Catégories
Guerre

Le Royaume-Uni déclare pratiquement la guerre à la Russie

Cela ne fait pas semblant.

Le général Sir Patrick Sanders est depuis peu le nouveau chef d’état-major de la British Army, l’armée britannique. Sa ligne est radicalement différente de celle de son prédécesseur puisqu’il s’agit d’assumer totalement la guerre, alors qu’avant il était même question de réduire les effectifs…

Dans un message interne à ses troupes le 18 juin 2022, expliquant qu’il est le premier chef d’état-major depuis 1941 à prendre le commandement de l’armée dans l’ombre d’une guerre terrestre en Europe impliquant une puissance continentale, il dit ni plus ni moins qu’il s’agit d’être « prêt à combattre et à gagner des guerres terrestres ».

Cela entre autres déclarations du genre, d’un bellicisme incroyable :

« Il y a urgence à bâtir une armée capable de combattre aux côtés de nos alliés et de vaincre la Russie au combat ».

« Nous sommes la génération qui doit préparer l’armée à se battre à nouveau en Europe ».

« C’est particulièrement mon devoir de rendre notre armée aussi meurtrière et efficace que possible. Le moment est venu et c’est à nous de saisir l’occasion ».

Le même jour, le Premier ministre britannique Boris Johnson allait exactement dans le même sens en déclarant dans la presse :

« Je crains que nous devons nous armer pour une longue guerre, alors que Poutine recourt à une campagne d’usure, essayant d’écraser l’Ukraine avec brutalité. Le Royaume-Uni et ses partenaires doivent réagir en veillant à ce que l’Ukraine ait l’endurance stratégique pour survivre et, finalement, l’emporter ».

La messe est dite. L’armée britannique n’acceptera aucune partition de l’Ukraine. Elle est d’ores et déjà prête à assumer une guerre contre la Russie. Le Royaume-Uni défend donc, au sein de l’Otan, une ligne ultra pour aller jusqu’au bout. C’est que l’armée britannique se voyait déjà faire d’Odessa son port avancé en Orient, alors elle n’imagine pas que ses plans soient contrariés.

Le problème, c’est que la guerre en Ukraine est à un tournant et l’armée ukrainienne va connaitre défaite sur défaite, alors qu’elle n’a remporté quasiment aucune victoire depuis le début de l’invasion. Il n’y a donc pas d’alternative : soit l’Otan ou en tous cas une armée puissante comme la British Army s’en mêle directement, soit la Russie obtiendra une partition de l’Ukraine (ce qui n’est pas incompatible avec un conflit larvé en parallèle, qui existe de fait déjà depuis 2014).

Voici d’ailleurs un texte d’une signification quasi-historique, sur lequel il ne serait pas sérieux de faire l’impasse. C’est une déclaration commune du ministre des Affaires étrangères de l’Ukraine Dmytro Kuleba et de son homologue pour le Royaume-Uni, Liz Truss, le dimanche 26 juin 2022.

Il est question d’armes lourdes en masse, pour défaire directement l’armée russe. Cela équivaut en pratique à une déclaration de guerre britannique envers la Russie, et c’est en tous cas comme cela que la Russie va le considérer.

Le mot « paix » est prononcé à de nombreuse reprises pour justement en repousser le contenu, car le Royaume-Uni ne veut surtout pas d’un quelconque traité dans les conditions actuelles.

« Le Royaume-Uni est aux côtés de l’Ukraine sur la voie d’une démocratie européenne libre. Nous l’avons renforcé grâce à notre partenariat trilatéral avec la Pologne. Maintenant plus que jamais, nous sommes solidaires.

Le président Zelenskyy et le Premier ministre Boris Johnson sont unis pour défendre la sécurité et la liberté de l’Europe. Nous avons tous les deux noué une étroite amitié en tant que ministres des Affaires étrangères, voyant d’un même œil la Russie et bien d’autres questions.

Le partenariat entre nos grandes nations est fondé sur le principe fondamental selon lequel les gens doivent être libres de choisir leur propre avenir. Pourtant, c’est un anathème pour Vladimir Poutine. Il se sent menacé par la perspective de succès des démocraties libres voisines comme l’Ukraine, car cela risque d’exposer les échecs de l’autoritarisme. Il est donc maintenant déterminé à éteindre la flamme de la liberté en Ukraine par une guerre totale.

Pour obtenir la paix et protéger notre mode de vie, l’Ukraine et le monde libre doivent rester forts et unis. Nous devons ignorer les voix défaitistes qui insistent sur le fait que les gens commencent à se fatiguer et qui proposent de vendre l’Ukraine pour mettre fin rapidement à l’horreur implacable. Le peuple ukrainien n’a pas le luxe de se sentir fatigué. Le reste du monde libre non plus. Les preuves de crimes de guerre odieux continuent de s’accumuler, du bombardement de civils ukrainiens innocents au viol, à la torture et à l’enlèvement.

Les forces russes militarisent la faim dans le monde en arrêtant les exportations de céréales ukrainiennes et en volant les récoltes. Les mandataires russes ont enfreint la Convention de Genève dans la manière dont ils traitent les prisonniers de guerre, y compris les citoyens britanniques servant dans les forces armées ukrainiennes. Il est donc impératif que le G7 et l’OTAN démontrent cette semaine que leur engagement envers l’Ukraine ne sera jamais surpassé par la détermination de Poutine à s’en emparer.

Cela signifie augmenter et accélérer leur approvisionnement en armes lourdes, continuer à sanctionner tous ceux qui sont complices de la guerre de Poutine et couper complètement les importations d’énergie russe. Chaque arme livrée aidera le peuple ukrainien à repousser les forces russes, à reprendre des villes actuellement sous le feu comme Severodonetsk et celles contrôlées par la Russie comme Kherson.

Chaque sanction contribuera à affamer la machine de guerre de Poutine et à sauver davantage de civils innocents d’une nouvelle barbarie. Le peuple ukrainien se bat sans crainte pour sa patrie. Ils peuvent gagner cette bataille et la gagneront avec le soutien indéfectible du monde libre.

C’est pourquoi le Royaume-Uni est à l’avant-garde de la fourniture d’armes lourdes. Les systèmes britanniques de lance-roquettes multiples M270 sont en route pour aider l’Ukraine à se défendre contre l’artillerie russe à longue portée.

Le Royaume-Uni a déjà fourni 1,3 milliard de livres sterling d’aide militaire, notamment des missiles antichars, des systèmes de défense aérienne, des véhicules blindés et de la formation. Le peuple ukrainien se souviendra à jamais de ce que le Royaume-Uni a fait à ses heures les plus sombres. Le Royaume-Uni augmente ses sanctions, avec une nouvelle législation cette semaine sur une série d’interdictions commerciales, et d’autres à venir le mois prochain.

Le monde libre, collectivement, doit faire pression plus fort pour couper la Russie de ses principales sources de revenus étrangers : l’énergie et d’autres exportations telles que l’or. Nous ne pouvons pas être intimidés par Poutine qui essaie d’allumer le monde avec des menaces sinistres. Chaque fois que l’OTAN a résisté à son intimidation, il a été contraint de reculer, et non d’encore plus avancer. Son agression ne réussit qu’à encourager davantage de nations à rejoindre l’alliance défensive la plus réussie au monde.

Il viendra un temps pour la paix. Mais il faut que ce soit une paix bonne et durable. Le chemin de Poutine vers la table des négociations passe par les champs de bataille de l’Ukraine. Il ne sera sérieux au sujet des négociations qu’une fois que le peuple ukrainien aura repoussé ses troupes. Les partisans de l’Ukraine doivent tous jouer leur rôle pour que le président Zelensky puisse négocier en position de force face à un Poutine affaibli. C’est essentiel pour que la paix dure.

Il ne peut y avoir de règlement négocié qui reproduise l’accord de Minsk, qui s’est fait au détriment de la souveraineté, de la sécurité et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Ceux qui proposent de sacrifier la terre ukrainienne proposent en fait de payer en sang ukrainien pour l’illusion de la paix. Ce sera un mirage s’il n’est pas accompagné de la restitution du territoire ukrainien et de l’endiguement de l’impérialisme de Poutine.

Poutine a clairement indiqué qu’il ne s’arrêtera pas à l’Ukraine dans ses ambitions, mais ira plus loin en ciblant d’autres nations souveraines – en particulier celles qu’il croit pernicieusement faire partie de la Russie. C’est pourquoi personne ne peut se sentir en sécurité jusqu’à ce que la Russie se retire de l’Ukraine et ne soit plus jamais en mesure de perpétrer une telle agression.

Le peuple ukrainien ne se bat pas seulement pour son avenir, mais aussi pour l’avenir de la liberté et de la démocratie en Europe et dans le reste du monde. C’est la guerre de tous, car la victoire de l’Ukraine est dans notre intérêt à tous, aussi longtemps que cela prendra. Ensemble, nous pouvons assurer l’avenir de l’Ukraine dans une Europe entière et libre, où la paix règne à nouveau. »

Ces gens sont des furieux. Ils précipitent le monde dans la guerre, ils assument totalement de déclencher la 3e guerre mondiale. Le régime britannique et les dirigeants nationalistes et corrompus de l’Ukraine jettent le peuple ukrainien en pâture, comme première chair à canon de la nouvelle guerre mondiale pour le repartage du monde.

Catégories
Guerre

La France s’enfonce toujours plus dans le bellicisme

La tendance à la guerre modifie l’orientation même de l’appareil d’État.

Lors de son passage au salon de l’armement Eurosatory à Paris, Emmanuel Macron a déclaré que la France devait rentrer dans une économie de guerre et que cela allait durer. Il en a profité pour appeler à une réévaluation de la loi de programmation militaire qui planifie les dépenses militaire de l’armée française.

La loi actuelle à été établie en 2018 et planifie les dépenses jusqu’à 2025 c’est-à-dire dans 3 ans avec l’objectif d’avoir 2% du PIB français investi dans l’armée à cette date.

Vouloir aujourd’hui augmenter subitement cette programmation est le signe que la guerre sur le territoire ukrainien a changé la donne dans le rapport entre les pays et que les choses s’accélèrent rapidement, prenant une tournure militariste toujours plus assumée.

Avec les nombreuses livraisons d’armes au régime ukrainien, mais aussi le déploiement de soldats et de matériel dans les pays de l’Est, la France a diminué ses stocks militaires alors même que les tensions entre grandes puissances oblige à massifier et diversifier les armées. Il faut donc suivre la course aux armements, et reconstituer des stocks revus à la hausse.

Tout cela était déjà un très mauvais signe concernant l’évolution des choses mais un article du Monde (payant) publié lundi 13 juin nous apprend qu’un texte de loi est en train d’être mis en place pour autoriser l’État Français à réquisitionner des éléments économiques du secteur civil pour renforcer les capacités militaires de la France.

Par matériel, il faut comprendre la mobilisation des usines, machines et travailleurs compris. Ce texte de loi vise à reproduire le « Defense Priorities and Allocations System Program (DPAS) » adopté dans les années 1950 aux États-Unis pour réquisitionner certains secteurs industriels, non pas simplement en temps de guerre mais aussi pour préparer la guerre.

Concrètement des secteurs industriels tels que l’aviation, le naval, l’électronique, l’usinage et le décolletage, la plasturgie ou bien encore le textile, qui ne produisent habituellement que partiellement ou pas du tout de matériel militaire, pourraient stopper leur production civile pour se concentrer sur une production militaire à la demande directe de l’État.

Au vue des pénuries qui frappent le monde entier, il est à parier qu’il y aura un volet spécifique sur la réquisition de certaines matières premières en vue de cette production, des grands groupes tels qu’ArcelorMittal pourrait ainsi se voir réquisitionner différents métaux, par exemple.

Le fait que cette loi soit directement initiée par la direction générale de l’Armement (DGA) est significative de la poussée belliqueuse au sein de l’appareil d’État. Ce qui se passe, c’est une transformation progressive de la ligne de conduite dans l’appareil d’État, avec une prise en compte assumée de la tendance à la guerre.

Et de fait, cette transformation passe par le renforcement de l’influence dans l’État du commandement militaire dans la politique générale, mais aussi des grands fabricants d’armes. Il faut penser ici à Nexter, Naval group, Arquus, Dassault, MBDA, Thalès dont le poids économique pèse parfois beaucoup, comme dans la région de Bourges où l’industrie militaire représente 7 000 salariés.

Cela se fait évidemment sans débat général dans la société, dans une sorte de « révolution de palais » alors même que les peuples sont entraînés dans une logique belliqueuse et militariste de leur pays. Et c’est un mécanisme dont il est difficile de revenir en arrière une fois qu’il s’est lancé…

Car cette tendance historique qui met le complexe militaro-industriel toujours plus au centre de l’économie, et donc de la société, stimule entre autres choses les innovations technologiques. A ce titre, les quelques critiques à propos de l’industrie de guerre font souvent l’erreur de ne considérer seulement le poids économique de l’industrie d’armement, sans voir que la question n’est pas uniquement quantitative mais aussi qualitative, soit la capacité d’orienter et de dynamiser les choses.

C’est une perspective que les sociétés capitalistes ont bien connue dans les décennies 1910-1920, 1940-1950, ou dans une autre mesure dans les années 1980, où les industries de guerre omniprésentes dans le tissu industriel, puis aux commandes de l’État pendant les guerres mondiales elles-mêmes, ont permis des modernisations d’ensemble, que cela soit avec l’automobile civile, l’aviation civile et l’informatique et Internet.

Ce qui se joue ici, c’est le cœur même de la crise avec d’un côté la tendance à la guerre qui modifie la direction dans l’appareil d’État, contribuant à un régime anti-démocratique (et non plus simplement non-démocratique), ce qui a pour conséquence de l’autre côté, de générer un terrain pour la restructuration capitaliste elle-même.

Ainsi, il faudra suivre de près ce qui va se passer avec cette proposition de loi, notamment en scrutant qui va voter pour ou contre à l’Assemblée nationale et au Sénat. Cela permettra de voir qui soutient le capitalisme français et va nous emmener vers la guerre, et qui soutient les peuples sur une base pacifiste et démocratique.

Catégories
Guerre

Emmanuel Macron en mission pour l’OTAN en Roumanie et Moldavie

La France relève entièrement du dispositif de l’OTAN.

Avec l’Allemagne, la France est un des deux principaux sous-chefs de l’OTAN. Parfaitement inféodée aux États-Unis, le véritablement commandeur, la France a pour mission d’encadrer l’intégration de pays plus secondaires, en profitant au passage pour prendre une petite part du gâteau. C’est le sens de la tournée d’Emmanuel Macron en Roumanie, puis en Moldavie.

La Roumanie est membre de l’OTAN, et la Moldavie en est un satellite direct, avec au pouvoir un régime pro-Union européenne (malgré une partie du pays qui a fait sécession) et des traités de coopération avec l’OTAN.

Emmanuel Macron, avec une mise en scène typique du régime américain (nuit dans la tente plutôt qu’à l’hôtel, footing le matin, discours sur le tarmac dos aux troupes), s’est donc rendu sur place pour appuyer encore plus le clivage avec la Russie.

Il s’agit de s’assurer que ces pays frontaliers restent bien dans le giron occidental, alors que l’Ukraine est en train d’être dépecée malgré les discours hypocrites « souhaitant » une victoire ukrainienne. Et quand on dit « rester dans le giron », il faut comprendre « être prêts à la guerre ».

La Russie est définitivement considérée comme ennemi et dans le cadre de la bataille pour le repartage du monde, il faut encadrer les esprits pour qu’ils soient unilatéralement tournés vers une guerre possible avec la Russie. Nous sommes, en juin 2022, définitivement entrés dans une période où cela est assumé. Les discours faisant croire à une défense de la paix sont du passé.

Sur la base militaire de l’OTAN à Constanta où elle déploie son armée, la France est venue expliquer qu’il faut se préparer à l’affrontement guerrier. Il est question de l’Ukraine, mais c’est surtout le prétexte pour maintenir la pression, et assumer une nouvelle étape.

« Aux portes de notre Union européenne, se joue une situation géopolitique inédite, donc oui, pour toutes ces raisons, le contexte politique et les décisions que l’Union européenne et plusieurs nations devront prendre, se justifient de nouvelles discussions en profondeur et de nouvelles avancées.

Je pense que nous sommes à un moment où nous avons besoin d’envoyer des signaux politiques clairs, nous Union Européenne, à l’égard de l’Ukraine et du peuple ukrainien dans un contexte où il résiste de manière héroïque depuis plusieurs mois ».

La France n’enverra pas de soldats ni d’armes ultra-modernes en Ukraine. Mais elle continue avec les autres pays de l’OTAN d’acheminer le minimum nécessaire pour que la situation dure le plus possible. La superpuissance américaine a besoin que la pression guerrière soit maintenue et renforcée.

En attendant, la Roumanie est sommée de moderniser son armée, et en particulier sa force navale, pour appuyer les positions de l’OTAN en mer Noire. L’industrie militaire française, bien sûr, est là pour signer les contrats, alors que l’armée française s’installe parallèlement.

Le ministre des Armées Sébastien Lecornu a donc signé une lettre d’intention avec son homologue Vasile Dincu pour « développer les capacités » de la force navale roumaine grâce au « savoir-faire industriel français et la crédibilité opérationnelle » de la Marine française.

La Roumanie ne dispose que de trois frégates multi-usage, dont deux qui ont été achetées d’occasion à l’armée britannique, et sept corvettes, dont trois qui datent de l’époque soviétique. Elle n’a pas de sous-marin, si ce n’est un classe Kilo, qui ne navigue plus depuis la fin des années 1990.

On remarquera au passage qu’il y a depuis 7 ans un contrat en cours avec le groupe français Naval Group, mais qui bloque pour des raisons contractuelles. Selon la presse roumaine, il s’agirait de la responsabilité de la construction, que le chantier naval de Constanta ne souhaite pas assumer, souhaitant simplement exécuter les constructions pour le compte de Naval Group.

On peut très largement supposer que la lettre d’intention signée entre la France et la Roumanie a notamment pour objet de débloquer la situation. D’autant plus que selon le ministre roumain de la Défense, la Roumanie a besoin maintenant « d’un programme beaucoup plus complexe ».

Le contrat initial prévoit la construction de corvettes Gowind de Naval Group, avec des capacités anti-sous-marine et anti-aérienne avec des technologies françaises, et dans les standards de l’OTAN. Cela ne suffit pas vu la tendance à la guerre, particulièrement en mer Noire.

La Roumanie a officiellement fait part de sa volonté d’avoir au moins trois sous-marins. Une option était posée en 2018 sur du matériel allemand, mais le budget n’était pas là. Tel n’est plus le cas en 2022, avec maintenant 2,5% du PIB de la Roumanie pour les dépenses militaires. L’industrie française est prête à profiter de la manne, du moment que cela est encadré par l’OTAN et que cela va dans le sens de la superpuissance américaine.

Catégories
Guerre

Eurosatory : le complexe militaro-industriel français sur le devant de la scène

L’Union européenne doit devenir un outil pour la guerre.

En tant que grande puissance, la France est connue et reconnue pour ses exportations de denrées agricoles, de produits de luxe, mais aussi pour sa production d’armes. Après les États-Unis et la Russie, la France est le troisième pays exportateur d’armes dans le monde.

Un commerce qui se porte bien, voire très bien puisqu’il a dépassé les 2 000 milliards de dollars dans le monde en 2021. De fait, depuis la pandémie de Covid-19, et plus encore avec la guerre en Ukraine, les budgets militaires des grandes puissances (mondiales et régionales) ont explosé, et la France compte bien conserver sa part du gâteau.

C’est dans cet état d’esprit qu’Emmanuel Macron s’est rendu au salon international de l’industrie de la défense et de la sécurité Eurosatory qui se tient du 13 au 17 juin au parc des expositions à Villepinte, salon qui se présente lui même comme « le mondial de la défense et de la sécurité ».

En temps normal, c’est le ministre des Armées qui se rend à ce salon lancé en 1967 au camp militaire de Satory par le Groupement des industries françaises de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres (GICAT), ce monstre du militarisme en France.

Ce salon fut lancé d’ailleurs un an après l’annonce officielle par le général de Gaulle du retrait de la France du commandement intégré de l’OTAN, ce qui suffit à montrer à quel point Eurosatory est une illustration de comment la France tend à être une puissance belliqueuse à part entière.

Lors de son discours d’inauguration, Emmanuel Macron a annoncé la couleur d’entrée de jeu :

« Cette confiance [à l’égard des industriels] s’inscrit dans un contexte inédit, et je pense que nous devons tous à cette occasion et dans les temps qui viennent en tirer les conséquences, celle aussi d’une entrée dans une économie de guerre dans laquelle je crois nous allons durablement devoir nous organiser.

C’est-à-dire dans une économie dans laquelle il faudra aller plus vite, réfléchir différemment sur les rythmes, les montées en charge, les marges, pour voir reconstituer plus rapidement ce qui est indispensable pour nos forces armées, pour nos alliés et pour celles et ceux que nous voulons aider.

Une économie au fond dans laquelle on ne peut plus envoyer au rythme et avec la grammaire d’il y a même un an. Tout a changé. »

Ce dont parle Emmanuel Macron ici est la capacité pour les armées des grandes puissances à assurer la logistique, les stocks et l’opérabilité des forces armées dans une guerre contre un autre État, ce que les experts appellent le taux d’attrition.

Si cela était quelque chose de bien en vue depuis plusieurs années dans les états-majors militaires, il est clair que les pertes et les masses de munitions et d’hommes engagées dans la guerre en Ukraine confirment cette tendance.

Par exemple, lors de la bataille de Kharkiv, les forces russes ont utilisé autant de munitions d’artillerie que l’ensemble du stock disponible pour l’armée française pour ses entraînements annuels. Par conséquent, l’enjeu pour les grandes puissances, c’est dorénavant de massifier leurs armées, en termes d’hommes, de stocks, de munitions, etc., mais aussi de les diversifier pour agir sur différentes zones d’intervention.

Cela signifie donc que l’industrie militaire devient un rouage central des économies des grandes puissances et puisque la France détient l’un des plus importants complexes militaro-industriels du monde, elle va être en première ligne de ce processus.

Et Emmanuel Macron en tant que représentant de la bourgeoisie pro-européenne se doit d’assurer la place du complexe militaro-industriel français dans le commerce des armes en Europe, alors que l’industrie américaine la concurrence, notamment par la vente de ses avions de chasse F-35 à bon nombre de pays européens.

C’est pourquoi lors de ce salon, Emmanuel Macron qui occupe depuis le 1er janvier, et ce jusqu’au 30 juin 2022, la présidence du Conseil de l’Union européenne, a appelé à la mise en œuvre d’une « préférence européenne » pour l’achat d’armes des pays membres.

Une perspective plus que concrète puisque depuis 2017, l’Union européenne a un budget commun en charge de l’innovation et de la recherche militaire commune alors même que l’article 41 du Traité de Lisbonne de 2007 interdisait l’utilisation du budget commun européen pour des projets militaires.

Depuis fin avril 2021, elle dispose d’un budget commun de 8 milliards d’euros (fonds européen de la défense) ce qui est en soi relativement peu, mais est énorme puisqu’avant 2017 il n’y avait rien, cela étant interdit par les règles institutionnelles.

Le tournant est tel que le Danemark est revenu par la voie du référendum le 1er juin 2022 sur son retrait historique des projets de défense européen.

Par son appel à une « préférence européenne en matière d’armements », Emmanuel Macron se place donc directement comme le porte-parole du complexe militaro-industriel français, car derrière l’industrie de défense européenne, il y a surtout quatre pays que sont la France, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne.

Et dans ce quatuor, la France capte près de 24 % des subventions européennes en matière de recherche et d’innovations militaires, les trois autres pays en recueillant environ 15 % chacun. Les industries françaises sont impliquées dans près de 80 % des projets subventionnés par l’Europe, Dassault étant au centre du projet de drone européen et Thalès (en partie détenu par l’État français) participant à plus de 40 % des projets.

De la même manière que le français Thierry Breton, chargé du très important portefeuille du marché intérieur, de la politique industrielle, du tourisme, du numérique, de l’audiovisuel, de la défense et de l’espace est également directeur général d’Atos international, une entreprise spécialisée dans le digital chargée de la modernisation de l’armée de terre française.

Voilà un parfait exemple de la tendance à la guerre qui s’empare de la base industrielle des pays. Un tel renforcement de l’industrie militaire française signifie que le complexe militaro-industriel va toujours plus devenir central dans le développement économique (et politique), alimentant la tendance au repartage militaire du monde.

Dans ce panorama, la France en tant que grande puissance apparaît comme un acteur central de la tendance à la guerre. Une donnée qui s’avère capitale pour quiconque veut lutter pour la cause pacifiste dans ce pays.

Catégories
Guerre

La France pousse la Grèce à la guerre contre la Turquie

La mer Égée est au cœur de la bataille pour le repartage du monde.

Cela fait des années et des années que la Grèce et la Turquie se toisent du regard, s’invectivent, s’accusent, se provoquent, etc. Et la France est pleinement partie prenante de ces tensions.

En 2020, l’opposition entre la Grèce et la Turquie a pris une nouvelle tournure, au point que le risque de guerre s’est avéré imminent. La France est intervenue militairement au côté de la Grèce, et a dénoncé sans vergogne la Turquie, jetant ainsi de l’huile sur le feu. Puis elle s’est officiellement alliée à la Grèce.

Un nouvel épisode de cette saga guerrière s’est produit mardi 31 mai 2022. En arrière plan, il y a la Turquie qui reproche à la Grèce de sur-armer ses îles proches du territoire continental turc en mer Égée. Le ministre turc des Affaires étrangères a fait une déclaration choc à ce sujet, dans laquelle il dit notamment :

« La Grèce a violé le statut de ces îles et doit les désarmer. Sinon, un débat sur leur souveraineté commencera ».

Autrement dit, la Turquie reproche à la Grèce de ne pas respecter ses engagements historiques et menace de ne plus lui reconnaître ces îles. Rappelons que ce qui intéresse la Turquie ce ne sont pas ces îles en elles-mêmes, mais leurs eaux territoriales adjacentes.

Cela fait que la Turquie pourrait profiter de la situation pour enfin s’approprier des eaux (et leur sous-sol) qu’elle considère comme les siennes depuis des années. Le problème, on l’aura compris, c’est que justement si la Grèce sur-arme les îles en question, c’est précisément parce que de son côté elle considère que sa souveraineté est menacée.

De quelque manière qu’on prenne le problème, ce ne peut être que l’escalade. Il ne manque plus qu’une étincelle pour que le baril de poudre qu’est cette situation, explose. Et la France a clairement pris parti, et assumera s’il le faut un conflit militaire avec la Turquie, ce qu’elle souhaite même en fait, considérant que c’est un adversaire à sa portée.

D’où une prise de position unilatérale pour la Grèce, comme l’a annoncé Emmanuel Macron, dans une série de remarques à la presse sur cette question, lors d’un sommet européen. Il a parlé de la souveraineté territoriale de la Grèce, qu’il faut absolument défendre face à la Turquie.

Alors ce n’est pas nouveau, certes. La France est déjà engagée militairement auprès de la Grèce face à la Turquie, elle a déjà participé à des manœuvres en août 2020 avec trois avions Rafale, la frégate La Fayette et un hélicoptère. Et donc, surtout, la France a un pacte d’intervention avec la Grèce, comme nous l’expliquions ici en octobre 2021.

Mais nous sommes dans une situation de crise. La France, qui est une puissance en perdition, doit être de plus en plus agressive pour continuer à exister sur la scène internationale. Alors elle se pose comme gendarme de la Méditerranée, qu’elle considère comme sorte de prolongement naturel de son passé impérial puis colonial, avec le Liban comme aboutissement.

En pratique cependant, la France n’agit nullement comme un gendarme, elle n’arbitre rien dut tout mais prend clairement part à un conflit. Ce conflit fait partie des grands points d’accroche mondiaux pouvant mener à une nouvelle grande guerre mondiale.

Pour l’instant, la situation est même relativement figée, en raison de la complexité de la formation de grands blocs, nécessaire historiquement à la dégénération en une guerre mondiale. Concrètement, si on prend la question Ukrainienne, on voit tout de suite que cela freine tant la Grèce que la Turquie. Les deux sont dans la même position, au sein de l’OTAN donc tournée vers l’Ukraine en raison de leur soumission à la superpuissance américaine, mais en même temps ils sont chacun naturellement tournés vers la Russie avec la perspective d’exister de manière plus puissante en étant du côté de la Russie.

Tant la Grèce que la Turquie ont une position bien moins tranchante que les autres membre de l’OTAN vis-à-vis de la Russie. La Grèce est accusée d’aider objectivement la Russie à contourner les blocus, via ses ports. La Turquie assume officiellement de bloquer l’élargissement de l’OTAN contre la Russie, en raison du soutien suédois aux forces kurdes indépendantistes.

Cela peut néanmoins changer à tout moment, car personne ne décide de rien. C’est la crise qui décide de tout et précipite la monde. Toutefois, il est clair que la France participe activement à envenimer la situation en mer Égée, poussant objectivement la Turquie dans les bras de la Russie, et tirant la Grèce vers elle pour qu’elle se soumette avec elle entièrement à l’OTAN… avec l’espoir de bousculer la Turquie.

C’est la bataille pour le repartage du monde.

Catégories
Guerre

Taïwan: nouvelle escalade entre la Chine et les États-Unis

C’est une nouvelle provocation américaine.

Jusqu’à présent, les États-Unis ne s’étaient jamais engagés formellement à défendre militairement Taïwan en cas d’initiative de la République populaire de Chine. C’est la doctrine du « Taiwan Relation Act » datant de 1979 : le soutien aux dirigeants de l’île de Taïwan est assumé, ainsi que la fourniture d’armes, mais pas le soutien à l’indépendance de l’île, ni l’engagement militaire formel contre la République populaire de Chine. C’est une position d’équilibriste, pour peser sans pour autant faire de ce bout de terre dans le Pacifique une question menaçant la stabilité américaine.

Tout cela tenait jusqu’à présent, alors que les États-Unis étaient encore marqués par l’hyper-tension de l’époque de la guerre froide avec l’URSS et que, depuis les années 1980, les relations commerciales sino-américaines sont passées au cœur du capitalisme.

Mais le monde a définitivement changé depuis la crise sanitaire de 2020 et la stabilité mondiale, toute relative qu’elle pouvait être, est ébranlée. C’est pour cela qu’à l’automne 2021, le président américain Joe Biden avait déjà franchi une ligne rouge en affirmant que les États-Unis prenait l’engagement de défendre Taïwan. Il était vite recardé par sa propre administration, tellement le sujet est brûlant, dangereux. Le chef du Pentagone avait rappelé qu’il n’était pas question d’intervenir autrement que par la fourniture d’armes.

Joe Biden s’était ensuite corrigé lui-même quelques semaines après en précisant qu’il n’encourageait pas l’indépendance de l’île et qu’il fallait maintenir le statut-quo avec la République populaire de Chine.

Mais l’Histoire avance à grands pas et Joe Biden a finalement remis une pièce dans la machine à provocation le 23 mai 2022. C’est à l’occasion d’une tournée au Japon (le Japon, opposé à la République populaire de Chine, est très proche des dirigeants de l’île de Taïwan) que le président américain a finalement assumé d’envoyer définitivement en l’air 40 ans de jeu d’équilibre sur le sujet.

À la question d’un journaliste sur l’éventuel soutien militaire des États-Unis à Taïwan en cas d’attaque par la République populaire de Chine, il a répondu : « yes ». Ce n’était pas une question au passage, mais il y avait tout un enjeu international et très sérieux à cette discussion depuis Tokyo, alors qu’il était également question de dénoncer des coopérations militaires entre la Russie et la Chine.

Joe Biden a fait le parallèle avec l’Ukraine, assumant totalement la position de gendarme du monde de la superpuissance américaine :

« Cela (l’intégration de Taïwan à la République populaire de Chine) disloquerait toute la région et serait une autre action similaire à ce qui s’est passé en Ukraine. Donc, le fardeau est encore plus fort. »

De fait, l’escalade est assumée, car il était question en plus de cela lors de cette visite d’un accord militaire avec le Japon pour, de manière officielle, surveiller l’activité militaire navale de la République populaire de Chine dans la région.

De son côté le gouvernement chinois de Pékin assume lui-aussi la surenchère. Concrètement, la diplomatie chinoise accuse les États-Unis de pousser les indépendantistes taïwanais à la confrontation (en raison de l’élan que leur procure l’annonce d’un soutien américain) tout en expliquant que le conflit militaire sera assumé s’il le faut. La République populaire de Chine considère que la question de Taïwan relève de sa souveraineté nationale et explique en réponse à Joe Biden qu’elle est fermement décidée à la défendre, l’incitant à « ne pas sous-estimer sa ferme détermination ».

Ce sont clairement les contours d’une guerre mondiale qui se dessinent, avec cette contradiction de plus en plus forte, et surtout assumée, entre les deux blocs que forment la superpuissance américaine et son challenger la superpuissance chinoise.

Tant que le développement chinois profitait surtout aux États-Unis et son hégémonie mondiale, la question de Taïwan était relative, servant simplement de contre-poids. Maintenant que la Chine est devenue une superpuissance assumant la concurrence pour le leadership mondial, la contradiction est explosive et la question de Taïwan devient incontournable.

Catégories
Guerre

L’atlantisme anti-Russie et le nationalisme pro-Russie

Deux tendances au sein de la bourgeoisie française.

Immédiatement après l’annonce officielle de la Finlande et de la Suède de leur volonté d’intégrer l’OTAN, le président français Emmanuel Macron a exprimé son soutien. Surtout, il a tenu à préciser que la France se tiendra à leurs côtés en cas d’agression.

Le communiqué officiel insiste fortement :

«Tout État qui chercherait à tester la solidarité européenne, à travers une menace ou une agression contre leur souveraineté par quelque moyen que ce soit, doit avoir la certitude que la France se tiendra aux côtés de la Finlande et de la Suède»

Au fond, cela n’a pas de sens. Ces deux pays sont déjà ouvertement proches de l’OTAN, donc la donne ne change pas. Et puis c’est la nature même de leur prochaine intégration à l’OTAN que d’engager un soutien militaire obligatoire en cas d’agression. Agression qui est fictive de toute façon. La Russie ne menace aucunement ces deux pays, cela n’a rien à voir avec le cas de l’Ukraine, que la Fédération de Russie considère comme relevant de ses prérogatives, et elle avait annoncé depuis très longtemps ses intentions. Depuis 2014 au moins.

Ce n’est donc pas le fond qui compte, et encore moins la réalité. Ce qui compte, c’est la forme, la propagande atlantiste, pour faire monter la pression contre la Russie et préparer les esprits à l’affrontement. Ici, Emmanuel Macron prend parti de manière belliciste, il joue des gros bras face à la Russie qui joue des gros bras elle aussi. La Finlande et la Suède ne seront bientôt plus que des prétextes à la guerre, et il n’y a personne pour prôner l’apaisement.

Emmanuel Macron se permet tout cela, car il y a un consensus immense en France sur l’allégeance à la superpuissance américaine et son organisme militaire qu’est l’OTAN. Il suffit de regarder les élections législatives 2022 : la question de la guerre n’existe tout simplement pas. Emmanuel Macron peut agir totalement librement, en première ligne pour faire le jeu de l’OTAN, selon les intérêts américains (par définition).

Il y a un problème toutefois, c’est que ce consensus unilatéralement pro-américain ne colle pas ni avec les intérêts, ni avec la vision de toute une partie de la haute bourgeoisie française. C’est, pour faire simple, la haute bourgeoisie française qui est par définition même nationaliste, plutôt d’extrême-droite, qui pense que la France doit maintenir et renforcer son rang de grande puissance du capitalisme de manière autonome, et donc ne pas faire allégeance aux États-Unis.

C’était la ligne du Général de Gaulle, ligne que la Gauche à l’époque dénonçait comme étant nationaliste, relevant pratiquement du fascisme. Ce qui était vrai. Mais qu’est-il advenu de cette expression nationaliste de la haute bourgeoisie française en 2022 ?

L’élection présidentielle a été de ce point de vue très significative. Tant Marine Le Pen qu’Eric Zemmour avec autour de lui Marion Maréchal étaient censés porter cette ligne nationaliste réticente face à l’OTAN. Et dans le contexte de la guerre en Ukraine, cela signifiait dénoncer l’hystérie anti-Russie, relativiser le rôle de la Russie, au moins la mettre dos à dos avec les États-Unis, etc.

Mais personne ne l’a fait. Marine Le Pen en a été incapable, alors qu’elle avait là un boulevard. Eric Zemmour lui s’est révélé quasiment plus atlantiste qu’Emmanuel Macron. Ces gens sont pourtant habituellement naturellement tournés vers Vladimir Poutine et son populisme « non aligné ». Mais la pression atlantiste en France était immense, ils se sont fait écraser.

Il était pourtant facile d’au moins critiquer le régime ukrainien, et surtout ses bataillons nazis. D’ailleurs, nous à Agauche.org l’avons fait souvent, et depuis très longtemps, bien avant l’invasion russe de février 2022, que nous avons annoncé dès avril 2021.

D’où une diffusion par la bande, en mode indirect, de la ligne nationaliste. Il n’y a eu que Sud Radio pour assumer dans certaines émissions cette ligne nationaliste pro-Russe, ou en tous cas pas anti-Russe. Cela n’a pourtant été qu’un bruit de fond pendant des mois, jusqu’à tout récemment, avec le témoignage d’Adrien Bocquet reflétant une offensive idéologique.

Celle-ci était très bien ficelée, avec un ton très naturel pour être bien convainquant. Adrien Bocquet a expliqué à quel point il avait vu des nazis en Ukraine, alors qu’initialement il était juste là pour aider, candide, du moins à ce qu’il dit. Suite à l’émission, beaucoup de gens ont décidé de découvrir qu’il y avait des hordes de nazis en Ukraine, liés au régime en place.

Cela ne doit rien au hasard. Il y a derrière cette « découverte » l’expression de cette partie nationaliste de la bourgeoisie française qui veut reprendre la main, en tous cas gagner des positions, exister à nouveau.

Et pour ceux qui doutaient du caractère politique de l’intervention d’Adrien Bocquet sur Sud Radio, celui-ci a remis ça lundi 16 mai. De manière très lisse et maîtrisée cette fois-ci, sans le ton faussement naïf, en colère, naturel et amateur de la première fois.

Il reprend tous les éléments uns par uns, de manière très professionnelle. C’est extrêmement politique, l’opération politique est indéniable. D’autant plus qu’entre temps, Adrien Bocquet a été invité par la chaîne YouTube (très professionnelle là encore) de Valeurs Actuelles, le média de l’extrême-droite française sur un mode traditionnel.

La Gauche ne doit pas être dupe de ce jeu de l’extrême-droite, tout comme elle doit combattre avec la plus grande fermeté l’Atlantisme et le bellicisme du régime en place, porté par Emmanuel Macron réélu.

Dans la nuit sombre, il faut un phare pour y voir, clair : tel doit être le rôle de la Gauche, pour servir les gens, pour ouvrir la voie. Le monde dans lequel nous vivons est complexe, mais il y a une chose qui est simple et qui doit servir constamment de boussole, c’est la lutte des classes. Ce qui sert la bourgeoisie ne sert par la classe ouvrière, et inversement. Le point de repère en tant qu’objectif doit toujours être le Socialisme !

Catégories
Politique

Emmanuel Macron c’est la guerre avec l’OTAN, Marine Le Pen c’est le nationalisme et la guerre

La situation historique fournit un dilemme terrible.

Faire bloc pour empêcher l’extrême-Droite de parvenir à des postes à responsabilité dans les institutions est un principe fondamental de la Gauche. C’est une leçon tirée du passé, des succès du fascisme italien et du national-socialisme allemand. On a compris depuis qu’il fallait tout faire pour bloquer l’installation de l’extrême-Droite où que ce soit.

Cette ligne est bien entendue réfuter historiquement par l’ultra-gauche (c’est-à-dire les anarchistes et les trotskistes) ; heureusement elle apparaît comme naturelle à toute la Gauche qui n’a pas été contaminée par elle.

L’Histoire n’avançant pas en ligne droite, voici que l’élection présidentielle de 2022 impose toutefois un sacré dilemme. La France est, dans les faits, impliquée dans la guerre en Ukraine. Elle l’est parce qu’elle fournit du matériel, des armes et des conseillers depuis que la guerre est déclenchée ; elle l’est avant même le conflit, parce qu’elle est membre de l’OTAN et que l’OTAN utilise depuis 2014 l’Ukraine comme tête de pont pour démanteler la Russie.

Cela fait que, depuis le 24 février 2022 et l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la France est objectivement en guerre, même si indirectement. Toute autre considération sur ce point est erroné. Or, naturellement, soutenir le président en place n’est alors pas possible, puisque ce serait valider la guerre, voire même la soutenir en accordant une légitimité plus grande à celui qui prend la décision de la faire.

D’où le casse-tête du second tour de la présidentielle. Si l’on regarde à long terme, Marine Le Pen représente le nationalisme et la guerre ; elle contribue à la dépolitisation des masses, à leur insertion dans le nationalisme, dans la mise en place d’un État replié sur lui-même prêt à s’élancer militairement de manière ouverte dans la bataille pour le repartage du monde.

Cependant, si on regarde à court terme, Emmanuel Macron, c’est l’OTAN, c’est la guerre déjà présente, c’est la pression politico-militaire généralisée sur les prolétariats des pays occidentaux déjà étouffés par la société de consommation.

Si on suit le « Ni Macron ni Le Pen » de l’ultra-gauche, alors on laisse Marine Le Pen passer et c’est du suicide. Si on s’engage à contrer Marine Le Pen, on valide de fait Emmanuel Macron et la guerre de l’OTAN.

Et, bien entendu, les situations très différentes impliquent des positionnements nécessaires dans l’immédiat. Dans certains milieux, Marine Le Pen a l’hégémonie et ne pas affirmer l’opposition à l’extrême-Droite serait une capitulation. Inversement, lorsqu’il se pose des discussions sur la nature du capitalisme et son évolution, la question de l’OTAN prend inévitablement le dessus puisque c’est l’expression politico-militaire de l’hégémonie de la superpuissance américaine dans le monde.

La présidentielle de 2022 apparaît ainsi comme une tragédie, avec un dilemme insoluble. Ce qu’on gagne d’un côté, on le perd de l’autre. C’est dire tout de même dans quelle situation on est, où la seule question de fond c’est de savoir quelle fraction de la grande bourgeoisie va l’emporter, la pro-américaine ou celle qui veut naviguer en solitaire.

En ce sens, on peut constater que la possibilité même de la politique est exclue du panorama du second tour de la présidentielle de 2022. On remarquera d’ailleurs qu’il n’y a pas de discussions possibles, ni même de discussions tout court. Les gens s’alignent sur Emmanuel Macron ou Marine Le Pen dans un processus de polarisation apolitique. Car le capitalisme a essoré les gens, effacé la politique, et il ne reste plus que des tendances de fond dans la bourgeoisie déchirée intérieurement par la crise commencée en 2020 avec la pandémie.

Il n’y a véritablement que la bourgeoisie qui a compris l’importance de la pandémie et de la guerre en Ukraine. Le prolétariat perçoit quelque chose, se doute que cela ne tourne pas rond ; la petite-bourgeoisie s’inquiète profondément. On parle pourtant là seulement de sentiments primitifs, d’impressions somme toute très vague.

Ce dilemme du second tour de la présidentielle 2022 apparaît ainsi comme insoluble ; il exprime toute une contradiction historique, celle entre un capitalisme triomphant et des masses totalement atomisées. C’est cela l’aspect principal : la dépolitisation, l’écrasement de la capacité à se tourner vers une utopie, le culte des ego, l’opportunisme carriériste.

Catégories
Guerre

Joe Biden parle de « génocide » pour justifier la guerre à la Russie

Un mot galvaudé désormais qui justifie tout.

L’administration américaine a franchi un nouveau cap mi-avril 2022, par la voix du président Joe Biden qui a lancé l’accusation de « génocide » de la part de la Russie en Ukraine. Selon lui, même si « les avocats au niveau international trancheront sur la qualification de génocide », pour lui cela en est.

Jusqu’à présent, seul le régime nationaliste ukrainien utilisait ce terme, qui est en fait constitutif de son idéologie fasciste anti-russe, et qui n’a rien de nouveau. Il était parlé de « génocide » bien avant l’invasion militaire.

Notons d’ailleurs que la Russie n’est pas en reste sur ce genre de propos. En décembre 2021, Vladimir Poutine expliquait au sujet de l’Ukraine à une réunion du Conseil des droits de l’homme :

« Je dois parler de la russophobie comme d’un premier pas vers un génocide. C’est ce qui se passe en ce moment dans le Donbass, nous le voyons bien, nous le savons. »

Tant les Russes que les Ukrainiens sont dans un récit, servant à mobiliser leur population dans le sens de la guerre, en forçant les traits à partir de réalités. Mais les Américains agissent ici de manière extérieure, avec un propos censé avoir autorité internationalement.

Autrement dit, si le président américain utilise le mot « génocide », en disant qu’il est « de plus en plus clair que Poutine essaie simplement d’effacer l’idée même de pouvoir être Ukrainien », cela devient une accusation très sérieuse, et donc très grave.

C’est tellement brûlant que le président français Emmanuel Macron, en campagne pour sa réélection, a dû prendre de la distance avec une accusation aussi grave et engageante. En pleine élection, il doit prendre des pincettes pour ne pas que cela lui explose à la figure, alors il préfère être « prudent » avec les mots, expliquant au passage, ce qui est tout à fait vrai, que les peuples ukrainiens et russes sont des peuples frères.

Parler de génocide, c’est affirmer qu’il y a une tentative d’extermination d’une population tout entière, y compris les civils désarmés dont les femmes et les enfants, au-delà de tout objectif militaire, économique, politique. C’est, autrement dit, un massacre volontaire et planifié.

Il existe une convention internationale sur le génocide, qui le définit très clairement en insistant notamment sur la notion d’intention, qui est forcément très difficile à établir.

L’ONU explique à ce sujet :

« Pour qu’il y ait génocide, il faut démontrer que les auteurs des actes en question ont eu l’intention de détruire physiquement un groupe national, ethnique, racial ou religieux. La destruction culturelle ne suffit pas, pas plus que la simple intention de disperser un groupe. C’est cette intention spéciale, ou dolus specialis, qui rend le crime de génocide si particulier.

En outre, la jurisprudence associe cette intention à l’existence d’un plan ou d’une politique voulue par un État ou une organisation, même si la définition du génocide en droit international n’inclut pas cet élément. »

Absolument rien ni personne ne permet d’affirmer en avril 2022 que la Russie procède à une telle ignominie en Ukraine actuellement, malgré les nombreuses tentatives faites par le régime ukrainien de présenter clefs en main pour les médias occidentaux des récits de crimes de guerre. La guerre russe en Ukraine est ignoble, par définition. Mais tout autant que la guerre en Syrie, au Yémen, la guerre américaine en Irak, etc.

Il est évident que l’accusation américaine, suivi par le Canada et son premier ministre Justin Trudeau qui a emboîté le pas à Joe Biden, n’est en réalité qu’un prétexte cynique pour faire monter les tensions. L’accusation de génocide est très utile à la propagande anti-Russie et l’opération psychologique pro-guerre de la part des États-Unis.

Mais surtout, l’accusation de génocide est très utile pour justifier a priori les interventions militaires, en cherchant le consentement international. L’ONU prévoit en effet, via son Bureau de la prévention du génocide et de la responsabilité de protéger, une sorte d’autorisation à l’intervention, et ce qui peut en tous cas très bien être un prétexte à l’envoi d’armes lourdes modernes.

L’accusation américaine a lieu justement au moment où l’armée russe est sur le point d’accomplir un objectif militaire majeur avec la prise totale de la ville de Mariupol, le grand port industriel ukrainien. Le ministère de la Défense russe a communiqué le 12 avril 2022 sur la réédition de 1026 marins de la 36e brigade de la marine ukrainienne, qui étaient retranchés dans une zone industrielle, totalement coupés depuis plusieurs semaines du restes de l’armée ukrainienne.

Les États-Unis ne veulent clairement pas de la fin du conflit en Ukraine, et encore moins de victoire russe, même partielle. Alors ils font tout pour pousser le peuple martyr d’Ukraine dans une bataille déséquilibrée et sanglante contre l’armée Russe. De nouvelles livraisons d’armes ont donc été annoncées, marquant de plus en plus ouvertement la participation de l’OTAN à cette guerre.

La campagne américaine au sujet d’un pseudo « génocide » relève de cela. Joe Biden a ainsi présenté mercredi 13 avril une nouvelle aide militaire de 800 millions de dollars, avec des équipements lourds, « de nouvelles capacités », parlant de systèmes d’artillerie, de transports blindés, d’hélicoptères.

Et la France est alignée sur cette escalade militaire. Elle fait partie du problème, pas de la solution, parce qu’elle est une grande puissance participant à la grande bataille du repartage du monde. La France, qui a déjà livré plus de cent millions d’euros d’équipements militaires selon la ministre des Armées, a parlé de « capacités militaires additionnelles » pour bientôt, avec notamment armements et munitions.

On sait qu’à l’arrière-plan, il y a l’affrontement prévu entre la superpuissance américaine, qui dispose de l’hégémonie mondiale, et son challenger chinois. La première vise désormais la seconde directement la seconde sur la question russe. La secrétaire américaine au Trésor a ni plus ni moins que menacé la Chine :

« L’attitude du monde envers la Chine et sa volonté d’embrasser une intégration économique plus poussée pourraient bien être affectées par la réaction de la Chine à notre appel à une action résolue contre la Russie ».

Le but de la superpuissance américaine, c’est d’affaiblir ses alliés européens, pour ne pas qu’ils lui fassent d’ombre, et de soumettre la Chine. Car l’actualité internationale est de plus en plus ouvertement celle d’une grande guerre pour le repartage du monde, avec la constitution de deux blocs distincts et hostiles.

Et tous les moyens sont bons de la part des belligérants pour pousser à des interventions militaires, les justifier ou les faire accepter par la population, les préparant toujours plus aux futurs inévitable conflits.

Catégories
Guerre

L’OTAN passe un nouveau cap dans la propagande anti-russe

La propagande belliciste est acharnée.

Une fresque soviétique, à kramatorsk.

La superpuissance américaine et son appendice militaire qu’est l’OTAN poussent de plus en plus ouvertement à la guerre contre la Russie. Cela est évident depuis plusieurs semaines, mais il faut maintenant parler d’un tournant depuis le vendredi 8 avril 2022.

Il y a eu ces derniers jours un matraquage anti-russe extrême, avec des accusations de génocide ; c’est ni plus ni moins que la propagande du régime nationaliste ukrainien qui est reprise mot pour mot, pour faire monter la tension et préparer l’opinion publique à la guerre. Un nouveau cap a été franchi avec le bombardement de la gare de Kramatorsk.

Il faut s’imaginer ici une scène d’horreur totale, avec la mort de dizaine de civils, dont des enfants, tentant de fuir la guerre, l’intérieur et l’entrée de la gare étant couverts de sang, du mobilier carbonisé, des bagages abandonnés, des débris partout.

Le président américain a immédiatement attribué la responsabilité de ce bombardement à la Russie, accusée d’avoir volontairement visé des civils :

« L’attaque d’une gare ukrainienne est une nouvelle horrible atrocité commise par la Russie, frappant des civils qui tentaient d’évacuer et de se mettre en sécurité ».

Le sous-entendu est toujours le même, c’est que la Russie procéderait à un génocide, visant systématiquement le peuple ukrainien. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a ainsi parlé à propos gare de Kramatorsk d’un « mal sans limite », avec au passage un discours absolument délirant sur l’armée russe qui refuserait le combat militaire par lâcheté :

« Sans la force et le courage de nous affronter sur le champ de bataille, ils détruisent cyniquement la population civile. C’est un mal qui n’a pas de limite. Et s’il n’est pas puni, il ne s’arrêtera jamais ».

On a dans la foulée tout le camp pro-américain qui se rallie à ce discours, sans aucune réserve. Les chefs des gouvernements britannique et allemand ont dénoncé communément la Russie lors d’une conférence de presse, parlant pour l’un de « crimes de la Russie en Ukraine » et pour l’autre de bombardements « épouvantables ».

Le Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Josep Borrell y est également allé sans réserve :

« Je condamne fermement l’attaque aveugle de ce matin contre une gare à Kramatorsk par la Russie, qui a tué des dizaines de personnes et fait de nombreux blessés ».

Mais c’est à la France qu’a été attribué la responsabilité de faire passer un cap aux accusations. En effet, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian est allé extrêmement loin en parlant, sur une chaîne de la télévision publique française, de « crime contre l’humanité ».

« Les autorités ukrainiennes avaient appelé la population à évacuer – notamment par trains – dans la crainte d’une offensive russe pour prendre le contrôle de la région du Donbass. C’est à ce moment-là qu’ils tapent la gare, sur des réfugiés, donc sur des civils, donc ça répond aux crimes contre l’humanité. »

Le « ils » désigne ici ouvertement la Russie, puisque que le ministre avait introduit son propos en expliquant que « la guerre russe se poursuit, avec ses exactions ».

Jean-Yves Le Drian a ensuite parlé de Cour pénale internationale, expliquant (ce qu’Emmanuel Macron a confirmé également), que la France allait envoyer rapidement du personnel militaire en Ukraine pour établir un dossier en ce sens.

C’est ici un point de non-retour qui est franchi, un basculement évident. Comment la Russie peut accepter une telle accusation, la pire des accusations, de la part de la France et du camp américain ? C’est impossible, et ce qui est visé ici est ouvertement la provocation afin de pousser la Russie à la faute et justifier une intervention de l’OTAN.

Il faut ici bien sûr préciser à propos de la gare de Kramatorsk que la Russie a immédiatement démenti, parlant de provocation ukrainienne. Voici ce qu’affirme le ministère russe de la Défense, en précisant que le missile a été tiré depuis Dobropillia :

« Le but de la frappe orchestrée par le régime de Kiev sur la gare ferroviaire de Kramatorsk était d’empêcher le départ de la population de la ville afin de pouvoir l’utiliser comme bouclier humain ».

On peut très bien se dire qu’il n’y a pas plus de raison de croire le régime russe, coupable d’invasion, que le régime nationaliste ukrainien. Mais justement, cela marche dans les deux sens et la France n’a, au sens strict, absolument pas le droit d’accuser unilatéralement la Russie de crime contre l’Humanité pour cette attaque, sans preuve aucune.

Il faut ici beaucoup de sérieux et de hauteur pour bien saisir l’enjeu qu’il y a derrière cette accusation. En effet, l’attaque n’a pas eu lieu dans l’Ouest de l’Ukraine, mais dans le Dombass, une région russophone considérée par la Russie comme relevant de la grande-Russie, avec une population considérée comme devant rejoindre la Russie en étant libéré du joug occidental et nationaliste ukrainien.

Une grande partie du Donbass justement est depuis 2014 séparée de l’Ukraine, et la ville de Kramatorsk était par contre la capitale de la partie du Donbass encore sous-contrôle ukrainien, après des combats acharnés entre les deux camps. Sauf que la ville est justement sur le point de tomber. La population fuit les combats à venir, alors que l’OTAN elle-même explique que la conquête de l’intégralité du Donbass par la Russie est l’actualité de ces prochains jours.

C’est ce qu’a présenté en détail le secrétaire général de l’OTAN mardi 5 avril, en parlant d’une « phase cruciale de la guerre » avec le redéploiement quasi total de l’armée russe à l’Est du pays. Ce que cela sous-entend également, c’est l’écrasement de l’armée ukrainienne, avec une sorte de mâchoire militaire russe se refermant sur elle précisément dans cette région.

Il faut bien voir également que, depuis 2014, l’armée ukrainienne bombarde sans relâche l’autre partie du Donbass, et que la Russie accusait justement celle-ci d’avoir accentué les tirs avant l’invasion de février, et de préparer une opération militaire massive. On en pense ce qu’on veut là encore, mais c’est un élément à prendre en compte dans les accusations.

Comme le fait que l’armée russe explique, de manière très détaillée, comment les militaires ukrainiens (notamment les bataillons de nationalistes fanatiques) se cachent au milieu de la population civile dans la ville (ultra-statégique) de Marioupol, et qu’il faut donc pour l’armée russe procéder à un siège quasiment maison par maison, appartement par appartement.

Jean-Yves Le Drian, qui affirme que la Russie est coupable de crime contre l’Humanité avec l’attaque de la gare Kramatorsk, n’a aucune preuve. Mais surtout, il n’a aucune raison objective à avancer pour expliquer un tel crime de la part de la Russie. A moins de reprendre la propagande délirante et fanatique du régime ukrainien, qui multiplie les mensonges et affirmations délirantes depuis le début de l’invasion.

Quel est l’intérêt pour la Russie de massacrer ainsi une population qu’elle prétend libérer, alors justement qu’elle a plutôt intérêt à ce que la population civile fuit justement massivement pour opérer directement contre l’armée ukrainienne ? De surcroît, de le faire avec un missile de facture assez ancienne, avec écrit dessus « за детей », soit « Pour les enfants » (ou plus exactement « Au nom des enfants »).

Cela est difficilement explicable. On ne peut pas, par principe, écarter l’éventualité d’une frappe russe, mais elle n’est pas plus probable que celle de la provocation nationaliste ukrainienne, ou encore de la possibilité d’un accident de guerre avec un missile ne causant pas les dommages prévus initialement. Mais là n’est pas la question, en vérité, malheureusement.

L’accusation de crime de guerre contre la Russie n’est que le prétexte à une propagande de guerre acharnée. Ce qu’il y a en jeu, c’est ni plus ni moins qu’une vaste opération psychologique, médiatique pour justifier une entrée en guerre contre la Russie. Les dirigeants américains, français, allemands, britanniques, slovènes, polonais, n’en ont rien à faire de la population du Donbass, ils n’en ont rien à faire de l’Ukraine. Leur seule actualité est la bataille pour le repartage du monde, et la place du bloc formé par la superpuissance américaine dans cette bataille, avec la Russie sur leur chemin.

La Russie est dorénavant unilatéralement un ennemi de l’OTAN, il n’y a quasiment plus d’autre issue que la guerre.

C’est le sens de l’arrivée de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen à Boutcha puis à Kiev, pour expliquer que l’Ukraine allait intégrer bientôt l’Union européenne, tandis que la Russie est « menacée de décomposition économique, financière et technologique « .

C’est le sens de l’officialisation vendredi 8 avril 2022 de la fourniture par la Slovaquie de système de défense anti-aérien S-300, immédiatement saluée par Joe Biden qui en échange a fourni des batteries de défense antimissiles américains.

C’est le sens du renforcement de l’aide militaire britannique à l’Ukraine (missiles antichars et antiaériens), justifiée par l’attaque « inconsciente » de la gare de Kramatorsk. C’est le sens de la déclaration, quasiment une déclaration de guerre à la Russie, du président américain :

« Nous poursuivrons notre assistance en matière de sécurité et nos livraisons d’armes pour aider l’Ukraine à défendre son pays. Et, avec nos alliés et partenaires, nous soutiendrons les efforts pour enquêter sur cette attaque tout en documentant les actions de la Russie et en la tenant responsable. »

Dans le même registre belliqueux, Joe Biden a également expliqué dans un communiqué :

« Tandis que les forces russes se repositionnent pour la prochaine phase de cette guerre, j’ai demandé à mon administration de continuer de ne ménager aucun effort pour identifier et fournir à l’armée ukrainienne les armes modernes dont elle a besoin pour défendre son pays ».

La Gauche doit se réveiller, il y a urgence. La question de la troisième guerre mondiale n’est pas une spéculation théorique lointaine, mais une terrible actualité qui se dessine. Il faut dénoncer l’OTAN, l’armée française, il faut combattre les va-t-en-guerre, il faut affirmer haut et fort l’internationalisme prolétarien. Guerre à la guerre, le drapeau rouge levé : tel doit être le mot d’ordre.

Catégories
Guerre

L’Allemagne choisit des avions de chasse américains plutôt que franco-allemands

La tendance à la guerre renforce l’OTAN, et inversement.

Pendant cinq ans, le président Emmanuel Macron a mis sur la table l’idée d’une force armée européenne, et en tous cas de grande coopération et intégration industrielle-militaire en Europe. C’est là une sorte de gaullisme light, voulant garder pour la France un statut de relative grande puissance relativement indépendante, mais via l’Union européenne et son moteur franco-allemand.

Le projet d’armée européenne n’a jamais pris concrètement, puis il a été balayé par la guerre en Ukraine qui a vu le retour au premier plan de l’OTAN, pourtant donnée « en état de mort cérébrale » il y a très peu de temps encore par Emmanuel Macron.

Une nouvelle étape de l’échec de ce « gaullisme light » d’Emmanuel Macron via l’Union européenne vient d’être franchie, avec l’annonce par l’armée allemande de se tourner vers les États-Unis pour l’achat d’avions de guerre de type chasseurs-bombardiers. En l’occurrence, c’est une trentaine de F-35 de Lockheed Martin qui doit être commandée.

C’est un grand chamboulement, car l’Allemagne est censée intégrer depuis 2017 un programme de développement spécifiquement européen, nommé Système de combat aérien du futur ou SCAF. Plusieurs contrats et commandes spécifiques ont été passées auprès Dassault Aviation et Airbus Defence and Space, avec plusieurs millions d’euros de budget déjà engagés, des lettres d’intentions signées entre les ministres allemands et français de la Défense, etc.

Seulement, tout cela est pour dans longtemps, pas avant 2040. Et c’est maintenant que se dessine la tendance à la guerre. Et c’est maintenant que la superpuissance américaine met la pression pour une intégration totale à l’OTAN dans le sens d’un alignement militaire sur sa superpuissance.

Concrètement, l’Allemagne se positionne comme étant dans le sillage immédiat et direct des États-Unis, balayant toute la perspective franco-allemande sur le plan militaire. Voici comment l’agence de presse allemande Deutsche Presse-Agentur résume la chose :

« Les inquiétudes antérieures du gouvernement fédéral selon lesquelles l’achat du F-35 pourrait contrecarrer les projets conjoints avec la France de construire un ‘avion de combat du futur’ européen sont désormais passées au second plan et semblent largement invalidées du point de vue de Berlin ».

La pression américaine est en effet trop forte, et l’Allemagne ne misera pas sur la France. Car qui dit F-35, dit en fait et surtout intégration au programme militaire nucléaire de l’OTAN, c’est-à-dire américain. L’Allemagne dispose, sur la base de Büchel, de bombes nucléaires dite tactiques de type B-61, activables sur décision américaine. Mais pour rester intégrée à ce programme nucléaire, l’Allemagne est obligée d’acquérir les F-35 américains, car plus aucun nouvel appareil européen n’est certifié par les États-Unis pour cela.

L’Allemagne rejoint ainsi le Royaume-Uni, la Belgique, les Pays-Bas et l’Italie, qui ont déjà acheté des F-35. Elle fait un immense pas de côté par rapport au moteur franco-allemand.

La grande bataille pour le repartage du monde est concrètement d’actualité, et ce que cela induit principalement, c’est une tendance au renforcement des deux principaux blocs. L’un américain, l’autre chinois. L’Allemagne renforce son intégration dans le premier, aux dépens d’une relative indépendance avec la France dans le cadre européen.

Catégories
Guerre

Emmanuel Macron : la France n’est pas en guerre contre la Russie, mais…

Le président français prépare les esprits à la guerre.

La machine à propagande est en route, et elle tourne à plein régime. Le président Emmanuel Macron a ainsi fait une adresse aux Français mercredi 2 mars 2022 en posant avec le drapeau ukrainien aux côtés des drapeaux de la France et de l’Union européenne. Ce choix résume à lui seul sa position et la nature profonde de sa démarche.

Emmanuel Macron se présente comme un défenseur de la « liberté » et de la paix, il explique que lui et l’OTAN ont tout fait pour éviter la guerre et qu’il s’emploie désespérément à trouver une solution diplomatique. Pourtant, en pratique, il prend fait et cause unilatéralement pour le régime ukrainien avec le président Volodymir Zelensky à sa tête.

Voici comment le Président a introduit sa prise de parole :

« Françaises, Français, mes chères compatriotes,

Depuis l’attaque brutale lancée par le Président Poutine contre l’Ukraine le 24 février, les forces russes bombardent Kiev, assiègent les villes les plus importantes du pays, des centaines de civils ukrainiens ont d’ores et déjà été tués, des femmes et des enfants ont été tués encore ce jour. Les jours qui viennent seront vraisemblablement de plus en plus durs. »

Ce n’est pas là l’introduction d’un discours cherchant à construire la paix, mais un discours partisan d’un des deux camps durant une guerre, en l’occurrence le camp du régime ukrainien. La vérité est tordue, volontairement extrapolée, pour justifier une position.

En pratique, l’invasion russe de l’Ukraine, aussi odieuse et impérialiste soit-elle, bafouant le droit international et en piétinant l’ONU, n’a rien d’une marche barbare sur le pays comme voudrait le faire croire le président français, en parlant par exemple de « bombardements de Kiev », qu’aucune information, même provenant du régime ukrainien, ne vient corroborer.

L’invasion russe est menée, pour l’instant en tous cas, de manière ultra précise et fine, ciblant par des frappes chirurgicales des bâtiments précis, détruisant ou prenant de manière coordonnée des bases militaires, des aéroports, ainsi que différents points stratégiques, encerclant petit à petit les grandes villes.

Il n’y avait qu’à écouter France info, la chaîne d’information officielle du régime français, pour entendre dans la journée du 2 mars 2022 une journaliste ukrainienne francophone raconter sa journée, expliquant qu’elle a pu se déplacer librement dans la ville et faire ses courses, trouvant la plupart des produits recherchés, sauf la litière pour ses chats.

Mais ce genre de réalité n’intéresse pas Emmanuel Macron, qui a besoin au contraire de galvaniser un sentiment anti-russe et d’en rajouter. Ce qui compte, c’est d’orienter la population française vers la démarche atlantiste, celle de l’OTAN, des États-Unis et du bloc qu’ils forment, sur lequel la France est censée s’aligner.

La défense du régime ukrainien est indispensable pour cette démarche, car ce régime a été mis en place en 2014 de manière directement favorable au bloc américain pour remplacer un régime favorable à la puissance russe concurrente.

Le régime ukrainien et surtout sont président ont donc été couverts de louanges.

« Et en votre nom, j’adresse au Président Volodymir Zelensky le soutien fraternel de la France. Il est aujourd’hui, à la tête de son peuple si courageux, le visage de l’honneur, de la liberté, de la bravoure. »

En vérité, Volodymir Zelensky est surtout le visage d’un régime ultra-nationaliste, violemment anti-russe et résolument anti-Gauche (tout ce qui a un rapport de près ou de très loin avec l’URSS est interdit), laissant les fascistes faire ce qu’ils veulent, notamment organiser des milices armées, alors qu’ils sont d’ailleurs un élément officiel de l’armée (par l’intermédiaire du bataillon Azov, formant le noyau dur de l’armée d’ailleurs à Marioupol, la dernière clef du Donbass).

Concrètement, Volodymir Zelensky n’est pas un libéral-démocrate comme Emmanuel Macron, mais un populiste d’extrême-droite richissime, débarqué en politique avec un parti… reprenant le nom de la série télévisée dont il était le principal acteur. Mais cela plaît au Président français, du moment que c’est aligné sur les intérêts du bloc américain, quitte à nier l’idéologie nationaliste du régime ukrainien et la carte libre donné aux fascistes. La réalité n’intéresse pas Emmanuel Macron, pour qui seuls comptent les intérêts capitalistes.

« Cette guerre est encore moins, comme une propagande insoutenable voudrait le faire penser, une lutte contre le « nazisme ». C’est un mensonge. Une insulte à l’Histoire de la Russie et de l’Ukraine, à la mémoire de nos aînés qui ont combattu côte à côte contre le nazisme. Les dirigeants russes s’en prennent à la mémoire de la Shoah en Ukraine. Comme ils s’en prennent en Russie à la mémoire des crises du stalinisme.

Cette guerre est le fruit d’un esprit de revanche, nourri d’une lecture révisionniste de l’Histoire de l’Europe, qui voudrait la renvoyer aux heures les plus sombres des Empires, des invasions, des exterminations. »

De tels propos sont extrêmement partisans et on notera d’ailleurs que le régime ukrainien a affirmé de manière mensongère que le mémorial de Babi Yar, un haut lieu de la destruction des Juifs d’Europe, avait été détruit par les Russes. Cela avait été notamment un prétexte pour Volodymir Zelensky pour affirmer que la Russie détruisait la mémoire de l’Ukraine (ce qui est vrai en partie par ailleurs, mais Volodymir Zelensky a en tête une Ukraine mythique). On remarquera également que la mort des treize défenseurs ukrainiens de « l’île des Serpents » après avoir envoyé « se faire foutre » le navire de guerre russe était également de l’intox : les soldats ukrainiens se sont en fait rendus.

Tout cela ne doit pas étonner, de part et d’autre, car c’est la guerre et donc les opérations psychologiques sont systématiques, parallèlement à la mobilisation générale. Si Emmanuel Macron tient à préciser que « nous ne sommes pas pour autant en guerre contre la Russie », il prend dans les faits ouvertement et unilatéralement partie pour un camp contre l’autre, tout en agissant au moyen de sanctions économiques et politique comme un cobelligérant.

La neutralité n’existe jamais en politique, et encore moins en ce qui concerne les relations internationales. Emmanuel Macron n’est que le représentant d’un camp contre un autre, dans une escalade menant inévitablement à de grandes tensions guerrières.

Les quinze minutes d’allocutions du président Emmanuel Macron ont surtout comme rôle de préparer les esprits à la guerre et à l’escalade guerrière qui s’annonce. Il s’agit de galvaniser, d’entraîner le peuple derrière les intérêts et la vision du monde de la bourgeoisie française, d’annihiler toute contestation du régime.

Voici la transcription de la fin du discours d’Emmanuel Macron, qui apparaîtra dans quelques années comme un moment marquant, un jalon important dans la préparation à la guerre. La France prétend ne pas être en guerre contre la Russie, mais en pratique elle est farouchement hostile à la Russie, et elle fait tout pour aller vers cette guerre, elle est déjà dans cette guerre.

« Les équilibres de notre continent comme plusieurs aspects de notre quotidien sont d’ores et déjà bouleversés par cette guerre et connaîtront des changements profonds dans les mois qui viennent. 

Notre Europe en sera bousculée. J’aurai l’occasion d’y revenir (…).

Notre agriculture, notre industrie, nombre de secteurs économiques souffrent et vont souffrir, soit parce qu’ils dépendent des importations de matières premières venues de Russie ou d’Ukraine, soit parce qu’ils exportent vers ce pays. Notre croissance, aujourd’hui au plus haut, sera immanquablement affectée. 

Le renchérissement du prix du pétrole, du gaz et des matières premières a et aura des conséquences sur notre pouvoir d’achat : demain le prix du plein d’essence, le montant de la facture de chauffage, le coût de certains produits risquent de s’alourdir encore. 

Alors face à ces conséquences économiques et sociales, je n’ai et n’aurai qu’une boussole : vous protéger. 

Nous épaulerons les secteurs économiques les plus exposés en recherchant de nouveaux fournisseurs, de nouveaux débouchés commerciaux.  Et c’est à cette fin que je me suis entretenu avec des homologues américains, européens, moyen-orientaux.

Nous apporterons des réponses adaptées face aux perturbations des flux commerciaux et à l’augmentation des prix. Et j’ai demandé au Premier ministre d’élaborer, pour les prochains jours, un plan de résilience économique et social pour répondre à toutes ces difficultés. 

Mais ne nous trompons pas. Ces événements n’auront pas seulement des conséquences immédiates, à la trame de quelques semaines. Ils sont le signal d’un changement d’époque.
La guerre en Europe n’appartient plus à nos livres d’histoire ou de livres d’école, elle est là, sous nos yeux. La démocratie n’est plus considérée comme un régime incontestable, elle est remise en cause, sous nos yeux. 

Notre liberté, celle de nos enfants n’est plus un acquis. Elle est plus que jamais un système de courage, un combat de chaque instant.

A ce retour brutal du tragique dans l’Histoire, nous nous devons de répondre par des décisions historiques.

Notre pays amplifiera donc l’investissement dans sa défense décidé dès 2017 et poursuivra sa stratégie d’indépendance et d’investissement dans son économie, sa recherche, son innovation, déjà renforcée à la lumière de la pandémie.

Notre Europe, dans cette épreuve, démontre, comme elle l’a fait ces derniers mois, une unité remarquable. Elle doit désormais accepter de payer le prix de la paix, de la liberté, de la démocratie. Elle doit investir davantage pour moins dépendre des autres continents et pouvoir décider pour elle-même. En d’autres termes : devenir une puissance, plus indépendante, plus souveraine.

Puissance économique d’abord. Nous ne pouvons plus dépendre des autres pour nous nourrir, nous soigner, nous informer, nous financer. Voilà pourquoi, dans le prolongement des décisions prises au plus fort de la pandémie avec le plan de relance européen, nous devrons promouvoir un nouveau modèle économique fondé sur l’indépendance et le progrès. 

Puissance énergétique, ensuite. Nous ne pouvons plus dépendre des autres et notamment du gaz russe pour nous déplacer, nous chauffer, faire fonctionner nos usines. Voilà pourquoi, après avoir décidé pour la France, le développement des énergies renouvelables et la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, je défendrai une stratégie d’indépendance énergétique européenne.  

Puissance de paix, enfin. Nous ne pouvons pas dépendre des autres pour nous défendre que ce soit sur terre, sur mer, sous la mer, dans les airs, dans l’espace ou le cyberespace. A cet égard, notre défense européenne doit franchir une nouvelle étape. 

Je réunirai les 10 et 11 mars prochains à Versailles les chefs d’Etat et de gouvernement, européens, lors d’un sommet qui aura à décider sur ces sujets. 
D’ores et déjà, notre Europe a montré unité et détermination. Elle est entrée dans une nouvelle ère. Il nous faut poursuivre.

Mes chers compatriotes,

La guerre en Ukraine marque une rupture pour notre continent et nos générations.

Je sais combien elle vous inquiète, légitimement. Elle nous mobilise et nous imposera de prendre des décisions. Je vous en rendrai compte.

Cette guerre vient aussi percuter notre vie démocratique et la campagne électorale qui s’ouvre officiellement à la fin de cette semaine. 

Cette campagne permettra un débat démocratique important pour la Nation mais qui ne nous empêchera pas de nous réunir sur l’essentiel. 

Je sais pouvoir compter sur vous, votre attachement à la liberté, à l’égalité, à la fraternité, à la place de la France dans le monde. 
   
Je ne cesserai jamais de les défendre et de les porter haut, en votre nom.

Vive la République.

Vive la France. »

La France entre de plein-pied dans la tendance à la guerre à l’échelle mondiale, elle est une partie du problème, certainement pas de la solution.

Catégories
Guerre

Eric Zemmour, c’est le candidat du parti de la guerre!

Eric Zemmour, c’est la guerre, avec une orientation favorable à la Russie !

L’été dernier, en juin 2021, Eric Zemmour le polémiste se désolait de la faiblesse de l’armée française en moquant une « armée d’échantillon ». Il affirmait :

« On a de tout pour tout. On peut faire une guerre à tout le monde… pour une journée, après il n’y a plus rien. Après il n’y a pas assez de munitions, d’hélicoptère, de sous-marins, etc. »

Maintenant qu’il est candidat, la question de l’armée est pour lui primordiale. Car il est le candidat de la haute bourgeoisie voulant faire basculer la France dans un militarisme généralisé pour se lancer dans la bataille pour le repartage du monde.

Il ne s’agirait plus d’accompagner l’ordre dominant ayant la superpuissance américaine comme force hégémonique, mais de vouloir tirer son épingle du jeu dans des combats impériaux pour le redécoupage du monde selon les intérêts des uns et des autres. C’est pour cela qu’Eric Zemmour propose de sortir de l’OTAN et se tourner vers la Russie.

Eric Zemmour explique pour cette raison qu’il mettra le paquet sur les militaires qui doivent voir leur solde augmenter de 20 % dès 2023, avec une amélioration des conditions de logement et d’hébergement, de pensions d’invalidité, etc. Cela s’associe à leur valorisation systématisée, pour ce qu’il appelle « l’immense reconnaissance de la nation » aux soldats, c’est-à-dire en vérité une mobilisation générale du camp de la guerre.

Samedi 19 février, Eric Zemmour tenait ainsi un meeting important au pied du Mont-saint-Michel, qu’il a choisi comme symbole nationaliste, mais aussi militaire, Saint-Michel étant présenté comme « ange supérieur et ange militaire » pour justifier un nationalisme offensif appelant à mener un « combat spirituel » pour défendre « âme », « identité », « indépendance ». Sa perspective est donc la « puissance » de l’armée française pour affirmer le pays dans le monde et contre le monde :

« Toute ma vie, je combattrai cette vision de la France vassale, de la France valet, de la France marionnette »

Concrètement Eric Zemmour entend donc augmenter de près de 30 milliards d’euros le budget de la Défense d’ici à 2030, avec au programme 3,6 milliards d’augmentation par an d’ici là. Le budget devant atteindre le montant de 70 milliards d’euros annuel pour financer :

  • une armée de terre de 100 000 hommes en 2027,
  • 300 avions de chasse en 2040,
  • un 2e porte-avion,
  • 20 frégates et 8 sous-marins nucléaires d’attaque.

Tout cela étant considéré par lui comme n’étant « pas un luxe mais un minimum vital », car il défend l’option d’une France puissante militairement par elle-même,

Dans sa conférence de presse du 17 février concernant le sujet de la « défense nationale », il a évoqué son orientation pro-Russie de la manière suivante :

« Tout en construisant de nouvelles alliances avec les pays qui partagent notre vision du monde et des menaces. »

Au sujet de l’Ukraine, il a visé « l’instrumentalisation américaine de la situation », en expliquant que pour sa part il veut :

« une relation normalisée et apaisée avec la Russie, sans complaisance ni provocation inutile. Pour moi les choses sont claires : l’extension de l’OTAN aux portes de la Russie n’a aucune justification pour la sécurité de l’Europe et j’y suis résolument hostile. Les Russes ne sont ni nos alliés ni nos ennemis »

Eric Zemmour est le candidat du parti de la guerre ! Il a pris la place de Marin Le Pen comme vecteur des exigences de la haute bourgeoisie, de la fraction la plus agressive de la bourgeoisie française ! Il représente l’aspect principal de la tendance à la guerre en France !

Catégories
Guerre

«La France doit participer à la première réunion du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires»

Voici une pétition lancée le 21 janvier 2022 par l’ICAN France, le relais national de la Campagne Internationale pour Abolir les Armes Nucléaires (ICAN). C’est une requête de grande importance, surtout en raison de la crise et de la tendance à la guerre. Il n’est pas normal que cette pétition atteigne à peine les 2000 signatures, malgré l’importance du sujet, malgré la reconnaissance internationale de l’organisme la portant, malgré le soutien affiché de nombreuses structures (Greenpeace, EELV, PCF, Réseau sortir du nucléaire, etc.) Un tel déni en dis long sur la situation en France, sur le fait que personne ne croit concrètement en la guerre, ni en la dangerosité du fait que l’armée française (ainsi que n’importe quelle autre armée) ait la bombe atomique…

« La France doit participer à la première réunion du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires

Monsieur le Président de la République,

Le 7 février 2020, vous avez déclaré que la France « prendra ses responsabilités, en particulier en matière de désarmement nucléaire, comme elle l’a toujours fait ». Or, le 22 janvier 2021 est entré en vigueur le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN). Cette nouvelle norme juridique internationale a été adoptée le 7 juillet 2017 par une majorité des États, à l’Assemblée générale des Nations Unies, mais sans la participation de notre pays. Pourtant ce traité est une avancée pour assurer notre sécurité collective, pour protéger notre environnement des conséquences humanitaires catastrophiques de toute utilisation d’armes nucléaires et pour faire progresser le désarmement nucléaire.

Du 22 au 24 mars 2022, l’ONU va accueillir à Vienne la première réunion des États Parties au traité avec notamment des partenaires européens comme l’Allemagne, l’Autriche, la Finlande, l’Irlande, Malte, la Norvège, la Suisse, la Suède… ; certains prenant part à ce processus en qualité d’observateur. L’avis positif des Françaises et des Français pour ce traité s’est manifesté à différentes reprises entre une majorité (67 %, en 2018) qui souhaite que la France s’engage dans la ratification de ce traité ou encore par la multiplication du nombre de parlementaires et de villes (Paris, Lyon, Saint-Étienne, Grigny, etc.) qui soutiennent le TIAN.

La Campagne ICAN France, conduite par de très nombreuses organisations, vous demande, Monsieur le Président, de ne pas isoler notre pays d’un processus multilatéral porté par l’ONU, en acceptant de faire participer notre État, en qualité d’observateur, à la première réunion des États Parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.

Aidez-nous à atteindre les 3000 premières signatures« 

Pour signer la pétition, il faut > se rendre à cette page <

On y trouvera également un argumentaire avec 7 raisons principales justifiant cette demande.

Catégories
Guerre

Brest : mobilisation contre la militarisation de l’Union européenne

Une initiative anti-guerre.

Le Comité Régional CGT de Bretagne, en lien avec le Mouvement de la Paix et d’autres associations et collectifs, appelle à un rassemblement à Brest dimanche 9 décembre contre la guerre et la tendance à la guerre. Un meeting est prévu le matin puis une manifestation l’après-midi, alors que 54 ministres européens liés à leurs armées respectives doivent tenir sommet dans la ville la semaine suivante.

Voici le communiqué, qui porte une grande charge démocratique et pacifiste, avec des arguments concrets et précis contre la guerre, la tendance à la guerre, la militarisation de l’Union européenne et son alignement sur l’OTAN. L’initiative a d’autant plus de valeur qu’elle a lieu à Brest, deuxième port militaire français et ville martyre de la seconde guerre mondiale, victime de 165 bombardements entre 1940 et 1944 (le poème évoqué dans le communiqué de la CGT est « Barbara » de Jacques Prévert et parle justement de cette destruction).

20220104-Communique-CRB-cgt-bretagne

Catégories
Guerre

2022 : non à l’OTAN, non à la guerre

Il faut combattre le capitalisme menant à la guerre.

L’année 2022 s’annonce déjà comme extrêmement difficile pour l’humanité comme d’ailleurs pour tous les êtres vivants de la planète. Le capitalisme continue en effet son expansion, faisant la conquête des mentalités, des sentiments, prenant le contrôle de la vie quotidienne, et défigurant ou détruisant la planète afin de trouver des ressources pour provoquer une avalanche de marchandises à consommer.

Comme si cela ne suffisait pas, la pandémie a provoqué de tels troubles que la fuite en avant dans la guerre est visible partout, avec notamment deux points chauds formant la base d’une catastrophe à venir. Le premier, secondaire mais essentiel pour nous puisque en Europe, c’est l’Ukraine qui est déchirée par la bataille pour l’hégémonie de la superpuissance américaine et de la Russie. Comme la France est notre pays, c’est la participation française qu’il faut dénoncer avant tout, la France étant un pilier de l’OTAN et de l’Union européenne, deux entités se chevauchant désormais et visant la conquête définitive de l’Est européen.

Le second, principal, c’est la zone indo-pacifique, avec Taiwan comme objet de la confrontation entre la superpuissance américaine et son challenger chinois. L’affrontement entre ces deux puissances est inéluctable et de fait, il a déjà lieu, dans tous les domaines. Le capitalisme est partout, ainsi la concurrence est partout à petite échelle, la compétition est partout à grande échelle.

La question ukrainienne montre déjà une chose : en France toutes les forces politiques ont décidé de croire que le capitalisme est stable, de considérer que la guerre était impossible sauf pour un très lointain ailleurs, d’admettre que tout ce qui peut se passer ne peut avoir lieu qu’au sein d’un capitalisme pacifique, stable, où l’on peut trouver individuellement sa place d’une manière ou d’une autre.

Cela est faux et 2022 va le prouver en accentuant la crise et surtout, inévitablement, en en faisant ressortir des aspects emportant tout sur son passage. D’ailleurs, le variant Omicron est déjà un phénomène nouveau, un aspect de plus d’une crise rendant les gens amers, maussades, tétanisés, épuisés sur le plan psychique. Les gens sont à bout, et ils se tournent d’autant plus vers une intimité qu’ils remplissent à coups de réseaux sociaux et de séries, se gorgeant d’une ivresse consumériste anéantissant leurs facultés.

Une rupture est inévitable, car rien de cela ne peut humainement tenir. 2022 va donc marquer une double expression : celle des gens qui craquent, celle des gens qui décident de rompre. Et qu’on ne pense pas ici à quelque chose qui ressemble aux gilets jaunes, car ceux-là n’ont jamais été que des nostalgiques du capitalisme passé, pavant la voie à Eric Zemmour et son idéalisation du passé.

Non, on ne sait pas encore quelle forme prendra ce craquage et cette rupture, qui s’entrecroiseront tout en restant bien distinct. Comme il n’y a rien d’organisé, que le niveau de conscience est à zéro, l’Histoire va elle-même provoquer le saut nécessaire et c’est cela qu’il s’agira de saisir, d’orienter, de diriger.

Rien de cela ne sera possible sans avoir comme base la dénonciation de la guerre, le combat contre l’OTAN, car si on accepte le bras armé du capitalisme le plus avancé, alors on accepte le capitalisme d’une manière ou d’une autre. C’est d’autant plus vrai que la tendance à la guerre est de plus en plus prononcée, la bataille pour le repartage du monde étant à l’ordre du jour.

2022 doit être une année d’engagement, de prise de décision, de choix subjectif de ne plus tolérer l’intolérable, de ne plus accepter ce qui n’est pas acceptable, de rompre avec les tendances libérales dans les mentalités, la politique, l’économie, la culture.

Il en va de l’établissement d’une nouvelle civilisation. C’est Socialisme ou barbarie !

Catégories
Guerre

2022 : la France prend la tête de la force de réaction rapide de l’OTAN

La France est alignée sur la superpuissance américaine.

La France n’est pas une simple alliée des États-Unis. Elle est pleinement actrice du dispositif militaire américain, au moyen de l’OTAN. Cela signifie des engagements très concrets et, pour l’année 2022 l’armée française s’apprête à remplir un rôle majeur au sein de cette alliance militaire. À partir du samedi 1er janvier, elle prend en effet pour un an la tête d’une force majeure de l’OTAN, nommée « Force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation (VJTF) ».

Celle-ci est présentée par le communiqué officiel comme étant la force (le dispositif militaire) ayant le plus haut niveau de disponibilité opérationnelle. Il s’agit d’une force « disponible en permanence et capable de se déployer en quelques jours afin de défendre tout pays de l’Alliance ».

Voici le détail quant à sa composition :

« En 2022, la VJTF se composera d’une force multinationale de plusieurs milliers de soldats. S’appuyant sur le 1er régiment d’infanterie et le 3e régiment de hussards, la Brigade franco-allemande, forte de 3 500 soldats, constituera le noyau de cette force. Dirigée par le Corps de réaction rapide – France, basé à Lille, la Brigade franco-allemande est une unité binationale, qui témoigne du lien solide unissant les deux membres de l’Alliance que sont l’Allemagne et la France.

D’autres pays de l’OTAN, dont l’Espagne, le Portugal et la Pologne, fourniront également des forces. La majorité des unités de la VJTF proviennent de la brigade principale. »

On a donc, en toute opacité, sans aucune information démocratique à ce sujet, des milliers de soldats français (et un commandement militaire français) « placés en état de haute disponibilité opérationnelle » et prêts à être déployés en un rien de temps. Autrement dit, en cas de conflit militaire majeur concernant l’OTAN, la France sera immédiatement en première ligne.

Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a d’ailleurs bien insisté sur cet aspect, montrant l’engagement total de la France dans l’alliance militaire américaine :

« La Force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation contribue de manière substantielle à notre défense collective, et le leadership qu’assure la France est une démonstration forte de son engagement et de ses capacités.

Dans une période où les défis de sécurité sont sans précédent, il ne saurait y avoir aucun malentendu sur la détermination de l’OTAN : nous sommes unis pour défendre et protéger l’ensemble des Alliés ».

Cela est très clair, particulièrement dans le contexte actuel avec l’Ukraine prise en tenaille entre la Russie et les États-Unis, formant une véritable poudrière menaçant d’exploser à tout moment. L’existence même de cette force d’intervention rapide est de toutes manières directement liées à la question ukrainienne, puisqu’elle a vu le jour en 2014 lors du sommet de l’OTAN dit Newport où la question du Dombass était une question principale à l’ordre du jour.

Le communiqué officiel de l’OTAN pour annoncer la direction de la France évoque également directement la question ukrainienne, qui est pour ainsi dire la préoccupation majeure du moment pour les États-Unis, et donc pour l’OTAN. Il est donc expliqué dans le communiqué que cette force a été créée « en réponse aux crises survenues au Moyen-Orient et à l’agression perpétrée par la Russie contre l’Ukraine. »

Voilà qui est très clair. En prenant la tête de cette force pendant un an, la France se retrouve donc pieds et poings liés à la superpuissance américaine, précipitée de manière entière dans la grande bataille pour le repartage du monde. Et potentiellement sur la question ukrainienne, alors que la France vient d’ailleurs de réaliser un court exercice avec la marine ukrainienne, mais sans le dire officiellement de son côté (l’armée ukrainienne elle l’a fait).

Tout en multipliant les allusions bellicistes et pro-américaines.

La France est au premier rang dans le militarisme mondial et est aligné sur la superpuissance américaine pour la bataille pour le repartage du monde. C’est la tendance à la guerre qu’amène inévitablement le capitalisme.

Catégories
Guerre

Signature du plan stratégique d’interopérabilité pour vingt ans des marines de guerre française et américaine

C’est une alliance stratégique pour la guerre.

C’est une information passée tout simplement entièrement inaperçue et qui montre à quel point il y a une convergence générale de la société française avec la tendance à la guerre. La Marine nationale signe un accord stratégique avec la Marine de guerre américaine, valable pour vingt années, et tout le monde s’en moque ! C’est littéralement hallucinant, mais cela reflète le niveau complet de corruption par le capitalisme dans notre pays.

En quoi consiste l’accord franco-américain, annoncé le 20 décembre 2021, alors qu’il a été signé le 17 ? Voici la présentation officielle.

Le 17 décembre 2021, le vice-amiral Christophe Lucas, autorité de coordination des relations internationales de la Marine, et le Vice Admiral Merz, son homologue américain, ont signé le Plan stratégique d’interopérabilité –  ou Strategic Interoperability Framework (SIF) – au nom des Chefs d’état-major de la Marine et de l’US Navy.

Ce plan, fruit d’un travail initié il y a deux ans, fixe des objectifs précis destinés à améliorer continuellement, pendant les 20 prochaines années, l’interopérabilité entre les deux marines et comporte notamment un effort ciblé sur le haut du spectre opérationnel : maîtrise des espaces océaniques et projection de puissance. Il facilite les contacts entre les états-majors et prévoit l’établissement du cadre autorisant l’échange d’informations et de données classifiées.

Ce corpus marque donc une avancée très significative et l’aboutissement d’une volonté commune de renforcer la coopération entre les deux marines, en dépit des mers agitées que les deux pays ont récemment traversées.

Par « haut du spectre opérationnel : maîtrise des espaces océaniques et projection de puissance », il faut bien entendu entendre actions militaires d’envergures. Et on notera donc que des « données classifiées » seront échangées, c’est-à-dire que c’est une alliance des marines de guerre française et américaine pour vingt ans !

Et cela, donc, sans débat, sans informations à ce sujet ; c’est une décision militaire du plus haut niveau, décidé au plus haut niveau, non pas masqué mais passé sous silence, alors que de par l’importance cela pourrait aussi bien prendre la Une de tous les journaux !

Le vice-amiral Christophe Lucas, autorité de coordination des relations internationales de la Marine, et le Vice Admiral Merz, son homologue américain

La marine de guerre de la superpuissance américaine résume le plan stratégique d’interopérabilité à une démarche « plug-and-fight ». De par la situation, cela signifie un alignement complet de la marine de guerre française sur la superpuissance américaine qui part en guerre contre son challenger chinois, et qui compte « régler » son compte à la Russie auparavant.

Cette signature se fait donc malgré le gigantesque scandale de l’affaire des sous-marins australiens marqué par le rappel des ambassadeurs français d’Australie et des États-Unis, et alors que la France vient de participer à participe à l’exercice militaire aéromaritime haute intensité Polaris 21. Cela montre une certaine satellisation de la France, qui accepte de manière naturelle d’être emportée dans l’élan belliciste américain, tout simplement parce qu’il correspond à son propre élan militariste.

Le capitalisme cherche la guerre comme porte de sortie. Et l’alliance des marines de guerre française et américaine est tout à fait clair à ce niveau. Les Français n’en savent rien et même ils s’en moquent, mais ils sont déjà embarqués dans une initiative typiquement impérialiste, comme à la veille de 1914.

La France ne sera pas un îlot coupé du monde et protégé par on ne sait quel miracle ; elle sera en première ligne et elle l’est même déjà !

Catégories
Guerre

L’Union Européenne prend une position anti-Russie encore plus forte que la superpuissance américaine

Et cela parce qu’elle agit en fait pour celle-ci.

Le parlement européen a voté, par 548 voix pour, 69 contre et 54 abstentions, une résolution condamnant la Russie. Le même jour, l’OTAN dénonçait pareillement la Russie.

Il ne s’agit pas simplement d’une condamnation par le parlement européen pour le cas d’une éventuelle invasion de l’Ukraine par la Russie, mais d’une condamnation préalable. Il est d’ailleurs exigé de l’Allemagne que ne soit pas mis en place le gazoduc Nord Stream 2 dont la construction vient de se terminer. L’Allemagne, qui a un nouveau gouvernement dont les Verts sont totalement pro-américains, a déjà dit que dans le meilleur des cas l’ouverture ne se ferait pas avant six mois.

Et les mesures en cas d’intervention russe en Ukraine vont encore plus loin que celles préconisées par la superpuissance américaine. En clair, en cas d’intervention russe, il y aura le gel des avoirs russes en Europe, l’interdiction de voyager pour les Russes et l’exclusion de la Russie du système de paiement SWIFT. Ce dernier point a déjà été considéré par la Russie comme une « déclaration de guerre », au point que même les Etats-Unis n’ont pas osé faire une menace ouverte sur ce plan. Car couper la Russie du système bancaire international, c’est forcément une rupture complète.

On notera naturellement la phrase « selon des rapports des services de renseignement américain » qui veut tout dire. Le parlement européen s’aligne sur la superpuissance américaine pour précipiter la Russie dans la banqueroute. L’OTAN est même la grande référence du document, reflétant la nouvelle « fusion » OTAN – Union Européenne. C’est bien entendu inacceptable pour la Russie. La situation est inextricable. La crise du capitalisme provoqué par le Covid-19 précipite l’affrontement pour le repartage du monde.

Situation à la frontière ukrainienne et dans les territoires de l’Ukraine occupés par la Russie

PE702.805

Résolution du Parlement européen du 16 décembre 2021 sur la situation à la frontière ukrainienne et dans les territoires de l’Ukraine occupés par la Russie (2021/3010(RSP))

Le Parlement européen,

– vu ses résolutions et rapports précédents sur l’Ukraine et la Russie,

– vu la charte des Nations unies, la convention des Nations unies sur le droit de la mer, la déclaration universelle des droits de l’homme, le pacte international relatif aux droits civils et politiques et la convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales du Conseil de l’Europe,

– vu l’Acte final d’Helsinki du 1er août 1975 et ses documents ultérieurs,

– vu la charte de Paris pour une nouvelle Europe du 19 au 21 novembre 1990,

– vu le mémorandum de Minsk du 19 septembre 2014 et l’ensemble de mesures en vue de l’application des accords de Minsk adoptées et signées à Minsk le 12 février 2015 et approuvées dans leur ensemble par la résolution 2202(2015) du Conseil de sécurité des Nations unies du 17 février 2015,

– vu l’accord d’association entre l’Union européenne et ses États membres, d’une part, et l’Ukraine, d’autre part, en particulier son titre II sur le dialogue politique et la convergence dans le domaine de la politique étrangère et de sécurité [JO L 161 du 29.5.2014, p. 3.],

– vu le premier dialogue UE-Ukraine sur la cybersécurité qui s’est tenu le 3 juin 2021,

– vu la charte de partenariat stratégique États-Unis–Ukraine signée le 10 novembre 2021 par le secrétaire d’État américain Antony Blinken et le ministre ukrainien des affaires étrangères Dmytro Kuleba,

– vu la déclaration du haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, à la suite du Conseil «Affaires étrangères» du 13 décembre 2021, selon laquelle toute agression contre l’Ukraine aura des conséquences politiques et aura un coût économique élevé pour la Russie,

– vu la déclaration du Secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, à la suite de la réunion des ministres des affaires étrangères de l’OTAN du 30 novembre 2021,

– vu la déclaration des ministres des affaires étrangères du G7 du 12 décembre 2021 sur la Russie et l’Ukraine,

– vu la déclaration conjointe du 12 octobre 2021 publiée par Volodymyr Zelensky, président ukrainien, Charles Michel, président du Conseil européen, et Ursula von der Leyen, présidente de la Commission, à l’issue du 23e sommet UE-Ukraine,

– vu la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies du 9 décembre 2021 intitulée «Problème de la militarisation de la République autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol (Ukraine), ainsi que de certaines parties de la mer Noire et de la mer d’Azov»,

– vu le mémorandum de Budapest concernant les garanties de sécurité du 5 décembre 1994,

– vu la politique de l’Union européenne en réponse à la crise en Ukraine, y compris les mesures restrictives en vigueur depuis 2014,

– vu l’article 132, paragraphes 2 et 4, de son règlement intérieur,

A. considérant que conformément à la charte de l’ONU et aux principes du droit international, les États «s’abstiennent, dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à l’emploi de la force […] contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout État»;

B. considérant que, dans le contexte d’une crise à la frontière entre l’Union européenne et le Belarus, la Fédération de Russie n’a cessé d’accroître sa présence militaire le long des frontières de l’Ukraine, où elle compte actuellement quelque 100 000 hommes, et dans les régions ukrainiennes de Donetsk et de Louhansk, actuellement occupées par des forces soutenues par la Russie, et qu’elle a considérablement accru l’ampleur de ses activités militaires en Crimée occupée, ainsi que dans le bassin de la mer Noire; que ce déploiement militaire a été confirmé par des images récentes de satellites commerciaux; que l’on estime que ce récent déploiement est de plus grande ampleur que le précédent déploiement militaire du printemps de cette année;

C. considérant que, selon des rapports des services de renseignement américains, la Russie pourrait déployer jusqu’à 175 000 soldats d’ici le début de 2022; que ces actions offensives peuvent être interprétées soit comme la préparation d’une agression militaire, soit comme une menace de recourir à la force contre l’Ukraine voisine dans le but de s’ingérer dans la souveraineté et l’indépendance politique de cette dernière, ce qui va à l’encontre des obligations internationales incombant à la Fédération de Russie; qu’Alexandre Loukachenko a annoncé qu’il soutiendrait totalement la Russie dans une éventuelle action militaire contre l’Ukraine;

D. considérant que les récents mouvements de troupes russes près de la frontière ukrainienne se sont accompagnés d’une ingérence accrue et d’une intensification de campagnes de désinformation menées par des agents et des médias russes dans l’Union européenne, en Ukraine et en Russie même; que ces tactiques hybrides intègrent la diffusion de contenus de plus en plus désobligeants à l’égard de l’OTAN et de l’Ukraine, des tentatives visant à attribuer à l’Ukraine et à l’OTAN la responsabilité d’une éventuelle future escalade militaire russe, ainsi que la propagation de fausses informations y compris par le président Poutine et l’ancien président Medvedev en personnes;

E. considérant que plus de six ans se sont écoulés depuis l’adoption des accords de Minsk et plus de sept ans depuis l’annexion illégale de la péninsule de Crimée par la Fédération de Russie et le début de la guerre menée par la Russie en Ukraine; que plus de 14 000 personnes ont perdu la vie au cours de ce conflit, toujours en cours; que ce conflit s’est soldé par le déplacement de plus de 2 millions de personnes à l’intérieur du pays; que les moyens de subsistance de la population des territoires contrôlés et annexés par la Russie en Ukraine et dans les régions environnantes restent durement touchés; que la Russie étant partie au conflit, elle ne peut pas se présenter comme médiateur;

F. considérant que la mise en place du dispositif d’application des accords de Minsk de février 2015 a essuyé de lourds revers, notamment en raison des mesures unilatérales prises par la Fédération de Russie en contradiction avec les engagements qu’elle a pris au titre de ces accords;

G. considérant que, depuis 2014, des rapports font état de la présence d’employés du groupe Wagner, une société militaire privée russe, aux côtés de séparatistes pro-russes dans l’est de l’Ukraine, dont le nombre, qui était initialement d’environ 250, est passé à 2 500 aujourd’hui.

H. considérant que le dernier rapport de la mission d’observation des droits de l’homme des Nations unies en Ukraine, publié le 1er décembre 2021, fait état d’une escalade des hostilités dans la zone de conflit du Donbass, d’une augmentation du nombre de victimes civiles du côté ukrainien et des dégâts aux infrastructures; que le rapport indique également que les tribunaux des républiques autoproclamées du Donbass continuent de condamner des civils pour des crimes liés au conflit, sans procès équitable;

I. considérant que les territoires de l’Ukraine occupés par la Russie dans les régions de Donetsk et de Louhansk comptent plus de 160 prisons illégales où plus de 3 000 personnes sont illégalement emprisonnées et font l’objet de tortures et de traitements inhumains depuis le début du conflit;

J. considérant que la Russie continue de violer le cessez-le-feu dans le Donbass en ayant lancé 2 346 attaques contre les positions ukrainiennes, provoquant la mort de 65 soldats ukrainiens et blessant 261 d’entre eux, dont 29 militaires des forces armées ukrainiennes tués par des francs-tireurs entre le 27 juillet 2020 et le 2 décembre 2021;

K. considérant qu’en avril 2021, le ministère russe de la défense a unilatéralement fermé les eaux autour du détroit de Kertch aux navires non commerciaux d’autres pays, entravant ainsi le libre passage des navires à destination et en provenance de la mer d’Azov; que ces restrictions sont toujours en place, alors que la Russie avait annoncé qu’elle les lèverait en octobre 2021; que ces obstacles ont des conséquences négatives pour les ports ukrainiens de la mer d’Azov et pour le transit maritime international en mer Noire;

L. considérant que le 15 novembre 2021, le président russe Vladimir Poutine a signé un décret relatif à des mesures commerciales simplifiées qui autorisent l’accès des marchandises à destination et en provenance des zones de l’Ukraine temporairement non contrôlées par le gouvernement, à savoir Donetsk et Louhansk;

M. considérant que la charte de partenariat stratégique États-Unis–Ukraine du 10 novembre 2021 dispose que les États-Unis et l’Ukraine ont l’intention de poursuivre une série de mesures de fond visant à prévenir toute agression extérieure directe et hybride contre l’Ukraine et de tenir la Russie responsable de cette agression et de ces violations du droit international;

N. considérant que, le 1er décembre 2021, le président Poutine a exigé de l’OTAN des garanties juridiquement contraignantes attestant qu’elle ne mènerait pas de nouveaux élargissements à l’Est; que le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, se référant à l’adhésion potentielle de l’Ukraine à l’OTAN, a déclaré le 30 novembre 2021, après la réunion des ministres des affaires étrangères de l’OTAN, que la Russie n’avait «pas de véto, ni de droit d’ingérence dans ce processus»;

1. soutient l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues; réaffirme son soutien résolu à la non-reconnaissance par l’Union de l’annexion illégale de la République autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol; condamne l’implication directe et indirecte de la Russie dans le conflit armé dans l’est de l’Ukraine, ainsi que les violations persistantes des droits de l’homme commises dans ces territoires et en Crimée, qui a été annexée;

2. condamne le large déploiement militaire actuel de la Russie le long de la frontière avec l’Ukraine et rejette toute justification russe à cet égard; rappelle qu’il s’agit du deuxième déploiement de ce type cette année; souligne que ce déploiement militaire s’est accompagné d’une augmentation spectaculaire de la rhétorique belliciste de la part de la Russie;

3. demande instamment à la Fédération de Russie de retirer immédiatement et intégralement ses forces militaires, de ne plus menacer l’intégrité territoriale de l’Ukraine, qui a un effet déstabilisateur pour l’ensemble de la région et au-delà, de lever toutes les mesures qui exacerbent le conflit et d’apaiser les tensions conformément aux obligations internationales de la Russie; souligne la nécessité de trouver une solution politique pacifique au conflit;

4. souligne que le déploiement militaire russe constitue également une menace pour la paix, la stabilité et la sécurité dans toute l’Europe et invite la Russie à respecter ses obligations internationales, notamment les principes et les engagements de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe en matière de transparence des mouvements militaires, y compris le document de Vienne; exhorte en outre la Russie à respecter l’obligation qui lui incombe en vertu de la convention des Nations unies sur le droit de la mer et de garantir la liberté de navigation et de transit par le détroit international de Kertch vers les ports de la mer d’Azov;

5. se dit extrêmement préoccupé par la poursuite de la militarisation de la mer d’Azov, de la mer Noire et de la région de la mer Baltique, et en particulier par la militarisation du district de Kaliningrad et de la Crimée illégalement occupée, ainsi que par le développement de capacités de déni d’accès et d’interdiction de zone (A2/AD) par la Fédération de Russie, qui implique le recours à de nouveaux systèmes antiaériens S-400, et par la concentration sans précédent de forces conventionnelles ainsi que par les préparatifs d’un éventuel déploiement d’armes nucléaires;

6. exprime sa solidarité avec la population ukrainienne, qui a beaucoup souffert depuis 2014 à cause de la guerre, à laquelle s’ajoute une grave crise économique, et qui vit désormais sous la menace d’une offensive militaire à grande échelle qui met en péril la vie de tous les habitants;

7. réaffirme qu’un dialogue de sécurité de l’Union avec l’Ukraine doit faire preuve d’ambition et contribuer à une appréciation convergente des enjeux de sécurité sur le terrain; souligne que les pays amis devraient renforcer leur soutien militaire à l’Ukraine ainsi que la fourniture d’armes défensives, une démarche conforme à l’article 51 de la charte des Nations unies, qui autorise la légitime défense, individuelle ou collective; se félicite de la décision prise le 2 décembre 2021 par le Conseil de l’Union européenne d’octroyer à l’Ukraine une enveloppe de 31 millions d’euros au titre de la facilité européenne pour la paix (FEP) afin de contribuer au renforcement de la résilience et des capacités de défense; fait observer que l’éventuelle future participation de l’Ukraine aux projets de la coopération structurée permanente (CSP) permettrait d’améliorer considérablement les capacités de défense nationale de l’Ukraine conformément aux bonnes pratiques et aux normes de l’Union européenne, comme le prévoit l’accord d’association;

8. souligne que les déploiements militaires russes récurrents à la frontière ukrainienne sont un outil permettant d’arracher des concessions politiques à l’Occident aux frais de l’Ukraine; souligne que le choix d’alliances par un pays ne doit pas être soumis à l’approbation d’un pays tiers et rejette dès lors toute tentative de la Russie d’inclure certains pays dans sa «sphère d’influence» et, partant, de façonner leur avenir; rappelle que les actions de compromis ou d’apaisement de la part de l’Occident seraient perçues comme une faiblesse par la Russie et ne feraient que l’encourager à renforcer encore son attitude agressive;

9. souligne que les déploiements militaires russes s’inscrivent également dans le cadre d’une stratégie plus large qui englobe la guerre hybride menée par la Russie à l’encontre de l’Union européenne et de ses partenaires de même sensibilité, en provoquant le chaos et la confusion dans son voisinage, à ses frontières et au sein de l’Union européenne; réaffirme que la Russie combine divers types de menaces, comme les menaces militaires, numériques, énergétiques ou la désinformation, en tirant parti du système ouvert de l’Union pour l’affaiblir; estime que l’Union doit avoir conscience de ses propres vulnérabilités et de celles de ses partenaires du voisinage, et qu’elle doit renforcer sa résilience afin de pouvoir lutter efficacement contre toute attaque hybride et améliorer la coopération avec ses partenaires, en particulier en ce qui concerne la désinformation, ainsi que renforcer les capacités de résolution pacifique des conflits, en accordant une attention particulière à la situation des femmes et des groupes vulnérables dans les zones de conflit;

10. souligne que l’Union européenne doit être prête à envoyer à la Fédération de Russie un avertissement très ferme sur le fait que les hostilités militaires seront non seulement inacceptables, mais qu’elles auront en outre un prix économique et politique élevé; se félicite que l’Union européenne ait récemment exprimé son soutien déterminé à une action internationale coordonnée contre une éventuelle agression militaire de la Fédération de Russie contre l’Ukraine;

11. demande instamment au vice-président de la Commission et haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité de veiller à ce que le Conseil reste informé des actions militaires menées par la Fédération de Russie et reste prêt à convenir rapidement d’une nouvelle action commune, en particulier l’adoption de sanctions économiques et financières sévères en étroite coordination avec les États-Unis, l’OTAN et d’autres partenaires, afin de faire face aux menaces immédiates et crédibles que représente la Russie, plutôt que d’attendre une nouvelle invasion pour agir; souligne la nécessité pour l’Union et ses partenaires d’adopter une approche unifiée en matière de dissuasion; affirme que toute mesure doit être prise en coordination avec l’Ukraine;

12. souligne que le nouveau train de sanctions devrait viser le corps des officiers et les officiers généraux russes impliqués dans la planification d’une éventuelle invasion, ainsi que l’entourage immédiat et les oligarques dans l’orbite du président russe et leurs familles; exige que ces sanctions comprennent le gel des actifs financiers et physiques dans l’Union, l’interdiction de voyager et l’exclusion de la Russie du système de paiement SWIFT, excluant ainsi les entreprises russes du marché financier international et interdisant l’achat de dette souveraine russe sur les marchés primaire et secondaire, et qu’elles ciblent des secteurs importants de l’économie russe et perturbent le financement des services de renseignement et de l’armée;

13. souligne qu’en cas d’attaque russe contre l’Ukraine, la première action que l’Union devra prendre immédiatement sera d’annuler toutes les possibilités de voyage et de retirer l’exemption de visa pour les détenteurs de passeports diplomatiques russes, à l’exception des diplomates accrédités;

14. demande instamment que l’Union prenne d’urgence des mesures crédibles pour réduire sa dépendance vis-à-vis des importations d’énergie en provenance de Russie et demande à l’Union de faire preuve d’une plus grande solidarité énergétique avec l’Ukraine, conformément à l’accord d’association, en renforçant les interconnexions entre les infrastructures énergétiques; demande donc instamment aux institutions de l’Union européenne et à tous les États membres de veiller à ce que le gazoduc Nord Stream 2 ne soit pas mis en service, qu’il réponde ou non, à un moment donné, aux dispositions de la directive européenne sur le gaz [Directive 2009/73/CE du Parlement européen et du Conseil du 13 juillet 2009 concernant des règles communes pour le marché intérieur du gaz naturel et abrogeant la directive 2003/55/CE (JO L 211 du 14.8.2009, p. 94).]; rappelle qu’il est fondamentalement préoccupé, depuis longtemps, par les risques politiques, économiques et sécuritaires liés au projet Nord Stream 2; souligne la nécessité de mettre un terme à la construction de centrales nucléaires controversées construites par Rosatom soit interrompue;

15. souligne que les États membres doivent veiller à ne plus être une terre d’accueil pour les fonds et les investissements russes dont l’origine n’est pas claire, et ce notamment en établissant un mécanisme mondial de sanctions contre la corruption, et en mettant en œuvre et en appliquant de manière cohérente les directives existantes en matière de lutte contre le blanchiment d’argent; invite la Commission et le Conseil à redoubler d’efforts pour freiner les investissements stratégiques du Kremlin au sein de l’Union déployés à des fins de subversion, pour saper les processus et institutions démocratiques et propager la corruption, et pour renforcer la transparence, notamment en ce qui concerne les fonds déposés ou dépensés dans l’Union par l’élite russe;

16. souligne l’importance de prendre des mesures fermes pour dissuader la Russie de contourner les sanctions de l’Union en vigueur; estime que l’Union devrait, à cette fin, réexaminer et adapter ses dispositions réglementaires applicables pour combler leurs multiples lacunes, ce qui permettrait de rendre les sanctions plus efficaces et de faire payer à la Russie un prix véritablement plus élevé pour ses agissements hostiles;

17. invite le Conseil européen à examiner et à évaluer de manière approfondie, lors de sa réunion du 16 décembre 2021, toute réaction possible aux menaces que la Fédération de Russie fait peser sur la sécurité européenne et à poursuivre ses discussions antérieures sur une stratégie globale de l’Union à l’égard de la Russie; invite l’Union européenne et ses partenaires européens à discuter de plans à long terme pour la sécurité européenne, en vue de réponses communes aux menaces militaires qui pèseront sur le continent à l’avenir; se déclare préoccupé par la détérioration continue des principaux piliers de l’architecture internationale de sécurité et de contrôle des armements, qui ont fait l’objet de manipulations et de violations répétées de la part de la Russie; invite le Conseil et la Commission à considérer, à cet égard, que la Russie constitue une menace majeure pour le continent européen dans le cadre de la Boussole stratégique, comme l’indique d’ailleurs le rapport du groupe de réflexion de l’OTAN;

18. demande à la Fédération de Russie de ne plus prendre de mesures unilatérales qui vont à l’encontre des engagements souscrits dans le cadre des accords de Minsk et empêchent leur application à terme, aggravent le conflit dans l’est de l’Ukraine et suscitent des doutes au niveau international sur la volonté politique et la capacité de la Fédération de Russie à honorer ses engagements;

19. prie instamment la Russie et les séparatistes soutenus par la Russie d’adhérer à l’accord de cessez-le-feu; invite la Russie à participer de manière constructive au format Normandie et au groupe de contact trilatéral et à respecter ses obligations internationales, en particulier celles des accords de Minsk et de la convention des Nations unies sur le droit de la mer; demande la libération immédiate de tous les citoyens ukrainiens détenus et emprisonnés illégalement; encourage le Conseil à élargir également la portée de ses sanctions afin qu’elles englobent la «passeportisation», l’organisation d’élections illégales en Crimée et la décision de faire participer des résidents des zones non contrôlées par le gouvernement des régions ukrainiennes de Donetsk et de Louhansk aux élections législatives de septembre 2021, et à alourdir la facture que la Russie doit payer pour avoir bloqué la mise en œuvre des accords de Minsk et les négociations lors du sommet au format Normandie; invite la Cour pénale internationale à enquêter sur les crimes commis par la Russie et ses représentants dans la péninsule de Crimée et dans l’est de l’Ukraine; souligne le rôle que la Cour internationale de justice et les affaires relevant de la compétence universelle peuvent jouer à cet égard; estime que les dirigeants politiques et militaires des autorités de fait des soi-disant Républiques populaires de Louhansk et de Donetsk devraient être sanctionnés dans le cadre du régime mondial de sanctions de l’Union européenne en matière de droits de l’homme;

20. souligne que la mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine est cruciale et qu’elle doit pouvoir poursuivre ses travaux sans aucune restriction au-delà de mars 2022, lorsque son mandat actuel devrait s’achever; condamne fermement les actions menées par la Russie pour empêcher la mission spéciale d’observation de l’OSCE de remplir son rôle en brouillant les véhicules aériens autonomes de la mission et en bloquant l’accès des observateurs aux territoires occupés; regrette que la Russie ait décidé de fermer la mission d’observation de l’OSCE aux points de passage russes de Goukovo et de Donetsk;

21. soutient fermement les efforts déployés par l’Ukraine pour traduire en justice les mercenaires russes qui ont commis des crimes de guerre et invite instamment l’Union et ses États membres à renforcer leur coopération à cette fin;

22. réaffirme son soutien à l’enquête internationale sur les circonstances de la destruction tragique du vol MH17 de Malaysia Airlines, qui pourrait constituer un crime de guerre, et demande à nouveau que les responsables soient traduits en justice;

23. condamne la signature par le président Poutine du décret relatif à des mesures commerciales simplifiées qui autorise des mesures d’accès en vue d’accroître l’accès des biens en direction et en provenance des zones temporairement hors contrôle du gouvernement dans les régions ukrainiennes de Donetsk et de Louhansk, et demande à la Russie d’abroger ce décret; souligne que de telles mesures unilatérales violent la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, y compris en ce qui concerne le contrôle douanier, et risquent d’aggraver les tensions, de prolonger le statu quo et d’entraver le futur processus de réintégration;

24. salue la mise en place de la plateforme internationale pour la Crimée et de ses activités; estime qu’il importe de maintenir le sujet de l’annexion illégale de la péninsule de Crimée en tête des priorités internationales; se félicite que l’Union soutienne fortement cette initiative et l’invite à contribuer davantage à développer son modèle de consultation et de coordination; déplore que les organisations internationales et les défenseurs des droits de l’homme se voient toujours refuser l’entrée en Crimée;

25. demande au peuple russe de ne pas croire à la propagande officielle omniprésente qui décrit l’Occident comme l’ennemi du peuple russe et de l’État russe; rappelle que la démocratie et la liberté ne constituent une menace que pour les élites russes corrompues et non pour la population; souhaite ardemment engager un dialogue et nouer des relations futures avec une Russie démocratique; rappelle que la politique agressive du «Kremlin avant tout» menée à l’extérieur et à l’intérieur du pays opprime le peuple russe;

26. soutient les actions menées par les autorités ukrainiennes en vue de réformer le pays conformément aux dispositions de l’accord d’association et de la zone de libre-échange approfondi et complet; demande aux institutions de l’Union de ménager à l’Ukraine des perspectives crédibles à long terme pour son adhésion à l’Union européenne, conformément à l’article 49 du traité sur l’Union européenne, comme pour tout État européen; souligne que ces actions sont indispensables pour renforcer la résilience de l’Ukraine et lutter plus efficacement contre les agressions actuelles et futures de la Russie;

27. charge son Président de transmettre la présente résolution au vice-président de la Commission et haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, au Conseil, à la Commission, aux gouvernements et aux parlements des États membres, au Conseil de l’Europe, à l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, au président, au gouvernement et au Parlement d’Ukraine, ainsi qu’au président, au gouvernement et au Parlement de la Fédération de Russie.

On un gigantesque bloc politico-militaire, dont la France est une composante, pour démolir la Russie, la précipiter dans la banqueroute. Celle-ci compte maintenir sa position et même son expansionnisme. Ces contradictions capitalistes précipitent la guerre.

Catégories
Guerre

L’OTAN ferme entièrement la porte à la Russie

Le but est la banqueroute de la Russie.

L’OTAN a adopté le 16 décembre 2021 une ligne dure vis-à-vis de la Russie, dans le prolongement de son élargissement suivant l’effondrement du bloc dépendant de la superpuissance soviétique. Si l’Ukraine et la Géorgie rejoignent l’OTAN, et si l’on prend compte que la Suède et surtout la Finlande est déjà liée à l’OTAN (elle vient d’acheter des avions de guerre américains F-35), alors on peut dire que la Russie ne pourra que s’effondrer face à la pression. C’est l’objectif très clair de la superpuissance américaine.

Source wikipédia

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky était d’ailleurs à la réunion de l’OTAN, dont le dirigeant Jens Stoltenberg a expliqué que l’Ukraine rejoindrait bien l’OTAN lorsqu’elle serait au niveau, que la Russie n’a rien à dire.

La déclaration de l’OTAN est donc sans ambiguïtés : la Russie doit capituler.

Déclaration du Conseil de l’Atlantique nord concernant la situation en Ukraine et alentour

Nous sommes gravement préoccupés par le renforcement substantiel, en l’absence de provocation et sans justification, du dispositif militaire russe aux frontières de l’Ukraine au cours des tout derniers mois, et nous rejetons les allégations mensongères de la Russie selon lesquelles l’Ukraine et l’OTAN se livreraient à des provocations.

Nous appelons la Russie à amorcer immédiatement une désescalade, à rechercher des solutions diplomatiques et à respecter ses engagements internationaux pour ce qui est de la transparence des activités militaires.

Nous étudions de près les incidences de la situation actuelle sur la sécurité de l’Alliance. Nous répondrons toujours avec détermination à toute détérioration de notre environnement de sécurité, notamment en renforçant notre posture de défense collective comme il convient.

L’OTAN prendra toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et la défense de tous les pays de l’Alliance.

Toute nouvelle agression contre l’Ukraine aurait des conséquences massives, et le prix à payer serait élevé. L’OTAN continuera de travailler en coordination étroite avec les parties concernées et avec d’autres organisations internationales, dont l’UE.

Nous réitérons notre soutien à l’intégrité territoriale et à la souveraineté de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues, et nous appelons la Russie à retirer ses forces du territoire ukrainien, conformément à ses obligations et engagements internationaux.

Nous sommes attachés au droit de tous les pays de décider de leur avenir et de leur politique étrangère sans ingérence extérieure. La relation entre l’OTAN et l’Ukraine ne regarde que l’Ukraine et les 30 pays de l’Alliance. Nous rejetons fermement toute tentative visant à remettre en cause l’indivisibilité de la sécurité des Alliés.  

Nous sommes prêts à avoir un dialogue substantiel avec la Russie. Nous lui demandons à nouveau, comme nous le faisons depuis longtemps, la tenue d’une réunion du Conseil OTAN-Russie, et ce dans un avenir proche. Nous sommes au fait des propositions que la Russie a présentées récemment au sujet de la sécurité européenne.

Il est clair que tout dialogue avec la Russie doit reposer sur la réciprocité, aborder les préoccupations de l’OTAN concernant les actions de ce pays, être fondé sur les principes fondamentaux et les documents qui forment le socle de la sécurité européenne, et se dérouler en consultation avec les partenaires européens de l’OTAN.

Nous sommes prêts, si la Russie œuvre concrètement à la réduction des tensions, à travailler au renforcement des mesures de confiance. L’OSCE est aussi une enceinte pertinente dans ce contexte. 

L’OTAN est une alliance défensive et elle continuera d’œuvrer en faveur de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans l’ensemble de la zone euro-atlantique. Nous faisons front ensemble pour défendre et protéger tous les Alliés.

Et, le même jour, le parlement européen a prévu des mesures anti-Russie allant encore plus loin que celles exigées par la superpuissance américaine, agissant en fait à son service, s’alignant sur ses intérêts. La Russie doit s’effacer devant l’OTAN et son régime s’effondrer : c’est la but de l’OTAN, la nation ukrainienne étant pris en otage pour ce combat, son existence même étant en jeu dans cet affrontement entre la superpuissance américaine et l’expansionnisme russe.