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L’Allemagne choisit la Russie, les Etats-Unis cèdent sur l’Ukraine

L’Allemagne a réussi à revenir au centre du jeu dans le conflit Russie-Ukraine.

Test le 19 juillet 2021 du missile de croisière hypersonique russe Tsirkon

« Trahison » : voici comment le journal Kyiv Post – un média fondé aux États-Unis traitant de tout ce qui concerne l’Ukraine avec une ligne pro-occidentale agressive – résume la visite de la chancelière allemande Angela Merkel aux États-Unis. En effet, le président américain Joe Biden a fini, contrairement à certaines attentes, par céder et à accepter l’existence du Nord Stream 2, un gazoduc germano-russe passant par la mer Baltique, doublant le Nord Stream 1 déjà existant.

Or, la principale conséquence est que les gazoducs venant de Russie passaient jusqu’ici principalement par l’Ukraine, et perdent leur importance. L’un des éléments importants donnant de la valeur à l’intégrité territoriale ukrainienne aux yeux des pays européens disparaît.

Les gazoducs provenant de Russie

Les 1200 km du gazoduc Nord Stream 2 étaient en passe d’être terminés, mais les États-Unis avaient bien insisté pour dire que ce n’était pas une raison et qu’il était encore temps de l’arrêter. L’objectif américain était d’isoler la Russie ; stopper Nord Stream 2 quasiment terminé, c’était établir une détermination sans faille contre la Russie, réaliser un vrai bloc européen.

L’opération a échoué. En Allemagne la bataille interne, très remuante, a tourné à la victoire des tenants de l’affirmation hégémonique, contre une soumission – intégration aux États-Unis. Le choix a été fait d’exiger la mise en place de Nord Stream 2. Comme le constate l’éditorial du Monde du 23 juillet 2021, c’est toute la diplomatie européenne dans son opposition à la Russie qui tombe à l’eau.

Le désarroi ukrainien est, de fait, très grand. Il y a peu le pays était sur des charbons ardents, gonflé à bloc, prêt à en découdre avec la Russie en s’estimant soutenu par toute l’Union européenne et les États-Unis. Fin juillet, le pays se retrouve clairement comme un pion qui a été plus ou moins abandonné.

Officiellement, bien sûr, ce n’est pas le cas. Victoria Nuland, la numéro trois du département d’État américain, a résumé comme suit l’accord germano-américain du 21 juillet 2021 :

« Si la Russie devait tenter d’utiliser l’énergie comme une arme ou commettre d’autres actes agressifs à l’égard de l’Ukraine, l’Allemagne s’engage, dans cet accord avec nous, à prendre des mesures au niveau national, et à faire pression pour des mesures efficaces au niveau européen, y compris des sanctions pour limiter les capacités d’exportation russes vers l’Europe dans le secteur énergétique. »

Si les choses se passent rapidement sur le terrain, un tel engagement ne signifie pourtant pas grand chose, l’Ukraine le sait bien.

De toutes façons, l’Allemagne, la principale puissance européenne, décidera comme elle l’entend. C’est d’autant plus vrai que toute l’Europe de l’Est et du Sud dépend du gaz russe. L’Allemagne et son satellite autrichien ont donc vite fait de prendre partie.

Et si l’accord russo-ukrainien sur le transit du gaz finit en 2024 et si l’accord germano-américain prévoit que l’Allemagne soutienne la reconduite du contrat pour dix ans, cela veut simplement dire que l’Allemagne compte passer à l’offensive pour littéralement faire passer sous sa coupe toute cette région du monde, en partenariat avec la Russie.

On peut ainsi constater ici que la vaste offensive de l’OTAN contre la Russie, si puissante il y a quelques jours, quelques semaines, vient de se voir mettre en échec par les contradictions germano-américaines. On a ici un moment clef avec une affirmation profondément agressive de l’Allemagne comme grande puissance avec des visées hégémoniques.

La Russie a accompagné ce processus de manière prononcée.

Le 16 juillet 2021, à Tachkent en Ouzbékistan, les ministres des affaires étrangères chinois et russe, Wang Yi et Sergueï Lavrov, se sont rencontrés, soulignant l’entente sino-russe et son opposition à une « stratégie indo-pacifique » emplie d’une « mentalité de Guerre froide ». Sergueï Lavrov a mis en valeur que :

« Les relations sino-russes sont à leur meilleur niveau dans l’histoire et elles ne constituent pas une alliance militaro-politique similaire à celles forgées pendant la période de la Guerre froide, mais un nouveau type de relations bilatérales. »

Le 19 juillet s’est tenue une réunion sur le développement stratégique russe et le premier vice-Premier ministre russe Andreï Belousov a affirmé que le transit maritime par l’Arctique passerait de 1,3 million de tonnes en 2020 à 30 millions de tonnes en 2030.

Le même jour a eu lieu le test d’un nouveau missile hypersonique, Tsirkon, lancé depuis la frégate Admiral Gorshkov contre une cible de surface à 350 km. Tsirkon a atteint Mach 7. Ce missile de croisière, dont la vitesse maximale est Mach 8 (10.780 km/h), peut parcourir 600 kilomètres à une moyenne de 6 000 km/h ; il doit équiper tous les sous-marins et tous les navires de surface de l’armée russe.

L’armée russe a également mis en place l’étude systématique par son personnel de l’article sur l’Ukraine du président russe Vladimir Poutine. Rappelons que l’existence de l’Ukraine comme nation indépendante y est niée.

Et lors du Salon international aérospatial MAKS 2021, s’ouvrant le 20 juillet 2021, l’armée russe a présenté le Soukhoï Su-75, surnommé Checkmate. Ce chasseur de haute qualité, sorte d’équivalent low cost du Rafale français, doit être produit à partir de 2025 pour être exporté. C’est un élément essentiel dans une politique hégémonique que d’être capable de fournir du matériel de guerre à ses satellites.

Le Soukhoï Su-75

La Russie a donc réussi à échapper à une offensive de l’OTAN et à renverser la partie par l’intermédiaire de l’Allemagne. Désormais, elle redevient la menace principale dans la région, avec clairement un risque pour l’unité territoriale ukrainienne.

Et la tension principale se déplace. Il est évident que les États-Unis entendent éviter deux fronts. Une seconde réunion au sommet américano-russe a d’ailleurs été mis en place en urgence et doit se tenir dans quelques jours ; comme celle du 16 juin 2021, elle se tiendra à Genève.

Il faut donc désormais porter une attention significative à la mer de Chine, puisque l’affrontement sino-américain direct redevient, comme sous Donald Trump, l’aspect principal. Et déjà le 20 juillet le Royaume-Uni a annoncé le déploiement permanent de deux navires de guerre en mer de Chine…

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Le chef d’état-major des armées nomme les ennemis: Turquie, Iran, Russie, Chine

C’est une véritable agression idéologique et diplomatique.

Le Figaro Magazine a interviewé le général Lecointre, dans son numéro du week-end du 16-17 juillet 2021.

C’est que chef d’état-major des armées (Cema) depuis 2017, le général Lecointre a en fait choisi de partir afin de ne pas avoir un mandat qui corresponde à celui du président de la République Emmanuel Macron. C’est bien entendu un acte d’indépendance, sous-entendu : l’armée obéit au chef de l’Etat mais ne se confond pas avec lui ni avec sa personne. On doit littéralement parler de défiance d’ailleurs, car en France la dimension « personnelle » du président de la République est fondamentale.

Pour donner un exemple de cela, dans l’interview, le général Lecointre se permet une pique, pour souligner qu’Emmanuel Macron ne parle pas le « langage » de l’armée. C’est anecdotique, mais très révélateur :

« Pour annoncer la fin de Barkhane, le président Macron dit : « Notre présence sous forme d’opération extérieure n’est plus adaptée à la réalité des combats. » Qu’est-ce que cela signifie ?

Sa phrase a suscité une certaine interrogation dans les armées parce que l’expression « opération extérieure » correspond à un statut. Cet encadrement juridique est essentiel et il protège nos soldats engagés à l’extérieur de nos frontières.

En fait, ce que le chef de l’État a voulu dire, c’est qu’il ne fallait plus que la France combatte seule face à un ennemi identifié susceptible de conquérir tout le pays, comme ce fut le cas au déclenchement de Serval. On passe de cette logique-là à une autre dans laquelle l’armée française ne doit plus être en première ligne. »

La réponse n’a pas satisfaite le Figaro, du moins en apparence puisque on peut être certain que les questions avaient l’accord du général, en fonction des messages à faire passer. Et, donc, en rapport avec la réponse précédente, il est bien entendu parler de la Russie et de la Chine, puisque c’est la vraie raison de la fin de Barkhane :

« Les coups d’État successifs au Mali ont-ils changé la donne ?

La légitimité de notre engagement repose sur le fait d’opposer une vision de stabilisation et de développement de l’Afrique fondée sur l’état de droit et la démocratie à celle des islamistes tenants d’un État religieux dur.

Notre conception s’oppose également à celles portées par la Russie ou la Chine qui sont dans une logique de prédation et se désintéressent de la légitimité du pouvoir en place et du respect de l’état de droit.

Ces valeurs universelles donnent un sens à la mission de nos soldats et j’y tiens beaucoup. »

C’est là le coup classique du « bon » conquérant par rapport au mauvais. Au-delà, il y a le fait de nommer de manière ouverte des « ennemis ». Le général Lecointre en nomme d’autre encore, en mentionnant de nouveau la Russie :

« Les confrontations avec des acteurs régionaux – Turquie, Iran, Russie – vont être de plus en plus dures et de plus en plus fortes.

Elles se rapprochent de nous. La France ne peut imaginer qu’elle va rester à l’écart comme dans une bulle protégée. »

On peut dire que, pour la première fois, un général français, le numéro 1 même (ou 2 si on place le président de la République avant, administrativement parlant), nomme de manière ouverte les protagonistes ou plus exactement les ennemis de la guerre que va mener la France.

C’est historique.

Mentionnons pour conclure, car c’est d’un grand intérêt, l’élan lyrique du général qui parvient à résumer de manière parfaite la mentalité militaire française. C’est là un tour de force, car l’idéologie de l’armée française est tellement existentialiste qu’elle est complexe à définir. Le général Lecointre y arrive très bien :

« Le militaire s’isole dans la société?

Je ne crois pas. Il est différent. Et sa différence peut provoquer une incompréhension. Une incompréhension à sens unique. Le militaire comprend la société dont il est issu mais le civil, qui ignore souvent comment les armées transforment les hommes, ne comprend pas le militaire.

Antoine de Saint-Exupéry a écrit (il ouvre un vieux cahier où il note des citations depuis qu’il était élève d’hypokhâgne) : « Il n’y a qu’un problème, un seul de par le monde : rendre aux hommes une signification spirituelle des inquiétudes spirituelles. »

Les armées, parce qu’elles ont cette communauté de vie et cette proximité avec la perspective de la mort, sont naturellement enclines à des inquiétudes spirituelles. »

C’est vraiment très bien tourné. On ne peut absolument pas comprendre l’armée française si on ne comprend pas que son moteur idéologique est l’inquiétude quant à une transcendance, d’où le fait qu’elle se permette d’intervenir au nom d’une exigence morale « supérieure ». Le coup d’Etat de 1958, celui de 1961, mais c’est vrai également avant… ne relèvent pas tant d’une logique « militariste » que d’une sorte d’impulsion idéologique spiritualiste découlant en militarisme.

Si on ne comprend pas cela, on ne peut pas saisir les ressorts de l’armée française ni comprendre le sens de la « mission » que s’est donné le général de Villiers… Ni comprendre la fascination d’une large partie de la population française pour l’armée comme garante des valeurs, réelle éducatrice, lieu de fraternité au-delà de la souffrance et de la mort, etc.

C’est littéralement du socialisme inversé en communautarisme autoritaire et le fascisme français, historiquement totalement spiritualiste, a ici un bastion inexpugnable.

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Avertissement russe au Royaume-Uni et grand ménage intérieur ukrainien

Les plaques tectoniques continuent de se mouvoir.

Le 14 juillet 2021, Mikhail Popov, secrétaire député du Conseil de Sécurité de la Russie, a abordé la question de l’incident avec le navire de guerre britannique HMS Defender, en Mer Noire, dans les eaux de la Crimée (conquis à l’Ukraine par la Russie et annexée). Dans une interview accordée à la Rossiiyskaya Gazeta, un média institutionnel, il a donné un grand avertissement :

« Des actions similaires seront contrecarrées à l’avenir par les méthodes les plus dures de la part de la Russie, quelle que soit l’allégeance étatique du contrevenant. Nous suggérons à nos opposants de bien réfléchir à la pertinence d’organiser de telles provocations compte tenu des capacités des forces armées russes. »

Il a spécifiquement nommé deux figures institutionnelles britanniques, le premier ministre Boris Johnson et le secrétaire d’État aux affaires étrangères Dominic Raab, abordant ouvertement le sort des soldats britanniques :

« Ce ne sont pas les membres du gouvernement britannique qui seront à bord des navires et navires utilisés à des fins de provocation. Et c’est dans ce contexte que je veux poser une question aux mêmes Boris Johnson et Dominic Raab – que diront-ils aux familles des marins britanniques qui seront blessés au nom de si « grandes » idées? »

C’est là un avertissement très clair.

Du côté ukrainien, il y a eu un événement capital, puisque le ministre de l’Intérieur Arsen Avakov  a été débarqué. Il faut s’imaginer ce que cela peut représenter, en prenant compte les faits suivants au sujet de Arsen Avakov :

– il était ministre de l’Intérieur depuis 2014 ;

– il a été nommé dans le gouvernement provisoire issu de la révolte de l’Euromaïdan ;

– il a survécu à des dizaines de scandales, de protestations contre lui ;

– la Garde Nationale de 60 000 hommes et des dizaines de bataillons de volontaires mis en place étaient sous sa direction directe, notamment le fameux bataillon Azov, lui-même étant lié au dirigeant nationaliste Andriy Biletsky ;

– il accompagnait souvent l’actuel président ukrainien Volodymyr Zelensky au début de sa présidence et jouait un rôle essentiel dans la politique ukrainienne comme représentant de la ligne offensive anti-russe.

On peut pratiquement parler de coup d’État, dans le prolongement de l’exigence américaine de mettre au pas les oligarques. La grande question actuellement en Ukraine est de connaître le prochain rôle d’Arsen Avakov.

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Hypothèse d’engagement majeur: la France double le budget de la Défense

La crise implique inéluctablement la guerre.

C’est une information relayée ici et là par les médias français, à la suite de la traduction par Courrier International d’un article de The Economist, un magazine britannique. C’est intéressant comme parcours, car cela montre comment cette information est originellement passée sous silence, et pour cause ! Elle est trop claire dans ses fondements. C’est tout le militarisme français qui s’expose, impudemment.

Voici comment Valeurs Actuelles, l’hebdomadaire ultra-conservateur, résume cela, sans fards.

« L’état-major français a même lancé, en janvier 2021, dix groupes d’études « chargés d’analyser la capacité du pays à faire face » à ce type de « HEM » – comprendre, « hypothèse d’engagement majeur ». Parmi les sujets traités par ces groupes de recherche, déterminer si les Français sont « prêts à accepter un niveau de pertes inconnu depuis la Seconde guerre mondiale » (…).

« Les opérations futures pourraient impliquer des brigades, ou une division, soit entre 8 000 et 25 000 soldats », explique The Economist. D’ici là, il s’agit de moderniser l’équipement, via le programme Scorpion – budgété à hauteur de 5,7 milliards d’euros. Concrètement, l’état-major entend remplacer « tous les engins blindés et motorisés de première ligne » (…).

Un gigantesque entraînement devrait avoir lieu en Champagne-Ardenne en 2023. Sous le nom de code « Opération Orion », 10 000 soldats français [en fait peut-être jusqu’à 25 000] devraient y participer à des exercices de simulation, incluant opérations de déploiement et tirs à balles réelles.

Concomitamment, précise le magazine britannique, le budget attribué à la Défense par l’Etat va quasiment doubler : d’ici à 2025, il devrait atteindre 50 milliards par an, soit une augmentation de 46% par rapport à 2018. »

Voilà qui est tout à fait clair. Et on notera que le média russe Spoutnik présente directement cette question en la reliant à la question de la guerre de l’OTAN contre la Russie, dans son article Les faiblesses de l’armée française en cas de conflit entre l’Otan et la Russie inquiètent aux USA faisant référence à une évaluation de l’armée française par un très important think tank américain.

Est-ce juste ? Oui et non, car le conflit entre l’OTAN et la Russie, à travers la question ukrainienne, est déjà brûlant. Mais c’est tendanciellement vrai, parce que les choses changent très rapidement, au point que le sens d’un exercice militaire change de mois en mois, même de semaine en semaine. C’est le principe même du militarisme que d’être à la fois très concret matériellement et particulièrement volatile dans sa substance. Alliances, retournements d’alliances, pauses, accélérations… Comme avant 1914, tout cela se déroule sur un fond de crise.

On avait ainsi les États-Unis de Donald Trump désireux de pratiquer l’isolationnisme et de se focaliser sur la Chine uniquement, alors qu’avec Joe Biden la ligne est interventionniste avec l’OTAN et vise la Russie en priorité… La France et l’Allemagne sont proches de la Russie et en même temps pas du tout…

L’important, pour chaque militarisme, c’est d’élever le niveau, d’être prêt à la confrontation. Et, d’ailleurs, ces exercices relèvent eux-mêmes de la confrontation. Le général Lecointre, chef d’état-major des Armées, l’exprime de manière très franche.

Nous prévoyons […] d’organiser en 2023 un exercice, dénommé Orion, qui sera multi-milieux, interarmées, interallié, de niveau divisionnaire et qui impliquera 17’000 à 20’000 hommes et 500 véhicules de l’armée de Terre, deux porte-hélicoptères amphibies, le porte-avions Charles-de-Gaulle pour la Marine et 40 avions de l’armée de l’Air et de l’Espace (…).

Les exercices que cette préparation nous amène à réaliser constituent, en eux-mêmes, une forme de démonstration de puissance, donc de confrontation.

La France va à la guerre, c’est une évidence. Qui ne fait pas du thème de la guerre un sujet récurrent n’a pas saisi le cours de l’Histoire.

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Mer Noire : Poutine accuse les États-Unis et lance un avertissement dans un regain de tension

Le président russe a été très diplomate sur la forme, ultra-violent sur le fond.

Ce sont d’impressionnantes photos que le ministère de la Défense des Pays-Bas a diffusé à la toute fin juin 2021. On y voit de vraiment très près des chasseurs russes, pour ce qui s’est déroulé parallèlement à l’affaire du HMS Defender, un navire britannique ayant provoqué la Russie sur la côte de Crimée.

En fait, de la même manière, le même jour, la frégate néerlandaise HNLMS Evertsen a navigué au sud-est de la Crimée et a subi pendant cinq heures des passages multiples d’avions russes. Le ministère de la Défense des Pays-Bas a affirmé que les avions avaient même feint des attaques.

Pourquoi le ministère de la Défense des Pays-Bas ne donne-t-il l’information qu’une semaine après? Tout simplement parce que, depuis l’échec de la Russie dans sa tentative de montée de la tension avec l’Ukraine, la pression de l’OTAN est énorme. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne poussent à la guerre face à un ennemi qui s’est raté et chaque jour apporte son lot de contribution à une guerre psychologique pour faciliter la mise en place de la guerre.

D’ailleurs, lors du sommet de l’Union Européenne, le 25 juin 2021 à Bruxelles, la chancelière allemande Angela Merkel (appuyée par le chancelier autrichien Sebastian Kurz) et le président français Emmanuel Macron ont bien tenté de proposer une rencontre avec le président russe Vladimir Poutine, mais ils se sont fait rejeter. Les 27 pays de l’Union Européenne sont très largement passés sous le contrôle de l’OTAN et de sa ligne anti-russe.

La Russie s’est prise les pieds dans le tapis face à l’Ukraine, elle connaît une terrible crise sanitaire en raison de la pandémie, l’Ukraine peut servir de chair à canon… Il y a toutes les raisons pour pousser à la guerre de la part de toute une série de pays, Etats-Unis et Grande-Bretagne en tête.

Le président russe Vladimir Poutine a donc remis de l’huile sur le feu le 30 juin 2021, lors d’une grande interview à la télévision russe. Il a expliqué que ce qu’a fait la Grande-Bretagne avait été une provocation. Il a ajouté que cette provocation avait été manigancée en commun avec les Etats-Unis. Et il a ouvertement parlé de couler le navire britannique, expliquant que cela n’aboutirait pas à une guerre, qui serait totale et qui par conséquent n’aurait pas lieu.

C’est une banalisation ouverte d’un conflit armé, en présentant les choses comme si de toutes façons il serait limité. C’est pratiquement une invitation, même.

«Vous avez dit que le monde était au bord d’une guerre mondiale. Bien sûr que non.

Même si nous avions coulé ce navire, il serait encore difficile d’imaginer que le monde serait au bord d’une Troisième Guerre mondiale, parce que ceux qui le font savent qu’ils ne peuvent pas sortir victorieux de cette guerre. C’est une chose très importante.  

Je ne pense pas que nous serions contents du développement des événements dont vous parlez, mais au moins nous savons pour quoi nous nous battons.

Nous nous battons pour nous-mêmes, pour notre avenir sur notre territoire.

Ce n’est pas nous qui sommes venus vers eux à des milliers de kilomètres, qui sommes venus par les airs ou par la mer.

Ce sont eux qui se sont approchés de nos frontières et ont violé nos eaux territoriales.

Voici le passage où Vladimir Poutine explique cela, mis en ligne par le média russe Spoutnik, qui déverse une propagande pro-russe de manière ininterrompue, avec comme public un extrême-Droite viriliste, « occidentaliste », etc.

Vladimir Poutine a alors tenté de développer une théorie en faveur de l’expansionnisme russe, de la manière suivante. La Russie aurait eu le malheur de faire des manœuvres militaires à côté de l’Ukraine, ce qui aurait fait peur et donc celles-ci auraient été stoppées. Mais l’OTAN en voudrait toujours plus et a comme réponse d’ailleurs de mener des manœuvres militaires en Mer Noire.

Au passage, il a d’ailleurs expliqué.

«À quoi bon rencontrer Zelensky, s’il a abandonné son pays à un contrôle total depuis l’étranger? Les questions clés, vitales pour l’Ukraine, ne sont pas résolues à Kiev mais à Washington. Et dans une certaine mesure à Paris et Berlin.

Cela est tout à fait vrai, mais les manœuvres militaires russes – littéralement les préparatifs d’une invasion – ont largement contribué à cette soumission aux Etats-Unis et à l’OTAN. Et Vladimir Poutine parle de la Crimée comme russe, alors que sur le plan du droit international, c’est un territoire ukrainien.

Tant l’expansionnisme russe que l’OTAN sont ici de sacrés monstres. Tous deux expriment un militarisme provoqué par une crise mondiale qui, loin de se terminer, prolonge ses ramifications dans tous les domaines.

Et ici, en fait, l’expansionnisme russe par l’intermédiaire de Vladimir Poutine dit ouvertement qu’il est prêt à faire la guerre pour conserver la Crimée… Qu’un affrontement localisé serait sans conséquences mondiales. Que, donc, les hostilités peuvent bientôt commencer…

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Incident militaire russo-britannique en Mer Noire

La tension continue de monter en vue de la prochaine crise russo-ukrainienne.

Au milieu juin il y a eu, en Suisse à Genève, une rencontre entre les présidents américain et russe, Joe Biden et Vladimir Poutine. L’escalade en cours est donc passée par un protagoniste très actif du militarisme mondial, le Royaume-Uni, à l’offensive depuis le Brexit.

Le 23 juin 2021, le destroyer britannique HMS Defender s’est ainsi rapproché de la Crimée, annexée par la Russie. Cette dernière considère, selon les critères internationaux, que l’espace maritime de 12 miles nautiques de large depuis la côte est son territoire national. Or, le HMS Defender s’est placé à dix miles nautiques, soit 18,5 km.

La Russie a averti le destroyer, puis procédé à des tirs de semonce au moyen des navires garde-côtes, puis a envoyé dix minutes plus tard un avion Su-24M afin de larguer quatre bombes à fragmentation hautement explosives de 250 mm le long du parcours du destroyer.

L’ambassadeur britannique à Moscou a été convoqué. De leur côté, les forces britanniques nient d’avoir pénétré l’espace maritime de la Crimée, tout comme d’avoir été pris à partie par la marine militaire russe, parlant d’exercices d’artillerie russe se déroulant au même moment.

On notera les couleurs LGBT du Ministère britannique de la Défense

Cet incident se produit alors que le Royaume-Uni est très actif pour fournir à l’Ukraine des navires militaires ainsi qu’une aide pour construire deux bases navales (une en Mer Noire et l’autre en Mer d’Azov). Il s’agit de la pointe d’une tendance générale, puisque du 28 juin au 10 juillet se déroule en Mer Noire militaires Sea Breeze 2021, des manœuvres militaires avec l’Ukraine et l’OTAN.

L’OTAN vise très clairement à faire de l’Ukraine un élément central dans son dispositif d’affrontement avec la Russie. Le peuple ukrainien doit servir de chair à canon et le pays de zone tampon. En ce sens, les survols des avions-espions de l’OTAN sont ininterrompus (ici le parcours du Usaf Boeing RC-135V Rivet Joint le 23 juin 2021).

La grande opération de militarisation de sa frontière par la Russie s’est ainsi avérée un échec. L’Ukraine a tenu le choc, ne permettant pas une offensive russe, amenant même inversement un soutien militaire massif des Etats-Unis et du Royaume-Uni, avec le renforcement de la perspective de l’intégration de l’Ukraine dans l’OTAN (si ce n’est formellement, du moins techniquement).

Si la Russie était la plus agressive à l’origine, ce sont désormais très clairement les forces américano-britanniques qui poussent pour profiter d’une situation jouant en leur faveur, alors que le nationalisme le plus fantasmatique se déverse en Ukraine.

C’est une preuve de la tendance à la guerre toujours davantage prédominante dans les rapports internationaux ; la crise russo-ukrainienne n’a pas disparu, son affaiblissement relatif ne correspond qu’à une vague nouvelle, plus haute que la précédente, alors que désormais la Biélorussie est totalement isolée par les pays occidentaux en raison de l’affaire de l’avion détourné.

L’élan en ce sens est d’autant plus violent qu’il s’agit à terme pour la superpuissance américaine de se confronter à la Chine. Or l’effondrement du régime russe est un objectif qui doit être réalisé auparavant, afin d’isoler encore plus la Chine, de renforcer le bloc occidental en faisant en sorte que l’Allemagne sorte renforcée et accepte de se placer dans le giron américain, etc.

La guerre est le seul horizon concret du capitalisme en crise.

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Centrafrique, Mali : la France sort un peu, la Russie entre beaucoup

La bataille pour le repartage du monde fait rage.

Le président français Emmanuel Macron a annoncé la fin de l’opération Barkhane, l’opération militaire menée au Sahel et au Sahara par l’Armée française. L’opération vise les terroristes islamistes, ainsi qu’à maintenir l’hégémonie politico-militaire sur la région. Tout comme l’OTAN a dans de nombreux pays le rôle d’exercer une intimidation étouffant toute vélléité de contestation généralisée (comme en Italie ou en Allemagne avec ses bases), les forces militaires françaises au Mali servent d’outil préventif et, éventuellement, offensif.

Il y a eu principalement deux interprétations à l’annonce du retrait. La première a consisté à accepter la version officielle d’une passation de relais aux Européens et aux Nations Unies. La seconde tient à affirmer que la France est hypocrite et conserve en réalité ses soldats sur place.

La réalité est bien plus complexe, ou plus simple, ce qui revient en même. Concrètement, la France reste, tout en partant, car c’est la Russie qui a désormais acquis une place significative au Mali. Cela ne veut pas dire que la France sorte entièrement. Cependant, elle cède une bonne partie de sa place.

C’est là le fruit d’un intense conflit. D’ailleurs, au sens strict, s’il a beaucoup été parlé du Mali en France ces derniers temps, c’est justement parce que la France et la Russie lançaient des campagnes à ce sujet. Certains gens de Gauche en France découvrant le Mali au Printemps 2021 ont simplement été les relais de la campagne russe… alors que faux comptes maliens mis en place par la Russie ont d’ailleurs été fermés par Facebook.

Mais ce n’est pas tout : en décembre 2020 Facebook avait fermé de faux comptes maliens mis en branle par l’armée française! Ces faux comptes concernaient d’ailleurs non seulement le Mali, mais également la Centrafrique, le Niger, le Burkina Faso, l’Algérie, la Côte d’Ivoire et le Tchad…

Et justement, le 8 juin 2021, la France cessait toute coopération militaire et aides économiques à la Centrafrique, en raison de son passage dans l’orbite russe. Voici comment Challenges présente la situation dans ce pays.

Une mission partiellement réussie en République centrafricaine, pays emblématique de la Françafrique qui accueillait autrefois deux bases militaires à Bouar et à Bangui. La Russie a déboulé dès 2016 concomitamment au retrait de la force Sangaris en s’appuyant sur son porte-voix: le groupe Wagner (ChVK).

Fondée par Evgueni Prigojine, un intime de Vladimir Poutine, cette société paramilitaire déploie plusieurs centaines de mercenaires sur le terrain pour contenir les multiples groupes armés. Durant la présidentielle de décembre 2020 ces hommes, appuyés par des éléments rwandais et les Forces armées centrafricaines (Faca), ont empêché l’incursion de rebelles dans la capitale.

Ils sécurisent par ailleurs les institutions (Assemblée nationale, ministères…) et forment la garde rapprochée de Faustin-Archange Touadéra. Sur toutes les questions sécuritaires le chef de l’Etat centrafricain est d’ailleurs conseillé par Valéry Zakharov.

Cet ancien membre du renseignement russe dispose d’un bureau attitré au palais de la Renaissance, siège de la présidence.

La cessation de l’opération Barkhane se situe dans la même perspective. Cela suit directement la décision en mai 2021 du président de la « transition » suivant le coup d’Etat au Mali, Assimi Goïta, de nommer comme nouveau Premier ministre Choguel Maiga, issu de la coalition M5-RFP partisane de chasser la France, et ayant suivi des études de télécommunications en Russie. Emmanuel Macron a alors parlé de « coup d’État dans le coup d’État inacceptable ».

La Russie a tout simplement réussi son opération.

Pour en rajouter à la compréhension de cette poudrière, il faut savoir que l’Algérie fait en sorte d’autoriser l’intervention militaire légale à l’étranger au moyen d’une réforme de la constitution, alors qu’en 2020 le Maroc a augmenté son budget militaire de 30%, se procurant notamment des hélicoptères Apache AH-64E dernier cri, au grand dam de l’Espagne y voyant un avantage tactique massif déstabilisant encore plus les rapports de force, puisqu’il y a également l’acquisition de chasseurs F-16, de chasseurs F-35, du système de défense aérienne Patriot, de missiles air-air AMRAAM de Raytheon AIM-120, de drones MQ-9 Reaper, de chars de combat M1 Abrams…

L’Arabie Saoudite et les États-Unis sont ici derrière le Maroc. Car il ne faut jamais perdre de vue l’arrière-plan principal : l’affrontement entre la superpuissance américaine et son challenger chinois. Aux États-Unis, John Biden a mis en place un budget militaire américain record pour 2022, avec 753 milliards de dollars, dont 112 milliards de dollars pour la recherche et le développement.

Le général Mark Milley, le chef d’état-major interarmées, a expliqué à la toute fin mai 2021 à la sous-commission de la Défense de la commission des crédits de la Chambre, que :

La Chine est notre premier défi géostratégique en matière de sécurité.

La Chine remet en question le statu quo de paix dans le Pacifique et a l’intention de réviser l’ordre international mondial d’ici le milieu du siècle. La Chine mène des exercices à grande échelle dans la région, en mettant l’accent sur les débarquements amphibies, les feux conjoints et les scénarios de frappe maritime.

Ces actions menacent l’autonomie de nos alliés et partenaires, mettent en péril la liberté de navigation, de survol et les autres utilisations légales de la mer, et compromettent la paix et la stabilité régionales. En bref, la Chine a développé d’importantes capacités militaires nucléaires, spatiales, cybernétiques, terrestres, aériennes et maritimes et continue de le faire (…).

Les États-Unis, en tant que nation, ont toujours eu l’avantage et le temps d’un long renforcement militaire avant le début des hostilités. L’environnement opérationnel de l’avenir ne nous offrira probablement pas le luxe du temps nécessaire à la projection de la force. Alors, le fait de disposer de forces modernisées, suffisamment importantes et prêtes, sera la clé du maintien de la dissuasion et de la paix et, si la dissuasion échoue, du combat et de la victoire.

La guerre s’affirme chaque jour davantage. La bataille pour le repartage du monde prend toujours plus le dessus sur toute autre considération.

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La France veut renverser le régime biélorusse

La Gauche doit dénoncer cette agression.

La France, tout comme l’ensemble des pays de l’Union européenne, vise au renversement du régime biélorusse. Bien entendu celui-ci est intolérable, il n’est ni démocratique, ni populaire. C’est un régime où les expressions du peuple sont étouffées, quitte à le faire violemment afin d’intimider, de terroriser. Mais l’objectif de la France n’est pas une Biélorussie démocratique, une Biélorussie populaire. L’objectif de la France est une Biélorussie qui devienne demain un satellite de la France et de l’Allemagne, tout comme elle est aujourd’hui une satellite de la Russie.

C’est pour cela que la France et les pays de l’Union européenne subventionnent et soutiennent des « opposants » biélorusses qui sont en fait des activistes en faveur d’une grande puissance contre une autre, parfois sans même s’en apercevoir. C’est pour cela que de nombreuses associations et institutions poussent dans chaque pays en faveur d’un changement de régime en Biélorussie, avec un basculement en faveur de l’Union européenne et de l’OTAN.

Qui accepte cette intense propagande est objectivement l’allié des tentatives du capitalisme français d’élargir son périmètre de domination, aux dépens du peuple biélorusse. La Gauche doit par définition critiquer le régime biélorusse, mais de par sa position tout d’abord dénoncer la démarche française visant à intervenir dans les affaires biélorusses en appuyant une opposition façonnée de l’Union européenne et de l’OTAN. C’est essentiel non seulement pour ne pas dévoyer l’opposition biélorusse, même si c’est trop tard… et afin de ne pas converger avec les intérêts capitalistes cherchant à trouver de nouveaux terrains d’accumulation, par les coups d’État ou les guerres.

Tout comme la Gauche doit s’opposer aux guerres, elle doit s’opposer aux contributions aux coups d’État !

Naturellement, tout cela n’a en soi rien de nouveau, malheureusement, on sait comment la France décide directement de la direction étatique de plusieurs pays africains. Cependant, le contexte a totalement changé depuis l’irruption de la crise sanitaire, avec ses aspects économiques (et écologiques dans sa nature). Désormais, on est en pleine bataille pour le repartage du monde. La France vise ainsi un pays jamais visé jusque-là.

Dans les années 1930, la Roumanie était par exemple sous hégémonie française. Mais depuis 1945, la France n’a plus de réel impact dans l’Est européen, alors qu’après 1989 c’est l’Allemagne et l’Autriche qui ont développé leurs réseaux. Et là elle participe à une vaste campagne non pas simplement de déstabilisation, mais d’organisation d’un coup d’État, dans une capitale à plus de 1800 kilomètres de Paris.

Cela exprime un changement de perspective et cela montre bien d’ailleurs que l’actualité principale est devenue en France un double phénomène consistant en des restructurations d’un côté, la tendance à la guerre de l’autre. Tout le reste devient secondaire, s’efface devant ces deux marqueurs de l’ensemble de l’actualité politique. Le capitalisme a besoin de se moderniser et de s’étendre ; les partis politiques se positionnent différemment afin d’y contribuer, sauf la Gauche authentique, historique, qui doit se confronter à cela, en affirmant la démocratie et et le peuple !

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Guerre

La Biélorussie isolée et sous pression de l’OTAN

Une pierre de plus à l’édifice monstrueux de la guerre.

La crise biélorusse est désormais entièrement superposée à la crise ukrainienne et on en a un triste exemple avec le passé de l’opposant biélorusse Roman Protassevitch, dont l’arrestation a été la motivation pour la Biélorussie du détournement d’un avion au motif qu’il y aurait eu une menace d’attentat. Le régime biélorusse a d’ailleurs fini par sortir du placard un communiqué de menace provenant… du Hamas palestinien, à travers la Suisse, envoyé après l’arraisonnement de l’avion. Cela ne tient pas du tout, naturellement.

Il semble donc, par contre, acquis que Roman Protassevitch ait été un membre, en 2015-2015, du bataillon néo-nazi Azov opérant au sein de l’armée ukrainienne (et devenu un régiment de la garde nationale directement supervisé par le ministre de l’Intérieur ukrainien). L’information a bien entendu été balancée par la Russie et après des dénégations initiales, un haut responsable du bataillon Azov a confirmé cela, en expliquant que Roman Protassevitch avait agi comme journaliste. Le problème, c’est que les images de lui en armes ou avec un t-shirt néo-nazi ne disent pas la même chose…

Tout comme l’Ukraine, la Biélorussie se retrouve ainsi coincée entre des forces pro-OTAN et des forces pro-russes, qui sont tous les deux hideuses. Cela fait deux cibles (très proches géographiquement) de la bataille pour le repartage du monde. Et cela se passe dans une tension extrême afin d’obtenir ou de maintenir l’hégémonie.

Depuis son arrestation, Roman Protassevitch apparaît ainsi dans une courte vidéo où il semble se « repentir », alors qu’il semble à peu près clair que les forces de répression biélorusses l’ont maltraité, tout comme le sont les 426 opposants déjà emprisonnés. Un jeune de 17 ans, Dima Stakhovsky, vient d’ailleurs de se suicider dans sa cellule ; il avait été condamné à quinze ans de prison pour émeute.

Et, après l’appel de l’Union européenne à isoler l’espace aérien biélorusse, ce qui n’est pas une obligation formelle pour les États membres, certains pays ont franchi le pas, tels la France, le Royaume-Uni, la Pologne, la Lituanie, la Lettonie, l’Estonie, la Suède, la République tchèque, l’Ukraine. On notera d’ailleurs que la France a mit cela le jeudi 27 mai 2021, seulement, sans crier gare, obligeant l’avion de la compagnie d’aviation biélorusse Belavia réalisant la liaison Minsk-Barcelone venant de décoller à tourner en rond pour vider son carburant et à retourner d’où il était parti.

Le président du Parlement européen David Sassoli a également proposé d’afficher la photo de Roman Protassevitch dans tous les aéroports de l’Union européenne, la Roumanie de renommer la rue de l’ambassade de Biélorussie à Bucarest du nom de Roman Protassevitch, Emmanuel Macron appelant à se confronter avec la Russie :

« Nous avons besoin de recadrer très profondément notre relation avec la Russie pour ne pas être simplement réactif mais définir une stratégie de court, moyen et long terme compte tenu du fait que l’espace de sécurité européen passe par une discussion exigeante avec la Russie. »

L’opposition est frontale et l’objectif des pays de l’OTAN très clair : il s’agit de parvenir à faire tomber le régime biélorusse, pour l’arracher à l’orbite russe. En ce sens, l’Union européenne compte prendre des mesures contre des entreprises et le secteur bancaire biélorusse. Heiko Maas, ministre allemand des Affaires étrangères, parle d’une « spirale de sanctions » qui va se mettre en place : l’Allemagne, qui a freiné tout soutien à l’Ukraine, espère par contre clairement avoir le dessus pour prendre le contrôle de la Biélorussie.

D’où la déclaration commune dans le cadre du G7 :

« Nous, les ministres des Affaires étrangères du G7, soit l’Allemagne, le Canada, les États-Unis d’Amérique, la France, l’Italie, le Japon et le Royaume-Uni, ainsi que le haut représentant de l’Union européenne, condamnons fermement l’acte sans précédent des autorités bélarusses, qui ont arrêté le journaliste indépendant Roman Protassevicht et sa compagne Sofia Sapéga après avoir forcé le vol FR4978 dans lequel ils se trouvaient à atterrir à Minsk le 23 mai.

Cet acte a mis en danger la sécurité des passagers et de l’équipage du vol. Il s’agissait également d’une atteinte grave aux règles régissant l’aviation civile. Nos pays, et nos citoyens, dépendent du fait que chaque État agit de manière responsable en remplissant ses obligations en vertu de la Convention de Chicago, afin que les avions civils puissent opérer en toute sécurité. Nous demandons à l’Organisation de l’aviation civile internationale de se pencher d’urgence sur ce manquement à ses règles et à ses normes.

Cet acte représente également une grave attaque contre la liberté de la presse. Nous demandons la libération immédiate et inconditionnelle de Roman Protassevicht, ainsi que de tous les autres journalistes et prisonniers politiques détenus au Bélarus. 

Nous renforcerons nos efforts, notamment par l’intermédiaire de nouvelles sanctions le cas échéant, afin de veiller à ce que les autorités bélarusses assument la responsabilité de leurs actes. »

L’OTAN est évidemment ouvertement de la partie, avec un communiqué où Roman Protassevitch est présenté comme un « journaliste » (les médias parlant même d’un simple blogueur!) :

« 1. Le Conseil de l’Atlantique Nord condamne fermement le détournement vers Minsk (Bélarus), le 23 mai, d’un vol de la compagnie Ryanair qui reliait Athènes à Vilnius, ainsi que le débarquement forcé et l’arrestation de Roman Protassevitch, éminent journaliste bélarussien qui se trouvait à bord, et de Sofia Sapega.

Cet acte inacceptable, qui a mis en danger la vie des passagers et membres d’équipage, constitue une violation grave des normes régissant l’aviation civile. Nous nous associons à ceux qui réclament en urgence une enquête indépendante, qui serait menée notamment par l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI). Nous approuvons les mesures prises par les Alliés, à titre individuel ou collectif, en réaction à cet incident.

2. La détention de M. Protassevitch est un affront aux principes de la liberté d’opinion politique et de la liberté de la presse. Le Bélarus doit relâcher M. Protassevitch et Mme Sapega immédiatement et sans condition.

Les pays de l’OTAN engagent le Belarus à respecter les libertés et droits fondamentaux de la personne et à se conformer aux règles qui fondent l’ordre international. Les Alliés sont solidaires de la Lettonie à la suite de l’expulsion injustifiée de diplomates lettons. »

La Biélorussie a par contre des appuis. Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a affirmé qu’il n’y avait aucune preuve que des agents secrets aient été à bord du vol Athènes-Vilnius. La Chine est du côté biélorusse, et la Turquie a fait en sorte que la déclaration de l’OTAN soit moins brutale qu’elle ne devait l’être initialement.

Quant à la Russie, dont la Biélorussie est largement un satellite, elle refuse à ce que les avions allant chez elle évitent la Biélorussie, d’où des annulations pour Air France et Austrian Airlines.

La confrontation est ainsi très clairement posée et cette fois on n’est plus simplement dans un affrontement Ukraine-Russie, mais littéralement face à un incendie régional, voire européen.

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La guerre Israël-Gaza, une expression de plus de la tendance à la guerre

Des centaines de missiles artisanaux ont été lancés depuis Gaza, alors que les forces israéliennes frappent durement dans des représailles d’ailleurs en fait espérées et calculées.

Les forces israéliennes ont annoncé être intervenu à Gaza durant la nuit, une information reprise par certains médias, avant que finalement aucune confirmation ne soit venue.

En même temps, les vidéos de missiles traversant le ciel n’ont pas cessé pendant des heures et c’est là bien l’horreur de la guerre moderne : il est difficile pour les gens de savoir ce qu’il en est. Ils ne peuvent que subir ou être très loin, dans l’ignorance.

L’aviation israélienne a utilisé 160 avions simultanément contre 450 cibles alors qu’à la frontière avec Gaza, l’artillerie israélienne frappait aidée de tirs de 50 tanks. Le Hamas parle de 115 morts dont 27 enfants ; de son côté, le mouvement palestinien a lancé 1 700 missiles depuis le début des troubles.

Il ne s’agit plus seulement de soldats tirant des coups de feu. On parle de missiles, de tanks, de drones, d’hélicoptères, de soldats en civils… bref de toute une série d’opérations spéciales, où l’intoxication de l’opinion publique joue aussi un rôle important, puisqu’il s’agit de maintenir le moral d’un arrière-pays utile à une armée composée de professionnels désormais.

Telle est la marche à la guerre dans le cadre de la crise et, d’ailleurs, des forces d’Azerbaïdjan viennent également de pénétrer de plusieurs kilomètres en Arménie, sans qu’on sache pareillement précisément ni comment ni pourquoi. La guerre psychologique est un facteur essentiel aux militaristes, au Proche-Orient comme au Caucase, comme à la frontière russo-ukrainienne.

Cette guerre psychologique est une terreur contre la population. Il est facile de voir que ni les forces israéliennes ni le Hamas ne veulent mobiliser leur propre peuple. Ce qui compte, c’est la brutalité, la force de frappe, l’intimidation. C’est le rapport de forces permanent, sans perspective autre que la logique expansionniste. C’est hors du peuple, hors de la démocratie, simplement une tendance destructrice, conquérante.

Un exemple de la série d’objectifs visés par les missiles lancées depuis Gaza dans la nuit du 13 au 14 mai 2021

Il ne faut donc pas faire de géopolitique, il ne faut pas s’imaginer qu’un tel puisse être utile contre un tel, il ne faut pas tomber dans le pragmatisme. Dans les milieux du PCF, on pense souvent désormais que la Chine serait « socialiste » à sa manière et formerait un rempart face aux États-Unis, d’autres pensent que c’est la Russie « eurasienne », d’autres notamment dans les milieux anarchistes ou post-modernes sont fascinés par les forces arabo-musulmanes…

Tout cela est erroné, car non fondé sur les deux seuls critères : le peuple et la démocratie. On est soit une partie du problème, soit une partie de la solution, et il est évident que ni l’État israélien, ni le Hamas ne sont une partie de la solution. Ils montrent bien qu’ils s’intègrent parfaitement dans le parti de la guerre, que leurs démarches convergent avec la tendance à la guerre.

Alors ce qu’il faut, c’est dénoncer la tendance mondiale à la guerre, et soutenir les forces démocratiques et populaires cherchant, dans chaque cas particulier, à s’extirper des situations.

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Ukraine-Russie: une actualité qui s’impose

Le conflit entre l’Ukraine et la Russie se pose désormais ouvertement à la face du monde.

La montée en puissance du conflit entre l’Ukraine et la Russie a réussi à percer le silence médiatique ; désormais beaucoup de médias en parlent. Le souci, c’est qu’il apparaît clairement qu’en fait les médias attendaient les positions officielles de leur propre pays. Il est flagrant qu’il n’y a pas d’indépendance dans les orientations, tout est résolument placé dans la perspective du ministère des affaires étrangères de chaque pays.

De plus, cette percée médiatique et ces positions diplomatiques s’exposent surtout parce que désormais les deux blocs apparaissent clairement : l’OTAN d’un côté, avec la superpuissance américaine, et la Russie avec son expansionnisme.

Cela pose la question du jeu des alliances. Ainsi, le 8 avril 2021, Angela Merkel a appelé le président russe Vladimir Poutine, pour demander que ce soit cessée l’escalade militaire. Mais en même temps l’Allemagne et son satellite autrichien se tournent résolument vers le vaccin Spoutnik. Quant à la France, son silence en dit long sur son orientation à la suite de l’Allemagne.

Ce qui n’a pas grand chose à voir avec la position américaine qui a été d’affirmer que des navires militaires seraient envoyés en Mer Noire. Une mer Noire qui va également accueillir de nombreux navires russes, prétendument pour un « exercice ». Une Mer Noire où se trouve la Crimée où était présent le 8 avril le président russe Vladimir Poutine.

Vladimir Poutine dont l’administration présidentielle a comme responsable Dmitri Kozak, qui a expliqué le même jour que :

« Le début des hostilités est le début de la fin de l’Ukraine. »

Une Ukraine qui a désormais refusé que les négociations futures se trouvent à Minsk, la capitale de la Biélorussie. Une Biélorussie qui a commencé à déplacer des troupes à sa frontière avec l’Ukraine. Alors qu’inversement, toujours le 8 avril, le ministre des affaires étrangères polonais, Zbigniew Rau, était à Kiev pour rendre visite à son homologue ukrainien Dmytro Kuleba.

Le ministre letton des affaires étrangères, Edgars Rinkevics, a affirmé de son côté que son pays soutenait l’initiative lituanienne de proposer un plan pour la rentrée de l’Ukraine dans l’Otan. Et l’ambassadeur slovaque à Kiev, Yurii Mushka, a annoncé la mise en place d’une coopération transfrontalière slovaquo-ukrainienne.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a quant à lui visité le front. Alors qu’en face les troupes russes continuent d’affluer.

Rien qu’avec tout cela la Russie a réussi son premier objectif : proposer une vague d’inquiétude et de mobilisation, tout en s’opposant à l’OTAN. Beaucoup pensent que les choses s’arrêteront là, que c’était le but, faire peur pour négocier. Seulement, on est en pleine crise, une crise dont le capitalisme ne se sort pas depuis une année. Et là la guerre pour le repartage du monde exige plus que des négociations, fussent-elles musclées.

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Guerre

La Gauche va t-elle se recomposer dans l’opposition à la Guerre ?

Ces derniers temps sont marqués par de vives tensions militaires dans le monde, allant même jusqu’à des conflits ouverts. Porteuse de la tradition pacifiste et antimilitariste, la Gauche est pourtant incapable de produire une opposition organisée.

Depuis la fin du premier confinement, les accrochages militaires n’en finissent pas de secouer le monde. Avant même l’arrivée de la crise sanitaire, les conflits, ouverts ou larvés, étaient déjà bien réels, comme, entre autres pays, en Syrie, en Libye, au Mali, à la frontière entre l’Inde et la Chine, au Cachemire, etc.

Mais il est évident que la crise sanitaire fait passer un cap nouveau dans le renforcement des tendances à la Guerre, avec de manière principale la tension stratégique entre la Chine et les États-Unis formant l’arrière-plan indirect de chaque tension régionale. C’est le cas autant des tensions entre la France et la Turquie depuis l’été 2020, comme de la guerre au Haut-Karabagh à l’automne 2020, sans même parler des terribles tensions actuelles entre la Russie et l’Ukraine.

La situation évaluée au 6 avril en ce qui concerne les troupes russes aux frontières ukrainiennes

Et pourtant cette tendance à la guerre, ces déchaînements nationalistes chauvins ne provoquent aucune mobilisation de la part des forces de gauche, et même très peu de prises de position au regard des enjeux. Cela est le reflet d’une situation historique de paralysie populaire, de tétanie face aux enjeux politiques. Et cela est d’autant plus frappant lorsqu’on regarde les décennies 1990-2000… Sans même parler des années 1960-1970 avec sa vaste vague hippie pacifiste, puis l’opposition disparate mais armée dans les années 1980, contre l’OTAN.

Un exemple historique sur lequel on peut se fonder, c’est le déclenchement de la première guerre du golfe en 1991 et la vaste mobilisation anti-guerre qui en a découlé.

À la suite de la guerre avec l’Iran entre 1980 et 1988, l’Irak de Saddam Hussein envahit au début du mois d’août 1990 le Koweït, menaçant ensuite d’intervenir en Arabie-Saoudite. Cela produit une réaction immédiate des États-Unis, et par conséquent de l’OTAN.

En France, en septembre 1990, fut lancé « l’Appel des 75 contre la guerre du Golfe », avec la perspective d’une campagne de mobilisation. Celle-ci se réalisera avec près de sept manifestations ou rassemblements, parfois interdits. Le 20 octobre 1990 vit plusieurs milliers de personnes se mobiliser à travers les réseaux de la Gauche, contre les menaces d’interventions occidentales en Irak.

Manifestation interdite du 26 janvier 1991 à Paris

Le 7 décembre 1990, à Paris eut lieu un meeting international contre la guerre à l’initiative du Collectif de l’Appel contre la guerre du Golfe, unissant de nombreuses organisation de gauche, comme le PCF, les trotskistes du PCI et de la LCR, des Verts comme René Dumont, des libertaires et des maoïstes, etc. Dans le sillage de ces mobilisations a éclos toute une agitation culturelle, avec des brochures et des fanzines pacifistes, voire révolutionnaires.

L’apogée de la contestation fut la grande manifestation nationale du 12 janvier 1991, avec près de 500 000 personnes dans tout le pays pour dire « Non à la guerre », et pour les franges de l’extrême gauche « Guerre à la guerre ». Cela n’a pas empêché le déclenchement de l’opération « Tempête du Désert » le 17 janvier 1991, mais l’honneur de la Gauche était sauvée.

D’ailleurs, tout cette agitation a pu se maintenir alors que la chute de l’URSS relançait les guerres intestines dans les Balkans. Les attentats du 11 septembre 2001, et les menaces d’intervention en Afghanistan et en Irak, ont fait se continuer cette culture pacifiste. Ainsi, le 16 février 2003, ce sont 100 à 200 000 personnes qui manifestent contre l’intervention de l’OTAN en Irak, avec notamment un mot d’ordre resté populaire « Non à la Busherie ».

Alors où est passée tout cette culture anti-guerre, pacifiste en France alors que les tensions entre grandes puissances, et surtout entre les États-Unis et la Chine, semblent de plus en plus menacer le monde d’un conflit généralisé ?

Il n’a bien évidemment pas disparu dans le peuple, mais le basculement des restes de la Gauche historique dans le postmodernisme libéral-libertaire fait que ces problématiques ne font plus vraiment partie du paysage politique.

Rosa Luxembourg en 1915, qui a su s’opposer à la guerre grâce à son appartenance à la social-démocratie historique et sa conception du monde

D’où la nécessité de relancer la Gauche historique. Pour avoir une opposition anti-guerre constituée, organisée, il faut avoir conscience d’une leçon historique du mouvement ouvrier : le capitalisme comporte une tendance vers la guerre, et la crise économique en est l’accélérateur incompressible.

Mais quand ont été jetés aux oubliettes les principes de lutte des classes, de capitalisme, de crise, pour être remplacés par les principes d’individus, d’identité, de relativisme, d’anti-universalisme… alors, forcément, on ne peut pas comprendre la guerre pour le repartage du monde.

La ligne juste est ainsi de reconstruire la Gauche sur ses bases historiques pour porter les valeurs démocratiques et populaires pour faire face aux conséquences sociales, économiques et politiques de la crise… et s’opposer à la guerre. Chaque jour compte. Sans quoi on se retrouvera comme en 1914.

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Russie-Ukraine: des escarmouches alors que continue l’accumulation de troupes

Les effectifs augmentent, les accrochages sont plus nombreux et s’intensifient.

La Femen Inna Shevchenko, qui travaille maintenant pour Charlie Hebdo, publie beaucoup de choses sur son Twitter, des choses plutôt intéressante sur la laïcité. Mais, alors qu’elle est ukrainienne, que le logo des Femen est aux couleurs ukrainiennes, elle ne dit pas un mot sur la situation actuelle. C’est un exemple assez affligeant d’inconséquence et de comportement petit-bourgeois : je fais carrière quelque part, de gauche mais pas trop, quant à mon pays et les gens qui y vivent…

Il est pourtant évident que les grandes puissances poussent à la guerre. L’Ukraine est poussée à la guerre par les États-Unis et la Russie l’est… par son propre expansionnisme. Il faut donc prendre partie contre la guerre, toujours… qui ne dit mot consent.

Il est d’ailleurs strictement impossible de ne pas voir que l’aggravation de la situation prend une tournure gravissime. Les deux armées les plus nombreuses d’Europe n’ont pas toujours cessé leur déploiement de troupes à leurs frontières ! La Russie et l’Ukraine se mobilisent littéralement…

Au 2 avril 2021, la Russie avait déjà ajouté 25 bataillons tactiques au 28 déjà présents aux frontières. Chaque bataillon consiste en un bataillon d’infanterie mécanisée, une compagnie de tanks et de l’artillerie. Et les accrochages se multiplient de manière exponentielle aux frontières des « républiques populaires » séparatistes, en fait pro-russes, de Donetzk et Louhansk, et le reste de l’Ukraine.

Violations du cessez-le-feu, au 3 avril, les sept jours précédents, les 30 jours précédents, moyenne pour 2020

Les informations télévisées russes déversent une propagande folle sur les velléités guerrières de l’Ukraine, chauffant à blanc l’opinion publique, avec notamment une fake news d’un enfant tué par un bombardement ukrainien (c’est la seule chose à ce sujet qu’Inna Shevchenko a retwitté d’ailleurs, gardant elle-même le silence).

Et en face on n’est pas en reste , l’armée ukrainienne annonçant qu’elle participerait à des opérations avec l’OTAN en mer Méditerranée et en Irak, qu’il y aurait bientôt des exercices en Ukraine même.

Exemple de folie furieuse, d’ailleurs, un avion de patrouille maritime et de lutte anti-sous-marine américain Boeing P-8A Poseidon a survolé le 3 avril 2021 la côte syrienne… utilisant son transpondeur de telle manière à ce que soit formé le nombre 46, allusion à Joe Biden, 46e président des États-Unis, qui est sur une ligne très agressive par rapport à la Russie.

Et alors que le 2 avril la France était certaine qu’il n’y aurait pas de conflit, le 3 avril il y a eu un communiqué commun des ministères des affaires étrangères de France et d’Allemagne. On y lit que :

« La France et l’Allemagne sont préoccupées par la multiplication des violations du cessez-le-feu, alors que la situation s’était stabilisée depuis juillet 2020 dans l’Est de l’Ukraine. Nous suivons avec une grande vigilance la situation, en particulier les mouvements de forces russes, et appelons les Parties à la retenue et à la désescalade immédiate des tensions. »

De par la nature des troupes envoyées par la Russie, on peut déjà lire le scénario suivant. Il va y avoir des accrochages dégénérant et la Russie va annoncer qu’elle est en nécessité d’envoyer des « gardiens de la paix » dans les zones séparatistes, afin d’obéir à sa constitution l’obligeant à protéger des citoyens russes.

Le but est de parvenir à un point de rupture pour annexer les deux « Républiques populaires ». La Russie peut avoir choisi de bouger de manière seule, ou bien elle répond à l’initiative américano-russe de lancer une opération de récupération. Peu importe, les deux sont coupables de la marche à la guerre.

Et ce n’est qu’un triste début dans une tendance à la guerre se généralisant à travers la crise du capitalisme sur toute la planète, à travers la compétition sino-américaine pour l’hégémonie mondiale.

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L’armée américaine achète pour 22 milliards des casques Hololens Microsoft

La course aux armements passe par le renforcement de la technologie et la superpuissance américaine compte bien maintenir son hégémonie.

La professionnalisation des armées a visé à se passer d’éventuelles révoltes à la base et augmenter de manière généralisée les capacités opératoires entre les troupes. L’armée américaine est en pointe dans cette perspective. C’est le sens de l’achat qui vient d’être effectué, qui s’élève à 22 milliards de dollars. Pour comprendre l’importance de cette somme, il faut se dire que c’est grosso modo la moitié du budget militaire français annuel.

Il s’agit pour l’armée américaine de se procurer des casques HoloLens 2 produits par Microsoft, 120 000 de ces lunettes seront fournies sur dix ans. Avec ces lunettes virtuelles connectées en réseau, on peut envoyer des informations, afin de renforcer les capacités inter-opératoires. La technologie est appelée Integrated Visual Augmentation System – Système d’augmentation visuelle intégrée.

La vue du soldat, ici en mode nocturne, voit une image se superposer, ici avec un plan et la localisation des soldats

L’armée américaine avait déjà fourni 479 millions de dollars à Microsoft en 2018 pour mettre en place ce système. Cela montre comment le capitalisme américain est dans sa racine même appuyé sur le complexe militaro-industriel. Des entreprises très avancées technologiquement profitent et appuient le militarisme américain.

Il ne s’agit pas de fournir de telles lunettes à chaque soldat, mais de faire en sorte que certains leaders en disposent afin qu’on puisse en temps réel leur fournir des informations, des ordres, qu’ils aient un aperçu plus approfondi des opérations en cours. Il s’agit de renforcer l’efficacité en action mais également de relier les actions… qui sont prévues pour une action en territoire urbain.

Naturellement, la Chine qui veut devenir une superpuissance sera obligée de suivre, comme d’ailleurs toutes les puissances cherchant à obtenir des capacités d’intervention. Ces lunettes pourront également être employées dans le pays lui-même, contre les révoltes. Autant dire que c’est là une monstrueuse contribution au militarisme et à la tendance à la guerre.

Il n’existe pratiquement aucune opposition interne au sein de Microsoft : les rares critiques internes ont reproché, à l’annonce du contrat, que Microsoft signe un contrat pour des armes de guerre le jour de la « visibilité LGBT », qu’il faudrait mieux soutenir les LGBT. Ce que fait en réalité Microsoft aussi, tout comme l’armée américaine. En l’absence de repères réellement de gauche, la marche à la guerre des États-Unis se déroule ainsi sans accrocs.

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Annexion du Donbass par la Russie: extrême tension militaire avec l’OTAN

La Russie va-t-elle annexer le Donbass ? Le spectre de la guerre s’incarne et ce n’est qu’un début.

La crise est là, la crise sanitaire n’est qu’un aspect d’une crise bien plus profonde et la bataille pour le repartage du monde s’accélère chaque jour. Ce qui se passe est un premier moment de terrible danger, dont les victimes seront toujours les peuples.

La Russie est en effet en train de procéder à une importante mobilisation de troupes à sa frontière avec l’Ukraine, plus exactement avec les parties de l’Ukraine gérées par les forces séparatistes pro-russes. Des convois ferroviaires très nombreux et très longs transportent massivement des véhicules militaires et tout ce qu’il faut comme approvisionnement.

C’est au point qu’est désorganisé le transport pour le matériel agricole, alors que le printemps est arrivé et avec lui le début des récoltes !

Dmitri Peskov, porte-parole de la présidence russe, a affirmé que :

« La Russie déplace ses forces armées sur son territoire comme elle l’entend, mais cela ne représente une menace pour personne et ne doit inquiéter personne. »

Sauf que l’accord de cessez-le-feu d’usage à la frontière entre l’Ukraine et les régions séparatistes a pris fin le premier avril, en raison du refus de la Russie de le prolonger.

La Russie va-t-elle tenter de réaliser par la force ce qu’elle a prévu depuis le début du conflit, à savoir l’annexion de la région du Donbass, à la suite de celle de la Crimée ?

La carte des régions séparatistes (source: wikipédia)

Surtout que la pseudo-République populaire de Donetsk, une fiction pro-russe, a décidé le premier avril la mobilisation de la classe d’âge 1994-2003, tout comme la Crimée de son côté. La pseudo-République populaire de Lougansk semble mettre en place un dispositif militaire, alors que des troupes russes se déplacent en Biélorussie, juste à la frontière ukrainienne.

L’ordre de circonscription la pseudo-République populaire de Donetsk

La réponse américaine est très claire. Les forces armées américaines en Europe sont activées pour faire face à une :

 « crise imminente potentielle » .

La question ukrainienne a également été abordée au sein de l’OTAN. En clair, si la Russie annexe la partie orientale de l’Ukraine, actuellement devenue « séparatiste », ce sera le conflit militaire.

Les services de renseignement ukrainien ont également publié le premier avril une note intitulée :

« La Fédération de Russie est prête pour des provocations à grande échelle contre notre État »

Il y est expliqué que la Russie chercher à faire intervenir militairement l’Ukraine au moyen de provocations. Sauf qu’il y a eu des déplacements militaires en Ukraine tout au long du mois de mars ! Et les États-Unis, avec la Grande-Bretagne, sont clairement dans une volonté d’affrontement, poussant l’Ukraine en ce sens.

De plus, la Crimée est alimentée en eau à 84% par le Canal de Crimée du Nord, qui commence en Ukraine, mais bien évidemment les liens sont coupés et le lac artificiel de Simferopol, faisant 35 millions de mètres cubes, se retrouve à sec, assoiffant la Crimée.

Le Canal de Crimée du Nord, construit entre 1961 et 1971 juste après que la Crimée ait été « offert » par la Russie à l’Ukraine (source : Wikipédia)

Les deux camps montent en fait en agressivité. Et en Ukraine il ne faut pas oublier l’agitation néo-nazie. 3 000 néo-nazis ont manifesté le 20 mars 2021 à Kiev, incendiant la plaque officielle du bâtiment présidentiel, le jour de l’anniversaire de Sergey Sternenko, un ancien dirigeant du « Pravdy Sektor » pour la région d’Odessa, condamné en février à sept ans et demi de prison pour le kidnapping d’un homme politique.

Ces agitateurs nationalistes jettent également de l’huile sur le feu. Pour l’anecdote, il existe deux centres culturels ukrainiens à Paris.

Le premier s’appelle Symon Petlioura, du nom d’un dirigeant nationaliste ayant combattu la révolution russe et assassiné à Paris en 1926 par Samuel Schwartzbard pour venger les pogroms dont il était responsable (Samuel Schwartzbard sera acquitté en 1927 grâce à la campagne de la Gauche).

Le second, dépendant de l’ambassade ukrainienne, s’intitule Wassyl Slipak. Cet Ukrainien, chanteur de l’opéra de Paris, a adopté la coiffe cosaque et a rejoint les volontaires néo-nazis luttant contre les séparatistes sur le front, où il a été tué en 2016.

C’est sinistre… alors que l’Ukraine c’est Taras Shevchenko, Nicolas Gogol, Vladimir Vernadski, Reinhold Glière, Fyodor Pirotsky, Alexandra Exter, Iouri Kondratiouk, Tatiana Iablonskaïa, Sergueï Korolev, Oleg Antonov, Lyubomyr Romankiv…

Kateryna, une peinture de 1842 du poète national ukrainien Taras Shevchenko

Depuis la littérature à l’invention du tramway électrique, du rendez-vous orbital pour alunir ou l’invention de la RAM des ordinateurs, le peuple ukrainien a puissamment contribué à la culture et à la science.

Mais le peuple d’Ukraine, qui vit dans une terrible misère, pratiquement la pire en Europe, est ainsi la victime de l’expansionnisme russe, d’une oligarchie possédant littéralement le pays, de l’agitation racialiste des nazis, des influences toujours plus grandes de la superpuissance américaine et de l’OTAN.

Et il risque en plus d’être victime d’un conflit ouvert… Nous avons besoin de construire une opinion publique anti-guerre, capable de mobiliser pour lancer des signaux internationalistes ! Le peuple ukrainien ne doit pas être seul !

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Déclaration du réseau « Non à la guerre – Non à l’OTAN » sur le nouvel agenda OTAN 2030

Le réseau formé en 2008 appelle à refuser la guerre et l’OTAN, au nom de la solidarité entre les peuples. Il dénonce le nouvel agenda de l’OTAN.

Le réseau Non à la guerre – Non à l’OTAN condamne les propositions pour un nouvel agenda de l’OTAN, exposées dans OTAN 2030: Unis pour une nouvelle ère . Ce rapport présente un dangereux plan d’expansion qui augmentera les tensions et les risques de guerre. Le voici :

 » Introduction

En 2020, le secrétaire général de l’OTAN, Stoltenberg, a chargé un groupe de 10 « experts » de réfléchir à l’avenir de l’OTAN. Dans leur rapport OTAN 2030:Unis pour une nouvelle ère, ils présentent 138 propositions censées aider l’alliance militaire à relever les principaux défis de la prochaine décennie. Le rapport, bien qu’il n’ait pas encore été officiellement adopté par l’OTAN, sera utilisé pour inspirer le prochain sommet de l’OTAN qui se tiendra à Bruxelles plus tard cette année.

Principes de la démocratie

Le document réitère l’affirmation propagandiste selon laquelle l’alliance est basée sur « les principes de la démocratie, de la liberté individuelle et de l’État de droit… pour promouvoir la stabilité et le bien-être dans la région de l’Atlantique Nord ». 

En réalité, l’histoire de l’OTAN est trempée de sang. L’alliance militaire et plusieurs de ses États membres ont contribué à déclencher des coups d’État et soutenu des dictatures. Ils ont mené des guerres dans le monde entier, déstabilisant des pays tels que l’Algérie, le Vietnam, les Balkans, l’Afghanistan, l’Irak et la Libye, avec pour conséquences des millions de victimes innocentes et ce qu’on appelle les « États défaillants ». Le nouvel agenda continuera la guerre sans fin.

Chine + Russie – ennemis désignés

OTAN 2030 développe une vision du monde en termes de menaces, avec pour objectif principal de légitimer le réarmement et l’expansion militaire mondiale, alors même que l’OTAN et ses États membres sont souvent responsables de nombre de ces menaces. 

Le rapport utilise un langage hostile stigmatisant la Chine et la Russie en tant que « rivaux systémiques » avec des recommandations qui mèneront à une confrontation croissante. Bien qu’il n’y ait aucune menace immédiate de la part de l’un ou l’autre de ces pays, l’OTAN intensifie sa propagande pour justifier l’augmentation des dépenses militaires, alors même que la pandémie COVID-19 a un impact énorme sur les budgets des gouvernements.

OTAN 2030 regorge d’images désignant l’ennemi, diabolisant avant tout la Russie et la Chine. Des solutions non militaires sans domination ni agression sont impensables pour l’OTAN. Cela vaut y compris pour les défis tels que le changement climatique, la perte de la biodiversité et la protection de l’environnement.

Armes nucléaires, TNP et TIAN

Tout en se déclarant du bout des lèvres en faveur de la maîtrise des armements, le rapport insiste sur la nécessité de la dissuasion et du maintien des armes nucléaires, préconisant la revitalisation des accords de partage nucléaire en tant qu’élément essentiel de la politique de dissuasion de l’OTAN. L’OTAN exige que ses membres s’engagent dans un partage de la charge du nucléaire. 

Trois membres de l’OTAN, les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, possèdent des armes nucléaires et modernisent leurs arsenaux. Cinq membres de l’OTAN, l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, l’Italie et la Turquie, hébergent des armes nucléaires américaines sur leur territoire.

Le réseau Non à la guerre – Non à l’OTAN s’oppose à la politique d’armement nucléaire de l’OTAN en violation des engagements de désarmement nucléaire du TNP et condamne la campagne de désinformation de l’alliance contre le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN). 

Un plan doit être élaboré, sur la base de négociations à court terme, pour œuvrer en faveur d’une zone dénucléarisée en Europe, étape importante vers un monde sans armes nucléaires. 

Les États membres ne devraient pas se laisser intimider par l’OTAN et ses États-membres dotés d’armes nucléaires pour ne pas signer le TIAN. C’est une honte que l’Alliance empêche ses membres d’adhérer au Traité.

UE et OTAN

Bien que certains membres de l’UE s’en tiennent à une politique de neutralité et ne soient pas membres de l’OTAN, le rapport suggère un approfondissement des liens institutionnels avec l’UE dans le domaine militaire. 

Les capacités de défense européennes indépendantes complémentaires et les actions militaires alignées sur les objectifs de l’OTAN sont encouragées comme contribution au programme de partage des coûts qui renforce la puissance militaire de l’OTAN. L’objectif de dépenser 2% du PIB à des fins militaires est partagé par l’OTAN et l’UE.

Sécurité

Le réseau Non à la guerre – Non à l’OTAN rejette l’approche militariste de la sécurité telle qu’exprimée dans le rapport OTAN 2030 ; cela détourne des milliards de dollars vers l’armement et l’expansion militaire et ne fera qu’augmenter la probabilité d’une confrontation militaire. Notre société a besoin de désarmement, de diplomatie et de coopération, d’investissements dans la santé, les services sociaux et les mesures pour éviter le changement climatique. 

Seuls un système de sécurité globale comprenant des accords diplomatiques conclus avec la Russie et la Chine sur le désarmement, des mesures de confiance et la coopération économique et politique peuvent apporter une paix juste et durable. 

L’UE ne doit pas être réduite à n’être qu’ une branche de l’OTAN. En collaboration avec ses États membres, elle devrait mener une politique de sécurité autonome, pacifique et démilitarisée, fondée sur les principes de l’Acte final d’Helsinki.

2% du PIB et complexe militaro-industriel

OTAN 2030 confirme que l’OTAN est une alliance de guerre qui sert les intérêts du complexe militaro-industriel, et non ceux du peuple. Elle n’apportera pas de sécurité humaine. 

Le réseau Non à la guerre-Non à l’OTAN appelle à l’abrogation de la norme des 2% pour les dépenses militaires et de l’obligation d’armement (20% des budgets militaires) – décidée de manière antidémocratique lors du sommet de l’OTAN au Pays de Galles. Au lieu de cela, ces ressources doivent être utilisées pour combattre la pandémie du COVID-19 et pour renforcer la sécurité humaine en général. 

La demande de l’OTAN d’augmenter les dépenses militaires empêche les pays d’investir de manière adéquate dans la santé, les services sociaux et l’action climatique. Le désarmement est le défi central.

Dissolution de l’OTAN et renforcement de l’ONU

Le réseau Non à la guerre – Non à l’OTAN continuera d’agir pour la dissolution de l’OTAN. Il s’emploiera à renforcer l’ONU, ainsi que les institutions civiles régionales, dans la recherche de plates-formes internationales compétentes pour le règlement des conflits, la sécurité commune et le développement durable.

En conséquence, le réseau Non à la guerre – Non à l’OTAN rejette fermement OTAN 2030. En détournant l’attention et les ressources vers la militarisation, OTAN 2030 empêchera également la communauté internationale d’atteindre les objectifs climatiques urgents de l’Accord de Paris et les objectifs de développement durable des Nations Unies d’ici 2030.

Nous avons besoin de la solidarité mondiale et d’une coopération internationale pour résoudre nos défis communs: la pandémie, l’urgence climatique et les inégalités. 

Avec la diplomatie, le désarmement et le développement durable dans le cadre du système des Nations Unies, il n’est nul besoin de cette alliance militaire anachronique dominée par l’hémisphère occidental. Nous continuons d’appeler à la dissolution de l’OTAN. »

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OTAN 2030: révolte d’une partie de l’armée française

Les néo-gaullistes de l’armée française s’opposent à la ligne d’intégration stratégique de la France à l’OTAN.

Si la France est partante pour la ligne américaine d’affronter la Russie et la Chine, il y a bien sûr des nationalistes partisans d’un cavalier seul. La révolte en question provient du « Cercle de Réflexion Interarmées ». C’est une structure formée par des hauts gradés de l’armée française qui ne sont plus en service et qui, par conséquent, ont le droit d’exprimer leurs opinions, ce qu’ils ne pourraient pas sinon.

Le Cercle en question s’est déjà exprimé à plusieurs reprises, visant à former, sans le dire ouvertement, une fraction dans l’armée française. La ligne que le Cercle vise à faire triompher correspond aux options de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon : la France doit avoir une politique de grande puissance sans établir des alliances lui imposant telle ou telle mise en perspective.

C’est grosso modo du néo-gaullisme et les hauts gradés en question se revendiquent ouvertement de lui d’ailleurs.

La nouvelle initiative du Cercle passe une pseudo  lettre ouverte à Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN. La mise en perspective stratégique prend tellement ouvertement les positions russes qu’il n’y a (officiellement) qu’un signataire, un général de brigade aérienne.

C’est un bon exemple de la complexité de la question en France. Comment refuser l’OTAN sans faire le jeu des nationalistes ? Et comment s’opposer aux nationalistes sans faire le jeu de l’OTAN, de l’Union européenne ? Comment ne pas être pris entre Charybde et Scylla ?

Voici la « lettre ouverte » reflétant le point de vue néo-gaulliste, tout aussi militariste que l’OTAN, mais dans une autre perspective stratégique :

« Le jeudi 18 février 2021 l’étude « OTAN 2030 », produite à votre demande, vous a été présentée. Elle indique ce que doivent être les missions de l’OTAN pour les dix prochaines années. D’entrée, il apparaît que toute l’orientation de l’OTAN repose sur le paradigme d’une double menace, l’une russe, présentée comme à l’œuvre aujourd’hui, l’autre chinoise, potentielle et à venir. Deux lignes de force majeures se dégagent de cette étude.

La première, c’est l’embrigadement des Européens contre une entreprise de domination planétaire de la Chine, en échange de la protection américaine de l’Europe contre la menace russe qui pèserait sur elle.

La deuxième, c’est le contournement de la règle du consensus, de plusieurs manières: opérations en coalitions de volontaires; mise en oeuvre des décisions ne requérant plus de consensus; et surtout la délégation d’autorité au SACEUR (Commandant Suprême des Forces Alliées en Europe, officier général américain) au motif de l’efficacité et de l’accélération de la prise de décision.

Mais la lecture de ce projet «OTAN 2030» fait clairement ressortir un monument de paisible mauvaise foi, de tranquille désinformation et d’instrumentalisation de cette « menace Russe », « menace » patiemment créée puis entretenue, de façon à « mettre au pas » les alliés européens derrière les États-Unis, en vue de la lutte qui s’annonce avec la Chine pour l’hégémonie mondiale.

C’est pourquoi, Monsieur le Secrétaire général, avant toute autre considération sur l’avenir tel qu’il est proposé dans le projet OTAN 2030, il est important de faire le point sur les causes et la réalité de cette menace russe, par les quelques rappels historiques ci-dessous.

En effet, l’histoire ne commence pas en 2014, et c’est faire preuve d’une inébranlable mauvaise foi historique concernant les relations euro et américano-russes, que de passer en une seule phrase (au tout début du paragraphe « Russie ») directement du « partenariat constructif » lancé par l’Otan au début des années 90 à l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, comme s’il ne s’était rien passé entre 1991 et 2014, entre « la gentille Russie » de l’époque, et le méchant «Ours russe» d’aujourd’hui.

C’est bien l’OTAN qui, dès les années 1990, s’est lancée à marche forcée dans son élargissement vers l’est, certes à la demande des pays concernés, mais malgré les assurances données à la Russie en 1991 lors de la signature du traité de Moscou (2), et qui d’année en année a rapproché ses armées des frontières de la Russie, profitant de la décomposition de l’ex URSS.

C’est bien l’OTAN qui , sans aucun mandat de l’ONU, a bombardé la Serbie (3) pendant 78 jours, avec plus de 58 000 sorties aériennes, et ceci sur la base d’une vaste opération de manipulation et d’intoxication de certains services secrets de membres importants de l’Alliance, (le prétendu plan serbe « Potkova » et l’affaire de Racak ), initiant ainsi, contre toute légitimité internationale, la création d’un Kosovo indépendant en arrachant une partie de son territoire à un état souverain, au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, humiliant ainsi la Russie à travers son allié serbe.

Ce principe serait-il à géométrie variable, lorsqu’il s’agit de la Crimée composée à plus de 90% de Russes, et rejoignant la Russie sans un coup de feu?

C’est bien l’OTAN qui en 2008, forte de sa dynamique «conquête de l’est», refusa la main tendue par la Russie pour un nouveau « Pacte de sécurité européen » qui visait à régler les conflits non résolus à l’est de l’Europe (Transnistrie, Abkhazie, Ossétie du Sud), en échange d’une certaine neutralité de la Géorgie, de l’Ukraine, de la Moldavie – c’est à dire de l’immédiat « hinterland » russe – vis-à-vis de l’OTAN.

Et c’est toujours avec ce même esprit conquérant, perçu comme un réel étranglement par la Russie, qu’il a été choisi, en 2010, d’encourager les graves troubles de l’« Euromaïdan », véritable coup d’état qui a abouti à l’élimination du président ukrainien légalement élu, jugé trop pro-russe, en vue de continuer la politique de rapprochement de l’Ukraine avec l’OTAN.

On connaît la suite, avec les sécessions de la Crimée et du Donbass.

C’est bien l’OTAN qui au début des années 2000, après avoir associé la Russie à une défense anti-missiles de théâtre censée « protéger les États-Unis et ses alliés, dont la Russie » , d’une attaque de missiles tirés par des «États voyous» , notamment l’Iran et la Corée du Nord (sic), transforma de facto en 2010 lors du sommet de Lisbonne, ce système en une architecture globale de défense antimissile balistique en Europe (BMDE), non plus de théâtre, mais en un véritable bouclier tourné cette fois-ci contre la Russie et non pas la protégeant.

C’est encore l’OTAN qui donna l’assurance à la Russie que les sites de lancement des missiles antimissiles balistiques (ABM) ainsi déployés devant sa porte ne pourraient jamais être retournés en sites offensifs contre son territoire tout proche, « oubliant de préciser » qu’en réalité ces lanceurs (MK 41) de missiles ABM pouvaient tout aussi bien servir à tirer des missiles offensifs Tomahawk contre son territoire (nucléaires ou conventionnels de portées supérieures à 2000 km selon les versions) en contradiction flagrante avec le traité INF toujours en vigueur à l’époque de leur déploiement; on dépassait là, et de loin la question de savoir si le 9M729 russe portait à 480 km ou à 520 !

La menace potentielle ainsi exercée sur la capacité de frappe en second de la Russie, base de sa dissuasion nucléaire, a sérieusement remis en cause l’équilibre stratégique américano-russe , poussant alors la Russie à suspendre toute coopération au sein du COR (Conseil OTAN-Russie) fin 2013, donc dès avant l’affaire de la Crimée de 2014, laquelle sera ensuite utilisée par l’OTAN pour justifier – a posteriori – la protection BMDE de l’Europe face à la nouvelle « menace russe » !

Alors oui, Monsieur le Secrétaire général, au terme de ces vingt années d’efforts soutenus de la part de l’OTAN pour recréer « l’ennemi russe», indispensable à la survie d’une organisation théoriquement purement défensive, oui, la Russie a fini par se raidir, et par chercher à l’Est la coopération que l’Ouest lui refusait.

L’entreprise de séparation de la Russie d’avec l’Europe, patiemment menée au fil des années, par vos prédécesseurs et par vous-même sous l’autorité constante des États-Unis, est aujourd’hui en bonne voie, puisque la Russie, enfin redevenue « la menace russe » , justifie les exercices les plus provocateurs comme Defender 2020 reporté à 2021, de plus en plus proches de ses frontières, de même que les nouveaux concepts d’emploi mini-nucléaires les plus fous sur le théâtre européen sous l’autorité de…l’allié américain qui seul en possède la clef.

Mais non, Monsieur le Secrétaire général, aujourd’hui, et malgré tous vos efforts, la Russie avec son budget militaire de 70 Md€ (à peine le double de celui de la France), ne constitue pas une menace pour l’OTAN avec ses 1000 Md€ , dont 250 pour l’ensemble des pays européens de l’Alliance! Mais là n’est pas votre souci car ce qui est visé désormais à travers ce nouveau concept OTAN 2030, est un projet beaucoup plus vaste: à savoir impliquer l’Alliance atlantique dans la lutte pour l’hégémonie mondiale qui s’annonce entre la Chine et les États-Unis.

La vraie menace, elle réelle, est celle du terrorisme. L’étude y consacre bien un développement, mais sans jamais se départir du mot « terrorisme », ni en caractériser les sources, les ressorts, les fondements idéologiques et politiques.

Autrement dit, on n’aurait comme menace, en l’occurrence, qu’un mode d’action, puisque telle est la nature du « terrorisme ». On élude donc une réalité dérangeante, celle de l’islamisme radical et de son messianisme qui n’a rien à envier à celui du communisme d’antan. Le problème est que ce même messianisme est alimenté par l’immense chaos généré par les initiatives américaines post Guerre Froide , et qu’il est même porté au plan idéologique tant par la Turquie d’Erdogan, membre de l’Otan, que par l’Arabie Saoudite, allié indéfectible des États-Unis.

Comme on pouvait s’y attendre, il apparaît dès les premières lignes que ce document n’augure rien de bon pour l’indépendance stratégique de l’Europe, son but étant clairement de reprendre en mains les alliés européens qui auraient seulement pu imaginer avoir une once d’un début d’éveil à une autonomie européenne.

Ce n’est pas tout, car non seulement vous projetez de transformer l’OTAN, initialement alliance défensive bâtie pour protéger l’Europe face à un ennemi qui n’existe plus, en une alliance offensive contre un ennemi qui n’existe pas pour l’Europe, (même si nous ne sommes pas dupes des ambitions territoriales de la Chine, de l’impact de sa puissance économique et du caractère totalitaire de son régime) , mais ce rapport va plus loin, carrément vers une organisation à vocation politique mondiale, ayant barre sur toute autre organisation internationale.

Ainsi, selon ce rapport:

– L’OTAN devrait instaurer une pratique de concertation entre Alliés avant les réunions d’autres organisations internationales (ONU, G20, etc..) , ce qui signifie en clair « venir prendre les instructions la veille» pour les imposer le lendemain massivement en plénière !

– L’OTAN doit avoir une forte dimension politique, qui soit à la mesure de son adaptation militaire. L’Organisation devrait envisager de renforcer les pouvoirs délégués au secrétaire général, pour que celui-ci puisse prendre des décisions concrètes concernant le personnel et certaines questions budgétaires.

– L’OTAN devrait créer, au sein des structures existantes de l’Alliance, un mécanisme plus structuré pour la formation de coalitions. L’objectif serait que les Alliés puissent placer de nouvelles opérations sous la bannière OTAN même si tous ne souhaitaient pas participer à une éventuelle mission.

– L’OTAN devrait réfléchir à l’opportunité de faire en sorte que le blocage d’un dossier par un unique pays ne soit possible qu’au niveau ministériel.

– L’OTAN devrait approfondir les consultations et la coopération avec les partenaires de l’Indo-Pacifique : l’Australie, le Japon, la Nouvelle-Zélande et la République de Corée,

– L’OTAN devrait commencer de réfléchir en interne, à la possibilité d’établir un partenariat avec l’Inde.

Monsieur le Secrétaire général,

C’est parce que cette organisation lorsqu’elle a perdu son ennemi, n’a eu de cesse que de se lancer à corps perdu dans la justification politique de la préservation de son outil militaire, en se reforgeant son nouvel ennemi russe, qu’elle tend aujourd’hui à devenir un danger pour l’Europe.

Car, non contente d’avoir fait manquer à l’Europe l’occasion d’une véritable paix durable souhaitée par tous, y compris par la Russie, l’OTAN animée du seul souci de sa survie, et de sa justification par son extension, n’a fait que provoquer un vaste réarmement de part et d’autre des frontières de la Russie , de la Baltique à la Mer Noire, mettant en danger la paix dans cette Europe, qu’elle ne considère plus désormais que comme son futur champ de bataille,

Et maintenant, à travers ce document OTAN 2030, et contre la logique la plus élémentaire qui veut que ce soit la mission qui justifie l’outil et non l’inverse – les Romains ne disaient-ils pas déjà « Cedant arma togae » ? – vous voudriez, pour l’avenir, justifier l’outil militaire de cette alliance en le transformant en un instrument politique, incontournable, de gestion de vastes coalitions internationales, au profit d’une véritable gouvernance planétaire, allant même jusqu’à passer outre les décisions de l’ONU et écrasant les souverainetés nationales!

Alors non, Monsieur le Secrétaire général! Il faut stopper ce train fou, avant qu’il ne soit trop tard! La France, quant à elle, dans le droit fil des principes énoncés voici plus d’un demi-siècle par le général de Gaulle, ne saurait, sans faillir gravement, se prêter à cette entreprise d’une acceptation aventureuse de la tutelle américaine sur l’Europe.

Pour le Cercle de Réflexion Interarmées (4), le Général de Brigade aérienne (2S) Grégoire Diamantidis

Notes.

1- Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, structure militaire de l’Alliance Atlantique.

2- Traité de Moscou: ou « traité deux plus quatre », signé le 12 septembre 1990 à Moscou, entre les représentants des deux Allemagnes et ceux des quatre puissances alliées de la Seconde Guerre Mondiale, est le «traité portant règlement définitif concernant l’Allemagne» qui a ouvert la voie à la réunification allemande et fixé le statut international de l’Allemagne unie.

3-Opération «Force Alliée» . Cette opération, décidée par l’OTAN, après l’échec des négociations entre les indépendantistes kosovars et la Serbie sous l’égide de l’OSCE (Conférence de Rambouillet 6 février-19 mars 1999) , fut déclenchée sans mandat de l’ONU, le 24 mars sur la base d’une vaste campagne dans les médias occidentaux, concernant un plan d’épuration ethnique (plan Potkova) mené à grande échelle au Kosovo par la Serbie. Plan qui se révéla par la suite, avoir été fabriqué de toute pièce par les services secrets bulgares et allemands .

4- Le Cercle de Réflexion Interarmées (CRI), est un organisme indépendant des instances gouvernementales et de la hiérarchie militaire. Il regroupe des officiers généraux et supérieurs des trois armées ayant quitté le service et quelques civils et a pour objectif de mobiliser les énergies, afin de mieux se faire entendre des décideurs politiques, de l’opinion publique et contribuer ainsi à replacer l’Armée au cœur de la Nation dont elle est l’émanation. « 

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Militarisme sino-américain: terrible menace en mer de Chine

Le challenger chinois pousse la superpuissance américaine à renforcer son agressivité, et inversement.

La superpuissance américaine a un énorme problème. La marine militaire coûte extrêmement cher, 160 milliards de dollars chaque année, en raison des exigences techniques. Et lorsque les choses se passent mal, il s’agit bien souvent de destructions totales du matériel, les navires partant par le fond : il faut donc voir les choses en grand et avoir des troupes massives. Pour les États-unis, c’est un vrai gouffre financier, surtout que la doctrine Monroe de 1823 implique que toutes les Amériques sont sous tutelle.

Face à la superpuissance soviétique se plaçant comme challenger dans les années 1970-1980, cela allait encore, car l’URSS était très en retard dans ce domaine, les questions européenne et chinoise étant au premier plan avec des troupes terrestres massivement aux frontières, à quoi s’ajoute la flotte aérienne et les missiles atomiques.

Mais avec la montée de la Chine comme challenger, les États-Unis sont obligés de se focaliser sur la marine militaire, de par la question de la mer de Chine. Cela coûte cher… sans garantie aucune, de par la fragilité des bâtiments militaires face au missiles. Mais accepter l’offensive chinoise serait risquer de perdre sa place de numéro 1 mondial.

Il faut donc que la superpuissance américaine donne une réponse au militarisme chinois qui a déjà amené l’établissement en 2014-2016 de sept îles artificielles dans le sud de la mer de Chine, dans une zone immense que la Chine entend contrôler de manière hégémonique, au grand dam du Vietnam, des Philippines et des autres pays de la région.

Les ambitions chinoises lèsent allègrement les pays voisins

La Chine s’arme ainsi massivement dans cette perspective ; rien que de 2015 à 2021, sa marine militaire est passée de 255 bâtiments à 360. C’est déjà plus que la superpuissance américaine.

Mais cette dernière a bien plus de qualité, avec d’ailleurs 330 000 marins contre 250 000 pour la Chine. Les bâtiments ont en effet plus de tonnages, avec plus de destroyers par exemples, plus de croiseurs lance-missiles. Et elle a également 50 sous-marins à propulsion nucléaire, contre 7 pour la Chine.

Et si la Chine vise rapidement à disposer de 400 bâtiments, la programmation américaine compte rattraper et dépasser ce chiffre, en maintenant l’hégémonie qualitative. D’ici 2045, les États-Unis disposeront de plus de 400 bâtiments également, avec en plus de cela autour de 200 bâtiments sans équipage. C’est dire la militarisation, puisqu’on va avoir des sortes d’énormes drones marins.

Mais arrivera-t-on jusque là ? Tous les observateurs militaires assument déjà de parler de guerre possible d’ici 5-6 ans. Et du point de vue de la Gauche, cette guerre pour le repartage du monde apparaît même comme inévitable. Les Américains ne vont pas attendre que la Chine soit à son niveau, surtout celle-ci doit importer son pétrole par l’océan et une coupure des communications maritimes serait terrible pour elle…

Du côté chinois, l’objectif est clairement la récupération de Taïwan pour obtenir l’hégémonie en mer de Chine et satelliser les pays autour. L’affrontement régional semble ainsi inévitable, la Chine voulant prendre le dessus pour déstabiliser l’hégémonie de la superpuissance américaine, cette dernière voulant inversement étouffer son challenger avant qu’il soit à son niveau.

L’engrenage est monstrueux et correspond aux exigences capitalistes de la superpuissance dominante et de son challenger, comme hier lors de l’affrontement américano-soviétique.

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La président américain traite le président russe de « tueur »

Le nouveau président américain Joe Biden affirme chaque jour davantage la tendance à la guerre contre la Russie.

Le secrétaire à la Défense des États-Unis s’appelle Lloyd Austin et du point de vue de la gauche libérale, c’est une bonne chose que ce soit un Afro-américain. En réalité, c’est un masque pseudo-progressiste pour cacher le fait que c’est un militaire. Imaginez qu’en France un haut gradé soit ministre de la Défense, ce serait un acte inqualifiable. Eh bien aux États-Unis c’est pourtant le cas, sans aucune opposition.

Lloyd Austin a participé à l’invasion de l’Irak et de l’Afghanistan, il a été commandant des forces d’occupation américaines en Irak, il travaille pour la société de conseil WestExec Advisors qui agit dans le secteur de l’armement, il est membre du conseil d’administration de Nucor, le plus grand producteur américain d’acier (et numéro 1 dans ce secteur pour l’armée américaine), ainsi que de celui de l’entreprise d’aérospatiale et de défense Raytheon Technologies et celui de l’entreprise de santé  Tenet Healthcare.

L’équivalent du ministre de la Défense aux États-Unis est donc un militaire haut gradé payé par trois multinationales et actif dans une société de conseil de l’armement… On reconnaît ici la monstruosité qu’est le complexe militaro-industriel américain. Et cela s’inscrit dans la vague militariste que représente Joe Biden.

Photo officielle du secrétriat à la Défense pour le serment sur la Bible de Lloyd Austin lors de nomination (Source Wikipédia)

Donald Trump était le représentant d’une ligne isolationniste visant à prendre des forces pour affronter la Chine et seulement la Chine. Il n’a pas déclenché de guerre, contrairement à tous ses prédécesseurs. Il comptait reculer pour mieux sauter. Joe Biden, lui, a comme ligne d’affronter la Russie d’abord, pour ensuite étouffer la Chine.

Et le 17 mars, dans une interview à ABC News, Joe Biden est allé droit au but, tenant des propos explosifs à l’encontre de la Russie. Lorsqu’on lui a demandé s’il pensait que Vladimir Poutine était un « tueur », Joe Biden a simplement répondu « oui ». Il assume ainsi ouvertement de criminaliser la Russie, justifiant la prochaine intervention guerrière.

Il a d’ailleurs accusé la Russie d’interférence lors des dernières élections présidentielles américaines et il a souligné que Vladimir Poutine aurait à en payer le prix.

Ces propos ne sont pas simplement l’instauration d’un climat de guerre, on est déjà dans l’élan militaire lui-même, avec la mise en place des paramètres du conflit. Les États-Unis, le Royaume-Uni et la France sont très clairement dans la même perspective de pousser la Russie à la faute, de la déstabiliser, de changer le régime. Trois zones sont déjà présentés comme les lieux de confrontation armée : les États baltes, la Mer Noire et l’espace.

Il va de soi que plus la crise économique va s’amplifier, plus les tensions monteront formidablement, d’autant que la Russie n’est pas en reste sur le plan de l’agressivité. Ce sont néanmoins les États-Unis qui sont le plus pressés pour le conflit, parce que derrière ils comptent s’occuper de la Chine, et le Royaume-Uni est sur la même longueur d’onde, comme le montre le long document stratégique « Global Britain in a competitive age« .

Les velléités impérialistes ne se cachent en fait même plus… le temps presse pour eux, la crise du capitalisme donne le rythme, elle impose la fuite en avant dans la guerre comme espoir de solution.

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Un pas immense vers la guerre: le Royaume-Uni augmente de 40% son stock d’armes atomiques

Le projet stratégique « Global Britain in a competitive age » est clairement sur la ligne américaine la Chine d’accord, la Russie d’abord.

On le sait trop peu, mais le symbole de la paix ou du mouvement pacifiste en général, ou bien des hippies mêmes, est le logo de l’organisation britannique anti-nucléaire CND – Campaign for Nuclear Disarmament (Campagne pour le désarmement nucléaire), fondé en 1957.

Ce mouvement est historiquement très fort, dans un pays qui comme la France insiste particulièrement sur sa force de frappe. Mardi 16 mars 2021, le premier ministre Boris Johnson a annoncé des mesures très importantes et très graves à ce sujet, dans le cadre du long document stratégique « Global Britain in a competititve age ».

Ce projet de « Grande-Bretagne mondiale dans une époque de compétition » est l’officialisation du choix stratégique fait avec le BREXIT : la Grande-Bretagne se replie sur les restes de son empire en alliance directe et ouverte avec les Etats-Unis. Le premier voyage post-BREXIT du premier ministre sera ainsi en Inde en avril.

D’ailleurs, le document « Global Britain in a competititve age » fait de la zone Indo-Pacifique « le nouveau centre géopolitique du monde ». Mais il dresse les mêmes constats et priorités que le nouveau président américain Joe Biden. La Chine est présentée comme un « défi systémique » et il y a encore clairement trop de liens économiques pour une rupture.

La Russie est par contre, comme chez Joe Biden, « la menace directe la plus aiguë pour le Royaume-Uni », avec « tout un spectre de dangers », à qui il faut donc régler le compte. D’où la hausse très importante des investissements militaires pour la modernisation des troupes, et le passage des missiles ICBM lancés depuis les sous-marins, les « Trident », de missiles Trident de 180 à 260. En fait, il devait y avoir une réduction à 180 : celle-ci est interrompue et au contraire on passe à une augmentation du stock.

Histoire de forcer le trait, le document « Global Britain in a competititve age » explique également qu’il est:

 « probable qu’un groupe terroriste parvienne à lancer avec succès une attaque chimique, biologique ou nucléaire d’ici à 2030. »

Le document de 114 pages est disponible en pdf sur le site du gouvernement britannique

Dans l’introduction au document, Boris Johnson souligne également l’importance de la campagne COVAX visent à fournir en vaccin tous les pays du monde sous l’égide de l’ONU : il s’agit en fait très clairement d’une campagne anglo-américaine (avec à l’arrière-plan Pfizer et AstraZeneca).

De toutes façons Boris Johnson dit également très clairement qu’un nouveau chapitre historique s’est ouvert avec le BREXIT, pas moins. Le document explique que le Royaume-Uni doit devenir une « superpuissance scientifique et technologique » en 2030, en « attirant les meilleurs et les plus brillants du monde entier » au moyen d’une nouvelle politique de visas.

Rien que le fait d’être en mesure de réaliser 114 pages de stratégie détaillée pour les années à venir, en visant une position parmi les premiers pays capitalistes, montre l’agressivité du Royaume-Uni, qui est clairement partie prenante de manière très volontaire dans la tendance à la guerre.

La ligne conflictuelle, pour être aussi aisément assumée, montre bien ce qui nous attend. Et ce serait une formidable contribution à la paix dans le monde que de faire basculer la France, cette puissance déchue en perdition. Soit l’extrême-Droite triomphe pour relancer la France au combat pour le repartage du monde, soit on se débarrasse enfin du militarisme et des monopoles démantelant le tissu social du pays.

Reste évidemment à faire en sorte que la classe ouvrière française sorte de son indifférence…