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Zelensky à Londres puis Paris pour la guerre totale

Un tour de chauffe pour l’escalade.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est arrivé à Paris dans la soirée du mercredi 8 février 2023, après avoir passé la journée au Royaume-Uni. Le président ukrainien s’est en effet initalement déplacé en personne à Londres, pour rencontrer le roi Charles III et le premier ministre Rishi Sunak (qui l’a pris dans les bras à l’aéroport).

Il est allé d’abord au 10 Downing Street, ensuite au Parlement et au Palais de Buckingham. Comme Volodymyr Zelensky demande des avions de chasse, il a notamment eu ce petit mot : « Le roi est un pilote de l’armée de l’air. En Ukraine aujourd’hui, chaque pilote de l’armée de l’air est un roi ». Excellent story-telling.

Puis, donc, en soirée, il a été à Paris. Il a été reçu sur le tarmac de l’aéroport par le ministre français des Armées Sébastien Lecornu,ce qui bien sûr en dit long sur la nature de sa visite. Puis, il a fait une conférence de presse au Palais de l’Élysée avec le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz.

Volodymyr Zelensky a demandé à Paris des armes lourdes.

« Plus tôt l’Ukraine obtient de l’armement lourd de longue portée, plus tôt nos pilotes obtiennent des avions, plus vite se terminera cette agression russe, et nous pourrions revenir à la paix en Europe. »

Les avions avaient déjà été un thème essentiel lors de sa prise de parole devant le Parlement britannique :

« Je vous demande, à vous et au monde, des mots simples mais pourtant très importants: des avions de combat pour l’Ukraine, des ailes pour la liberté. »

Le Royaume-Uni compte aller en ce sens, en tant que premier de la classe des serviteurs de la superpuissance américaine, en tant que fournisseur militaire pour l’Ukraine contre la Russie. Des militaires ukrainiens y sont déjà formés en masse, comme l’a rappelé le chef du gouvernement britannique Rishi Sunak lors de la visite de Zelensky :

« Les équipes ukrainiennes arrivées la semaine dernière [au Royaume-Uni] utiliseront les chars Challenger 2 pour défendre la souveraineté territoriale de l’Ukraine le mois prochain. »

Forcément, la Russie est obligée de réagir de manière forte. L’ambassade russe en Grande-Bretagne a immédiatement annoncé à propos de ces futurs envoi d’avions de guerre :

« Je voudrais rappeler aux responsables à Londres: dans un tel scénario, la moisson sanglante du prochain cycle d’escalade sera sur votre conscience, ainsi que les conséquences militaires et politiques pour le continent européen et le monde entier. La Russie trouvera une réponse à toute mesure hostile. »

Les choses sont donc très claires, si tant est qu’elles ne l’étaient pas auparavant. Il n’y aura aucune paix et la guerre va se finir par une terrible défaite, d’un côté ou de l’autre. Pour l’instant, c’est surtout l’Ukraine qui est défaite sur le terrain et qui craint une grande offensive russe dans les prochains jours. Alors le président ukrainien s’active pour forcer les choses et impliquer au maximum les pays européens membres de l’Otan.

En arrière plan, il y a la superpuissance américaine qui dicte la ligne de conduite et exige que soit faite la surenchère contre la Russie.

Le régime ukrainien est ici la marionette idéale, sur une ligne fanatique. Avant son départ pour Londres, Zelensky a par exemple accordé un long entretien au Figaro et au journal allemand Der Spiegel. Il y compare Vladimir Poutine à Hitler, et ce à plusieurs reprises, d’abord implicitement, puis de manière on ne peut plus explicite :

« Honnêtement, je savais par les livres que ce genre d’atrocités et de meurtres de masse existait. Mais je ne pouvais pas imaginer que cela puisse se reproduire dans le monde d’aujourd’hui. »

« Notre peuple n’oubliera jamais. Quand Hitler perdait la guerre, il continuait à bombarder Londres et d’autres villes. C’est pareil avec Poutine. Ce sont les mêmes créatures. Elles ne peuvent pas s’arrêter. »

« J’ai la conviction qu’il ne peut pas arrêter cette guerre. Si l’Ukraine tombe, il poursuivra ses attaques parce que son pouvoir est lié à l’invasion du pays. Le monde a déjà fait l’expérience de ce type d’événement pendant la Seconde Guerre mondiale. Hitler n’était pas seul. D’autres Hitler ont existé dans d’autres pays et à d’autres époques. On ne peut pas stopper ces dragons qui ont besoin de se nourrir. Tu peux leur donner un pays ou un bout de pays pour satisfaire leur appétit mais ils en réclament d’autres. Les radicaux russes demanderont à Poutine de continuer. Ce type de dragon ne peut pas être arrêté par les frontières ou par les Océans. »

Ces propos sont d’autant plus odieux que c’est lui, le président ukrainien, qui est à la tête d’un régime aux valeurs ultra-nationaliste, qui réécrit entièrement l’Histoire dans un sens anti-russe délirant, qui fait systématiquement la promotion du nazi Stepan Bandera…

Mais ce qui compte ici n’est pas la réalité. On est dans le story-telling à l’américaine, avec un discours général politique et diplomatique d’un vide absolu, pas même digne des poubelles que sont réseaux sociaux.

Il faut bien se rendre compte ici que Zelensky est capable de raconter au Figaro et à Der Spiegel que… les Russes « enterrent des gens vivants ». C’est du grand n’importe quoi, mais c’est tout à fait conforme à la guerre psychologique mise en place par la superpuissance américaine qui prépare la 3e guerre mondiale pour bloquer la superpuissance chinoise.

Zelensky est un agent américain, il leur a vendu l’Ukraine et il vient demander aux Britanniques, aux Français, aux Allemands et à tous les Européens de contribuer à la guerre américaine.

La France étant un satellite américain, elle s’aligne. Le Sénat a appelé à ce que l’Ukraine se voit livrée massivement des armes, Emmanuel Macron contribue au militarisme. Dans l’interview au Figaro et au Spiegel, Volodymyr Zelesnky le félicite d’avoir été le premier à mettre en place la livraison de chars à l’Ukraine :

« C’est lui qui a ouvert la porte aux livraisons de chars. Il a aussi soutenu la candidature de l’Ukraine à l’UE. Je crois que c’était un vrai signal. »

Le signal de la soumission à la guerre, au capitalisme nous précipitant dans la destruction. Il faut absolument se mobiliser contre la superpuissance américaine et ses sinistres desseins !

Sabotez la guerre américaine contre la Russie !

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Ukraine : le Sénat appelle à l’escalade

Militarisme à 100%.

Le Sénat a voté une résolution accusant la Russie d’être la cause de tous les problèmes mondiaux actuels, pour lesquels elle doit payer, et demandant à ce que le régime ukrainien se voie livré bien davantage d’armes.

Un texte militariste à 100%, voté par tout le Sénat à part par une mini-opposition portée par le PCF qui se dit… d’accord avec le texte, mais demande aussi un appel à la paix (voir plus bas).

« Texte adopté par le Sénat le 7 février 2023

Résolution exprimant le soutien du Sénat à l’Ukraine, condamnant la guerre d’agression menée par la Fédération de Russie et appelant au renforcement de l’aide fournie à l’Ukraine

Le Sénat,

Vu l’article 34‑1 de la Constitution,

Vu le chapitre XVI du Règlement du Sénat,

Vu la Charte des Nations unies, la Convention des Nations unies du 9 décembre 1948 pour la prévention et la répression du crime de génocide et la quatrième convention de Genève du 12 août 1949 relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre,

Vu le Statut de Rome de la Cour pénale internationale,

Vu l’ordonnance de la Cour internationale de justice du 16 mars 2022 sur les allégations de génocide au titre de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide,

Vu la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies du 14 novembre 2022 qui recommande la création d’un registre pour documenter les dommages causés par l’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine,

Vu l’article 21 du traité sur l’Union européenne,

Vu l’article 196 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne,

Vu le règlement (CE) n° 2580/2001 concernant l’adoption de mesures restrictives spécifiques à l’encontre de certaines personnes et entités dans le cadre de la lutte contre le terrorisme,

Vu les conclusions du Sommet de Versailles des 10 et 11 mars 2022,

Considérant la guerre d’agression menée par la Fédération de Russie contre l’Ukraine depuis le 24 février 2022 ;

Considérant l’ordonnance du 16 mars 2022 de la Cour internationale de justice, appelant la Fédération de Russie à suspendre immédiatement ses opérations militaires contre l’Ukraine ;

Considérant que la Fédération de Russie continue de violer obstinément les principes de la Charte des Nations unies par ses actes d’agression contre la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de l’Ukraine et de violer de manière flagrante et grossière le droit humanitaire international, notamment en prenant délibérément pour cibles des personnes et des biens de caractère civil qui ne devraient pas faire l’objet d’attaques, conformément à l’article 52, paragraphe 1, du protocole additionnel I de 1977 aux Conventions de Genève de 1949 ; que ces crimes sont le reflet du mépris le plus total des règles et des lois de la guerre, comme on a pu le voir, notamment, dans le traitement inhumain des prisonniers de guerre, le recours généralisé à la torture à l’encontre des prisonniers de guerre ukrainiens ou les exécutions sommaires de ceux‑ci, ainsi que le refus de tout accès pour des organisations humanitaires internationales, telles que le Comité international de la Croix‑Rouge ;

Considérant que, depuis octobre 2022, la Fédération de Russie s’attaque délibérément aux infrastructures essentielles de l’Ukraine dans tout le pays dans le but de terroriser la population et de la priver de l’accès au gaz, à l’électricité, à l’eau, à l’internet et à d’autres biens et services de première nécessité, avec des effets catastrophiques ; que l’objectif de ces attaques est de terroriser la population ukrainienne, de saper sa résistance et sa détermination à continuer de défendre son pays, de forcer les Ukrainiens à accepter la puissance occupante et sa tentative illégale d’annexer plusieurs parties de l’Ukraine ;

Considérant que la Fédération de Russie est responsable de la crise mondiale de sécurité alimentaire, du fait de la guerre d’agression qu’elle mène contre l’Ukraine et du blocus des ports maritimes ukrainiens qu’elle impose ; que la Fédération de Russie utilise l’alimentation et la faim comme des armes depuis le début de la guerre ; que les actions délibérées de la Fédération de Russie, notamment la destruction de stocks, la perturbation de la production et l’imposition de quotas sur ses propres exportations de denrées alimentaires et d’engrais ont exacerbé la crise mondiale de la sécurité alimentaire ;

Considérant que la guerre en Ukraine a des conséquences mondiales et appelle une réponse coordonnée à l’échelle européenne et internationale ;

Considérant que les agissements de la Fédération de Russie constituent en outre une menace pour l’ensemble de l’Europe et rendent encore plus nécessaire l’achèvement de l’autonomie stratégique européenne ;

Réaffirme son plein soutien à l’indépendance, à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières reconnues au niveau international par le mémorandum de Budapest de 1994, confirmé par la Fédération de Russie en 2009 ;

Condamne la guerre d’agression menée par la Fédération de Russie contre l’Ukraine ;

Condamne l’utilisation répétée et irresponsable de la menace du recours à l’arme nucléaire par la Fédération de Russie dans la guerre menée contre l’Ukraine et l’occupation de la centrale nucléaire de Zaporijia par les forces russes, qui met en péril la sécurité de l’ensemble de la région ;

Condamne l’appui, y compris militaire, donné par les autorités biélorusses à l’agression de l’Ukraine par la Fédération de Russie, ainsi que la livraison de drones et autres armements par le régime iranien aux forces russes ;

Condamne les simulacres de référendums qui ont conduit à la tentative d’annexion illégitime et illégale par la Fédération de Russie des territoires ukrainiens situés dans les oblasts de Donetsk, Louhansk, Zaporijia et Kherson, ainsi que de la Crimée et la ville de Sébastopol ;

Condamne les attaques et les atrocités perpétrées délibérément par la Fédération de Russie contre la population civile ukrainienne, la destruction de villes et d’infrastructures civiles et d’autres violations graves des droits de l’homme et du droit humanitaire international qui constituent des actes de terreur contre la population ukrainienne et des crimes de guerre ;

Dénonce les actes de torture, les viols, les enlèvements d’enfants, les déplacements forcés, les exécutions et les autres crimes perpétrés par la Fédération de Russie dans le cadre de cette guerre ;

Apporte son soutien plein et entier à l’enquête engagée par le procureur de la Cour pénale internationale sur la guerre menée par la Fédération de Russie contre l’Ukraine, aux travaux de la commission d’enquête relevant du Haut‑Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme ainsi qu’aux organisations indépendantes de la société civile qui s’efforcent de recueillir et de conserver les preuves des crimes de guerre perpétrés par la Fédération de Russie ;

Exige que la Fédération de Russie et les forces qui agissent pour son compte cessent sans délai toutes leurs actions militaires, en particulier les attaques contre des zones résidentielles et des infrastructures civiles, et que la Fédération de Russie retire sans condition la totalité des forces militaires, des forces agissant pour son compte et des équipements militaires de l’ensemble du territoire ukrainien internationalement reconnu et mette fin à ses exactions et à ses actes visant à terroriser la population ;

Invite le Gouvernement et l’Union européenne à favoriser toute initiative destinée à élucider et à juger les faits susceptibles de constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis par la Fédération de Russie afin que l’impunité ne puisse en aucun cas prévaloir ;

Invite le Gouvernement à œuvrer à la mise en place par l’Union européenne et les États membres d’un mécanisme international d’indemnisation et de réparation par la Fédération de Russie, assorti d’un registre international des dommages aux victimes et aux biens, et à collaborer activement avec les autorités ukrainiennes à cet égard ;

Invite le Gouvernement, à titre bilatéral et en lien avec ses partenaires européens, à poursuivre et à renforcer, de manière significative, son soutien politique, économique, militaire, technique et humanitaire afin d’aider l’Ukraine à se défendre contre la guerre d’agression russe et contre les tentatives menées par la Fédération de Russie pour déstabiliser les institutions de l’État ukrainien, miner la stabilité macroéconomique du pays et détruire les infrastructures stratégiques dans les domaines de l’énergie, des communications, de l’eau et des transports, ainsi que les infrastructures civiles dans les domaines de l’éducation, de la santé et de la culture ;

Invite le Gouvernement, en lien avec ses partenaires européens, à poursuivre et à renforcer en particulier les livraisons d’armes à l’Ukraine, dans les domaines identifiés comme les plus nécessaires par les autorités ukrainiennes, si besoin en augmentant le montant des crédits dévolus à la Facilité européenne pour la paix ;

Souligne à quel point il importe de concrétiser rapidement tous les engagements pris, en matière d’assistance militaire et humanitaire notamment ;

Invite le Gouvernement à œuvrer, au sein de l’Union européenne et de la communauté internationale, à renforcer le régime des sanctions à l’encontre de la Fédération de Russie, en identifiant de façon ciblée les domaines dans lesquels elles sont les plus efficaces, et à l’encontre des États biélorusse et iranien qui apportent leur soutien opérationnel à l’agression de l’Ukraine par la Fédération de Russie ;

Invite le Gouvernement, en relation avec ses partenaires de l’Union européenne, à prévenir, à instruire, à poursuivre ou à répliquer, par les moyens appropriés, y compris diplomatiques, à tout contournement des sanctions ;

Invite le Gouvernement et ses partenaires de l’Union européenne à étendre la liste des personnes visées par les sanctions, en la complétant et en l’élargissant à l’ensemble des personnes, groupes et entités impliqués de quelque façon que ce soit dans l’agression de l’Ukraine ;

Invite le Gouvernement à inciter l’Union européenne et les États membres à prendre toute initiative destinée à obtenir l’inscription du groupe Wagner, du 141e régiment spécial motorisé russe (« Kadyrovites ») et de leurs membres sur la liste établie en application de l’article 2, paragraphe 3, du règlement (CE) n° 2580/2001 concernant l’adoption de mesures restrictives spécifiques à l’encontre de certaines personnes et entités dans le cadre de la lutte contre le terrorisme ;

Invite le Gouvernement, avec ses partenaires de l’Union européenne, à renforcer les corridors de solidarité permettant de faciliter l’exportation de denrées en provenance de l’Ukraine et à lutter contre la désinformation et la propagande russes en Europe et dans les pays tiers, en mettant en exergue la responsabilité de la Fédération de Russie dans les conséquences de la guerre ;

Invite le Gouvernement, avec les institutions de l’Union européenne et ses partenaires européens, en lien avec les autorités ukrainiennes, à élaborer sans tarder un plan européen pour la reconstruction de l’Ukraine, assorti des moyens adéquats ;

Invite le Gouvernement à œuvrer au maintien de l’unité de tous les États membres de l’Union européenne dans la réponse qu’ils opposent à la guerre d’agression russe contre l’Ukraine et à user de son influence pour que les pays candidats à l’adhésion à l’Union s’alignent sur la politique de sanctions de l’Union.

On est là dans une soumission totale à la superpuissance américaine. Le Sénat ferait mieux de hisser le drapeau américain à la place du drapeau français. Mais ce n’est pas tout.

Non seulement le Sénat appelle à l’escalade militaire totale en Ukraine, mais en plus le capitalisme français se permet même le luxe d’avoir une mini pseudo opposition militariste.

Les 15 sénateurs du « Groupe communiste républicain citoyen et écologiste » ont voté contre la résolution du Sénat, non pas parce qu’ils sont en désaccord avec le contenu, mais parce qu’il faudrait également parallèlement proposer un appel à la paix.

Les propos du sénateur Pierre Laurent du PCF, qui est d’ailleurs vice-président du Sénat (ce qui en dit long sur son « opposition » au régime), sont limpides :

« Chers collègues, affirmer notre soutien à l’Ukraine contre l’agression militaire de la Fédération de Russie, dénoncer les crimes de Vladimir Poutine, exiger le retrait des troupes russes et le respect de la souveraineté de l’Ukraine, aider militairement et humanitairement l’Ukraine à se défendre et à protéger sa population, c’est indispensable comme nous le disons depuis le premier jour de la guerre.

Mais cela doit aller de pair avec l’impératif de prévenir une guerre généralisée et avec une mobilisation internationale de tous les instants pour stopper le conflit, pour explorer toutes les voies capables de remettre les belligérants à la table des négociations en vue du retour à la paix et à la sécurité mutuelle.

Abandonner l’objectif de la paix au seul profit de l’escalade militaire, c’est abdiquer devant la perspective d’une guerre longue et durable,  toujours plus destructrice, une guerre aux limites inconnues, chaque jour plus proche d’un basculement aux conséquences incalculables.

Ce travail est urgentissime, chers collègues. Ne voyons-nous pas s’accumuler les vents mauvais d’une guerre toujours plus large ? »

C’est là une servitude totale à la guerre. C’est se donner une apparence de gauche pour en réalité épauler le militarisme. Et c’est faire de la démagogie.

Urgentissime, en effet, comme le dit Pierre Laurent? Le site du « Groupe communiste républicain citoyen et écologiste » au Sénat n’aborde même pas la question du vote.

Ni le PCF d’ailleurs en général, et pareil pour La France insoumise. Ils ne parlent pas de la guerre, personne ne parle de la guerre à part agauche.org.

Tous convergent avec le capitalisme, son mode de vie, et donc l’escalade, qui est là devant nos yeux : à quoi cela sert-il de dire qu’on la craint, alors qu’on est en plein dedans?

On est déjà dans la troisième guerre mondiale pour le repartage du monde !

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Ukraine : la tentative américaine de négocier avec la Russie

La question chinoise est à l’arrière-plan.

Les médias ont beaucoup parlé ces dernières 24 heures d’une information marquante. Le directeur de la CIA Williams Burns se serait secrètement rendu à Moscou à la mi-janvier afin de négocier une sortie de crise.

On parle ici du moment où s’est posée la question des chars occidentaux à envoyer à l’armée ukrainienne.

Williams Burns aurait proposé, dit-on, 20% du territoire ukrainien en échange de la paix. La Russie aurait refusé, considérant qu’elle allait l’emporter ; de toute façon, le régime ukrainien entend de son côté aller jusqu’au bout et se débarrasser de la « Moscovie ».

La Maison Blanche a catégoriquement démenti. Le souci est que l’information vient d’un article du Neue Zürcher Zeitung. On parle là d’un quotidien suisse ultra-conservateur qui profite d’une aura majeure dans les pays germanophones. C’est un journal extrêmement bien informé, à destination des élites.

La « NZZ » explique également avoir deux sources différentes jouant un rôle politique significatif en Allemagne. Et, surtout, ce n’est pas une information lâchée au détour d’une brève, il y a tout un panorama de présenté.

Le journal dit les choses suivantes :

– le conseiller à la sécurité Jake Sullivan et le chef de la CIA Williams Burns veulent mettre vite fin à la guerre pour se concentrer sur la Chine (on se rappelle ici que c’était la ligne de Donald Trump) ;

– cet avis est également exprimé par la RAND corporation, un think tank majeur aux Etats-Unis, mis en place par le complexe militaro-industriel en 1948 et disposant de 300 millions de dollars de budget ;

– à l’inverse, le responsable des Affaires étrangères Antony Blinken et le ministre de la Défense Lloyd Austin considèrent qu’il est possible de régler son compte à la Russie et qu’il faut mettre le paquet.

– cela montre qu’il y a des dissensions au sein de la tête des Etats-Unis ;

– le chancelier allemand Olaf Scholz pensait que la ligne Sullivan-Burn l’emporterait, et il voulait éviter donc de donner le moindre tank au régime ukrainien, d’où le fait que, officiellement, le gouvernement allemand… ne sait toujours pas combien l’armée allemande dispose de tanks en état de marche ;

– Olaf Scholz est ici en dissension avec la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock, qu’il a court-circuité dans l’affaire des tanks pour le régime ukrainien ;

– Olaf Scholz s’est fait avoir car l’Allemagne va livrer des chars Leopard qui risquent de se faire détruire alors que les 31 chars américains Abrams proviennent de dépôts et ne seront livrés que dans un an après rafistolage !

On l’aura compris, l’article fait passer Olaf Scholz pour un incapable agissant de manière désordonnée, et c’est le but. La « NZZ » joue ici un rôle pour l’Allemagne qui est le strict équivalent de celui du Canard enchaîné en France. Il s’agit d’informer par la bande pour une remise à plat.

La différence étant bien entendu que le Canard enchaîné prétend être satirique, alors que la « NZZ » représente le maximum du sérieux bourgeois (pour ce qu’il en reste).

Cependant, ce qui compte surtout c’est que la « NZZ » dit ouvertement qu’il y a une dissension stratégique à la tête de superpuissance américaine. La mention de la position de la RAND corporation ajoute un poids majeur à ça.

En l’occurrence, il y a l’étude de 32 pages intitulée Avoiding a long war – Eviter une longue guerre. Rien que la présentation dit tout :

« Une mise en garde importante : cette perspective se concentre sur les intérêts américains, qui s’alignent souvent sur les intérêts ukrainiens mais ne sont pas synonymes de ceux-ci.

Nous reconnaissons que les Ukrainiens ont été ceux qui se sont battus et sont morts pour protéger leur pays contre une invasion russe non provoquée, illégale et moralement répugnante.

Leurs villes ont été rasées ; leur économie a été décimée ; ils ont été victimes des crimes de guerre de l’armée russe.

Cependant, le gouvernement américain a néanmoins l’obligation envers ses citoyens de déterminer comment différentes trajectoires de guerre affecteraient les intérêts américains et d’explorer les options pour influencer le cours de la guerre afin de promouvoir ces intérêts. »

Que dit l’article ? Tout d’abord, que pour la Russie le conflit en Ukraine est existentiel et que s’il le fallait, elle appuierait sur le bouton rouge de l’arme atomique. Les conséquences seraient incalculables et risquent de précipiter les États-Unis dans un emploi forcé de l’arme atomique.

Ensuite, que de toute façon la Russie a ouvert la boîte de Pandore de l’instabilité mondiale et que ce ne sont pas des km2 qui comptent. Si on pouvait geler la situation, ce n’est pas plus mal car l’Ukraine telle qu’elle est actuellement est utilisable, mais pas si elle cède encore du terrain.

Une Ukraine l’emportant totalement, par contre, aboutit à un risque d’engrenage, surtout en raison de la Crimée… Alors que de toute façon, la Russie est affaiblie.

Les États-Unis ont donc tout à gagner de faire en sorte qu’il y ait une armistice, plutôt que tout cela dure, coûte cher et soit risqué. L’article conclut en disant que passer de l’armistice à un accord sera très difficile, mais c’est toujours mieux que de faire durer les choses. Il trouve dommage que le président Joe Biden n’ait laissé aucun espace pour prévoir l’armistice et l’accord à trouver.

Tout cela est fort rationnel. Cependant, objectivement, ce que dit la RAND Corporation a six mois de retard. Désormais, la Russie est obligée de prendre Odessa. Elle ne peut pas se permettre d’avoir confiance en l’Occident et en le régime ukrainien. Elle avait demandé des garanties pendant des semaines avant le début de « l’opération spéciale », elle n’en a jamais eu.

Il ne peut donc pas y avoir de paix. Et, de toute façon, le vrai fond de tout ce qui se passe, c’est la bataille pour le repartage du monde. L’article de la RAND corporation ne le dit pas mais la vraie question c’est la Chine. Celle-ci n’est pratiquement jamais mentionné dans l’article… à part pour dire au passage :

« Au-delà du potentiel de gains russes et des conséquences économiques pour l’Ukraine, l’Europe et le monde, une longue guerre aurait également des conséquences sur la politique étrangère américaine.

La capacité des États-Unis à se concentrer sur ses autres priorités mondiales, notamment la compétition avec la Chine, restera limitée tant que la guerre absorbe le temps des décideurs politiques et les ressources militaires américaines. »

C’est là la ligne de Donald Trump. En fait, c’est une critique de la ligne de Joe Biden, en disant : il fallait maintenir tout cela gelé pour s’occuper uniquement de la Chine, là on se disperse et c’est très mauvais.

Cela reflète une intense bataille dans la haute bourgeoisie américaine, entre deux factions : celle « républicaine » visant la Chine d’abord et surtout voire uniquement, celle « démocrate » voulant d’abord liquider la Russie, voire l’Iran, avant de s’occuper de la Chine.

C’est cela qui explique le voyage à Moscou de Williams Burns. Il s’agissait d’une tentative de calmer la faction « la Chine seulement » en lui donnant un gage, en montrant que l’écrasement de la Russie est la seule voie possible en ce moment.

Cela tangue à la tête de la superpuissance américaine ! Mais quelle que soit la faction qui triomphera, ce sera de toute façon la guerre pour l’hégémonie mondiale.

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L’Union européenne à Kiev pour le compte de l’Otan

Main dans la main contre la Russie.

Le président du Conseil européen Charles Michel, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le président ukrainien Volodymyr Zelensky

L’Union européenne n’est plus qu’une succursale politique de l’Otan, l’alliance militaire de la superpuissance américaine. Fini le pseudo-pacifisme et le pseudo-humanisme européen, tout est balancé par la fenêtre pour prêter allégeance aux États-Unis. Et tant pis pour le long héritage politique et culturel commun avec la Russie.

L’Union européenne est en première ligne dans le soutien au régime ukrainien qui livre une guerre fanatique à la Russie pour le compte des États-Unis. C’est pourquoi ses dirigeants se sont rendus à Kiev vendredi 3 février 2023. Le président du Conseil européen, Charles Michel, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, y ont rencontré le président ukrainien Volodymyr Zelensky, pour ce qui était un sommet entre l’Union européenne et l’Ukraine.

On n’est plus ici dans le simple soutien, mais bien dans la prise de partie directe dans le conflit ; l’Union européenne est ouvertement en guerre contre la Russie. C’est pour cela qu’elle a livré 3,6 milliards d’euros à l’Ukraine depuis février 2022. C’est par exemple plus que le programme « Europe créative», doté 2,44 milliards d’euros (sur 6 ans !), qui est présenté comme le « programme phare de la Commission européenne visant à soutenir les secteurs de la culture et de l’audiovisuel ».

La guerre à la Russie compte bien plus pour l’Union européenne que ne compte la culture européenne. Cela pour la simple raison que l’autorité de tutelle américaine a décidé que l’Union européenne devait supporter le boulet ukrainien. La superpuissance américaine compte récolter les fruits du contrôle de l’Ukraine, mais sans en avoir la charge.

Dociles, les dirigeants européens sont donc venus à Kiev pour faire leurs devoirs. Il s’agissait de discuter des sujets suivants :

  • la trajectoire européenne de l’Ukraine et le processus d’adhésion à l’UE ;
  • la réponse de l’UE à la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine ;
  • les initiatives de l’Ukraine en faveur d’une paix juste et visant à ce que les responsables répondent de leurs actes ;
  • la coopération sur les questions de reconstruction et d’aide et dans les domaines de l’énergie et de la connectivité ;
  • la sécurité alimentaire mondiale.

Ces échanges ont été l’occasion de rappeler le gigantesque effort européen de soutien à l’Ukraine. Car, en effet, en plus des 3,6 milliards d’euros évoqués précédemment, il faut compter en tout 12 milliards d’euros d’après l’Union européenne, en prenant en compte l’aide militaire fournie par les États membres.

Mais cela, ce n’est que ce qui a déjà été dépensé. Pour l’instant, d’après les informations officielles de ce sommet Union européenne – Ukraine :

« Globalement, l’aide promise à l’Ukraine au niveau de l’UE et au niveau des États membres s’élève à ce jour à près de 50 milliards d’euros. »

Pour donner un ordre de grandeur et aider à la comparaison, le déficit du système de retraite français censé justifier la réforme des retraites est de 1,8 milliard d’euros.

On l’aura compris, l’Ukraine compte plus que tout pour l’Union européenne, succursale politique de l’Otan. Alors elle doit vite intégrer l’Union. Voici ce qui est dit dans la déclaration officielle suite au sommet :

« L’UE soutiendra l’Ukraine et le peuple ukrainien contre la guerre d’agression menée par la Russie aussi longtemps qu’il le faudra. Nous avons souligné l’importance historique de la décision du Conseil européen du 23 juin 2022 de reconnaître la perspective européenne et d’accorder le statut de pays candidat à l’Ukraine.

Nous avons réaffirmé que l’avenir de l’Ukraine et de ses citoyens se situe au sein de l’Union européenne. Nous partageons des valeurs communes de démocratie, d’État de droit, de respect du droit international et des droits de l’homme, y compris les droits des personnes appartenant à des minorités, ainsi que de l’égalité des sexes.

L’UE a réitéré son soutien et son attachement indéfectibles à l’indépendance, à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues. »

En d’autres termes, il est question ici de faire en sorte d’arracher l’Ukraine à l’orient, pour l’intégrer totalement à l’occident. C’est ce qui à gauche est généralement appelé de l’impérialisme. Et ici, c’est même de la sous-traitance d’impérialisme, puisque la maison-mère, ce sont les États-Unis.

Tout cela va finir en guerre mondiale, c’est inévitable, alors que dans le même temps les tensions entre les États-Unis et la Chine ne vont que grandir, etqu’il s’agit là de la principale contradiction au niveau mondial. L’Ukraine et l’Union européenne ne sont ici que des pions, face à la Russie qui n’est qu’un obstacle ; ce qui compte en arrière plan est l’affrontement entre la superpuissance américaine et son challenger la superpuissance chinoise.

Qui n’a pas compris que c’était là la principale actualité, que là se joue le sort du monde, n’a rien compris à l’Histoire.

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Bilan du sommet de l’OTAN de janvier 2023 à Ramstein

La guerre frontale ou pas, telle fut la question posée.

La base aérienne de Ramstein en Allemagne est une importante composante du dispositif militaire américain ; elle fut à ce titre la cible d’une attaque à l’explosif par la Fraction Armée Rouge en 1981. C’est sa dimension logistique qui prime et c’est à ce titre que les ministres de la Défense de 54 Etats s’y sont réunis le 20 janvier 2023 à l’initiative de l’OTAN, pour décider de quoi fournir à l’armée ukrainienne.

On parle ici de sommes colossales et d’une masse énorme d’armement. Rien qu’en janvier 2023, la superpuissance américaine a fourni 5,3 milliards de dollars à l’armée ukrainienne – autant que 90% du budget militaire de celle-ci en 2021.

Le Danemark, qui possède 19 canons automoteurs Caesar, a décidé de tous les donner à l’armée ukrainienne. La Suède fournira 12 canons automoteurs Archer.

La superpuissance américaine va contribuer avec une centaine de blindés de transport de troupes Stryker et cinquante-neuf véhicules de combat Bradley. 300 000 obus de 155 mm américains stockés en Israël vont également être envoyés en Ukraine.

Le Canada va envoyer deux-cents véhicules Senator APC, le Royaume-Uni 14 chars Challenger 2 ainsi qu’une une trentaine d’obusiers automoteurs AS-90. Les Pays-Bas sont prêts à fournir des avions F-16.

Cependant, ce dernier point est exemplaire du problème. Pour que l’armée ukrainienne puisse se servir de F-16, il faut des soldats capables de les utiliser, de s’en occuper. La logistique est qui plus est très importante.

C’est pour cela que la superpuissance américaine a dit qu’envoyer des chars Abrams ne servait à rien. En l’occurrence, le turbomoteur de ces chars consomme du kérosène spécial dénommé JP-8. L’armée ukrainienne n’en dispose pas et si elle le remplace par un autre carburant, cela multiplie le nombre de litres nécessaires (2000 au lieu de 600 pour 500 km) en réduisant massivement sa puissance.

Cependant, c’est vrai en fait de tout le matériel perfectionné dont disposent les pays occidentaux : la logistique nécessaire est affreusement complexe. Il faudrait un an pour tout mettre en place.

Or, l’armée ukrainienne n’a pas un an. Il est considéré de manière ouverte que l’armée russe va mener une grande offensive.

La situation à la fin janvier 2023 va dans le sens d’une amélioration générale de l’initiative russe

Le directeur de la CIA William Burns s’est rendu en Ukraine secrètement les 14-15 janvier 2023 pour informer le régime ukrainien de cette évaluation américaine. Le chef d’État-Major des armées des États-Unis Mark Milley dit ouvertement que le but est une position de force ukrainienne pour négocier avec la Russie.

Il faut donc mettre le paquet maintenant ou jamais du point de vue occidental. Et pour cela il n’y a qu’une seule possibilité : que l’Allemagne accepte que des chars Leopard 2 vendus à 13 pays européens à autour de 2 000 exemplaires soient fournis à l’armée ukrainienne.

Or, elle tergiverse. La victoire sur la Russie n’est pas garantie et elle considère que les pertes ukrainiennes ont été particulièrement massives ces dernières semaines. En cas d’échec du régime ukrainien face à la Russie, elle serait la première à payer les pots cassés.

Inversement, le Royaume-Uni qui n’a rien à perdre pousse à fond pour la guerre frontale. Son ministre des affaires étrangères James Cleverley prône l’envoi massif d’armement pour que l’Ukraine « finisse le travail ».

On est là, de manière inévitable, dans les contradictions entre puissances. Le bloc occidental n’est pas unifié – il ne peut pas l’être.

Le sommet du 20 janvier 2023 reflète de manière intéressante ces contradictions. Et ce n’est qu’un début : l’approfondissement de ce type de contradictions va toujours plus prévaloir.

Dans l’état actuel des choses, la situation est la suivante.

L’Allemagne dit qu’elle accepte l’envoi de chars Leopard 2 en Ukraine… si les Etats-Unis envoient leurs chars Abrams et que la France est de la partie. La Pologne est prête à se contenter d’une initiative franco-allemande. La superpuissance américaine pousse les pays d’Europe continentale à y aller seuls.

Le temps presse et il faudra bien qu’une décision soit prise. Dans tous les cas, elle sera aux dépens de la nation ukrainienne, martyre du repartage du monde entre grandes puissances.

Son existence même va être en fait historiquement remise en cause. De par la position allemande actuelle, le découpage en trois zones semble devenir inévitable.

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Politique

Aucune contestation en France contre l’escalade guerrière

L’Histoire avance dans la dépolitisation générale.

Entre le mois d’octobre et le début de l’année 2023 vient de se jouer une séquence politique majeure, qui marque un tournant dans l’implication française pour l’OTAN dans la guerre en Ukraine.

Le 31 octobre 2022, le journal Le Monde publiait une tribune de dirigeants libéraux-atlantistes appelant la France à prendre les devants en assumant en premier de livrer des armes offensives en faveur du régime ukrainien.

Pour les auteurs de cette tribune, représentants de toute une couche d’experts animée par la défense de la superpuissance américaine et dont le point d’ancrage sont les pays baltes violemment anti-russe, la France se devait de prendre l’initiative pour se repositionner correctement dans l’OTAN.

C’est chose faite puisque le 4 janvier 2023, juste après la visite du ministre de la défense Sébastien Lecornu à Kiev, Emmanuel Macron annonçait l’envoi d’une quarantaine de chars AMX10-RC. Cela signifie que la France suit toujours plus les consignes des pays d’Europe de l’est, en fait de l’OTAN, et devient un moteur du bellicisme anti-russe en Europe.

Il n’y a qu’à voir comment l’annonce d’envoi de chars français a été suivi de tout une discussion politique en Europe, de la Pologne à l’Allemagne en passant par Londres et sa décision d’envoyer des chars Challenger II.

Depuis cette annonce qui sonne comme un véritable tournant du fait que ce type d’armes permet de mener des contre-offensives et donc prolonge ouvertement la guerre, il est stupéfiant de noter qu’il n’y a aucune réaction politique, ni à Gauche, ni à Droite.

À gauche, des gens comme Boris Vallaud du PS préféraient rencontrer à la mi-novembre l’Union des ukrainiens de France, dont le président promeut l’interdiction du ballet Casse-Noisette de Tchaïkovski.

Ce qui n’est pas un simple positionnement « tactique » : pour le nationalisme ukrainien, la Russie n’existe pas, c’est une malédiction moscovite.

Lors des manifestations parisiennes de cette même association, parsemée de drapeaux bandéristes et de personnes faisant le salut du parti d’extrême-Droite Svoboda, on retrouve parfois Yannick Jadot, dont le parti EELV est d’un bellicisme fou, mais aussi des drapeaux du NPA. C’est dire…

Mais on ne trouve rien non plus ni du côté de Révolution Permanente, ni du côté de l’ultragauche. À Lutte Ouvrière, on se contente d’un dernier communiqué sur une simple motion, histoire de dire quelque chose, votée le 7 décembre dernier. Depuis, plus rien.

En fait, du côté de l’extrême-gauche, on ne trouve que les maoïstes du PCF(mlm) pour prendre les choses au sérieux et de promouvoir l’engagement anti-OTAN et anti-guerre, comme l’illustre d’ailleurs l’un des articles du numéro 22 de la revue Crise qui anticipait correctement l’impact politique joué par la tribune des libéraux-atlantistes mentionnée plus haut.

Quant à l’extrême-Droite, si prompt à se faire la championne du nationalisme et du souverainisme, chaque jour de plus dans la guerre en Ukraine contribue à la ringardiser.

Il suffit de voir que lors de sa niche parlementaire du 12 janvier, moment où l’on peut mettre au débat n’importe quel sujet, le groupe RN a préféré parler d’exonération des cotisations sociales, de la suppression des zones à faible émission, de la légitime défense des policiers ou encore de l’uniforme à l’école plutôt que des décisions pro-OTAN du cabinet présidentiel.

Le constat est sans appel : l’Histoire se fait en France dans le désert total ou plutôt dans l’acceptation générale de décisions militaristes faites sans aucun processus démocratique, au moins parlementaire.

C’est là le signe d’une profonde dépolitisation dans une démocratie où les principales forces d’opposition ne sont même pas en mesure d’axer leurs interventions sur la véritable actualité qui apparaît donc sous le signe d’un consensus général dont il n’est même pas question de débattre.

Pourtant, depuis la réélection d’Emmanuel Macron, alors même que la guerre en Ukraine n’a jamais été au centre des débats de la présidentielle et des législatives, toutes les décisions concernant le financement ou l’envoi d’armes ne sont jamais passées par l’assemblée nationale.

Le seul moment, formant un nœud de la séquence politique dont il est question ici, a été l’ovation générale au régime ukrainien lors de la rentrée parlementaire début octobre.

Moment qui n’était même pas suivi d’un vote législatif mais seulement d’un débat symbolique en présence de l’ambassadeur du régime de Kiev. Autrement dit, cela n’était là que pour renforcer la légitimité de toutes les décisions militaires prises dans l’ombre du cabinet présidentiel.

Un exemple de propagande : le 17 janvier 2023 Le Parisien parle de bombardements russes à Donetzk, alors que c’est l’armée ukrainienne qui a visé un centre commercial et une zone résidentielle de Donetsk

La Gauche est même incapable de mobiliser sur une chose si simple que la guerre en Ukraine et ses conséquences sur l’augmentation du coût de la vie en France, préférant faire de l’inflation une chose tombée d’on ne sait trop où. Mais il est vrai que pour cela, il faudrait avoir des bases historiques à gauche, de celles qui relient la crise économique à la guerre, et la guerre aux restructurations capitalistes.

Et c’est là que l’on comprend que la protestation contre la réforme des retraites est l’expression du vieux monde. C’est même une actualité qui vient du monde d’avant, d’avant 2020.

Et forcément, plutôt que de s’actualiser, la Gauche française reste dans ses habitudes routinières et elle y met même le paquet. Le constat fait ici dès le mois de mars 2022 d’un militantisme incapable de saisir les changements dans le monde s’avère toujours plus juste.

Et comme l’Histoire travaille dorénavant contre ces vieilles forces militantes, celles-ci redoublent d’effort pour imposer coûte que coûte la réforme des retraites comme la grande actualité. Cela serait même le vecteur d’une politisation à entendre certains, quel délire !

Mais tout le monde y croit, du Figaro jusqu’au Rassemblement national en passant par la NUPES, dans un grand mensonge collectif qui voudrait que l’actualité serait de savoir comment la stabilité sociale va être négociée et conservée dans ce pays.

D’ailleurs, s’il y a vraiment une mobilisation contre les retraites, ce serait la preuve que la société française s’est repliée sur elle-même, pensant que l’on peut encore et toujours raisonner comme ces quarante dernières années. Ce serait une expression de la stabilité capitaliste, nullement de sa remise en cause pourtant bien à l’ordre du jour.

La seule actualité de l’époque, c’est la tendance à la guerre. Il n’y rien en dehors, rien à côté : qui ne met pas les pieds dans le plat reste en dehors de l’Histoire.

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Guerre

La Grèce, poste-avancé de l’OTAN contre la Turquie

La Grèce se militarise pour le compte de l’OTAN.

La Grèce a toujours été un fer de lance de l’OTAN, hier dans sa lutte contre l’URSS, aujourd’hui dans sa défense de l’hégémonie occidentale.

Dès 1947, la Grèce signait un accord bilatéral avec les Etats-Unis pour mettre à disposition toutes ses infrastructures pour le compte de l’OTAN, avant de rejoindre officiellement l’alliance atlantique en 1952…en même temps que la Turquie.

Le bloc occidental était alors concentré sur l’opposition à l’empire soviétique et se devait de maintenir la discipline de ses membres, tous ses membres, y compris donc la Grèce et la Turquie malgré leur opposition historique commencée avec la guerre d’indépendance grecque en 1821 et allant jusqu’à la persécution des Grecs d’Anatolie en 1922.

Mais tout cela est du passé. La situation qui prime dorénavant est la tendance à la guerre et les antagonismes refont surface.

Car si la Turquie était depuis la fondation de la République de Turquie par Mustafa Kemal Atatürk en 1923 un simple satellite des États-Unis, avec des centres urbains modernes dans un océan rural isolé, l’arrivée d’Erdogan au pouvoir à la fin des années 1990 a coïncidé avec une vague de modernisation qui a bénéficié aux gens ayant quitté les campagnes arriérées dans les années 1970.

Cette nouvelle génération de « turcs noirs », en opposition aux « turcs blancs » des grands centres urbains, se trouve en phase avec l’idéologie du parti de la justice et du développement (AKP) qui a su dépasser les vieux mouvements islamistes turcs en maintenant le conservatisme religieux comme levier d’organisation civile tout en acceptant la laïcité comme fondement de l’Etat turc moderne.

Bref, la Turquie n’est plus celle des années 1960, et la vague de modernisation alliée à la mobilisation de pans entiers de la société lui permet de rêver au retour du passé ottoman…et le coup de frein engendré par la pandémie de Covid-19 ne peut que la faire basculer dans l’expansionnisme et le militarisme.

Mais la Turquie reste membre de l’OTAN, tout comme la Grèce, ce qui provoque forcément des remous comme lors d’une réunion de l’alliance de décembre 2020 où les ministres des affaires étrangères grecs, français, des États-Unis et de la Turquie se sont accusés de favoriser les tensions en Méditerranée.

Évidemment, face à cela, la Grèce n’est pas en reste. Sauf qu’à la différence de la Turquie, elle est un pays affaibli par la crise financière de 2008, incapable de défendre seule ses zones d’influences, d’autant plus que l’armée grecque compte un peu plus de 100 000 militaires actifs contre 735 000 en Turquie.

Si la Grèce a annoncé le rallongement de son service militaire obligatoire de 9 à 12 mois dès le mois de mai 2021, avec la perspective de former 15 000 nouveaux soldats, ainsi qu’une augmentation hallucinante de son budget militaire, elle ne peut faire face à la Turquie sans se vendre en découpe à l’OTAN.

Dès 2019, elle signe un accord de mise à jour du partenariat de défense mutuelle avec les États-Unis, revenant en fait à ouvrir les vannes à la présence des forces américaines en Grèce.

En septembre 2020, le secrétaire d’État à la défense Mike Pompeo venait affirmer cet accord, en proclamant au passage qu’il était envisagé le déplacement des forces américaines des bases turcs d’Incirlik et de Kürecik vers la Thrace orientale et la Crète.

Et c’est bien ce qui est en train de se passer. En 2021, le gouvernement de droite grec ouvrait ainsi les portes du port d’Alexandroúpolis dans le Nord-Est de la Grèce, à la frontière avec la Turquie, aux forces américaines.

Un port qui s’est avéré central pour la livraison d’armes occidentales au régime de Kiev ainsi que pour le renforcement des positions de l’OTAN en Roumanie et Bulgarie, après que la Turquie a fermé les détroits de Bosphore et des Dardanelles en vertu de la convention de Montreux de 1936.

En fait, le port est carrément devenu l’une des plus grandes bases américaines en Europe, avec des agrandissements qui lui permettent d’accueillir dorénavant des bâtiments maritimes de gros tonnages. À terme, il doit également se doter d’un système de radar en lien avec la station mère de l’île de Samothrace pour surveiller les détroits de la mer noire dans l’optique de remplacer la station-radar turque de Kürecik.

Heureusement, une partie de la population conteste cette militarisation car cela l’expose directement aux conséquences d’un conflit direct avec la Russie ou la Turquie. Du bon sens pacifiste quand on sait que les avions de chasse turcs violent régulièrement cet espace aérien grec à cet endroit !

Mais au-delà d’Alexandroúpolis, c’est également la base historique de l’OTAN en baie de Souda au sud de la Grèce qui a été modernisé pour y accueillir des drones de combat et de surveillance F-22 et F-35, trois nouveaux avions ravitailleurs essentiels pour les AWACS, ces Boeings E-3A dotés d’un système aéroporté de détection et de contrôle qui sont basés à l’ouest de la Grèce sur la base d’Aktion. Enfin, la base de Souda doit également voir s’installer un radar de veille pour la surveillance de la Méditerranée orientale et de la Mer Égée.

Boeing E-3A AWACS

A cela s’ajoute, les bases aériennes en Thessalie de Larissa et Vólos, qui accueillent respectivement des drones américains MQ-9Reaper spécialisés dans la surveillance et des hélicoptères Apache et Chinook.

En violet : bases grecques modernisées pour l’OTAN, en marron : quelques bases grecques, en jaune : bases militaires mises à disposition des armées françaises, en violet : bases britanniques à Chypre, en vert : base turques de l’OTAN, en bleu : détroits de la mer noire fermés depuis mars 2022

Ce déploiement massif des États-Unis en Grèce est le reflet que l’OTAN prépare la guerre contre une Turquie dont elle pense qu’elle va basculer à terme dans le bloc sino-russe. Une perspective soi-disant justifiée notamment par la décision de cette dernière de se fournir en missiles S-400 russes après le refus américain de lui vendre ses systèmes Patriot.

Un des tournants qui apparaît comme un marqueur historique est la levée par les États-Unis en septembre 2022 de son embargo pesant sur la République de Chypre sur l’exportation d’armes américaines décidé en 1987. Avant de venir en Grèce, Mike Pompeo est d’ailleurs passé par l’île.

Cet embargo servait à geler la situation du conflit entre la Turquie et la Grèce sur cette île de la Méditerranée depuis 1974 où un coup d’État militaire en faveur du rattachement à la Grèce avaient eu pour conséquence l’envahissement par la Turquie de la partie nord de l’île, contribuant à la séparation entre une République de Chypre au sud et une République Turc de Chypre Nord (RTCN), avec en parallèle une partage entre populations turcophones et grécophones.

Au centre de la rivalité gréco-turque du fait de sa place pour l’exploitation des hydrocarbures, l’île est prise en étau entre les partisans ultranationalistes grecs de l’ « Enosis » et l’expansionnisme turc et l’idéologie de la « Patrie bleue », dont la dernière manifestation a été l’intégration de la RTCN comme membre observateur de l’Organisation des Etats turciques en novembre 2022.

A la lumière de ce contexte, il est évident que si les États-Unis réorientent leur implantation militaire vers la Grèce, et surtout de sa partie orientale pour mieux anticiper la séparation avec ses bases en Turquie et son centre de commandement terrestre à Izmir, il y a clairement un partage des tâches occidentales dans la zone.

Ainsi le Royaume-Uni est en charge de la mission européenne du groupe d’intervention littorale fondée sur une capacité de débarquement optimale grâce à l’interopérabilité de ses forces aériennes, maritimes et terrestres.

Pour s’entraîner à ses manœuvres, le Royaume-Uni peut compter sur ses bases de Dhekelia et d’Akrotiri qui s’étalent sur 3 % de son ex-colonie Chypre, portions de territoire sur lesquels il reste pleinement souverain.

La base d’Akrotiri abrite le quartier général des forces britanniques et apparaît comme un lieu central pour les opérations occidentales en Irak, Libye et Afghanistan mais aussi plus récemment dans la guerre en Ukraine.

Elle est tellement centrale que l’état-major britannique a entrepris une vaste modernisation de la base, le commandant adjoint du Commandement stratégique britannique affirmant que le rôle de Chypre était appelé à devenir plus important pour « la sécurité mondiale et notre posture mondiale ».

Mais le rôle principal dans la zone pour le compte de l’OTAN revient à la France. Elle a toujours considéré la Méditerranée comme une de ses chasses gardées, remontant à la percée du Canal de Suez et à l’expédition de Morée au XIXe siècle et allant jusqu’à l’intervention militaire en Libye en 2011 en passant par la forte implication de Nicolas Sarkozy dans le projet d’Union pour la Méditerranée en 2008.

Le pacte d’assistance militaire mutuelle signé entre la France et la Grèce en septembre 2021 illustre le rôle joué par la France dans la zone, avec notamment le renforcement d’exercices interarmées comme l’exercice ARGO22.

Le complexe militaro-industriel français est même aux avant-postes de la construction du « bouclier » méditerranéen grec, avec la livraison de 24 rafales stationnés à la base de Tanagra ainsi que de 3 nouvelles frégates.

A cela s’ajoute l’accord de défense signé entre la République de Chypre et la France à Paris en avril 2017 qui lui donne l’accès total au port de Limassol, faisant de la France le second partenaire militaire de l’île après la Grèce. Une des premières illustrations de cet accord a été la mission Clemenceau 2022 entre février et avril 2022 lors de laquelle le porte-avion Charles de Gaulle a stationné dans la zone, permettant l’exercice aérien conjoint TALOS22 avec la garde nationale chypriote.

C’est pourquoi les pacifistes en France doivent se concentrer sur le conflit gréco-turc, en se focalisant forcément sur la Grèce et les agissements de son régime. Car bientôt la France et la Grèce seront en guerre ouverte pour le compte de l’OTAN contre la Turquie et il faudra assumer ses responsabilités historiques.

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Guerre

Escalade guerrière : la France livre des VMB à l’Ukraine

Non aux livraisons militaires françaises contre la Russie.

C’est Emmanuel Macron qui l’a annoncé à Zelensky : la France va fournir des véhicules militaires blindés AMX-10 RC à l’Ukraine. Ce sera la première fois que ce type de véhicules de fabrication occidentale, selon les standards de l’Otan, seront envoyés en Ukraine. Un nouveau cap est franchi dans la cobelligérance.

La France se fait ici première de la classe en matière de guerre à la Russie pour le compte de l’Otan. Alors que le chancelier allemand Olaf Scholz refusait depuis plusieurs semaines, malgré la pression des Verts et des libéraux dans son gouvernement, l’injonction américaine de livrer des chars à la Russie, Emmanuel Macron a donc été en première ligne…

Et ouvert la voie. Dans la foulée, l’Allemagne a annoncé elle-même l’envoi de VMB de type Marder, alors que la superpuissance américaine enverra ceux de type Bradley.

Les États-Unis jouent ici une partition bien rodée : ils se servent des Ukrainiens pour faire la guerre sur le terrain à la Russie, ils se servent des Européens pour faire la guerre économique à la Russie, ils exigent maintenant des Européens d’aller encore plus loin dans l’implication militaire.

Bonne élève, la France commence donc l’année 2023 en intensifiant son implication dans la guerre à la Russie, une semaine après la visite du ministre des Armées à Kiev. Les chars, s’ils sont de facture assez ancienne, datant des années 1980, et devant être renouvelés dans l’armée française qui en possède 247, sont néanmoins tout à fait fonctionnels.

Dotés d’un canon de 105 mm d’une portée de 2km, d’une capacité de 38 obus à bord, pesant 25 tonnes, ce qui est à considérer comme étant léger, ils sont censés servir de matériel de reconnaissance et d’appui des troupes d’infanterie ukrainiennes, malgré leur difficulté à évoluer en tout terrain du fait de l’absence de chenilles.

La France va livrer également des engins de transport de troupe Bastion, fabriqués par ACMAT. Et cela sans compter les obus d’artillerie antichar français de 155 mm, dotés de sous-munitions EFP d’attaque par le haut guidé par capteurs IR multibandes et LIDAR, qui ont été livrés secrètement à l’Ukraine.

Sans compter qui plus est les postes antichar MILAN-2, que l’on sait maintenant avoir été déployés pour le régiment ukrainien « Kastus-Kalinowski », composé de néonazis biélorusses.

Tout cela fait beaucoup et ne relève plus du soutien. La France est objectivement impliquée corps et âme dans la guerre à la Russie. Elle contribue à la guerre contre la Russie, en faisant appel d’air, comme le montre le fait que l’Allemagne l’a suivie.

Reste à savoir maintenant quand la Russie décidera qu’il en est trop, et assumera que la guerre est déclenchée avec la France, ou alors l’Otan, ce qui reviendra au même. Il n’y a qu’un pas, il ne suffit plus de grand-chose pour en arriver là et déclencher officiellement la 3e guerre mondiale.

Preuve de l’ambiance en Russie, il y a le message de Dmitri Rogozine à l’ambassadeur français. Dmitri Rogozine est une personnalité importante, étant l’ancien chef de l’Agence spatiale russe Roscosmos, qui envoie notamment du personnel dans la Station spatiale internationale.

Ce dernier dirige maintenant un groupe de conseillers militaires en soutien aux séparatistes du Donbass et explique avoir été atteint par une frappe ukrainienne sur un hôtel de Donetsk. Un hôtel au milieu de la ville évidemment, avec une frappe qui a fait plusieurs morts et blessés dont des civils, dont dans l’entourage de Dmitri Rogozine. Et celui-ci a reçu morceau d’obus français au-dessus de son omoplate droite.

Donc, dans une mise en scène qui peut paraître grotesque, mais qui reflète par contre très bien un état d’esprit d’amertume vis-à-vis de la France : il envoie ce morceau d’obus avec son message à l’ambassadeur français.

«Dans cette enveloppe, avec ma lettre, vous verrez un fragment d’obus d’une pièce d’artillerie française de 155 mm Caesar. Il a perforé mon épaule droite et s’est logé dans la cinquième vertèbre cervicale, à un millimètre seulement de différence et il aurait pu me tuer ou de me rendre invalide.

Toutes nos victimes sont sur votre conscience».

Il ajoute alors :

« Je vous demande de remettre le fragment retiré de ma colonne vertébrale par les chirurgiens au président français Emmanuel Macron. Et dites-lui que personne n’échappera à la responsabilité des crimes de guerre ».

Il faut dénoncer, en France, la France et son implication militaire contre la Russie, sinon c’est inéluctablement l’escalade. Tel est le seul et obligatoire mot d’ordre véritablement de gauche.

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2023: l’heure est venue de faire tomber l’occident

Le monde va totalement changer !

Quand on est de gauche de manière sérieuse, on doit avoir en priorité l’Otan en ligne de mire. L’Otan, c’est une architecture politico-militaire pour maintenir stable le capitalisme occidental, et pour assurer son hégémonie.

Qui accepte l’Otan accepte le capitalisme, et converge avec l’hégémonie du capitalisme occidental.

Rien n’est possible tant qu’il y a cette hégémonie. On le voit très bien : il ne se passe rien en France depuis cinquante ans sur le plan de la lutte des classes.

Le capitalisme occidental est tellement en marche qu’il produit une vaste petite-bourgeoisie, qu’il corrompt les prolétaires. Il était tellement en marche.

Car la crise est là désormais, par la pandémie, par l’arrivée de la Chine comme superpuissance, et l’ordre occidental vacille. La décennie 2020 va être celle où le basculement va pénétrer toutes les strates de la société française.

Il faut être en première ligne de ce mouvement historique, et pour ça, il faut considérer l’Otan comme la principale menace, le principal obstacle à une France socialiste.

L’Otan permet en effet de faire pression à l’intérieur de chaque pays, par l’intimidation, par la démonstration de force. Tout le monde sait très bien en France, si jamais la question se pose même, que tout renversement de régime amènerait l’intervention de l’Otan.

Il faudrait déjà surmonter la police, battre l’armée… affronter l’isolement du pays et en plus se confronter à l’Otan. Voilà un non-dit fondamental en France, qui assure à la bourgeoisie sa position de force et annule à la base même les velléités révolutionnaires des prolétaires.

Et pour qu’aucun État ne développe une ligne qui lui soit trop particulière et fragilise l’édifice, l’Otan a toute une série d’exigences institutionnelles, afin de bien encadrer tous les pays dans le giron de la superpuissance américaine.

L’Union européenne elle-même dans ses documents explique que l’Otan est au centre de son système de « sécurité ».

L’Otan, c’est également un moyen d’exercer une pression militaire systématisée contre les concurrents de la superpuissance américaine. L’Otan n’est pas une organisation « défensive », c’est une force militaire visant à la suprématie, jouant un rôle fonctionnel dans la déstabilisation des puissances concurrentes, par exemple en servant de tremplin pour les actions de la CIA.

L’Otan, c’est le bras armé de la superpuissance américaine, avec la France étant une composante de ce bras armé, avec un capitalisme français imbriqué dans le système mis en place par les États-Unis.

Rien n’est possible du point de vue de la lutte contre le capitalisme si l’on dit pas : il faut démanteler l’Otan!

Parce que si on veut changer les choses de manière radicale en France, l’Otan est un obstacle.

Parce que pour rompre même avec les mentalités corrompues de convergence avec son propre capitalisme, il faut souhaiter sa défaite, et pour cela il faut viser l’effondrement de l’hégémonie occidentale.

Et là, les heures de l’hégémonie occidentale sont comptées. La superpuissance américaine tente par tous les moyens de maintenir les choses dans leur stabilité, notamment en utilisant l’Ukraine comme chair à canon. C’est cependant vain, c’est trop tard, l’occident a déjà perdu.

Il faut se lancer dans la vague – pour pouvoir dire demain, j’étais en première ligne hier pour faire tomber l’occident !

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La Conférence bilatérale pour la résilience et la reconstruction de l’Ukraine

Elle s’est tenue à Paris le 13 décembre 2022.

L’Ukraine est devenue un satellite de la superpuissance américaine ; en pratique c’est une colonie. Les nationalistes ukrainiens, qui vantaient la nation ukrainienne, n’ont été dans la pratique que le vecteur de la perte de l’indépendance nationale. La Conférence bilatérale pour la résilience et la reconstruction de l’Ukraine à Paris le 13 décembre 2022 entérine ce fait.

Mais de la même manière, les faits se sont précipités et la France est également un satellite américain. La Conférence bilatérale le montre, puisque la France se voit laisser des miettes en Ukraine… à condition de soutenir entièrement l’effort de guerre au service de la superpuissance américaine.

Cette Conférence a en effet comme organisateur Bruno Le Maire, le ministre français de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique. Ont été présents pas moins de 700 représentants d’entreprises françaises.

L’objectif : faire pénétrer le capital français dans les domaines de la santé, des infrastructures, des systèmes énergétiques, du secteur agricole et agroalimentaire, des technologies et du numérique.

Le principe : l’Ukraine est en ruine, c’est une cible facile qui n’aura pas le choix que de céder entièrement au capital des pays se plaçant sous le parapluie américain.

Mais pour cela il faut raquer. La France doit s’impliquer entièrement dans le soutien au régime ukrainien. Le ticket d’entrée a donc consisté déjà en 200 millions d’euros de « liquidités d’urgence » à l’opérateur national énergétique ukrainien Naftogaz et la société nationale des chemins de fer ukrainiens…

En un prêt de 300 millions d’euros à UkrEnergo qui gère les réseaux électriques ukrainiens… En un prêt de 37,6 millions d’euros pour la fourniture de 20 000 tonnes de rail produits en France par la société Saarstahl pour la réparation de plus de 150km de voies ferrées…

En la fourniture par la France de 25 ponts en kit et de 20 millions d’euros de semences par trois sociétés françaises exportatrices (MAS Seeds, Lideas Seeds, RAGT)…

La Commission européenne va également financer l’achat de 30 millions d’ampoules LED, alors que l’ensemble des pays occidentaux présents à la conférence ont promis de fournir au régime ukrainien 415 millions d’euros qui seront alloués au secteur de l’énergie, 25 millions pour l’eau, 38 millions pour l’alimentation, 17 millions pour la santé, 22 millions pour les transports, avec 493 millions d’euros encore à dispatcher.

Et le régime ukrainien en a profité, bien entendu, pour demander encore plus d’armes, notamment des tanks, en sachant que désormais il n’existe que comme chair à canon. C’est parce qu’il est la principale marionnette de tout cela que le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été choisi comme personnalité de l’année par le magazine américain Time.

Mais l’Ukraine ne peut déjà plus s’en sortir. C’est une nation meurtrie, assassinée en premier lieu par son régime en faisant un jouet de la superpuissance américaine. Les destructions sont immenses ; la femme du président ukrainien, Olena Zelenska, a ainsi affirmé à l’occasion de la conférence la chose suivante :

« Mais comment ressentir tout ce que cette guerre fait à notre pays et notre population ? Comment ressentir ce que signifient plus de 4000 missiles qui ont touché les villes ukrainiennes ? Qu’est-ce que 50 000 missiles lancés en une seule journée contre notre pays ? Que sont 2719 établissements éducatifs touchés ou détruits ? Comment ressentir plus de 1 100 établissements médicaux détruits ou touchés ? Pouvez-vous imaginer la moitié de la France privée d’électricité ? »

Dans un pays à la stabilité déjà extrêmement faible avant la guerre, un tel panorama est catastrophique. Un retour en arrière est impossible.

Et le grand paradoxe historique de tout cela, pour mettre une perspective historique populaire en avant, c’est que si l’armée ukrainienne avait immédiatement perdu la guerre, l’armée russe aurait été mise en déroute par le peuple ukrainien.

Le régime ukrainien mis de côté, rien ne freinait plus la mobilisation populaire ukrainienne, et la victoire militaire russe dans le pays aurait précipité une remise en cause patriotique ukrainienne, que les masses russes auraient elles-mêmes soutenues tellement elles sont proches de l’Ukraine!

Mais tel n’a pas été le scénario et désormais du point de vue russe, l’Ukraine a commis la grande trahison d’avoir choisi l’Occident, la superpuissance américaine. La mise hors de service du réseau électrique à Odessa il y a quelques jours montre qu’il n’y aura pas de pardon et que toute la « Nouvelle Russie » serait conquise par la Russie coûte que coûte.

Pour l’instant, on va en plein dans la direction d’un découpage de l’Ukraine en trois zones, comme le voit l’article du 26 juin 2022 sur le découpage futur de l’Ukraine.

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Politique

La Droite ne peut pas assumer la sortie de l’OTAN (et de l’UE)

Les forces à droite qui proclament cela font de la démagogie.

En France, le gaullisme a été une force de frappe idéologique et politique de très grande importance. Cela a permis à toute une fraction de la haute bourgeoisie de conserver une légitimité patriotique dans les années 1940 tout en étant anticommuniste, pour mieux revenir sur le devant de la scène dans les années 1950.

Le gaullisme c’est une grande synthèse idéologique pour la haute bourgeoisie française, combinant tout à la fois le corporatisme fasciste et le monarchisme dans une Ve République présidentialiste et le côté impérial du « cavalier seul » propre au bonapartisme.

C’est pour cela que les États-Unis se sont toujours méfiés du « mauvais élève » français, notamment lorsque le gaullisme a atteint son apogée dans les années 1960. C’est lorsque les États-Unis étaient engagés en pleine guerre du Vietnam que de Gaulle estime que la France doit sortir du commandement intégré de l’OTAN.

Mais cette politique d’indépendance nationale n’a été possible que parce que le gaullisme avait réussi le virage de la « décolonisation », en fait la transformation de l’empire colonial en zones néocoloniales, et que le capitalisme français connaissait un élan général, marqué par 6 % de croissance annuelle. De cette manière, le gaullisme a pu mettre en place un vaste complexe militaro-industriel notamment fondé sur une dissuasion nucléaire permise par les essais loin de la métropole.

Cet héritage gaulliste qui est devenu ensuite un néo-gaullisme a fourni un corpus politique et idéologique stratégique toujours plus porté par l’extrême droite dans les années 2000.

Le grand tournant a notamment été la réintégration en 2007 de la France dans le commandement intégré de l’OTAN décrétée par Nicolas Sarkozy, mettant fin au néo-gaullisme qui était encore assumé par la Droite comme lors du refus de l’intervention américaine en Irak en 2003.

Depuis la pandémie de Covid-19 qui a miné tous les capitalismes nationaux les faisant se dresser les uns contre les autres dans le cadre d’une nouvelle guerre de repartage impérialiste, l’idée d’une indépendance nationale française en dehors de l’OTAN (et de l’UE qui est une excroissance) est une illusion.

Les fractions minoritaires de la Droite nationaliste qui promeuvent cette stratégie ne font qu’user d’un héritage qui a un écho populaire mais qui restera lettre morte tant le capitalisme français n’a plus les moyens d’une telle orientation.

Car le capitalisme français des années 1960 ce n’est pas celui de 2022 ! Avec 0,5 % de croissance annuelle et un endettement de près de 130 % de son PIB, une société minée par les comportements individualistes-consommateurs, l’appel au retour à la France gaulliste est un mirage qui chante simplement aux esprits nostalgiques.

Comment feront les Philippot, Asselineau et autre Dupont-Aignan pour assurer à la France sa base capitaliste face à la concurrence russe, chinoise et indienne sans l’appui des milliards américains, et surtout de son immense parapluie militaire dans le monde ? Avec le contexte d’inflation généralisé et les ruptures d’approvisionnements en matières premières, que feront ces patriotes pour assurer l’économie capitaliste française ? De quelle illusion se bercent-ils ?

En Italie, Georgia Meloni, supposée être pour la sortie de l’UE, négocie avec Mario Draghi pour constituer un gouvernement technique. Sans les subventions européennes, l’Italie capitaliste s’effondre, de même que sans les 770 milliards de dollars que les États-Unis injectent chaque année dans leur force militaire, l’Italie n’aurait pas les moyens de sa « défense » nationale, et donc de ses parts de marché.

Mais il faut voir aussi comment tous les députés du RN ont applaudi l’ambassadeur ukrainien le 3 octobre à l’assemblée nationale pour se convaincre que ces gens ne sont bel et bien qu’au service de la bourgeoisie et du capitalisme français, qui ne pourra se relancer sans l’appui militaire des États-Unis.

Il ne faut donc pas croire un instant les néo-gaullistes français qui s’imaginent revenir aux années 1960. Le basculement du monde dans la guerre de repartage impérialiste depuis la pandémie de Covid-19, puis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, rend à la Droite nationaliste ce mot d’ordre concrètement impossible, ou si ce n’est par démagogie pour attirer les faveurs d’une partie des gens.

Car dorénavant l’idée d’une sortie de l’OTAN (et de l’UE) n’est plus une simple option de politique internationale sur le mode d’un « choix géopolitique », mais une perspective antagonique avec l’appareil d’État lui-même et tout le mode de vie à l’américaine qui s’est réellement implanté en France à partir des années 1990.

La sortie de l’OTAN, c’est la remise en cause de la superpuissance américaine dans sa capacité à avoir orienté toute l’accumulation capitaliste au sortir de la seconde guerre mondiale, réimpulsée au tournant des années 1980-1990. En 2022, dans les puissances de second ordre comme la France, on ne peut plus vouloir un capitalisme national en dehors des positions fortifiées par les États-Unis.

Et comme on ne peut plus dissocier les deux, alors la sortie de l’OTAN exige en réalité une Gauche historique fidèle au mouvement ouvrier capable d’aller à la rupture pour réorganiser l’ensemble de la base productive. Bref, on ne peut assumer la sortie de l’OTAN si l’on assume pas également le Socialisme : le temps du néo-gaullisme est fini, place à la classe ouvrière et au socialisme.

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Guerre

Parlement : où est la voix du pacifisme à gauche ?

Perdue entre les social-patriotes et les euro-libéraux.

Mardi 26 juillet avait lieu devant la commission de défense de l’Assemblée nationale la présentation du futur projet de loi pour la ratification du protocole d’accession de la Suède et de la Finlande à l’OTAN.

C’est la députée de la majorité présidentielle Natalia Pouzyreff qui en tant que rapporteuse du projet de loi a énoncé devant les différents membres de la commission les enjeux de ces adhésions, reprenant de bout en bout la litanie américaine à propos de la « menace russe » et de la nécessité d’apporter soutien à l’adhésion des deux pays nordiques à l’OTAN.

Après avoir présenté vaguement la « contribution » militaire de ces deux pays à l’alliance atlantique, elle a dévoilé le principal objectif qui est l’ « apport de profondeur stratégique sur le flanc oriental », consistant en fait à accentuer une logique de bloc contre bloc, et donc l’engrenage belliciste.

Les présidents de chaque groupe parlementaire devaient à la suite de cette présentation exposer leurs positions en vue du prochain vote à l’Assemblée nationale le 2 août. La Gauche était en droit d’attendre la défense de positions pacifistes et internationalistes. Or, comme l’ont déjà montré les votes au Sénat des différentes groupes parlementaires de « gauche », rien de tout cela n’est ressorti et la NUPES révèle d’ailleurs ces craquements sur ce sujet si fondamental.

Pour Aurélien Saintoul, président du groupe LFI, il n’a fait que simplement regretter un « mécanisme de polarisation des relations internationales » qui ne serait pas dans l’intérêt des pays nordiques, ni dans celui de la France alors que leur adhésion à l’Union européenne et leur participation aux exercices de l’OTAN suffiraient à les protéger.

Mais le pire est sûrement les propos du député LFI Frédéric Mathieu qui, tout en dénonçant les positions pro-OTAN de la présidente du groupe EELV Anne le Hénanff et plus indirectement celle d’Isabelle Santiago, présidente du groupe PS, également pro-OTAN, fustige ces adhésions car cela renforcerait l’industrie militaire américaine, au détriment du complexe militaro-industriel français (pompeusement dénommé par son nom institutionnel « base industrielle technologique de défense » – BITD).

La paix et la solidarité entre les peuples, dans tout cela ? Pas un mot. La Gauche est inexistante dans cette affaire, puisque l’on a droit à un alignement chauvin sur la France, ou bien une position pro-OTAN, pro-UE par le PS et EELV, ce dernier par la voix de sa présidente Anne le Hénanff reprenant tout l’argumentaire de la propagande anti-russe.

Et malheureusement, comme on en a que trop l’habitude, c’est la démagogie d’extrême-droite qui réussit à dénoncer les arguments pro-OTAN tenus par la majorité présidentielle, même si le groupe préconise une bien timide abstention puisqu’au fond l’idée est surtout de pouvoir tisser une alliance militaire « autonome » avec ces pays nordiques.

Toujours est-il que seul Laurent Jacobelli, président du groupe RN, a rappelé que les deux pays nordiques étaient liés militairement depuis longtemps aux États-Unis, rappelant le « renoncement du programme militaire suédois dans les années 1980 fait en contrepartie d’une garantie d’assistance militaire par les États-Unis » et interprétant ces adhésions comme un « signal belliqueux envoyé à la Russie ».

Pire, bien pire car cela devrait être le B-A-BA d’une position de Gauche en relation avec un rejet franc de ce projet de loi, Laurent Jacobelli a eu ces propos en fin de commission :

N’oublions pas quand même que notre objectif, en tout cas je l’espère mes chers collègues, n’est pas la guerre et madame la rapporteur j’ai été, je le crois, assez étonné, même un peu surpris de vos propos, toujours précis et toujours très clairs, mais vous nous avez expliqué que l’on avait essayé la diplomatie, vous nous avez expliqué que l’on avait essayé les représailles économiques, que tout ça n’avait pas marché et qu’on avait un ennemi qui est la Russie. J’ai très peur de la troisième étape. Donc faisons attention aux éléments qui pourraient laisser imaginer que nous sommes dans une attitude de vouloir la troisième guerre mondiale

Évidemment, il ne faudrait pas tomber dans le piège tendu par l’extrême-droite qui est d’apparaître comme pacifiste pour mieux être populaire. On sait combien le RN souhaite redessiner un axe nationaliste pour la France, en partenariat notamment avec la Russie.

Et c’est cela qui est inquiétant car sans une dénonciation ferme du bellicisme pro-OTAN sur une base internationaliste, c’est un mauvais substitut qui triomphera dans une partie de l’opinion publique, à savoir le fascisme… Espérons que les députés PCF, visiblement absents lors de cette présentation à la commission, assumeront cela lors des débats à l’assemblée nationale le 2 août.

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Guerre

« La Russie ne peut ni ne doit gagner la guerre »

Les choses vont vites et l’emballement est total.

Il y a quelques jours encore, on pouvait voir une sorte de relâchement sur la question de l’Ukraine, avec une acceptation relative de la partition exigée par la Russie et l’idée de simplement faire durer le conflit pour affaiblir la Russie à terme.

C’était évident sur le plan international que le président français Emmanuel Macron avait le rôle de celui voulant maintenir une fenêtre de dialogue avec la Russie, laissant la place à de possibles accords entre l’OTAN et la Russie sur la question ukrainienne (quitte à ne pas respecter ensuite les engagements pris).

C’est bel et bien fini, la superpuissance américaine considère maintenant qu’il n’y a plus le choix et qu’il faut braquer directement les canons contre la Russie. Le sommet de l’OTAN, ouvert mardi 28 juin 2022 à Madrid par un dîner avec l’infâme roi d’Espagne, va être historique.

Dans un tel contexte, on n’insistera jamais assez sur l’importance de se mobiliser en affirmant fortement les principes : non à la guerre, non à l’OTAN. C’est ici qu’une initiative comme Rosa la gazette anti-guerre va être très utile. Car il va falloir mobiliser face au rouleau compresseur de la guerre. Par tous les moyens.

Et donc, pour donner le ton question rouleau compresseur, le président français a radicalement changé sa ligne depuis Essen en Allemagne mardi 28 juin 2022, avant de s’envoler pour Madrid dans la soirée. Pour lui, « la Russie ne peut ni ne doit gagner la guerre ».

Voilà qui annonce la couleur, alors qu’il va être question pour l’OTAN d’inscrire dans son nouveau « Concept stratégique » que la Russie constitue une menace directe pour sa sécurité. La diplomatie américaine a déjà donné les contours du sommet, où les « alliés » sont invités à venir entendre qu’il va falloir fournir « un effort supplémentaire ». Et « même la France », a-t-il été précisé, à en croire le Figaro.

Et même la Turquie, faut-il ajouter également. Car une annonce décisive a été faite juste avant le sommet de l’OTAN : la Turquie qui bloquait les candidatures suédoise et finlandaise à l’OTAN depuis mi-mai a signé un mémorandum d’accord levant ce blocage. Tout le monde est donc prié d’arrêter ses compositions personnelles et de s’aligner totalement sur les exigences américaines d’affrontement avec la Russie.

De son côté, la Russie ne compte certainement pas relâcher la pression. Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a réaffirmé sa volonté de voir l’Ukraine déposer les armes dans « toutes les conditions fixées par la Russie ». Et s’il faut pour cela aller contre l’OTAN, la Russie laisse entendre qu’elle assumera.

L’ancien président russe Dmtri Medvedev, actuel vice-président du Conseil de sécurité de Russie et dirigeant du parti Russie unie de Vladimir Poutine, a déclaré par exemple qu’il était hors de question qu’il soit touché à la Crimée (comme le réclame le régime ukrainien), et que si celle-ci était attaquée, alors « ce sera la troisième guerre mondiale ».

Voilà l’état du monde, fin juin 2022, à la veille d’un sommet historique de l’OTAN. Où est la Gauche, pour s’y opposer, pour alerter l’opinion et éduquer les esprits les plus affûtés ? Il y a urgence !

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Guerre

Escalade de la guerre en Ukraine avec la Roumanie, la Moldavie, la Finlande et la Suède

L’OTAN considère qu’elle peut faire tomber la Russie.

Le régime ukrainien est formel : il considère ouvertement qu’il est en mesure d’infliger une sévère défaite à la Russie. Ce point de vue est également assumé par la superpuissance américaine, dont le régime ukrainien est une marionnette. Le 24 avril 2022, il y avait d’ailleurs la visite à Kiev du secrétaire à la défense américain Lloyd Austin et du secrétaire d’État américain (soit l’équivalent du ministre des Affaires étrangères) Antony Blinken.

L’armée ukrainienne opère de manière entièrement dirigée par l’OTAN et c’est pratiquement assumé en tant que tel. Pour preuve de cela, il est tout à fait clair que l’Ukraine est en train de rejoindre l’Union Européenne à marche forcée. Naturellement, une fois que cela sera fait, l’intervention russe reviendra de fait à un affrontement avec un État de l’Union Européenne, ce qui permettra d’autant plus l’escalade.

Il y a également la demande, considérée comme plus ou moins imminente, de l’adhésion à l’OTAN par la Finlande et la Suède, de manière conjointe, avec la superpuissance américaine et le Royaume-Uni proposant un soutien militaire dans la foulée de la demande d’adhésion, avant une intégration là encore à marche forcée dans l’OTAN.

Enfin, alors que la Pologne a remis, sans dire combien, des chars à l’Ukraine, il apparaît fort probable que la Roumanie a envoyé des forces militaires en Moldavie, en les maquillant comme des soldats moldaves, pour faire de ce pays un nouveau front anti-Russie. La Moldavie, une ancienne république soviétique, a en effet deux particularités : tout d’abord, elle n’est pas membre de l’OTAN, ensuite elle fait face à une petite région séparatiste pro-Russie, la Transnistrie.

Il y a d’ailleurs eu le 25 avril 2022 une attaque au lance-grenades contre le ministère de la Sécurité publique en Transnistrie, reflet de la tension actuelle, alors qu’il est tout à fait évident que l’établissement d’une « Nouvelle Russie » dans le Sud de l’Ukraine aboutirait, concrètement, à la Transnistrie.

On est ici dans une situation où la guerre en Ukraine est partie pour être une guerre prolongée, avec des implications militaires toujours plus grandes de part et d’autres. Cela semble confirmer la conception selon laquelle on a en fait une véritable guerre conventionnelle dont la forme est précisément d’éviter l’emploi de l’arme atomique.

Parce que là, on est lancé dans une démarche qui fait que la guerre en Ukraine va durer au moins jusqu’à l’été, voire littéralement pendant une année, ou en fait même plus, car on est dans une situation de crise, et on a donc un phénomène nouveau, propre à notre époque nouvelle.

D’ailleurs, s’il est beaucoup parlé de la date du 9 mai comme fête russe de la victoire sur le nazisme, avec la possibilité du début d’une sorte de fin négociée du conflit, il y a bien plus la possibilité que la Russie annonce plutôt son entrée officielle en guerre, lançant une mobilisation totale pour écraser l’Ukraine.

Car il ne faut pas perdre cet aspect essentiel. La Russie a réussi à lancer une guerre conventionnelle, en contournant l’opinion publique par une « opération spéciale », et sans modifier de manière centralisée son régime et son économie, comme c’est normalement le cas pour une guerre. La réussite du lancement d’une telle guerre peut très bien, en ce sens, devenir un tremplin nécessaire pour une entrée dans une guerre complète.

Cela montre l’importance de la guerre en Ukraine, annoncée ici sur Agauche.org depuis avril 2021, analysée en profondeur de manière régulière depuis. Chaque jour qui passe fait qu’on est en fait déjà dans une sorte de troisième guerre mondiale prolongée, propre à la situation historique.

La France, qui a notamment fourni à l’Ukraine des des obusiers automoteurs de 155mm Caesar, des missiles anti-aériens Mistral et des missiles anti-chars Milan, est ici en seconde ligne, juste derrière la superpuissance américaine et le Royaume-Uni, mais l’élection présidentielle étant désormais passée, les choses vont ici encore s’accélérer.

La France, exaspérante dans sa nature amorphe pétrie dans la société de consommation, n’échappera pas, de par sa nature de grande puissance lancée dans la bataille pour le repartage du monde, à l’instabilité provoquée par l’escalade militaire.

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Guerre

Déclaration du réseau « Non à la guerre – Non à l’OTAN » sur le nouvel agenda OTAN 2030

Le réseau formé en 2008 appelle à refuser la guerre et l’OTAN, au nom de la solidarité entre les peuples. Il dénonce le nouvel agenda de l’OTAN.

Le réseau Non à la guerre – Non à l’OTAN condamne les propositions pour un nouvel agenda de l’OTAN, exposées dans OTAN 2030: Unis pour une nouvelle ère . Ce rapport présente un dangereux plan d’expansion qui augmentera les tensions et les risques de guerre. Le voici :

 » Introduction

En 2020, le secrétaire général de l’OTAN, Stoltenberg, a chargé un groupe de 10 « experts » de réfléchir à l’avenir de l’OTAN. Dans leur rapport OTAN 2030:Unis pour une nouvelle ère, ils présentent 138 propositions censées aider l’alliance militaire à relever les principaux défis de la prochaine décennie. Le rapport, bien qu’il n’ait pas encore été officiellement adopté par l’OTAN, sera utilisé pour inspirer le prochain sommet de l’OTAN qui se tiendra à Bruxelles plus tard cette année.

Principes de la démocratie

Le document réitère l’affirmation propagandiste selon laquelle l’alliance est basée sur « les principes de la démocratie, de la liberté individuelle et de l’État de droit… pour promouvoir la stabilité et le bien-être dans la région de l’Atlantique Nord ». 

En réalité, l’histoire de l’OTAN est trempée de sang. L’alliance militaire et plusieurs de ses États membres ont contribué à déclencher des coups d’État et soutenu des dictatures. Ils ont mené des guerres dans le monde entier, déstabilisant des pays tels que l’Algérie, le Vietnam, les Balkans, l’Afghanistan, l’Irak et la Libye, avec pour conséquences des millions de victimes innocentes et ce qu’on appelle les « États défaillants ». Le nouvel agenda continuera la guerre sans fin.

Chine + Russie – ennemis désignés

OTAN 2030 développe une vision du monde en termes de menaces, avec pour objectif principal de légitimer le réarmement et l’expansion militaire mondiale, alors même que l’OTAN et ses États membres sont souvent responsables de nombre de ces menaces. 

Le rapport utilise un langage hostile stigmatisant la Chine et la Russie en tant que « rivaux systémiques » avec des recommandations qui mèneront à une confrontation croissante. Bien qu’il n’y ait aucune menace immédiate de la part de l’un ou l’autre de ces pays, l’OTAN intensifie sa propagande pour justifier l’augmentation des dépenses militaires, alors même que la pandémie COVID-19 a un impact énorme sur les budgets des gouvernements.

OTAN 2030 regorge d’images désignant l’ennemi, diabolisant avant tout la Russie et la Chine. Des solutions non militaires sans domination ni agression sont impensables pour l’OTAN. Cela vaut y compris pour les défis tels que le changement climatique, la perte de la biodiversité et la protection de l’environnement.

Armes nucléaires, TNP et TIAN

Tout en se déclarant du bout des lèvres en faveur de la maîtrise des armements, le rapport insiste sur la nécessité de la dissuasion et du maintien des armes nucléaires, préconisant la revitalisation des accords de partage nucléaire en tant qu’élément essentiel de la politique de dissuasion de l’OTAN. L’OTAN exige que ses membres s’engagent dans un partage de la charge du nucléaire. 

Trois membres de l’OTAN, les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, possèdent des armes nucléaires et modernisent leurs arsenaux. Cinq membres de l’OTAN, l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, l’Italie et la Turquie, hébergent des armes nucléaires américaines sur leur territoire.

Le réseau Non à la guerre – Non à l’OTAN s’oppose à la politique d’armement nucléaire de l’OTAN en violation des engagements de désarmement nucléaire du TNP et condamne la campagne de désinformation de l’alliance contre le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN). 

Un plan doit être élaboré, sur la base de négociations à court terme, pour œuvrer en faveur d’une zone dénucléarisée en Europe, étape importante vers un monde sans armes nucléaires. 

Les États membres ne devraient pas se laisser intimider par l’OTAN et ses États-membres dotés d’armes nucléaires pour ne pas signer le TIAN. C’est une honte que l’Alliance empêche ses membres d’adhérer au Traité.

UE et OTAN

Bien que certains membres de l’UE s’en tiennent à une politique de neutralité et ne soient pas membres de l’OTAN, le rapport suggère un approfondissement des liens institutionnels avec l’UE dans le domaine militaire. 

Les capacités de défense européennes indépendantes complémentaires et les actions militaires alignées sur les objectifs de l’OTAN sont encouragées comme contribution au programme de partage des coûts qui renforce la puissance militaire de l’OTAN. L’objectif de dépenser 2% du PIB à des fins militaires est partagé par l’OTAN et l’UE.

Sécurité

Le réseau Non à la guerre – Non à l’OTAN rejette l’approche militariste de la sécurité telle qu’exprimée dans le rapport OTAN 2030 ; cela détourne des milliards de dollars vers l’armement et l’expansion militaire et ne fera qu’augmenter la probabilité d’une confrontation militaire. Notre société a besoin de désarmement, de diplomatie et de coopération, d’investissements dans la santé, les services sociaux et les mesures pour éviter le changement climatique. 

Seuls un système de sécurité globale comprenant des accords diplomatiques conclus avec la Russie et la Chine sur le désarmement, des mesures de confiance et la coopération économique et politique peuvent apporter une paix juste et durable. 

L’UE ne doit pas être réduite à n’être qu’ une branche de l’OTAN. En collaboration avec ses États membres, elle devrait mener une politique de sécurité autonome, pacifique et démilitarisée, fondée sur les principes de l’Acte final d’Helsinki.

2% du PIB et complexe militaro-industriel

OTAN 2030 confirme que l’OTAN est une alliance de guerre qui sert les intérêts du complexe militaro-industriel, et non ceux du peuple. Elle n’apportera pas de sécurité humaine. 

Le réseau Non à la guerre-Non à l’OTAN appelle à l’abrogation de la norme des 2% pour les dépenses militaires et de l’obligation d’armement (20% des budgets militaires) – décidée de manière antidémocratique lors du sommet de l’OTAN au Pays de Galles. Au lieu de cela, ces ressources doivent être utilisées pour combattre la pandémie du COVID-19 et pour renforcer la sécurité humaine en général. 

La demande de l’OTAN d’augmenter les dépenses militaires empêche les pays d’investir de manière adéquate dans la santé, les services sociaux et l’action climatique. Le désarmement est le défi central.

Dissolution de l’OTAN et renforcement de l’ONU

Le réseau Non à la guerre – Non à l’OTAN continuera d’agir pour la dissolution de l’OTAN. Il s’emploiera à renforcer l’ONU, ainsi que les institutions civiles régionales, dans la recherche de plates-formes internationales compétentes pour le règlement des conflits, la sécurité commune et le développement durable.

En conséquence, le réseau Non à la guerre – Non à l’OTAN rejette fermement OTAN 2030. En détournant l’attention et les ressources vers la militarisation, OTAN 2030 empêchera également la communauté internationale d’atteindre les objectifs climatiques urgents de l’Accord de Paris et les objectifs de développement durable des Nations Unies d’ici 2030.

Nous avons besoin de la solidarité mondiale et d’une coopération internationale pour résoudre nos défis communs: la pandémie, l’urgence climatique et les inégalités. 

Avec la diplomatie, le désarmement et le développement durable dans le cadre du système des Nations Unies, il n’est nul besoin de cette alliance militaire anachronique dominée par l’hémisphère occidental. Nous continuons d’appeler à la dissolution de l’OTAN. »