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Quelques questions à Martine Segalen, ethnologue opposée à la GPA

L’examen du projet de loi bioéthique, qui inclut l’ouverture de la PMA à toutes les femmes, a commencé ce mardi 24 septembre à l’Assemblée nationale. Nous avons posé quelques questions à Martine Segalen, spécialiste de la sociologie de la famille, connue pour son engagement féministe contre la GPA et s’interrogeant sur l’ouverture de la PMA aux femmes seules et aux couples de lesbiennes.

Martine Segalen est professeure émérite à l’université de Paris Nanterre et membre du LASCO (Laboratoire d’analyses socio-anthropologiques du contemporain). Elle a dirigé la revue Ethnologie française et a publié plusieurs ouvrages parmi lesquels A qui appartiennent les enfants ?, Eloge du mariage ou Sociologie de la famille (9e edition avec Agnès Martial)

– Pour quelles raisons avez-vous émis des réserves à l’extension de la PMA ?

« Il y a 50 000 raisons, mais ce que j’avais mis en avant et qui me frappait, c’est que l’État fabrique un enfant sans père, ce qui est assez fort du point de vue du droit. Par ailleurs, le grand problème est celui de la dérive vers la technicisation du corps humain, sujet que Sylvianne Agacinski (auteur de L’Homme désincarné [2019], NDLR) a bien traité. Mais, j’ai le sentiment que lutter contre la PMA n’a pas de sens, car on voit bien que c’est un projet politique qui va se faire. Là où vraiment on essaiera de retrousser ses manches, c’est pour l’étape d’après, la GPA. »

– Vous avez affirmé récemment que la procréation est devenue un marché et que cet élargissement de la PMA pourrait être utilisé pour demander l’accès à la GPA au nom de l’égalité. Vous voyez un lien direct entre PMA et GPA ?

« En effet, il faudrait être sourd et aveugle pour ne pas s’en rendre compte avec les matraquages médiatiques récents, qui nous expliquent toujours que la GPA c’est merveilleux et qu’on fait ça dans les meilleures conditions et que les enfants sont très heureux. D’ailleurs le bonheur des enfants n’est pas en question, c’est quand-même leur mode de production qui pose question. »

– Pensez-vous que l’extension de la PMA va bouleverser les modèles familiaux ?

« Je ne dis pas que c’est un bouleversement du modèle familial, je reconnais que maintenant il y a énormément de formes familiales. Un modèle familial unique d’ailleurs, il n’y en a jamais eu. Au cours du temps, les modèles familiaux comme vous dites sont extrêmement divers et depuis que la famille change, avec le divorce, les recompositions familiales, le non-mariage, etc., il y a longtemps que tous les sociologues sont d’accord pour dire qu’il n’y a pas de définition unique de la famille et que le modèle dit bourgeois a disparu.

On pouvait tenir le discours du bouleversement dans les années 1980 ou 1970 en se référant aux années précédentes, mais depuis il y a eu suffisamment de changements familiaux pour dire qu’il n’y en a pas.
Par ailleurs, le fait de faire élever des enfants par deux personnes du même sexe, ce n’est pas du tout non plus un bouleversement familial. J’ai déjà écrit cela depuis longtemps, quand on travaillait sur les grand-parents. Jean-Paul Sartre et tant d’autres gens ont été élevés par une grand-mère et une mère, une mère et une tante, etc. Je récuse donc les mots de bouleversement familial. Pas plus que le mariage pour tous, je ne pense pas que cela va bouleverser la société. »

– L’opposition à la PMA est surtout le fait de mouvements liés à la Droite et aux catholiques. Selon vous, pourquoi la Gauche a-t-elle abandonné ces thèmes ?

« J’ai lu cela quelque part : ce sont des procréations médiatiquement assistées ! C’est-à-dire que les médias n’arrêtent pas depuis des années de travailler l’opinion, les mouvements LGBT nous montrent que c’est normal, que c’est un progrès, qu’il y a eu l’évolution depuis la famille patriarcale jusqu’à l’homoparentalité, tout ça c’est des progrès. Discours donc soutenus par la gauche qui réfute toute critique ou repousse toute contestation.

C’est vrai que c’est plus de liberté, ce sont des libertés nouvelles, des occasions, des opportunités ouvertes bien entendu aux couples homosexuels femmes pour l’instant. Donc, s’il y a plus de libertés, c’est un progrès ; c’est vrai que c’est un progrès pour ces couples-là mais est-ce que ça veut dire qu’on est « progressiste » ? Quand on est de gauche, on est forcément progressiste, donc les autres sont forcément réactionnaires. Ainsi la gauche a du mal à se placer à contre-courant, même s’il existe quelques paroles courageuses.

Cependant, il y a des murmures, qu’on n’entend guère mais par exemple, j’ai surtout travaillé dans le cadre d’actions contre la GPA et il y a des gens qui sont écolos qui pensent que PMA, puis GPA, sont tout à fait contraires aux valeurs du mouvement écologiste. Mais pour l’instant, si on est de gauche et qu’on dit qu’on est contre la PMA, on va être mis au banc de la société de gauche et de la société des médias.

J’ai fait tout un travail, qui n’est pas publié, sur Le Monde et les articles du Monde dans les années 1980. C’était au moment de la naissance de la petite Louise Brown, d’Amandine et de toutes les avancées technologiques en matière de reproduction. Il y avait une prise de parole dans le Monde qui était très forte de la part de médecins, de philosophes qui en tout cas posaient des questions en termes philosophiques et éthiques, qu’on n’entend absolument plus aujourd’hui. C’est très curieux et maintenant il n’est plus question que de répondre aux désirs puisqu’on peut les satisfaire. »

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Les réserves de l’Académie de médecine sur l’extension de la PMA

Alors que le débat sur le projet de loi de bioéthique incluant l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) doit s’ouvrir à l’Assemblée nationale, l’Académie de médecine s’est invitée à la discussion en publiant samedi 21 septembre 2019 un document très critique.

L’Académie de médecine a produit un Rapport sur le Projet de loi relatif à la bioéthique dans lequel elle émet notamment de larges réserves au sujet de la PMA, dénommée AMP (Aide médicale à la procréation, le terme utilisé par les médecins). Il est considéré que « la conception délibérée d’un enfant privé de père constitue une rupture anthropologique majeure », affirmant même que la disposition du projet de loi est « contraire à la Convention internationale des droits de l’enfant de 1989 ».

La ministre de la Santé Agnès Buzyn a réagit en considérant que le propos était « peut-être daté », mais sans argumenter sur le fond. Le gouvernement a en effet tout fait pour éviter un débat de société sur une question pourtant d’une grande importance.

L’Académie de médecine rappelle des choses essentielles, alors que l’ultra-libéralisme veut tout réduire à l’état de marchandise. Voici un long extrait du rapport concernant le Titre I du projet de loi de bioéthique, au sujet donc de la PMA, mais aussi de l’autorisation de l’autoconservation des ovocytes :

« POSITIONS DE L’ACADEMIE NATIONALE DE MEDECINE sur le titre I

1)
Pour l‘ANM [Académie nationale de médecine, NDLR] l’extension de l’AMP aux couples de femmes et aux femmes seules relève davantage d’une loi sociétale s‘inscrivant dans la suite des lois sur le Pacte civil de solidarité et du Mariage pour tous, que de la loi de bioéthique dans la mesure où les techniques utilisées sont anciennes et ne soulèvent pas de nouvelles questions d’ordre médical. S’agissant, selon elle, d’une mesure à caractère sociétal et au-delà des convictions de chacun, l‘ANM ne s’estime pas à même de donner un avis hors du champ de ses missions. En revanche, elle se sent impliquée et estime de son devoir de soulever un certain nombre de réserves liées à de possibles conséquences médicales.

L’ANM reconnaît la légitimité du désir de maternité chez toute femme quelle que soit sa situation, mais elle veut souligner que si l‘invocation de l’égalité des droits de toute femme devant la procréation est compréhensible, il faut aussi au titre de la même égalité des droits tenir compte du droit de tout enfant à avoir un père et une mère dans la mesure du possible.

Sur ce point, il y a donc une rupture volontaire d’égalité entre les enfants. A ce titre, la conception délibérée d’un enfant privé de père constitue une rupture anthropologique majeure qui n‘est pas sans risques pour le développement psychologique et l’épanouissement de l’enfant.

L’argument régulièrement avancé pour rejeter le risque pour l’enfant se fonde sur certaines évaluations, essentiellement dans quelques pays anglo-saxons et européens, faisant état de l’absence d’impact avéré sur le devenir de l’enfant.

L’ANM ne juge pas très convaincantes ces données au plan méthodologique, en nombre de cas et en durée d’observation sur des enfants n’ayant pas toujours atteint l’âge des questions existentielles. Quoi qu’il en soit, l’ANM rappelle que l’incertitude persiste sur le risque de développement psychologique de ces enfants au regard du besoin souvent exprimé de connaître leurs origines. Cela conduit donc à souhaiter qu’il y ait des études en milieu pédopsychiatrique à partir d’enfants privés de pères, parmi lesquels ceux issus de l’AMP pour des femmes seules ou en couples.

Cela permettra d’évaluer le devenir de ces enfants au nom du principe de précaution si souvent évoqué pour des sujets d’importance moindre. II apparaît, à l’ANM que cette disposition est contraire à la Convention internationale des droits de l’enfant de 1989, ratifiée par la France. Celle-ci mentionne le droit de l’enfant à connaître ses parents en insistant sur le «bien de l’enfant » comme sur son «intérêt supérieur». De fait, on quitte le domaine de la vraisemblance puisque deux parents du même sexe ne suffisent pas pour donner vie à un enfant. Il s’agira pour la première fois de permettre à deux femmes d’être les deux mères d’un même enfant. Pourtant, l’existence de deux mots distincts, père et mère, signifie que l’un ne peut se substituer à l’autre car le rôle des mères et des pères ne sont pas équivalents.

L’ANM estime que, de plus en plus malmenée par les évolutions sociétales, la figure du père reste pourtant fondatrice pour la personnalité de l’enfant comme le rappellent des pédopsychiatres, pédiatres et psychologues qui demeurent dans leur majorité pour le moins réservés sur cette innovation radicale. A la différence notoire des situations subies par certaines familles monoparentales, des réserves médicales sont également exprimées sur l’extension de la procréation volontaire aux femmes seules en raison de l’observation d’une vulnérabilité, source d‘anxiété et de fragilité maternelle avec des couples mère/enfant qui peuvent être pathologiques comme cela a été souligné lors des auditions par la commission spéciale à l’Assemblée nationale. Dans tous les cas d’extension de l’AMP, on ne peut méconnaître la question de l’altérité et celle de la différence homme-femme.

2)
Concernant la question de l’anonymat du donneur, l’ANM rappelle que ce choix fait par les CECOS dès le début de l’Insémination artificielle avec sperme de donner (lAD) a été régulièrement rediscuté. On sait, désormais, que le maintien de l’anonymat a suscité chez un certain nombre d’adolescents ou jeunes adultes connaissant leur mode de conception, le besoin de rechercher leur géniteur et leurs origines biologiques.

Cette quête pouvait même devenir obsessionnelle et nuire à leur épanouissement comme à leur équilibre psychologique, ce qu’on ne peut ignorer. En outre, l’accès de plus en plus facile au séquençage de son génome et aux réseaux généalogiques sur internet a déjà permis à certains de retrouver leur géniteur ou des demi-frères ou demi-soeurs. La nécessité de faire évoluer le processus est donc légitime. Les dispositions proposées dans le projet de loi permettant d’accéder à des données non identifiantes sont satisfaisantes et peuvent être utiles sur le plan médical.

Quant à l’accès à l’identité du géniteur lui-même, il sera rendu possible à la condition que celui-ci y consente au moment de la demande d’accès. Un dispositif semblable à celui du Centre National d’Accès aux Origines Personnelles (CNAOP) créé en 2002 pour répondre au même besoin exprimé par les enfants nés sous X de mère anonyme, sera organisé pour guider les demandes. L’ANM est favorable à une telle évolution maîtrisée vers l’accès aux origines. Elle observe néanmoins que 75% des candidats au don de sperme sont pour le maintien total de l’anonymat et pourraient revenir sur leur intention initiale en cas de sa levée, même partielle.

Sur ce point, l’ANM veut souligner l’actuel équilibre fragile entre donneurs et couples hétérosexuels infertiles demandeurs d’une IAD, avec un délai moyen d’un à deux ans entre la demande et sa réalisation. II apparaît évident que la demande accrue du fait de l’extension prévue de l’AMP entrainera un déficit de spermes et un allongement des délais portant préjudice aux couples hétérosexuels souffrant d’une infertilité qui relève pourtant d’une indication véritablement médicale.

Dans les faits, il s’agira donc pour ces couples d’une régression dans leur prise en charge et il reviendra aux médecins de l’expliquer aux patients. Les médecins ne comprennent pas qu’on puisse considérer de la même façon les indications médicales et les demandes sociales. Dans de telles conditions où la demande sera supérieure à l’offre, l’ANM exprime sa crainte de voir s‘établir un marché déjà en voie d’organisation dans certains pays voisins.

L‘éventuelle marchandisation des produits du corps humain est donc un réel danger qui menace le principe essentiel de l’éthique française, à savoir la gratuité du don et la non-marchandisation du corps humain. En outre, l‘ANM estime que le financement de ce choix sociétal personnel par l’Assurance-Maladie n‘est pas cohérent avec les missions qui lui sont assignées.

3)

Concernant la filiation qui ne va pas de soi pour deux femmes qui souhaitent être toutes les deux les mères du même enfant, nonobstant les réserves de l’ANM sur l’extension prévue de l’AMP, elle estime que la procédure de filiation retenue semble la plus à même de créer un cadre aussi rassurant que possible pour l’enfant bien que reposant sur des critères non biologiques et en dehors de toute vraisemblance.

4)
Concernant la possibilité pour les femmes de conserver leurs ovocytes en dehors de tout motif médical, sans s’y opposer formellement, l’ANM souligne que si les risques que pourrait entraîner une telle pratique sont bien connus des professionnels, ils ne sont pas mentionnés dans l’exposé des motifs de la loi et n’ont pas été réellement discutés lors des débats préparatoires,ce qui est éminemment regrettable. Ils n’ont donc pas été repris par les medias et les femmes n’ont généralement pas une juste idée de la réalité de l’entreprise. D’une part, le recours à l’autoconservation des ovocytes augmenterait davantage encore la surmédicalisation des grossesses.

D‘autre part, elle pourrait contribuer au recul de l’âge moyen de la première grossesse. Or, on sait l’augmentation significative des Infirmités motrices-cérébrales qui en découlent pour l’enfant. Enfin, la présentation banalisée qui en est faite semble sous-estimer, voire méconnaitre, les risques que la méthode induit par elle-même. Ceux liés aux inductions de l’ovulation, souvent répétées pour obtenir le nombre d’ovocytes nécessaires.

Ceux concernant lesrisques d’échecs non négligeables dont il n’est pratiquement pas fait mention alors que le taux de réussite est estimé à 60% après quatre tentatives et décroit notablement avec l’âge. L‘ANM regrette que, dans les débats,l’information des femmes ne soit pas présentée de façon suffisamment objective et que l’autoconservation de leurs ovocytes puisse apparaître commeune garantie de réussite lorsqu‘elles décideront du moment de leur grossesse. En pareil cas, il s’agirait d’une grave mésinformation que les médecins auront du mal à réparer sans décevoir.

En outre, l’ANM déplore qu’à aucun moment il ne soit fait mention de la nécessaire information sur la fertilité d’une femme et sa décroissance en fonction de l’âge. L‘ANM veut encore souligner que l’extension de l’AMF à toutes les femmes comme celle de l’autoconservation des ovocytes par volonté personnelle correspondent à des demandes sociétales pour des femmes qui ne souffrent d’aucune pathologie de la reproduction.

Il ne s‘agit aucunement d’indications médicales conformes à la mission de la médecine qui est de soigner. Ce changement de nature de l’acte médical n’est pas sans soulever de sérieuses questions de fond pour l’avenir de la pratique médicale. D‘autant qu’auregard d’une aspiration sociétale vers le report banalisé de l’âge de la conception, l’importance d’un avertissement des femmes n’est même pas mentionnée quant aux pertes de chance de fertilité et de risque foetal. L’ANM insiste à nouveau sur l’information nécessaire des femmes sur l’évolution de leur fertilité et souligne qu’il s’agit là d’un enjeu de santé publique majeur. »

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La «PMA pour toutes» et le rejet assumé de la biologie

Gwen Fauchois, notamment ancienne vice-présidente d’Act Up-Paris (dans les années 1990), a publié une tribune dans Libération qui a le mérite d’être claire : il faut supprimer la biologie et n’utiliser que les choix individuels comme critères. Le fait que seuls des hétérosexuels puissent avoir naturellement des enfants relèverait du patriarcat : il faut donc supprimer la reproduction hétérosexuelle. Le capitalisme LGBT tourne en roue libre. C’est la révolte de l’individu contre sa propre nature matérielle qui s’exprime ici. C’est l’idéologie absolue du consommateur absolu.

« PMA, nature et illusions » Libération

Il faut avoir le courage de lire la tribune PMA, nature et illusions, publiée dans Libération. Car il faut comprendre l’ampleur du désastre qu’impliquent les anti-valeurs de la modernité capitaliste. Pour en arriver en effet au rejet ouvert de la biologie, c’est qu’il faut tout de même avoir atteint un niveau d’idéalisme plus que très fort ! Et malheureusement, la technologie au service du capitalisme permet la réalisation de tout un nombre de ces fantasmes narcissiques, qui sous prétexte d’aboutir à des droits en plus pour les individus, sapent en réalité les fondements matériels de l’humanité elle-même.

Gwen Fauchois ne fait qu’appliquer la logique consumériste la plus stricte. Chaque consommateur doit avoir les mêmes droits. Le droit à l’enfant devrait donc être un droit universel. Or, la nature repose sur une combinaison homme-femme. Il faut donc supprimer la nature, base de « l’hétéro-patriarcat ».

On est ici dans une démarche nihiliste et non plus simplement dans une « déconstruction ». On est passé de la critique des préjugés au démontage de valeurs, et donc désormais maintenant à la quête fanatique de destruction de la réalité.

Il faut lire cette prose, comprendre sa nature, ce qu’elle reflète : une terrible décadence parmi les couches urbaines et intellectuelles, l’effondrement des normes et des valeurs au sein des couches socialement dominantes elles-mêmes.

« Tribune. Le projet de loi relatif à la bioéthique que vient de présenter le gouvernement devrait mettre fin à l’accès réservé aux seuls couples hétérosexuels aux techniques d’assistance médicale à la procréation. L’abolition de ce privilège aura pour conséquence une obligation de réformer les règles actuelles d’écriture de la filiation.

Dans le projet de loi qui a été transmis à l’Assemblée nationale, le gouvernement propose de créer un dispositif spécifique ne s’appliquant qu’aux couples de femmes qui auront bénéficié de ces techniques et à leurs enfants conçus grâce à elles.

Selon la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, cette spécificité serait justifiée par la nécessité de garantir une vraisemblance biologique dans l’inscription de la filiation. Dès lors, que ses instigateurs reconnaissent que le refus d’universaliser les modalités d’inscription de filiation ne repose que sur un choix idéologique. Car nulle contrainte technique ni juridique n’impose d’introduire un traitement à part qui distinguerait parents et enfants en fonction de l’orientation sexuelle.

Il convient de s’interroger sur les motivations politiques et les effets d’une telle décision, qui se résume à refuser d’universaliser le mode d’établissement de la filiation. Il s’agit ici de réaffirmer dans le sens commun, une prime à l’illusion de naturalité. Cela revient, non pas à admettre les altérités comme autant de possibles à légitimité équivalente, mais plutôt à sauvegarder une hiérarchisation posant en référence le couple cis-hétérosexuel ayant recours à la procréation par relation sexuelle. Ce mode de procréation, seul à bénéficier du droit commun parce qu’il est majoritaire, se voit gratifié d’une dimension quasi-missionnaire : comme un bonus donné au biologique.

En parallèle, la volonté de réinscrire à tout prix un donneur de sperme dans le parcours d’inscription de la filiation qui serait assigné aux seuls couples de femmes agit comme un warning de sur-signalisation d’une absence. On nous explique, là encore, qu’il s’agit de préserver et de rendre visible la vraisemblance biologique. Mais en réalité, cela ne vise qu’à marquer symboliquement et fortement la participation masculine à tout processus reproductif.

Quel est donc ce besoin, si intense, de crier ainsi la présence de sperme dans les constructions de narration, alors qu’on se demande, au vu des technologies existantes, qui pourrait imaginer aujourd’hui – à part à travers une incroyable manifestation de foi dans des fécondations issues du saint-esprit – qu’il n’y ait pas eu dans l’opération altérité de gamètes ? Ce n’est rien d’autre qu’un énième avatar du syncrétisme patriarcal visant à répondre au projet politique de persister à poser le masculin en insécable universel.

Il serait temps de cesser de considérer les systèmes de filiation comme un outil visant à rassurer les hommes hétéros-cis sur leur agentivité et à sédimenter leur pouvoir dans le système social. Un système dans lequel une femme n’est que le vecteur permettant de patrimonialiser symboliquement des enfants. Propriété masculine, à l’échelle individuelle autant que collective.

Cette volonté est d’autant plus évidente que d’un autre côté, on ne touche pas au procédé qui s’applique aux couples hétérosexuels ayant eux aussi recours à la PMA. Pourquoi ? Parce que la vraisemblance de l’accouplement hétérosexuel procréatif est préservée, nous dit-on.

Montrant que ce qui compte le plus, ici, c’est cette vraisemblance du mensonge, plutôt que la réalité de la biologie. Laissant aux enfants de ces couples la liberté de se débrouiller avec les messages contradictoires qui leur sont envoyés : qu’importe qu’un secret recouvre et fasse obstacle à la généalogie biologique dont on leur dit dans le même temps qu’elle devrait être centrale. Rendre visible, privilégier l’apparence, sont deux façons de stigmatiser un écart à la norme.

Chaque avancée d’intégration dans le droit semble devoir toujours s’accompagner de gages donnés pour signifier qu’il ne s’agit surtout pas de transformer une société patriarcale. Et les opportunités de transformation du droit commun, quasi immanquablement, se restreignent à des toilettages de moules préfabriqués dans lesquels des individus sont sommés – même de façon contradictoire – de se glisser et laissent de côté celles et ceux qui ne sont pas au programme de l’avancée du moment.

Alors que la France se targue d’universalisme, quand il s’agit d’étendre l’accès à des droits à des minorités, nous assistons à des festivals conservateurs de valorisation de la distinction et à la multiplication d’inventivité en matière d’usine à gaz et de régimes d’exception.

Tous ne visent au fond qu’à éviter l’universalisation et y substituer des élargissements bornés des conditions de cooptation et d’intégration, au gré des rapports de force réels ou supposés. Re-consacrant dans la loi les logiques inégalitaires, ceux qui nous gouvernent montrent comment ils imaginent le pouvoir.

Avec cet élargissement de l’accès à la PMA, nombre de femmes concrétiseront leurs projets de famille dans des conditions plus sécurisées que par le passé, et leurs enfants n’en seront que mieux protégés. Mais en affirmant que l’accès aux droits des couples ne peut être pour les lesbiennes celui du commun, et en soumettant cet accès à une présence masculine, même symbolique, le gouvernement promeut une réactualisation des hiérarchies hétérosexistes et va autoriser comme d’autres avant lui une vague de réactivation de la lesbophobie ordinaire. Et plus globalement de violences contre les homos, trans et intersexes, et même au-delà par translation à tous ceux qui ne correspondent pas dans l’imaginaire à la figure du dominant.

Pour ma part, je regrette que personne ne souhaite dire clairement que l’enjeu ne devrait pas être seulement de permettre à tel ou telle d’intégrer les règles de filiation, c’est à dire de corriger des inégalités produites politiquement, mais de s’attaquer à transformer nos rapports communs à l’écriture de la généalogie en tant qu’elle est source de production d’une organisation sociale inégalitaire.

Les unes, notamment par crainte qu’à revendiquer des changements radicaux, on en vienne à jeter le bébé avec l’eau du bain, et les autres parce qu’ils veulent éviter à tout prix qu’apparaisse, non pas une invraisemblance biologique, mais le fait que le naturel qui nous est servi ici n’est que le cache-sexe d’une organisation culturelle de l’injustice. »

Il y aurait donc un complot patriarcal : les hommes chercheraient à dominer les femmes en étant biologiquement indispensable ! On est ici en plein fantasme, en réalité, le fantasme du consommateur capitaliste, en quête de la consommation absolue, celle purement individuelle, uniquement individuelle.

Car tout cela n’est que le masque du grand objectif du capitalisme, qui cherche tous les moyens pour se valoriser. Le but, c’est que disparaisse la biologie, l’ultime frontière du capitalisme. C’est le rêve fou produit par un capitalisme en roue libre, forcément en roue libre.

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Une Inter-LGBT pro PMA, pro GPA…

Hier s’est tenue la « marche des fiertés ». Il est bien loin, l’esprit de la gaypride avec son esprit d’ouverture. Désormais l’agenda est ouvertement libéral : PMA, GPA, refus assumé du modèle du couple… tout y passe. On ne sera pas étonné que Mastercard soit l’un des sponsors.

Des trains SNCF aux camions des éboueurs, les couleurs LGBTQ+ sont partout et Mastercard en a profité pour présenter une carte de crédit « non-binaire ». Car, il faut bien le saisir, la démarche LGBTQ+ a un agenda très précis : l’ultra-libéralisme, tant économique que sociétal.

La déclaration de l’Inter-LGBT de cette année est, comme d’habitude, explicite :

« Les familles LGBTparentales existent depuis plusieurs décennies et concernent des dizaines, voire des centaines de milliers d’enfants. Ces familles sont d’origines diverses : les enfants sont nés de précédentes unions, de procréation médicalement assistée à l’étranger, de procréation amicale avec un tiers connu mais qui ne souhaite pas être parent, de gestation pour autrui ou de coparentalité,… Mais elles doivent toutes affronter des difficultés pour être reconnues. »

Tout est ici exposé clairement. Il faudrait reconnaître la PMA pour tout le monde, mais également la GPA. Après, il y en a encore pour ne pas reconnaître que la PMA et la GPA ont la même substance… Mais ce n’est pas tout. L’Inter-LGBT dit ouvertement qu’on peut avoir fait un enfant, mais ne pas vouloir assumer son rôle de parent, et que c’est un droit !

L’arrière-plan, c’est l’esprit consommateur : la famille serait réactionnaire en soi, il faut la démolir en la remplaçant par autant de types qu’il y a d’individus. Tout doit être recomposable comme on l’entend. C’est la loi du marché, portée à l’absolu sur le plan des rapports qui, on l’aura deviné, n’ont plus rien de sentimentaux, amoureux.

Évidemment, l’écrasante majorité des gens allant à la marche des fiertés ne comprend rien aux tenants et aboutissants de ce qui se présente ici à l’arrière-plan. Ils s’imaginent surtout être démocratiques et aider des gens marginalisés. C’est là où se situe le grand piège de la question.

Et cette question, pour la résumer très simplement, consiste en la chose suivante : oui ou non l’évolution naturelle, biologique de l’être humain, est-elle une valeur en soi, devant guider l’humanité ? Le marché dit non. Les transhumanistes qui défendent le marché et les choix individuels disent la même chose. Les gens se disant de Gauche, mais rejetant la Gauche historique, ainsi que les Lumières, disent eux aussi la même chose.

Beaucoup évitent également de se positionner. Pourtant, la légalisation de la PMA pour toutes va obliger à le faire. La légalisation potentielle du cannabis sera aussi une question brûlante, sans parler à l’avenir du « droit au suicide », de la GPA, etc.

C’est là qu’on voit à quel point la majorité des gens a abandonné tout principe de responsabilité par rapport à la société, corrompu par le libéralisme et, finalement, acceptant un certain confort matériel au moyen d’une consommation semblant satisfaisante.

L’Inter-LGBT agit comme reflet de cela : sa dynamique « festive » correspond à l’individu qui, rejetant toute norme comme « extérieure », se prétend au-delà de la Nature et de ses règles, s’imaginant exister par ses choix, sa consommation. C’est le capitalisme triomphant.

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« Un modèle papa-maman qui ne tient plus »

À l’occasion de la question de la procréation médicalement assistée bientôt ouverte à toutes les femmes par le gouvernement, un article de Libération rappelle les fondamentaux de l’idéologie dominante : la biologie doit être abolie. Un exemple de plus de comment la fausse Gauche est en réalité le cheval de Troie de l’ultra-libéralisme.

Le fait d’avoir un père et une mère serait un préjugé du passé et la famille n’aurait aucun modèle naturel. Tout relèverait de choix individuels. Il y aurait donc un « droit à l’enfant » et une femme seule peut se outrepasser la nécessité naturelle de vivre en couple avec un homme pour en disposer. La technologie et la loi du marché viennent ici ouvrir de nouveaux espaces au « progrès » des droits individuels.

Et on a ici un paradoxe : l’écrasante majorité des gens sont contre une telle conception du monde. Mais formatés intellectuellement par le libéralisme, la grande majorité des gens accepte sa prédominance. Au nom du principe selon lequel on ne peut pas juger de rien ni de personne, que ce soit dans les arts ou dans les comportements (du moment qu’il n’y a pas « préjudice pour autrui »), l’indifférence prédomine.

Avec, donc, l’assentiment de la fausse Gauche, notamment estudiantine, faisant du combat contre le « conservatisme » sa seule préoccupation. La marchandisation du monde avance à grands pas, par l’intermédiaire de l’égoïsme capitaliste présenté comme un élargissement des droits individuels, alors que la nature est présentée comme foncièrement « réactionnaire » et que les auteurs de l’humanisme et des Lumières sont jetés à la poubelle.

Le quotidien Libération peut donc, dans un article sur la PMA ouverte à toutes, parler de :

« Un modèle papa-maman qui ne tient plus »

On sait comment Marlène Schiappa, la secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les homme, avait lancé en 2017 que :

« Nous sommes au XXIe siècle.Il n’y a pas un modèle unique de famille. »

C’est là directement servir les intérêts du capitalisme pour qui tout est choix, marché, possibilités d’échanges de marchandise. Mais c’est une utopie, car une société acceptant cela ne peut pas tenir. C’est donc surtout un boulevard à l’extrême-droite qui, face à un tel discours de « déconstruction », n’a plus qu’à dérouler pour se présenter comme garante de la civilisation.

Tout le problème de la Gauche est ici facile à comprendre. Tant que les acquis historiques ne sont pas préservés, tant qu’à sa tête intellectuelle et culturelle on a des gens aisés au mode de vie décadent – comme cette très grande figure du Parti socialiste qui roule en Maserati granturismo – rien ne sera possible.

> Lire également : Le droit à l’enfant en l’absence de choix d’un compagnon

À l’arrière-plan, il y a bien sûr la question des ouvriers. Tant que les ouvriers ne fourniront pas le noyau dur de la Gauche, il est inévitable que tout se fasse happer par le capitalisme qui, quoi qu’on en pense, fonctionne en France de manière suffisamment forte pour être à la fois stable et corrupteur. Seuls les ouvriers, de par leur travail et leur position sociale, ne relèvent pas de la fuite en avant dans l’ultra-libéralisme et ses « droits individuels » faisant que tout est marchandise, même le corps et la nature.

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Des médecins contre l’ordre des médecins pro-PMA

Des médecins s’insurgent contre le docteur Jean-Marie Faroudja qui a exprimé le soutien à la PMA pour toutes au nom de l’Ordre des médecins lors d’une audition à l’Assemblée nationale. Ils expriment le refus de voir la médecine être dégradée à un outil au service de la marchandisation des corps. Seul problème, et de taille : c’est dans le Figaro que la tribune a été publiée.

Tribune Figaro PMA Ordre des médecins

La tribune qui suit souligne un point central : la médecine répare, la médecine compense un organe défaillant, mais la médecine n’est pas là pour remplacer ce qui n’existe pas. C’est une vision normale de la médecine comme support de la vie naturelle, à l’opposé du transhumanisme de la gauche postindustrielle qui veut se « libérer » des diktats du corps, afin de faire de l’esprit une affirmation toute puissante.

Mais pourquoi est-ce dans Le Figaro qu’une telle tribune a été publiée ? C’est la Gauche qui devrait assumer ce combat contre le capitalisme. Si la Droite réussit à imposer son idéologie romantique du « c’était mieux avant », tout est perdu !

PMA : nous, médecins, réclamons d’être consultés par l’Ordre qui parle en notre nom

Plus de 340 cosignataires* protestent contre la position de l’Ordre des médecins qui, auditionné par l’Assemblée nationale, a déclaré ne pas être opposé à la légalisation de la PMA pour les femmes seules et pour les couples de femmes.

Le 19 septembre lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le docteur Jean-Marie Faroudja, parlant au nom de l’Ordre des médecins, a déclaré ne pas être hostile à l’extension de la « procréation médicalement assistée » (PMA) aux femmes célibataires et aux couples de femmes. Cette position est confirmée sur le site de l’Ordre où l’on peut lire : « L’Ordre ne doit pas être une instance moralisatrice face à une demande sociétale. Si la société veut une aide médicale à la procréation (AMP) élargie aux femmes seules ou homosexuelles en couple, c’est à elle de trancher. L’Ordre ne peut s’y opposer. »

Nous, médecins signataires de cette tribune, souhaitons nous désolidariser de cette prise de position car elle nous semble contraire à la vocation de la médecine et au serment d’Hippocrate pour quatre raisons principales.

La PMA pour les femmes célibataires ou pour les couples de femmes n’est pas une indication médicale. La médecine est par définition un art dont les buts exclusifs sont de prévenir les maladies, restaurer les fonctions défaillantes de l’organisme, réparer les malformations anatomiques. Au-delà de ces indications, tout acte intrusif chez une personne qu’on sait en bonne santé sort du champ médical. C’est le cas de l’insémination artificielle avec sperme de donneur en dehors de la complémentarité homme-femme. Il est donc paradoxal pour ne pas dire antinomique que l’Ordre des médecins ne s’oppose pas à l’élargissement de la PMA. Le rôle de l’Ordre est pourtant de rappeler les limites et les exigences de notre profession.

La « souffrance des femmes » en désir de maternité invoquée par le représentant de l’Ordre des médecins lors de son audition à l’Assemblée pour justifier le bien-fondé de l’insémination des femmes seules ou des couples de femmes n’est pas un argument recevable. Il postule que ces femmes souffriront moins ou ne souffriront plus lorsqu’elles auront un enfant. Qui peut l’affirmer ? Aucune étude sérieuse n’a été menée sur la question. En outre, même si le médecin doit être à l’écoute de son patient, la souffrance affective n’est pas un passe-droit accordé au médecin pour s’immiscer de manière active dans la vie intime et privée des personnes qui viennent le consulter.

Surtout, l’intérêt supérieur de l’enfant doit être au centre des préoccupations. « L’assistance à la procréation avec donneur prive volontairement l’enfant de la relation structurante avec deux adultes de sexe différent », comme l’a souligné le comité d’éthique de l’Académie nationale de médecine le 2 mai 2018 lors de son audition devant le Comité consultatif national d’éthique. La tradition médicale nous apprend Primum non nocere, « d’abord ne pas nuire ». Et « fabriquer » des enfants sans père revient à leur nuire.

En ne s’opposant pas à la PMA non médicale, l’Ordre des médecins laisse la porte ouverte à tous les abus. Qui pourra s’opposer demain aux demandes de couples hétérosexuels qui voudront un bébé parfait et se tourneront vers le corps médical pour répondre à leur attente au nom de l’égalité ? Nous savons que le marché de la procréation est immense. Ouvrir la PMA non médicale aux femmes en bonne santé, c’est ouvrir le marché du corps humain.

Nous regrettons que l’Ordre n’ait pas questionné l’ensemble de la profession médicale sur cette question fondamentale. Il était facile de le faire par informatique durant les États généraux de la bioéthique auxquels l’Ordre s’est soustrait. Il ressort des sondages effectués sur la question que la majorité des médecins est hostile à l’extension de la PMA.

Nous, médecins, avons l’impression d’avoir été utilisés à des fins politiques et idéologiques par l’institution censée nous représenter. Cela va créer des fractures dans notre profession.

Il est encore temps de rattraper cette faute grave et lourde de conséquences. Il serait judicieux et constructif que, par un communiqué officiel, le Conseil national de l’ordre désavoue dans les jours qui viennent la position exprimée par son représentant à l’Assemblée nationale et en revienne à un discours strictement médical. Cela serait salutaire pour notre profession.

* Parmi les cosignataires figurent notamment le docteur Raphaël Nogier, président de l’association Cosette et Gavroche, ainsi que des représentants des différents domaines de la médecine : pédiatrie, psychiatrie, gynécologie, chirurgie, cardiologie, pneumologie, ophtalmologie, dermatologie, gériatrie, médecine d’urgence, médecine généraliste, etc. La liste complète des cosignataires peut être consultée sur FigaroVox.

TRIBUNE COLLECTIVE DE MÉDECINS

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Le droit à l’enfant en l’absence de choix d’un compagnon

Geneviève Delaisi de Parseval, psychanalyste, et Valérie Depadt, maître de conférence en droit, ont publié une tribune pro-PMA dans Libération. Leur grand argument est que les femmes auraient un droit à l’enfant, au nom de l’insatisfaction devant ce qui serait en quelques sorte le « marché » des maris.

Geneviève Delaisi de Parseval

Le libéralisme à l’époque du capitalisme avancé, développé, c’est l’affirmation du caractère irréductible de l’individu, du caractère unique de ses choix. Seul le marché serait à même évidemment d’être en mesure de répondre à la nature multiple de ses choix. C’est l’idéologie du consommateur roi.

C’est pourquoi la psychanalyste Geneviève Delaisi de Parseval, qui chronique les ouvrages de psychanalyse dans Libération, travaille avec le think tank postmoderne Terra Nova lié au Parti Socialiste, peut expliquer dans l’Humanité que :

« Le modèle familial « père, mère, enfant », le modèle PME, est bien une construction culturelle. »

C’est la philosophie de la « déconstruction », fer de lance du capitalisme conquérant, envahissant, engloutissant tous les domaines de la vie. Il va de soi que le « Comité d’éthique » ayant appelé à ouvrir la PMA à toutes les femmes, Geneviève Delaisi de Parseval est très contente, comme elle le formule dans une tribune pro-PMA publiée dans Libération, en commun avec Valérie Depadt, maître de conférence en droit à Villetaneuse.

Et l’argument clef serait que les femmes seules n’ont pas trouvées le bon compagnon, mais qu’elles doivent pour autant avoir un droit à l’enfant ! On reconnaît là parfaitement l’idéologie du capitalisme à l’état pur : le client est roi !

« Depuis la loi de 2013 qui permet le mariage et l’adoption aux couples de même sexe, la tendance va dans le sens d’un accès à la PMA aux couples de femmes homosexuelles. L’argumentaire est fondé sur la constatation qu’avoir deux parents, fussent-ils de même sexe, constitue une sécurité pour l’enfant, notamment en cas de divorce ou de disparition d’une des deux mères.

Psychanalyste et juriste souvent consultées sur ce point (1) , nous avons depuis longtemps abondé dans ce sens. Nous étions plus réticentes sur l’accès à la PMA pour les femmes célibataires. Mais tant la clinique analytique que l’évolution de la société nous ont amenées à modifier notre position.

On remarque en particulier que nombre de femmes seules recourent à la PMA parce qu’elles n’ont pas trouvé « à temps » (l’horloge biologique tourne vite) le « bon compagnon » susceptible à leurs yeux d’être le père de leur enfant.

C’est donc souvent par défaut que ces nouvelles mères célibataires choisissent la PMA avec des dons de gamètes. Une constatation étayée par des études sociologiques récentes ; la clinique fournit par ailleurs de nombreux exemples de ces récentes familles recomposées.

[…]

(1)  Auteures du rapport Terra Nova « Accès à la parenté », 2009 »

On notera bien entendu le fait que le justificatif au fait d’être souvent consulté est justifié par un travail pour Terra Nova, ce think tank faisant une inlassable propagande en faveur du libéralisme sociétal. Ces gens s’auto-nourissent, s’auto-intoxiquent, et leur but est de torpiller les principes, les valeurs, afin de laisser la place au capitalisme le plus complet, le plus total !

D’ailleurs, la conclusion logique de leur raisonnement de l’absence d’un bon compagnon pour père est que les clientes pourront choisir sur catalogue les gènes adéquats… Les possibilités de libéralisme qu’on trouve dans ce positionnement sont innombrables.
Voilà précisément ce que la Gauche doit réfuter, si elle veut être à même de combattre la réaction religieuse et le nationalisme qui prétendront rejeter ce libéralisme.
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Libéralisme : le Comité d’éthique ouvre la porte à la PMA pour toutes

Le capitalisme avait besoin des familles de par le passé, mais maintenant qu’il est lancé, il n’a plus besoin que d’individus. La famille, un phénomène naturel, doit donc passer à la trappe, en tant qu’obstacle à une consommation individuelle devant en permanence se renouveler.

comité consultatif national d'éthique

Il faut pour cela transformer les mentalités, en imposant des états de fait, en présentant comme inéluctables la libéralisation la plus totale. Le Comité consultatif national d’éthique sert à cela. C’est un organisme constitué d’experts, ce qui le place déjà en-dehors de toute valeur démocratique pour les gens de Gauche. Cependant, dans une société aliénée, viciée, cela passe et cela permet cependant de donner une image de neutralité et de caractère scientifique, ce qui est pratique pour torpiller l’opinion publique.

Dans sa contribution à la révision de la loi de bioéthique 2018-2019, qui vient d’être rendue publique, ce comité appelle à ouvrir la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes. Le désir d’enfant primerait sur toute autre considération ! La famille n’aurait pas de modèle et pourrait exister dans plein de variantes différentes !

Voici comment cette contribution au libéralisme est formulée, dans un langage obscur comme les experts savent en confectionner :

« Cette demande d’assistance médicale à la procréation (AMP), en l’occurrence une insémination artificielle avec donneur (IAD), pour procréer sans partenaire masculin, en dehors de toute infertilité, s’inscrit dans une revendication de liberté et d’égalité dans l’accès aux techniques d’AMP pour répondre à un désir d’enfant. Elle modifie profondément les relations de l’enfant à son environnement familial, en termes de repères familiaux, d’absence de père, institutionnalisée ab initio.

Elle fait émerger aussi plusieurs interrogations sur la relation des enfants à leurs origines, puisqu’en France le don est anonyme et gratuit, ou sur le fait de grandir sans père. Aussi sur ces points, il serait pertinent de pouvoir s’appuyer sur des recherches fiables sur l’impact de cette situation.

Cependant l’analyse du CCNE, s’appuyant sur la reconnaissance de l’autonomie des femmes et la relation de l’enfant dans les nouvelles structures familiales, le conduit à proposer d’autoriser l’ouverture de l’IAD à toutes les femmes (cf Avis 126 du CCNE).

Il considère que l’ouverture de l’AMP à des personnes sans stérilité peut se concevoir, notamment pour pallier une souffrance induite par une infécondité résultant d’orientations personnelles. Cette souffrance doit être prise en compte car le recours à une technique déjà autorisée par ailleurs n’implique pas de violence dans les relations entre les différents acteurs. »

Le Comité d’éthique assume également parfaitement que l’AMP, outre de créer un « droit à l’enfant », ira de paire avec la sélection génétique. Voici comment il le formule, en expliquant que lorsque cela sera en place, il faudra y réfléchir…

« On assiste actuellement à une évolution parallèle – mais indépendante – entre l’AMP et la génomique, dont les perspectives se rejoignent pourtant autour de questions éthiques sur les possibilités de sélections procréatives. Cette évolution, placée dans le cadre d’une intervention médicale requise, pourrait faciliter une investigation prédictive préconceptionnelle, dans la mesure où le séquençage du génome humain est désormais accessible. Ce lien entre procréation et génomique est un thème majeur quant à l’avenir de la procréation.

Ce lien pourrait devenir un des défis éthiques de la procréation, bien plus que les demandes sociétales actuelles, d’autant plus que l’AMP sociétale a comme effet paradoxal un développement, voire une banalisation de la médicalisation de la procréation, voire de sa « technologisation ». Le chapitre sur la médecine génomique illustre cet état de fait. La réalisation des tests génétiques constitutionnels, dans le cadre de dépistages ou d’un diagnostic, permet aujourd’hui de bénéficier d’éléments de prédiction de qualité, notamment à travers la caractérisation des variants de la séquence d’ADN rencontrés et leur caractérisation en variants pathogènes ou non, ainsi que les facteurs de pénétrance et d’expressivité d’une maladie.

On rappellera notamment les situations suivantes faisant l’objet de dépistages, avec la perspective de leur extension et les questions qu’elles soulèvent : les conséquences d’usages étendus des bilans préconceptionnels, en particulier en population générale, si ceux-ci devenaient réalisables ; les conséquences sur les démarches de diagnostic prénatal et les indications d’interruption médicale de grossesse ; les conséquences sur un usage plus étendu du diagnostic préimplantatoire ; les incidences sur la liberté de choix et le contenu même du consentement, avec une conséquence possible sur le choix du conjoint dans les situations à risque ; la liberté du choix face à la pression économique ; le risque de stigmatisation des enfants qui seraient nés par refus du dépistage.

Le lien entre procréation et génomique devrait être mis au programme de la suite du travail du CCNE, dans la perspective d’un avis spécifique sur les conséquences du développement de la génomique sur l’usage de l’AMP. »

Le fait de présenter ces difficultés en disant « on verra ! » en dit long sur la nature de ce comité d’éthique, qui n’a comme rôle que de valider le développement à marche forcée du libéralisme sur tous les plans.

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Une « marche des fiertés » entièrement vendue à l’ultra-libéralisme

Hier se tenait la « marche des fiertés » à Paris qui rassemble plusieurs centaines de milliers de personnes chaque année et est organisée par l’Inter-LGBT depuis une dizaine d’années. Ce n’est plus la gaypride, mais une mise en avant tous azimuts de l’individualisme, selon l’adage « chacun pour soi, la sécu pour tous ».

En arrière-plan, bien sûr, la PMA et la GPA.

Marche des fiertés 2018

Sans doute que tout est dit lorsqu’on s’aperçoit que parmi les soutiens à cette marche, on a Mastercard et Tinder, c’est-à-dire la carte de crédit et le « coup d’un soir ».

La romance, l’amour ? Cela ne « compte » pas, à une époque où tout compte. Surtout dans une grande métropole comme Paris, qui s’est embourgeoisé comme jamais ces 20 dernières années.

Aussi, la mairie de Paris avait décidé de décorer d’arc-en-ciel certains passages piétons du centre de Paris. Certains ont été dégradés et la mairie a réagi en annonçant que les arc-en-ciel de certains passages piétons seront permanents.

Passage piéton arc-en-ciel à Paris

Le choix du quartier résume d’ailleurs toute une évolution de Paris. Ce fut un quartier juif et populaire… Puis cela a été un quartier gay sur un mode festif-décadent… C’est aujourd’hui le bastion de Airbnb, avec donc plus de touristes logeant ici que d’habitants !

Certains abribus ont étalement été mis aux couleurs arc-en-ciel, et même l’assemblée nationale. La mairie de Paris disposait d’un char officiel, où Anne Hidalgo était présente. Rappelons qu’elle cherche à se faire réélire, ce qui est mal parti.

Marche des fiertés 2018 - Assemblée nationale

Marche des fiertés 2018

Marche des fiertés 2018 - Paris est fière

Une telle reconnaissance, tant par de grandes entreprises que par la mairie et une assemblée d’une des principales puissances économiques et militaires du monde, montre l’absence de contenu démocratique de toute ces démarches.

Notre société est fondamentalement réactionnaire, donc si l’assemblée nationale et la mairie de Paris décident de mettre des arc-en-ciel partout, c’est que ce symbole est au mieux vide de sens, et au pire qu’il est conforme aux exigences du capitalisme en France.

Ensuite, les exigences de l’inter-LGBT et des associations qui suivent le mouvement vont dans le sens d’une reconnaissance d’individus aux droits particuliers. La marche des fiertés veut des communautés et que chaque personne puisse vivre sa vie individuellement-séparément.

Le tout avec un fond décadent. Citons pour exemple la présentation d’une soirée qui a eu lieu au tout début de la quinzaine des fiertés : « La Grosse Orgie ».

« La Grosse Orgie – Playnight et Gras Politique présentent la première sex party fat positive en mixité choisie

Le 15 juin, au Next, tous les corps sont les bienvenus, pour une fête sans obligations et sans injonctions. Nos enveloppes, débarrassées de leurs masques, pourront danser, se découvrir et se laisser aller dans la bienveillance, le kink et la décadence. Laisse tes complexes au vestiaire, ton corps est une machine à plaisir, quel que soit ton poids, ta taille, ton genre, nous t’offrons une bulle enchantée l’espace d’une soirée (non mixité choisie, cismecs sur cooptation). […] »

http://agenda.quinzainedesfiertes.com/quinzaine2018/detail/25/152908920000

La soirée proposait bien évidemment une « backroom » (lieu de baise, ni plus ni moins). Toujours plus de communautés, toujours plus de nombrilisme, toujours plus de glauque.

A partir du moment où il n’y plus de perspective universelle, on voit bien que tout mouvement sombre dans le libéralisme. Le mariage homosexuel est une revendication démocratique. La PMA, le changement d’identité des personnes trans ne le sont pas : ils se focalisent sur les individus, leurs ressentis et leurs choix.

Il faut choisir : ou bien défendre des principes de couples, de romance et d’être humains génériques, ou bien défendre des individus morcelés avec des revendications aliénées. Socialisme ou libéralisme : chaque avancée de l’un affaibli l’autre. Les mouvements dits « LGBT » ont choisi la deuxième option. Nous défendons la première.

PMA pour toutes : toujours plus de libéralisme

Parmi les mots d’ordre de la marche et des participants en général se trouve celui de la PMA pour les couples de femmes et les femmes seules : le revendication est celle du droit à l’enfant. Personne n’a le droit à avoir un enfant, ce sont les enfants qui ont des droits. Cette revendication considère les personnes comme des entreprises individuelles et la société comme un ensemble d’échanges marchands entre elles : tant que tout le monde est consentant, il ne faut pas interdire et laisser faire.

Demander la PMA pour les femmes seules ou les couples de femmes revient à nier la dimension naturelle de l’être humain. Réduire la conception d’un enfant à un simple acte technique revient à considérer l’enfant comme un bien. Un enfant n’est ni un droit ni une marchandise. Un enfant ne saurait être autre chose que le fruit d’une décidée réfléchie au sein d’un couple solide qui l’élèvera.

Malheureusement, beaucoup de personnes font des enfants pour des raisons très critiquables. Mais cela ne doit pas être une raison pour s’enfoncer toujours plus dans la folie.

Marche des fiertés 2018 - PMA

Inter-LGBT - PMA

 

« Autodétermination »

Cette revendication concerne en premier lieu les personnes trans et d’une manière générale, toutes les personnes qui refusent la binarité homme-femme. Pour les personnes trans la revendication est la même depuis des années : le changement d’état civil.

Être homme ou femme n’est ni positif ni négatif. C’est une réalité objective, naturelle. De la même manière qu’il y a des mâles et des femelles chez les autres animaux, l’humanité est composée d’hommes et de femmes.

Demander un changement d’état civil selon les ressentis de chacun révèle du libéralisme le plus complet, c’est le règne du subjectivisme : c’est une fuite en avant totale.

La marche des fiertés n’a donc pas trahi quoi que ce soit. L’édition de 2018 n’est que la suite logique d’un mouvement qui est toujours plus libéral.

Marche des fiertés 2018
« Mon corps, mon genre, ta gueule »

Une défaite de la gauche française

La gauche française a encore montré à quelle point elle était pourrie par le libéralisme. Toute la gauche soutient la marche et plusieurs partis et syndicats ont même eu leur cortège. Toute cette marche est à l’opposé des valeurs de Gauche, pourtant tout le monde se précipite à la manifestation. Tout le monde veut y être vu, annoncer son soutien pour faire bien. Il n’y a que de l’apparence et du populisme qui servent à masquer le vide idéologique.

Marche des fiertés 2018 - « PMA par 49.3 »

Marche des fiertés 2018 - France insoumise, « Ma PMA, mon choix »