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Politique

Un acte XVI des gilets jaunes simplement vulgaire

L’image symbolique de l’acte XVI des gilets jaunes, ce sont ces femmes en gilets rouges avec une cocarde rouge sur la capuche, des bandes noires sur la bouche pour symboliser que la France serait bâillonnée, en train de pointer du doigt une succursale de la BNP à Lille. C’est, somme toute, le symbole de « la France » contre « la finance », c’est-à-dire, pour dire les choses clairement, un exemple de plus du caractère tout à fait brun des gilets jaunes.

Comment qualifier autrement ce qui relève d’une dénonciation du « mauvais » capitalisme, présenté comme parasitaire, sans aucune critique rationnelle du capitalisme en général ? Quiconque est de Gauche ne peut que s’apercevoir que depuis trois mois, les gilets jaunes étouffent littéralement toute contestation politique, toute lutte sociale, tout mouvement à la base. Le populisme des gilets jaunes, avec ses simplifications outrancières et sa démagogie, a asséché massivement toute « opposition ».

Les 40 000 personnes qui se sont mobilisées hier en France témoignent par ailleurs d’une énième transformation des gilets jaunes : désormais, c’est un style. Il y a une manière gilets jaunes de poser les questions, de formuler les réponses. C’est la conséquence logique de l’hégémonie des gilets jaunes sur « l’opposition » au gouvernement.

C’est donc désormais bien un mouvement politique à part entière. En passant d’environ 300 000 à un noyau dur d’autour de 40 000 personnes, il y a eu beaucoup de contorsions, mais les bases sont maintenant posées, le populisme à la gilet jaune a des contours bien définis. Sur le plan des idées, c’est un syncrétisme, puisant au populisme de Jean-Luc Mélenchon, à l’ultra-gauche, à l’extrême-droite complotiste, au nationalisme. Il est parlé de la « tyrannie de la Macronie », d’une « France pillée par l’oligarchie ».

Les approches, quant à elles, sont éclectiques, comme hier. À Paris, les quelques milliers de gilets jaunes ont marché sur douze kilomètres, avec encore et toujours les Champs-Élysées, cette obsession. Il n’y avait qu’une vingtaine de personnes à Nice, alors qu’à Nantes un peu moins de 2000 personnes étaient rassemblées pour ce qui devait être le grand rassemblement de l’Ouest, avec une traditionnelle ultra-gauche très agressive comme à son habitude, alors que sa variante toulousaine a mis en place des ballons remplis d’excréments comme projectiles.

À Angers, un centre commercial a été bloqué, tandis qu’un millier de gilets jaunes était présent dans le centre de Toulon ; à Soissons c’est le centre commercial Cora, qui accueillait Miss France, qui a été le lieu d’un petit rassemblement, alors qu’un petit groupe organisait un péage gratuit à Chartres. Un autre petit groupe a tenté de bloquer la plate-forme Colis Poste à Erstein, plus d’un millier de personnes était présente à Colmar, cinq cent à Strasbourg, etc.

C’est là du folklore, du pittoresque, mais rien de politique, au sens où il n’y a ni perspective, ni valeurs, ni projet de société. Le drapeau français et l’image d’une France « assaillie » par la finance est le seul horizon de ce qui est une vision du monde véritablement grossière. Ou devrait-on peut-être dire vulgaire ?

Le terme a comme étymologie le mot latin vulgus, désignant la multitude. C’est donc ici très utile, car les gilets jaunes se prétendent le peuple, mais ne sont qu’une foule se vautrant dans l’outrance et la symbolique à peu de frais. C’est donc vulgaire, au sens où cela manque d’élévation, de distinction. Il n’y a pas de valeurs, de culture, d’organisation, tout ces traits du mouvement ouvrier historique, de la Gauche politique qui l’a porté.

En ce sens, si les gilets jaunes s’imaginent de grands rebelles, ils ne sont que le produit du grand lessivage apolitique de ces vingt dernières années, et l’ennemi le moins dangereux qui soit pour le capitalisme que, de toutes façons, les gilets jaunes ne remettent nullement en cause. La seule chose que remettent en cause les gilets jaunes, c’est la politique, et donc la Gauche, car finalement, qui a besoin de la politique à part la Gauche, la classe ouvrière, les exploités et les opprimés ?

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Société

L’évolution du métro parisien en vidéo

Le métro parisien est un réseau de transport très efficace, de part son maillage très dense. Cette vidéo très sympathique de la chaîne Le Ferrovipathe en montre l’évolution depuis 1900, de manière très visuelle.

On aurait pu croire que le métro parisien était quelque chose de figé, qui se serait agencé par couches successives immuables, s’additionnant simplement. Il est impressionnant de se rendre compte, au contraire, à quel point la plupart des lignes ont elles-mêmes évolué dans le tracé, se sont adaptées, réformées, ont utilisé ici le tunnel d’une autre ligne, là fait un itinéraire bis, etc.

Petit à petit, tous les quartiers ont été desservis. Le réseau a passé un cap quand il a été unifié sous l’égide la RATP, formant une seule et même structure cohérente. La ligne 1, la première, est toujours la plus empruntée, avec ses grandes rames qui sont maintenant automatiques. Il a été estimé que pour l’année 2010, la ligne a été empruntée par 207 millions de voyageurs avec jusqu’à 750 000 personnes par jour. Tout ce trafic n’est cependant possible que parce que la ligne est reliée à une multitude d’autres lignes, elle-mêmes reliées aux autres.

On a ainsi une organisation très complexe, visant l’efficacité, pour transporter énormément de voyageurs le plus vite possible à travers Paris intra-muros. Mais justement, dès que l’on passe cette barrière symbolique du périphérique, ce schéma n’est plus le même. Être en bout de ligne, à un terminus en banlieue, n’ a rien à voir avec le fait de pouvoir profiter du métro dans Paris même. Dans certaines situations comme pour la Ligne 13 dans sa partie nord, c’est même un véritable enfer pour les gens qui l’empruntent quotidiennement.

A contrario du réseau parisien, il faut penser également à cette actualité du projet de métro du « grand Paris », qui s’avère être une entreprise très difficile, maintes fois retardée. Le problème est justement qu’il n’y a pas cette densité parisienne, parce que la ville s’est étalée autour de la capitale de manière anarchique, en considérant uniquement des intérêts individuels et, c’est lié, le déplacement en automobile.

Il n’y a pas la possibilité de faire quelque-chose de satisfaisant, d’efficace pour aller partout rapidement. Cette carte, reflétant le projet le plus aboutit de ce « Grand Paris Express », montre à quel point cela n’a rien à voir avec le métro parisien et son maillage dense, mais n’est qu’une sorte de RER amélioré faisant un périphérique en transport en commun (et pour relier la capitale aux aéroports).

Évoquons pour finir l’excellent jeu sur téléphone portable mini métro, qui restitue tout à fait l’évolution du métro de Paris. On a des cartes de grandes villes (dont Paris) à compléter au fur et à mesure qu’apparaissent de nouvelles stations, et tout l’enjeu est de savoir faire évoluer son réseau. Comme pour le vrai métro parisien, la clef est de savoir articuler des changements quantitatifs (nouvelles lignes, nouveaux tunnels, nouvelles rames) avec des changements qualitatifs, c’est-à-dire dans la nature même du réseau, son organisation générale, qui nécessite donc des changements dans le tracé des lignes elle-mêmes.

Les habitués du réseau parisien pourront également s’amuser avec cet autre jeu sympathique, sur ordinateur ou en application portable, qui permet de conduire des rames du métro parisien de manière très réaliste : Paris métro simulator !

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Politique

L’histoire refoulée – La Rocque, les Croix de feu et le fascisme français, sous la direction de Zeev Sternhell

C’est un ouvrage collectif important qui vient de sortir. Intitulé : L’histoire refoulée – La Rocque, les Croix de feu et le fascisme français, il présente le parcours de François de La Rocque, qui a été à la tête d’un littéralement gigantesque mouvement d’extrême-droite lors de l’entre-deux guerres. Le paradoxe est que malgré l’importance de cela – le quotidien Le Figaro a appartenu à un moment à ce mouvement – il y a très peu de connaissances à ce sujet.

On ne s’étonnera pas que derrière cet ouvrage on retrouve l’historien israélien Zeev Sternhell, auteur de grands classiques sur la  « droite révolutionnaire » en France, présentant notre pays comme un grand laboratoire d’idées mêlant nationalisme et un « socialisme » anti-marxiste. Cette thèse a historiquement mis en rage les historiens français, qui ont toujours nié le fascisme français, présentant notre pays comme « immunisé ».

On va donc en savoir enfin plus sur les Croix de Feu, même si les communistes orthodoxes de lesmaterialistes.com avaient déjà publié un très long dossier sur les Croix de Feu et le Parti Social Français, reprenant les thèses du Parti Communistes français alors. Ce dernier remarquait en effet qu’au-delà de l’apparence « populiste », comme on le dirait aujourd’hui, le mouvement de La Rocque accumulait des armes et organisait de véritables structures militaires, avec même une aviation !

Il est évident que du côté communiste, les Croix de Feu apparaissaient comme une sorte d’anti-mouvement, c’est-à-dire comme les fascistes italiens et les nazis allemands, un mouvement visant directement à concurrencer l’affirmation révolutionnaire communiste.

Telle n’est pas la mise en perspective de Zeev Sternhell, qui est lui d’esprit social-démocrate et voit la « droite révolutionnaire » comme un mouvement d’idées dont la base serait les « anti-Lumières ».

C’est là le prolongement de son ouvrage Ni droite ni gauche, l’idéologie fasciste en France, déjà en 1983 ; Zeev Sternhell se considère comme le grand protecteur des Lumières sur le plan des idées, affirmant que les historiens français ont toujours masqué l’existence d’un fascisme français en quelque sorte « bien de chez nous », dont la base est justement le rejet des Lumières. La préface de l’ouvrage souligne d’ailleurs avec insistance le fait que le philosophe Alain, très connu puisque encore largement présent dans les sujets du bac philosophie, exprimait dans son journal récemment publié un antisémitisme exterminationniste.

De manière intéressante, il est présenté comme « l’idéologue organique du parti radical et, de fait par extension, l’idéologue quasi-officiel de la troisième république » ; on reconnaît ici le concept d’intellectuel organique du communiste Antonio Gramsci, avec en arrière-plan le principe de la bataille des idées pour l’hégémonie culturelle.

Cet ouvrage est donc extrêmement intéressant ; il présente un phénomène historique très important dans l’histoire de France, il permet de renforcer la culture antifasciste, et on peut même y voir une opposition intellectuellement productive entre la vision social-démocrate (ou socialiste) de Zeev Sternhell et la lecture communiste orthodoxe. La Rocque était-il la principale figure d’un mouvement de masses sur la base d’idées anti-Lumières, comme le pense Zeev Sternhell, ou bien l’expression du fascisme comme massification dans une perspective anti-Socialisme, comme l’affirme le dossier des Matérialistes mentionné plus haut ?

Cela ne peut être un débat qui ne fait que commencer et qui doit par ailleurs se multiplier ; il appartient à la Gauche de mettre en place une véritable réflexion quant à la nature du fascisme, la réalité de sa menace, le sens de ses activités. Personne de sérieusement à Gauche ne peut penser que le Fascisme n’a été qu’un accident historique, une simple anomalie de parcours dans l’établissement d’une sorte de société capitaliste libérale-sociale stable au point de devenir éternel. Parler du Fascisme, c’est malheureusement parler de son actualité.

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Écologie

Le rat sauvé à Bensheim en Allemagne

C’est un épisode qui s’est déroulé dans la petite ville de Bensheim en Allemagne, près de Heidelberg, et qui a eu un écho important dans différentes parties du monde, de par ses aspects à la fois pittoresques et plein de compassion.

Un rat était coincé dans une bouche d’égout et des amis des animaux sont intervenus pour le protéger et tenter de le libérer ; n’y parvenant pas ce sont des pompiers volontaires qui sont intervenus et ont réussi. Le tout sans facture, sans faire des manières, tranquillement.

Un beau moment et une véritable leçon qui a interpellé les esprits en Pologne, en Angleterre, aux États-Unis, en Suisse, et même en France, où malheureusement, tout reste à faire pour changer les mentalités par rapport aux animaux, y compris chez les pompiers.

 

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Écologie

La journée du sympathisant d’AVA Bretagne dans le coma après plusieurs agressions

Le collectif AVA Bretagne a produit un document très précis relatant la journée de Frédéric, le sympathisant agressé par des veneurs, qui est dans le coma depuis 12 jours maintenant. Cela est très important, car en face le discours des défenseurs de la chasse à courre est très offensif et très organisé.

AVA Bretagne, déclinaison locale du collectif Abolissons la Vénerie Maintenant, avait annoncé la semaine dernière l’agression très violente de l’un des leurs, qui a finit sa journée à l’hôpital, plongé dans le coma après une ultime agression.

Cette information, très grave, a été complètement passée sous silence, car les partisans de la chasse à courre ont réussi à semer le trouble en diffusant massivement leur propre version des faits. Ils se présentent eux-mêmes comme des victimes et nient toute implication directe. Il y a pourtant un contexte, local et national, où les violences et les pressions contre les membres d’AVA sont régulières. Il faut se souvenir de la saison passée où, tout de même, un membre du collectif voyait sa tête placardée sur les présentoirs d’un journal local dans presque tous les commerces de l’Oise, avec des propos calomnieux et très hostiles à son égard. Les vidéos partout en France d’attitudes violentes de la part de veneurs sont récurrentes.

Mais ce n’est pas tout. Comment se fait-il, dans cette affaire bretonne, que la gendarmerie ait refusé d’enregistrer la plainte de Frédéric, avant son ultime agression, comme le racontent les membres d’AVA Bretagne ?

Cela est très grave d’un point de vue démocratique, et il est bien trop facile de la part de la gendarmerie de renvoyer les deux camps dos à dos, comme s’il s’agissait d’une simple dispute ayant mal tournée. Rappelons d’ailleurs ici, sans faire de parallèle direct mais pour rappeler le contexte sur le plan national qui n’est pas anodin, que des policiers se sont en début de saison offusqué du fait de devoir servir de protecteurs à « quelques aristocrates » pratiquant la chasse à courre.

Les membres d’AVA ont le droit d’aller en forêt pour regarder et documenter les chasses à courre, ils ont le droit de vouloir l’abolition de la vénerie maintenant, ils ont le droit de vouloir sauver les animaux du sort barbare qui leur est promis.

C’est un devoir maintenant pour toutes les personnes souhaitant défendre les valeurs démocratiques dans notre pays de suivre cette affaire AVA Bretagne de très près, de participer à ce que la lumière soit faite et que la vérité éclate rapidement. Parce que l’opposition à la chasse à courre est une cause démocratique et populaire primordiale, mais aussi parce qu’il s’agit de la possibilité même de l’existence d’une opposition aux pires conservatismes.

Voici donc le récit détaillé de la journée par le collectif AVA Bretagne.

FREDERIC: MILITANT DANS LE COMA, RECIT DU 16 FEVRIER
Voici le récit complet des évènements qui ont précédé l’hospitalisation de notre camarade Frédéric, ce samedi 16 février 2019, tel que raconté par des témoins directs. A l’heure où nous écrivons ces lignes, il est toujours plongé dans le coma, cela depuis 11 jours. Pendant ce temps, une campagne écœurante orchestrée par la Société de Vénerie fait rage, et tous leurs relais dans la presse et les institutions semblent mobilisés pour protéger leurs intérêts. Le mensonge semble érigé en système de défense chez les veneurs, ce qui est la dernière arme d’une pratique indéfendable et rejetée par 84 % des Français.
11H00. Alors que deux voitures viennent déposer des citoyens du collectif AVA à l’entrée de la forêt du Gâvre, qui comptent comme d’habitude militer pacifiquement contre la chasse à courre, une voiture avec à son bord quatre membres de l’équipage de Monsieur Mickaël P. arrive elle aussi. Frédéric H. vient de sortir par la porte avant-droite de son véhicule, lorsque Mickaël P., très en colère, surgit du sien, fonce sur ledit véhicule AVA, en arrache l’essuie-glace arrière, puis se précipite sur la porte arrière-droite de la voiture pour l’ouvrir.

Mickaël P., responsable de la Société de vénerie et maître d’équipage
Frédéric H. met alors sa main sur son épaule pour tenter de le retenir. Monsieur P. se retourne et lui assène aussitôt plusieurs coups de poing au visage, cassant ses lunettes et occasionnant une hémorragie nasale importante.

Frédéric, quelques instants après les coups reçus au visage. Son hématome principal au front se colorera de violet tout au long de l’après-midi
Jimmy N. accourt pour porter secours à Frédéric H. et reçoit plusieurs coups, Mickaël P. essayant de lui arracher sa caméra.

L’agression de Jimmy N quelques secondes plus tard. On y voit Mickaël P., aidé de suiveurs qui filment l’agression, tenter de lui arracher sa caméra Go-Pro
Les militants d’AVA subissent ensuite des pressions pendant un long moment, entourés de suiveurs qui les provoquent et les insultent. Frédéric H. est particulièrement ciblé, les veneurs ne le lâchant pas et ne cessant de le provoquer, à tel point qu’une partie de ses camarades juge nécessaire de le mettre en sécurité dans un véhicule, puis de quitter la forêt.

Arthur M. ainsi que d’autres suiveurs, encerclant la voiture dans laquelle a été mis à l’abri Frédéric
Des veneurs les suivent en voiture jusque dans un centre commercial à des kilomètres de la forêt, contraignant les amis de Frédéric à solliciter la protection d’un vigile, qui met les poursuivants dehors.

Arthur M. et un acolyte sont reconduits à la sortie d’un centre commercial où ils avaient poursuivi le groupe de Frédéric
Vers 15H30, Frédéric H. se présente à la gendarmerie de Blain pour y déposer plainte. On lui demande de revenir le lendemain avec un certificat du médecin.
Ses camarades, qui l’accompagnent pendant l’après-midi, notent que le nez de Frédéric H. se remet à saigner plusieurs fois et que son hématome au front se colore peu à peu de violet.
Frédéric H. quitte ses camarades vers 16H30 pour aller chercher de l’essence. Il devait retrouver certains d’entre eux plus tard, mais n’est jamais arrivé à destination. Selon les informations portées à notre connaissance, il se serait écroulé vers 17H45 sur la voie publique, vomissant du sang.
Frédéric H., souffrant de graves lésions et d’un œdème cérébral, a été pris en charge par les pompiers et transporté aux Urgences de Redon, puis placé sous coma artificiel et transféré vers minuit au Service Réanimation Chirurgicale de Pontchaillou, à Rennes.
Vendredi 21 février 2019 au soir, soit quelques heures après l’annonce de l’état de santé de Frédéric, Jimmy N. est victime de ce qui ressemble fort à une expédition punitive, en pleine rue et devant témoins, à Rennes. Il a également été transporté par les pompiers aux Urgences Médico-Chirurgicales de Pontchaillou, qui ont constaté de multiples blessures. L’un des deux auteurs a été formellement identifié comme étant Arthur M., membre de l’équipage de Mickaël P. déjà impliqué dans les faits du 16.
Compte tenu des difficultés rencontrées par la famille de Frédéric H. et par Jimmy N. auprès des gendarmeries respectives de Blain et de Guémené Penfao, les plaintes ont été déposées par Me Angélique Chartrain, Avocate, directement entre les mains du Procureur de la République de Saint-Nazaire, notamment pour violences aggravées et harcèlement.
Ceci étant posé, nous déplorons, dans toute la France, une escalade dans la violence des veneurs à l’encontre des militants pacifistes d’AVA, qui ne font qu’exercer leurs libertés les plus strictes d’aller et venir, se rassembler, exprimer leur opinion et informer la population.
Rien qu’en Bretagne et en Loire-Atlantique, une trentaine de plaintes ont été déposées cette saison, sans compter celles qui ont été abusivement refusées par des gendarmes ou OPJ ainsi que celles qui n’ont pas été déposées par dépit ou lassitude.
Nous nous interrogeons aussi sur le rôle de certains gendarmes et la préservation du secret de l’enquête, la Société de vénerie évoquant sur les réseaux sociaux un « rapport de police », alors que nul n’est censé avoir accès à des éléments de l’enquête avant la clôture de celle-ci. De même, le Capitaine de gendarmerie de la compagnie de Châteaubriant, Bruno Perochaud, non chargé de l’enquête, a fait de multiples déclarations sur les circonstances supposées des faits, certaines allant à l’encontre de témoignages directs et d’éléments concrets en notre possession.
En tout état de cause, nous n’entendons pas nous laisser intimider et sommes plus que jamais déterminés à mettre tout en œuvre pour que les auteurs, qui semblent animés tant par le sentiment d’impunité que la vindicte, répondent de leurs actes devant les tribunaux.
Soyons tous unis face à la terreur, demandons justice pour Frédéric !
ABOLISSONS LA CHASSE A COURRE ET LA VIOLENCE QU’ELLE REPRESENTE !

Yves Marie, le frère de Frédéric, nous donne des nouvelles de son état de santé et s’exprime suite à la campagne de dénigrement organisée contre lui par les veneurs.
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Culture

Armance de Stendhal (1827)

Armance ou quelques scènes d’un salon de Paris en 1827, plus connu sous son titre abrégé Armance, est le premier roman de Stendhal, publié en 1827. S’inscrivant dans la période romantique, ce roman nous fait part d’une description des mœurs de l’époque de la noblesse sous la Restauration française à travers une histoire d’amour mêlant le jeune Octave de Malivert à sa cousine Armance de Zohiloff.


Stendhal expose la situation sociale d’une noblesse spoliée après la Révolution française, bénéficiant d’indemnités en conséquence de la loi du « milliard aux émigrés » signée par la Chambre en avril 1825. Ces « émigrés » étaient des monarchistes ayant décidé de fuir la France entre 1789 et 1815 dans le but de combattre les forces révolutionnaires de l’extérieur ou de fuir la Terreur.

De par ce roman, Stendhal propose ainsi une critique globale de la noblesse.
Octave de Malivert est présenté comme en contradiction totale avec sa classe sociale.
Politiquement, il partage des idées libérales et progressistes contrairement à sa famille qui est le profil emblématique d’une noblesse réactionnaire.

C’est un jeune homme brillant issu de la noblesse qui vient tout juste de sortir de l’école de Polytechnique. Par le biais de sa famille, il rencontre sa cousine Armance de Zohiloff pour qui il s’éprend d’amour, sentiment entretenu réciproquement par cette dernière.

La belle Armance de Zohiloff vient de la même couche sociale que lui et est originaire d’une famille russe.

L’intrigue se poursuit alors entre malentendus et confusions de la part des deux amoureux, chacun n’osant déclarer ses sentiments à l’autre.

Octave se verra toutefois contraint d’avouer son amour à Armance, ce qui donnera suite à de nombreuses péripéties.

Sur le plan émotionnel, Octave est également incompris par sa famille. C’est un personnage complexe qui ne peut être heureux en raison de son impuissance sexuelle qu’il garde comme un secret. Il éprouve ainsi un profond mal-être, allant jusqu’à se comparer lui-même à un monstre.

Cette souffrance interne que ressent Octave est une expression du romantisme français. On retrouve également dans ce roman l’obsession de la noblesse pour le mariage. La famille de Malivert veut absolument marier Octave pour ses propres intérêts, cela étant le principal moyen de se reproduire socialement.

Dans son avant-propos, Stendhal commence par tromper le lecteur en ne se présentant non pas comme auteur mais comme correcteur d’un livre lui ayant été remis. Par ce fait, il a pour objectif d’écarter les critiques et la censure, ainsi que d’évincer une certaine responsabilité. Ce roman se veut être un « miroir au public », formule qui par la suite caractérisera l’auteur, dont l’œuvre la plus célèbre est Le rouge et le noir.

Cette œuvre est écrite d’une manière très fluide et accessible à tous. Le lecteur se voit ainsi voyager dans cette France du XIXe siècle sous la Restauration, avec des données géographiques très détaillées.

Stendhal laisse le lecteur découvrir le secret d’Octave avec minutie au fil du roman en attendant de lui une certaine patience. Il émet également des sous-entendus à ce sujet, rendant l’intrigue intéressante.

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Écologie

Débris spatiaux, une poubelle autour de la Terre

Depuis le développement des satellites, l’humanité n’ayant rien géré ni planifié a produit un gigantesque amoncellement de déchets dans l’espace tout autour de la planète. L’absence d’organisation supranationale pour répondre à ce défi aggrave d’autant plus la situation.

La conquête de l’espace n’a jamais été tant un rêve scientifique qu’un objectif économique et militaire ; c’est pour cette raison que Donald Trump a demandé il y a peu la formation d’une quatrième entité, spatiale, après l’armée de terre, la marine militaire et l’aviation militaire. Il a également appelé à travailler sur des satellites avec des dispositifs anti-missiles. La NASA a arrêté ses navettes spatiales mais celles-ci continuent d’exister, sous la forme d’une navette militaire automatisée, ayant déjà réalisé des missions. La Chine a de son côté récemment envoyé du matériel sur la pseudo face cachée de la lune, dans l’optique d’y construire une base.

À cette course aux armements s’ajoute, forcément, comme en économie sur Terre, le chaos des déchets. Il y a environ 1 500 satellites autour de la planète, on ne sait même pas exactement combien. À cela s’ajoute 18 000 objets faisant plus de dix centimètres. Évidemment, ces objets présentent une menace pour tout objet spatial risquant une collision avec eux. Il est même considéré qu’une telle collision serait fatale pour un satellite. On sait à quel point dans l’espace ce genre de choses ne pardonne pas, en effet ; les films pour le coup présentent des enseignements assez réalistes.

À cela s’ajoutent l’existence de 750 000 objets de plus d’un centimètre… et celle de 150 millions d’objets de plus d’un millimètre. Des dangers d’autant plus terribles qu’il est difficile de les appréhender et de prévoir les dégâts qu’ils peuvent causer. Des micro-dégâts peuvent déjà avoir des conséquences terribles, mais comment savoir de quel type ils peuvent être, dans quelle situation ? À force de s’en sortir au moyen du calcul, des statistiques, plutôt que par la planification, à un moment donné on se retrouve bloqué et on ne s’en sort plus.

C’est que le capitalisme a été pragmatique : tant que ça marche, ça marche ! Quand cela commence à moins marcher, on contourne le problème. Après tout, il y a désormais des puissants ordinateurs et de très bons ingénieurs. Mais à un moment la réalité devient trop complexe et là on s’aperçoit que la seule solution c’est qu’il aurait fallu à la base même savoir exactement ce que l’on fait. C’est pratiquement une allégorie de l’avenir et il y a donc le double problème qui se posera : faire différemment… et rattraper les catastrophes causées !

Dans le domaine spatial, cela va être compliqué. Ces débris se baladant autour de la planète ont plusieurs origines. Il peut s’agir d’outils perdus, de satellites devenus hors de contrôle ou bien abandonnés, d’étages de fusées, de restes de collisions, etc. En fait personne n’en sait trop rien et surtout tout le monde s’en moque. Il n’y a aucune recherche de responsabilités, ni réflexion autocritique. On s’aperçoit simplement que désormais cela dérange et cela s’arrête là. C’est exactement comme pour le réchauffement climatique.

Ce qui capte l’attention uniquement, c’est que les choses commencent en tout cas à devenir compliquées. Il va falloir calculer des possibilités de manœuvres d’évitement, prendre les risques de collision avec de tels objets en cours, et essayer de virer ces déchets qui posent une menace sur les milliers de satellites censés être lancés dans les prochaines années. On voit très bien ici comment le chaos de la compétition capitaliste menace le développement spatial lui-même.

L’idéal serait bien entendu que les Américains (la NASA), les Européens (l’ESA), les Russes (Rozcosmos), les Indiens, les Chinois, etc. travaillent tous ensemble, non pas simplement en coopération, mais en fusionnant leurs activités. Une seule humanité, unifiée, serait capable de prendre en main l’espace autour de la planète, et d’ailleurs de la planète elle-même.

Ce n’est pas le cas encore et c’est même parti pour le contraire pour l’instant, de par les esprits nationaux entièrement tournés vers la compétition, le repartage du monde. Mais on y viendra inéluctablement, les égoïsmes nationaux sont un obstacle à l’humanité et à la planète qui finiront par disparaître.

 

À VOIR > le documentaire Alerte aux débris spatiaux diffusé sur ARTE :

[Documentaire complet disponible jusqu’au 17 Mars 2019]

 

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Société

Et maintenant on mange quoi ? de Christophe Brusset

Le livre Et maintenant on mange quoi ? de Christophe Brusset entend dénoncer de l’intérieur les agissements de l’agro-industrie capitaliste qui tend à abaisser la qualité de la nourriture et empoisonner les consommateurs pour maximiser ses profits.

« Ce qui me choque le plus, ce n’est pas que des industriels avides nous fassent manger des crottes de rats ou des asticots de temps en temps, car cela n’aura finalement aucune incidence sur notre santé. Non, ce qui me révolte véritablement c’est qu’on légalise l’empoisonnement collectif uniquement pour assurer les profits de multinationales déjà très riches et hyperpuissantes. »

L’ouvrage de Christophe Brusset est un témoignage convainquant, venant de l’intérieur du système qu’il dénonce. Ancien acheteur dans l’alimentaire, il relève de nombreuses anecdotes présentées comme typiques et donne quelques conseils pour éviter les pires aliments. C’est une volonté démocratique qui est affichée par l’auteur, celle d’un « repenti » qui entend informer le grand public.

Y sont expliquées dans le détail tout un tas de pratiques visant à contourner les réglementations ou désorienter les consommateurs, ainsi que de nombreuses réglementations qui ne protègent pas suffisamment, voir autorisent des choses dangereuses.

Ce qu’on apprend dans son livre n’est pas malheureusement pas étonnant, c’est tout à fait conforme à la logique même du capitalisme. Il y a cependant quelque-chose de saisissant à découvrir certaines pratiques dans le détail, car il est parfois difficile d’imaginer que les choses vont aussi loin.

La plupart de ce qu’il dénonce n’est pas vraiment illégal, et c’est cela qui est le plus consternant. Il est en fait très difficile de savoir vraiment ce que l’on mange avec la nourriture industrielle. Par exemple, sur un emballage, s’il est marqué qu’un produit est fabriqué en France, rien n’indique l’origine des aliments qui le composent. Ainsi, une grande partie de la production agricole mondiale vient de Chine et beaucoup de ces aliments sont donc incorporés dans les produits industriels ici. Ce sont par exemple des tomates de très mauvaise qualité et produites avec l’usage de nombreux pesticides, sans qu’on n’en sache rien.

S’il existe des normes, par exemple pour les pesticides, il y a en fait très peu de contrôles et ceux-ci se basent souvent de toutes façons seulement sur des certificats qui peuvent facilement être falsifiés. On a en fait tout un système, qui fonctionne à l’échelle mondiale, et qui dispose d’usages et d’astuces pour contourner les règles, qui ne sont de toutes manière pas très protectrices.

À cela s’ajoute le fait que les industriels ont énormément de stratégies pour réduire le coût de leurs marchandises tout en favorisant les ventes. C’est-à-dire que même dans le cadre strictement légal, la qualité des produits alimentaires est de moins en moins bonne en raison de l’impérieuse nécessité de l’élargissement des profits.

Il en va de même pour la santé, qui est de plus en plus malmenée par l’agro-industrie capitaliste pour les mêmes raisons, qui sont directement liées. Il faut penser bien sûr à tout un tas d’additifs, comme des conservateurs qui permettent de garder plus longtemps pour vendre plus facilement, des agents de texture pour rendre un produit addictif, des colorants pour masquer des ingrédients de mauvaise qualité, etc. Ceux-ci, pris isolément et en faible quantité sont présentés comme inoffensifs, mais ils sont en fait systématiques et leurs effets s’additionnent et peuvent se mutualiser.

La question de la malbouffe est très connue, avec notamment produits très sucrés et très gras, addictifs et très nocifs, mais on aurait tort de penser que cela ne concerne que les fast-foods ou les sodas.

Christophe Brusset nous explique très bien dans Et maintenant on mange quoi ? qu’une grande majorité des restaurants ou des cantines scolaires ne sont pas épargnés par ce problème de la qualité de la nourriture, car les industriels ont totalement colonisé ces secteurs de telle manière qu’on n’y cuisine quasiment plus, ou alors que les aliments de base y sont de mauvaise qualité.

Les différents conseils donnés par l’auteur pour s’y retrouver dans ce chaos sont bien sûr très utiles afin d’y voir plus clair. Certains labels comme le « bio » permettent, normalement, de s’assurer une qualité certaine, sanitaire ou nutritive. Le meilleur moyen d’éviter les problèmes réside surtout dans l’achat à la base de produits locaux de bonne qualité qu’on cuisine soi-même, afin de véritablement savoir ce que l’on mange.

Il serait erroné cependant d’imaginer que la solution réside, comme le pense l’auteur, dans le choix de consommateurs qui aurait le pouvoir d’orienter la production. L’ensemble de son ouvrage montre au contraire à quel point l’agro-industrie capitaliste est puissante et piégée par sa logique propre. C’est donc la production elle-même qu’il faut changer, l’orienter dans un sens non-capitaliste, la destiner uniquement et unilatéralement à la satisfaction culturelle et sanitaire de la population en matière d’alimentation.

 

> Et maintenant on mange quoi ? de Christophe Brusset, paru en octobre 2018, est disponible aux éditions Flammarion. Cliquez sur l’image ci-dessous pour lire un extrait de l’ouvrage :

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Politique

Génération-s et les élections européennes : « Hope is back »

Génération-s a présenté ses principaux candidats pour les élections européennes. Avec comme mot d’ordre « Hope is back », témoignant d’un entre-soi très propre, très policé, totalement en décalage avec la réalité ouvrière, populaire.

C’est terriblement décevant pour qui espérait que, tout de même, Génération-s porte une certaine modernité, à défaut d’assumer le patrimoine historique de la Gauche. La liste présentée par Génération-s pour les élections européennes de 2019 relève d’un positionnement bobo outrancier, et même pas masqué. La lettre de Guillaume Balas et Claire Monod annonçant la mise en place de la liste se termine même par un « Hope is back », c’est-à-dire « L’espoir est de retour ». C’est là tout un symbole de l’esprit de l’entre-soi de gens des milieux associatifs et liés historiquement au Parti socialiste ; le décalage avec la réalité populaire est énorme.

Le fait que la « votation citoyenne » soit expliquée seulement dans une interview de Benoît Hamon dont l’accès est payant sur le site du Monde annonçait déjà cette orientation. Le document « Un New Deal pour l’Europe Printemps Européen », toujours en cours d’élaboration, ne contient en 43 pages pas une seule fois les mots capitalisme, bourgeoisie, ouvrier. Il faut rappeler ici à Benoît Hamon ce que Pierre Mauroy a déclaré peu avant la terrible défaite de Lionel Jospin en avril 2002 :

« Pour le premier et le deuxième tour, il faut des gestes à l’égard du mouvement populaire. Il faut utiliser les mots de travailleur, d’ouvrier ou d’employé. Ce ne sont pas des gros mots! »

Cela n’a cependant aucune chance d’avoir de l’écho, car la liste des 30 personnes en tête de liste (sur 79) relève précisément de cette liste d’après 2002, avec des racines bien ancrées dans le Parti socialiste.

Il y a ainsi l’eurodéputée Isabelle Thomas, dont le parcours est « exemplaire » ou du moins typique, étant cadre du syndicat étudiant UNEF-ID à partir de 1981, au Parti socialiste à partir de 1983, une des fondatrices de SOS racisme en 1984. Vice-présidente de l’UNEF-ID au moment de la campagne contre Devaquet en 1986, elle est propulsée par François Mitterrand à la direction du Parti socialiste. Elle a rejoint Génération-s dès le départ, ce qui est également le cas de l’eurodéputé Guillaume Balas, qui avait rejoint le Parti socialiste en 1991.

On a également Laura Slimani, ancienne responsable du Mouvement des jeunes socialistes, et Mehdi Ouraoui, qui a fait l’école normale supérieure et donné des cours à Sciences-Po, en étant un des responsables du Parti socialiste à partir de 2005. On trouve Michel Pouzol, né en 1962 et ayant quant à lui adhéré très tard au Parti socialiste, en 2007 seulement, dont il est député de 2012 à 2017. Il a été l’un des porte-paroles de Benoît Hamon pour la présidentielle et a rejoint Génération-s trois mois après sa fondation. Il a été notamment ouvrier au départ, puis vendeur et formateur à la FNAC, professeur au Cours Florent à Paris, scénariste, et même figurant dans Ma 6-T va crack-er de Jean-François Richet.

Il y a l’appoint d’associatifs : Eric Pliez, président du SAMU social qui regroupe plusieurs associations, Françoise Sivignon qui a été présidente de Médecins du monde en France, dont a été bénévole Naïma Charaï qui a été très active dans différentes associations. On trouve également Salah Amokrane, responsable de Takticollectif qui agit dans les « quartiers populaires » et a fait partie de la liste « Motivé-e-s » lancée à Toulouse par le groupe Zebda en 2001.

L’agrégé d’histoire Pierre Serne vient quant à lui d’Europe écologie – Les verts, dont Aurore Lalucq a été une sympathisante avant de rejoindre Benoît Hamon pour la présidentielle.

On a ici des profils entièrement coupés de la classe ouvrière et de la Gauche historique ; on ne trouve grosso modo que des cadres historiques du Parti socialiste, des éléments post-Gauche historique d’après 2002, des associatifs. Croire que cela peut faire le poids, en termes d’idéologie, de culture, de perspective, dans un climat explosif comme celui de la France, ce n’est même pas un doux rêve, c’est de l’inconscience.

Quel intérêt Benoît Hamon a-t-il eu de valoriser les gilets jaunes si ce n’est même pas pour proposer une ligne populaire, un engouement militant pour un projet de changement de société ? Croire qu’une petite-bourgeoisie éduquée et propre sur elle peut maîtriser le cours des choses en s’appuyant sur l’idéal européen est un pur suicide.

Dans l’état actuel des choses, la Droite va briser la Gauche de manière terrible aux prochaines Européennes !

 

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Culture

Kitbull, de Rosana Sullivan

Un nouveau court-métrage du studio d’animation Pixar est sorti il y a une semaine et totalise déjà près de 15 millions de vues. Intitulé Kitbull on y suit l’histoire d’un chat errant dans le Mission District de San Francisco.


La réalisatrice Rosana Sullivan avoue avoir débuté ce court dans le but de faire une « vidéo de chat », comme elle aime en regarder sur internet, une vidéo agréable, qui déstresse.

Assez vite le projet prend une autre tournure, plus personnelle, plus profonde et plus dure aussi puisque le chat va se retrouver à être en relation avec un chien, un pitbull enchaîné à l’extérieur et victime de maltraitance.

En un peu moins de 8 minutes ce film aborde donc un nombre important de thème comme la solitude, la peur de l’autre, l’amitié, la maltraitance animale, l’empathie, l’adoption.

Cela fait beaucoup en peu de temps surtout pour des sujets qui ne sont pas à prendre à la légère.

Mais la fluidité du récit et la justesse avec laquelle il est compté ne pourra pas laisser indifférent les amis des animaux.

Les mouvements, les réactions, les mimiques du chat, pourtant d’une grande simplicité dans le dessin, parleront forcément à tout ceux vivant ou ayant vécu avec un chat. C’est aussi le cas pour le chien, dans une moindre mesure puisqu’il est moins présent, mais certains détails sont parlants.

Kitbull est sorti au sein de la nouvelle branche “SparkShorts program” de Pixar, visant à expérimenter de nouvelles techniques et laisser le champs libre à de nouveaux artistes.

Et en effet le résultat est bien différent de ce que l’on peut connaître du studio, y compris pour un court métrage, notamment car il est en 2D. Si les techniques de l’animation 3D ont été utilisé pour faciliter la mise en scène, l’ensemble a été dessiné à la main (sur palette graphique), les arrières plans étant peints.

Le tout donne quelque chose qui va à l’essentiel, dans la forme comme sur le fond, d’une grande expressivité, allant de le sens de la compassion et de l’universalisme.

Voici donc le film !

Voici également le making-of, disponible uniquement en anglais. On peut toutefois activer les sous-titres en cliquant sur le bouton correspondant, et éventuellement choisir la traduction automatique en Français (dans les paramètres). Bien qu’un peu aléatoire, elle aidera à comprendre pour les non-anglophones !

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Culture

Mark Hollis, géant de la musique

La presse a largement repris hier l’information comme quoi l’Anglais Mark Hollis était décédé, à 64 ans. Son groupe Talk Talk avait en effet eu des tubes très importants durant les années 1980, faisant de lui une figure particulièrement appréciée.

Cependant, ce n’est rien par rapport à ce qui a suivi ses « tubes » : des albums considérés comme très importants dans la musique, dans le sens où ils ont posé un post-rock extrêmement intelligent, voire littéralement somptueux. Le groupe a payé le prix fort pour cette orientation, se faisant démolir par les labels et finissant par se saborder au début des années 1990.

Voici tout d’abord les deux « tubes » de Talk Talk, deux très belles chansons par ailleurs.

Voici une autre très belle chanson, d’une qualité exceptionnelle, tirée du troisième album, en 1986, et reflétant l’orientation nouvelle. On s’arrache à la new wave pour une préciosité sans ostentation.

Cette autre chanson du même album est très connue.

L’album Spirit of Eden, qui ne participe nullement à une démarche commerciale, fut considéré comme un très grand tournant vers le post-rock ; en voici des illustrations.

Et voici un extrait de l’album Laughing stock, sorti en 1991 et désormais considéré comme un immense classique, clairement incontournable.

C’est une grande preuve qu’on peut être populaire, accessible et s’appuyer là-dessus pour découvrir de nouveaux horizons, former de nouveaux espaces. Il est flagrant que le post-rock de Talk Talk correspond à toute une nouvelle phase de la musique par la suite. Mark Hollis a joué un rôle primordial dans cette activité de Talk Talk ; il a été un géant de la musique.

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Politique

L’avocat Emmanuel Pierrat et l’arsenal législatif contre l’antisémitisme

L’avocat et écrivain Emmanuel Pierrat a publié une tribune dans Le Parisien, qui a son importance. Il aborde en effet la question de l’antisémitisme et il dit une chose indiscutable : il existe déjà un arsenal répressif juridique contre l’antisémitisme. C’est la motivation politique pour appliquer la loi qui manque.

Emmanuel Pierrat, avocat et écrivain

« Des portraits de Simone Veil recouverts de croix gammées, le mot Juden tagué sur un magasin Bagelstein, deux arbres plantés à la mémoire d’Ilan Halimi sciés, Alain Finkielkraut insulté, des tombes profanées… Le bilan le plus récent est effrayant. Mais il existe surtout une cyberhaine, signée par de courageux anonymes, qui inonde les réseaux sociaux et en particulier Twitter, ce réseau social sur lequel la terrifiante Ligue du LOL a œuvré durant des années.

La France républicaine de 2019 est défiée par les discours et les propos qu’elle croyait réservés aux combattants en déroute de l’État islamique ou du lointain Ku Klux Klan. Emmanuel Macron a déclaré au dîner du Crif que la France mettra en œuvre la définition de l’antisémitisme adoptée par l’Alliance internationale pour la mémoire de la Shoah. Or, ce faux masque est déjà sanctionné s’il est synonyme -et c’est souvent le cas- d’antisémitisme et non de critique citoyenne de la politique de Benyamin Netanyahou.

L’arsenal législatif est plus que suffisant pour éviter toute dérive. La justice dispose en effet d’instruments nombreux pour condamner les ex-humoristes ou les simples internautes. La loi du 29 juillet 1881 sanctionne tant la diffamation que l’injure et la provocation et envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou non appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée. Sans oublier la pénalisation du révisionnisme, de l’apologie des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité… Et la loi du 30 décembre 2004 qui est venue réprimer les propos homophobes ou sexistes.

La liberté d’expression -un principe fondamental que nous tenons de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789- ne permet pas de justifier ce qui est un délit et non une opinion. Le 19 février, la Cour de cassation a encore souligné, à propos du sinistre Alain Soral, qu’en matière d’injures à raison de l’origine raciale ou religieuse supposée […], il n’existe pas d’excuse de bonne foi ; et les juges d’ajouter que les propos constitutifs d’injures visant la personne concernée en raison de son origine ou de son orientation sexuelle, dont la répression est une restriction nécessaire à la liberté d’expression dans une société démocratique, ne relèvent pas de la libre critique, participant d’un débat d’intérêt général.

Les arguments du droit américain, partisan d’une liberté d’expression absolue, et de la supposée complexité juridique liée à la globalisation des réseaux sociaux ne sont ni tenables ni plaidables. De fait, en 2013, eBay a fini par retirer de ses catalogues des dizaines d’effets et de souvenirs liés à l’Holocauste (y compris un vêtement porté par un détenu du camp d’extermination d’Auschwitz). Leboncoin en a fait de même, début 2018, alors que s’y vendaient brassards nazis et étoiles jaunes.

Le chef de l’État se déclare pourtant opposé à la levée de l’anonymat sur Internet. Saluons la députée Laetitia Avia qui estime nécessaire de modifier le droit existant, reposant essentiellement sur la loi de confiance sur l’économie numérique qui date de 2004, soit avant l’arrivée de Facebook en France et veut rendre juridiquement responsables les Gafa. Les réseaux sociaux coopèrent spontanément en matière de pédophilie et de terrorisme. Las, pour le reste, Twitter et consorts ne daignent pas répondre aux autorités qui osent à peine toquer, en vain, à leur porte.

Il nous manque une volonté politique permettant au parquet de poursuivre et à la police judiciaire d’agir. Commençons donc par utiliser les armes dont nous disposons déjà et que nous n’osons pas brandir en matière d’évasion fiscale comme de discours de haine. Et nous aurons moins à rougir de nos brebis galeuses. »

 

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Politique

Benoît Hamon annonce que Génération-s part seul aux élections européennes de 2019

Benoît Hamon avait lancé la « votation citoyenne » ; il considère que la Gauche n’a pas répondu et que les initiatives de Place publique sont viciées par des accords masqués avec le Parti socialiste. Il a par conséquent annoncé que Génération-s présenterait demain sa liste pour les élections européennes. C’est regrettable car l’unité à Gauche est un combat qui ne pouvait par définition pas s’exprimer aussi rapidement.


Le combat pour l’unité de la Gauche, alors que s’obscurcissent les nuages politiques sur l’Europe, est primordial et malheureusement, les considérations d’appareil ont fini par triompher sur les bonnes volontés. La Gauche est en fait tellement faible qu’il y a une fuite en avant, avec l’idée que plus on fait de bruit, plus on peut surnager et l’emporter sur les autres. C’est absurde et c’est pourtant par exemple bien le sens de la lettre du PCF à Génération-s annonçant son refus de participer à la votation citoyenne.

> Lire également : L’appel de Benoît Hamon en faveur d’une votation citoyenne pour l’union de la Gauche

Benoît Hamon s’est démené comme un diable pour l’unité, il faut le reconnaître, mais il a fini par capituler lui aussi. Les médias ont annoncé que lui et Guillaume Balas ont appelé Thomas Porcher et Raphaël Glucksmann de Place publique, notamment pour leur reprocher ce qu’ils considèrent un accord à la base avec le Parti socialiste. C’est un peu hypocrite, car c’était évident à la base même, de par le caractère incontournable du Parti socialiste. La vérité est que l’unité à Gauche face à la menace du raz-de-marée de Droite ne peut pas aller sans alliance avec le Parti socialiste, même si cela fait mal au cœur.

Si on est pas content, on fait mieux et la question du Parti socialiste sera réglée, après. Benoît Hamon a décidé de régler cette question avant. C’est une erreur, annoncée de plus dans une interview au Parisien. Ce n’est pas là une approche correcte. Qui plus est, au lieu d’annoncer vouloir chercher à exprimer la Gauche en général, Benoît Hamon a décidé que la seule chose qui aurait droit de cité, c’est le hamonisme, résumé en quatre points :

– politique écologique commune,
– droit européen à l’IVG,
– taxe européenne sur les robots,
– revenu universel d’existence.

On peut discuter comme on le veut de ces thèmes, les trouver importants ou pas, valables ou pas, force est en tout cas de reconnaître qu’ils sont extérieurs à la tradition historique de la Gauche et qu’ils relèvent d’une approche post-moderne définie par le social dans l’économie et le libéral dans la politique.


C’était bien la peine que Benoît Hamon annonce que les gilets jaunes peuvent laisser voir quelque chose de formidable pour balancer par-dessus bord la moindre possibilité de critique du capitalisme. C’est là laisser le champ libre à l’extrême-droite dont la démagogie contre le « capitalisme ultra-libéral » va être de plus en plus forte.

Benoît Hamon a tout à fait raison, par conséquent de dire que :

« Moi, je veux être fidèle au peuple de la gauche et de l’écologie : pour cela, je suis constant dans mes valeurs, sincère dans mes combats et innovant dans mes idées. »

Cependant, ses idées ont décroché de la Gauche historique tout autant que celles de Jean-Luc Mélenchon. À l’un le post-modernisme, à l’autre le populisme. Benoît Hamon reste éminemment sympathique, mais il fait l’erreur de croire qu’il peut porter quelque chose de « nouveau ».

 

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Politique

La réponse du PCF à Génération-s et Benoît Hamon

Le PCF a rendu public sa réponse à Génération-s et Benoît Hamon, à la suite de la proposition de votation citoyenne pour unifier la Gauche pour les élections européennes de 2019.

La voici :

A l’attention de Benoît Hamon et de la direction de Génération.s

Cher·e·s Amis,

Par voie de presse puis dans un courrier, Benoît Hamon, au nom de Génération.s, vient d’inviter les différentes forces de gauche à s’engager collectivement, en vue des élections européennes, dans une « votation citoyenne pour l’Union ». De leur côté, les animateurs et animatrices de Place publique ont rendu publique une proposition de « dix combats communs ».

C’est l’occasion, pour le Parti communiste français, de vous redire dans quel état d’esprit il aborde le moment présent.
Vous ne l’ignorez pas, notre inquiétude est grande devant la situation de la gauche, à quelque cent jours du scrutin des européennes, alors que le pays traverse une crise sociale et démocratique sans précédent.

Les exigences populaires sur les salaires, les retraites, le pouvoir d’achat, les services publics, la justice fiscale, la lutte contre l’évasion fiscale et les inégalités, l’écologie, la transition de nos modèles économiques appellent d’amples rapports de force pour faire reculer les logiques concurrentielles, financières, de déréglementation qui dominent aujourd’hui la construction européenne.
Oui, pour y parvenir, tout doit être fait pour porter haut la colère qui s’exprime en France et en Europe. Oui, il faut unir le plus grand nombre possible de forces et de citoyen·ne·s pour combattre la politique du pouvoir en place, pour reconquérir notre souveraineté face aux décisions prises par les gouvernements, par Bruxelles et par la BCE.
Oui, il est urgent de rompre avec la logique de traités européens qui donnent la priorité à la finance et creusent un déficit démocratique nourrissant les tentations de la haine et du repli, pour construire de nouvelles politiques de solidarité et d’égalité s’opposant aux choix présentement mis en œuvre.

Cela exige de la clarté dans les réponses portées et une forte envie d’union.

Puisque nous échangeons à propos de l’échéance électorale du 26 mai prochain, il n’est tout de même pas inutile de rappeler que c’est la complaisance d’une partie des forces de gauche envers des traités libéraux enfermant l’Europe entière dans l’austérité perpétuelle qui a conduit la gauche, dans son ensemble, au désastre présent.

Ensemble, c’est cette page qu’il conviendrait de tourner résolument.

C’est le sens des propositions que nous formulons, pour notre part. Et c’est l’objectif que poursuit la liste conduite par Ian Brossat, dont nous avons mis la candidature à disposition comme tête d’une liste portée par large rassemblement pluraliste.
La campagne qu’il mène actuellement avec ses colistiers et colistières s’efforce de se faire l’écho des aspirations de notre peuple, et les candidat·e·s, dont nombre ne sont pas adhérents du PCF, ont pour première qualité d’être à l’image de la diversité des combats qui se mènent aujourd’hui dans tout le pays.

Sur le fond comme sur la forme, la proposition de « votation citoyenne » ne nous semble pas permettre la clarté nécessaire à l’unité et à la reconquête. Quant à l’offre des « dix combats communs», il y manque des questions essentielles, et aujourd’hui centrales, dans les mobilisations sociales, quand bien même nous y retrouvons des propositions qui nous sont chères.

Comment promouvoir une nouvelle vision de l’Europe tournant sans ambiguïté le dos à ce qui s’est fait jusqu’alors en son nom, comment remobiliser à gauche des millions de femmes et d’hommes qui ont perdu confiance au fil des renoncements passés, à partir d’une liste dont le programme évacuerait des points cruciaux ? À commencer par la nécessaire bataille pour de nouveaux traités capables de répondre aux besoins des peuples d’Europe et de s’opposer pratiquement à ceux qui existent, dont on sait les conséquences désastreuses pour les populations… Ou encore l’engagement des député·e·s élu·e·s à siéger dans le même groupe au Parlement européen, afin de donner toute leur force aux propositions qu’ils·elles auront auparavant défendues ensemble devant les électeurs…

C’est sur ces questions que nous butons. C’est à partir d’elles que l’union pourrait déjouer l’impasse du face-à face organisé entre les libéraux et l’extrême droite.

Nous ne nous satisfaisons nullement de l’éparpillement actuel. Si nous entendons répondre avec efficacité à la profondeur des exigences populaires, l’union suppose que nous énoncions ensemble le sens de notre présence future au Parlement européen. À partir d’un engagement clair et concis, tous les débats de construction d’une liste commune pourraient effectivement s’ouvrir.
Nous l’avons déjà dit maintes fois, nous le répétons, tout en étant engagés dans la campagne, nous sommes à tout moment disponibles aux initiatives et rencontres qui permettraient un rassemblement pluraliste, dans la clarté et en pleine transparence devant le pays, de toutes les forces ayant en commun de vouloir s’émanciper de la logique de traités que les peuples rejettent de plus en plus.

Telle est, à nos yeux, la seule manière de rendre possible la construction d’une autre Europe, anti-austéritaire et de progrès social, démocratique et féministe, fondée sur un nouveau modèle de développement durable, associant librement des peuples et des nations souverains, actrice de la paix dans le monde parce qu’elle se dégagerait de sa trop longue soumission à l’Otan.
Ce débat-là, nous le voulons, et nous le croyons toujours possible.

Paris, le 13 février 2019

Fabien ROUSSEL
Secrétaire national de Parti communiste français

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Politique

Acte XV des gilets jaunes : et toujours rien !

Le quinzième week-end de mobilisation des gilets jaunes à réuni un peu de moins de 50 000 personne dans toute la France selon les chiffres du Ministère. Dans une impression de déjà-vu, avec un mouvement qui tourne entièrement autour de lui-même.

S’il y a une chose marquante avec l’acte XV des gilets jaunes, c’est le néant. Il n’y a rien. Il y a bien eu environ 50 000 personnes qui se sont mobilisées, un peu partout dans le pays, depuis des ronds-points jusqu’à des rassemblements ou des pique-niques, mais cela ne porte pas. Il n’y a pas de densité, aucune envergure. C’est le vide. Les gilets jaunes sont passés dans le rituel, la forme symbolique répétée tel un mantra magique.

Il est flagrant à toujours plus de monde que le mouvement des gilets jaunes ne représente pas une force sociale en tant que telle, qui aurait des objectifs, des intérêts précis ou particuliers. Il n’y a de manière toujours plus lisible qu’un magma informe de gens pas contents, dont la seule expression est de reprocher quelque chose à Macron, sans que l’on sache d’ailleurs finalement vraiment quoi.

C’est le prix à payer : quinze week-ends de suite d’agitation pour en arriver à l’absence de la moindre formulation politique, ce n’est pas sans effet sur un mouvement. Reste l’esbroufe et les coups médiatiques, comme avec Eric Drouet, que Mélenchon glorifiait comme une figure historique en début d’année, qui n’a eu rien d’autre de mieux à faire ce samedi que venir les mains dans les poches au salon de l’agriculture, en espérant parler à Macron.

Cela a donné une pathétique mise en scène de sa part, où il explique aux journalistes que le dialogue est rompu, alors qu’il sait très bien qu’il y a un protocole et que le Président a tout un tas d’autre choses prévues, dans ce rituel, théâtralisé lui-aussi, du défilé présidentiel au milieu des agriculteurs. Cela est d’autant plus ridicule qu’Eric Drouet avait lui-même refusé au dernier moment une rencontre avec le Premier ministre, pour ne pas avoir à assumer la moindre responsabilité.


Cela fait par ailleurs plusieurs semaines que de prétendues coordinations de gilets jaunes sont annoncées, mais cela n’aboutit jamais, car personne n’est d’accord sur rien, ni n’a vraiment quelque chose de concret à dire, proposer, ou exiger. On a même vu dimanche dernier Ingrid Levavasseur, l’une des principales figures, se faire conspuer et exfiltrer d’un rassemblement de gilets jaunes à Paris. C’est là quelque chose de hautement symbolique, témoignant de l’incapacité à une expression rationnelle, tendant à une expression politique.

D’où les inévitables casses ici et là dans quelques centre-villes, notamment à Clermont-Ferrand ou à Rennes, relevant d’un mélange de folklore et de nihilisme.

On est ainsi passé des gilets jaunes comme forme anti-politique à une forme pratiquement apolitique, et il n’est guère difficile de comprendre que cela ne peut que céder la place à une expression populiste, nationaliste, d’extrême-droite assumée. L’utilisation massive du drapeau français et de la rhétorique patriote pour justifier des mesures sociales a formé une véritable matrice diffusant massivement une approche proto-fasciste ou fasciste. Le prix à payer va être énorme, de par les dégâts causés par les gilets jaunes dans la conscience populaire.

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Politique

Un sondage ne suffira pas à Benoît Hamon pour unifier la Gauche

Benoît Hamon a lancé une initiative pour une votation citoyenne afin de favoriser l’unité de la Gauche en contournant l’appareil des partis. Ceux-ci n’ont pas accepté la proposition et, par l’intermédiaire d’un sondage commandé directement à l’IFOP, le mouvement Génération.s entend forcer les choses, comme si cela était suffisant.

Les résultats du sondage sont clairs et nullement étonnants : 77 % des électeurs de Gauche seraient pour la proposition de votation citoyenne de Benoît Hamon en vue des élections Européennes. La proportion monte même à 87 % en considérant uniquement les sympathisants d’Europe Écologie – Les Verts et du Parti Socialiste.

On trouvera l’intégralité du sondage sur ce lien.

Cela conforte bien sûr l’idée que nous avions ici qu’en prenant cette initiative en faveur de l’unité, Benoît Hamon exprimait le point de vue de la majorité des gens de Gauche.

> Lire également : L’appel de Benoît Hamon en faveur d’une votation citoyenne pour l’union de la Gauche

Seulement, cela ne suffit pas, car il ne suffit pas de vouloir pour pouvoir. Cette situation est en fait typique de l’état de la Gauche aujourd’hui en France. Elle a subi un énorme revers après le quinquennat de François Hollande qui l’a ébranlée sur ses propres bases, mais elle n’a pas encore saisi l’importance du travail de fond pour se relever.

On peut bien sûr comprendre l’état d’esprit de ces sympathisants qui sont pour l’unité électorale, sauf que cela est d’une certaine manière trop facile. Les dirigeants des appareils ne pourront pas s’en sortir seuls, sans une mobilisation à la base des sympathisants de Gauche.

Ce sondage ne change donc pas grand-chose à l’affaire, il ne modifie nullement la position des appareils qui ont besoin d’un élan bien plus grand pour accepter l’unité, renoncer à une stratégie élaborée alors qu’ils ont déjà mobilisé des personnes dans un sens, établi des projections, budgétisé des choses, etc.

Ce dont a besoin la Gauche, c’est assurément d’un grand débat d’idée, à la base, partout en France, en prenant le temps de confronter les points de vue et de faire un véritable bilan des dernières années, voir même des quarante dernières années si l’on considère que François Mitterrand a réalisé deux présidences institutionnalisant la Gauche, lui faisant perdre sa nature.

On ne va pas se voiler la face ici, il est à peu près évident que c’est déjà trop tard pour les prochaines élections européennes. Par exemple, Ian Brossat, tête de liste du PCF, peut bien dire qu’il est intéressé par l’initiative et annoncer rencontrer Benoît Hamon, son parti a de toutes façons déjà lancé sa campagne, ses thèmes, ses infographies, et même un site internet, europedesgens.fr

On fera les compte en mai, ce qui influencera quelque peu le rapport de force entre les différents courants et les différentes organisations en fonction des scores obtenus. Ceux-ci seront cependant très faibles pour chacun, malheureusement, et il sera de la responsabilité de tous, mais surtout des mieux «lotis », de ne pas reposer sur ses acquis pour au contraire s’ouvrir aux débats, à la recomposition.

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Écologie

Chasse à courre : un sympathisant d’AVA Bretagne entre la vie et la mort

Un opposant à la chasse à courre, violemment agressé par des chasseurs en forêt du Gâvre (Loire-Atlantique), est dans le coma depuis samedi 16 février. Les veneurs se montrent en effet de plus en plus violents face à la grande mobilisation démocratique et populaire contre cette pratique barbare.

Le collectif AVA, « Abolissons la Vénerie Aujourd’hui », connaît maintenant 19 groupes locaux et les veneurs sont régulièrement suivis par de nombreuses personnes filmant et surveillant leurs agissements en forêt. La répression contre ce mouvement démocratique a été importante depuis plus d’un an, avec l’approbation d’Emmanuel Macron qui soutient directement la chasse à courre.

> Lire également : L’ONF réclame 55 000 € à trois opposants à la chasse à courre

Il y a parallèlement à cela une violence exacerbée et récurrente depuis plusieurs semaines de la part des chasseurs, bien que les opposants respectent une stricte Charte prônant la non-violence et le respect des biens. Les différentes pages Facebook des groupes relatent souvent des faits graves, montrant qu’ils sont « fouettés, frappés, jetés dans des ravins, insultés, suivis jusque devant nos domiciles et menacés, [et que leurs] pneus de voitures sont régulièrement crevés, [leurs] caméras et téléphones [leur] sont volés… »

Voici le communiqué d’AVA Bretagne, suivis d’un second puisqu’une autre personne a été agressée dans la rue la nuit dernière :

« Samedi 16 février, en forêt du Gâvre, près de 300 veneurs nous attendaient. Avant même le début de la chasse, à l’arrivée de notre voiture, un veneur s’est précipité pour ouvrir notre portière et nous a invectivés avec rage puis a porté de violents coups de poings au visage de Frédéric, provoquant un saignement de nez important. Après cette agression, de nombreux veneurs l’ont provoqué malgré notre flegme et nos tentatives de les maintenir à distance.

En fin de journée, Frédéric fait un malaise et a été transporté aux urgences. Il est dans le coma depuis 6 jours. Il souffre de très graves lésions et d’un œdème cérébral. Son pronostic vital est engagé.

Il était venu ce jour là pour défendre pacifiquement ses idéaux. Il voulait simplement protéger la forêt et ses habitants en dénonçant une pratique qu’il juge barbare et faire entendre la voix des 84% de citoyens qui pensent, comme lui, qu’il faudrait l’abolir (sondage FBB/IFOP 2017).

L’auteur de l’agression est identifié, une enquête judiciaire est en cours et nous avons confié le dossier à un avocat pour nous assurer de son bon avancement.

Nous déplorons l’escalade sans limite constatée chaque semaine dans la violence manifestée par les veneurs à notre égard. Nous n’entendons pas nous laisser intimider et restons déterminés à faire valoir nos droits les plus stricts à manifester, au besoin par la voie judiciaire.

Nous vous tiendrons informé de son état de santé sur cette page.
Nos pensées vont à Frédéric, sa famille et ses amis.

AVA Bretagne »

« EDIT : Dans la nuit du jeudi 21 au 22 février, soit quelques heures après la publication du présent communiqué, un autre membre d’AVA Bretagne a été agressé dans la rue par des membres du même équipage de chasse à courre. Il est actuellement hospitalisé, cela à 24h d’une manifestations à Saint-Brieuc organisée par le collectif.

Malgré les violences et les menaces, notre détermination à continuer cette action pacifique pour dénoncer la chasse à courre se renforce chaque jour. Les méthodes mafieuses et anti-démocratiques employées par cette caste de notables se croyant au dessus des lois est toute représentative de l’univers que nous affrontons, et qui se dévoile chaque jour un peu plus.
Rejoignez un groupe AVA près de chez vous ! »

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Les mots de Marion Maréchal contre l’« hanounacratie »

Les propos de Marion Maréchal sont rares et toujours très commentés. Elle vient de rédiger un long texte dans lequel elle oppose démocratie et « hanounacratie » ; c’est un positionnement politique.

Marion Maréchal a mis en place une newsletter dans son école hors contrat, l’ISSEP, et a écrit à cette occasion un long texte, intitulé « Le mot de Marion Maréchal : Démocratie ou hanounacratie ? ».

C’est un document très important, car cela a maintes fois été souligné ici, Marion Maréchal est une cadre dirigeante d’avenir, la clef du rassemblement de la Droite et de l’extrême-droite. Sachant que ses propos sont très suivis et commentés, elle place de manière adéquate les bases de ce prochain rassemblement. C’est une menace terrible pour la Gauche.

Ce qu’elle dit en effet, c’est qu’il ne faut pas porter d’attention aux gilets jaunes comme expression « économique, sociale ou territoriale ». Du point de vue de la Gauche, c’est évidemment au contraire là le seul intérêt, puisque culturellement et idéologiquement, les gilets jaunes sont réactionnaires. Mais du point de vue de la Droite évidemment, cela n’a pas d’intérêt et mieux vaut les voir comme expression d’une « maladie française ».

Comme Marion Maréchal relève de la Droite la plus dure, elle considère que cette maladie est « institutionnelle ». Or, justement les gilets jaunes ont évolué de plus en plus dans ce qui doit être considéré comme quelque chose de proto-fasciste, voire de fasciste, comme cela été très clair début février 2019.

Il faut donc en profiter ! Ce qu’elle dit, si on le décode, c’est ni plus ni moins qu’on peut profiter des gilets jaunes pour provoquer une crise de régime. Voici un petit extrait de sa prose :

« Ce n’est pas pour rien que ce mouvement a progressivement muté d’une forme de jacquerie fiscale vers des revendications d’ordre démocratique dont le RIC, référendum d’initiative citoyenne, est le marqueur principal. Cette crise politique est la conséquence d’un pouvoir devenu totalement illégitime. »

Marion Maréchal fournit alors les concepts. Le régime serait aux mains d’une « oligarchie dissimulée » apparue au cours des années 2000. Il s’agit désormais de tenir un discours très dur, anti « système », pour profiter d’une mobilisation populaire. Du point de vue historique, c’est ce qu’on appelle le Fascisme ; voici comment Marion Maréchal tourne cela :

« Le système – entendu comme le consensus idéologique d’une grande partie des dirigeants politiques, des grands décideurs économiques et des médias – vacille sous les coups de boutoir de ceux qui ne veulent plus tolérer un mécanisme démocratique confiscatoire dont ils ne tirent aucun bénéfice. »

Il faut ici comprendre quelque chose de fondamental : la violence, la dimension belliqueuse du fascisme, n’en est qu’un aspect, une sorte de force mobilisatrice initiale.  Celui-ci arrive cependant au pouvoir de manière « légale ». Cette légalité s’appuie bien-sûr sur des milices dans les rues, sur un État déjà policier, sur plein de choses qui ne relèvent pas de la démocratie… Mais le Fascisme s’exprime par l’intermédiaire d’une base populaire, avec une vaste capacité électorale.

C’est vrai pour les fascistes italiens comme les nationaux-socialistes allemands. Cela ne veut pas dire que les agressions systématiques de l’extrême-droite n’aient pas joué, que leurs bastonnades, leurs incendies, leurs meurtres… n’aient pas eu d’impact. Mais ils accompagnent toujours une progression électorale.

> Lire également : nos articles sur Marion Maréchal

Si on rate cela, on ne comprendra pas pourquoi Marion Maréchal explique que le « grand débat » est une fumisterie et que ce qui compte ce sont les élections. Ici notons qu’elle se démasque : elle prétend ne plus faire de politique, alors qu’elle explique que l’objectif c’est la victoire électorale ! Cependant ce qui compte surtout, c’est sa proposition d’une ligne stratégique à toute la Droite.

Une longue citation est ici nécessaire, pour bien voir comment elle définit ce que doit être le populisme.

« L’échange sur un projet de société, qui doit avoir lieu avec les Français, a un nom : il s’appelle élection. Ce sont les élections qui permettent d’encadrer et de trancher le débat. Or, il n’y a pas de réelle crise de l’idée démocratique : 89% des Français pensent que la démocratie est toujours le meilleur moyen de gouverner un pays.

« La tentation totalitaire » dont on accuse souvent « les populistes » français n’existe pas. Il existe une crise de confiance entre les gouvernants et les gouvernés. La concorde est brisée entre un peuple et son élite qui ne respecte pas la confiance qui lui a été accordée. Une élite de plus en plus homogène qui capte le pouvoir au détriment de la nation.
Le populisme du peuple est une réponse à l’élitisme des élites. Ce pouvoir creuse sa tombe en imaginant que la contestation des Français pourra être calmée en leur accordant un débat au paperboard dans une émission de divertissement ; en transformant leur vote en posts ou en tweets ; en faisant de la politique une franche rigolade.

C’est une illusion : l’oligarchie ne sera pas sauvée par l’hanounacratie. »

Il y a ici un aspect essentiel, qui a n’a  jamais été compris en France, malheureusement. Il est dit que le Fascisme est un totalitarisme, que les gens s’y comportent comme des robots, avec un contrôle absolu. C’est totalement inexact. Le fascisme est un libéralisme absolu et général, où chacun peut faire ce qu’il veut, du moment qu’il ne fait pas de politique. Les Italiens et les Allemands n’étaient pas du tout surveillés par une horde de policiers : ils soutenaient le Fascisme dans leur grande majorité, ils le portaient, ils en étaient très contents car ils considéraient qu’ils étaient ainsi débarrassés d’avoir à prendre la moindre responsabilité.

Si une chose est « totalitaire », c’est à l’opposé la Gauche, et c’est une bonne chose ! Car la Gauche est totalitaire quand elle dit que la Droite a tort et doit s’effacer, quand elle dit que le capitalisme est une chose à supprimer, que le partage social doit être la norme indiscutable. Mais cela c’est la Gauche historique et on en est encore loin… Par contre, la Droite historique a clairement commencé à se reconstituer.

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Les motivations de la « doctrine Mitterrand »

François Mitterrand fit en sorte que des centaines d’Italiens liés à la lutte armée dans leur pays purent « recommencer » leur vie. Les raisons pour cela sont aussi complexes sans doute que la philosophie politique de François Mitterrand, mais on peut y voir à la fois un pragmatisme sécuritaire et un certain romantisme révolutionnaire.

François Mitterrand, une fois devenu président de la République, appliqua des mesures symboliques très fortes. L’une d’entre elles fut l’abolition de la peine de mort, une autre encore fut la suppression de la Cour de Sûreté de l’État, et il faut ajouter dans le domaine juridique la grâce des membres du groupe armé Action Directe alors emprisonnés. L’idée était qu’une sorte de nouvelle ère s’ouvrait, qu’il en était terminé avec le règne d’une Droite dure, brutale, anti-populaire. La Gauche était à l’œuvre et par conséquent, il n’y avait plus d’ennemis à Gauche, il fallait que tout le monde se retrousse les manches.

Lorsque des centaines de membres de groupes armés italiens déboulèrent en France, c’est le même principe qui fut appliqué. La doctrine Mitterrand est simple : pas d’extradition. Pour qu’il y en ait une, il faut qu’il y ait eu crime de sang, que les juges italiens le prouvent et le fournissent aux juges français, qui valideront cela ou pas. Autant dire que c’était en pratique casser toute possibilité en ce sens là. Cela implique également par contre, en échange, que les « réfugiés » en France ne commettent pas d’action illégales et s’intègrent dans la société française.

Officiellement, deux raisons furent invoquées. La première, c’est qu’il y avait un système juridique où les « repentis » échappaient à la prison s’ils fournissaient des informations. Celles-ci étaient-elles vraies ? Il n’était pas considéré par la Gauche française qu’on pouvait se fier à une telle démarche. La seconde raison est que le droit italien ne prévoyait pas qu’un procès réalisé en l’absence du prévenu soit recommencé après son arrestation. Ce n’était pas considéré comme juste.

Il n’était de toutes façons un secret pour personne que, pays de l’OTAN, l’Italie pullulait d’activités des services secrets, de mafias ainsi que de regroupements d’extrême-droite menant toute une série d’attentats, tous ces milieux étant plus ou moins liés. L’Italie était alors vue par tout le monde comme le pays malade de l’Europe dominé par un seul parti, la démocratie-chrétienne contrôlant tout l’État, un État par ailleurs toujours instable, toujours prompt à une justice d’exception, avec toujours la menace d’un coup d’État ou en tout cas d’une situation de rupture.

Le Parti socialiste avait en France tout à fait conscience de cela, notamment Claude Estier, bras droit de François Mitterrand. Hors de question pour la Gauche de se lier à l’administration d’un tel État et de lui faire des chèques en blanc.

Officieusement, deux autres raisons peuvent être fournies. La première, c’est une question pratique. Des centaines de personnes se retrouvant sans papier ni argent en France, avec une expérience de la lutte armée et un haut niveau de culture politique, cela risquait d’aboutir à des regroupements pour se fournir des papiers, des logements, de l’argent, le tout illégalement et avec un fond idéologique révolutionnaire. Les services secrets préféraient évidemment éviter cela, le Parti socialiste et le PCF également.

La seconde raison, c’est tout un romantisme révolutionnaire traversant les couches intellectuelles parisiennes, avec une réelle sympathie pour la Cause des personnes ayant fui l’Italie, un peu considérées, si l’on veut, comme les réfugiés de la guerre d’Espagne. Il était en tout cas plus ou moins considéré comme normal d’aider des gens de Gauche, idéalistes peut-être, mais dans une situation d’infortune. François Mitterrand a ainsi mis en place un système que la République Démocratique d’Allemagne, exactement au même moment, organisait pareillement pour les militants de la Fraction Armée Rouge ouest-allemande souhaitant se « réinsérer ». La RDA, par une décision au plus haut niveau, leur fournit une nouvelle identité, un emploi, un logement, une nouvelle vie.

Officiellement, ce n’est qu’à partir de 1985 que François Mitterrand exprima ouvertement ce que les médias qualifièrent de « doctrine ». En pratique, cela faisait plusieurs années que c’était mis en place. Les « réfugiés » vivaient leur vie, s’insérant dans la société française, et même s’ils éprouvaient pour certains des sympathies ou des accords idéologiques avec la lutte armée continuant en Italie sur un mode bien plus mineur qu’auparavant, ils étaient grosso modo entièrement déphasés. Ils construisirent donc au final une nouvelle vie et, si cela n’avait pas vraiment marché, retournaient dans leur pays une fois leur peine disparue aux yeux du droit italien en raison du temps passé depuis.

Ce processus, qui concerna grosso modo un millier de personnes mais surtout un noyau dur d’une centaine de personnes, se prolongea sur plusieurs décennies ; de moins en moins de personnes furent concernées, jusqu’à finalement une petite quinzaine désormais.

> Lire également : La Gauche française doit défendre la « doctrine Mitterrand » face à la Droite italienne

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La Gauche française doit défendre la « doctrine Mitterrand » face à la Droite italienne

Malgré les heurts diplomatiques très violents avec le gouvernement italien, Emmanuel Macron et son exécutif entendent collaborer ouvertement avec lui pour remettre définitivement en cause la « doctrine Mitterrand ». Le symbole est très fort et consiste en une violente attaque contre la Gauche française.

Emmanuel Macron est un partisan acharné du « et en même temps », ce qui le rend difficile à saisir. Il fait jouer du Daft Punk par l’orchestre militaire le 14 juillet, tout en défendant bec et ongles les chasseurs et leur style suranné. Et s’il dénonce ouvertement le gouvernement italien et son populisme, il le soutient entièrement dans son harcèlement concernant les Italiens réfugiés en France dans les années 1970, 1980, voire 1990.

Ces derniers jours, il est en effet beaucoup parlé de la remise en cause ouverte de la « doctrine Mitterrand », qui accorde un asile politique non-officiel à tous les Italiens qui ont participé aux activités de la Gauche ayant choisi de lutter par les armes dans leur pays et ayant par la suite choisi de refaire leur vie dans le nôtre. À l’époque, le Parti socialiste et la Gauche française avaient, pour de multiples raisons, considéré que c’était un devoir que de protéger ces ex-activistes. Aujourd’hui, la Droite italienne voit un espace pour briser cet obstacle et relancer son harcèlement contre tout ce qui est de Gauche en général.

> Lire également : La « doctrine Mitterrand »

Emmanuel Macron et le gouvernement français soutiennent donc cette démarche. Dans une interview au Monde du lundi 18 février 2019, la ministre des Affaires européennes Nathalie Loiseau est explicite :

« Il n’y a aucune raison de s’opposer à une éventuelle extradition (…). Je pense que notre pays a longtemps vécu en sous-estimant le traumatisme qu’a pu être le terrorisme en Italie ou en Espagne et que l’on a traité avec une indifférence, que je ne partage pas, la violence aveugle qui s’est exercée chez certains de nos voisins. »

Le fait de parler de violence aveugle est d’une stupidité ahurissante, surtout après les attentats jihadistes, dont on voit immédiatement qu’ils n’ont rien à voir avec la violence politique des années 1970 et 1980. Il est également intéressant de voir qu’elle mentionne l’Espagne, dont tout le monde sait à Gauche que c’est un pays qui a été très profondément marqué par le franquisme. C’est une volonté de nier que l’Italie et l’Espagne ont une histoire tourmentée… Et ce d’ailleurs jusqu’à aujourd’hui, puisque les responsables indépendantistes catalans viennent de voir leur procès commencer !

Quant à l’Italie, tout le monde sait que ce pays ne s’en sort pas. Et c’est tout de même surprenant : dans ses tourments politiques, le pays est passé de Berlusconi à la Droite la plus assumée, et le gouvernement italien ne se prive pas de dénoncer Emmanuel Macron et le gouvernement LREM… qui soutiennent pourtant les demandes d’extradition !

> Lire également : Les motivations de la « doctrine Mitterrand »

On a eu Luigi di Maio, vice-Premier ministre italien, qui en janvier a accusé la France de piller l’Afrique au moyen du franc CFA, en s’appuyant ouvertement sur les arguments du militant d’extrême-droite Kemi Seba, professant un ethno-différentialisme exacerbé et ouvertement antisémite. Et le même, par ailleurs dirigeant du « Mouvement 5 Étoiles » ultra-populiste, est venu début février en déplacement à Montargis, dans le Loiret, comme il l’explique dans un message :

« Aujourd’hui, nous avons fait un saut en France et nous avons rencontré le leader des Gilets jaunes Christophe Chalençon et les candidats aux élections européennes de la liste RIC d’Ingrid Levasseur »

Rappelons que ce Christophe Chalençon parlait encore récemment de groupes para-militaires prêts à rétablir l’ordre dans le pays…

C’est une situation inédite et la France n’a pas moins que rappelé son ambassadeur à Rome, pour la première fois depuis 70 ans, pour « consultations » à Paris, ce qui est en diplomatie un grand signe de protestation. Le communiqué officiel est sans ambiguïtés :

« La France a fait, depuis plusieurs mois, l’objet d’accusations répétées, d’attaques sans fondement, de déclarations outrancières que chacun connaît et peut avoir à l’esprit. Cela n’a pas de précédent, depuis la fin de la guerre. Avoir des désaccords est une chose, instrumentaliser la relation à des fins électorales en est une autre.

Les dernières ingérences constituent une provocation supplémentaire et inacceptable. Elles violent le respect dû au choix démocratique, fait par un peuple ami et allié. Elles violent le respect que se doivent entre eux les gouvernements démocratiquement et librement élus.

La campagne pour les élections européennes ne saurait justifier le manque de respect de chaque peuple ou de sa démocratie. Tous ces actes créent une situation grave qui interroge sur les intentions du gouvernement italien vis-à-vis de sa relation avec la France. À la lumière de cette situation sans précédent, le gouvernement français a décidé de rappeler l’ambassadeur de France en Italie pour des consultations. »

Cela n’empêche donc pas le gouvernement français de répondre favorablement aux pressions de ce même gouvernement au sujet des réfugiés italiens en France. Le ministre de l’Intérieur Matteo Salvini, d’extrême-droite, entend « récupérer » 14 personnes, qui selon lui « boivent du champagne sous la tour Eiffel »… Et le gouvernement français est d’accord pour participer à cette mise en scène de la Droite italienne la plus dure, la plus populiste.

La Gauche française ne peut pas rester passive à moins de se renier. Et cela d’autant plus après l’arrestation au Brésil de Cesare Battisti, qui s’était réfugié là-bas après un long périple depuis la France, qui avait renié sa parole liée à la « doctrine Mitterrand ». Le nouveau président brésilien, de la Droite la plus dure, a immédiatement donné satisfaction au gouvernement italien. Si le gouvernement français s’aligne, cela ne fera qu’appuyer la Droite.