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Refus de l’hégémonie

12 mars 2024, la question ukrainienne à l’Assemblée

Quelques jours après la convocation des chefs de groupes parlementaires à l’Élysée, les députés ont été invités par le gouvernement mardi 12 mars 2024 à donner leur avis sur l’accord de sécurité franco-ukrainien du 16 février 2024.

Ils ont donnés un avis largement positif sur cet accord militaire, même si ce vote n’a absolument aucune signification légale. C’était une simple consultation pour la forme, alors qu’en pratique tout a déjà été réglé par le Président depuis un mois, conformément à la nature de la Ve République.

Le Premier ministre Gabriel Attal, sur un ton monotone et lisse, carrément insipide, a donc récité par cœurs tous les éléments de langage occidentaux depuis deux ans à propos de l’Ukraine.

La Russie serait barbare et massacrerait volontairement des civils en mode génocide : « [ils] tuent femmes et enfants sans état d’âme ».

C’est là du bourrage de crâne digne de la guerre de 1914-1918. Et Gabriel Attal se sent donc « obligé » de faire la guerre à la Russie. Alors il vante ce que la France et l’Union européenne ont fait pour aider au massacre entre peuples frères d’Ukraine et de Russie :

« Dès les premiers moments de la guerre, nous avons livré des matériels déterminants. »

En détail, il a rappelé les canons César, les lance-roquettes, les missiles SCALP. Pour l’avenir, il prévoit des milliards et des milliards d’euros. Et plus concrètement : une livraison de 150 drones, 100 munitions téléopérées, 6 canons César, ainsi que la production de 3 000 obus par mois pour l’Ukraine.

Les volontés d’Emmanuel Macron sur la possibilité d’escalade ont bien évidemment été réitérés par Gabriel Attal :

« Nous n’excluons par principe aucune option. Nous ne nous fixons pas de limite face à une Russie qui elle n’en fixe aucune ».

« Nous n’abandonnerons pas l’Ukraine, et nous n’excluons par principe aucune option. »

La France veut et prépare la guerre contre la Russie, cela ne fait plus l’ombre d’un doute.

Gabriel Attal a été particulièrement outrancier également en expliquant que tous les maux de la France seraient la faute du méchant russe Vladimir Poutine.

Toute la politique intérieure du gouvernement tient ainsi en cette phrase : si les choses vont mal, c’est la faute à la Russie.

C’est grotesque, mais totalement assumé :

« Une victoire de la Russie,[…] c’est le danger constant des cyberattaques qui se multiplient. Une victoire de la Russie, c’est la plus grande vague migratoire de l’histoire sur le continent européen. »

« Une victoire de la Russie, c’est un danger direct pour notre sécurité alimentaire »

« Moscou serait libre de faire monter les prix comme bon lui semble. »

« Si elle se trouvait en position de force, la Russie serait en mesure de déstabiliser encore davantage le marché énergétique. Avec à la clef un cataclysme pour le pouvoir d’achat des Français, une explosion des prix de l’énergie puissance 10 »

Pour ce qui est des « oppositions », les choses sont très simples. Les libéraux à tendance conservatrice de Les Républicains sont d’accord avec le gouvernement, tout comme les pseudo « socialistes » de la fausse gauche (le PS), qui ont voté « POUR ».

Le centre et toutes les forces libérales gravitants de près ou de loin autour d’Emmanuel Macron ont aussi voté « POUR ».

De leur côtés, les nationalistes à tendance sociale du Rassemblement national n’ont pas été capable de voter « CONTRE », se contentant d’une abstention, tellement ils sont soumis à l’Otan et aux injonction de la superpuissance américaine pour soutenir l’Ukraine.

Seuls les populistes sociaux de la France insoumise et la Gauche républicaine (le PCF) ont été obligé de voter « CONTRE », tellement la tendance à la guerre est flagrante. Ils n’auraient jamais pu tenir par rapport à leur propre base.

Ils ont expliqué, en fin de compte, qu’ils ne veulent pas ajouter de l’huile sur le feu, qu’il faut être plus prudent, chercher une solution négociée, etc.

Mais c’est hypocrite, car tant les uns que les autres, malgré ce vote « CONTRE », ne se sont jamais opposés à l’envoi d’armes au régime ukrainien, ne dénoncent pas la marche à la guerre de la France.

En fait, La France insoumise et le PCF sont des forces conservatrices, représentant les intérêts du prolétaire syndicaliste propriétaire de son pavillon et qui ne veut surtout pas que quoi que ce soit change. Alors, pour les initiatives pro-guerre du capitalisme, il n’y a pas de soutien, mais pas d’opposition non plus.

Il suffit de regarder : ni La France Insoumise ni le PCF ne parlent jamais de la guerre en Ukraine (ni le NPA, ni l’Union Communiste Libertaire, ni les PCRF, UC, CDP, et tout ce qu’on voudra encore).

Arnaud Le Gall, député de La France Insoumise, a pris la parole pour rappeler que La France Insoumise avait soutenu la cession d’armes au régime ukrainien. Fabien Roussel, du PCF, a rappelé que « Oui, il faut donner les moyens à l’Ukraine de se défendre comme nous l’avons fait jusqu’à maintenant ».

Comment peuvent-ils maintenant prétendre être contre l’escalade? C’est de la poudre aux yeux pour tromper leur base. Leur opposition est fictive et ils savant très bien qu’en agissant ainsi, cela ne change rien. Ils se placent dans le système capitaliste, qu’ils évitent soigneusement la confrontation.

En fin de compte, le vote a été un succès pour le régime, puisqu’il y a eu 372 voix pour, 101 abstentions et 99 voix contre, avec une opposition qui est pour le soutien militaire au régime ukrainien et exprime seulement ses craintes d’une « escalade ».

Le régime a les mains libres et va aller toujours plus loin.

Cela montre bien que la seule opposition possible, désormais, c’est celle qui fait face à la guerre. Ce qui est évident, si on est révolutionnaire, est que ce qui se joue, c’est la bataille contre la guerre, et que bien évidemment cela sera un combat rude, acharné, très difficile, avec un Etat pratiquant la répression.

C’est une réelle lutte de classes qui se profile, pas des négociations au sein d’un capitalisme français occidental riche et protégé, profitant de masses corrompues par le niveau de vie et le style de vie libéral.

Depuis le 26 février 2024, la ligne s’impose d’elle-même. C’est la révolution ou la guerre, et c’est le défaitisme révolutionnaire qu’il faut appliquer! C’est l’Histoire qui s’écrit!

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Événements significatifs

Un gouvernement Attal pour faire face à la crise de 2024

Le président français Emmanuel Macron a décidé de modifier la personne tenant le poste de Premier ministre. C’est désormais Gabriel Attal qui est chargé du rôle essentiel de gouverner. Et si en apparence, on a un gouvernement marqué à droite pour ceux qui raisonnent à l’ancienne, en réalité, dans le contexte politique français, on a un gouvernement bourgeois moderne, taillé pour faire face à la crise de manière offensive.

Regardons par exemple le symbole qui est celui du Facebook officiel de gouvernement.fr. Il représente parfaitement l’approche bourgeoise moderne dominante. Les bourgeois « réacs », c’est du passé, désormais tout se vend, tout s’achète et il faut être dans les combines internationales du capitalisme occidental. C’est comme ça que ça se passe et pas autrement.

Gabriel Attal a d’ailleurs appartenu au Parti socialiste de 2006 à 2016. On est ici dans la bourgeoisie urbaine, financière, libérale, cosmopolite, pour qui tout est un terrain de jeu capitaliste.

Et le nouveau ministre des Affaires étrangères s’appelle Stéphane Séjourné. Ce n’est pas un secret qu’il a été plusieurs années en couple avec Gabriel Attal. Ce fils d’expat. – son père a fait carrière à l’international – ne vient pas de la droite non plus : il a été au Mouvement des jeunes socialistes et à l’Unef.

On est dans la bourgeoisie moderne, libérale, LGBT, alignée sur l’Otan, celle pour qui libéral rythme avec social, afin de préserver le paradis occidental, base consumériste pour la bourgeoisie vivant entre elle. On parle de gens vivant dans la richesse, dans des appartements somptueux dans les quartiers chics de Paris (ou des très grandes villes), voyageant sans cesse, disposant de résidences secondaires et de comptes en banque bien garnis, etc.

Le premier voyage de Stéphane Séjourné est évidement en Ukraine, où il s’est précipité dès sa nomination pour une visite présentée comme un « message adressé aux Ukrainiens ». Il a expliqué que:

« C’est en Ukraine que se joue la défense des principes fondamentaux du droit international, des valeurs de l’Europe, mais aussi des intérêts de la sécurité des Français. »

Par conséquent, « en dépit de la multiplication des crises », il faut savoir que « l’Ukraine est et restera la priorité de la France ».

C’est là tout à fait en phase avec l’idéologie dominante du monde occidental, libéral et consommateur, et bien sûr décadent. L’occident n’est plus qu’un parasite mondial, il n’a plus de dynamique, il ne vit que de la vente des rêves arc-en-ciel et du rêve américain de faire carrière dans la finance.

C’est tellement vrai que le gouvernement contient deux aberrations. La ministre des Sports est également ministre de l’Éducation nationale. Vu le travail à mener, c’est impossible. Il est dit que le Premier ministre, qui a été quelques mois ministre de l’Éducation nationale, va s’en occuper. Cela ne tient pas debout pour autant. On est dans le doux-rêve d’une bourgeoisie déconnectée.

On a également la ministre du Travail qui a la double casquette de ministre de la Santé. C’est totalement aberrant de par l’immense ampleur du travail à mener. C’est là une centralisation incohérente, où le subjectivisme est total. On confine au délire, la bourgeoisie perd les pédales pour croire qu’une telle démarche puisse tenir.

Dans un même ordre d’idées décadentes, on a Rachida Dati, ministre de la Culture, alors qu’elle est totalement extérieure à la question de la culture. Elle est nommée pour son passé de membre de la Droite et car elle est d’origine immigrée et populaire. C’est fictif, artificiel, comme tout ce qu’entreprend la bourgeoisie.

Et il faut arrêter le populisme et le misérabilisme délirant des gens de Gauche se croyant en 1983. Non seulement c’est faux, mais en plus cela désarme face à l’ennemi.

On a, si on regarde les choses vraiment, affaire ici à la bourgeoisie moderne, qui n’est plus raciste, pour qui tout est échange international, pour qui la superpuissance américaine est la gardienne du temple capitaliste avec l’Otan, pour qui l’Union européenne est l’organe supra-étatique chargé à l’arrière-plan d’assurer la modernisation.

La France est dans les faits pratiquement un protectorat américain, avec les institutions européennes chargées de la surveiller, notamment avec Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (depuis 2019), après avoir dirigé le FMI (de 2011 à 2019) et avoir été ministre de l’Économie (de 2007 à 2011).

Alors, si ce n’est pas un gouvernement « de droite », c’est quoi ? C’est un gouvernement de choc de la bourgeoisie moderne, libérale, cosmopolite, décadente, pour passer l’année 2024 qui va être celle de la crise.

C’est la tentative de passer en force, dans la logique Occident – Otan – LGBT.

C’est la tentative de ré-impulser le capitalisme occidental en prenant le dessus sur les concurrents nouveaux, surtout la superpuissance chinoise, mais également la Russie qui doit être démantelée.

C’est le rêve vain d’une classe décadente.

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Société

Pas de troisième confinement: l’État capitule devant le libéralisme

Le nécessaire troisième confinement est repoussé par peur d’une révolte plébéienne.

Le premier ministre Jean Castex a pris la parole le vendredi 29 janvier 2021, alors qu’on s’était attendu à ce que le président Emmanuel Macron le fasse deux jours auparavant, ou finalement le dimanche 31.

C’est qu’on s’attendait au troisième confinement, rendu nécessaire par précaution en raison des multiples variants du coronavirus. La menace est « exponentielle » soulignent de nombreux experts.

Sauf qu’en pratique, le dilemme était trop puissant pour un gouvernement libéral dans une société libérale avec des gens libéraux. Il faudrait une réponse forte, de grande ampleur, à l’échelle de la société elle-même, décidée par des gouvernants déterminés et une population mobilisée. Une telle chose n’est pas possible, alors l’État a capitulé.

Emmanuel Macron s’est donc effacé, laissant le premier ministre annoncer des mesures peut-être utiles mais minimes et plus symboliques qu’autre chose.

Il y a déjà la fermeture des grandes surfaces non alimentaires de plus de 20 000 mètres carrés, dont on se demande pourquoi elles étaient encore ouvertes.

Il y a ensuite la fermeture des frontières avec les pays hors Union européenne. C’est que l’État demandait aux voyageurs arrivés un test PCR de moins de 72 heures, ce qui est bien. Sauf qu’il était également demandé un confinement obligatoire de sept jours, sans même conserver les noms et les adresses des gens arrivés. Cette sinistre farce a été stoppée en arrêtant tout.

Il y a également depuis plusieurs jours un test PCR de moins de 72 heures demandés aux gens venant en avion d’un pays de l’Union européenne. Mais pas à ceux venant en voiture ou en train. C’est tout de même bien étrange.

Mais à vrai dire plus rien n’est étrange dans un pays où, en l’absence de réelle lutte de classes, on a une plèbe poussée par une petite-bourgeoisie hystérique. C’est le front anti-confinement allant des gilets jaunes aux anarchistes en passant par l’extrême-Droite et les courants croyant en une conspiration. C’est la grande peur de la petite-bourgeoisie dans un contexte de crise.

L’État a décidé de capituler devant une telle agitation petite-bourgeoise. C’est doublement erroné. Déjà parce qu’il faut un confinement. Ensuite, parce que la petite-bourgeoisie n’est pas prête d’arrêter ses gesticulations. Cela va même empirer, parce que la petite-bourgeoisie est prise en sandwich entre les prolétaires et les bourgeois, c’est elle qui trinque le plus de l’instabilité du capitalisme.

Beaucoup de gens, de milieux favorisés, ont pensé que le libéralisme pro-Union européenne d’Emmanuel Macron était un rempart au populisme. On voit bien ici que ce n’est pas le cas. Il y a une capitulation devant le populisme. Seule la classe ouvrière, de par son rationalisme, peut réfuter le populisme, parce qu’elle insiste sur la démocratie et sur la mobilisation populaire pour la démocratie.

Là on a des technocrates et des plébéiens. Et une crise sanitaire. Et un capitalisme qui se ratatine. Et une grande puissance qui se déclasse. Un véritable cocktail empoisonné.

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Écologie

La ministre de la mer préfère l’industrie de la pêche à la protection des cétacés

Connu depuis 30 ans, le drame de centaines de cétacés qui s’échouent sur les rivages maritimes français explose depuis 2016. À tel point que l’on ne parle plus de centaines mais de milliers d’animaux victimes d’une société de consommation qui n’en finit pas de transformer la Mer en une simple espace de valorisation marchande.

Le drame prend de telles proportions que la Commission européenne a ouvert une procédure d’infraction visant selon elle, les manquement de la France à la législation de protection des espèces protégées. On estime, selon les associations, qu’en 2020 il y a eu jusqu’à 11 300 cétacés morts, certains s’échouant sur les côtes françaises et d’autres coulant au large. On parle bien ici des cétacés, incluant donc les dauphins mais aussi les baleines, les cachalots, voir même les rorquals tropicaux comme celui échoué récemment dans la Manche.

Alors que se passe t-il ?

Pour les connaisseurs du problème, la chose est bien connue : les cétacés échoués présentent de nombreuses traces, voire des lésions étant de bénignes à très graves (des nageoires sont parfois arrachées). Des bouts de filets sont parfois encore accrochés sur le corps. Il ne fait donc aucun doute que c’est la pêche dite pélagique qui est le responsable de cette horreur.

Avec la technique de la pêche en « boeuf », les filets des chalutiers raclent le fonds des océans pour récupérer les poissons vivant en bancs comme les bars, les merlus (d’où le nom de pélagique, signifiant les dépôts sédimentaires dans les fonds marins).

Sur la façade Atlantique, il y a environ 18 chalutiers pélagiques qui opèrent, ce qui en dit long sur la concentration économique dans ce secteur. Mais on l’a compris avec une telle pêche industrielle de masse, le filet emprisonne littéralement tout ce qui bouge, y compris les cétacés qui sont alors déchiquetés, plaqués au fond et ne peuvent plus remonter à la surface pour se ré-oxygéner.

Au problème de la pêche pélagique s’ajoute en plus la terrible pollution sonore qui déstabilise le très sophistiqué système d’écho-localisation et de communication qu’ont ces mammifères pour vivre, se reproduire, et se développer.

Dans le documentaire Sonic Sea, que toute personne sincèrement écologiste se doit d’avoir vu, on apprend par exemple que les échos d’une baleine en Irlande peut s’entendre jusque sur la côte est des États-Unis. De fait, l’énorme trafic international maritime de marchandises, les multiples exercices des marines militaires, mais aussi les recherches en imagerie sismique des grandes entreprises gazières et pétrolières sont des perturbateurs désastreux pour ces animaux.

Et désastreux est un bien faible mot tant l’écocide revêt ici un caractère barbare, avec des dauphins qui sont désorientés dans la totalité de leur environnement (c’est toute la mer qui est pourrie par les bruits de haute fréquence) allant jusqu’à briser leur système auditif et cérébral.

Et que fait la ministre de la mer, Annick Girardin, dans ce contexte ? Et bien, elle fait ce que fait tout bon ministre dans le capitalisme : défendre l’industrie nationale de la pêche face à la concurrence. Car, comme se plaisent à le souligner les populistes en tout genre, notamment Jean-Luc Mélenchon, la France détient un vaste espace maritime et donc un important secteur de pêche qui pèse de tout son poids sur la législation européenne… Comme ce fut le cas en 2013 lorsque la tentative d’empêcher l’interdiction du chalutage en eau profonde s’est transformé en un simple et creux « contrôle ».

Dans le contexte du Brexit visant à re-négocier les zones de pêche, la ministre de la mer a donc surtout comme mission de protéger les pêcheurs français. Dans un entretien début octobre au JDD, la ministre répondait à une question évoquant la possible exclusion des pêcheurs français des zones maritimes britanniques :

« La pêche ne sera pas la variable d’ajustement du Brexit et le gouvernement y veille. »

La question des cétacés échoués n’est donc qu’un obstacle dans l’accumulation du capital, nécessitant l’affirmation d’une « écologie pragmatique ». Alors que plusieurs groupes et organisations chargées de la protection des cétacés demandaient au pire une restriction de la pêche, au mieux une interdiction de deux mois, la ministre déclarait :

« Ce qui m’intéresse, c’est comment on protège les dauphins tout en ayant une activité de pêche. Le développement durable, c’est prendre en compte l’écologie et l’activité humaine. » 

La ministre se fait ici la simple porte-voix d’Hubert Carré, le directeur général du Comité national des pêches maritimes, qui lui-même disait qu’on ne peut « pas flinguer toute une filière parce que vous avez décidé d’arrêter toute forme de pêche pendant quatre mois ».

Et le pire dans tout cela c’est qu’au-delà d’annoncer des mesures de contrôle en 2021 (entendez : des observateurs qui montent sur les chalutiers), Annik Girardin annonce presque fièrement la généralisation de pingers, ces dispositifs acoustiques qui doivent éloigner les cétacés des chalutiers.

Comme si les pauvres cétacés n’étaient pas déjà complètement déboussolés et malmenés par la saturation de bruits d’électro-sons produits des activités humains en tout genre ! L’heureuse accalmie vécue par les cétacés grâce à la baisse du trafic maritime international provoquée par la crise du coronavirus s’annonce déjà lointaine.

Comme ailleurs, le rouleau compresseur capitaliste, si froid, si mortifère, si criminel, est de retour pour forcer la reprise coûte que coûte… à moins qu’enfin des esprits se soulèvent sur la côte atlantique pour défendre la vie des cétacés !

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Société

Crise sanitaire à la mi-novembre 2020: exercice d’autosatisfaction du gouvernement

Jeudi 12 novembre, le premier ministre a fait un premier point depuis l’instauration du semi-confinement. Aucun durcissement n’est pratiquement à l’ordre du jour, et le gouvernement a expliqué peu ou prou qu’il a la situation en main… Ce qui n’est évidemment pas le cas. La France n’est toujours pas à la hauteur pour faire face à la crise sanitaire.

De manière très solennelle, le premier ministre Jean Castex s’est adressé au pays en expliquant :

« Adopter des mesures difficiles constitue un crève-coeur, mais il est de ma responsabilité de le faire, et de vous protéger contre le virus et ses ravages »

C’est habile de sa part, car il se place ainsi comme celui qui en fait éventuellement « trop », afin d’éviter les critiques en inaction, ainsi que d’éventuelles poursuites judiciaires à termes. Pourtant, il est évident que les mesures en question sont loin d’être suffisantes face à l’explosion de l’épidémie de covid-19.

Ce qui se passe est très simple. La France, comme beaucoup d’autres pays équivalents, a abordé avec une très grande légèreté le déconfinement de mai, puis a tout bonnement laissé s’installer la deuxième vague épidémique, pour procéder maintenant à des calculs de boutiquiers afin de gérer la casse, en cherchant un taux de pertes humaines qui serait « acceptable »…

Les chiffres qui ont été rappelés sont pourtant très durs, malgré la généralisation du port du masque et des mesures barrières depuis la rentrée : une hospitalisation toutes les 30 secondes et une admission en réanimation toutes les trois minutes. Cela donne pour la journée de 12 novembre, selon les chiffres officiels, 418 décès liés au covid-19 et 386 nouvelles admission en réanimation.

Mais tout est sous contrôle a-t-il été prétendu, car le ministre de la santé a dégagé des nouvelles places en réanimation, tout en expliquant qu’il allait renvoyer à la maison des personnes sous respiration artificielle. Le gouvernement prétend pouvoir gérer et même que « le pic de la deuxième vague pourrait être atteint en début de semaine prochaine ».

De la sorte, il est fait miroiter une première série d’allégement des mesures pour le premier décembre, avec la possibilité de « passer Noël en famille ». C’est invraisemblable, et il faudra vraiment relire ces lignes d’ici les prochaines semaines, car bien sûr le virus ne va pas disparaître pas enchantement à l’amorce de l’hiver, au contraire.

Si la situation épidémique s’améliore dans les prochains jours, ce qui est possible mais loin d’être évident, ce qu’il faudra, c’est ne surtout pas relâcher la pression, bien au contraire. Au risque sinon de voir l’épidémie repartir de plus belle.

Il faudrait d’ores et déjà aller beaucoup plus loin, si l’on voulait véritablement endiguer l’épidémie, avec au moins un confinement équivalent à celui du mois de mars dernier. Mais la pression du capitalisme est trop forte et le gouvernement n’a qu’une hâte, c’est de pouvoir relâcher la pression qu’il est obligé de mettre sur le capitalisme justement.

Il est bien aidé en cela d’ailleurs par la Droite, ainsi que les populistes tel Jean-Luc Mélenchon qui peu après l’intervention du gouvernement a expliqué dans une émission que le confinement était une mesure « du Moyen Âge » et qu’il fallait lui trouver des alternatives, tout en rouvrant les petits commerces et les activités culturelles. On nage ici en plein délire, mais c’est tout à fait conforme aux mentalités dans le pays, avec des Français qui pour la plupart ne semblent toujours pas avoir compris l’ampleur de la situation et dont la préoccupation est l’achat de leurs cadeaux de Noël ainsi que l’organisation du réveillon du premier de l’An.

C’est pour cela que les établissements scolaires sont encore ouverts et le resteront, contre tout bon sens sanitaire, particulièrement en ce qui concerne les lycées. «  La présence à 100% des élèves reste souhaitable » au lycée a affirmé le ministre de l’Éducation, avec au moins 50 % du temps en présentiel pour les autres cas. Il ne faudrait surtout pas empêcher les parents de se rendre au travail, et d’ailleurs eux-mêmes n’imaginent pas ne pas aller travailler.

Si le gouvernement prétend qu’il va pouvoir mettre encore un peu plus de pression pour obliger au télétravail, force est de constater qu’un nombre ahurissant d’activités économiques absolument pas essentielles ont encore lieu. Par exemple, des démarcheurs pour la fibre optique installés dans un quartier peuvent se rendre chez les gens pour leur suggérer le raccordement, ou encore les livreurs de repas (souvent sans papiers et sans couverture sociale) exercent leur ballet à scooter en continue dans les grandes villes, etc. Il en est de même pour les sorties, avec des fraudes aux attestations massives et énormément de gens se rendant les uns chez les autres, etc.

Le secrétaire national du PCF Fabien Roussel a tout à fait raison de constater après l’intervention du premier ministre :

« Rien de neuf dans le confinement « léger » du gouvernement. Les hôpitaux flambent, les reports de soins continuent, avec des conséquences mortifères, les salariés aux travail resteront aussi nombreux, les « petits » continueront de souffrir… mais on continue. »

Néanmoins, ce qu’il faut préciser, c’est que la pression populaire est extrêmement faible en faveurs des mesures sanitaires. En fait, le capitalisme est tellement puissant et tellement présent dans les mentalités en France que le pays continue de regarder ailleurs. Si la peur avait pu l’emporter lors de la première vague en mars, on a l’impression en novembre que le pays s’est accoutumé au virus ; le ministre Jean Castex peut alors se présenter comme quelqu’un de très dur dans sa gestion de la crise sanitaire, alors qu’il est en fait en dessous de tout.

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Politique

Y a-t-il un alibi «état d’urgence sanitaire»?

Une lecture unilatérale des choses aboutit forcément à une vision tronquée des faits. C’est d’autant plus vrai dans une question sanitaire où pourtant les faits sont les faits.

C’est une position du PC révolutionnaire de France (Le capitalisme et ses crises…), mais qui reflète tout à fait un point de vue largement partagé à l’ultra-gauche (dont le PCRF ne relève à l’origine pas du tout, étant issu d’un courant du PCF dans les années 1990). L’État, au moyen des appels à la distanciation sociale et à porter des masques, exercerait une terreur sur la population par peur qu’elle se révolte.

Voici comment cet avis se présente :

« Mais malgré le silence des médias officiels sur l’importance des luttes, partout dans le pays, et la désinformation entretenue à coups de sondages bidons, nos gouvernants ont tous les indices d’une colère montante, que n’a éteinte ni la répression contre les Gilets jaunes ni le confinement, et dont la forte abstention aux dernières élections municipales est un signe majeur.

D’où l’utilisation de l’alibi « état d’urgence sanitaire  » (prolongé jusque fin octobre) pour restreindre encore plus les libertés démocratiques, en particulier le droit de manifester (interdiction de rassemblements de plus de 5000 personnes) et de se réunir.

L’obligation généralisée de porter le masque partout et à toute heure, retoquée par certains tribunaux (à Lyon et à Strasbourg) pour son manque de discernement, révèle aussi le caractère autoritaire et infantilisant des décisions gouvernementales. »

Ce qu’on lit ici ne tient pas une seconde. Si les gens veulent protester ou se révolter, ils peuvent le faire de mille manières. Avec un certain niveau de conscience et d’éducation, on trouve toujours un chemin, c’est d’autant plus vrai à une époque où internet facilite les échanges. Des ouvriers qui veulent discuter entre eux peuvent le faire aisément au moyen de divers applications sur leur smartphone ; ils peuvent facilement communiquer avec les réseaux sociaux ou même les mails, etc.

De plus, quiconque regarde les chiffres de l’expansion du Covid ne peut qu’être inquiet et considérer que l’État n’en fait pas assez, plutôt que trop. Il n’y a pas assez de tests, tout simplement, il faudrait de vastes campagnes de ciblage, mais pour cela il faut un degré d’organisation et de réponse sociale.

On peut donc dire que, non il n’y a aucun alibi « état d’urgence sanitaire » employé par le gouvernement, même si cela le tente forcément un peu. Il n’y a pas un raz-de-marée en faveur de la Gauche et dans le sens d’un renversement du régime, c’est le moins qu’on puisse dire. On peut même dire que, pour le moment, il ne se passe rien du tout.

Alors évidemment on peut s’inventer des raisons et dire que si ceci, si cela, tout serait différent. Que s’il n’y avait pas le Covid, la CGT aurait conquis tout le monde à ses points de vue et cassé les réformes gouvernementales, que s’il n’y avait pas le Covid, Macron serait déjà en prison et Lénine à l’Élysée, etc.

Seulement, ce n’est pas de la politique, mais l’utilisation d’excuses et de mythes mobilisateurs. Il faut, à un moment, dire stop et faire le vrai boulot de fond, en cessant toute fiction.

Dire : il n’y a pas de manifestations, car celles de plus de 5000 personnes sont interdites, c’est mensonger. Car cela fait bien longtemps que la Gauche n’est pas capable de mobiliser du monde politiquement (et pas « syndicalement ») et parce que des milliers de personnes trouvent toujours une voie pour avancer.

On n’avance pas, voilà la vérité, on n’avance pas… encore. Ce qui ramène au nécessaire travail de fond, qu’on ne saurait contourner au moyen d’appels en décalage avec la réalité pour justifier un discours « de lutte ».

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Politique

Le nouveau ministre de la mer : l’extension du capitalisme français

Mercredi 22 juillet, Annick Girardin, ministre de la mer depuis le 6 juillet, était en visite dans le bassin d’Arcachon. Une manière d’affirmer le renouveau de ce ministère qui s’annonce être un énième jalon dans l’offensive capitaliste contre les écosystèmes marins et océaniques.

Créée en 1981, le ministère de la mer a été absent des gouvernements depuis 1991. On aurait tort pourtant de penser que la ré-émergence d’un tel ministère soit un bon signe pour l’océan. Le Figaro parlant de ce ministère comme du « joyau stratégique du gouvernement Castex » et Annick Girardin de préciser à France Inter le 17 juillet :

« il faut faire deux choses de manière urgente : le plan de relance, qu’est-ce que la stratégie maritime en retient de ce plan de relance ? Et puis quelles sont les différentes urgences avec l’ensemble des secteurs puisqu’ils sont nombreux »

Ajoutant plus loin : « j’ai à cœur de défendre les pêcheurs ». A ce titre, lors de sa première visite à Arcachon, la ministre de la mer a rencontré les dirigeants des chantiers navals, mais aussi, entre autres, les plongeurs qui dépolluent bénévolement les fonds marins.

A t-elle annoncé plus de moyens pour la dépollution des océans, dont tout le monde sait combien ils sont touchés par celle du plastique ? A t-elle annoncé l’interdiction des chalutiers pélagiques qui engendrent la mort de centaine de baleines sur la côté atlantique, drame qui empire d’année en année ?

Absolument pas. Au contraire, elle a annoncé demander au gouvernement d’offrir le « bonus écologique » aux chantiers navals développant la propulsion électrique. Il faut pouvoir peindre le capitalisme en vert !

C’est que la mise en avant de ce ministre de la mer répond à un agenda précis : celui de la relance du capitalisme français, avec notamment, en partie, la renégociation des zones de pêche dans la mer du Nord depuis le Brexit. Le dirigeant de la Coopérative maritime étaploise, liée au premier port de pêche du pays dans le Nord, ne s’est-il pas réjoui de ce nouveau ministère ?

Il ne fait nul doute que le ministère de la mer ne va être qu’un accélérateur de la conquête des océans par les industriels. Pour preuve encore dans la vidéo de présentation du ministère de la mer sur les réseaux sociaux, on retrouve un discours d’Emmanuel Macron aux Assises de l’économie de la mer du 3 décembre 2019. Le discours était l’expression même de l’offensive pour élargir le capitalisme :

« à chaque fois qu’elle s’est assumée comme puissance maritime, embrassant tout à la fois le grand large de l’océan et la Méditerranée, elle [La France] a su conquérir de nouveaux espaces, être une puissance tout à la fois du savoir et de la géopolitique »

L’économie dite de la mer en France représente 400 000 emplois et 91 milliards d’euros de chiffres d’affaires. Et il est régulièrement fait remarquer que la France a le deuxième plus grand espace maritime du monde.

On ne peut d’ailleurs s’empêcher de penser ici à Jean-Luc Mélenchon, lui qui a toujours fait de l’espace maritime français la toile de fond de sa stratégie social-chauvine. Dans son programme « l’avenir en commun » pour les présidentielles 2017, on retrouve une partie intitulée « la mer, nouvelle frontière de l’humanité » où il n’est jamais parler des animaux et des écosystèmes marins, mais toujours de « développement durable », de « ressources », etc.

Il est vrai que les animaux marins, pour lui, cela relève de l’aquaculture, comme dans sa réponse en 2017 au Comité National des Pêches :

Je souhaite inscrire la France dans un vaste programme de développement de l’aquaculture marine. Le projet s’articule en trois points : production de poissons pour développer l’emploi et limiter nos importations en particulier issues de pays émergeants, la culture d’algues pour les compléments alimentaires, la biotechnologie et la substitution des plastiques, la mise en culture extensive des marais littoraux dont la production biologique est une vocation afin d’assurer le maintien de leur bon état écologique.

Alors on le voit bien : la qualité de « deuxième plus grand espace maritime mondial » ne sert en rien une dynamique basée sur la défense écologique mais bien plutôt une nouvelle stratégie d’extension du capitalisme.

Et comment pourrait-il en être autrement, avec un gouvernement Jean Castex qui s’annonce prêt au combat. Dans l’actuel crise du capitalisme, un tel combat mené par la bourgeoisie est logiquement tourné contre les travailleurs et contre la nature.

Karl Marx ne disait-il pas il y a déjà un demi siècle que « le capital épuise les deux seules sources de toute richesse : la Terre et le travailleur » ? Tant que la classe ouvrière, portée par une Gauche fidèle à ses bases historiques, ne montera pas à l’assaut du ciel pour changer la vie de fond en comble, il en sera toujours ainsi.

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Pierre de Bousquet de Florian, le directeur de cabinet « DST » du ministre de l’intérieur

Le nouveau ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a nommé comme directeur de son cabinet un homme à poigne, venu des services secrets. C’est une mise en forme du ministère pour préparer ce qui va se jouer.

Le nouveau premier ministre Jean Castex a annoncé qu’il formerait un « gouvernement de combat » et pour cela il faut des cadres. Pierre de Bousquet de Florian est de ceux-là et sa nomination comme numéro 2 du ministère de l’Intérieur montre que l’État se prépare à cogner. Son nom ne doit pas être prétexte à une moquerie simpliste de l’aristocratie : sa famille appartient au protestantisme, il relève du dernier carré relevant de la tradition d’humilité et de rigueur. C’est tout sauf un hurluberlu, un type d’extrême-Droite, etc.

Ce qui le rend encore plus dangereux. Pierre de Bousquet de Florian, c’est Jean Castex bis, c’est l’application nette, sans bavures, sans états d’âme. À sa nomination il était coordonnateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme ; il a dirigé la Direction de la surveillance du territoire, il a été préfet de la Haute-Normandie, de la Seine-Maritime, du Languedoc-Roussillon, de l’Hérault, des Hauts-de-Seine, de Mayenne…

Il a été conseiller technique au cabinet du président de la République Jacques Chirac de 1995 à 1999… Il est Officier de la Légion d’honneur, Commandeur de l’ordre national du Mérite, Officier de l’ordre des Arts et des Lettres, Officier de l’ordre du Mérite maritime… Bref c’est l’argument même de pourquoi il faut une Gauche historique, à la hauteur de l’État lui-même, pour contrer des gens de ce niveau au service du consensus, du statu quo, du calme plat, etc.

Dans une époque qui devient extrêmement tourmentée, son rôle va être donc de superviser le jeune Gérald Darmanin (37 ans). Superviser quoi ? Superviser la cogne. Le gouvernement est une savante construction de personnages médiatiques et de cadres techniques du plus haut niveau. C’est un navire prêt à la parade et au combat dans les eaux troubles de la crise. Un coup de matraque par-ci, un sourire par là.

Et tout cela ne sera pas net. On ne nomme pas une figure des services secrets comme numéro deux du ministère de l’intérieur pour aider à gérer la circulation. Les coups fourrés vont se multiplier, même si bien entendu Pierre de Bousquet de Florian ne présentera jamais les choses aussi, il se contentera, dans l’esprit machiavélique propre à la France, de dire qu’il fait la chose par la bande, comme au billard. Étrange ironie de l’histoire que son rôle au 21e siècle, à lui protestant, sera d’être un homme de main d’un régime anti-démocratique qui sera équivalent à celui de Catherine de Médicis.

Pierre de Bousquet de Florian va être l’homme de main d’une chasse aux rebelles et en acceptant sa nomination, il encourage au militarisme, il donne du courage aux forces qui disent : il va y avoir une rébellion sociale, il faudra tout reprendre en main vigoureusement !

Dire qu’il y en a qui ont parlé de violences policières ces dernières années… Quelle honte leur revient ! Car c’est maintenant que la casse va commencer. Le petit cinéma des anarchistes nantais au centre-ville ou des gilets jaunes sur les Champs-Élysées, avait simplement été laissé faire, car c’était pour laisser passer les choses, pour laisser s’épuiser une contestation vaine, stérile, velléitaire.

Désormais, avec la crise, l’État ne peut plus rien laisser passer, de peur que cela contribue à l’inéluctable dilution de la société et de l’État, étouffés par un capitalisme en perdition. Le gouvernement est un gouvernement de guerre sociale : les masses doivent marcher au pas, sinon elles seront pressées de rentrer dans le rang, à tout prix.

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Le premier ministre Jean Castex à la tête d’un gouvernement de combat

Le nouveau premier ministre Jean Castex a présenté sa ligne « dure » en répondant aux questions des deux principales forces symboliques de la France de 2020, BFMTV et le Parlement.

Quel symbole que Jean Castex passe d’abord sur BFMTV (couplé à la radio RMC) pour présenter son programme d’activité, pour ensuite aller à l’Assemblée nationale puis au Sénat en faire de même. La grande idée qu’il a fait passer, à BFMTV, c’est que s’il y a un reconfinement, il serait « ciblé », car la vie économique et la vie sociale ne tiendraient sans cela pas le coup. C’est là se faire le porte-parole du capitalisme le plus agressif.

Il a ensuite été très clair à ce sujet à l’Assemblée nationale lors de sa présentation de politique générale :

« Il n’aura échappé à personne, et en particulier en particulier à vous même, que ce nouveau gouvernement entre en fonctions dans un contexte très particulier. Une crise, une crise sanitaire d’une ampleur exceptionnelle qui n’est pas terminée.

Une crise économique et sociale qui a déjà commencé et qui s’annonce comme étant sans doute la plus difficile que la France, l’Europe et le monde auront à affronter depuis la crise  de 1929 (…).

J’ai l’honneur. J’ai l’honneur de diriger ce gouvernement, qui sera un gouvernement de combat. »

Comme c’est un combat, il faut bien un adversaire et il est tout trouvé : ce sont les masses populaires. En effet, Jean Castex dit lui-même que le covid-19 est momentanément hors de combat en France. Il faut bien alors un autre ennemi… dans le combat qui va être de « redresser l’économie ». Quelqu’un doit payer, pour autant que cela suffise. Ce ne sera pas la bourgeoisie, cela sera donc les masses populaires, qu’il faudra au préalable briser, car la révolte ne manquera pas lorsque la casse sociale va se systématiser.

Ce qui est ici d’ailleurs terrible, c’est que Jean Castex dit ouvertement que l’économie va être démolie, qu’il éduque donc parfaitement les bourgeois qui eux l’écoutent, alors que la Gauche au sens le plus large possible le critique simplement comme quelqu’un de Droite, comme si rien n’avait changé par rapport à il y a six mois. Il y a très clairement un espoir de stabilité relative, le souhait qu’Emmanuel Macron et Jean Castex fassent le sale boulot et qu’après il soit possible de profiter du mécontentement provoqué.

C’est là une absence totale de réalisme. Le « mécontentement » amènera le succès de l’extrême-Droite. Ce qui fait avancer la Gauche, c’est l’élévation du niveau de conscience. Et là, les gens sont désarmés par rapport à ce qu’il va arriver. Il suffit pour cela de regarder un simple détail : les masques. Ceux qui les portent n’ont, le plus souvent, que des masques de bloc opératoire, qui sont esthétiquement moches. C’est incompatible avec le style français si rigoureux.

Mais les gens n’achètent ou ne fabriquent pas, pour la plupart, de jolis masques, car ils pensent que la situation de crise sanitaire ne se prolongera pas, que le capitalisme est invincible et que tout va redémarrer, que tout va reprendre.

Comment la Gauche pourra-t-elle surnager dans la désillusion à venir, dans le désenchantement des gens envoûtés par le capitalisme ayant occupé tous les horizons de leurs esprits ? Il y a ici un travail culturel immense à mener, une grande bataille des valeurs. Et l’un des aspects essentiels de cela, c’est de rappeler que la crise est mondiale et qu’elle se fonde sur la destruction de la Nature. Si on ne part pas de là, on n’arrive nulle part pour la Gauche.

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Remaniement: un gouvernement Jean Castex prêt pour la guerre sociale

Emmanuel Macron avait expliqué juste avant le remaniement ministériel que la rentrée sera difficile et qu’il fallait s’y préparer, précisant que l’économie du pays allait connaître des faillites et des plans sociaux multiples. Dès le lendemain Le Figaro, le quotidien faisant référence chez les éléments les plus sérieux de la bourgeoisie, a publié et mis en avant une analyse précisant le dessin de cette rentrée :

« Pronostiquer qu’elle sera «difficile» est au mieux un euphémisme, au pire une lapalissade. La rentrée de septembre, de l’avis de tous les experts, va être bien pire, c’est-à-dire apocalyptique ».

Les considérations de la bourgeoisie à propos de la crise à venir ne présentent en effet aucune ambiguïté. La facture va être salée, mais il est hors de question pour elle de payer alors il va falloir cogner fort pour que ce soit chaque travailleur et chaque chômeur qui en assume les conséquences. Il faut donc s’attendre à des licenciements bien sûr, mais aussi des chantages à l’emploi menant à des appels à se « serrer la ceinture », à travailler plus, plus longtemps, à renoncer à de soi-disant « avantage », à des acquis disparaissant, etc.

Emmanuel Macron imagine pouvoir tirer son épingle du jeu dans cette situation, en prenant lui-même la barre du navire. Il a donc besoin pour cela d’un gouvernement aux ordres, qui ne reculera pas devenant une telle tâche, tout en lui laissant suffisamment de latitude pour arrondir les angles, en tous cas en surface.

Jean Castex est de ce point de vue l’homme de la situation comme premier ministre. Technicien dévoué de l’appareil d’État, appartenant formellement à la Droite donc n’ayant pas peur d’assumer la guerre sociale, il saura cogner fort, sans craindre pour sa propre image. Emmanuel Macron se réserve quant à lui les grandes déclarations et autre subtilités politiques. D’ailleurs, Jean Castex devra attendre longtemps pour faire son discours de politique générale, qui ne pourra avoir lieu qu’après le discours du 14 juillet du président. Ce sera quasiment dix jours après la nomination de son gouvernement, ce qui symboliquement est lourd de sens.

Ce que cela signifie de manière très claire, c’est qu’on a un gouvernement qui se doit d’être aux ordres, qui est là pour servir directement et rapidement en vue de la crise qui s’annonce à la rentrée. Nulle question pour les ministres de « s’installer » dans leur fauteuil et de s’imaginer travailler leurs dossiers, leur ligne politique, leur image, etc. Le gouvernement passe, au sens strict, au second plan, dans ce qui une application stricto sensu de la logique la 5e République mise en place par le coup d’État du Général de Gaulle.

Le régime se démasque entièrement.

On a au gouvernement, dans l’ordre protocolaire :

le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, centriste issue de la Gauche, bien en place depuis 2017 et qui ne fera pas de vague.

la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, figure inoffensive de l’opportunisme politique à la Française, provenant d’EELV et ayant rallié Emmanuel Macron depuis le début. Elle saura ne pas s’immiscer dans la grande casse sociale qui s’annonce, tout en torpillant vaguement le terrain électoral pour EELV.

– le ministre de l’Education nationale, de la Jeunesse et des Sports Jean-Michel Blanquer, déjà suffisamment impopulaire pour ne pas causer spécialement de remous, tout en appliquant à la lettre la ligne de conduite.

– le ministre de l’économie, des Finances et de la Relance Bruno Le Maire, homme de droite appliquant depuis 2017 une politique de droite, figure bourgeoise, qui prépare déjà depuis plusieurs semaines la « relance économique ».

la ministre des Armées Florence Parly, elle aussi en place depuis le début, personnalité discrète mais parfaitement au cœur des préoccupations militaires françaises, que ce soit au Sahel, pour les essais de missile à capacité nucléaire ou plus récemment au sujet de la Libye avec les tensions grandissantes entre la France et la Turquie.

– le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, anciennement ministre du budget, promu à l’Intérieur pour assumer une posture rigide et directive alors que les tensions sont nombreuses au sein de la police. Il est une figure de droite, sachant ne pas se couper des préoccupations populaires avec des élucubrations « sociétales », comme l’avait trop fait Christophe Castaner. Son rôle sera ni plus ni moins que de savoir cogner si la situation l’exige et cela n’aura rien à voir avec les prétendues « violences policières » que l’on a vu jusqu’à présent.

– la ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion Elisabeth Borne, qui était depuis l’an passé la ministre pour le moins discrète de la Transition écologique et solidaire. Alors que son ministère est censé être au cœur de l’actualité sociale, cette cadre d’État (Collège des ingénieurs, élève de Polytechnique, passée par la SNCF, Eiffage ou la RATP, ancienne préfète et directrice de cabinet) saura également appliquer comme il se doit la politique de guerre sociale.

On a ensuite, avec la même logique :

– le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu ;

la ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales Jacqueline Gourault ;

– la ministre de la Culture Roselyne Bachelot ;

– le ministre des Solidarités et de la Santé Olivier Véran ;

le ministre de la Mer Annick Girardin ;

le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation Frédérique Vidal ;

le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation Julien Denormandie ;

la ministre de la Transformation et de la Fonction publiques Amélie de Montchalin.

et bien sûr le Garde des Sceaux, ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti.

La nomination de ce dernier est un scandale de haute volée et l’annonce de la liquidation de l’appareil juridique, au nom du triomphe du libéralisme. Lire à ce sujet : Éric Dupond-Moretti ou le nihilisme juridique au ministère de la Justice

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Jean Castex nouveau premier ministre: la ligne de la confrontation

Maître d’œuvre du déconfinement, Jean Castex a été nommé pour son caractère symbolique. Le capitalisme sait qu’une marche forcée s’impose et c’est le signal de l’écrasement du peuple, qui doit être saigné à blanc pour la relance.

Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, est décidément un grand liquidateur. À la suite des municipales, il a annoncé que le candidat de la Gauche aux présidentielles viendrait de l’écologie. Et à la nomination du nouveau premier ministre, il a fait un message sur Twitter disant :

« Avec la nomination de @JeanCASTEX le Président de la République confirme sans surprise son cap. Le jour d’après sera de droite comme le jour d’avant. Salutations républicaines à l’ancien et au nouveau Premier ministre. »

Qu’Olivier Faure n’ait pas compris qu’il n’y aura pas de « jour d’après » et que la crise ne fait que commencer, cela fait partie de sa vision du monde sociale-réformiste. On peut l’entendre. Mais s’imaginer forcé d’en rajouter dans les « salutations républicaines » à Jean Castex, c’est une faute politique ouverte.

En effet, à moins d’élargir le concept de République à tout et n’importe quoi, la nomination de Jean Castex est par définition même en opposition au principe de volonté du peuple et de chose publique. Marine Le Pen s’est d’ailleurs engouffrée dans la brèche en affirmant que personne ne sait ce que pense politiquement Jean Castex.

Car Jean Castex, c’est l’anti-politique. C’est un cadre étatique qui ne pense pas : il fait ce qu’on lui demande. S’il appartient à la Droite, il n’a ni corpus de pensée, ni engagement. Il est sorti du chapeau magique de l’appareil d’État. Personne ne le connaît, personne ne sait le définir politiquement. C’est le contournement du peuple par essence même.

Et qu’on ne dise pas que Jean Castex est maire de Prades, une commune de 6000 habitants, et que cela en fait un homme politique. C’est un petit à côté, c’est pour la forme. C’est un technicien de l’État ayant fait Sciences Po et l’ENA, passant par la Cour des comptes, la direction des affaires sanitaires et sociales du Var, le secrétariat général de la préfecture du Vaucluse, la présidence de la Chambre régionale des comptes d’Alsace, la direction de l’hospitalisation et de l’organisation des soins au ministère des Solidarités et de la Cohésion sociale, la direction du ministère de la Santé, la direction du ministère du Travail.

Il fut finalement secrétaire général adjoint de l’Élysée de Nicolas Sarkozy (Emmanuel Macron sera l’un de ceux de François Hollande). Ensuite, il est délégué interministériel aux Jeux olympiques et paralympiques de 2024 à Paris, délégué interministériel aux grands événements sportifs et depuis avril 2019 le président de la nouvelle Agence nationale du sport. Au début du mois d’avril 2020, c’est lui a coordonné le travail de « réflexion » gouvernementale sur le déconfinement.

Tout cela lui fait un salaire de 200 000 euros par an. C’est l’exemple même du cadre de l’appareil d’État. Et c’est pour cela qu’il a été nommé. Organisateur du déconfinement, sa nomination est un signe de l’État aux capitalistes : on assume le déconfinement, on va rétablir l’économie à marche forcée.

En réalité, il n’y aura aucun rétablissement de l’économie. Mais il y aura la marche forcée. Jean Castex a été nommé comme annonce de celle-ci. L’homme du déconfinement arrive. Le déconfinement s’impose, coûte que coûte. Il faut arriver au jour d’après. Cela tombe bien la CGT est d’accord, le PS est d’accord, une partie de la Gauche est d’accord ! La partie décadente de la Gauche.

Car la vraie Gauche sait qu’il n’y aura pas de jour d’après. Le covid-19, c’est l’ouverture de la crise écologique, c’est un ébranlement immense du capitalisme. On rentre dans une période extrêmement troublée. Avec Jean Castex, les capitalistes annoncent la couleur. Si on n’a pas rapidement une grève exemplaire comme marqueur pour le peuple, cela va être le rouleau compresseur.