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Tribune anti-prostitution: «Sous le Strass, le corporatisme d’un monde libéral et antiféministe»

Le journal L’Humanité a publié vendredi 28 juillet 2020 une tribune très intéressante, dénonçant les défenseurs de la prostitution qui se prétendent féministes. Les arguments sont pertinents et revendiquent la Gauche historique… mais on se demande où étaient ces gens pendant toutes ces années. Car toute cette offensive libérale sur le plan des mœurs ne date pas d’aujourd’hui, et ne se limite pas qu’à la défense de la prostitution.

Voici la tribune et sa liste de premiers signataires :

« Sous le Strass, le corporatisme d’un monde libéral et antiféministe

Depuis quelques années, les médias de gauche ouvrent leurs colonnes à une obscure association corporatiste se présentant comme syndicat des « travailleuses du sexe » (STRASS). Cette association, portée par un projet profondément libéral vise à soumettre l’ensemble des activités humaines aux logiques du marché capitaliste.

Leur projet s’oppose à toutes les femmes qui luttent contre les violences qui leur sont faites au premier rang desquelles se trouvent les violences sexuelles. Les positions du STRASS sont en opposition radicale avec les organisations qui défendent le droit des salarié-e-s.

La position de la CGT et de la gauche majoritaire est très claire à l’égard de la prostitution.

« Dans la prostitution, la personne est engagée tout entière ; il n’y a plus de séparation entre elle et la fonction qu’elle occupe. Pour nous, la force de travail physique ou intellectuelle est à distinguer de l’intimité. Le sexe doit rester une barrière, il est du domaine de l’inaliénabilité. Tout ne se vend pas. »

Voilà en substance la position de la CGT concernant l’activité prostitutionnelle. Cette position est historiquement celle portée par la gauche française qui soutiendra dans sa grande majorité la campagne de Joséphine Butler pionnière de la lutte abolitionniste à la fin du XIXe siècle.

Le Parti Communiste a lui aussi affirmé maintes fois son positionnement abolitionniste et s’est prononcé en faveur de la pénalisation des clients. Du côté de Marx, la prostitution est une activité qui n’ouvre pas sur une contradiction porteuse d’émancipation comme c’est le cas pour l’ouvrier mais une activité seulement destructrice de l’individu.

Alors que le nombre de personnes se trouvant sous le seuil de pauvreté ne cesse d’augmenter dans ce pays, les médias de masse ne cessent de faire la promotion de la prostitution. Ils recourent au vocabulaire de la « travailleuse du sexe » et soutiennent que la prostitution serait un « travail comme un autre » en donnant régulièrement la parole au STRASS.

Or, ce « syndicat » est en réalité une association Loi 1901. Il est signataire de la charte du GLOBAL network of sexwork project (NSWP) lobby mondial en faveur du système prostitutionnel. La charte du NSWP prévoit d’inclure à la fois les femmes prostituées, les « intermédiaires » et les « managers » (autrement dit des proxénètes) sous le vocable de « travailleurs du sexe ».

Cela s’appelle une corporation. Comme le rappelle la CGT, un syndicat doit faire preuve d’une totale indépendance à l’égard de l’employeur. Ce n’est manifestement pas le cas du STRASS puisque ses principales revendications portent sur « la dépénalisation du proxénétisme et le refus de pénaliser les clients. Autrement dit, garantir et préserver la liberté pleine et entière d’exploiter !» soulignent Sophie Binet et Sabine Reynosa de la CGT.

Le STRASS tout comme Médecins du Monde France (contrairement à Médecin du Monde Espagne qui se bat pour l’abolition de la prostitution) ont saisi le Conseil Constitutionnel en janvier 2019 pour demander la suppression du délit « d’achat d’un acte sexuel sur les enfants, les personnes handicapées, les femmes enceintes et les personnes vulnérables », arguant que ces catégories de personnes pouvaient elles aussi « consentir ».

Leur argumentaire juridique consiste à soutenir que « pénaliser le client » porterait gravement atteinte « à la liberté individuelle, la liberté contractuelle et la liberté d’entreprendre » ! Discours classique de l’idéologie libérale qui fait abstraction de l’atteinte à la dignité des personnes prostituées et ne dit rien des violences qu’elles subissent au quotidien.

Rappelons que 80 % des personnes qui « consentent » à subir des pénétrations sexuelles non désirées sont des personnes étrangères et que 90 % sont des femmes. L’âge moyen d’entrée dans la prostitution est de 14 ans et leur espérance de vie moyenne est 34 ans !

La prostitution est une domination de classe profondément misogyne, raciste et LGBTphobe. C’est aussi un système largement pédocriminel (enfants et adolescents étant source de plus de profit). En outre, les corporations comme le Strass veulent revenir à une conception archaïque du viol, en refusant de considérer qu’une pénétration obtenue sous la contrainte de l’argent du « client » prostitueur ou d’un proxénète soit un viol.

Pourtant l’immense majorité des viols sont commis sans violence, par le biais de stratagèmes, de rapport de force morale et de sidération psychique. Les mêmes mécanismes qui rendent possible la soumission des personnes victimes de prostitution. Ainsi sous couvert de défendre des personnes prostituées, ces corporations sont des chevaux de Troie réactionnaires, gouvernés par un projet ultra libéral et antiféministe visant à décriminaliser le viol sous contrainte morale pour permettre la régulation des rapports sexuels sous l’égide d’un marché capitaliste. Cela représenterait un recul civilisationnel considérable.

Premiers signataires: Benoît Martin, secrétaire général de l’union départementale CGT Paris; Nathalie Arthaud, porte-parole de Lune ouvrière; Laurence Cohen, sénatrice PCF; Hélène Bidard, responsable de la commission féminisme du PCF; Charlotte Pommier, Parti de gauche; Amor Bella, rédacteur en chef de la revue Progressistes; Stéphanie Roza, chargée de recherche (CNRS/ENS Lyon); Michel Étievent, historien; René Granmont, directeur-gérant du Travailleur catalan; Jean-Michel Galono, professeur de philosophie, syndicaliste et membre de la rédaction du Travailleur catalan; Lise Bouvet, philosophe et traductrice féministe; Florian Galli, agrégé de philosophie; Suzy Rojtman, Collectif national pour les droits des femmes: Claire Charlès, présidente des Effronté-es; Céline Piques, porte-parole d’Osez le féminisme, ; Nelly Martin, Marche mondiale des femmes; Anne Godard, membre de la direction nationale de Femmes solidaires: Daria Khovanka, survivante de la prostitution et militante abolitionniste; Mourad Aliaza, survivant de la prostitution ; Rosen Hicher, survivante de la prostitution. »

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L’Assemblée nationale fait de l’enfant une marchandise en adoptant (de nouveau) la «PMA pour toutes»

La « PMA pour toutes », c’est le capitalisme triomphant tellement qu’il en arrive à faire de l’enfant une marchandise. Pire, le capitalisme fera payer cela à la collectivité, en faisant rembourser cet acte de consommation par la sécurité sociale.

La Procréation médicalement assistée (PMA) est une technique permettant aux couples ayant un problème de santé d’y remédier. On peut être contre éventuellement, mais il s’agit en tout cas de médecine et c’est pour cela que la sécurité sociale est concernée.

Tel n’est pas le cas avec l’élargissement le la PMA, votée pour la seconde fois par l’Assemblée nationale mercredi 29 juillet 2020. Il s’agit cette fois de consommation d’enfant.

Une femme ne peut pas avoir d’enfant seule, non pas en raison d’une maladie ou d’un problème de santé, mais pour des raisons biologiques, que l’on apprend aux enfants au collège. La PMA n’y change rien puisque dans tous les cas, il y a la fécondation de l’ovule d’une femme par un spermatozoïde produit par un homme.

L’article 1 de la loi de bioéthique élargissant l’accès à la PMA ne change rien à la réalité des femmes, car elles ne peuvent toujours pas avoir un enfant sans hommes. Cependant, il détourne une technique de sa finalité médicale en la mettant à disposition d’une consommatrice à qui l’on vend le sperme d’un homme ainsi que la technique pour la féconder.

L’article du projet de loi voté en seconde lecture par l’Assemblée nationale est très vicieux dans sa formulation. Il est parlé de « couple » et de « projet parental », avec l’idée de mettre les femmes seules ou en couple de deux femmes sur le même plan qu’un couple formé d’un homme et d’une femme ayant un problème sanitaire empêchant la fécondation.

Il est ainsi dit :

« L’assistance médicale à la procréation est destinée à répondre à un projet parental. Tout couple formé d’un homme et d’une femme ou de deux femmes ou toute femme non mariée ont accès à l’assistance médicale à la procréation […]. »

Cela est une énorme escroquerie sur le plan intellectuel, car il s’agit de deux choses tout à fait différentes ; les députés se couvrent de honte en inscrivant une telle aberration dans la loi française (ils n’étaient d’ailleurs que 66 à voter pour cette loi, 27 contre et 3 abstentions). Dans le premier cas, on a un acte naturel d’accouplement qui est aidé par la médecine. Dans le second cas, il y a un mensonge légal consistant à prétendre qu’il puisse y avoir un enfant sans père.

Parler de « projet parental » pour une femme seule ou un couple de deux femmes, c’est effectivement le mensonge d’un enfant sans père. C’est dénaturer un mot, en lui ôtant tout rapport avec la réalité biologique.

La parentalité, en ce qui concerne la procréation, c’est le fait pour un enfant d’avoir un père et une mère, et inversement c’est le fait pour un homme et une femme d’être parents d’un enfant. Point. Un « projet parental » pour une femme seule ou pour un couple de femme, cela n’existe pas, c’est impossible, c’est un non-sens.

Ce qui existe par contre, c’est la consommation d’enfant et c’est uniquement de cela qu’il s’agit avec « l’extension » de la PMA aux femmes seules et aux couples de deux femmes. Il est reconnu à celles-ci le « droit » de se voir payer par la collectivité (avec la sécurité sociale) l’achat du sperme d’un homme et de tout le processus d’insémination, en vue d’avoir un enfant. L’enfant n’est plus qu’une marchandise auquel on aurait droit.

Cette marchandisation des enfants va aller de plus en plus loin, car les gens défendant de telles choses sont de véritables barbares. Déjà, il a été voté (et refusé heureusement) la possibilité pour une femme d’être fécondé par le sperme de son compagnon… décédé. Certains ont même proposé l’élargissement la PMA aux transgenres (des femmes se prétendant « homme »).

Il y a également eu la tentative d’autoriser la « Ropa », c’est-à-dire le fait pour une femme de se voir implanter l’embryon conçu avec les ovocytes de sa compagne, grâce au spermatozoïde d’un homme.

C’est là une porte ouverte, très grande ouverte même, à la GPA, la gestation pour autrui. La « Ropa » fut rejetée heureusement, à 78 voix contre 31. Mais le sujet est sur la table et le capitalisme va maintenant pousser très fort en ce sens, au nom du droit à la consommation.

Tout le monde sait d’ailleurs très bien comment cela va se passer. L’article 1 du projet de loi de bioéthique a tout prévu, car il est précisé :

« Cet accès ne peut faire l’objet d’aucune différence de traitement, notamment au regard du statut matrimonial ou de l’orientation sexuelle des demandeurs. »

Il sera donc parlé de discrimination pour les couples d’hommes homosexuels dans leur « projet parental », et cela mènera inévitablement à la GPA. De toutes façons, la GPA existe déjà en France, car le Droit est torpillé par des grands bourgeois y ayant recours à l’étranger puis l’imposant dans le pays.

Les rapports marchands sont plus importants que les lois dans un pays capitaliste comme la France. En fait, les lois sont façonnés en fonction de ces rapports capitalistes eux-mêmes. C’est contre cela qu’est la Gauche, qui veut un ordre nouveau pour que le Droit triomphe vraiment, et donc sur une base populaire.

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Décès de Gisèle Halimi, figure du libéralisme progressiste

Gisèle Halimi a été l’avocate de la cause des femmes, sauf que cette cause ne passe pas par l’éloquence, mais par le changement réel des mœurs, des mentalités, des structures mêmes de la société.

Dans son article au sujet du décès de Gisèle Halimi, le journal Libération commence de la manière suivante :

« Avocate, femme politique et écrivaine, Gisèle Halimi, décédée mardi à 93 ans, a fait de sa vie un combat pour le droit des femmes, marqué par le procès de Bobigny en 1972, qui a ouvert la voie à la légalisation de l’avortement.

Née Gisèle Taïeb le 27 juillet 1927 dans une famille modeste à La Goulette, en Tunisie, elle est très bonne élève et ne manque pas de caractère. »

On a ici une image d’Épinal assez caractéristique, qui correspond à celle de la personne qui s’est faite « toute seule » et a contribué à faire avancer les choses. En pratique, elle a tout de même son bac à 17 ans, à une époque où l’a environ 15 % d’une tranche d’âge. Cela ne colle pas vraiment. Elle part ensuite faire des études à la Sorbonne, vivant des « cours particuliers » qu’elle a donné à Tunis auparavant et d’une bourse. Tout cela est magnifiquement romancé et France Culture en raffole bien sûr.

Ses études l’amènent à être avocate. Elle le devient à un moment où le Droit en France est chamboulé, pour une raison très simple : le FLN algérien pratique des attentats meurtriers contre les civils et l’armée française réagit par la torture, ou même le viol. Gisèle Halimi devient dans ce cadre l’avocate de Djamila Boupacha, une activiste FLN torturée et violée pour avouer avoir l’intention de déposer une bombe dans un restaurant universitaire.

Ce fut un contexte où la Gauche historique, celle du mouvement ouvrier, fut totalement dépassée en France par d’un côté un nationalisme agressif et de l’autre une « seconde gauche » littéralement pro-FLN, préfigurant celle pro-migrants et pro-LGBT aujourd’hui. Cela amena le Parti socialiste à prendre l’ascendant.

Gisèle Halimi relève de ce courant. Lors de l’affaire Djamila Boupacha elle mena une intense campagne avec Simone de Beauvoir notamment ; elle devint ensuite une figure pour le droit à l’avortement. Ce thème est également particulièrement clivant et la Gauche historique n’a jamais été pour un droit unilatéral à l’avortement, qui est le point de vue du libéralisme pour qui l’individu a des prérogatives au-delà de toute réalité naturelle.

Gisèle Halimi fut ici un outil majeur du libéralisme, en contribuant à fournir un masque démocratique aux lois françaises. Ses interventions politiques sont passées par l’intermédiaire de son activité d’avocate.

Il y eut d’abord l’affaire Marie-Claire, du prénom d’une jeune femme ayant avorté illégalement à la suite d’un viol et qui heureusement, grâce à Gisèle Halimi, obtint une relaxe en 1972. Cependant, l’affaire fut en réalité employée pour généraliser le droit à l’avortement, ce que Gisèle Halimi exigeait déjà depuis 1971.

C’est pour cela qu’elle est saluée de manière unanime : pour les limites qu’elle a posé à son engagement purement institutionnel et symbolique. Les messages présidentiels en font l’aspect principal. Emmanuel Macron dit ainsi :

« Pour Gisèle Halimi, le féminisme était un humanisme. La France perd une républicaine passionnée qui, comme avocate, militante et élue, fut une grande combattante de l’émancipation des femmes. »

François Hollande, de son côté, a affirmé que :

« Gisèle Halimi a inlassablement servi la cause des femmes donc celle de la République. Elle ajoutait le courage au talent, le génie du verbe à la science du droit, l’engagement pour la dignité des peuples à la bataille pour l’égalité. Elle restera pour toutes et tous un exemple. »

C’est la théorie à la Victor Hugo de l’éloquence pour changer le monde. Gisèle Halimi a été cohérente dans sa démarche, d’ailleurs, puisqu’elle participe à la fondation du mouvement altermondialiste ATTAC.

Elle avait soutenu François Mitterrand en 1965, elle est députée apparentée socialiste de 1981 à 1984, ambassadrice de la France auprès de l’Unesco en 1985-1986, numéro deux pour les élections européennes de 1994 sur la liste du la liste du Mouvement des citoyens de Jean-Pierre Chevènement.

En 1949 elle s’était mariée à un administrateur civil au ministère français de l’Agriculture ; un de ses fils deviendra le chef du Monde Diplomatique, ce qui est ici une double référence à son parcours : institutionnel et altermondialiste. Elle s’est ensuite remarié à un secrétaire de Jean-Paul Sartre et est la marraine de Nicolas Bedos !

Toute la démarche de Gisèle Halimi, tout son milieu, absolument tout relève de la seconde gauche, celle qui rejette le mouvement ouvrier et naturellement les valeurs de la Gauche historique. Le message de Fabien Roussel, le secrétaire national du PCF, apparaît ainsi comme incompréhensible :

« Nous perdons aujourd’hui une grande avocate, celle des militant.es du FLN et des droits des femmes. Puisse son histoire, sa hauteur de vue et son intelligence accompagner encore et toujours nos combats pour l’égalité des droits humains #GiseleHalimi »

Incompréhensible, sauf si on comprend que la seconde gauche a pris le dessus à tous les niveaux. Mais voir un responsable du PCF saluer unilatéralement le FLN et quelqu’un qui est toujours restée entièrement extérieur au mouvement ouvrier, à tous les niveaux, est toujours choquant.

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PMA: Une étape de plus de l’assaut du capitalisme dans la vie humaine

Entre lundi et vendredi soir, l’assemblée nationale doit examiner le projet de loi bioéthique en deuxième lecture. La promulgation de la « PMA pour toutes » est déjà acquise tant il y a une absence de débat démocratique sur le sujet. Le problème c’est que celle-ci n’est vue qu’à travers le prisme des droits homosexuels, alors qu’il s’agit de l’élargissement du capitalisme sur la vie humaine.

Que ce texte soit étudié juste avant les vacances d’été de l’Assemblée Nationale est déjà scandaleux, d’autant plus qu’avec le COVID-19 il n’y avait pas particulièrement de temps-mort. Il y a donc vraiment une volonté de faire vite.

Le débat au sein des députés fait l’erreur de se polariser presque uniquement sur la question LGBT, avec des pro-droits individuels et des anti « famille sans père ». Cette faiblesse des arguments et l’étroitesse du champ de vision est au bénéfice des très grandes entreprises en cours de formation de l’industrie de la procréation.

Les femmes françaises sont un marché à prendre et elles sont déjà une grande part de la clientèle des cliniques espagnoles (pays européen leader du marché mondial, avec le consortium ibéro-américain IVI-RMANJ). Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce ne sont pas en majorité des lesbiennes, mais des femmes seules.

Du point de vue du capitalisme, il n’est alors plus du tout question d’une « inclusion » des lesbiennes à la parentalité mais de savoir comment toucher le plus de femmes possible, y compris hétérosexuelles, y compris en couple, y compris fertiles.

Le plus gros blocage dans la progression de ce marché, c’est cette loi bioéthique qui réserve la PMA aux couples hétérosexuels stériles, un processus bien trop médicalisé pour le capitalisme conquérant, ne permettant pas d’être assez consommateur.

L’idéal du marché, c’est ce qui est entrain de se mettre en place dans de nombreux États aux États-unis avec une multiplication des arguments commerciaux de la PMA. Cela va actuellement jusqu’au choix du sexe de l’enfant, le choix de la couleur des yeux étant déjà possible techniquement, mais pas encore proposé. La clientèle de la PMA se renforce des couples hétérosexuels, car il y a un petit quelque chose en plus qui ne peut pas être maîtrisé par voie naturelle.

On est bien évidemment en plein dans la question de l’eugénisme et de la marchandisation du vivant. Car dans le marché de la procréation, il ne faut pas se mentir, la marchandise c’est l’enfant.

Un des enjeux de cette deuxième lecture, avec entre autre l’absurde remboursement par la sécurité sociale, est l’opposition du sénat à l’autoconservation des ovocytes. C’est un élément capital pour la clientèle « femme seule », avec en arrière-plan une maîtrise de la grossesse face à la baisse de fécondité liée à l’âge.

La libéralisation de la procréation va en effet dans le sens du « féminisme » bourgeois pour qui l’idéal d’émancipation sont des femmes entrepreneuses, PDG de grands groupes, des femmes capitalistes autocentrées qui restent célibataires pour leur carrière, profitent de relations sans lendemain et reculent l’âge de leur première grossesse.

Les « GAFAs » comme Google ou Facebook ont même mis en place au sein de leur entreprise des couvertures santé spéciales pour leurs employées féminines, prenant en charge la conservation de leurs ovocytes, leurs PMA et même le diagnostic préimplantatoire qui permet de choisir l’embryon idéal. Dans la bourgeoisie moderniste, cela passe pour le nec plus ultra du progressisme.

Nous voyons donc là qu’il y a une avancée tout à fait conforme à l’assaut du capitalisme toujours plus profond dans la vie mais toujours plus loin des aspirations populaires.

Le débat aurait dû capter ces aspirations, cela aurait été le rôle de la Gauche, mais la fausse gauche qui occupe l’espace politique ne fait qu’accompagner le libéralisme et céder du terrain à l’extrême-droite.

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La fausse gauche se couvre de honte en protégeant l’ancien adjoint à la culture de la Mairie de Paris Christophe Girard

L’adjoint à la culture de la Mairie de Paris Christophe Girard a été contraint de démissionner, accusé de soutien à l’écrivain pédophile Gabriel Matzneff. Il a le soutien de toute la fausse gauche parisienne autour d’Anne Hidalgo.

Le nom de Christophe Girard est régulièrement associé à celui de l’immonde Gabriel Matzneff et sa pédophilie assumée, en mode libéral libertaire. C’est que ses agissements ont toujours été connu du « tout Paris » et d’ailleurs Matzneff ne s’est jamais caché de ses horreurs, puisqu’il les raconte dans ses livres.

Christophe Girard prétend qu’il n’en savait rien, et qu’il n’avait jamais vraiment lu ses livres. Pourtant, il s’est personnellement impliqué pour que l’écrivain pédophile, dont il n’aurait soit disant pas connu les ouvrages, obtienne une allocation annuelle à vie du Centre National du Livre.

Quand cela a été connu, assez récemment pour beaucoup de gens, notamment chez des féministes, il y a eu une sensation d’écœurement on ne peut plus logique. D’autant plus qu’il a été expliqué ici et là comment Christophe Girard était personnellement impliqué pour s’occuper de l’hôtel qu’avait occupé pendant plusieurs mois Gabriel Matzneff… pour échapper à la Brigade des mineurs.

Lire également : L’affaire esthético-littéraire criminelle Gabriel Matzneff

On à la, sur le plan moral, une association indéfendable, injustifiable. À l’occasion de la nouvelle mandature municipale à Paris, il y a donc eu une protestation lancée par des féministes, aboutissant à cette démission logique de Christophe Girard.

Cela a rendu furieuse Anne Hidalgo, qui forcément soutient son adjoint à la culture et explique qu’elle ne voit pas le problème, car Christophe Girard ne serait pas mis en cause par la justice.

On a même le groupe « communiste citoyen » de la mairie de Paris, dont la principale figure est Ian Brossat, qui défend Christophe Girard en allant encore plus loin, parlant de « remise en cause de l’État de droit » par la « vindicte de quelques-uns » (on notera que le groupe oublie ici son écriture « inclusive » qu’il utilise ailleurs dans le communiqué).

L’argument du droit est particulièrement ridicule, ou odieux, car il s’agit de politique et de culture, soit la base même du droit. Que Christophe Girard ne soit pas lui-même pédophile et que le Droit actuel n’ait rien à lui reprocher, c’est une chose. La question par contre est politico-culturelle et il s’agit de dégager une personnalité liée à toute une culture, toute une idéologie libérale libertaire ayant accepté l’inacceptable.

Pour la Gauche, la vraie Gauche, la Gauche historique, la question ne se pose même pas et il n’y a d’ailleurs même pas besoin de cette affaire pour conspuer des gens comme Christophe Girard. La fausse gauche par contre, celle des mondanités parisiennes et de l’art contemporain, est choquée que l’on puisse s’en prendre à l’un des siens.

Pour l’anecdote, de nombreux élus se sont levés pendant le Conseil de Paris pour applaudir longuement Christophe Girard… après que celui-ci ait été salué chaleureusement par le très décrié préfet de Paris Didier Lallement !

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Christophe Girard ou l’exemple de la «gauche» caviar libéral-libertaire

Paris est une ville toujours plus au service de la grande bourgeoisie et ses « élus de gauche » ne sont là que pour accompagner en douceur ce phénomène. Il suffit de regarder depuis que Bertrand Delanoë a été élu en 2001 : tout est très clair.

L’affaire Christophe Girard est exemplaire. On s’aperçoit en effet que la « Gauche » à la mairie de Paris est composée de grands bourgeois, d’affairistes, de dandys et de parasites. Ce sont des gens carriéristes, aux antipodes de la classe ouvrière.

Qui est Christophe Girard, d’ailleurs ? Il a été adjoint au maire de Paris à la Culture de 2001 à 2012. Il a été maire du très chic quatrième arrondissement parisien de 2012 à 2017. Il a été adjoint à la maire de Paris chargé des Ressources humaines en 2017-2018 et pour redevenir adjoint au maire de Paris de 2018 à , donc, juillet 2020 où il a démissionné avec perte et fracas.

Mais, en même temps, c’est un haut responsable d’Yves Saint Laurent et du groupe LVMH qu’il ne quitte qu’en 2017. Cela signifie que pendant des années, Christophe Girard avait un pied chez LVMH, un autre à la mairie de Paris à la culture.

Quelle culture pouvait-il prôner ? La culture authentique, se fondant sur le peuple, ou bien toutes les fantasmagories de l’art contemporain et de la décadence libérale-libertaire de grand bourgeois ? D’ailleurs, Christophe Girard a trois enfants. Or, il est gay et marié à un homme. D’où viennent ses enfants ? D’une opération du Saint-Esprit ?

On reconnaît ici toute de suite à quel milieu on a faire. On est dans la grande bourgeoisie « cultivée », celle des « arts », en particulier de la mode. On est dans le « raffinement », les postures décalées qui se veulent libérées. On est littéralement « au-dessus » de la société, chez ces très riches vivant avec leurs propres normes, c’est-à-dire leur absence de normes.

On ne doit donc pas être étonné de trouver dans ce milieu l’écrivain pédophile Gabriel Matzneff, car il s’agit bien d’une idéologie, celle de l’expérience transcendante et unique, de l’aventure au-delà du bien et du mal, du subjectivisme le plus complet. Les riches s’ennuient et, pour se sentir vivre, ont besoin de « chocs » réguliers, qu’ils viennent puiser dans les couches intellectuelles parasitaires ou les déclassés.

Pas étonnant que Anne Hidalgo défende bec et ongles Christophe Girard et que Ian Brossat se complaise dans un silence de bon aloi. Il est difficile de se prétendre de la Gauche lorsque le masque tombe à ce point là et qu’il révèle visage décadent et sinistre de la haute bourgeoisie.

D’autant plus que ce scandale éclabousse tout le monde : le PS et EELV, puisque Christophe Girard est passé de l’un à l’autre, mais donc aussi le PCF parisien qui n’a jamais servi que de béquille électorale et relève du même milieu corrompu.

Comme on est en effet loin de la Gauche historique et de l’esprit de bataille propre à la Gauche parisienne ! Mais cela c’était avant que l’énorme gâteau parisien n’attire les opportunistes. Gérer Paris, l’une des plus grandes villes du monde, y vivre de manière aisée, fréquenter la crème de la haute bourgeoisie… Ces gens n’ont pas résisté.

Ils ont accompagné la transformation de Paris en bastion bourgeois, en ville chère, sans âme, où tout ce qu’on y trouve de bien apparaît sous l’angle d’une certaine nostalgie. Paris a été formidable et c’est cela qu’on découvre ici ou là, en flânant. C’est désormais une machine anonyme où le capitalisme règne en maître, alors que surnagent quelques îlots de socialisation.

L’affaire Christophe Girard est une excellent exemple de la « gauche » caviar libéral-libertaire, tout comme le soutien au « Comité Justice pour Adama » est un exemple de populisme mensonger et misérabiliste. On est là dans la négation de l’ordre nouveau qu’exige le peuple. Et en l’absence de la Gauche historique, qu’il faut urgemment reconstituer, c’est l’extrême-Droite qui va arriver avec sa démagogie.

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L’essor du CBD en France: un pas de plus vers la légalisation du cannabis

Depuis une petite phrase du ministère de la santé en novembre 2017, les magasins de vente de cannabidiol (CBD) ont explosé en France. Cela n’est pas un signe positif de l’époque. Derrière la profusion des magasins de vente de produits et de fleurs de CBD, molécule dérivée du cannabis, il y a la banalisation générale des drogues, la fuite en avant, la passivité intellectuelle…

Fin novembre 2017, le ministère de la santé affirmait que le CBD comme liquide de cigarette électronique était autorisé grâce à une « dérogation » à la législation. Il n’en fallait pas moins pour que les vendeurs de CBD s’engouffrent dans la brèche, sans que l’on sache si cette dérogation existe vraiment.

Résultat depuis 2018, les « shops » de CBD ont explosé partout en France et malgré de nombreuses perquisitions et gardes à vue, le commerce du chanvre « bien-être » continue de se développer. Cela a même permis au secteur de fonder un syndicat cette même année, le syndicat professionnel du chanvre (SPC), qui mène un travail d’assistance juridique auprès des entreprises incriminées et de lobbying auprès des parlementaires.

C’est que le secteur peut compter sur un flou juridique. Si les dispositions européennes autorisent la distribution des fleurs de chanvre à condition qu’elles contiennent moins de 0,2 % de tétrahydrocannabinol (THC), molécule psychotrope du cannabis, la législation française interdit strictement la vente des fleurs. Elle n’autorise l’utilisation des graines et des fibres qu’à la condition que la plante contiennent moins de 0,2 % de THC, et donc que les produits dérivés de la plante soit quant à eux sans aucune trace de cette substance psychotrope.

C’est dire qu’au point de vue strictement de la loi, la majorité des magasins de CBD en France sont en infraction, mais la disposition européenne leur garantie un espace de développement. D’ailleurs, c’est pour aligner la législation française sur celle européenne qu’une commission parlementaire d’information sur l’usage du cannabis est actuellement en cours au parlement.

Et vue le travail souterrain opéré par le lobby du CBD et les tribunes pro-légalisation du cannabis ces dernières années, il ne fait nul doute que les « shops » de CBD vont être autorisés par la loi dans peu de temps.

Mais alors, que cela change-t-il puisque les magasins existent déjà ? Cela fait tout bonnement sauter un verrou culturel et ce n’est pas rien. Pour l’instant, les dirigeants de magasins avancent à petit pas. Ils posent des jalons recevables par l’opinion publique. Le CBD, présenté comme une molécule de bien-être qui aiderait à se relaxer, à se détendre, passe beaucoup mieux que celui frontal de la légalisation totale du cannabis.

Mais à terme comment ne pas penser que le soit-disant inoffensif « CBD bien-être » n’entraîne pas la capitulation de l’opinion publique envers le cannabis ? Car derrière le « CBD bien-être », il y a tout de suite le cannabis thérapeutique, qui d’ailleurs forme une des principales revendications du syndicat du chanvre. Au Canada, au cannabis thérapeutique autorisé en 2016 a succédé dès 2018, la légalisation du cannabis récréatif.

Et comment peut-il en être autrement dans une société où les choses évoluent par la liberté du marché, sans aucun débat démocratique à la base ? A ce niveau, ce qui va se passer est simple. Les « shops » de CBD vont avoir un cadre légal et pouvoir diffuser encore plus librement des produits aux couleurs « fun », tournés vers les jeunes et stimulant l’imaginaire du fumeur de joint.

Comment ne pas penser à la mère de famille qui va passer devant un de ses « shops » et dont le fils va lui faire remarquer que le cannabis est légal en France ? Comment faire la différence entre le cannabis avec ou sans thc ? Les deux ont la même apparence, les deux ont la même odeur, les deux sont fumés de la même manière ! Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à regarder quelques « produits » vendus dans des commerces actuels de CBD :

C’est de cette manière que, sur fond d’un laisser-aller généralisé, nous allons vivre dans les prochaines années la lente imposition du cannabis par la libéralisation commerciale, ce qui relève de tout sauf d’un débat démocratique et populaire. A moins que la brutalité de la crise économique soit l’électrochoc dans la classe ouvrière lui permettant de balayer les prétentions des semeurs d’illusions anti-luttes des classes…

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Assouplissement du don du sang: l’offensive libérale

La nouvelle n’a pas fait beaucoup de bruit, et pourtant elle aurait dû : le don du sang est maintenant possible pour les « hommes ayant eu des relations sexuelles avec des hommes » au cours des quatre derniers mois. Cette interdiction était présentée comme homophobe et discriminante, sans aucun fondement. Le libéralisme culturel continue son offensive et tout le monde soutient sous couvert de progrès, au détriment de la raison et de la santé publique.

don du sang (EFS)

A en croire nombre de personnes libérales, quelles se disent de gauche ou de droite, interdire à des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes est une discrimination. Il n’en est rien. Si le don du sang leur a longtemps été interdit, il est possible depuis quelques années : une année d’abstinence au début, quatre mois depuis le début de l’année 2020. Et cette interdiction ne se base aucunement sur des préjugés, mais sur des études et des faits : les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes sont une catégorie de la population extrêmement touchée par le VIH, et beaucoup de personnes malades découvrent leur séropositivité tardivement.

Le don du sang n’est pas un droit. Recevoir du sang dans les meilleurs conditions possible en est un. Toutes les précautions doivent être prises afin d’assurer la sécurité du receveur. Et s’il faut exclure une partie de population des centres de don, il faut le faire sans aucune hésitation.

Au lieu de raisonner en termes collectifs, nombre de personnes se sont focalisées sur des histoires individuelles. Ce qui est une première insulte envers les receveurs. Ensuite, pour se donner une image de grands défenseurs de nobles causes, tout ce monde a décidé de jouer sur les sentiments au grand détriment de la raison. Ce qui est une seconde insulte envers les donneurs : leurs vies valent moins que les faux sentiments de personnes insouciantes.

Enfin, il est intéressant de relever que les personnes qui saluent cet vote à l’assemblée n’ont probablement pas donné leur sang depuis longtemps. A tel point qu’ils ont oublié à quoi ressemblait le questionnaire de pré-don et à quoi il servait.

Avant un don de sang (ou de plaquettes, ou de plasma), chaque donneur potentiel doit remplir un questionnaire sur trois pages avant de passer un court entretien avec un médecin qui décidera si cette personne peut donner. Passée la très banale : « comment vous sentez-vous ? », les questions cherchent à savoir si la personne a un risque de donner du sang contaminé. Elles ne visent pas à ficher qui que ce soit, et encore moins à humilier.

Les entretiens se font dans des salles de consultation, de manière confidentielle. Et au-delà des risques pour le don, cet entretien et ce questionnaire peuvent être l’occasion au médecin de donner des conseils à la personne et de l’aiguiller vers différentes structures (para)médicales si besoin : dépistage VIH, par exemple.

Le questionnaire ne cherche pas à savoir si telle personnes est homosexuelle ou non. Il demande à la personne de répondre honnêtement pour qu’une personne de l’équipe médicale sache si cette personne risque de faire un don qui se révélera contaminé.

Et c’est pour cette raison qu’on demande en général au donneur s’il pense avoir besoin de faire un dépistage, notamment pour le VIH. Donner son sang pour savoir si on a le VIH risque de faire perdre du temps et de l’argent à la collectivité. C’est d’autant plus anti-social qu’il existe plein de centres qui proposent de se faire dépister gratuitement. Bien entendu, il y a toujours des personnes qui ne pensent pas du tout être contaminée par telle ou telle maladie en se présentant à un don du sang.

Donc l’EFS (Établissement français du sang) ne cherche pas à rentrer dans l’intimité des personnes, simplement à déterminer si un donneur risque trop élevé de faire perdre du temps au personnel sur place, au personnel dans les laboratoires qui effectuent les analyses, au personnel qui va transporter le sang, etc. Et surtout : faire prendre des risques au receveur.

Certains jours, comme le samedi, certains centres doivent donc refuser des personnes faute de lits disponibles. Si une personne est dans une catégorie à risque, cette personne a trop de chances d’occuper un lit pour rien. Il n’y a aucune discrimination là-dedans : la France a besoin de sang, mais toute la chaîne qui va du centre de don aux hôpitaux ne peut pas se permettre d’avoir trop de poches jetées car contaminées.

Donc pourquoi ces critères sur les « hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes » ? Tout simplement parce qu’il existe des études régulières qui montrent cette catégorie qui ne représentent qu’une toute petite partie de la population (les plus forceurs avanceront le chiffres de 1 ou 2 % de la population française,) est sur-représenté chez les séropositifs : ils représentent presque la moitié des découvertes de séropositivité chaque année. Et ne parlons pas du public des saunas gays et autres lieux de « convivialité homosexuelle » parisiens : 16 % de séropositifs.

D’ailleurs, les relations sexuelles entre hommes ne sont pas les seules contre-indications : si un homme a eu plusieurs partenaires au cours des quatre derniers mois, il ne pourra pas donner. Même chose pour une femme avec plusieurs partenaires masculins. Et de même pour les personnes qui ont eu une relation sexuelle en échange d’argent. Il existe plusieurs cas sur ce thème qui empêchent de donner. Va-t-on demain crier à la discrimination envers les personnes qui ont trop de partenaires ?

Et il est aussi très intéressant de relever que beaucoup parle de discrimination envers les homosexuels… alors que les règles concernant les partenaires sexuels ne s’appliquent qu’aux relations entre hommes et entre hommes et femmes. Les lesbiennes peuvent donner leur sang sans aucune contrainte sur leurs partenaire et leur nombre au cours de quatre derniers mois. Doit-on en conclure que pour tous ces libéraux les lesbiennes ne seraient donc pas vraiment… homosexuelles ?

La réalité n’est pas plaisante mais au lieu de l’accepter et de se demander pourquoi l’EFS n’accepte pas le don de certaines personnes, tout ce que la France compte de libéral a décidé de s’engager contre une discrimination qui n’existe pas. Au détriment de la raison de la santé publique. Une telle position est ainsi anti-socialiste au possible : elle célèbre les individus et leurs choix, face au collectif.

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Éric Dupond-Moretti ou le nihilisme juridique au ministère de la Justice

Qu’un avocat sulfureux adepte de la polémique anti-magistrat comme Éric Dupond-Moretti devienne ministre de la Justice est un profond signe de décadence du Droit.

Qu’est-ce que le socialisme, au sens strict ? C’est le triomphe complet du Droit. Par la liquidation du libéralisme, il n’y a plus de relativisme et la loi s’applique dans sa substance même. À l’inverse, le capitalisme liquide le droit au point que les comportements anti-sociaux se voient somme toute acceptés et non pas brisés.

Éric Dupond-Moretti, né en 1961, devient ministre de la Justice au moment d’un tournant : avec la crise qui s’est exprimée notamment par le covid-19, le droit bourgeois chancelle en même temps que le capitalisme.

Et Éric Dupond-Moretti est là pour pousser les choses dans le démantèlement du Droit, car toute tentative de maintenir le Droit, d’en protéger la substance, aboutit forcément au principe de l’État comme société et inversement, et donc au Socialisme.

Les magistrats ont d’ailleurs compris le problème. S’ils ne veulent pas du Socialisme – ils sont légitimistes avant tout – ils ont saisi la menace. Le principal syndicat, l’Union Syndicale de la Magistrature, parle de sa nomination en tant que ministre de la Justice comme d’une « déclaration de guerre ».

Il faut dire qu’Éric Dupond-Moretti y est allé franco dans Le Parisien du 27 juin, soit il y a à peine plus d’une semaine. Il exigeait « des Etat généraux de la justice », une « Ecole nationale de justice qui soit commune aux avocats et magistrats ».

C’est la logique libérale : il n’y a pas de justice qui s’applique avec le droit de l’accusé de se défendre, mais une justice et une défense mise à égalité. L’État devient un particulier et il s’agit alors d’un rapport entre particuliers, devant se résoudre en quelque sorte à l’amiable.

Le juge s’efface, il devient un arbitre, un intermédiaire entre un procureur et un avocat. Voici ce qu’il dit pareillement dans Marianne en 2018 :

« Il y a, chez les magistrats, deux corps : le siège [ceux qui jugent], le parquet [ceux qui requièrent, les procureurs par exemple]. Une formation commune pour les deux renforce un corporatisme dans lequel les avocats ont beaucoup de mal à s’insérer. »

C’est la liquidation du Droit. D’ailleurs, et cela veut tout dire, dans le même interview on a le propos suivant :

« [Question] Voulez-vous savoir si votre client est innocent ?

Non, je ne veux pas. »

Éric Dupond-Moretti est l’exemple même de l’avocat du capitalisme moderne, qui croit en son propre rôle, qui s’imagine que sa fonction a une signification, alors qu’elle n’a qu’un sens : éviter l’erreur. Dans un Droit bien réglé il n’y a pas besoin d’avocats, la Justice est efficace et se suffit à elle-même ; l’avocat n’est qu’une aide pour avoir un apport relevant du concret, car venant de l’accusé.

Chez Éric Dupond-Moretti, l’avocat vaut par contre autant que le juge et le procureur et son client vaut autant que l’État. C’est le sens de ses propos sur France Inter lorsqu’on le questionnait au sujet d’un de ses clients, Abdelkader Merah, frère et complice du criminel de Toulouse et Montauban.

« J’ai eu l’honneur de le défendre.

[Le journaliste : L’honneur?]

L’honneur, monsieur. »

Il n’a pas cessé de tenir des propos outranciers à ce sujet, par ailleurs :

« Il n’y a pas mille avocats qui se sont bousculés au portillon pour défendre Merah. C’était pour moi un risque, mais je trouve que c’est un honneur pour un avocat d’être là, à ce moment-là, dans cette difficulté là, et pour cet homme là, que l’on a considéré comme un monstre, comme l’incarnation du mal absolu.

J’ai rappelé qu’à bien des égards, le procès de Nuremberg a été plus digne que celui-là. On y a pas traité les hommes d’animaux, comme Abdelkader Merah a été traité d’animal à son procès. »

Ce qui est totalement fou c’est que donc, pour Éric Dupond-Moretti, le procès de Nuremberg a été en grande partie indigne ! Mais c’est que pour lui, l’État c’est le mal. Éric Dupond-Moretti ne voit que des particuliers, dont il faut ajuster les rapports. Le Droit, selon lui, ne porte rien, ni morale, ni civilisation, ni principes de justice, c’est un équilibre. Éric Dupond-Moretti, c’est le nihilisme juridique même, le libéralisme jusqu’à la liquidation de l’État et de la société, au moment où les deux doivent en fait fusionner.

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L’opération de démantèlement de la Gauche par Olivier Faure du Parti socialiste

La stratégie du premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure est très claire : la Gauche doit s’effacer face à « l’écologie ». L’enjeu est selon lui la consolidation d’un nouveau « bloc social-écologiste », avec l’idée assumée à demi-mot de se ranger derrière un candidat « écologiste » pour les élections de 2022.

Cela fait longtemps que la direction du Parti socialiste a tourné le dos aux classes populaires au profit d’un cosmopolitisme bourgeois-moderniste, largement libéral sur le plan des valeurs. L’opération de liquidation du patrimoine historique de la Gauche, relevant du mouvement ouvrier, connaît un nouveau bond à l’occasion de ces élections municipales 2020.

Avec la victoire d’Europe Écologie-Les Verts dans de nombreuses grandes villes, victoire portée par les bobos métropolitains, le premier secrétaire du Parti socialiste s’imagine qu’il y a un « immense élan » auquel il faudrait se rattacher, acceptant par là de solder le compte de la Gauche. Ce n’est pas dit aussi ouvertement, car Olivier Faure aimerait faire du PS une force importante de ce « bloc », mais la perspective est évidente.

De son côté, se voyant en position de force, EELV assume ouvertement son rejet de la Gauche depuis plusieurs mois, si ce n’est plusieurs années. Grégory Doucet, victorieux à Lyon, explique par exemple que « l’écologie est l’alliée de l’économie » et qu’elle est au-delà du clivage Gauche/Droite, ne reconnaissant simplement que des « éléments » pouvant accessoirement venir de la Gauche. C’est un point de vue strictement équivalent à celui d’Emmanuel Macron, trustant la Gauche par le centre, pour ensuite tout ramener vers le libéralisme sur les plans économique et culturel.

Cela fait un moment qu’EELV ne fait plus semblant d’être de Gauche, à quelques exceptions près. Ce parti n’a eu aucun scrupule à vouloir rafler la mairie de Lille au PS, manquée de peu, ou bien à Poitiers et à Strasbourg, où là ce furent des réussites. À Marseille, où EELV revendique la victoire (qui n’est pas acquise au conseil municipal d’ailleurs, en raison de la spécificité locale du scrutin), la tête de liste Michèle Rubirola avait été suspendue de la formation écologistes alors qu’elle se rangeait du côté de la Gauche, ou en tous cas d’une dynamique largement portée par la Gauche pour les municipales.

Olivier Faure n’y voit aucune contradiction et explique au contraire qu’il se bat depuis deux ans pour « rassembler et fédérer ces forces qui ont tellement en commun ».

Ses propos dans médias, retranscrits sur le compte Twitter du PS avec l’écriture « inclusive » histoire de bien s’assumer bobo, sont ainsi d’une grande limpidité :

« Si nous ne voulons plus du duo #LePen / #Macron, il faudra nous rassembler. Il faudra un·e candidat·e du bloc social-écologiste. Peut [sic] importe d’où il vient. La seule question est de savoir où il va. »

C’est ni plus ni moins que l’affirmation de la liquidation de la Gauche, de ses principes, de ses valeurs, de sa tradition, au profit d’autre chose. Cet autre chose en l’occurrence, consiste en un libéralisme tout à fait classique, s’imaginant légitime à représenter à lui-même « l’écologie », comme si cela était une orientation politique en soi.

D’ailleurs, il ne faut vraiment rien connaître, ou ne rien vouloir connaître des mouvements écologistes en France (très faibles et marginaux), pour s’imaginer qu’EELV a une quelconque hégémonie sur la question. Ce parti n’a par exemple rien à voir avec ce que peuvent être les Verts en Allemagne, avec une véritable culture alternative et un ancrage indéniable dans tout un tas de mouvements. En France, EELV a surtout une culture de type « ONG », c’est-à-dire de grande structures institutionnelles, tout à fait bourgeoises tant dans l’expression que dans le fond même de leur démarche.

De son côté, le Parti socialiste est largement passé à côté de la question écologique pendant de nombreuses années et s’imagine maintenant pouvoir se moderniser à moindres frais en se mettant à la remorque d’EELV.

Olivier Faure croit pouvoir contourner la question, en expliquant par exemple :

« je suis d’accord pour dire qu’il y a une écologie de droite et une écologie de gauche »

C’est incohérent. Il n’y a pas d’écologie « de gauche », car la Gauche est une conception totale, c’est-à-dire embrassant en elle-même tous les sujets et prétendant être la seule à pouvoir résoudre les problèmes.

Il n’y a pas d’écologie « de gauche », car il y a une conception générale portée par la Gauche, consistant en la prise du pouvoir populaire pour dépasser le capitalisme par le Socialisme, ce qui inclut par définition l’écologie, comme question propre à notre époque. Cela signifie également, par définition, que seule la Gauche est à même d’être à la hauteur en matière d’écologie.

Pour la Gauche, l’écologie ne relève pas d’une coloration politique comme chez Emmanuel Macron ou bien chez EELV, mais d’une conception matérialiste de la nature, des choses naturelles en général. Tel n’est pas le cas chez Olivier Faure, pour qui l’idée de mettre la nature au-dessus de tout est une idée réactionnaire qui musellerait les gens, comme il l’a expliqué à la télévision hier. Spinoza, Denis Diderot ou Karl Marx apprécieront !

En attendant, tout cela est bien loin des préoccupations populaires et la Gauche en France continue de s’enfoncer, de s’isoler, de s’effriter au profit de bourgeois libéraux piétinant toutes ses valeurs, toutes ses conceptions, tout son patrimoine.

La Gauche historique doit se reconstruire par l’unité, mais cette unité ne sera possible et fructueuse qu’en écartant franchement des liquidateurs de la Gauche tels Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti socialiste.

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Politique

EELV ou le triomphe des bobos des centre-villes

Ils ont réussi leur pari : les bobos s’emparent de municipalités importantes au moyen d’EELV. Mais leur utopie libérale-libertaire représente en réalité la véritable agonie d’un système à bout de souffle.

Le jour même des élections est apparu un nouveau mouvement politique, « #Nous Demain ». Il a été constitué à partir du groupe parlementaire « Ecologie Démocratie Solidarité », une pseudo-scission de La République en Marche. Théoriquement « ni dans la majorité, ni dans l’opposition », « Ecologie Démocratie Solidarité » est en réalité un calcul machiavélique de la part d’Emmanuel Macron afin de former un bloc pour les prochaines élections présidentielles.

Dans les prochains jours, il sera d’ailleurs poussé en ce sens, « #Nous Demain » se voulant le point de rencontre des « associations, ONG, syndicats, coopératives, entrepreneurs sociaux ou mouvements de jeunesse ». Son discours libéral-libertaire rejoint la « gauche » postmoderne en pratiquement tous les points (cannabis légalisé, racisme systémique, etc.).

C’est qu’Emmanuel Macron a compris que la Gauche historique étant hors-jeu et l’extrême-Droite isolée, la « gauche » postmoderne se fera happer par EELV. Naturellement une telle analyse part du principe que le capitalisme est inébranlable et que la crise sera surmontée. On est là dans une fiction, mais ses acteurs se croient dans la réalité. Les partisans de François Ruffin, cet opportuniste patenté se prétendant écologiste depuis toujours, sont d’ailleurs en panique et soulignent bien qu’EELV serait de « gauche ».

EELV fait en effet la conquête d’Annecy, Poitiers, Besançon, Tours… et surtout de Lyon, Bordeaux et Strasbourg. Lille a été ratée de rien du tout, ce qui est étonnant tellement cette ville est un phare de la démarche bobo. Car on est là dans un phénomène urbain et plus exactement de centre-ville, bourgeois, de cette bourgeoisie cosmopolite et libérale, moderniste et relativiste.

C’est pour cela qu’EELV réussit à acquérir l’hégémonie sur la « gauche » postmoderne, qui se dilue d’ailleurs toujours plus dans ce pseudo-mouvement de la « social-écologie ». EELV est plus intellectuelle, plus éduquée, davantage capable de faire semblant de parler des animaux, bien plus apte à prôner le libéralisme culturel le plus complet, clairement plus efficace dans sa dynamique de modernisation du capitalisme.

Ceux qui disent qu’EELV est de « gauche », ce sont des gens qui ne le sont plus et qui ont besoin d’EELV comme moyen de se prétendre encore de gauche. Le panorama qui se déduit de cela, c’est d’ailleurs une mouvance libérale-libertaire gouvernementale avec une ultra-gauche postmoderne lui servant de levier, et une gauche syndicaliste et sociale ringardisée, figée, débordée. Pour prendre un exemple concret, on aura des relativistes modernistes libéraux ne voulant pas du véganisme et des syndicalistes ne sachant toujours pas ce que c’est !

Tout cela est cependant totalement vain, car la lutte des classes va se frayer son chemin à travers une crise qui s’annonce dévastatrice. Le triomphe d’EELV apparaîtra à l’avenir comme un des tout derniers épisodes des Bisounours que sont les bobos anti-politique et anti-ouvrier des centre-villes. C’est même une insulte aux Bisounours, car les bobos en question vivent de manière aisée et tranquille, dans le cynisme et l’hypocrisie. Ils ne croient pas en leur utopie, ils font simplement très bien semblants, étant avant tout des bourgeois.

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Écologie

Un exemple d’incompréhension socialiste de la question animale en 1931

Le Populaire était le journal quotidien de la SFIO, l’ancêtre du Parti socialiste. On y trouve le 28 avril 1931 un article tout à fait représentatif d’une arriération culturelle pétrie de libéralisme, ici sur la question animale. C’est une petite chronique, qui est signée Jarjaille, en réalité Sixte Quenin (1870-1957).

Ayant défendu la corrida en Espagne (ainsi qu’en France) dans une chronique quatre jours auparavant, lui-même venant d’Arles, Jarjaille répond quelques jours après à une lettre ayant critiqué son positionnement. Ce faisant, il en arrive même à défendre la chasse à courre et l’aristocratie la pratiquant. Après tout, chacun peut faire ce qu’il veut selon lui et le socialisme n’aurait qu’une dimension économique.

C’est une position tout à fait caractéristique de l’incompréhension française du fait que le socialisme concerne tous les aspects de la vie. Le socialisme serait, selon cette conception erronée, simplement une meilleure répartition, mais pas une vision du monde. C’est la porte ouverte aux mœurs réactionnaires, au cynisme, à une défense des valeurs capitalistes assassines.

Tout ce que raconte Jarjaille est faux, depuis sa mise en valeur de la boxe par KO jusqu’à celle de la corrida, et son soutien au libéralisme.

La première chronique, du 24 avril 1931 :

« Pas de bêtises !

On imagine volontiers que les républicains et les socialistes d’Espagne savent ce qu’ils ont à faire et que les multiples conseils qui leur sont donnés généreusement, par des gens qui jugent les choses de loin et de haut, ne sont pas pour les influencer.

C’est pourquoi on a le droit de penser que l’invitation, que leur adresse M. Ernest Judet, de supprimer les courses de taureaux, laissera indifférents les hommes qui ont là-bas de lourdes responsabilités et qui ne vont pas s’amuser à compliquer inutilement la difficile tâche qu’ils ont à accomplir.

M. Judet – et s’est son droit – n’aime pas les corridas. Peut-être choisit-il mal son moment pour prétendre que ce spectacle écarte l’Espagne « de notre civilisation humaine ». L’attitude admirable du peuple espagnol au cours de ces derniers jours, semble plutôt prouver le contraire, ou tout au moins que les spectacles n’ont pas autant d’influence sur les spectateurs que le prétendent leurs dénigreurs ou leurs thuriféraires.

Sans quoi les Espagnols pourraient répondre à l’invite de M. Judet, qu’avant de faire la leçon aux autres, il conviendrait d’abord de se la faire à soi-même.

La vue d’un taureau piqué, ou d’un cheval encorné, émeut M. Judet. Nous comprenons cette sensibilité et nous conseillerions à M. Judet, s’il va en Espagne de ne pas assister à,une corrida. Il lui serait bien facile d’imiter les nombreux habitants de nos régions du Nord, qui craignent la vue du sang, et qui ne vont jamais voir ces combats de coqs, vers lesquels par contre se précipitent des milliers d’amateurs, qui trouveraient étrange qu’un journaliste espagnol les tienne, de ce fait, à l’écart de la civilisation humaine.

De même, il y a beaucoup de gens, à Paris, que dégoûte profondément la vue de deux athlètes demi-nus, se bourrant la figure de coups de poings Ces gens restent chez eux, cependant que des milliers d’autres payent très cher pour voir des émules de Dempsey et de Carpentier, la figure sanguinolente, s’allonger sur le tapis.

Personne, j’imagine, ne prétend que la boxe, voir le rugby, sont des spectacles propres à développer la douceur, la politesse et la passion du grec et du latin. Lorsque les travaillistes sont arrivés au pouvoir en Angleterre, ils auraient pourtant trouvé bizarre qu’un journaliste français leur dise que la première chose qu’ils avaient à faire c’était d’interdire toutes ces brutalités.

Enfin les républicains espagnols pourraient penser qu’avant que, de France, on leur demande de supprimer leur spectacle national, celui-ci devrait d’abord être interdit en France. Or, voici quarante ans qu’on redonne à Nîmes, Arles Bordeaux, Bèziers, Dàx, Perpignan et bien d’autres villes, ces corridas qui, en Espagne, indignent.

M. Judet ne le savait pas? Il ne demande qu’à voir fermer les arènes françaises? On ne lui conseille pas d’aller le dire dans le Midi !

JARJAILLE [Sixte Quenin] »

La seconde chronique, du 28 avril 1931 :

« Aujourd’hui les affaires sérieuses

Un lecteur a bien voulu me faire connaître que mon dernier papier sur les courses de taureaux n’avait pas eu l’heur [sic] de lui plaire. Et tandis que M. Judet estime que ce spectacle écarte l’Espagne de notre civilisation humaine, mon correspondant soutient qu’on ne peut pas être socialiste si l’on n’a pas pitié des animaux.

On m’a appris, il y a longtemps, que le socialisme avait pitié des êtres humains et parmi eux surtout des plus faibles : la femme, l’enfant. Mais si, pour être socialiste, il faut aussi me préoccuper des toutous à leur mémère et compatir aux souffrances du ver de terre que j’enfile sur mon hameçon, je suis, évidemment, indigne de préconiser la socialisation du sol et des moyens de production.

Mais je pense qu’il faudrait nous garder de mêler le socialisme et la civilisation à des histoires où ils n’ont rien à voir. Le socialisme est une chose, l’opinion que l’on peut se faire sur les relations de l’homme et des animaux en est une autre. Il peut y avoir d’excellents socialistes à la Société Protectrice des Animaux, on y compte aussi de parfaits réactionnaires. Et parmi les aficionados, les amateurs de combats de coqs, ou les pêcheurs à la ligne, qui trouvent leur plaisir au martyre d’animaux, gros ou petits, les opinions politiques sont bien mêlées.

Mais ce qu’il faudrait surtout c’est avoir vraiment le sens de la liberté. Que. M. Judet écrive des articles, voire des livres, pour convaincre ses contemporains que la corrida est un spectacle abominable, rien de mieux. Mais ne pourrait-on se garder de cette manie de vouloir imposer ses goûts, comme ses opinions, à son voisin? Tel spectacle ne vous plaît pas, très bien, n’y allez pas, mais s’il plaît à d’autres, pourquoi l’interdire?

J’avoue que l’étripement d’un cerf ne doit pas être quelque chose de bien ragoûtant. Pourtant, tant qu’une duchesse pourra disposer du terrain nécessaire, je ne vois pas pourquoi on empêcherait par la force, Mme d’Uzès de faire bénir par un évêque, les meutes qui vont pourchasser un malheureux animal.

Les catholiques, certes, pourraient faire observer que l’eau bénite n’a pas été inventée pour les chiens, ils ne le font même pas.

Alors qu’on laisse les républicains et les socialistes espagnols s’attaquer à des problèmes qui ont une autre importance sociale que les courses de taureaux.

JARJAILLE [Sixte Quenin] »

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Politique

Jacques Toubon, figure de la Droite, héraut de la «Gauche» libérale

Le libéralisme mène au libéralisme et la fausse Gauche, vraie libérale, adore Jacques Toubon, le « Défenseur des droits ». Il est pourtant une figure de la Droite et ses positions ne relèvent aucunement d’un revirement, mais sont le prolongement d’une vision libérale plaçant l’individu et ses « droits » au centre de tout, au-delà même de la société.

La fausse Gauche, celle qui est libérale et métropolitaine, adore Jacques Toubon. Elle ne manque pas de le saluer depuis longtemps, et particulièrement en ce moment alors qu’il quittera bientôt sa fonction de « Défenseur des droits ». Il a été nommé à ce poste par François Hollande en 2014, ce qui fut approuvé par les commissions des lois de l’Assemblée nationale et du Sénat.

Rien que l’intitulé de sa fonction en dit très long sur l’idéologie qu’il porte. Son rôle, inventé de toute pièce lors de la révision constitutionnelle de 2008 (mise en place par la Droite), consiste à être une sorte de super-veilleur, au-dessus des institutions elles-mêmes et de tout processus démocratique. Il ne peut recevoir d’instruction de qui que ce soit, bien qu’il rende compte de son activité au Parlement et au président. Au sens strict cependant, il n’a pas réellement de pouvoir, si ce n’est celui d’interpeller, de mettre son nez un peu partout, et de saisir telle ou telle autorité.

Sur le plan politico-culturel, son rôle consiste en fait à tout considérer du point de vue de l’intérêt individuel (ou de ce qu’il semble être), et surtout pas celui de la société. C’est, au sens strict, une démarche de Droite, qui considère l’individu, avec ses réussites et ses échecs, mais aussi ses « droits », c’est-à-dire en fin de compte surtout ses intérêts, comme devant l’emporter sur l’intérêt collectif. Cela revient, par exemple, à justifier le fait qu’il y ait des individus riches, et d’autres pauvres, au nom du relativisme propre à chaque parcours.

C’est ainsi que Jacques Toubon s’est beaucoup illustré pour sa défense des « droits » des migrants présent illégalement sur le territoire. Dès 2015, il se faisait remarquer en « enquêtant » sur l’expulsion d’un bidonville de migrants à Paris. En 2018, il s’écharpait avec des élus de la majorité présidentielle (pourtant déjà très libérale), en leur reprochant un projet de loi « Asile et immigration » qui selon lui mal traitait les demandeurs d’asile (alors que ce droit d’asile est littéralement pris d’assaut et détourné au nom du libéralisme).

La fausse Gauche, qui adore l’immigration qu’elle idéalise et piétine sans cesse le droit d’asile dans sa substance, a donc adoré Jacques Toubon. Quelqu’un comme Ian Brossat l’a régulièrement salué, par exemple en 2018 en affirmant faire « partie de son fan club » ! Peu importe que celui-ci n’ait jamais renié ses convictions, en participant par exemple à l’organisation des primaires de la Droite en 2016 pour battre François Hollande.

Il faut savoir que Jacques Toubon a une longue et dense carrière au sein de la Droite française, bien qu’il ne soit pas forcément très connu. Il a été député RPR (l’ancêtre de l’UMP, puis de LR) dès 1981, alors qu’il était secrétaire général adjoint de ce parti depuis 1978 et qu’il en devint secrétaire général en 1984, étant un très proche de Jacques Chirac. Dans les années 1990, il a été ministre de la culture et ministre de la Justice de gouvernements de la Droite, puis député européen, avec de nombreuses responsabilités à différents postes et une riche actualité au sein de sa famille politique jusque dans les années 2000.

Récemment, Jacques Toubon, en tant que « Défenseur des droits », a publié un rapport dans lequel il reprend mot pour mot tout le discours identitaire-communautaire faisant du prétendu racisme de la police une actualité. Il a ainsi pu affirmer qu’un « profil Noir ou Arabe a 20 fois plus de probabilités d’être contrôlé [par la police] », ce qui n’a pas de sens formulé ainsi.

C’est donc toute la fausse Gauche, vraie libérale, qui déroule le tapis rouge à celui qui se décrit comme le « démineur des discriminations du quotidien ». Benoît Hamon lui dresse carrément des louanges, pour un discours strictement similaire à celui des Indigènes de la République :

« Il faut écouter et faire écouter la parole sobre et solide de Jacques Toubon qui dénonce le caractère systémique du racisme en France. »

C’est ainsi une grande victoire de la Droite sur le plan des valeurs, qui a totalement torpillé toute une frange liée à la Gauche, s’imaginant représenter la vraie Gauche, trustant publiquement l’idée même de « Gauche » et ne manquant jamais d’enfoncer la Gauche historique.

En faisant de Jacques Toubon leur héraut, ces gens tombent pourtant les masques, insultant profondément le fondement même de la Gauche : la primauté de l’intérêt collectif, qui n’est pas une addition d’intérêts individuels mais au contraire une question sociale en elle-même.

Il faut dire que tous ces gens ont une grande ressemblance. Ils gagnent en général beaucoup d’argent, comme Jacques Toubon dont le Canard Enchaîné affirmait que ses revenus cumulent à presque 30 000 euros mensuels. Il est vrai que c’est bien plus intéressant pour eux de promouvoir la création d’un «  observatoire des discriminations », plutôt que de laisser se développer la lutte des classes, renversant l’ordre dominant et confisquant les richesses et le pouvoir de la bourgeoisie…

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Nouvelle tribune libérale défendant la légalisation du cannabis

Le magazine L’Obs a publié une nouvelle tribune en faveur de la légalisation du cannabis. Les défenseurs de cette drogue reviennent à la charge après une proposition de loi l’an passé. Ils prennent cette fois le prétexte de la crise sanitaire, qui selon eux justifierait encore plus cette légalisation. L’appel a été publié le 18 juin, ce qui est une référence à l’appel du « 18 joints », parodiant l’appel du 18 juin du Général de Gaulle. Cet appel libéral date d’il y a bien longtemps puisque c’est en 1976 qu’il fut publié dans Libération puis repris dans les années 1990 et 2000 par le Collectif d’information et de recherche cannabique (CIRC).

Pour la Gauche historique, celle du mouvement ouvrier, un tel « combat » libéral et décadent pour la drogue est inacceptable, anti-populaire par nature. Telle n’est pas le cas de la fausse Gauche, vraie libérale et bourgeoise, qui a largement accompagné toute cette mouvance, se voulant alors contestataire. Dorénavant, ces gens sont rentrés dans le rang et c’est maintenant autour de la majorité présidentielle et du gouvernement que l’on retrouve le cœur de la dynamique en faveur du cannabis, qu’ils veulent voir intégrer au capitalisme légalement, et plus seulement de manière clandestine. Cela rapporterait même de l’argent à l’État et créerait des emplois !

Les arguments présentés dans la tribune reflètent extraordinairement bien l’approche de ces gens, qui est le stade ultime de l’individualisme et la pulvérisation de toutes considérations sociales, collectives, civilisationnelles. C’est, pour le dire en deux mots, franchement réactionnaire. Pour la Gauche historique au contraire, le vrai combat est de sauver la jeunesse de l’emprise de la drogue et d’écraser véritablement les réseaux mafieux la distribuant.

Voici la tribune :

« Après la crise du Covid-19, il faut légaliser le cannabis, vite ! »

En juin 2019, avec une vingtaine de députés, nous déposions une proposition de loi relative « à la légalisation contrôlée de la production, de la vente et de la consommation de cannabis » [PDF]. La même semaine, le Conseil d’analyse économique (CAE), think tank rattaché à Matignon, préconisait dans un rapport très documenté [PDF] la légalisation du cannabis récréatif et une tribune dans « l’Obs », signée par 70 médecins, économistes et élus nationaux et locaux, plaidait pour cette légalisation.

Ces initiatives pour la légalisation du cannabis dénoncent les effets contre-productifs de la politique prohibitionniste mise en place avec la loi de 1970 mais s’attachent surtout aux avantages de cette légalisation.

L’argument économique revient en force à l’heure où nous cherchons des milliards d’euros pour faire face à la crise sanitaire, économique et sociale provoquée par le Covid-19. La légalisation permettrait en effet de faire rentrer chaque année dans les caisses de l’Etat entre 2 et 2,8 milliards d’euros et elle créerait entre 30 000 et 80 000 emplois, notamment dans le secteur agricole.

L’argument sécuritaire qui démontre que la légalisation permettrait de soulager les forces de police de plus de 120 000 interpellations par an pour simple usage et de plus d’un million d’heures de travail des forces de l’ordre est largement partagé. N’oublions pas que le coût de la répression par l’appareil policier et judiciaire est estimé entre 550 et 700 millions d’euros par an.

L’argument sanitaire qui place la protection de la jeunesse au cœur des politiques de prévention est tout aussi pertinent. Légaliser, c’est maîtriser la distribution du produit, sa composition tout en permettant de développer des vraies politiques de santé publique, de prévention et d’accompagnement à destination des usagers.

L’argument social ou sociétal, enfin, qui consiste à cesser de faire de la consommation de cannabis un problème judiciaire et un problème médical sans voir la banalisation du produit, la diversité de ses consommateurs, son ancrage dans la société et ses multiples usages. Il s’agit également d’être à l’écoute des évolutions des politiques publiques sur le sujet en s’inspirant des expériences conduites à travers le monde.

Développer une approche pragmatique et adaptée à notre pays

La France devrait s’inspirer des modèles étrangers, en construisant une politique publique à la lumière de leurs forces et de leurs faiblesses. Le Canada, les Etats de Washington, de la Californie et du Colorado aux Etats-Unis, l’Uruguay, ou le Portugal, représentent des expériences diverses et une formidable opportunité afin de développer une approche pragmatique et adaptée à notre pays. On ne peut ignorer les profonds changements en cours à l’international comme au sein de l’Union européenne : récemment le Luxembourg et Israël ont déclaré vouloir avancer vers des processus de légalisation du cannabis.

Il est plus que jamais nécessaire que nous puissions avancer sur des fondements objectifs, notamment via la mission d’information à l’Assemblée nationale, d’autant plus que la crise du Covid-19 a posé la question de la dépendance et du rôle du cannabis en période de confinement et de crise sanitaire.

Une enquête inédite CANNAVID pilotée par les associations marseillaises Bus 31/32 et Plus Belle La Nuit, en partenariat avec l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), lancée fin avril, s’est intéressée aux conséquences du confinement sur les usages, les pratiques et la santé des consommateurs réguliers de cannabis. Les résultats indiquent une augmentation sensible de la consommation avec des motivations très largement thérapeutiques ou d’automédication liée au stress, aux insomnies, à la douleur. Pour beaucoup, le confinement est resté une douloureuse épreuve que le cannabis est parvenu à soulager.

Les services de police soulignent que la logistique des trafics s’est réinventée pour faire face à la crise. Ni la prohibition ni le confinement n’ont eu d’effet sur la consommation. Demain, la logistique des trafics s’organisera aussi en fonction des nouvelles frontières de la légalisation.

On fera du marché noir en France tandis qu’on pourra aller s’approvisionner sans contrainte au Luxembourg qui va devenir le premier pays européen à légaliser la culture, le commerce et la consommation du cannabis à usage récréatif. L’absurdité de notre système est avérée.

La légalisation du cannabis à échéance 2021 contribuerait donc à sécuriser l’ensemble de la population sur un plan sanitaire et les consommateurs en premier.

Mais avant de légaliser il s’agit très vite de dépénaliser l’usage tout en permettant un réel débat public. Dépénaliser comme l’ont fait la plupart de nos voisins européens serait sans doute un signe fort et responsable vis-à-vis des millions de Français qui consomment et en ont assez qu’on ne les considère que comme des malades ou des délinquants.

LES SIGNATAIRES

François-Michel LAMBERT député et coprésident de LEF (Liberté écologie fraternité) ; Caroline JANVIER, députée LREM ; Jean-Luc BENNAHMIAS, membre du CESE (Conseil économique social et environnemental) et ancien député européen ; Sylvia PINEL, députée PRG ; Guillaume CHICHE, député ; Aurelien Taché, député ; Delphine BAGARRY, députée ; Sébastien NADOT, député MDP (Mouvement des progressistes) ; Jean Lassalle, député ; Michèle VICTORY, députée PS ; Loïc PRUD’HOMME, Député LFI ; Esther BENBASSA, sénatrice EELV ; Olivier CADIC, sénateur UDI ; Frédérique DUMAS, députée ; Jean-Michel CLEMENT, député ; Valérie PETIT, députée ; Hubert JULIEN-LAFERRIERE, député ; Annie CHAPELLIER, députée ; Moetai BROTHERSON, député Tavini huiraatira ; Sonia KRIMI, députée LREM ; Guillaume GONTARD, sénateur ; Joël GIRAUD, député LREM ; Gil AVEROUS, Maire de Châteauroux, LR ; Jean-Luc ROMERO, Conseil Régional IdF, Président de l’ADMD (Association droit de mourir dans la dignité) ; Olivia HICKS, 1er adjoint au Maire de Paris 2eme, EELV ; Stéphane GATIGNON, ancien Maire de SEVRAN ; Gaspard KOENIG, Philosophe et Fondateur de Génération Libre ; Dr Béatrice STAMBUL, psychiatre, Présidente d’honneur d’AFR (Association française réduction des risques) ; Martin VICTOR, chargé de projet RDR BUS 31/32 ; Robert J. GARY-BOBO, membre CREST ENSAE (Centre de recherche en économie et statistique) ; Benoît VAN DERMAEUSEN, 1er Vice-Président JAP coordinateur ; Bénédicte DESFORGES, Collectif Police contre la Prohibition ; Khalid TINASTI, secretaire général de la commission mondiale pour la politique des drogues ; Henri BERGERON, directeur recherches au CNRS ; Dr Aurélie TINLAND, psychiatre ; Dr Michèle BOURELLY, docteur en Pharmacie ; Sandra LA BERTHE, coordinatrice RESAD84 ; Dr William LOWENSTEIN, Président SOS addiction ; Jean-Pierre CECCALDI, Fondateur Magazine le Cannabiste ; Catherine AUMOND Professeur ; Michel KAZATCHKINE, membre commission mondiale pour la politique des drogues ; Renaud COLSON, enseignant chercheur ; Farid GHEHIOUECHE Porte-Parole de Cannabis sans frontières ; Florian CLARTE ; Tom DECORTE Institute For Social Drug Research ; Stéphane MONTIGNY, Président AIDES Paca ; Anne COPEL, GRECC (Groupe de recherche et d’études cliniques sur les cannabidoïdes) ; Dr Christian SUEUR, GRECC ; Nicolas BONNET, GRECC ; Dr Olivier BAGNIS, Médecin Référent du CSAPA (centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie) des Baumettes ; Dr Eric MALBOS, psychiatre ; Dr Guillaume BAYET ; Dr Muriel GREGOIRE, Addictologue ; Dr Rodolphe INGOLD, GRECC ; Fabrice RIZZOLI, Président de CRIM’HALT ; Dr Laurent GOURARIER, Psychiatre ; Pierre CHAPPARD, Membre de psychoactifs ; Fabienne LOPEZ, Principe Actif ; Le CIRC – Le Collectif d’Information et de Recherche Cannabique »

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Contre l’américanisation de la société française

Toute initiative politique a des fondements qui s’inscrivent comme partie du problème ou partie de la solution. Les rassemblements à l’appel du collectif « la vérité pour Adama » à Paris, Marseille, Lille, Lyon… s’inscrivent dans une tentative d’américanisation de la vie politique française et même de la société. Selon cette idée, la Gauche devrait disparaître et a fortiori ses idées, ses traditions, au profit d’agrégations semi-anarchistes d’esprit identitaire.

 

« Mort d’Adama Traoré : vivez en direct le rassemblement interdit devant le palais de justice de Paris » : Le Figaro n’a pas manqué d’envoyer un journaliste filmer le rassemblement parisien, avec la possibilité de commenter, ce qui a donné lieu bien sûr à un défouloir raciste et réactionnaire.

L’occasion était trop belle. Un rassemblement « interdit » mais qui a lieu quand même, avec une initiative venant des milieux postmodernes, dans le cadre d’une tentative de se raccrocher à ce qui ébranle les États-Unis : on a tous les ingrédients pour renforcer la Droite.

L’idée n’est même pas de dénoncer les réponses de la Gauche, mais de la nier, en disant qu’elle n’existe que sous la forme, hors-sol, de protestations parcellaires, forcées, agitatrices. Donald Trump a cherché à faire la même chose aux États-Unis en dénonçant les « antifas » qui seraient à l’origine des émeutes un peut partout dans le pays.

C’est-à-dire qu’en agissant ainsi, les commentateurs du Figaro font comme leurs inverses postmodernes ayant manifesté : ils poussent à l’américanisation de la vie politique et de la société.

Le principe est simple : les idées sont dans la société comme si celle-ci était une bourse et il faut pousser pour conquérir des parts de marché. C’est une vision libérale du monde, où les individus sont des consommateurs qu’il faut satisfaire afin qu’ils s’orientent vers les produit.

Eric Zemmour est un très bon exemple de produit puisqu’il dit ce que son public veut entendre, lui-même étant totalement creux, il suffit d’essayer de lire ses livres odieusement mal écrit (eu égard à ses prétentions) pour le constater. On en connaît d’autres : Dieudonné, Emmanuel Macron, Nicolas Hulot…

Le contraste est complet avec les années 1980. François Mitterrand, Georges Marchais, Valéry Giscard d’Estaing… avaient un haut niveau d’éducation et une vraie vision du monde. Ils étaient opportunistes, parfois jusqu’au paroxysme comme Jacques Chirac, mais ils avaient une base réelle. Aujourd’hui, il n’y a plus que des marionnettes.

Les Français ont beaucoup ri quand Ronald Reagan, un acteur de qualité relativement faible, a été élu président des États-Unis. Mais les Français ne valent presque pas mieux désormais. Tout est dans le « presque » cependant. Car la tentative d’américanisation de la société ne réussira pas. La classe ouvrière a trop de traditions et ainsi elle ne s’intéresse pas plus au collectif « la vérité pour Adama » qu’aux gilets jaunes. Elle vit sa vie, irréductible, passive, mais incorruptible.

Et quand elle commencera à bouger, cela ne sera certainement pas pour expliquer que les trans sont la figure révolutionnaire de notre époque, que les blancs sont des « souchiens », que la France des années 1960 était un paradis, que le drapeau national est la solution, que distribuer des gâteaux est de la subversion, que l’armée est la solution, que le hooligan au look neutre mais branché est la forme la plus aboutie de la rébellion, etc. etc.

Toute cette agitation forcenée de la Droite et des milieux postmodernes est en total décalage avec la réalité. Avec la réalité du Covid-19, car de tels rassemblements sont incohérents sur le plan de la protection sanitaire. Avec la réalité de la crise économique sur laquelle la France capitaliste va se fracasser. Avec la réalité de la classe ouvrière qui est là pour instaurer le Socialisme.

Mais il est vrai que ni la Droite, ni les milieux postmodernes ne veulent le Socialisme. Cela tombe bien : le Socialisme ne veut pas d’eux non plus.

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Société

Les chiffres alarmants de la sécurité routière depuis le déconfinement

La Sécurité routière a révélé ce samedi des « premiers chiffres alarmants » depuis la fin du confinement, avec une augmentation importante des accidents mortels et des grands excès de vitesse de 15%. Le nombre de morts lors du pont de l’Ascension a été plus important que l’an dernier et il y aurait en cause un « accroissement des comportements à risque ».

C’est une catastrophe, mais qui n’étonne pas vraiment. Les comportements à risque avaient déjà été pointés pendant le confinement, alors que les délinquants de la route profitaient de la situation pour s’en donner à cœur joie. Les témoignages dans les différents titres de presses locaux ont été très foisonnants, avec des retraits de permis sur le champ, des gros accidents, etc.

Ces comportements ne concernent en pratique qu’une minorité des conducteurs, mais ils sont en même temps culturellement très implantés dans les mentalités françaises, dont la conception des choses pétrie de libéralisme leur constitue un écrin. Rouler vite serait un choix, une option que l’on prendrait ou ne prendrait pas, sans devoir juger l’autre pour cela.

Que le journaliste Jean-Jacques Bourdin se fasse prendre à 186 km/h (retrait de permis immédiat, immobilisation du véhicule), à plus de 100 km de chez lui malgré l’interdiction, mais ne soit pas immédiatement évincé de sa matinale radio en raison de son comportement, en dit long sur la prégnance de cette mentalité en France.

Mieux que ça : il se justifie dans son émission en faisant intervenir un auditeur bien choisi expliquant… « bon ça va les redresseurs de tord, ça arrive à tout le monde un excès de vitesse » !

Ensuite Jean-Jacques Bourdin de préciser qu’il faisait beau qu’il n’y avait « absolument personne » sur l’autoroute, qu’il ne risquait que pour lui, etc.

Cela est faux bien sûr, car un accident est dangereux pour tout le monde, à commencer par les ouvriers de la voirie qui devront intervenir, puis les secours, les policiers. Cela sans compter qu’à cette vitesse, il serait en piteux état en cas d’accident et cela mobiliserait de gros moyens médicaux s’il ne décède pas sur le coup.

Mais tout cela ne compte pas pour le français dans sa bulle automobile, seul au monde, s’imaginant maîtriser les éléments, n’en ayant rien à faire de risquer de rendre quelqu’un paraplégique.

Cela ne concernait que sa vie privée et la police (ou la gendarmerie), mais pas le reste de la population. La Sécurité routière, du reste, n’est considérée en France que par rapport aux forces de l’ordre justement, avec simplement l’idée de ne pas se prendre une amende.

Il est typique à cet égard de remarquer que la Gauche jamais ne parle de cela, que ça ne fait pas partie de ses préoccupations politico-culturelles. C’est un sujet de ministre de l’intérieur, ou de Préfet. Un point c’est tout.

Alors qu’il est bien connu que c’est historiquement un phénomène sanglant : en 1972, les accidents de la route c’est 18 034 morts et 386 000 blessés ! Le chiffre des militaires français morts en Algérie a été d’environ 25 000 en tout….

La sécurité routière est un enjeu de société immédiat et très concret. Qu’on n’imagine pas qu’il puisse y avoir en France un quelconque changement social, écologique, si on a pas une Gauche terrassant ce genre de comportements criminels et les personnes les justifiant.

La route fait beaucoup de morts, mais aussi beaucoup de blessés très graves. C’est une préoccupation primordiale pour les gens voulant réellement changer le monde. Et il y a lieu de particulièrement s’inquiéter des annonces de la sécurité routière depuis le déconfinement : le libéralisme est à l’offensive.

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Société

La fin libérale d’un confinement libéral dans une France suintant le libéralisme

Le gouvernement n’a pas été à la hauteur avant la crise ni pendant la crise. Il n’y a donc aucune raison qu’il le soit après celle-ci. Le premier ministre a annoncé hier la « phase 2 » du déconfinement, en laissant aux individus la responsabilité d’assurer les règles sanitaires, tout en en maintenant un certain nombre qui seront de plus en plus difficilement respectées sous la pression du libéralisme.

Dès mardi prochain, il n’y a plus d’interdiction de déplacement hors département au-delà de 100 km, les parcs et jardins rouvrent, ainsi que les musées, les cafés et les restaurant (seulement les terrasses en Île-de-France, Mayotte et Guyane), les campings ainsi que les piscines, gymnases et salles de sport pourront rouvrir (le 22 juin seulement en Île-de-France, Mayotte et Guyane). Les frontières au sein de l’Union européenne vont rouvrir dès le 15 juin.

Par contre, le port du masque sera obligatoire dans les musées, il devra y avoir un mètre entre les tables des bars et restaurants avec port du masque pour le personnel ainsi que pour les clients quand ils sortent de table. Les rassemblements publics de plus de dix personnes seront officiellement encore prohibés, comme les rencontres de sport collectif, ou bien les théâtres, les concerts, les festivals, les clubs, etc.

Pour le reste, dans les magasins, les centre-villes, le port du masque n’est que « conseillé », tout comme la limitation des interactions sociales, des déplacements, etc. Les Français sont simplement invités à être « raisonnables ». Quant aux collèges et lycées, on nous explique qu’ils rouvrent, mais en fait ils ne rouvrent pas vraiment, rien n’est obligatoire ni ne concernant tout le monde, alors que l’oral du bac de français est finalement annulé.

On a ainsi un grand flou, difficilement tenable, avec d’un côté la fin globalement des mesures barrières à la circulation du virus, et de l’autre le maintien malgré tout d’un certain nombre d’interdictions. Une société fondamentalement démocratique où la population serait impliquée dans l’organisation de la vie sociale serait capable de saisir un tel rapport dialectique entre ce qui est possible et ce qui ne l’est pas encore, dans un but sanitaire.

Tel n’est pas le cas de la société française, dont la population est profondément immature et largement rétive au respect des règles. Les Français fonctionnent globalement comme des adolescents dans un collège, qui ne considèrent jamais ou très difficilement l’objet d’une règle, portant seulement leur attention sur l’obligation concrète de la respecter ou au contraire la possibilité de s’en affranchir. Quand il y a du relâchement dans un domaine, alors cela signifie la fin de toute règle dans celui-ci.

On peut penser que les adolescents dans les collèges ont raison, car la vie quotidienne dans ces établissements est profondément rétrograde, ennuyante, contre-nature, extérieur à leur propre existence. Tel n’est pas le cas pourtant des règles sanitaires, alors qu’on est censé « continuer de veiller aux personnes vulnérables », d’après le Premier ministre pendant son annonce.

Il y aura donc une pression énorme pour ne pas respecter les quelques règles existantes, alors que les consignes en cours depuis le 11 mai déjà sont très peu respectées. Chacun va reprendre ses habitudes, voir du monde, ou en tous cas encore plus qu’il ne le fait déjà. Le masque va disparaître assez rapidement sous la pression de ceux qui ne l’ont jamais porté, ou en tous cas qui vont encore plus assumer de ne pas le porter.

Les indicateurs montrent que la circulation du coronavirus responsable du Covid-19 est contenu, sans que l’on sache véritablement pourquoi d’ailleurs. C’est évidemment une bonne chose, très encourageante, permettant logiquement de nouvelles choses. Le problème est que le virus circule quand-même, qu’il y a des foyers de contaminations, des admissions à l’hôpital, etc.

Le gouvernement ne sera donc pas en mesure de relâcher les règles dans tout un tas de domaines, et tout particulièrement pour les transports et les entreprises avec le port du masque, les distanciations, dans les usines, chez les coiffeurs, les dentistes, les bus, etc. Le décalage va donc être immense entre la vie quotidienne, totalement libéralisée, et ces règles, qui seront de moins en moins respectées, de plus en plus considérée comme une contrainte inutile.

La France s’apprête à sortir d’une longue période de confinement, mais tout cela va se faire n’importe comment, dans une sorte de grande foire au libéralisme où les règles disparaîtront parce qu’elles ne seront pas respectées, pas parce qu’elles seront levées. Quant aux gestes barrières, au port du masque dans les endroits denses, bref tout ce qui est laissé à la responsabilité individuelle : là aussi cela va disparaître, s’évaporer, pour le peu que ça ait existé.

L’été sera particulièrement volage en France et les « seulement » 28 600 décès (officiellement recensés) du Covid-19 ne pèseront pas lourds dans les esprits. Les élans d’appel à la responsabilités sanitaire des personnels hospitaliers d’il y a quelques semaines ne pèseront pas lourds dans les mémoires non plus.

Probablement que la terrible crise économique qui se profile, dont la première grosse vague est à redouter pour la rentrée, mettra tristement fin à la récréation. La société française en profitera-t-elle pour mûrir et regarder en face les exigences de son époque ? Il le faudra, et il faudra pour cela une Gauche forte, solide, conquérante, anti-libérale. C’est celle du mouvement ouvrier, du grand élan démocratique et populaire exprimant le besoin de socialisme, de collectivité, de nature.

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Confinement et immigration: les économies torpillées du Mexique, du Salvador, du Honduras

Au lieu de prôner une humanité unifiée, les libéraux prônent le droit à immigrer comme on le souhaite. C’est là le reflet des intérêts du capital et cette émigration contribue à la dépendance économique de pays entiers.

Aux États-Unis, la question de l’immigration semble évidente : les Républicains seront contre et les Démocrates pour, et les Démocrates seraient de Gauche. En réalité, les Démocrates sont de droite libérale, les Républicains de Droite conservatrice. Et il est facile de voir qu’une large partie de la Gauche française s’est transformée en « Démocrates » à l’américaine.

L’immigration est en effet un puissant outil pour le capitalisme, qui exerce ainsi une pression maximale sur les salaires, tout en empêchant le développement des pays d’émigration. Les forces vives des pays peu développées sont pompées : c’est le brain drain, avec les gens les plus éduqués qui sont littéralement importés dans les pays riches.

Mais il y a aussi les gens voulant ardemment travailler afin de subvenir aux besoins de leurs familles, à quoi s’ajoutent ceux croyant au rêve américain (ou britannique, allemand, français, etc.). Ces gens se retrouvent pris au piège. Ils sont aliénés ou bien, lorsqu’ils ont conscience qu’ils sont devenus dépendants d’un capitalisme despotique, ils sont broyés. Certains font carrière, bien entendu, et ils contribuent puissamment alors à l’idéologie capitaliste, tout en devenant des bourgeois arrivistes avec un esprit de nouveau riche.

Il ne s’agit nullement donc de simples parcours individuels, les conséquences sont catastrophiques à une grand échelle, comme le montre justement les désordres actuels dans l’économie aux États-Unis en raison de la crise sanitaire. En effet, le confinement partiel bloque une partie de l’économie et il s’avère que des pays voient une partie importante de leur propre économie dépendre des envois d’argent depuis les États-Unis.

L’année dernière, 17 % de l’économie salvadorienne consistait en des envois d’argent par des émigrés partis aux États-Unis. Le chiffre monte à 20 % pour le Honduras ; il est d’autour de 10 % pour le Guatemala. Pour le Mexique, le chiffre est de 3 %, mais ici il ne faut pas sous-estimer l’importance de ces quelques pour cents, car son montant est de 34 milliards de dollars.

Le président mexicain Andrés Manuel López Obrador a lui-même fait un appel aux émigrés pour leur demander de ne pas cesser l’envoi d’argent à leurs familles au pays. C’est dire à quel point le Mexique est ébranlé, ce qui révèle sa dépendance.

D’ailleurs, il en est de même pour le Sénégal où il est estimé que 9,1 % du PIB provient des transfert d’argent par les émigrés, ou encore dans l’ouest du Mali où il est estimé que 20 % des dépenses des familles proviendrait de ces transferts d’argent. La crise sanitaire pose exactement les mêmes problèmes pour ces pays, avec des baisses de transferts drastiques constatées par les opérateurs.

Qui plus est, comme on le sait le point de vue libéral voit les choses sous l’angle des individus, mais en réalité l’émigration consiste simplement en le départ de communautés. L’émigration a ainsi été massive depuis la région mexicaine du Michoacan ; pour elle, les envois depuis les États-Unis forment 11,6 % de l’économie, soit 3,4 milliards de dollars. Ici, une région entière se voit torpillée.

Un autre aspect est évidemment que le capitalisme permet l’immigration mais ne permet pas l’accès aux soins de manière aisée. Seule la France, parmi les grands pays capitalistes, a ici une politique d’ouverture systématique, afin de renforcer son secteur de la santé et d’éviter des problèmes de santé contaminant toute la population depuis des zones immigrées particulièrement dense, telle la Seine-Saint-Denis. Dans les autres pays la situation est catastrophique. Les immigrés ont peur pour leur santé, à juste titre, n’ayant pas de couverture sociale en ce domaine ; d’autres, lumpenprolétarisés, se voient devenir malades, devenant des vecteurs du covid-19 de par leur situation misérable.

L’immigration correspond en fait parfaitement au chaos capitaliste : chacun fait ce qu’il veut comme il veut, sans aucune considération pour la collectivité. Comment l’Inde aura-t-elle des médecins si tous ses médecins de qualité émigrent pour faire carrière ? Comment le Mexique pourra-t-il se développer si les États-Unis pompent sa force de travail et le place dans une situation de dépendance ?

On ne peut pas comprendre le terrible ancrage du Front national, aujourd’hui du Rassemblement national, dans les zones ouvrières, sans voir qu’il ne s’agit pas de confondre les immigrés et l’immigration, d’assimiler la misère individuelle des immigrés à l’immigration comme outil du capital. Le mouvement ouvrier a toujours souligné d’ailleurs la différence entre ces deux aspects. Et il n’a jamais considéré que l’internationalisme des ouvriers consistait, comme les anarchistes, à demander à ce que les frontières tombent… dans le cadre du capitalisme.

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Le Monde part en défense des clubs «libertins»

La ligne éditoriale du Monde est subtile : d’un côté il y a un positionnement chrétien-démocrate, avec une mise en perspective discrète en faveur de la ligne catholique de gauche. De l’autre, il y a le libéralisme assumé dans les mœurs avec le soutien à toute la décadence des grands bourgeois parisiens.

Le quotidien Le Monde a publié un article plein de tristesse : « L’horizon n’est pas dégagé pour les clubs libertins ou les fêtes échangistes ». On reconnaît cette lyrique décadente propre à la bourgeoisie intellectuelle urbaine :

« La sociabilité sexuelle peut-elle survivre aux lenteurs du déconfinement ? La question mérite d’être posée. Car après les théâtres et les restaurants, après les grands festivals, il faudra encore se préoccuper du sort des discothèques, des saunas gays, des fêtes échangistes, des clubs libertins – ces lieux où l’on se touche, où l’on s’embrasse, et dont le rapprochement physique constitue la raison d’être (…).

Dans ces conditions, pourquoi ne pas retrouver de la fluidité sexuelle… en consommant directement en ligne ? En déportant nos ébats et orgies sur les plates-formes de vidéoconférence ? »

Suit un catalogue de sites « libertins » en ligne et l’appel à « donner de sa personne » à la réouverture de ces clubs pervers absolument typiques de la grande bourgeoisie. Ce qui est fou, c’est que cette dernière phrase aurait semblé normale à la Gauche en général des années 1905 au début des années 1980, alors qu’aujourd’hui, lessivée par le libéralisme, une bonne partie des gens de Gauche considéreraient que cela relève d’un point de vue de Droite !

Pour les libéraux s’imaginant de Gauche, il serait tout à fait normal de coucher avec n’importe qui, de considérer la fidélité comme un préjugé du passé, de voir en l’hétérosexualité une norme aliénante. Le capitalisme a réussi entièrement son entreprise idéologique auprès de tels gens.

Pour aider à remettre les points sur les i, voici une chanson de 1979 du groupe Trust. La chanson dénonce les mœurs décadentes de la discothèque Le Palace, haut lieu parisien ayant connu un apport de gens clairement alternatifs (Public Image Limited y enregistrera un album), mais au service de grands bourgeois décadents. La chanson de Trust dénonce avec vigueur la fascination pour cet environnement sordide.

« Très cher tu vas payer ta place
Pour montrer ton brushing tes badges et ton costard
Installe-toi bien là dans tes godasses
Danse, danse t’es au Palace
Regarde-toi dans la glace
T’es là tu frimes au Palace
Pour ce qui était du palais
Tu étais mieux crois-moi où tu étais
Bouche à sexe sexe à bouche
On te paie et toi salope tu te couches
Sur le dos là comme il faut
Fais gaffe dans ce boulot on devient vite parano
Univers de girls bidons
Pour des mâles qu’ont pas un rond
T’es qu’un zonard au rencard
Et le bouffon des couches-tard
Bouche à sexe sexe à bouche
On te paie et toi salope tu te couches
Sur le dos bien comme il faut
Fais gaffe dans ce boulot on devient vite syphillo
Dernière boîte à la mode
Où tu jouis à coups de gode
Finie la nuit fini ton rêve
L’autobus de St Denis te ramène vers Monoprix
Bouche à sexe sexe à bouche
On t’as payé et toi salope tu t’es couchée
T’étais sur le dos bien comme il faut
Dans ce genre d’endroit t’excelle tellement t’es disco …
Ta place tu l’as payée
Dans le Palace tu es entré
Comme les ringards tu as dansé … »
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L’État sera-t-il en mesure de faire respecter la limite de 100 km pour les déplacements?

Le déconfinement du 11 mai avait commencé par un lamentable couac et la loi restreignant les déplacements à un périmètre de 100 km autour de son domicile n’était pas prête. Maintenant que l’interdiction est en vigueur, la question se pose de savoir comment la faire respecter… Et ce n’est pas une mince affaire.

C’est aux forces de l’ordre que revient essentiellement, voire entièrement, le rôle d’encadrer et faire respecter l’obligation de rester dans un périmètre de 100 km autour de son habitation. Le problème, c’est qu’elles n’ont pas les moyens matériels, techniques ou procédurales, pour vérifier cela.

S’il est facile de savoir qu’un Parisien à Bayonne est en infraction, dans d’autres cas c’est plus compliqué. Comment les policiers sont-ils censés savoir que Montceau-les-Mines est à moins de 100 km de Moulins, mais que Sète est a plus de 100 km de Carcassonne ?

Encore plus compliqué : un habitant de Valence se rendant à Saint-Étienne par l’itinéraire le plus rapide parcourra 123 km, mais les deux villes sont situées à moins de 90 km l’une de l’autre à vol d’oiseau. Une application internet très simple est bien-sûr mise à disposition par le gouvernement : bilancoronavirus.fr/carte-sortie-100km Il suffit de rentrer son code postal et le périmètre est tracé. Sauf que les policiers ne sont généralement pas équipés de moyens professionnels pour y avoir accès. Doivent-ils alors utiliser leur smartphone personnel ? C’est impensable, évidemment.

En vérité, le gouvernement a pris une mesure générale, pour dissuader globalement et prétendre avoir agi, mais n’envisage nullement une interdiction effective de circuler dans le pays. Et pour cause, aucune consigne précise n’a été donnée aux forces de l’ordre avec une liste de motifs impérieux justifiant les déplacements hors périmètre. Le ministère de l’intérieur se contente de les appeler au discernement et au bon sens… Ce qui veut tout, et surtout rien dire, laissant libre cours à l’interprétation de chacun, et donc à des situations compliquées.

Les fraudeurs pourront de toute façon tricher facilement, puisqu’il n’y a pas de liste de justificatifs de domicile précis. Un simple carnet de chèques suffit, alors qu’il peut être très ancien et pas à jour. De la même manière, de riches Parisiens ayant une résidence secondaire à 200 km, par exemple en Normandie, pourront facilement jouer avec deux justificatifs de domicile, en le changeant à mi-chemin.

Mais comment s’étonner de cette « légèreté », quand on voit que le ministre de l’intérieur lui-même en est rendu à simplement « conseiller » aux grands-parents de ne pas venir voir leur petit enfant au-delà de 100 km… C’est-à-dire qu’au plus haut sommet de l’État, la personne directement en charge du dossier, n’est même pas en mesure de définir strictement ce qui rentre ou non dans le cadre d’un motif légitime. Ses propos à ce sujet sont affligeants de libéralisme, signe d’une grande décadence de la classe politique :

« Moi, là, je parle comme papa. Je pense que, peut-être, il vaut mieux attendre un mois ou deux plutôt que de proposer à ses grands-parents qui sont en province, de venir nous voir à Paris pour voir le petit dernier qui est né et de s’exposer dans un département qui est encore en rouge à un risque »

Et les policiers vont donc devoir jongler avec tout cela, gérer l’urgence, alors qu’ils auront en face d’eux bien souvent des Français au comportement immature, voire puéril, les défiant comme ils défiaient les surveillants pour se balader dans les couloirs au collège. Les policiers ou les gendarmes brutaux pour leur part s’en donneront à cœur joie, ce qui ne fera que renforcer la grande instabilité sociale, morale, culturel, dans laquelle s’enfonce la France…