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Ukraine : la guerre est devenue l’actualité d’un occident à la conquête de l’Est

C’est un marqueur historique terrifiant.

Le 16 décembre 2021, Le Figaro titre donc sa Une en disant que « l’Europe redoute une attaque de la Russie » contre l’Ukraine. C’est là mensonger, de la propagande belliciste, et c’est d’autant plus facile à dire que sur agauche.org cela est expliqué en long, en large et en travers depuis avril 2021.

N’est-ce pas là contradictoire? C’est effectivement contradictoire. Car si la Russie veut depuis avril 2021 faire en sorte que l’Ukraine s’effondre, quitte à l’envahir pour cela… l’aspect principal de la période actuelle, c’est que l’OTAN veut la guerre, afin de faire en sorte que la Russie s’effondre.

C’est l’OTAN, avec à sa tête la superpuissance américaine entièrement épaulée par le Royaume-Uni qui veut désormais la guerre, encore plus que la Russie, qui la veut aussi. Et l’OTAN a le soutien franc et massif, belliciste, de la Lituanie, de l’Estonie et de la Pologne… Alors que traînent les pieds l’Allemagne, la France et l’Italie.

D’où une propagande ininterrompue depuis peu dans les médias occidentaux, qui culminent désormais dans une affirmation ouverte, publique, visant à « éduquer » les gens, à façonner l’opinion publique. Le Figaro explique même qu’il y aurait 170 000 soldats russes aux frontières, ce qui est faux, même en l’attribuant aux services secrets américains qui disent qu’il pourrait d’ici début janvier y avoir 170 000 soldats russes, pas qu’ils sont déjà là.

Cette propagande est déjà massive depuis plusieurs semaines aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Elle est désormais à l’échelle de l’Union Européenne. Partout, c’est le même mot d’ordre : il faut affronter le monstre russe!

Cela correspond à une montée en puissance dans les volontés « géopolitiques » de conquête à l’Est dans l’Europe. Cette carte proposée par l’Union Européenne en témoigne. Elle reflète le « partenariat oriental », qui tenait un sommet le 15 décembre 2021.

La note en bas de la carte indique que l’Union Européenne soutient ouvertement les opposants au régime, appelant à son renversement

L’Ukraine est ici un jouet pour faire de la Russie ni plus ni moins qu’une semi-colonie, ce que sont les pays de l’Est en général, car il ne faut se faire aucune illusion à ce sujet. Le capitalisme local peut être plus ou moins développé, plus ou moins corrompu-bureaucratique d’ailleurs (avec des oligarques), il n’en reste pas moins que ce sont le entreprises occidentales qui disposent d’une complète hégémonie. C’est d’autant plus vrai que les pays de l’Est ont souvent été fragmentés pour les fragiliser : qu’on pense à la destruction de la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie.

Les gens des pays occidentaux le savent bien, mais ils tolèrent les mensonges à ce sujet, parce qu’ils en profitent. Les usines à l’Est… la prostitution à l’Est… le tourisme peu onéreux à l’Est… l’Est de l’Europe est exploitée de manière ignoble, d’où d’ailleurs une horrible situation politique là-bas, avec des régimes totalement opposés à tout ce qui relève de la Gauche historique (le plus souvent interdite par ailleurs) et une opposition activiste ouvertement fasciste. Les pays de l’Est, c’est une combinaison de colonialisme occidental, de libéralisme avec très peu de social, d’ultra-nationalisme agressif.

Il suffit de voir les stéréotypes quant à l’Est de l’Europe en France. Les hommes de l’Est sont présentés comme de simples demeurés lourdauds et inquiétants, les femmes de l’Est comme des opportunistes vénales prêtes jusqu’à rejoindre la pornographie. C’est donc avec d’autant plus de facilité que l’Ukraine est utilisée politiquement et militairement pour affronter la Russie.

Le régime de Vladimir Poutine est évidemment inacceptable et ouvertement expansionniste. Cependant, la Russie est une question russe et ce n’est pas un capitalisme faisant la conquête de l’Est que cela résoudra quoi que ce soit au fond. L’Ukraine est ainsi prise au piège, sa population devient choisir entre Charybde au visage de l’OTAN et Scylla au visage de la Russie. C’est un cauchemar historique que vit cette nation.

Et ce qu’on vit est, en ce sens, de par le rapport historique entre la Russie et l’Ukraine, une réédition de la séparation de la Tchécoslovaquie et de la Yougoslavie, mais dans un contexte de crise internationale du capitalisme, avec une haine instrumentalisée à tous les niveaux afin de la faire s’exprimer avec acharnement.

Le capitalisme génère ici des haines nationales, afin de diviser pour régner. Le refus catégorique de la guerre correspond au drapeau rouge, au principe de l’internationalisme : prolétaires de tous les pays, nations et peuples opprimés, unissez-vous!

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Le G7 prolonge l’OTAN dans l’offensive anti-Russie

L’objectif est de briser la Russie.

Si la Russie continue ses mouvements de troupe, il en va de même pour l’Ukraine qui place toujours plus d’armements offensifs dans la zone de conflit, une chose normalement non permise de par le cessez-le-feu en vigueur. Obusiers automoteur, chars de combat, mortiers automatiques, canons antichars, systèmes d’armes de missiles antichars… Tout cela est listé par les observateurs de l’OSCE, mais absolument aucun média n’en parle, tous se focalisant sur une propagande ininterrompue contre la Russie.

Il faut également à cela des missiles anti-chars FGM-148 Javelin fournis par la superpuissance américaine, sur lequel l’Ukraine a décidé un embargo médiatique. Il y a également un avion de reconnaissance RC-135W Rivet Joint américain passant dans la région, au lieu des traditionnels drones, et la France a pareillement envoyé un avion de reconnaissance. Tout est fait pour permettre l’offensive ukrainienne.

C’est en ce sens qu’il faut comprendre le message des ministres des affaires étrangères du G7 le 12 décembre 2021 :

« Nous, ministres des Affaires étrangères de la France, de l’Allemagne, du Canada, des États-Unis, de l’Italie, du Japon et du Royaume-Uni, ainsi que le Haut représentant de l’Union Européenne, sommes unis dans notre condamnation du renforcement de la présence militaire et du discours agressif de la Russie à l’encontre de l’Ukraine.

Nous appelons la Russie à la désescalade, à la recherche de solutions diplomatiques, et au respect de ses engagements internationaux de transparence sur ses activités militaires comme le Président Biden l’a fait dans son appel avec le Président Poutine le 7 décembre.

Nous reconfirmons notre soutien aux efforts de la France et de l’Allemagne au sein du format Normandie pour atteindre la pleine mise en œuvre des Accords de Minsk afin de résoudre le conflit dans l’Est de l’Ukraine.

Tout recours à la force pour modifier les frontières est strictement interdit par le droit international.

La Russie ne devrait avoir aucun doute que toute nouvelle agression militaire contre l’Ukraine aurait des conséquences massives et un coût sévère en réponse.

Nous réaffirmons notre soutien sans faille à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine, ainsi qu’au droit de tout Etat souverain à déterminer son propre avenir. Nous saluons l’attitude de retenue de l’Ukraine.

Nous intensifierons notre coopération en vue d’une réponse commune et globale. »

Il faut en effet bien voir que ce n’est pas que l’invasion de l’Ukraine qui est ici condamnée, mais bien toute intervention russe en général. En clair, si l’Ukraine tente de reprendre le contrôle des « républiques » séparatistes en lançant une offensive militaire, toute réaction russe sera considérée comme une agression militaire contre l’Ukraine.

Ou, plus exactement comme le dit le document, une « nouvelle agression militaire », car il est considéré que les « républiques séparatistes » sont directement une manipulation russe, à quoi s’ajoute bien attendu l’annexion de la Crimée. L’Ukraine ne parle d’ailleurs pas de « séparatistes » mais de « militaires russes », niant toute existence d’une contestation contre le régime par ailleurs.

Le régime bascule d’ailleurs en ce moment. Depuis 2014, c’est une sorte d’alliance de forces libérales et pro-Union européenne, de partis liés aux oligarques, de forces conservatrices directement pro-OTAN, de forces nationalistes et fascistes se revendiquant de Stepan Bandera qui s’était allié aux nazis.

La Russie parle d’ailleurs d’une Ukraine « fasciste », « banderiste ». C’était totalement réducteur. Mais là les « banderistes » donnent le ton, même s’ils ne dirigent pas directement le pays. Auparavant, saluer la résistance soviétique était interdit, saluer les alliés des nazis autorisé. Maintenant, on passe à une valorisation ultra-nationaliste d’une sorte d’Ukraine mythique qui aurait connu pendant tout le 20e siècle de multiples tentatives d’extermination par la Russie (le « holodomor »).

C’est d’autant plus fort que l’économie ukrainienne est à l’agonie, en raison de la main-mise des oligarques, d’une corruption systématique (jusqu’à avoir son diplôme de médecin), avec 10% d’inflation en 2021, aucun investissement étranger non plus d’ailleurs dans un tel contexte, etc.

Cela en fait d’autant plus le jouet de l’OTAN ou plus exactement de la superpuissance américaine. L’Ukraine est l’outil de la superpuissance américaine dans sa tentative de briser la Russie – qui elle aimerait bien que l’Ukraine redevienne son satellite.

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G7 à Liverpool: les États-Unis consolident un bloc anti-Russie

Les grandes puissances se réunissent pour préparer les affrontements à venir.

Ce week-end du 11 et 12 décembre 2021 a lieu, à Liverpool au Royaume-Uni, une réunion dite du « G7 » sur les questions de la guerre, principalement sur la question ukrainienne. Il s’agit d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de sept pays capitalistes les plus importants hormis la Chine, directement alliés aux États-Unis et amenés à constituer avec eux un bloc anti-Russe.

On a en l’occurrence de présents à Liverpool les ministres de l’Allemagne, du Canada, des États-Unis, de la France, de l’Italie, du Japon et bien sûr du Royaume-Uni. Cela saute aux yeux qu’il s’agit des principaux membres de l’OTAN, à qui s’est ajouté le Japon, par nature non-membre (l’OTAN concerne l’Amérique du Nord et l’Europe), mais directement lié à cette alliance militaire par traités de coopération.

Manquent éventuellement à l’appel de cette réunion parmi les principaux membres de l’OTAN (il y a en effet 30 pays membres), l’Espagne, la Grèce, les Pays-Bas, la Pologne, ou encore la Turquie. Mais cela ne change rien à la nature de ce sommet. Les États-Unis mobilisent clairement leurs différents alliés sur les questions militaires, de manière à constituer un bloc solide, clairement identifié et formé, et surtout opérationnel. Il n’y a aucune ambiguïté sur la question, car le ton est incroyablement offensif.

La ministre britannique des Affaires étrangères Liz Truss, dont le pays assure la présidence du G7, a ainsi appelé à :

« présenter un front uni contre les comportements malveillants – y compris les positions russes envers l’Ukraine – et à s’engager en matière de sécurité et de soutien économique pour défendre « les frontières de la liberté dans le monde ». »

Récemment, cette ministre avait d’ailleurs prononcé un grand discours de politique étrangère évoquant ouvertement la Russie, l’avertissant qu’elle commettrait une « erreur stratégique » si elle envahissait l’Ukraine. Cela faisait directement suite aux propos américains menaçant la Russie de « fortes sanctions » en cas d’escalade dans son conflit avec l’Ukraine.

Les États-Unis préparent donc ces « fortes sanctions » avec leurs alliés et ces derniers se montrent très volontaires pour constituer ce bloc anti-Russe. Voici comment la ministre britannique a présenté la réunion « G7 » de Liverpool, assumant totalement la perspective américaine bloc contre bloc :

« Ce week-end, les démocraties les plus influentes du monde prendront position contre les agresseurs qui cherchent à porter atteinte à la liberté et enverront le message clair que nous présentons un front uni ».

Sur le contenu, voici ce qu’elle envisage pour cette réunion :

« Je veux que les pays du G7 approfondissent leurs liens dans des domaines comme le commerce, l’investissement, la technologie et la sécurité afin que nous puissions défendre et faire progresser la liberté et la démocratie à travers le monde. Je vais plaider pour cela au cours des prochains jours ».

Mais pour elle, « approfondir les liens », cela signifie surtout se couper de tout lien avec la Russie. Un moment important de la journée de samedi 11 décembre a été la rencontre bilatérale entre la ministre britannique et celle allemande, fraîchement nommée à son poste.

La première a ouvertement donné le ton parlant pour les « nations démocratiques libres » d’un « sevrage » du gaz et de l’argent russe, évoquant en filigrane le gazoduc Nord Stream 2 entre la Russie et l’Allemagne. Il s’avère que la nouvelle ministre allemande est une membre des Verts allemand, justement opposée au gazoduc Nord Stream 2.

Cette ligne allemande opposée à la Russie est nouvelle et très discutée en Allemagne, où une trentaine de figures de très haut rang (à la retraite) de la diplomatie et de l’armée ont appelé inversement à une désescalade de la part de l’OTAN et de la Russie.

On voit bien ici que le bloc G7/OTAN, s’il parle dans sa communication de sanctions « éventuelles » pour la Russie, dans le cadre d’une « réponse », agit en réalité déjà de manière offensive, avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni à la pointe du bellicisme et avec l’intention d’embarquer l’Allemagne dans son action.

Car, en pratique, la ministre britannique appel ici ouvertement à un embargo anti-Russe, dès maintenant. L’enjeu est, dit-elle, de « s’assurer que les nations démocratiques libres soient en mesure d’avoir une alternative à l’approvisionnement en gaz russe ».

C’est-à-dire que pour la chancellerie britannique, la perspective bloc contre bloc n’est pas une considération future, une possibilité, mais une actualité d’ors et déjà concrète. Et le Royaume-Uni fait ici office de premier allié des États-Unis, appliquant donc directement la stratégie américaine.

Tout cela est incroyablement belliqueux, et vise ouvertement à pousser la Russie à la faute, à se précipiter vers la guerre (ce que, de toutes façons, la Russie fait déjà très bien toute seule).

À l’occasion de la première journée de ce sommet « G7 », le représentant de la superpuissance américaine en a donc rajouté une couche sur la question des sanctions anti-Russie, parlant de sanctions « massives », avec une déferlante mondiale contre les intérêts russes en cas de conflit avec l’Ukraine.

Le gouvernement américain a expliqué qu’il envoyait, de lundi 13 décembre à mercredi 15 décembre, la secrétaire d’État adjointe chargée de l’Europe, Karen Donfried, pour faire la police et négocier directement à Kiev et à Moscou. Mais il a surtout été ajouté que si la Russie choisissait « de ne pas emprunter cette voie [de la diplomaties], alors « il y aura des conséquences massives et un prix important à payer, et le G7 est absolument uni là-dessus ».

La secrétaire d’État ajoutant même pour alourdir la menace :

« Non seulement les pays qui étaient dans la salle, mais un nombre encore plus grand d’États démocratiques nous rejoindraient pour en faire payer le prix ».

On notera dans cette perspective la déclaration vendredi 10 décembre de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen affirmant son alignement sur la superpuissance américaine :

« S’il y a agression, il faut qu’il y ait un prix à payer ».

La constitution du bloc américain anti-Russie est donc absolument clair et c’est la terrible actualité du moment. Ce qu’il y a en arrière-plan, c’est bien entendu la consolidation de ce bloc américain dans la perspective d’un affrontement à venir avec son challenger chinois. La ligne est de liquider le concurrent qu’est la Russie, d’abord, pour ensuite passer au challenger qu’est la Chine.

La journée de dimanche 12 décembre de ce « G7 » est d’ailleurs plus ou moins ouvertement destinée à parler de cette question chinoise et de la région « indo-pacifique », avec la présence des ministres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean).

Faisant ouvertement allusion au régime chinois, la ministre des Affaires étrangère Liz Truss a ainsi parlé en vue de la journée de dimanche 12 décembre consacré à la région « indo-pacifique » :

« Nous devons gagner la bataille des technologies […] en nous assurant que nos normes technologiques sont fixées par ceux qui croient en la liberté et la démocratie [sous entendu donc, pas par la Chine].

Les principaux pays capitalistes veulent sortir de la crise, du moins le pensent-ils, par la guerre contre la Russie et la Chine. C’est la bataille pour le repartage du monde.

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Discussion Biden-Poutine du 7 décembre 2021: l’OTAN en fer de lance, l’UE satellisée

La superpuissance américaine est à l’offensive.

L’horaire de la téléconférence entre le président américain Joe Biden et le président russe Vladimir Poutine n’a été annoncée que très tardivement, et de manière surprenante, le compte-rendu de cette « discussion » géopolitique de 125 mn a été inexistant. Il a fallu attendre une heure pour qu’une conférence de presse américaine ait lieu, la Russie annulant la sienne. La porte-parole américaine de la Maison Blanche, Jen Psaki, a carrément expliqué qu’on verrait si la Russie a compris le message si elle n’envahit pas l’Ukraine.

Car la situation s’est puissamment retourné. La Russie n’est pas intervenue militairement en Ukraine, du moins pas encore, même si bien entendu les républiques séparatistes lui sont inféodées. Elle a joué le chaud et le froid, sans résultat.

Or, depuis avril, son accumulation militaire aux frontières de l’Ukraine a galvanisé le nationalisme ukrainien, permis aux forces pro-américaines et pro-OTAN d’avoir unanimement le dessus, avec un envoi d’experts, de formateurs, d’armes, etc. Les Etats-Unis ont prêté 390 millions de dollars, l’Union Européenne 600 millions d’euros, et ce n’est qu’un début. Il y a 4 000 experts américains, militaires ou des services secrets, en Ukraine, ainsi que 8 000 autres experts de pays de l’OTAN, dont la France.

La Russie se retrouve avec un résultat contraire à ce qu’elle espérait.

Et là, qu’a dit Joe Biden, même si rien n’est sorti de la téléconférence? Que les Etats-Unis feraient en sorte de mesures de rétorsions économiques en cas d’intervention russe, avec notamment la sortie forcée de la Russie de SWIFT, le système bancaire international. C’est improbable, car alors par exemple l’Allemagne ne pourrait même plus payer les achats de gaz russe, mais les Etats-Unis s’en moquent ils sont loin. Il y aurait également l’envoi de matériel américain et de troupes américaines dans les pays baltes, la Pologne et la Roumanie.

Ce n’est pas tout. Dans les faits, l’Union Européenne est inexistante politiquement et son positionnement est entièrement aligné sur l’OTAN, dont c’est devenu un satellite sur le plan « géopolitique ». C’est un effondrement complet de la ligne allemande de « neutralité », avec l’espoir de grandir en laissant passer le conflit sino-américain. Désormais, l’Union Europénne est insérée dans l’OTAN. Voici d’ailleurs le communiqué de l’Elysée le 6 décembre 2021, la veille de la téléconférence.

Entretien avec les chefs d’État et de gouvernement du format « Quint ».

Le Président de la République s’est entretenu ce lundi 6 décembre avec les chefs d’État et de gouvernement du format « Quint » (Allemagne, États-Unis, France, Italie, Royaume-Uni). 

Les cinq chefs d’État et de gouvernement ont partagé leur analyse des tensions existant entre la Russie et l’Ukraine, exprimé leur détermination à ce que la souveraineté de celle-ci soit respectée et dit leur engagement à agir pour maintenir la paix et la sécurité en Europe. 

Ils ont tous rappelé la nécessité que la Russie se réengage dans les négociations avec l’Ukraine, dans le cadre du groupe dit « Normandie » sous l’égide de la France et de l’Allemagne.

Joe Biden a même dit qu’il contactait les pays membres de l’OTAN juste après la téléconférence. Mais pas l’Ukraine, qui officiellement ne sera contactée que le 9 décembre 2021! Mais il a fait une fleur à la Russie et à l’Allemagne, puisque, à peine la téléconférence terminée, il a été annoncé qu’un vote éventuel pour que le budget américain contienne des sanctions contre le gazoduc NS2 ne se ferait pas.

En clair, la Russie doit rester à l’écart et s’effacer. Il y a donc un choix à faire de sa part et naturellement cela n’en sera pas un. C’est dicté par sa réalité sociale.

Soit le pays né de la fin de l’URSS a tenté une aventure de grande puissance sur des restes et cela termine tout un cycle, les oligarques voulant continuer de faire acte de présence à Londres, Paris, Saint-Tropez. La Russie deviendrait alors celle qu’elle était avant Octobre 1917 : un colosse aux pieds d’argile avec une bureaucratie et une oligarchie plus ou moins pieds et poings liés par rapport aux puissances occidentales.

La Russie va donc céder et s’effacer, après avoir tenté d’obtenir le plus d’acquis. L’OTAN va s’élargir à l’Ukraine, le continent passant sous très large influence américaine. On a même déjà l’Albanie et le Kosovo qui ont affirmé être prêts à envoyer des troupes aux côtés des Américains en Ukraine! C’est caricatural, mais tout à fait représentatif.

Soit la Russie née en 1991 n’est pas tant sous le contrôle des oligarques que d’une sorte de bourgeoisie bureaucratique militaro-oligarchique, qui considère qu’elle a un moyen de s’affirmer historiquement à l’échelle continentale de la Russie par un alignement complet sur la Chine, ce qui implique l’affrontement avec l’Ukraine, la satellisation d’une partie de celle-ci, quitte à se replier ensuite avec la Biélorussie dans un bloc largement coupé de l’occident.

La Russie, avant la crise qui a émergé en 2020, c’était ces deux aspects en même temps. Désormais, ces deux aspects sont antagoniques. Entre la possibilité d’être une grande puissance et les nouveaux riches consommant en occident, c’est l’antagonisme. La crise force la décision historique et dans un cas comme dans un autre, tout est redéfini.

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Offensive de novembre 2021: l’Arménie à un pas de l’effondrement

Les affrontement de la mi-novembre 2021 sont un avertissement.

Il se joue pour l’Arménie une dangereuse partie qui risque bien de l’emporter en tant qu’État. Le mardi 16 novembre, les forces armées de l’Azerbaïdjan, qui avaient conquise par une guerre technologique de grande envergure l’essentiel du Haut-Karabagh arménien l’an passé, ont attaqué massivement le territoire arménien dans la région du Siunik, soit le sud du pays.

L’offensive a été soudaine et massive, les affrontements ayant duré 24 heures, coûtant la vie à des dizaines de soldats des deux côtés, avant qu’un cessez-le-feu, imposé par la Russie, ne gèle à nouveau la situation.

Cette offensive fait suite directement à toute une série d’attaques régulières menées par les troupes azerbaïdjanaises depuis un an dans le secteur. Les incursions, les tirs sur les habitations, les routes ou même les animaux relevant du bétail, n’y ont quasiment pas cessé, maintenant une pression constante sur la région.

Pour le régime ultra-chauvin du président azerbaïdjanais Ilham Aliev, les choses sont claires. Il s’agit d’abord d’étrangler ce qui reste de la population arménienne du Karabagh, qui compte officiellement 120 000 habitants, contre 150 000 avant la guerre, en l’isolant toujours plus de son lien avec l’Arménie.

L’ambassadeur en France de l’Azerbaïdjan s’est d’ailleurs exprimé le mois dernier lors d’une série de rencontres visant à promouvoir la politique de son pays, avec une réactivation du groupe d’amitié parlementaire « les Amis de l’Azerbaïdjan », ainsi qu’une exposition de photographies sur le thème, d’un cynisme baroque très suggestif, « Karabagh en temps de paix ». Tout cela s’inscrit dans une plus large offensive en Europe, notamment appuyée sur la Suisse et le Luxembourg.

C’est dans le cadre de cette offensive diplomatique, peu couronnée de succès néanmoins, que l’ambassadeur d’Azerbaïdjan en France, Rahman Mustafayef, a présenté le plan de Bakou concernant les Arméniens du Karabagh : il a été dit que le Karabagh devait devenir une « zone multiethnique » et il a même quantifié les choses : 750 000 azéris d’un côté et 25 000 Arméniens de l’autre.

Mais de toute façon, il est clair qu’il n’y aura ni 120 000, ni 25 000 Arméniens dans le Karabagh azéri. Il n’y en aura tout simplement aucun, car l’objectif poursuivi depuis des décennies par le régime vise à l’anéantissement systématique de tout ce qui peut de près ou de loin évoquer la composante arménienne de l’Azerbaïdjan.

L’épuration ethnique, par l’exode et l’étranglement territorial progressif, qu’espère le régime de Bakou se double d’autre part de la volonté de connecter directement le territoire de l’Azerbaïdjan à celui la de la Turquie. Ce qui passe par la conquête d’une façon ou d’une autre du Siunik.

Sur le papier, cela n’a rien d’impossible. La région ne compte que 150 000 habitants, soit moins de 5% de la population d’Arménie, avec un vieillissement très marqué et une tendance massive à l’exode. Cela est encore plus vrai concernant le sud de la province, autour de la ville de Kapan en particulier, sur laquelle la pression est maximale depuis l’an passé. L’armée azerbaïdjanaise est même parvenue un temps à occuper l’aéroport de cette ville.

Pour l’Azerbaïdjan, le sud de l’Arménie est une cible pour a minima imposer un « corridor » sous son contrôle entre le Nakhitchevan et le reste du territoire azerbaïdjanais, voire même un territoire potentiellement annexable de facto.

L’agression azerbaïdjanaise illustre donc la logique jusqu’auboutiste du régime de Bakou qui entend poursuivre son effort de guerre contre l’Arménie sans relâcher la pression. En cela, il est poussé par la Turquie, dont le ministre de la Défense, Hulusi Akar, ainsi que le ministre des Affaires Étrangères, Mevlut Cavusoglu, ont immédiatement pris nettement position en faveur de l’agression.

Il faut souligner qu’en arrière-plan la Turquie a relancé l’ancien forum de coopération des États turcophones le 12 novembre dernier, en posant un nouveau cadre clairement offensif : une nouvelle charte, un nouveau nom (Organisation des États turcophones), et a tenté de mettre la pression sur les anciennes Républiques soviétiques d’Asie centrale pour qu’elles prennent justement partie dans le conflit au Karabagh et fassent bloc avec l’Azerbaïdjan contre l’Arménie.

Malgré l’agressivité de la Turquie, l’Azerbaïdjan a néanmoins rapidement reculé face aux réactions de la Russie et de l’Iran, dont l’hostilité à son égard ne fait que croître. Aux États-Unis et en Europe les réactions indignées n’ont pas aussi tardé, et la rhétorique ciblant hostilement la Turquie s’est renforcée.

Par exemple, Éric Zemmour n’a pas manqué de s’exprimer par un tweet ouvertement agressif, en prenant partie pour l’Arménie.

D’une manière générale, on a donc une double dynamique du renforcement de la tendance à la guerre en l’espèce : d’une part se dessine des blocs de plus en plus antagonistes, dont la confrontation devient toujours plus ouverte et directe, et d’autre part on a une construction de l’ennemi, les Arméniens d’un côté, la Turquie de l’autre, qui s’envenime.

Les Arméniens, en particulier du Karabagh, mais aussi désormais d’Arménie (notamment du sud du Siunik), sont chaque jour un peu plus menacés dans leur existence. La guerre « hybride » qui vise à les pousser à la fuite, en leur imposant un rapport obsidional (c’est-à-dire une mentalité de quelqu’un vivant dans une cité assiégée) permanent et insupportable, ne va sans doute pas encore tenir bien longtemps avant que des civils ne soient ouvertement et massivement pris comme cibles, d’abord au motif d’objectifs limités, comme le serait par exemple la prise de Kapan en Arménie, puis de manière de plus en plus large et ouverte.

C’est là la logique même de la guerre impérialiste une fois élancée. Le risque pour les Arméniens n’est pas seulement leur écrasement. C’est leur anéantissement qui est en jeu. Il faut le dire clairement.

Et dans ce rapport sinistre, les puissances capitalistes ou semi-capitalistes ne sont bien entendu d’aucun secours. Piégées dans leur propres contradictions et dans leur rhétorique « géopolitique » guerrière, elles n’appuient l’Arménie que pour mieux la précipiter dans le gouffre, ou en faire l’alibi de leur propre mobilisation nationaliste en faveur de la guerre contre la Turquie et son bloc.

Les peuples d’Azerbaïdjan et d’Arménie sont donc dans une poudrière qui emportera l’un et l’autre au bout du compte. La responsabilité de la Gauche est donc ici toujours davantage gigantesque à chaque pas accompli en direction de la guerre, à mesure que la logique des blocs s’affirme et avec elle, l’engrenage meurtrier et la construction déshumanisante de l’ennemi.

L’amitié entre les peuples doit être assumée sous la bannière du drapeau rouge, les va-t-en guerre désarmés et punis.

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La Russie détruit un vieux satellite avec un tir d’essai militaire

La guerre aura aussi lieu dans l’espace.

Le gouvernement Russe a procédé lundi 15 novembre 2021 à un tir antisatellite. Il s’agissait de détruire, comme cible d’un d’essai militaire, un appareil soviétique Kosmos-1408 inactif, en orbite autour de la terre depuis 1982.

Le tir a provoqué une pluie de débris identifiables, répartis en environ 1500 morceaux qui ont contraint, selon la procédure standard, l’équipage de la station spatiale internationale à se réfugier dans les vaisseaux d’évacuation. Ce genre de débris atteignent des vitesses très élevées, risquant de provoquer des dégâts considérables.

Bill Nelson, dirigeant de la NASA, l’agence spatiale américaine qui fonctionne indirectement au service de l’armée américaine, s’est dit « scandalisé » par cette « action irresponsable et déstabilisatrice » mettant « en danger non seulement les astronautes américains et des partenaires internationaux dans l’ISS, mais aussi ses propres cosmonautes ».

En fait, les réactions ont afflué depuis le monde entier face à ce geste militaire assumé, y compris de la part de la France via sa ministre des Armées dénonçant « les saccageurs de l’Espace » ayant « une responsabilité accablante en générant des débris qui polluent et mettent nos astronautes et satellites en danger ».

Toutefois, ces réactions ne sont essentiellement pas d’ordre pacifistes, écologistes et scientifiques, mais surtout d’ordre politico-militaires. Il s’agit de dénoncer une puissance concurrente, dans le cadre de la grande tendance à la guerre pour le repartage du monde. La Russie, certes, a une responsabilité immense en procédant ainsi à une telle démonstration de force ayant une véritable visée stratégique militaire. Elle assume de pouvoir transformer l’espace en un immense champs de bataille en procédant à des tirs antisatellites.

Les détracteurs de la Russie, États-Unis en tête, ne sont toutefois pas en reste, disposant également d’une capacité de destruction antisatellite et ayant déjà procédé à plusieurs tirs d’essais militaires antisatellite (dont le dernier en 2008). Du côté de la France, la capacité de tirs antisatellite est une préoccupation majeur pour la nouvelle armée de l’air et de l’espace, qui assume ses ambitions depuis son officialisation en juillet 2020. L’Armée française a d’ailleurs mis en scène en mars dernier un wargame très sérieux pour simuler une guerre spatiale contre la Russie.

Il s’agit en tous cas pour la Russie avec son tir d’essai militaire de montrer en pratique qu’elle n’a pas peur de frapper, qu’elle a les moyens de le faire facilement et rapidement. Un tel tir est pourtant complexe à mettre en œuvre puisqu’il faut viser un objet en mouvement rapide sur une orbite spatiale. C’est en tous cas un enjeu majeur pour une puissance secondaire telle la Russie, qui a besoin de pouvoir nuire efficacement face à la superpuissance américaine, dont le réseau satellitaire est aussi déterminant stratégiquement que fragile opérationnellement.

La Russie, en tant puissance challenger, et potentielle alliée de la superpuissance émergente chinoise, envoie donc un message très clair au monde quant à sa capacité de tir spatial, quitte à assumer de contribuer dangereusement à la pollution spatiale.

Cette pollution spatiale est un véritable désastre, accentuée bien sûr par ce nouveau tir, mais déjà bien réelle et conséquente depuis des années. Il existe une véritable poubelle en orbite autour de la Terre. La perspective d’une guerre mondiale se déroulant aussi dans l’espace aggraverait considérablement cette pollution, qui pourrait même astreindre l’humanité à rester bloquée sur Terre pendant des années et des années avant de pouvoir nettoyer.

C’est donc vers une véritable catastrophe que notre monde se dirige. Telle est l’actualité à notre époque.

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Le Royaume-Uni et les Etats-Unis préparent l’opinion publique à la guerre contre la Russie

Les préparatifs psychologiques sont incessants.

Il y a eu pour la période du 12 au 14 novembre 1 889 violations du « cessez-le-feu » au Donbass, contre seulement une vingtaine du 14 au 16. Mais le matériel de guerre ukrainien est toujours activement transporté aux frontières, la Suède a décidé d’envoyé des formateurs militaires, et le Royaume-Uni est allé encore plus loin. Non seulement il fera de même, mais sa presse ne cesse de raconter que la Russie va lancer une invasion.

Le chef d’état-major de l’armée britannique, Nick Carter, a également expliqué que le risque de guerre accidentelle avec la Russie était encore plus grand qu’au moment de la guerre froide avec l’URSS! C’est dire comment l’opinion publique britannique est travaillée au corps, alors que le secrétaire d’Etat à la défense britannique Ben Wallace est justement en visite en Ukraine.

Le Royaume-Uni a également officialisé un prêt à l’Ukraine pour qu’elle lui achète des navires de guerre et des missiles (une frégate, deux chasseurs de mines, huit navires avec des missiles). Et le ministre des affaires étrangères ukrainien Dmitry Kuleba a averti ses homologues français et allemand Jean-Yves Le Drian et Heiko Maas qu’il fallait tout de suite organiser le soutien militaire futur à l’Ukraine contre la Russie, car dans le feu de l’action il n’y aura plus le temps.

La Russie n’est pas en reste non plus : elle vient de mettre en place des facilités d’importation et d’exportations de produits en provenance du Donbass séparatiste. C’est une manière d’accentuer l’intégration économique (puisque c’est comme s’il n’y avait plus de frontières) et d’exercer toujours davantage de pression contre l’Ukraine. Et en détruisant un vieux satellite soviétique au moyen d’un missile, la Russie a fait une démonstration de force militariste à ce niveau.

De toutes façons le but de la Russie est de désagréger l’Etat ukrainien, que ce soit au moyen de pressions militaires et économiques, d’une intense propagande, ou bien la guerre. Il faut dire que pressée par la crise, la Russie est dans un expansionnisme débridé et qu’elle entrevoit une possibilité de conquête. L’Etat ukrainien est totalement corrompu, le niveau de vie le plus bas d’Europe, les lois ne sont pas appliquées à quiconque à des moyens financiers un tant soit peu important, l’extrême-Droite est hyperactive alors qu’une partie de la population ne respecte de toutes façons pas le régime en raison de ses attachements culturels à la Russie.

Inversement, le Royaume-Uni et les Etats-Unis veulent affronter la Chine et s’il y a moyen pour eux d’affaiblir son allié russe en utilisant l’Ukraine comme chair à canon… Il y a donc tous les ingrédients pour la guerre. Ce n’est pas par choix ou calcul, c’est une tendance générale, et cette tendance contient également du choix et du calcul. Et le peuples sont passifs, soit parce qu’ils n’ont pas compris qu’il y aurait la guerre… Soit parce qu’ils l’ont déjà intégré en leur for intérieur. Il y a ici une véritable cassure entre l’ouest et l’est de l’Europe.

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Pêche: l’agressivité française envers le Royaume-Uni

On se croirait en 1914, avec des antagonismes de plus en plus violents et récurrents.

Le gouvernement français a pris des décisions très radicales à l’encontre du Royaume-Uni pour protester sur la question de la pêche dans les eaux anglo-normandes. Une liste de mesures de « rétorsion » a ainsi été annoncée mercredi 28 octobre 2021 dans un communiqué conjoint du ministère français de la Mer et du secrétariat aux Affaires européennes.

Il y est question d’interdire, à partir du 2 novembre, aux navires de pêche britanniques de débarquer dans leurs ports habituels en France. Cette mesure de blocus est un véritable acte de guerre commerciale, typique des relations franco-anglaise depuis des siècles. Il s’agit d’une décision très agressive de la part de la France, qui entend faire plier de force le gouvernement britannique en menaçant son économie.

Cela est d’autant plus agressif que les ministères en question ont annoncé d’autres actions, dans un communiqué hallucinant de par le ton provocateur employé :

C’est un véritable chantage, avec une opération assumée de harcèlement des opérateurs économiques britanniques sur le territoire national et des transporteurs à destination du Royaume-Uni, avec même la menace de couper le courant (les îles anglo-normandes dépendent d’un câble sous-marin les reliant à la France pour la fourniture énergétique). C’est un chantage typique d’une escalade guerrière, du même genre (à une moindre échelle) que ce qui existe en mer de Chine, ou (de manière assez équivalente) les tensions concernant les îles grecques au large de la Turquie.

On notera d’ailleurs que ce chantage français est illégal : l’accord européen concernant le Brexit prévoit un protocole très précis pour ce genre de désaccord, mais n’autorise certainement pas une telle salve de mesures unilatérales.

Les propos tenus par la France sont en tout cas sans équivoque. La secrétaire d’État français aux Affaires européennes, Clément Beaune a dit la chose suivante (et il faut vraiment souligner le caractère belliqueux d’une telle déclaration) :

« Maintenant, il faut parler le langage de la force parce que je crains que, malheureusement, ce gouvernement britannique ne comprenne que cela. »

Cela alors que le gouvernement français s’est vanté dans la journée via un communiqué officiel, largement relayé par la presse, d’avoir forcé le contrôle d’un premier navire britannique, puis ensuite d’avoir dérouté et saisi un chalutier britannique qui n’était pas en règle. Il s’agit d’une simple opération de police maritime, tout à fait anecdotique en pratique. Mais c’est prétexte à faire monter la tension.

La question elle-même de la pêche dans les eaux anglo-normande n’est de toutes façons également qu’un prétexte, d’ailleurs. Cela ne concerne que quelques dizaines de petits bateaux, à l’activité quasi-artisanale.

L’accord du Brexit prévoit une licence pour pêcher dans les eaux territoriales britanniques, avec la fourniture de la preuve que l’activité était déjà exercée à cet endroit depuis des années. C’est le principe du Brexit, de la sortie du marché commun européen : le Royaume-Uni a choisi la voie du nationalisme et entend logiquement avoir la main sur ses eaux territoriales.

En pratique, une grande partie des chalutiers français concernés ont ainsi déjà obtenu leur licence, et pour les autres, les autorités britanniques accusent la France de retenir volontairement les documents demandés, justement pour faire monter la pression.

La France par contre entend en quelque sorte faire « payer » le Royaume-Uni, en mettant la pression sur la question des eaux territoriales anglo-normandes, qui sont plus proches de la France que de l’Angleterre.

Ce qui est certain en tous cas, c’est qu’il y a une opération délibéré en France d’escalade sur la question, comme avec ces propos du porte-parole du gouvernement français :

« Ce que nous constatons aujourd’hui, c’est qu’il manque quasiment 50% des licences auxquelles nous avons droit. C’est une situation qui n’est pas acceptable et je le dis clairement, notre patience atteint ses limites. »

Un tel chiffre de 50 % est invraisemblable, il ne correspond même pas à la situation décrite par la France il y a près d’un mois de cela, alors que de nouvelles licences ont été accordées depuis. L’agressivité française à l’encontre du Royaume-Uni est ici très claire et a comme sens d’aller au conflit.

Cela doit être dénoncé avec la plus grande vigueur par la Gauche française. Le silence à ce sujet serait criminel : l’escalade guerrière est chaque jours plus évidente, la grande bataille pour le repartage du monde est chaque jour plus facile à voir, à sentir, à redouter.

La France n’est pas en reste, d’autant plus qu’il s’agit d’une puissance secondaire dans le monde, mais s’imaginant encore bien plus grande qu’elle ne l’est. C’est typiquement ce genre de pays qui permet le déclenchement des guerres, à force d’agressivité, à force d’actes d’hostilités, qui sont pour eux le seul moyen d’exister.

La ministre de la Mer, Annick Girardin, a beau se défendre en disant « ce n’est pas la guerre, c’est un combat ». En pratique, le mot guerre est prononcé, et c’est bien d’une escalade de type militariste dont il s’agit.

Bien entendu, il ne s’agit pas de prétendre que la question se pose, directement et immédiatement en 2021, d’une guerre entre la France et le Royaume-Uni. Mais il se dessine par contre, de manière concrète et actuelle, une tendance générale à la guerre, dont la France est largement partie prenante. Cet épisode anti-britannique en est une manifestation très claire, reflet d’une guerre larvée, prélude au conflit armé.

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Graves incidents militaristes en Méditerranée et dans le Pacifique

Les puissances se testent, s’éprouvent, avant le choc.

Ces derniers jours, une grande vague de tension s’est développée tant en mer Méditerranée que dans le Pacifique. La Grèce accuse la Turquie de coups de pression contre plusieurs de ses îles, les eaux territoriales, ainsi que Chypre. Le ministre grec des affaires étrangères Nikos Dendias n’a pas hésité à affirmer que:

« Notre souveraineté dans la Méditerranée orientale est menacée. La situation peut se transformer en guerre à tout moment. »

Ces propos ont tenus le 14 octobre, jour d’un accord signé par Nikos Dendias avec le responsable des affaires étrangères des Etats-Unis, Antony Blinken, pour un accord de coopération de défense prolongé de cinq ans, qui était auparavant signé chaque année depuis 1990.

C’est une manière pour les Etats-Unis de temporiser l’accord stratégique récent France-Grèce, en se proposant comme grand frère régional notamment par l’intermédiaire de l’OTAN. D’ailleurs, l’accord implique une négociation pour l’implantation d’une base navale américaine pour une longue durée.

Les Etats-Unis ont parallèlement à cette intervention dans la zone Méditerranée mené un coup de semonce important dans la zone Pacifique. Le 15 octobre l’USS Chafee, un destroyer (en français une variante de frégate), a tenté en mer du Japon, à l’Ouest du Pacifique, de pénétrer dans les eaux maritimes russes alors que des exercices militaires russo-chinois devaient s’y tenir quelques heures plus tard.

La frégate russe Amiral Vladimir Tribouts est intervenue pour lui barrer la route et le navire américain n’a changé de direction que lorsque il n’y avait plus que soixante mètres de distance entre les deux.

L’attaché militaire américain a été convoqué par le ministre russe des affaires étrangères.

En réponse, ou pas, la Russie a annoncé le 18 octobre que le premier novembre il n’y aurait plus de bureau russe auprès de l’OTAN, ni de bureau de l’OTAN auprès de la Russie. Il y a quelques semaines, huit responsables russes à Bruxelles auprès de l’OTAN s’en était fait expulser pour espionnage.

La superpuissance américaine témoigne ici de son esprit d’initiative, alors que le secrétaire à la défense américain Lloyd Austin s’est rendu en Géorgie signer un accord stratégique. C’est bien la démonstration que, contrairement à ce que laisse penser l’apparente sortie chaotique en Afghanistan, la superpuissance américaine a toute une stratégie globale et qu’elle agit conformément à cette stratégie dans chaque partie du monde.

L’objectif est d’encercler le challenger chinois et il est évident que l’espoir américain est que la Chine s’empêtre en Afghanistan. Et dans cet encerclement, il y a deux pays qui doivent tomber : l’Iran et la Russie. Comme en ce moment l’économie iranienne s’effondre – les travailleurs viennent de perdre 32% de pouvoir d’achat – et que la Russie connaît une terrible vague prolongée de covid-19, la superpuissance américaine exerce toujours davantage de pression.

Il faut ajouter que l’économie chinoise ralentit elle-même, ayant connu de grandes pénuries d’énergie cet été et en connaissant encore. La superpuissance américaine est ainsi en ce moment le facteur principal de la tendance à la guerre. Elle pousse à ce que l’ensemble vacille et le premier pays qui tombe se fait dépecer avec son aval du moment que la réorganisation qui en ressort rentre dans le cadre de l’encerclement de la Chine.

Plus que jamais, l’affrontement sino-américain prend tout son sens dans le cours dramatique de l’Histoire.

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Le général Burkhard fait assumer à la France la « guerre hybride »

Le saut qualitatif est désormais ouvertement assumé.

Le général Burkhard, chef d’état-major des armées depuis moins de cent jours, a exprimé lors d’un point presse la nouvelle stratégie française, qui est d’assumer la guerre « moderne » aujourd’hui qualifié d’hybride pour dire qu’en fait, tout comme juste avant 1914, elle concerne tous les domaines.

Le point presse avait comme prétexte l’audition du général le 6 octobre 2021 par la commission de la défense de l’Assemblée nationale dans le cadre du projet de loi de finances 2022. Naturellement, tout ce qu’a dit le général est passé par le filtre d’une presse totalement acquise aux intérêts agressifs de la France et qui, par conséquent, présentent les choses de manière lisse.

Citons ici Le Figaro :

« Le cycle «paix-crise-guerre» n’est plus opérant, expliquait le général la semaine dernière en recevant quelques journalistes. 

«Il n’y a plus de phases de paix, mais des phases de compétition», auxquelles succèdent des moments «de contestation», caractérisés par la politique du fait accompli.

Il s’agit de «la guerre juste avant la guerre», comme l’annexion de la Crimée par la Russie. Parfois, la contestation peut dériver en «affrontement» militaire qui peut aussi opposer des puissances majeures, complétait Thierry Burkhard.

Mais la plupart du temps, tout se jouera avant. «De grands compétiteurs cherchent à imposer leur volonté durant les phases de compétition», poursuivait-il, en pensant au minimum à la Russie ou à la Chine.

Celles-ci se déroulent sur tous les terrains possibles : militaire, diplomatique, informationnel, spatial, économique, juridique… Les domaines de lutte semblent voués à s’étendre indéfiniment. »

Citons ici Le Monde :

« Alors que la course aux armements ne cesse de s’exacerber partout dans le monde et que les conflits hybrides se multiplient, la formule du nouveau CEMA reflète la volonté d’avancer sur des domaines jusque-là assez marginaux ou peu assumés au sein des armées : notamment l’influence et la lutte informationnelle (lutte informatique d’influence, ou LII).

Des champs d’action sur lesquels la Russie, la Turquie ou encore la Chine sont depuis longtemps positionnées, mais où le général Burkhard souhaite désormais engager la France de façon plus décomplexée, tout en défendant son statut de « puissance d’équilibre ».« 

C’est tout à fait en phase avec les multiples productions visant nommément la Chine et la Turquie ces tous derniers temps (comme le rapport de Sénat sur l’université, l’étude militaire française de 600 pages qui appelle à renverser le gouvernement chinois). C’est la grande hypocrisie : comme la France serait en retard dans la compétition, il faut d’autant plus aller de l’avant. Ce faisant, le fait qu’il y ait une compétition est acceptée.

C’est exactement la même démarche en 1914 : la France ne serait pas belliciste, ce serait uniquement les empires, seulement allemand et austro-hongrois bien sûr car l’empire russe était alors un allié. Et là cela recommence avec le même discours : on ne veut pas, mais on est obligé, on ne peut pas faire autrement, etc.

Et le général Burkhard est ici très clair, puisqu’il assume de parler de conflit de « haute intensité » et parle ouvertement de recruter largement pour l’armée dans dix ou vingt ans. Pour faire une guerre en effet, il faut des soldats et ce n’est pas avec la jeunesse française du début du 21e siècle que c’est possible… Il faudra donc brutaliser la société, la militariser, pour disposer de troupes fraîches.

D’où le terme de hybride, qui veut tout et rien dire, permettant de dire que la guerre est partout et qu’il faut donc militariser.

La France assume, en cette rentrée 2021, comme avec l’alliance avec la Grèce venant d’être signé, de rentrer entièrement sur la grande scène de la bataille pour le repartage du monde.

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Un rapport de Sénat sur l’université dénonce la Chine et la Turquie

Le document reprend mot pour mot les accusations du rapport de l’Institut de Recherche Stratégique de l’École Militaire.

C’est un rapport universitaire de plus de 240 pages, intitulé « Rapport d’information fait au nom de la mission d’information sur les influences étatiques extra-européennes dans le monde universitaire et académique français et leurs incidences ». Il vient de paraître et reprend mot pour mot les concepts du document « Les opérations d’influence chinoises » de  l’Institut de Recherche Stratégique de l’École Militaire de l’armée française. Il est absolument évident que ces documents ont été écrit de concert. Le parallélisme va jusqu’aux exemples d’opposition aux influences et ingérences.

Le rapport du Sénat ne s’en cache pas il est vrai dans la mesure où les auteurs du rapport militaire ont même été auditionnés et il est souligné comme référence. Et c’est là ce qui est le plus grave : le rapport du Sénat est clairement un outil de dénonciation de la Chine et de la Turquie.

Ce qu’il appelle à faire est dans la même logique. Il faut former les esprits à la menace, procéder à une « sensibilisation de l’ensemble de la communauté académique sur les risques liés aux influences extra-européennes ».

Cela veut tout simplement dire commencer dans toute l’université et le monde de la recherche une intense propagande militariste pour renforcer l’idéologie de la compétition pour le repartage du monde.

Et que faut-il attendre de l’université et du monde de la recherche ? Strictement rien en ce qui concerne une opposition anti-guerre. Les milieux universitaires et académiques se présentent très souvent comme étant de gauche, mais en réalité ce sont les parasites de l’État et ils appellent à un État social afin de continuer à en profiter. Leur raisonnement est corporatif et ces milieux sont totalement coupés tant des gens « normaux » que du mouvement ouvrier.

Il ne faut rien attendre non plus des différents courants « rebelles » para-universitaires (tels la mouvance du site Lundi.am, la Jeune Garde, etc.), parce que dès que les choses vont se tendre, ces gens disparaîtront dans la nature, se repliant sur leur vie privée, profitant d’une certaine aisance.

Il est absolument clair, pour une raison de classe sociale, que les gens qui délirent en mode migrants – LGBT – transexuels – décolonisation et autres lubies ne feront jamais face à la question de la guerre – parce qu’ils sont entièrement intégrés dans la démarche libérale du capitalisme.

Il y a ici en fait une inévitable cassure entre le monde intellectuel et le monde du travail, et cela ne peut bien entendu ressortir en bien que si le monde du travail assume les questions intellectuelles, les arrache aux milieux universitaires et académiques, ou du moins fait plier ses rares éléments les plus avancés.

Mais en dehors de toute fiction, il faut s’attendre à un tournant pratiquement impérialiste des milieux universitaires et académiques, parce que l’État va leur imposer ce mode de raisonnement et eux, en tant que parasites, vont totalement se plier aux injonctions, parce qu’ils ne savent pas faire autre chose.

Cela va changer beaucoup de chose, parce que cela va être un vecteur de ligne « impérialiste » et cela aura beaucoup d’écho. En même temps, cela rendra les choses très claires et à l’avenir une véritable ligne de classe se produira dans l’université, alors qu’elle a disparu depuis plus de cinquante ans.

Cela montre, en tout cas, à qui en doutait, que l’État français est moderne et efficace quand il s’agit de prendre l’initiative et d’aller de l’avant dans la compétition mondiale ; il sait se réorganiser, profiter de l’ensemble de ses structures. Toute naïveté en ce domaine est suicidaire.

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La France se lance dans le conflit gréco-turc

La France est alliée à la Grèce pour le prochain conflit maritime.

C’est une situation qui est à la fois nouvelle et dans le prolongement de ce qui s’est déroulé ces derniers mois. La Grèce s’arme, la Turquie s’arme, et la France fournit les armes à la Grèce, en se posant également comme allié. Cela a pris un tournant officiel, bien que non public, à la fin du mois de septembre avec la visite en France des plus hautes représentants officiels grecs (le premier ministre accompagné des ministres de la Défense et des Affaires étrangères).

Si des armes ont été achetées à cette occasion – des frégates et des avions de chasse – il y a surtout un partenariat stratégique qui a été signé et dont le document n’est pas rendu public, ce qui a justement été dénoncé par le PCF(mlm) comme un pacte secret (Pacte militaire secret franco-grec : préparez-vous au grand défi de la guerre franco-turque!).

C’est que l’article 2 du partenariat stratégique dit que si l’un des pays est attaqué, l’autre le soutiendra y compris de manière militaire. Comme en théorie c’est déjà le cas normalement puisqu’il y a des accords entre les pays de l’Union européenne, entre les pays de l’OTAN, c’est qu’on parle ici d’une alliance pour la prochaine guerre maritime.

Il ne faut pas, en effet, s’imaginer que l’armée turque va envoyer ses tanks en Grèce ou inversement. C’est bien entendu possible, mais un regard sur la carte montre aisément que là n’est pas le centre du problème.

Car, si l’on regarde bien, on peut s’apercevoir qu’il y a de nombreuses îles grecques qui sont très proches de la Turquie. Il y a donc d’incessants conflits territoriaux. On a frôlé l’affrontement militaire en 1987 et en 1996 déjà.

Source Wikipédia

Un autre problème qui s’ajoute est Chypre, que la Turquie occupe en partie, que la Grèce considère comme lui revenant de droit, avec pareillement autant de contentieux pour les frontières maritimes

En bleu : zone revendiquée par la Grèce et Chypre
En rouge : zone revendiquée par la Turquie

Voici comment le quotidien Le Monde présente cette question en 2020 :

« Premièrement, celle de « mer territoriale ». Depuis 1982, la largeur des eaux territoriales peut atteindre 12 milles depuis les côtes (environ 22,2 km) et l’État y dispose des mêmes droits que sur son territoire terrestre.

Dans le cas de la Turquie et de la Grèce, la limite est fixée à 6 milles depuis 1936. Si la Grèce décidait d’étendre sa mer territoriale à 12 milles, comme elle l’a laissé entendre ces dernières semaines et comme le droit l’y autorise, les Turcs ne pourraient plus traverser la mer Égée sans passer par les eaux grecques, tant les îles sont nombreuses.

Ce serait « un motif de guerre », a prévenu la Turquie début septembre.

La seconde notion d’importance est celle de zone économique exclusive (ZEE), instaurée par la convention dite de Montego Bay de 1982. D’une largeur maximale de 200 milles (environ 370 km), la ZEE assure à l’État côtier un droit exclusif à l’exploration, à l’exploitation et à la gestion des ressources de la zone. Dit autrement : tout ce qui est découvert dans la ZEE d’un pays lui appartient.

Si un État démontre que son territoire terrestre se prolonge sur le fond des océans au-delà des 200 milles de la ZEE, il peut également demander à étendre ce qu’on appelle son « plateau continental » jusqu’à 350 milles (650 km) et en exploiter ainsi le sol et le sous-sol. »

Cette présentation tout à fait neutre est exemplaire de toute une éducation faite en France à ce sujet, parce que la France, puissance de seconde zone par rapport à la superpuissance américaine et son challenger chinois, vise d’autant plus la Turquie qui est à sa portée et qui plus est dans une zone méditerranéenne toujours considérée comme essentielle.

Tout est fait pour pousser l’opinion publique dans le sens d’une position « naturelle » de la France en Méditerranée, avec une hégémonie qui en découlerait – il suffit de penser à comment la France s’arroge perpétuellement un droit de regard très prononcé sur le Liban.

Et là, avec une alliance officielle de la France avec la Grèce – officielle, mais en même temps « secrète » – on est dans la préparation du conflit, en posant les bases pour celui-ci. Et cela dans l’indifférence complète de l’opinion publique, dépolitisée, prisonnière de la consommation ininterrompue et sans esprit du capitalisme.

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Manœuvres militaires iraniennes à la frontière avec l’Azerbaïdjan

L’Iran fait directement face à l’Azerbaïdjan, le Pakistan et la Turquie.

C’est un nouveau front qui s’ouvre, et qui vient s’ajouter au conflit Russie/Ukraine et à la zone de conflit indo-pacifique. Les pays les plus directement concernés sont l’Iran, l’Azerbaïdjan, la Turquie et le Pakistan, mais en fait tout le Caucase est impliqué, ainsi que la Russie.

Comme on le sait, l’Azerbaïdjan a récupéré le Nagorny-Karabakh, dans le cadre d’une guerre rapide ayant affaibli une Arménie déjà dans une situation particulièrement tourmentée. Or, à cette occasion, le président turc Recep Tayyip Erdogan est venu à Bakou pour le défilé militaire célébrant la victoire, le 10 décembre 2020.

Il a, à cette occasion, récité un poème célébrant le panturquisme – contenant des vers exprimant le regret que le peuple azéri soit coupé en deux. L’auteur est le célèbre poète Bahtiyar Vahabzade (1925-2009), bien que cela ne soit pas certain.

Il faut comprendre ici cet aspect de l’Orient compliqué. Les Azéris sont de culture turque, au point que la Turquie souligne le mot d’ordre Iki devlet, Tek millet, c’est-à-dire deux Etats, une nation. Mais l’Azerbaïdjan est un pays en grande partie musulman chiite, comme l’Iran, et non pas comme la Turquie. Par contre, c’est un Etat très tourné vers la laïcité, comme la Turquie avant ces dernières décennies. Il suffit de voir la candidate de l’Azerbaïdjan à l’Eurovision 2020 pour comprendre que l’Islam n’a pas un poids majeur dans les mœurs.

Et, pour compliquer le panorama, il y a davantage d’Azéris en Iran qu’en Azerbaïdjan. La plus grande erreur qu’on puisse faire sur l’Iran est de l’assimiler d’ailleurs aux Perses (une erreur qu’avait fait le Shah d’Iran par ailleurs). Pour encore plus compliquer les choses, il y a d’ailleurs en Iran une Azerbaïdjan occidentale, mais elle est peuplée surtout… de Kurdes.

L’Iran, historiquement, est très ennuyée par les possibilités de troubles que l’Azerbaïdjan pourrait fomenter, même si elle se sent proche de l’Azerbaïdjan chiite, surtout face à la Turquie. Mais en août 2021 des camionneurs iraniens ont été maltraités par des militaires d’Azerbaïdjan alors qu’ils se rendaient Arménie. L’Azerbaïdjan compte en fait faire cesser le passage clandestin de camions vers l’Arménie et la Russie.

Et, surtout, il vient d’y avoir des manœuvres militaires communes de l’Azerbaïdjan, de la Turquie et du Pakistan, trois pays frontaliers de l’Iran. Elles ont été même nommées « les trois frères ».

Pire encore, la veille du début des manœuvre, le quotidien Yeni Safak qui exprime le point de vue du gouvernement a interviewé un membre du parlement d’Azerbaïdjan qui a sobrement expliqué… que bientôt l’Iran n’existerait plus !

L’Iran a donc subitement activé elle-même des manœuvres, le premier octobre 2021, à la frontière avec l’Azerbaïdjan. C’est la première fois qu’une telle chose est réalisée depuis la fin de l’URSS.

C’est que l’Iran a compris qu’elle risquait d’être prise à la gorge, d’autant plus que l’Azerbaïdjan a de très bons rapports avec l’État israélien qui fait tout pour faire tomber le régime iranien, jusqu’aux opérations de sabotage. L’État israélien vise notamment des navires, ainsi que du personnel technique contribuant au projet nucléaire iranien.

L’Iran considère d’ailleurs même que l’Azerbaïdjan converge avec l’État israélien dans son opération de déstabilisation. Et conformément à une démarche amenant la confusion entre antisionisme et antisémitisme ou antijudaïsme, les manœuvres, d’ampleur significative (tanks, hélicoptères, drones, etc.), s’appellent Fatehan-e Khaybar, les conquérants de Khaybar.

C’est le nom d’une zone de population juive pillée et soumise par Mahomet à la suite d’une bataille, marquant l’instauration d’un statut de « dhimmi ».

C’est assez exemplaire de la fuite identitaire dans la zone. La Turquie se veut l’héritière de l’empire ottoman, l’Azerbaïdjan nie sa fraternité historique avec l’Arménie, le Pakistan s’invente une origine turque pour justifier sa séparation de l’Inde.

Toutes ces petites puissantes délirent d’autant plus qu’elles deviennent expansionnistes, et leur militarisme converge avec les grandes puissances en compétition pour le repartage du monde.

On notera d’ailleurs, pour encore plus compliquer les choses, que l’Iran est allié à la Russie et que, pourtant, le président turc Recep Tayyip Erdogan vient de se rendre en Russie, avec à la clef l’annonce d’une possible coopération militaire pour la construction de navires, de sous-marins, d’avions de combat. Cela, alors que la Turquie est membre de l’OTAN et un soutien de l’Ukraine…

On l’aura compris : cela part dans tous les sens, comme avant 1914. Il n’y a pas de cohérence, juste une fuite en avant, une compétition, une pression militariste… C’est l’escalade.

D’ailleurs le 30 août 2021, pour la fête nationale turque (marquant la victoire sur l’offensive grecque), le président turc Recep Tayyip Erdogan a posé la première pierre du futur « pentagone » turc…

Il n’aura pas la forme d’un pentagone, mais d’un croissant islamique ; la surface totale sera de 12,6 millions de m², avec 900 000 de surface pour les bâtiments (soit un tiers de plus que le Pentagone américain).

La tendance à la guerre est très claire et c’est le principal aspect de l’évolution du monde.

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Escalade militaire au Kosovo

La Serbie est obligée de réagir, mais converge avec la Russie.

La situation au Kosovo a connu une très intense transformation en très peu de temps. Le Kosovo, c’est une région balkanique d’un peu moins de deux millions d’habitants qui a appartenu à l’ex-Yougoslavie et qui a obtenu son indépendance en pratique en 1999 grâce à l’OTAN, au grand dam de la Serbie qui revendique ce territoire comme lui revenant historiquement.

Les États-Unis servent depuis de puissance tutélaire à ce nouveau pays (depuis 2008) totalement satellisé où il y a la seconde base militaire américaine la plus grande en Europe.

La base américaine Camp Bondsteel au Kosovo

Il y a une population majoritairement albanaise au Kosovo, l’Albanie ayant d’ailleurs diffusé un intense nationalisme dans la région depuis plusieurs décennies (l’Albanie de Enver Hoxha était un régime farouchement nationaliste-ethnique albanais). Les Serbes vivent dans le Nord du pays, formant 15% de la population totale.

Ce qui a mis le feu aux poudres, c’est d’ailleurs la décision du Kosovo de ne plus reconnaître les voitures ayant des plaques serbes. Cela implique, de fait, d’obliger la population serbe à se soumettre à l’État du Kosovo, que la Serbie ne reconnaît pas et que les Serbes du Kosovo veulent éviter.

Il y a donc eu dix jours de protestation de la part de la population serbe, jusqu’à un pic de tension. La Serbie a alors envoyé des blindés à la frontière, le président serbe Aleksandar Vucic a lancé un ultimatum à l’OTAN et publié un message Instagram soulignant que la Serbie était avec les Serbes du Kosovo…

Le ministre serbe de la Défense Aleksandar Vulin et l’ambassadeur russe en Serbie Aleksandar Bocan-Harchenko sont allés rendre visite aux troupes serbes à la frontière, deux avions de chasse serbe ont survolé à basse altitude la frontière… L’OTAN a réagi en remplaçant la police des frontières du Kosovo par sa propre mission, la KFOR…

Bref, c’est une véritable escalade militaire qui est strictement parallèle au conflit Russie-Ukraine. Il faut se rappeler ici que la Russie et la Serbie sont très proches historiquement, que la Chine a une présence massive en Serbie… La Serbie est d’ailleurs clairement elle-même un satellite russo-chinois, avec une situation telle que l’émigration est une norme depuis longtemps d’ailleurs (un Serbe sur trois vit à l’extérieur du pays et il existe des communautés serbes massives en Allemagne, en Australie, en Autriche, en Suisse).

Il faut souligner également que la Serbie est historiquement un des grands bastions du mouvement ouvrier depuis le début du 20e siècle. Il est vrai malheureusement que le nationalisme serbe est terriblement puissant et brutal, pour ne pas dire sanglant, et qu’il a ainsi démoli bon nombre de traditions.

Si on ajoute à cela un nationalisme albanais extrêmement développé et fanatique, on a tous les ingrédients pour une situation de tension très forte, pouvant largement aller à la guerre parallèlement au conflit russo-ukrainien. Il s’agit d’ailleurs aussi d’un avertissement russe pour montrer que la région était instable et que s’il y avait une guerre Ukraine-OTAN/Russie, ce serait le brasier régional.

Tout cela, naturellement, ne peut que sembler particulièrement obscur aux Français, qui ont énormément de mal avec les Balkans et avec tous les peuples de l’Est en général, qui leur semblent pittoresques, douteux, étranges, voire dangereux ou semi-barbares. Et pourtant il est capital d’y comprendre quelque chose : faut-il rappeler que la première guerre mondiale s’est déclenché en raison des volontés hégémoniques dans les Balkans, avec comme arrière plan la compétition mondiale pour le repartage du monde?

Et soulignons aussi, dans une même perspective régionale balkanique, que mardi 28 septembre 2021 le premier ministre de Grèce Kyriákos Mitsotákis était à Paris, qu’il a annoncé l’achat de trois frégates, avec Emmanuel Macron apportant son soutien complet, avec en perspective la guerre contre la Turquie.

Il n’est pas une semaine, voire un jour, sans que la tendance à la guerre ne s’exprime. L’engrenage se renforce toujours plus, implacablement.

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Une étude militaire française de 600 pages appelle à renverser le gouvernement chinois

L’agressivité est ouverte.

« Les opérations d’influence chinoises » : tel est le titre d’une étude de 646 pages rendue publique par l’Institut de Recherche Stratégique de l’École Militaire de l’armée française (et disponible en Google drive). C’est une œuvre historiquement importante de par sa portée symbolique sur le plan de l’agressivité militariste.

Elle affirme en effet que, désormais, la Chine opère comme la Russie, celle-ci étant considéré comme opérant à tous les niveaux pour gagner massivement en influence. C’est appelé la « guerre hybride » en langage « géopolitique ».

Par « à tous les niveaux », il faut comprendre par la diplomatie, l’espionnage, l’intimidation, les coups tordus, les coups de force, les médias, l’économie, etc. Naturellement, toutes les grandes puissances font pareil. Cependant, comme en Chine les monopoles sont encore plus puissants que dans les autres pays, et qu’ils tiennent totalement en main l’État, cela rend les choses plus flagrantes, plus directes.

Lorsque Amazon exige, comme ces jours-ci, la légalisation du cannabis aux États-Unis, cela apparaît, aux yeux d’une opinion libérale occidentale, moins arbitraire que les discussions internes du gouvernement chinois– même si cela revient au même dans le fond. La propagande des films hollywoodiens – tels les Marvel – sont « invisibles » pour l’opinion libérale occidentale, à rebours du nationalisme étatique chinois, même si le principe est le même.

Il faut ici simplement comprendre que chaque bloc, même s’il a le même fond capitaliste, critique la forme de l’autre. C’est le sens de la très longue étude qui est une sorte d’organigramme de l’État chinois et de l’éventail de ses initiatives « hybrides ».

Et ce qui est ici essentiel, c’est que l’étude pose la France comme relevant du bloc visé par le challenger, donc comme relevant du bloc dont le leader est la superpuissance américaine. C’est le même point de vue que dans la chronique militariste du Monde, c’est le même point de vue que le think tank qu’on doit qualifier d’impérialiste l’Institut Montaigne (et l’article à ce sujet a d’ailleurs été publié dans Le Monde). Cet institut regroupe hauts fonctionnaires et hauts cadres d’entreprises, en étant financé par LVMH, Total, Vinci et Carrefour ! Difficile d’être plus clair !

C’est là le premier aspect : un choix stratégique et il est considéré comme définitif.

« La prise de conscience, en France, des risques posés par l’influence chinoise est vive et croissante depuis 2019, avec une nette accélération en 2020-2021. C’est dans ce contexte de « réveil français », qui semble désormais irréversible, que s’inscrit la publication du présent rapport en septembre 2021. »

Le second aspect est que le document appelle ouvertement au changement de régime en Chine. C’est tout à fait significatif : un document officiel de l’armée française appelle au renversement du gouvernement chinois et même à la destruction de toutes ses institutions.

Non pas qu’il faille défendre le régime chinois, qui est de type fasciste. Mais critiquer le régime chinois et même vouloir son renversement doit se faire sur une base démocratique, pas avec une mise en perspective militariste au service des couches sociales dominantes des pays riches réfutant le challenger chinois.

L’étude dresse d’ailleurs le panorama de ce qui est présenté comme une déstabilisation générale du monde par la Chine ; c’est un véritable manuel à destination des hauts fonctionnaires, et en même temps une inscription dans le bloc américain, puisque le document est en anglais.

Et la dimension raciste anti-chinoise est très bien calibrée, en prévision des futures campagnes anti-chinoise dans le cadre de la montée des tensions à venir. On a par exemple ce poncif sur l’oriental séducteur – enjôleur et brutal, qui est tout à fait exemplaire cet état d’esprit.

« Pékin vise dans le même temps à séduire et subjuguer, d’une part, et à infiltrer et contraindre, d’autre part. »

Il faut rappeler ici l’importance de la pandémie, qui va servir d’argumentaire pour la superpuissance américaine : c’est la Chine qui serait responsable, c’est elle qui doit payer, etc. On rentre en fait directement dans la phase propagandiste en ce sens.

D’où d’ailleurs l’émergence de contradictions en France sur la manière de s’y prendre. Les auteurs du document ont été obligés de publier un long message pour expliquer que, contrairement aux apparences, ils n’étaient pas pour un blocus total anti-chinois (ce qui est ridicule vu le contenu ouvertement militariste anti-chinois), et cela a provoqué une très violente polémique avec l’Institut de relations internationales et stratégiques, accusé en quelque sorte d’être l’idiot utile de la Chine.

Cela reflète les contradictions au sein des couches dominantes françaises : si la ligne est celle d’un alignement américain malaisé (comme le montre l’affaire des sous-marins australiens), il y a les tenants d’une ligné néo-gaulliste cherchant à trouver un espace (illusoire) entre les deux blocs…

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Le rapport français à la Chine : la violente polémique IRSEM/IRIS

L’institut militaire présente l’IRIS comme en convergence avec la Chine.

La publication du document intitulé « Les opérations d’influence chinoises » par l’Institut de Recherche Stratégique de l’École Militaire de l’armée française (IRSEM) a provoqué les foudres de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), un think tank associatif.

L’IRIS a une ligne en effet très différente, résumée comme suit par son président Pascal Boniface :

« Je ne pense pas que la lutte pour la suprématie mondiale qui se déroule entre Pékin et Washington doive interférer sur les positions
françaises et européennes. »

Cette position est à l’image de la nature de l’IRIS. Le président du conseil d’administration est Alain Richard, issu du Parti Socialiste Unifié et ensuite du Parti socialiste… Le président d’honneur est le socialiste Pascal Lamy (ancien directeur général de l’Organisation mondiale du commerce), le vice-président est le socialiste Hubert Védrine (ancien ministre des Affaires étrangères), le secrétaire est Jean Musitelli auparavant administrateur de l’institut François-Mitterrand le, trésorier est Pascal Cherki, socialiste puis Génération-s avec Benoît Hamon…

On a du côté administrateur notamment Pouria Amirshahi, ancien parlementaire, directeur de Politis et ancienne grande figure du syndicat étudiant l’UNEF-ID passé ensuite au Parti socialiste…

Aux côtés par exemple du socialiste Marc-Antoine Jamet, secrétaire général de Louis Vuitton – Moët Hennessy (LVMH), l’ancien conseiller diplomatique de François Hollande Jacques Audibert (désormais secrétaire général du groupe Suez) et de Michel Edouard Leclerc, président du groupe de distribution E.Leclerc.

Bref c’est du capitalisme « social », autrement dit la gauche caviar, et historiquement les socialistes français ont toujours eu d’excellents rapports avec la direction chinoise. L’idée est donc de maintenir une sorte de ligne à la fois sociale et capitaliste agressive en cherchant à éviter le conflit sino-américain… Ce qui est bien entendu inacceptable du point de vue de la ligne actuelle de la France.

Voici la réponse de l’IRIS à l’accusation de l’IRSEM et la contre-réponse de l’IRSEM. Il faut prendre cela comme quelque chose de terrible, car c’est un débat impérialiste au sein des intellectuels au service des couches dominantes… C’est de « géopolitique » qu’il est parlé, de choix au plus haut niveau, contre donc les décisions par en bas, démocratiques, celles du peuple…

On notera absolument le dernier paragraphe de la contre-réponse de l’IRSEM, d’une violence!

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La chronique militariste-stratégique pro Etats-Unis du Monde

Le cynisme règne en maître.

Le Monde a publié une chronique (payante) à la fois particulièrement militariste et de portée stratégique. Son auteur en est Alain Frachon, éditorialiste de ce quotidien, auquel il appartient depuis 1985. Si la chronique se veut une simple proposition-réflexion, c’est en fait surtout le reflet de la ligne moderniste à la Emmanuel Macron ; ce qui est vraiment nouveau, c’est le fait de le dire ouvertement, de manière cynique.

C’est que l’idée est simple : les États-Unis vont faire la guerre à la Chine et ils vont gagner, il n’y aura jamais d’unité européenne autour du moteur franco-allemand, il faut donc une défense européenne de bas niveau allié aux États-Unis, pour que la France profite d’une part du gâteau chinois.

Voici le titre de la chronique.

« La crise des sous-marins n’est pas une affaire de qualité de navire, c’est un grand pas en avant dans l’affrontement entre la Chine et les États-Unis »

Voici l’annonce cynique de la guerre sino-américaine.

« C’est un grand pas en avant dans l’affrontement sino-américain, d’ailleurs justifié de manière pro-américaine. »

« Le pacte Aukus – Australia, United Kingdom, United States – confirme la priorité stratégique des Etats-Unis : la Chine. »

« La Chine militarise à tout-va les îlots – territoires disputés avec ses voisins – dont elle s’est emparée par la force dans le Pacifique occidental. Elle a multiplié opérations d’espionnage et d’influence politique à Canberra. »

Voici la présentation « géopolitique » de la chronique, dans une démarche totalement cynique.

« L’épisode Aukus devrait confirmer la ligne d’Emmanuel Macron : en ces temps de réorientation des priorités états-uniennes, l’UE doit plus que jamais acquérir un minimum d’autonomie stratégique. Elle doit notamment se doter des moyens de résister à la pression revancharde de la Russie de Vladimir Poutine et d’exister dans un monde de blocs. C’est ce qu’on appelle l’Europe de la défense. »

« Nos partenaires – par ailleurs indifférents aux affaires du Pacifique – rechignent. Ils craignent qu’une telle perspective n’amène les Etats-Unis à s’éloigner plus encore du Vieux Continent.

Quant aux Américains, ils semblent, politiquement, psychologiquement, génétiquement, incapables de soutenir une autonomie stratégique européenne, serait-elle limitée.

Cette orientation serait pourtant conforme à leur nouvel axe stratégique : priorité à l’Asie-Pacifique parce qu’ils estiment que c’est là, face à la Chine, que se joue le maintien de leur leadership mondial. »

Le fait que le quotidien Le Monde montre à quel point on a changé totalement de contexte avec la crise (partir de la pandémie pour arriver à l’économie, puis la politique, les rapports de force entre pays…). Il est parlé de la troisième guerre mondiale comme si de rien n’était.

Une guerre sino-américaine serait un désastre pour l’Humanité – et la seule chose dont il est parlé, c’est de comment la France peut tirer son épingle du jeu. Ce n’est ni plus ni moins que de l’impérialisme – c’est sur des millions de mort d’une guerre que danse cette sinistre chronique du Monde.

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Le rappel des ambassadeurs français d’Australie et des États-Unis

Emmanuel Macron est pris à son propre piège.

Le Figaro, dans un éditorial, a réagi à l’affaire des sous-marins et à la naissance de l’AUKUS en disant qu’il était hors de question de rappeler les ambassadeurs ou de sortir de l’OTAN. Et pourtant, dans la foulée, Emmanuel Macron a demandé au ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian de rappeler les ambassadeurs français à Washington et Canberra.

En langage diplomatique, c’est un avertissement qu’une ligne rouge a été franchie. Les ambassadeurs ne reviennent pas avant quelques temps – un jour, un mois, une année, etc. -, pour signaler une certaine dimension antagonique à la question.

Le message officiel du ministre des affaires étrangères est le suivant :

« A la demande du Président de la République, j’ai décidé du rappel immédiat à Paris pour consultations de nos deux ambassadeurs aux États-Unis et en Australie.

Cette décision exceptionnelle est justifiée par la gravité exceptionnelle des annonces effectuées le 15 septembre par l’Australie et les États-Unis.

L’abandon du projet de sous-marins de classe océanique qui liait l’Australie à la France depuis 2016, et l’annonce d’un nouveau partenariat avec les États-Unis visant à lancer des études sur une possible future coopération sur des sous-marins à propulsion nucléaire, constituent des comportements inacceptables entre alliés et partenaires, dont les conséquences touchent à la conception même que nous nous faisons de nos alliances, de nos partenariats et de l’importance de l’Indopacifique pour l’Europe. »

On voit que le ministre met sur le même plan l’abandon du partenariat et l’introduction de la technologie américaine en Australie. C’est que la France joue la carte de « l’intermédiaire », du pays de puissance moyenne favorable à un monde « multipolaire ». Or, l’introduction de la propulsion nucléaire a deux conséquences : à moyen terme, d’autres pays vont demander la même chose, comme la Corée du Sud et le Japon. Qui plus est, l’Australie va aller dans le sens de posséder des bombes atomiques.

C’est là multiplier les puissances de taille moyenne, assumer ouvertement la formation de blocs… autant dire que la France a tout à y perdre dans ses ambitions littéralement impérialistes. Elle dispose, rappelons-le, de la seconde Zone Économique Exclusive du monde en raison de tous ses territoires au Pacifique et elle ne compte pas les perdre. Mais toute militarisation, tout conflit implique de les perdre, au profit de la Chine ou des puissances locales (il faut se souvenir de l’attentat français contre le Rainbow Warrior, dans le cadre de telles contradictions).

La France a d’ailleurs immédiatement pris contact avec l’Inde au niveau diplomatique, des discussions ayant eu lieu entre le ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian et le ministre indien des Affaires étrangères Subrahmanyam Jaishankar, une rencontre étant bientôt prévue à New York. Il y a même eu un communiqué officiel français à ce sujet :

« M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des affaires étrangères, s’est entretenu aujourd’hui par téléphone avec son homologue indien, M. Subrahmanyam Jaishankar.

Les deux ministres ont décidé d’approfondir leur partenariat stratégique, fondé sur une relation de confiance politique entre deux grandes nations souveraines de l’Indopacifique. Ils ont également échangé sur la situation en Afghanistan, qui se détériore.

Les deux ministres sont convenus de se revoir à New York la semaine prochaine, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, pour travailler sur un programme commun d’actions concrètes pour défendre ensemble un ordre international réellement multilatéral. »

Mais c’est là ni plus ni moins qu’une tentative de former un nouveau bloc. En fait, on ne peut pas échapper à la logique des blocs – à moins de s’opposer résolument à la guerre, telle que l’a toujours fait la Gauche historique.

Emmanuel Macron est pris à son propre piège ici, car il s’est posé comme libéral-moderniste faisant « avancer » le capitalisme – et il est dans une situation de crise mondiale où la bataille pour le repartage du monde s’ouvre toujours davantage. Pro-américain par définition, il a été obligé de faire face à un affront diplomatique – mais quelle solution peut-il proposer ?

On voit très bien comment les réactions en France ont été massives sur le plan politique, lors de cette affaire. Cela montre que les prochaines présidentielles vont tendanciellement se jouer sur la ligne stratégique choisie par la haute bourgeoisie française dans une situation mondiale où la guerre est à l’ordre du jour pour la prochaine décennie.

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Instauration de l’alliance Australie – Royaume-Uni – Etats-Unis

L’esprit impérialiste s’exprime ouvertement et l’ennemi, c’est la Chine.

Le 15 septembre 2021 au soir, une conférence vidéo a réuni le président américain Joe Biden, le premier ministre britannique Boris Johnson et le premier ministre australien Scott Morrison. Il a été annoncé une alliance stratégique allant dans les sens d’une unification militaire pour la région indo-pacifique.

Plus précisément, l’alliance Australie – Etats-Unis – Royaume-Uni, présentée sous l’acronyme AUKUS, implique en effet un partage d’information et de technologie, une intégration des connaissances scientifiques liées à la défense et la sécurité ainsi que des bases industrielles et des chaînes d’approvisionnements.

En ce sens, les Etats-Unis vont fournir à l’Australie de quoi mettre en place des sous-marins à propulsion nucléaire ; la seule fois où un tel partage d’un tel type de connaissances a eu lieu, c’était pour le Royaume-Uni en 1958.

Les trois pays sont déjà membres de la  » Five Eyes alliance », avec la Nouvelle-Zélande et le Canada, une collaboration générale au niveau des services secrets. Cette fois, on rentre dans le dur puisqu’il s’agit ni plus ni moins que d’élever le niveau matériel de l’Australie sur le plan militaire dans le cadre de la future confrontation avec la Chine.

D’ailleurs, en plus des sous-marins eux-mêmes, la technologie nucléaire acquise peut également permettre à l’Australie d’aller dans le sens de posséder la bombe nucléaire, même si évidemment elle prétend actuellement ne pas vouloir de prolifération.

On notera que cela implique également l’annulation de la commande effectuée il y a deux ans auprès de la France de douze sous-marins de ce type (pour 31 milliards d’euros). Cela ne peut que déplaire à la France. Et c’est très dangereux pour la Gauche en France, car cette situation va renforcer les excitations militaristes, les fantasmagories stratégiques, les velléités impérialistes d’aller à la guerre.

Car la superpuissance américaine ne veut pas perdre son hégémonie, la Chine veut devenir une superpuissance et obtenir l’hégémonie (le régime tente en ce moment de recadrer les esprits dans un sens nationaliste – étatique d’ailleurs). Le Royaume-Uni veut être aux premières loges de la victoire américaine espérée, d’où le BREXIT.

De son côté, la Russie cherche à maintenir sa position à l’ombre chinoise, alors que l’Allemagne espère compter les points et profiter de son hégémonie en Europe. C’est une véritable course impérialiste comme avant 1914.

Que va faire la France? Au rythme où vont les choses, c’est cette question de savoir se placer dans la bataille pour le repartage du monde qui va devenir de plus en plus central, et il va être essentiel de comprendre ce qui va en être pour la présidentielle 2022.

On notera d’ailleurs qu’aucun des trois pays concernés par l’alliance AUKUS n’a daigné ne serait-ce que faire semblant d’avoir un débat dans le pays à ce sujet. L’information au sujet de l’alliance a filtré quelques heures avant son annonce, toutes les décisions ont été prises par en haut, dans l’esprit de la diplomatie secrète. C’est tout à fait révélateur d’une marche à la guerre et les institutions doivent s’effacer substantiellement devant elle.

Le fait qu’en France les classes dominantes ne soient pas unies sur les choix stratégiques est ainsi une chance, car cela peut permettre de percer cette muraille du secret, des décisions lointaines, comme cela peut être un terrible danger car cela peut renforcer l’attrait, pour faire avancer la marche à la guerre, d’utiliser le nationalisme avec une grande ampleur.

En tout cas, avec AUKUS, on a déjà un bloc de formé pour la guerre pour le repartage du monde. C’est le second bloc clairement défini avec celui Russie-Chine. Les choses vont vite, très vite.

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Montée des tensions entre la mer Noire et le Golfe Persique en passant par la Transcaucasie

La ligne de front des conflits est immense géographiquement parlant.

Cela barde de plus en plus dans tout un arc de confrontations allant de la mer Noire au Golfe persique, en passant par la Transcaucasie. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, après avoir changé de ministre de l’Intérieur (qui trustait cette position depuis de longues années), a remplacé le ministre de la défense, le chef d’Etat-major, le commandant des forces aériennes d’assaut et celui des forces opérant dans le Donbass.

Et un opposant biélorusse, Vitali Chychov, a été retrouvé pendu en Ukraine, laissant planer bien sûr l’intervention des services secrets biélorusses, alors qu’inversement une opération de propagande est menée avec une athlète biélorusse « fuyant » le Japon pour éviter d’avoir à retourner dans son pays, où des problèmes l’attendraient en raison de sa critique de l’équipe technique des Jeux Olympiques.

Autrement dit, cela n’arrête pas. Et, désormais, il semble que l’Iran soit arrivé de manière directe dans la ligne de mire occidentale. Israël, les États-Unis et le Royaume-Uni accusent en effet ce pays d’avoir mené une attaque faisant deux morts, au moyen de drones contre le pétrolier japonais Mercer Street, battant pavillon libérien, géré par une société britannique, appartenant à un milliardaire israélien.

Le ton israélien et britannique est particulièrement violent concernant l’exige d’une réplique occidentale collective. En réalité, cela fait des mois que l’Iran et Israël mènent des attaques contre des navires, au moyen de drones, de mines, de saboteurs, etc.

Mais vu avec attention, la montée des tensions s’explique aisément. Comme en Ukraine, il s’agit de cibler un régime favorable à la Chine, là-bas la Russie de Poutine, ici l’Iran islamique chi’ite. À chaque fois, il s’agit de puissance moyenne en terme industriel et militaire, avec un régime fragile, voire bancal concernant l’Iran.

En Ukraine, la pression était retombée du fait de l’échec, relatif, du bloc britannico-américain à entraîner les pays capitalistes de l’Union européenne dans un conflit ouvert contre la Russie. En particulier, l’Allemagne s’était opposée à un tel conflit du fait de ses intérêts propres et de sa stratégie allant dans le même sens que « l’Eurasianisme » promeut par le régime de Moscou.

Concernant Iran, le bloc britannico-américain peut compter sur le ralliement de l’Arabie saoudite et des Émirats, ainsi que sur celui d’Israël, qui sont chauffés à blanc face à l’Iran, sur lequel sont projetés toutes les difficultés internes. Dans ces pays, une large propagande entretient depuis des années une hostilité ouverte contre l’Iran avec des accents militaristes et chauvins toujours plus poussés.

Pour autant, le ralliement des pays de l’Union européenne n’est pas là non plus garanti, avec la France notamment, qui entretient d’importantes forces navales et aériennes dans le secteur, aux Émirats et à Djibouti en particulier, ne se montre pas favorable à un conflit ouvert et reste pour le moment alignée sur l’Allemagne.

C’est cet arrière-plan général qui aide à comprendre la pression qui s’exerce sur les pays de la Transcaucasie, en particulier l’Arménie et l’Azerbaïdjan, et dans une moindre mesure la Géorgie.

Parce que, effectivement, toute cette partie du monde a été transformé en poudrière.

C’est vrai en particulier pour une Transcaucasie qui participe avec engouement à cette vaste confrontation, dont les intérêts la dépasse, mais qui appuie localement les régimes ou les tendances militaristes et nationalistes chauvines, constituant plus largement des factions ralliées à tel ou tel bloc impérialiste, et pensant ainsi en profiter pour « tirer les marrons du feu ».

L’Azerbaïdjan est ici le pivôt de ces enjeux tragiques. Son régime corrompu, tenu par le clan Aliev, l’entraîne à toutes les compromissions et toutes les aventures.

De fait, l’Azerbaïdjan est poussé à la fuite en avant nationaliste. Le pays a bien tenté ces derniers mois d’exister sur la scène internationale par les compétitions sportives en mode démagogique : grand prix de F1 à Bakou, tenue de matchs de la coupe d’Europe de football, participation aux championnats d’échecs, etc… mais aucune de ces tentatives n’a suscité d’entrain populaire.

Les réseaux sociaux azéris, plus libres que les médias en termes de contrôle de la parole, ont vu fleurir ces derniers mois les critiques acerbes contre la corruption du régime et son caractère cosmopolite décadent, au point même que la presse arménienne a pu largement contribuer à diffuser toutes les nouvelles permettant de discréditer le régime.

Bien sûr, cela se heurte au fait que le plus grand titre de gloire d’Ilham Aliev est l’écrasante victoire obtenue sur l’Arménie, en particulier la reconquête symbolique de Chouchi/Shusha.

Bloqué sur toutes les autres voies, le régime ne cesse ainsi de radicaliser sa position face à l’Arménie et multiplie les provocations et les tentatives d’intimidation contre son voisin. Malgré la position officielle, qui voudrait que la question du Karabagh serait réglée pour Bakou, la propagande chauvine et raciste anti-arménienne ne cesse ainsi de gagner en ampleur.

Et les accrochages meurtriers à la frontière Arménie-Azerbaïdjan ont été nombreux.

De l’autre côté, en Arménie, Nikol Pashinyan est parvenu à se maintenir au pouvoir malgré la défaite, sur la même ligne nationale-libérale. Il faut voir que l’ancien régime militariste pro-russe est très largement déconsidérée dans la population, notamment la jeunesse, mais aussi que Nikol Pashinyan a révisé ses positions en partie.

D’un côté, il s’est aligné officiellement sur Moscou, réclamant même que les frontières avec l’Azerbaïdjan soient désormais gardées par l’armée russe, comme le sont déjà les frontières avec la Turquie. C’est là quelque chose de très clair.

La position militaire de la Russie dans le secteur n’a pour cette raison jamais été aussi forte.

Mais de l’autre, il poursuit néanmoins sa politique pro-européenne : multipliant les accords avec l’Allemagne, notamment en terme de liaison aérienne, et avec la France, en terme de coopération militaire. L’immense ambassade des États-Unis à Yerevan se fait aussi plus active.

En résumé, on a donc un Azerbaïdjan puissant, grand acheteur d’armements et où s’ouvre d’immenses chantiers délirants en terme de BTP financés à coup de pétrodollars, avec tout un projet devant faire de Chouchi/Shusha une ville moderne à l’équipement complet en terme d’infrastructures.

La Turquie notamment cherche à s’y faire une place, voire à satelliser l’Azerbaïdjan, mais elle est dépassée en terme de capitaux par les moyens de l’Allemagne et de ses alliés, notamment la Suisse et l’Autriche, soucieux de renforcer leurs positions dans ce pays.

La Suisse est de fait un élément clef de toutes les finances d’Azerbaïdjan, qui vient d’ailleurs d’ouvrir un bureau commercial en Israël.

L’Arménie de son côté n’est qu’une bonne affaire que chacun soutient en vue de faire pression sur Bakou afin de pousser le régime à toujours plus de dépendance, de militairisme et de corruption, entraînant l’Arménie sur la même pente.

Mais avec la confrontation ouverte qui se dessine entre le bloc britannico-américain et les pays favorables à Pékin, Russie et Iran notamment, la situation risque bien de virer du tragique à l’apocalyptique.

L’Iran a annoncé la semaine passée sa volonté d’intervenir au Karabagh pour assurer la paix, afin d’éviter que l’Azerbaïdjan ne bascule trop nettement dans le camp occidental, ou du moins afin de verrouiller la situation, là aussi en instrumentalisant l’Arménie contre Bakou.

Il faut voir que pour Téhéran il y a là une question essentielle : tout le nord du pays autour de Tabriz consiste en une zone turcophone traditionnellement instable, voire hostile, qui est d’ailleurs l’Azerbaïdjan historique, le pays nommé aujourd’hui « Azerbaïdjan » n’en étant que le prolongement Transcaucasien.

Il faut également souligner que l’Afghanistan, en proie à un désastre depuis sa conquête par la superpuissance soviétique en 1979, est en train de tomber de nouveau aux mains des Talibans, avec pour le coup cette fois un appui chinois.

Toute offensive ouverte dans le Golfe persique contre l’Iran aura donc nécessairement des répercussions dramatiques en Transcaucasie d’un côté, vers l’Afghanistan de l’autre, et dans tous les cas notamment sur l’Arménie, dont l’existence ne tient de plus en plus qu’aux intérêts instables et aux manœuvres machiavéliques des puissances engagées dans ces conflits.

Il n’y a là pourtant aucun « plan » justement, c’est littéralement le sac de nœuds et l’issue, c’est la guerre et le déchirement de la région, tout cela pour satisfaire les intérêts des grandes puissances.

Et la clef, ce qui décide de la tendance générale, c’est l’affrontement entre la superpuissance américaine et son challenger chinois.

Les autres affrontements sont ce même affrontement, indirect et oblique, avec comme objectif de « bloquer » l’influence de la Chine et de ses soutiens plus ou moins alignés sur un front coupant le Proche-Orient sur cet axe mer Noire-Golfe Persique d’une part et d’autre part dans le Pacifique.

Le long de ces « fronts » la superpuissance américaine et ses alliés allument des foyers de tensions visant à multiplier les crises et à fragiliser toujours plus Pékin, alors que la Mer de Chine devient un point névralgique. L’Allemagne vient d’ailleurs d’y envoyer une frégate d’attaque et l’Inde envoie elle quatre navires de guerre de première ligne.

Le dispositif de guerre, avec des visées impériales, s’installe de manière plus forte, plus complexe, et comme avant 1914, les masses sont aveugles encore… d’où la nécessité, comme à l’époque, d’assumer les fondements de la Gauche historique et de présenter cette actualité, de la dénoncer, de la combattre!