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2 500 nihilistes à la free party de Lieuron

2500 personnes se sont retrouvées au sud de Rennes pour une free party en pleine pandémie, afin de passer le nouvel an dans une ambiance censée être festive, mais suintant en réalité le nihilisme par tous les pores.

On ne pourra donc pas compter sur les teufeurs pour affronter la Droite. Cela fait longtemps qu’on le savait, mais là on a une certitude complète. Organiser une free party en pleine pandémie, dans une situation de tension sanitaire, pour fêter de manière égoïste le nouvel an, c’est par définition totalement antisocial.

Nombreux sont les jeunes qui ont fait de même d’ailleurs pour le passage à la nouvelle année, avec d’innombrables soirées. Les achats de matelas gonflables – pour rester sur place et ainsi d’éviter le couvre-feu – ont connu un pic significatif. Le mot d’ordre, c’est qu’il faudrait bien décompresser et il serait donc possible de tricher.

La free party de Lieuron, à côté de Rennes, est toutefois un symbole de quelque chose de très grave en particulier. Car ce ne sont pas des jeunes bourgeois profitant d’une maison qui ont fait la fête, mais des jeunes se rattachant, d’une manière ou d’une autre, au sens le plus large, à un certain esprit alternatif. De par leurs valeurs, ils n’aiment pas la Droite. On peut parler avec eux de la recherche d’un mode de vie différent.

Et pourtant ils se sont comportés comme des jeunes de Droite, en faisant ce qu’ils voulaient comme ils voulaient. Ils ont agi comme des capitalistes établissant un marché, comme des consommateurs se procurant une marchandise. Il n’y avait aucune dimension culturelle, aucune dimension politique, aucune dimension concernant l’existence. C’est même tellement forcé qu’on est même plus dans la conception originelle de la free party comme lieu où régissent d’autres valeurs.

Cela a été juste une bulle. C’est donc réactionnaire et il est significatif qu’a été incendié un véhicule de la gendarmerie, alors qu’il y avait une entreprise produisant du foie gras juste à côté du lieu de la « fête ». On est là dans l’anarchisme, dans l’individualisme assumé. Il n’est donc pas étonnant qu’il n’y ait aucune répression, à part 1600 amendes à la fin de la free party. L’État adore de tels jeunes nombrilistes et consommateurs.

Nombrilistes, consommateurs et hypocrites, à l’image de l’association Techno+ qui prétend chercher à réduire les risques de la consommation de drogues et ne fait en réalité qu’accompagner celle-ci. « Essaye de respecter au max les gestes barrières ». Mais bien sûr, des gens défoncés rassemblés par milliers dans un endroit clos vont y faire attention. Que c’est pathétique que ce cinéma pour prétendre faire des efforts, alors qu’en réalité on est dans le relativisme et le nihilisme.

On est d’ailleurs à peine en début d »année que Techno+ a mis déjà la barre très haut dans la course au communiqué de victimisation le plus stupide et aberrant de l’année, avec une photo tellement parlante qu’on se demande comment ces gens ne comprennent pas qu’ils sont totalement déconnectés.

Vivement que les masses populaires s’activent et que soient balayés ces élucubrations petites-bourgeoises, ces pseudos-rébellions si caricaturales qu’on les dirait inventées par l’extrême-Droite ! Place au regard ouvrier sur la réalité et assez de ces fuites dans des paradis artificiels superficiels, consommateurs et destructeurs !

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Valéry Giscard d’Estaing, l’Emmanuel Macron des années 1970

Décédé à 94 ans des suites du Covid-19, Valéry Giscard d’Estaing a subi la malédiction d’avoir été un ultra-moderniste passant pour un ringard.

Valéry Giscard d’Estaing a une très mauvaise image. Il a perdu les élections en 1981 et s’est depuis coltiné l’image d’un autocrate arraché à son trône. La presse bourgeoise raconte évidemment que sa défaite a comme raison l’absence de soutien de Jacques Chirac ou bien l’affaire des diamants qui lui ont été donnés par le président de la République centrafricaine Jean-Bedel Bokassa.

En réalité, la Gauche avait réussi à mobiliser contre son libéralisme appauvrissant les masses et son identification très claire à la bourgeoisie moderne, entreprenante, magouilleuse, décadente. Valéry Giscard d’Estaing, c’est un arrière-plan terriblement douteux moralement et le choix d’une France pro-européenne, alignée sur le capitalisme américain et prônant un libéralisme culturel massif.

Car Valéry Giscard d’Estaing, en tant que président, fut un jeune président – 48 ans – partisan de la modernisation du capitalisme et de la libéralisation des mœurs, ce qu’il appelait la « société libérale avancée ».

C’est ce qu’espérait être Emmanuel Macron aujourd’hui, du moins ce que la haute bourgeoisie financière, tournée vers l’international et foncièrement cosmopolite dans son mode de vie, a espéré qu’il soit. Le quotidien Le Monde résume tout à fait bien les choses quand sa nécrologie explique de Valéry Giscard d’Estaing que :

« Il incarne le changement sans rupture et transforme – en peu de temps – la société française durablement. »

Le Figaro le note pareillement :

« Il se voulait alors l’incarnation d’une modernité triomphante, issue du centre-droit libéral et démocrate-chrétien qui a bâti l’Europe d’après-guerre. »

Valéry Giscard d’Estaing, c’est le divorce par consentement mutuel, c’est le développement du TGV, c’est le regroupement familial pour les immigrés, c’est l’absence de costume traditionnel en queue-de-pie pour son premier discours présidentiel, c’est l’absence de collier de grand maître de la Légion d’honneur pour le portrait officiel, c’est la visite chez des gens au hasard et l’invitation d’éboueurs au petit-déjeuner à l’Élysée.

Valéry Giscard d’Estaing, c’est la création d’un secrétariat d’État à la Condition féminine (confiée à une journaliste, Françoise Giroud), c’est le changement du bleu du drapeau français dans une version moins agressive, c’est le ralentissement d’une Marseillaise jouée moins forte, c’est la fin de la censure pour le cinéma.

Valéry Giscard d’Estaing, c’est la transformation de la gare d’Orsay de Paris en musée servant d’ode à la bourgeoisie de la belle époque, c’est l’initiative de faire une Cité des sciences et de l’industrie à Paris, c’est la mise en place des premières Journées du patrimoine, c’est la création du Conseil européen, c’est l’instauration avec l’Allemagne du Système monétaire européenne et de l’ECU comme unité de compte européenne.

Valéry Giscard d’Estaing, c’est la tenue en France d’une réunion des cinq pays occidentaux les plus industrialisés (en 1975 à Rambouillet et qui deviendra le G5, le G7, etc.), c’est la dépénalisation de l’avortement, c’est la fin de l’ORTF (c’est-à-dire la télévision publique et sous tutelle) et de son monopole, c’est le droit de vote à 18 ans (et non plus 21).

Valéry Giscard d’Estaing, c’est l’institution de la Commission technique d’orientation et de reclassement professionnel (COTOREP) et d’une loi d’orientation en faveur des handicapés, c’est la décision de construire le supergénérateur nucléaire nommé Superphénix et la mise en place la Compagnie générale des matières nucléaires (COGEMA) et l’Institut de protection et de sûreté nucléaire (IPSN).

C’est là qu’on se dit : mais tout cela, la gauche gouvernementale trouve cela désormais très bien. Et on comprend alors le décalage complet vis-à-vis de la Gauche de 1981 et la joie que pouvait représenter le départ de Valéry Giscard d’Estaing. La gauche gouvernementale française s’est tout simplement transformée en équivalent des « démocrates » américains, avec le même populisme, le même libéralisme culturel, le même capitalisme accepté mais « amélioré ».

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Les réactions politiques au décès deValéry Giscard d’Estaing

C’est tout naturellement que la mémoire de l’ancien président de la République Valéry Giscard d’Estaing a été immédiatement salué dans la nuit du 2 au 3 décembre 2020 par la Droite et les libéraux, suite à l’annonce de son décès. Il est unilatéralement présenté comme une figure ayant porté la « modernité ».

De La République En Marche, le parti d’Emmanuel Macron, évoquant celui qui « a œuvré pour une nation moderne », à Nicolas Sarkozy parlant d’« un homme qui a fait honneur à la France » et qui a « cherché et réussi à moderniser la vie politique », l’éloge est toujours du même ressort.

Le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, a parlé de celui qui « modernisa notre République », tout comme Xavier Bertrand, le président de la région Hauts-de-France et figure de la Droite, rappelant « des réformes sociétales d’envergure ». Le président de Les Républicains Christian Jacob y a lui aussi été de son petit mot sur la « conviction et détermination à la modernisation de notre société » de l’ancien président, tout comme à peu près tout le monde à Droite et au « centre ».

Du côté nationaliste, Marine Le Pen a choisi l’option opportuniste, pour saluer et ramener à elle celui qu’elle est censée honnir :

« Condoléances aux proches de Valéry Giscard d’Estaing. Président d’une France en crise, il fut l’artisan de nouvelles libertés publiques et un ardent soutien du progrès technologique. En 2018, il confessa que sa plus grande erreur fut d’instaurer le regroupement familial. MLP »

Remarquons ici pour l’anecdote que l’extrême-droite étudiante activiste se voulant sociale, les Groupes d’Action Jeunesse, qui se confrontaient physiquement au GUD, ont participé au service d’ordre de Valéry Giscard d’Estaing, une pratique courante en ce sens de la part de ceux se voulant « nationaux-révolutionaires ».

C’est en ce sens qu’il faut comprendre les propos très durs d’Eric Ciotti pour rappeler le caractère anti-communiste de Valéry Giscard d’Estaing :

« Valery Giscard d’Estaing a été un immense président L’une des plus belles intelligences de la République un héraut de la liberté et de la lutte contre le communisme Il aura vraiment changé la vie des Français Sa défaite en 1981 a marqué pour la France un tournant vers le déclin. »

Anne Hidalgo, qui espère être candidate aux présidentielles, ne peut pas ne pas le savoir, mais évidemment elle n’en a rien à faire et a sauté sur l’occasion pour renier toute considération de gauche en associant Valéry Giscard d’Estaing au « progrès » :

« Je salue cet Européen convaincu qui a œuvré pour inscrire notre pays sur la voie du progrès. Il portait Paris dans son cœur et lui a toujours voué un intérêt tout particulier. »

Olivier Faure, le dirigeant du Parti socialiste, a pareillement joué la carte du « progrès » :

« Toutes mes condoléances à sa famille et ceux qui l’ont accompagné au cours de sa longue vie politique. Les socialistes n’oublient pas la légalisation de l’IVG, le droit de vote à 18 ans, le divorce par consentement mutuel. »

Fabien Roussel, le secrétaire national du PCF, a quant à lui salué au nom de son parti un concurrent politique, afin de bien souligner le respect des institutions, des figures de la Droite, etc. 

« Le PCF s’incline avec respect et salue la mémoire de V.Giscard d’Estaing. C’était un homme de conviction qui a, jusqu’au bout, y compris avec le Traité constitutionnel défendu une économie et une Europe très libérale. »

De son côté, François Hollande y est allé franchement dans l’hommage à cette figure libérale « qui a modernisé la France» tout en étant incompris. Une allusion bien entendu à lui-même :

« Conscient de sa grande intelligence qu’il mettait au service de son pays, il espérait apparaître comme un président simple et proche des Français. Il n’a pas toujours été compris ».

Comme avec le décès de Jacques Chirac en 2019, on a une grande opération de lessivage idéologique et politique, avec la Droite valorisant l’un des siens, mais personne à Gauche pour assumer une critique sérieuse et profonde de la France capitaliste du XXe siècle, dont Valéry Giscard d’Estaing était une illustration moderniste.

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Politique

Le monde court à sa perte, mais la petite-bourgeoisie «de gauche» manifeste contre la police

La Gauche va mal, très mal en France. Et quand on voit que pour une grande partie d’entre elle, l’actualité est de s’imaginer que le pays serait en passe de devenir une dictature avec la police s’arrogeant le droit de tabasser en toute impunité, on comprend tout à fait que les classes populaires ne veuillent pas entendre parler d’elle… L’agitation hystérique autour de l’article 24 de la proposition de loi relative à la sécurité globale, avec des manifestations dans plusieurs grandes villes samedi 21 novembre, en dit long sur le décalage terrible entre la Gauche et la société française.

La France, comme tous les grands pays capitalistes, connaît une désagrégation majeure de son tissu social. La société craque de partout avec une violence de plus en plus prégnante, notamment à l’égard des femmes, et ce jusque dans les moindres interstices de la vie quotidienne. La police est clairement en première ligne face à cette décomposition, mais avec des moyens très faibles et une hiérarchie de plus en plus déconnectée de sa base. Une base qui s’est largement prolétarisée, en perdant au fil des années ses traditions autoritaires-paysannes faisant du policier un sympathisant naturel de l’extrême-Droite.

La colère est d’ailleurs, dans un tel contexte, très grande dans les rangs de la police, avec des fonctionnaires ayant de plus en plus le sentiment de ne pas pouvoir assurer leur mission de protection de la population, tout en étant en même temps jetés en pâture face à des délinquants dont l’arrogance n’a d’égale que l’impunité dont ils bénéficient.

Alors, quand en plus de cela les policiers se sentent menacer dans leur vie privée… forcément qu’ils ne sont pas contents. Rien de plus naturel. La réalité est qu’en France, l’État n’est même pas en mesure de garantir la sécurité de sa propre police. Les policiers prennent de plus en plus l’habitude de cacher leur profession, notamment avec leurs enfants pour qui il devient préférable de ne pas dire qu’ils sont fils ou filles de policier.

Le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin n’entend aucunement changer les choses dans un sens démocratique, en mettant le Droit au cœur de la société. En bon populiste, il prétend avec une petite mesure qu’il va pouvoir contourner les problèmes et garantir la sécurité des policiers. C’est le sens du fameux article 24 de la proposition de loi relative à la sécurité globale, voté en première lecture par l’Assemblée nationale vendredi 20 novembre 2020.

Voici ce qu’il dit :

« Article 24

I. – Le paragraphe 3 du chapitre IV de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse est complété par un article 35 quinquies ainsi rédigé :

« Art.35 quinquies. – Est puni d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende le fait de diffuser, par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support, dans le but qu’il soit porté atteinte à son intégrité physique ou psychique, l’image du visage ou tout autre élément d’identification d’un fonctionnaire de la police nationale ou d’un militaire de la gendarmerie nationale lorsqu’il agit dans le cadre d’une opération de police. »

II. – L’article 35 quinquies de la loi du 28 juillet 1881 sur la liberté de la presse ne font pas obstacle à la communication, aux autorités administratives et judiciaires compétentes, dans le cadre des procédures qu’elles diligentent, d’images et éléments d’identification d’un fonctionnaire de la police nationale ou d’un militaire de la gendarmerie nationale. »

Cela ne rime pas à grand-chose et n’importe qui n’étant pas de mauvaise foi se dira que si l’État en est à devoir faire une telle loi pour empêcher que les policiers ne soient menacés individuellement, c’est qu’il ne tient vraiment plus grande chose…

Mais tel n’est pas le raisonnement de la petite-bourgeoisie hystérique, prétendument « de gauche », qui voit tout l’inverse et a manifesté dans les grandes villes samedi 21 novembre pour crier au loup totalitaire, parlant de menace sur les « libertés », de « droit à l’information », voire même de fascisme pour certains.

On a ici un cinéma strictement parallèle à l’excitation petite-bourgeoise face aux mesures collectives exigées par la situation sanitaire. Aux États-Unis, la petite-bourgeoisie crie au communisme, ici elle crie au fascisme, mais cela revient au même, car le mot fascisme est employé de manière démagogique : c’est l’idéologie individualiste, anti-collectivisme, qui s’exprime.

On peut également noter que tout cette agitation est portée à l’origine par quelques journalistes pour qui le summum est de filmer les fins de manifestations, les arrestations, et plus généralement toutes les interventions des forces de l’ordre. Il y a ici tout un petit milieu très marqué par l’ultra-gauche, par l’anti-étatisme primaire, par la conception de la minorité (intellectuelle) agissante, etc.

Tout cela n’intéresse bien entendu personne en réalité, car les gens des classes populaires en France n’en ont strictement rien à faire des gilets jaunes et autres « black block » se faisant arrêter ou matraquer parce qu’ils ont trouvé amusant de jeter des pavés, des cocktails molotov ou du matériel de chantier sur des forces de l’ordre. Tout cela n’a tellement rien à voir avec la vie quotidienne des gens ou même l’idée de révolution, que c’en est anecdotique.

Sans parler de ce constat qu’on doit faire : on a de tels manifestations… en plein confinement sanitaire ! C’est totalement délirant, et ce ne peut être que l’œuvre d’une « Gauche » profondément déconnectée des réalités de la société française et des priorités du moment.

Le monde connaît une crise sanitaire majeure, qui est l’expression d’une catastrophe écologique considérable et il y a à l’arrière plan de cela une crise économique monstrueuse qui se profile, sur fond de délitement moral et culturel de la société. Ce à quoi à il faut ajouter des tensions guerrières qui sont de plus en plus prégnantes dans le monde, notamment de la part de la France qui participe activement à la course au militarisme.

II se trouve cependant des gens qui, pour détourner l’attention de la crise, prétendent que l’important aujourd’hui est de pouvoir filmer les policiers en manifestation ! C’est inacceptable et il saute aux yeux que c’est une caricature. Il faut vite renverser la table et en revenir à la Gauche historique, celle du mouvement conscient et organisé de la classe ouvrière menant la lutte des classes. L’époque exige des gens sérieux et il en est assez de l’hégémonie de la petite-bourgeoisie et des conceptions anarchistes sur la Gauche !

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Article 24 : un exemple d’obsession petite-bourgeoisie quant à l’Etat

Quelle est donc la raison de cette agitation au sein des milieux petits-bourgeois, tout particulièrement des journalistes, en raison d’un article sur le floutage des visages des policiers ? C’est l’obsession à propos de l’État.

Qu’en est-il réellement ? Que penser de ces discours alarmistes venant de ce monde libéral-libertaire, voir carrément populiste ?

Des milieux qui ne représentent rien

Les syndicats français s’imaginent représenter les larges masses françaises alors que ce n’est pas le cas. De même, les syndicats étudiants s’imaginent être les plus dignes représentants des jeunes français, alors qu’ils sont totalement marginalisés et à des années-lumières de la réalités de la jeunesse populaire de notre pays. La situation des journalistes de rédactions supposément à Gauche, et réellement libéral-libertaire, est la même : coupés de la classe ouvrière, et plus généralement du prolétariat, ils tournent en roue-libre.

Ils s’imaginent être les gardiens de la démocratie, des acquis sociaux et du progrès. La réalité est qu’ils sont une des composantes du libéralisme sur le plan des idées et du capitalisme sur le plan des salaires. Le besoin d’informer, d’élever le niveau des masses et de faire avancer la raison face à l’obscurantisme n’a pas sa place au sein des rédactions de grands groupes de presse qui ne survivent que grâce à des aides publiques, des perfusions d’actionnaires et de publicitaires.

Le décalage entre les aspirations, les grands discours et la réalité quotidienne entretiennent des mentalités complètement à côté de la plaque. Plutôt que de porter un regard lucide sur leur réalité quotidienne et sur le besoin de se lier aux masses, les journalistes se laissent bercer par la simplicité d’un entre-soi réconfortant.

Le fantasme des « bavures policières »

On se doute que la petite-bourgeoisie intellectuelle tend naturellement aux conceptions libérales-libertaires. C’est si vrai que pour certains, être journaliste c’est… filmer les fins de manifestations, les arrestations, et plus généralement toutes les interventions des forces de l’ordre. C’est de l’immédiatisme, tout à fait en phase avec la consommation propre aux réseaux-sociaux. C’est du BFM TV maquillé en rébellion.

Pour cette raison, les fameuses « bavures » et « violences policières » sont un sujet vendeur et une manière de lancer une petite carrière. Il est ici simplement pris la France des années 1970, avec sa police brutale, propice au racisme et en tout cas ouvertement beauf, afin de prétendre que la France de 2020 lui correspond.

On tord ici tellement les faits que la conséquence inévitable, c’est que des jeunes hommes drogués et violents envers leur conjointe, des dealers en fuite, et autres éléments anti-sociaux, sont transformés en victimes de l’arbitraire, de « racisme systémique » et autres inventions petites-bourgeoises.

L’État, obsession petite-bourgeoise

Que des amendements et des lois soient mal faits, mal écrits avec de nombreux flous, cela n’a malheureusement rien de surprenant. Sauf si bien entendu on n’a pas de critique de fond de la société et du capitalisme… Et justement la petite-bourgeoisie s’imaginant contestataire n’a qu’une obsession : l’État.

L’État à qui il faut mendier, tout en le dénonçant, et inversement. Les mêmes petits-bourgeois qui dénoncent qu’on ne pourrait plus montrer les policiers en action… n’ont pas pour autant quelque chose à proposer concernant l’organisation de la société. Ils prétendent qu’il faudrait moins de police, plus de police – mais sans que rien ne soit changé dans la société. C’est évidemment intenable et ils le savent. C’est de la démagogie.

C’est du niveau des gilets jaunes exigeant moins d’impôts et plus de services publics, du syndicat qui dénonce le patron tout en faisant un accord avec lui dans le cadre des négociations, des entreprises qui veulent le libéralisme… mais aussi les aides de l’État.

L’État est véritablement une obsession petite-bourgeoise, tout ce que voit la petite-bourgeoisie, c’est l’État, ce qui est bien passe par l’État, ce qui est mal passe par l’État. Coincée entre la bourgeoisie qu’elle jalouse et les prolétaires qu’elle méprise, la petite-bourgeoisie trouve des fictions, cherche à faire du bruit, elle tente d’exister. Que tout cela est vain, que ses gesticulations sont grotesques!

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Cannabis: la Cour de justice de l’Union européenne impose le CBD à la France

Les capitalistes de la fleur de chanvre attendaient avec impatience la décision de la Cour de justice de l’Union européenne dans l’affaire Kanavape. Jeudi 19 novembre 2020, elle vient de donner sa décision et sans surprise, elle demande à la France de s’aligner sur la législation commune européenne.

En 2017, Sébastien Béguerie de l’entreprise Kanavape spécialisée dans la commercialisation de cigarette électronique à base de cannabidiol est convoqué au tribunal correctionnel de Marseille. L’État lui reproche de vendre ses marchandises sous couvert de vertus médicales.

En effet, des médicaments à base de molécules issues du chanvre, comme le tétrahydrocannabinol (thc) ou le cannabidiol (cbd), existent déjà, comme le Sativex (thc) ou l’Epidyolex (cbd). En juin 2018, la Mission Interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildca) rappelait :

En France, les seuls produits contenant des tétrahydrocannabinols et du CBD pouvant revendiquer des allégations thérapeutiques sont les médicaments autorisés par l’ANSM ou la Commission européenne sur la base d’un dossier évalué selon des critères scientifiques de qualité, sécurité et efficacité.

Mais la pression capitaliste s’avère extrêmement intense puisque l’ « affaire Kanavape » donne lieu à des propos plein de confusion émanant du gouvernement de l’époque, pavant la voie à l’ouverture de nombreux « shops de CBD » partout en France.

Ces derniers s’appuient sur la législation européenne qui autorise la commercialisation et la vente de fleurs de chanvre à condition que la plante dont elles sont issues contiennent moins de 0,2 % de THC, la substance psychoactive du cannabis. Ainsi, des pays comme la Finlande, la Lituanie, la Norvège, l’Espagne, les Pays-Bas, l’Allemagne, etc., autorisent la vente de produits de cannabidiol sur cette base juridique.

Mais, les petits boutiquiers français du CBD oublient que la France a une base populaire qui n’est heureusement pas aussi réceptive aux mœurs libéral-libertaires que les Pays-bas ou la Norvège par-exemple, et que nous ne sommes pas non plus dans les pays de l’Est où l’euphorie capitaliste post-URSS fait des ravages.

De fait, la législation française interdit strictement la vente de fleurs de chanvre, quel que soit le taux de THC, n’autorisant que l’utilisation des graines et fibres d’une plante respectant la norme européenne de moins de 0,2 %. Autrement dit, d’accord pour des huiles, des crèmes, etc., à base de CBD d’une plante contenant moins de 0,2 % de THC, mais non aux fleurs de CBD pour fumer.

Cela pose forcément problème aux marchands de la fumette, confrontés alors à des procès en série.

La Cour de justice de l’Union européenne vient ici jouer son rôle de lissage et d’uniformisation vers le libéralisme, permettant l’extension du marché et la bonne marche du capitalisme. Dans sa décision à propos de l’affaire Kanavape, elle rappelle premièrement que :

La Cour dit pour droit que le droit de l’Union, en particulier les dispositions relatives à la libre circulation des marchandises, s’oppose à une réglementation nationale telle que celle en cause.

Pour ensuite affirmer très nettement :

Une interdiction de commercialisation du CBD, qui constitue, d’ailleurs, l’entrave la plus restrictive aux échanges concernant les produits légalement fabriqués et commercialisés dans d’autres États membres, ne saurait être adoptée que si ce risque apparaît comme suffisamment établi.

Grosso modo, l’échange et la vente de fleurs de CBD doivent être autorisées en France car il ne faut pas faire entrave à la liberté de circulation de marchandises soit-disant « inoffensives » pour la santé. Business is business !

Mais la France et surtout les français ne disent pas que le CBD n’est pas inoffensif au plan sanitaire, ils disent qu’avec un tel marché, on ouvre la boite de pandore vers la banalisation générale des drogues. Le CBD se fume de toute manière avec du tabac, et les études sanitaires disent que le CBD n’est pas psychotrope, non pas qu’il est absolument dénué d’effets indésirables… Si l’on veut se soigner, on a des médicaments prescrits par son médecin, et disponibles en pharmacie.

Pour l’Union européenne, il n’y a pas de réalités nationales, liées à des héritages culturels spécifiques issus des luttes de classe. Non, il y a simplement des espaces de projection marchande. Son rôle est de faire de l’Europe un vaste marché commun, si possible avec le plus d’échanges divers et variés, ni plus, ni moins. Il faut bien pouvoir peser dans la concurrence capitaliste internationale…

Avec cette décision, la Cour de justice de l’Union européenne vient détricoter par en haut, de manière totalement anti-démocratique, la culture populaire plutôt rétive à l’ouverture officielle d’un tel commerce en France. L’autorisation du CBD par cette « Cour » doit donc être comprise uniquement pour ce qu’elle est : une décision au service du rouleau compresseur capitaliste.

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GPA: pourquoi la Gauche doit signer le manifeste latino-américain contre l’exploitation reproductive

Le 14 novembre, la Coalition Internationale pour l’Abolition de la Maternité de Substitution (CIAMS) et une centaine d’autres organisations féministes de part le monde ont publié un manifeste contre la GPA. C’est un document important, et les organisations de la Gauche française devraient le diffuser et le signer.

En France, le sujet de la GPA est très peu soulevé par les organisations de gauche, avec au fond l’idée que ce n’est pas vraiment d’actualité. La révision de la loi bioéthique a écarté officiellement la GPA et il est considéré que ce n’est plus un problème.

Pourtant, ce n’est par parce que la loi bioéthique l’exclu que le danger d’une réglementation de la GPA est nul, ni que cela n’existe pas.

En effet, la réglementation pourrait bien être facilitée par le biais international des travaux de la conférence de la Haye, plutôt que de dépendre uniquement d’un agenda politique national.

Et surtout, malgré l’illégalité de la pratique, entre 200 et 300 nourrissons issus de GPA arrivent en France chaque année. La justice française, à de nombreuses reprise, s’est d’ailleurs pliée face à cette pratique illégale en reconnaissant de soit-disant « parents d’intention ». L’exploitation du corps de femmes et le trafic d’enfant, c’est donc une réalité concrète concernant la France, un problème dont il faut se saisir dès maintenant.

Parmi les partis politiques qui se situent dans le champs de la gauche, au sens large, Europe Écologie-Les Verts est celui qui se range le plus en faveur de la GPA. Au sein du PS ou de groupes comme Place Publique, Génération-s, cela fait débat, il est de toutes façon très difficile de trouver des positions collectives assumées chez ces partis, qui sont largement dominés par le libéralisme. C’est uniquement du côté de la Gauche « rouge » que l’on a une opposition ferme et collective inscrite dans la ligne politique : PCF, NPA, PRCF, UCL, PG, PCF(MLM) ou encore la Fédération Anarchiste. On retrouve également une opposition à la GPA du côté des populistes de la France insoumise, qui viennent de la Gauche.

La Gauche doit donc arrêter de tergiverser et se pencher sérieusement sur cette question, non pas du point de vue du désir individuel, mais de celui de la réalité de l’exploitation des femmes pour leurs utérus et leurs ovules et de la mainmise du capitalisme sur la reproduction.

Une autre raison pour laquelle il faut signer ce manifeste est que la GPA est d’ores et déjà une pratique internationale, avec les États-Uni à un pôle (GPA de luxe), les pays de l’Est et l’Asie à un autre (GPA low cost). Le manifeste a été initié par des organisations féministes d’Amérique Latine qui sont face à des tentatives de légalisation. Il ne fait aucun doute que pour les chaînes de cliniques États-Uniennes comme Ovation Fertility, les pays d’Amérique du Sud représentent une manne potentielle pour l’exploitation de femmes précaires.

Il faut non-seulement s’opposer à la GPA dans son propre pays, mais aussi soutenir l’opposition dans les pays pauvres et dépendants, par solidarité internationale. De toutes façons, les 300 bébés par an en France ne viennent pas de nulle part !

> Consulter et Signer le Manifeste ici <

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Les Français littéralement incapables d’appliquer le second confinement

Le constat est partout le même : le second confinement, au début novembre 2020, n’est pas suivi. Il y a beaucoup moins de monde dehors, mais il y a tout de même beaucoup de monde.

Beaucoup de monde dehors ? En tout cas, trop de monde ! La différence entre le premier et le second confinement est énorme. Elle n’est pas que quantitative d’ailleurs, ce n’est pas seulement une question de gens présents dehors. En fait, qualitativement, cela n’a rien à voir. Et c’est la preuve d’un terrible échec.

Les gens suivent le second confinement sans s’appliquer, sans y croire, en espérant un vaccin, un retournement de situation : c’est finalement une sorte d’allégorie de leur rapport au capitalisme. On n’y croit pas plus que cela, mais on mange du foie gras et on veut acheter sa maison ; on n’aime pas les riches, mais on veut une vie quotidienne petite-bourgeoise bien rangée tout en accumulant un petit capital.

Cette ambivalence mène les Français à leur perte. Ils s’imaginent très intelligents en adoptant une sorte de ligne in medio stat virtus, la vertu est dans le milieu. En pratique, ils sont déconnectés. Ils n’ont pas l’armature psychique pour cela, ils n’ont pas la patience, ni la morale ; ils sont incapables de faire face, prisonniers de leur passivité consommatrice et de leur relativisme libéral.

Les Français, au mois d’août, avaient d’ailleurs choisi de se débarrasser de la question de la crise sanitaire. Ils s’imaginaient ainsi rationnels, alors qu’ils étaient idéalistes. Ils se sont imaginés choisir de passer à autre chose et que cela suffirait. Il faut se rappeler les comportements en août pour voir à quel point les Français étaient dans le déni. Avec le recul, c’est à peine croyable.

Et malgré la nouvelle crise sanitaire, ils continuent, en relativisant le second confinement, en cherchant à le détourner avec un justificatif par-ci un justificatif par-là, avec un État complaisant autorisant tout et n’importe quoi de manière dérogatoire. Les Français ne veulent pas de la crise sanitaire, donc elle n’est pas vraiment là. Ainsi, le second confinement est, dans les faits, une fiction.

Pas pour les restaurateurs et les fleuristes bien sûr, pour tous les petits commerces en général, qui doivent encaisser les coups et les coûts du capitalisme (ce qui devrait leur enseigner à mieux choisir ses amis et ses alliés et à se tourner vers la classe ouvrière). Pas non plus pour les refuges et centres de soins pour animaux, qui encore une fois n’existent pas pour l’État et dont les bénévoles se retrouvent à devoir bricoler pour pouvoir se déplacer, travailler, intervenir.

Mais le confinement est bien une fiction en terme de société. Je fais semblant, tu fais semblant, nous faisons semblant. Le gouvernement prétend, les gens prétendent, tout le monde prétend, les réalistes et les médecins hallucinent, désespèrent, protestent. Ils se demandent : pourquoi les Français sont-ils aussi obstinés dans leurs comportements ? Pourquoi ne s’assument-ils pas ?

C’est pourtant simple. Les esprits sont ailleurs, forcément ailleurs,et cela pour une simple raison : personne n’est prêt à assumer que le capitalisme est allé droit dans le mur à l’échelle planétaire, qu’il faut tout remettre à plat, que plus rien ne sera comme avant…

Assumer cela, c’est partir en guerre contre le capitalisme, au sens strict, dans un contexte sanitaire encore en crise, dans un contexte international militarisé, avec une économie portée à bouts de bras avec de l’argent magique, à quoi on doit ajouter le réchauffement climatique, l’effondrement de la culture sous les coups de boutoir de l’expansion du marché, etc.

Trop compliqué ! Trop difficile à suivre ! Trop de sacrifices !

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Deux tribunes absurdes anti-confinement à gauche

Surfant sur la dynamique petite-bourgeoise anti-confinement, deux tribunes se revendiquant de la Gauche dénonce le confinement comme une manœuvre politique sans fondement.

Ce sont deux étranges tribunes, extrêmement offensives, qui dénoncent le confinement avec les mêmes arguments que l’ultra-gauche ces dernières semaines. Le second confinement reposerait sur un mensonge gouvernemental, le but serait de faire peur, d’instaurer un État pratiquant une surveillance généralisée, décidant par en haut, etc.

C’est de la paranoïa petite-bourgeoise tout à fait traditionnelle, avec la dénonciation de l’État, des décisions centralisées, des mesures collectives, avec une lecture complotiste où les mesures relèveraient d’une opération machiavélique, avec un agenda caché, etc.


La tribune Le confinement constitue un remède pire que le mal pour la société française, parue sur Regards.fr

C’est une longue tribune, signée par des gens relevant de la bourgeoisie intellectuelle: professeur d’université, maître de conférence d’université, médecin, psychiatre, chercheur au CNRS, biologiste, vétérinaire, etc.

Ces 350 signataires disent que le reconfinement a été prévu depuis des mois, qu’on a un alarmisme qui est une construction intellectuelle afin de faire peur, que les arguments pour le reconfinement seraient un délire, que la démocratie serait mise entre parenthèses, etc.

La tribune En finir avec l’état d’urgence et d’exception, publiée par Libération

Cette tribune est portée par quelques personnes seulement, avec notamment le député LFI et ultra-populiste François Ruffin, Lenny Benbara qui est fondateur du think tank Institut Rousseau, William Bouchardon qui est responsable de la rubrique Économie du Vent se lève.

Là encore il est dénoncé une atteinte aux libertés publiques, avec des décisions par en haut donc mauvaises, pour une situation accentuant qui plus est les inégalités sociales.


On croit rêver à lire ces tribunes. Le capitalisme veut évidemment faire tourner la machine à plein régime, donc il ne veut certainement pas de nouveau confinement. S’il le fait, c’est qu’il n’a pas le choix – et d’ailleurs il le fait mal. Il n’y a pas trop de confinement, il n’y en a pas assez. Mais pour les petits-bourgeois, l’ennemi c’est l’État, donc celui-ci a toujours tort, et en même temps il faut toujours se tourner vers lui pour obtenir de l’aide. D’où cette démagogie sur les libertés publiques, les décisions par en haut, etc., comme si toutes les décisions n’étaient pas prises par en haut depuis longtemps !

Dans la situation de crise sanitaire que l’on connaît, il faut se souvenir de ces deux tribunes, car bientôt leur caractère scandaleux sautera aux yeux, leur caractère petite-bourgeois sera évident et sera source de leçons. On verra aisément qu’il s’agissait de démarches anti-collectivistes, anti-populaires, d’expressions de terreurs devant les nécessaires décisions à la fois étatiques et populaires.

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Les réactions anti-couvre-feu de la «gauche» libérale-libertaire

Tout sauf les décisions à portée collective ! Tel est le credo d’une partie de la Gauche passée dans le camp d’un mélange de populisme, d’anarchisme, de vision plébéienne de l’Histoire.

En temps de crise, on ne peut plus faire semblant, car chaque point de vue compte, chaque opinion sur chaque sujet a forcément une grande importance et de grandes implications. On dévoile forcément sa vraie nature et les organisations et individus politiques expriment forcément leur nature.

La question du couvre-feu est ainsi très révélatrice, avec les petits-bourgeois hystériques et les bourgeois relativistes qui ne veulent pas en entendre parler. Les premiers sont en général « de gauche », les seconds étant de droite et l’assumant, en tous cas culturellement. Au contraire, la dynamique populaire est de penser que le couvre-feu est bien la moindre des choses, avec cette particularité propre aux grandes villes qu’une partie significative des gens ne se soucie absolument pas du virus et s’amasse dans les bars et soirées.

Il ne faut pas se leurrer, si Emmanuel Macron décrète un couvre-feu dans la plupart des grandes villes, c’est qu’il y a à la base une grande pression populaire en faveur de mesures sanitaires. Cela sous-entend non pas qu’il en fasse trop, mais bien au contraire qu’il n’en fasse pas assez. Le peuple veut un État ayant son ampleur, capable d’envergure.

La France de 2020 n’est plus la France arriérée du 20e siècle et il est hors de question pour la population de laisser filer un virus dévastateur, ni de laisser les services de santé se faire déborder à nouveau. L’État doit être à la hauteur du peuple, de la vie du peuple.

Les petits-bourgeois « de gauche » n’en ont rien à faire de cela et ils s’imaginent que le gouvernement agirait par « totalitarisme ». L’auteur de prédilection pour ces gens est George Orwell et nombreux sont ceux à avoir cité son roman 1984, à l’instar d’Olivier Besancenot :

Cependant, le meilleur représentant de cette France petite-bourgeoise, s’imaginant de gauche et très radicale, est Jean-Luc Mélenchon, qui associe le couvre-feu à un fait du Prince, en dehors de toute rationalité sur la crise sanitaire elle-même :

« 60 % des contaminations ont lieu au travail ou à l’école ou à l’université entre 8h et 19h. Mais Macron interdit les sorties au bar et au restau entre 20h et 6h. Bienvenue en Absurdie. »

Jean-Luc Mélenchon confond ainsi clusters connus et contamination, mais là n’est pas la question : rien que le ton le disqualifie. On est dans le populisme, dans l’appel à la révolte plébéienne contre les puissants qui mentiraient de manière totale, qui viseraient à la manipulation des consciences, à anéantir les libertés individuelles, etc.

On a évidemment la même rengaine du côté d’EELV, sur le mode de la critique du « totalitarisme » avec David Cormand, qui reprend tous les arguments de la Droite sans même le remarquer :

« Le « couvre-feux » a-t-il vocation à confiner aussi notre Démocratie? La légèreté avec laquelle le Gouvernement se joue des piliers sur lesquelles reposent un État de Droit: libertés individuelles, droits fondamentaux, élections,… est sidérante et effrayante. »

Notons cependant qu’EELV sait garder les pieds sur terre, de part sa quête électoraliste, et exprime dans un communiqué son soutien au couvre-feu, bien que de manière timorée.

François Ruffin s’est également parfaitement illustré dans l’hystérie anti-« Macron », qui serait maintenant un « maton » … :

« Le couvre-feu pour couvrir leur nullité. Plutôt que de prévoir et d’agir depuis le printemps, Macron, en maton, nous enferme. Combien de temps serons-nous victimes de leur incompétence ? »

On notera également le ton volontairement beauf et franchement irrationnel qu’il a utilisé à l’Assemblée nationale :

« Vous êtes capable de nous interdire d’aller pisser à plus d’un kilomètre de chez nous pendant le confinement, de nous interdire de mettre un pied dehors après 21h aujourd’hui. Face aux citoyens, vous êtes des lions. Mais face à Amazon et Bridgestone, vous êtes des paillassons. »

On est là dans la démagogie la plus complète, visant à opposer le « petit homme » aux puissants, comme le faisaient les démagogues d’extrême-Droite dans les années 1930.

On retrouve forcément le même discours et le même ton du côté de Médiapart, qui présente ainsi son article contre le couvre-feu :

« Macron préfère fliquer la population, la mettre en fiches, assassiner des secteurs entiers de notre économie (culture, restauration, etc.), plutôt que de rouvrir des lits d’hôpitaux et d’engager du personnel soignant. On interdit les sorties le soir au théâtre, au restau, chez des potes, mais on s’entasse dans le métro aux heures de pointe. Ferons-nous le deuil de tout ce qui nous fait vivre ? »

Cnews dit exactement la même chose. En fait, les remarques de ce genre sont légions dans la petite-bourgeoisie, avec souvent le prétexte d’autre chose qui est pris pour refuser le couvre-feu, par exemple avec Marguerite Stern :

« Imposer un #couvrefeu à tout le monde pour contrer le covid bof. Par contre imposer un couvre feu aux hommes et limiter leurs déplacements pour que les femmes puissent marcher dans la rue sans subir leurs agressions je dis oui. Mettons fin à la pandémie patriarcale. »

N’importe quoi ! Ou encore avec Nathalie Arthaud, pour un véritable cliché :

« Macron lance un nouveau contre-feu pour masquer la destruction de l’hôpital public. La seule liberté à laquelle Macron ne veut pas s’attaquer c’est le droit des patrons à exploiter les travailleurs. Pour les travailleurs tout sera interdit sauf le droit d’aller bosser ».

On remarquera d’ailleurs le caractère incohérent de l’argument. S’il est juste de vouloir plus de moyens pour l’hôpital public, cela n’est pas une raison pour ne rien faire et laisser des vagues importantes de malades être hospitalisées ; les séjours en réanimation ne sont pas une cure de jouvence et on sait très bien que le covid-19 touche durement y compris de nombreuses personnes n’ayant pas forcément besoin d’aller à l’hôpital.

On a la même chose du côté de Laurent Brun de la CGT cheminot, très proche politiquement de la ligne du PRCF, qui avec une blague potache appelant à manifester à l’heure du couvre-feu parle « d’enfumage » pour sous-entendre que le couvre-feu ne sert à rien :

« Bon ben prochaine manif à 21h ! Y’en a marre de ces conneries ! On veut une vraie stratégie de prévention sanitaire avec des tests efficaces, des moyens pour l’hôpital, des mesures pour l’école et les travailleurs. Pas de l’enfumage ! »

Tout cela est de l’hystérie petite-bourgeoise et ces personnes peuvent immédiatement arrêter de faire de la politique : jamais les gens ne leur confieront les clefs de l’État. Mais il est vrai que ces personnes ne veulent pas les clefs de l’État, ils veulent seulement protester, s’agiter.

Alors, à rebours de ces pérégrinations petites-bourgeoises, on a des figures politiques qui savent très bien où elles mettent les pieds. Ainsi, on a une Martine Aubry, qui n’est pas née de la dernière pluie et sait très bien que ce serait anti-populaire de critiquer le couvre-feu, alors elle assume franchement :

« Face à l’augmentation de la circulation du COVID 19 en France et à Lille, nous devons appliquer les mesures annoncées par le Président de la République, même si nous aurions préféré un couvre-feu plus tard le soir. Nous devons tous respecter ces règles. »

Eh oui, tout le monde aurait préféré autre chose, mais il faut ce qu’il faut. Cela ne plaît pas aux beaufs, cela ne plaît pas à ceux dont l’horizon politique est le libéralisme-libertaire, mais c’est ainsi !

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Semi-confinement de la mi-octobre 2020: la Droite folle de rage

L’État a coupé la poire en deux : on confine sans confiner, afin de préserver la machine capitaliste dans son essentiel. Pour la Droite, c’est déjà trop.

Comment affronter une crise sanitaire aussi grande alors qu’une chose comme la chaîne Cnews existe ? Jean-Marc Morandini, Eric Zemmour, Pascal Praud… sont le contraire des Lumières et de la Raison. Ce sont des gens très intelligents assumant de nier toute référence intellectuelle et culturelle, afin de faire triompher un populisme de Droite strictement équivalent à celui de Donald Trump.

Et, également de Benito Mussolini, d’Adolf Hitler et de tous les démagogues de la Droite la plus nationaliste, car ce gens ne proposaient pas un « totalitarisme » avec un programme, mais balançaient des idées à tort et à travers afin de manipuler les masses, réduites au rang de foules.

C’est le règne de l’anecdote, de la remarque à l’emporte-pièces. C’est le principe de la démagogie, de la vindicte irrationnelle, des accusations sans preuves, où le « bon sens » est censé s’exprimer, représenter un peuple bâillonné, etc. Les intellectuels de la télé-spectacle contribuent au renforcement d’une logique anti-intellectuelle, anti-culturelle, avec un appel à refuser la complexité, à agir à l’instinct, à l’élan vital ?

Comment une société, travaillée au corps par de tels populismes, de telles outrancières simplifications, de tels mensonges, peut-elle affronter les faits ? Comment combattre une crise sanitaire tant que la Droite agit avec vigueur ?

La Droite a deux lignes : tout d’abord, relativiser, en disant qu’il y a peu de morts et que la continuité de la société doit primer sur tout le reste. Ensuite, dénoncer toutes les mesures en les accusant d’être mal faites, en assumant ou pas le refus des mesures, au nom de l’efficacité, des droits individuels, etc.

C’est très difficile à combattre, car c’est totalement opportuniste. Ce style a contaminé d’ailleurs de larges secteurs de la population française : en effet, pour beaucoup de gens, agir, c’est faire du rentre-dedans, comme les syndicalistes de la CGT, les gilets jaunes, les énergumènes d’ultra-gauche sur Twitter, etc.

On est dans la surenchère, comme Stéphane Manigold, restaurateur et porte-parole de « Restons ouverts », expliquant sur Cnews qu’Emmanuel Macron ne comprend rien à l’économie. Ces propos n’ont aucun sens, mais ils sont véhiculés médiatiquement, touchant des dizaines, des centaines de milliers de personnes, formant des accumulations de stupidité.

Avec le semi-confinement annoncé le 14 octobre par le président Emmanuel Macron, la Droite a encore un boulevard. S’il y a un vrai confinement, la dimension collective écrase l’individualisme. Là, c’est un semi-confinement, qui n’assume pas la collectivité et qui laisse par conséquent des espaces énormes pour les protestations au nom des libertés individuelles, des « petits » entrepreneurs (en réalité des petits gros entrepreneurs, possédant plusieurs commerces), les traditions françaises, etc.

C’est la révolte petite-bourgeoise contre les « technocrates », « l’oligarchie », les « ploutocrates », etc., ce qui est évidemment une opération visant à masquer la bourgeoisie et le capitalisme, pour forcer la base populaire à se mettre à la remorque de la petite-bourgeoisie dans sa bataille pour arracher des miettes aux classes dominantes.

Cette tendance à « cracher » sur « ceux d’en haut » de manière populiste, sans réflexion, est une voie de garage. Il faut un accompagnement idéologique et culturel par la Gauche à toute révolte, lutte, protestation, afin d’élever le niveau, de faire aboutir de manière correcte toute révolte, lutte, protestation. Seule la Gauche lit en effet les choses historiquement, voit la direction à prendre.

Cet accompagnement ne peut évidemment pas venir de l’extérieur, seulement de l’intérieur. C’est un travail immense et il faut recomposer la Gauche historique pour la mener à bien… Avant que la Droite ne dévie toute la contestation, contribuant au succès du Fascisme.

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Le sondage IFOP «les Français et l’IVG»

Alors que le gouvernement compte allonger le délai pour la possibilité de réaliser un IVG, de 12 à 14 semaines de grossesse, un sondage rappelle ce qui est évident : personne ne considère l’IVG comme un acte banal.

C’est l’histoire d’un hold-up par les libéraux. On connaît l’escroquerie qu’est l’assimilation des migrants aux réfugiés, on a pareillement l’assimilation du droit à l’avortement à l’acceptation de l’avortement comme un acte totalement banal. Cette assimilation est un hold-up car elle s’appuie sur une situation socialement misérable pour imposer comme seule solution le « choix » relevant du marché.

Or, l’avortement n’est pas un acte banal et ce pour une raison très simple : le fœtus se développe très rapidement. À 6 semaines, l’embryon mesure 5 mm. Mais à sept semaines, ses bras commencent à se former ; à dix semaines il a des yeux, un nez, une bouche, ses doigts sont séparés, ses orteils commence à former, il bouge d’ailleurs ses membres. À 14 semaines, il fait 8,5 cm ; à 22 semaines, il fait 19 cm.


Un fœtus âgé à trois mois de grossesse

On comprend donc que, forcément, un médecin n’ait pas obligatoirement envie de prescrire des médicaments pour dissoudre le fœtus ou d’utiliser un aspirateur pour le désagréger et balancer le tout à la poubelle, car c’est ainsi que cela se passe. Ce n’est pas une question « religieuse » comme le prétendent les libéraux, mais une question de rapport à la vie et à la nature. Le fameux serment d’Hippocrate de la Grèce antique interdit de mener un avortement ; le fondateur du Front de Libération Animale (ALF), Ronnie Lee, se définit logiquement comme « pro life » puisqu’il se positionne en la défense de toute vie.

La Gauche historique n’a d’ailleurs somme toute jamais vu les choses autrement. C’est le libéralisme, transformant la vie en matière consommable, qui a changé les mœurs. Les Français sont ainsi travaillés au corps, mais ils restent heureusement au fond cohérents au sujet de l’avortement : malheureusement on ne peut pas faire autrement parfois, donc il faut accepter l’avortement, mais si on peut éviter tant qu’à faire, c’est mieux.

C’est là qu’intervient le sondage IFOP, dans un contexte de prolongation de la durée de la possibilité l’IVG de 12 à 14 semaines de grossesse, comme escroquerie religieuse. Ce sondage pose d’ailleurs les mêmes questions qu’un sondage IFOP de 2016 et relève pareillement d’une enquête demandée par l’Alliance Vita, le prolongement de la « manif pour tous ».

Les questions sont en effet biaisées de telle manière à ce que l’avortement ne soit pas considéré comme une question naturelle et sociale, pour faire croire que les Français seraient en partie en phase avec le mysticisme catholique.

Le processus est le suivant. D’abord on fait passer aux personnes sondées le message qu’il y a 230 000 avortements en France, au moyen d’une question bidon. Le nombre est immense et frappe forcément.

Puis la personne sondée est amenée indirectement à prendre partie au moyen d’une question à la réponse évidente :

« Pensez-vous qu’un avortement laisse des traces psychologiques difficiles à vivre pour les femmes ? »

Une fois la personne sondée interpellée et mobilisée, on lui pose une question piège. Voici cette question :

« Pensez-vous que la société devrait davantage aider les femmes à éviter le recours à l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) ? »

La question est ordurière, littéralement, car on ne sait pas s’il s’agit d’éviter l’IVG en amont, par une meilleure contraception pour les femmes, une contraception masculine… ou s’il s’agit de nier la réalité sociale de l’IVG et de la réfuter unilatéralement, donc religieusement. Ici on a 72 % de oui car les gens ayant un problème avec l’avortement, mais ayant conscience des réalités sociales, sont happées dans une négation abstraite.

Vient alors le coup de massue catholique, avec l’appel à une intervention programmatique sur une base catholique forcément :

« A ce jour, le livret officiel d’information remis aux femmes enceintes qui consultent en vue d’une IVG, comporte uniquement des indications sur les démarches pour avorter. Une proposition a été faite pour modifier ce livret en y intégrant le détail des aides aux femmes enceintes et aux jeunes mères comme cela était fait jusqu’en 2001. Êtes-vous très favorable, plutôt favorable, plutôt opposé ou très opposé à cette proposition d’intégrer dans ce livret officiel le détail des aides aux femmes enceintes et aux jeunes mères ? »

On a alors 84 % de oui ce qui donne une « légitimité » à l’Alliance Vita pour demander, forcément, à avoir une influence sur un tel livre officiel. Puis le sondage termine par une question visant à asseoir sur une base pseudo-démocratique cette pseudo légitimité :

« La France détient un taux élevé d’avortement soit une IVG pour un peu plus de trois naissances. Pourtant la France est l’un des pays du monde où les femmes ont le plus recours à la contraception. Si les pouvoirs publics lançaient une véritable prévention de l’avortement et conduisaient une étude pour analyser les causes, les conditions et les conséquences de l’avortement, y seriez-vous personnellement… ? »

On a ici 88 % de réponse favorable, ce qui est tout à fait en phase avec le point de vue démocratique consistant à dire : l’avortement, oui, mais si on peut éviter…

L’avortement est d’ailleurs un thème exemplaire. Les gens ont une opinion, formant une opinion démocratique, mais les seuls à s’exprimer sont les religieux fanatiques et les libéraux (qu’ils soient de droite, bobos de gauche ou d’ultra-gauche) pour qui un fœtus est un objet dont on peut faire ce qu’on veut.

Ce qui donne des situations intolérables, avec des attentats contre les médecins pratiquant l’avortement aux États-Unis, ce qui est un terrorisme directement dirigé contre les femmes, ou bien un avortement jusqu’à 24 semaines de grossesse au Royaume-Uni, ce qui est totalement fou quand on sait à quoi ressemble un fœtus à 24 semaines.

Vivement que le peuple s’affirme, enfin, et ne laisse plus la parole seulement aux religieux et aux libéraux. Il en va de la condition féminine : le peuple doit appuyer matériellement les femmes, c’est à lui d’organiser une société où le meilleur ressort toujours.

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La critique féministe de la GPA en Espagne (interview)

En Espagne, le mouvement féministe est à la pointe de la critique de la GPA, un exemple que la France doit suivre. Nous nous sommes entretenus avec Berta O. García (@Omnia_Somnia sur Twitter), une féministe radicale espagnole, membre de la RECAV (Red Estatal Contra el Alquiler de Vientres), un récent réseau de 50 organisations et groupes de femmes contre la légalisation de l’exploitation reproductive et le commerce de bébés en Espagne. Elle fait également partie du bureau de la Coalition Internationale pour l’Abolition de la Maternité de Substitution (CIAMS).

1) L’Espagne est leader européen de la reproduction assistée, comment cela amène-t-il la question de la GPA ?

Il est vrai qu’en Espagne, on effectue des traitements qui n’existent pas dans d’autres pays ou qui sont réglementés d’une autre manière. Ici, par exemple, le don anonyme de gamètes est autorisé, « compensé » financièrement, ce qui est interdit en Italie, en Suisse, en Autriche et en Allemagne ; dans d’autres pays, comme la Suède et le Danemark, l’ovodonation (don d’ovule) est considérée comme une pratique dangereuse pour la santé et il est seulement permis d’utiliser ses propres ovocytes ou les restes d’autres femmes ayant subi une fécondation in vitro.

En Espagne, il est également possible de réaliser le test génétique préimplantatoire (PGT-A), qui n’existe pas dans d’autres pays, ou la méthode «Ropa» (réception d’ovules en couple), par laquelle deux femmes participent activement au processus de procréation, l’une fournissant à l’autre les ovules pour être inséminés avec le sperme du donneur, et l’embryon implanté par FIV. La législation espagnole permet également aux femmes seules ou non-mariées d’avoir accès aux traitements de fertilité.

Tout cela place l’Espagne à la tête de l’Europe dans ce type de traitement et en fait une destination de tourisme de reproduction.

Le revers de la médaille est que la mainmise d’entreprises privées sur l’ovo« donation », en réalité rétribuée à hauteur d’environ 1000€, pousse de nombreuses jeunes filles, notamment étudiantes à céder aux ambitions des cliniques privées et à subir des traitements hormonaux très agressifs pour stimuler leur production d’ovocytes. De plus, l’extraction par ponction chirurgicale du liquide folliculaire qui contient les ovules, sous sédatif, est non sans risque.

Il y a des filles qui sont soumises plusieurs fois à ces procédures agressives, ce qui suppose une véritable exploitation reproductive, bien que plus cachée et moins évidente que la mal nommée maternité de substitution.

Paradoxalement, les patientes qui viennent dans les cliniques pour résoudre leur infertilité sont dissuadées de subir ces traitements parce qu’il s’agit d’une véritable bombe hormonale.

Ensuite, il y a les femmes bénéficiaires, pour la plupart des femmes qui ont été contraintes de retarder la maternité pour des raisons professionnelles. Il existe d’ailleurs de grandes entreprises telles que Google, Facebook, Apple, Úber, Spotify qui encouragent leurs employés à retarder l’âge de la maternité et financent la cryoconservation des ovules. Cette pratique a déjà atteint les entreprises espagnoles.

La majorité des fécondations in vitro en Espagne ne sont plus réalisées pour des raisons de maladie, mais pour des raisons « sociales », c’est-à-dire l’âge de plus en plus avancé des femmes qui décident de devenir mères se soumettant à la pression exercée par les entreprises pour que la productivité des travailleuses ne soit pas interrompue par la maternité. Si l’on ajoute à cela la pression sociale que les femmes subissent pour devenir mères, le tableau est décourageant.

Il y a environ 400 cliniques de fertilité en Espagne, nous sommes le deuxième pays au monde, après les États-Unis, en nombre de cliniques. Elles ne nécessitent pas beaucoup d’investissements et les bénéfices sont très juteux. La sécurité sociale couvre également ces traitements, mais avec des restrictions, et le temps d’attente est généralement compris entre 1 et 4 ans, de sorte que la plupart des patients optent pour les cliniques privées.

Il est évident que les cliniques seraient les premières intéressées à proposer la maternité de substitution, mais la loi espagnole sur les techniques de procréation assistée n’inclut que les techniques qui remplissent les conditions d’accréditation scientifique et clinique, et le fait d’utiliser une femme pour porter et accoucher un bébé sur commande et par contrat afin de le donner à un tiers n’est pas une technique.

Cela doit être très clair, car dans la plupart des règlements existants et dans la plupart des propositions législatives, cette erreur est commise. Aucune société scientifique-médicale n’approuve cette pratique en tant que technique de procréation assistée. La loi espagnole déclare « nul le contrat par lequel la gestation est convenue, avec ou sans prix, à la charge de la femme qui renonce à sa filiation maternelle en faveur du contrat.

2) Y-a-t-il une actualité politique pour la légalisation de la GPA? Si oui, peux-tu développer par qui c’est porté ?

Il y a quelques années, le sujet de la maternité de substitution n’apparaissait que dans les magazines de type people quand une célébrité avait acheté un, deux ou quatre bébés.

Il existe plusieurs associations très actives en faveur de la maternité de substitution et des acheteurs de bébés à l’étranger. Ces associations ont inspiré les propositions législatives du parti politique Ciudadanos (Citoyens) en 2017 et 2019, mais aucune d’entre elles n’a été soumise au débat du Congrès des députés. De plus, il n’a obtenu que 10 représentants au Congrès lors des dernières élections générales, il est donc en nette minorité pour faire avancer une éventuelle nouvelle proposition législative.

En revanche, du fait de la reconnaissance des bébé nés par GPA à l’étranger depuis 2010, il y a un terreau à la formation d’associations de défense de la maternité de substitution. Une initiative législative populaire a ainsi été lancée par l’Association pour la Légalisation et la Régulation de la GPA en Espagne mais les 500 000 signatures nécessaires n’ont jamais pues être obtenues.

3) Quelle opposition à la GPA en Espagne ?

Les deux partis qui gouvernent actuellement en coalition, PSOE et Podemos, se sont récemment déclarés contre la légalisation de la maternité de substitution et cela se reflète dans leur engagement au gouvernement.

Cependant, l’enregistrement d’un enfant né à l’étranger « grâce à des techniques de substitution » est possible à condition qu’il y ait une résolution judiciaire déterminant la filiation du nouveau-né comme fils ou fille des mandants, sans aucune référence à la mère qui l’a mis au monde. Ce type de décision de justice est rendu aux États-Unis et au Canada, effaçant la mère et accordant légalement la paternité/maternité aux « parents intentionnels », un concept très curieux et fictif, puisque ces personnes sont reconnues par une décision de justice comme parents avant même la naissance du bébé.

Ainsi, sans volonté politique de renverser cette simple instruction, nous ne pouvons pas dire qu’il y a vraiment un engagement du gouvernement contre l’exploitation reproductive et le commerce de bébés en général.

4) Comment se positionne le mouvement féministe au sujet de la « maternité de substitution » ?

Le féminisme est abolitionniste de toutes les pratiques qui impliquent l’exploitation des femmes, qu’elle soit sexuelle ou reproductive. Il y a donc toujours eu des voix contre la GPA et en 2014 un arrêt de la Cour suprême souligne cela en rendant inefficace l’instruction de 2010.

Mais celle-ci étant toujours appliquée dans les faits, des agences d’intermédiaires entre les cliniques pratiquant la GPA à l’étranger et les parents/clients, se sont multipliées sous couvert d’agences de voyages, agences immobilières etc.

C’est en 2015, que le manifeste No Somos Vasijas (« Nous ne sommes pas des réceptacles »), rédigé par un groupe d’académiciennes et des juristes a vu le jour. Le nom fait référence à la conception de la reproduction selon Aristote, pour qui la femme était un être incomplet qui ne servait qu’à « cuire » la matière fertile de l’homme.

Ce manifeste a été un véritable phare sur ce marasme d’un point de vue féministe, alors que les principales forces politiques de l’État de l’époque avaient soutenu la demande de régulation des associations. Les médias ont aussi consacré des pages et des pages et des heures de programmation pour parler de cette pratique et de ses protagonistes les plus connus et les plus populaires, afin que l’opinion publique soit touchée par tant « d’amour ».

Envers et contre tout, mais avec la force de la raison féministe, des conférences, des séminaires (…) ont commencé à être programmés, des articles, des études, des analyses et des essais féministes ont commencé à proliférer, analysant toutes les facettes et les contours de cette nouvelle forme d’exploitation des femmes et de vente d’êtres humains.

Le travail de sensibilisation a été énorme, grâce aux médias numériques, aux sites web et aux blogs féministes, mais aussi grâce à un activisme féministe très combatif dans les réseaux sociaux.

La première foire Surrofair organisée à Madrid en 2016 avait été dénoncée au ministère public par le Parti féministe pour avoir encouragé la traite des êtres humains. En 2017, la deuxième édition de Surrofair a été le déclencheur qui a appelé des dizaines d’organisations féministes faisant partie du RECAV à la première protestation en face à face contre la marchandisation des femmes et des bébés et contre la réglementation de cette pratique en Espagne.

La même année, le comité de bioéthique a publié un rapport sur les aspects éthiques et juridiques de la maternité de substitution et a proposé de promouvoir au niveau international un cadre réglementaire commun qui interdirait la conclusion de contrats de maternité de substitution.

En 2018, la Coalition Internationale pour l’Abolition de la Maternité de Substitution (CIAMS) a été créée en France, avec une présence dans 12 pays, les organisations regroupées au sein de RECAV et du collectif We Are Not Receptacles (Nous ne sommes pas des réceptacles) ont rejoint cette coalition.

De nombreuses actions ont été entreprises par des groupes féministes ces dernières années et le message a été transmis à la société : la pratique connue par euphémisme sous le nom de « maternité de substitution » est l’exploitation reproductive des femmes et la vente de personnes, une attaque contre les droits humains et les droits des enfants, et est incompatible avec les droits fondamentaux contenus dans notre Constitution.

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Société

GRS: «Non à la privatisation des routes nationales!»

Communiqué de la Gauche Républicaine & Socialiste :

« Un décret lié à la LOM ouvre la possibilité de privatiser les Routes nationales : pour nous c’est non !

La presse a relevé le 18 septembre dernier qu’un décret relatif à la Loi d’organisation des mobilités (LOM) avait été publié le 15 août, en plein été pour échapper à l’attention, qui ouvre la possibilité de privatiser les routes nationales.

Le gouvernement poursuit l’extension du marché et cède à la rente privée un investissement public payé par les Français. Il répond ainsi à l’appétit des grands groupes privés qui profitent déjà de la privatisation des concessions autoroutières.

Ainsi l’État macroniste n’a pas la volonté de s’embarrasser de l’entretien correct de nombreuses portions de routes nationales et pour parvenir à ses fins explique qu’il n’en a pas les moyens. Cette stratégie est poursuivi depuis plus de 15 ans par tous les gouvernements qui se sont succédés : lorsqu’il ne transfère pas tout simplement aux départements certaines routes nationales (qui n’ont pas les moyens suffisants pour un entretien convenable), l’État choisit de négliger dramatiquement les milliers de kilomètres qui restent de sa responsabilité, qui souffrent ainsi d’un sous-investissement chronique et finissent par se dégrader.

L’État macroniste veut ainsi nous faire croire aux sirènes des sociétés concessionnaires privées d’autoroutes qui susurrent : « si vous nous confiez certaines portions, les derniers kilomètres avant l’autoroute, par exemple, nous les entretenons, nous investissons, et, en échange, vous prorogez nos contrats autoroutiers ».

Aucune leçon tirée du scandale des autoroutes“Or, l’allongement des durées de concession, c’est justement ce qu’il faut éviter, comme le démontrent le rapport de la commission d’enquête du Sénat rendu public également ce vendredi 18 septembre après 8 mois de travail intensifs. Selon les estimations de ce rapport, au moins deux des trois sociétés concessionnaires auront rentabilisé leurs investissements dès la fin de l’année 2022, alors que les contrats courent pour encore au moins dix ans. Prolonger la durée des concessions reviendrait à priver l’État de nouvelles recettes, car plus une concession est vieille, plus elle est rentable. Les dividendes versés aux actionnaires de ces sociétés privés sont d’ores-et-déjà conséquents, nourris par une gestion opaque des tarifs et des péages au détriment des usagers, qui n’ont aucun moyen de pression – pas plus que l’État qui s’en est volontairement privé. En effet, les contrats de concession accordés à ces grands groupes (Eiffage, Vinci, Abertis, pour les plus importantes) ont été négociées de dans un sens qui leur était particulièrement favorables et toute tentative pour remettre de l’ordre a été ajournée sine die, comme le démontre le scandale du fiasco de la mission d’information de 2014 dont le rapporteur socialiste Jean-Paul Chanteguet fut mis sur la touche pour avoir trop vertement critiqué les conditions dans lesquelles le gouvernement Hollande avait renouvelé en 2013 les concessions. La commission d’enquête sénatoriale a ainsi auditionné plusieurs ministres qui ont reconnu l’opacité de la gestion de ces contrats de concession, indiquant avoir été même écartés de certaines négociations.

Tout le monde s’accorde aujourd’hui à reconnaître que la privatisation des concessions autoroutières en 2005, décidée par le gouvernement de Dominique de Villepin, a été une gigantesque erreur. Pourtant la droite sénatoriale comme le gouvernement Macron et sa majorité refusent aujourd’hui de réparer cette erreur, invoquant le même argument (et le seul) qui avait justifié la privatisation en 2005 et le renouvellement des concessions en 2013 : « la dette » ! Ainsi Bruno Le Maire annonce sans examen au fond du coût réel des concessions un prix de 45-50 Mds €, ce qui serait selon lui trop cher pour la puissance publique. Ce prix doit être interrogé, au regard de l’opacité du dispositif et des pratiques des sociétés privées. Or nous l’avons tous constaté, l’argent n’est pas cher aujourd’hui pour la puissance publique : l’État vient d’emprunter plusieurs centaines de milliards d’euros sur les marchés et parfois à des taux négatifs. Ainsi investir pour racheter les concessions autoroutières, ce serait à la fois mettre fin à une rente indue pour des sociétés privées qui n’apporte aucun avantage pour les usagers et créer demain des recettes importantes pour la puissance publique ! Même la commission d’enquête sénatoriale pourtant largement orientée à droite estime qu’il est temps de “partager équitablement les profits futurs avec l’État et les usagers” et pour ce fait suggère de ne pas renouveler certaines concessions autoroutières.

Les péages ne doivent plus servir à nourrir les dividendes des actionnaires mais à financer le retour à la gestion publique des autoroutes et à améliorer le réseau et le service, avec trois axes prioritaires : l’aménagement du territoire, la transition écologique et la maîtrise réelle des tarifs et péages (donc la défense du pouvoir d’achat).

Cadeaux et idéologie

On ne peut qu’être consterné par ce refus obstiné de tirer les enseignements du scandale des concessions autoroutières. Pire, le gouvernement Macron est en train aujourd’hui d’engager une aggravation de la situation en étendant à tout ou partie de plusieurs routes nationales le modèle néo-libéral qui s’applique aux autoroutes.

Il s’agit évidemment pour le futur candidat à l’élection présidentielle de favoriser un peu plus quelques sociétés privées et parmi elles leurs principaux actionnaires, dont il pourra récolter le soutien en temps opportun, étant bien entendu qu’Emmanuel Macron sert depuis 2017 les intérêts d’une caste stato-financière et qu’il a vocation à poursuivre dans cette voie.

La rente de situation des sociétés concessionnaires et la récolte de dividendes seront donc dopées par ce nouvel abandon de la puissance publique au détriment des usagers et des citoyens : la mobilisation des gilets jaunes avait ainsi illustré combien l’augmentation coût des transports est insupportable pour les ménages des catégories populaires et même des « professions intermédiaires ». Après l’échec de la privatisation d’ADP (plus du fait de la crise sanitaire que de la mobilisation somme toute remarquable des citoyens contre celle-ci), les routes nationales sont l’un des actifs les plus facilement aliénables pour satisfaire les grands appétits privés.

Au-delà de ces seules considérations vénales, la logique devant nous revient à mettre au clou notre patrimoine pour répondre à une injonction idéologique dangereuse.

La privatisation des routes nationales, après celles des autoroutes, vise à réduire encore un peu l’emprise de l’État – donc notre mandataire collectif – sur la circulation dans notre pays. C’est ni plus ni moins qu’une forme nouvelle de régression sociale : nous revenons aux institutions de l’Ancien Régime, aux logiques d’aménagement de l’espace et aux régimes de circulation qui dominaient notre pays avant la Révolution de 1789 avec les « Fermiers Généraux » et les octrois. Cela implique une forme de transfert de la liberté de circulation des usagers – les citoyens – vers les entreprises – le marché. L’espace politique de notre pays se trouve ainsi un peu plus placé sous l’emprise et le pouvoir des acteurs du marché (oui contrairement à ce que d’aucuns ont pu laisser entendre le marché n’est pas désincarné) et un peu moins sous l’autorité du peuple, fondement de la souveraineté populaire, donc de la démocratie.

Par ailleurs, une fois de plus, le néolibéralisme, présenté comme une forme de modernisation de la vie économique, engage une régression de l’économie d’un pays pour deux raisons :

  • Premièrement, en restreignant l’accès à la circulation dans l’espace public, la privatisation de ces routes réduit l’activité économique en diminuant les échanges. Ce que le néolibéralisme présente comme une forme de modernité est, en réalité, une régression économique qui tend à réduire le volume des échanges soutenant l’activité économique du pays. Même le marché, finalement, se trouve restreint par ce qui nous est « vendu » comme un outil de son développement.
  • La seconde raison est son incidence sur la circulation elle-même et, au-delà, sur l’emprise de la circulation sur l’activité industrielle. En conduisant à une limitation du volume des échanges et donc, de l’intensité de la circulation, la privatisation des routes conduit, à terme, à une diminution de l’usage des moyens de transport. Dans le temps long, cette privatisation pourrait conduire à une réduction de la demande des acteurs des échanges et ainsi, au-delà, à une réduction de l’offre en moyens de transport des acteurs de l’industrie.

En conséquence, la Gauche Républicaine et Socialiste demande le retrait du décret « relatif aux conditions de classement de certaines sections de routes dans la catégorie des autoroutes ». Elle s’oppose radicalement à la privatisation des routes nationales, et réclame le retour de toutes les infrastructures de transport dans le giron public .

la puissance publique doit s’engager dans une logique de non renouvellement des concessions des sociétés autoroutières et préparer une renationalisation de l’ensemble des autoroutes qui permettra le retour à une gestion publique, sous une forme à inventer pour qu’elle puisse associer les usagers. »

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Politique

Critique du salon «désir d’enfant»: la Gauche absente cède le terrain à la Droite

La Gauche, particulièrement dans son orientation féministe, devrait être à la pointe de la critique de la GPA. La gauche aurait dû être présente massivement devant le salon « désir d’enfant » à Paris qui a promu la gestation pour autrui, cette agression barbare à la dignité des femmes.

Au lieu de cela, le champ est laissé libre à la Droite catholique et c’est l’association « Juristes Pour L’Enfance », très proche de « La manif pour tous », voire quasiment une émanation de la « La manif pour tous », qui s’est montrée face au salon et qui a été relayée par la presse.

C’est dramatique, d’autant plus que leurs slogans (sur les photos ci-dessous) ont été très justes, visant précisément le cœur du problème. Impossible de ne pas se dire que ces slogans devraient être ceux de la Gauche, et qu’il y a là une très lourde faute politique à les céder à la Droite…

En 2020 en France donc, des grands bourgeois assument (en toute illégalité) de louer le ventre d’une femme pour s’acheter un enfant, mais la Gauche ne dit rien. Pire, elle accompagne cela, en prétendant que l’extension de la PMA est un progrès, alors que ce n’est qu’une étape du processus de marchandisation de la vie elle-même. Et pendant ce temps, la Droite a un boulevard pour apparaître populaire avec une démagogie d’apparence anticapitaliste.

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Société

Communiqué du CoRP dénonçant une prospection illégale à l’occasion du salon «désir d’enfant»

Ce qui se passe actuellement en France est très grave. La loi censée protéger les femmes afin qu’elles ne soient pas réduites à des marchandises en tant que « mères porteuses » est régulièrement piétinée. Dernier exemple en date : le salon « désir d’enfant » qui à lieu à Paris du samedi 5 septembre au dimanche 6 septembre enfreint ouvertement la loi, mais rien n’est fait.

Voici le communiqué du Collectif pour le Respect de la Personne (CoRP) qui présente cela de manière très précise et argumentée.

> À propos du salon « désir d’enfant », lire notre article«Désir d’enfant»: Un salon pour ouvrir le marché de la procréation en France

 

« Communiqué de presse : prospection pour une pratique illégale

Plusieurs instituts de reproduction humaine viennent à Paris ce week-end (les 5 et 6 septembre), dans le cadre d’un salon sur le désir d’enfant. Ils expliqueront notamment comment bien choisir une clinique et une agence de mères porteuses et à quels tarifs.

Selon la documentation d’un institut ukrainien, disponible avec le programme de la rencontre, le tarif le plus avantageux pour les commanditaires d’un enfant se situe entre 17 000 et 28 000 euros, si les futurs parents se présentent avec « leur propre mère porteuse », venue de leur propre pays. L’Institut s’occupe de tout le reste : nombre illimité de stimulations ovariennes en cas de recours à une donneuse d’ovocytes, FIV, transfert d’embryon, conseils juridiques. Au cas où la future mère souhaite cacher à ses amis le recours à une mère de substitution, on peut lui fournir un « pansement » (en guise de ventre postiche).

Les tarifs varient ensuite selon les prestations proposées: Diagnostic préimplantatoire pour écarter plus de 500 anomalies génétiques possibles ; Sélection du sexe de l’embryon; ou encore pour que l’accouchement de la mère porteuse ait lieu en Belgique (70 000 euros), en Grande-Bretagne (90 000 euros) ou aux USA (125 000 euros : « la meilleures solution »).

Selon le Collectif pour le respect de la personne, CoRP, les entreprises à but (très) lucratif qui viennent recruter une clientèle en France sous couvert de réunion d’information sont en infraction. Elles devraient encourir des sanctions en vertu de l’article 227-12 du code pénal.
En effet, cet article prévoit de punir par d’un an d’emprisonnement et une amende de 15000 euros « ceux qui s’entremettent entre un couple désirant un enfant et un parent acceptant d’abandonner son enfant né ou à naître ». Or l’article prévoit les mêmes peines pour ceux qui s’entremettent entre des personnes désirant un enfant et une « mère porteuse »: « Est puni des peines prévues au deuxième alinéa le fait de s’entremettre entre une personne ou un couple désireux d’accueillir un enfant et une femme acceptant de porter en elle cet enfant en vue de le leur remettre. Lorsque ces faits ont été commis à titre habituel ou dans un but lucratif, les peines sont portées au double.

La tentative des infractions prévues par les deuxième et troisième alinéas du présent article est punie des mêmes peines. »

Dans ces conditions, les entreprises qui, sur le territoire français, proposent publiquement à des personnes en désir d’enfant leurs services payants, consistant à leur remettre un enfant né d’une femme acceptant de porter cet enfant et de leur céder, agissent de façon illégale et devraient être sanctionnées.

La complaisance des autorités et des tribunaux en ce domaine serait un signe extrêmement inquiétant du renoncement de notre pays à ses exigences en matière de respect de la personne (celle de la mère comme celle de l’enfant, qui, avec la « GPA », partout commerciale, devient l’objet d’une convention et se voit attribuer un prix.

le bureau du CoRP

contact presse 07 81 14 92 41 »

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Société

«Désir d’enfant»: Un salon pour ouvrir le marché de la procréation en France

Le 5 et 6 septembre se tiendra à Paris un événement montrant que l’ouverture de la PMA à toutes les femmes en France est déjà actée, et fait l’objet d’une pression capitaliste énorme. L’enfant y est assumé comme marchandise, puisque le processus de procréation « médicalement » assistée (PMA) s’initierait sur un désir, un droit à l’enfant.

C’est donc autour du principe de « Désir d’enfant » que vont se tenir des conférences animées par les principaux acteurs économiques européens et francophones de ce marché en plein essor. Il s’agit principalement d’interventions de médecins appartenant à des cliniques privées spécialisées dans la conception d’embryon et leur implantation utérine.

On est en plein dans le droit à l’enfant qui est un droit imaginaire, construit de toute pièce par le capitalisme sous des airs de « droits individuels », une conception en train d’être validée par le droit français avec la PMA (qui n’a rien de «médicale», malgré son appelation).

On le voit bien avec ce salon, des intervenants et des conférences insistant sur la psychologie et le bien-être. « Alimentation, bien-être et hygiène de vie », « votre cas est unique », « l’aspect psychologique du don », « comment la sophrologie vous accompagne », « devenir acteur de sa fertilité », des sujets exposés principalement par des sociétés de « coaching » à la parentalité.

La PMA a d’ailleurs toujours été présentée sous ce jour auto-centré par les lobbys, ce qui a permis de contourner l’éthique collective et de tout ramener à un pseudo-choix individuel.

Il y a aussi des interventions passant pour médicales, car présentées par des médecins de grandes cliniques de fertilité, mais relevant en fait d’un ciblage marketing en partant de sujet « sociétaux » comme le retard de parentalité chez les femmes actives, la parentalité chez les lesbiennes et femmes seules, etc.

Les cliniques espagnoles seront sur-représentées avec une publicité récurrente sur le choix de l’Espagne pour aller concevoir son enfant. Un pays qui développe d’ailleurs le « tourisme médical », c’est-à-dire allier une opération médicale à des activités touristiques et bien-être. Le géant espagnol du marché de la fertilité, IVI, étant le principal partenaire de ce salon, cela n’a rien d’étonnant.

IVI est en effet depuis 2017 actionnaire majoritaire du groupe leader mondial IVI-RMA qui gère plus de 65 cliniques spécialement dédiées à la reproduction à travers le monde. Aux États-Unis cela inclut la gestation pour autrui (GPA), puisque la législation le permet dans certains États.

> Lire également : PMA: Une étape de plus de l’assaut du capitalisme dans la vie humaine

On trouve un autre géant ibérique de l’industrie reproductive pour de nombreuses conférences. Eugin, qui appartient depuis 2015 au groupe hospitalier émirati coté en bourse, NMC Healthcare, et sa branche dédiée à la reproduction, NMC Fertility qui regroupe plus de 11 entreprises.

On a donc ici des entreprises qui, selon l’orientation de la loi, pourront venir installer des cliniques en France, ou proposer de « meilleurs » service en Espagne si cela reste trop verrouillé en France. Mais le message est clair, maintenant l’enfant sera reconnu que vous soyez une femme seule ou en couple, ou encore un couple hétéro ayant voulu choisir les gènes de son enfants à travers une banque de gamètes.

Le fait de recevoir des entreprises de pays aux législations différentes est également le prétexte pour aborder ouvertement la sélection génétique des embryons (FertiCare), mais aussi la GPA.

La « maternité de substitution » prend d’ailleurs une grande place dans le salon, car c’est pratiquement le seul sujet de la salle 3 le dimanche après-midi avec des interventions des sociétés « IARC Surrogacy », « Extraordinary Conception », « San Diego Fertility Center » et « Babies Come True ». On a aussi le directeur de la clinique ukrainienne Feskov proposant PMA et GPA avec choix du sexe de l’enfant, qui va parler… du consumérisme dans le domaine de la GPA !

 

Le capitalisme assume pleinement qu’en effet, lorsque l’on acte le fait que les enfants sont un droit, alors il n’y a aucun problème avec la GPA. Cela est tout à fait cohérent avec leur vision du libre-arbitre et de la libre entreprise, où une femme exploitée pour son utérus est en fait mue par un « choix individuel ».

Le masque de « gauche », de ceux ayant travaillé corps et âme pour la libéralisation de la reproduction assistée, va bientôt tomber quand le monstre qu’ils auront enfanté sera visible aux yeux de tous. Ils révélerons alors leur vrai visage d’agents du turbo-capitalisme.

> Lire également : PMA pour toutes : l’ultra-gauche en accord avec LREM

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Écologie

L’alliance d’EELV et d’Éric Dupond-Moretti contre la Gauche et les pro-animaux

Cherchant à racoler, les responsables d’EELV ont invité le ministre de la Justice à leurs journées d’été. Celui-ci a été très content de chercher à diviser les anti-chasse. On devine l’arrière-plan : un accord politique.

Un accord, un partage des discours, au profit des uns et des autres, aux dépens d’autres. Le principe est le suivant : Éric Dupond-Moretti vient le 22 août 2020 aux journées d’été d’EELV pendant trente minutes, juste le temps de poser quelques mots et qu’il n’y ait pas de réels débats.

EELV, avec Julien Bayou et Sandra Regol, se la joue force d’opposition face à lui, posant des questions qui fâchent mais sans qu’on aille dans le contenu, avec un public applaudissant ou huant de manière irrationnelle. Éric Dupond-Moretti, lui, apparaît comme posé, démocratique, sérieux, constructif, ouvert aux propositions. C’est du donnant donnant.

Aux dépens de qui ? Aux dépens des « extrémistes » dénoncés par Éric Dupond-Moretti avec le soutien tacite d’EELV.

Qui sont ces extrémistes ? Ce sont, on l’aura compris, ceux qui posent la question animale dans le sens contraire de la Droite, sans rentrer pour autant dans le cadre d’EELV. C’est, pour nous, la Gauche de demain, la Gauche historique reconstituée.

Tant la Droite qu’EELV ne le veut pas. Leur objectif commun est ainsi d’isoler, de criminaliser, de dénoncer.

Le but direct d’Éric Dupond-Moretti, c’est d’isoler le plus possible les tenants de la cause animale. C’est un partisan complet de la chasse, de la ruralité ; c’est un populiste et il a été nommé ministre pour s’insérer dans un mouvement de « casse » des tenants de la cause animale.

> Lire également : Le ministre de la justice Eric Dupond-Moretti en duo avec le chef des chasseurs Willy Schraen

Le but d’EELV, c’est de ratisser le plus largement possible, d’avoir une image d’opposition à la chasse, d’opposition à la situation de la condition animale, d’opposition aux écocides. Mais EELV n’a aucun système de valeurs, aucune utopie à proposer ; c’est une association de bobos n’ayant que des objectifs électoraux et cherchant à un capitalisme à visage humain, une chose absurde en général, et d’autant plus alors que la crise est là.

Il faudrait être naïf pour croire qu’il n’y a pas eu, en amont, une savante discussion entre EELV et le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti, pour que la première invite le second et que le second accepte. Pour que le ministre vienne, il a d’ailleurs obligatoirement fallu l’acceptation du premier ministre Jean Castex, et vue l’affaire forcément également celle du président Emmanuel Macron. On est ici dans l’orchestration, la mise en scène. Il est évident qu’il y a eu un accord.

Ce n’est même plus un accord, d’ailleurs, mais bien une alliance. Qui est le plus ignoble dans tout cela ? C’est difficile à dire. Éric Dupond-Moretti a été lors de ses interventions un excellent avocat, c’est-à-dire un comédien efficace. Il n’aurait jamais insulté tous les écologistes, il serait pour la discussion, il invite d’ailleurs à relire la préface qu’il a faite pour l’ouvrage du chef des chasseurs Willy Schraen, il n’a jamais fait que dénoncer une petite minorité d’extrémistes et des extrémistes il y en a partout, etc.

C’est ignoble. Mais est sans doute encore plus ignoble le metteur en scène ayant invité ce comédien, et c’est un metteur en scène lui-même comédien. EELV n’est en effet pas anti-chasse, elle ne soutient pas concrètement les initiatives anti-chasse. Ce thème n’est pas un drapeau pour elle. Ce qu’elle veut, c’est comme le dit son programme :

« l’instauration a minima du dimanche sans chasse chaque semaine assortie de la création d’espaces forestiers sans chasse et de zones de tranquillité »

Mais EELV a besoin des anti-chasses afin de se donner une image écologiste. C’est nécessaire non seulement au niveau national, mais également au sein d’EELV, composé de petits-bourgeois croyant en leurs propres mensonges.

On a ainsi eu les représentants d’EELV reprochant à Éric Dupond-Moretti sa fameuse préface pro-chasse de l’ouvrage du chef des chasseurs, Willy Schraen… mais sans jamais aborder la question de la chasse, à part pour dire que, tout de même, ce n’était pas normal qu’on ne puisse pas se balader en forêt en raison des risques causés par une minorité désireuse de chasser. Les chasseurs avec leur démarche, leur idéologie ? Pas un mot !

Les représentants d’EELV ont tout fait pour ne surtout pas se poser comme anti-chasse, tout en donnant l’image d’une contestation anti-chasse. Même lorsque la question de la chasse à la glu a été brièvement posée, EELV s’est cachée derrière les règlements de l’Union Européenne. C’est d’une extrême hypocrisie.

Mais EELV ne parviendra pas à son but de dévoyer les forces anti-chasse. Car dans la question animale, on ne peut pas faire semblant. C’est une question de mode de vie et d’ailleurs ce qui s’affirme toujours davantage, c’est le besoin d’une réelle alternative dans le mode de vie et pas un capitalisme modernisé dans un sens ou dans un autre, en admettant que cela soit possible.

Cela signifie la Gauche contre la Droite. L’opposition entre EELV et Emmanuel Macron n’est qu’une querelle entre libéraux plus ou moins modernistes, elle est artificielle.

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Politique

Le point sur l’épidémie de Covid-19 en France au 6 août 2020

Depuis plusieurs semaines déjà, il y a des signes montrant une circulation accrue du coronavirus responsable de l’épidémie de covid-19. C’est un rebond potentiel que la société ne sait pas aborder.

L’illusion comme quoi le covid-19 allait disparaître comme il est venu ne tient plus. L’humanité a joué avec le feu et provoqué des dérèglements à l’échelle planétaire, cela ne disparaîtra pas comme par enchantement. De fait, la maladie est encore très mal connue, tant en termes de conséquences (les cas sont très divers, tant dans la forme que la gravité), que dans sa façon de circuler.

La tension réapparaît ainsi en France, avec 14 départements considérés en situation de vulnérabilité :

– modérée pour Bouches-du-Rhône, Gironde, Haute-Garonne, Haute-Savoie, Ille-et-Vilaine, Nord, Val d’Oise, Paris, Seine-Saint-Denis, Hauts-de Seine et Val-de-Marne ;

– élevée pour Mayenne, Mayotte et Guyane.

Le 6 août 2020, il y a également 175 « clusters » en cours d’investigation (soit 14 de plus que la veille).

7 personnes sont officiellement décédées du covid-19 en France, avec surtout une hausse du nombre de patients en réanimation. 5060 personnes sont actuellement hospitalisées pour cette maladie, avec 21 nouvelles personnes admises en réanimation, portant le nombre total en réanimation à 390 personnes contre 384 la veille (+6).

Ce « solde » entrée/sortie de près de 400 personnes correspond à la situation juste avant le confinement, alors que le pic s’est officiellement situé à plus de 7000 personnes pendant quelques jours début avril.

Ce n’est évidemment guère rassurant. Rappelons en effet que les cas en réanimation reflètent une situation antérieure en termes de circulation du virus, puisqu’il faut plusieurs jours pour que les symptômes se développent et plusieurs jours encore pour qu’ils s’aggravent. Grosso modo, les symptômes mettent au maximum dix jours à apparaître, en admettant toutefois qu’on soit en mesure de les reconnaître comme relevant du covid-19.

Il y a donc l’hypothèse d’une vague qui va arriver à court terme ou, en tout cas, au moins l’hypothèse qu’une vague peut se produire de nouveau. Cela ne fait pas du tout les affaires des capitalistes qui, à l’instar du nouveau premier ministre, veulent relancer l’économie à marche forcée.

Ils tablent sur une meilleure organisation. En effet, la situation est différente aujourd’hui par rapport à lorsque le covid-19 est apparu, en raison des mesures sanitaires prises entre-temps, de la saison (avec la vie davantage à l’extérieur), ainsi que des capacités supérieures à mener des tests (bien que l’organisation soit faible, mal orientée, etc.).

Ces augmentations actuelles ne signifient donc pas nécessairement dans les prochains jours l’explosion qu’on a connue en mars, si l’encadrement est suffisant. On peut avoir le covid-19 comme bruit de fond, présent à de nombreux endroits mais sans se diffuser massivement, somme toute le contraire d’auparavant où il se diffusait rapidement dans des foyers localisés.

Le problème, c’est que les Français sont pétris de libéralisme et ont basculé pour certains dans un libéralisme toujours plus assumé. Cela se lit en particulier dans la jeunesse.

Ainsi l’Agence santé publique France parle pour le 6 août 2020 d’indicateurs montrant une « progression et une intensification de la transmission de l’infection à SARS-COV-2 », ce qui indique une tendance à venir d’augmentation de ces cas graves dans les jours ou semaines à venir.

Mais il est également insisté depuis plusieurs jours sur la prévalence des cas positifs dans la population jeune et c’est encore le cas dans la communication du 6 août 2020, qui évoque particulièrement les jeunes adultes.

Les jeunes se disent qu’ils ne risquent pas grand-chose et ne pensent pas à protéger les autres, ils vivent dans une bulle, d’ailleurs anxiogène. Ils ne savent pas comment se placer alors que, par définition, les jeunes veulent réaliser des choses.

Ici, la société n’a aucune réponse, paralysée par le capitalisme. Il faudrait un haut niveau d’organisation de la société et là on a l’inverse. Dans un contexte où il y a un décalage entre la diffusion du virus et sa manifestation avec les symptômes, c’est évidemment fatal. Les services de santé courent littéralement derrière une société passive et des citoyens infantilisés par des mœurs libérales-libertaires.

Le covid-19 est un défi collectif ; la réponse ne peut être que collective. Ni le capitalisme, ni l’État, ni les gens ne sont prêts à cela. Les gens n’auront pourtant pas le choix.

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Société

PMA pour toutes : l’ultra-gauche en accord avec LREM

En ce qui concerne les mœurs, l’ultra-gauche est tout à fait en phase avec LREM et le turbocapitalisme en général. Il n’y aurait ni normes, ni principes, tout est au choix du consommateur.

« La famille du code napoléonien n’est plus la famille d’aujourd’hui et personne ici n’a le monopole de la famille. »

Tels ont été les propos du ministre de la Justice, l’avocat Éric Dupond-Moretti, lors de l’adoption du projet de loi de bioéthique par l’Assemblée nationale. Cela confirme la mise en place de la PMA pour toutes, la loi allant désormais passer au Sénat avant de revenir devant les députés pour sa validation finale.

Et ce qu’on peut constater, c’est que ses propos sont en accord complet avec la philosophie de l’ultra-gauche qui, conservant les fantasmagories gauchistes des « avant-gardes » intellectuelles russes des années 1920, considère que la famille est un préjugé du passé. Cette conception « gauchiste » n’a évidemment jamais été existante dans le mouvement ouvrier en tant que tel, mais on sait comment les « gauchistes » et avant eux les anarchistes ont une lecture particulière du monde. Pour eux, il faut tout dissoudre : la culture, les mœurs, les valeurs.

Dans une époque où le capitalisme prend toujours plus de place, ils convergent parfaitement avec les turbocapitalistes, telle Catherine Michaud, activiste LGBT largement appuyé dans son initiative par BNP Paribas où elle travaille.

Pour ces gens, il faut aller plus loin, toujours plus loin dans le démantèlement des normes. Officiellement, c’est pour permettre de prétendument « inclure » davantage, de permettre l’épanouissement de certaines personnes marginalisées. En réalité, c’est de la démolition pour faire davantage d’espace pour le capitalisme. Ce dernier avance dans toujours plus de domaines de la vie au nom de la « liberté », des différences censées être irréductibles entre individus. À l’Assemblée, lors du débat sur la bioéthique cette semaine l’élue LREM du Rhône Blandine Brocard a affirmé :

« Soyons imparfaits. Acceptons de ne pas tout contrôler. »

C’est là l’idéologie libérale, pour qui la société organisée c’est 1984, pour qui le Socialisme c’est l’étouffement de la créativité. Et l’ultra-gauche est parfaitement d’accord avec tout cela, elle se veut très radicale mais en réalité elle ne fait qu’œuvrer au démantèlement des normes pour satisfaire le capitalisme. Elle se retrouve, à l’été 2020, à être un appendice de LREM sur le plan des valeurs morales, sur le plan des mœurs, sur le plan des principes et de la théorie d’une société « inclusive ».

L’ultra-gauche prétend, comme LREM, que l’opposition à la PMA pour toutes et à la GPA relève de la « manif pour tous », des catholiques arriérés, alors qu’en réalité, tout ce discours n’est qu’un écran de fumée pour masquer que le turbocapitalisme est à l’offensive, qu’il a besoin d’espace, toujours plus d’espace.

Le turbocapitalisme a besoin de consommateurs isolés, atomisés, par de deux personnes s’aimant et faisant des enfants comme prolongement naturel de leur existence. Tout doit relever d’un acte de consommation bien déterminée, ramenant du profit. Et cet élargissement du marché se fait au nom de la « liberté ».