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L’auto-cuiseur Cocotte-minute

L’autocuiseur est un ustensile de cuisine commun à beaucoup de foyers. Le premier « digesteur d’aliments » doit son innovation à l’inventeur de la machine à vapeur, Denis Papin, en 1679.

Après le Salon des Arts Ménagers de 1926, c’est l’Auto-thermos des usines de Boulogne qui est mis en avant pour une cuisine rapide et peu coûteuse en combustible. Mais son système de fermeture compliqué n’assure pas son succès.

Ce mode de cuisson est promu dans les écoles des filles et les livres de conseil. « Les marmites ou cuiseurs sous pression peuvent rendre des services, grâce à l’économie de combustible qu’ils font réaliser, grâce aussi à la rapidité de cuisson ; précieuse pour les femmes qui travaillent au dehors » peut-on lire en 1935 dans La parfaite ménagère par Mmes Jumau et Herbet, aux éditions Librairie Larousse.

En 1948, Roland Devedjian commercialise sous le nom de Cocotte-minute® un autocuiseur en fonte d’aluminium, à fermeture à baïonnette. Mais c’est la faillite à cause du prix de vente exorbitant.

En 1953, Frédérique Lescure fondateur avec son frère de la Société d’Emboutissage de Bourgogne (SEB) rachète le brevet de Devedjian. En dépit du refus du Salon des arts ménagers de 1954, les frères Lescure commercialise leur premier autocuiseur.

Ce qui assure le succès de l’autocuiseur SEB c’est son faible coût d’achat, sa solidité, sa maniabilité et sa sécurité d’utilisation. Chaque marmite est vendue avec un livre de recettes.

Avec un faible coût d’achat, la femme peut désormais réaliser en toute sécurité des plats plus rapidement (le temps de cuisson est divisé par trois) tout en diminuant sa consommation de combustible de 70%.

C’est le succès assuré, de 130 000 en 1954, le nombre d’exemplaires commercialisés passe à 800 000 en 1965. C’est également l’année où l’autocuiseur devient la Cocotte-minute® SEB.

Pourtant c’est en 1975 que le pic de vente est atteint (1 727 733 exemplaires) avec la sortie de la Super-Cocotte® laquée rouge ou ornée de motifs floraux rouge-orangé.

SEB n’a cessé depuis d’innover pour suivre le mode de consommation alimentaire des gens.

Ainsi dans les années 1980, c’est le modèle SENSOR® pour une rapidité encore plus efficace et une sécurité renforcée ; dans les années 1990, c’est le modèle CLIPSO® avec un système d’ouverture automatique à pression, une vitesse turbo pour la décongélation des aliments et une soupape plus silencieuse.

Jusque-là le maintien de la qualité des aliments n’est pas pris en compte. Pourtant la cuisson à 120° détériore les qualités nutritives des aliments. Les vitamines A et D sont oxydées.

Les vitamines B, C et en grande partie E ainsi que les enzymes sont détruites. SEB commercialise alors le NUTRICOOK® CONNECT, en 2014, avec 4 programmes, deux temps de cuisson pour la préservation des optimales des nutriments et vitamines. Il est relié à une application Smartphone « Mon autocuiseur » qui remplace le livre de recettes traditionnel.

Les innovations techniques et leur commercialisation ont permis aux femmes qui devaient travailler en dehors de la maison, de continuer à cuisiner des plats demandant de long temps de cuisson tout en faisant des économies.

Avec un salaire en plus et le même pot-au-feu dans l’assiette, la famille ne sent pas lésée.

Mais c’est encore souvent la femme qui épluche les légumes et écoute le chuchotement de la soupape.

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278 recettes de cuisine végétalienne

278 recettes de cuisine végétalienne, dans le document au format PDF ci-dessous (cliquer sur l’image).

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Société libérale et déserts médicaux

Le propre de la société libérale est de faire primer le choix individuel sur le besoin collectif en postulant que la somme de choix individuels débridés revient au bien être collectif.

C’est bien évidemment erroné, la mauvaise répartition de l’accès aux soins en est un bon exemple.

Les personnes qui ont la possibilité de faire des études partent de leur région d’origine pour rejoindre les villes et ce, pendant trois à dix ans. C’est le temps qu’il faut pour avoir un cercle d’amis, des habitudes, une vie en somme.

Les villes sont des espaces où l’on peut se faire très vite absorber par le rythme, le choix des activités. Elle concentre la culture et du même temps, aspire la vie des zones rurales et péri-urbaines.

Donc d’un point de vue strictement individuel, qui voudrait quitter la ville après y avoir construit quelque chose ? Peu de gens. L’individualisme prime alors sur la morale, la conscience collective.

Le cas de la médecine est particulièrement révélateur de la capacité d’absorption des villes, car c’est un corps de métier que l’on choisit, si on est sincère dans la démarche, avec un sentiment d’altruisme et de nécessité d’être utile, vital même, à la collectivité.

Pourtant, les jeunes diplômés en médecine ont tendance à suivre la même trajectoire individualiste libérale que le reste de la petite bourgeoisie intellectuelle, qui cherche à valoriser ses diplômes dans le cadre de la ville.

Ce problème est visible dans les campagnes et les zones péri-urbaines et particulièrement les quartiers populaires, où beaucoup de médecins généralistes ne prennent plus de nouveaux patients. Au phénomène qui oppose les villes aux campagnes, s’ajoute donc l’ostracisme, voire le racisme.

La moyenne d’âge des médecins en activité augmente, les départs en retraite sont non renouvelés.

Certains praticiens sacrifient énormément de leur temps pour tenter de ne laisser personne sans soins, comme l’exige le code de déontologie de la médecine et conformément à leurs aspirations.

Malheureusement cela ne suffit pas et il devient très compliqué d’obtenir des rendez-vous.

Dans le même temps, avec l’écocide généralisé, de plus en plus de maladies chroniques se déclarent. Il y a notamment des problèmes respiratoires chez les jeunes enfants une multiplication des cancers ou des problèmes de thyroïdes.

Il y a donc un besoin croissant de professionnels de la santé, pour soigner, mais aussi pour alerter et rendre publiques les vagues de pathologies liées à la destruction de la planète, de la biosphère.

Il est également courant de devoir travailler plusieurs jours ou semaines avec des traumatismes causés par l’activité professionnelle, faute de pouvoir consulter rapidement et être arrêté. Cela peut avoir des conséquences graves sur l’usure du corps, déjà éprouvé par les tâches répétitives.

Du fait qui plus est de rapports inégaux entre les pays et d’un esprit d’hégémonie, les déserts médicaux français tendent à se combler à l’aide de diplômés venant de Roumanie où les études de médecines sont de bonne qualité, mais sans ressource matérielle pour une réelle implantation locale.

Ainsi, on pare au plus urgent en renforçant un déséquilibre ailleurs, et sous prétexte que c’est dans un autre pays, on s’en moque.

Le cas des déserts médicaux n’est qu’un exemple parmi tant d’autres du dysfonctionnement profond du modèle actuel. La seule issue est de placer réellement le collectif au centre des préoccupations de la société, pour le bien des individus.

Ces questions se résolvent au moyen de la planification démocratique, en soutenant des projets relevant d’un héritage authentique de gauche.

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Culture

Le film « Le miroir » d’Andrei Tarkovski (1979)

Regarder Le Miroir, film d’Andreï Tarkovski de 1975, est au sens strict une expérience impossible pour un spectateur français, qui se dira nécessairement qu’il aura moins de mal à saisir ce que disent des extra-terrestres qu’à comprendre quoi ce soit à ce film.

Il y a trois raisons amenant à cet état de fait. Tout d’abord, les personnages du film ne peuvent pas s’empêcher d’être eux-mêmes et cela est montré avec tellement de densité que cela en est perturbant pour des spectateurs français habitués au contrôle de soi ou au psycho-drame surjoué.

Ensuite, ces personnages ne pouvant pas s’empêcher d’être eux-mêmes sont russes, avec tout ce que cela signifie en termes d’expression de la mélancolie, de sens de l’interrogation sur l’existence, avec les inévitables longues citations de poésie et références à la littérature (Tchékhov, Dostoïevski).

Le troisième point est le plus délicat, faisant que ce film est, finalement, davantage un film pour les réalisateurs que pour le public. Il se retrouve d’ailleurs systématiquement au plus haut des grandes références chez les réalisateurs.

Cela se concrétise de la manière suivante : le film montre des tranches de vie d’un cinéaste qui va mourir, l’œuvre se voulant par ailleurs autobiographique.

Or, non seulement on découvre cela à la fin, mais qui plus est la même actrice joue la mère et la femme du cinéaste, alors que le même acteur joue le cinéaste et le père de celui-ci au moment de sa jeunesse. Pire encore, on passe de l’année 1975 à 1935, puis à 1975 avant d’aller en 1937, pour retourner en 1975, pour se retrouver en 1942, puis en 1975, en 1935, en 1942 et finalement en 1975.

On ne s’y retrouve pas et le titre a été choisi pour montrer comment la vie reflétait de multiples aspects vécus, un miroir étant d’ailleurs présent dans de nombreuses scènes.

On peut interpréter alors l’œuvre de deux manières. La première, la plus juste, est de rattacher Le miroir à la culture russe et d’y reconnaître un sens de l’interrogation sur le statut de sa propre personne dans l’ensemble.

C’est la fameuse quête typiquement russe d’un sens cosmique général à l’existence – qu’on trouve dans le matérialisme dialectique de Lénine et Staline comme dans les icônes de l’Église orthodoxe ou la mystique de l’Eurasie formulée par Alexandre Douguine.

Reste à savoir dans quel sens va cette interrogation : est-elle un fétiche de sa propre vie, une tentative de saisir la profondeur de sa vie, une réflexion sur l’existence à travers ou malgré la situation de l’Union Soviétique alors ?

Après tout, une importance essentielle est accordée à la maison dans la campagne, avec une identité russe particulièrement marquée.

Et surtout – c’est l’argument principal – le film n’est en tant que tel pas sur le cinéaste, mais sur deux femmes, voire sur la profondeur féminine, la densité de sa psychologie.

Il y a ici la même caractéristique que chez Ingmar Bergman et c’est l’argument décisif montrant bien qu’il s’agit ici d’intimisme et non pas de « psychologisme » partant dans tous les sens.

L’autre manière d’interpréter Le miroir est d’y voir un équivalent soviétique de la réflexion propre à la littérature « moderne », avec son existentialisme, sa quête des « flux de la conscience », sa déconstruction permanente des identités.

Le philosophe Gilles Deleuze, l’un des chefs de file philosophiques de cette vision du monde, est très lyrique au sujet du miroir :

« Le miroir constitue un cristal tournant à deux faces, si on le rapporte au personnage adulte invisible (sa mère, sa femme), à quatre faces aux deux couples visibles (sa mère et l’enfant qu’il a été, sa femme et l’enfant qu’il a).

Et le cristal tourne sur lui-même, comme une tête chercheuse qui interroge un milieu opaque : Qu’est-ce que la Russie, qu’est-ce que la Russie…?

Le germe semble se figer dans ces images trempées, lavées, lourdement translucides, avec ses faces tantôt bleuâtres et tantôt brunes, tandis que le milieu vert semble sous la pluie ne pas pouvoir dépasser l’état de cristal liquide qui garde son secret. »

Gilles Deleuze considère que la qualité photographique du film va dans le sens d’une lecture subjective du film, dans le cas contraire il faudrait considérer celle-ci comme allant dans le sens d’une quête du concret, du solide, au-delà des tourments existentiels.

On comprend la densité de ce film et, en un certain aussi, son ambiguïté.

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« You’ll Never Walk Alone » et « I’m Forever Blowing Bubbles »

Il existe une mythologie concernant les chansons utilisées par certains clubs de football ; elles sont tellement employées sur un mode identitaire qu’on croirait qu’elles ont un lien direct et unique avec ces clubs.

En réalité, elles transportent un certain état d’esprit, bien conforme à l’esprit populaire du football tel qu’il existe à l’origine : rebelle, mais défaitiste, plein d’espoir mais s’en remettant au sort.

Les exemples les plus emblématiques sont deux chansons tirées de comédie musicale : You’ll Never Walk Alone et I’m Forever Blowing Bubbles, deux magnifiques chansons connues pour provoque des frissons de par leur puissance.

Voici leur petite histoire, qui a un rapport avec la civilisation, la culture, et pas le fétichisme et le tribalisme de clubs de football, sans vouloir préjuger du patrimoine populaire que cela peut représenter.

Ces chansons sont d’ailleurs américaines à l’origine, avant de connaître un succès anglais.

You’ll Never Walk Alone est tirée de la comédie musicale américaine Carousel, dont la première eut lieu en 1945 ; I’m Forever Blowing Bubbles est tiré de la comédie musicale de The Passing Show of 1918, une reprise en 1918 d’une revue musicale américaine de 1894.

Carousel dépeint un terrible drame : une jeune ouvrière et un jeune animateur d’un carrousel tombent amoureux, mais la propriétaire du dit carrousel le licencie alors. La jeune femme tombant enceinte alors que tous deux sont dans la misère, le jeune homme tente alors un cambriolage qui tourne mal et se suicide alors.

Une fois au purgatoire, on lui donne une chance de se rattraper pour aller au paradis et il va prodiguer de bons conseils à sa fille devenue une jeune femme. C’est notamment à ce moment pathétique qu’est chantée parallèlement la chanson You’ll Never Walk Alone.

Quand tu marches à travers une tempête
Garde ta tête haute
Et ne sois pas effrayé de l’obscurité
A la fin de l’orage
Il y a un ciel doré
Et le doux chant argenté d’une alouette

Continue de marcher à travers le vent
Continue de marcher à travers la pluie
Bien que tes rêves soient maltraités et soufflés
Continue de marcher, continue de marcher
Avec l’espoir dans ton coeur
Et tu ne marcheras jamais seul
Tu ne marcheras jamais seul

Il y eut bien entendu un film, sorti en 1956 ; voici la scène finale avec la chanson.

La liste des reprises de chanson est sans fin, elle va de Frank Sinatra à Nina Simone, de Gene Vincent à Shirley Bassey, de Judy Garland à Mahalia Jackson, sans oublier Elvis Presley, Aretha Franklin, etc.

Voici la version de Judy Garland et en-dessous celle de Gerry and the Pacemakers.

La chanson de  Gerry and the Pacemakers fut un tube en 1963 ; or, avant le match, les dix chansons étaient du top 10 étaient passées. You’ll Never Walk Alone ne fut pourtant plus lâchée par les supporters du club de football de Liverpool, ce dernier s’appropriant l’hymne en tant que tel.

L’approche gagna un prestige énorme lorsque Pink Floyd enregistra les supporters – le « Kop » – de Liverpool le chantant pour le placer dans la chanson Fearless sur l’album Meddle en 1971.

Le Celtic Glascow adopta la chanson après avoir battu Liverpool en 1966, tout comme une floppée de clubs allemands (plus d’une dizaines), ainsi que des clubs des Pays-Bas, d’Espagne, de France avec le Red Star, etc.

La chanson I’m Forever Blowing Bubbles est quant à elle tirée d’une comédie musicale intitulée The Passing Show of 1918 ; en réalité, il s’agit d’une « revue », c’est-à-dire de danses, de chansons et de sketches assemblées en vrac dans l’esprit d’une comédie musicale, le tout étant renouvelé chaque année.

Les paroles de la chanson sont du même type que celles de You’ll never walk alone : populaire plein d’espoir, mais empreint de blessure et d’échec.

Je souffle pour toujours des bulles

De jolies bulles dans l’air

Elles volent si haut, atteignent presque le ciel

Et comme mes rêves, elles s’évaporent et meurent

La fortune se cache toujours,

J’ai regardé partout

Je souffle pour toujours des bulles

De jolies bulles dans l’air

La chanson, une sorte de valse fut éditée ensuite en 1919, et immédiatement plusieurs fois reprise la même année, notamment dans une version orchestrale et une version jazzy.

La chanson fut régulièrement reprise dans les music hall ou encore dans les dessins animés. C’est dans ce cadre que, un joueur du club londonien de West Ham ressemblant à un jeune garçon d’une publicité pour du savon, un responsable du club chantait I’m Forever Blowing Bubbles, qui fut aussitôt approprié par les supporters.

En voici la version « standardisée », une version dans le stade et la reprise de 1980 par Cockney Rejects, groupe de musique oi représentatif de l’esprit voyou, alors que West Ham possédait la « firme » hooligan pratiquement la plus violente, appelée Inter City Firm.

Les deux chansons ont comme caractéristique de représenter l’espoir et l’humilité, deux caractéristiques populaires. Mais leur inclination à l’acceptation des choses telles qu’elles sont est indéniable.

C’est finalement tout le paradoxe de la culture populaire du football qu’on retrouve à travers ces deux chansons.

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Société

Le Brownie Flash et la révolution Kodak

Le Brownie Flash est un appareil photo de la firme Kodak, connu sous le nom de Brownie hawkeye flash aux Etats Unis. Il est historiquement un produit marqué par une grande accessibilité.

Le Brownie flash est d’ailleurs fabriqué en France avec les pièces américaines dès 1955. La vente est un succès de par sa facilité d’utilisation et son prix peu élevé : 2 400 francs pour l’appareil seul et 1 398 francs pour le flash, soit le cinquième d’un salaire de faible niveau, en comptant que durant les trente glorieuses, il y a une forte montée du niveau de vie.

George Eastman, fondateur de la firme Kodak, a toujours eu à souhait la démocratisation de la photographie, dans le sens bien entendu où il s’agissait pour lui de vendre davantage de produits.

Le slogan de Kodak était d’ailleurs  «  You press the button, we do the rest » (Vous appuyez sur le bouton et nous faisons le reste). C’est un principe de simplification et avec les ventes en masse, c’est ce que l’on a appelé plus tard « la révolution Kodak ».

De 1951 à 1961, le Brownie Flash est ainsi un cadeau commun à beaucoup de jeunes français. C’est un appareil photo idéal pour les néophytes et de bonne fabrication pour accompagner toute une vie.

Sur le plan technique, le Brownie Flash se présente sous la forme d’un boîtier noir en bakélite. L’objectif en verre se situe devant. Il est fixe et a pour focale f/15. Deux vitesses d’obturation sont possibles : 1/50s et la pose longue en appuyant sur le bouton pose B.

Une broche pour flash Kodak est visible sur le boîtier. Les pellicules utilisées sont du 620, donnant donc un format carré 6×6. Un coffret est également commercialisé, au prix de 5 036 francs durant cette période. Il comprenait : un appareil photo, un flash modèle B, deux pellicules, deux piles pour le flash, deux ampoules flash, un dépliant publicitaire, un livret humoristique Kodak, le mode d’emploi de l’appareil et le mode d’emploi du flash.

Encore aujourd’hui, le Brownie Flash est un appareil photo que l’on trouve couramment dans les vides greniers ou dans les familles françaises, se transmettant de génération en génération. Même si les pellicules 620 n’existent plus, on peut trouver des astuces pour y insérer des pellicules 120.

Des photographes s’amusent même avec la double exposition. 70 ans après sa commercialisation française, Brownie Flash reste l’appareil photo synonyme de photographie accessible à tous.

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« Être moderne le MoMA à Paris » à la Fondation Louis Vuitton

Ce sont les dernières semaines de la grande exposition « Être moderne le MoMA à Paris », qui se tient à la Fondation Louis Vuitton à Paris : elle finira au tout début du mois de mars 2018.

Cela doit être prétexte à réflexion, parce que le « MoMA », c’est-à-dire le Musée d’art moderne de New York, est une puissante institution, qui depuis 1929 joue un grand rôle dans la diffusion de l’art moderne, puis de l’art contemporain.

Or, les gens n’aiment pas l’art contemporain. Tout le monde apprécie la tentative d’exprimer quelque chose de manière artistique, et par tolérance les gens se forcent à être ouvert d’esprit de manière parfois absurde.

Mais l’art contemporain, cela ne passe pas. Les couches sociales les plus aisées, par contre, vouent un véritable culte à l’art contemporain. Et culturellement, plus la gauche a été corrompue sur le plan matériel, plus elle a basculé elle-même dans la valorisation de l’art contemporain.

Pourtant, n’y a-t-il pas quelque chose de problématique à voir que l’art contemporain est systématiquement valorisé par les couches les plus privilégiées du monde entier ?

La Fondation Louis Vuitton, créée par le groupe LVMH, qui fait venir des œuvres du MoMA, qu’y a-t-il de plus symbolique dans l’idée, si l’on pense à une bataille culturelle ?

Surtout que l’exposition consiste à souligner le passage naturel entre art moderne et art contemporain. On passe de Cézanne, Picasso, Dali, Malevitch et son carré blanc sur fond blanc, aux œuvres contemporaines les plus étranges, consistant en un cercle dessiné sur un mur, en des mots illuminés sous la forme de néons, une pile de bonbons aux emballages rouge ou bleu et qu’on peut prendre, etc.

L’exposition se veut également marquée à gauche ou plus exactement, et c’est très intéressant, « progressiste », avec une insistance sur les « remises en question artistiques, politiques et sociétales formulées par les artistes à partir de la fin des années 1960 ». On a un drapeau LGBT  hissé sur un mur, une œuvre d’art consistant en un drapeau américain aux couleurs afro-américaines, bref toute la modernité qui prétend remplacer la gauche historique, au profit du progrès.

Mais on est en droit de ne pas considérer cela comme un progrès, pas plus que les poupées Barbie voilées ou LGBT qui viennent de sortir dans les magasins. La gauche défend des valeurs, la culture, pas la conquête de marché sur une mode identitaire ou communautaire.

On peut même dire ici que tant que la gauche n’aura pas réglé son compte à l’art contemporain, la gauche subira l’hégémonie de gens liés aux classes sociales supérieures, fort de toute une culture qui, en réalité, est la simple diffusion de thèmes et d’approches totalement opposés à ce que la gauche a porté historiquement comme contenu.

Tant qu’il y aura un découplage entre libéralisme économique et libéralisme politique – découplage que ne faisait pas la gauche historique – tout est forcément perdu. Le libéralisme politique présuppose le libéralisme économique et inversement.

L’art contemporain célèbre justement le libéralisme. Peut-être qu’aller à l’exposition de la Fondation Louis Vuitton est alors utile – 16 euros, quand même – pour s’en apercevoir. On ne peut pas ne pas être sceptique devant des œuvres consistant en des couleurs jetées les unes sur les autres ou bien en des traits griffonnés n’importe comment.

On ne peut pas de dire autre chose que : il y a un problème, ces machins, ces trucs, valent des centaines de milliers d’euros, voire des millions, voire des dizaines de millions. Or, on n’y voit rien à part le nombrilisme de l’auteur de chaque œuvre. Pourtant, l’art ne peut pas consister en la célébration des egos… et des comptes en banque des gens les plus aisés !

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7 janvier 2015 – 7 janvier 2018

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Politique

Appel des socialistes serbes au monde civilisé (1918)

Le document suivant est un témoignage poignant, les socialistes serbes racontant les dramatiques événements qui frappent leur pays en 1918, alors que des forces étrangères interviennent de manière sanglante.

L’appel au monde civilisé souligne l’importance de l’unité face à la barbarie. La préface est de Camille Huysmans, une figure très connue de la social-démocratie de Belgique, qui fut également notamment nommé secrétaire de la seconde Internationale en 1905.

Cliquer sur le PDF pour le télécharger.

 

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L’échec de Star Trek Discovery à un retour aux sources

Star Trek Discovery est une nouvelle série américaine dont la diffusion a débuté en septembre 2017. On a pu déjà voir neuf épisodes de la première saison, les six derniers étant diffusés à partir du 7 janvier 2018.

Les événements de la série ont lieu une dizaine d’années avant ceux de la série originelle des années 1960, cependant la série se distingue principalement des autres séries et de l’univers Star Trek en général sur deux points.

La première saison est dès le début, et jusqu’aux derniers épisodes diffusés, marquée par une guerre (celle avec l’empire Klingon) et elle est centrée sur la vie d’un personnage. Or, s’il y a des conflits et de guerre présents dans Star Trek, à aucun moment une guerre ne prend autant de place dans l’opus…

Et cela encore moins au tout début d’une série. Star Trek est avant tout une tentative de présentation d’un monde unifié, en paix, tourné vers la bienveillance. C’est l’une des différences majeures avec Star Wars, qui relève de la fantasy dans un contexte spatial.

De plus, si à l’origine certaines personnages ont eu plus d’importance que d’autres dans les différents films et séries, aucun n’a autant monopolisé l’attention que l’héroïne de la nouvelle série, Michael Burnham.

Cette nouvelle série brise donc le fondement même du Star Trek de Gene Roddenberry : critiquer le présent à travers une utopie en évitant la personnalisation, même si c’est à travers des personnages que l’on découvre les événements.

L’origine du problème est relativement simple : au lieu de proposer un futur qui critique le présent, Discovery fait surgir notre présent dans le futur de Star Trek.

Il n’y a plus l’unité qu’il y avait auparavant : avancées technologiques, progrès médicaux, raffinement culturel, etc. Le seul progrès ici est d’ordre technologique…

Comme si les progrès technologiques n’avaient pas de limite, tandis que nous approcherions des limites de tout ce qui est d’ordre culturel et moral.

Cela revient ni plus ni moins à briser toute utopie. Pourquoi ? Parce que le simple fait de poser une pseudo critique (de certains aspects) du présent dans ce qui est censé être une utopie revient à dire que dans deux siècles l’humanité se posera toujours ces questions. Si elle se les pose toujours, c’est qu’il est impossible d’y apporter une réponse. Star Trek Discovery tue le futur en y incorporant de force une époque relativement barbare.

Dans Star Trek à l’origine, on ne pose pas la question du racisme, mais on y répond en montrant que dans le futur, il y a des gens de toutes couleurs de peau et que la couleur ne compte pas. Lorsque est posée la question de la guerre, des conflits, c’est à travers la présentation de monde arriérés, qui doivent progresser encore.

Prenons un exemple. La question des animaux et du rapport à la nature est une question brûlante de ce début du XXIe siècle. Il est clair qu’un futur où la chasse à courre, la vivisection et l’industrialisation de la mort d’être vivants continuent d’exister n’a plus rien d’utopique. Même l’Utopie de Thomas Moore publié au début de XVIe siècle repoussait déjà la mise à mort d’animaux du cœur de son utopie.

Cette question a déjà été comprise ne serait-ce que partiellement dans différentes œuvres : pensons à Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? (aussi publié sous le titre Blade Runner), ou  encore au quatrième film Star Trek : Retour sur Terre. Ces œuvres ont plus de trente ans.

Qu’en est-il aujourd’hui avec Star Trek Discovery ? Tout cet héritage est nié. Ceci se voit à travers le tardigrade spatial. Il s’agit d’un animal colossal retrouvé sur un vaisseau, et retenu en captivité afin de l’étudier afin de développer de nouvelles armes. Aucune dignité n’est reconnue à cette forme de vie. Le capitaine justifie et justifiera toutes ses décisions le concernant par la guerre avec l’empire Klingon. L’héroïne de la série est tout d’abord réticente mais accepte.

Rapidement, le scientifique de l’équipage comprend le rôle de l’animal sur le vaisseau où il a été trouvé et capturé : il permet de stabiliser et d’améliorer le nouveau système de navigation du vaisseau (passons les détails sur la vision délirante et anti-scientifique de l’univers qui va avec).

Comment ? En étant attaché dans une cellule transparente au coeur de la salle d’ingénierie et en souffrant à la vue de tous.

L’héroïne comprend que l’animal souffre mais ne réagit pas fermement : elle commence par accepter, puis tente de convaincre le capitaine qu’il faut arrêter. Pendant ce temps, les voyages continuent et le tardigrade alterne sa cellule de captivité et sa cellule de torture.

Où est la civilisation lorsque devant de tels actes tout le monde reste passif ? Comment peut-on penser que dans une civilisation avancée, une telle ignominie puisse exister ?

La question qui est posée ici est celle de la vivisection. Mais elle est posée selon les critères de notre époque – et même pour notre époque, elle est posée d’une manière grossière. La poser de cette manière c’est admettre plus qu’à demi-mot que l’humanité sera toujours capable de barbarie dans deux siècles.

Star Trek Discovery s’imagine donc « progressiste » parce qu’elle aborde, entre autres, la question des animaux à travers la vivisection. Toutefois, il n’en est rien. Le discours est libéral ; il n’y a plus d’universel, il n’y a que des individus avec différentes sensibilités.

Certains sont amenés à faire de mauvais choix, d’autres à en faire de bons. Il n’y plus de société comprise comme un tout. Il n’y a plus un ensemble qui avance vers toujours plus de progrès : l’individu est ici un horizon indépassable.

Cette importance de l’individu se voit avec la place centrale qu’occupe Michael Burnham et son passé. La série nous en apprend plus sur son passé que sur celui de n’importe quel capitaine ou officier dans toute une saison d’une autre série.

Pour souligner ce caractère central, le personnage qui est une femme a un nom d’homme, une absurdité servant à surfer sur la question du « genre » et de l’identité. Afin de bien renforcer cela, ce personnage a été sauvé de la mort par un Vulcain.

Les Vulcains forment une espèce extra-terrestre plus avancée technologiquement que l’humanité qui a fait le choix de se défaire de ses émotions pour ne plus vivre que selon la logique. Ils symbolisent la rationalité : dans la série à l’origine, le personnage de Spock, Vulcain, faisant le pendant au côté émotionnel tête brûlée du Capitaine Kirk.

C’est une manière de philosopher sur comment combiner émotion et raison. Là, on a droit à un questionnement identitaire de Michael Burnham se demandant si elle doit céder aux sentiments, avec tout un questionnement existentiel sur son rapport avec son père.

Cette personnalisation correspond vraiment à une incapacité à revenir aux sources de Star Trek. On pourrait, somme toute, faire un parallèle avec les gens de gauche comme Benoît Hamon, qui choisisse d’être des Emmanuel Macron de gauche plutôt que de revenir aux sources.

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PS 31 : « L’Humanisme des Lumières aujourd’hui » ou le socialisme du 21ème siècle

« L’Humanisme des Lumières aujourd’hui » ou le socialisme du 21ème siècle

Pour une société des Nouveaux Possibles

(Réflexion issue des travaux de refondation et des rencontres avec les militant.es de la Haute-Garonne

Sébastien Vincini – 1er Secrétaire fédéral #PS31)

Le PS vient de subir sa plus importante défaite électorale. La seule arithmétique électorale ne peut masquer ce qui est en réalité une défaite politique et idéologique. Cela remet en cause l’idée même de notre utilité voire même notre existence.

Elle clôt un chapitre important de l’histoire des socialistes commencée en 1971. Ce qui frappe dans la séquence électorale de 2017, c’est l’amplitude et la violence de notre défaite. Il s’agit là, en miroir, de la contrepartie de l’espérance que notre accession au pouvoir avait faite naître.

Cela doit nous rappeler que la gauche au pouvoir, c’est plus que la gauche, c’est un symbole.

Comprendre nos défaites, être lucide sur nos échecs et notre aveuglement.

La forme contemporaine du libéralisme, le libéralisme connecté ou libéralisme 4.0 se traduit par des mutations technologiques et sociétales d’une ampleur considérable. Elles s’accompagnent d’une multitude de peurs, de craintes, d’espoirs imprécis et d’un sentiment largement partagé d’être exclus de ses bienfaits potentiels.

Durant le précédent quinquennat, nous n’avons pas su entendre ces peurs et nous les avons même amplifiées en ayant eu une croyance aveugle dans la compétitivité mondiale et dans les seuls outils de régulation qu’offrait alors la pensée sociale-démocrate. Du CICE à la loi travail, nous avons donné le sentiment de nous soumettre à la toute-puissance d’une idéologie technico-financière, oubliant la réalité des gens, la place des citoyens.

Aujourd’hui, Emmanuel MACRON a réussi l’unification de l’ensemble des libéraux, ceux issus de la droite historique et ceux de la gauche, véritables fossoyeurs de la gauche gouvernementale. Le pragmatisme affiché de ce nouveau monde, dépassant en apparence le clivage gauche/droite, n’est que le prolongement d’un libéralisme politique au service de la finance mondialisée et immatérielle.

Nous redéfinir. Nous interroger.

Pour se redéfinir, le socialisme du 21ème siècle doit nommer son adversaire, comprendre les mutations de son temps et retrouver l’idéal humaniste des Lumières, qui assimile le progrès technique au progrès social et humain, et aujourd’hui environnemental.

À qui profitent les fruits de la croissance, même mineure, la création de richesses générées par les progrès technologiques et numériques ? Le constat est implacable… À quelques uns, pour quelques uns… au détriment du plus grand nombre, de l’humanité dans l’universalité de sa dignité, des ressources naturelles de notre unique biosphère.

Nous confronter au réel. Comprendre les douleurs contemporaines.

Le territoire est l’espace de l’activité et de la vie, il porte les stigmates des troubles profonds de notre société, il est le révélateur le plus immédiat que chacun peut constater. La perte de repères, la solitude, la désertification tout autant que la concentration urbaine, la pollution, la précarisation et la ghettoïsation, se traduisent dans sa déstructuration, dans sa fracturation. C’est par lui aussi que s’annoncera la reconstruction. C’est pourquoi il est, et doit être au centre de la refondation du PS. Le territoire, c’est le réel.

Le libéralisme 4.0, cette économie moderne se déploie dans l’urgence et sans avoir été pensée avec suffisamment de profondeur alors que le système actuel présente tous les symptômes de sa fin : inégalités spectaculaires et croissantes dans le Monde, et chômage de masse, précarisation croissante de pans entiers de la société qui se pensaient jusqu’alors à l’abri, délitement des liens et des espaces de solidarité, en France.

Ce libéralisme par sa vitesse, sa force, s’impose avec brutalité. Il se traduit par une double peine de précarité : précarité matérielle et sociale ; précarité onirique (envie d’avoir envie, plus de perspective).

Ce libéralisme abandonne les liens sociaux aux rapports de force, et accroît la fracture de la société entre perdants et gagnants. Il sape le principe d’égalité citoyenne, entre ceux qui vivent une mondialisation heureuse et les laissés pour compte, les oubliés, les exclus.

Les sentiments de frustration, de désespérance, d’injustice, ouvrent des espaces à l’individualisme, au chacun pour soi, mais aussi au repli identitaire, au communautarisme, à l’entre soi, qui fondent le terreau de la montée des populistes xénophobes.

En agissant ainsi, c’est toute la société qui fait fausse route. Nous sommes devant un choc de civilisation. Aimé Césaire l’a dit : « Une civilisation qui s’avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une société décadente ».

Beaucoup, dans les territoires, se pensent du côté des perdants, éprouvent un sentiment de dépossession et de déclassement ; et aspirent parfois à une pause face à l‘évolution accélérée de l’innovation technologique. C’est ce qu’ils expriment dans des expressions populaires de plus en plus répandues qui revendiquent un « comme autrefois » ou un « comme avant » trop souvent nostalgiquement idéalisés.

Notre société a besoin d’être rééquilibrée entre affichage de la puissance (vitesse, mondialisation, intelligence artificielle) et l’exigence populaire, au risque d’une déchirure irrémédiable du lien social, qui rappelle que le progrès doit être social et partagé et non un facteur de déshumanisation.

La performance ne peut et ne doit pas être un alibi à la revendication de puissance de quelques-uns.

Nous devons en effet affronter une mécanique de spoliation à l’œuvre. Un système d’intelligence artificielle (que résume l’ensemble formé par les données, le big data, le numérique et l’internet des objets) prétend s’imposer à partir de données qui sont pourtant le bien commun, nos données personnelles et collectives.

« Les plateformes et services numériques qui peuplent notre quotidien se multiplient tous les jours. Sociabilité ordinaire, travail, loisir, éducation : la quasi-totalité de notre vie sociale est peu à peu colonisée par des appareils, des réseaux, et des services en ligne qui deviennent les adjuvants utiles mais aussi envahissants de notre vie personnelle, professionnelle et publique. »

Décrivons le processus en cours de captation du pouvoir, des ressources et de la richesse ; l’exemple de la concentration à l’extrême des multinationales numériques que sont les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft). Aujourd’hui, ces géants du numérique régissent le cœur informationnel de nos sociétés.

La libéralisation et le partage des données est le nouveau carburant des nouveaux modèles économiques. A quelle fin ? maitriser nos consommations ? orienter nos cultures ? déployer une économie prédictive ? nul besoin de répondre.

Pour autant, le partage de données, les algorithmes constituent une formidable opportunité de revisiter l’ensemble des stratégies publiques. Les Nouveaux Possibles, qui vont en résulter, sont, de fait, des biens communs. Ils ne peuvent faire l’objet d’une appropriation abusive, d’une spoliation.

Ces « biens communs » concernent en effet l’ensemble du patrimoine de vie des territoires, c’est-à-dire de tout ce que nous partageons en commun, essentiel à la vie humaine : des éléments naturels (l’eau, l’air, la terre) à la culture, en passant par les espaces d’échanges numériques et les mécanismes de solidarité…

Les technologies modernes permettent, grâce aux données qui les contiennent, de construire les nouveaux usages. Ils peuvent déboucher sur les Nouveaux Possibles, des nouveaux modèles de transition énergétique, de gestion de l’eau, de mobilité, de réorganisation du travail, de prévention dans la santé. Les données ainsi maitrisées sont « l’énergie motrice » des projets de territoire résilient.

Il faut définir ces communs, ces nouveaux espaces entre l’opposition binaire de l’Etat et du Marché. Ces « communs » ne peuvent faire d’objet d’une appropriation privée car nous pensons, nous, humanistes qu’il n’y aura pas de progrès de la performance sans progrès social partagé.

Ce besoin de rééquilibrage doit être notre combat politique. Il concerne l’action publique dans les territoires tout autant que le rôle de l’Etat. Plus que jamais sa mission régalienne, au service de la cohésion sociale, de la formation, de la justice et de la sécurité, la réaffirmation des valeurs républicaines et la laïcité, conditionne cette étape contemporaine de progrès.

Mais l’émergence des communs et d’une économie du partage doit aussi nous interroger sur la notion même de service public et de propriété, de ses caractères les plus exclusifs que sont l’usage, l’héritage et la rente.

La reconquête. Inventer les Nouveaux Possibles.

Les territoires, métropoles comme bassins de vie, sont projetés frontalement dans la concurrence internationale. L’Etat doit les soutenir, harmoniser leurs relations au sein de la nation et de l’espérance européenne.

La social-démocratie s’est construite autour d’un modèle économique, d’un marché, qui appelaient régulation et redistribution. Les valeurs de justice et de partage qui la fondent sont toujours d’actualité mais elles doivent être repensées dans ce contexte de choc de civilisation.

Face à ce choc de civilisation, nous avons le devoir de proposer un choc de confiance dans l’avenir. Nous l’avons souligné, les territoires sont les premiers révélateurs de ce « malaise dans la civilisation » (pour plagier l’expression de Freud qui annonçait la grande crise humaine, économique et sociale de la première moitié du 20ème siècle) … Mais ils sont aussi et surtout les territoires de la reconquête :

  • Lieu d’écoute des nouvelles douleurs contemporaines (le réel)
  • Place légitime à reconquérir pour le PS ; la gauche du réel
  • Lieu de l’action concrète, de l’expérimentation, de l’innovation sociale

C’est pourquoi le PS doit proposer un projet de société des Nouveaux Possibles, c’est un modèle de production de confiance dans la maîtrise des mutations en cours, le modèle de confiance productif dans de la mutation écologique.

Notre projet doit être guidé par l’exigence de « vies dignes » pour tous, par l’Homme. Les citoyens attendent qu’on prenne en compte leur envie de « vraies vies » et qu’on réponde à leurs attentes :

  • En leur apportant la protection qui est un droit des « vies dignes » et en renforçant leur confiance par une assistance bienveillante à laquelle ils ont droit (tiers de confiance, intimité numérique)
  • En faisant confiance a priori aux citoyens, en arrêtant de les cliver, en retrouvant la Nation.
  • En les accompagnant dans leur prise de conscience pour des actes responsables (écologie, valeurs éthiques etc.)
  • En traçant un idéal, celui des Nouveaux Possibles auquel ils se sentent associés.

C’est un modèle humaniste d’exigence écologique qui privilégie l’Homme dans l’adaptation au changement climatique.

C’est un modèle horizontal qui valorise l’autonomie et la responsabilité dans les rapports humains en accompagnant les mutations du travail et qui invente de nouvelles formes de gouvernances.

C’est un autre modèle de protection sociale proposant un nouveau contrat social, un modèle de confiance en l’Homme où par exemple les innovations sociales, comme l’expérimentation du revenu de base, pourraient constituer le lien unifiant tous les citoyens, pour faire nation et donner confiance en l’avenir.

C’est un modèle de créativité qui est une valeur essentielle de la société actuelle et le lien entre les générations, entre les divers niveaux de territoires, entre les technologies et l’humain.

Aujourd’hui, la créativité est au centre des métiers du numérique (applications), elle est l’énergie des innovations de terrain, et elle demeure une digue efficace contre les dérives autoritaristes. C’est également l’enjeu stratégique des modèles industriels (Innovation, disruption).

C’est un modèle de démocratie permanente, de souveraineté des citoyens. Nous devons imaginer les outils de la démocratie permanente où le pouvoir des citoyens ne s’exprime pas simplement à chaque élection mais dans la gestion quotidienne des biens communs.

La perte ou le ressenti de perte de libertés individuelles est au cœur du malaise social et de la défiance envers le politique. La construction d’une démocratie permanente devra s’appuyer sur l’autonomie éclairée des citoyens et sur les principes de transparence, de contrôle et d’évaluation.

C’est un modèle d’émancipation et d’accomplissement de chacun par l’accès de tous à l’éducation, à la culture, à l’art, parce que « la liberté commence où l’ignorance finit ». Les socialistes peuvent s’enorgueillir d’avoir mis en place le statut d’intermittent du spectacle qui est envié dans le monde. N’est-ce-pas dans les périodes difficiles qu’il faut justement miser sur la créativité, la culture, les arts ?

Nous devons proposer de bâtir la deuxième phase de l’exception culturelle. A contre courant de l’uniformisation, qui génère pertes de repères et d’identité, il faut approfondir l’exception culturelle. Cela veut dire l’élargir à l’art de vivre, mais également à la toile numérique, vecteur d’uniformisation dans un monde où tout se dématérialise. Et pourquoi pas aux communs ? L’exception culturelle doit être la plus belle réponse dans ces temps de doute et nous sommes légitimes pour cela.

Consensus, efficience et cohésion habitent nos propositions. Pour le PS le travail de réflexion et de recomposition est imposant. Il s’agit, à la fois, de retrouver la confiance et la proximité avec les citoyens en plein doute et d’être capables de leur proposer l’espérance des Nouveaux Possibles.

Les territoires sont l’espace naturel de ce nouvel élan.

Le rôle du politique est de veiller à la gouvernance, à la protection, à la confiance pour instaurer le cercle vertueux d’un progrès social partagé, idéal des Lumières, autour de ces biens communs.

Le Socialisme a une longue histoire. Il change, il évolue, il s’adapte, il se contredit parfois. Mais comment pourrait-il en être autrement ? En paraphrasant Spinoza, « pour persévérer dans son être », dans un monde où tout change, où rien ne demeure, nous devons sans cesse nous rénover, nous renouveler. Soyons les « défricheurs » de Nouveaux Possibles et inventons le socialisme du 21ème siècle.

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Culture

Le sens de la polémique quant à « Star Wars, épisode VIII : Les Derniers Jedi »

Star Wars, épisode VIII : Les Derniers Jedi a été un très grand succès du box-office en France, dépassant les quatre millions de vues. Cependant, il a révélé un immense conflit d’interprétation.

La presse internationale a considéré que le film était une réussite dans la forme, même si l’on pouvait aussi regretter que le scénario est particulièrement redondant, puisant aux autres épisodes. Le public, par contre, a considéré qu’il connaissait un outrage. La pétition lancée aux États-Unis et demandant le retrait de l’épisode VII du « canon » de la saga a rassemblé 75 000 signatures.

Interpréter cette différence d’interprétation révèle beaucoup de choses et la première, c’est que désormais Star Wars relève de l’univers Disney, dans la forme et dans son contenu. Cet univers est profondément de culture protestante, avec la question du doute généralisé et angoissant, de l’engagement moral avec le choix entre le bien et le mal, avec des personnages révélant une certaine faiblesse par rapport à des événements plus forts qu’eux.

Bien entendu, il ne faut pas ici s’attendre à un questionnement intellectuel, mais à une déviation du protestantisme sur un mode commercial de masse, avec tout le côté caricatural qui va avec.

Or, Star Wars appartient historiquement à une lecture relevant du fantastique, sous la forme du Space Opera. On a donc une combinaison de culte de la supériorité « naturelle » et de la magie, dont les jedis, avec leur spécificité dans le sang, sont les grands représentants.

Le public a donc reproché à Disney d’avoir sabordé cette dimension fantastique au profit de sa propre lecture et le grand symbole de cela, c’est le sort réservé à Luke Skywalker.

Son côté faible et son refus de la tradition jedi, associés au caractère « fort » de personnages secondaires, a heurté de plein fouet le culte de la « supériorité ». Le rôle secondaire, voire inexistant de la « force » a totalement perturbé.

L’humour régulièrement présent a été considéré comme une insulte à la dimension épique. Le petit passage où Chewbacca veut manger un Porg rôti devant d’autres Porgs, pour finalement ne pas le faire en raison de son sentiment de culpabilité, a également choqué.

Toutes ces critiques sont à la fois naïves et fausses. D’abord, parce que Star Wars est un produit commercial de bout en bout et que le principe de la force relève du mysticisme le plus complet. Vouloir donc une continuité rationnelle pour Star Wars n’a donc aucun sens : tout dépend des choix subjectifs des studios, ainsi que de l’imagination délirante des scénaristes.

Ensuite, parce qu’il y a une dimension nostalgique foncièrement régressive qui s’exprime. Les épisodes IV-V-VI relèvent du Space Opera, mais les épisodes I-II-III sont remplis d’éléments simplistes, enfantins, aberrants, etc.

Cela fait bien longtemps qu’il n’y a plus cette dimension « mystique » sérieuse et finalement on retrouve dans l’attitude des fans de Star Wars le même comportement irrationnel que chez les fans de Dune ou du Seigneur des anneaux.

Il y a une telle fuite dans un monde imaginaire totalement coupé de la réalité que les réactions sont exacerbées, les vanités hypertrophiées, le sentiment de trahison complet dès qu’il y a la perte des habitudes, des repères traditionnels.

Tout cela montre bien le formidable niveau d’aliénation qui existe dans la « société de consommation »: on vend du rêve et une fois ce rêve se révélant faux, on éprouve une nostalgie régressive, sans remettre tout à plat, sans rien remettre en cause.

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Culture

Columbine : « Enfants terribles » (2017)

Le collectif musical Columbine a connu un immense succès dans la jeunesse française en 2017 avec plusieurs millions de vues pour chacun de leurs clips sur YouTube. Cela prolonge le grand succès qu’ils avaient rencontré en 2016, presque uniquement via internet et le bouche-à-oreille dans les lycées.

Leur premier album Clubbing for Columbine était un patchwork rap/electro protéiforme, une sorte de grand jet plein de bonnes choses, mais partant dans tous les sens.

Leur second album Enfants terribles sortie en avril 2017 affirme pour sa part une véritable identité, avec une grande unité musicale et une production de haute qualité.

Columbine est un collectif de jeunes artistes ayant un grand sens de l’esthétique. Les principaux membres se sont d’ailleurs rencontré au lycée dans une section « Cinéma-Audiovisuel ».

Cela produit une musique très moderne, avec des textes de qualité, bien posés sur des instrumentales efficaces. Autrement dit, ce sont de jeunes musiciens qui savent faire de la musique. Et qu’en font-ils ? En bons artistes, ils expriment leur époque.

Le terme « Enfants terribles » est récurent dans l’album. C’est le fil conducteur qui exprime en quelque sorte le mal-être de la jeunesse, de l’adolescence au début de l’âge adulte.

La vulgarité, très présentes et difficilement supportable par moment, est une volonté d’authenticité, de réalisme. C’est aussi, on l’imagine, un moyen d’affirmer le refus du conformisme, des rapports sociaux faux et dénaturés, superficiels, trop simples. Le titre éponyme de l’album est à ce sujet très parlant.

La vulgarité semble être ici un moyen de garder de la distance avec le sujet, comme s’il était trop difficile d’exprimer ses sentiments autrement sans tomber dans la niaiserie ou dans quelque chose de faux.

Le titre Rémi est quant à lui certainement le plus abouti de l’album. L’univers du groupe, son message, son ambiance, est excellemment délivré. Le couplet de Fauda (le deuxième) est particulièrement impressionnant. Il dégage une véritable puissance, de part la vitesse d’élocution et la qualité du texte.

On est toujours dans la thématique du mal-être de la jeunesse et le refrain « Qu’est-ce qu’on s’emmerde » est là encore plein de sens.

Le titre Été triste est peut-être le plus classique de tout l’album, le plus accessible. La thématique est simple et populaire, abordées plus légèrement que dans les autres morceaux. Et c’est très réussi.

Le titre Talkie-Walkie, avec son clip, est le plus travaillé, le plus professionnel. Il est aussi le plus « radio-edit », c’est-à-dire qui pourrait tout à fait passer en radio, et le clip à la télévision.

C’est un morceau de grande qualité, sans lissage ni formatage insipide. Cependant, Talkie-Walkie exprime toute la contradiction du groupe. On ne sait jamais si on est dans la dérision simplement divertissante ou bien dans la critique sociale plus profonde.

Faut-il comprendre ce titre comme le récit humoristique de la vie d’un dealer ou bien est-ce une métaphore ? Que faut-il penser de la drogue d’ailleurs ? Columbine la critique dans certaines paroles, mais relativise ailleurs en l’assumant.

Cette ambiguïté, à propos de la drogue mais pas seulement, est omniprésente dans leur démarche. Elle est typique de l’époque, à l’image d’une jeunesse qui se cherche, qui a des exigences culturelles et sociales élevées, mais qui est incapable de faire des choix tranchés.

La jeunesse française a choisi la dérision et le détachement comme moyen d’éviter la réalité. Mais à ne rien assumer, on ne fait que subir la réalité.

Columbine en est certainement là. Le titre Château de Sable qui conclue brillamment l’album montre d’ailleurs qu’ils se posent des questions, sur leur avenir, sur leur démarche, etc.

Vont-ils continuer dans le détachement et l’attitude « d’enfants terribles », ou bien vont-ils prendre leur métier d’artistes au sérieux ? Vont-ils contribuer à transformer toujours plus le rap français en de la simple variété française ou bien vont-ils participer en tant qu’artistes à changer le monde ?

Pour l’instant, ils ont du recul par rapport à leur succès et ne semblent pas vouloir sombrer dans la célébrité, l’argent facile. Leur volonté de rester simple et accessible est tout à fait louable. Mais ils marchent sur un fil car cela n’est pas évident.

Autant ils s’affirment comme populaires et ancrés dans la réalité populaire quand ils assument de supporter le Stade Rennais, leur club de football local. Autant ils frôlent le populisme quand ils assument d’écouter Jul « comme tout le monde », alors que ce dernier produit une musique d’une nullité affligeante et d’un niveau culturel déplorable.

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Société

Drame de Millas : « Mais toi continu de danser et danser encore là haut »

La collision le 14 décembre 2017 entre un car scolaire et un TER au passage à niveau de Millas dans les Pyrénées-Orientales, causant six morts et six blessés graves, a profondément traumatisé une large partie de la société.

La question de savoir si le passage à niveau était fermé ou non lors du passage du bus est ainsi devenue un thème d’actualité dans la vie populaire. Plus de 50 000 personnes ont signé une pétition en faveur de la conductrice du bus, considérant qu’aucune personne n’aurait sciemment défoncé une barrière abaissée et qu’elle est accusée car la SNCF cherche à se dédouaner de toute responsabilité.

On oscille ici entre critique de l’opacité et de la mauvaise foi de l’Etat, de son mépris des gens, et complotisme. Il y a beaucoup d’aspects dans ces sentiments et ressentiments.

Un message écrit par la mère d’un enfant tué a également beaucoup marqué les esprits. Le voici, les lignes ont été sautées, le message étant normalement publié d’un bloc sur facebook.

Mon Teddy Dlple

💔Ce jour là, nous devions fêter mon anniversaire à ton retour. Je t’ai déposé comme chaque matin à l’arrêt de bus pour partir au Collège.

Tu m’as fais un grand sourire et signe de la main et nous avons passé notre journée chacun de notre côté. Puis……..tu n’es jamais revenu.

Je devais te récupérer à l’arrêt du bus. Tu finissais à 16h. J’ai attendu. Pensant qu’il y avait du retard j’ai attendu encore puisque c’était déjà arrivé. Inquiète ensuite ne voyant pas le bus arriver, j’ai téléphoné au Collège pour savoir s’il y avait du retard et ils m’ont répondu que le bus avait eu un accident et qu’il fallait que je rejoigne.

Arrivée à mi chemin la gendarmerie avait bloquée l’accès et ils m’ont demandé de me ranger sur le côté. Je leur ai dit que tu devais prendre ce bus.

Ils ont commencé à prendre toutes les coordonnées mais je ne savais pas encore ce qu’il se passait. Lorsque j’ai voulu prévenir ton frère, je suis tombé sur un article disant qu’un train avait percuté un bus scolaire et la photo montrait cette scène du bus éventré.

J’ai entendu les hélicoptères (tu étais dans l’un d’eux…je ne le savais pas encore) et toutes sortes de sirènes et là j’ai compris.

L’horreur, l’impensable, l’inimaginable. Puis tout s’est enchaîné…………et lorsque j’ai pu te retrouver enfin très tôt le lendemain, tu étais méconnaissable, tellement abîmé.

Comment un petit corp aurait pu supporter un tel choc. C’est horrible. Mais tu t’es battu. Arrêt cardiaque. Tu étais dans un coma profond et ton cerveau était littéralement endommagé.

Ton corps meurtri de coupures et erraflures, les tibias cassés, la mâchoire fracturée…je n’ose imaginer l’impact. Et cette image du bus dans ma tête….comment supporter ça.

Apparemment tu n’as pas souffert. Mais ce n’est pas dans l’ordre des choses. Tu n’avais que 11 ans.

Ta vie était bien remplie mais elle ne faisait que commencer. Tu aimais aller au Collège, tu travaillais bien, tu avais beaucoup d’amis. Toujours souriant, les yeux pétillants, joyeux, farçeur, plein de vie.

Et ta passion pour la Danse. Tu aimais tellement, tellement danser, rejoindre cette autre famille, ta partenaire, les pistes et les compétitions.

Tu voulais aller loin dans la danse, tu étais toujours partant, tu disais souvent en rigolant que tu voulais beaucoup d’enfants et qu’il fallait profiter de la vie. Comment profiter de la vie maintenant que je t’ai perdu?!

Tout s’est écroulé alors que tu sortais de Collège pour rentrer à la maison à 4km de chez nous.

Je suis restée avec toi et je t’ai vu te battre jusqu’à ton dernier souffle. Maintenant la vie n’a plus de sens sans toi. Je suis dévastée. Perdre son enfant c’est tragique mais dans de telles conditions c’est insoutenable. Je suis dévastée. La vie n’a plus de sens.

Mais je dois moi aussi me battre car ton frère est détruit par ce qu’il t’ai arrivé. Pourquoi toi? Ce jour là? A ce moment là? De cette façon?

Noël aussi n’a plus de sens. Il te tardait tant. Il n’y a pas pire souffrance que de vivre une telle épreuve. Je t’aime fort mon coeur, de tout mon coeur. Je souffre à un point si tu savais…

Mais toi continu de danser et danser encore là haut. De rire et t’amuser.

Ne t’arrêtes surtout pas. Rien ne te ramènera je sais mais on connaitra un jour la vérité. Cette vérité. Je me battrais pour ça. Le destin a frappé ce jour là. Comment vivre après ça?

Bisoux mon coeur, mon titi d’amour. Je t’aime fort. On t’aime tous et on pense à toi et à tous tes copains.💫💕

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Société

Emmanuel Macron et le coup de fil en direct de Cyril Hanouna

L’émission Touche pas à mon poste! de Cyril Hanouna est connue des gens disposant d’une conscience culturelle pour être un monument de stupidité, de vacuité, de destruction de l’intelligence. Emmanuel Macron qui se veut si moderne a pourtant participé à la mascarade que représente cette émission, en acceptant d’être appelé en direct pendant l’émission le 20 décembre 2017.

Jouant la carte de l’humour et n’hésitant pas à saluer Cyril Hanouna, Emmanuel Macron s’est révélé excellent dans ce petit exercice de négation de la pensée. Quatre jours plus tard, il rééditait une telle opération en accordant une interview au pathétique site Konbini, un « site d’infodivertissement ».

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Société

Prendre conscience des suicides et des tentatives de suicide

Selon les différentes études officielles, il y aurait environ 12,3 suicides pour 100 000 habitants en France (chiffres de l’OMS pour l’année 2015), soit environ 10 000 suicides par an.

Ce chiffre ne doit pas en cacher un autre, les tentatives de suicide : environ huit fois plus d’hospitalisations suite à une tentative de suicide. Ils sont difficiles à établir précisément mais il ressort que la France est en tête parmi les pays d’Europe, encore un triste record.

Comment en arrive-t-on là ? Comment la société en arrive-t-elle à pousser des personnes à se donner la mort ?

Le suicide tue plus que les accidents de la route. Il existe des campagnes de prévention de la sécurité routière : vidéos, affiches, sites… Qu’en est-il des actions pour prévenir le suicide ?

Et contrairement à certaines idées reçues, les plus jeunes ne sont pas la tranche d’âge la plus touchée : les adultes de la trentaine à soixante ans le sont. Il n’y a pas de « club des 27 » pour eux, pas de « vivre à fond, mourir jeune » non plus : juste le silence et l’oubli de la part de la société.

Pour les proches il y a la douleur et le deuil. Et il y a une différence avec les autres morts, bien connue : on a plus de chances de se suicider, et d’avoir des idées suicidaires, lorsqu’une personne de notre entourage est disparue de la sorte. Il est donc d’autant plus difficile d’enrayer ce phénomène qui se nourrit lui-même.

Nous ne parlons pas ici d’un virus inconnu, d’une épidémie dont ne connaissons ni traitement ni vaccin. Nous parlons ici de la vie d’une société, des personnes qui la composent et la font vivre.
Ces morts ne sont pas des statistiques regrettables, elles sont l’expression d’une société morbide qui en arrive à insuffler l’idée de mettre un terme à son existence à une partie de ses membres.

Au-delà de la dépression, de la souffrance de l’impression que plus rien n’a de sens… il y a l’idée que la seule chose à faire est de se pendre, de se couper les veines, etc.

Nous pourrons toujours nous acharner à dire qu’il faut s’accrocher, mais tant que la vie quotidienne est façonnée par la lutte de tous contre tous, le mensonge et la tromperie comment lutter ? Quelle alternative proposer ?

La gauche française a renié son héritage et préfère les calculs politiciens. Il n’y a plus ni morale ni universalisme, ce qui revient ici à laisser des personnes sur le bord de la route. C’est une faute morale impardonnable. Il est temps de redresser la barre et d’offrir de véritables perspectives de progrès.

Qu’en est-il de la gauche française aujourd’hui ? Toute cette gauche qui n’a d’yeux que pour les questions économiques lorsqu’il s’agit d’avoir une vue d’ensemble, et pour le libéralisme présenté comme « progressiste » lorsqu’il s’agit de redescendre au niveau des personnes.

Se donner la mort n’a rien de naturel, ce n’est pas une fatalité. Il faut changer la vie, il faut changer le monde. Il faut que la vie ait un sens, car elle en a toujours un et il s’agit de le redécouvrir.

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Nouvel ordre Politique

Le programme du Front Populaire (1936)

Le programme de revendications immédiates que publie le Rassemblement populaire résulte d’un accord unanime entre les dix grandes organisations qui composent le Comité national de Rassemblement :

Ligue des Droits de l’Homme,

Comité de Vigilance des Intellectuels Antifascistes,

comité mondial contre le fascisme et la guerre (Amsterdam-Pleyel),

Mouvement d’Action combattante,

Parti Républicain Radical et Radical-Socialiste,

Parti Socialiste S.F.I.O.,

Parti Communiste,

Union socialiste et Républicaine,

Confédération Générale du Travail,

Confédération Générale du Travail Unitaire.

Il s’inspire directement des mots d’ordre du 14 juillet Les partis et organisations, groupant des millions d’êtres humains, qui ont juré de rester unis, aux termes du serment, « pour défendre les libertés démocratiques, pour donner du pain aux travailleurs, du travail à la jeunesse et, au monde, la grande paix humaine » ont cherché ensemble les moyens pratiques d’une action commune, immédiate et continue.

Ce programme est; volontairement limité aux mesures immédiatement applicables.

Le Comité national entend que chaque parti, chaque organisation, participant au Rassemblement populaire, puisse se joindre à l’action commune sans rien abdiquer de sa doctrine, de ses principes, et de ses fins particulières. Il s’est astreint, d’autre part, à présenter des solutions positives aux problèmes essentiels, actuellement posés devant la démocratie française.

C’est ainsi que, dans l’ordre politique, il définit les mesures indispensables pour assurer le respect de la souveraineté nationale, exprimée par le suffrage universel, et pour garantir les libertés essentielles (liberté d’opinion et d’expression, libertés syndicales, liberté de conscience et laïcité) – que, dans l’ordre international, il pose les conditions nécessaires à la sauvegarde et à l’organisation de la paix, suivant les principes de la Société des Nations – et que, dans l’ordre économique et financier, il s’attache à lutter, dans l’intérêt des masses laborieuses et épargnantes, contre la crise et contre les organisations fascistes qui l’exploitent pour le compte des puissances d’argent.

Ces problèmes d’économie et de finance, d’une si haute importance actuelle, le Rassemblement populaire se refuse à les résoudre séparément : il veut atteindre les causes des moins-values fiscales en agissant contre la crise, et compléter son action contre la crise par l’amélioration du crédit public et privé.

Le Rassemblement populaire souligne qu’un grand nombre des revendications qu’il présente figurent déjà dans les plans et programmes élaborés par les organisations syndicales de la classe ouvrière.

Il ajoute que ces revendications urgentes, et par là même restreintes, si elles apportent une première modification au système économique actuel, devront être complétées par des mesures plus profondes pour arracher définitivement l’Etat aux féodalités industrielles et financières.

En tous les ordres de problèmes, le Rassemblement, a cherché des solutions de justice, seules conformes aux principes de la démocratie : justice égale pour tous dans l’application des lois pénales – justice fiscale – justice pour les indigènes dans les colonies – justice internationale, dans le cadre et suivant l’esprit de la Société des Nations.

S’il a été possible au Comité national du Rassemblement populaire d’aboutir à des formules unanimes, c’est que les partis et organisations qui le composent ont collaboré amicalement dans un esprit de conciliation et de synthèse. Aux masses populaires de soutenir à présent ces revendications et de les faire triompher. Quand ce programme commun aura passé dans la réalité, un grand changement sera obtenu : la liberté sera mieux défendue, le pain mieux assuré, la paix mieux garantie.

De tels biens sont assez précieux pour que tout soit subordonné à la volonté de les conquérir.

C’est à cette volonté revendicatrice que le Rassemblement populaire fait appel. Qu’elle se traduise par une cohésion étroite, où se prolonge la fraternité du 14 juillet, et qu’elle signifie à tous, en France et hors de France, que la démocratie est invincible dès qu’elle reprend sa vigueur créatrice et sa puissance d’attraction.

REVENDICATIONS POLITIQUES

I – Défense de la Liberté

1 – AMNISTIE GÉNÉRALE.
2 – CONTRE LES LIGUES FASCISTES :

a) Désarmement et dissolution EFFECTIVE des formations paramilitaires, conformément à la loi.

b) Mise en vigueur des dispositions légales en cas de provocation au meurtre ou d’attentat à la sûreté de l’Etat.

3 – ASSAINISSEMENT DE LA VIE PUBLIQUE, notamment par les incompatibilités parlementaires.

4 – LA PRESSE

a) Abrogation des lois scélérates et des décrets-lois restreignant la liberté d’opinion;

b) Réforme de la presse par l’adoption de mesures législatives :

1° qui permettent, la répression efficace de la diffamation et du chantage ;

2° qui puissent assurer aux journaux des moyens normaux d’existence, qui les obligent à rendre publique l’origine de leurs ressources, qui mettent fin aux monopoles privés de la publicité commerciale et aux scandales de la publicité financière, et qui empêchent enfin la constitution de trusts de presse.

c) Organisation des émissions radiophoniques d’Etat en vue d’assurer l’exactitude des informations et l’égalité des organisations politiques et sociales devant le micro.

5 – LIBERTÉS SYNDICALES :

a) Application et respect du droit syndical pour tous.

b) Respect du droit des femmes au travail.

6 – L’ÉCOLE ET LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE :

a) Assurer la vie de l’école publique, non seulement par les crédits nécessaires, mais par des réformes telles que la prolongation de la scolarité obligatoire jusqu’à 14 ans et la mise en pratique, dans l’enseignement du second degré, d’une sélection indispensable comme, complément de la gratuité.

b) Garantir à tous, élèves et maîtres, la pleine liberté de conscience, notamment par le respect de la neutralité scolaire, de la laïcité et des droits civiques du corps enseignant.

7 – LES TERRITOIRES COLONIAUX : Constitution d’une Commission d’enquête parlementaire sur la situation politique, économique et morale dans les territoires français d’outre-mer, notamment dans l’Afrique française du Nord et l’Indochine.

II – Défense de la Paix

1 – Appel à la collaboration du peuple et notamment des masses laborieuses pour le maintien et l’organisation de la paix.

2 – Collaboration internationale, dans le cadre de la Société des Nations, pour la sécurité collective, par la définition de l’agresseur et l’application automatique et solidaire des sanctions en cas d’agression.

3 – Effort incessant pour passer de la paix armée à la paix désarmée, d’abord par une convention de limitation, puis par la réduction générale, simultanée et contrôlée des armements.

4 – Nationalisation des industries de guerre et suppression du commerce privé des armes.

5 – Répudiation de la diplomatie secrète, action internationale et négociations publiques pour ramener à Genève les Etats qui s’en sont écartés, sans porter atteinte aux principes constitutifs de la Société des Nations : sécurité collective et paix indivisible.

6 – Assouplissement de la procédure prévue par le Pacte de la Société des Nations pour l’ajustement pacifique des traités dangereux pour la paix du monde.

7 – Extension, notamment à l’Europe orientale et centrale, du système des pactes ouverts à tous, suivant les principes du Pacte franco-soviétique.

REVENDICATIONS ÉCONOMIQUES

I – Restauration de la capacité d’achat supprimée ou réduite par la crise

CONTRE LE CHÔMAGE ET LA CRISE INDUSTRIELLE : Institution d’un fonds national de chômage. Réduction de la semaine de travail sans réduction du salaire hebdomadaire. Appel des jeunes au travail par l’établissement d’un régime de retraites suffisantes pour les vieux travailleurs Exécution rapide d’un plan de grands travaux d’utilité publique, citadine et rurale, en associant à l’effort de l’Etat et des collectivités l’effort de l’épargne locale.

CONTRE LA CRISE AGRICOLE ET COMMERCIALE : Revalorisation des produits de la terre, combinée avec une lutte contre la spéculation et la vie chère, de manière à réduire l’écart entre les prix de gros et les prix de détail.

Pour supprimer la dîme prélevée par la spéculation sur les producteurs et les consommateurs ; création d’un office national interprofessionnel des céréales.

Soutien aux coopératives agricoles, livraison des engrais au prix de revient par les offices nationaux de l’azote et des potasses, contrôle et tarification de la vente des superphosphates et autres engrais, développement du crédit agricole, réduction des baux à ferme.

Suspension des saisies et aménagement des dettes.

Mise au point de la révision des billets de fonds de commerce.

En attendant l’abolition complète et aussi rapide que possible de toutes les injustices que les décrets-lois comportent, suppression immédiate des mesures frappant les catégories les plus touchées dans leurs conditions d’existence par ces décrets.

II – Contre le pillage de l’épargne

Pour une meilleure organisation du crédit. Réglementation de la profession de banquier.

Réglementation du bilan des banques et des sociétés anonymes.

Réglementation nouvelle des pouvoirs des administrateurs des sociétés anonymes.

Interdiction aux fonctionnaires retraités ou en disponibilité d’appartenir aux conseils d’administration des sociétés anonymes.

Pour soustraire le crédit et l’épargne à la domination de l’oligarchie économique, FAIRE DE LA BANQUE DE FRANCE, aujourd’hui banque privée, LA BANQUE DE LA FRANCE :

Suppression du Conseil des Régents.

Élargissement des pouvoirs du Gouverneur, sous le contrôle permanent d’un conseil composé de représentants du pouvoir législatif, de représentants du pouvoir exécutif et de représentants des grandes forces organisées du travail et de l’activité industrielle, commerciale et agricole.

Transformation du capital en obligations, des mesures étant prises pour garantir les intérêts des petits porteurs.

III. – Assainissement financier.

Révision des marchés de guerre en liaison avec la nationalisation des industries de guerre.

Répression du gaspillage dans les administrations civiles et militaires.

Institution de la caisse des pensions de guerre.

Réforme démocratique du système des impôts comportant une détente fiscale en vue de la reprise économique, et création de ressources par des mesures atteignant les grosses fortunes (progression rapide de la majoration du taux de l’impôt général sur les revenus supérieurs à 75 000 francs – réorganisation de l’impôt successoral – taxation des profits des monopoles de fait en évitant toute répercussion sur les prix de consommation).

Suppression de la fraude sur les valeurs mobilières, par la mise en vigueur de la carte d’identité fiscale votée par les Chambres, en l’accompagnant d’une amnistie fiscale.

Contrôle des sorties de capitaux et répression de leur évasion par les mesures les plus sévères, allant jusqu’à la confiscation des biens dissimulés à l’étranger ou de leur contre-valeur en France.

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Culture

Princess Nokia : « 1992 Deluxe » (2017)

Destiny Frasqueri alias Princess Nokia, avec son album l’album 1992 Deluxe sorti en septembre 2017, a réussi à produire à quelque chose de très intéressant, exprimant quelque chose de très fort, correspondant à une réaffirmation féministe urbaine des femmes, à travers un style hip hop marquée profondément par la soul et le R&B.

Pour bien évaluer la valeur et les limites de sa démarche, il faut se tourner vers ce qu’elle a fait juste avant, sous le nom de Destiny : une approche soul marqué par le funk et le hip hop, entre sensualité féminine afro-américaine et affirmation du patrimoine culturel, où l’on sent déjà une quête de la reconnaissance identitaire et personnelle, avec un son « maîtrisé ».

Ce que donne la musique en tant que Princess Nokia est bien différent. Dans une synthèse d’agressivité et d’esprit universel, mêlé à des sons particulièrement léchés, 1992 Deluxe est un album de reprise du terrain par les femmes, avec une orientation clairement tournée vers l’esprit de patrimoine, de culture, de communauté.

En ce sens, les chansons Bart Simpson et Kitana sont sans doute les plus révélatrices de l’atmosphère réelle à laquelle appartient la chanteuse dans sa dimension authentique : celle du hip hop d’une grande ville, avec une froideur quotidienne dans une immensité bétonnée, compensée par une quête de chaleur sociale, dans l’esprit de la musique soul.

C’est d’autant plus intéressant que à moins de se renouveler entièrement, ne pourra pas dépasser cette œuvre fondamentalement intéressante. La base de sa démarche est déjà corrompue, en raison de son « jeu » avec les identités.

Destiny Frasqueri a en effet un parcours chaotique : elle est d’origine afro-porto-ricaine et caribéenne, élevée dans différents foyers, sa mère étant décédée du SIDA, lorsqu’elle avait neuf ans, avant d’être élevé en partie par une famille juive. Adolescente en rupture mais s’intégrant dans un milieu plus aisé, elle se tourne vers le punk, vers la mythologie caribéenne des sorcières, ainsi que le mouvement de la Harlem Renaissance des années 1920-1930.

Se tournant alors vers la culture hip hop et R&B, elle prend le nom de Wavy Spice, puis Destiny et enfin Princess Nokia. Or, la valeur de sa démarche ne pouvait qu’attirer le commerce avide de modernité et de différence, de culte de l’identité, dont le phénomène du « queer » est le fer de lance aux États-Unis.

Si elle se veut donc résolument « ghetto » et totalement hostile au commerce de la musique, affirmant mépriser l’argent, elle est déjà justement par là devenue une figure de toute la scène intellectuelle et commerciale qui se prétend en marge.

Vogue a parlé d’elle, elle a défilé pour Calvin Klein, sa musique a pu être repris pour tel défilé de mode, alors que bien entendu des médias comme l’anglophone Vice ou le germanophone Spex la célèbrent pour son identité décalée, sa vulgarité outrancière, son affirmation féministe, etc.

La chanson Tomboy est un excellent exemple de cette fétichisation de l’identité. L’esthétique de la chanson se rattache à l’esprit révolté des années 1970, avec un féminisme de conquête de l’espace public clairement affirmé, tout comme la remise en cause des stéréotypes exigés par les femmes, y compris la beauté.

Mais cela passe par la vulgarité et la quête de reconnaissance identitaire, la chanteuse expliquant que « avec mes petits sein et mon gros ventre / Je peux prendre ton mec si tu me laisses faire », tout en disant en même temps être un mannequin pour Calvin Klein.

Cette démarche identitaire se retrouve dans la vidéo à prétention éco-féministe Young girls, au style totalement déconnecté de Tomboy, mais de la même démarche identitaire. La chanson Brujas, sur les sorcières caribéennes, serait alors une sorte d’intermédiaire.

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Princess Nokia pourra-t-elle se sortir d’un tel tournant identitaire, résolument commercial malgré sa prétention à ne pas l’être ? Cela révèle toutes les limites du phénomène « queer », qui prétend dépasser les clichés, mais qui au lieu des les abolir les fabrique au kilomètre, perdant de vue la société pour ne se tourner que vers l’individu s’imaginant roi… ou reine, ou princesse.

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Politique

« Youpi j’ai compris ! » et l’existence d’Israël

Toute personne de gauche sait très bien que le peuple palestinien connaît une situation humainement extrêmement difficile, de par la raison de la politique de l’État israélien. Même la droite israélienne la plus cynique le reconnaît elle-même.

Le souci qu’il y a, c’est qu’avec l’histoire de l’antisémitisme, Israël est devenu un prétexte pour une sorte de folie furieuse, de véritable passion totalement déconnectée de la réalité.

Ainsi, lorsque Donald Trump a décidé de déplacer l’ambassade américaine à Jérusalem, tous les médias se sont empressés de dire que le président américain avait reconnu cette ville comme capitale israélienne. Le titre du Monde est ainsi « Trump reconnaît Jérusalem comme capitale d’Israël, une décision historique et unilatérale ».

La presse internationale a fait de même. Or, c’est entièrement faux, parce que cela fait bien longtemps que les États-Unis ont reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël.

Le congrès américain avait ainsi voté en 1995 un « Jerusalem Embassy Act » annonçant le transfert de l’ambassade américaine dans les quatre ans. Le vote avait été écrasant, tant au Sénat (93 voix contre 5) qu’à la Chambre des représentants (374 contre 37).

Barack Obama avait déjà affirmé que Jérusalem était la capitale d’Israël lors de sa candidature à la nomination comme candidat du parti démocrate, ainsi que lors de sa candidature aux présidentielles. C’était même déjà une promesse électorale de Bill Clinton en 1992.

On peut tout à fait critiquer cela, en disant que cela rentre en conflit avec le projet de partition de l’ONU fait en 1947.

La gauche a d’ailleurs historiquement soutenu cette partition et l’URSS sera le premier pays à reconnaître juridiquement l’État israélien.

Mais si critique il doit y avoir, alors il faut le faire de manière rationnelle, sans quoi, on est dans la mise en scène, pas dans une aide quelconque au peuple palestinien.

Ce qui se passe réellement n’intéresse pas des gens qui ont intérêt à se présenter comme faisant face à une ignominie immédiate, apparue de nulle part, eux-mêmes faisant office de justicier.

Les faits sont niés, pour apparaître comme « radical » – une démarche qui relève historiquement de l’extrême-droite, pas d’une gauche fondée sur les idées. Cela montre à quel point l’antisémitisme est si puissant qu’il se sert de la question israélo-palestinienne pour ses projections.

Un exemple significatif de cette course à l’échalote se trouve dans le dernier numéro du magazine pour enfant de 5-8 ans « Youpi j’ai compris ! », dont Bayard Presse – la grande maison d’édition catholique française, éditrice notamment de Babar, Pomme d’Api, Okapi, J’aime Lire, Phosphore, etc. – a annoncé hier le retrait devant des protestations.

La raison en est que l’existence de l’État israélien est niée, malgré sa reconnaissance par les Nations-Unies en 1948, dans la foulée de la réalisation du plan de partage de la Palestine du 29 novembre 1947.

Tout cela totalement absurde : on peut exiger un État nouveau sous la forme d’une fédération israélo-palestinienne, ou sous la forme d’une République laïque unifiée. Mais nier les faits en disant : cela n’existe pas, cela n’a pas de sens.

Les seuls qui ont adopté cette démarche, ce sont les partisans du panarabisme, du parti Baath comme en Syrie et en Irak, qui ont toujours parlé de « l’entité sioniste ». Avec les résultats que l’on sait : la manipulation démagogique des opinions publiques arabes, l’antisémitisme forcené.

Sans que rien ne change pour le peuple palestinien, qui perd chaque jour davantage du terrain depuis 1947, étant qui plus est dominés par les islamistes ou une OLP totalement corrompue.

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Écologie

Poinsettia, les « étoiles de Noël »

En cette fin d’année et ces jours de fêtes, en France, des Poinsettia, ou plus familièrement appelées les « étoiles de Noël » seront offertes. Elles sont d’ailleurs les plantes les plus vendues en cette période de fin d’année.

Aussi flamboyante soit-elle, cette jeune pousse rouge en pot, risque fortement ne pas résister à l’année à venir. Il faut pour cela comprendre son mode de vie et voir comment les Poinsettia ont été modifiés.

Poinsettia est un ancien nom faisant référence à un ambassadeur américain au Mexique et botaniste à ses heures, Joël Poinsett. Il découvre en 1825 cette plante arbustive, à Taxco et envoie des plants dans son état natal de Californie, dans le but de l’étudier. Elle portera alors le nom de Poinsettia en l’honneur de l’ambassadeur, en 1836.

Bien évidemment, la découverte ne dépend pas de Joël Poinsett. Cette plante existe depuis très longtemps. Cuetxlaxochitl «  la fleur de peau » est originaire du Mexique du sud et d’Amérique centrale.

Selon la tradition aztèque, cette plante rouge est sortie du sol dès suite de la mort d’un chagrin d’amour de la déesse. Les Aztèques l’utilisaient pour ses pigments rouges et comme remède aux difficultés de lactation et d’allaitement des mères.

Sur le plan botanique, c’est l’explorateur allemand Von Humboldt qui amène un plan en 1804. Le Poinsettia est un ancien genre botanique qui est dorénavant classé comme sous-genre des Euphorbiaceal du genre des Euphorbia (euphorbe véritable).

En 1834 la désignation d’euphorbia pulcherrima lui est attribué par le botaniste Ludwig Wildenow. C’est une plante arbustive pouvant atteindre, dans son milieu naturel (Amérique central et Sud du Mexique) la hauteur de 5 mètres.

Toutefois, on promotionne souvent l’ euphorbia pulcherrima comme la plante représentative de Noël. Or, elle correspond bien au mois de décembre, mais dans l’hémisphère sud.

Voyons pourquoi.

Les bractées lancéolées rouge vif (en forme d’étoile), jouent le rôle de pétales. Les petites fleurs nectarifères se regroupent dans une inflorescence de capitule (mâle apétales autour de fleur femelle). Les canaux de la plante véhiculent quant à elles, comme toutes les euphorbes, un latex blanc proche du caoutchouc. Ce liquide contient des protéines allergènes.

Sa culture est très fragile en Europe du fait de multiples aspects : un système racinaire, le besoin d’une phase de repos stricte, les engrais, l’hygrométrie, le bouturage, l’obscurcissement, le réglage des températures et la régulation de croissance.

De plus la multiplication se fait par bouturage tous les ans afin d’assurer la production industrielle. Ce sont donc de jeunes plants qui sont tous les ans exploités dans le but d’assurer une induction florale vigoureuse. Pour cela, il y a le forçage de l’obscurité si la durée du jour dépasse 15 jours par l’application de bâches noires sur les plantes.

Une euphorbia pulcherrima, dans notre hémisphère restera donc ornementale pour un temps donné. Il sera difficile (pour les raison sus mentionnées) de les maintenir en vie.

Afin de conserver cet engouement commercial, les « étoiles de noël » sont ainsi produites à grandes échelle dans des serres. En effet, ce ne sont que les jeunes pieds, issus de sélections variées, qui donnent des pétales rouges flamboyants.