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Société

Les Français littéralement incapables d’appliquer le second confinement

Le constat est partout le même : le second confinement, au début novembre 2020, n’est pas suivi. Il y a beaucoup moins de monde dehors, mais il y a tout de même beaucoup de monde.

Beaucoup de monde dehors ? En tout cas, trop de monde ! La différence entre le premier et le second confinement est énorme. Elle n’est pas que quantitative d’ailleurs, ce n’est pas seulement une question de gens présents dehors. En fait, qualitativement, cela n’a rien à voir. Et c’est la preuve d’un terrible échec.

Les gens suivent le second confinement sans s’appliquer, sans y croire, en espérant un vaccin, un retournement de situation : c’est finalement une sorte d’allégorie de leur rapport au capitalisme. On n’y croit pas plus que cela, mais on mange du foie gras et on veut acheter sa maison ; on n’aime pas les riches, mais on veut une vie quotidienne petite-bourgeoise bien rangée tout en accumulant un petit capital.

Cette ambivalence mène les Français à leur perte. Ils s’imaginent très intelligents en adoptant une sorte de ligne in medio stat virtus, la vertu est dans le milieu. En pratique, ils sont déconnectés. Ils n’ont pas l’armature psychique pour cela, ils n’ont pas la patience, ni la morale ; ils sont incapables de faire face, prisonniers de leur passivité consommatrice et de leur relativisme libéral.

Les Français, au mois d’août, avaient d’ailleurs choisi de se débarrasser de la question de la crise sanitaire. Ils s’imaginaient ainsi rationnels, alors qu’ils étaient idéalistes. Ils se sont imaginés choisir de passer à autre chose et que cela suffirait. Il faut se rappeler les comportements en août pour voir à quel point les Français étaient dans le déni. Avec le recul, c’est à peine croyable.

Et malgré la nouvelle crise sanitaire, ils continuent, en relativisant le second confinement, en cherchant à le détourner avec un justificatif par-ci un justificatif par-là, avec un État complaisant autorisant tout et n’importe quoi de manière dérogatoire. Les Français ne veulent pas de la crise sanitaire, donc elle n’est pas vraiment là. Ainsi, le second confinement est, dans les faits, une fiction.

Pas pour les restaurateurs et les fleuristes bien sûr, pour tous les petits commerces en général, qui doivent encaisser les coups et les coûts du capitalisme (ce qui devrait leur enseigner à mieux choisir ses amis et ses alliés et à se tourner vers la classe ouvrière). Pas non plus pour les refuges et centres de soins pour animaux, qui encore une fois n’existent pas pour l’État et dont les bénévoles se retrouvent à devoir bricoler pour pouvoir se déplacer, travailler, intervenir.

Mais le confinement est bien une fiction en terme de société. Je fais semblant, tu fais semblant, nous faisons semblant. Le gouvernement prétend, les gens prétendent, tout le monde prétend, les réalistes et les médecins hallucinent, désespèrent, protestent. Ils se demandent : pourquoi les Français sont-ils aussi obstinés dans leurs comportements ? Pourquoi ne s’assument-ils pas ?

C’est pourtant simple. Les esprits sont ailleurs, forcément ailleurs,et cela pour une simple raison : personne n’est prêt à assumer que le capitalisme est allé droit dans le mur à l’échelle planétaire, qu’il faut tout remettre à plat, que plus rien ne sera comme avant…

Assumer cela, c’est partir en guerre contre le capitalisme, au sens strict, dans un contexte sanitaire encore en crise, dans un contexte international militarisé, avec une économie portée à bouts de bras avec de l’argent magique, à quoi on doit ajouter le réchauffement climatique, l’effondrement de la culture sous les coups de boutoir de l’expansion du marché, etc.

Trop compliqué ! Trop difficile à suivre ! Trop de sacrifices !

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Politique

Covid-19 début novembre 2020: la révolte bourgeoise contre le semi-confinement

Au mois de mars 2020, Emmanuel Macron n’avait pas osé employer le termes de confinement. Il a finalement utilisé le mot fin octobre, mais pour ce qui s’avère n’être qu’un demi-confinement, absolument pas à la hauteur de la situation sanitaire. Cela n’empêche pas l’agitation bourgeoise, et particulièrement petite-bourgeoise, qui trouve que c’est encore trop.

L’actualité française est ainsi littéralement polluée par la révolte des commerçants et chefs d’entreprises voulant à tout prix ouvrir et faire leurs petites affaires. Cela ne les intéresse pas que la deuxième vague de covid-19 déferle sur la France, avec une augmentation continue du nombre de personnes en réanimation (+75 samedi 31 octobre 2020 par rapport à la veille), avec en tout 23 153 personnes hospitalisées. Les affaires sont les affaires, peu importe les malades et les morts, voilà ce que pensent ces partisans acharnés du capitalisme, qu’ils soient petits ou gros.

Partout dans le pays, fleuristes, vendeurs de jouets ou de vêtements, libraires, bijoutiers, parfumeurs, chefs d’entreprises en tous genres, s’indignent d’être considérés « non essentiels », alors qu’effectivement ils ne relèvent pas d’une activité essentielle si l’on veut vraiment arrêter la circulation du coronavirus. Mais ils ont un tel poids en France qu’ils vont bientôt obtenir de nombreuses concessions, de la part d’un gouvernement qui, de toutes manières, n’est pas en mesure d’assumer un combat à la hauteur contre l’épidémie, préférant le capitalisme à la santé de la population, préférant les patrons aux avis des médecins et hospitaliers.

Dimanche premier novembre, ce sont donc les syndicats des commerçants, de la grande distribution, ainsi que le Medef qui sont accueillis à Matignon par le premier ministre afin de faire entendre leurs exigences. Le gouvernement est littéralement terrorisé par cette colère bourgeoise, qui est bien entendue portée par la Droite.

Des manifestations sont déjà prévues partout en France par des « artisans et commerçants » contre les mesures sanitaires, comme à La Flèche ou à Gap. Des maires de villes comme Yerres, Les Herbiers, Perpignan, Chalon-sur-Saône, Brive-la-Gaillarde, Saint-Calais, relevant tous de la Droite ou d’extrême-Droite, ne se sont pas gênés pour prendre des arrêtés municipaux autorisant l’ouverture de commerces interdits. Et les exemples sont multiples partout dans le pays. Ces arrêtés n’ont aucune valeur juridique, mais la pression est énorme, ébranlant la base même de l’autorité centrale de l’État français.

Cela ne concerne pas seulement les petits capitalistes, puisque les grandes enseignes comme Boulanger et le groupe Fnac-Darty se sont arrogées le droit d’ouvrir, alors que les groupes Auchan et Monoprix ont annoncé qu’ils allaient eux-même accueillir dans leurs magasins des petits commerçants interdits… La bourgeoisie est pratiquement à l’unisson pour mener une fronde anti-démocratique contre les mesures sanitaires.

La pression est tellement forte que Philippe Laurent, le maire de droite de Sceaux, président de l’association Centre-Ville en Mouvement, menace directement l’État d’une contestation de grande ampleur :

« S’il n’y a pas d’assouplissement des mesures d’ici le milieu de semaine prochaine, le gouvernement devra gérer 10 000 arrêtés de maires. Ce sera la fronde ! Et cela laissera de la rancœur. D’autant que les habitants sont derrière les commerçants… »

La Droite est clairement et ouvertement à l’offensive en France, d’autant plus qu’elle est galvanisée par la question islamiste depuis plusieurs jours. Il faut vraiment s’attendre à ce que la déferlante de Droite, voire d’extrême-Droite, soit énorme dans les semaines et mois à venir.

En face, il faudrait toute la solidité de la Gauche, assumant d’une main de fer l’intérêt de la collectivité et des mesures collectives. Le problème, c’est que cette Gauche est pour l’instant aux abonnés absents, avec dans ses rangs tout un tas d’usurpateurs allant dans le même sens que la Droite, avec en toile de fond le libéralisme libertaire économique et culturel.

On a ainsi le PCF, qui défend les grandes surfaces françaises au prétexte de critiquer le monopole américain Amazon, dans une logique sociale-chauvine. On a ainsi Johana Rolland, la maire « socialiste » de Nantes et présidente de l’association des métropoles France urbaine, qui réclame comme la Droite « l’équité de traitement entre commerces de proximité et grandes surfaces ».

La situation est pourtant simple et ce qu’il faut est très clair : seul un confinement strict de la population est en mesure d’enrayer la circulation accrue du virus dans l’état actuel des choses. Mais pour cela, il faut assumer que la collectivité s’impose sur le capitalisme ; c’est précisément le rôle historique de la Gauche d’assumer cela contre la Droite. Une Gauche électoraliste composée de gens des couches supérieures de la société ne peut pas saisir cela.

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Écologie

Octobre 2020: une crise sanitaire comme crise écologique que la société ne veut pas voir

La société façonnée par le capitalisme refuse de voir la destruction de la planète qui a provoqué le COVID-19. La crise sanitaire est ainsi vue de manière tronquée – quand elle n’est pas directement niée.

Pourquoi les Français ont-ils pensé que la crise sanitaire du COVID-19 serait maîtrisée, dépassée, mise sous contrôle ? Parce qu’ils croient au capitalisme, qu’ils pensent que tout se consomme, qu’ils admettent la conception selon laquelle l’espèce humaine serait sortie de la nature. Il faut ajouter à cela qu’ils ont une confiance aveugle, spécifiquement française, au secours d’un État à la fois honni et considéré comme le grand recours.

La question du COVID-19 expose ici tous les travers de la société française. Il faut se souvenir que, lors de l’émergence de la crise sanitaire, alors que c’était déjà l’actualité, il y avait encore des rassemblements syndicaux ou d’ultra-gauche, dans un grand déni de la réalité. Il faut voir comment, malgré l’ampleur de la crise sanitaire depuis, il y a tout de même une partie de la société française rétive à tout effort prolongé.

Pourquoi tout cela ? Car, au fond, tout le monde sait que la crise sanitaire est le résultat d’une crise écologique mondiale. Cela implique de se remettre totalement en cause. Or, les Français veulent tous les changement, mais aucun ne veut changer. On en arrive à la négation de la dimension de la crise sanitaire, au refus d’assumer sa substance, parce que sinon il faut tout remettre en cause.

Le virus a passé la barrière des espèces, il l’a fait en raison de la déforestation et des élevages industriels d’animaux, donc en bonne logique il faut cesser la déforestation et les élevages industriels d’animaux. Hors de question pour les gens, pour qui McDonald’s est devenue une certitude. On est dans une situation totalement coincée.

La preuve en est qu’il y a toute une partie de la Gauche qui dit avec la Droite : oui, distribuons les millions, les milliards aux entreprises ! Ce qui est incohérent, sur le plan des idées bien entendu, mais pas seulement : normalement, quand on fait de la politique, on propose autre chose. Là c’est simplement l’Union sacrée.

L’Union sacrée contre les masses laborieuses, car ce sont elles qui vont payer la facture, bien entendu. L’Union sacrée contre la nature, parce que c’est elle qui est niée, la crise sanitaire étant présentée comme tombant du ciel ou originaire d’un laboratoire chinois. Les théories complotistes relèvent d’ailleurs de la panique petite-bourgeoise devant toute remise en cause. Trouver un coupable, un bouc-émissaire, c’est s’épargner de devoir affronter les faits.

La crise sanitaire d’octobre 2020 n’est rien d’autre que le produit d’une négation de la réalité par la société, qui ne veut pas voir l’ampleur du désastre. Et c’est tellement vrai que cela se déroule au grand dam de l’État qui aimerait bien gérer, tant bien que mal, même s’il tend au cynisme de par sa fonction de service pour les classes dominantes. Même un tel État est catastrophé par une population tellement façonnée par le capitalisme qu’elle est relativiste, passive, individualiste, incapable d’initiatives. C’est dire !

On peut ainsi critiquer l’État, les mesures gouvernementales, autant qu’on voudra. C’est la société qui a tort, cependant. Tort de ne pas former l’État, tort d’accepter le mode de vie imposé par le capitalisme, tort de refuser toute remise en cause. Tort de perdre son temps avec un mouvement de rétrogrades beaufs comme les gilets jaunes, alors que le monde va dans le mur.

On peut être certain que les nouvelles générations vont tout renverser et que l’humanité va connaître un bouleversement sans pareil. On ne s’en sortira pas sans une humanité unifiée au niveau planétaire, cessant sa guerre contre la nature et regardant le passé avec ses McDonald’s comme une époque de barbares.

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Société

Covid-19: un hiver long et douloureux en perspective

Si certaines personnes en doutaient encore, maintenant c’est entendu : nous n’en avons pas fini avec la pandémie de Covid-19 et les mesures sanitaires vont s’amplifier. Le couvre-feu annoncé par Emmanuel Macron dans la capitale et huit métropoles n’est qu’un prélude ; la France entame une nouvelle phase de la crise sanitaire.

Emmanuel Macron a décrété à nouveau l’état d’urgence sanitaire, qui entrera en vigueur samedi 17 octobre 2020. La principale mesure pour l’instant est la mise en place d’un couvre-feu en région parisienne et dans huit métropoles : Lille, Rouen, Lyon, Saint-Étienne, Grenoble, Aix-Marseille, Montpellier et Toulouse. Les sorties, sauf motifs légitimes, y seront interdites entre 21h et 6h du matin avec l’idée évidente d’empêcher au maximum les interactions sociales, notamment dans la jeunesse.

Pour les 47 millions de Français qui ne sont pas encore concernés par le couvre-feu, il est également fait appel à la responsabilité collective. Il s’agit de faire des « bulles sociales », en se limitant systématiquement à des groupes de 6 personnes, dans la rue, à table, etc., pour limiter les contacts.

On pourra dire ce qu’on veut, en critiquer la forme ou les détails, tout cela est en tous cas nécessaire au regard de l’accélération de l’épidémie en France, qui relève clairement d’une seconde vague. Près de 23 000 nouveaux cas et 104 décès ont été recensés pour la journée du 14 octobre et les services hospitaliers sont à nouveau très chargés (1673 réanimations pour 9194 personnes hospitalisées en tout). Partout dans le pays, et pas seulement dans les villes en alerte maximum, les services hospitaliers déprogramment des opérations pour faire de la place à la vague de nouveaux malades attendus.

Pas question de toucher à l’économie cependant, alors Emmanuel Macron a bien précisé qu’aucun confinement ni télétravail imposé n’était à l’ordre du jour. Il va donc falloir continuer à faire tourner la machine capitaliste à plein régime, mais plus question de s’amuser, de voir de la famille, des amis, de sortir, etc. Cela va être très lourd psychologiquement, car cela signifie que la crise sanitaire s’installe durablement et profondément dans la vie quotidienne et que celle-ci va être à nouveau complètement bouleversée, pour longtemps.

La première vague et le confinement n’avaient été considérés par la plupart des gens que comme un épisode passager et d’ailleurs le relâchement avait été terrible dès le printemps, puis pendant l’été. On paye actuellement le comportement de toute une partie du pays, notamment dans la jeunesse, qui n’a pas suffisamment joué le jeu, voire pas du tout pour certains.

On paye également l’incapacité de l’État à organiser le dépistage, avec des délais pour les tests et de campagnes de suivis des cas contacts qui sont désastreux, particulièrement en région parisienne.

Toujours est-il que les faits sont là et face à des chiffres indiscutables, le gouvernement est maintenant obligé de frapper fort, ou en tous cas relativement fort, pour tenter de limiter les dégâts. Emmanuel Macron espère pouvoir empêcher un nouveau confinement, qui mettrait définitivement par terre le capitalisme alors que la crise économique, si elle ne semble pas encore très visible, est déjà au cœur des préoccupations des personnes ayant un regard sérieux sur les choses.

Il est difficile de savoir comment les nouvelles mesures seront respectées, organisées, surveillées. Ce qui est certain par contre, c’est que cela va profondément chambouler la vie du pays et particulièrement la vie culturelle, qui est déjà affectée de manière dramatique depuis mars derniers. Après un printemps étrange et un été vécu qu’à moitié, la France se dirige maintenant vers un hiver long et douloureux. C’est une étape de plus dans un changement complet d’époque.

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Société

Deuxième vague covid-19: on s’enfonce dans la catastrophe

La seconde vague de covid-19  est bien là dans le pays, avec un taux de positivité, principal indicateur de la reprise épidémique, qui ne cesse de grimper. Dans certaines zones, les services hospitaliers commencent à être sous pression, alors que l’État s’enfonce dans sa propre décomposition dans un pays en pleine pagaille organisationnelle…

Au premier jour de confinement, le mardi 17 mars 2020, la France comptait 1 097 nouveaux cas pour 699 personnes en réanimation et 27 décès. Alors qu’on recense un peu plus de 5 000 lits de réanimation dans le pays, on comptait au soir du dimanche 27 septembre 11 123 nouveaux cas (14 412 samedi) avec 6 235 hospitalisations, dont 1 112 en réanimation. Sur les sept derniers jours, on compte 376 décès.

Avec un taux de positivité de 7,2 %, soit le nombre de tests positifs sur l’ensemble de ceux effectués, la France s’enfonce dans ce qu’on doit considérer, d’une manière ou d’une autre, comme une seconde vague. En tenant compte de la pression sur le système hospitalier, on estime qu’un taux de positivité de 10 % nécessite un nouveau confinement de la population. Par exemple à Aix-Marseille, ce sont 40 % des lits de réanimation qui sont occupés par des malades du covid-19 (113 personnes pour 281 lits).

La crise sanitaire s’abat sur le pays, sans que rien ne s’active réellement dans l’organisation et la préparation de celle-ci. Cela est d’autant plus inquiétant qu’une étude publiée dans « Physics of fluids » montre que la transmission du coronavirus est facilitée par l’humidité, l’automne étant précisément marquée par de telles conditions météorologiques.

Il n’y a pourtant aucune fermeté dans l’action de l’État, et cette absence de fermeté n’est que le reflet de la pagaille d’un régime coupé de la société. Car, si les uns disent que les mesures visant à limiter voir à fermer bars, restaurants, salles de sports, sont de « trop », d’autres comme Patrick Bouet, président de l’Ordre des médecins, pensent l’inverse. Voici ce que ce médecin a dit au Journal du Dimanche :

« Mercredi, (le ministre de la Santé) Olivier Véran a choisi un langage de vérité mais il n’est pas encore allé assez loin. Il n’a pas dit que, si rien ne change, dans trois à quatre semaines, la France va devoir affronter, pendant plusieurs longs mois d’automne et d’hiver, une épidémie généralisée sur tout son territoire »

Il a ajouté très justement que l’été aurait du être le moment de « mettre en œuvre un processus de retour d’expérience », avec « des réunions au ministère de la Santé avec tous les acteurs de la crise ». Par ces propos, Patrick Bouet confirme bien que l’État est dépassé, qu’il représente quelque chose de complètement déliquescent.

Mais est-ce vraiment étonnant si l’on se souvient qu’au mois de juin, Jean-François Delfraissy, président du Conseil Scientifique affirmait qu’il fallait laisser « les choses s’ouvrir, les gens vivre, mais en respectant les mesures barrière » ? N’appelait-il pas à dissoudre ce même Conseil scientifique ? Comment faire confiance au ministre de la santé, Olivier Véran, qui dit en réponse à un éventuel re-confinement « anticipé » pour assurer les fêtes de fin d’année :

« Je ne suis pas fana de la prédiction, mais de l’anticipation (…) Je ne me projette pas dans deux mois, mais au jour le jour ».

Cela dit, le pays est incapable de se saisir pour prendre en main les questions d’organisation et attend passivement les consignes d’en haut qui sont naturellement prises avec distance, voire méfiance, du fait même de la désorganisation qui règne.

Ainsi, les restaurateurs en colère invoquent le flux de touristes de ce été dans la seconde vague de coronavirus, mais n’en ont-ils pas été les premiers bénéficiaires ? Où étaient-ils lorsqu’il eu fallu critiquer ce état d’esprit frivole et libéral cet été ? Le président du « Groupement national des indépendants l’hôtellerie, restauration et traiteurs » n’a t-il pas osé dire de manière scandaleuse que « la profession ne veut pas être sacrifiée sur l’autel du principe de précaution » ? Quelle mentalité anti-populaire, anti-collectiviste !

On a là toute l’irrationalité de la petite-bourgeoisie prise de panique. Mais le problème c’est qu’une partie de cet état d’esprit est répandu en France. Quiconque connaît l’histoire politique de ce pays, sait combien la mentalité du petit propriétaire est forte, formant le terreau à une contestation libérale-libertaire anti-État.

Les français sont d’une paresse politique sidérante et agissent sur fond de « L’Etat doit ceci, l’État doit cela », « l’État ne fait pas, je ne fais pas »… Alors oui, la gestion de la situation par l’État nous mène à la catastrophe. Mais toujours est-il que lorsque l’État nous entraîne dans le gouffre, il faut justement savoir se prendre en main, assumer la continuité de la collectivité, à la fois pour soi, pour les plus fragiles, mais aussi par solidarité avec le personnel soignant.

Le tableau de la gestion sanitaire fait froid dans le dos. D’un côté un État en profonde décomposition, ne reposant que sur quelques experts et hauts fonctionnaires coupés des gens, et de l’autre côté un pays qui n’en fait qu’à sa tête, pétri d’une mentalité petite-bourgeoise renforçant un déni collectif. C’est la pagaille générale et on court droit à la catastrophe.

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Société

Une fin septembre marquée par une épidémie en expansion

La France n’a pas su gérer l’organisation des tests de détection du covid-19, les résultats arrivant trop tard, alors que l’État ne sait plus comment encadrer.

Les fonctionnaires des institutions sont à l’image de celles-ci : ils sont dépassés. Voici le message de Santé publique, l’agence nationale de santé publique, au 22 septembre 2020, avec une partie mise en gras pour bien comprendre ce caractère perdu, dépassé, déboussolé.

« Au 22 septembre 2020, 90 départements sont en situation de vulnérabilité :

– modérée : Aisne, Allier, Ardèche, Ardennes, Ariège, Alpes de Haute Provence, Aube, Aude, Calvados, Cantal, Charente, Corrèze, Deux-Sèvres, Dordogne, Drôme, Eure, Eure-et-Loir, Haut-Rhin, Hautes Alpes, Hautes Pyrénées Haute-Savoie, Haute Vienne, Loir et Cher, Lot, Lot et Garonne, Lozère, Mayenne, Mayotte, Meuse, Moselle, Morbihan, Nièvre, Oise, Réunion, Savoie, Seine Maritime, Somme, Territoire de Belfort, Vosges, Yonne

– élevée : Martinique, Guadeloupe (dont Saint Martin et Saint Barthélémy), Ain, Alpes-Maritimes, Aveyron, Bas-Rhin, Bouches-du-Rhône, Côte d’Or, Corse du Sud, Doubs, Essonne, Gard, Gers, Gironde, Guyane, Haute Corse, Haute-Garonne, Haute Loire,  Haute-Marne, Hauts-de Seine, Hérault, Indre et Loire, Loiret, Ille-et-Vilaine, Isère, Landes, Loire, Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, Marne, Meurthe et Moselle, Nord, Paris, Pas de Calais, Puy de Dôme, Pyrénées Atlantiques, Pyrénées Orientales, Rhône, Sarthe, Seine et Marne, Seine-Saint-Denis, Saône et Loire, Tarn, Tarn-et-Garonne, Val-de-Marne, Val d’Oise, Var, Vaucluse, Vienne, Yvelines

Afin de freiner la progression du virus SARS-COV-2, il est important de maintenir la stratégie « Tester-Tracer-Isoler » : chaque personne présentant des symptômes évocateurs de COVID-19 doit réaliser dans les plus brefs délais un test de diagnostic.

Dans l’attente des résultats, les personnes doivent s’isoler et réduire leurs contacts au strict minimum.

Cependant, l’allongement des délais de diagnostic pourrait se traduire par des mesures de contact tracing moins performantes du fait du retard à l’identification des cas et de leurs contacts et à la mise en place des mesures d’isolement et de quarantaine.

En l’absence de traitement curatif et de vaccin, il parait indispensable de renforcer les actions de prévention comprenant les mesures d’hygiène, de distance physique, la réduction des contacts (sans embrassade, sans serrer les mains) ainsi que le port approprié du masque. Ces mesures doivent être respectées par tous, y compris les plus jeunes.

Effectivement, si le risque de complication est faible chez l’enfant et le jeune adulte, ils contribuent à la diffusion du virus vers les tranches d’âge et les populations à risque de formes graves ainsi que le montre l’évolution de la situation épidémiologique de ces dernières semaines. »

Ce qui est fou, c’est que les fonctionnaires disent les choses telles qu’elles sont, avec un langage technocratique. Car leur propos, c’est de dire : en l’absence de tests (ou plus exactement de résultats de tests), il faut la distanciation sociale et l’hygiène. Ce qui nous ramène, grosso modo, à la situation juste avant le confinement.

Avant, on avait pas de tests. Maintenant, on en a, mais les résultats arrivent trop tard, avec le scandale en région parisienne de résultats parvenant une semaine après pour des gens ayant fait la queue pendant des heures ensemble qui plus est.

L’État est dépassé. Il y a officiellement plus de 30 000 morts (donc il faut ajouter un petit pourcentage « mis de côté »), mais l’État ne sait pas comment faire, malgré la nomination d’un premier ministre focalisé sur la question. C’est qu’il est porté par des couches sociales déconnectées du réel, dépassées, tout comme pour l’État américain, alors qu’il y a déjà 200 000 morts aux États-Unis.

Seule une mobilisation populaire peut réellement amener des décisions de fond qui soient tenables, applicables… et appliquées. Or, l’État ne le veut surtout pas, il veut des masses infantiles. Et il ne veut pas de décisions fortes, car il est pétri de libéralisme. Ce qui fait que non seulement la situation sanitaire est mauvaise, mais qu’en plus on a la démagogie de ceux vantant le régime chinois qui agit de manière terroriste sur la population pour résoudre le problème de la pandémie.

Il faut vraiment que la Gauche assume une analyse approfondie de la question sanitaire, afin de faire des contre-propositions réelles, propose un autre modèle étatique, fondé sur le peuple. C’est une proposition qui manque terriblement dans cette époque cruelle.

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Don du sang: les réserves sont faibles

 

La société connaît un grand décalage entre ce qui est possible matériellement et ce qui existe concrètement. La situation de l’Établissement français du sang en est un très bon exemple. Matériellement, il est normalement impossible de manquer de sang en France, tellement c’est facile de le récolter, tellement les capacités d’organisation des récoltes et de transfert de celles-ci sont grandes.

Pourtant, en pratique, l’EFS peine régulièrement à avoir suffisamment de réserves de sang pour les personnes hospitalisées. Sa seule stratégie est celle de la responsabilité individuelle, ne tablant que sur le bon vouloir de quelques milliers d’individus donnant régulièrement leur sang. Cela donne souvent des crises ou les réserves atteignent un niveau alarmant… Et quand la situation générale est une crise, particulièrement une crise sanitaire comme c’est le cas actuellement, cela joue forcément sur les réserves de sang.

Ainsi, elles sont au plus bas en France et lors d’une conférence de presse le 21 septembre 2020, le président de l’établissement a expliqué que la situation est « extrêmement inquiétante », avec seulement 82 000 poches de sang contre près de 100 000 habituellement.

La crise du covid-19 est en cause évidemment, ayant « profondément désorganisé la collecte de sang», du fait de l’impossibilité de réaliser de nombreuses collectes habituelles (en entreprise, dans les universités, etc.) Mais cela ne peut être qu’un aspect, reflétant un problème plus général concernant l’organisation de la société elle-même.

En attentant, seule la responsabilité individuelle permet de faire face au manque de sang et il est donc fait appel aux donneurs, avec l’idée que :

« Donner une heure de son temps pour donner du sang peut sauver deux ou trois vies. »

Pour trouver un lieu de collecte, il faut se rendre à cette adresse sur le site de l’EFS :

dondesang.efs.sante.fr/trouver-une-collecte

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Société

Covid-19: la gestion de la crise est une catastrophe sur toute la ligne, et ce n’est pas fini

Depuis le début de la crise du covid-19, les choses ont été très mal gérées par des autorités pétries de libéralisme et dépassés culturellement, à l’image d’une société capitaliste focalisée sur elle-même. Alors que le coronavirus circule à nouveau de manière intense, de nouvelles tensions hospitalières reflètent que le problème reste entier.

Au mois de juin, le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy trouvait qu’il en était « trop » fait à propos du covid-19 et qu’il fallait « laisser les gens vivre ». Il réclamait même des vacances avec la satisfaction du travail bien fait :

« Nous souhaiterions arrêter nos travaux à partir de début juillet. Nous nous sommes mis au service de la nation, en donnant les grandes directions basées sur la science pour éclairer les décisions politiques difficiles. Mais, à présent, les services de l’État sont en ordre de marche. »

Ces propos étaient ridicules, en plus d’être irresponsables…. Un peu plus de deux mois plus tard, le Conseil scientifique est déjà obligé de constater que la situation est à nouveau très mauvaise et que la gestion de la crise est un échec continue.

Le gouvernement est ouvertement fustigé, en raison notamment de la stratégie d’isolement des cas contacts, c’est-à-dire des personnes ayant côtoyée une personne porteuse. Le constat est très sévère, pointant du doigt :

« Une stratégie d’isolement sans cahier des charges ni budget à l’échelle nationale, des recommandations assez peu relayées auprès du public, le manque de données précises sur les conditions et le suivi de l’isolement ».

Si l’on ajoute à cela les mœurs libérales du pays, ou plutôt le je-m’en-foutisme ambiant, cela donne une cacophonie générale où rien n’est respecté. Il n’y a pourtant rien de compliqué : n’importe qui ayant été en contact du virus doit être placée à l’isolement, afin d’attendre le temps d’une période d’incubation.

C’est la même chose en cas de symptôme : il ne faut pas attendre d’être testé positif pour s’isoler, car c’est en fait trop tard et on a pris le risque de faire circuler le coronavirus. Là encore, rien de compliqué à mettre en place, surtout à notre époque avec les moyens de communication et technologiques à notre disposition.

Au lieu de cela, chacun fait ce qu’il veut et personne ne contrôle rien, comme est obligé de le constater le Conseil scientifique. L’État n’est même pas en mesure d’avoir des données sur les personnes ayant eu accès à des lieux d’isolement (en général des hôtels réquisitionnés), tellement pas grand-chose n’est fait, tellement la gestion même la plus basique des choses n’est pas là.

Le problème n’est pas qu’individuel d’ailleurs, mais concerne l’ensemble de la société, qui est atomisée, complètement désorganisée, incapable de saisir les choses à grande échelle. La France est larguée.

Tout cela est donc très grave et la gestion de la crise sanitaire est une catastrophe sur toute la ligne. Le virus circule beaucoup, avec officiellement 8577 nouveaux cas en France le 9 septembre, un chiffre en constante augmentation depuis la rentrée. Cela donne 5003 personnes hospitalisées (386 supplémentaires depuis la veille), dont 599 en réanimation (71 supplémentaires depuis la veille).

Localement, cela donne des situations alarmantes. À Bordeaux par exemple, où comme dans la plupart des grandes villes des personnes se rassemblent par centaines sans aucun respect pour les gestes barrières, il y a une très importante circulation du virus, particulièrement chez les 15-30 ans.

Le Pr Denis Malvy, chef du service maladies infectieuses et tropicales du CHU de Bordeaux et membre du Conseil scientifique, s’est ainsi indigné à juste titre :

« Ce n’est carrément pas possible, on ne peut pas laisser ce réservoir se constituer, […] cette bulle de circulation ».

Le nombre de personnes hospitalisées pour le Covid-19 à Bordeaux a doublé depuis la semaine dernière et la situation est jugée préoccupante, avec une réactivation de la cellule de crise locale.

Sur le plan national, la Direction générale de la santé parlait d’une « nette dégradation de la situation» mardi 8 septembre, et plus de la moitié du pays est considérée comme zone à risque par d’autre pays.

Le président du Conseil scientifique estime donc que « la reprise de la circulation du virus est plus importante que ce qu’on aurait pu imaginer en ce début septembre » et évoque de probables « décisions difficiles» à prendre par le gouvernement d’ici les prochains jours.

Celui qui prétendait en juin que « les services de l’État sont en ordre de marche », doit donc maintenant prévenir d’un risque d’«augmentation très rapide, exponentielle » de la circulation du coronavirus, et donc des tensions importantes à venir sur les services hospitaliers… Et il devra inventer de nouvelles justifications à ces retournements perpétuels de position, qui doivent tout au fait que l’État force à la reprise capitaliste, sans y parvenir réellement, tout en enfonçant les choses en distribuant des centaines de millions sans vérification ni contrepartie, etc.

Le pays s’enfonce dans la crise, c’est aussi simple que cela.

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Société

Free party dans le Parc national des Cévennes: une agression anti-sociale et anti-nature

Samedi 8 août, ce sont plusieurs milliers de personnes qui se sont rassemblées pour une grande free party en plein cœur du Parc national des Cévennes en Lozère, sans aucun respect pour les mesures sanitaires face à l’épidémie de Covid-19. On a là un esprit beauf et ouvertement anti-social, assumant non-plus de vivre dans une bulle à l’écart de la société, mais directement contre la société et sans respect pour la nature.

Qu’on ne parle pas de « jeunes » tellement attirés par un besoin de faire la fête qu’ils s’affranchissent des règles par excès d’engagement. Il s’agit à Hures-la-Parade en Lozère d’une free party mise en place par des personnes extrêmement organisées et bénéficiant d’un large réseau construit pendant de nombreuses années. Jusqu’à 10 000 personnes ont été recensées sur place et les véhicules stationnés sont pour beaucoup des camions aménagés, mais aussi des camping-cars familiaux, avec parfois même des vélos accrochés… y compris des vélos d’enfant. C’est dire si les gens savent très bien ce qu’ils font et ont réfléchi à leur venue.

Tout a été très vite et était parfaitement rodé ce samedi 8 août pour forcer le passage d’un champ de pâturage avec des animaux dedans et installer six « murs de son ». Le rendez-vous a été diffusé de manière parfaitement clandestine à des habitués sachant très bien garder le silence, pour débarquer à plusieurs milliers au même endroit.

D’après les autorités locales, 4500 personnes étaient encore présentes sur place lundi 10 août dans l’après-midi et la presse évoque des témoignages de participants s’imaginant rester là encore plusieurs jours.

Peu importe pour eux l’épidémie de covid-19 donc – personne ne porte de masque et la promiscuité favorisée par l’alcool et la drogue est de rigueur – mais aussi peu importe la nature. Si la « free » est installée sur un champ de brebis, le lieu se situe néanmoins dans un parc naturel. Il est un peu spécial, car habité par près de 500 habitants, la chasse bien qu’encadrée y est autorisée par exemple, mais il y a en tous cas tout un tas de mesures particulières dans la région.

Le Parc, qui fête ses 50 ans cet été, est également reconnu comme une réserve de biosphère par l’Unesco. La dégradation de sites classés Natura 2000 par le passage des « teufeurs » a déjà été dénoncé, sans compter les nuisances sonores pour les animaux, particulièrement les oiseaux, d’ailleurs protégés pour beaucoup (137 espèces jouissant d’une protection particulière vivent dans le parc).

L’agression de ce lieu naturel est d’autant plus inacceptable en ce moment, en pleine période de sécheresse, alors que la faune et la flore sont soumises à une grande pression, sans parler du risque accru d’incendie.

> Lire également : L’échec des free, entre Docteur Jeckyll et Mister Hyde

Les « teufeurs », qui d’ailleurs multiplient les petites free parties partout en France cet été, peuvent bien raconter ce qu’ils veulent : de fait, ils ne sont pas des gens alternatifs, à la pointe d’espace de liberté ou d’une quelconque « autonomie » vis-à-vis de l’État. Ce sont des beaufs, assumant de n’en avoir rien à faire des autres et menant ouvertement une guerre à la société et à la nature. Ce sont des beaufs et rien d’autre, ne respectant rien ni personne et s’imaginant le droit de faire ce qu’ils veulent, où ils veulent, quand ils veulent, dans un esprit réactionnaire tout à fait similaire à celui des chasseurs par exemple.

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Politique

Le point sur l’épidémie de Covid-19 en France au 6 août 2020

Depuis plusieurs semaines déjà, il y a des signes montrant une circulation accrue du coronavirus responsable de l’épidémie de covid-19. C’est un rebond potentiel que la société ne sait pas aborder.

L’illusion comme quoi le covid-19 allait disparaître comme il est venu ne tient plus. L’humanité a joué avec le feu et provoqué des dérèglements à l’échelle planétaire, cela ne disparaîtra pas comme par enchantement. De fait, la maladie est encore très mal connue, tant en termes de conséquences (les cas sont très divers, tant dans la forme que la gravité), que dans sa façon de circuler.

La tension réapparaît ainsi en France, avec 14 départements considérés en situation de vulnérabilité :

– modérée pour Bouches-du-Rhône, Gironde, Haute-Garonne, Haute-Savoie, Ille-et-Vilaine, Nord, Val d’Oise, Paris, Seine-Saint-Denis, Hauts-de Seine et Val-de-Marne ;

– élevée pour Mayenne, Mayotte et Guyane.

Le 6 août 2020, il y a également 175 « clusters » en cours d’investigation (soit 14 de plus que la veille).

7 personnes sont officiellement décédées du covid-19 en France, avec surtout une hausse du nombre de patients en réanimation. 5060 personnes sont actuellement hospitalisées pour cette maladie, avec 21 nouvelles personnes admises en réanimation, portant le nombre total en réanimation à 390 personnes contre 384 la veille (+6).

Ce « solde » entrée/sortie de près de 400 personnes correspond à la situation juste avant le confinement, alors que le pic s’est officiellement situé à plus de 7000 personnes pendant quelques jours début avril.

Ce n’est évidemment guère rassurant. Rappelons en effet que les cas en réanimation reflètent une situation antérieure en termes de circulation du virus, puisqu’il faut plusieurs jours pour que les symptômes se développent et plusieurs jours encore pour qu’ils s’aggravent. Grosso modo, les symptômes mettent au maximum dix jours à apparaître, en admettant toutefois qu’on soit en mesure de les reconnaître comme relevant du covid-19.

Il y a donc l’hypothèse d’une vague qui va arriver à court terme ou, en tout cas, au moins l’hypothèse qu’une vague peut se produire de nouveau. Cela ne fait pas du tout les affaires des capitalistes qui, à l’instar du nouveau premier ministre, veulent relancer l’économie à marche forcée.

Ils tablent sur une meilleure organisation. En effet, la situation est différente aujourd’hui par rapport à lorsque le covid-19 est apparu, en raison des mesures sanitaires prises entre-temps, de la saison (avec la vie davantage à l’extérieur), ainsi que des capacités supérieures à mener des tests (bien que l’organisation soit faible, mal orientée, etc.).

Ces augmentations actuelles ne signifient donc pas nécessairement dans les prochains jours l’explosion qu’on a connue en mars, si l’encadrement est suffisant. On peut avoir le covid-19 comme bruit de fond, présent à de nombreux endroits mais sans se diffuser massivement, somme toute le contraire d’auparavant où il se diffusait rapidement dans des foyers localisés.

Le problème, c’est que les Français sont pétris de libéralisme et ont basculé pour certains dans un libéralisme toujours plus assumé. Cela se lit en particulier dans la jeunesse.

Ainsi l’Agence santé publique France parle pour le 6 août 2020 d’indicateurs montrant une « progression et une intensification de la transmission de l’infection à SARS-COV-2 », ce qui indique une tendance à venir d’augmentation de ces cas graves dans les jours ou semaines à venir.

Mais il est également insisté depuis plusieurs jours sur la prévalence des cas positifs dans la population jeune et c’est encore le cas dans la communication du 6 août 2020, qui évoque particulièrement les jeunes adultes.

Les jeunes se disent qu’ils ne risquent pas grand-chose et ne pensent pas à protéger les autres, ils vivent dans une bulle, d’ailleurs anxiogène. Ils ne savent pas comment se placer alors que, par définition, les jeunes veulent réaliser des choses.

Ici, la société n’a aucune réponse, paralysée par le capitalisme. Il faudrait un haut niveau d’organisation de la société et là on a l’inverse. Dans un contexte où il y a un décalage entre la diffusion du virus et sa manifestation avec les symptômes, c’est évidemment fatal. Les services de santé courent littéralement derrière une société passive et des citoyens infantilisés par des mœurs libérales-libertaires.

Le covid-19 est un défi collectif ; la réponse ne peut être que collective. Ni le capitalisme, ni l’État, ni les gens ne sont prêts à cela. Les gens n’auront pourtant pas le choix.

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Société

Covid-19: une campagne britannique contre le surpoids

Le gouvernement du Royaume-Uni a présenté ce lundi 27 juillet 2020 une grande campagne contre le surpoids et l’obésité, facteur de risque important dans le cadre du covid-19. C’est un événement majeur pour la société britannique, montrant à quel point la crise sanitaire en cours bouleverse profondément le monde.

Le covid-19 n’est pas simplement une maladie de plus, relevant d’une sorte de fatalité naturelle. C’est le produit de tout un système et du mode de vie allant avec. L’alimentation de mauvaise qualité responsable du surpoids relève directement de ce mode de vie conforme au capitalisme… et favorable à l’expression de formes sévères du covid-19.

Cela avait été un phénomène flagrant au plus fort de la crise sanitaire : les personnes en réanimation étaient essentiellement des gens en surpoids (hormis d’autres types de maladie ou bien la fragilité inhérente à la vieillesse).

En France, cette information est au fond très peu connue, car le sujet du surpoids et de la mauvaise alimentation est relativement taboue. Ce n’est pas le cas aux Royaume-Uni, pour des raisons culturelles.

Comme aux États-Unis, il y a un paradoxe énorme dans le pays : dans les centre-villes, et surtout à Londres, on peut manger pratiquement la nourriture la plus saine du monde, quasiment à tous les coins de rue, pour pas cher et souvent sans viande. Pour les classes populaires vivant en dehors par contre, l’alimentation est d’une qualité pitoyable, provoquant un surpoids généralisé, qui engendre une épidémie massive d’obésité à des degrés particulièrement alarmants.

À peine entrés dans l’adolescence, ce sont déjà un enfant sur trois qui sont en surpoids ou carrément obèses dans le pays. En ce qui concerne les adultes, les chiffres sont dramatiques : 63% ne sont pas dans une situation saine vis-à-vis de leur poids et 28% sont carrément obèses.

Alors que la crise du covid-19 n’en finit plus, le sujet est donc particulièrement brûlant dans le pays. L’agence sanitaire a publié samedi 25 juillet 2020 une étude affirmant que les obèses ont 40 % de risques supplémentaires de mourir de la maladie.

Une grande campagne « better health » (meilleur santé)  a donc été lancée et elle est radicale.

Toute publicité pour la malbouffe est interdite (y compris sur internet) avant 21h pour préserver les enfants, le nombre de calories des repas (qui n’est pas forcément un bon indicateur par ailleurs) doit être rendu public pour toutes les grandes enseignes de restauration, les supermarchés n’ont plus le droit de faire des promotions sur aliments considérés comme de mauvaise qualité. Autrement dit, il est dorénavant interdit de présenter des friandises ou des sodas devant les caisses au supermarché.

C’est un changement extrêmement profond, qui en dit très long sur la catastrophe sanitaire en cours, d’autant plus que la mesure est prise par un gouvernement censé être favorable avant tout au business. Rien que pour les friandises aux caisses, il faut bien voir que cela change drastiquement l’organisation de nombreux magasins où l’on fait pour ainsi dire la queue à la caisse au milieu d’un rayon friandises…

En arrière-plan, il y a la situation personnelle du premier ministre, en soins intensifs après avoir été touché par le covid-19, qui impute régulièrement son hospitalisation à son surpoids. Il a failli mourir (après avoir relativisé honteusement la pandémie pendant des semaines) et cela a provoqué un électrochoc dans le pays.

En 2019 encore, Boris Johnson avait affirmé qu’il reviendrait sur la taxe « boissons sucrées » d’avril 2018. En juillet 2020 finalement, son gouvernement a mis en place un plan massif estimé à 10 millions de livres sterling pour lutter contre le surpoids et la mauvaise nourriture. Le symbole est très fort.

Cela n’a rien d’anecdotique, cela prouve à quel point le monde n’est plus le même, à quel point la situation a changé dans tous les domaines, en profondeur, augurant des bouleversements sociaux-culturels majeurs dans les temps à venir.

L’obésité et le surpoids dans les classes populaires sont une horreur du 20e siècle, produites par un capitalisme soumettant chaque moment de la vie aux profits des grandes entreprises. Mais la vie se révolte, et elle est de plus antagonique avec le capitalisme. Le capitalisme lui-même le constate, mais il ne peut pas se rebeller contre lui-même…

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Société

Assouplissement du don du sang: l’offensive libérale

La nouvelle n’a pas fait beaucoup de bruit, et pourtant elle aurait dû : le don du sang est maintenant possible pour les « hommes ayant eu des relations sexuelles avec des hommes » au cours des quatre derniers mois. Cette interdiction était présentée comme homophobe et discriminante, sans aucun fondement. Le libéralisme culturel continue son offensive et tout le monde soutient sous couvert de progrès, au détriment de la raison et de la santé publique.

don du sang (EFS)

A en croire nombre de personnes libérales, quelles se disent de gauche ou de droite, interdire à des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes est une discrimination. Il n’en est rien. Si le don du sang leur a longtemps été interdit, il est possible depuis quelques années : une année d’abstinence au début, quatre mois depuis le début de l’année 2020. Et cette interdiction ne se base aucunement sur des préjugés, mais sur des études et des faits : les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes sont une catégorie de la population extrêmement touchée par le VIH, et beaucoup de personnes malades découvrent leur séropositivité tardivement.

Le don du sang n’est pas un droit. Recevoir du sang dans les meilleurs conditions possible en est un. Toutes les précautions doivent être prises afin d’assurer la sécurité du receveur. Et s’il faut exclure une partie de population des centres de don, il faut le faire sans aucune hésitation.

Au lieu de raisonner en termes collectifs, nombre de personnes se sont focalisées sur des histoires individuelles. Ce qui est une première insulte envers les receveurs. Ensuite, pour se donner une image de grands défenseurs de nobles causes, tout ce monde a décidé de jouer sur les sentiments au grand détriment de la raison. Ce qui est une seconde insulte envers les donneurs : leurs vies valent moins que les faux sentiments de personnes insouciantes.

Enfin, il est intéressant de relever que les personnes qui saluent cet vote à l’assemblée n’ont probablement pas donné leur sang depuis longtemps. A tel point qu’ils ont oublié à quoi ressemblait le questionnaire de pré-don et à quoi il servait.

Avant un don de sang (ou de plaquettes, ou de plasma), chaque donneur potentiel doit remplir un questionnaire sur trois pages avant de passer un court entretien avec un médecin qui décidera si cette personne peut donner. Passée la très banale : « comment vous sentez-vous ? », les questions cherchent à savoir si la personne a un risque de donner du sang contaminé. Elles ne visent pas à ficher qui que ce soit, et encore moins à humilier.

Les entretiens se font dans des salles de consultation, de manière confidentielle. Et au-delà des risques pour le don, cet entretien et ce questionnaire peuvent être l’occasion au médecin de donner des conseils à la personne et de l’aiguiller vers différentes structures (para)médicales si besoin : dépistage VIH, par exemple.

Le questionnaire ne cherche pas à savoir si telle personnes est homosexuelle ou non. Il demande à la personne de répondre honnêtement pour qu’une personne de l’équipe médicale sache si cette personne risque de faire un don qui se révélera contaminé.

Et c’est pour cette raison qu’on demande en général au donneur s’il pense avoir besoin de faire un dépistage, notamment pour le VIH. Donner son sang pour savoir si on a le VIH risque de faire perdre du temps et de l’argent à la collectivité. C’est d’autant plus anti-social qu’il existe plein de centres qui proposent de se faire dépister gratuitement. Bien entendu, il y a toujours des personnes qui ne pensent pas du tout être contaminée par telle ou telle maladie en se présentant à un don du sang.

Donc l’EFS (Établissement français du sang) ne cherche pas à rentrer dans l’intimité des personnes, simplement à déterminer si un donneur risque trop élevé de faire perdre du temps au personnel sur place, au personnel dans les laboratoires qui effectuent les analyses, au personnel qui va transporter le sang, etc. Et surtout : faire prendre des risques au receveur.

Certains jours, comme le samedi, certains centres doivent donc refuser des personnes faute de lits disponibles. Si une personne est dans une catégorie à risque, cette personne a trop de chances d’occuper un lit pour rien. Il n’y a aucune discrimination là-dedans : la France a besoin de sang, mais toute la chaîne qui va du centre de don aux hôpitaux ne peut pas se permettre d’avoir trop de poches jetées car contaminées.

Donc pourquoi ces critères sur les « hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes » ? Tout simplement parce qu’il existe des études régulières qui montrent cette catégorie qui ne représentent qu’une toute petite partie de la population (les plus forceurs avanceront le chiffres de 1 ou 2 % de la population française,) est sur-représenté chez les séropositifs : ils représentent presque la moitié des découvertes de séropositivité chaque année. Et ne parlons pas du public des saunas gays et autres lieux de « convivialité homosexuelle » parisiens : 16 % de séropositifs.

D’ailleurs, les relations sexuelles entre hommes ne sont pas les seules contre-indications : si un homme a eu plusieurs partenaires au cours des quatre derniers mois, il ne pourra pas donner. Même chose pour une femme avec plusieurs partenaires masculins. Et de même pour les personnes qui ont eu une relation sexuelle en échange d’argent. Il existe plusieurs cas sur ce thème qui empêchent de donner. Va-t-on demain crier à la discrimination envers les personnes qui ont trop de partenaires ?

Et il est aussi très intéressant de relever que beaucoup parle de discrimination envers les homosexuels… alors que les règles concernant les partenaires sexuels ne s’appliquent qu’aux relations entre hommes et entre hommes et femmes. Les lesbiennes peuvent donner leur sang sans aucune contrainte sur leurs partenaire et leur nombre au cours de quatre derniers mois. Doit-on en conclure que pour tous ces libéraux les lesbiennes ne seraient donc pas vraiment… homosexuelles ?

La réalité n’est pas plaisante mais au lieu de l’accepter et de se demander pourquoi l’EFS n’accepte pas le don de certaines personnes, tout ce que la France compte de libéral a décidé de s’engager contre une discrimination qui n’existe pas. Au détriment de la raison de la santé publique. Une telle position est ainsi anti-socialiste au possible : elle célèbre les individus et leurs choix, face au collectif.

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Politique

Carte des rassemblements des personnels soignants partout en France mardi 16 juin

Les personnels soignants appellent à des rassemblements partout en France mardi 16 juin.

Voici la carte des nombreux rendez-vous, proposée par le collectif inter-urgence, ainsi qu’une présentation :

« Le 16 juin, partout en France

( tout en respectant les mesures de protection )

Loin de toutes illusions dans les concertations avec ceux qui sont responsables de la casse de l’hôpital, il est nécessaire d’affirmer que seul le rapport de force permettra de répondre à l’urgence de la situation dans les hôpitaux publics et le système de santé français. »

 

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Société

Covid-19 : Le président du Conseil scientifique pense qu’il faut « [laisser] les gens vivre »

La France s’est littéralement fracassée face la crise sanitaire du Covid-19, sans masque, sans tests, avec des hôpitaux débordés et des milliers de personnes âgées mourant dans l’indifférence. Mais le pays n’a toujours rien compris et voilà que même le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, trouve qu’on en fait trop et qu’il serait temps de laisser les gens tranquilles. Il souhaite d’ailleurs dissoudre le Conseil scientifique début juillet, en toute quiétude, sans faire de bilan, sans que personne ne sache vraiment où nous en sommes…

Jean-François Delfraissy était intervenu régulièrement dans les médias pendant le confinement. On reconnaissait en lui tout à fait la figure du bourgeois parisien, hautain comme il se doit, ne laissant jamais transparaître une quelconque émotion, si ce n’est un agacement perceptible lorsqu’il avait l’impression de devoir se répéter.

Le Conseil scientifique Covid-19 qu’il dirige a été mis en place par le ministère de la Santé le 11 mars, alors que la France découvrait, candide, que la pandémie contre laquelle rien n’avait été fait pendant des semaines, s’installait dans le pays. Le virus-qui-n’a-pas-de-passeport ne s’était évidemment pas arrêté aux frontières grandes ouvertes de la France…

C’est le Conseil scientifique qui avait suggéré le confinement de la population, face à la gravité de la situation et l’impossibilité de faire autrement. La nation était pendant plusieurs semaines suspendue à ces recommandations, afin d’y voir un peu clair dans ce moment particulièrement compliqué, avec la tête de l’État complètement à la dérive. Cela a parfois créé des incompréhensions, par exemple quand il a suggéré que cela n’était pas la peine de rouvrir les écoles avant septembre, mais que le gouvernement ne l’a pas suivi.

Tout cela semble bien loin maintenant, en ce début juin. Qu’en est-il de la situation ? La deuxième vague de contamination n’a fort heureusement pas eu lieu, en partie grâce aux mesures sanitaires, en partie également parce que le coronavirus en question ne circule pas exactement comme les épidémiologistes l’avaient compris au départ.

Cela étant dit, le virus circule encore dans le pays, 31 personnes en sont officiellement décédées samedi, et 13 dimanche (les chiffres du dimanche sont souvent minorés et réévalués ensuite). D’après Jean-François Delfraissy, il y aurait actuellement encore 1000 à 2000 nouvelles contaminations recensées chaque jour, avec une grosse centaine de foyers épidémiques dénombrés depuis début mai.

La pandémie a fortement reculé, mais elle n’est pas dernière nous, bien que le gouvernement et le Conseil scientifique la considère sous-contrôle en raison de la capacité de test et de dépistage grâce aux enquêtes sanitaires. Il reste cependant beaucoup à faire, et surtout à dire. La pression contre les mesures sanitaires est énorme, venant des milieux économiques, et du libéralisme en général, portée par les gens voulant vivre leur vie comme une aventure individuelle, sans aucune entrave venant de la collectivité.

Quel sens cela a t-il alors, dans ces conditions, de la part de Jean-François Delfraissy, de dire « Laissons les choses s’ouvrir ; les gens vivre, mais en respectant les mesures barrière » ?

D’un côté, il explique qu’on en fait trop, qu’il faudrait profiter de l’été et assouplir un certain nombre de règles… mais en même il rappelle qu’il faut respecter les mesures barrières, et qu’ils recommandent avec le Conseil scientifique « une large utilisation [du masque] dans les lieux publics et confinés – transports, commerces –, mais aussi dans les rues bondées. »

On ne peut pas dire à la fois « il faut se protéger » et « il faut se relâcher ». Pas en France, pas dans ces conditions, pas avec une telle pression du libéralisme contre les mesures collectives, pas avec une telle passivité de la population face à des institutions foncièrement antidémocratiques.

Il ne s’agit pas d’être unilatéral, mais d’être clair et compréhensible, en assumant des choix forts, des propos stricts et cohérents. Le Conseil scientifique n’en est cependant pas capable, car il est lui-même contaminé par le libéralisme, à l’image de la bourgeoisie toute entière qui est devenue une classe décadence.

Le Conseil scientifique n’est pas porté par le peuple, il n’est pas une instance démocratique et populaire. Il est composé de bourgeois, mis en place par des bourgeois, et à l’image de la bourgeoisie en tant que classe sociale, il est en pleine décadence.

Jean-François Delfraissy réclame donc des vacances, avec la satisfaction du travail bien fait :

« Nous souhaiterions arrêter nos travaux à partir de début juillet. Nous nous sommes mis au service de la nation, en donnant les grandes directions basées sur la science pour éclairer les décisions politiques difficiles. Mais, à présent, les services de l’État sont en ordre de marche. »

Le décalage avec la réalité, et en particulier la réalité des masses populaires qui ne sont pas entièrement contaminées par le capitalisme, est immense, intenable.

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Société

Des malades aux symptômes persistants du Covid-19 publient une tribune

Voici une tribune très importante, initialement publiée sur le site du JDD.fr par des malades du Covid-19 dont les symptômes ont réapparus, et persistent depuis de longues semaines. Ils sont des milliers dans ce cas, méritant une grande attention sanitaire. Cela en dit long sur la gravité de cette maladie, que certains avaient qualifié trop hâtivement de « grippette ».

La tribune est publiée par le collectif Les Malades du Covid 19 au long cours :

« Malades suite à l’infection de la Covid-19, nous sommes à ce jour des milliers en France à en subir chaque jour les conséquences bien au-delà des deux semaines qui définissent généralement la durée de la maladie. Après une première salve de symptômes exprimés il y a plusieurs mois certains ont connu, parfois après un répit, une ou plusieurs rechutes, un rebond de virémie ou un rebond inflammatoire.

Des symptômes réapparaissent plus violemment ou de nouveaux symptômes engagent des complications cardiaques, vasculaires, neurologiques, dentaires, oculaires, digestives, rénales, dermatologiques, etc. Les pathologies sont multiples, parfois cumulées, parfois se succédant, s’atténuant puis se réaccentuant, avec un point commun : un épuisement terrassant et invalidant.

Majoritairement non testés précédemment car nos symptômes n’engageaient pas de pronostic vital, ceux qui le sont dorénavant sont parfois positifs mais pour beaucoup négatifs, ce qui complique la prise en charge globale des symptômes par le corps médical et accroît l’incertitude : « quand est-ce que je vais guérir? », « comment guérir? »

Apparaissant au grand jour avec le déconfinement, aux côtés des malades hospitalisés qui entament leur longue convalescence lors desquelles certains ont aussi des rechutes, nous sommes face à un désert. Un désert d’information, un désert de coordination médicale, un désert d’actions politiques. Nous restons livrés à nous-mêmes avec des symptômes handicapants sans qu’aucune information listant les pathologies n’existe ; sans qu’aucun protocole de prise en charge et de suivi coordonné au niveau national n’ait été défini à l’échelle du pays.

Malgré toutes les prises de paroles des politiques, épidémiologistes, virologues, médecins, autorités de santé depuis des semaines, nous n’avons toujours pas entendu de stratégie, de plan d’actions considérant les besoins des malades pour accompagner la réalité concrète, quotidienne que nous, milliers de malades Covid-19 au long cours, vivons avec des symptômes persistants dans la durée.

Il est urgent qu’un véritable programme sanitaire à hauteur des conséquences de l’épidémie Covid-19 incluant tous les territoires et toutes celles et ceux atteints par la maladie, en France, soit mis en œuvre pour :

  1. Établir et réactualiser régulièrement la liste complète des symptômes, de leurs expressions, de les documenter et de les rendre publics auprès des patients et des médecins.
  2. Identifier l’ensemble des pathologies, leurs durées et les arrêts maladie afférents.
  3. Reconnaître officiellement les malades selon leurs signes cliniques et non uniquement selon les résultats des tests qui restent à ce jour inexpliqués du fait du grand nombre de virologies et sérologies négatives versus des diagnostics cliniques explicites.
  4. Définir des protocoles de suivi pour l’ensemble de la communauté médicale, tant en ville qu’à l’hôpital et renforcer la coordination entre médecins.
  5. Engager une prise en charge adaptée et la garantie d’un réel suivi médical ajusté à chaque étape de la maladie et des besoins des patients.
  6. Garantir l’implantation de centres coordonnés de soins et soutien des Malades Covid-19 au long cours sur l’ensemble du territoire.
  7. Garantir le maintien du Covid-19 en Maladie à Déclaration Obligatoire après la période d’état d’urgence sanitaire en tenant compte des impacts de la maladie et de ses conséquences personnelles comme professionnelles.

Certains épidémiologistes estiment que 5% des malades Covid-19 sont concernés par des conséquences au long cours. S’ajoutent 3 à 4% (plus de 100.000 cas) de malades hospitalisés pour des cas graves. Selon ces chiffres, nous serions près de 250.000 concernés par les conséquences du Covid-19. Une politique publique sanitaire à hauteur de l’épidémie et de la maladie complexe qu’elle génère doit être engagée. Urgemment et sur le long cours.

Signataires pour le Collectif « Les Malades du Covid 19 au long cours », fédérant notamment : Ineis d’ALMEY, enseignante et auteur jeunesse, Groupe FB Malades et Guéris du Coronavirus (Covid-19) France, Suisse, Belgique ; Lilas BASS, doctorante en sociologie ; Virginie BERILLON, Céline CASTERA et Corinne COSSERON Groupe FB Covid19 Forme Longue de la Maladie ; Vivien BOSSUT, Responsable Marketing, Groupe FB Soutien Covid 19 de J1 à #ApresJ60 ; Katell BURBAN, enseignante, Groupe FB #Après60 séquelles du Covid-19 témoignages/partages ; Claire BURGESS, formatrice en anglais ; Geneviève DANESI, ingénieur qualité et Dominique LEMAIRE, agent en assurance, Fil TwT Les Malades #ApresJ20 ; François HEILBRONN, professeur associé à Sciences Po ; Caroline HODAK, Historienne et Conseil en communication ; Andréea-Cristina MAS, enseignante ; Rebeca MINGUEZ GONZALEZ, enseignante ; Hélène MOGE MONTANT, sophrologue et animatrice en yoga du rire, Groupe FB Soutien Covid 19 de J1 à #ApresJ60 ; Ludivine PRIMARD, informaticienne ; Olivia TELLIER, enseignante, Groupe FB Covid Forme Longue ; Marie-Aude VISINE, cadre administratif fonction publique. »
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Société

Bundesliga: la démonstration de force du capitalisme allemand

Le championnat allemand de football professionnel, la Bundesliga de 1ère et de 2e division, a repris ce week-end. C’est une démonstration de force de grande envergure pour le capitalisme allemand, disposant de moyens gigantesques et capable de mobiliser énormément de choses pour relancer la machine. Cela même malgré la réticence d’une majorité de la population et des supporters.

Alors qu’aucun grand championnat européen n’envisage encore concrètement une reprise malgré différentes annonces, la Bundesliga avait obtenu la reprise des entraînements pour ses joueurs et annoncé la date du 16 mai il y a plusieurs semaines. Elle s’y est tenu et tout s’est déroulé comme prévu hier pour les six rencontres au programme. Il en sera très probablement de même aujourd’hui pour les deux autres rencontres, dont celle du mastodonte Bayern de Munich, leader de la première division.

Le protocole mis en place est drastique, d’une envergure inimaginable dans de nombreux pays, et en tous cas certainement pas en France.

Les joueurs sont dépistés deux fois par semaine ainsi que la veille de chaque rencontre. Rien que cela nécessite des milliers de tests que seul un capitalisme aussi puissant et conquérant que le capitalisme allemand peut se permettre de réserver pour une telle activité. La réticence d’une majorité de la population et de supporters n’y fait rien, puisqu’il y a là une dynamique enclenchée qui est de grande ampleurs, avec des enjeux économiques de type industriel qui s’imposent à la société.

La Bundesliga donc, est capable de mobiliser de nombreux véhicules pour transporter les joueurs et le personnel avec une distance suffisante entre les sièges. Il y a ensuite un protocole très strict, pour ainsi dire millimétré, prévoyant sur plus de cinquante pages le comportement et la place de chacun dans le stade. Seules 322 personnes peuvent y être présentes, réparties dans trois zones avec chacune des règles précises à respecter.

En ce qui concerne les joueurs, leur température est prise à l’arrivée au stade, il y a un roulement pour l’occupation des vestiaires, qui sont désinfectés au bout de 40 minutes maximum. À l’issue du match, pas question d’y prendre sa douche, chacun étant invité à le faire chez soi ou à l’hôtel pour l’équipe visiteuse. Au bord du terrain, même les remplaçants doivent respecter une distance minimale entre-eux et porter un masque.

Sur le terrain, aucune poignée de main, crachat, cérémonie, échange de maillot, photo de groupe, etc. Même les célébrations de but avec trop de promiscuité sont à éviter, et ont été largement évitées hier ; la promiscuité liée au jeu, lors des phases de coup de pied arrêtés notamment, n’ayant bien sûr pas pu être proscrite par contre.

Les interviews à l’issue d’une rencontre sont possibles, mais seulement derrière un plexiglas.

Malgré le peu d’entraînements collectifs qu’ils ont pu avoir avant les rencontres de ce week-end (à peine l’équivalent deux matchs entiers à 11 contre 11 en général), les joueurs ne se sont aucunement plaints de cette reprise et de ces protocoles.

Au contraire, le capitalisme allemand est puissant et triomphant, il sait très bien faire les choses pour que tout se déroule sans accrocs.

Les propos dans la presse française du Marseillais Benjamin Stambouli, joueur du Schalke 04, sont à cet égard très évocateurs :

« La perception de cette crise et la façon de la gérer ont été différentes entre les deux pays. C’était plus souple ici avec la réouverture plus rapide des magasins.

Je me souviens de la fameuse phrase du président Macron sur le fait qu’on soit en guerre, elle m’a beaucoup marqué. J’ai vraiment pris conscience de la gravité de la situation. En France, il y a eu un vrai confinement d’où la naissance d’une crainte légitime. En Allemagne, la chancelière Angela Merkel a répété vouloir faire confiance aux comportements de ses concitoyens, en réclamant discipline et rigueur.

Attention, je ne dis pas que la gestion en France était mauvaise, mais il y avait juste un peu plus de liberté et moins de crainte ici. Pour nous, c’est la suite logique de reprendre le championnat, avec des conditions sanitaires strictes.

Le club nous a mis à l’aise de suite. Avec un message clair : si on avait peur pour notre santé, notre vie, on pouvait rester chez nous, sans aucune amende ou sanction morale. C’est super parce qu’on ne nous a jamais mis le couteau sous la gorge.

Le dialogue a toujours été présent. Cette liberté de décision est fondamentale et le comportement du club a été classe. »

L’international français et défenseur du Bayern de Munich Benjamin Pavard, a eu des propos de la même teneur :

« je pars du principe que si le gouvernement autorise les matches, cela veut dire qu’il estime que les conditions sont réunies. »

Dans le même temps, lui et les autres joueurs de son équipe ont accepté sans broncher de laisser 20 % de leur salaire au club, ce qui en général est loin d’être aussi simple dans de nombreux clubs d’autres pays.

Tout cela peut sembler l’anecdotique et est de fait entièrement secondaire. Cela reflète cependant la vigueur du capitalisme allemand. Il a les moyens de réagir, de s’opposer à la population, de décider, de mettre en place. Rien qu’avec cet exemple on voit très bien que ce pays a l’hégémonie dans l’Union européenne et que la France ne suit pas. Imagine-t-on les couches dominantes françaises accepter cela passivement ? Soit elles voudront encore plus se rattacher à l’Allemagne, soit elles chercheront au contraire à s’en décrocher. Dans les deux cas on a une poussée capitaliste autoritaire, très autoritaire, en perspective.

 

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Politique

En France, même le ministre de l’intérieur ne respecte pas les règles sanitaires

Les mesures sanitaires sont simples et connues de tous. Pour éviter la propagation du Covid-19, il faut éviter à tout prix la proximité entre les individus et porter un masque pour éviter les projections de gouttelettes, notamment quand on parle. Ces règles ne semblent pas intéresser le ministre de l’intérieur Christophe Castaner qui s’en est affranchie en toute quiétude lors d’un déplacement hier. Cela en dit long sur les mentalités françaises et leur terrible arriération.

Le ministre de l’intérieur était en déplacement en Normandie ce samedi 16 mai. Il venait notamment pour « vérifier » le bon respect des règles en ce qui concerne l’accès aux plages. Il a d’ailleurs expliqué :

« Je ne tolérerai aucun manquement concernant l’application des gestes barrière et des règles de distanciation ».

On voit pourtant, lors d’une séquence filmée par BFMTV, Christophe Castaner manquer à toutes ces obligations sur le remblais de Veules-les-Roses :

Le premier ministre semble très heureux de discuter face à face avec des passants, sans masque, avant de s’approcher d’eux pour prendre une photo, allant même jusqu’à s’accroupir pour se mettre à la hauteur d’un petit garçon, à qui il parle à quelques centimètres du visage.

On voit ensuite le ministre repartir pour sa « vérification » du respect des règles, accompagné de tout un groupe de personnes, dont le maire de la ville, sans masques et se tenant toutes à proximité immédiate les unes des autres.

L’attroupement, badauds et journalistes compris, fait d’ailleurs bien plus que dix personnes, alors que c’est normalement la limite maximale autorisée sur la voie publique en France en ce moment. Le ministre de l’intérieur, censé être à la tête de l’organisation du respect de ces règles, n’est donc même pas capable de le respecter lui-même.

C’est non seulement indécent, mais surtout le signe d’une grande décadence des élites politiques françaises, à l’image d’une grande partie de la population prenant très à la légère les règles sanitaires nécessaires pour faire face au Covid-19.

Avec de tels comportements, avec une mentalité aussi stupide qu’inconsciente, le pays se dirige droit dans le mur et on a du mal à imaginer comment une seconde vague de contamination pourrait être évitée.

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Société

«La pire journée de ma vie professionnelle»

Voici le récit d’un mécanicien/vendeur dans une grande enseigne de sport à propos de lundi 11 mai, premier jour du déconfinement. Sont racontés des comportements terriblement irresponsables, qui font froid dans le dos tellement tout cela relève de la stupidité la plus crasse et de l’inconscience totale sur le plan sanitaire.

Ce genre de gens sont-ils majoritaires dans la société française, ou bien simplement une minorité sabotant tout effort collectif et responsabilité sociale ? Dans un cas comme dans l’autre, c’est de la faillite de l’ensemble de la société française qu’il s’agit ici. Si de tels comportements sont possibles (et tout à fait typiques), c’est qu’il ne s’agit pas simplement de la faillite individuelle des gens les ayant, mais de la responsabilité collective, incapable de les empêcher, les prévoir, les punir, etc.

Et l’individualisme s’exprimant sans freins ne peut que contaminer l’ensemble des comportements, aboutissant à une seconde vague du covid-19…

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Société

Covid-19: l’hystérie petite bourgeoise bloquant le traçage numérique de la circulation du virus

Il devait être discuté mardi à l’Assemblée nationale d’une application de traçage sanitaire de la population, mais les débats ont été repoussé tant c’est un sujet de crispation. L’hégémonie des mentalités rétrogrades et individualistes, de l’hystérie petite bourgeoise sur les « libertés individuelles », bloque en effet toute avancée à ce sujet.

Nous somme le 30 avril 2020, soit de nombreuses semaines après le début d’une pandémie incontrôlable en raison notamment de la difficulté à tracer la circulation du virus, mais nous ne sommes pas capable de se doter d’un outil simple, efficace, qui existe déjà et qui serait d’une grande aide pour cela.

Il serait en effet grandement utile de tracer cette circulation du virus engendrant la maladie Covid-19 via les téléphones portables, en localisant les contacts qu’a eu chaque personne dont on sait qu’elle est contaminée. Ce besoin de traçage épidémiologique est à la base de toute stratégie sanitaire, c’est la raison pour laquelle il va y avoir après le 11 mai, en plus de la stratégie de tests massifs, des enquêtes sanitaires de terrains menées à grande échelle (avec 30 000 personnes mobilisées) pour remonter les chaînes de contamination.

L’utilisation de la localisation GPS des smartphones, soit la grande majorité des téléphones portables en circulation, possédés par une grande majorité de la population française entre 15 et 65 ans, aurait permis d’aider en cela, bien avant le 11 mai. Cela aurait été d’autant plus simple à mettre en place que le système existe déjà techniquement. L’application Google Maps par exemple trace avec une grande précision les trajets quotidiens de chaque utilisateur, connaissant les magasins dans lesquels il est rentré, les rues qu’il a emprunté, et permet même de déduire si un vélo ou une voiture était utilisée pour un déplacement.

Les données sont enregistrées sans limites de temps et on peut tout à fait savoir via son compte Google où l’on se trouvait précisément le même jour l’année dernière, même si l’on a changé de téléphone, pour peu qu’on ait toujours le même compte Google et qu’on avait son téléphone sur soi.

De la même manière, le premier réflexe de n’importe qui perdant ou se faisant voler son Iphone, sera de se connecter ailleurs pour le localiser, le téléphone étant suivi à la trace sur les serveurs d’Apple.

Il est possible de désactiver cela, mais presque personne n’y prend garde et cela n’a jamais ému grand monde jusqu’à présent. Les Français n’ont donc aucun problème à être suivis à la trace par Google ou Apple… Mais les voilà scandalisés que l’État puisse organiser un telle traçage pour des raisons sanitaires. C’est pour le moins odieux. De l’extrême-gauche à l’extrême-droite, de la Gauche à la Droite, il y a eu une levée de bouclier massive contre l’idée même de ce traçage, au nom de prétendues « libertés individuelles ».

Pour un esprit prolétaire pourtant, il n’y a aucun rapport entre des « libertés individuelles » d’un côté et le fait que l’État ait les moyens de tracer des déplacements pour déterminer des contacts dans un but sanitaire. Pour l’esprit petit-bourgeois par contre, totalement hégémonique en France, l’État est vu comme un monstre froid, machiavélique, voulant manipuler les esprits et décider de la vie des gens.

Plutôt que d’aider à sauver la vie de milliers de personnes, surtout des personnes fragiles, on a donc des gens qui s’imaginent entravés dans leur « liberté » parce que l’État organiserait un suivi numérique des mouvements de la population. C’est l’individualisme capitaliste le plus total.

Qu’il y ait une pression démocratique, sur le plan technique, pour assurer la sécurité de ces données, afin qu’elles ne tombent pas dans les mains de grandes entreprises, c’est une chose. Mais tout de même, c’est un aspect largement secondaire par rapport à l’intérêt que produirait un tel traçage dans la lutte contre l’épidémie, en déterminant de manière assez précise sa circulation et en prévenant les gens potentiellement contaminés.

Qu’ont donc à « cacher » à l’État tous ces gens ? L’État sait déjà où ils habitent et où ils travaillent, et en tant que tel il n’a que faire de savoir s’ils ont été au Super U à 13 heures plutôt qu’à Auchan à 15 heures. Leur panique devant l’État n’est qu’une simple expression de petit-bourgeois réfutant tout collectivisme.

Par contre, on comprend aisément l’intérêt de savoir qu’une personne positive au virus s’est rendue à telle heure dans tel magasin ou tel bus, et qu’elle y a croisé telle et telle personnes. Ces dernières peuvent alors être alertées, afin de redoubler de vigilance vis-à-vis de leur entourage dans un premier temps, puis d’être testées rapidement si possible. Cela contribue au fait d’avoir une vision d’ensemble sur la circulation du virus, pouvant conduire à isoler rapidement des groupes de personnes, des zones, etc. C’est ainsi qu’on peut lutter contre une telle pandémie, en l’absence de vaccin ou médicament.

Mais non, des gens se sont massivement offusqués contre une telle opportunité. Nous sommes donc bloqués à cause de mentalités profondément arriérées, dont le ridicule n’a ici d’égale que l’irresponsabilité que cela engendre sur le plan sanitaire. L’État français, décadent (et certainement pas le monstre puissant qu’imaginent les petits-bourgeois), n’a pas été en mesure d’imposer ce traçage. Il n’a fait que reculer, finissant par n’envisager qu’une solution via Bluetooth, extrêmement complexe sur le plan technique et beaucoup moins efficace qu’une solution par GPS.

L’application n’est donc toujours pas au point, et est même ralentie à cause d’une difficulté technique (concernant le Bluetooth) sur les Iphones. Si l’application existe un jour, on peut largement redouter qu’elle soit sous-utilisée par un grand nombre de personnes irresponsables la refusant. Ce sera d’ailleurs un très grand marqueur sur le plan culturel que de voir ceux l’acceptant et ceux la refusant.

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Société

«Covid 19- soutien aux peuples autochtones de Guyane»

Voici le texte pour un cagnotte Leechi par la Fédération Lokono de Guyane (FLG) :

[retrouvez la cagnotte ici -> leetchi.com/c/covid-19-soutien-aux-peuples-autochtones-de-guyane ]

« Covid 19- soutien aux peuples autochtones de Guyane

À l’initiative des amérindiens et amérindiennnes de la Fédération Lokono de Guyane (FLG), nous lançons une cagnotte pour soutenir nos frères et sœurs amérindiens dans la lutte contre le virus Covid 19.

ÉTAT DE LA SITUATION EN GUYANE.

La région Guyane compte actuellement 96 cas confirmés de covid 19. Le village amérindien Cécilia, qui en compte près d’une vingtaine, est le premier village mis en quarantaine par arrêté du Préfet de Région en date du 9 avril 2020. En raison de notre mode de vie en communauté, le virus s’est propagé rapidement. Dans l’urgence le village, qui a dû etre placé en quarantaine, n’a pas pu se préparer, les habitants n’ont donc pas pu faire leurs réserves alimentaires, d’où la nécessité d’un ravitaillement.

En complément de l’aide de la mairie de Matoury, le village amérindien de Sainte Rose de Lima, en signe de soutien et de solidarité, s’est rapidement organisé et a réussi à lever des fonds pour les approvisionner. Bien que l’aide ait été appréciée, ce n’était malheureusement pas suffisant pour un village de près de 300 habitants.

À ce jour, distribution de masques en quantité très limitée, des tests de dépistage seulement pour les villageois présentants des symptômes, des villages inquiets, les amérindiens stigmatisés.

Nous n’imaginons pas la situation si le virus venait à se propager.

Nous nous devons donc d’anticiper, d’agir et de prévenir la propagation du virus chez nous ainsi que dans les autres villages. Les mesures prises par l’état sont importantes, mais demeurent insuffisantes et ne nous rassurent pas.

C’est pour cela que nous nous mobilisons aujourd’hui en faisant appel à la solidarité et à la générosité de tout un chacun, en lançant cette cagnotte. Nous vous remercions d’avance pour vos contributions.

NOTRE OBJECTIF.

Aider les différents villages amérindiens en achetant et en distribuant au plus vite:

– des produits de premières nécessités aux personnes dans le besoin.

– achat et/ou fabrication de masques en tissu et de gants pour les personnes dans le besoin.

NOTRE PLAN D’ACTION.

– Lister les besoins alimentaires des familles, surtout pour les enfants en bas âge (nourriture, hygiène, etc…)

– Mise en place de médiateurs autochtones de la FLG pour soutenir les équipes de prévention.

– Distribution des produits vers les villages voisins.

– Combattre l’isolement en s’assurant que les villages bénéficient d’infrastructures au niveau des communications. (téléphone, internet).

QUI SOMMES-NOUS ?

La fédération Lokono de Guyane est une association loi 1901 créée en 2008. Elle a pour objectifs de défendre les intérêts collectifs des amérindiens de Guyane, notamment en matière de développement culturel, social, environnemental et économique. Les Lokono (Arawak) sont une des six nations amérindiennnes (Kali’na, Paykweneh, Teko, Wayãpi, Wayana) présentes en Guyane.

Liens renvoyants à la situation des villages amérindiens.

https://youtu.be/Cez8ujiluww

https://la1ere.francetvinfo.fr/guyane/centre-littoral/coronavirus-les-villages-amerindiens-de-macouria-et-de-matoury-s-isolent-volontairement-pour-prevenir-toute-propagation-du-virus-chez-eux-823150.html

https://www.facebook.com/federationlokonodeguyane/ »