Catégories
Refus de l’hégémonie

Agressivité du 75e sommet de l’Otan et exercices militaires sino-biélorusses

Au début de l’année 2024, l’Otan menait l’exercice « Steadfast Defender 2024 » (« défenseur inébranlable ») avec notamment 90 000 soldats mobilisés ainsi que 133 chars, 50 navires de guerre, etc. Cela en fait la plus importante opération de ce type depuis 1988.

En réponse, la Chine vient de tenir avec la Biélorussie l’exercice « Assaut du faucon », plus grande manœuvre militaire entre les deux pays depuis 2010. On parle d’un exercice réalisé à 5 kilomètres de la frontière avec la Pologne et quelques kilomètres de celles avec l’Ukraine, au moment même où s’ouvrait le sommet de l’Otan à Washington.

Cela fait suite à l’acceptation de l’adhésion de la Biélorussie à l’Organisation de coopération de Shanghai, alliance de coopération économique et militaire piloté par la Chine de concert avec la Russie.

À l’instar des années précédents 1914, on assiste à la mise en place de manière toujours plus délimitée de deux grands blocs, eux-mêmes dirigés par la superpuissance américaine et la superpuissance chinoise, formant le terreau inéluctable d’une troisième guerre mondiale. Il n’est clairement plus simplement question d’escalade, mais bel et bien de la préparation concrète de la guerre générale.

Le 75e sommet de l’Otan qui s’est déroulé du 6 au 11 juillet à Washington s’inscrit entièrement dans cette perspective avec la mise sur pied de nouveaux éléments de commandement et de coordination des efforts militaires interalliés en Europe.

Le point 7 de la déclaration générale affirme sur la chose suivante :

Nous procédons au plus grand renforcement de notre défense collective depuis une génération. Nous concrétisons ainsi les décisions prises aux sommets de Madrid et de Vilnius pour moderniser l’OTAN dans la perspective d’une nouvelle ère de défense collective. La possibilité d’une atteinte à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de pays de l’Alliance n’est pas à exclure.

Nous avons renforcé notre posture de dissuasion et de défense afin de priver tout adversaire potentiel de toute occasion d’agression. Nous continuons de renforcer la dissuasion et la défense de l’OTAN face à toutes les menaces et à tous les défis, dans tous les domaines et dans plusieurs directions stratégiques dans la zone euro-atlantique.

Nous avons déployé des forces en place et prêtes au combat sur le flanc oriental de l’Alliance, renforcé les défenses avancées et amélioré l’aptitude de l’Alliance à fournir rapidement des renforts à tout Allié qui serait menacé.

Nous disposons d’une nouvelle génération de plans de défense de l’OTAN, qui rendent l’Alliance plus forte et mieux à même d’assurer la dissuasion et, si nécessaire, la défense face à tout adversaire potentiel, y compris sans préavis ou sur court préavis. Nous sommes déterminés à mettre à disposition les forces à haut niveau de préparation requises, dans tous les domaines, notamment au service d’une Force de réaction alliée robuste et agile. Nous accélérons encore la modernisation de notre défense collective.

Les 73 et 74 sommets de Madrid (2022) et de Vilnius (2023) avaient établi la nouvelle feuille de route stratégique de l’Otan contre la Chine et la Russie. Le 75e sommet de l’Otan vient quant à lui confirmer la mise en place concrète des modalités des opérations militaires à tenir.

Ainsi, les exercices au niveau brigade (4 000 soldats) redoublent d’intensité, de nouveaux plans de défense ont été mise sur pied, avec notamment la définition de trois zones d’opération et il est déjà prévu que le commandement terrestre pour la zone atlantique, actuellement à Norfolk aux États-Unis, soit transféré en Finlande.

La zone autour de l’exclave russe de Kaliningrad devient de plus en plus ouvertement l’espace d’une confrontation entre l’Otan et la Russie. Dans cette perspective, le commandement opérationnel doit également être relocalisé à Brunssum en Allemagne et les pays Baltes, de concert avec la Pologne, mettent en place de nouvelles et massives lignes de défense militaire à leurs frontières. Il est aussi dorénavant visé un nouveau seuil de participation financière au budget militaire de chaque pays membre, au-delà de l’ancienne règle des 2%.

De la même manière que les points 26 et 27 de la déclaration prennent acte du « rôle déterminant » de la Chine « dans la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine au travers de son partenariat dit « sans limites » et du large soutien qu’elle apporte à la base industrielle de défense russe« . En parallèle aux tensions accrues en Mer de Chine, les Philippines et le Japon viennent récemment de signer un pacte de défense mutuelle contre la Chine, s’imposant comme des relais de la superpuissance américaine dans la zone.

Il est donc maintenant clair que la Chine est reconnue comme belligérante dans la guerre en Ukraine, celle-ci formant un terrain d’affrontement clair entre la superpuissance américaine et la superpuissance chinoise pour l’hégémonie mondiale.

Dans ce cadre, et pour continuer à gagner du temps, de nombreuses annonces ont été faites pour maintenir debout le proxy ukrainien dans sa guerre à la Russie. Ont été annoncées des livraison d’avions de chasse F-16 par la Belgique et la Norvège, avec déjà des appareils en provenance du Danemark et des Pays-bas acheminés vers les forces ukrainiennes. En parallèle, le Royaume-Uni vient d’annoncer l’envoi de missiles Martlet à guidage laser pour contrer les drones russes et une nouvelle enveloppe de 40 milliards d’euros vienne d’être accordée pour l’année à venir.

Les Etats-Unis vont également placer des missiles à longue portée en Allemagne, ce qui nous ramène à la « crise des euromissiles » des années 1980.

Cette montée en puissance des conditions de l’affrontement reflète en réalité la déliquescence de l’Occident face aux poussées russes et chinoises, autant que face au pourrissement des situations nationales intérieures. Emmanuel Macron a par exemple dû rassurer l’opinion quant à la situation d’instabilité intérieure de la France et le président américain Joe Biden a créé un malaise général en présentant « le président Poutine » au lieu du président Zelensky.

Alors que la France a pris le leadership de la guerre américaine à la Russie en Europe, la crise de régime qu’elle traverse actuellement fait plus que jamais d’elle le maillon faible du bloc occidental. Une situation des plus inquiétantes, avec à l’horizon une potentielle remise en ordre par l’armée dans le but de garantir ses prétentions de part ses engagements pris depuis le 26 février 2024.

Là est le sens de l’Histoire avec un Occident qui s’effondre toujours plus sur fond de mise en place des conditions de la troisième guerre mondiale. La situation d’instabilité générale de la France relève directement de cette tendance et appelle impérativement à la reconstruction d’une force autonome de la Gauche historique pour établir une porte de sortie positive, socialiste, à la crise en cours.

Plus que jamais, l’actualité est : Guerre ou la Révolution  Socialisme ou barbarie!

Catégories
Refus de l’hégémonie

L’atlantisme de Jordan Bardella

Atlantisme : l’expression vient du nom de l’Otan, l’Organisation du traité de l’Atlantique nord. Un atlantiste en France est une personne qui prête allégeance à l’Otan, c’est-à-dire qui est soumise à la superpuissance américaine.

Tel est le cas de Jordan Bardella du Rassemblement national, au même titre qu’Emmanuel Macron. L’expression la plus flagrante de son atlantisme est bien entendu son soutien forcené au régime de Kiev et à la guerre contre la Russie.

Dès mars 2022 Jordan Bardella qualifiait Zelensky de « modèle de résistance » expliquant qu’il est « toujours admirable de voir un chef d’État résister ».

Un an plus tard, il l’applaudissait debout, malgré les consignes de sa formation politique. Il regrettait alors « une naïveté collective [dans son camp] à l’égard des ambitions de Vladimir Poutine ».

En avril 2024, pour se justifier dans le cadre du Parlement européen, il disait de la Russie qu’elle :

« représente une menace multidimensionnelle pour l’Europe et conteste les intérêts français, que ce soit en Europe ou en Afrique ».

Il n’hésitait pas à parler également, reprenant la propagande du régime français, des « ingérences russes » contre lesquelles il faut « lutter ». Il est à l’origine en 2023 (avec son collègue Jean-Philippe Tanguy du RN) d’une commission d’enquête parlementaire « relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères », dont l’objet était de dénoncer la Russie.

Il reprend souvent mot pour mot les positions américaines, par exemple à l’occasion de la mort d’Alexeï Navalny :

« Une nouvelle tragique pour tous les défenseurs des droits humains et des libertés fondamentales ».

Jamais Marine Le Pen n’aurait pu dire ça. Durant les années 2010, elle représentait une ligne néo-gaulliste, prônant une indépendance pour la puissance française sur la scène mondiale ; c’était un véritable nationalisme, représentant directement un danger de type fasciste. Il y avait une proximité avec la Russie, comme contre-poids à l’influence américaine.

Cette proposition a échoué en raison de la faiblesse de puissance française dans le cadre de la crise. L’élection présidentielle de 2017 a été un tournant, Marine Le Pen échouant en raison de son incapacité (historique) à rallier la haute bourgeoisie française, celle-ci étant incapable de porter la puissance française.

La crise qui s’est généralisé d’abord avec le Covid-19 puis la guerre en Ukraine, a finalement entièrement rebattu les cartes. La France n’avait plus aucune possibilité d’indépendance, elle s’est entièrement soumise et vassalisée à la superpuissance américaine.

Le néo-gaullisme de Marine Le Pen devint alors littéralement mort et enterré, nonobstant le fait que le populisme social et vaguement nationaliste qu’elle avait porté pendant dix ans restait utile pour le régime français. C’est là que Jordan Bardella intervient : il représente en apparence une ligne de rupture, tout en étant en fait totalement aligné sur le régime et donc, chose la plus importante, sa soumission à la superpuissance américaine.

Il suffit de voir cette chose très simple et ô combien représentative. Marine Le Pen prône depuis le début la sortie du commandement intégré de l’Otan. C’est, si on veut, le kit de base pour n’importe quel nationaliste cohérent : impossible de prétendre à quoi que ce soit en étant soumis aux États-Unis via l’Otan. La mesure figurait encore au programme du Rassemblement national en 2022, bien qu’elle était déjà relativement mise de côté.

Jordan Bardella est tout à fait en rupture avec cela. Il est contre la sortie du commandement intégré de l’Otan. Il l’a expliqué notamment dans un entretient avec l’organisme Europa Nova, qui est typiquement un réseau d’influence américain, prônant une ligne d’effacement des nations au profit de l’Union européenne.

C’est pour cela que Jordan Bardella préfère Giorgia Meloni (la dirigeante italienne) à Matteo Salvini (de la Ligue du Nord), qui est l’allié historique de Marine Le Pen. La première est furieusement pro-américaine et pour la soumission à l’Otan, tandis que le second est plutôt tourné vers la Russie.

Dans un entretien en avril 2023 à La Repubblica, l’un des principaux quotidien italien, Marine Le Pen a vainement tenté de mettre les point sur les i et maintenir sa ligne historique, en expliquant des choses qu’elle est absolument incapable de raconter en France depuis plusieurs années déjà :

« Je reste eurosceptique, et chaque jour qui passe, je le suis davantage. Je ne suis pas sceptique à propos de l’Europe, mais sur l’organisation politique de l’UE.

De plus, la France a un héritage politique et une indépendance sur le plan international. Meloni est favorable à l’OTAN parce qu’elle est italienne. Il y a des éléments de son projet que je ne partage pas. Politiquement, je me sens plus proche de Matteo Salvini et je n’adapte pas mon discours aux résultats des élections : je suis une personne loyale ».

De son côté, en mai 2023, Jordan Bardella se rendait à Budapest au rassemblement annuel en Europe de la CPAC (Conservative Political Action Conference) au côté de Marion Maréchal : il s’agit du courant américain ultra-conservateur qui a élaboré et fait triompher le populisme de Donald Trump.

En 2018, Marion Maréchal avait fait son grand retour à la vie politique en tenant un discours d’alliance devant ces personnes aux États-Unis ; Jordan Bardella est sur cette même ligne atlantiste et il est tout à fait logique de voir Marion Maréchal se rapprocher de lui dans le cadre des élections législatives de juin et juillet 2024.

La politique américaine s’impose en France, devenu simple protectorat américain. Dans la bataille pour le poste de governor de la province France, il y a Emmanuel Macron le Democrat lié à Joe Biden et il y a Jordan Bardella le Republican lié à Donald Trump.

Dans tous les cas, ils représentent la superpuissance américaine lancée agressivement dans la bataille pour le repartage du monde. C’est cela qu’il faut comprendre à Gauche avec la plus grande acuité : voilà l’ennemi, la superpuissance américaine et ses agents français, qui traînent la planète dans la 3e guerre mondiale !

Catégories
Effondrement de la France

Crise politique en France

Il y a deux ans pratiquement jour pour jour se formait la NUPES, une union de la Gauche gouvernementale qui a totalement échoué dans son entreprise. Et là on a une nouvelle unité PS, PCF, EELV et LFI.

Mais il est trop tard. Car ce qui ne s’était pas produit aux élections présidentielles et législatives précédentes a finalement eu lieu le 9 juin 2024. Le Rassemblement national mené par Jordan Bardella a raflé la mise aux élections européennes avec 31,37 % des suffrages (30 sièges).

C’est un courant de fond. Être de droite est porteur. D’ailleurs, le Rassemblement national a plus du double de la liste de la majorité présidentielle (14,6 % soit 13 sièges).

Pire encore, si on y ajoute les voix de la liste du parti d’Eric Zemmour conduite par Marion Maréchal (5,47 % soit 5 sièges), cela fait près de 37% pour le populisme à tendance nationaliste. Avec de surcroît un record de participation (51,49 %) depuis 1994.

La France est de droite, comme nous l’avons toujours souligné ici, à rebours des fictions et auto-intoxications, comme lors du mouvement contre la réforme des retraites.

La vérité, c’est que la France, moche et fanée, refuse fondamentalement de se tourner vers l’avenir. Elle s’arc-boute sur un passé fantasmé, celui des 30 glorieuses où la France était encore une puissance garantissant l’opulence capitaliste pour tous.

Le populisme à la fois national et social de Jordan Bardella est typique de cela, du « c’était mieux avant », du capitalisme en mode social mais mesuré. Même son « nationalisme » est très mesuré : il n’est pas vraiment contre l’immigration et l’islam, il n’est pas du tout contre l’Union européenne et il est même carrément pour les États-Unis et l’Otan. De surcroît, il est un farouche défenseur des institutions de la Ve République.

Toutefois, il représente quelque-chose qui tranche avec le libéralisme ultra-moderniste d’Emmanuel Macron, exactement comme le Républicain Donald Trump tranche avec le Démocrate Joe Biden aux États-Unis. Le résultat a donc été une claque pour Emmanuel Macron, surtout alors qu’il est censé avoir une légitimité gigantesque de part sa participation forcenée à la guerre américaine contre la Russie.

À situation de crise, réaction de crise : le Président français a donc décidé la dissolution immédiate de l’Assemblée nationale, ouvrant pour le pays une période de trois semaines (puis une semaine) de troubles et d’incertitudes politiques.

Les élections des députés auront lieu le 30 juin, puis le 7 juillet en cas de second tour. Dans les faits, le régime français vacille littéralement, car la France est une puissance en déclin devenue entièrement inféodé à la superpuissance américaine, mais qui ne l’assume pas encore suffisamment.

Emmanuel Macron, pour garantir la guerre qu’il compte mener à la Russie, a besoin d’une légitimité renforcée. Il joue donc carte sur table en imposant un retour aux urnes et en tentant si ce n’est de coincer le Rassemblement national, sinon de l’obliger à rentrer comme il faut dans l’orbite américaine. Il accusera le RN d’être pro-Russie, et celui-ci montrera en retour avec zèle sa loyauté à la superpuissance américaine, tout comme le fait la populiste Giorgia Meloni à la tête du gouvernement en Italie.

Beaucoup de choses vont être dites et entendues durant ces trois prochaines semaines, il faut s’attendre d’ailleurs à la plus grande hystérie de la part de la petite-bourgeoisie urbaine et des bobos. Il va y avoir dans toutes les bouches des raccourcis grotesques, des déformations, du mensonge, du hors-sujet.

Il n’y a qu’à voir l’édito grotesque de Libération qui invente littéralement une situation historique et politique :

« En route vers ces élections inattendues mais ô combien cruciales, la gauche française doit prendre conscience de son rôle historique : assurer aux Français, comme ses ancêtres républicains, que le fascisme ne passera pas. »

Les bourgeois gauche-caviar de « Libé » inventent, car non seulement il n’y a pas de menace fasciste avec le consensuel et républicain Jordan Bardella, mais surtout la Gauche ne ressemble plus à rien en France. Elle est plus que jamais coupée du peuple, prise en étau entre les populistes ultras de la France insoumises et les bourgeois atlantistes furieusement pour la guerre à la Russie comme Raphaël Glucksmann ; elle ne changera donc rien à rien en 2024.

C’est la même rengaine avec la CGT, le syndicat qui se mêle de politique et s’imagine le droit de faire référence au Front populaire « face à l’extrême-droite » dans un communiqué. Le syndicat, qui ne semble pas être au courant qu’il est totalement marginal chez les prolétaires, est « en colère » et s’imagine des grandes choses pour y remédier :

« Notre République et notre démocratie sont en danger. Pour empêcher la catastrophe organisée par Emmanuel Macron et Marine Le Pen d’advenir, l’unité de la gauche est indispensable. »

Bref, c’est le triomphe du populisme, y compris donc dans sa version « de gauche », qui sabote l’héritage historique et la puissance du Socialisme pour défendre une République bourgeoise qui n’est pas du tout en danger.

Pour y voir clair dans ce marasme, il va falloir garder bien en tête la boussole de notre époque : la guerre mondiale de repartage du monde, avec en arrière plan l’effondrement de l’occident sous les coups acerbes des capitalismes challenger menés par la Chine.

Ce qui compte en France, c’est de dénoncer l’Otan, c’est de refuser la guerre à la Russie. Là est l’aspect principal.

La situation de crise politique rend d’autant plus claire et évidente cette position pour qui veux réellement que le monde change de base. Il n’y a pas à tergiverser ni à ruer dans les brancards : la crise politique exprime l’effondrement du régime en France, alors il faut appuyer cet effondrement en sabotant son principal plan de survie : la guerre à la Russie!

Non aux populismes, qu’ils soient nationaux ou libéraux, ou prétendument de gauche, et surtout non à l’Otan et aux plans de la superpuissance américaine pour la France, guerre à la guerre!

Catégories
Refus de l’hégémonie

Zelensky à Paris réclame « d’en faire plus »

Cérémonie en son honneur à l’Hôtel national des Invalides (musée de l’Armée), discours devant l’Assemblée nationale, visite du quartier général des Forces armées françaises, visite d’une usine d’armement, entretien avec le Président américain Joe Biden également présent à Paris, puis réception à l’Élysée : la journée parisienne du Président ukrainien Zelensky vendredi 7 juin 2024 a été très intense.

Devant l’Assemblée nationale (où le Président français n’a légalement pas le droit de se rendre), il a déclaré :

« Emmanuel, je te remercie de ne pas avoir laissé l’Europe sans leader« .

En effet, la France assume pleinement son rôle de premier vassal pour emmener le continent européen dans la guerre américaine contre la Russie.

Le Président ukrainien est venu en personne assurer la propagande de guerre et favoriser l’escalade. C’est une machine à fabriquer une opinion pour la guerre qui tourne à plein régime.

« Il faut plus, ce n’est pas un reproche. Il faut faire plus pour vaincre le mal. »

Voilà ce qu’il a assené devant une assemblée conquise, bien qu’un peu clairsemée, et l’ayant ovationné. Cela a pris une tournure particulièrement odieuse, comme la veille lors des cérémonies du Débarquement, puisqu’il a fait référence à la résistance contre le nazisme, alors que le régime dont il est à la tête en est largement imprégné (et c’est d’ailleurs officiellement ce qui lui est reproché par la Russie).

« Sans ces victoires contre le nazisme, les nations libres n’existeraient pas. Il n’y aurait pas de liberté en Europe.

Notre Europe est le résultat du courage des hommes et des femmes, qui ont résisté contre le mal. Cette unité donne de la force à notre Europe. Aucune autre motivation à part celle de protéger notre foyer et d’être des hommes dotés de liberté. »

Mais peu importe le fond, car c’est ici la forme qui compte. Tout ce qui peut favoriser l’escalade guerrière est bon à prendre pour les faiseurs de guerre, peu importe l’Histoire, la réalité ou la Raison.

Le Président ukrainien n’y est donc pas allé par quatre chemins. Il appelle ouvertement et plus concrètement que jamais à l’escalade.

Sur le plan historique, il faudra bien remarquer qu’on a un chef d’État étranger qui est ovationné par les députés français, alors qu’il vient leur intimer de faire la guerre à un autre État.

C’est le genre de chose impensable a priori, mais en réalité tout à fait possible dans la France du 21e siècle, qui n’est plus qu’une succursale américaine, accueillant une autre succursale qu’est l’Ukraine… sous la supervision du Président américain présent à Paris!

C’est une chose qui aurait été impensable ne serait-ce qu’il y a dix ans. La pandémie a fait vaciller le capitalisme, désormais c’est l’affrontement généralisé qui se met en place, avec au coeur la bataille pour l’hégémonie entre les superpuissances américaine et chinoise. Tous les autres doivent donc, au fur et à mesure, se mettre au garde à vous.

Et la France s’est vassalisée à la superpuissance américaine. La scène du théâtre du 7 juin 2024 a donc servi à ce que le président russe Vladimir Poutine soit ouvertement désigné comme « ennemi commun » de l’Ukraine et de l’Europe (la France n’intéresse en fait que comme moyen d’entrainer toute l’Europe).

Et il n’y a aucune opposition politique à cela en France. Même les plus critiques sont en fait totalement soumis au soutien à l’Ukraine, donc aux intérêts américains, au-delà des différences de forme.

Marine Le Pen critique le calendrier présidentiel français, en prétendant que la visite de Zelensky est une diversion en vue des élections européennes (dont tout le monde se fiche en réalité). Mais elle prend bien soin de préciser sa soumission :

« Je suis ravie d’accueillir monsieur Zelensky à l’Assemblée. »

Il en est de même pour la France insoumise, ou encore le PCF, qui pourtant voit très bien la situation qui se dessine. Son premier représentant, Fabien Roussel, a tout à fait bien résumé la situation actuelle :

« J’entends les appels à entrer dans une 3è guerre mondiale. À revivre un DDay. Je vois mon pays s’enfoncer dans la guerre. Nous n’en voulons pas. Le peuple doit s’en mêler ! Dire non à cette escalade militaire dangereuse ! »

Sauf qu’il est démagogique, car inconséquent, puisqu’il ajoute en fait au préalable :

« Soutenir la résistance ukrainienne, 1000 fois oui ! »

Il n’y a pas de « résistance ukrainienne », il y a un régime nationaliste et furieusement anti-Gauche (toute la Gauche y est interdite), qui sert de proxy à la superpuissance américaine pour mener la guerre à la Russie (elle-même étant relativement un proxy chinois).

La seule position valable et utile, c’est celle du refus total du soutien au régime ukrainien et de la dénonciation de Zelensky. On ne combat pas la guerre mondiale en soutenant en même temps la constitution de la guerre mondiale.

Il suffit de lire régulièrement notre chronologie de l’escalade guerrière dans laquelle est rentrée la France depuis le mois de février 2024 pour comprendre à quel point il est urgent et vitale de dénoncer l’engrenage. De le saboter même.

Il faut dénoncer avec force ces propos de Zelensky qui vient réclamer ouvertement l’engagement direct de la France contre la Russie :

« Poutine peut-il gagner cette bataille? Non, parce que nous n’avons pas le droit de perdre. Nous pouvons certainement gagner cette bataille. L’Ukraine, et donc l’Europe. L’Europe, et donc la France. »

Sur le plans des annonces, il faut retenir essentiellement quatre choses de la journée :

  • des accords avec à la clé 650 millions de prêts ;
  • des accords entre KNDS (fabriquant notamment les canons Caesar) et des entreprises ukrainiennes pour un transfert de production ;
  • la prise en charge par la France de la formation et de l’équipement d’une brigade ukrainienne (plus de 4000 soldats);
  • la fourniture d’avions de chasse de type Mirage.

Le même jour, le groupe de défense Thales a annoncé qu’il allait fournir au régime ukrainien un deuxième système de défense aérienne de type Ground Master 200, qui est un radar de moyenne portée, transportable sur camion.

La France se prépare nettement à participer directement à la guerre en Ukraine, et elle y est largement déjà impliqué. Il faut s’y opposer, il faut dénoncer l’Otan et les plans de la superpuissance américaine, il faut la guerre à la guerre!

Catégories
Nouvel ordre

1er mai 2024 – faire face à la guerre

Le premier mai, c’est la journée du prolétariat international, c’est la journée du drapeau rouge. Et comme malheureusement le prolétariat international n’est pas à la hauteur, le monde se précipite dans la guerre. Les capitalistes visent à se repartager le monde pour développer coûte que coûte leurs économies.

C’était sans doute inévitable en raison de l’expansion massive du capitalisme entre 1989 et 2020, à l’échelle mondiale. L’intégration des pays de l’ancien bloc de l’Est et la transformation de la Chine en usine du monde ont facilité de manière massive l’accès aux marchandises. Les gens des pays occidentaux sont tout simplement corrompus par le mode de vie occidental.

Les gens considèrent qu’il n’y a plus de classe, que le capitalisme est le seul horizon. La question animale les interpelle parfois peut-être, mais ils ne font rien pour les animaux pour autant. Les femmes refusent d’assumer la direction de la société, laissant les généraux être tous des hommes, ainsi que la quasi totalité des banquiers, des grands patrons, des grands financiers, etc.

Sous prétexte de tolérance, c’est le libéralisme qui dirige tout, donnant naissance à la permissivité généralisée, au laxisme, à la fragilité artificielle, au culte émotif de l’ego, au style de vie bobo ou LGBT. Rien ne va plus dans la société capitaliste en perdition, en décadence généralisée.

Mais le Socialisme est inévitable historiquement. Et le capitalisme triomphant a comme conséquence la grande bataille pour le repartage du monde. La crise de 2020 a tout bouleversé, la croissance a rencontré un mur, et le seul moyen de le contourner est pour chaque pays de s’approprier les richesses d’un autre pays.

C’est donc la guerre qui est à l’ordre du jour. Et là, le prolétariat a des intérêts contraires à ceux de la bourgeoisie. Il peut et doit se recomposer dans une vaste lutte de classes l’arrachant à sa corruption et le replaçant en face de son ennemi historique.

Il n’y a donc pas lieu de perdre son temps avec la pseudo-gauche, universitaire et bobo, dont le centre de gravité, ce sont les réseaux sociaux, dont les références, ce sont les migrants et les LGBT. Tout cela n’est que le produit « de gauche » de la société de consommation.

Ce qu’il faut, c’est réapprendre de Rosa Luxembourg et de Lénine, pour affirmer le défaitisme révolutionnaire. L’ennemi est dans notre propre pays, il faut saboter l’effort de guerre, guerre à la guerre !

La France est en train de mettre en place une « économie de guerre ». C’est là une ennemie. Cette mise en place est également directement encadrée et soutenue par l’Otan d’un côté, l’Union européenne de l’autre. Ce sont là deux autres ennemis. Et tout cela a comme sens fondamental que la France est devenue le vassal de la superpuissance américaine, qui entend affronter son concurrent chinois.

La France met en place une économie de guerre, en tant que vassal le plus zélé de la superpuissance américaine qui entend à ce que l’Otan et surtout l’Union européenne se lance dans un soutien à tous les niveaux au régime ukrainien pour défaire la Russie. Telle est la clef de toute la situation politique.

C’est l’aspect principal. Tout dépend de ça. Il n’est pas de phénomènes en France qui n’échappe à cette tutelle historique qu’est la marche à la guerre.

Nous ne sommes qu’au début du processus. Mais la guerre mondiale a déjà commencé. Les 5-10 ans à venir vont être décidés par l’affrontement sino-américain.

Il y a besoin d’un pays occidental décrochant de la société de consommation, rejetant les hégémonies impérialistes. Faisons en sorte que ce soit le nôtre !

Vive le Socialisme – guerre à la guerre !

Catégories
Refus de l’hégémonie

Engagez-vous contre la guerre !

Emmanuel Macron, le chef d’état-major de l’armée britannique, le ministre allemand de la défense, le président polonais, le président du Conseil européen et tant d’autres ont tous en commun de l’avoir répété : si tu veux la paix, prépare la guerre.

Voilà la réalité historique qui est devant nos yeux : les bourgeoisies européennes se préparent à faire la guerre à la Russie. À ces mots s’ajoutent des actes avec une remontée en puissance des budgets d’armements, de la masse militaire, des lignes de production de guerre.

Du point de vue populaire, s’il était possible de s’en tenir à l’appel à une solution diplomatique avant février 2022, avant d’espérer une paix imposée par le peuple jusqu’au 26 février 2024, la situation exige dorénavant un engagement éprouvant contre la guerre.

Et les français ont une responsabilité importante. Car depuis les propos d’Emmanuel Macron du 26 février 2024, la bourgeoisie française a décidé de prendre le relais de la puissance américaine en Europe en assumant d’être le leader politique et militaire de la préparation de la guerre à la Russie.

Car dans tous les cas de figure, la France capitaliste d’aujourd’hui, c’est la faillite générale demain. En vaut pour preuve l’explosion du déficit public, l’endettement colossal du pays alors même que le budget militaire français s’est renforcé et qu’on s’apprête à des coupes claires dans les budgets de santé et sociaux.

Dans un tel contexte, les simples appels à la paix ne servent qu’à laisser le terrain libre aux diplomates chargés de gagner du temps pour mieux permettre les préparatifs militaristes. Dorénavant, la paix, c’est seulement la pacification sociale, l’abdication envers la cause du Socialisme.

Nous sommes en 1911. Comme le remarquait Rosa Luxemburg cette même année dans sa critique des « Utopies pacifistes » :

Le militarisme est étroitement lié à la politique coloniale, la politique douanière, la politique mondiale, (…) par conséquent les États actuels, s’ils voulaient sérieusement mettre un terme à la course aux armements, devraient commencer par désarmer leur politique commerciale, abandonner le pillage colonial ainsi que la politique étrangère des sphères d’intérêt dans toutes les parties du monde, en un mot faire exactement le contraire de ce qu’est l’essence de la politique actuelle d’un État de classe capitaliste en politique extérieure comme en politique intérieure.

En 2024, le démantèlement de la Russie est devenue la condition de la relance du capitalisme français. Militarisme et capitalisme sont dès lors imbriqués dans une danse macabre : il n’y a plus de retour en arrière possible, tout le futur est conditionné par cet objectif stratégique. Par conséquent, la pressurisation sociale va s’accentuer, la situation intérieure continuer à se dégrader avec les violences anti-sociales, les trafics et la consommation de drogue, l’ultra-individualisme généralisé, la tolérance avec les mœurs féodales. Tout cela parce que la prétention de la bourgeoisie à encadrer et diriger la société se voit englouti par le militarisme…

De deux choses l’une, ou bien la bourgeoisie française réussie son plan et se relance au prix d’attaques générales contre les conditions de vie populaire et la nature pendant une décennie, ou bien la lutte des classes portée par la classe ouvrière refait surface et ouvre une nouvelle ère.

Or, comment dans une telle situation les travailleurs ne peuvent -ils pas être viscéralement opposés à leur bourgeoisie qui les embarque dans un projet de mort pour conserver sa part du gâteau de la « mondialisation » ? Une opposition qui va s’avérer douloureuse car les gens ont cru au mirage de l’accès au pavillon, à l’illusion de la vie à crédit, de la guerre limité aux confins du tiers-monde.

Après avoir vu sa vie coulée dans le béton de la « paix capitaliste », c’est la nécessité de reprendre le flambeau de la révolution sociale dans l’opposition à la guerre qui refait surface en ce printemps 2024. Un retour de bâton d’autant plus terrible que règne une grande confusion intellectuelle dans la population.

Dans les couches populaires, trop investis dans le travail manuel, il n’est pas pensé que la guerre soit « possible » du fait que la France, ce pays en déliquescence, ne peut se le permettre. Tout cela ne serait pas sérieux. Il y a là une considération juste sur le fait que les préparatifs matériels n’en sont qu’à leur début et qu’une guerre moderne prend du temps. Mais en même temps, la mise en place très concrète des préparatifs sont niés, ce qui n’aide pas à la prise de conscience.

Ouvriers, salariés, oui la France est une puissance en déclin, c’est pour cela qu’elle se précipite dans la guerre contre la Russie ! Hier comme aujourd’hui, la bourgeoisie déclinante fera toujours passer ses profits avant vos vies ! Oui il y a un plan, un budget, des préparatifs de guerre en cours, sabotez-les avant le déluge !

Quant aux couches dirigeantes, trop sûre de leur investissement dans le travail intellectuel, il faudrait dévoiler les propos des chefs d’Etat, à commencer par ceux d’Emmanuel Macron énoncés depuis le 26 février 2024. Tout cela serait en réalité un habile travail diplomatique visant à faire reculer la Russie… On a là aussi un aspect des choses qui manque la tendance de fond, celle de la guerre de repartage impérialiste comme tendance inéluctable.

Cadres d’entreprises, fonctionnaires, ne soyez pas dupes de la situation, le 24 février 2022 a montré que la diplomatie ne dure qu’un temps ! La guerre généralisée est l’issue terrible de la situation actuelle ! Refusez d’être un rouage idéologique de la machine de guerre qui se met en place !

Les personnes qui ont saisi la nécessité de se battre contre la marche à la troisième guerre mondiale doivent prendre conscience de la nature idéologique et culturelle de la bataille. Il faut se confronter à l’état d’esprit national français : celui du relativisme, du rationalisme, du scepticisme.

Concrètement cela se traduit par l’idée qu’il faudrait tout peser ; relever le pour et le contre, établir les « possibilités » alors qu’il s’agit d’une tendance de fond irrépressible même si elle se développe de manière sinueuse, avec des va-et-vient entre tensions et apaisements.

Etudiez les classiques du mouvement ouvrier d’avant 1914, lisez Rosa Luxemburg, Karl Liebknecht, Clara Zetkine, Lénine, phares de l’Humanité face à la barbarie de 1914. Retenez et appliquez la leçon si juste du communiste allemand William Pieck en 1935, qui était social-démocrate aux côtés de Rosa Luxembourg puis a affronté les nazis :

« Rien ne saurait être plus dangereux que l’illusion qu’on peut ajourner la lutte contre la guerre impérialiste jusqu’au moment où les impérialistes déclaraient leur guerre criminelle. »

La course contre la montre est lancée. Chaque jour peut voir les choses déraper : n’oubliez pas que la Première Guerre mondiale est sorti d’un fait divers qui a suffit de tout enflammer en quelque semaines. Moins des pans entiers de la population s’investissent dès maintenant, plus il sera difficile d’organiser les choses quand les choses vont sentir le roussi.

La lutte doit se construire aujourd’hui dans le but d’assumer le rapport de forces nécessaire demain, c’est une question de préservation de la vie face aux entrepreneurs de mort.

Vous qui avez compris que nous étions engagés dans un mécanique similaire à celle d’avant 1914, saisissez-vous du matériel d’agitation anti-guerre ! Collez les affiches anti-guerre, diffusez des tracts, imprimez et collez des autocollants, organisez-vous !

Brisez vos illusions, cessez d’être spectateur du déluge qui vient ! Osez sortir du carcan de la société de consommation ! Contre la guerre, un chemin s’ouvre pour une nouvelle vie radieuse ! Devenez protagoniste de l’Histoire !

Catégories
Refus de l’hégémonie

Blinken vient à Paris donner ses ordres à Lecornu, Séjourné et Macron

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken s’est rendu à Paris le 2 avril 2024, afin de venir donner les ordres de la superpuissance américaine au ministre des Armées Sébastien Lecornu, au ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné et au président Emmanuel Macron.

Antony Blinken est d’abord allé à Versailles avec le ministre des Armées Sébastien Lecornu, sur un site industriel. C’est celui de Nexter, la filiale du groupe franco-allemand KNDS, qui doit faire passer sa production mensuelle de canons Caesar livrés au régime ukrainien de 6 à 12.

« Le canon CAESAr est devenu le symbole de cette coalition artillerie [pour le régime ukrainien et dont la France est à la tête], avec une augmentation significative des capacités de production : deux par mois puis désormais six par mois. Nous allons rehausser la production jusqu’à 12 canons par mois dans les temps qui viendront » a déclaré Sébastien Lecornu.

Autrement dit, le patron américain vient voir que sa filiale française fait bien ce qu’on lui dit. Antony Blinken est ensuite allé au quai d’Orsay voir le ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné.

Les deux ont tenu une conférence de presse, afin de bien montrer l’alignement français sur la superpuissance américaine. « Comme les alliés l’ont dit à Vilnius, l’Ukraine sera membre de l’Otan » a dit le premier, « Les États membres s’engagent à soutenir les réformes de l’Ukraine dans la voie de l’intégration évidemment à l’Otan » a souligné le second.

Les deux ont également dénoncé le fait que la Russie puisse acheter des armes auprès d’autres pays, alors que la veille, Stéphane Séjourné était justement en Chine, qui comme on le sait est en alliance stratégique avec la Russie.

Enfin, Antony Blinken a rencontré Emmanuel Macron, qui fait ici office de gouverneur du protectorat américain qu’est devenue la France. L’alignement français sur la superpuissance américaine est net dans tous les domaines, depuis l’idéologie de la consommation jusqu’aux LGBT, de la guerre de repartage du monde contre la Russie à l’intégration totale de l’armée française dans l’Otan sur le plan technique.

La bourgeoisie française pense qu’elle ne peut sauver sa peau qu’en se plaçant dans l’orbite américaine, mais en réalité le pays est une puissance déclassée, en perdition, un simple satellite américain allant au crash. L’instabilité générale en France est inévitable, et c’est une période révolutionnaire qui s’ouvre, à travers malheureusement l’inexorable marche à la guerre.

Catégories
Refus de l’hégémonie

12 mars 2024, la question ukrainienne à l’Assemblée

Quelques jours après la convocation des chefs de groupes parlementaires à l’Élysée, les députés ont été invités par le gouvernement mardi 12 mars 2024 à donner leur avis sur l’accord de sécurité franco-ukrainien du 16 février 2024.

Ils ont donnés un avis largement positif sur cet accord militaire, même si ce vote n’a absolument aucune signification légale. C’était une simple consultation pour la forme, alors qu’en pratique tout a déjà été réglé par le Président depuis un mois, conformément à la nature de la Ve République.

Le Premier ministre Gabriel Attal, sur un ton monotone et lisse, carrément insipide, a donc récité par cœurs tous les éléments de langage occidentaux depuis deux ans à propos de l’Ukraine.

La Russie serait barbare et massacrerait volontairement des civils en mode génocide : « [ils] tuent femmes et enfants sans état d’âme ».

C’est là du bourrage de crâne digne de la guerre de 1914-1918. Et Gabriel Attal se sent donc « obligé » de faire la guerre à la Russie. Alors il vante ce que la France et l’Union européenne ont fait pour aider au massacre entre peuples frères d’Ukraine et de Russie :

« Dès les premiers moments de la guerre, nous avons livré des matériels déterminants. »

En détail, il a rappelé les canons César, les lance-roquettes, les missiles SCALP. Pour l’avenir, il prévoit des milliards et des milliards d’euros. Et plus concrètement : une livraison de 150 drones, 100 munitions téléopérées, 6 canons César, ainsi que la production de 3 000 obus par mois pour l’Ukraine.

Les volontés d’Emmanuel Macron sur la possibilité d’escalade ont bien évidemment été réitérés par Gabriel Attal :

« Nous n’excluons par principe aucune option. Nous ne nous fixons pas de limite face à une Russie qui elle n’en fixe aucune ».

« Nous n’abandonnerons pas l’Ukraine, et nous n’excluons par principe aucune option. »

La France veut et prépare la guerre contre la Russie, cela ne fait plus l’ombre d’un doute.

Gabriel Attal a été particulièrement outrancier également en expliquant que tous les maux de la France seraient la faute du méchant russe Vladimir Poutine.

Toute la politique intérieure du gouvernement tient ainsi en cette phrase : si les choses vont mal, c’est la faute à la Russie.

C’est grotesque, mais totalement assumé :

« Une victoire de la Russie,[…] c’est le danger constant des cyberattaques qui se multiplient. Une victoire de la Russie, c’est la plus grande vague migratoire de l’histoire sur le continent européen. »

« Une victoire de la Russie, c’est un danger direct pour notre sécurité alimentaire »

« Moscou serait libre de faire monter les prix comme bon lui semble. »

« Si elle se trouvait en position de force, la Russie serait en mesure de déstabiliser encore davantage le marché énergétique. Avec à la clef un cataclysme pour le pouvoir d’achat des Français, une explosion des prix de l’énergie puissance 10 »

Pour ce qui est des « oppositions », les choses sont très simples. Les libéraux à tendance conservatrice de Les Républicains sont d’accord avec le gouvernement, tout comme les pseudo « socialistes » de la fausse gauche (le PS), qui ont voté « POUR ».

Le centre et toutes les forces libérales gravitants de près ou de loin autour d’Emmanuel Macron ont aussi voté « POUR ».

De leur côtés, les nationalistes à tendance sociale du Rassemblement national n’ont pas été capable de voter « CONTRE », se contentant d’une abstention, tellement ils sont soumis à l’Otan et aux injonction de la superpuissance américaine pour soutenir l’Ukraine.

Seuls les populistes sociaux de la France insoumise et la Gauche républicaine (le PCF) ont été obligé de voter « CONTRE », tellement la tendance à la guerre est flagrante. Ils n’auraient jamais pu tenir par rapport à leur propre base.

Ils ont expliqué, en fin de compte, qu’ils ne veulent pas ajouter de l’huile sur le feu, qu’il faut être plus prudent, chercher une solution négociée, etc.

Mais c’est hypocrite, car tant les uns que les autres, malgré ce vote « CONTRE », ne se sont jamais opposés à l’envoi d’armes au régime ukrainien, ne dénoncent pas la marche à la guerre de la France.

En fait, La France insoumise et le PCF sont des forces conservatrices, représentant les intérêts du prolétaire syndicaliste propriétaire de son pavillon et qui ne veut surtout pas que quoi que ce soit change. Alors, pour les initiatives pro-guerre du capitalisme, il n’y a pas de soutien, mais pas d’opposition non plus.

Il suffit de regarder : ni La France Insoumise ni le PCF ne parlent jamais de la guerre en Ukraine (ni le NPA, ni l’Union Communiste Libertaire, ni les PCRF, UC, CDP, et tout ce qu’on voudra encore).

Arnaud Le Gall, député de La France Insoumise, a pris la parole pour rappeler que La France Insoumise avait soutenu la cession d’armes au régime ukrainien. Fabien Roussel, du PCF, a rappelé que « Oui, il faut donner les moyens à l’Ukraine de se défendre comme nous l’avons fait jusqu’à maintenant ».

Comment peuvent-ils maintenant prétendre être contre l’escalade? C’est de la poudre aux yeux pour tromper leur base. Leur opposition est fictive et ils savant très bien qu’en agissant ainsi, cela ne change rien. Ils se placent dans le système capitaliste, qu’ils évitent soigneusement la confrontation.

En fin de compte, le vote a été un succès pour le régime, puisqu’il y a eu 372 voix pour, 101 abstentions et 99 voix contre, avec une opposition qui est pour le soutien militaire au régime ukrainien et exprime seulement ses craintes d’une « escalade ».

Le régime a les mains libres et va aller toujours plus loin.

Cela montre bien que la seule opposition possible, désormais, c’est celle qui fait face à la guerre. Ce qui est évident, si on est révolutionnaire, est que ce qui se joue, c’est la bataille contre la guerre, et que bien évidemment cela sera un combat rude, acharné, très difficile, avec un Etat pratiquant la répression.

C’est une réelle lutte de classes qui se profile, pas des négociations au sein d’un capitalisme français occidental riche et protégé, profitant de masses corrompues par le niveau de vie et le style de vie libéral.

Depuis le 26 février 2024, la ligne s’impose d’elle-même. C’est la révolution ou la guerre, et c’est le défaitisme révolutionnaire qu’il faut appliquer! C’est l’Histoire qui s’écrit!

Catégories
Refus de l’hégémonie

La convocation sur l’Ukraine à l’Elysée

Après avoir jeté un pavé dans la mare en assumant la possibilité de l’engagement militaire directe de la France contre la Russie, le Président Emmanuel Macron a reçu jeudi 7 mars 2024 les chefs de partis politiques représentés au Parlement.

Nonobstant le fait qu’il n’y a pas de réelle opposition parlementaire – l’alignement sur l’Otan – et la propagande anti-russe – est total en France-, le chef de l’État entend bien encadrer les choses. Le régime français a besoin d’une nouvelle Union sacrée pour faire la guerre à la Russie, alors il doit s’assurer d’un soutien sans faille des partis, et neutraliser toute possibilité d’opposition démocratique et populaire.

La convocation avait donc pour but de préparer les députés et sénateurs au débat et au vote du 12 mars à l’Assemblée nationale et du 13 mars au Sénat.

« Le Président de la République a demandé au gouvernement de faire devant le Parlement une déclaration en application de l’article 50-1 de la Constitution, relative à l’accord bilatéral de sécurité conclu avec l’Ukraine le 16 février 2024 et à la situation en Ukraine, suivie d’un débat et d’un vote ».

On ne saura rien précisément de cette réunion organisée par le président, qui aurait duré trois heures. Aucun article de fond, ni aucune présentation détaillée n’a été faite par qui que ce soit ; il n’y a absolument aucune transparence démocratique sur le sujet.

Les élus convoqués se sont contentés de descriptions vagues et générales sur le fait qu’il y aurait eu des cartes de montrées, un bilan de la situation militaire compliquée en Ukraine, avec l’idée que la France pourrait intervenir si la Russie approchait Odessa ou Kiev.

Le secret-défense a probablement été de mise. Mais ce qui compte, et qui est systématiquement relayé, c’est le fait qu’Emmanuel Macron n’envisage absolument aucune limite à l’intervention militaire, ni aucune « ligne rouge ».

C’est Fabien Roussel du PCF qui en a dit le plus, et surtout qui a dit l’essentiel. Selon lui, « toutes les forces politiques » sont d’accord sur l’objectif qui est « que nous ne voulons pas que la Russie gagne, que tout doit être fait ». Seulement, ajoute-t-il, « notre seul sujet de divergence, ce sont les moyens que nous y mettons ».

Voilà. Tout le monde est d’accord pour suivre les plans de la superpuissance américaine, qui sous-traite maintenant à l’Union européenne la guerre contre la Russie. La France est le nouveau chef de file de ce bellicisme, avec à sa tête Emmanuel Macron qui ne souffre d’aucune opposition réelle dans son pays.

La situation est d’autant plus idéale pour Emmanuel Macron que les fausses oppositions prétendent en toute hypocrisie avoir des divergences, des inquiétudes.

Fabien Roussel du PCF a dit :

« Je trouve ça extrêmement grave et extrêmement dangereux. C’est ce qui s’appelle l’escalade guerrière comme on en a connu en Europe. »

Jordan Bardella du Rassemblement national a dit :

« Nous sommes en faveur, sur le principe, d’un accord bilatéral avec l’Ukraine, mais il faut placer des lignes rouges. »

Eric Ciotti pour Les Républicains rappelle :

« le soutien total des Républicains à l’Ukraine, à une aide financière et à des équipements militaires. Nous le dirons mardi à l’Assemblée, mais en revanche, j’ai redit notre totale opposition à un engagement de troupes au sol. C’est une position inopportune, irresponsable. »

Pour la France insoumise, Manuel Bompard a joué un peu plus la comédie que les autres :

« Je suis arrivé inquiet, et je suis ressorti encore plus inquiet. »

La secrétaire nationale des « écologistes » Marine Tondelier a dit que :

« C’était une réunion utile et nécessaire. »

Du côté du Parti socialiste avec Olivier Faure, c’est un véritable plébiscite en faveur d’Emmanuel Macron :

« Nous avons besoin de maintenir une pression forte sur Vladimir Poutine, lui dire que nous sommes derrière la résistance ukrainienne et que nous ne la lâcherons pas ».

La bourgeoisie française maitrise parfaitement sa partition et encadre minutieusement la préparation de la guerre directe à la Russie, qui est maintenant l’objectif à l’horizon des prochaines années.

Les pseudo-inquiétudes des uns et des autres sont d’autant plus utiles à Emmanuel Macron qu’il peut s’en servir, inversement, pour se montrer lui « réaliste », ayant accès à telle ou telle information, voyant directement les choses, prenant les responsabilités qu’il faut, rejetant le bal des hypocrites, etc.

Face à la guerre mondiale pour le repartage du monde, il ne s’agit pas de faire dans la demi-mesure. Il n’y a que deux camps : celui du peuple, fermement contre l’Otan et contre la guerre mondiale, donc contre tout soutien au régime ukrainien, et celui de la superpuissance américaine qui utilise la question ukrainienne contre la Russie (et indirectement contre la superpuissance chinoise).

Cela n’a rien d’une nuance, c’est une ligne de démarcation très nette et très claire. Car la France est maintenant impliquée au plus haut point dans la guerre face à la Russie, en préparation d’un affrontement militaire direct.

En effet, le même jour la France organisait une nouvelle réunion de ministres des Affaires étrangères et de ministres de la Défense pour l’offensive contre la Russie.

Là encore, c’est très opaque, mais la presse relaie toutefois quelques informations pour assurer la propagande de guerre.

Vingt-huit pays auraient été représentés, dont l’Ukraine, des États membres de l’Union européenne, les États-Unis et le Canada.

Il y aurait été question de huit chantiers, aux contenus très explicites : munitions, principes de déstockage, cyber, protection de la frontière, protection des États vulnérables, déminage, production industrielle sur place en Ukraine et une « 9e coalition » sur les missiles.

Une « source diplomatique » a résumé la chose à la presse en évoquant un « sursaut collectif et un sentiment d’urgence qu’il faut faire plus, faire mieux, faire autrement pour l’Ukraine ».

Toujours via « source diplomatique », il est expliqué dans la presse une chose également très importante, même fondamentale. Il est question directement de l’opinion publique et du fait que nous sommes actuellement à « un moment de bascule » :

« Il y a un travail d’explication très important sur les conséquences que cela provoque en termes de sécurité, de conséquences en termes de marché agricole, de conséquences migratoires et autres… »

Il n’y a donc aucune « inquiétude » à avoir… on est déjà à l’étape d’après. La guerre à la Russie n’est plus une hypothèse, une « ligne rouge », une « escalade ». C’est une opération en préparation.

La France se prépare à la guerre à la Russie et mène en ce moment (pour le compte des États-Unis) une coalition mondiale contre la Russie.

La seule position à avoir est donc aussi claire que nette : il faut saboter les plans français de guerre à la Russie. Il faut dénoncer non pas l’escalade, mais la préparation concrète et pratique de la guerre contre la Russie.

Pour bien appuyer les choses, ont notera également cette tribune le même jour, jeudi 7 mars 2024, dans le journal Le Monde qui est un des principaux relais de propagande du régime français.

Elle est signée par Dmytro Kuleba, le ministre ukrainien des affaires étrangères, qui appelle à une multiplication de la production d’armes et surtout à la fourniture à l’Ukraine d’obus d’artillerie.

Il va extrêmement loin dans la propagande de guerre et l’appel à un engagement forcené contre la Russie.

« Si aujourd’hui l’Ukraine se trouve dans cette situation, c’est parce que nos alliés en Europe et aux États-Unis ont mis des mois à débattre avant de prendre la décision de nous fournir des munitions d’artillerie en quantité suffisante.

Parce qu’ils n’ont pas accéléré à temps leur production d’armement, qu’ils ont traîné les pieds avant de se procurer du matériel militaire auprès de pays tiers et qu’ils ont exporté des obus produits en Europe vers d’autres régions du monde. »

Il explique également, montrant l’importance du rôle de la France dans la nouvelle phase de la guerre :

« Toutes les capitales européennes doivent comprendre cette vérité simple et dure à la fois, que l’on semble déjà avoir comprise à Paris : soit nos alliés (…) aident pleinement les soldats ukrainiens dans leurs batailles pour défendre les villes et les villages d’Ukraine, soit, un jour, ce sera au tour de vos soldats de sacrifier leurs vies dans des batailles pour défendre les villes et les villages des pays d’Europe centrale d’abord et du reste de l’Europe ensuite ».

La population ukrainienne est donc tenue de tenir quelques années, comme chair à canon, en attendant que l’Europe (pour le compte des États-Unis), avec la France à sa tête, s’arme et se prépare militairement à l’affrontement à la Russie.

Il faut mettre à bas ce plan impérialiste : le socialisme doit renverser la 3e guerre mondiale. C’est cela, la réelle actualité historique !

Catégories
Refus de l’hégémonie

Ukraine et France, le tournant du 26 février 2024

Les moments historiques où se rejoignent la vie quotidienne et la vie en collectivité sont rares dans une société française capitaliste qui divise, sépare, compartimente. Mais l’Histoire avance et précipite les gens dans des situations auxquelles ils ne s’attendaient pas.

Les propos d’Emmanuel Macron le 26 février 2024, avec une véritable mise en scène à l’occasion de la conférence de soutien au régime ukrainien à Paris, reflètent ici un saut qualitatif. Vous ne voulez rien savoir sur la guerre en Ukraine ? Eh bien le président du pays explique qu’il faudra peut-être y faire participer l’armée française.

Et là, ça a été le choc. Les gens ont été choqués. C’est une claque, bien entendu relativisé par le rationalisme français qui relativise tout. Il n’en reste pas moins que cela a profondément marqué.

Les partis politiques ont d’ailleurs été obligés de prétendre être étonné et choqué aussi, tellement la surprise a été grande. Mais c’est hypocrite, car dans les faits, tant La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon que le Rassemblement national de Marine Le Pen, tant le PCF de Fabien Roussel que Reconquête d’Eric Zemmour ont participé à la propagande de guerre contre la Russie, soutenu les mesures françaises de soutien au régime ukrainien.

Il suffit d’ailleurs de voir l’évolution des événements depuis six mois avant le conflit armé en Ukraine pour voir la montée en puissance de la narration belliciste, sous l’égide de la superpuissance américaine, y compris en France.

Pour prendre un seul exemple, il y a eu l’accueil triomphal réservé au président du parlement ukrainien Ruslan Stefanchuk, en février 2023. Mais il ne faut pas s’arrêter à quelques exemples et bien voir qu’il y a tout un fil narratif, une montée en gamme de la partition militariste.

Et juste après l’intervention d’Emmanuel Macron, il y a eu deux votes explicites au Parlement européen, le 29 février 2024, sur une ligne ouverte de défaite et de destruction de la Russie.

La vérité, c’est qu’à moins de dire qu’on ne veut rien avoir à faire avec le capitalisme français, on est obligé de le suivre. Si on veut des retraites plus fortes, on accepte de facto le capitalisme français qui va les financer et donc on ne veut pas qu’il s’écroule. Pareil si on prend la consommation avec un niveau de vie élevé au niveau mondial, les joies de la vie parisienne, etc.

Cela ne veut pas dire qu’il faille se replier au fond d’une forêt sous une tente, ou bien au sein d’une « ZAD » comme le veulent les anarchistes. Cependant, qu’il ne faut pas se faire corrompre par le capitalisme, même si on accepte de vivre dans une société dont les forces productives sont très développées.

Ce n’est pas simple, mais il y a un fil rouge, et la question de la guerre est ici décisive. Ceux qui ne parlent pas de la guerre de manière régulière sont hors-jeu, c’est aussi simple que ça. Ceux qui acceptent d’en parler mais rarement, simplement pour la forme, n’apportent pas grand chose.

Ceux qui, par contre, savent que dans 5, 10, 15 ans on va au carton, et qu’il faut empêcher cela, et que si on n’y parvient pas… alors il faudra assumer la révolution par la défaite de l’armée française – voilà ceux qui relèvent de la solution.

Ceux-là ont bien compris le sens du 26 février 2024, ils ont saisi que cette fois, le processus était enclenché, qu’il n’y aurait pas de retour en arrière.

Que faut-il faire ? Eh bien, la même chose que Rosa Luxembourg et Lénine, dans un contexte à la fois différent et similaire. Il faut prendre la position du défaitisme révolutionnaire. Dit autrement : la révolution comme négation du capitalisme revient sur le devant de la scène historique, car le capitalisme cherche à se sortir positivement de sa crise par la guerre.

Soit le capitalisme parvient à se relancer, soit il s’effondre. Soit le capitalisme parvient à la guerre et une force victorieuse relance un cycle capitaliste d’accumulation, soit il s’effondre sous le poids des contradictions, et c’est le Socialisme.

Telle est l’alternative !

Catégories
Refus de l’hégémonie

Deux votes unanimes, y compris français, de soutien complet de l’UE à l’Ukraine pour détruire la Russie

Le parlement européen a procédé à deux votes le 29 février 2024, concernant deux textes (qu’on peut lire ici). Ce sont des textes correspondent entièrement à la ligne exposée par Emmanuel Macron le 26 février 2024 lors de la Conférence de soutien à l’Ukraine.

On parle de deux appels à découper la Russie en morceaux, pas moins, et pour ce faire le régime ukrainien doit être soutenu par tous les moyens, principalement militaires.

Les titres des deux textes, votés à la quasi unanimité sont :

  •  L’assassinat d’Alexeï Navalny et la nécessité d’une action de l’UE pour soutenir les prisonniers politiques et la société civile opprimée en Russie
  • Nécessité d’un soutien sans faille de l’Union européenne à l’Ukraine, après deux ans de guerre d’agression russe contre ce pays

Le premier texte s’appuie sur la mort d’Alexeï Navalny en prison en Russie le 16 février 2024. Cet opposant russe était l’homme de main du camp occidental. Nationaliste raciste, il était devenu pro-Otan et allié des « libéraux » en Russie. L’Union européenne salue la mémoire de Navalny, dénonce comme illégitime le régime russe et affirme qu’elle:

« est convaincu que la victoire décisive de l’Ukraine peut entraîner de véritables changements dans le système de la Fédération de Russie, notamment désimpérialisation, décolonisation et refédéralisation, tant de conditions nécessaires à l’instauration de la démocratie en Russie »

C’est là un soutien total au régime ukrainien et un appel à dépecer la Russie, qui ne serait qu’une entité impériale. Le régime ukrainien diffuse depuis 2014 cette conception d’une Russie qui ne serait en réalité qu’une Moscovie ayant formé un empire.

Le vote pour ce texte : 506 voix pour, 10 contre, 21 abstentions.

Naturellement, du côté français, la droite et le centre ont voté pour.

Les députés liés au Parti socialiste ont également voté pour. C’est également le cas des députés liés à Europe écologie-Les Verts.

Les députés La France insoumise ont voté pour aussi. Il n’y a pas de députés PCF au parlement européen.

Jordan Bardella, à la tête avec Marine Le Pen du Rassemblement national, a voté pour, ainsi que les députés de son parti (à part certains absents ce jour-là).

Comme on le voit, le soutien au régime ukrainien, au dépeçage de la Russie est politiquement unanime en France.

Le second texte consiste entièrement en l’appel à soutenir par tous les moyens le régime ukrainien, car la Russie serait une « menace ». Il est dit que les économies occidentales sont bien plus fortes et qu’il faut que l’Union européenne remplace les États-Unis dans le soutien militaire.

L’Union européenne…

« redit une nouvelle fois son soutien à la fourniture constante d’une aide militaire à l’Ukraine, et ce aussi longtemps que nécessaire et sous toute forme possible pour que l’Ukraine puisse remporter la victoire. »

Et il faut toutes les armes, sans restriction. L’Union européenne…

« estime qu’il ne devrait y avoir aucune restriction auto-imposée à l’assistance militaire à l’Ukraine. »

Les missiles de longue portée, capables d’atteindre le territoire russe, sont nommés explicitement dans le texte ! Le texte est d’ailleurs extrêmement long pour attaquer la Russie à tous les niveaux, bref pour légitimer son dépeçage, son asservissement (avec des « réparations » à payer pour une durée infiniment longue).

Le vote de ce second texte : 451 voix pour, 46 contre, 49 abstentions.

Ici, il y a un petit changement, puisque Jordan Bardella et les députés du Rassemblement national se sont abstenus, tout comme ceux de La France insoumise.

Abstenus ! Ils n’ont pas voté contre, et de toutes manières c’est hypocrite, car le premier texte implique le second. Du moment qu’on dit qu’il faut détruire la Russie, alors inévitablement cela implique un vote concernant une question militaire ensuite.

Alors, qu’on ne s’y trompe pas. Toutes les bourgeoisies occidentales veulent la guerre, elles pensent que c’est jouable, et que c’est le meilleur moyen – le seul, même – pour sortir de la crise commencée en 2020.

Bien entendu, personne ne dira les choses ainsi et c’est pourquoi les propos d’Emmanuel Macron ont pu faire « scandale ». Personne ne dit jamais qu’il veut la guerre, pas même Hitler ou Mussolini ne le faisait. La guerre se fait toujours au nom de la « paix » et l’agressé est toujours présenté comme l’agresseur.

Encore est-il qu’avec des contradictions entre grandes puissances, tous les agressés sont agresseurs et vice-versa. Parce que c’est cela dont il s’agit : de la bataille pour le repartage du monde.

Et la ligne rouge est claire. Il faut que la France soit en échec, que l’Otan connaisse la défaite, que l’occident soit en déroute. C’est la position du défaitisme révolutionnaire, de Rosa Luxembourg et de Lénine, c’est la ligne juste !

Catégories
Refus de l’hégémonie

2022-2024 : la Russie et l’Ukraine, et désormais la France

Le 24 février 2022, l’armée russe prenait l’initiative d’une offensive contre le régime ukrainien, dans le cadre de ce qui fut appelée du côté russe « l’opération militaire spéciale ». Le choix de cette expression tient aux rapports entre Russes et Ukrainiens, au refus d’une guerre totale, puisque le but est d’intégrer les Ukrainiens dans la Fédération de Russie.

Nous avions annoncé cet affrontement militaire six mois auparavant, en en parlant ensuite régulièrement. Nous avions compris que la crise de 2020 avait fait basculer les choses ; le capitalisme s’était heurté à un mur. Finie la croissance fabuleuse comme durant la période 1989-2020, désormais c’est la bataille pour le repartage du monde.

Dans la logique des choses, des centaines de milliers, des millions de personnes auraient dû en France se précipiter sur internet pour se renseigner sur le conflit, se documenter, et notre page Ukraine aurait dû être consultée en conséquence un très grand nombre de fois.

Comment en est-on arrivé là ? Quelle est l’origine de la situation ? Quelle est la nature de cette crise ? Quels sont les enjeux ?

Mais il n’y a rien eu, rien de rien, les gens ont observé cela de loin et continuent de le faire, deux ans après, alors que la France se veut toujours plus partie prenante du conflit. Les Français consomment et se moquent de tout ; ce qui est sérieux les dérange.

C’est une fausse légèreté érigée en caractéristique nationale, tout comme dans chaque pays occidental. Il y aurait une douceur de vivre, il suffirait de se laisser porter… Et malheur à qui vient déranger tout cela ! Le régime ukrainien est devenu le symbole de l’occident paradisiaque : l’Ukraine ne veut-elle pas rejoindre l’Otan, l’Union européenne, adopter le mode de vie occidental ?

Pseudo squat d’artistes rue de Rivoli à Paris, bien entendu pro-régime ukrainien avec notamment le slogan nationaliste « Gloire à l’Ukraine, gloire aux Héros »

Nous l’avons analysé, dit et redit : si à l’arrière-plan le conflit Ukraine-Russie est un conflit entre la superpuissance américaine et son concurrent la superpuissance chinoise, ce qui est en jeu c’est aussi le basculement du monde, l’irruption d’un tiers-monde qui s’est massivement développé ces trente dernières années. L’ordre mondial vacille, les rapports de force sont bouleversés. C’est une époque de révolution qui s’ouvre !

agauche.org est sur la ligne de Lénine et de Rosa Luxembourg, car nous vivons la même situation. Ou la révolution empêche la guerre, ou bien la guerre provoque la révolution. Le capitalisme, c’est la guerre ; le Socialisme, l’unité mondiale !

La bourgeoisie française ne s’y trompe pas et s’est précipitée aux pieds de la superpuissance américaine. Elle est entièrement acquise à la cause de l’Otan. Les dernières poches de « gaullisme » subsistent à peine, et encore, symboliquement. L’avenir, c’est soit le triomphe occidental et une France capitaliste renforcée, devenue un protectorat américain, soit la déroute de l’occident, la défaite de l’Otan, et l’affirmation historique du Socialisme en France comme décrochage de l’ordre mondial soumis aux superpuissances.

Voilà comment nous comprenons les choses, et c’est également comment la bourgeoisie, qui ne « pense » pas, sent les choses. La Direction générale de la sécurité intérieure a, comme le rapporte le quotidien Le Figaro, demandé aux forces de l’ordre de faire remonter toute « ingérence russe » au sujet du conflit, tel que les « dégradations de biens publics (graffitis, tags), placardage d’affiches, de stickers, distribution de flyers ».

C’est la criminalisation de la position anti-guerre, et d’ailleurs la même note assimile à « soutenir ouvertement les intérêts de la Russie » si on est sur une position « dénonçant la politique étrangère de la France, les États-Unis ou l’OTAN ».

Nous avions déjà abordé la question de l’interdiction d’agauche.org, le 14 février 2023. Nous voyons les choses de la même manière et il est évident qu’à un moment, l’État français finira par nous couper le courant.

Les choses sont ainsi très claires, la ligne de démarcation est tracée ! Engagez-vous dans la bataille, le plus tôt possible, car de toutes façons vous serez obligés un jour de le faire! Pour la déroute de l’occident et la défaite de l’Otan !

Le ministre français des armées, Sébastien Lecornu, brandit de manière ininterrompue la menace russe, présentée comme un danger vital pour la France

Et voyez les choses en face. Nous sommes les seuls, à gauche, à parler régulièrement du conflit en Ukraine, à dénoncer la tendance à la guerre, à appeler à la défaite de l’Otan et de l’armée française. Tous les autres… ont la trouille, ou bien ne veulent pas y croire, ou bien sont corrompus par le doux confort capitaliste occidental.

On a ainsi en France une sainte alliance, des socialistes aux macronistes, de l’extrême-Droite de Marine Le Pen à LFI de Jean-Luc Mélenchon, allant des LGBT post-modernes aux nazis fascinés par « Azov » en Ukraine, pour soutenir le régime ukrainien, à tout prix. Tel est le consensus de la France capitaliste.

Si on est contre la France capitaliste, alors on est pour que ses entreprises voulant rester un îlot protégé échouent ! Il faut saboter le militarisme et le nationalisme, le bourrage de crâne anti-Russie et la soumission à la superpuissance américaine !

La négation de la culture russe, ainsi que de sa nature européenne, est un leitmotiv de la propagande nationaliste ukrainienne reprise en France

Le plus grand souci, c’est bien entendu l’absence de Gauche en Ukraine. S’il y avait un mouvement prenant en main la question nationale de manière démocratique, cela faciliterait l’affirmation démocratique au niveau mondial. Il n’y a cependant rien du tout, le pays est entièrement aux mains des nationalistes, qui détruisent des millions de livres car en russe, qui veulent annexer une partie de la Russie et démanteler le reste, qui démolissent tous les monuments aux héros de la seconde guerre mondiale ayant combattu les nazis, qui veulent interdire Dostoïevski, Tolstoï et Tchaïkovski, etc.

Pour prendre un exemple, prenons le navire militaire russe Tsezar Kounikov. C’est un petit navire de débarquement, endommagé de manière importante le 14 février 2024, en Mer Noire. Le jour choisi pour lancer des drones contre lui ne doit rien au hasard : Tsezar Lvovitch Kounikov est mort le 14 février 1943. Il fait partie de la petite troupe de héros bloquant à l’armée allemande une partie de la ville de Novorossiïsk pendant 225 jours. Le régime ukrainien n’a rien d’autre à faire que choisir des dates symboliques pro-nazies, c’est vraiment révélateur !

Novorossiïsk

Pour résumer : l’État français est dans l’orbite américaine et soutient le régime ukrainien à coups de milliards et en laissant l’extrême-Droite activiste s’enrôler dans l’armée ukrainienne, alors que la « gauche » ne sert que de faire-valoir social au capitalisme et accepte la guerre.

Cela doit changer – il faut prendre en exemple Rosa Luxembourg et Lénine! La seule actualité, c’est la marche à la guerre mondiale de repartage du monde, c’est elle qui décide tout. Et il faut œuvrer à ce que l’Histoire bascule dans le bon sens, celui du drapeau rouge !

Rosa Luxembourg
Catégories
Refus de l’hégémonie

Silence complet à gauche sur l’alliance militaire franco-ukrainienne

Il est impossible de se voiler la face. La signature de l’accord France-Ukraine dans le cadre du conflit armé entre l’Ukraine et la Russie amène la France à s’impliquer, dans une logique de s’impliquer toujours davantage.

La France forme des soldats, donne des milliards d’euros, alimente en obus et en obusiers, fournit des drones militaires, etc. Et elle compte étendre son armée, clairement pour une intervention.

Si on était dans les années 1930, cela aurait fait naturellement la Une du Populaire et de l’Humanité, les quotidiens des socialistes et des communistes. Nous assumons la filiation quant à cette Gauche historique.

Quant au reste, quel désastre ! L’alliance France-Ukraine semble ne même pas exister. Cela reflète la réalité sociale de la « gauche » qui en réalité accompagne le capitalisme de l’intérieur, dans une version « sociale ».

Le PCF ne dit rien. La France insoumise ne dit rien. Le NPA est divisé en deux factions conservant ce nom, mais aucun ne dit rien. La Gauche républicaine et socialiste ne dit rien, mais l’une de ses principales figures, Marie-Noëlle Lienemann, dit tout de même que le soutien au régime ukrainien est « indispensable ».

Le Parti socialiste ne dit rien, mais sa tête de liste aux élections européennes de 2024, Raphaël Glucksmann, en a profité pour expliquer que l’Union européenne devait… passer en économie de guerre, pour affronter la Russie d’une manière… ou d’une autre.

« Ce que j’estime, c’est que la France devrait augmenter ses capacités de production. On ne va pas livrer toutes nos munitions, par contre ce qu’on va faire, ce qu’on devrait faire si on avait un leadership courageux qui comprend les enjeux, et bien on devrait aujourd’hui passer en mode économie de guerre sur la production.

On devrait passer des contrats à long terme avec nos industriels, ce qui n’est toujours pas fait. On devrait aller écouter le président tchèque qui dit qu’il y a 800 000 obus disponibles sur le marché international et que donc on pourrait les acheter en commun à l’échelle européenne et les envoyer en Ukraine.

Et on ne le ferait pas simplement par solidarité, ou comme vous l’avez dit par morale, on le ferait pas intelligence et par égoïsme même. Parce qu’on sait que c’est notre intérêt vital.

Et je vais vous dire une chose Apolline de Malherbe : si nous le faisons pas maintenant et que le front ukrainien s’effondre, les questions que nous devrons nous poser dans un an ou dans deux ans seront infiniment plus douloureuses que celles que vous me posez.

Les questions qu’on devra se poser c’est « quel type d’homme on envoie crever en Lettonie », ça sera ça les questions qu’on devra se poser.

Donc si vous voulez vous éviter ces questions, si vous voulez vous éviter que des soldats français aient à crever, et bien il faut aujourd’hui aider ceux qui crèvent pour nous autant que pour eux. »

L’Union communiste libertaire ne dit rien, la CNT ne dit rien, la CNT-AIT ne dit rien, la CNT-SO ne dit rien, la Fédération anarchiste ne dit rien, le PCOF ne dit rien, l’UPML ne dit rien, Unité communiste ne dit rien, le PCRF ne dit rien.

Lutte ouvrière se contente d’une brève sur Twitter pour dénoncer les marchands de canon.

Initiative communiste, l’organe du PRCF, ne dit rien non plus, pas plus que Révolution permanente. C’est intéressant, car Lutte ouvrière, le PRCF et Révolution permanente dénoncent normalement l’Otan et la fuite en avant vers la guerre… Mais c’est de l’incantation, ils n’y croient pas vraiment, ils en parlent une fois par mois, et c’est tout.

En fait, personne ne croit réellement en la guerre. C’est une « possibilité », mais c’est considéré comme nullement inévitable. Le capitalisme aurait tendance à aller à la guerre, cependant on ne marcherait nullement, comme des zombies, à la troisième guerre mondiale de repartage du monde.

Nous, qui sommes seuls fidèles à la Gauche historique, qui avons annoncé le conflit en Ukraine six mois avant son déclenchement, sommes fiers de ne pas ressembler à ces gens intégrés dans le capitalisme, fantasmant sur la « république » ou « l’écriture inclusive », les syndicats ou les LGBT.

Nous portons le drapeau rouge et, tout comme Rosa Luxembourg et Lénine, nous soulignons que la guerre est inéluctable à moins que le Socialisme ne l’empêche, et que de la guerre sinon sortira le Socialisme. Les 5-10 années qui viennent vont être folles – folles de militarisme, folles de dépression capitaliste – et il faut être à leur hauteur!

Catégories
Refus de l’hégémonie

Zelensky à Paris pour l’accord France-Ukraine

Le 16 février 2024 après-midi, la France a signé un accord militaire historique avec le régime ukrainien, alors que le matin un accord du même type a été signé entre l’Ukraine et l’Allemagne. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a tout fait dans la journée.

Cela est décidé en toute opacité, sans que le Parlement français ne s’en émeuve d’ailleurs. Tout le monde est aligné sur la superpuissance américaine.

Si la France était déjà largement engagée dans l’hostilité à la Russie, elle est maintenant officiellement liée au régime nationaliste ukrainien, et surtout à un accord militaire ouvertement dirigé contre la Russie.

Il s’agit ni plus ni moins que d’une préparation politique et juridico-pratique à un engagement militaire direct de la France contre la Russie.

Cet engagement se produira très certainement en partenariat avec la Roumanie (des accords étant déjà signés), alors que l’Allemagne s’engagera au niveau de la Pologne. Un accord pour un « corridor » militaire entre l’Allemagne, les Pays-Bas et la Pologne, facilitant le passage des troupes et du matériel, a déjà été signé le 30 janvier 2024 (l’armée néerlandaise est également déjà un satellite de l’armée allemande).

Lors du discours qui a suivi immédiatement cette signature, Emmanuel Macron a eu des mots très forts contre la Russie, racontant au passage n’importe quoi sur la situation de ce pays (catastrophe économique, émigration massive, absence de crédibilité internationale, volonté d’agresser d’autres pays, etc.).

Il a en tous cas affirmé plusieurs choses, aux conséquences très graves diplomatiquement, indiquant un changement radical de posture de la part de la France.

La première (nous soulignons) :

« La Russie a durci ses postures agressives pas seulement contre l’Ukraine mais contre nous tous.

Aujourd’hui, c’est une nouvelle phase.

La Russie de Vladimir Poutine est devenue un acteur méthodique de la déstabilisation du monde ».

La seconde :

« Ces derniers mois des manœuvres de désinformation, de manipulation de l’information et des attaques cyber se sont systématisées et intensifiées.

La Russie a franchi plusieurs seuils à l’égard des démocraties européennes.

Ce changement de posture marque une volonté d’agression à notre endroit.

L’intensification des agressions, leur changement de nature et les seuils franchis exigent un sursaut collectif. »

Emmanuel Macron affirme donc que la Russie agresse la France. C’est là le discours d’un dirigeant préparant une guerre, c’est typiquement ce que disent tous les dirigeant avant de lancer une guerre.

Plus loin dans son discours, d’ailleurs très court, il a évoqué ouvertement le sujet de l’engagement militaire français (sous l’égide de l’Europe et de l’Otan, car la France n’est qu’une colonie américaine bien entendu).

« Si on voit les choses advenir, une nouvelle phase s’ouvrir, il faut avoir la lucidité d’ouvrir une phase de réflexion stratégique et opérationnelle. »

Une réflexion « opérationnelle », cela signifie la guerre.

Et comme pour souligner cette possibilité tout à fait concrète de la guerre française contre la Russie, Emmanuel Macron a cru bon de préciser que ce n’est actuellement pas le cas, sous-entendant que ça pourrait devenir le cas.

« Que les choses soient claires, la France n’est pas en guerre contre la Russie, ni le peuple russe ».

Toutefois, il a précisé après des engagements très fermes contre la Russie. Il a eu cette phrase particulièrement hostile, mais qui ne consiste en rien de nouveau depuis 2022 :

« Nous sommes décidés à faire échec à la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine ».

Par contre, radicalisant sa position, il a dit que la France est maintenant prête à « bousculer les habitudes », à « en faire davantage », appelant à un « effort de réarmement ».

Dans cette optique, 3 milliards d’euros doivent donc officiellement être distribués à l’Ukraine en 2024, après 1,7 milliards en 2022 et 2,1 milliards en 2023 d’après le Président français.

Précision ici une chose très importante. Cette prise de position française (qui est la même que celle des deux autres grands vassaux américains que sont le Royaume-Uni et l’Allemagne), intervient à un moment très particulier où l’Ukraine connaît une situation très difficile sur le plan militaire.

L’annonce le 17 février 2024 de la prise d’Avdiïvka par la Russie (l’Ukraine parle de son côté d’un retrait volontaire et sans conséquence…) est un moment marquant. C’était une position stratégique de l’armée ukrainienne depuis 2014, contre les régions séparatistes. La stratégie russe d’attrition, d’encerclement minutieux et de pilonnages de cibles très précises porte ses fruits, alors que le matériel occidental offert à l’Ukraine ne permet pas de faire de différence.

Il ne peut maintenant plus y avoir que deux solutions : soit l’Ukraine périclite rapidement, et il y aura des négociations, soit ce sera l’escalade, avec un engagement militaire directe de l’occident.

C’est précisément ici qu’intervient l’accord militaire signé entre la France et l’Ukraine, avec ses conséquences immenses. Pour dire les choses très simplement, cet accord consiste à faire comme si l’Ukraine était membre de l’Otan, tout autant qu’elle prépare son adhésion.

On l’aura compris, cela engage mutuellement les deux pays en cas de conflit futur, ou d’escalade. C’est plus qu’une alliance, c’est la formation d’un bloc militaire. On sait ici très bien qu’il s’agit du bloc occidental, dirigé par la superpuissance américaine, avec en ligne de mire la superpuissance chinoise.

L’Allemagne et le Royaume-Uni ont signé le même type d’accord avec l’Ukraine.

Toujours est-il que cela est maintenant très concret, avec des engagements signés noir sur blanc. De manière générale, il est question du soutien militaire mutuel entre les deux pays, dans la perspective de l’Otan, ainsi que d’une dénonciation aussi forte que systématique de la Russie.

Ce passage est typique :

« Le Participant français contribuera au développement des capacités de protection des infrastructures critiques de l’Ukraine, y compris par des moyens militaires, en donnant la priorité, sans s’y limiter, aux capacités modernes de défense aérienne.

Les Participants envisageront des programmes conjoints d’enseignement et de formation pour les spécialistes de la protection des infrastructures critiques. »

Surtout, l’alliance militaire totale pour l’avenir est gravée dans le marbre, obligeant pratiquement l’engagement directes des deux partie en cas de nouveau conflit :

« En cas de future agression armée russe contre l’Ukraine, à la demande de l’un ou l’autre des Participants, les Participants mèneront des consultations dans les 24 heures pour déterminer les mesures nécessaires pour contrer ou dissuader l’agression.

Dans ces circonstances, et conformément à ses obligations légales et constitutionnelles, le Participant français fournira à l’Ukraine une assistance rapide et soutenue en matière de sécurité, des équipements militaires modernes dans tous les domaines, selon les besoins, et une assistance économique ; il imposera des coûts, économiques notamment, à la Russie et consultera l’Ukraine sur ses besoins dans le cadre de l’exercice de son droit à la légitime défense consacré par l’article 51 de la Charte des Nations unies. »

Forcément, il n’est pas précisé en quoi consisterait une « nouvelle agression armée russe contre l’Ukraine »… Au passage, il est bien préciser que l’assistance doit se faire dans les deux sens.

« Les Participants s’efforceront de faire en sorte que les capacités militaires de l’Ukraine soient d’un niveau tel qu’en cas d’agression militaire extérieure contre la France, l’Ukraine soit en mesure de fournir une assistance militaire efficace. Les modalités, le format et la portée de cette assistance seront déterminés par les Participants. »

Enfin, ou surtout, l’accord interdit de faire à l’Ukraine toute négociation de paix. L’Ukraine est entièrement vassalisées par la France (qui est elle-même un vassal américain) pour servir de chair à canon contre la Russie.

Il s’agit du point 14, intitulé « Redevabilité ».

« Les Participants réaffirment leur engagement à tenir la Fédération de Russie pour responsable des pertes ou des dommages causés à des personnes et à des entités, ainsi qu’à l’État ukrainien, du fait des actes internationalement illicites qu’elle a commis en Ukraine ou contre l’Ukraine, y compris son agression en violation de la Charte des Nations Unies.

Les Participants réaffirment qu’il ne doit pas y avoir d’impunité pour les crimes de guerre et autres atrocités et que la Fédération de Russie doit en assumer la responsabilité juridique, notamment en réparant tout dommage causé par de tels actes, ce qui contribuera également à dissuader de futures agressions et à soutenir la résilience de l’Ukraine. 

Les Participants s’efforceront de demander des comptes aux responsables de crimes de guerre et d’autres crimes internationaux, commis en Ukraine ou contre l’Ukraine dans le contexte de la guerre d’agression de la Russie, conformément au droit international, notamment en soutenant les travaux du bureau du procureur général de l’Ukraine et de la Cour pénale internationale afin de garantir que les allégations de crimes de guerre fassent l’objet d’enquêtes complètes et équitables menées par des mécanismes juridiques indépendants, efficaces et robustes.

Les Participants poursuivront leur engagement au sein du « Groupe sur les options pour la création d’un tribunal sur le crime d’agression contre l’Ukraine ». »

Nous sommes à l’aube d’une troisième guerre mondiale, et la France, notre pays, participe activement à l’escalade menant à ce conflit. Il faut dénoncer l’escalade militaire, il faut dénoncer l’Otan, il faut saboter les plans militaire français de guerre contre la Russie !

Telle est l’actualité réelle, principale, essentielle de notre époque. Tout se définit par rapport à ça !

Catégories
Refus de l’hégémonie

Navalny : du RN à LFI, tous pour la guerre contre la Russie

Décédé le 16 février 2024, Alexeï Navalny était un homme politique russe sur une ligne brutalement populiste et nationaliste, qui a eu un tournant pro-Union européenne et pro-Otan. Il est alors devenu la principale figure de l’agitation pro-occidentale en Russie durant les années 2010.

C’est pourquoi toutes les forces politiques françaises le pleurent, depuis Marine Le Pen jusqu’à Jean-Luc Mélenchon. La France est entièrement aux mains du capitalisme occidental et de son objectif qui est l’affrontement militaire avec la Russie pour se l’approprier. En perdant Alexeï Navalny, elles perdent leur espoir d’un soulèvement interne pro-occidental en Russie.

Alexeï Navalny lors d’une manifestation à Moscou en 2012, wikipédia

C’est que les forces libérales en Russie sont totalement déconnectées de la réalité russe et le plus souvent composées de gens habitant en occident. Leur impact, leur influence, leur marge de manœuvre sont totalement nulles. Avec Alexeï Navalny, cela devait changer. Une alliance devait permettre de concrétiser un assemblage de forces, absurde mais efficace, pour chercher à modifier le régime.

Alexeï Navalny a ainsi obtenu 27,2% des voix aux élections municipales de Moscou en 2013. Quant à ses propres opinions politiques, il les a passés sous silence alors, afin d’émerger comme figure de proue d’une contestation appelant à un tournant « occidental ». C’est la raison pour laquelle tous les médias occidentaux n’ont cessé depuis de l’encenser.

Alexeï Navalny en procès en 2021, photo d’Evgeny Feldman, wikipédia

En fait, pour insister dans l’analyse, l’alliance n’est pas si absurde, car Alexeï Navalny était un nationaliste russe au sens ethnique (et raciste) du terme. Il pouvait donc converger avec la logique occidentale (et nationaliste ukrainienne) de démantèlement de la Fédération de Russie.

La figure de Navalny permettait tout à fait le discours comme quoi la Russie est une dictature depuis toujours, un empire « moscovite » pratiquant la violence aveugle, etc. L’objectif est très clair ici, c’est la destruction de la Russie comme nation. Alexeï Navalny voulait terminer président ou dictateur d’une petite « Moscovie » instaurée par l’occident.

Sondage en ligne du Figaro œuvrant à la propagande belliciste

Alexeï Navalny, profitant des appuis libéraux pro-occidentaux, avait cherché à taper où cela fait mal, afin d’obtenir un succès dans les masses. Il avait pour cette raison fait de la lutte contre la corruption son thème de prédilection.

C’est alors que les « mésaventures » arrivèrent. Il écope notamment de cinq ans de camp avec sursis en juillet 2013 pour… détournement d’argent, et en 2020 il part se faire soigner à Berlin, selon les occidentaux en raison d’un empoisonnement avec un produit neurotoxique militaire russe.

Revenu en Russie en janvier 2021, le sursis fut révoqué, ce qui provoqua des manifestations (avec 10 000 arrestations). L’occident tenta de lui sauver la mise en lui accordant le « prix Sakharov de défense de la liberté de pensée » en octobre 2021.

La réponse fut qu’il a ensuite été considéré comme coupable d' »escroquerie » et « outrage à magistrat », avec en mars 2022 une peine de 9 ans de prison. Un an plus tard, c’est la condamnation pour « extrémisme » à 19 ans de prison, et l’emprisonnement dans la colonie pénitentiaire de Kharp, dans l’Arctique russe, où il est décédé.

La mort d’Alexeï Navalny, juste avant l’élection présidentielle de mars 2024, a été le point culminant de toutes les années 2010, années où le régime russe s’est débarrassé en pratique à la fois de toutes les structures libérales, mais aussi de toutes les structures nationalistes racistes pourtant très puissantes.

Alexeï Navalny lors d’une manifestation à Moscou en 2017, photo d’Evgeny Feldman, wikipédia

La mort d’Alexeï Navalny douche les espoirs occidentaux, alors qu’en plus l’armée russe commence à prendre le dessus dans son conflit militaire avec le régime ukrainien. D’où la vague complète de propagande dénonçant la Russie comme le mal absolu, afin d’accorder à l’occident toutes les qualités.

Les deux grandes figures du libéralisme ont été en première ligne : le président français Emmanuel Macron a expliqué que « dans la Russie d’aujourd’hui, on met les esprits libres au goulag », et le premier ministre canadien Justin Trudeau a déclaré que le président Vladimir Poutine était « un monstre ».

Et derrière la critique libérale, il y a surtout le fait de faire la guerre à la Russie. Emmanuel Macron a ouvertement parlé de guerre avec la Russie, présentée naturellement comme à l’origine de l’agression.

« La mort de Navalny nous a tous bouleversés. Elle rappelle de la plus tragique des manières la dureté du régime du Kremlin.

La Russie est entrée dans une nouvelle phase. Une phase d’agression à l’égard des pays européens. Et de durcissement dans son pays où une forme d’impunité s’est installée : tuer les opposants et interdire les autres candidats. »

Le responsable britannique des Affaires étrangères, David Cameron, a affirmé que « Poutine doit rendre des comptes pour ce qui s’est passé, personne ne doit douter de la nature épouvantable de son régime ». Son homologue américain, Antony Blinken, a expliqué que  « la Russie est responsable de cette situation ».

La première ministre italienne, Georgia Meloni, a parlé d’un « nouvel avertissement pour la communauté internationale ». Et c’est un bon exemple, car elle est d’extrême-Droite et alignée sur l’Otan. C’est bien ce qui se passe, en France également.

On sait qu’en France, on lit souvent que le Rassemblement national ou La France insoumise seraient opposés à l’Otan ou à la superpuissance américaine. C’est totalement faux, ils se sont alignés, et ce depuis le début du conflit en Ukraine. Les forces jouant sur le nationalisme s’alignent immanquablement sur les intérêts nationaux bourgeois, et comme la France est désormais un satellite de la superpuissance américaine…

Jordan Bardella, à la tête du Rassemblement national avec Marine Le Pen, a publié le message suivant sur X/Twitter :

« Alexeï Navalny est mort dans la prison de l’Arctique où il purgeait une peine de 19 ans pour son opposition au régime. C’est une nouvelle tragique pour tous les défenseurs des droits humains et des libertés fondamentales. »

Marine Le Pen a salué sobrement Navalny comme un « militant politique engagé dans la défense de la démocratie »; elle avait tenté de profiter du soutien de la Russie (qu’elle avait également obtenu en un certain sens, notamment avec un prêt bancaire), alors elle évite d’en faire trop. Mais son alignement sur la superpuissance américaine et l’Otan est totale.

Jean-Luc Mélenchon a lui aussi salué Navalny, « au-delà des désaccords ». Une bonne expression pour signifier l’Union sacrée autour des intérêts de l’occident.

Alexeï Navalny était un nationaliste associé au libéralisme, que pouvait-on attendre d’un type pareil, qui espérait simplement parvenir au pouvoir en « Moscovie » par la main-mise occidentale sur la Russie dépecée ?

C’est là qu’on voit la convergence générale avec les visées impérialistes occidentales de la part de tout le personnel politique français, et également de la société française, corrompue par la société de consommation.

Il a été dit ici et il est donc répété : oui, la France est en guerre avec la Russie, une guerre dirigée par la superpuissance américaine, et à l’arrière-plan l’actualité réelle sur le plan mondial, c’est la confrontation entre les superpuissances américaine et chinoise.

Toute l’agitation française en faveur de Navalny est à la fois une contribution à la marche vers la guerre mondiale de repartage du monde et un reflet de cette guerre déjà installée dans le paysage.

Il faut assumer la position de la Gauche historique et affirmer que l’ennemi est dans notre propre pays. Pour la défaite de l’Otan – et la déroute de l’Occident !

Catégories
Refus de l’hégémonie

Vaste opération de censure sur Telegram en France

La guerre, c’est aussi une guerre de l’opinion, donc de l’information. La France est ouvertement opposée à la Russie depuis maintenant pratiquement deux ans, alors elle censure massivement les sources d’informations russes, ou pro-russes, ou considérées comme tel. Rien ne doit s’opposer au déferlement de propagande de la part de l’Otan qui entraîne l’occident dans l’abîme de la guerre contre la Russie.

Du jour au lendemain en 2022, beaucoup de gens se sont rendu compte qu’internet n’avait rien de « libre » et que la France pouvait tout autant que la Chine décider de ce que les gens ont le droit de lire, voir ou écouter en ligne. Il y avait eu une première vague de censure à l’époque, avec notamment le bannissement de la chaîne d’État russe destinée à l’international : RT (et donc RT-France).

Il reste toutefois assez facile de contourner cela pour qui le veut, avec tout simplement un VPN (qui permet de simuler une connexion depuis un autre pays qui ne censure pas).

Un autre canal très efficace pour les gens soutenant la Russie (ou en tous cas ne soutenant pas l’Otan) est Telegram, où l’on peut poster des messages. De nombreuses chaînes ont été ouvertes, avec une optique très sérieuse et un contenu très dense. De manière générale, ces chaînes sont alignées sur le régime russe, mais pas toujours, ou pas directement et avec des nuances.

Il y a eu en tous cas pendant deux ans un réseau très solide et massif d’informations quotidiennes sur la guerre et son actualité, largement relayé par la fraction des nationalistes français non aligné sur l’Otan (une toute petite minorité donc).

Cela est fait sur un mode « géopolitique », avec une forte inclination pour la théorie sino-russe du monde multipolaire et une large dénonciation de l’occident et de sa décadence. Ce milieu consiste, si on veut, en l’équivalent de la gauche « tiersmondiste » du 20e siècle, mais cette fois en version de droite, avec une approche politico-culturelle très conservatrice et libérale.

Jeudi 15 février 2024, tout cela a volé en éclat avec une vaste opération de la part du ministère français des Affaires étrangères de censure de ces chaînes.

Elles sont inaccessibles pour les personnes ayant un compte Telegram fonctionnant avec un numéro français, en « +33 » (c’est probablement le cas pour tous les numéros européens). Les VPN ne servent ici à rien. Et comme il est relativement fastidieux de contourner cela avec un numéro virtuel pour créer un nouveau compte, cette vague de censure va s’avérer très efficace.

Officiellement, il y a toute une communication avec la mise en avant du service « VIGINUM » qui aurait mené une vaste enquête et découvert un réseau russe de diffusion de fausses informations. Le rapport d’enquête, qui est public, est d’un ridicule sans nom, avec pour titre :

« PORTAL KOMBAT, un réseau structuré et coordonné de propagande prorusse »

C’est une allusion au jeu vidéo « Mortal Kombat ». L’enquête, montée de toute pièce pour la communication du gouvernement français, fait comme s’il existait un énorme bot (un robot, ou programme automatisé) de diffusion massive d’informations directement pilotée par la Russie.

Il s’agit alors de le dénoncer et de le débrancher, en prétendant qu’il ne s’agit pas de censure, mais simplement d’une défense technique, contre un dispositif technique.

Le ministre Sébastien Séjourné y va d’ailleurs franco sur ce mode, se moquant littéralement du monde :

« Je m’adresse directement à vous car nous avons découvert hier une nouvelle opération de manipulation de l’information en ligne (…).

 Nous sommes un pays libre et la liberté en ligne est un principe essentiel. La censure n’a pas sa place chez nous. »

Ben voyons !

En réalité, ce sont de véritables personnes, dont beaucoup de Français, avec des véritables opinions, qui sont censurées.

Que ces opinions soient largement alignés sur la Russie, c’est une chose. Néanmoins, leur expression ne relève pas directement d’une opération russe.

La fermeture des chaînes Telegram francophone « pro-russe » est une censure contre l’opinion public français, dans le cadre de la guerre. Il s’agit clairement et directement d’une censure de type fasciste, de la part d’un État français en pleine décrépitude, devenu l’instrument de la superpuissance américaine.

En fait, « l’astuce » gouvernemental française pour censurer ces chaînes a été de censurer une liste de 20 chaînes Telegram utilisée par le site pravda-fr[.]com (le fameux bot russe, version française) comme source d’information ! Sont donc censurées non pas les chaînes dépendantes de ce prétendu programme russe, mais au contraires celles qu’il citerait le plus comme source !

C’est absolument anti-démocratique, ne reposant sur aucune base légale ; c’est un acte relevant d’un régime français ne reposant plus sur le droit, mais sur les besoins de l’Armée. Et dire qu’il n’y a pratiquement personne à gauche pour dénoncer cela, ni aucun parlementaire prétendument de gauche qui s’y intéressera…

L’Union sacrée pour la guerre de l’Otan contre la Russie est totale en France.

Voici une partie des chaînes censurées. On notera au passage que beaucoup de ces chaînes ont participé à relever l’identité des deux prétendus humanitaires français morts récemment en Ukraine, ou encore la liste de mercenaires français également tués en Ukraine.

  • Erwan Kastel
  • Chroniques conflit Ukraine
  • Kompromatmedia
  • Ukr leaks fr
  • Dombass insider
  • Russosphere
  • Actualité Fr
  • Info Defense France
  • Russie en live
  • Tass fr
  • Géopolitique profonde

Voici la version officielle, présentée dans un communiqué gouvernemental :

« Le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, M. Stéphane Séjourné, a dénoncé publiquement le 12 février un réseau de propagande pro-russe, baptisé « Portal Kombat », détecté suite à l’enquête menée par le service VIGINUM. 

L’objectif de sa dénonciation est d’alerter, à titre préventif, l’opinion publique française sur les menaces informationnelles posées par des acteurs russes, notamment dans la perspective des élections européennes.

En poursuivant ses investigations sur ce réseau, VIGINUM a mis en évidence le rôle majeur joué par une entreprise russe domiciliée en Crimée, TigerWeb, dans la création et l’administration des sites du réseau « Portal Kombat ».

Créée en 2015, TigerWeb est une entreprise de développement web dont l’un des fondateurs, Evgueni Chevtchenko, développe et maintient des sites web depuis au moins 2013. VIGINUM a également noté que certains modes opératoires ou contenus diffusés présentaient de fortes similarités avec ceux du réseau Inforos, mis sous sanctions européennes en juillet 2023, permettant ainsi de formuler l’hypothèse selon laquelle la société TigerWeb servirait de prestataire de services au dispositif d’influence russe.

Ces nouveaux éléments techniques sont disponibles dans le rapport publié par VIGINUM hier soir : https://www.sgdsn.gouv.fr/publications/portal-kombat-suite-des-investigations-sur-le-reseau-structure-et-coordonne-de

La France réitère sa condamnation ferme de ces pratiques et partage ces informations avec ses partenaires et les acteurs de la société civile pour analyser et caractériser ces opérations d’ingérences étrangères et ces manipulations de l’information. Les rapports de VIGINUM ont pour objet de partager des données de manière transparente pour nourrir un débat démocratique sur ces menaces.

Aucune de ces manœuvres n’est de nature à entamer le soutien de la France à l’Ukraine dans la défense de son intégrité territoriale. »

C’est une étape dans le verrouillage généralisé en vue de la guerre contre la Russie. Sabotez cette guerre américaine ! Pour la défaite de l’Otan et la déroute de l’occident !

Catégories
Refus de l’hégémonie

L’identité des deux « humanitaires » français tués en Ukraine

L’affaire des deux « humanitaires » français morts en Ukraine prend une tournure pittoresque, à vrai dire conforme au caractère fondamentalement louche de cette histoire.

On se rappelle que le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné avait parlé de la « barbarie russe » et que le président Emmanuel Macron était monté au créneau.

Ce n’est pas tout : le Parquet national anti-terroriste s’est emparé de l’affaire. Il y a donc une enquête !

On ne voit pourtant pas les photographies et biographies des deux « martyrs » mis en avant dans les médias français…

Même l’association pour laquelle ils ont travaillé refuse de dire qui ils sont!! Là, on est clairement dans du louche. Voici comment le quotidien Le Monde présente cet aspect, en fournissant nouvellement le nom des deux personnes concernées.

« Adrien Pajol et Guennadi Guermanovitch, les deux secouristes tués, étaient des volontaires de l’ONG suisse Entraide protestante suisse (connue sous l’acronyme EPER) participant à une mission humanitaire. La seconde victime possédait également la nationalité biélorusse. Contactée, l’EPER confirme les faits mais ne souhaite pas confirmer l’identité des victimes. »

Si là on en sait pas plus, voici leur parcours qu’on peut trouver diffusé sur internet par ceux qui dénoncent le camp occidental.

« Guennadi Guermanovitch, 52 ans, a été policier scientifique biélorusse jusqu’en 1996, puis légionnaire du 2e REP (régiment étranger de parachutistes) jusqu’en 2007, au 3e REI (régiment étranger d’infanterie) de Kourou, Guyane, jusqu’en 2009. Spécialiste des transmissions, il était entrepreneur dans la sécurité privée, formait des Ukrainiens à son art depuis 2019

Adrien Baudon de Mony Pajol, 41 ans, était homme d’affaires et spécialiste vinicole au large réseau international, le profil idéal d’un honorable correspondant de la DGSE.  »

Un ancien légionnaire et un homme d’affaires au large réseau, en train de distribuer de la nourriture pratiquement sur la ligne de front ?

Il n’y a pas besoin de réfléchir bien longtemps pour comprendre que cela ne tient guère et qu’on a ici beaucoup de choses à l’arrière-plan.

Et c’est en cela, au-delà de la simple question de ces « humanitaires », que les Français sont coincés, sans le savoir.

En effet, il y a :

  • un alignement complet de la France sur l’Otan pour défaire la Russie;
  • un alignement de l’armement et de la logistique militaire de l’armée française sur l’Otan;
  • un alignement diplomatique et financier de la France sur l’Union européenne pour le soutien au régime ukrainien;
  • toute l’extrême-Droite activiste française tournée vers l’Ukraine, avec de nombreuses personnes parties sur le front, en liaison inévitable avec les services secrets français.

Autrement dit, impossible de reculer. La France est dans l’engrenage, changer de position impliquerait un renversement sur le plan militaire, financier, diplomatique.

On lit souvent que le Rassemblement national de Marine Le Pen et La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon aimeraient se tourner vers la Russie. Déjà, c’est faux en soi, ensuite ils ont déjà tous deux soutenu l’Ukraine, et enfin de toutes façons ils n’auraient jamais le courage de poser une rupture complète.

Le camp américain a gagné dans la bourgeoisie française, le néo-gaullisme aventuriste n’existe plus dans la situation présente, donc toute force parlementaire doit par définition, si elle veut accéder au gouvernement, s’aligner.

Même dans l’hypothèse absurde où il y aurait une force contestatrice totale accédant au pouvoir, elle aurait l’armée contre elle de par son alignement technique-pratique, elle aurait l’Union européenne pour bloquer juridiquement toute initiative, etc.

L’affaire des deux « humanitaires » devrait d’ailleurs faire la Une des médias pendant des jours, et on a rien de tout ça. C’est simplement une note de plus dans la partition jouée à l’arrière-plan d’un pays qui vit au jour le jour et s’est fait happé sans même s’en apercevoir.

Les Français vont payer historiquement très cher leur nonchalance, leur mauvaise foi, leur suffisance. Le Ciel des événements historiques va leur tomber sur la tête.

A nous de faire que cette expérience traumatisante soit salvatrice pour saboter l’engrenage – pour la défaite de l’Otan et la déroute de l’Occident – pour les masses mondiales et le Socialisme !

Catégories
Refus de l’hégémonie

Déclaration franco-suédoise pour la guerre contre la Russie

Théoriquement, c’est simplement une « tribune », cosignée par Emmanuel Macron, le président français, et Ulf Kristersson, le premier ministre suédois, publiée en France dans Les Echos et en Suède dans le Dagens Nyheter.

En réalité, c’est un accord franco-suédois qui scelle l’alliance à leur niveau, alliance des pays de l’Union européenne pour faire la guerre à la Russie.

Les pays de l’Union européenne ont fourni jusqu’à présent 28 milliards d’euros de matériel de guerre au régime ukrainien, et ce sera 21,2 milliards rien que pour cette année. L’Union européenne prend le relais de la superpuissance américaine, celle-ci pouvant se reconcentrer sur la superpuissance chinoise.

Photo encadrée d’un missile Scalp français. Le texte dit « De Paris avec amour, Rachysty, allez en enfer ». Le terme de « rashiste » est employé par les nationalistes ukrainiens, en mélangeant « russe » et « fasciste »

Le réveil va être très dur pour les Français, qui n’ont jamais compris l’envergure de la question, y compris à Gauche où personne ne s’est soucié de rien. Nous allons à la guerre, nous ne sommes déjà plus dans la paix.

Les bourgeoisies européennes sentent le désastre venir. Elles n’ont plus le choix. Le seul moyen de sauver l’occident, c’est de démanteler la Russie, alors on y va de manière mécanique. Voilà pourquoi même l’extrême-Droite française s’est alignée sur l’Otan, comme l’a fait l’extrême-Droite italienne.

Dans les 10-15 ans, la France mettra en place une armée de masse, ce que le Royaume-Uni et l’Allemagne annoncent déjà de leur côté. Cela sera un mélange de libéralisme moderniste à la Emmanuel Macron et de conservatisme militariste, le second quinquennat d’Emmanuel Macron s’alignant déjà là-dessus.

Le « partenariat stratégique » franco-suédois relève de cette dynamique. La Suède, qui va rentrer dans l’Otan, est d’ailleurs emblématique de la combinaison d’un libéralisme culturel généralisé et d’un nationalisme militariste très dur fonctionnant à l’arrière-plan, sous des dehors « démocratiques ».

Telle est la réalité, la vraie actualité – et c’est là-dessus que doit se fonder la conscience de l’Histoire, celle qui a compris le caractère inéluctable du Socialisme, de son impérieuse nécessité pour briser la barbarie.

« L’année 2024 sera une année décisive pour l’Europe, à un moment où notre liberté et notre souveraineté sont en jeu.

Face aux multiples menaces actuelles, telles que la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine, les perturbations en matière d’approvisionnement énergétique, le terrorisme et la criminalité organisée, ainsi que face à la problématique de la transition vers une économie numérique et bas carbone, la France et la Suède collaboreront plus étroitement pour renforcer la capacité de l’Europe à agir.

Cette semaine, lors d’une visite d’Etat organisée à l’invitation de Sa Majesté le roi Carl XVI Gustaf, la France et la Suède réaffirmeront les liens étroits qui les unissent en concluant des accords relatifs à l’innovation, l’énergie nucléaire et la sécurité. A cette occasion, les deux pays signeront un partenariat bilatéral stratégique pour l’innovation dans des sociétés durables, numériques et résilientes.

La France et la Suède sont toutes deux de grandes puissances industrielles et des moteurs de l’innovation, à la pointe dans plusieurs secteurs, tels que la technologie et l’industrie spatiale.

Ces capacités exceptionnelles doivent être exploitées pour renforcer encore la position géostratégique de l’Europe, réduire ses dépendances stratégiques et bâtir une assise économique plus résiliente et plus solide.

Alors que nous entrons dans une année incertaine, porteuse de multiples menaces pour notre sécurité et notre prospérité, et que l’Europe se doit de jouer un rôle de premier plan dans les transitions écologique et numérique, les contributions de nos deux pays seront essentielles pour rendre l’Europe plus sûre et plus forte.

La France et la Suède collaboreront plus étroitement encore en s’appuyant sur trois constats.

Premièrement, la guerre en Ukraine fait peser un risque existentiel sur la sécurité de notre voisinage. Défendre l’Ukraine, c’est avant tout défendre les principes de souveraineté et d’intégrité territoriale et l’idée selon laquelle la force ne fait pas loi.

C’est la raison pour laquelle la France et la Suède apportent un soutien politique, économique, humanitaire et militaire à l’Ukraine, tant sur le plan bilatéral que par l’intermédiaire de l’Union européenne (UE). C’est également la raison pour laquelle l’UE doit veiller à ce que l’avenir de l’Ukraine soit au sein de l’Europe, tout en renforçant en parallèle la sécurité et la défense européennes.

Lors du Conseil européen de décembre dernier, nous avons pris la décision historique d’ouvrir les négociations d’adhésion avec l’Ukraine, ce qui souligne notre engagement commun en faveur d’une trajectoire européenne pour ce pays.

L’UE doit également prendre des décisions fortes en ce qui concerne le soutien financier à l’Ukraine et parvenir à un accord lors du prochain Conseil européen extraordinaire, qui se tiendra le 1er février. Ce soutien pourrait en effet aujourd’hui revêtir une importance capitale, plus qu’à tout autre moment depuis le début de l’invasion illégale et à grande échelle de l’Ukraine par la Russie il y a presque deux ans.

Si nous voulons que l’Europe se présente comme une puissance géopolitique incontournable, nous devons démontrer que la phrase selon laquelle nous soutiendrons l’Ukraine « aussi longtemps qu’il le faudra » n’est pas vide de sens. Le projet de défense, de réforme et de reconstruction de l’Ukraine sera de longue haleine.

Confrontées à de nouvelles menaces sur le sol européen, la France et la Suède prendront des mesures concrètes pour renforcer leurs relations en matière de défense, notamment dans le secteur de l’industrie, et en faisant en sorte de devenir des alliées au sein de l’Otan dès que possible.

Deuxièmement, la guerre en Ukraine et ses conséquences ont également mis en évidence un autre défi à long terme que l’Union européenne doit relever de toute urgence : accélérer la transition énergétique. Cela sera essentiel à la fois pour atteindre nos objectifs climatiques et pour renforcer la résilience et la souveraineté de l’Europe.

Pour ce faire, nous devons exploiter toutes les sources d’énergie non fossiles dont nous disposons, notamment l’énergie nucléaire, l’énergie éolienne en mer et la bioénergie. C’est le seul moyen d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. La France et la Suède approfondiront ainsi leur coopération tant au niveau bilatéral qu’européen, afin de mettre en place des systèmes énergétiques indépendants des combustibles fossiles, et elles en feront l’élément principal de leur partenariat stratégique actualisé pour l’innovation.

À l’échelle mondiale, il sera indispensable que la capacité de production d’énergie nucléaire triple d’ici à 2050. En tant que membres de l’alliance européenne sur l’énergie nucléaire, la France et la Suède souligneront le rôle essentiel que joue l’énergie nucléaire pour parvenir à la neutralité carbone, et elles s’efforceront de créer des conditions réglementaires, industrielles et financières favorables pour les projets nucléaires.

Conformément à leur déclaration d’intention signée en décembre dernier, la France et la Suède favoriseront également les échanges d’expériences entre les acteurs français et suédois sur des aspects clés, tels que la construction de centrales nucléaires, la sûreté et la recherche. Les deux pays étant parmi les plus grands exportateurs nets d’énergie en Europe, ces échanges profiteront à l’ensemble du continent dans sa transition écologique.

Troisièmement, la résilience de l’Europe va de pair avec sa compétitivité ainsi que sa capacité à bâtir une assise économique solide et à définir un nouveau modèle d’investissement et de croissance pour la décennie à venir.

La coopération économique et industrielle entre la France et la Suède peut jouer un rôle moteur pour la compétitivité de l’Europe, notamment grâce aux projets concrets portés par les entreprises françaises et suédoises dans les domaines stratégiques dans lesquels l’Europe doit réduire sa dépendance, tels que l’espace, l’industrie de la défense, la sécurité des approvisionnements en matières premières critiques ou encore le renforcement du secteur pharmaceutique.

La France et la Suède partagent une même culture de l’innovation et de la technologie au service d’un développement juste et durable, fondée sur une coopération scientifique de qualité. Leur partenariat renouvelé contribuera à la réussite des ambitions européennes en matière de lutte contre les changements climatiques et la pollution et de préservation de la biodiversité. Il leur permettra également de faire face aux progrès rapides de la technologie dans le domaine du numérique.

Il sera également nécessaire d’accélérer les investissements pour rester en tête de la course mondiale et conserver la maîtrise des technologies décisives pour notre avenir. À cet effet, la France et la Suède s’efforceront d’approfondir l’union des marchés des capitaux pour accroître les financements privés en faveur de l’innovation et des transitions en Europe.

Les liens unissant aujourd’hui la France et la Suède, si étroits soient-ils, devront se resserrer encore à l’avenir. Face aux bouleversements géopolitiques actuels, les relations entre les deux pays doivent être développées et approfondies. La coopération franco-suédoise pourra aussi être renforcée dans d’autres domaines, notamment en matière policière et de sécurité, afin de lutter contre le terrorisme et la criminalité organisée. Au niveau de l’UE, nous devons renforcer la coopération opérationnelle et judiciaire, les échanges d’information et la protection de nos frontières extérieures.

En unissant leurs forces pour traiter ces questions déterminantes, la France et la Suède parviendront non seulement à se renforcer elles-mêmes, mais aussi à renforcer l’Europe tout entière.

Ulf Kristersson et Emmanuel Macron »

Catégories
Refus de l’hégémonie

Sahra Wagenknecht et l’économie de guerre allemande

La démarche de Sahra Wagenknecht en Allemagne a ceci de pertinent qu’elle se confronte ouvertement avec la marche à la guerre des deux superpuissances, américaine et chinoise.

Il faut bien comprendre qu’économiquement, la première victime du conflit militaire Russie-Ukraine du côté des pays riches est l’Allemagne, son satellite autrichien y compris. Toutes les économies des principales puissances ont été torpillées par la crise commencée en 2020. Mais l’initiative russe a fait de l’Allemagne un maillon faible, comme celle-ci s’est alignée sur la superpuissance américaine.

Sahra Wagenknecht a indubitablement compris que les masses allemandes allaient protester contre la situation et que le grand risque était celui d’une situation comme celle des années 1930, où c’est le nationalisme qui l’emporte. C’est le cas en Autriche, où la Gauche a acquis une position très marquée contre le capitalisme, mais reste dans l’ombre d’une extrême-Droite assumant d’être contre la guerre à la Russie.

Sa ligne est donc de former un mouvement de masse, afin de bloquer l’extrême-Droite et de permettre une initiative de masse sur une base sociale.

« Ses propres intérêts et la paix au lieu de la fidélité vassalisée et la confrontation »

Voici un long extrait du document d’analyse proposée par le mouvement « Aufstehen » (se lever, se soulever) lancé par Sahra Wagenknecht. Ce document fait partie des éléments constitutifs du parti qu’elle met en place fin octobre 2023.

On y trouve des points essentiels de la vision de Sahra Wagenknecht sur la guerre et la situation allemande.

« L’espoir de nombreux électeurs qu’un gouvernement dans lequel davantage de partis de gauche seraient représentés, et qui remplacerait ainsi le gouvernement conservateur en tant que représentant de l’élite, s’est rapidement évanoui.

Depuis le début de la guerre [entre la Russie et l’Ukraine], le gouvernement de coalition, contrairement au reste du monde, a complètement mis de côté les intérêts nationaux par rapport au capital américain et a déguisé moralement son action en opération d’aide à l’Ukraine.

Au lieu d’œuvrer dès le début à une solution diplomatique (le début remonte à 2014 au plus tard), des armes et de l’argent sont fournis sans cesse.

Le chancelier [social-démocrate Olaf] Scholz a amorcé un tournant. Aujourd’hui, c’est la confrontation qui remplace la détente.

La guerre actuelle a été déclenchée par la Russie. Si on veut y mettre fin, on ne doit pas mettre de côté ce qui a précédé.

En toute allégeance aux États-Unis et à nos dépens, la coalition, avec de prétendus objectifs moraux, vise uniquement à écraser la Russie ([référence aux propos de la ministre des affaires étrangères, écologiste, Annalena] Baerbock) et, si possible, à parvenir à un changement de gouvernement dans ce pays.

Surtout, les sanctions et l’embargo pétrolier ont amené notre économie au bord de l’effondrement dans de nombreux domaines et déclenché une vague sans précédent de « fierté coupable » ([l’expert du proche et moyen-orient Michael] Lüders = aveu d’actes répréhensibles contre la Russie avant la guerre).

Ceux qui sont au pouvoir parlent ainsi toujours sous la forme du « nous » et exigent que nous, les contribuables, acceptions la réduction de notre propre « prospérité » par solidarité avec l’Ukraine. Une majorité est pourtant depuis longtemps opposée au prolongement d’un soutien militaire.

Ces sanctions visaient à priver la Russie de sa base financière, même si les importations de pétrole n’ont pas encore été sanctionnées. Dans une obéissance prématurée, [le ministre de l’économie, écologiste, Robert] Habeck les a arrêtés, causant d’énormes dégâts à notre économie.

En tant que société, nous sommes simplement accaparés et, selon lui, nous devons supporter les difficultés.

Le suicide économique et social dû à une augmentation incommensurable des coûts n’a jusqu’à présent fait que prolonger les morts des deux côtés du front dans la guerre injustifiée de la Russie contre l’Ukraine, mais a causé bien moins de dégâts à l’économie russe qu’à la nôtre.

Mais « nous sommes les bons » ! La propagande de guerre s’accompagne d’une autoglorification morale et d’une perte du sens des réalités.

Bush, Reagan, Clinton et Obama ont mené des guerres comme étant du « bon côté ». C’est pourquoi les sanctions n’ont même jamais été ne serait-ce qu’envisagées.

Ainsi, de l’accord de coalition, peu a été mis en œuvre. « Oser faire plus de progrès », tel est le titre du document de 178 pages, empruntant évidemment à la déclaration gouvernementale de Willy Brandt en 1969, dont le slogan était « Oser plus de démocratie ».

A quoi ressemblent ces progrès ?

Avec le début de la guerre en Ukraine, notre économie est entrée dans le déclin.

L’interdiction d’importer du pétrole et du gaz naturel russes a poussé l’économie à ses limites, à l’exception de l’industrie militaire, qui est en plein essor grâce à l’injection de 100 milliards.

Lorsque le pays est entré en récession, le taux d’inflation a parfois dépassé 10% et s’élève au 23 juillet à 6,4%, même s’il dépasse encore 11% pour l’alimentation.

Cela touche particulièrement les groupes à faible revenu, déjà défavorisés.

Malgré une baisse significative des ventes de produits alimentaires, les bénéfices des leaders de l’industrie ont augmenté grâce à des prix abusifs criminels.

Cela signifie que les bénéfices vont aux riches, tandis que l’augmentation des coûts affecte particulièrement la population la plus pauvre.

La demande intérieure a été considérablement ralentie et, tout comme la baisse des exportations, elle a un impact sur la conjoncture négative.

Compte tenu de la hausse des prix des denrées alimentaires allant jusqu’à 20%, le flux vers les banques alimentaires a considérablement augmenté et, dans certains cas, a doublé. de sorte que des arrêts d’admission et des réductions de quantité dans la distribution ont été nécessaires.

C’est une impudence de la part du pouvoir que de confier la prise en charge de la « partie de la population laissée pour compte » à des associations organisées et financées par le secteur privé, sans leur apporter le soutien financier approprié !

En Allemagne, plus de deux millions de personnes dépendent désormais de l’aide alimentaire. Le besoin est probablement encore plus grand, car de nombreuses banques alimentaires ont cessé de les accepter.

Les dividendes des actionnaires ont cependant augmenté. De moins en moins de bénéfices sont restés dans l’entreprise, de plus en plus sont allés aux propriétaires (…).

Notre économie est en récession « technique » depuis le printemps 2023.

La production économique (produit intérieur brut, PIB) a diminué tant au quatrième trimestre 2022 qu’au premier trimestre 2023. Et les perspectives ne se sont pas améliorées depuis.

L’Allemagne connaît cette année la pire situation parmi toutes les grandes économies. Et ce sera probablement la seule grande économie à connaître une contraction. Cela veut dire : le FMI s’attend à une récession pour l’Allemagne.

L’industrie chimique en particulier s’est affaiblie, car les sanctions pétrolières et gazières y ont eu un impact particulier, mais aussi les secteurs des machines-outils et de l’électrotechnique.

Contrairement aux « citoyens normaux », l’économie allemande peut fuir. Une entreprise sur cinq envisage de délocaliser sa production à l’étranger.

Les petits fournisseurs qui ne peuvent pas déménager avec nous seront conduits à la ruine !

Il y a également un exode de travailleurs qualifiés. Environ 1,2 million de spécialistes bien formés et pour la plupart hautement qualifiés ont émigré en 2022.

Le budget fédéral 2024 prévoit des économies dans presque tous les domaines afin de pouvoir financer les dépenses d’armement et de guerre tout en respectant le frein à l’endettement (…).

La démocratie occidentale actuelle est une démocratie d’élite. Elle ne repose pas sur une volonté unifiée de la société, car la société est divisée en raison de différents intérêts économiques et de différentes visions du monde quant au développement.

Les élites comprennent des personnes qui ont beaucoup de pouvoir et qui, socialement, proviennent presque exclusivement des classes les plus riches et les plus capitalisées.

Leur attitude face aux inégalités sociales est essentiellement façonnée par leurs origines sociales exclusives et homogènes : c’est la base de leur pouvoir et de la mise en œuvre des politiques néolibérales !

Cependant, il n’existe pas une élite fermée, mais plutôt différents groupes d’élite, généralement liés les uns aux autres par leurs origines sociales.

Ils vivent dans un monde parallèle depuis leur naissance et ont une culture, une éducation et des opportunités de carrière communes. Cela signifie qu’ils fréquentent des écoles privées d’élite, étudient dans des collèges et universités (privés) d’élite et ont donc déjà un lien avec l’élite au pouvoir. »

Sahra Wagenknecht veut couper l’herbe sous le pied du nationalisme ; le faible niveau politique l’amène à lancer une initiative « sociale » avant tout, mais autour de principes bien circonscrits, comme la paix, le refus de l’OTAN. C’est là ce qui la distingue fondamentalement de gens comme Jean-Luc Mélenchon en France, dont le populisme est sans bornes aucune.

Catégories
Guerre

Loi de programmation militaire : la NUPES veut plus d’armement

La NUPES, force de proposition du militarisme français.

L’examen de la loi de programmation militaire (LPM) pour la période 2024-2030 avance à grand pas. Avec un budget prévu de 413 milliards d’euros, soit le double par rapport à la LPM de 2019-2025, elle traduit l’accélération de la militarisation de la France.

Actuellement, c’est la commission de défense nationale et des forces armées qui se penche sur l’écriture de la loi. Les députés y font des propositions à travers des amendements qui sont ensuite adoptés ou non et formeront l’ossature générale de la LPM qui devrait normalement être soumis aux débats et au vote du parlement dans le courant de l’été.

Remarquons, hélas encore une fois, qu’on ne trouve que sur agauche.org un suivi sérieux de l’évolution de cette loi, pourtant capitale dans la période actuelle marquée par la tendance à la guerre mondiale de repartage et dont le projet de LPM est l’illustration.

Et s’il faut la suivre, c’est également parce qu’elle en dit long sur la situation politique du pays où n’existe aucune contestation de cette tendance à la militarisation.

On ne sera nullement étonné du soutien des députés de la majorité, ni que les députés RN jouent la surenchère quant à l’augmentation des matériels interarmées (les dites « cibles d’acquisition »), à leur goût sous-évalués dans l’actuelle projet de LPM.

Le RN joue d’ailleurs son rôle de fervent nationaliste en appelant à la fin des programmes européens, tel que le SCAF (système de combat aérien du futur) ou le MGCS (« main ground combat system ») qui sont deux systèmes d’armement qui se veulent ultra-connectés et développés en coopération européenne. Mais c’est là une position de principe qui n’a aucun sens dans la réalité par le simple fait que ces armements exigent des investissements colossaux ainsi qu’une très haute technologie, donc des techniques et savoir-faire qui n’existent plus dans un capitalisme français largué par la crise générale.

Mais lorsqu’on regarde les amendements des différentes députés « de gauche » qui siègent à la commission de défense, c’est la catastrophe. On a des gens qui assument clairement de vivre dans une grande puissance capitaliste et appellent à plus d’armements pour la défendre au détriment de la solidarité internationale entre les peuples.

Le groupe LFI, mené par Bastien Lachaud, propose ainsi de remplacer le terme « puissance d’équilibres » par le singulier « équilibre », actant en soi le mythe, très chauvin d’ailleurs, d’une France au-dessus des rivalités mondiales, jouant en faveur des « lumières » et de la « civilisation ». Une mentalité qui est pourtant détesté dans les restes de la Françafrique…

Mais au-delà de ce terme, il y a des faits bien plus concrets. Les députés LFI demandent ainsi, tout comme le RN, trois satellites de surveillance au lieu des 2 actuels prévus par la LPM. De même, il est proposé de se doter de 50 avions de ravitaillement A400 M au lieu des 35 prévus. Enfin, le budget de la LPM doit se déployer selon une élévation par marche annuelle de 3 milliards d’euros entre 2024 et 2027. La France insoumise demande quant à elle une accélération plus rapide dès 2024, avec 4,3 milliards jusqu’en 2026, puis 3 milliards par an jusqu’en 2030.

On a également le groupe PS qui demande de faire passer les frégates de défense et d’intervention (FDI) de 3 actuellement à 5, tout comme les frégates de premier rang qu’il exige de faire passer de 15 à 18. Enfin, si la LPM prévoit de rénover 160 chars Leclerc, le Parti Socialiste en propose 200.

Bref, les forces parlementaires représentatives de la « Gauche » acceptent d’accompagner le capitalisme français dans sa marche au militarisme. Au lieu d’un accompagnement, c’est en fait bien pire. Plus qu’une union sacrée, on a une force de proposition interne pour renforcer la puissance militaire française.

Une perspective qui en dit long sur l’opportunisme des ces gens, notamment lorsqu’on la met en rapport avec toute l’agitation dernière autour de la réforme des retraites : il faut sauver la bourgeoisie française pour continuer à « partager les richesses » spoliées sur le reste du (tiers)monde. Et la France doit rester une grande puissance pour conserver son influence sur les zones dominées du globe, pour rester dans le jeu de la compétition économique mondiale, pour endiguer son déclassement…

Mais évidemment, la réalité n’est pas à la mégalomanie française et ses vaines prétentions de puissance, toute minée qu’elle est par la période historique de déclin de l’Occident.

A ce tire, les propos de Jean-Louis Thiériot, député LR et vice-président de la commission défense, sont révélateurs :

On aimerait tous avoir des dizaines de Rafale, de frégates ou de blindés supplémentaires, mais on ne peut pas faire grimper les cibles d’acquisitions sans remettre en question l’ensemble de l’édifice, et l’endettement de la France nous prive de marges de manœuvre.

La France capitaliste sombre dans le déclin de l’Occident, et les forces de proposition « de gauche » pour en freiner le processus sont de fait ringardisées par la marche de l’Histoire.

En phase avec cette réalité, le rôle de la Gauche doit être d’accompagner, non pas le sursaut de défense de la puissance française, mais son affaiblissement pour bâtir dans cet interstice historique une rupture révolutionnaire et faire triompher de nouvelles valeurs pacifistes, internationalistes ; pour une France socialiste !

Non à la restructuration du capitalisme français par la guerre ! Entravez les plans du militarisme français !