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Le féminisme authentique et la question décadente des «trans»

Le mouvement féministe est décomposé et ce pour une raison simple : il est séparé de la Gauche historique. Ce sont donc des femmes bourgeoises qui choisissent les revendications, comme l’égalité hommes-femmes des salaires pour les cadres. Le mouvement est également pourri de l’intérieur par les courants de pensée postmoderne, avec l’idéologie « transgenre » comme fer de lance.

J.K. Rowling, l’auteure de la série des Harry Potter, est devenue richissime et elle vient d’installer pour plus de deux millions d’euros de clôture autour de sa résidence écossaise. La raison en est ses propos considérés comme « transphobes » par les groupes activistes surfant sur l’idéologie postmoderne LGBTQ+.

Elle a en effet soutenu Maya Forstater, une femme licenciée d’une structure de réflexion sur l’inégalité et la pauvreté au niveau international, avec l’appui de la justice britannique, pour avoir affirmé que « les hommes ne peuvent pas se transformer en femmes ».

Le message sur Twitter de J.K. Rowling a été le suivant :

« Habillez-vous comme vous voulez. Appelez vous comme vous voulez. Couchez avec n’importe quel adulte consentant qui vous veut. Vivez votre meilleure vie, dans la paix et la sécurité. Mais éjecter des femmes de leurs jobs pour affirmer que le sexe est réel ? »

Ici, tout est résumé. J.K. Rowling représente tout à fait le féminisme bourgeois, qui veut le libéralisme le plus complet, tout en exigeant l’égalité hommes-femmes. Or, l’égalité hommes-femmes implique qu’il y ait des hommes et des femmes.

Mais le libéralisme authentique exige l’individu et donc la négation de tout universalisme. Tout relève du choix, aucune « catégorie » ne peut exister au sens strict, même pas sur le plan biologique. Le féminisme bourgeois, focalisé sur les salaires des femmes des couches supérieures, rentre donc en conflit avec les courants postmodernes.

L’épisode Marguerite Stern en est un bon exemple. Les arguments de Marguerite Stern sont aussi posés que son style est non agressif. C’est là typique du féminisme bourgeois, qui refuse l’affrontement avec les courants postmodernes, car refusant de combattre le libéralisme en général.

Or, le féminisme bourgeois est coincé, comme toute la bourgeoisie. Soit les bourgeoises encore un peu rationnelles comprennent que tout va trop loin – mais alors elles doivent abandonner leur esprit bourgeois et se tourner vers la classe ouvrière. Soit elles acceptent que cela va trop loin et c’est la capitulation.

L’alternative se présente même à toutes les femmes en France, mais si elles ne le savent pas. Elles n’ont pas conscience que « parent 1 parent 2 », formule de l’administration française, implique la négation de la mère, de la différence homme-femme. Les femmes françaises ne pensent pas à cela, si elles le remarquent elles trouvent cela secondaire. Elles ne s’aperçoivent pas que leurs droits se font liquider par le libéralisme au moyen de la politique des identités.

D’ailleurs, tout le monde voit sa réalité sociale anéantie par la politique des identités. On le voit bien avec la division religieuse. En multipliant les identités à l’infini, le capitalisme rêve d’un marché total, avec des individus tous « différents » les uns des autres, faisant vivre la consommation par leurs « différences ».

Les femmes en seront les premières victimes. Les « trans », un phénomène décadent propre à un capitalisme plus que malade, sont le vecteur de la négation de l’existence réelle, matérielle, des femmes. C’est un pas vers la négation des hommes et des femmes, au profit des individus.

Et si les femmes sont ciblées davantage que les hommes, c’est parce que les femmes représentent une menace : elles sont moins beaufs, elles ont un aperçu plus concret de la vie de par leur capacité de donner la vie, elles sont historiquement coupées du militarisme. Le capitalisme vise à supprimer la possibilité d’un matriarcat moderne qu’est, bien entendu, le Socialisme. C’est cela qui rend la question si brûlante.

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Pour en finir avec les ultra-libéraux trans

Le 26 février 2020, une tribune intitulée « Le débat sur la place des femmes trans n’a pas lieu d’être » était publiée sur Libération, avec un site lié. Le 27 février 2020, Marguerite Stern annonçait sur Twitter qu’elle venait de porter plainte pour menaces de mort. On espère que les deux ne sont pas liés, mais l’enchaînement est toutefois révélateur de l’offensive en cours.

John William Waterhouse - Penelope

Le capitalisme essaie désespérément de se maintenir. Pour cela, il a besoin d’élargir son périmètre d’action : le libéralisme doit triompher, chaque moment de la vie quotidienne doit être encadré en dirigé par le mode de production capitaliste ; la réalité naturelle doit être niée, piétinée et ensevelie par l’individu-roi, le consommateur rêvé, celui qui consomme son esprit, son environnement, son corps et ses semblables.

En période de crise, l’avant-garde du libéralisme se trouve chez les postmodernes. Les troupes de chocs des postmodernes se trouvent chez les activistes trans. L’offensive ne date pas d’hier, mais elle s’est intensifiée depuis ce fil Twitter dans lequel Marguerite Stern a très simplement rappelé de vérités biologiques que n’importe quel collégien peut comprendre. Mais c’était trop. Le capitalisme des principales puissances impérialistes occidentales a besoin d’un dernier élan : les ouvriers ont été corrompus en masse, la vie quotidienne est une aliénation perpétuelle, l’urbanisation anarchique est une insulte permanente aux sens et à la beauté… mais il reste encore quelques espaces à conquérir.

Le progrès ? Soutenir quelques personnes délirantes au détriment de la moitié de l’humanité

Les activistes trans soutiennent donc que la nature n’existe pas, tout ne serait qu’une question de choix et de ressentis. Un homme affirme qu’il se sent femme ? C’est une femme. Peu importe qu’il n’a jamais pu, qu’il ne peut pas et ne pourra jamais porter un enfant. Non à cause d’une maladie, d’une malformation, d’un accident… Mais simplement parce qu’il n’y a jamais eu la moindre possibilité biologique pour cette personne de porter un enfant.

N’importe quel homme qui se définit comme femme serait donc une femme. Une « femme » avec un pénis, de la barbe, une ossature, une musculature, des maladies, etc. d’homme. Une « femme » qui, de surcroît, a été socialisée comme un homme. Mais non, tout est normal. Une « femme » qui devrait donc accéder aux toilettes pour femmes, concourir en tant que femme à des compétitions sportives, aller aux dortoirs pour femme, etc. Une « femme » qui pourra côtoyer des femmes victimes de violence masculines… Tout cela parce que cette personne se sent « femme ». Quelle insulte ouverte à la moitié de l’humanité.

La tribune est un pas de plus dans cette offensive ignoble. La proposition est simple : toute personne qui ne considère pas une femme trans comme une femme est au moins conservatrice, au pire d’extrême-droite. N’ayant peur de rien, la tribune en arrive à des dénonciations à peine croyables :

« Aux États-Unis, les projets de loi se multiplient dans les États conservateurs afin d’interdire aux enfants trans toute forme de transition »

Jusqu’à quel point ces transitions devraient aller selon ces personnes ? Il faudrait accepter de mutiler des enfants à coups d’hormones (dans le meilleur des cas ?) sous prétexte que l’enfant se sent différent ? Pour ces dégénérés, un enfant n’est pas un adulte en devenir mais un consommateur à part entière : que le marché et l’individu libre de toute contrainte passent des accords en toute liberté. Peu importe qu’il s’agisse de détruire des vies. Tout le monde est consentent après tout ?

Après la pédophilie dans les années 1970, les transitions dans les années 2010 et 2020 ? Les ultra-libéraux trouvent toujours de beaux arguments pour corrompre et détruire les plus vulnérables. Quelle nobles causes.

La science face aux ressentis de quelques personnes

Le fondement de la vision anti-scientifique du monde défendue par les signatures est exprimée très clairement dans ces quelques lignes :

« Les militant·e·s anti-trans définissent les femmes comme des femelles, des êtres avant tout définis par leurs capacités reproductives. Pourtant l’oppression des femmes n’est pas une conséquence logique de la capacité à enfanter : ni les filles prépubères, ni les femmes ménopausées, ni les femmes stériles n’y échappent. La justification biologique de la différence entre hommes et femmes est une conséquence des modes d’exploitation spécifiques à la division sexuée de la société, pas l’inverse. »

D’abord une division sexuée de la société et ensuite une division biologique. Les premiers êtres humains étaient donc des purs esprits qui ont, à un moment de leur existence, revêtus des corps d’êtres humains : des corps de femmes pour les esprits-femmes et des corps d’hommes pour les esprits-hommes ? Avec parfois des erreurs : des esprits-femmes dans des corps de femmes et inversement ?

La dernières phrase a le mérite d’être un exemple frappant de retournement complet de la vie vision scientifique du monde portée par la Gauche historique.

La première division du travail est sexuée, la biologie arrive avant la société et l’économie : la matière précède l’esprit, pas l’inverse.

Si la capacité à enfanter ne saurait définir une femme, pourquoi cette oppression, si ancienne, envers la moitié de la population qui va avoir, qui a ou qui a eu la capacité de porter un enfant ?

Cette attaque est d’autant plus grave qu’elle participe à effacer les maladies, les douleurs et les problèmes propres aux femmes. Si tout n’est que ressenti, ou presque, s’il n’y plus réellement d’hommes ni de femmes mais des identités multiples et changeantes, comment faire progresser la médecine dans sa compréhension de la santé des femmes ?

Surtout quand la médecine et la société font comprendre aux femmes qu’il est normal d’avoir mal et qu’il ne faut pas se plaindre, pas faire de bruit et rester à sa place. Il faut croire que la réalité biologique n’a que peu d’importance face aux prétendues constructions sociales et aux ressentis, comme le dit très bien le site féministe racine rouge dans son article « Les médias s’éveillent au problème transgenre… plus ou moins » :

« Corroy-Labardens évoque notamment le fait qu’en médecine, ce sont principalement sur des modèles masculins que l’on teste les traitements, alors que le corps des femmes n’y réagit pas nécessairement de la même façon. De même, les hommes et les femmes ne sont pas atteints des mêmes maladies. En cause : les différences comme le poids, la masse musculaire, le métabolisme, la structure osseuse, etc. L’idée selon laquelle le sexe « binaire » ne serait qu’une invention fantasmée par les bigots ne tient donc pas face au réel. »

Quel est donc l’objectif des personnes qui considèrent les hommes qui s’imaginent être des femmes comme des femmes ? Quel est le sens de leur féminisme ? Si la réalité naturelle des femmes et en premier lieu dans leur capacité à porter et mettre au monde un enfant est niée, que défendent ces personnes ? La réponse est simple : le but n’est pas défendre mais de détruire de l’intérieur.

Tout ce qui tend vers l’universel s’oppose au libéralisme qui a besoin de consommateurs toujours plus aliénés pour survivre. Tout combat réellement démocratique, tout combat pour la science s’oppose de fait au particularisme : de la même manière que le libéralisme a détruit la Gauche de l’intérieur, le libéralisme portée par les trans ne vise qu’à détruire le féminisme de l’intérieur.

Les signataires la tribune ne s’opposent pas au patriarcat : ils ne font que le soutenir et le moderniser. Ils participent au mépris envers le corps des femmes et envers leurs vies quotidiennes. Ils ne s’opposent pas non plus au harcèlement ou violences conjugales : quand des hommes violents, atteints de troubles mentaux, agresseront des femmes dans des lieux de non-mixité, où seront ces braves gens ? Ils seront probablement trop occupés à insulter tout le monde de transphobe pour s’intéresser à ces considérations bassement matérielles.

Cette tribune ne peut pas rester de l’ordre du débat ou des échanges entre féministes – échanges extrêmement violents de la part des militants pro-trans rappelons-le (menaces de morts, violences physiques…). La Gauche doit se relever et relever le drapeau de la civilisation face au relativisme d’aujourd’hui et au fascisme qui s’en nourrira demain. C’est une question de survie.

Des femmes qui ont rappelé de simples vérités biologiques mériteraient donc d’être brûlées vives…
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Tribune pro-transgenre: une idéologie ultra-libérale avec EELV au centre

La tribune de soutien à la conception ultra-libérale (et donc absurde) de « femmes trans » en dit long sur la situation de panique vécue par tous les postmodernes face à une révolte contre leurs délires. Cela est d’autant plus clair que désormais la « Gauche » postmoderne s’est ralliée à EELV, ce qui a le mérite de clarifier les choses.

C’est la panique chez les post-modernes ! Une tribune dans Libération, une liste de signataires immensément longue, un site internet avec de multiples liens vers des articles explicatifs… Et un titre sans appel pour la tribune : « Le débat sur la place des femmes trans n’a pas lieu d’être ».

C’est qu’il y a le feu car la révolte gronde. L’affaire Marguerite Stern a provoqué une véritable onde de choc. L’idéologie postmoderne en mode LGBT – on est ce qu’on veut être – tout est choix individuel… est puissamment ébranlée.

Il s’agit donc de colmater les brèches. Et qui retrouve-t-on en première ligne ? EELV bien entendu. On trouve ainsi parmi les signataires la secrétaire nationale adjointe d’EELV Sandra Regol, la porte parole d’EELV Eva Sas, la sénatrice écologiste de Paris Esther Benbassa, la commission LGBTI d’EELV. EELV, cette forteresse de l’apolitisme social-écologiste, cette négation du mouvement ouvrier, est le cœur même du processus de macronisation « par la gauche ».

> Lire également : Cauchemar pour la Gauche: EELV en nouveau François Hollande

Et la « Gauche » postmoderne est toute contente de s’aligner sur EELV. On retrouve parmi les signataires les équipes thématiques égalité femme-homme ainsi que LGBTI de la France insoumise, les députées France insoumise Clémentine Autain, Mathilde Panot et Danièle Obono, la députée européenne France insoumise Manon Aubry.

On a également la députée PCF Elsa Faucillon, Générations-s LGBTI+, la porte-parole du Nouveau Parti Anticapitaliste Christine Poupin.

On a naturellement aussi toutes les structures passées de la défense des gays et des lesbiennes à l’idéologie ultra-libérale LGBT, telles la Fédération LGBTI+, la Fédération des Associations & Centres LGBTI+, ainsi que les collectifs défendant la prostitution comme un « travail ».

On a surtout la cohorte de femmes ayant trouvé leur place dans la bourgeoisie intellectuelle universitaire. Car le fond de la question est là. Comme l’a formulé Bertolt Brecht, pour saisir une idée il faut savoir d’où elle vient et où elle va.

D’où vient la conception de « femmes trans » ? D’hommes qui, au lieu de remettre en cause leur culture patriarcale, d’apprendre des femmes, voire même de se soumettre à leur approche non viriliste – destructrice, s’imaginent être une femme.

D’où vient la conception LGBT ? Du capitalisme le plus poussé, pour qui il n’y a que des consommateurs, pour qui tout est choix individuel, décision de consommer, achat, vente.

Produit de l’ultra-modernité capitaliste, de la totale décadence des valeurs dans le capitalisme, les postmodernes accusent leurs détracteurs d’être des fachos. Mais ils ne sont que le revers de la médaille capitaliste, qui a un côté identitaire facho, un côté identitaire postmoderne. Les uns se nourrissent des autres, avec un seul but : nier les classes, masquer la bourgeoisie, préserver le capitalisme.

Toutes les personnes qui assument la Gauche historique voient bien cela. Elles doivent faire front. Refuser. Empêcher la grande opération de lessivage des valeurs, des liquidations des traditions du mouvement ouvrier par l’alliance baroque des identitaires fachos et des identitaires post-modernes.

Il y en assez de ces « identités »… Il faut la lutte des classes !

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Tribune: «Le débat sur la place des femmes trans n’a pas lieu d’être»

Une nouvelle tribune a été publiée dans Libération pour défendre l’idéologie transgenre. On retrouve parmi les signataires plusieurs figures issues de la Gauche ou de l’écologie défendant le concept postmoderne disant qu’il suffit à des hommes de se prétendre femme pour être des femmes. Ces gens n’ont honte de rien et défendent même le « droit » pour des enfants à des « transitions » chirurgicales…

Voici la tribune :

« Le débat sur la place des femmes trans n’a pas lieu d’être

Depuis un mois, les attaques contre les femmes trans sous couvert de féminisme se multiplient et trouvent en France un relais médiatique inédit. Nous savons depuis longtemps qu’il existe parmi les féministes une infime minorité hostile aux personnes trans et en particulier aux femmes trans. Leur nombre n’a pas progressé ces dernières années, mais elles ont su se regrouper derrière des idées communes.

Aux Etats-Unis, au Canada et au Royaume-Uni, des groupuscules féministes et des mouvements réactionnaires, d’extrême droite ou chrétiens intégristes, collaborent pour s’opposer aux droits des personnes trans. Leur activité a décuplé à partir de 2016. Aux Etats-Unis, les projets de loi se multiplient dans les Etats conservateurs afin d’interdire aux enfants trans toute forme de transition, allant jusqu’à imposer aux professeurs de dénoncer aux parents les élèves qu’ils pensent transgenres (1). Les enfants trans sont instrumentalisés contre les mères dans les affaires de divorce. Ces groupuscules font front commun avec Donald Trump contre les droits des personnes trans (et au-delà, des LGBTI). Au Canada, la loi C-16 protégeant les personnes trans a été combattue par Meghan Murphy, fondatrice d’un blog anti-trans, et Jordan Peterson, polémiste conservateur masculiniste. Au Royaume-Uni, les attaques se sont cristallisées autour du projet de réforme du Gender Recognition Act, visant à simplifier le changement de sexe à l’état civil. C’est là-bas que le mouvement dit «gender critical» a rencontré le plus de succès, la panique transphobe a été alimentée par le tabloïd Daily Mail avant de s’étendre aux grands médias.

Les militant·e·s anti-trans français·es s’inspirent de ces exemples étrangers dans l’espoir de reproduire ici ce climat délétère tant aux luttes trans qu’aux luttes féministes. «L’idéologie transgenre» décriée par ces militant·e·s anti-trans serait promue par un groupe nébuleux mais influent, inventé de toutes pièces qu’ils nomment «transactivistes». Elle est semblable à la «théorie du genre» du «lobby LGBT» brandie comme épouvantail par l’extrême droite.

Lorsqu’on observe l’évolution de ces mouvements, les interrogations initiales déguisées en «inquiétudes légitimes» laissent rapidement la place à des accusations bien plus violentes, recyclage de clichés homophobes du passé : les femmes trans seraient des «malades mentaux», voire des pervers sexuels ; comme les lesbiennes, elles seraient des prédatrices ; les enfants et jeunes adultes seraient touchés par une contagion transgenre, rappelant l’idée de contagion homosexuelle. Sous couvert de féminisme, c’est une entreprise idéologique confusionniste et complotiste qui répand la division au sein des combats féministes réels.

Les militant·e·s anti-trans définissent les femmes comme des femelles, des êtres avant tout définis par leurs capacités reproductives. Pourtant l’oppression des femmes n’est pas une conséquence logique de la capacité à enfanter : ni les filles prépubères, ni les femmes ménopausées, ni les femmes stériles n’y échappent. La justification biologique de la différence entre hommes et femmes est une conséquence des modes d’exploitation spécifiques à la division sexuée de la société, pas l’inverse.

Les femmes trans sont depuis longtemps objets de fantasmes mais surtout de violences, de discriminations et d’exclusion, de viols et de meurtres parce qu’elles sont trans, mais aussi, parce qu’elles sont des femmes. Jessyca Sarmiento était l’une d’entre elles, dont le féminicide ce 21 février à Paris indiffère une fois de plus. Les discours les représentant comme des menaces favorisent ces violences. Or ce militantisme transphobe nuit à toutes les femmes. Des femmes sont agressées car elles sont trans ou suspectées de l’être. Ce climat de suspicion envers les femmes trans, qu’il s’agirait de détecter, produit un contrôle renforcé des corps des femmes. Nous refusons qu’une femme ait à apporter des preuves de féminité.

Malgré toute l’attention médiatique qu’elles ont su attirer pendant un mois, les militant·e·s anti-trans se plaignent sans cesse d’être silencié·e·s. Des journalistes font trop souvent l’erreur de représenter comme une division significative, traversant les mouvements féministes, les polémiques créées par quelques individus. C’est leur accorder une importance qu’ils n’ont pas. Il n’y a pas, comme on a pu le lire, un débat qui opposerait féministes «matérialistes et universalistes» d’un côté et «inclusives et intersectionnelles» de l’autre.

Nous, femmes, transgenres ou cisgenres, féministes, refusons l’importation de ces débats transphobes en France. Nous refusons cette opposition entre femmes, nous refusons cette division ne servant que le patriarcat et réaffirmons la solidarité féministe. Les luttes des femmes trans rejoignent les luttes féministes, telles la lutte contre le paternalisme médical, l’accès à la PMA et la conservation de gamètes.

Nous sommes toutes des femmes, toutes féministes.

Toutes, nous subissons l’oppression patriarcale, le sexisme, l’exploitation domestique, les violences sexuelles, médicales, conjugales, le harcèlement et les discriminations.

Toutes, nous réaffirmons l’importance de la sororité.

Toutes, nous combattrons ensemble, unies, déterminées.

(1) Section 2, article 3 du projet de loi numéroté 321 présenté à la Chambre des représentants du Kentucky.

Les signataires nommées dans Libération

Acceptess-T
Agathe Ameslant, militante écologiste et féministe
AIDES
Alyx Taounza-Jeminet
Amandine Gay, réalisatrice
Anaïs Bourdet, fondatrice de Paye Ta Shneck
Assemblée féministe Toutes en Grève 31
Aurore Koechlin, militante féministe et doctorante
Cécile Lavergne, Maîtresse de conférences en philosophie à l’université
Christine Poupin, militante féministe et porte-parole du NPA
Clémentine Autain, députée France insoumise
Collectifs Féministes Révolutionnaires de Paris et Nantes
Constance Lefebvre, militante féministe
Daisy Le Merrer, blogueuse
Danièle Obono, députée France insoumise
Daria Marx, autrice et militante feministe
Elsa Faucillon, députée PCF
Esther Benbassa, Sénatrice écologiste de Paris
Eva Sas, Porte parole d’EELV
Fatima Benomar, militante féministe
Fédération LGBTI+, Fédération des Associations & Centres LGBTI+
Fédération trans et intersexes
Giovanna Rincon
Gwen Fauchois, activiste lesbienne et blogueuse
Jill Royer, responsable outils numériques de la France insoumise, militante trans et féministe
Joëlle Sambi Nzeba, coprésidente d’EL*C
Julia Lanoë, Rebeka Warrior
Karine Espineira, Legs, Paris 8
Les collectifs des colleuses féministes de Bordeaux, Lyon, Marseille, Rouen et Toulouse
Les Dévalideuses collectif handi-féministe
Les effronté-es
Ludivine Bantigny, historienne
Manon Aubry, députée européenne France insoumise
Manon Garcia, chercheuse en philosophie
Mathilde Panot, députée France insoumise
Maud-Yeuse Thomas, Observatoire des transidentités
Mirion Malle, autrice de bande dessinée
Ouest-Trans
Outrans
Ovidie, documentariste
Pauline Clochec, universitaire et militante lesbienne
Pénélope Bagieu, autrice de bande dessinée
Planning Familial d’Ille-et-Vilaine
Planning Familial du Calvados
Planning Familial du Rhône
Rachel Garrat-Valcarcel, co-présidente de l’Association des Journalistes LGBTI
Rebecca Amsellem, fondatrice des Glorieuses
Rokhaya Diallo, Journaliste et réalisatrice
Salomé Martini, syndicaliste et féministe
Sandra Laugier, professeure de philosophie à l’université Panthéon Sorbonne
Sandra Regol, Secrétaire nationale adjointe d’EELV
Silvia Casalino, cofondatrice d’EL*C (Conférence Européenne Lesbienne)
SOS Homophobie
Titiou Lecoq, autrice
Tiziri Kandi, syndicaliste CGT hôtellerie
Valérie Rey-Robert, militante et autrice féministe
Wiki Trans
Women’s March Paris

Les collectifs

ACRAN, collectif féministe non-mixte de l’ENS Paris
Alerta Feminista
Alerte Grise, rassemblement d’organisations toulousaines de soirées pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles en milieu festif
association et webzine Deuxième Page
Amicale Radicale des Cafés Trans de Strasbourg, collectif d’autosupport trans
Association Le Castor Magazine
Cachavièhla, collectif d’étudiant·es féministes de l’institut national universitaire Champollion d’Albi
C’est pas mon Genre
CLE Autistes : collectif pour les droits des personnes autistes et la neurodiversité
Chrysalide
Collages Féministes Nantes
Collages_feministe_montpellier
Collectif anti crasse
Collectif Émancipation
Collectif Féministe Paris 6
Collectif Gouines contre nature
Collectif Le SEUM
Collectif Lesbien Lyonnais
Collectifs LGBTI
Commission LGBTI d’EELV
Commission Nationale d’Intervention Féministe du NPA
Couleurs Gaies, association LGBTQI+ de Metz
Droits Des Femmes Rouen
Egal’in, association féministe de l’université Lyon 2
Épicène, association pour la diffusion des connaissances en sciences sociales sur le genre et les sexualités à Caen (14)
Équipe thématique égalité femme-homme de la France insoumise
Équipe thématique LGBTI de la France insoumise
Exit Lyon
Fédération du mouvement jeunes communistes de France
FièrEs
Friction Magazine
Genepi
Générations•s LGBTI+
Gouinement Lundi, émission de radio sur Fréquence Paris Plurielle
Georgette Sand
Gras Politique association féministe contre la grossophobie
Guarichas Cosmikas
Impact, association de prévention des violences liées au genre, d’autodéfense féministe
Iskis – Centre LGBTI+ de Rennes
Jules et Julies
L’Échappée, association pour le financement de projets féministes et collectifs
La BAFFE
La Petite, association basée à Toulouse depuis 2004 pour l’égalité des genres dans le secteur culturel
Le poissson sans bicyclette, café féministe bruxellois
Le ReST
Le STRASS
Les ateliers de l’antémonde, collectif d’autricEs féministes
Les Bavardes, collectif lesbien et féministe à Amiens
Les Flux, une initiative féministe pour la reappropriation des savoir gynécologiques
Les ourses à plumes
Les Trois Points (podcast anarchiste et libertaire)
Malorie Peyrache, référente nationale du comité LGBTI+ de Génération•s
Marseille Féministe
Meufs, Meufs, Meufs, association qui recense et partage les initiatives féministes à travers le monde
Nemesis Feminist Boxe Club (Bruxelles)
Noustoustes38, collectif féministe isérois
Nta Rajel?, collectif féministe décolonial de la diaspora nord-africaine
On est pas des cadeaux!, émission TransPédéGouines et féministe
Ouest-Trans
Pamplemousse, association féministe de Sciences Po Lyon
Parlons Trans (Brest)
Planning familial 69
Planning Familial d’Ille-et-Vilaine
Planning familial du Calvados
Pour une M.E.U.F. (Médecine Engagée Unie et Féministe), association de professionnel·le·s de santé contre le sexisme médical
Quidam•e•s, association étudiante féministe intersectionnel et inclusive basée sur Nancy
Radical cheerleading – Pompom riot
Reboo-T
Réseau Fertilité France
RITA, association Trans & Intersexe
Roseaux, magazine féministe
Sexy SouciS, collectif féministe engagé pour la santé sexuelle
Simonae
Solidaires Etudiant.e.s
Sud Education 14
Syndicat Autogestionnaire de Paris 3 (SAP 3)
T-Time
Timult, revue qui parle de luttes sociales et d’aspirations à changer le monde
Trans Inter Action
Trans Posé•e•s
Transat
Transgrrrrls
Union Nationale Lycéenne
Where we belong, collectif lesbien bruxellois
Women Who do Stuff

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Benjamin Griveaux ou la décadence du personnel bourgeois

La bourgeoisie est une classe sociale décadente, qui ne produit plus que des ratés. Benjamin Griveaux en est un parfait exemple. Alors que la ville de Paris est macroniste dans sa majorité et lui était acquise, il n’a pas pu s’empêcher d’appliquer le libéralisme libertaire sans aucune retenue. Or, il faut au moins encore faire semblant d’être civilisé.

Paris est une ville bourgeoise et la bourgeoisie bohème l’a emporté culturellement. Même l’Ouest parisien, traditionnellement catholique et conservateur, apprécie désormais l’art contemporain, le relativisme général, un libéralisme assumé à tous les niveaux. Le processus est cependant ici en cours et il fallait, pour le candidat de La République en marche, au moins encore faire semblant de savoir se tenir.

C’est pour cela que Cédric Villani a été mise de côté et que le côté écologiste n’a pas été assumé, alors que c’était prévu. Il faut pour le macronisme assumer la transition de la bourgeoisie de l’Ouest parisien. Or, avec l’affaire de messages et de vidéos à caractère sexuel, Benjamin Griveaux est venu littéralement dynamiter tout cela. Il est donc passé à la trappe.

Cela, c’est pour le côté vie politique. Mais ce qui est plus intéressant, c’est le côté historique. Car Benjamin Griveaux est un cadre de la politique. Il a fait Sciences Po et HEC. Il a été brièvement Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances en 2017, puis un an et demi Secrétaire d’État auprès du Premier ministre et porte-parole du gouvernement.

Il a été également directeur de la communication et des affaires publiques d’Unibail-Rodamco, la plus grande entreprise d’immobilier commercial au monde, gagnant dans les 17 000 euros par mois. C’est l’un des tous premiers activistes de La République en marche. C’est pourquoi il a été récompensé en étant le candidat nommé pour les élections municipales de 2020.

Toutefois, malgré tout cela, malgré enfin une possibilité de gigantesque succès politique, Benjamin Griveaux n’a pas su se tenir. Il a eu des comportements propres à toute une bourgeoisie urbaine, c’est-à-dire de la drague plus ou moins intelligente, à l’extérieur du couple, allant parfois jusqu’à des discours plus ou moins lourd (« je vais me toucher » au lieu de « je vais me coucher »), voire ouvertement sexuels, avec des vidéos.

Du moins, c’est qu’a prétendu le site « pornopolitique.com » du russe Piotr Pavlenski avec des photos et des vidéos, valant à Benjamin Griveaux de démissionner dans la foulée. Naturellement, Piotr Pavlenski n’a pas fait cela tout seul et toute sa démarche a été savamment calculée. Tout un site bidon a été créé pour faire croire qu’allait être dénoncée l’hypocrisie morale de certains hommes politiques, au moyen de révélations nombreuses, mais en réalité c’était surtout une opération visant à dégommer Benjamin Griveaux. Piotr Pavlenski a d’ailleurs eu comme avocat servant de conseiller pour cette histoire a été Juan Branco, une figure médiatique de la gauche populiste actuelle.

On est là dans les bas-fonds à tous les niveaux, dans la magouille, le contournement de tout débat démocratique. C’est le monde des coups fourrés, des mœurs décadentes de part et d’autres, des manipulations à prétentions machiavéliques. C’est la bourgeoisie décadente, tant de la part de Benjamin Griveaux que de Piotr Pavlenski, un « artiste » russe postmoderne qui est l’exemple même de la stupidité prétentieuse propre à l’art contemporain.

C’est propre à l’ambiance fin de siècle de notre époque, c’est propre à l’effondrement de toute une classe dominante, qui est pétrifiée dans sa domination et ne porte plus rien de civilisé – au point de ne pas savoir faire ne serait-ce que semblant. La suite on la connaît : soit le peuple balaie ces gens et prend le pouvoir… Soit l’extrême-Droite vient « régénérer » la classe dirigeante, en paralysant les gens par le nationalisme et en les mobilisant pour la guerre.

Et la bataille est difficile, car la putréfaction de la classe dominante contamine la société toute entière.

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Piotr Pavlenski, le héraut de la postmodernité

Pseudo opposant russe et vraie figure de l’art contemporain, Piotr Pavlenski a joué, dans l’affaire Benjamin Griveaux, un rôle motivé par l’idéologie postmoderne. Pour lui, puisque La République En Marche assume le libéralisme libertaire, il faudrait aller au bout. En cela, il est simplement en avance.

Piotr Pavlenski est un hurluberlu libéral libertaire qui, par définition, est l’ennemi juré de la Gauche historique. Pour lui, la morale n’existe pas, les normes sont à rejeter par définition. Ses propos au quotidien Libération, où il explique son action contre Benjamin Griveaux, sont à vomir :

« C’est quelqu’un qui s’appuie en permanence sur les valeurs familiales, qui dit qu’il veut être le maire des familles et cite toujours en exemple sa femme et ses enfants. Mais il fait tout le contraire.

Ça ne me dérange pas que les gens aient la sexualité qu’ils veulent, ils peuvent même baiser des animaux, pas de problème, mais ils doivent être honnêtes. Mais lui veut être le chef de la ville et il ment aux électeurs. Je vis désormais en France, je suis parisien, c’est important pour moi. »

Après avoir échoué à diffuser son idéologie libérale-libertaire en Russie – un pays pour le coup prisonnier de son frère jumeau, le nationalisme traditionaliste – Piotr Pavlenski tente donc de jouer le coup à fond en France.

On parle d’une personne qui en Russie s’est cousu la bouche, cloué la peau de ses testicules sur la place Rouge, enroulé nu dans du fil barbelé devant l’Assemblée législative de Saint-Pétersbourg, s’est coupé un bout d’oreille devant un institut psychiatrique à Moscou, a mis le feu aux portes du siège du FSB (la sécurité intérieure russe).

Installé en France, il a mis le feu, en 2017, à l’entrée d’un bâtiment de la Banque de France à Paris. Le tout au nom bien entendu d’une sorte de pseudo révolte existentialiste de type libéral libertaire, qu’on retrouve dans son site « pornopolitique.com » qui a immédiatement fermé une fois l’affaire Benjamin Griveaux lancée.

Voici la présentation du site :

« pornopolitique est la première ressource pornographique avec la participation de fonctionnaires et représentants politiques créée par Piotr Pavlenski en 2020.

Notre rédaction invite tous ceux qui ont une histoire, une correspondance, des photographies ou vidéos dans lesquelles des fonctionnaires et représentants politiques interviennent en tant qu’acteurs et créateurs de contenu à caractère sexuel ou pornographique à nous contacter pour publication sur pornopolitique.

Vous pouvez envoyer vos contributions à: x@x

Seuls les fonctionnaires et représentants politiques qui mentent à leurs électeurs en imposant le puritanisme à la société, alors qu’ils le méprisent eux-mêmes, intéressent pornopolitique.

Ainsi le contenu pornographique diffusé n’est-il pas lié à la personnalité ni aux opinions politiques des fonctionnaires et représentants politiques mais à leur hypocrisie, devenue le fondement habituel du carriérisme politique et la cause de l’obscurantisme monstrueux dans lequel notre société s’est enlisée.

La confiance de nos sources est la première de nos deux priorités inconditionnelles. Par conséquent, l’identité de chaque contributeur restera anonyme s’il ne souhaite pas rendre son nom public.

La deuxième, mais non la moindre, de nos priorités inconditionnelles est la confiance que nos lecteurs nous accordent. Par conséquent, la ressource contient une rubrique « Doutes », dans laquelle nous publions tous les documents dont notre rédaction doute de la source et de la fiabilité. En cas de confirmation de sa fiabilité, le matériel est extrait de cette rubrique pour prendre dignement sa place parmi le contenu pornographique vérifié.

Ces deux priorités inconditionnelles forment le socle de notre réputation.

Nous comptons sur le soutien financier de nos lecteurs. Dons, crowdfunding ou toute autre forme de soutien sont les bienvenus. Nous excluons fondamentalement tout financement public afin de ne pas être soupçonné de partialité quant au contenu publié.

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Citoyens de France et d’autres pays ! Correspondez ! Faites, inspirez le porno !

Politiciens, fonctionnaires, représentants politiques – ils sont parmi nous, et ils sont nombreux !

Aujourd’hui, chacun de nous peut être auteur et réalisateur.

Bien ou mal, seul le temps sera juge. N’ayez peur de rien.

C’est notre seul moyen de sortir des marécages du puritanisme et de l’hypocrisie ! »

On reconnaît là les principes du « happening » postmoderne, censé être à la fois artistique et libérateur, alors qu’en réalité c’est du subjectivisme pur et simple, un egotrip de faux artiste prétendant « remuer » les choses.

Qui plus est, ce discours n’a été qu’un prétexte pour amener la chute de Benjamin Griveaux. Piotr Pavlenski est ainsi l’exemple même du crétin anti-démocratique, de l’idiot postmoderne au service de l’effondrement des valeurs – ce qui accélère la montée en puissance du Fascisme comme force de « régénération ».

> Lire également : Benjamin Griveaux ou la décadence du personnel bourgeois

Entre les nationalistes et les postmodernes, la démocratie et le peuple sont pris en étau. La Gauche doit briser cet étau, développer la démocratie du peuple, pour ne pas que la civilisation même soit broyée par le libéralisme post-moderne et le traditionalisme réactionnaire !

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La vague postmoderne à l’exemple de la revue «Offensive»

Les postmodernes ont d’abord intégré la Gauche classique en général, pour profiter de ses faiblesses et diffuser leurs conceptions. Puis, ils ont pris le pouvoir. Ici, un exemple avec un groupe libertaire Offensive Libertaire et Sociale.

En décembre 2014, Offensive Libertaire et Sociale (OLS), qui produisait la revue Offensive, annonçait sa dissolution. La revue, qui avait 800 abonnés environ, avait cessé sa parution en janvier. La raison donnée, pour ce groupe existant depuis 2003 est l’impossibilité de « construire du commun » sur la base de différentes questions.

La plupart tiennent en fait à la question « postmoderne » :

« Sur le féminisme : Le féminisme peut-il faire l’impasse sur la déconstruction du genre ? Peut-on lutter contre les dominations sans déconstruction ? L’idée de déconstruction conduit-elle inévitablement à nier toute idée de nature ? Les luttes pour la libération sexuelle ne contribuent elles pas à véhiculer des valeurs qui sont celles du néolibéralisme ? »

« À propos de la famille : La famille peut-elle être une réponse au délitement des liens sociaux et des solidarités et un espace de résistance au capitalisme ? Ou ne reste-t-elle qu’une institution patriarcale qui socialise aux normes dominantes ? »

« Autour de l’identité et de l’universalisme : La multiplication des identités ne brouille-t-elle pas la perception qu’on a des rapports de domination ? Cette atomisation des identités ne risque-t-elle pas de participer de la déstructuration du tissu social, des solidarités ? Les luttes sociétales (comme le féminisme, l’antiracisme…), que l’on dit plus facilement récupérables par le pouvoir, doivent-elles pour autant passer au second plan ? Situer d’où on parle est-il primordial pour lutter et penser ensemble ? Peut-on lutter ensemble sans partager certaines valeurs communes ? »

Le groupe OLS a été ici très hypocrite dans sa formulation, car il a lui-même été un des vecteurs de l’idéologie postmoderne. C’est en effet un produit direct de la décomposition du milieu anarchiste, avec notamment un membre désormais maître de conférences à l’université et ayant été l’un des premiers à assumer les thèses de ce qu’on va appeler la « gauche américaine » sur les questions « sociétales ».

En octobre 2004, la revue Offensive propose un dossier consacré au thème « Genre et sexualité ». On y trouve déjà la rhétorique postmoderne, avec l’inévitable valorisation de Michel Foucault. On retrouve ce dernier dans le numéro suivant, alors que le numéro de décembre 2007 aborde la question de la prostitution selon l’angle postmoderne.

On a également en décembre 2009 un dossier  « Nature & animalité » réfutant évidemment la biologie. La nature est présentée comme une « idée » par définition obstacle à l’émancipation.

Pourquoi alors la crise de 2014 ? C’est simple à comprendre, car il y a un vrai modèle, valable tant pour le PS que l’UNEF ou encore la CNT. Comme le libéralisme prime dans le domaine des idées, il y a eu un espace pour les postmodernes. Ceux-ci ont tapé tout de suite très haut en profitant du fait que la « gauche américaine » était dans leurs mains, avec le monde universitaire américain à leur service.

Ils se sont valorisés, ont commencé à introduire leurs thématiques, leurs approches… Jusqu’au moment où cela allait tellement loin que tout se renverse en leur faveur. Naturellement, cela passe ou cela casse.

À l’OLS, cela a cassé, car il y a un fond communiste libertaire rationaliste qui prévalait chez certains, comme d’ailleurs chez l’Organisation Communiste Libertaire. L’intellectualisme pour ouvrir des perspectives, oui, le libéralisme d’accord, mais un basculement ouvert dans quelque chose de nouveau, combinant intellectualisme et libéralisme dans une démarche post-idéologique, cela allait trop loin…

Les communistes libertaires sont d’ailleurs, au sens strict, les très grands perdants de ces 30 dernières années. De par leur approche, ils sont coincés entre le maoïsme avec sa perspective rationaliste, culturelle et prolétaire, et un anarchisme post-marxiste ouvert aux postmodernes, porté désormais par l’Union Communiste Libertaire.

La crise de l’OLS est un bon exemple de pénétration postmoderne, suivie d’une fêlure, puis d’une cassure. Avec les postmodernes, soit il y a renversement des valeurs de la Gauche historique, soit crise et effondrement de l’organisation. C’est une véritable entreprise de démolition.

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Politique

«La transidentité n’est pas une nouvelle lubie»: et pourtant!

La boîte de Pandore a été ouverte par Marguerite Stern, la fondatrice du mouvement «  Collage féminicides », avec sa critique pourtant mesurée du sectarisme des postmodernes. Ceux-ci mènent une grande offensive et harcèlent toutes les positions relevant de la Gauche historique. Ils ne sont pourtant que le produit du capitalisme ultra-moderne, ultra-agressif, effectivement apparus ces dix dernières années.

Il est évident que la « transidentité » est une lubie nouvelle, apparue ces dix dernières années. Mais il n’y aucune magie à cela. C’est qu’avant, la remise en cause de soi-même s’associait à l’idée de remettre en cause la société. L’idée de changement sociale, de vaste transformation ou même de révolution, existait encore.

Les postmodernes nient cette idée. Produits par le capitalisme, ils ne conçoivent qu’un changement : celui par la consommation. La transidentité est l’idée de consommer son propre corps. Au lieu de changer le monde, on se change soi-même. Mais on ne se change pas soi-même intellectuellement, moralement, car ce n’est pas là consommer. On se change matériellement.

Sans bistouris, sans consommation capitaliste des services de santé, dans le cadre d’un « choix » individuel, pas de transidentité. Il suffit de regarder l’histoire. On s’aperçoit que ce thème émerge dans les facultés américaines, au cœur du capitalisme avancé, dans un milieu à la fois étranger et hostile à la Gauche historique, à la classe ouvrière.

La tribune « Pour un féminisme inclusif envers les femmes transgenres » parue sur Mediapart ment donc sciemment en disant :

« La transidentité n’est pas une nouvelle lubie, un phénomène apparu comme par magie il y a dix ans »

On en a la preuve rien qu’avec les propos suivants de la tribune :

« la science biologique n’existe pas en dehors de la société »

« La réalité biologique est complexe, plurielle, et les deux catégories du genre insuffisantes pour en rendre compte »

Ces deux phrases sont une absurdité pour l’ensemble des gens. Ces deux phases auraient été une absurdité pour toute la société il y a quinze ans. Ces deux phrases ne sont par contre pas une absurdité depuis quelques années pour la bourgeoisie intellectuelle, par définition libérale.

La transidentité s’appuie sur la philosophie existentialiste, séparant le corps et l’esprit. Comme toute décision y est « choix » individuel, le libéralisme libertaire a appuyé la transidentité. Les postmodernes et les macronistes : même combat.

L’État appuie directement toutes les thèses LGBT, tout comme d’ailleurs l’Union Européenne. Les postmodernes n’en sont que l’avant-garde libérale.

Le but est d’ailleurs très clairement anti-féministe, et même anti-homosexuel, car pour les postmodernes, il n’y a au sens strict pas d’hommes, ni de femmes, ni de gays, ni de lesbiennes. Il n’y a que des individus.

> Lire également : Féminisme: Marguerite Stern ouvre la boîte de Pandore

C’est le culte de l’atomisation capitaliste poussée à son extrême. C’est la consommation maximisée qui remplace la croyance en Dieu. C’est le choix du consommateur comme alpha et oméga de l’existence. La transidentité, c’est la loi du marché intériorisée dans sa toute-puissance.

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Féminisme: Marguerite Stern ouvre la boîte de Pandore

Activiste féministe, Marguerite Stern a posté la semaine dernière un message traçant le bilan de ses activités, avec une perspective critique sur la démarche postmoderne nuisant au combat des femmes. Cela lui a valu une haine implacable et une avalanche d’insultes, les postmodernes entendant écraser la moindre opposition.

Pour comprendre l’ampleur du problème et saisir la nature du très intéressant message de Marguerite Stern, il faut savoir qu’il existe une opposition totale entre deux courants américains, dont les lignes se reflètent partout dans le monde :

  • il y a ce qu’on appelle le « féminisme radical », qui est issu du féminisme traditionnel et qui n’est pas d’accord pour dire qu’un homme se disant femme soi reconnu comme tel. Le phénomène des hommes « transexuels » s’impliquant dans le féminisme est même considéré comme une sorte de colonisation par des hommes reprenant les codes sexistes classiques (maquillage outrancier, talons aiguilles, etc.) ;
  • il y a le courant postmoderne pour qui tout est un choix individuel identitaire, qui fait donc des « personnes transgenres » l’alpha et l’oméga de la contestation, le sujet révolutionnaire par excellence. C’est le libéralisme libertaire à l’offensive.

On a donc d’un côté le « féminisme radical » qui est authentique, raisonnable, constructif, dans la tradition historique du féminisme. Et on a de l’autre le courant postmoderne qui est décadent, porté par une scène universitaire petite-bourgeoise hystérique, ultra agressive.

Parmi les termes dont il est à un moment parlé dans le message de Marguerite Stern, il en est deux relevant de l’opposition entre ces courants. Il y a d’abord « TERF » (trans-exclusionary radical feminist), « féministe radicale exclusive des trans », acronyme utilisé par le courant postmoderne pour dénoncer la « transphobie » de ceux pensant qu’une femme est une femme et un homme un homme.

Il y a ensuite celui de « cis ». Les postmodernes dénoncent en effet la dictature du « cisgenre », terme inventé pour désigner les gens dont le « sexe » biologique correspond au « genre », à l’opposé des « transgenres ».

Marguerite Stern, avec son message, fait donc à la fois quelque chose juste et d’insensé. De juste, car ce qu’elle dit est vrai. De l’autre, son approche est suicidaire, car elle ne dénonce pas les postmodernes frontalement… Tout en faisant ce qu’ils considèrent de toutes façons comme une déclaration de guerre.

C’est un épisode de la lutte des classes. Les postmodernes tentent de supprimer tout ce qui relève de la raison, de la Gauche historique, de la reconnaissance de normes (ici biologiques), de valeurs, de culture.

Voici le message de Marguerite Stern, qui est en ligne ici, sur Twitter, avec également beaucoup de commentaires.

« Voici un thread qui me vaudra probablement plus d’insultes et de menaces que je n’en n’ai jamais eu avant mais tant pis. J’ai besoin d’expliciter mes positions au sujet du mouvement queer. J’ai trop retenu, trop subis.

Trois sujets divisent les féministes : prostitution, religions, transactivisme. Je n’ai aucun problème à dire que l’existence de la prostitution est une violence faite aux femmes (et même à celles qui ne sont pas en situation de prostitution, car nous sommes TOUTES prostituables)

Aucun problème non plus à dire que la religion catholique c’est de la merde, que l’islam c’est de la merde, que le judaïsme et le bouddhisme c’est de la merde. Toutes les religions abîment de façon égale, la dignité des femmes.

Par contre, j’ai un problème à m’exprimer sur le transactivisme. Dès que je le fais, on me lynche. Ces attaques sont de plus en plus violentes, et je sais que de nombreuses autres féministes ne s’expriment pas à ce sujet parce qu’elles ont peur, à juste titre, d’être harcelées.

Mais aujourd’hui, quitte à perdre beaucoup de soutiens, je n’en peux plus, et j’ai envie d’exprimer clairement ce que je pense. Peut-être un peu dans le désordre, sous le coup de l’émotion, mais tant pis.

Depuis que j’ai lancé le mouvement de collage contre les féminicides, je suis heureuse, et inspirée de voir des milliers de femmes investir l’espace public. rapidement, des collages sur d’autres sujets que les féminicides ont commencé à fleurir, et c’est une bonne chose.

J’ai moi même, pendant des mois, collé sur d’autres sujets avant d’en venir aux féminicides. Mais aujourd’hui, j’ai l’impression que le mouvement que j’ai créé, se retourne contre moi.

De nombreuses branches comme celles de Lyon ou Montpellier par exemple, n’hésite pas à faire des collages sur des sujets clivants dans le féminisme, se positionnant clairement du côté intersectionnel, et excluant de fait, les féministes universalistes.

À Paris, quand j’ai accueilli chez moi des centaines de femmes au tout début du mouvement, j’avais bien précisé que je souhaitais qu’au delà de nos désaccords, nous soyons unies pour lutter contre les violences conjugales. Aujourd’hui, ça n’est plus du tout le cas.

Des féministes universalistes me rapportent avoir été exclues de branches où les activistes se positionnent comme intersectionnelles, et font des collages sur des sujets clivant tout en utilisant l’étiquette (à mon grand regret, c’est devenu une étiquette) « collages féminicides ».

Bref. Aujourd’hui, j’ai découvert ce collage sur le compte instagram « Collages féminicides Montpellier ». Et ça n’est pas le premier. J’ai donc décidé d’écrire ce thread pour dire ce que j’en pense.

[Sisters = Soeurs, en anglais. Cisterf : mélange des termes « Cis » et « Terf ».]

La première chose, c’est que je trouve que les débats sur le transactivisme prennent de plus en plus de place dans le féminisme, et cristallisent même toute l’attention. J’interprète ça comme une nouvelle tentative masculine pour empêcher les femmes de s’exprimer.

De tous temps, les hommes ont tenté de silencier les femmes en faisant taire leurs révoltes. Aujourd’hui, ils le font de l’intérieur en infiltrant nos luttes et en occupant le devant de la scène.

La deuxième chose, c’est que je trouve détestable qu’un outil aussi important que l’écriture inclusive, et qui est sensé servir les intérêts des femmes, soit désormais utilisé pour les invisibiliser. dans les débats féministes sur instagram (et j’ai conscience du fait qu’il (…)

s’agit peut-être de débats de niches), on n’utilise plus les mots « femmes » et « hommes » pour parler de sujets spécifiques comme les règles par exemple. On parle désormais de « personnes à vulves ». Et bien je considère que ça m’invisibilise.

Non, je ne suis pas une « personne à vulve », je suis une femme. Je suis née femme, et avant même ma naissance, dans le ventre de ma mère, j’ai subi des discriminations de ce fait. J’ai subi des choses qu’un homme qui voudrait devenir une femme ne pourra jamais appréhender.

Troisièmement, je suis pour qu’on déconstruise les stéréotypes de genre, et je considère que le transactivisme ne fait que les renforcer. J’observe que les hommes qui veulent être des femmes, se mettent soudainement à se maquiller,

à porter des robes et des talons. Et je considère que c’est une insulte faite aux femmes que de considérer que ce sont les outils inventés par le patriarcat qui font de nous des femmes. Nous sommes des femmes parce que nous avons des vulves. C’est un fait biologique.

Portez des robes, des talons et des perruques, maquillez vous, si vous voulez. Je n’irai pas crier à l’appropriation culturelle, mais ne venez pas dire que vous êtes des femmes. de la même façon que je n’aurais jamais l’indécence de brunir ma peau en déclarant que je suis noire.

Quatrièmement, arrêtez de me dire que je vous oppresse. C’est vous qui m’oppressez en renforçant justement ces stéréotypes de genre. Et j’ai le droit de le dénoncer car je n’appelle pas à la haine. Mes propos sont dans le cadre de la loi, puisque moi, contrairement à vous,

je suis capable de faire la différence entre transidentité et transactivisme. C’est-à-dire entre les personnes et les idées. Que des personnes trans existent, je m’en fiche. Qu’elles viennent coloniser le débat féministe en ramenant tout à elles au point que

certaines féministes dites « cis » n’aient plus que cette lutte pour objectif, me révulse. Cinquièmement, les sacro saintes notions de « liberté », de « choix » et de « tolérance » ne veulent rien dire si elles ne sont pas explicitées.

« j’ai la liberté de me voiler », « je choisis de me prostituer », « je suis trans, soit tolérante », cela ne veut rien dire. Oui tu peux dire que tu es libre de te voiler, de te prostituer ou d’être trans, mais la question du libre choix est illusoire.

Je considère que ces choix sont le fruit d’un conditionnement par le système patriarcal. S’il en était autrement, pourquoi les hommes ne se voileraient pas et ne se prostitueraient pas autant que les femmes? Il en va de même pour le transactivisme.

Pourquoi les personnes trans qui occupent le devant de la scène comme lors de la manifestation Nous Toutes, ou comme les drags queens (largement plus répandues que les drag king) sont elles plus nombreuses ou du moins, plus visibles?

(et oui, je sais, ici on parle plutôt de travestissement, mais je considère que ce sont les mêmes mécanismes à l’oeuvre)

Je conçois que des personnes trans puissent ne pas se reconnaitre dans l’identité de genre attribuée à leur sexe. Que des hommes aient envie de porter des robes, que des femmes aient envie qu’on cesse de les sexualiser et de les infantiliser par le langage, (…)

d’où l’envie de changer d’image et donc de pronom. Mais tout ceci (les vêtements, les appellations sociales), ne demandent qu’à être déconstruites. Pour les déconstruire, inutile de dévoyer les débats féministes.

Je précise que quand je m’exprime à ce sujet, je reçois habituellement beaucoup d’insultes, de menaces, et de messages condescendants. Mais je reçois aussi beaucoup de messages de femmes qui pensent comme moi, mais qui ne le disent pas parce qu’elles ont peur.

Et dernièrement, si vous voulez m’attaquer ou me contredire, faites le avec de vrais arguments, pas à base de ressentis. J’ai conscience du fait que certaines personnes vont me dire qu’elles blessées par mes propos,

mais ces personnes là doivent aussi réaliser que je suis blessée par les leur. Et j’ai, comme elles, le droit de l’exprimer. Mais je le fais de façon construite, et j’avance des arguments qui relèvent des sciences dites « dures » et sociales. »

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Pas de succès pour la manif du 19 janvier 2020 contre la «PMA sans père»

Un nouveau rassemblement a eu lieu dimanche 19 janvier contre le projet de loi de bioéthique, prévoyant notamment l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux lesbiennes et femmes célibataires. Si le peuple y est par définition opposé, il reste passif et ce d’autant plus que l’initiative est seulement portée par la mouvance catholique et de droite de la « manif pour tous ».

Comment la Gauche peut-elle avoir passivement adopté toute la vision du monde sur le plan des mœurs fournie par les capitalistes ultra-libéraux ? Cela en dit long et c’est le paradoxe de toute la période : la Gauche politique française n’est pas libérale en économie, mais elle l’est totalement sur le plan des mœurs. Et elle ne voit pas le problème.

C’est pourtant impossible. Soit on dit qu’il y a des normes, soit on les refuse. Si on les refuse, alors il n’y a plus de société, mais des individus atomisés. Le projet de loi de bioéthique va en ce sens.

La Droite catholique a bien compris qu’elle allait se faire liquider, et voit également une opportunité de chercher à se présenter comme anticapitaliste romantique. Car les gens vont devenir fous quand ils vont s’apercevoir que socialement il n’y a plus de père ni de mère, mais un parent 1, un parent 2, que la biologie est réfutée au nom des droits du consommateur à l’enfant.

La question n’est pas de savoir si va avoir lieu la révolte contre cette idéologie du consumérisme absolu, mais quand. La Droite catholique se place déjà, pendant que la Gauche s’effondre sous les coups de boutoirs post-modernes revendiquant l’idéologie inclusive, la mise en valeur des « racisés », la réfutation de l’hétérosexualité, etc.

Cependant, la Droite catholique est elle-même très abîmée par l’ultra-libéralisme, la nouvelle génération bourgeoise ayant balancé par-dessus bord toute valeur, sombrant dans la décadence totale. Elle a réussi à mobiliser 45 000 personnes environ, mais bien moins que la dernière fois, et la base est ostensiblement ringarde-réactionnaire.

On a ainsi eu la présence remarquée de Louis de Bourbon, duc d’Anjou, prétendant au trône de France… cela ne fait pas rêver les masses. Et la seule proposition de la Droite catholique, c’est de retourner soixante ans en arrière ! Cela n’intéresse personne.

La Droite catholique ne parviendra ainsi jamais à briser le terrorisme intellectuel libéral qui s’est abattu contre les opposants à la dérégulation totale des mœurs en cours. Quiconque ne fait ne serait-ce que remettre en question l’ultra-libéralisme dans les mœurs est présenté comme un facho.

Le graffiti « PMA pour toutes ou on volera vos enfants », tagué à Paris (à Strasbourg St Denis), est exemplaire de cette agressivité sans borne de gens directement au service de l’ultra-libéralisme, mais prétendant lutter contre la réaction et la religion.

Tout cela ne tiendra pas longtemps debout. Soit parce que les ouvriers sauront prendre en charge la défense de la civilisation à l’encontre de l’atomisation individuelle ultra-consumériste… Soit parce qu’une société fondée sur la barbarie de la consommation individualiste forcenée s’effondrera inévitablement. Les deux aspects allant par ailleurs ensemble.

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La «Gauche» postmoderne veut réformer les Écoles de commerce

D’anciens étudiants ont publié un long appel au discours postmoderne pour exiger une réforme des « grandes écoles de commerce », où les mœurs seraient « délétère -raciste, classiste, sexiste, homophobe ». Cela en dit long sur la « Gauche » post-moderne pour que des étudiants de HEC, l’ESSEC, etc. en soient une composante. Le discours « LGBTI+ » ne relève pas du combat démocratique mais du libéralisme tant culturel qu’économique.

Les étudiants des grandes écoles de commerce sont des beaufs, tout comme d’ailleurs ceux des écoles d’ingénieurs. L’idée est qu’après deux ou trois années de « prépa », il faudrait se lâcher et de toutes façons, la place a été obtenue. L’alcool coule donc à flots et les étudiants, qui se sont coupés du monde pendant longtemps, se retrouvent entre eux avec un énorme vide moral et culturel, basculant dans la décadence.

C’est un phénomène très connu de qui s’intéresse au phénomène, qui dure depuis plusieurs décennies et l’article récent de Mediapart n’apporte rien de nouveau. Avec les réseaux sociaux, les écoles ont dû réagir, mais ce n’est nullement une découverte et tous les étudiants de « prépa » savent eux-mêmes quel mode de vie ils auront s’ils réussissent le passage d’entrée.

Car l’aspect principal tient à ce que ces gens savent que, une fois entré dans les grandes écoles de commerce, ils font partie d’une caste bureaucratique parasitant la bourgeoisie. Passer par une grande école de commerce ou d’ingénieurs, c’est la garantie d’avoir un emploi hautement qualifié, avec un bon salaire. On n’en devient pas forcément un bourgeois pour autant, car on n’a pas forcément de richesses à la base, mais on va devenir un parasite aisé et c’est cela qui impulse la mentalité beauf de ces étudiants.

L’appel publié par Libération le 16 janvier 2020 est donc littéralement pittoresque ; il est à la fois risible et révélateur. Il commence comme suit :

« Nous sommes des diplômé·e·s et des étudiant·e·s de HEC Paris, de l’Essec, de l’Edhec, d’Audencia, de Neoma Business School et d’autres grandes écoles de commerce et nous avons souffert de la culture délétère − raciste, classiste, sexiste, homophobe − qui prospère sur ces campus. Nous sommes de tous bords politiques et de toutes orientations sexuelles. »

Et il constitue ensuite en une dénonciation de la culture beauf prédominante, non pas définie comme beauf, mais comme « hétéro-sexiste ».

C’est donc quelque chose de classique : la bourgeoisie libérale moderniste dénonce la bourgeoisie à l’ancienne. Passons sur le fait de voir des étudiants de grande école de commerce dénoncer une culture « classiste », ce qui est on ne peut plus pitoyable. De manière peu étonnante, le long document ne revient pas là-dessus.

Non, ce qui compte, c’est le côté « ouin ouin » d’étudiants ultra-privilégiés cherchant à se faire passer pour des victimes alors qu’ils font des études pour être des bourreaux. La liste des 514 signataires le montre aisément : on est dans les « cinq parisiennes », c’est-à-dire les écoles de commerce les plus prestigieuses, basées à Paris, Lyon ou Lille.

Ce sont donc des gens représentant un haut niveau de culture, un haut niveau intellectuel – pour autant que la société française capitaliste peut le proposer. Dans tous les cas, ce sont des gens qui savaient ce qui les attendaient et ils ont choisi. Ils mentent en prétendant s’être retrouvés piégés. Ils savaient très bien quelle était la mentalité des étudiants des grandes écoles de commerce.

Ils ont refusé de faire autre chose, car ils voulaient se vendre aux grandes entreprises. Ils doivent donc se conformer – mais étant des bourgeois « modernes », ils regrettent que les grandes écoles de commerce françaises soient trop « à l’ancienne » et n’adoptent pas le style LGBTI+ des campus américains.

C’est à l’image de la France actuelle en termes politiques, avec une Droite beauf à l’ancienne et des « progressistes » supports du libéralisme économique et culturel. Les signataires de l’appel dans Libération relèvent de ce dernier aspect et leurs pleurnicheries dramatisées ne tiennent pas debout un seul instant. Ce seront des cadres de grandes entreprises, prêts à servir à tous les niveaux, ce sont littéralement les suppôts de Satan si on considère comme tel le Capital. Ce seront donc des gens qui, si la lutte des classes se développe en France et qu’on en arrive au socialisme – il le faudra bien – s’enfuiront.

Ce ne sont pas des victimes, comme le capitaine Dreyfus, d’un complot. Ils ont choisi le capitalisme et veulent moderniser sa beauferie au moyen de l’individualisme généralisé. C’est une simple expression de l’affrontement entre les capitalismes de la vieille école à mentalité de castes et de la modernité individualiste.

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L’affaire esthético-littéraire criminelle Gabriel Matzneff

Vanessa Springora publie le 2 janvier prochain Le Consentement où elle raconte comment à 14 ans elle est tombée sous l’emprise d’un écrivain reconnu par le tout-Paris des années 1980. À l’époque, cet écrivain faisait d’ailleurs ouvertement la promotion de sa démarche, dans une tradition même bien ancrée dans la haute bourgeoisie littéraire liée à l’idéologie pédéraste du Banquet de Platon.

À l’occasion de l’anniversaire de mai 1968, on trouve sur agauche.org un article au titre très perturbant : Mai 1968 et la promotion libérale-libertaire de la pédophilie. Cela parle déjà de l’écrivain concerné par le scandale actuel.

S’il est désigné comme G.M. dans le livre, tout le monde sait qu’il s’agit de Gabriel Matzneff. Il était alors quinquagénaire alors que Vanessa Springora, devenue son esclave sexuelle, avait 14 ans.

On a affaire ici à un mélange d’esprit grand-bourgeois et d’esprit décadent libéral-libertaire. Gabriel Matzneff est d’ailleurs chroniqueur dans le très réactionnaire hebdomadaire Le Point. On est dans un refus élitiste de la norme, une exigence d’expérience au-delà de la morale à la Nietzsche, d’où le soutien total de la « gauche » postmoderne.

On est dans une démarche se voulant à la fois transgression et transcendance. Cet idéalisme esthético-littéraire est très prégnant en France. La pédophilie et la pédérastie sont considérés, dans une mouvance où l’on trouve notamment André Gide et Alain Robbe-Grillet, comme une forme de relation au-delà des contingences matérielles, une forme pratiquement sacrée, de maître à disciple dans un « amour » représentant une beauté pure.

De quoi faire sauter au plafond tout prolétaire. Mais de quoi donner un « sens » à la vie d’un grand bourgeois esthétisant ayant peur de la vie d’adulte et romançant une activité perverse d’emprise.

À des moment-clefs, tant Le Monde que Libération ont d’ailleurs été des vecteurs sciemment employés pour la promotion de cette ignoble perversité et un texte comme celui écrit par Gabriel Matzneff a été signé par Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre, André Glucksmann, Gilles Deleuze, etc.

L’affaire Gabriel Matzneff n’en a que davantage de sens aujourd’hui. Tous les idéologues, théoriciens et philosophes « post-moderne », tous, sans exception, ont défendu le rejet des normes allant jusqu’à la pédophilie. Les théoriciens de l’ultra-individualisme, de la « spontanéité », de l’écriture inclusive et autres folies identitaires plaçant l’individu comme irréductiblement « différent » ont toujours réfuté toute frontière morale.

Ce qui est logique : si tout le monde est différent, alors il n’y a plus de morale universelle possible. Inversement, la morale universelle exige le socialisme et le rejet de la notion d’individu tout puissant…

Pour ceux qui reconnaissent « l’individu » et son absolue différence, du moment qu’il y a « choix », alors on peut faire n’importe quoi, depuis se dire homme ou femme comme on le veut, jusqu’à la pédérastie ou la pédophilie s’il y a « choix », comme dans un contrat au sein de la société capitaliste. Personne ne pourrait juger, puisque chacun est différent.

C’est là une application strictement logique du libéralisme. Gabriel Matzneff ne s’est donc jamais caché ; sur son blog, il montre quelques « petites amies » adolescentes. C’est son mode de vie.

Sa théorie est très bien élaborée, à tous les niveaux. Cela le conduit par exemple à flétrir la « génération Bataclan » sur laquelle il crache dans Le Point au nom d’un élitisme « spirituel », paraphrasant somme toute l’idéal « spiritualiste » de l’État islamique contre une vie quotidienne « vide ».

Cela l’amène surtout à valoriser la valeur « spirituelle » de la pédophilie, de la pédérastie comme horizon de liberté, comme ici dans une interview de 1974 :

« Des moins de seize ans, il y en a dans tous mes livres. C’est en vérité une de mes idées fixes majeures, non au sens malsain que peut avoir l’expression « idée fixe » mais au contraire dans un sens joyeux, créateur, ludique. L’adolescence c’est l’âge du refus, de la rupture. Rester fidèle à l’esprit de cet âge, c’est dire non à ce que Nietzsche appelle le « cul de plomb », c’est à dire le faux-sérieux, les faux-devoirs, toute la sclérose qui rend le monde adulte si terne et si ennuyeux.
La nostalgie de l’androgyne est une des nostalgies fondamentales de l’humanité. Elle est, par essence, nostalgie paradisiaque. Si mes histoires de petits garçons et de petites filles font scandale c’est simplement parce que les gens ont peur du paradis. »

De par sa logique libérale du « contrat » et sa quête esthétisante et élitiste, Gabriel Matzneff a été considéré – à juste titre – comme relevant du patrimoine littéraire bourgeois. Un « lettré » comme Bernard Pivot – en fait un fonctionnaire du vide littéraire et artistique – pouvait parler tranquillement de Gabriel Matzneff et de ses activités sordides, comme si de rien n’était, comme ici en 1990.

 

Il est d’ailleurs encore défendu, dans le scandale actuel, par de très nombreuses figures littéraires. Lui-même s’est plaint dans Le Nouvel Obs, avec une rhétorique impeccablement esthético-littéraire, avec le Banquet de Platon à l’arrière-plan :

« Apprendre que le livre que Vanessa a décidé d’écrire de mon vivant n’est nullement le récit de nos lumineuses et brûlantes amours, mais un ouvrage hostile, méchant, dénigrant, destiné à me nuire, un triste mixte de réquisitoire de procureur et de diagnostic concocté dans le cabinet d’un psychanalyste, provoque en moi une tristesse qui me suffoque. »

Au sens strict, aucun libéral ne peut critiquer Gabriel Matzneff. Ceux qui acceptent le libéralisme dans les mœurs sont obligés d’accepter sa démarche, du moment qu’il y a « contrat » avec l’adolescent ou l’enfant, qu’il y a « accord »… Car on ne pourrait pas juger.

Pour ceux qui n’adhèrent pas au libéralisme dans les mœurs, le jugement de gens comme cela est, évidemment, plus sommaire, pour ne pas dire plus expéditif.

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Matthieu Longatte, le bobo critiquant les «privilèges» d’«hommes blancs»

Dans une petite vidéo diffusée par France TV Slash, Matthieu Longatte connu pour ses vidéos « Bonjour Tristesse » a fait un petit numéro de culpabilisation très catholique sur le « privilège » des « hommes blancs ». Cette rhétorique insupportable a largement fait réagir tellement elle est caricaturale et rappelle à quel point elle a malheureusement infesté une grande partie de la Gauche, ou en tous cas de gens identifiés comme de gauche ou s’imaginant de gauche.

Matthieu Longatte était un quelque sorte un gilet jaune avant l’heure. Il s’est fait connaître sur Youtube en assumant à fond la posture du franchouillard vociférant, jamais content, un peu anarchiste sur les bords. Depuis son canapé, vin rouge systématiquement sur la table pour bien accentuer le trait, il râlait sur tout le monde de manière outrancière en s’imaginant lutter contre les injustices.

Un gilet jaune donc, mais en mode bobo, très apprécié par exemple par Telerama pour qui il a fait une vidéo spéciale pour le Noël précédent. France TV Slash l’a ainsi interrogé à propos de son spectacle et les propos mis en avant ont provoqué des réactions de dégoût chez de nombreuses personnes, tellement ce qu’il dit est détestable.

Il y explique dans un verbiage typiquement postmoderne que « les hommes blancs » sont « privilégiés » et cela « par rapport à quasi tout », les institutions, la police, le travail, le logement, etc.

C’est d’un racisme incroyable, insupportable. Matthieu Longatte se fait ici le porte voix de la petite-bourgeoisie issue de l’immigration qui avec un discours « indigéniste » a imposé des considérations ethno-différentialiste dans les débats sociaux, pour tenter d’écraser la question de la lutte des classes.

Des pans entiers de gens issus de la Gauche, quasiment toute l’ultra-gauche ainsi que les milieux universitaires sont contaminé par ce genre de considérations délirantes. L’intoxication est tellement grande que Matthieu Longatte, dont le fond de commerce est pourtant un populisme contre les « riches » et les « politiques », en arrive à dire quelque chose d’aussi énorme que :

« on [les « hommes blancs »] est clairement les seuls à ne pas être discriminé au travail »

C’est fabuleux ! Le quotidien au travail dans le capitalisme en France en 2019 serait formidable pour les « hommes blancs », et tout cela se ferait au dépend d’une minorité selon des critères raciaux.

La France serait l’Afrique du Sud de l’apartheid ou les États-Unis de la ségrégation. Les « hommes blancs » vivraient dans une bulle à part, en tant que privilégiés. Notons l’absurdité de son discours puisqu’il parle « d’hommes », en les opposant aux femmes donc, qu’ils rangent parmi les minorités…

Il assume bien sûr totalement le discours sur une prétendue « islamophobie », dont il dit avoir beaucoup parlé et explique qu’il est très lucide sur la question, parlant de manière fantasmatique d’un « degré énorme d’islamophobie en France ».

Il explique avoir eu des messages de remerciement, par exemple de quelqu’un ayant montré ses vidéos à sa mère qui :

« [il fait la grimace du bobo indigné] sa mère qui n’osait plus sortir dehors… Tellement elle avait l’impression qu’elle pouvait se faire agresser. »

Il précise ensuite :

« On ne se rend pas compte mais dans un quartier par exemple, qui est essentiellement composé de minorités, le rapport aux blancs peut se limiter à la télé. Tu vois, t’es une daronne un peu âgée, qui regarde que la télé, tu peux avoir l’impression que tu vas sortir dehors et que tu vas te faire tabasser gratos par des blancs. Parce qu’on parle de toi en tant que musulman H24 à la télé, on te stigmatise, alors que t’as rien fait de mal de ta vida. »

Ces propos sont tout autant détestables que les propos d’Eric Zemmour. Ils devraient susciter autant de rejet car c’est la même chose, mais de manière inversée. Tout autant de fantasme, de mensonge, de manipulation, de racisme.

Cela ne correspond aucunement à la vie du peuple. Notons au passage qu’il faut être sacrément gonflé pour un bobo parisien de parler ainsi d’islamophobie, alors que par exemple plusieurs des plus luxueux hôtels parisiens appartiennent à des musulmans, tout comme le Paris Saint-Germain, etc.

Il suffit de se balader dans les quartiers résidentiels de l’Ouest parisien ne serait-ce qu’une fois pour voir des gens de toutes les couleurs de peau. C’est la propriété, les moyens financiers qui décident, pas l’origine ou la couleur de peau.

C’est la même chose pour le logement, personne ne peut croire à ces mensonges. En France quelqu’un qui a de l’argent peut se loger facilement, pas celui qui travaille pour un petit salaire. C’est cela la réalité, la vérité quotidienne des millions de français des classes populaires.

Matthieu Longatte n’en fait pas partie, ni n’est leur porte voix. Il n’est qu’un bobo radicalisé de la place parisienne qui s’imagine avoir trouvé un crédit populaire en reprenant le discours indigéniste.

On appréciera d’ailleurs le reste de sa prose de bobo, puisqu’il assume pratiquement de faire de l’art contemporain, c’est-à-dire un délire de grands bourgeois :

« Pour moi l’art c’est vain par définition et il ne faut pas avoir la prétention d’être utile par là. Ça ne veut pas dire que tu ne peux pas l’être, mais c’est comme gâcher le goût de se croire important en tant qu’artiste. »

La Gauche, la Gauche historique, si elle veut émerger à nouveau en France et regagner ses lettres de noblesse aux yeux des classes populaires, doit dresser un rideau de fer infranchissable entre elle et ce genre de propos ethno-différentialistes typiques des bobo et des petits-bourgeois issus de l’immigration. Sans cela, le populisme d’extrême-Droite a un boulevard.

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GPA: le droit à nouveau piétiné suite à une décision de la cour d’appel de Rennes

Lundi 25 novembre 2019, la cour d’appel de Rennes a ordonné la transcription complète de l’état civil de six enfants nés à l’étranger par GPA, ce qui permet l’inscription de leur soi-disant « parent d’intention » à leur acte de naissance. Cette information est d’abord restée confidentielle, avant d’être rendue publique par la presse ce jeudi. C’est un nouveau coup de force antidémocratique de la part du libéralisme, qui impose ses conceptions à la société française malgré la loi.

La décision de la cour d’appel de Rennes rendue dans ses arrêts datés du 25 novembre 2019 s’inscrit dans la continuité d’une grande offensive du libéralisme. La décision de la Cour de cassation au mois d’octobre en faveur de la GPA avait été un précédant de taille et il était évident que cela engendrerait d’autres cas similaires.

Puisque la société française refuse toujours cette pratique insupportable qu’est le recours à une mère « porteuse » et que la loi n’entérine toujours par la transcription des états civils pour les recours à une GPA à l’étranger, alors c’est le droit lui-même qui est directement attaqué, au sein même des tribunaux.

Cela a été très bien résumé par l’avocate des couples, Caroline Mecary, « spécialiste des questions LGBT+ », qui explique que la cour d’appel de Rennes « a fait un choix juste que les politiques ont été incapables de faire durant ces vingt dernières années ».

C’est tout à fait ça. Le droit, normalement organisé par la loi, donc par « les politiques », est ici piétiné par des juges qui rendent une décision malgré la loi. Et donc, Maître Caroline Mecary trouve cela très bien.

On a ainsi des juges qui disent eux-mêmes la loi, contre la loi, pour se plier à la volonté d’une poignée de bourgeois libéraux s’étant « offert » un enfant aux États-Unis et au Mexique. On n’est pas ici dans la marge d’interprétation subjective habituelle, que le droit bourgeois laisse aux juges censés être guidés par leur intime conviction, mais bien dans un piétinement pur et dur de la loi.

Il est effarant de voir la société française laisser faire cela en ne disant presque rien. C’est que le libéralisme est tellement fort, il a tellement pénétré les esprits, que finalement presque personne n’y trouve grand-chose à redire.

Il suffit d’expliquer que cela est fait dans l’intérêt des enfants et qu’il s’agit simplement de reconnaître un état de fait, pour que cela passe.

Pourtant, il faut bien voir ici que les personnes ayant recours à la GPA à l’étranger n’ont jamais été inquiétées en France, malgré l’interdiction légale. La compagne (ou le compagnon) a même la possibilité de faire une demande d’adoption de l’enfant de son compagnon, que la mère dite « porteuse » a officiellement abandonné.

Rien que cette possibilité d’adoption est moralement inacceptable, car cela revient à contourner l’interdiction de la GPA en France. Mais au lieu d’avoir une bataille contre cette possibilité d’adoption (qui revient donc à une acceptation latente de la GPA), il y au contraire une grande offensive de la part de gens ayant recours à la GPA et considérant que cette possibilité de faire une demande d’adoption n’est pas suffisante.

Dans les cas des enfants concernés par les décisions de la Cour d’appel de Rennes comme dans le cas des enfants concernés par la décision de la Cour de cassation, les personnes avaient ainsi toujours refusé de se plier à la procédure d’adoption. Elles considèrent en effet que cela allait à l’encontre du concept barbare de « parent d’intention », qu’elles réussissent maintenant à imposer en France.

> Lire également : Coup de force anti-démocratique de la Cour de cassation en faveur de la GPA

Notons d’ailleurs que l’argument de l’intérêt des enfants est ici complètement fallacieux et masque à peine ce qui est en vérité une offensive du libéralisme en faveur de la GPA.

Cette décision de la cour d’appel de Rennes est une honte et il est temps que la Gauche historique émerge à nouveau sur la place publique, pour écraser ces coups de forces libéraux antidémocratiques.

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Le suicide politique d’Esther Benbassa

En mettant sur les réseaux sociaux une image de manifestants avec une étoile jaune version « musulmane », la sénatrice EELV Esther Benbassa a provoqué une levée de boucliers contre elle. En effet, il y a là une dimension relativiste de ce qu’a été la politique nazie d’extermination.

Esther Benbassa a cherché à s’expliquer, notamment à la télévision, mais en niant entièrement le problème, au nom d’une lecture anti-historique de la réalité : il faudrait assimiler tous les racismes sous toutes ses formes et donc tout serait permis.

Si l’on considère qu’il n’y a que des individus, alors il n’y a pas de phénomène historique, il n’y a que des situations. C’est le point de vue de la « Gauche » post-moderne et donc d’Esther Benbassa. Elle a donc benoîtement expliqué la chose suivante :

« Cette étoile jaune, c’est une forme d’identification au sort des juifs. En tant que juive, je ne suis pas absolument pas choquée. Je pense que ce que les juifs ont subi devrait continuer à servir d’exemple pour qu’on puisse tous nous battre contre le racisme, l’antisémitisme, l’islamophobie. »

Intellectuellement, cela se tient. C’est même le point de vue qui prédomine de plus en plus. Chacun est différent et ce qui compte, c’est le ressenti. On ne peut pas juger en général, ce qui compte c’est la lecture individuelle des choses.

C’est là, très concrètement, un point de vue correspondant à la décadence du capitalisme marqué par l’ultra-individualisme : tout se vaut, ce qui compte c’est le choix, comme on s’identifie, etc. C’est donc un point de vue aplanissant toute la réalité historique et comme celle-ci est en l’occurrence ni plus ni moins que la destruction des Juifs d’Europe, forcément cela provoque de profonds troubles.

Les réactions sont très nombreuses, voyant dans le déni d’Esther Benbassa une stupidité sans nom, au mieux. On se dit : elle fait semblant, même si elle reconnaît que les deux situations n’ont rien à voir, il faut qu’elle reconnaisse qu’il y a ici une manipulation politique, une tentative de trafiquer l’histoire.

Surtout qu’elle a multiplié hier les errements, expliquant tantôt que c’était une étoile à cinq branches et pas une étoile de David (alors qu’en fait le croissant et l’étoile musulmans visaient justement à remplacer symboliquement celle-ci), tantôt que finalement le rapprochement se voyait, mais que c’était juste « maladroit », que « il n’y a pas de mal à cela en soi », voire que c’était une bonne chose, etc.

Elle avait d’ailleurs déjà une grosse casserole, avec sa position au moment de l’affaire Leonarda :

« Moi qui pensais que la France n’avait pas perdu la mémoire de sa sombre histoire, j’étais loin d’imaginer qu’en 2013, en tant que parlementaire, élue du peuple, je serais témoin d’une rafle. Car oui, il faut bien le dire, c’est une rafle. »

EELV est intervenue à sa rescousse dans un long communiqué, expliquant qu’Esther Benbassa ne pouvait pas être antisémite puisqu’elle était juive, ce qui n’a aucun sens.

« Cette polémique indigne ne peut pas conduire commentatrices et commentateurs cherchant surtout à décrédibiliser et salir cette manifestation à traiter Esther Benbassa d’antisémite et de négationniste, elle qui a été titulaire de la prestigieuse chaire d’histoire du judaïsme moderne jusqu’en 2018, qui a enseigné à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes à la Sorbonne et qui a écrit de nombreux ouvrages sur l’histoire des juifs. »

Son mari, Jean-Christophe Attias, a pris aussi sa défense dans un long message d’une niaiserie totale de la part d’une personne qui est tout de même directeur d’études à l’École pratique des hautes études, titulaire de la chaire « Pensée juive médiévale (VIe – XVIIe siècles) ».

Il est évident que dans les faits, Esther Benbassa ne veut pas poser les choses rationnellement, car elle ne le peut pas, son style étant le populisme et le clientélisme, afin de faire tourner la machine du relativisme et de l’individualisme. Esther Benbassa n’a qu’une seule cohérence : celle d’avoir entièrement adopté la philosophie du capitalisme complet, qui réduit tout à des individus isolés cherchant à promouvoir leurs « intérêts » par tous les moyens qu’eux-mêmes trouvent adaptés.

Cependant, comme le capitalisme n’a pas encore lessivé tous les esprits, elle a commis un véritable suicide politique.

 

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Le 10 novembre, l’immense fracture dans la Gauche

La manifestation « contre l’islamophobie » du 10 novembre 2019 a provoqué une fracture complète à Gauche. Ceux qui ont soutenu la manifestation voient l’autre camp comme composé d’arriérés n’ayant pas saisi la nature coloniale, raciste de l’État français. Les autres sont à juste titre horrifiés de comment ce qu’on doit appeler la « Gauche » post-moderne est populiste, clientéliste et n’hésite pas à balancer par-dessus bord le moindre acquis de l’héritage historique de la Gauche.

Il y a d’un côté le mépris, de l’autre un sentiment d’horreur. La « Gauche » qui a manifesté le 10 novembre a un mépris profond pour la Gauche qui a refusé de venir : elle considère qu’il fallait être là, que sinon on est déconnecté du réel, que ceux qui ne viennent pas sont méprisables, car finalement racistes au fond d’eux-mêmes.

L’autre Gauche – la vraie – est horrifiée de voir des gens manifester aux côtés de représentants de l’Islam politique, dont l’agenda est de former une ligne communautariste pour établir une contre-société parallèle. Son haut-le-cœur est immense, son rejet total.

La cassure est là et elle est partie pour rester. On ne peut pas avoir deux histoires et il n’y a pas de place pour deux parcours radicalement différents, deux sensibilités aux antipodes. La Gauche s’est cassée en deux, littéralement.

Il y a désormais deux camps indissociables et on aurait d’ailleurs tort de penser que l’un est plus fort que l’autre. Il est vrai que, à l’appel de la manifestation du 10 novembre, on trouve l’ultra-gauche (Lutte Ouvrière, le NPA, etc.), la CGT, La France Insoumise, le syndicat étudiant UNEF.

Mais il y a déjà eu des défections avant le rassemblement : Yannick Jadot d’EELV (qui n’est finalement pas d’accord sur tout), Adrien Quatennens de LFI (étant certainement la future tête du mouvement, il cherche en fait à ne pas se « griller »), François Ruffin (qui explique qu’il était en vacances à Bruxelles mangeant des frites et des gaufres avec ses enfants quand il a signé et que de toutes façons dimanche il joue au football).

Et plus sérieusement, le Parti socialiste n’a pas appelé à la manifestation, ni la Gauche républicaine et socialiste. Une partie du PCF n’a pas été de la partie et on peut se douter que c’est valable même pour une partie de la CGT. Une partie de l’extrême-Gauche a rejeté la manifestation du 10 novembre également.

Quant aux gens de gauche, ils ont refusé cette mascarade et ne se sont pas mobilisés. Très peu de monde s’est d’ailleurs mobilisé, à part une sorte de bulle intellectuelle et militante que l’extrême-Droite définit aisément comme islamo-gauchiste, tellement c’est une alliance caricaturale autour de thèmes sociaux et identitaires, dans l’esprit de la Gauche anglo-saxonne.

Politiquement, la Gauche est carbonisée, mais ses traditions existent et la manifestation du 10 novembre s’y oppose frontalement. C’était une agression caractérisée. La réponse est donc naturelle, c’est celle d’une défense des valeurs, d’une protection d’une histoire. La Gauche n’a pas fait tout cela pour se retrouver dans cette situation, pour tomber aussi bas.

La « Gauche » post-moderne a pensé enterrer la Gauche historique le 10 novembre. En réalité, elle n’a fait que contribuer indirectement à son retour, à sa maturation pour la période prochaine.

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Les réactions à l’appel pour le 10 novembre contre «l’islamophobie»

L’appel à une marche ce dimanche 10 novembre 2019 contre « l’islamophobie » génère beaucoup de remous à Gauche. Il y a en effet de nombreuses réticences à l’offensive de la « Gauche » post-moderne alliée aux courants politiques musulmans à visée culturelle et aux courants « décoloniaux ». Voici un aperçu des réactions les plus significatives.

La réaction la plus marquante a été celle du Parti socialiste mardi 5 novembre, à l’issue de son Bureau National. De part sa tradition, à la fois institutionnelle et de gauche, le PS ne pouvait en effet pas se joindre à un appel ayant une dimension communautaire et religieuse aussi évidente.

Il y a également des personnalités qui se sont particulièrement exprimées sur le sujet, comme le socialiste Amine El-Khatmi, élu PS d’Avignon. Engagé depuis longtemps contre la montée de l’islamisme et du communautarisme, il fait partie des personnes lucides sur le mot « islamophobie », qu’il sait être « imposé dans le débat public par les islamistes ».

Il a eu des propos très appuyés au sujet de la marche de dimanche :

« Lorsqu’une partie de la Gauche va manifester avec des islamistes autour d’un mot d’ordre, l’islamophobie, qui est le refus d’une critique de la religion : oui, je le dis, c’est une trahison. De l’esprit « Charlie », de l’esprit du 11 janvier 2015 et plus que ça encore, c’est la trahison des combats historiques de la Gauche pour l’émancipation des individus, pour la liberté de conscience, pour le droit aux citoyens de s’élever de l’assignation à résidence identitaire. »

Ce discours incarne largement le sentiment des gens liés à la Gauche historique en France, avec bien sûr des nuances suivant les courants. Mais ce n’est pas celui de la « Gauche » post-moderne, hégémonique dans la direction des organisations, qui ne veut plus de la Gauche historique et préfère une alliance avec des courants politiques musulmans.

> Lire également : L’appel «anti-islamophobie» pour le 10 novembre de la Gauche post-moderne

Cette contradiction génère de nombreuses tensions, visibles au PCF notamment. Sa direction, qui est plus que poreuse au post-modernisme, acceptant l’écriture inclusive ou la question des « trans », a donc dû prendre des pincettes sur le sujet.

Le premier secrétaire du PCF Fabien Roussel n’a ainsi pas signé l’appel, pour ne pas engager l’organisation, en se contentant d’expliquer benoîtement qu’il ne s’y était « pas retrouvé ». L’appel a cependant été largement diffusé dans le PCF et ce sont des personnalités individuelles qui se sont chargées de le signer et même de le défendre.

C’est le cas de Ian Brossat, évidemment, mais aussi des députés Stéphane Peu et Elsa Faucillon, qui assume jusqu’au bout l’appel à marcher contre « l’islamophobie » :

« Face aux pressions, nous ne devons pas céder mais serrer les coudes pour soutenir nos concitoyens de confession musulmane »

Les réticences des gens de gauche face à cet appel révèle aussi un opportunisme grossier de la part de certaines personnalités l’ayant signé, mais feignant ensuite de n’avoir pas bien compris ce qu’ils signaient. C’est le cas Yannick Jadot (EELV), d’Adrien Quatennens (LFI) ou encore de François Ruffin (LFI) qui explique de manière grotesque n’avoir pas porté une attention suffisante au texte car il était avec ses enfants en Belgique « en train de manger des frites et des gaufres » et que de toutes manières, il ne sera pas là dimanche car il a « foot »…

Caroline de Haas pour sa part a demandé à ce que sa signature soit retirée de l’appel, mais elle se rendra quand-même à la marche dimanche pour en profiter.

Opportunisme également, mais dans l’autre sens : Eric Coquerel de la France insoumise explique qu’il a changé d’avis sur le terme « islamophobie », qu’il rejetait avant, qu’il assume maintenant. Selon lui, la critique de l’alliance avec des courants musulmans politiques serait un « universalisme abstrait » et :

« le risque de dérive communautariste, c’est-à-dire la capacité d’une communauté de subordonner les lois de notre République aux lois d’une religion ou de ses intérêts particuliers, n’a pas aujourd’hui de réalité de masse. »

Jean-Luc Mélenchon pour sa part « persiste et signe » sur l’appel, car « il faut savoir faire bloc quand l’essentiel est en jeu». Il en profite également pour lancer une petite pic propre à satisfaire les antisémites, expliquant qu’il soutient l’appel :

« pour ce qu’il y a dans le texte et pas en raison de ceux dont je découvre ensuite qu’ils l’ont également signé. Sinon, je n’aurais jamais signé de texte dans le passé avec Bernard-Henri Lévy ni avec le Crif ».

David Cormand, dirigeant d’EELV, ne regrette « pas du tout » d’avoir signé l’appel avec lequel il n’a « aucun problème », se disant même surpris par « la fébrilité » de certains. C’est peu ou proue la même chose chez Génération-s, qui prétend que :

« Il y a une attaque continue et extrêmement violente contre les populations musulmanes en France et Génération.s sera présent dimanche »

Clémentine Autain, figure du post-modernisme en France, est en première ligne pour défendre l’appel et combattre la Gauche historique :

« Nous devons être là car il y a une responsabilité de la gauche. J’appelle à ce que les forces progressistes y soient les plus nombreuses possible, parce que c’est nous qui donnerons le la ! »

Elle justifie cela par des propos grandiloquents, d’un populisme outrancier :

« Si on continue comme ça, on va vers la guerre civile ! »

« Nous traversons une période dangereuse, dans laquelle les musulmans sont la cible d’une haine qui met en jeu les valeurs républicaines »

Enfin, du côté des organisateurs, il y a eu des réactions très virulentes aux critiques venues de la Gauche, notamment de la part de Madjid Messaoudene, élu de Saint-Denis :

«  Il y a une tentative de sabotage de la part de la fachosphère et de la gauche, on en prend note : les polémiques du RN sont reprises par le PS ».

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L’appel «anti-islamophobie» pour le 10 novembre de la Gauche post-moderne

L’appel « anti-islamophobie » publié dans Libération est un véritable modèle du genre, puisque ses mots ont été choisis de manière extrêmement précise afin de satisfaire tant l’Islam politique que le libéralisme anti-universaliste de la Gauche post-moderne.

C’est à croire que la société flotte au-dessus du capitalisme, qu’il n’y a pas de bourgeoisie qui entend diviser pour régner. On a un « racisme » abstrait » visant « les musulmans » comme si ceux-ci formaient une communauté déterminée, unifiée.

À la bourse on achète des actions. Pour la Gauche post-moderne, la société fonctionne pareil. Il y a des acheteurs et des vendeurs, qui sont les individus tous différents les uns des autres. Mais tous participent à une grande bourse aux idées. Le but est de gagner des parts de marché. C’est là, on le reconnaîtra aisément, la conception sociale de la Gauche américaine, qui n’a jamais connu la Gauche historique.

La Gauche post-moderne française a adopté cette démarche. En ce sens, le quotidien Libération s’est donnée comme habitude depuis quelques temps de publier régulièrement des tribunes. Le Monde l’a toujours fait de temps en temps, mais Libération connaît une crise très profonde et cherche à s’en sortir. Sa méthode est de se placer comme plaque tournante d’une Gauche post-moderne, sociale mais ultra-libérale dans les mœurs. C’est à ce titre qu’on a la tribune « Le 10 novembre, à Paris, nous dirons STOP à l’islamophobie ! », qui appelle à un rassemblement à Paris.

Le texte, ci-dessous en annexe, a d’autant plus d’importance qu’il rassemble la Gauche post-moderne dans ce qui consiste en une grande offensive. Il s’agit très clairement de procéder à une cristallisation politique qui a de nombreux précédents dans d’autres pays, telles la Grande-Bretagne et la Belgique. Il s’agit de briser la Gauche historique au moyen d’une alliance de la Gauche post-moderne et des courants politiques musulmans à visée culturelle, ainsi que des courants « décoloniaux » entre les deux.

Il suffit pour s’en convaincre de voir les signataires initiaux de la tribune :

Madjid Messaoudene (élu de Saint-Denis), la Plateforme L.e.s. Musulmans; Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA); le Comité Adama; le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF); l’Union communiste libertaire (UCL); l’Union nationale des étudiants de France (Unef), Taha Bouhafs (journaliste).

Le NPA et l’Union communiste libertaire sont farouchement post-modernes, tout comme Madjid Messaoudene et Taha Bouhafs. La direction de l’Union nationale des étudiants de France est ouvertement sur cette ligne. Le Comité Adama se veut quant à lui d’esprit décolonial. Le Collectif contre l’islamophobie en France et la Plateforme L.e.s. Musulmans sont très clairement des structures relevant de l’Islam politique.

Et les appuis à cette initiative sont très puissants, puisqu’on retrouve pas moins que Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, ainsi que Jean-Luc Mélenchon et l’ensemble du groupe parlementaire La France Insoumise. Il y a aussi David Cormand, secrétaire National d’EELV. Impossible de ne pas voir là qu’il y a donc une démarche politique très claire. Le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez, en signant cette tribune, met d’ailleurs très clairement les pieds dans le plat, puisqu’il est censé être sur une position de réserve.

Un autre qui met les pieds dans le plat, c’est Benoît Hamon. Que Génération-s signe l’appel est plus ou moins dans l’ordre des choses. Mais Benoît Hamon était censé être en retrait. Passe encore, dira-t-on, mais il y a un souci plus grave et, on peut le dire, hautement symbolique.

En effet, lorsque le réactionnaire Alain Finkielkraut avait été insulté par des gilets jaunes, le journaliste Taha Bouhafs avait accusé celui-ci d’être un « sale sioniste », sur Twitter. Benoît Hamon, qui vient de la gauche historique, avait alors posté un message très construit, très juste :

« Je combats les idées réactionnaires et radicales d’Alain #Finkielkraut. Mais je condamne sans aucune réserve ceux qui l’ont conspué, insulté et traité d’un « sale sioniste » qui voulait dire « sale juif ». Et laissez la Palestine en dehors de cette violence antisémite gratuite. »

Ce à quoi Taha Bouhafs a répondu avec un message ignoble digne de Dieudonné et Alain Soral :

« C’est bientôt le dîner du CRIF [Conseil représentatif des institutions juives de France], et t’as pas envie d’être privé de petits fours. »

Alors comment est-ce que Benoît Hamon peut signer une tribune lancée par un tel personnage ? Non seulement, il y a une éventuelle allusion aux chambres à gaz, mais en plus il le présente comme soumis au CRIF, comme si cette structure jouait un rôle majeur dans la politique française.

Ah, mais il faut ici faire de la politique. Et malheureusement Benoît Hamon, en basculant dans la gauche post-moderne ouverte, a perdu le fil. Il veut juste bien faire.

Mais il ne s’agit pas de bien faire et de dire abstraitement : on est contre le racisme, la haine des musulmans est condamnable. Il s’agit d’avoir une lecture politique authentique : qui cherche à diviser le peuple, et pourquoi ? Et cela, seule la Gauche historique est capable de le faire, car elle sait que tout cela n’a qu’un but : empêcher l’émergence d’une conscience socialiste.

Voici la tribune, publiée dans Libération.

« Tribune. Depuis bien trop longtemps, les musulmanes et les musulmans en France sont la cible de discours venant parfois de «responsables» politiques, d’invectives et de polémiques relayés par certains médias, participant ainsi à leur stigmatisation grandissante.

Depuis des années, la dignité des musulmanes et des musulmans est jetée en pâture, désignée à la vindicte des groupes les plus racistes qui occupent désormais l’espace politique et médiatique français, sans que soit prise la mesure de la gravité de la situation.

Depuis des années, les actes qui les visent s’intensifient : qu’il s’agisse de discriminations, de projets ou de lois liberticides, d’agressions physiques de femmes portant le foulard, d’attaques contre des mosquées ou des imams, allant même jusqu’à la tentative de meurtre.

L’attentat contre la mosquée de Bayonne le 28 octobre, en est la manifestation la plus récente et les services de l’Etat savent que la menace terroriste contre les lieux de culte musulmans est grande.

Il a fallu que cette violence jaillisse aux yeux de tous, à travers l’humiliation d’une maman et de son enfant par un élu RN au conseil général de Bourgogne-Franche-Comté, pour que tout le monde réalise ce que des associations, des universitaires, des personnalités, des syndicats, militants et au-delà, des habitants, dénoncent à juste titre depuis des années : l’islamophobie en France est une réalité. Quel que soit le nom qu’on lui donne, il ne s’agit plus ici de débats d’idées ou de critique des religions mais d’une forme de racisme explicite qui vise des personnes en raison de leur foi. Il faut aujourd’hui s’unir et se donner les moyens de la combattre, afin que plus jamais, les musulmanes et les musulmans ne puissent faire l’objet de tels traitements.

Puisque les discours et déclarations d’intention ne suffisent plus, parce que l’heure est grave : le 10 novembre à Paris nous marcherons pour dire :

– STOP aux discours racistes qui se déversent sur nos écrans à longueur de journée, dans l’indifférence générale et le silence complice des institutions étatiques chargées de lutter contre le racisme.

– STOP aux discriminations qui visent des femmes portant le foulard, provoquant leur exclusion progressive de toutes les sphères de la société.

– STOP aux violences et aux agressions contre les musulmanes et les musulmans, qui se retrouvent progressivement déshumanisés et stigmatisés, faisant d’eux des terroristes potentiels ou des ennemis de l’intérieur.

– STOP aux délations abusives jusqu’au plus haut niveau de l’Etat contre des musulmans dont le seul tort serait l’appartenance réelle ou supposée à une religion.

– STOP à ces dispositifs de surveillance de masse qui conduisent à une criminalisation pure et simple de la pratique religieuse.

Les conséquences, notamment pour des salariés licenciés et des familles déstabilisées, sont désastreuses et ne peuvent plus être tolérées. Cette criminalisation se fait au détriment des libertés fondamentales et des principes les plus élémentaires d’égalité censés guider notre pays.

Nous, musulmans ou non, disons STOP à l’islamophobie et nous serons nombreux pour le dire ensemble le 10 novembre prochain à Paris.

Nous appelons toutes les organisations, toutes les associations, tous les collectifs, toutes les fédérations de parents d’élèves, tous les partis politiques, toutes les personnalités, tous les médias, toutes les personnes solidaires à se joindre à cet appel solennel et à répondre présent à la marche du 10 novembre prochain.

Il en va des libertés fondamentales de tous. Il en va de la dignité et de l’intégrité de millions de concitoyens. Il en va de notre unité à tous, contre le racisme sous toutes ses formes qui, aujourd’hui, menace une nouvelle fois la France.

Un appel initié par Madjid Messaoudene (élu de Saint-Denis), la Plateforme L.e.s. Musulmans; Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA); le Comité Adama; le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF); l’Union communiste libertaire (UCL); l’Union nationale des étudiants de France (Unef), Taha Bouhafs (journaliste). Premiers signataires: Action Antifasciste Paris Banlieue (AFA); Arié Alimi , avocat; Pouria Amirshahi , directeur de publication de Politis; Manon Aubry, eurodéputée; Étienne Balibar , universitaire; Ludivine Bantigny, historienne; Yassine, Belattar, humoriste; Esther Benbassa, sénatrice EE-LV de Paris; Olivier Besancenot, NPA; Saïd Bouamama, sociologue; Leïla Chaibi, eurodéputée LFI; André Chassaigne, député, président du groupe GDR; David Cormand, secrétaire National d’EE-LV; Laurence De Cock, enseignante; Caroline De Haas, militante féministe; Vikash Dhorasoo, ancien de joueur de foot, parrain d’Oxfam et président de Tatane; Rokhaya Diallo, journaliste et réalisatrice ; Pierre Jacquemain , rédacteur en chef de Regards; Éric Fassin, sociologue; Elsa Faucillon, députée PCF; Fédération syndicale unitaire (FSU); Fianso, artiste; Front uni des immigrations et des quartiers populaires (FUIQP); Geneviève Garrigos, féministe, militante des Droits humains; Vincent Geisser, politologue; Alain Gresh, journaliste; Nora Hamadi, journaliste; Benoît Hamon, Génération.s; Yannick Jadot (député europééen EELV); Mathilde Larrère, historienne; Mathieu Longatte (Bonjour Tristesse); Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT; Jean-Luc Mélenchon et l’ensemble du groupe parlementaire La France Insoumise; Marwan Muhammad, auteur et statisticien; Younous Omarjee, eurodéputé; Stéphane Peu, député PCF; Edwy Plenel, journaliste; Maryam Pougetoux et Mélanie Luce, Unef; Jérôme Rodrigues, gilet jaune; Julien Salingue, docteur en science politique; Pierre Serne (porte-parole de Génération.s); Michèle Sibony et l’Union juive française pour la paix (UJFP); Laura Slimani, élue de Rouen, direction nationale de Génération.s; Azzédine Taibi, maire PCF de Stains; Sylvie Tissot, sociologue; Aida Touihri, journaliste; Assa Traoré, comité Adama; Aurélie Trouvé, porte-parole d’Attac; Union syndicale Solidaires; Dominique Vidal, journaliste et historien.

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Tribune du Président de l’UEJF : « D’où parles-tu, camarade ? 

Le Président de l’Union des étudiants juifs de France a publié un Tribune dans l’Express dans laquelle il fustige les dérives du syndicats étudiant Unef, qui organisait le weekend dernier des Assises nationales jeunes contre le racisme.

Sacha Ghozlan reproche en quelque sorte à l’Unef d’abandonner ses traditions de gauche en passant de la lutte des classes à la « lutte des races » :

« Je t’ai rencontré à l’Université. Tu militais pour défendre les droits de tous les étudiants. Nous assumions des désaccords politiques mais républicains en conseil universitaire ou au sujet de la politique nationale.

Je t’ai connu laïc et farouchement républicain, universaliste et de tous les combats pour les opprimés, pour la justice et pour l’égalité. Je t’ai trouvé à nos côtés en Pologne et au Rwanda pour préserver les Mémoires, en Israël à la rencontre d’une société civile porteuse d’espoir de paix, à Lyon III et à Assas pour combattre l’extrême droite. Ta présence à nos côtés était alors si précieuse.

Quelques années se sont écoulées et tu t’es éloigné. Je ne te reconnais plus.

Ton bureau national se réunit en non-mixité raciale quand il ne méprise pas l’incendie de Notre-Dame de Paris dont il estime qu’il s’agit d’une histoire de « Français blancs ». Tu adoptes le vocabulaire des Indigènes de la République, tu demandes à censurer Charb et Eschyle à l’Université, tu restes muet quand nos locaux sont vandalisés à Tolbiac ou à Dauphine sur fond d’antisémitisme et tes sections locales appellent au boycott d’Israël. Et si tout cela pourrait sembler anecdotique, tu ponctues désormais chacune de tes phrases de qualificatifs raciaux : « blancs » et « racisés ». Par-delà l’Université, les Français entendent ce grand basculement idéologique.

D’où parles-tu, camarade ?

Si tu posais cette question dans une logique marxiste pour démontrer que tout orateur expose ses thèses selon sa construction sociale, tu la déplaces aujourd’hui vers une construction raciale. Et je crains que, de la lutte des classes, tu ne deviennes aujourd’hui que le sombre héraut d’une lutte des races. Tu te coupes de la société, des victimes de racisme mais aussi de ceux dont l’identité plurielle, mouvante et complexe ne peut se réduire à une intersectionnalité dont on voit bien qu’elle produit elle-même une violence symbolique.

Ton Union organise cette semaine des Assises contre le racisme. Dans la vidéo officielle de lancement, tu le dis avec certitude « les dominants sont les blancs, tandis que les racisés sont les personnes non-blanches. Il existe un racisme systémique ».

Le racisme doit être combattu sous toutes ses formes – discrimination à l’embauche, au logement, rumeurs visant les Roms, racisme anti-musulmans, xénophobie visant les migrants -, mais il emprunte des chemins plus complexes que cette suma divisio aussi hasardeuse que nauséabonde. Elle porte en elle les germes d’une société fragmentée selon des critères raciaux et génère une dangereuse assignation identitaire. Les réunions en non-mixité raciale sont des pratiques discriminatoires, et quand elles se déroulent à l’Université, c’est une circonstance aggravante.

Les victimes d’actes racistes souffrent une première fois des actes de leurs agresseurs, faut-il y ajouter un verrou identitaire et communautariste ?

Que dois-je en conclure, moi qui suis un étudiant juif ? D’où voudrais-tu que je parle, camarade ? Ou plutôt, où souhaiterais-tu m’assigner ?

Suis-je du côté des dominants, prêtant ainsi le flanc aux thèses antisémites de Dieudonné qui qualifie les juifs « de négriers reconvertis dans la banque et la finance » ? Suis-je du côté des racisés, m’enfermant ainsi dans une posture victimaire dans laquelle Alain Soral veut acculer les juifs, les accusant d’utiliser la Shoah ou l’antisémitisme pour se hisser dans la société ? L’une ou l’autre de ces assignations me sont insupportables, et mon identité juive française est bien plus complexe que cet enfermement qui m’est proposé.

Notre génération est phagocytée par des individus malveillants qui entretiennent volontiers la concurrence victimaire dans le débat public, par des propagandistes haineux qui dénaturent les réseaux sociaux, par des pseudo-humoristes qui veulent prendre en otage l’humour pour propager la haine et par des identitaires qui veulent imposer un agenda politique qui agit en miroir de l’extrême droite comme les deux faces d’une même pièce.

L’UNEF fut un rédacteur de la charte de Grenoble en 1946 qui a structuré le syndicalisme étudiant au sortir de la guerre, en donnant aux étudiants le rôle de vigie de la société. Par-delà l’UNEF, quand un grand syndicat étudiant abandonne ses valeurs fondatrices, c’est toute notre génération, et toute la société qui en sort déboussolée.

Les étudiants ont besoin de l’UNEF pour porter des combats universalistes. Nous avons besoin de toi, camarade ! »

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Société

« Être trans, c’est faire la révolution à l’intérieur de soi »

Cela a été l’un des plus grands hold-ups de la « gauche » postindustrielle, post-moderne, à l’américaine : profiter de la bataille pour les droits des femmes, les droits des homosexuels, et les détourner vers la théorie du genre et une conception identitaire de l’existence.

Voilà ce que dit Paul B. Preciado dans une interview à Libération («Nos corps trans sont un acte de dissidence du système sexe-genre») :

« Être trans, c’est accepter qu’on arrive à être soi-même grâce au changement, à la mutation, au métissage. C’est faire la révolution à l’intérieur de soi. »

La boucle est ainsi bouclée et en un sens il était temps. En s’appuyant sur la philosophie existentialiste affirmant qu’on est ce qu’on choisit d’être, sur la philosophie structuraliste expliquant que le monde est composé de structures sociales, idéologiques, culturelles, morales, économiques, etc., en s’appuyant sur la philosophie désirante de Michel Foucault et Gilles Deleuze faisant du désir le sens même de l’existence, la gauche postindustrielle a diffusé des thèses ultra-libérales en abusant les gens de Gauche.

Tous les acquis de la Gauche historique ont été massacrés. L’Histoire ? Elle n’aurait aucun sens, ce serait juste des événements qu’on rapprocherait plus ou moins, arbitrairement. La lutte de classes ? Du passé, il faudrait raisonner en termes de structures, comme avec le sociologue Bourdieu, et donc « déconstruire » les préjugés. Les droits des femmes ? Inutiles, puisqu’il n’y aurait plus que des individus et que chacun se définit comme il l’entend. Les droits des gays et des lesbiennes ? Une abstraction, puisque les sexualités seraient multiples à l’infini.

Jusqu’à présent, la gauche postindustrielle n’a jamais osé formuler les choses ouvertement ainsi, et attaquaient comme « réactionnaires » les tenants de la Gauche historique pour affirmer que c’était le fond de leur démarche. Le temps a suffisamment passé cependant pour que les masques tombent et l’interview dans Libération présentent des points de vue extrêmement claires :

Qui êtes-vous, Paul B. Preciado ?

La question de l’identité ne m’intéresse pas. Je ne me sens ni espagnol, ni français, ni catholique, ni homme… Ce qui m’intéresse, c’est la critique des normes sexuelles, de genre, raciales, patriotiques. Ce qui est le plus urgent n’est pas de défendre ce que nous sommes, homme ou femme, hétérosexuel ou homosexuel, mais de le rejeter, de se désidentifier de la coercition politique qui nous force à désirer la norme et à la reproduire. Comme le genre, la nation n’existe pas en dehors des pratiques collectives, qui l’imaginent et la construisent. Ce que je vois aujourd’hui, ce ne sont pas des identités, mais des rapports de pouvoir qui construisent le sexe, la sexualité, la race, la classe, le corps valide. Arrêtons de nous focaliser sur les identités, parlons plutôt des technologies de pouvoir, remettons en cause l’architecture politique et juridique du colonialisme patriarcal, de la différence des sexes et de la hiérarchie raciale, de la famille et de l’Etat-nation

L’auteur de ces propos s’est même installé à Athènes, ville qui serait elle-même en « transition ». C’est conforme aux propos tenus, qui sont une négation de toute la réalité sociale, culturelle, nationale, biologique, au profit d’une aventure individuelle et encore fondée uniquement sur sa propre conscience, dans l’esprit de Descartes.

Seulement, la Gauche historique ne se revendique pas de Descartes ni de Thomas d’Aquin, pas plus que de Maïmonide, Ghazali ou bien l’imam Khomeini. Elle se revendique de l’humanisme et de la Renaissance, des philosophes matérialistes des Lumières, des premiers utopistes socialistes, tout cela formant l’arrière-plan du mouvement ouvrier. Et là il n’y a pas d’esprit qui se balade au-dessus de la réalité et fait ses choix comme on fait du shopping.

« Mon genre est non-binaire »

Car c’est bien de shopping qu’il s’agit. L’ultra-libéralisme affirme qu’on peut et qu’on doit tout choisir : sa vie, son emploi, son sexe, son genre, son identité, sa nationalité, ses origines, sa personnalité, son appartenance ethnique, son type de sexualité, son type de couple, etc.

C’est totalement irréaliste d’un côté, cela s’oppose aux principes du déterminisme de l’autre. Et le déterminisme est la base de l’affirmation de la lutte des classes : sans la philosophie du déterminisme, il n’y a plus de classes, donc plus de luttes de classes, donc plus besoin de la Gauche historique.

Et c’est là l’objectif de la Gauche post-industrielle, qui veut se débarrasser du mouvement ouvrier, de la classe ouvrière, du Socialisme, des ouvriers eux-mêmes, de tous ces concepts pour elle dépassés, surannés, vieillis, d’un autre temps. C’est là même son objectif prioritaire, car la Gauche post-industrielle est née dans les universités américaines et diffusée en Europe par l’intermédiaire de l’Angleterre, en étant financée massivement par ces institutions éducatives du supérieur.

Si les universités américaines financent de telles personnes, ce n’est pas pour rien, c’est parce qu’il y a convergence d’intérêts, que ces gens se mettent au service de l’ultra-libéralisme. Il faut donc choisir : soit ces gens, soit le mouvement ouvrier avec la Gauche historique !