce soit. On a les plus grands défis que l’humanité ait connu qui se posent dans les décennies à venir et on ne s’en sort pas du triptyque divertissement – consommation – soumission aliéne au travail salarié.

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Le capitalisme va pourtant vouloir la guerre et il va donc façonner les Français à partir de ce nihilisme. Cela va impliquer une crise morale générale, une crise culturelle, une crise idéologique sans pareil. La France va, dans les faits, connaître cet effondrement intérieur qu’ont connu l’Allemagne et l’Italie au début du 20e siècle. C’est une crise qui touche tous les aspects d’un pays à bout de souffle et dont tout un parcours se termine.

Ce qui va se passer peut se résumer simplement également : la France va vouloir maintenir ses rêves impériaux, les Français passés au nihilisme vont suivre, puis tout va s’effondrer et une démocratie nouvelle portée par la classe ouvrière va surgir. Quelle sera la nature de cet effondrement, là est le dramatique problème ; quant aux problèmes sur la table pour préparer un changement positif, ils sont immenses et nécessite un haut niveau de culture.

C’est là encore une résonance de la situation des années 1920-1930 : on est dans la bataille pour la culture. On n’est de fait plus au seuil des années de crise, on est en plein dedans. Et dans ces spasmes historiques, la société nouvelle, socialiste, doit se forger en balayant l’ancien monde. C’est un vaste programme, le seul qui corresponde à notre époque, et aussi marginal que ce point de vue puisse encore sembler être aujourd’hui, l’Histoire en accélération en fera son actualité demain.

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Société

Les réactions anti-couvre-feu de la «gauche» libérale-libertaire

Tout sauf les décisions à portée collective ! Tel est le credo d’une partie de la Gauche passée dans le camp d’un mélange de populisme, d’anarchisme, de vision plébéienne de l’Histoire.

En temps de crise, on ne peut plus faire semblant, car chaque point de vue compte, chaque opinion sur chaque sujet a forcément une grande importance et de grandes implications. On dévoile forcément sa vraie nature et les organisations et individus politiques expriment forcément leur nature.

La question du couvre-feu est ainsi très révélatrice, avec les petits-bourgeois hystériques et les bourgeois relativistes qui ne veulent pas en entendre parler. Les premiers sont en général « de gauche », les seconds étant de droite et l’assumant, en tous cas culturellement. Au contraire, la dynamique populaire est de penser que le couvre-feu est bien la moindre des choses, avec cette particularité propre aux grandes villes qu’une partie significative des gens ne se soucie absolument pas du virus et s’amasse dans les bars et soirées.

Il ne faut pas se leurrer, si Emmanuel Macron décrète un couvre-feu dans la plupart des grandes villes, c’est qu’il y a à la base une grande pression populaire en faveur de mesures sanitaires. Cela sous-entend non pas qu’il en fasse trop, mais bien au contraire qu’il n’en fasse pas assez. Le peuple veut un État ayant son ampleur, capable d’envergure.

La France de 2020 n’est plus la France arriérée du 20e siècle et il est hors de question pour la population de laisser filer un virus dévastateur, ni de laisser les services de santé se faire déborder à nouveau. L’État doit être à la hauteur du peuple, de la vie du peuple.

Les petits-bourgeois « de gauche » n’en ont rien à faire de cela et ils s’imaginent que le gouvernement agirait par « totalitarisme ». L’auteur de prédilection pour ces gens est George Orwell et nombreux sont ceux à avoir cité son roman 1984, à l’instar d’Olivier Besancenot :

Cependant, le meilleur représentant de cette France petite-bourgeoise, s’imaginant de gauche et très radicale, est Jean-Luc Mélenchon, qui associe le couvre-feu à un fait du Prince, en dehors de toute rationalité sur la crise sanitaire elle-même :

« 60 % des contaminations ont lieu au travail ou à l’école ou à l’université entre 8h et 19h. Mais Macron interdit les sorties au bar et au restau entre 20h et 6h. Bienvenue en Absurdie. »

Jean-Luc Mélenchon confond ainsi clusters connus et contamination, mais là n’est pas la question : rien que le ton le disqualifie. On est dans le populisme, dans l’appel à la révolte plébéienne contre les puissants qui mentiraient de manière totale, qui viseraient à la manipulation des consciences, à anéantir les libertés individuelles, etc.

On a évidemment la même rengaine du côté d’EELV, sur le mode de la critique du « totalitarisme » avec David Cormand, qui reprend tous les arguments de la Droite sans même le remarquer :

« Le « couvre-feux » a-t-il vocation à confiner aussi notre Démocratie? La légèreté avec laquelle le Gouvernement se joue des piliers sur lesquelles reposent un État de Droit: libertés individuelles, droits fondamentaux, élections,… est sidérante et effrayante. »

Notons cependant qu’EELV sait garder les pieds sur terre, de part sa quête électoraliste, et exprime dans un communiqué son soutien au couvre-feu, bien que de manière timorée.

François Ruffin s’est également parfaitement illustré dans l’hystérie anti-« Macron », qui serait maintenant un « maton » … :

« Le couvre-feu pour couvrir leur nullité. Plutôt que de prévoir et d’agir depuis le printemps, Macron, en maton, nous enferme. Combien de temps serons-nous victimes de leur incompétence ? »

On notera également le ton volontairement beauf et franchement irrationnel qu’il a utilisé à l’Assemblée nationale :

« Vous êtes capable de nous interdire d’aller pisser à plus d’un kilomètre de chez nous pendant le confinement, de nous interdire de mettre un pied dehors après 21h aujourd’hui. Face aux citoyens, vous êtes des lions. Mais face à Amazon et Bridgestone, vous êtes des paillassons. »

On est là dans la démagogie la plus complète, visant à opposer le « petit homme » aux puissants, comme le faisaient les démagogues d’extrême-Droite dans les années 1930.

On retrouve forcément le même discours et le même ton du côté de Médiapart, qui présente ainsi son article contre le couvre-feu :

« Macron préfère fliquer la population, la mettre en fiches, assassiner des secteurs entiers de notre économie (culture, restauration, etc.), plutôt que de rouvrir des lits d’hôpitaux et d’engager du personnel soignant. On interdit les sorties le soir au théâtre, au restau, chez des potes, mais on s’entasse dans le métro aux heures de pointe. Ferons-nous le deuil de tout ce qui nous fait vivre ? »

Cnews dit exactement la même chose. En fait, les remarques de ce genre sont légions dans la petite-bourgeoisie, avec souvent le prétexte d’autre chose qui est pris pour refuser le couvre-feu, par exemple avec Marguerite Stern :

« Imposer un #couvrefeu à tout le monde pour contrer le covid bof. Par contre imposer un couvre feu aux hommes et limiter leurs déplacements pour que les femmes puissent marcher dans la rue sans subir leurs agressions je dis oui. Mettons fin à la pandémie patriarcale. »

N’importe quoi ! Ou encore avec Nathalie Arthaud, pour un véritable cliché :

« Macron lance un nouveau contre-feu pour masquer la destruction de l’hôpital public. La seule liberté à laquelle Macron ne veut pas s’attaquer c’est le droit des patrons à exploiter les travailleurs. Pour les travailleurs tout sera interdit sauf le droit d’aller bosser ».

On remarquera d’ailleurs le caractère incohérent de l’argument. S’il est juste de vouloir plus de moyens pour l’hôpital public, cela n’est pas une raison pour ne rien faire et laisser des vagues importantes de malades être hospitalisées ; les séjours en réanimation ne sont pas une cure de jouvence et on sait très bien que le covid-19 touche durement y compris de nombreuses personnes n’ayant pas forcément besoin d’aller à l’hôpital.

On a la même chose du côté de Laurent Brun de la CGT cheminot, très proche politiquement de la ligne du PRCF, qui avec une blague potache appelant à manifester à l’heure du couvre-feu parle « d’enfumage » pour sous-entendre que le couvre-feu ne sert à rien :

« Bon ben prochaine manif à 21h ! Y’en a marre de ces conneries ! On veut une vraie stratégie de prévention sanitaire avec des tests efficaces, des moyens pour l’hôpital, des mesures pour l’école et les travailleurs. Pas de l’enfumage ! »

Tout cela est de l’hystérie petite-bourgeoise et ces personnes peuvent immédiatement arrêter de faire de la politique : jamais les gens ne leur confieront les clefs de l’État. Mais il est vrai que ces personnes ne veulent pas les clefs de l’État, ils veulent seulement protester, s’agiter.

Alors, à rebours de ces pérégrinations petites-bourgeoises, on a des figures politiques qui savent très bien où elles mettent les pieds. Ainsi, on a une Martine Aubry, qui n’est pas née de la dernière pluie et sait très bien que ce serait anti-populaire de critiquer le couvre-feu, alors elle assume franchement :

« Face à l’augmentation de la circulation du COVID 19 en France et à Lille, nous devons appliquer les mesures annoncées par le Président de la République, même si nous aurions préféré un couvre-feu plus tard le soir. Nous devons tous respecter ces règles. »

Eh oui, tout le monde aurait préféré autre chose, mais il faut ce qu’il faut. Cela ne plaît pas aux beaufs, cela ne plaît pas à ceux dont l’horizon politique est le libéralisme-libertaire, mais c’est ainsi !

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Covid-19: un hiver long et douloureux en perspective

Si certaines personnes en doutaient encore, maintenant c’est entendu : nous n’en avons pas fini avec la pandémie de Covid-19 et les mesures sanitaires vont s’amplifier. Le couvre-feu annoncé par Emmanuel Macron dans la capitale et huit métropoles n’est qu’un prélude ; la France entame une nouvelle phase de la crise sanitaire.

Emmanuel Macron a décrété à nouveau l’état d’urgence sanitaire, qui entrera en vigueur samedi 17 octobre 2020. La principale mesure pour l’instant est la mise en place d’un couvre-feu en région parisienne et dans huit métropoles : Lille, Rouen, Lyon, Saint-Étienne, Grenoble, Aix-Marseille, Montpellier et Toulouse. Les sorties, sauf motifs légitimes, y seront interdites entre 21h et 6h du matin avec l’idée évidente d’empêcher au maximum les interactions sociales, notamment dans la jeunesse.

Pour les 47 millions de Français qui ne sont pas encore concernés par le couvre-feu, il est également fait appel à la responsabilité collective. Il s’agit de faire des « bulles sociales », en se limitant systématiquement à des groupes de 6 personnes, dans la rue, à table, etc., pour limiter les contacts.

On pourra dire ce qu’on veut, en critiquer la forme ou les détails, tout cela est en tous cas nécessaire au regard de l’accélération de l’épidémie en France, qui relève clairement d’une seconde vague. Près de 23 000 nouveaux cas et 104 décès ont été recensés pour la journée du 14 octobre et les services hospitaliers sont à nouveau très chargés (1673 réanimations pour 9194 personnes hospitalisées en tout). Partout dans le pays, et pas seulement dans les villes en alerte maximum, les services hospitaliers déprogramment des opérations pour faire de la place à la vague de nouveaux malades attendus.

Pas question de toucher à l’économie cependant, alors Emmanuel Macron a bien précisé qu’aucun confinement ni télétravail imposé n’était à l’ordre du jour. Il va donc falloir continuer à faire tourner la machine capitaliste à plein régime, mais plus question de s’amuser, de voir de la famille, des amis, de sortir, etc. Cela va être très lourd psychologiquement, car cela signifie que la crise sanitaire s’installe durablement et profondément dans la vie quotidienne et que celle-ci va être à nouveau complètement bouleversée, pour longtemps.

La première vague et le confinement n’avaient été considérés par la plupart des gens que comme un épisode passager et d’ailleurs le relâchement avait été terrible dès le printemps, puis pendant l’été. On paye actuellement le comportement de toute une partie du pays, notamment dans la jeunesse, qui n’a pas suffisamment joué le jeu, voire pas du tout pour certains.

On paye également l’incapacité de l’État à organiser le dépistage, avec des délais pour les tests et de campagnes de suivis des cas contacts qui sont désastreux, particulièrement en région parisienne.

Toujours est-il que les faits sont là et face à des chiffres indiscutables, le gouvernement est maintenant obligé de frapper fort, ou en tous cas relativement fort, pour tenter de limiter les dégâts. Emmanuel Macron espère pouvoir empêcher un nouveau confinement, qui mettrait définitivement par terre le capitalisme alors que la crise économique, si elle ne semble pas encore très visible, est déjà au cœur des préoccupations des personnes ayant un regard sérieux sur les choses.

Il est difficile de savoir comment les nouvelles mesures seront respectées, organisées, surveillées. Ce qui est certain par contre, c’est que cela va profondément chambouler la vie du pays et particulièrement la vie culturelle, qui est déjà affectée de manière dramatique depuis mars derniers. Après un printemps étrange et un été vécu qu’à moitié, la France se dirige maintenant vers un hiver long et douloureux. C’est une étape de plus dans un changement complet d’époque.

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Semi-confinement de la mi-octobre 2020: la Droite folle de rage

L’État a coupé la poire en deux : on confine sans confiner, afin de préserver la machine capitaliste dans son essentiel. Pour la Droite, c’est déjà trop.

Comment affronter une crise sanitaire aussi grande alors qu’une chose comme la chaîne Cnews existe ? Jean-Marc Morandini, Eric Zemmour, Pascal Praud… sont le contraire des Lumières et de la Raison. Ce sont des gens très intelligents assumant de nier toute référence intellectuelle et culturelle, afin de faire triompher un populisme de Droite strictement équivalent à celui de Donald Trump.

Et, également de Benito Mussolini, d’Adolf Hitler et de tous les démagogues de la Droite la plus nationaliste, car ce gens ne proposaient pas un « totalitarisme » avec un programme, mais balançaient des idées à tort et à travers afin de manipuler les masses, réduites au rang de foules.

C’est le règne de l’anecdote, de la remarque à l’emporte-pièces. C’est le principe de la démagogie, de la vindicte irrationnelle, des accusations sans preuves, où le « bon sens » est censé s’exprimer, représenter un peuple bâillonné, etc. Les intellectuels de la télé-spectacle contribuent au renforcement d’une logique anti-intellectuelle, anti-culturelle, avec un appel à refuser la complexité, à agir à l’instinct, à l’élan vital ?

Comment une société, travaillée au corps par de tels populismes, de telles outrancières simplifications, de tels mensonges, peut-elle affronter les faits ? Comment combattre une crise sanitaire tant que la Droite agit avec vigueur ?

La Droite a deux lignes : tout d’abord, relativiser, en disant qu’il y a peu de morts et que la continuité de la société doit primer sur tout le reste. Ensuite, dénoncer toutes les mesures en les accusant d’être mal faites, en assumant ou pas le refus des mesures, au nom de l’efficacité, des droits individuels, etc.

C’est très difficile à combattre, car c’est totalement opportuniste. Ce style a contaminé d’ailleurs de larges secteurs de la population française : en effet, pour beaucoup de gens, agir, c’est faire du rentre-dedans, comme les syndicalistes de la CGT, les gilets jaunes, les énergumènes d’ultra-gauche sur Twitter, etc.

On est dans la surenchère, comme Stéphane Manigold, restaurateur et porte-parole de « Restons ouverts », expliquant sur Cnews qu’Emmanuel Macron ne comprend rien à l’économie. Ces propos n’ont aucun sens, mais ils sont véhiculés médiatiquement, touchant des dizaines, des centaines de milliers de personnes, formant des accumulations de stupidité.

Avec le semi-confinement annoncé le 14 octobre par le président Emmanuel Macron, la Droite a encore un boulevard. S’il y a un vrai confinement, la dimension collective écrase l’individualisme. Là, c’est un semi-confinement, qui n’assume pas la collectivité et qui laisse par conséquent des espaces énormes pour les protestations au nom des libertés individuelles, des « petits » entrepreneurs (en réalité des petits gros entrepreneurs, possédant plusieurs commerces), les traditions françaises, etc.

C’est la révolte petite-bourgeoise contre les « technocrates », « l’oligarchie », les « ploutocrates », etc., ce qui est évidemment une opération visant à masquer la bourgeoisie et le capitalisme, pour forcer la base populaire à se mettre à la remorque de la petite-bourgeoisie dans sa bataille pour arracher des miettes aux classes dominantes.

Cette tendance à « cracher » sur « ceux d’en haut » de manière populiste, sans réflexion, est une voie de garage. Il faut un accompagnement idéologique et culturel par la Gauche à toute révolte, lutte, protestation, afin d’élever le niveau, de faire aboutir de manière correcte toute révolte, lutte, protestation. Seule la Gauche lit en effet les choses historiquement, voit la direction à prendre.

Cet accompagnement ne peut évidemment pas venir de l’extérieur, seulement de l’intérieur. C’est un travail immense et il faut recomposer la Gauche historique pour la mener à bien… Avant que la Droite ne dévie toute la contestation, contribuant au succès du Fascisme.

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Société

Deuxième vague covid-19: on s’enfonce dans la catastrophe

La seconde vague de covid-19  est bien là dans le pays, avec un taux de positivité, principal indicateur de la reprise épidémique, qui ne cesse de grimper. Dans certaines zones, les services hospitaliers commencent à être sous pression, alors que l’État s’enfonce dans sa propre décomposition dans un pays en pleine pagaille organisationnelle…

Au premier jour de confinement, le mardi 17 mars 2020, la France comptait 1 097 nouveaux cas pour 699 personnes en réanimation et 27 décès. Alors qu’on recense un peu plus de 5 000 lits de réanimation dans le pays, on comptait au soir du dimanche 27 septembre 11 123 nouveaux cas (14 412 samedi) avec 6 235 hospitalisations, dont 1 112 en réanimation. Sur les sept derniers jours, on compte 376 décès.

Avec un taux de positivité de 7,2 %, soit le nombre de tests positifs sur l’ensemble de ceux effectués, la France s’enfonce dans ce qu’on doit considérer, d’une manière ou d’une autre, comme une seconde vague. En tenant compte de la pression sur le système hospitalier, on estime qu’un taux de positivité de 10 % nécessite un nouveau confinement de la population. Par exemple à Aix-Marseille, ce sont 40 % des lits de réanimation qui sont occupés par des malades du covid-19 (113 personnes pour 281 lits).

La crise sanitaire s’abat sur le pays, sans que rien ne s’active réellement dans l’organisation et la préparation de celle-ci. Cela est d’autant plus inquiétant qu’une étude publiée dans « Physics of fluids » montre que la transmission du coronavirus est facilitée par l’humidité, l’automne étant précisément marquée par de telles conditions météorologiques.

Il n’y a pourtant aucune fermeté dans l’action de l’État, et cette absence de fermeté n’est que le reflet de la pagaille d’un régime coupé de la société. Car, si les uns disent que les mesures visant à limiter voir à fermer bars, restaurants, salles de sports, sont de « trop », d’autres comme Patrick Bouet, président de l’Ordre des médecins, pensent l’inverse. Voici ce que ce médecin a dit au Journal du Dimanche :

« Mercredi, (le ministre de la Santé) Olivier Véran a choisi un langage de vérité mais il n’est pas encore allé assez loin. Il n’a pas dit que, si rien ne change, dans trois à quatre semaines, la France va devoir affronter, pendant plusieurs longs mois d’automne et d’hiver, une épidémie généralisée sur tout son territoire »

Il a ajouté très justement que l’été aurait du être le moment de « mettre en œuvre un processus de retour d’expérience », avec « des réunions au ministère de la Santé avec tous les acteurs de la crise ». Par ces propos, Patrick Bouet confirme bien que l’État est dépassé, qu’il représente quelque chose de complètement déliquescent.

Mais est-ce vraiment étonnant si l’on se souvient qu’au mois de juin, Jean-François Delfraissy, président du Conseil Scientifique affirmait qu’il fallait laisser « les choses s’ouvrir, les gens vivre, mais en respectant les mesures barrière » ? N’appelait-il pas à dissoudre ce même Conseil scientifique ? Comment faire confiance au ministre de la santé, Olivier Véran, qui dit en réponse à un éventuel re-confinement « anticipé » pour assurer les fêtes de fin d’année :

« Je ne suis pas fana de la prédiction, mais de l’anticipation (…) Je ne me projette pas dans deux mois, mais au jour le jour ».

Cela dit, le pays est incapable de se saisir pour prendre en main les questions d’organisation et attend passivement les consignes d’en haut qui sont naturellement prises avec distance, voire méfiance, du fait même de la désorganisation qui règne.

Ainsi, les restaurateurs en colère invoquent le flux de touristes de ce été dans la seconde vague de coronavirus, mais n’en ont-ils pas été les premiers bénéficiaires ? Où étaient-ils lorsqu’il eu fallu critiquer ce état d’esprit frivole et libéral cet été ? Le président du « Groupement national des indépendants l’hôtellerie, restauration et traiteurs » n’a t-il pas osé dire de manière scandaleuse que « la profession ne veut pas être sacrifiée sur l’autel du principe de précaution » ? Quelle mentalité anti-populaire, anti-collectiviste !

On a là toute l’irrationalité de la petite-bourgeoisie prise de panique. Mais le problème c’est qu’une partie de cet état d’esprit est répandu en France. Quiconque connaît l’histoire politique de ce pays, sait combien la mentalité du petit propriétaire est forte, formant le terreau à une contestation libérale-libertaire anti-État.

Les français sont d’une paresse politique sidérante et agissent sur fond de « L’Etat doit ceci, l’État doit cela », « l’État ne fait pas, je ne fais pas »… Alors oui, la gestion de la situation par l’État nous mène à la catastrophe. Mais toujours est-il que lorsque l’État nous entraîne dans le gouffre, il faut justement savoir se prendre en main, assumer la continuité de la collectivité, à la fois pour soi, pour les plus fragiles, mais aussi par solidarité avec le personnel soignant.

Le tableau de la gestion sanitaire fait froid dans le dos. D’un côté un État en profonde décomposition, ne reposant que sur quelques experts et hauts fonctionnaires coupés des gens, et de l’autre côté un pays qui n’en fait qu’à sa tête, pétri d’une mentalité petite-bourgeoise renforçant un déni collectif. C’est la pagaille générale et on court droit à la catastrophe.

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« Et ça pourrait dire reconfinement »

En parlant « reconfinement », le premier ministre a fait passer un message indirect qui révèle le fond de la situation sanitaire.

Si la situation n’était dramatique, on rirait encore des propos farfelus des institutions. « Aucun cluster n’a été découvert dans les transports en commun » apprend-on du côté de la SNCF et de la RATP. Comme s’ils en savaient quelque chose, comme s’ils avaient les moyens d’en savoir quelque chose. Alors, que, de toutes façons, c’est une évidence en région parisienne où les gens sont les uns sur les autres. On peut ajouter à ce panorama francilien les vendeurs à la sauvette de cigarettes, sans masque, aux sorties de certaines stations, ou bien ces gens venant laver les barres où s’agripper, en passant simplement partout le chiffon, sans jamais utiliser le spray de liquide désinfectant.

La RATP a également comme argument que à quatre par mètre carré, ce n’est pas grave, car le métro n’a pas retrouvé sa fréquentation normale. Surréaliste. Comme en général il y a moins de fréquentation, ce n’est pas grave qu’on soit à quatre par mètre carré aux heures de pointe ou dans les lignes traditionnellement bondées quoi qu’il arrive. C’est en fait sans doute par miracle ou magie qu’on est passé à plus de 16 000 cas de personnes contaminées par jour en France, car ce qui est vrai à Paris l’est aussi dans de nombreux endroits, les Français étant des Français.

Et dans le monde, on est à pratiquement un million de morts déjà, car les humains sont des humains : ils vivent dans l’anarchie capitaliste, des zones urbaines inhumaines, avec au choix pas de moyens ou bien pas de volonté. Quand on dit pratiquement un million de morts, notons qu’on doit être bien au-dessus, car initialement beaucoup de morts n’ont pas été compté, les institutions préférant faire tomber le nombre en associant les décès à d’autres maladies également présentes. Un jour, on aura les statistiques à l’échelle nationale et on pourra comparer la mortalité habituelle à celle de la période du covid. Un jour.

En attendant, sur France 2 le 24 septembre, le premier ministre Jean Castex a prévenu :

« Il faut que l’opinion soit très attentive, très prudente. Si nous n’agissons pas on pourrait se retrouver dans un situation proche que celle connue au printemps et ça pourrait dire reconfinement ».

C’est là un profond signe de faiblesse. L’État montre, tout simplement, qu’il n’est pas au point. Il est dépassé par les événements et ce pour une raison très simple. Un État authentique s’appuie sur une profonde dynamique au sein de la société. C’est cela qui fait que lors de la Révolution française, il y a eu la bataille de Valmy, où les Français mobilisés sur le tas ont battu les Prussiens. Un État authentique a une légitimité dans la population, des ramifications, il trouve des soutiens qui se produisent de manière autonome.

Cet enracinement de l’État peut avoir une substance très différente. Ainsi, en France, on n’a jamais compris que l’Allemagne nazie n’a jamais été un « totalitarisme », mais que les gens eux-mêmes, à la base, ont soutenu le régime, d’eux-mêmes. Mai 1945, pour les Allemands, c’est une défaite. Les Allemands voulaient le nazisme.

Bien entendu, une fausse légitimité ne tient pas ; une dictature anti-populaire ne dure qu’un temps, les gens s’apercevant du caractère démagogique du régime. Mais ce temps peut être relativement long : l’Italie fasciste a une base populaire immense avant le grand retournement de situation en 1943.

De la même manière, la France a mobilisé de manière générale en 1914 sans aucun problème, n’ayant aucun opposant en face. Ce n’est qu’à partir de 1917, sous l’effet de la révolution russe (de février) que les oppositions se forment réellement et que les poilus, surtout des paysans, commencent à prendre conscience de la situation.

Aujourd’hui, par contre, l’État est totalement déconnecté de la société. Il l’est au sens strict depuis la seconde partie du 19e siècle, depuis que la bourgeoisie est installée dans tous les rouages institutionnels. Mais là, l’État est même étranger à lui-même ! Même ses propres structures lui sont étrangères ! De plus en plus, les policiers sont par exemple eux-même de la chair à canon social, se prolétarisant et perdant leur nature traditionnelle première de mercenaires bornés cherchant à casser pour casser afin de maintenir l’ordre établi.

Un tel État ne peut pas gérer une situation sanitaire de crise. Il n’a ni relais, ni soutien ; il n’a pas de capacité d’intervention sociale, car partout il se fait remettre en cause. Cela ne veut nullement dire, comme le pense l’ultra-gauche, qu’on est dans une situation quasi révolutionnaire ; on va bien plutôt vers un régime ultra-autoritaire autour d’un général venant « remettre de l’ordre ». Cela veut dire, en fait, que la crise est partout, que plus rien ne tient, ni l’écologie planétaire, ni la situation sanitaire, ni les société et pas même leurs États.

C’est un défi immense et pour l’instant les gens sont à des années-lumière de saisir ces enjeux.

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Société

Une fin septembre marquée par une épidémie en expansion

La France n’a pas su gérer l’organisation des tests de détection du covid-19, les résultats arrivant trop tard, alors que l’État ne sait plus comment encadrer.

Les fonctionnaires des institutions sont à l’image de celles-ci : ils sont dépassés. Voici le message de Santé publique, l’agence nationale de santé publique, au 22 septembre 2020, avec une partie mise en gras pour bien comprendre ce caractère perdu, dépassé, déboussolé.

« Au 22 septembre 2020, 90 départements sont en situation de vulnérabilité :

– modérée : Aisne, Allier, Ardèche, Ardennes, Ariège, Alpes de Haute Provence, Aube, Aude, Calvados, Cantal, Charente, Corrèze, Deux-Sèvres, Dordogne, Drôme, Eure, Eure-et-Loir, Haut-Rhin, Hautes Alpes, Hautes Pyrénées Haute-Savoie, Haute Vienne, Loir et Cher, Lot, Lot et Garonne, Lozère, Mayenne, Mayotte, Meuse, Moselle, Morbihan, Nièvre, Oise, Réunion, Savoie, Seine Maritime, Somme, Territoire de Belfort, Vosges, Yonne

– élevée : Martinique, Guadeloupe (dont Saint Martin et Saint Barthélémy), Ain, Alpes-Maritimes, Aveyron, Bas-Rhin, Bouches-du-Rhône, Côte d’Or, Corse du Sud, Doubs, Essonne, Gard, Gers, Gironde, Guyane, Haute Corse, Haute-Garonne, Haute Loire,  Haute-Marne, Hauts-de Seine, Hérault, Indre et Loire, Loiret, Ille-et-Vilaine, Isère, Landes, Loire, Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, Marne, Meurthe et Moselle, Nord, Paris, Pas de Calais, Puy de Dôme, Pyrénées Atlantiques, Pyrénées Orientales, Rhône, Sarthe, Seine et Marne, Seine-Saint-Denis, Saône et Loire, Tarn, Tarn-et-Garonne, Val-de-Marne, Val d’Oise, Var, Vaucluse, Vienne, Yvelines

Afin de freiner la progression du virus SARS-COV-2, il est important de maintenir la stratégie « Tester-Tracer-Isoler » : chaque personne présentant des symptômes évocateurs de COVID-19 doit réaliser dans les plus brefs délais un test de diagnostic.

Dans l’attente des résultats, les personnes doivent s’isoler et réduire leurs contacts au strict minimum.

Cependant, l’allongement des délais de diagnostic pourrait se traduire par des mesures de contact tracing moins performantes du fait du retard à l’identification des cas et de leurs contacts et à la mise en place des mesures d’isolement et de quarantaine.

En l’absence de traitement curatif et de vaccin, il parait indispensable de renforcer les actions de prévention comprenant les mesures d’hygiène, de distance physique, la réduction des contacts (sans embrassade, sans serrer les mains) ainsi que le port approprié du masque. Ces mesures doivent être respectées par tous, y compris les plus jeunes.

Effectivement, si le risque de complication est faible chez l’enfant et le jeune adulte, ils contribuent à la diffusion du virus vers les tranches d’âge et les populations à risque de formes graves ainsi que le montre l’évolution de la situation épidémiologique de ces dernières semaines. »

Ce qui est fou, c’est que les fonctionnaires disent les choses telles qu’elles sont, avec un langage technocratique. Car leur propos, c’est de dire : en l’absence de tests (ou plus exactement de résultats de tests), il faut la distanciation sociale et l’hygiène. Ce qui nous ramène, grosso modo, à la situation juste avant le confinement.

Avant, on avait pas de tests. Maintenant, on en a, mais les résultats arrivent trop tard, avec le scandale en région parisienne de résultats parvenant une semaine après pour des gens ayant fait la queue pendant des heures ensemble qui plus est.

L’État est dépassé. Il y a officiellement plus de 30 000 morts (donc il faut ajouter un petit pourcentage « mis de côté »), mais l’État ne sait pas comment faire, malgré la nomination d’un premier ministre focalisé sur la question. C’est qu’il est porté par des couches sociales déconnectées du réel, dépassées, tout comme pour l’État américain, alors qu’il y a déjà 200 000 morts aux États-Unis.

Seule une mobilisation populaire peut réellement amener des décisions de fond qui soient tenables, applicables… et appliquées. Or, l’État ne le veut surtout pas, il veut des masses infantiles. Et il ne veut pas de décisions fortes, car il est pétri de libéralisme. Ce qui fait que non seulement la situation sanitaire est mauvaise, mais qu’en plus on a la démagogie de ceux vantant le régime chinois qui agit de manière terroriste sur la population pour résoudre le problème de la pandémie.

Il faut vraiment que la Gauche assume une analyse approfondie de la question sanitaire, afin de faire des contre-propositions réelles, propose un autre modèle étatique, fondé sur le peuple. C’est une proposition qui manque terriblement dans cette époque cruelle.

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Société

Covid-19: la gestion de la crise est une catastrophe sur toute la ligne, et ce n’est pas fini

Depuis le début de la crise du covid-19, les choses ont été très mal gérées par des autorités pétries de libéralisme et dépassés culturellement, à l’image d’une société capitaliste focalisée sur elle-même. Alors que le coronavirus circule à nouveau de manière intense, de nouvelles tensions hospitalières reflètent que le problème reste entier.

Au mois de juin, le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy trouvait qu’il en était « trop » fait à propos du covid-19 et qu’il fallait « laisser les gens vivre ». Il réclamait même des vacances avec la satisfaction du travail bien fait :

« Nous souhaiterions arrêter nos travaux à partir de début juillet. Nous nous sommes mis au service de la nation, en donnant les grandes directions basées sur la science pour éclairer les décisions politiques difficiles. Mais, à présent, les services de l’État sont en ordre de marche. »

Ces propos étaient ridicules, en plus d’être irresponsables…. Un peu plus de deux mois plus tard, le Conseil scientifique est déjà obligé de constater que la situation est à nouveau très mauvaise et que la gestion de la crise est un échec continue.

Le gouvernement est ouvertement fustigé, en raison notamment de la stratégie d’isolement des cas contacts, c’est-à-dire des personnes ayant côtoyée une personne porteuse. Le constat est très sévère, pointant du doigt :

« Une stratégie d’isolement sans cahier des charges ni budget à l’échelle nationale, des recommandations assez peu relayées auprès du public, le manque de données précises sur les conditions et le suivi de l’isolement ».

Si l’on ajoute à cela les mœurs libérales du pays, ou plutôt le je-m’en-foutisme ambiant, cela donne une cacophonie générale où rien n’est respecté. Il n’y a pourtant rien de compliqué : n’importe qui ayant été en contact du virus doit être placée à l’isolement, afin d’attendre le temps d’une période d’incubation.

C’est la même chose en cas de symptôme : il ne faut pas attendre d’être testé positif pour s’isoler, car c’est en fait trop tard et on a pris le risque de faire circuler le coronavirus. Là encore, rien de compliqué à mettre en place, surtout à notre époque avec les moyens de communication et technologiques à notre disposition.

Au lieu de cela, chacun fait ce qu’il veut et personne ne contrôle rien, comme est obligé de le constater le Conseil scientifique. L’État n’est même pas en mesure d’avoir des données sur les personnes ayant eu accès à des lieux d’isolement (en général des hôtels réquisitionnés), tellement pas grand-chose n’est fait, tellement la gestion même la plus basique des choses n’est pas là.

Le problème n’est pas qu’individuel d’ailleurs, mais concerne l’ensemble de la société, qui est atomisée, complètement désorganisée, incapable de saisir les choses à grande échelle. La France est larguée.

Tout cela est donc très grave et la gestion de la crise sanitaire est une catastrophe sur toute la ligne. Le virus circule beaucoup, avec officiellement 8577 nouveaux cas en France le 9 septembre, un chiffre en constante augmentation depuis la rentrée. Cela donne 5003 personnes hospitalisées (386 supplémentaires depuis la veille), dont 599 en réanimation (71 supplémentaires depuis la veille).

Localement, cela donne des situations alarmantes. À Bordeaux par exemple, où comme dans la plupart des grandes villes des personnes se rassemblent par centaines sans aucun respect pour les gestes barrières, il y a une très importante circulation du virus, particulièrement chez les 15-30 ans.

Le Pr Denis Malvy, chef du service maladies infectieuses et tropicales du CHU de Bordeaux et membre du Conseil scientifique, s’est ainsi indigné à juste titre :

« Ce n’est carrément pas possible, on ne peut pas laisser ce réservoir se constituer, […] cette bulle de circulation ».

Le nombre de personnes hospitalisées pour le Covid-19 à Bordeaux a doublé depuis la semaine dernière et la situation est jugée préoccupante, avec une réactivation de la cellule de crise locale.

Sur le plan national, la Direction générale de la santé parlait d’une « nette dégradation de la situation» mardi 8 septembre, et plus de la moitié du pays est considérée comme zone à risque par d’autre pays.

Le président du Conseil scientifique estime donc que « la reprise de la circulation du virus est plus importante que ce qu’on aurait pu imaginer en ce début septembre » et évoque de probables « décisions difficiles» à prendre par le gouvernement d’ici les prochains jours.

Celui qui prétendait en juin que « les services de l’État sont en ordre de marche », doit donc maintenant prévenir d’un risque d’«augmentation très rapide, exponentielle » de la circulation du coronavirus, et donc des tensions importantes à venir sur les services hospitaliers… Et il devra inventer de nouvelles justifications à ces retournements perpétuels de position, qui doivent tout au fait que l’État force à la reprise capitaliste, sans y parvenir réellement, tout en enfonçant les choses en distribuant des centaines de millions sans vérification ni contrepartie, etc.

Le pays s’enfonce dans la crise, c’est aussi simple que cela.

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Politique

CNT-SO: «Covid-19: le cas des personnes vulnérables et de leurs proches»

Pour tout un nombre de travailleurs vulnérables sur le plan de la santé, une présence sur le lieu de travail était très délicate en raison du covid-19. Après avoir privilégié la santé générale de la population, l’État en est revenu à une lecture privilégiant l’efficacité capitaliste avant tout ; voici une présentation synthétique de la nouvelle situation légale pour les salariés quant à cette question, fournie par le syndicat CNT – Solidarité Ouvrière.

« Covid-19 : le cas des personnes vulnérables et de leurs proches

A contre courant de la reprise épidémique actuelle, deux nouveaux textes réduisent considérablement la prise en charge des personnes vulnérables et de leur entourage ! On fait le point 👇

Les salarié.e.s du privé présentant un risque face au COVID-19 avaient bénéficié d’un arrêt de travail dérogatoire jusqu’au 30/04, puis avaient basculé à compter du 01er mai dans le dispositif de chômage partiel. Ce dispositif était étendu à leurs proches partageant le même domicile. Dans le public les agent.e.s concerné.e.s étaient placé.e.s en télétravail ou bénéficiaient d’ASA.

Attention, depuis le 01er septembre, deux nouveaux textes réduisent considérablement la prise en charge des personnes vulnérables et de leur entourage !
- Dans le privé avec le décret n° 2020-1098 du 29 août 2020
- Dans le public avec la circulaire du 01er septembre relative à la prise en compte dans la Fonction Publique de l’État de l’évolution de l’épidémie de covid-19.

…………………..

A compter du 31 août 2020, le dispositif exceptionnel d’activité partielle pour les salarié.e.s partageant le même domicile qu’une personne vulnérable n’existe plus.

La liste permettant d’identifier les salarié.e.s vulnérables présentant un risque de développer une forme grave d’infection au virus SARS-CoV-2 et pouvant être placés en activité partielle (secteur privé) est largement diminuée.

Pour rappel, un décret du 5 mai 2020 fixait plusieurs critères de vulnérabilité permettant au salarié d’être placé en activité partiel.

A compter du 31 août 2020, il ne reste que 4 critères au lieu de 11 :

1° Être atteint de cancer évolutif sous traitement (hors hormonothérapie) ;
2° Être atteint d’une immunodépression congénitale ou acquise :
- médicamenteuse : chimiothérapie anticancéreuse, traitement immunosuppresseur, biothérapie et/ou corticothérapie à dose immunosuppressive ;
- infection à VIH non contrôlée ou avec des CD4 < 200/mm3 ;
- consécutive à une greffe d’organe solide ou de cellules souches hématopoïétiques ;
- liée à une hémopathie maligne en cours de traitement ;
3° Être âgé de 65 ans ou plus et avoir un diabète associé à une obésité ou des complications micro ou macrovasculaires ;
4° Être dialysé ou présenter une insuffisance rénale chronique sévère.

Attention ces critères ne sont pas automatiques : il faut qu’un médecin estime qu’ils présentent un risque de développer une forme grave d’infection au virus SARS-CoV-2.
Sans certificat médical, l’employeur ne peut pas placer le salarié en activité partielle.

La réduction des critères est préoccupante :
- les personnes souffrant de diabète ou d’obésité ne sont désormais considérées vulnérables que lorsqu’elles ont plus de 65 ans
- plusieurs pathologies respiratoires, même chroniques, ne sont plus considérées comme critère de vulnérabilité (asthme sévère, mucoviscidose,…)
- Les antécédents cardiovasculaires, ainsi que plusieurs affections graves ne rentrent plus dans les critères de vulnérabilité ;
- l’état de grossesse ne permet plus de bénéficier du statut de personne vulnérable
Le gouvernement réduit les critère de vulnérabilité pour obliger les travailleurs.euses à retourner à leur poste ! Cette mesure purement économique est totalement à contre-courant de la dynamique épidémique actuelle et des mesures sanitaires nécessaires à la protection collective.

…………………..

Dans le Public, la logique est la même.
Les agents publics présentant une des quatre pathologies mentionnées à l’article 2 du décret du 29/08/20 sont soit placés en télétravail lorsqu’il est possible, ou placés en autorisation spéciale d’absence (ASA) sur la base d’un certificat d’isolement délivré par un médecin.
Pour les autres agents présentant l’un des facteurs de vulnérabilité rappelés dans l’avis du Haut Conseil de santé publique du 19 juin 2020 , la circulaire préconise le télétravail lorsqu’il est possible. Lorsqu’il n’est pas possible ou si la reprise en présentielle est imposée par le chef de service, des conditions d’emploi aménagées, sont préconisées.
Comme dans le privé, ce texte est insuffisamment protecteur pour les agent.e.s concerné.e.s !

…………………..

La CNT-SO revendique : le maintien des critères précédents avec un télé-travail de droit ou un congé indemnisé à 100/100 par l’État et les employeurs du privé. Dans le public nous demandons le maintien des ASA ou le placement en télétravail de droit pour les agents concernés. »

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Société

L’intolérable multiplication des « free parties » en France, en dépit du contexte sanitaire

Le libéralisme culturel et le conformisme à la société de consommation ont largement envahi la musique techno française, en particulier pour tout ce qui relève des « free parties ». Le fait que des dizaines d’événements sauvages soient organisés ces derniers jours dans le plus grand mépris pour toutes considérations sociales et sanitaires en dit très long à ce sujet.

Quelques jours avant le confinement en mars dernier, on apprenait que le collectif Heretik reportait en septembre une grande soirée, en présence de l’emblématique Manu Le Malin. Il s’agit si l’on peut dire de la crème de la scène techno à la française des années 1990 et 2000, avec les fameuses raves parties et toute une culture alternative allant avec, dont l’apogée est sans conteste l’événement devenu mythique de la piscine parisienne Molitor, alors désaffectée, en 2001.

Les billets sont toujours en vente et la description de la soirée sur Facebook se contente du commentaire :

« Ne souscrit pas à la doctrine établie ».

Au regard des événements récents, la question se pose clairement de l’interprétation qu’il faut faire de ce slogan typique de cette scène. Car justement, la doctrine établie en France c’est le libéralisme et force est de constater que les « free parties » en sont devenues des postes avancés.

Le début du mois de juillet a été particulièrement chargé en la matière : en plus du grand événement tenu dans la Nièvre regroupant 5000 personnes, il y a eu 2000 personnes dans le bassin d’Arcachon, ainsi que des groupes de plusieurs centaines ici et là. De manière particulièrement marquante, il y a eu à Montreuil (Seine-Saint-Denis), à 10 jours d’intervalle, deux « teufs » au parc des Beaumonts. Ce parc se situe à deux pas des habitations, mais il est surtout… une réserve écologique pour les animaux, classée Natura 2000.

C’est un véritable scandale, une honte s’ajoutant au fait déjà honteux d’organiser un tel événement sans respect pour les mesures sanitaires. Les gens ayant fait cela devraient être conspués, dénoncés comme les pires avatars du capitalisme moderne dévastant tout, méprisant tout.

Au lieu de cela, on a en France une scène des « free parties » qui vit dans un mensonge permanent depuis au moins dix ans, en prétendant à une culture alternative, autonome, « libre », etc. En vérité, les « teufs » sont surtout des supermarchés de la drogue à ciel ouvert, avec des murs de son diffusant une techno toujours plus mauvaise, vulgaires, qui n’est qu’un strict équivalent inversé de « l’électro » insipide des radios commerciales.

En fait, pour trouver ce qu’il peut rester d’alternatif et de culturel dans la musique techno, il faut surtout se tourner vers les villes et les clubs, d’inspiration plutôt berlinoise. Il n’y est en général pas question de « changer le monde », mais on a au moins des gens sérieux, concernés, cohérents dans leurs valeurs.

On a de ce côté des personnes ayant cherché à mettre en place des choses pour ouvrir les dancefloors en respectant les enjeux sanitaires, sans non plus se ranger derrière les préoccupations uniquement commerciales des discothèques classiques. On peut toujours penser que c’était voué à l’échec par nature, et c’est d’ailleurs ce qu’a fait l’État qui refuse tout discussion à ce sujet. Cela a néanmoins du sens, et surtout une grande dignité.

C’est tout l’inverse de ces « free parties » décadentes, ouvertement tolérées par le gouvernement, qui est souvent au courant et ne fait pas grand-chose pour les empêcher.

Il faut dire qu’entre partisans du libéralisme et de l’individualisme forcené, on se comprend. C’est donc la « Ministre de la citoyenneté » qui s’est rendu sur place dans la Nièvre pour demander gentiment aux teufeurs de porter un masque…

Elle s’est félicité de la distribution de 3000 masques ainsi que de 6000 « bons pour être testé ».

C’est directement l’Agence régionale de santé qui a été dépêchée sur place pour organiser, cette même agence tant décriée depuis le début de la crise du covid-19 pour ses insuffisances. Les sapeur-pompiers chargés de la distribution expliquent alors :

« Les gens sont très contents qu’on leur donne ce bon. Ils prennent le papier, choisissent le laboratoire, et les résultats vont au médecin qu’ils veulent ».

Dans le même genre, on a la gendarmerie expliquant à la presse que des participants ont été « invités » à « passer une nuit de plus sur le site » en raison de leur état d’ébriété. C’est directement le colonel de Gendarmerie de la Nièvre qui précise ensuite, de manière particulièrement bienveillante :

« pour moi l’objectif recherché par la gendarmerie sera atteint si, mercredi matin, on se réveille sur le constat d’aucune victime sur la route ».

On a donc un État complètement débordé par la crise sanitaire depuis des mois, mais qui accompagne tranquillement des irresponsables anti-sociaux, méprisant totalement l’effort sanitaire du reste de la population.

Il ne faudrait pas croire ici qu’il s’agit de « jeunes » voulant simplement s’amuser et faisant une sorte de bêtise de jeunesse. Ces événements sont au contraire très organisés avec une logistique bien rodée, une coordination à grande échelle, des gens avec des talkies-walkies organisant sur place et des participants venant de très loin, y compris de Belgique, d’Italie, d’Espagne, et même d’Europe de l’Est, circulant pour beaucoup dans des camions aménagés tels de véritables camping-car.

Ces chiffres en disent très long sur l’état d’esprit de la « fête », particulièrement décadente :

200 verbalisations en raison de produits stupéfiants, une vingtaine de permis retirés pour conduite en état d’ivresse, 61 personnes admises au poste médical avancé, 11 évacuées à l’hôpital de Nevers dont 3 en urgence absolue…

> Lire également : L’échec des free, entre Docteur Jeckyll et Mister Hyde

Tout cela est un aspect du capitalisme, seulement un aspect du capitalisme, contrairement aux prétentions des « free parties » qui s’imaginent être une contre-société.

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Politique

Pierre de Bousquet de Florian, le directeur de cabinet « DST » du ministre de l’intérieur

Le nouveau ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a nommé comme directeur de son cabinet un homme à poigne, venu des services secrets. C’est une mise en forme du ministère pour préparer ce qui va se jouer.

Le nouveau premier ministre Jean Castex a annoncé qu’il formerait un « gouvernement de combat » et pour cela il faut des cadres. Pierre de Bousquet de Florian est de ceux-là et sa nomination comme numéro 2 du ministère de l’Intérieur montre que l’État se prépare à cogner. Son nom ne doit pas être prétexte à une moquerie simpliste de l’aristocratie : sa famille appartient au protestantisme, il relève du dernier carré relevant de la tradition d’humilité et de rigueur. C’est tout sauf un hurluberlu, un type d’extrême-Droite, etc.

Ce qui le rend encore plus dangereux. Pierre de Bousquet de Florian, c’est Jean Castex bis, c’est l’application nette, sans bavures, sans états d’âme. À sa nomination il était coordonnateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme ; il a dirigé la Direction de la surveillance du territoire, il a été préfet de la Haute-Normandie, de la Seine-Maritime, du Languedoc-Roussillon, de l’Hérault, des Hauts-de-Seine, de Mayenne…

Il a été conseiller technique au cabinet du président de la République Jacques Chirac de 1995 à 1999… Il est Officier de la Légion d’honneur, Commandeur de l’ordre national du Mérite, Officier de l’ordre des Arts et des Lettres, Officier de l’ordre du Mérite maritime… Bref c’est l’argument même de pourquoi il faut une Gauche historique, à la hauteur de l’État lui-même, pour contrer des gens de ce niveau au service du consensus, du statu quo, du calme plat, etc.

Dans une époque qui devient extrêmement tourmentée, son rôle va être donc de superviser le jeune Gérald Darmanin (37 ans). Superviser quoi ? Superviser la cogne. Le gouvernement est une savante construction de personnages médiatiques et de cadres techniques du plus haut niveau. C’est un navire prêt à la parade et au combat dans les eaux troubles de la crise. Un coup de matraque par-ci, un sourire par là.

Et tout cela ne sera pas net. On ne nomme pas une figure des services secrets comme numéro deux du ministère de l’intérieur pour aider à gérer la circulation. Les coups fourrés vont se multiplier, même si bien entendu Pierre de Bousquet de Florian ne présentera jamais les choses aussi, il se contentera, dans l’esprit machiavélique propre à la France, de dire qu’il fait la chose par la bande, comme au billard. Étrange ironie de l’histoire que son rôle au 21e siècle, à lui protestant, sera d’être un homme de main d’un régime anti-démocratique qui sera équivalent à celui de Catherine de Médicis.

Pierre de Bousquet de Florian va être l’homme de main d’une chasse aux rebelles et en acceptant sa nomination, il encourage au militarisme, il donne du courage aux forces qui disent : il va y avoir une rébellion sociale, il faudra tout reprendre en main vigoureusement !

Dire qu’il y en a qui ont parlé de violences policières ces dernières années… Quelle honte leur revient ! Car c’est maintenant que la casse va commencer. Le petit cinéma des anarchistes nantais au centre-ville ou des gilets jaunes sur les Champs-Élysées, avait simplement été laissé faire, car c’était pour laisser passer les choses, pour laisser s’épuiser une contestation vaine, stérile, velléitaire.

Désormais, avec la crise, l’État ne peut plus rien laisser passer, de peur que cela contribue à l’inéluctable dilution de la société et de l’État, étouffés par un capitalisme en perdition. Le gouvernement est un gouvernement de guerre sociale : les masses doivent marcher au pas, sinon elles seront pressées de rentrer dans le rang, à tout prix.

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Société

Éric Dupond-Moretti ou le nihilisme juridique au ministère de la Justice

Qu’un avocat sulfureux adepte de la polémique anti-magistrat comme Éric Dupond-Moretti devienne ministre de la Justice est un profond signe de décadence du Droit.

Qu’est-ce que le socialisme, au sens strict ? C’est le triomphe complet du Droit. Par la liquidation du libéralisme, il n’y a plus de relativisme et la loi s’applique dans sa substance même. À l’inverse, le capitalisme liquide le droit au point que les comportements anti-sociaux se voient somme toute acceptés et non pas brisés.

Éric Dupond-Moretti, né en 1961, devient ministre de la Justice au moment d’un tournant : avec la crise qui s’est exprimée notamment par le covid-19, le droit bourgeois chancelle en même temps que le capitalisme.

Et Éric Dupond-Moretti est là pour pousser les choses dans le démantèlement du Droit, car toute tentative de maintenir le Droit, d’en protéger la substance, aboutit forcément au principe de l’État comme société et inversement, et donc au Socialisme.

Les magistrats ont d’ailleurs compris le problème. S’ils ne veulent pas du Socialisme – ils sont légitimistes avant tout – ils ont saisi la menace. Le principal syndicat, l’Union Syndicale de la Magistrature, parle de sa nomination en tant que ministre de la Justice comme d’une « déclaration de guerre ».

Il faut dire qu’Éric Dupond-Moretti y est allé franco dans Le Parisien du 27 juin, soit il y a à peine plus d’une semaine. Il exigeait « des Etat généraux de la justice », une « Ecole nationale de justice qui soit commune aux avocats et magistrats ».

C’est la logique libérale : il n’y a pas de justice qui s’applique avec le droit de l’accusé de se défendre, mais une justice et une défense mise à égalité. L’État devient un particulier et il s’agit alors d’un rapport entre particuliers, devant se résoudre en quelque sorte à l’amiable.

Le juge s’efface, il devient un arbitre, un intermédiaire entre un procureur et un avocat. Voici ce qu’il dit pareillement dans Marianne en 2018 :

« Il y a, chez les magistrats, deux corps : le siège [ceux qui jugent], le parquet [ceux qui requièrent, les procureurs par exemple]. Une formation commune pour les deux renforce un corporatisme dans lequel les avocats ont beaucoup de mal à s’insérer. »

C’est la liquidation du Droit. D’ailleurs, et cela veut tout dire, dans le même interview on a le propos suivant :

« [Question] Voulez-vous savoir si votre client est innocent ?

Non, je ne veux pas. »

Éric Dupond-Moretti est l’exemple même de l’avocat du capitalisme moderne, qui croit en son propre rôle, qui s’imagine que sa fonction a une signification, alors qu’elle n’a qu’un sens : éviter l’erreur. Dans un Droit bien réglé il n’y a pas besoin d’avocats, la Justice est efficace et se suffit à elle-même ; l’avocat n’est qu’une aide pour avoir un apport relevant du concret, car venant de l’accusé.

Chez Éric Dupond-Moretti, l’avocat vaut par contre autant que le juge et le procureur et son client vaut autant que l’État. C’est le sens de ses propos sur France Inter lorsqu’on le questionnait au sujet d’un de ses clients, Abdelkader Merah, frère et complice du criminel de Toulouse et Montauban.

« J’ai eu l’honneur de le défendre.

[Le journaliste : L’honneur?]

L’honneur, monsieur. »

Il n’a pas cessé de tenir des propos outranciers à ce sujet, par ailleurs :

« Il n’y a pas mille avocats qui se sont bousculés au portillon pour défendre Merah. C’était pour moi un risque, mais je trouve que c’est un honneur pour un avocat d’être là, à ce moment-là, dans cette difficulté là, et pour cet homme là, que l’on a considéré comme un monstre, comme l’incarnation du mal absolu.

J’ai rappelé qu’à bien des égards, le procès de Nuremberg a été plus digne que celui-là. On y a pas traité les hommes d’animaux, comme Abdelkader Merah a été traité d’animal à son procès. »

Ce qui est totalement fou c’est que donc, pour Éric Dupond-Moretti, le procès de Nuremberg a été en grande partie indigne ! Mais c’est que pour lui, l’État c’est le mal. Éric Dupond-Moretti ne voit que des particuliers, dont il faut ajuster les rapports. Le Droit, selon lui, ne porte rien, ni morale, ni civilisation, ni principes de justice, c’est un équilibre. Éric Dupond-Moretti, c’est le nihilisme juridique même, le libéralisme jusqu’à la liquidation de l’État et de la société, au moment où les deux doivent en fait fusionner.