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Pap Ndiaye, un militant racialiste à l’Éducation nationale

Il n’est pas tourné vers l’Afrique, mais vers les grandes universités américaines.

Immédiatement après son entrée en fonction comme ministre de l’Éducation vendredi 20 mai 2022, Pap Ndiaye a donné le ton :

« je suis peut-être un symbole, celui de la méritocratie, mais aussi, peut-être aussi, celui de la diversité. Je n’en tire nulle fierté, mais plutôt le sens du devoir et des responsabilités qui sont désormais les miennes. »

Il n’en tire aucune fierté, mais il en parle quand-même dans sa prise de parole de quelques minutes, sans que cela n’ait de rapport avec l’Éducation nationale. Voilà qui illustre très bien la perspective de Pap Ndiaye : il est un militant racialiste à l’américaine, avec une bonne dose d’indigénisme à la française. Tout ce qui compte, c’est de focaliser sur la couleur de peau, de manière identitaire, voire franchement raciste.

Il y a pourtant une tradition républicaine bourgeoise en France qui est de ne pas parler de sa couleur de peau, car ce n’est pas important, et surtout cela ne doit pas être un sujet. Il peut être parlé des origines, d’un parcours personnel lié à l’immigration et à l’intégration à la France, mais nullement pour en faire un sujet principal, surtout pas d’entrée de jeu.

Prenons un exemple très concret et tout aussi récent : la nouvelle ministre de la Culture Rima Abdul Malak. Elle est née dans un pays arabe, le Liban, et arrivée en France à 10 ans. Mais ce n’est pas un sujet dans sa prise de parole après son entrée en fonction. Elle a plutôt parlé de la culture, félicitant au passage sa prédécesseure pour avoir récité du Molière, du Racine, du Joachim du Bellay, bref la culture classique française.

Précisément ce que rejette Pap Ndiaye et la mouvance racialiste post-moderne qu’il incarne. Et ce, de manière caricaturale. Alors l’extrême-Droite s’est régalée après son entrée en fonction, tellement son parcours est grossier et grotesque : participation à des réunions « interdites aux blancs » et discours sur le « racisme d’État », dénonciation de la Police nationale comme marquée par un « racisme » institutionnel, discours sur les « violences policières », etc.

Il fait d’ailleurs partie des gens ayant soutenu de très près les militants racialistes du comité Adama Traoré. Il a pour référence les racialistes Franz Fanon et Aimé Césaire, qui tous deux assument un ethno-différentialisme profondément marqué. Et tout comme eux, il est totalement intégré et inséré dans les grandes institutions françaises. Son parcours scolaire est absolument lisse, dans des établissements très bourgeois : lycée Lakanal de Sceaux, classes préparatoires au Lycée Henri-IV de Paris, École normale supérieure à Saint-Cloud, agrégation d’histoire, thèse d’histoire aux États-Unis et enfin maître de conférences à l’EHESS.

C’est là, dans ce bastion de la « gauche » postmoderne, qu’il a développé son créneau universitaire racialiste, focalisant sur la couleur de peau de la peau des gens. Il a pour cela écrit un livre au titre évocateur : La Condition noire : essai sur une minorité française, tout en étant partie prenante du « Conseil représentatif des associations noires de France (Cran) ».

Pap Ndiaye est un racialiste tellement forcené qu’il était opposé à la suppression du mot « race » dans la Constitution française en 2018. Voici le verbiage universitaire dont il faisait usage dans Le Monde pour justifier sa position :

« Même s’il est évident que la « race » n’existe pas d’un point de vue biologique, force est de constater qu’elle n’a pas disparu dans les mentalités : elle a survécu en tant que catégorie imaginaire historiquement construite, avec de puissants effets sociaux.

Même si l’intention est louable, abolir la « race » dans les sciences sociales ou la Constitution ne fera pas disparaître les discriminations fondées sur elle. L’usage de la catégorie raciale n’implique pas un engagement ontologique douteux du législateur ou du chercheur sur l’existence des « races », mais l’utilisation pragmatique d’une catégorie située pour décrire des phénomènes discriminatoires. »

Et donc, cette personne est maintenant ministre de l’Éducation nationale. Cela en dit très long sur l’état de décomposition morale et politique de la France. C’est là un aspect évident de la crise, car une telle personne avec un telle discours aurait été impensable il n’y a ne serait-ce que dix ans. La France s’américanise, mais pas dans le bon sens : elle copie dans ce qu’il y a de pire le monstre qu’est la superpuissance américaine, et elle va s’effondrer aussi brutalement qu’elle.

On notera au passage que Jean-Luc Mélenchon trouve cela très bien. Selon lui, Pap Ndiaye est un « grand intellectuel », et sa nomination relève de « l’audace ». Ce n’est pas étonnant : on assiste en France à un découpage à l’américaine entre « Républicains » et « Démocrates », Emmanuel Macron tentant d’unir pour l’instant les uns et les autres, en lessivant le reste. Et Pap Ndiaye représente typiquement ces gens voulant ré-impulser le capitalisme au moyen de réformes sociétales.

Comment ne peut-on pas le voir d’ailleurs ? C’est tellement évident que le capitalisme, s’il un a côté conservateur, de repli nationaliste-belliciste, a également un côté cosmopolite – relativiste de toute morale pour oeuvrer à élargir son marché. Ne pas voir cela c’est ne pas regarder le capitalisme dans sa contradiction interne qui saute pourtant aux yeux !

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Le « Robert » et le soi-disant pronom « iel »

La bourgeoisie culturelle libertaire face à la Droite.

Une polémique enfle depuis quelques jours sur l’entrée dans le dictionnaire « le Robert » du pronom « iel« . Le site en ligne de l’entreprise qui édite ce dictionnaire a donc été poussé à clarifier son choix par un communiqué, intéressant sur le plan culturel.

Il faut saisir ici que le « Robert » est en soi devenu une référence quasi-académique dans l’apprentissage et l’étude de la langue française. Son fondateur, Alain Rey est une personnalité importante de la Gauche libertaire et intellectuelle, intéressée dans le cadre du développement de la pensée post-moderne à l’étude critique de la langue, de ses usages, avec cette idée que la pensée se formalisant dans des mots, la lutte politique devait par conséquent se focaliser sur les « discours » et les mots pour produire une pensée alternative à l’ordre dominant et à ses injustices.

C’est dans ce sens que le journal hebdomadaire « Le Nouvel Observateur », fondé en 1964 sur une ligne démocrate-libérale qui se voulait alternative à la rupture communiste, présente en 1967 la première édition du dictionnaire en disant : « enfin un dictionnaire de gauche ! ».

Le groupe emmené par Alain Rey dans cette entreprise se place historiquement dans la lignée du dictionnaire bourgeois typique du XIXe siècle : le Littré, qui a été conçu dans les années 1840 comme une tentative de fournir un outil d’étude de grande qualité de la langue, en observant ses évolutions, tout en l’inscrivant dans son histoire et ses héritages, en particulier par le recours à une analyse étymologique qui cherche à se systématiser.

Il y a donc ici un aspect intéressant et juste sur la forme : la nécessité des intellectuels de fournir des outils d’analyse et de compréhension reflétant le réel et sa créativité, en lui donnant une épaisseur, une dimension scientifique correcte.

Les rédacteurs du dictionnaire ont donc raison ici de présenter leur démarche comme rationnelle, soulignant que toute une équipe a scruté sur une période relativement longue les usages, en multipliant les sources etc, et que c’est au terme de cette démarche d’observation qu’il a été discuté et pris la décision collective d’inclure le néologisme dans la version en ligne du dictionnaire.

Mais sur le fond, ces rédacteurs se trompent lourdement.

On peut déjà noter qu’il y a un certain paradoxe à expliquer qu’il a été constaté un usage « croissant » de ce terme dans un « corpus de sources variées », mais qu’en même temps on reconnaisse que son usage est néanmoins faible au point de préciser la mention « rare » dans la définition retenue.

Encore moins convaincant, il est expliqué que cette intégration devait refléter moins un usage qu’aider au débat en clarifiant son sens. Mais cela n’a strictement aucun sens de présenter les choses ainsi. Soit le terme est peu usé et son usage ne peut donc alimenter un débat significatif, soit on l’utilise, même de manière polémique et alors il faut en effet clarifier le sens. Ce que font ici les rédacteurs de fait, c’est prendre position en faveur de ce terme et de son emploi. C’est un acte militant ni plus ni moins.

De plus, le terme ne relève pas d’un nom nouveau, sa « définition » n’est donc pas possible en soi, puisque iel est présenté comme un pronom, devant donc remplacer des noms communs. Son unique caractéristique est que, à l’instar du pronom on, iel peut s’utiliser sans subir de déclinaison de genre.

Or le terme a été forgé essentiellement pour remplacer des noms de personnes humaines, on ne l’utilise pas par exemple pour parler des animaux ou des choses. On peut dire, ou plutôt écrire d’ailleurs, ainsi : les boulangers font du pain / iels font du pain. Mais on ne trouve pas : les maisons sont confortables / iels sont confortables ou les fourmis vivent en communauté/ iels vivent en communauté.

De même, un pronom se décline, selon sa fonction dans la phrase. Par exemple, il peut devenir lui, celui ou son. Mais quels sont les déclinaisons fonctionnelles de iel ? Cela n’a strictement aucun sens de proposer un nouveau pronom, sans en proposer toute la déclinaison. Et il est impossible que des spécialistes de la grammaire comme le sont les rédacteurs du Robert ignorent ce fait.

Enfin, le « corpus » considéré ne semble pas être si large que cela, puisque la définition proposé précise, sous la forme d’un exemple d’usage : « L’usage du pronom iel dans la communication inclusive« . L’usage est donc… le fait de l’utiliser par les gens qui l’ont inventé !

D’une manière générale, ces fautes sur le fond relèvent ici d’une approche formaliste et quantitative de la langue. On peut sans doute penser que les rédacteurs ont eu ici à coeur de promouvoir une sorte d’élan progressiste, d’aider à aller dans le sens d’un usage, ou du moins d’un débat, qui leur semble intéressant.

L’auteur qui parle au nom de la rédaction, reconnaît sa satisfaction à dire que la majorité de ses lecteurs, du moins ceux qui lui ont adressé un message, auraient salué ce nouvel ajout. D’une façon ou d’une autre, le Robert se place en effet au centre d’un débat l’opposant au camp des conservateurs, qui n’ont bien sûr pas manqué de s’indigner sur le sujet.

Ce qui est intéressant c’est que le Robert est entraîné dans ce débat politique, et il ne peut être ici question de hasard quand on voit à quel point les tensions entre les libéraux et conservateurs, au sein de la bourgeoisie et de son appareil culturel, éclatent de plus en plus en conflit ouvert. À sa façon, le Robert tente ici de défendre la Culture, le progrès et même la Gauche en un mot. Ce petit iel est de fait insupportable aux conservateurs et à la Droite. Et ce n’est pas rien sur la forme de se confronter à celle-ci.

Mais si cela peut être vu comme une démarche qui a du coeur sur la forme, elle n’a pas de tête sur le fond. Les rédacteurs ont ainsi eu une démarche quantitative pour appuyer l’introduction du pronom iel dans leur dictionnaire, mais sur le plan qualitatif, cela n’a aucune profondeur.

On peut bien s’amuser à compter de ceci de-là les occurrences d’un néologisme pour prétendre en valider l’usage, mais cela n’a pas de sens si on ne définit pas un périmètre clairement. L’usage de ce pronom est récent, il a moins d’une dizaine d’années, et à en croire les prétentions quantitatives avancées par les rédacteurs du Robert, son usage aurait eu un succès fulgurant.

Alors qu’il est manifeste qu’il est d’abord et presque uniquement un usage militant au sein d’organisations ou de publications liées d’une manière ou d’une autre à la galaxie libertaire et post-moderne de la bourgeoisie culturelle. Le socle est de fait étroit, et sorti de ce milieu, son usage est nul. Et sans les masses rien n’est possible.

À travers cette question relativement anodine, il se joue ici une partie serrée pour la bourgeoisie culturelle libertaire qui essaye de faire face à la Droite. Mais comme elle n’a ni profondeur populaire ni conscience politique développée, le sol se dérobe sous ses pieds. Ses théories intellectuelles abstraites ne rencontrent de fait aucun écho populaire.

Si le Robert avait eu une réelle dimension démocratique, il y aurait une maîtrise de la forme et du fond. Par exemple, comment expliquer l’importance donné à ce pronom si peu usité et ne pas faire entrer le mot crush qui désigne une émotion amoureuse soudaine, voire inopportune, un peu irrationnelle, que l’on oppose au vrai sentiment développé, profond et prolongé de tomber amoureux.

L’usage du terme crush est bien plus massif que celui du pronom iel et c’est un véritable nom, reflétant une réalité tout à fait sensible et vécue, plus intéressante à développer dans un dictionnaire, pour en exposer l’étymologie, le parcours dans notre langue et en saluer ce que la conscience populaire qui l’emploie, entend définir par son usage.

Au fond, tout le problème est là donc. L’usage de ce pronom iel se voudrait une solution intellectuelle à un réel problème populaire, relevant de la question du féminisme. Mais comme ces intellectuels imaginent que ce pronom astucieux aurait en soi une charge progressiste, et encore faudrait-il alors en exposer les tenants et les aboutissants dans la définition, ils imaginent que cela sera en mesure de faire face au conservatisme étroit de la Droite, ou ouvrira un débat permettant à la Gauche culturelle de se réaffirmer.

Mais à un problème populaire il faut une solution démocratique, à la Droite, il faut donc opposer une Gauche réellement populaire et démocratique. Le débat pathétique autour du l’usage ou non du pronom iel illustre que la partie est en train de se finir pour la bourgeoisie culturelle libertaire. Celle-ci entrevoit toujours plus nettement, à mesure que se développe la Crise, son possible écrasement par une Droite devenue hégémonique et offensive.

Un espace s’ouvre ainsi pour l’affirmation d’une Gauche revenue sur ses fondamentaux, et assumant la lutte des classes, à la remorque de laquelle les éléments les plus avancées de la bourgeoisie culturelle doivent maintenant se placer. Cela relève d’une nécessité historique qui n’est pas contournable.

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Encore des féministes agressées en manifestation à Paris

Les violences de la part des activistes queer deviennent une habitude à l’occasion du 8 mars… En 2020, des féministes avaient déjà été agressées par l’ultra-gauche anarchiste. Cette année encore, des violences ont eu lieu sous la bannière « antifasciste » en montrant un visage particulièrement réactionnaire et puérile.

Ce dimanche 7 mars avait lieu un rassemblement féministe sur la place de la République à Paris où le Collectif Abolition Porno Prostitution (CAPP), le collectif L’amazone et sa fondatrice Marguerite Stern étaient présentes pour revendiquer l’abolition du système pornographique et prostitutionnel.

On pouvait lire sur leurs pancartes « Nous voulons des moyens pour que les femmes puissent sortir de la prostitution », « la porno-prostitution est raciste, sexiste, capitaliste », « Jacquie & Michel mis en examen pour viol, proxénétisme et traite d’être humains aggravé » ou encore « vive le sexe féminin ». Un collage disait également : « mineure prostituée : adultes responsables, clients et proxos criminels ». La base du féminisme en somme.

Si quelques manifestantes post-modernes avaient déjà arraché une pancarte dès le début, c’est au bout d’une heure qu’un groupe d’ « antifas » de l’Action Antifasciste Paris-Banlieue (AFAPB) est arrivé pour défendre la prostitution à l’aide d’œufs lancés sur les survivantes du CAPP.

Ces militants et militantes de l’AFAPB devaient avoir 20 ans de moyenne d’âge, sans doute recrutés sur Instagram, c’est ce qui explique en partie la platitude de leur argumentaire publié sur Twitter pour rendre compte de leur action anti-féministe.

Ce groupe militant arrive à agglomérer de manière incroyable des queer, des trans « putes », des « décoloniaux » et des antisémites. En effet, les vidéos postées par les manifestantes féministes montrent un jeune portant un sweat floqué du « A » anarchiste, sans doute s’identifiant comme « non-binaire » faisant une quenelle avant de faire semblant de jeter une bouteille.

De tels énergumènes détruisent l’antifascisme et le féminisme de l’intérieur, un tel spectacle est consternant, mais malheureusement pas étonnant lorsque l’on connaît la lente déchéance politique de la gauche, complètement asphyxiée par le post-modernisme.

On est bien loin des préoccupations des femmes, qui se retrouvent davantage dans la lutte contre la marchandisation de leur corps, de celui de leur fille. Encore faut-il côtoyer des femmes du peuple et leur poser la question pour le savoir.

La seule raison pour laquelle ce courant post-moderne peut agir de la sorte, c’est qu’en cette période de recul général de la vie démocratique, la masse des femmes ne s’intéresse pas à ce qu’il se passe à Paris le 7 mars lors d’une manifestation.

Mais quand le vent tournera, quand les femmes du peuple prendront massivement en main leur destin, ce qui est sûr c’est que les post-modernes seront les premiers à sentir le sol se dérober sous leurs pieds.

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L’écriture «inclusive», une barbarie post-moderne anti-sociale

La langue française a historiquement fait le choix du masculin comme genre neutre par défaut. Cela permet de décrire une situation générale où il est fait référence à des personnes en général, sans avoir besoin de préciser leur sexe, car dans la plupart des situations on se moque éperdument du sexe des personnes en question.

Quand on dit « en 2021 en France, les ouvriers ont un bon niveau de vie », on ne s’intéresse pas du tout au sexe des ouvriers en question. Il est parlé des ouvriers en général, et le genre masculin a une fonction neutre, une portée générale.

Si le masculin est le genre neutre par défaut, cela ne veut pas dire que le féminin ne peut pas avoir cette fonction neutre également. Au contraire, cela arrive souvent, par exemple quand on dit « en 2021 en France, la classe ouvrière est particulièrement dépolitisée. »

On ne s’intéresse ici pas du tout au sexe des ouvriers composant la classe ouvrière et peu importe d’ailleurs que le mot classe soit masculin ou féminin. Il y a dans le contenu du mot « classe » tout autant des ouvrières que des ouvriers, mais il est parlé au féminin, car le mot « classe » est féminin, et le féminin a ici une valeur neutre. Il pourrait en être autrement, cela ne change rien à rien.

Ce qui est valable en général l’est en particulier.

Quand on dit « Benjamin est une belle personne, particulièrement généreuse », la masculinité du Benjamin en question n’est aucunement niée ni remise en cause ; Benjamin n’est absolument pas discriminé ni « exclu » en tant qu’homme en raison de cette formulation. Il s’agit juste d’une règle de grammaire faisant qu’il faut accorder au féminin les adjectifs décrivant un nom féminin.

Il en est de même pour Louis XIV quand Jean-Baptiste Colbert s’adresse à lui dans leurs correspondances en disant « Elle ». Le contrôleur général des finances parle à la troisième personne à « Sa Majesté », qui est un mot féminin, mais cela n’a aucun rapport avec le sexe du Roi de France.

Tout cela est connu et admis de tout un chacun et ne pose aucun problème au quotidien. Le Français est une langue complexe et très élaborée, correspondant à une société elle-même particulièrement complexe et élaborée. Les membres de cette société ont tout à fait la capacité de faire la différence entre le genre neutre désignant des situations générales ou particulières et les genres féminin et masculin quand ils servent à désigner des personnes ou groupes de personne en raison de leur sexe. C’est quelque chose de très naturel.

Seulement, cela pose un problème énorme aux post-modernes, car ils sont littéralement obsédés par le fait déconstruire la société et l’unité de la société. Reflétant le libéralisme économique, ils veulent le libéralisme culturel et insistent ainsi sur l’identité. 

Cette mise en avant de l’identité passe par le rejet de ce qui a une signification universelle. Les post-modernes veulent toujours en revenir au particulier, ils veulent sans-cesse atomiser la société pour mettre en exergue les individus. Ils détestent donc cet usage grammatical du neutre dans la langue française : pour eux il faut sans cesse diviser la société entre hommes et femmes, même quand cela n’a aucun rapport avec le sujet.

Les post-modernes prétendent alors que la langue française est « excluante » vis-à-vis des femmes en raison de la règle grammaticale faisant que le masculin est le genre neutre par défaut. Ils prétendent que quand une université s’adresse aux « étudiants », elle « exclue » les étudiantes car celles-ci ne sont pas définies en particulier.

Les post-modernes ont alors inventé l’écriture « inclusive », pour marquer absolument leur besoin de compartimenter la société entre hommes et femmes, et surtout de séparer les « individus » au nom de leur reconnaissance.

Selon le principe de l’écriture « inclusive », une université doit ainsi écrire « les étudiant.e.s », pour bien marquer qu’il y a des étudiants qui sont des hommes et des étudiantes qui sont femmes, même si cela n’a aucun rapport avec le sujet.

On a alors le droit à tout un tas de mots dans les phrases où des points sont ajoutés pour intercaler le « e » du féminin et supprimer ainsi le masculin neutre. C’est illisible, et d’ailleurs l’écriture « inclusive » n’est jamais vraiment entièrement utilisée tellement c’est un sac de nœuds.

Les gens utilisant l’écriture « inclusive » sont concrètement tellement délirants, tellement en dehors de la réalité, qu’ils en arrivent à utiliser leur formulation « inclusive » y compris quand il n’est question que des femmes… C’est le cas avec l’Unef, ce syndicat étudiant qui était historiquement lié à la Gauche et qui est maintenant un bastion post-moderne, qui est capable d’écrire quelque-chose d’aussi absurde que :

« Victoire pour les étudiant.e.s, mise à disposition gratuite de protections périodiques pour les étudiant.e.s sur ton campus ! »

Absurde pour les matérialistes, mais plein de sens pour des gens maniant de manière fantasmagorique les notions de genre, de sexe, d’identité, depuis les universités et en tournant le dos au peuple, au mépris de l’Histoire.

On en arrive alors à un véritable massacre de la langue française et il est très impressionnant de voir à quel point ce massacre s’est imposé dans un nombre incalculable d’universités et d’institutions. Cela en dit long sur la décomposition et la décadence de la société française, incapable de préserver ce précieux patrimoine qu’est la langue de Molière.

La Gauche historique, qui est le Parti de la société, de l’Histoire, a ici une responsabilité énorme pour défendre la langue française contre les lubies post-modernes. Car qui dit société, dit civilisation, sinon c’est le retour à la barbarie. L’écriture inclusive est typiquement ce genre de barbarie anti-sociale que la Gauche doit dénoncer et combattre.

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Un «islamo-gauchisme» qui est en fait un clientélisme petit-bourgeois

La polémique sur « l’islamo-gauchisme » dans les milieux universitaires n’en finit pas.

L’appel de Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, à enquêter sur « l’islamo-gauchisme » à l’université a provoqué une terrible onde de choc dans la petite-bourgeoisie intellectuelle. Il y a une avalanche de commentaires et de dénonciation de la ministre.

Il faut dire que c’est en quelque sorte un coup de poignard dans le dos. Les libéraux se sentaient tout à fait à l’aise avec Emmanuel Macron, ils ne comprennent pas ce qui se passe. Le Huffpost défend par exemple vigoureusement le président de la République, accusant Frédérique Vidal de s’en éloigner.

« Quels risques les travaux sur le post-colonialisme font-ils courir à la société française alors même que le Président Macron est justement en train de s’engouffrer dans ce courant en proposant une liste de nouveaux héros “issus de la diversité”, des anciennes colonies et des outre-mer pour que les maires puissent les honorer à l’avenir?

À la tête de cette commission, il nomme même l’historien spécialiste du post-colonialisme, Pascal Blanchard qui vient de rendre sa liste au Président. »

Sauf que le problème, c’est que la société française implose et l’État doit bien chercher à freiner le processus… qu’il encourage de l’autre. Le problème de l’État, ce n’est pas « l’islamo-gauchisme » comme courant de pensée post-marxiste jouant sur les identités : cela, il l’apprécie forcément, puisque c’est opposé à la lutte de classes. Il l’a toujours soutenu, laissant se développer ces courants dans les institutions universitaires.

Son souci, c’est la délégitimisation de l’ordre public par « l’islamo-gauchisme ». Car, aux États-Unis, où on est à la bourse aux idées et aux communautés, la concurrence est toujours dans le cadre des institutions. Il y a de très nombreux espaces pour cela et tout le régime américain, anti-démocratique par excellence, repose sur le principe des lobbys.

En France, ce n’est pas le cas. Cela apporte ce que le gouvernement a qualifié de « séparatisme ». Cela nuit donc aux institutions… Et il faut y mettre un frein ! D’où la position de la ministre, puisque cette nuisance vient d’une partie des institutions elles-mêmes : les universités, qui sont des bastions des conceptions « intersectionnelles », identitaires-communautaires.

Le terme d’islamo-gauchisme est d’ailleurs un concept visant à masquer cela, en limitant la question à un seul aspect, celui du rapport à l’Islam.

Au sens strict, le terme ne correspond qu’à une tradition trotskiste, celle du SWP anglais, dont la branche française « Socialisme International » / Socialisme par en bas visait par exemple au début des années 1990 à réaliser un bulletin des mosquées. Ou alors on peut prendre le philosophe Michel Foucault tombé en adoration devant la « révolution » islamique iranienne de 1979-1980.

En réalité, par islamo-gauchisme il faut comprendre l’ensemble des idéologies « post-coloniales », « décoloniales », « intersectionnelles », identitaires-communautaires, LGBTQ+, etc.

Il suffit de voir les faits. Tout au long des années 2000, la Gauche historique se fait lessiver par la « gauche » post-moderne. Il est bien connu que l’effondrement de l’UNEF, le syndicat étudiant historique de la Gauche (avec l’UNEF « SE » et l’UNEF-ID), converge avec sa transformation en « mouvement de jeunesse » post-moderne.

L’UNEF n’a pas été le seul mouvement gangrené : c’est arrivé en même temps au syndicat CNT, qui a littéralement été déstructuré par cette lame de fond, dont le « Parti des indigènes de la République » a été l’un des grands vecteurs.

Entre anticommunisme forcené et fascination petite-bourgeoise pour les séparations, les micro-entités, il y avait tous les ingrédients pour la systématisation des valeurs post-modernes.

C’est donc très différent du concept d’ « islamo-gauchisme », inventé formulé par Pierre-André Taguieff au début des années 2000, au sujet de :

« Une alliance militante de fait entre des milieux d’extrême gauche se réclamant du marxisme et des mouvances islamistes de diverses orientations (Frères musulmans, salafistes, djihadistes). »

Ce n’est pas du tout de cela qu’il s’agit. Cette alliance militante n’a d’ailleurs jamais vraiment existé, c’est un fantasme alter-mondialiste ou une invention de l’extrême-Droite. En réalité, il y a simplement une convergence entre les courants post-marxistes, post-anarchistes, et les mouvements identitaires-communautaires, le tout sur une base petite-bourgeoise.

C’est du clientélisme, de la reconnaissance affinitaire, de l’agitation petite-bourgeoise. Pour la « gauche » post-moderne, la lutte des classes n’existe pas : il y aurait une « lutte des places » de la part d’individus. Ces structures considèrent d’ailleurs leur public comme des clients qu’il faut gagner à coups d’actions spectaculaires, des réseaux sociaux, des mobilisations irrationnelles, etc.

Forcément, cela sort du cadre en France où le libéralisme libertaire n’est pas aussi puissant qu’aux États-Unis ! Et c’est le sens de la question actuelle de « l’islamo-gauchisme ».

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Société

Le populisme et le « centième singe » au lieu de l’avant-garde de gauche

Le populisme renouvelle le concept de minorité agissante par le principe de la « masse critique ». C’est le principe du centième singe.

C’est une révolution intellectuelle, ou plus précisément une régression, qui a été développée ces trente dernières années et qui a torpillé la gauche de la Gauche, au profit de la conception fasciste du « mouvement élémentaire ».

Pour qu’un changement social ait lieu, il ne faudrait pas un regroupement synthétisant la lutte des classes pour donner une direction politique et culturelle. Ce dont on aurait besoin, c’est d’un certain nombre de gens qui aient la même pratique, ce qui conduirait alors à un changement automatique du reste de la population.

Cette pratique consiste en des protestations, des actions symboliques, de la désobéissance civile, à un niveau très bas : du collage d’affiches et d’autocollants, des mises en place de banderole, la présence à des manifestations et des occupations de lieux (comme les ronds-points des gilets jaunes), l’utilisation de fumigènes, le refus de quitter des lieux, écrire des slogans sur les murs, etc.

Ce sont des petites choses faciles à reproduire, tel un prêt-à-porter de la contestation. C’est porte ouverte, un « venez comme vous êtes » de McDonald’s élargi aux « mouvements sociaux ». Tout le reste est considéré comme de la vieille Gauche, comme une haute couture inaccessible et élitiste.

Cette conception de la « masse critique » de gens à obtenir fait désormais partie du paysage en France et dans le monde. C’est le reflet de l’esprit consommateur. Même les protestations en relèvent désormais, d’où l’effacement des partis politiques.

On a Jean-Luc Mélenchon et La France Insoumise, Greta Thunberg, « Extinction Rébellion », les gilets jaunes, les partisans de Donald Trump, les anarchistes, tous ceux qui font des manifestations le prétendu lieu de l’Histoire en France, les tenants de la désobéissance civile face au confinement, les agitateurs d’extrême-Droite Alain Soral et Dieudonné, le groupe écologiste « écodéfense » en France (qui n’a d’ailleurs rien voir avec le principe historique de sabotage clandestin qu’est l’écodéfense), etc.

Changer le monde ce serait faire une page Facebook et un groupe Discord et promouvoir quelques comportements bien ciblés, et les répéter jusqu’à ce que les gens rejoignent la démarche et qu’une « masse critique » de gens soit obtenue. Les idées ? Les concepts politiques ? Le principe d’avant-garde, les luttes de classes ? Cela n’existe pas.

Cette conception anti-historique et anti-populaire a été théorisée en deux fois. La plus récente, c’est celle d’une enseignante dans une université américaine, Erica Chenowet, avec une responsable du département d’État américain (soit le ministère des affaires étrangères), Maria Stephan. L’ouvrage qu’elles ont publié en 2011 s’intitule Why Civil Resistance Works: The Strategic Logic of Nonviolent Conflict (« Pourquoi la résistance civile fonctionne : la logique stratégique du conflit non-violent »).

L’ouvrage est la synthèse du point de vue alter-mondialiste des années 1990. Il prétend que depuis 1900, le meilleur moyen de changer les choses est la mobilisation pacifique d’au maximum 3,5 % de la population : cela suffirait à déclencher un changement social à grande échelle.

Mais cette conception petite-bourgeoise puise en fait dans le mouvement « New Age » établi sur les ruines mystiques du mouvement hippie. Le mouvement « New Age », consistant en le culte du paranormal qui serait présent dans l’univers, a en effet développé le principe du « centième singe ».

Tout part d’un biologiste et zoologiste sud-africain, Lyall Watson, à la fin des années 1970. Il a prétendu qu’un singe, le prétendu centième, avait au Japon lavé sa patate douce avant de l’éplucher et de la manger, et que la pratique se serait généralisée à tous les singes de l’île.

Ce serait la preuve d’une « masse critique », permettant quelque chose de nouveau. Dans une population suffisamment large, une nouvelle pratique peut émerger et être reproduite. Lorsque cette reproduction atteint un certain niveau, elle se généralise. L’auteur américain Ken Keyes Jr., s’occupant de « développement personnel », a repris le principe dans son ouvrage The Hundredth Monkey (« Le centième singe ») et le principe a été adopté par l’ensemble de la scène « New Age ».

Il faut bien comprendre que c’est typique du romantisme réactionnaire que de raisonner en termes de microcosme et de macrocosme entrant en « correspondance ». L’auteur américain Rupert Sheldrake, tourné vers le paranormal, parle de cela comme d’une « résonance morphique ».

De par sa nature, le concept s’est bien entendu élargi à de nombreuses initiatives petites-bourgeoises d’esprit « alternatif », comme la « critical mass », consistant en une manifestation de gens à vélo afin de demander le renforcement des pistes cyclables, l’amélioration de la situation pour les utilisateurs de vélos, etc.

C’est en fait l’esprit des lobbys, de la logique communautariste, bref de toute la vision petite-bourgeoise du monde de la « gauche » post-moderne des universités américaines. Cela vise directement la Gauche historique et le principe de « l’avant-garde » comme lieu de raison, de réflexion, de synthèse.

C’est un renouvellement du principe syndicaliste de la « minorité agissante ». C’est tout à fait en phase avec une époque qui rejette la Démocratie.

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Jean-Luc Mélenchon, la créolisation et l’archipélisation

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Décès de Bernard Stiegler, philosophe idéaliste de la gauche post-moderne

Le parcours de Bernard Stiegler est exemplaire d’une faillite historique de la Gauche.

Bernard Stiegler aurait été philosophe. Là où cela pose problème, c’est qu’on sait que pour être « philosophe », il faut avoir un certain goût de l’envergure. Mai 68 a ainsi produit de nombreux philosophes de gauche et qu’on les aime ou pas, ils voyaient les choses en grand. Michel Foucault et Alain Badiou disaient le contraire après 1968, mais enfin ils proposaient quelque chose de large, de grand, de dense.

Bernard Stiegler, lui, a fait comme Jean-Claude Michéa : il a rejoint le PCF juste après 1968. Il faut se rappeler ce qu’est le PCF alors : une organisation d’envergure, avec une base populaire immense… mais qui s’oppose radicalement à mai 1968, cherche à casser la tête aux « gauchistes » et prône le soutien aux institutions, notamment avec la CGT.

C’est déjà mal parti et Bernard Stiegler, s’ennuyant, quitte le PCF en 1976 en raison du « stalinisme imposé par Georges Marchais ». Ce qui n’a aucun sens, car justement Georges Marchais supprime le concept de dictature du prolétariat et lance le processus d’accord avec le Parti socialiste, amenant le gouvernement du programme commun en 1981. Bernard Stiegler cependant ne devait pas y saisir grand-chose puisqu’il a ouvert un bistrot musical à Toulouse et que face aux découverts, il s’est mis à braquer des banques.

Il est arrêté, fait cinq ans de prison et à sa sortie passe sous la coupe du philosophe postmoderne Jacques Derrida, faisant une carrière au sein du Collège international de philosophie, pour ensuite devenir un haut cadre de la culture, comme en étant directeur de l’Institut de recherche et coordination acoustique/musique (IRCAM), responsable du développement culturel du centre Pompidou à Paris, etc., etc.

Et la Gauche dans tout cela, car Bernard Stiegler est toujours présenté comme de gauche ? Eh bien, il n’y a rien à part un discours sur la technique. Représentant les thèses du national-socialiste Heidegger, Bernard Stiegler fait de l’être humain un accident du développement de la nature qui fait face à la « technique » comme une menace l’amenant à des catastrophes possibles.

Suivant même l’approche nietzschéenne de Heidegger, Bernard Stiegler prônait un idéal européen pour remotiver l’humanité et « réinventer » le monde, afin de retrouver le « savoir-faire » et le « savoir-vivre ».

Qui connaît l’histoire des idées sait qu’on a là une vision « post-consumériste » et « post-industrialisation », pour reprendre les termes de la démarche de Bernard Stiegler, qui correspond à la revue Esprit des années 1930, avec Emmanuel Mounier et le « personnalisme », bref ce fascisme français spiritualiste anti-production anti-technique, partisan du retour à la « vérité », etc.

C’est la même idéologique que les zadistes, les décroissants et Julien Coupat ; ce n’est pas quelque chose relevant du mouvement ouvrier et de la Gauche, mais bien plutôt une philosophie pré-fasciste ou fascistoïde, voire fasciste au sens historique authentique. Le fascisme, ce n’est en effet nullement le racisme et la dictature comme le pensent sommairement les anarchistes, mais une « révolte contre la vie moderne » avec un idéalisme censé « transcender » une réalité quotidienne mièvre et fausse.

C’est quelque chose de totalement faux, tout en étant justement terriblement compliqué à formuler intellectuellement ; un dessinateur comme Marsault, qui dénonce le « monde moderne », n’y parvient par exemple pas.

Les luttes de classe sont en fait trop fortes, et aussi la lutte des places ; même des idéalistes cherchant un monde post-consommation sont freinés dans leur élan, comme justement Bernard Stiegler qui dénonce les injustices sociales parce qu’il se veut révolter… tout en étant membre du think tank de la SNCF.

Avec la crise, par contre, ces idéalistes vont se lâcher et Michel Onfray est l’exemple même de l’intellectuel de « gauche » assumant un discours « national-social » en proposant une voie qui est, clairement, celle du fascisme.

Les gens comme Bernard Stiegler n’auront ainsi, vu a posteriori, fait que contribuer à l’asséchement de la Gauche, à la négation du mouvement ouvrier. Il a fait partie de cette vaste couche d’intellectuels de « gauche » qui, à l’instar de Philippe Frémeaux de la revue Alternatives économiques, n’ont cherché qu’à pourrir la Gauche de l’intérieur.

 

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Décès de Philippe Frémeaux, à l’origine de la revue Alternatives économiques

Journaliste, Philippe Frémeaux avait lancé la revue devenue incontournable pour la gauche postmoderne, dans une optique keynésienne ouvertement coupée du mouvement ouvrier.

Il est dans la tradition de la Gauche historique que la presse dépende des partis, que les orientations soient prises uniquement en leur sein, par leurs membres. Au contraire, la revue Alternatives économiques a été un très puissant vecteur de l’affirmation de la gauche postmoderne.

La trajectoire de Philippe Frémeaux est ici exemplaire. Il ne s’agit pas d’une figure d’un mouvement, mais d’un carriériste intellectuel. Il est d’abord professeur d’économie au lycée à partir du milieu des années 1970, maître de conférence à Sciences-Po, avant de donner des cours à l’école de communication CELSA. À côté il écrit pour Le Monde, avant de rejoindre Alternatives économiques, dont il va devenir le rédacteur en chef, ce qui va véritablement lancé la revue.

Sous son impulsion, la revue a pris un tournant commercial. Tirant à un peu moins de 100 000 exemplaires, elle se veut facile d’accès, vulgarisant les thèses keynésiennes. Elle est extrêmement sobre dans ses exigences, qui se veulent toujours « justifiés » par un mélange de « réalisme » et de « justice sociale ». Philippe Frémeaux est en même temps passé par France Info, France Culture, toute cette approche correspondant à tout un état d’esprit propre aux années 2000-2010, celle de la gauche finalement très en phase avec Lionel Jospin.

Aujourd’hui, on appelle cette idéologie « l’économie sociale et solidaire », même si évidemment, la revue Alternatives économiques a toujours revendiqué être au-dessus des idéologies. Philippe Frémeaux n’hésitait d’ailleurs pas à se revendiquer comme le patron (directeur général) de la revue et on chercherait en vain une référence politique bien délimitée. D’ailleurs, ont salué sa mémoire à la fois Benoît Hamon, Eric Piolle, Julien Bayou… tous mettant ce qu’ils veulent derrière.

On aura compris que derrière la « vulgarisation » de l’économie, il y avait en fait un appel énorme vers les milieux intellectuels petits-bourgeois, en particulier les professeurs d’économie (plus précisément de SES, sciences économiques et sociales). Il faut ici savoir qu’après 1989, l’approche des cours d’économie a totalement changé. Avant 1989, on avait pour chaque thème trois points de vue qui étaient expliqués, relevant du libéralisme, du keynésianisme et du marxisme conforme à l’interprétation du PCF. Dans un processus commençant en 1989 et se concrétisant en quelques années, il n’y a plus eu qu’un seul point de vue expliqué par les professeurs. Les professeurs d’économie se sont alors sentis investis d’une mission.

Il n’y a bien entendu pas eu que les professeurs ; au sens strict, tout le milieu intellectuel de gauche parisien a suivi, ou plus exactement des centre-villes, dans une vaste anticipation de ce qu’allait devenir EELV. Il y a ici une énorme histoire des idées à écrire, mais il y a une ligne droite allant de la revue Alternatives économiques, néo-keynésienne, à EELV. Benoît Hamon a été, si l’on veut, l’articulation entre les deux. L’Histoire a d’ailleurs été injuste avec le « passeur » Benoît Hamon.

Cependant, c’était inévitable. La petite-bourgeoisie n’existe pas historiquement, elle est une zone-tampon et se raccrocher à elle en s’imaginant qu’elle va orienter tout un pays, toute une économie, c’est rêver éveillé. D’ailleurs, personne ne se souviendra de Philippe Frémeaux ; quant à Alternatives économiques, la revue ne peut que rentrer dans le mur. Le néo-keynésianisme triomphe en effet en ce moment avec les milliards distribués à l’économie, c’est-à-dire aux entreprises. Que va-t-il en résulter ? Une facture colossale, que les travailleurs vont devoir payer, et pour qu’ils payent l’État va devoir employer une violence inouïe. Les néo-keynésiens se démasqueront alors d’autant plus que comme un simple support moderne aux entreprises, dont le temps est définitivement passé.

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Karl Marx, «penseur du racisme systémique»?

Faire de Marx, le grand activiste de la première Internationale, à la base du mouvement ouvrier, un auteur développant la thèse du « racisme systémique », il fallait oser. C’est ce qu’a fait Bruno Guigue, un ancien sous-préfet, c’est-à-dire lui-même une figure du « système ».

Bruno Guigue n’est pas n’importe qui. Né en 1962, il a fait l’École normale supérieure de la rue d’Ulm et de la fameuse ÉNA, l’École nationale d’administration. C’est donc quelqu’un qui fait partie de l’élite intellectuelle du pays. Il a ensuite été haut fonctionnaire du ministère de l’intérieur, directeur du contrat de ville de Saint-Denis, directeur général adjoint des services de la Région Réunion.

C’est donc quelqu’un qui sait ce qu’il dit et ce qu’il fait, il a d’ailleurs même affronté la ministre de l’Intérieur Michèle Alliot-Marie en publiant une tribune libre critiquant Israël, ce qui a amené son éjection de son poste de sous-préfet en 2008. Notons toutefois que l’article « Quand le lobby pro-israélien se déchaîne contre l’ONU » a été publié par le site musulman Oumma.com et qu’il n’hésite pas aux provocations plus que douteuses (par exemple l’article « analogie pour analogie, frappante est la ressemblance entre le Reich qui s’assied sur la SDN en 1933 et l’Etat hébreu qui bafoue le droit international depuis 1967 »).

Simple erreur ou abandon de la Gauche ? On a la réponse dans un article plus que surprenant. Depuis quelques années, Bruno Guigue s’est rapproché du Pôle de Renaissance Communiste en France (PRCF) et voilà qu’il publie sur le site du PRCF un article surréaliste intitulé : « Marx, penseur du racisme systémique ». Salvador Dali et André Breton sont battus.

Mentionnant les présentations assassines que Karl Marx fait du colonialisme, Bruno Guigue en déduit que, par conséquent, la « question raciale » était à la base même de la question capitaliste. Ce faisant, il fait comme Dieudonné et résume le capitalisme à une sorte de mise en esclavage parasitaire :

« Loin d’être indifférent à la question raciale, Marx en a perçu le caractère originaire, il a vu qu’elle était indissociable de la genèse du mode de production capitaliste. »

« La vérité, on le voit, c’est que Marx a compris que le racisme systémique inhérent à l’esclavagisme marchand était l’acte de naissance du capitalisme moderne ; que ce dernier épouserait bientôt la logique de ce que Samir Amin appellera le « développement inégal » ; qu’une fois les rapports de dépendance entre le Nord et le Sud institués, cette inégalité allait conférer sa véritable structure au système mondial ; qu’entre le centre et la périphérie s’instaurerait une division du travail assignant la seconde au rôle de fournisseur de main d’œuvre et de matières premières à bas prix ; que générant une exploitation en cascade, cette hiérarchisation du monde perpétuerait des rapports d’exploitation dont l’Occident capitaliste tirerait sa prospérité et dont les séquelles sont encore visibles. »

Il y aurait ainsi une sorte de « poison » dans la matrice du capitalisme. Bruno Guigue n’a donc pas lu le fameux Capital de Marx, sinon il saurait que chez lui le colonialisme n’est pas présent dans la « matrice » du capitalisme, qui par ailleurs n’existe pas, mais accompagne le développement des forces productives.

Karl Marx n’a jamais écrit, pour cette raison, d’analyses sur le racisme et encore moins sur le racisme « systémique ». Il n’y avait pour lui pas de « système », mais un mode de production. Friedrich Engels, dans son fameux « anti-Dühring », présente l’esclavage comme une étape nécessaire :

« Ce fut seulement l’esclavage qui rendit possible sur une assez grande échelle la division du travail entre agriculture et industrie et par suite, l’apogée du monde antique, l’hellénisme. Sans esclavage, pas d’État grec, pas d’art et de science grecs; sans esclavage, pas d’Empire romain.

Or, sans la base de l’hellénisme et de l’Empire romain, pas non plus d’Europe moderne. Nous ne devrions jamais oublier que toute notre évolution économique, politique et intellectuelle a pour condition préalable une situation dans laquelle l’esclavage était tout aussi nécessaire que généralement admis.

Dans ce sens, nous avons le droit de dire : sans esclavage antique, pas de socialisme moderne.

Il ne coûte pas grand chose de partir en guerre avec des formules générales contre l’esclavage et autres choses semblables, et de déverser sur une telle infamie un courroux moral supérieur. Malheureusement, on n’énonce par là rien d’autre que ce que tout le monde sait, à savoir que ces institutions antiques ne correspondent plus à nos conditions actuelles et aux sentiments que déterminent en nous ces conditions. »

Il ne coûte pas grand-chose pour Bruno Guigue de dénoncer l’esclavagisme aujourd’hui, alors qu’il n’existe plus et qu’il n’a surtout rien de capitaliste. Le capitalisme n’est pas raciste, il est même totalement anonyme. Ses blocs en compétition utilisent pour cette raison le racisme afin de mobiliser en leur faveur, mais il n’y a rien de systématique. Le capitalisme britannique méprise ou valorise l’Inde selon ses besoins : c’est le marché qui décide, pas un « racisme systémique » qui serait une « structure » comme dans le structuralisme.

Mais l’unique intérêt de son article, c’est de se demander ce que le PRCF est allé faire dans cette galère… Cette organisation se définit comme une initiative de reformation du PCF sur la base de ce qu’il a été dans les années 1980. On a pourtant ici quelque chose qui n’a rien à voir, qui est ouvertement postmoderne. C’est soit une erreur, une anecdote, soit directement une infiltration postmoderne, une bombe à retardement.

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Michel Onfray dans le Figaro pour une «troisième voie»

Dénonçant la gauche postmoderne tout en attaquant la Gauche historique, Michel Onfray se place pour devenir un théoricien relevant de l’extrême-Droite au sens strict.

Michel Onfray a publié dans Le Figaro une sorte de petit « manifeste » : « La Gauche acéphale ». C’est un pas de plus de sa part vers un engagement politique avec une ambition extrême. De fait, il formule une thèse assez simple, malgré tout un saupoudrage de références diverses et variées digne d’Eric Zemmour.

Ce que dit Michel Onfray, pas en ces termes mais c’est pareil, c’est qu’auparavant il y avait la Gauche historique et que désormais il y a la « gauche » postmoderne. Les deux ont failli, il faut donc une troisième voie.

Cette troisième voie a déjà un nom : le Fascisme, mais Michel Onfray n’assume pas encore, bien que le contenu de sa future revue « Front populaire » va être toujours plus clair, surtout avec la propagation de la crise.

Surtout que, inévitablement, la Gauche historique va revenir en force. Michel Onfray fait fonction ici d’obstacle à cela. C’est pour cela que Le Figaro présente ce petit écrit comme un « texte lumineux ».

Voici comment Michel Onfray dénonce la Gauche historique, celle de la lutte des classes :

« Il y eut une guerre franco-allemande perdue par la France dont on ne parle pas: c’est celle qui a opposé l’idéaliste Marx au pragmatique Proudhon.

Marx a bien sûr gagné ce combat. Il eut un allié de poids avec Lénine puis Staline, qui ont appliqué la théorie communiste sur une grande partie de l’Europe. Je sais que les dévots du concept estiment que le goulag n’était pas chez Marx, mais la légitimation de la violence s’y trouve. Or, le goulag n’est jamais que l’une des formes prises par cette violence. »

Puis vient mai 1968 et une victoire, selon Michel Onfray, de la gauche postmoderne. C’est tout à fait erroné, car en réalité ce qui suit mai 1968, c’est une frange de la Gauche historique passant dans la violence et ébranlant plusieurs pays : l’Italie, l’Allemagne de l’Ouest, la France, le Japon, les États-Unis.

Toutefois Michel Onfray est un intellectuel et son horizon se réduit aux intellectuels. Comme le structuralisme l’emporte dans les universités, alors il n’y a que cela qui existe. Il est dénoncé en les termes suivants :

« Le structuralisme annonce, avec force démonstrations obscures, qu’il existerait des structures invisibles, indicibles, ineffables qui gouverneraient tout ce qui est! Exit l’Histoire, vive le règne des Idées pures (…).

Elle [= la gauche française après 1991] a donc tourné son regard vers l’ouest et, fascinée par les campus américains, elle a demandé du contenu idéologique aux néostructuralistes qui avaient dépassé le marxisme dogmatique au profit du gauchisme culturel (…) [qui] critique, entre autres: la raison occidentale, la possibilité d’une vérité, le «phallogocentrisme» pour utiliser le concept de Derrida qui dénonce ainsi le pouvoir des discours du mâle blanc occidental, les processus démocratiques du débat et de la décision, la séparation des sexes, l’écriture de l’Histoire par les Occidentaux.

En même temps, elle adoube les marges comme des centres: les homosexuels, les transgenres, les femmes, les Noirs et les Maghrébins, les immigrés, les musulmans, mais aussi, ce sont les sujets de prédilection de Foucault, les prisonniers, les fous, les hermaphrodites, les criminels, sinon, ce sont là les héros de Deleuze, les drogués ou les schizophrènes. »

Michel Onfray en conclut que :

« La gauche marxiste monolithique, perdue après la mort de Marx et de son empire, a laissé place à une gauche moléculaire. La première visait l’universalisation de sa révolution ; la seconde, la généralisation du communautarisme. L’ancienne faisait peur au capital, la seconde le réjouit. »

Il y a ici une allusion très précise. Le terme « moléculaire » est une allusion au principe de « révolution moléculaire » de Félix Guattari, l’auteur avec Gilles Deleuze de « Mille plateaux ». Ces deux auteurs sont des figures majeures du courant « désirant », dont Julien Coupat et « l’insurrection qui vient » sont grosso modo des représentants.

Ce courant « désirant », si puissant il y a peu de temps encore, a d’ailleurs laissé sa place à l’activisme postmoderne, tout comme justement le structuralisme a cédé la placé au post-structuralisme base de l’idéologie postmoderne.

Il y a des nuances et différences entre les deux, mais Michel Onfray s’en moque (ou ne saisit pas que ce n’est pas la même chose), avec raison somme toute puisque les deux sont assimilables, et en conclut… non pas qu’il faille un retour à la Gauche historique, mais une réaffirmation de Proudhon. Par « acéphale », faut-il voir une allusion à Georges Bataille, philosophe mystico-désirant ? Peut-être pas mais le problème est facile à comprendre : les tenants de Proudhon sont éclectiques et assument.

C’est le propre du style fasciste. Michel Onfray aborde les choses de la même manière et on voit mal comment il ne pourra pas toujours plus se révéler un pion au service du Fascisme… Même s’il espère en devenir le roi.

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Société

«LGBTQPIA+»

Impossible de suivre l’inflation identitaire à la bourse aux idées délirantes. C’est un véritable empilement de fantasmagories.

Hier on avait la défense des droits des gays et des lesbiennes à mener tranquillement leur vie. C’est une chose, qui concerne des gens concrets, qui ont une certaine attirance et qui veulent la vivre sentimentalement parlant. Cela a sa dignité. Aujourd’hui on a quelque chose de très ressemblant en apparence, mais qui concerne des abstractions et qui est un vecteur du turbocapitalisme. Difficile de faire pire dans l’ultra-individualisme et l’idéalisme, avec la séparation complète du corps et de l’esprit.

Et cela s’accumule comme des richesses capitalistes. On a eu le « LGBTI+ » avec plein de variantes, maintenant on a « LGBTQPIA+ », comme le jeu Animal crossing vient de le mettre en avant. On voit le drapeau « LGBT » mais aussi celui « transgenre » (bleu clair, rose, blanc, cette couleur étant remplacé par du noir pour une version afro-américaine !).

C’est un acronyme pour Lesbiennes, Gays, Bi, Trans, Queer, Pansexuel, Intersexe, Asexuel, le « + » montrant qu’on peut ajouter encore toute une série de termes. Ce qui est d’autant plus marquant dans cette inflation, c’est qu’il est ouvertement assumé que toutes ces « orientations » relèvent à la fois d’un « choix » et d’une réalité concrète. Il serait « naturel » d’être « pansexuel », bien que, bien entendu, le terme de « naturel » soit totalement inadéquat, puisque la biologie est réfutée par l’approche postmoderne.

Il est très intéressant également de noter que toutes ces identités sont interchangeables et ce de manière permanente. C’est du prêt-à-porter identitaire. C’est en même temps communautaire, parce qu’on s’insère en même temps que son identité dans une (pseudo) communauté, ce qui est évidemment rassurant, fournissant une (pseudo) socialisation.

On a alors une communauté dans une communauté, puisque les « LGBTQPIA+ » sont censés avoir le caractère d’une communauté. Et avec le « + » cette communauté est sans limites. Ce qui est alors le rêve capitaliste, des consommateurs aux identités multiples, formant une consommation générale mais bien spécifique à chaque fois. Les « LGBTQPIA+ » c’est littéralement une utopie capitaliste.

Il n’est ainsi pas étonnant que le capitalisme valorise les « LGBTQPIA+ », que toutes les grandes entreprises américaines soient en première ligne pour les mettre en avant, que l’Union européenne en a fait une des valeurs les plus essentielles, au nom d’une société « ouverte ».

Quoi de meilleur pour un régime de se prétendre ouvert, démocratique, acceptant toutes les différentes formes d’expression et surtout de bien-être. Peu importe qu’il s’agisse d’abstractions, de fantasmes individualistes, de rejet de tout ce qui est matériel au nom de choix subjectivistes. Le capitalisme peut se présenter comme tolérant : on ne demande pas aux gens de trouver tout bien, on leur demande simplement d’accepter.

Après tout, s’il n’y a pas préjudice pour autrui, pourquoi irait-on trouver quelque chose de mauvais ? Le capitalisme réduit tout au niveau individuel et les « LGBTQPIA+ » sont pour lui un vecteur de libéralisme, absolument efficace. Et il a su utiliser pour cela les gens ouverts, et surtout une ultra-gauche prête à s’engager pour des opprimés qui n’existent que comme constructions subjectivistes. Cela donne d’autant plus de crédibilité aux poussées turbocapitalistes.

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Face à la dérive «racialiste»: la lutte des classes

La France est en plein dans une crise économique majeure, qui va chambouler toute la société, et il y a un contre-feu racialiste afin d’empêcher qu’on comprenne les véritables enjeux. Ce qui se joue, c’est déjà un affrontement entre les classes.

La police serait « raciste », la France une « dictature », le pays connaîtrait un véritable apartheid, la police serait même la véritable responsable de tous les malheurs possibles… Qui diffuse de pareilles inepties ? Qui les met en avant ?

Tout simplement la petite-bourgeoisie en train de passer sous le rouleau compresseur de la crise et s’agitant par tous les moyens pour provoquer quelque chose. Provoquer quoi Elle ne le sait pas. Mais elle sait que pour survivre, elle a besoin de faire du bruit. C’est exactement le même phénomène que les « gilets jaunes » et c’est une expression réactionnaire.

C’est en effet une « réaction », avec une absence totale de projection vers l’avenir et de valeurs. Une réaction qui se fonde sur l’irrationnel et qui propage l’irrationnel, en veillant bien à ne surtout pas utiliser les gros mots que sont bourgeoisie et capitalisme.

La France a connu une crise sanitaire unique – mais le pays ne réfléchit pas à cela. Il considère que c’est déjà du passé et que c’est quelque chose de lointain, de chinois. La problématique du rapport à la nature, aux animaux ? Elle n’existe pas !

La France va dans le mur économiquement parlant. Son économie va se faire littéralement fracasser et le gouvernement, dépassé, arrose avec des aides par milliards, en espérant qu’il en ressortira quelque chose. Et pourtant rien de tout cela n’est pris au sérieux !

La dérive « racialiste » actuelle dans le pays est une expression de cette négation de la réalité. Elle vise à contribuer à empêcher que soit saisi cette simple vérité de la Gauche historique : l’histoire est l’histoire de la lutte des classes.

Les questions identitaires sont une arme qui vise à diviser pour régner, à séparer les gens et les monter les uns contre les autres. Au lieu de considérer qu’on vit sur la même planète et qu’on en train de la détruire, il faudrait se diviser et faire de ces divisions des catégories qui guideraient la société, les comportements, les mœurs.

Qui a intérêt à cela ? Qui a intérêt à faire d’une agitation réactionnaire un moyen de trouver un paratonnerre face aux luttes de classes ?

Le pire dans tout cela, ce sont les idiots utiles, qui s’imaginent dénoncer une oppression alors qu’ils ne sont que les outils du maintien de l’exploitation. Car l’histoire est l’histoire de la lutte des classes, c’est cela la clef de tout, et qui veut rajouter des choses n’est en réalité qu’un semeur d’obstacles visant à désorienter.

Seule la Gauche historique, selon qui tout se décide par rapport à la lutte des classes, peut nous sortir de cette situation, par la raison et la connaissance, par l’organisation et les choix relevant du Socialisme. Et pour qu’elle existe, il faut une classe ouvrière qui soit en action et non des ouvriers à la remorque du mode de vie capitaliste et des syndicats dont la définition même est d’accompagner l’exploitation et désormais le désastre.

On a changé d’époque et il faut être à la hauteur de celle-ci !

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La tribune existentialiste «Pourquoi j’ai honte d’être blanche»

Une étudiante belge a publié une sorte de petit manifeste existentialiste reprenant à son compte la rhétorique des « Indigènes de la République ». C’est un exemple excellent et pathétique de la folie identitaire de la « gauche » postmoderne.

À la base le texte a été publié sur le média belge lalibre.be, comme « contribution externe », avant d’être enlevé au motif suivant :

« Suite à de nombreuses insultes envoyées à l’auteure de cette opinion, cette dernière a préféré ne plus signer ce texte.

Nous supprimons donc ce texte, et reviendrons sur les questions qu’il soulève dans un débat contradictoire ces prochains jours.

La Rédaction »

La personne à l’origine de cette tribune est Juliette B., une étudiante en première année de Sciences Politiques à l’Université de Liège qui, évidemment, s’est faite atomisée en retour. Tant la France et la Belgique sont des pays en effet où la lutte de classes a été très forte et les discours racialistes ne peuvent pas passer comme une lettre à la poste.

On sait ce qu’est la réalité et les « révélations » mystiques dans l’esprit de la déconstruction à la Michel Foucault et à la Frantz Fanon passent pour des lubies. On sait où est la réalité et elle n’est pas dans la tête des « social justice warriors » qui sont des caricatures inversés de l’extrême-Droite.

L’approche philosophique hors-sol à l’anglo-saxonne, ce délire universitaire de petits-bourgeois de centre-ville, n’arrive heureusement pas à s’imposer, et pourtant on sait à quel point il est acide, agressif, harcelant, conquérant, vindicatif !

Voici le texte de Juliette B., qui mélange l’existentialisme à l’absurde par l’absence de sens à certains de ses propos très décousus d’ailleurs :

« Aujourd’hui, j’ai eu une révélation. Elle m’est apparue comme un éclair de génie après quelques jours d’un malaise opaque. En effet, depuis la mort de George Floyd et le scandale international qui en a découlé, j’avais comme une gêne qui se déplaçait dans mon corps, un noeud, un manque de fluidité, quelque chose d’handicapant que je n’arrivais pas à sonder. Je l’ai laissée dormir pendant quelques jours mais celle-ci a fini par grandir et par exploser aujourd’hui…

Puis, aujourd’hui, se sont alignés ces 6 mots : “J’ai honte d’être blanche”. C’était ça, ce sentiment que j’aurais préféré laissé endormi. Je me suis sentie comme membre d’une famille gênante dont on préfèrerait ne pas faire partie. Je ne me suis pas sentie coupable de l’attitude gênante de cette famille de Blancs, juste honteuse, avec une folle envie de disparaître pour ne plus être associée à elle.

Tous ces gens qui plaident pour l’existence du racisme anti-blanc et qui nous rappellent qu’il existe des policiers gentils ne sont-ils pas mal à l’aise ? Ne ressentent-ils pas la même honte que moi quand ils osent accaparer le débat de manière aussi indécente ?

Si le monde était la salle d’attente des urgences et que l’état physique des patients était proportionnel au taux de discriminations raciales qu’ils subissent, les Blancs auraient une égratignure au genou tandis que les personnes racisées auraient tous les membres fracturés, les deux poumons perforés et seraient en train de se vider de leur sang. La moindre des politesses dans ce cas, c’est de se taire avec sa pauvre égratignure au genou et pas d’essayer de crier plus fort que les plus amochés.

En réalité, la honte, c’est tout le problème et toute la solution. Les Blancs ne veulent pas la voir, c’est pourquoi ils utilisent tous les moyens possibles pour se défendre quitte à s’enfoncer dans la malhonnêteté intellectuelle la plus ridicule.

Cependant, associée à une bonne dose de courage, la honte est l’antithèse nécessaire, un moteur même. Une fois que l’on a eu le courage de l’accepter, il nous prend le besoin viscéral de ne plus être honteux. Il nous est désormais impossible de reposer notre ego sur notre blancheur, notre “fierté raciale” tant celle-ci est teintée d’autohumiliation.

J’ai honte d’être blanche, je le répèterai haut et fort, n’en déplaise à l’ego d’un certain nombre de Blancs fiers de l’être.

J’ai honte d’être blanche, retenez bien ça. »

Ce texte ressemble comme une goutte d’eau dans sa démarche à celui écrit par Virginie Despentes et lue sur France Inter, « Lettre adressée à mes amis blancs qui ne voient pas où est le problème… », qui développe le même thème de la « honte » d’être blanc.

Elle tente un portrait caricatural en commençant ses phrases par « En France nous ne sommes pas racistes mais », comme cette première phrase à la fois fausse et racialiste :

« En France nous ne sommes pas racistes mais je ne me souviens pas avoir jamais vu un homme noir ministre. Pourtant j’ai cinquante ans, j’en ai vu, des gouvernements. »

En même temps qu’attendre de Virginie Despentes, la parfaite représentante de la décadence esthétisée par les bobos et n’ayant rien à proposer que du nihilisme. Car c’est bien de cela dont il s’agit, de la fin d’une époque, avec des gens s’agitant… pour ne surtout pas changer le monde.

Le racialisme est un terrible piège et il faut le mettre en pièces !

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Une militante CGT exclue du rassemblement «la vérité pour Adama» à cause de son drapeau

Une militante CGT s’est faite conspuer puis dégager de la manifestation du collectif « la vérité pour Adama ». Elle a publié une lettre pour se défendre, dans laquelle elle montre qu’elle n’a pas compris le cœur du problème : si est elle s’est faite jeter aussi vertement, c’est parce qu’elle a été assimilée au mouvement ouvrier.

Une militante CGT avait décidé de participer avec le drapeau de son syndicat au rassemblement du collectif « la vérité pour Adama », qui a rassemblé 20 000 personnes devant le tribunal de grande instance de Paris. L’orientation postmoderne de l’initiative fait qu’elle s’est faite jeter, avec une grande vigueur, les manifestants n’acceptant pas de se voir liés au mouvement ouvrier.

Trop heureuse d’un tel événement politique, la Droite ultra-conservatrice Valeurs Actuelles a diffusé une vidéo dans laquelle on voit ce qui s’est passé :

La militante CGT proteste à juste titre contre la récupération faite par Valeurs Actuelles, mais elle se plie en même temps entièrement aux postmodernes identitaires qui l’ont pourtant rejeté, car elle a été assimilée au mouvement ouvrier.

Son discours revient même totalement à une liquidation de tout principe de classe, au profit d’un discours identitaire, à la différence qu’elle appelle à des « convergences », ce que ne font pas ceux qui sont dans la logique des « Indigènes de la République ». Son message a initialement été diffusé par le site trotskiste Révolution Permanente. Le voici :

« Deux choses doivent être dites sur cette vidéo : le rassemblement d’hier contre le racisme et contre les violences policières était un moment historique, et Valeurs Actuelles est un « media » d’extrême droite connu et reconnu comme tel. Je suis particulièrement scandalisée par cette instrumentalisation honteuse dont je fais l’objet, à propos d’un fait extrêmement marginal, qui s’est produit au moment où j’allais quitter le rassemblement.

Le fait que des manifestant-e-s présent-e-s n’aient pas apprécié de voir un drapeau CGT à la manifestation n’enlève strictement rien à la justesse du mouvement et au combat contre le racisme et les violences policières. Il est d’ailleurs judicieux qu’aujourd’hui on se pose la question de la présence et du rôle des syndicats dans la lutte antiraciste, et de notre responsabilité, tout comme la responsabilité historique de nos organisations syndicales, dans les combats antiracistes d’aujourd’hui pour construire les convergences de demain. Le syndicalisme doit être antiraciste.

Ensuite, étant animatrice des luttes des salariés du nettoyage et des hôtels, majoritairement des personnes noires, arabes, asiatiques, immigrées, ou issues de l’immigration, dont je fais partie, étant immigrée moi-même, nous avons toujours fait face à la police, sa violence et sa brutalité, dans la vie de tous les jours comme lors des luttes au travail ! À l’hôtel Holiday inn de Clichy, au campanile de Suresnes, au parc Hayat Vendôme, à l’Ibis des Batignolles. La police est toujours intervenue. Au parc Hayat Vendôme, on a été brutalisé-e-s et criminalisé-e-s juste parce que nous luttions pour la dignité, pour des augmentations de salaires et contre la sous-traitance, obligé-e-s à payer des amendes … dans toutes ces luttes, on a été soutenu-e-s par le comité pour la justice et la vérité pour Adama.

De même, notre syndicat a été présent dans les actions et mobilisations du comité, ainsi que dans toutes les actions antiracistes, contre l’islamophobie, contre l’antisémitisme, tout comme toutes les mobilisations et les grèves contre la régression sociale et les attaques patronales qui fragilisent toujours davantage celles et ceux qui sont socialement assigné-e-s aux travaux les plus durs et les moins rémunérés et valorisés !

Je dénonce avec fermeté cette instrumentalisation honteuse par ce « torchon » fasciste » et j’affirme une fois de plus mon soutien à tous-tes les camarades partout dans le monde qui se battent contre le racisme, pour la justice, pour la convergence des luttes et pour l’union de nos forces. Pour un avenir sans exploitation et sans domination. Le syndicalisme a toute sa place dans les luttes contre les violences policières et contre le racisme, car ces violences ne s’arrêtent pas aux portes du travail, au contraire elles structurent son organisation et l’exploitation des personnes racisées. Justice pour Adama, pour Amine Bentounsi, Babacar Gueye, Ali Ziri, Ibrahima Bah, Zineb Redouane, Gaye Camara, Steve Maia Caniço, et Fatouma Kebe ! Justice pour George Floyd, justice pour toutes les victimes des violences policières et du racisme !

Tiziri Kandi, CGT HPE

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Contre l’américanisation de la société française

Toute initiative politique a des fondements qui s’inscrivent comme partie du problème ou partie de la solution. Les rassemblements à l’appel du collectif « la vérité pour Adama » à Paris, Marseille, Lille, Lyon… s’inscrivent dans une tentative d’américanisation de la vie politique française et même de la société. Selon cette idée, la Gauche devrait disparaître et a fortiori ses idées, ses traditions, au profit d’agrégations semi-anarchistes d’esprit identitaire.

 

« Mort d’Adama Traoré : vivez en direct le rassemblement interdit devant le palais de justice de Paris » : Le Figaro n’a pas manqué d’envoyer un journaliste filmer le rassemblement parisien, avec la possibilité de commenter, ce qui a donné lieu bien sûr à un défouloir raciste et réactionnaire.

L’occasion était trop belle. Un rassemblement « interdit » mais qui a lieu quand même, avec une initiative venant des milieux postmodernes, dans le cadre d’une tentative de se raccrocher à ce qui ébranle les États-Unis : on a tous les ingrédients pour renforcer la Droite.

L’idée n’est même pas de dénoncer les réponses de la Gauche, mais de la nier, en disant qu’elle n’existe que sous la forme, hors-sol, de protestations parcellaires, forcées, agitatrices. Donald Trump a cherché à faire la même chose aux États-Unis en dénonçant les « antifas » qui seraient à l’origine des émeutes un peut partout dans le pays.

C’est-à-dire qu’en agissant ainsi, les commentateurs du Figaro font comme leurs inverses postmodernes ayant manifesté : ils poussent à l’américanisation de la vie politique et de la société.

Le principe est simple : les idées sont dans la société comme si celle-ci était une bourse et il faut pousser pour conquérir des parts de marché. C’est une vision libérale du monde, où les individus sont des consommateurs qu’il faut satisfaire afin qu’ils s’orientent vers les produit.

Eric Zemmour est un très bon exemple de produit puisqu’il dit ce que son public veut entendre, lui-même étant totalement creux, il suffit d’essayer de lire ses livres odieusement mal écrit (eu égard à ses prétentions) pour le constater. On en connaît d’autres : Dieudonné, Emmanuel Macron, Nicolas Hulot…

Le contraste est complet avec les années 1980. François Mitterrand, Georges Marchais, Valéry Giscard d’Estaing… avaient un haut niveau d’éducation et une vraie vision du monde. Ils étaient opportunistes, parfois jusqu’au paroxysme comme Jacques Chirac, mais ils avaient une base réelle. Aujourd’hui, il n’y a plus que des marionnettes.

Les Français ont beaucoup ri quand Ronald Reagan, un acteur de qualité relativement faible, a été élu président des États-Unis. Mais les Français ne valent presque pas mieux désormais. Tout est dans le « presque » cependant. Car la tentative d’américanisation de la société ne réussira pas. La classe ouvrière a trop de traditions et ainsi elle ne s’intéresse pas plus au collectif « la vérité pour Adama » qu’aux gilets jaunes. Elle vit sa vie, irréductible, passive, mais incorruptible.

Et quand elle commencera à bouger, cela ne sera certainement pas pour expliquer que les trans sont la figure révolutionnaire de notre époque, que les blancs sont des « souchiens », que la France des années 1960 était un paradis, que le drapeau national est la solution, que distribuer des gâteaux est de la subversion, que l’armée est la solution, que le hooligan au look neutre mais branché est la forme la plus aboutie de la rébellion, etc. etc.

Toute cette agitation forcenée de la Droite et des milieux postmodernes est en total décalage avec la réalité. Avec la réalité du Covid-19, car de tels rassemblements sont incohérents sur le plan de la protection sanitaire. Avec la réalité de la crise économique sur laquelle la France capitaliste va se fracasser. Avec la réalité de la classe ouvrière qui est là pour instaurer le Socialisme.

Mais il est vrai que ni la Droite, ni les milieux postmodernes ne veulent le Socialisme. Cela tombe bien : le Socialisme ne veut pas d’eux non plus.

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Le prétendu racisme de la police, nouvelle lubie de la petite-bourgeoisie hystérique

Après avoir inventé pendant des mois une police « fasciste » qui mutilerait volontairement les gilets jaunes, la petite-bourgeoisie hystérique s’ennuyait pendant le confinement. Elle s’est découvert une nouvelle lubie, répétée en boucle : la police serait raciste et pratiquerait une véritable terreur en banlieue. Camélia Jordana n’a fait que relayer et médiatiser ce fantasme ridicule, de la part de gens n’ayant souvent aucun rapport avec le quotidien des cités populaires.

Suite aux propos délirants de Camélia Jordana sur France 2, le secrétaire départemental parisien du syndicat majoritaire dans la police Unité SGP Police-FO a eu beau jeu de rappeler qu’elle n’a jamais mis les pieds en banlieue, ayant grandi dans un environnement huppé du Var et évoluant depuis dans le show business. Il a aussi précisé ce fait, qui n’aura pas échappé à toute personne vivant dans le monde réel et pas dans ses propres fantasmes : il y a en France dans la police énormément de personnes, venant des classes populaires, qui sont issues de l’immigration ou des Antilles (et qui se sentent particulièrement offusquées par les accusations faites).

Cela change tout. Cela a largement contribué à changer la police française ces dernières années, avec toute une génération de policiers ayant un état d’esprit démocratique, ou en tous cas la volonté de l’être. Comme dans le reste de la société française, le racisme quand il existe est ostracisé, dénoncé. Comme dans le reste de la société, les policiers ont bien d’autres choses à faire au quotidien que d’être raciste.

Une petite affaire a cependant agité tout un tas de gens il y a quelques semaines, y voyant une justification de leurs fantasmes. Dans une vidéo filmée depuis un balcon au milieu de la nuit, on entendait les propos graveleux et racistes de policiers repêchant un présumé voleur ayant sauté dans la Seine pour leur échapper. Il a été prétendu par le populiste Taha Bouhafs qui a médiatisé la vidéo qu’il s’agissait de policiers du commissariat de Villeneuve-la-Garenne. C’était en fait de policiers de la Direction territoriale de la Sécurité de Proximité des Hauts-de-Seine, ce qui n’est pas vraiment la même chose. Il s’agit ici d’équipes aux missions très particulières ne concernant pas vraiment le quotidien du peuple.

C’est un peu la police des bas-fonds de la société et il n’est pas étonnant vu la rudesse de leur activité qu’il y ait dans certaines de ces unités des mœurs particulièrement rétrogrades, avec ici selon Le Parisien un commissaire présent ce soir-là qui avait été condamné en 2008 dans une affaire de violence à de la prison avec sursis et une interdiction d’exercer d’un an.

Seulement, il n’y a pas vraiment de rapport entre le quotidien de la plupart des gens vivant en banlieue et ce genre d’histoire concernant une personne égyptienne présente illégalement sur le territoire, qui ne parle même pas français, surprise en pleine nuit aux abords d’une scène de vol sur un chantier. En plein confinement sanitaire de surcroît.

La jeune prolétaire travaillant dans une grande chaîne américaine de café à Paris ou bien l’ouvrier d’une usine automobile, ne se sentent pas particulièrement concernés par cette affaire, n’ayant d’ailleurs jamais à faire à la police dans leur vie quotidienne. Par contre, pour les bobos parisiens, les populistes « de gauche » ou les petits-bourgeois hystériques, qui ne connaissent rien à la réalité du peuple, le lien était fait. Pour eux, un banlieusard est forcément un immigré lié à la délinquance et a tout le temps à faire à la police…

C’est précisément ces petits-bourgeois fantasmant la banlieue que visent les rappeurs lumpen célébrant les drogues, le sexe et la violence comme par exemple Moha la squale dans sa toute nouvelle vidéo.

On peut être choqué des propos de Camélia Jordana, mais il faut bien dire qu’elle n’a rien inventé toute seule. Elle ne s’est faite que le porte-voix de toute une agitation détestable, s’imaginant que la France en 2020 serait un régime terroriste massacrant volontairement une partie de sa population pour des raisons raciales.

C’est ainsi que Dominique Sopo, le président de la moribonde SOS racisme, association qui a été pourtant très populaire à l’origine, s’est fendu d’une tribune fin avril à propos des propos racistes tenus par les policiers. Il prétendait expliquer qu’il ne s’agissait pas de « dérapage », mais de « problème structurel », liant tout cela de manière grotesque à « la police de Papon ». L’actualité serait selon lui « d’ouvrir le chantier de la lutte contre le racisme au sein des forces de l’ordre. »

Dominique Sopo a bien sûr sauté sur l’occasion de la polémique lancée par Camélia Jordana et on notera que dans sa volonté de la défendre à tous prix, il en oublie les personnes antillaises, ou asiatiques, ou roumaines, qui ne seraient étrangement pas concernées par le prétendu racisme systémique de la police. La peur de la police serait ressentie par des personnes « en raison de leurs origines maghrébine et subsaharienne » croit-il expliquer sur une chaîne d’information en continue…

SOS racisme avait également lancé une pétition début mai sur le même registre, signée par tout un tas d’associations et organisations liées à la Gauche, depuis l’UNEF jusqu’à l’UEJF, en passant par EELV, Génération-s, le PS, le PCF, la France insoumise, ainsi que les syndicats CGT, FSU, UNSA, etc.

Dans le même genre, la fantasque association « Urgence la police assassine » a lancé il y a quelques semaines une application iphone afin de filmer la police, avec une vidéo dans laquelle interviennent surtout quelques artistes du show business au ton faussement grave. Il y a ainsi eu tout un tas d’interventions dans le genre, menant donc aux propos de Camelia Jordana.

> Lire également : Camélia Jordana et la police qui massacrerait en banlieue

On notera au passage, pour bien souligner le caractère délirant de ces gens, la vidéo d’Assa Traoré (du « Comité vérité et justice pour Adama » encensé par toute une partie de la Gauche), criant à la censure et appelant à la liberté d’expression. Sauf que Camelia Jordana a tenu ses propos dans une émission à grande audience du service public et que l’émission a elle-même relayé les propos sur Twitter ! C’est une drôle de conception de la « censure »…

Mais le fait est que les militants petits-bourgeois hystériques ne supportent pas un point de vue rationnel, ils ne supportent pas que les policiers et une grande partie de la population puissent être offusqués et dénoncer leur agitation et leurs prétentions fantasmagoriques. Tout ce qui compte pour eux est d’inventer toujours des nouvelles lubies, des nouvelles « causes », des nouvelles « oppressions », afin d’empêcher à tout prix l’émergence de la lutte des classes, de la bataille du prolétariat contre la bourgeoisie, dont ils ne sont qu’un appendice particulièrement méprisable.

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Camélia Jordana et la police qui massacrerait en banlieue

Les propos hallucinés de Camélia Jordana croyant que la France est l’Afrique du Sud de l’apartheid reflète bien toute une bourgeoisie d’origine immigrée utilisant une démagogie infâme pour se faire valoir.

Camélia Jordana est une chanteuse et une actrice. Elle a eu un parcours bourgeois toute sa vie, son père est chef d’une entreprise de transport en béton et sa mère une thérapeute en développement personnel.

De passage à « On n’est pas couché », une émission de France 2, elle a tenu des propos délirants, mais tout à fait en phase avec l’ultra-gauche. Dénonçant la police, elle dit :

« Je ne parle pas des manifestants, je parle des hommes et des femmes qui vont travailler tous les matins en banlieue qui se font massacrer pour nulle autre raison que leur couleur de peau. C’est un fait. »

Et Camélia Jordana d’expliquer qu’elle ne se sent pas en sécurité « face à un flic » parce qu’elle a les cheveux frisés ! Cela ne doit pas étonner, cela dit, cela fait plusieurs années qu’elle raconte cela dans la presse people. Selon elle, depuis les attentats du 13 novembre 2015, l’ambiance aurait changé, le racisme serait prégnant, en particulier dans la police, etc.

On a là une démagogie typique. La bourgeoisie d’origine immigrée cherche à gagner des positions en s’appuyant sur les prolétaires d’origine immigrée. Mais il faut pour cela gommer les différences de classe. Par conséquent, rien de tel qu’un racisme institutionnel imaginaire pour faire des immigrés une « caste » qui serait opprimée. Et comme levier, on utilise les lumpens confrontés à la police qu’on transforme en « martyrs ».

C’est un très beau tour de passe-passe, qui ravit l’ultra-gauche qui trouve là du grain à moudre pour ses fantasmes anti-étatiques. Jamais d’ailleurs le roman 1984 n’aura été aussi à la mode dans toutes les couches intellectuelles petites-bourgeoises, qui voient en l’intervention de l’État contre le covid-19 l’émergence du spectre du totalitarisme communiste.

C’est naturellement tout aussi parfait pour le Paris rive gauche, d’esprit catho de gauche, portant historiquement la droite du Parti socialiste, surfant les modes « post-modernes ». De France Inter à Glamour, on adore Camélia Jordana.

Car les gens comme elle en rajoutent et en rajoutent, jusqu’à un irrationalisme considéré comme la plus grande des rationalités. Camélia Jordana, qui bien entendu habite au cœur de Paris, croit en ce qu’elle dit, elle pense vraiment que la police « massacre » les non-blancs en banlieue. Une banlieue considérée par elle, bien entendu, comme uniquement composée de non-blancs. Et d’ailleurs, comme pour l’ultra-gauche, seuls ces non-blancs seraient le peuple au sens strict. Tous les autres seraient des privilégiés.

Camélia Jordana représente le grand succès des « Indigènes de la République » et de toutes ces idéologies de la bourgeoisie immigrée nées comme la vague islamiste, de la grande défaite du soulèvement des banlieues de 2005. 2005 aurait pu amener un grand renouveau de la Gauche, avec l’affirmation d’un conflit assumé avec le régime. Cela se transforma en rejet des institutions.

La différence entre un conflit avec un régime et un rejet des institutions doit être ici bien comprise et pour cela, il suffit de regarder le hip hop, le rap. Avant 2005, la dimension sociale suinte par tous les pores dans ce courant musical. Après 2005, c’est terminé.

Camélia Jordana procède de cette situation et représente une partie de la bourgeoise manipulant les esprits avec une démagogie racialiste, un discours anti-institutionnel néo-féodal, tout cela pour se donner une image « populaire ».

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Le climat malsain et violent à l’encontre des féministes dites «terfs»

Depuis quelques temps, il règne un climat particulièrement malsain dans le mouvement féministe des grandes villes. L’idéologie de la déconstruction, avec sa pointe avancée qu’est le queer, forme une chape de plomb qui étouffe l’expression démocratique des féministes assumant la lutte pour la dignité des femmes, avec parfois même des menaces de violences extrêmement graves.

Pour les queer on peut tout choisir, être qui on veut, il suffit de le dire. « Océan », ex-Océane Rose Marie, ex-humoriste lesbienne et désormais l’ « homme trans » le plus visible de France, a affirmé dans une story Instagram qu’on peut être un homme et être lesbienne.

Et tous ceux qui disent l’inverse sont qualifiés de « transphobes », « hétéro-normés », « binaires », « non déconstruits », et autres inventions sémantiques…

On a ainsi des hommes se disant « lesbienne » pour draguer de manière insistante des lesbiennes. C’est pourtant un manège bien connu et pesant qui n’a pas attendu les queer pour exister. Seulement, selon ces derniers, il faudrait valider cela, puisqu’on peut être un homme et se reconnaître « un vécu » de lesbienne. Tout n’est affaire que de « ressenti », de perception de soi et personne ne peut juger la sincérité ou la crédibilité de la personne.

Le pire c’est que cette histoire n’est que la partie émergée de l’iceberg, car depuis quelques années l’offensive queer n’est plus limitée à une simple orientation théorique dans des revues universitaires anglo-saxonnes qui ne parlent à personne, mais repose sur un réel parasitage. Celui-ci se développe principalement dans les grandes villes où les universités ont eu un rôle déterminant dans la diffusion de ce courant « postmoderne ».

Une expression bien visible de ce palier franchi, c’est par exemple l’apparition d’un acronyme pour dénigrer les féministes qui s’appuient sur la réalité matérielle pour dire ce qu’est une femme et ce qu’est son oppression. Cet acronyme est celui de « terfs », de l’anglais trans-exclusionary radical feminist  (féministes radicales ne s’organisant pas avec les personnes transsexuelles).

Il est ainsi courant de voir en manifestation des pancartes de ces féministes arrachées, des services d’ordres « anti-terfs » se constituer, comme anciennement « Les Méduses » à Lyon, jusqu’à en appeler au meurtre avec des produits-dérivés ou des tags portant le message « mort aux terfs ». Il existe toute une esthétique de la batte de baseball, importée des manifestations queer américaines ; cela en dit long sur le climat qu’amène les queer dans les espaces féministes.

On est donc dans une situation où des personnes représentant le libéralisme le plus complet exercent un parasitage anti-démocratique du féminisme avec, en fer de lance, un harcèlement de type homophobe. Les premières victimes des agressions queer sont en effet les lesbiennes qui, naturellement, refusent d’avoir des relations avec des soit disant femmes-trans… puisque ce sont des hommes.

Selon les queer, il faudrait faire un effort entre gens qui se déconstruisent, il n’y aurait plus lieu de rester « figé » dans son orientation, son genre, etc.

Malheureusement, le milieu féministe est gravement miné par cela, bien qu’il y ait des prises de conscience récente. Des femmes agressées ou menacées par des trans se retrouvent à ne plus avoir personne pour les soutenir.

Même les permanences de certaines organisations féministes ou contre l’homophobie sont touchées par l’idéologie trans, où des propos incompréhensibles y sont tenus. Par exemple, il est reproché aux lesbiennes de ne « pas faire d’efforts » pour flirter avec des hommes (qui se pensent femmes), assimilant ce refus à une forme de « discrimination »…

Il y a là une véritable infiltration qui vise à changer les représentations pour finalement ne plus parler des femmes et n’aborder que la « question » trans.

C’est d’une violence inouïe et les femmes en font à nouveau les frais. Alors qu’elles subissent des viols, le harcèlement, les violences conjugales… ou encore l’ostracisme en particulier pour les lesbiennes.

Ces dernières subissent de plein fouet le piège postmoderne, consistant à monter une idéologie LGBT siphonnant entièrement la question homosexuelle et finalement même la niant en tant que telle.

Les rares femmes qui arrivent à trouver la voie du féminisme au sens strict se heurtent à la violence verbale, voir parfois physique, de la part des activistes queer qui dénigrent l’émancipation collective au profit d’une « libération » individuelle-identitaire.

Le climat malsain opéré par l’idéologie décadente queer est le reflet de l’absence de la Gauche portant le combat historique des femmes du peuple pour leur émancipation démocratique et universelle. Seule un retour aux fondamentaux historiques de la Gauche est à même de faire face à ce brouillage anti-démocratique postmoderne.

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8 mars 2020 à Paris: des féministes agressées par l’ultra-gauche libérale-libertaire

Un collectif d’ultra-gauche s’en est pris à un petit regroupement d’extrême-Droite lors de la marche des femmes du 8 mars… Agressant au passage le petit cortège du Collectif Abolition PornoProstitution. Voulue sciemment ou pas, l’agression correspond en tout cas tout à fait à la démarche postmoderne de légitimer la prostitution et de démolir ceux qui la combattent.

Voici le témoignage d’une militante membre du Collectif Abolition PornoProstitution (CAPP), racontant l’agression (qui a été interrompue par les forces de l’ordre) :

Le CAPP défend le point de vue suivant : la pornographie et la prostitution relèvent d’une industrie du viol liée au patriarcat, tout comme la GPA (gestation pour autrui), qui relève du « sexclavagisme ».

C’est là un point de vue qui, il y a trente, quarante ans, dans les rangs de la Gauche historique, était une évidence. Inversement, pour la Gauche « post-historique », post-industrielle, postmoderne, c’est inacceptable : selon elle, les prostituées sont des « travailleuses du sexe ».

L’agression du collectif le 8 mars à Paris était-elle ainsi volontaire, menée juste « en passant », ou un ratage ? Il apparaît en tout cas que c’est clairement le discours abolitionniste par rapport à la prostitution qui a amené l’agression, les « abolos » étant dénoncés lors de celle-ci, le CAPP étant depuis quelques temps déjà la cible de dénonciations pour sa position censée être « putophobe et transphobe ».

Car pour les postmodernes, toutes les personnes opposées à la prostitution sont des fachos. Pour les postmodernes, toutes les thèses culturelles de la Gauche historique relèvent de la réaction. Les postmodernes valorisent la prostitution, l’art contemporain, l’amour libre, la PMA pour toutes, la GPA, la banalisation de l’avortement, la vente libre de drogues, le porno « libre », les rapports sado-masos… Les postmodernes, c’est le capitalisme personnifié, le libéralisme complet, c’est Emmanuel Macron puissance 10.

Menée délibérément ou pas, l’attaque d’ultra-gauche contre le Collectif Abolition PornoProstitution est donc objectivement tout à fait cohérente. Elle représente toutefois un saut réel dans l’agression physique contre les valeurs de la Gauche historique, ce qui ne va pas sans problèmes, d’ailleurs. Ainsi, le groupe (lyonnais) ayant mené l’action a revendiqué d’abord celle-ci au moyen d’une photo montrant deux banderoles arrachées : celle du groupe d’extrême-Droite Némésis, celle du CAPP. Puis, la photo a été changée pour qu’on ne voit plus celle du CAPP.

Le changement de la photo s’explique simplement : les postmodernes se prétendent très radicaux, « antifas », mais en réalité ils ne sont ni radicaux, ni antifascistes. Ils représentent une ultra-gauche libérale libertaire manipulant les esprits démocratiques.

Les gens désirant réellement combattre le fascisme sont déviés vers des actions ne servant, en réalité, que l’agenda du libéralisme libertaire, et donc en fin de compte la conquête de domaines toujours plus grands par le capitalisme.

Ces errements sont inévitables tant qu’on ne se fonde pas sur la lutte des classes, sur une analyse de la réalité capitaliste, sur un engagement réellement populaire, en assumant la Gauche historique. Il est vrai que cela exige des mœurs pas du tout en phase avec la décadence urbaine des centre-villes, ni avec le style « étudiant » ou « ultra » des stades de football.