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Guerre

Le chef d’état-major français Thierry Burkhard appelle à préparer la guerre de haute intensité

C’est un mantra.

Dans la bourgeoisie française, il y a un mot d’ordre qui se généralise, de manière quasi religieuse : il faut développer la capacité militaire française. Que ce soit dans les médias ou dans les institutions politiques, c’est la ligne qui prime. Et pour ce faire, il y a le grand appui de la propagande du régime ukrainien et de ses nombreuses actrices en France, pour présenter la Russie comme une menace mondiale, un monstre criminel voulant engloutir le monde, etc.

Il faut bien dire actrices, car ce sont toujours de femmes qui sont utilisées par les médias pour parler de la situation en Ukraine, afin d’apitoyer pour la forme, alors qu’au niveau du contenu ces femmes, qui n’ont jamais parlé de la menace de guerre avant l’invasion russe, sont des propagandistes acharnés en faveur de la guerre de l’OTAN contre la Russie.

La Femen Inna Shevchenko a d’ailleurs tombé le masque et montre désormais ouvertement qu’elle agit en faveur de l’OTAN, et de l’Union européenne, puisque ces deux formes se superposent. Elle est clairement dans un camp belliciste.

Elle, qui avant l’invasion n’avait jamais parlé de l’Ukraine – alors que nous en parlons de manière interrompue depuis avril 2021 pour annoncer cette invasion et la dénoncer – est arrivée du jour au lendemain pour tenir des discours pro-guerre de moins en moins masqués par sa prétention à défendre l’Ukraine. Elle est de ceux qui déforment l’affirmation de la nation ukrainienne pour en faire le jouet de l’OTAN.

Il va de soi, naturellement, que l’armée française est la grande gagnante de toute cette vague militariste. L’élection présidentielle étant passée, il est désormais net que le camp dominant dans la bourgeoisie est celui pro-OTAN. Les vannes peuvent être ouvertes, et c’est ce que fait le chef d’état-major français, le général Thierry Burkhard, qui accentue d’autant plus son appel à élever le niveau de conflictualité.

Ce que relate Le Figaro est sans ambiguïtés : il faut la guerre pour démolir la Russie. Et il le dit alors qu’il est en Estonie, l’un des pays les plus bellicistes, les plus agressifs à l’encontre de la Russie.

Malgré l’entrée en guerre ratée contre l’Ukraine d’une « armée russe du mensonge » et le soutien des Occidentaux à Kiev, la Russie restera « un compétiteur » qui « ne va pas disparaître », estime le chef d’état-major français, le général Thierry Burkhard.

«Forces morales», «entraînement», «guerre des perceptions»: dans un entretien à l’AFP et au New York Times, le plus haut gradé français revient sur les enseignements de plus de deux mois de conflit en Ukraine, en marge d’un déplacement en Estonie où 350 soldats et aviateurs français sont déployés dans le cadre de l’Otan. 

«Les Ukrainiens ont gagné dans ce domaine. Ils ont une armée qui défend son pays et un pays qui soutient son armée. Cela se construit, ce n’est pas quelque chose qui se décrète le jour où une guerre éclate», a-t-il déclaré.

«Deuxième point, l’importance de la guerre informationnelle, le champ des perceptions. Les Ukrainiens ont réussi à imposer leur narratif face aux Russes, qui étaient un peu les maîtres en la matière.», a ajouté le général. «Troisièmement, l’importance de l’entraînement, qui est coûteux et difficile. L’armée russe est supérieurement équipée mais n’a pas réussi à entraîner ses soldats à la haute intensité.»

Ces propos choisis ne doivent rien au hasard. Si on regarde l’ordre du jour n° 13 du 22 avril 2022 de Thierry Burkhard, on a précisément le même contenu : il y a la guerre de haute intensité, les « forces morales » sont fondamentales, nous ne sommes pas comme la Russie sous-entendu c’est un ennemi.

« Alors que les combats se poursuivent, ces premières semaines d’affrontement ont d’ores et déjà livré de nombreux enseignements. Ce sont certains d’entre eux que je voudrais aborder ce matin, tant ils me paraissent importants dans l’exercice du métier militaire. Le premier d’entre eux, s’il est évident, n’en est pas moins essentiel : la guerre de haute intensité est de retour en Europe.
Le deuxième enseignement est moins une redécouverte qu’une confirmation, celle du rôle crucial des forces morales.
Le troisième enseignement porte sur l’importance de notions que nous connaissons bien, pour y être confrontés dans l’exercice du commandement : la franchise, la loyauté et, à l’opposé, le mensonge. Les chefs militaires russes ont menti ».

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Le chef d’état-major français peut annoncer la guerre de haute intensité, dire contre qui, expliquer ouvertement qu’il y aura une narration à ce sujet pour que tout le monde suive !

Il ne faut pas se voiler la face : on est embarqué dans la guerre, les choses tournent très mal et les gens acceptent ou s’en moquent. Ils sont bien entendu inquiets. Mais il n’existe aucune opposition à la guerre en France : nous vivons un moment dramatique.

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Politique

Le PS rejoint Jean-Luc Mélenchon : la tradition « fédérale » du « socialisme français »

On retourne à avant 1905.

Le conseil national du Parti socialiste s’est tenu le 5 mai 2022 au soir à Ivry-sur-Seine, et 167 membres ont voté, après cinq heures de débat, en faveur de l’accord avec Jean-Luc Mélenchon, 101 contre, 24 s’étant abstenus. Le Parti socialiste est donc désormais une composante de la « Nouvelle Union populaire écologique et sociale », aux côtés de La France Insoumise, du PCF et d’EELV, au grand dam d’une partie des socialistes qui comptent présenter des candidats dissidents.

De manière générale d’ailleurs, la tambouille de ces accords, réalisés par en haut sans aucun respect des situations locales, aboutit à nommer des candidats de manière arbitraire, ce qui provoque des remous particulièrement significatifs par endroit.

Cela va être lourd de signification, mais en attendant on peut déjà évaluer cette situation comme un retour à avant 1905, à une époque où le « socialisme français » était à la fois divisé et fondé sur le principe fédéral. C’est un objectif avoué de Jean-Luc Mélenchon.

Le 24 avril 2019, il tenait les propos suivants au sujet d’une « Fédération » alliant Gauche gouvernementale et mouvements sociaux :

« Si l’élection (européenne) nous en donne la force, nous assumerons de nouveau notre responsabilité. Nous proposerons de nouveau une fédération populaire à construire dans les élections suivantes et dans les mouvements écologiques et sociaux. »

Dans L’Humanité du 28 avril 2022, il a de nouveau proposé cette forme fédérative :

« L’Union populaire donne une méthode qui permet à chaque organisation de rester elle-même et au peuple d’entrer en action. Je parle ici d’une fédération, ou d’une confédération. »

Cette proposition de forme fédérale, voire confédérale, mérite qu’on s’y attarde particulièrement. En effet, Jean-Luc Mélenchon a été façonné sur le plan des idées et du style par deux courants : le trotskisme, dans sa variante dite « lambertiste », et la franc-maçonnerie, dans sa variante « Grand Orient ».

Or, tant l’un que l’autre puisent dans le style républicain et « socialiste français » de la fin du 19e siècle, avec une insistance particulière sur le droit de tendance, le droit des minorités, une forme non centralisée, une grande autonomie fédérale. C’était d’ailleurs une époque où c’est la CGT qui donnait le ton avec une démarche syndicaliste révolutionnaire totalement minoritaire dans le prolétariat mais d’autant plus activiste.

La CGT portait justement ces valeurs de « fédéralisme », de « confédéralisme », que le « socialisme français » affectionnait particulièrement en vitupérant contre le marxisme et la social-démocratie allemande, considérés comme « autoritaires » voire dictatoriaux.

A partir de 1905, les choses se sont compliquées avec l’unité des socialistes dans le Parti socialiste SFIO, qui a maintenu cette dimension fédérale, mais où les troubles internes perpétuels ont dévalorisé le principe. L’unité obtenue en 1905 exigeait en effet que soit maintenu un certain cadre.

Lorsque la majorité du Parti socialiste SFIO devint le Parti Communiste SFIC en 1920, elle récusa alors d’autant plus le fédéralisme, au profit du centralisme démocratique, au prix de très nombreuses évictions et expulsions toutefois tellement les traditions du « socialisme français » étaient vivaces.

Si le Parti socialiste SFIO maintenu, avec Léon Blum, maintint le fédéralisme, il exigea toutefois un certain esprit unitaire en même temps. Il en alla de même pour les socialistes réunifiés au congrès d’Epinay de 1971 avec François Mitterrand.

Si l’on regarde les choses ainsi, alors on peut dire : la parenthèse historique du mouvement ouvrier « centralisé », tourné vers le marxisme, prend définitivement fin et on retourne à avant 1905, Jean-Luc Mélenchon étant le fer de lance de l’officialisation de ce grand retour en arrière, le Parti socialiste assument désormais cette direction, tout autant que le PCF, EELV le faisant de manière naturelle.

Avec Jean-Luc Mélenchon, on a le retour à avant 1905, aux différents courants du « socialisme français » rejetant le marxisme tout en en acceptant certains éléments, assumant en large partie le populisme, le substitutisme avec une « minorité agissante », le culte du coup de force par des démonstrations populaires dans les rues censées changer le cours des choses.

C’est, somme toute, une vaste opération de liquidation. Et il va de soi que ni le Parti socialiste, ni le PCF ne peuvent lutter contre une telle tendance, car eux-mêmes ont abandonné leurs propres traditions historiques depuis longtemps maintenant. C’est là que des choses importantes vont se décider.

Soit on arrive à préserver le patrimoine du mouvement ouvrier, on défend le parcours des socialistes et des communistes assumant le Socialisme dans sa version non pas française mais on va dire marxiste, rationnelle, social-démocrate historique… Soit on est balayé par le renouveau du « socialisme français » comme populisme social à moitié syndicaliste révolutionnaire à moitié gouvernemental.

Il va de soi que ce renouveau intégrera, intègre déjà les courants LGBTQ+, de la « déconstruction » antiraciste ou anticoloniale, les syndicats étudiants en mode « ultra », etc. On est ici dans un fourre-tout magmatique exactement comme avant 1905, avant que le Socialisme ait une dimension scientifique, organisée, avec des valeurs, des principes, un programme.

C’est cela, la vraie menace de proposition de « fédération », de « confédération » de Jean-Luc Mélenchon.

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Politique

La polémique entre le NPA et Lutte Ouvrière

Un reflet d’une atmosphère de décomposition.

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Photothèque rouge/Martin Noda/Hans Lucas

Le Nouveau Parti Anticapitaliste a rendu public, le 5 mai 2022, une polémique à l’encontre de Lutte Ouvrière. Lors du meeting en mémoire d’Alain Krivine récemment décédé, qui fut dirigeant historique du NPA et de ses ancêtres que furent la Ligue Communiste Révolutionnaire, la Ligue Communiste et la Jeunesse Communiste Révolutionnaire, le 30 avril, le porte-parole de Lutte Ouvrière a tiré à boulets rouges sur la tradition du NPA.

On peut le voir ici prendre la parole à la 56e minute, une responsable du NPA tentant plusieurs fois de le stopper alors que le malaise est général dans la salle.

On remarquera qu’Edwy Plenel, un personnage ô combien détestable dirigeant le média Mediapart, s’en va au bout de quelques minutes, précisément au moment où le porte-parole de Lutte Ouvrière au meeting dénonce le nationalisme ukrainien.

Voici la critique de Lutte Ouvrière au NPA à ce sujet, publié dans Lutte de classe, l’organe théorique de Lutte Ouvrière, dans un article de bilan à la suite de l’élection présidentielle 2022.

« Cela s’est d’abord exprimé de façon éloquente à propos de la guerre en Ukraine. Sur ce terrain, le NPA a suivi pour l’essentiel les positions du Bureau exécutif de la IVe Internationale.

Il s’est tout d’abord très largement mêlé au chœur des dirigeants impérialistes et de leurs porte-voix faisant de Poutine et de ce qu’il nomme, sans vraiment se donner la peine d’expliquer ce qu’il entend par là, « l’impérialisme russe », l’unique responsable ou presque.

Son candidat a répété à de nombreuses reprises sa solidarité avec la résistance ukrainienne, parce qu’émanant d’une nation opprimée, et la nécessité d’armer celle-ci face à l’armée russe, sans qu’il soit jamais question de la nature sociale et politique de cette résistance, pas plus que de celle des oligarques et des soutiens anciens ou actuels de Zelensky.

Plus encore, il a soutenu les sanctions économiques contre la Russie imposées par les grandes puissances, là aussi au prétexte qu’elles étaient « demandées par la population ukrainienne », avant d’admettre confusément, plus tard, que ce n’était finalement « pas si simple que ça ».

La solidarité, l’antimilitarisme et l’internationalisme dont se réclame le NPA ont cessé il est vrai de longue date de correspondre à ce que devrait être l’internationalisme prolétarien.

La IVe Internationale dont il se réclame, comme la LCR ou ses devancières, l’ont montré à maintes reprises par le passé en présentant, parmi bien d’autres, Castro à Cuba, Ho Chi Minh au Vietnam, le FLN en Algérie, les sandinistes au Nicaragua, comme des révolutionnaires communistes derrière lesquels il fallait se ranger sans sourciller et sans émettre la moindre critique. Et surtout sans tenter de faire entendre les intérêts spécifiques du prolétariat. Plus récemment, ce sont les indépendantistes catalans ou, dans la dernière campagne, les nationalistes corses qui ont été présentés par le NPA comme des héros de l’anticolonialisme.

Leur mobilisation et les « combats de rue » ont été donnés par Philippe Poutou à plusieurs reprises comme « un exemple à suivre ». 

Or, si les communistes révolutionnaires se doivent effectivement de dénoncer l’oppression nationale lorsqu’elle existe, et les responsabilités de leur appareil d’État, ils doivent avant tout le faire au nom des intérêts propres du prolétariat et de l’internationalisme, c’est-à-dire en mettant en garde les travailleurs contre le piège que constituent la perspective nationaliste et les forces sociales qui la portent. »

On notera ici pour comprendre notamment la polémique sur le plan des idées que pour Lutte Ouvrière il existe seulement un impérialisme occidental, la Russie étant… on ne sait trop quoi, et que du côté du NPA, comme de l’ancienne Ligue Communiste Révolutionnaire, la tradition est que « tout ce qui bouge est rouge » même sans le savoir. L’opportunisme de la tradition du NPA concernant les mouvements – n’importe quel mouvement – est très connu, c’est une marque de fabrique de ce côté-là.

Le NPA est en tout cas fou de rage et a publié une lettre de protestation, avec une exigence d’excuse de la part de Lutte Ouvrière. Il est considéré que le discours du porte-parole de Lutte Ouvrière a été volontairement blessant, bref une provocation.

Et le même jour, le NPA a annoncé qu’il ne participerait finalement pas au front électoral de Jean-Luc Mélenchon (la « Nouvelle Union populaire écologique et sociale » – NUPES), qu’il se contenterait de soutenir les candidats de « rupture » faisant partie de ce front.

Le NPA aurait rêvé de l’intégrer et a durement négocié pour cela, mais a échoué à concrétiser le tir, alors qu’il subissait en même temps une violente critique en raison de cela de la part de Lutte Ouvrière, ou encore de Révolution permanente, une scission récente du NPA (on lire ici leur analyse de fond du front électoral « NUPES »).

Sur le plan des idées, tout cela peut être discuté dans un sens ou dans un autre. Mais si l’on se fie à la réalité sur le terrain, on peut voir que tout cela est forcé et consiste en une fuite en avant pour tenter de maintenir un cadre « militant » qui, dans les faits, n’existe plus à part comme une vague tradition et une accommodation pratique.

En réalité, ce qui règne c’est l’opportunisme pragmatique du côté de la Gauche gouvernementale version « NUPES », et une décomposition massive du côté de la Gauche se définissant comme contestataire, révolutionnaire, ou alternative, ou historique, comme on le voudra.

Cette décomposition est intellectuelle, morale, politique, idéologique ; le niveau est d’une faiblesse ahurissante, les cadres organisationnels ne se maintiennent que de manière fictive, les positionnements politiques sont artificiels.

La polémique que l’on a ici n’est donc pas une expression d’un combat idéologique au sens strict, c’est plutôt une tentative de subsister coûte que coûte en essayant de marquer des différences à tout prix, pour chercher à maintenir une position permettant de tenir jusqu’au prochain tour politique.

C’est un des aspects de la crise du capitalisme et de l’effondrement de tout un secteur étudiant – fonctionnaire fonctionnant telle une bulle avec des poches de radicalité « d’extrême-gauche ».

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Dépêche

L’inexorable interventionnisme de l’OTAN en Ukraine, et donc de la France

Si la Russie considère que l’Ukraine est son annexe, il faut bien voir de notre côté occidental à nous que cette dernière a été utilisée comme plate-forme pour ébranler la Russie, voire la faire tomber. La guerre en Ukraine, ce n’est pas seulement la Russie contre l’Ukraine, c’est aussi l’OTAN contre la Russie. Et rappelons ici que le budget militaire du Royaume-Uni est à lui seul plus grand que le budget militaire russe.

Comme qui plus est la superpuissance américaine compte torpiller la Russie avant son face à face avec la Chine rêvant de prendre sa place de puissance hégémonique mondiale, les choses vont empirer. L’OTAN ne peut qu’ajouter de l’huile sur le feu.

Et là, il faudra bien que les Français basculent d’un côté ou de l’autre – du côté du bellicisme ou de celui de la paix. Ils ne pourront pas dire « on ne savait pas », « cela a été décidé sans nous », « on nous a menti » ou quoi que ce soit de ce genre.

Les médias font tous de la propagande de guerre, l’État français donne ouvertement des armes au régime ukrainien, la France fait partie de l’OTAN, les choses sont assez claires comme cela. Que les Français ne veulent pas le savoir ne change rien à l’affaire.

Les Français risquent donc de se réveiller un jour et de s’apercevoir que leur pays est impliqué dans la guerre en Ukraine de manière irréversible. Certains le sentent – à eux de s’unir et de parvenir à générer une opposition anti-guerre.

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Politique

La « Nouvelle union populaire écologique et sociale » ne s’oppose pas au bellicisme de l’OTAN

C’est une chose entendue.

Jean-Luc Mélenchon veut être premier ministre, afin de se poser comme le sauveteur d’acquis sociaux en France. Comme il a obtenu un bon score à la présidentielle 2022, cela a impulsé une unité autour de son mouvement, La France Insoumise, avec une « Nouvelle union populaire, écologique et sociale » (Nupes).

Cela donne la chose suivante. La France Insoumise, c’est déjà une union : celle du Parti de gauche mis de côté pour une mouvement s’appelant lui-même La France Insoumise, d’Ensemble ! (avec Clémentine Autain), de Picardie debout (avec François Ruffin), de Révolution écologique pour le vivant (avec Aymeric Caron).

Et il faut désormais y ajouter dans la nouvelle « union » le PCF, Europe Écologie Les Verts, Génération écologie, Génération-s, les Nouveaux Démocrates, alors que la direction des socialistes discutent inlassablement pour y participer, au grand dam d’une partie d’entre eux.

Il est dans l’ordre des choses qu’une telle démarche puisse rassurer de par sa dimension unitaire et même conforter dans l’idée qu’une Gauche gouvernementale puisse se mettre en place, au-delà des complications et des divergences, voire réussir aux élections, et que c’est mieux qu’un gouvernement aux ordres d’Emmanuel Macron, voire d’un gouvernement conservateur – nationaliste (ce qui forme une hypothèse bien moins vraisemblable).

Sauf qu’il est un problème de taille : la France fait partie de l’OTAN et celle-ci, dirigée par la superpuissance américaine, entend faire tomber la Russie par l’intermédiaire de l’Ukraine. L’OTAN est donc une force soutenant militairement le régime ukrainien, l’Union européenne apportant un soutien institutionnel et financier.

D’ailleurs, l’Ukraine est censée rentrer en accéléré dans l’Union européenne. Ce qui serait naturellement très lourd de conséquences ! On notera que dans ce cadre, l’Italie demande l’intégration accélérée de l’Albanie et de la Macédoine. Il n’est pas difficile de voir qu’il y a ici une ambiance très 1914, avec les grandes puissances jouant des coudes pour se repartager le monde.

Or, la Nouvelle union populaire, écologique et sociale n’aborde pas du tout cette question. La question de l’OTAN et du soutien militaire au régime ukrainien ne fait simplement pas partie de son programme.

Pire encore, EELV est un fer de lance, comme son équivalent allemand, du soutien à l’OTAN et d’une intervention de celle-ci en Ukraine. Le Parti Socialiste est sur la même ligne.

Le PCF a une ligne différente, se revendiquant de la paix, mais ne fait pas de cette question un aspect fondamental. Quant à La France Insoumise, qui était critique de l’OTAN, elle va forcément balancer par-dessus bord cette question également, en disant que de toute façon la question militaire est du ressort du chef des armées qu’est le président de la République.

On peut s’en assurer dans la brochure que vient de publier Jean-Luc Mélenchon, « Les 3 blocs et l’avenir de l’Union populaire » (téléchargeable ici), où il explique pourquoi la Nouvelle union populaire, écologique et sociale peut l’emporter aux élections législatives de 2022 et quelles seraient ses orientations, du moins son état d’esprit. Il n’y a bien évidemment rien sur l’OTAN, ni sur la guerre en Ukraine, ni sur la tendance à la guerre.

On aura également remarqué que le thème de l’OTAN et de la guerre en Ukraine a été inexistant durant la présidentielle, alors que l’intense propagande anti-Russie a continué de se développer dans les médias sans aucun frein.

C’est comme si le capitalisme avait fait son choix et que c’est le fond des orientations de l’État, tandis que la question gouvernementale ne consisterait qu’en une sorte d’agitation à la surface.

Dans une telle situation, on est une partie de la solution ou une partie du problème. La Nouvelle union populaire, écologique et sociale ne fait pas partie de la solution : c’est donc une partie du problème.

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Écologie

Grippe aviaire: massacre industriel de 16 millions d’oiseaux en France

Comment avec une telle horreur ne pas comprendre que la société française est périmée dans ses valeurs ?

L’image est saisissante, elle a été prise au moyen d’un drone par l’association L214, qui bien entendu est incapable d’avoir une critique suffisamment profonde d’un tel phénomène par définition fondé sur le capitalisme. On voit des montagnes de cadavres étalés à la pelleteuse, recouverts de chaux dispersée au moyen d’engins dédié à cet effet, dans un fossé le long d’une autoroute en chantier en Vendée. C’est une image de l’enfer.

C’est que depuis novembre 2021, ce sont officiellement, au 2 mai 2022, 16 millions d’oiseaux élevés dans les élevages qui ont été massacrés, afin de tenter de stopper la grippe aviaire. Au lieu de se dire que de telles grippes n’ont rien de naturel, qu’enfermer des êtres vivants relève de la torture, que rien de cela n’est ni nécessaire ni souhaitable, l’humanité façonnée par le capitalisme continue de vouloir forcer les choses, et ce même alors qu’une pandémie l’a frappé durement.

Et la seule réaction médiatique, ou même chez les gens, est de s’inquiéter qu’on va « manquer » de poulet, comme ici avec TF1 :

« Dans toute la filière, on subit deux crises à la fois. « Pour les éleveurs, actuellement, c’est une double peine parce qu’il y a la grippe aviaire qui oblige à abattre les volailles et il y a l’augmentation du coût de l’aliment du fait de la crise ukrainienne », confie Jean-Jacques Costiou, volailler et gérant de l’usine « Au Faisan Doré » à Plabennec (Finistère). »

Pauvres capitalistes, dont les profits sont touchés, non pas par des catastrophes naturelles d’ailleurs, mais par des phénomènes causés par l’humanité elle-même. Tant la grippe aviaire que la guerre en Ukraine pourraient, devraient, ne pas avoir lieu. Il suffirait de ne pas avoir de tels élevages et pareillement de ne pas avoir de grandes puissances cherchant à se repartager le monde.

Mais un tel horizon semble inatteignable, insaisissable même intellectuellement par des gens pétrifiés dans la concurrence capitaliste et son idéologie de la compétition à tous les niveaux. Ici, pas de place pour la compassion, l’empathie, et encore moins une vision du monde fondée sur celles-ci.

Il est tout à fait exemplaire qu’au moment des élections présidentielle et parlementaire un tel massacre immense se produise, dans l’indifférence. On est en train de rater l’essentiel en France. Il faudrait une profonde remise en cause, un alignement sur des valeurs exigeantes de collectivisme, de respect de la Nature, de planification, bref le Socialisme ! Et au lieu de cela on a des pleurnicheries sur les retraites et un refus catégorique de prendre en compte ce que signifie, ce qu’implique la guerre en Ukraine.

Les Français veulent vivre comme avant dans leur bulle capitaliste. Quitte à cautionner le massacre par asphyxie de 16 millions d’oiseaux, dans l’indifférence, le silence, les tourments et l’horreur la plus complète.

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Dépêche

Non à l’abattage des bouquetins du Bargy!

Sept associations de protection animale (FNE 74 et Aura, LPO, Aspas, AVES, Animal Cross, One Voice) ont émis un double recours juridique contre un récent arrêté préfectoral.

Celui-ci prévoit de tuer jusqu’à 170 bouquetins en Haute-Savoie d’ici à 2030 !

La raison invoquée est sanitaire : lutter contre la brucellose, car il s’agit d’une maladie (extrêmement rare) qui se transmet de l’animal à l’Homme, liée à l’élevage.

Sans surprise, les éleveurs mettent une très forte pression en faveur de l’abattage de ces bouquetins du Bargny : suite à des cas déclarés, ce sont tous les animaux d’un élevage qui peuvent être abattus. Donc autant de potentiels bénéfices qui s’envolent, à leurs yeux.

Alors plutôt que remettre en question leur situation et leur production, ils s’acharnent sur tout ce qui leur rappelle qu’ils mènent une guerre à la vie, à la Nature. Quitte à toujours s’enfoncer dans l’ignominie.

Les bouquetins du Bargy doivent vivre ! La pression anti-démocratique et anti-naturelle des éleveurs doit être combattue et dénoncée sans concession !

C’est un cas exemplaire de comment le capitalisme refaçonne ses besoins, et l’ensemble de la réalité. Cela reflète le besoin d’un changement fondamental, par le Socialisme, pour modifier notre rapport aux animaux et à la Nature en général.

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Politique

Engagez-vous contre la guerre, contre l’OTAN !

Ce 1er mai se déroule dans un contexte terrible.

A moins de se replier sur vie personnelle, sa vie privée, en se contentant de fixer son attention sur un horizon étroit, borné, il n’est pas possible de ne pas voir que les choses tournent mal, partout. La société française se désintègre socialement, le capitalisme impose une société de consommation s’accélérant et s’élargissant, le nationalisme et les religions servent de valeur refuge, la condition animale relève du martyre, le réchauffement climatique continue… et il y a la guerre.

Cette question de la guerre est primordiale. Elle contient tous les maux par essence, parce que la guerre est le produit de l’ensemble de la situation. La guerre est le fruit de la compétition, de la concurrence, de la course au capitalisme le plus puissant, de la volonté d’exploiter les autres, d’accumuler toujours plus.

Aussi, s’il est un appel qui doit être lancé le premier mai 2022, c’est bien contre la guerre, contre l’OTAN ! Car la guerre est à l’ordre du jour, car l’OTAN est la structure militaire regroupant un bloc de pays, dont le nôtre, pour exercer des pressions militaires, pour intervenir militairement, pour porter la guerre !

En deux mois, depuis l’invasion de l’Ukraine que nous avons ici annoncé dès avril 2021, il y a eu une avalanche de propagande anti-Russie et en faveur de l’OTAN. C’est une mobilisation générale de l’opinion publique, un matraquage médiatique général. Aucun candidat à la présidentielle n’a d’ailleurs profité de l’occasion pour dénoncer l’OTAN, dénoncer la transformation de l’Ukraine en base militaire géante ayant comme but de faire la guerre à la Russie.

Et cela alors que la France livre des armes à l’Ukraine, que l’OTAN dont la France fait partie dirige littéralement les forces armées ukrainiennes, que l’Union européenne veut intégrer l’Ukraine de manière accélérée.

On assiste à une fuite en avant du capitalisme pour sortir de la crise ouverte par la pandémie en 2020 ; le capitalisme se précipite dans la guerre afin de trouver le moyen de se développer malgré tout, encore et toujours, aux dépens des autres.

Face à cela, il faut lever le drapeau rouge !

Organisez-vous à votre échelle pour mettre en place des initiatives contre la guerre, contre l’OTAN, pour développer l’agitation et la propagande en ce sens. Contribuez à saboter la tendance à la guerre, la marche vers la troisième guerre mondiale !

Lancez-vous dans cette bataille, sur la base des valeurs de la Gauche historique, pour empêcher la sanglante machinerie militariste de se mettre entièrement en place, de réorganiser l’économie, la société, les mentalités, pour faire de la France l’arrière-pays d’une armée intervenant militairement dans les affrontements militaires !

C’est un devoir pour toutes les personnes ayant une conscience sociale, ayant compris l’envergure des événements qui se déroulent, et qui ne cessent de prendre une tournure toujours plus mauvaise. Levez le drapeau rouge du Socialisme contre le capitalisme et la guerre !

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Politique

Lettre ouverte au chancelier Olaf Scholz

Un appel contre la guerre.

Voici l’appel signé par 28 artistes et intellectuels en Allemagne, sous la forme d’une lettre ouverte au chancelier. Il a été publié par la célèbre revue féministe EMMA, dont la ligne est d’appeler à des négociations, dans le sens d’une Ukraine n’appartenant pas à l’OTAN et d’un statut spécial pour le Donbass. C’est une ligne de Gauche, c’est la ligne de la raison, en opposition au militarisme, au bellicisme.

On notera que la revue EMMA est dénoncée en Allemagne par les post-modernes pour refuser la mise en place d’une loi prévoyant que les adolescents « choisissent » leur « genre » administrativement à l’âge de 14 ans.

« Cher Monsieur le Chancelier,

nous saluons que, jusqu’à présent, vous ayez considéré les risques avec tant d’attention : le risque de l’élargissement de la guerre à l’intérieur de l’Ukraine ; le risque d’un élargissement à toute l’Europe ; oui, le risque d’une 3e guerre mondiale.

Nous espérons donc que vous vous souviendrez de votre position originelle et que vous ne fournirez plus d’armes lourdes à l’Ukraine, ni directement ni indirectement. Au contraire, nous vous exhortons à faire tout votre possible pour qu’un cessez-le-feu puisse être conclu dans les plus brefs délais, à un compromis que les deux parties peuvent accepter.

Nous partageons la condamnation de l’agression russe en tant que violation de la norme fondamentale du droit des peuples. Nous partageons également la conviction qu’il existe un devoir politique et moral fondamental de ne pas reculer devant la violence agressive sans résistance. Mais tout ce qui peut en découler trouve ses limites en d’autres impératifs de l’éthique politique.

Nous sommes convaincus que deux de ces lignes limitatives sont aujourd’hui atteints : Premièrement, l’interdiction catégorique d’accepter un risque manifeste de voir cette guerre dégénérer en conflit nucléaire.

La livraison de grandes quantités d’armes lourdes pourrait cependant faire de l’Allemagne elle-même un protagoniste de la guerre. Et une contre-attaque russe pourrait alors déclencher une demande d’assistance en vertu du traité de l’OTAN et avec elle le danger immédiat d’une guerre mondiale.

La deuxième ligne de démarcation est le niveau de destruction et de souffrance humaine parmi les civils ukrainiens. Même la résistance légitime contre un agresseur se retrouve à un moment donné dans une disproportion intolérable.

Nous mettons en garde contre une double erreur : premièrement, que la responsabilité du risque d’escalade vers un conflit nucléaire incomberait uniquement à l’agresseur d’origine et non pas aussi à ceux qui lui fournissent ouvertement un mobile pour une action éventuellement criminelle.

Et d’autre part, que la décision sur la responsabilité morale des « coûts » supplémentaires en vies humaines parmi la population civile ukrainienne relève exclusivement de la compétence de leur gouvernement. Les normes moralement contraignantes sont de nature universelle.

L’escalade de l’armement qui se déroule sous pression pourrait être le début d’une course mondiale aux armements avec des conséquences catastrophiques, notamment pour la santé mondiale et le changement climatique. Malgré toutes les différences, il est important de lutter pour la paix dans le monde. L’approche européenne de la diversité partagée en est un modèle.

Cher Chancelier, nous sommes convaincus que le chef du gouvernement allemand peut apporter une contribution décisive à une solution qui résistera au jugement de l’histoire. Non seulement au vu de notre pouvoir (économique) actuel, mais aussi au vu de notre responsabilité historique – et dans l’espoir d’un avenir pacifique commun.

Nous espérons et comptons sur vous !
Sincèrement

Andreas Dresen, cinéaste
Lars Eidinger, acteur
docteur Svenja Flaßpöhler, philosophe
Elisa Hoven, avocate pénaliste
Alexander Kluge, intellectuel
Heinz Mack, sculpteur
Gisela Marx, productrice de films
Reinhard Merkel, avocat pénaliste et philosophe du droit
Wolfgang Merkel, politologue
Reinhard Mey, musicien
Dieter Nuhr, artiste de cabaret
Gerhard Polt, artiste de cabaret
Helke Sander, cinéaste
HA Schult, artiste
Alice Schwarzer, journaliste
Robert Seethaler, écrivain
Edgar Selge, acteur
Antje Vollmer, théologienne et politicienne verte
Franziska Walser, comédienne
Martin Walser, écrivain
Prof. Dr. Peter Weibel, théoricien de l’art et des médias
Christoph, Karl et Michael Well, musiciens
Prof. Dr. Harald Welzer, psychologue social
Ranga Yogeshwar, journaliste scientifique
Juli Zeh, écrivain
Siegfried Zielinski, théoricien des médias

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Dépêche

Contribuez à Agauche.org

Le capitalisme impose une cassure nette entre ce qui est intellectuel et manuel, entre ce qui est actif et passif. Il divise et s’oppose par nature aux interactions et à la reconnaissance de celles-ci. Nous n’avons aucune envie de contribuer à la reproduction d’un tel schéma, surtout quand nous voyons que de plus en plus de gens nous lisent, que de plus en plus de gens sont marqués ou influencés par nos conceptions.

Aussi, nous vous engageons en ce premier mai 2022 à écrire des articles et à nous les envoyer. C’est là pour vous l’occasion de faire preuve d’auto-discipline, d’exprimer un refus de basculer dans une démarche consommatrice, de contribuer à vos propres réflexions en vous forçant, en quelque sorte, à aller dans le sens d’une synthèse.

Par synthèse, nous voulons dire qu’il faut nécessairement aller jusqu’au bout de sa volonté ou de son besoin de décrocher avec le capitalisme, pour ne pas retomber en arrière. Pour cette raison justement, nous ne vous demandons pas d’écrire sur tel ou tel thème, mais de partir de votre expérience à vous, de votre propre rupture subjective avec le capitalisme, avec la société de consommation, et de vous laisser porter par cela pour aller jusqu’à un point de vue général, au-delà de la dimension particulière, personnelle, qui vous est propre.

Cela vous aiderait à vous améliorer, cela nous aiderait à nous améliorer, et c’est de cet échange productif que sortent renforcés les principes concrets du Socialisme, dans une avancée collective unissant nos forces personnelles.

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Politique

Fondation de la Fédération de la Gauche Républicaine

Elle est composée de la Gauche Républicaine et Socialiste, le MRC, les Radicaux de gauche, et de la Nouvelle Gauche Socialiste.

Voici le communiqué de fondation. On notera que L’Engagement, le mouvement politique mis en place par Arnaud Montebourg ayant tenté de se présenter à la présidentielle 2022, a immédiatement, en quelques minutes, annoncé ne pas faire partie de cette Fédération.

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Guerre

La France est objectivement en guerre avec la Russie

Et cela va empirer.

En réunissant une quarantaine de pays, dont la France, le 26 avril 2022 sur la base américaine de Ramstein en Allemagne, afin d’organiser le renforcement de l’arsenal militaire du régime ukrainien, la superpuissance américaine a donné le signal de la guerre à la fois ouverte et indirecte. L’OTAN ne déclare pas formellement la guerre à la Russie, mais l’ensemble des pays de l’OTAN, ainsi que plusieurs autres pays (dont le Japon), soutiennent entièrement le régime ukrainien, tant au moyen d’informations militaires qu’au niveau de la logistique, ainsi qu’avec des livraisons d’armes.

L’objectif : faire tomber la Russie. Le secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, a été très clair lors de ce véritable sommet masqué de l’OTAN et de ses alliés :

« L’Ukraine pense clairement qu’elle peut gagner. Tous ceux qui sont ici aussi. »

Et la France est de la partie. La France est impliquée dans ce processus militaire, ce qui fait que, objectivement, la France est en guerre avec la Russie par l’intermédiaire de l’Ukraine qui fait ici office de chair à canon.

Il y a d’ailleurs un changement de ton du côté ukrainien. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait critiqué Emmanuel Macron pour avoir refusé de parler de « génocide » au sujet de la guerre en Ukraine, désormais il est qualifié, comme lors du message de félicitation pour sa réélection comme président français, de « vrai ami de l’Ukraine ».

Et pour bien asseoir ce nouveau statut, Le Figaro a publié un article intitulé Guerre en Ukraine : «nous sommes convaincus que nous gagnerons», affirme l’ambassadeur d’Ukraine en France. Ses propos sont sans ambiguïtés : la France est militairement partie prenante dans la guerre.

« Interrogé sur l’aide apportée par la France à l’Ukraine, le diplomate répond qu’il n’est «pas de ceux qui disent que la France n’en fait pas assez»: «Certains états parlent de leur aide et se font de la publicité là-dessus. D’autres ne le font pas».

«Avez-vous entendu parler de l’aide humanitaire que nous donne la France ?», s’interroge encore Vadym Omelchenko.

«Ceci, elle le fait d’une manière non publique. Il s’agit d’une marque de noblesse propre aux Français. C’est pareil dans le domaine militaire». »

Il y a également un changement de ton russe, avec un avertissement formel de la Russie, par la voix de Vladimir Poutine devant l’Assemblée fédérale réunie à Saint-Pétersbourg, le 27 avril 2022 :

« Je souligne encore une fois que si quelqu’un a l’intention d’interférer dans les événements actuels, de quelque côté que ce soit, surtout si cela pose des menaces inacceptables, de caractère stratégique inacceptables pour la Russie, il doit savoir que nos réponses aux contre-attaques seront foudroyantes, rapides.

Nous avons tous les outils, que les autres n’ont pas ; nous n’allons pas nous vanter, nous allons les utiliser, je veux que tout le monde le sache. Toutes les décisions à ce sujet ont déjà été prises. »

Or, la participation militaire française ne peut qu’empirer, car du moment que l’OTAN, avec à sa tête la superpuissance américaine, considère qu’il est possible de faire triompher l’Ukraine, que cela soit vrai ou non, une analyse sincère ou pas, cela implique qu’il y a une mobilisation générale dans le sens de l’escalade.

Nous le voyons d’autant plus aisément que nous avons dès avril 2021 analysé en détail la question ukrainienne, en annonçant qu’il y allait avoir la guerre. Et nous sommes horrifiés de voir que la France capitaliste est partie prenante, sans aucune opposition interne, à une véritable guerre de repartage du monde.

Les Français, enferrés dans la société de consommation, corrompus par les valeurs capitalistes, pourris dans leur acceptation d’un haut niveau de vie à n’importe quel prix, acceptent que les dirigeants du pays fassent ce qu’il veulent ; ils convergent avec eux dans leurs objectifs en ne soutenant en rien la moindre critique, la moindre critique de la guerre ; ils sont totalement cyniques vis-à-vis de la nation ukrainienne réduite au statut de chair à canon.

Tout cela va se payer très cher, extrêmement cher. Car ce faisant, la France capitaliste se place dans un faisceau de contradictions internationales qui, dans le cadre de la tendance à la guerre, vont provoquer des situations dramatiques. Et là les Français qui vont se voir relever de la guerre, participer à la guerre, être un moteur de la guerre, ne seront plus en mesure de prétendre qu’ils ne savaient pas, qu’ils ne voulaient pas.

Ils pleurnicheront d’ailleurs sur leur mode de vie affaibli ou perdu, en cherchant encore et toujours à ne rien comprendre et à ne rien assumer. Ils vont être déboussolés et aigris, se précipitant en faveur de la modernisation et de la guerre, ou bien du repli et du nationalisme militariste, comme ils le font déjà avec Emmanuel Macron et Marine Le Pen, pour qui ont voté 18 et 13 millions de personnes respectivement.

Les Français ont choisi de relever du désastre, ils vont devoir assumer !

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Guerre

Escalade de la guerre en Ukraine avec la Roumanie, la Moldavie, la Finlande et la Suède

L’OTAN considère qu’elle peut faire tomber la Russie.

Le régime ukrainien est formel : il considère ouvertement qu’il est en mesure d’infliger une sévère défaite à la Russie. Ce point de vue est également assumé par la superpuissance américaine, dont le régime ukrainien est une marionnette. Le 24 avril 2022, il y avait d’ailleurs la visite à Kiev du secrétaire à la défense américain Lloyd Austin et du secrétaire d’État américain (soit l’équivalent du ministre des Affaires étrangères) Antony Blinken.

L’armée ukrainienne opère de manière entièrement dirigée par l’OTAN et c’est pratiquement assumé en tant que tel. Pour preuve de cela, il est tout à fait clair que l’Ukraine est en train de rejoindre l’Union Européenne à marche forcée. Naturellement, une fois que cela sera fait, l’intervention russe reviendra de fait à un affrontement avec un État de l’Union Européenne, ce qui permettra d’autant plus l’escalade.

Il y a également la demande, considérée comme plus ou moins imminente, de l’adhésion à l’OTAN par la Finlande et la Suède, de manière conjointe, avec la superpuissance américaine et le Royaume-Uni proposant un soutien militaire dans la foulée de la demande d’adhésion, avant une intégration là encore à marche forcée dans l’OTAN.

Enfin, alors que la Pologne a remis, sans dire combien, des chars à l’Ukraine, il apparaît fort probable que la Roumanie a envoyé des forces militaires en Moldavie, en les maquillant comme des soldats moldaves, pour faire de ce pays un nouveau front anti-Russie. La Moldavie, une ancienne république soviétique, a en effet deux particularités : tout d’abord, elle n’est pas membre de l’OTAN, ensuite elle fait face à une petite région séparatiste pro-Russie, la Transnistrie.

Il y a d’ailleurs eu le 25 avril 2022 une attaque au lance-grenades contre le ministère de la Sécurité publique en Transnistrie, reflet de la tension actuelle, alors qu’il est tout à fait évident que l’établissement d’une « Nouvelle Russie » dans le Sud de l’Ukraine aboutirait, concrètement, à la Transnistrie.

On est ici dans une situation où la guerre en Ukraine est partie pour être une guerre prolongée, avec des implications militaires toujours plus grandes de part et d’autres. Cela semble confirmer la conception selon laquelle on a en fait une véritable guerre conventionnelle dont la forme est précisément d’éviter l’emploi de l’arme atomique.

Parce que là, on est lancé dans une démarche qui fait que la guerre en Ukraine va durer au moins jusqu’à l’été, voire littéralement pendant une année, ou en fait même plus, car on est dans une situation de crise, et on a donc un phénomène nouveau, propre à notre époque nouvelle.

D’ailleurs, s’il est beaucoup parlé de la date du 9 mai comme fête russe de la victoire sur le nazisme, avec la possibilité du début d’une sorte de fin négociée du conflit, il y a bien plus la possibilité que la Russie annonce plutôt son entrée officielle en guerre, lançant une mobilisation totale pour écraser l’Ukraine.

Car il ne faut pas perdre cet aspect essentiel. La Russie a réussi à lancer une guerre conventionnelle, en contournant l’opinion publique par une « opération spéciale », et sans modifier de manière centralisée son régime et son économie, comme c’est normalement le cas pour une guerre. La réussite du lancement d’une telle guerre peut très bien, en ce sens, devenir un tremplin nécessaire pour une entrée dans une guerre complète.

Cela montre l’importance de la guerre en Ukraine, annoncée ici sur Agauche.org depuis avril 2021, analysée en profondeur de manière régulière depuis. Chaque jour qui passe fait qu’on est en fait déjà dans une sorte de troisième guerre mondiale prolongée, propre à la situation historique.

La France, qui a notamment fourni à l’Ukraine des des obusiers automoteurs de 155mm Caesar, des missiles anti-aériens Mistral et des missiles anti-chars Milan, est ici en seconde ligne, juste derrière la superpuissance américaine et le Royaume-Uni, mais l’élection présidentielle étant désormais passée, les choses vont ici encore s’accélérer.

La France, exaspérante dans sa nature amorphe pétrie dans la société de consommation, n’échappera pas, de par sa nature de grande puissance lancée dans la bataille pour le repartage du monde, à l’instabilité provoquée par l’escalade militaire.

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Société

Élection présidentielle 2022 : Emmanuel Macron réélu, la mort de la politique

La France est amorphe.

Emmanuel Macron a été réélu à la présidence de la République avec un peu plus de 58 % des voix, obtenant une nouvelle victoire sur Marine Le Pen au second tour, comme en 2017. C’est là l’expression de deux choses relativement simples à comprendre. D’un côté, la bourgeoisie se modernise, va de l’avant, transformant les centres urbains importants en bastion d’un style de vie de consommation permanente. De l’autre, le prolétariat toujours plus placé en périphérie de ces centres se recroqueville sur ce qu’il a, rejetant un capitalisme qui va trop vite, beaucoup trop vite.

Tel est le sens des votes, avec une bourgeoisie « progressiste » au sens de réimpulser le capitalisme par l’élargissement des marchés, dont Emmanuel Macron est le grand représentant, et un prolétariat conservateur, enferré dans les acquis de la société de consommation mais sans envergure ni perspective, avec Marine Le Pen comme espoir pour exprimer à la fois rancœur, protestation et espoir.

Il y a également une petite-bourgeoisie, couche sociale coincée entre les deux classes historiques du capitalisme, tendant vers l’un, vers l’autre, voire les deux en même temps avec Jean-Luc Mélenchon comme grand représentant. Quiconque regarde La France Insoumise voit qu’il y existe un discours patriotique grandiloquent, des mesures sociales, une volonté d’orienter le capitalisme et de le moderniser, etc.

Ce sont là de grands traits qui transcendent la réalité concrète : l’élection présidentielle de 2022 a « oublié » la pandémie, les dettes abyssales qui en ont découlé, la guerre en Ukraine. C’est littéralement incroyable. On est ici dans un positionnement de classe totalement hors sol. C’est une sorte de prolongement informe de cinquante années de développement de la société de consommation.

C’est en ce sens la mort de la politique. La France est amorphe. Il n’y a plus de cohérence dans les idées et leur exposition, entre les idées et les pratiques, entre les états d’esprit et les conceptions des choses, entre les sensibilités et les points de vue. C’est la fin de tout un capitalisme qui assurait, d’une manière ou d’une autre, un certain sens de l’exigence, ou bien, plus exactement, c’est la fin d’une civilisation.

Il y a deux possibilités seulement qui en découlent. Soit la société capitaliste va se déstructurer toujours davantage, en allant à la guerre pour le repartage du monde, avec la formation de petits Etats-Unis d’Amérique dans chaque pays, avec un mélange d’individus et de communautés dans un effondrement culturel et un individualisme consumériste forcené. Ce serait ici un processus prolongé où, très lentement et avec d’énormes difficultés, des poches de résistance se formeraient.

Soit la société capitaliste rentre dans le mur relativement rapidement en raison des immenses contradictions qui s’imposent par la force des choses. Emmanuel Macron, pour prendre l’aspect le plus important, va forcément impliquer toujours plus la France dans l’OTAN et donc dans l’agression belliciste contre la Russie. On rentre ici dans une véritable démarche de guerre. C’est quelque chose ici qui bouleverserait, d’une manière ou d’une autre, la société française. Pas forcément dans le bon sens, d’ailleurs.

Garder l’esprit clair dans une telle France amorphe est extrêmement difficile, mais forme une exigence de rupture fondamentale pour qui ne veut pas se voir aliéné au point de devenir une partie du problème et pas de la solution. C’est une question de dignité et de réalisme – c’est toute une humanité qu’il faut conquérir, une humanité nouvelle, reforgée.

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Dépêche

Emmanuel Macron réélu : la France fait un pas vers la guerre contre la Russie

Il est une chose que les tenants de l’ultra-gauchisme, ou du syndicalisme, ou du populisme, ne comprennent pas. Même en admettant qu’Emmanuel Macron soit le « président des riches », que sa légitimité serait ébranlée, qu’il ne disposera que d’un gouvernement sans surface dans un paysage social hostile… il existe un contexte historique. Et ce dernier c’est le repartage du monde.

Partant de là, comme l’OTAN met le paquet pour faire de l’Ukraine une véritable plate-forme militaire et idéologique pour briser la Russie, alors Emmanuel Macron est aussi à la tête d’un pays en première ligne pour le repartage du monde. Et cet aspect modifie de fond en comble la situation interne.

Jamais d’ailleurs tant l’armée française que l’OTAN n’auront eu en France une telle reconnaissance, un tel soutien général, voire un appui quasi unanime. Et il faut être bien naïf pour penser qu’il peut exister une contestation sociale contre un régime alors que l’armée française et l’OTAN sont épargnées de toute critique, voire ouvertement soutenues.

Tout comme il est aberrant de ne pas voir qu’une avancée de l’OTAN à l’Est signifie également, par définition, un capitalisme français plus fort. Et un capitalisme français renforcé, tant sur le plan de la légitimité idéologique que sur le plan matériel, cela veut dire moins de contestation au moyen d’une corruption puissante, un enracinement encore plus massif du capitalisme dans la société.

Il ne faut donc pas penser que le capitalisme français, rabougri, n’a pas de porte de sortie. Bien au contraire ! Elle est là, et c’est la guerre. Contre la Russie avec d’autres, ou encore contre la Turquie aux côtés de la Grèce… C’est à cela qu’il faut se préparer.

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Réflexions

Un capitalisme à l’apparence inépuisable

En réalité, c’est le peuple qui est inépuisable.

En ce mois d’avril 2022, le capitalisme apparaît de manière superficielle à la fois comme stable et inébranlable. Ses capacités à surmonter les crises semblent innombrables ; on dirait qu’il est inépuisable.

La pandémie commencée en 2020 et la guerre en Ukraine n’ont ainsi en rien modifié les fondamentaux de la société française. Ce sont des événements majeurs pourtant, mais cela n’a fait qu’effleurer les gens. Il en va de même pour le réchauffement climatique et la question animale, qui parlent de manière bien plus évidente, tout en restant dans un lointain flou absolument caractéristique.

Car l’un des grands atouts du capitalisme, c’est précisément, au moyen de cycles de consommation sans cesse renouvelés, de tout rejeter dans le passé, ou bien de transformer les idées, les comportements, les valeurs… en marchandises. Le capitalisme est le mode de production inclusif par définition ; il se sert d’absolument tout pour se réimpulser.

De presque tout, faut-il dire en réalité, car il existe bien des conceptions et des positions que le capitalisme ne peut pas récupérer. C’est le Socialisme. Cependant, il faut pour le Socialisme toujours avoir à lutter pour éviter la corruption d’une part, et pour étudier l’évolution du cours des choses et ne pas se faire déborder de l’autre.

Avant 1914, la social-démocratie était hostile au capitalisme, et irrécupérable, et pourtant une erreur d’analyse du cours des choses a amené une très large – quasi totale même – capitulation devant la guerre mondiale entre grandes puissances. On peut barricader la porte de la maison Socialisme comme on veut, si on laisse ne serait-ce qu’une fenêtre ouverte, le capitalisme s’engouffre et démolit les fondements.

Il y a l’arrière-plan, et c’est bien cela qu’il faut saisir, une bataille pour le peuple. Le capitalisme de la société de consommation n’est pas imperméable à un prolétariat misérable et à l’écart de lui comme au 19e siècle. Bien au contraire, les prolétaires sont enfermés dans un capitalisme présent 24 heures sur 24. Le capitalisme propose toujours d’avoir autre chose à faire, individuellement, qu’oeuvrer au Socialisme.

On peut regarder le football, faire du vélo, aller au café, partir en vacances, sélectionner une série sur Netflix, faire du shopping dans un centre commercial, jouer à un jeu vidéo, etc. Rien de plus humain. En même temps, ce qui est humain est façonné par le capitalisme et est poussé dans le mauvais sens : dans celui de la superficialité, de la répétition, de l’individualisme, de la passivité.

Plus le capitalisme remplit la vie des gens au moyen de la consommation capitaliste, plus il vide les gens. Et plus les gens sont vidés, plus cela renforce les cycles de consommation capitaliste, et ainsi de suite. En fait, on peut même dire que si on enlevait le capitalisme aux Français en avril 2022, ils seraient désemparés dans leur vie individuelle. Ils perdraient tous leurs repères. On l’a bien vu avec le confinement, une époque de remise en cause désormais totalement passée aux oubliettes, même par la minorité l’ayant apprécié en ce qu’elle avait justement cassé le rythme capitaliste.

Le capitalisme apparaît donc comme inépuisable. Sauf que sur le plan interne, sa crise est inéluctable, car l’accumulation a ses limites et il faut par conséquent la guerre, et une pressurisation d’une partie toujours plus grande de la population, en raison du poids grandissant des monopoles. Le prolétariat a adopté un mode de vie petit-bourgeois avec la société de consommation, mais cela ne peut pas durer éternellement.

C’est pourquoi le Socialisme triomphera en s’appuyant sur ce prolétariat reconstitué par la crise, car c’est le peuple qui est réellement inépuisable, pas le capitalisme. Le prolétariat trouvera une voie à travers l’effondrement de la civilisation capitaliste. C’est inéluctable.

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Politique

Présidentielle 2022 : assumez et exacerbez votre sensibilité contre la guerre et contre le fascisme

C’est ce qu’il faut pour avancer.

L’option de se soumettre à Jean-Luc Mélenchon avec son populisme n’en est pas une. Cela ne fera rien avancer, ce n’est que participer à la comédie réformiste au sein de la société de consommation. Alors qu’il y a deux grandes actualités qui s’imposent, marchant en duo et s’imposant toujours plus.

Ces deux grandes actualités, ce sont la guerre et le fascisme. La guerre, parce que la crise ouverte par la pandémie exige de rattraper l’accumulation capitaliste perdue, et donc d’oeuvrer militairement au repartage du monde. La guerre en Ukraine, annoncée ici dès avril 2021, en est l’exemple majeur. Le fascisme, parce que chaque capitalisme se replie sur lui-même, transformant son État en levier majeur de sa centralisation, de son unification, de sa rationalisation. Le BREXIT est une expression de cette tendance et si ce n’est pas le fascisme, à un moment les digues vont céder, puisqu’il faut pressuriser les prolétaires au maximum, les presser comme des citrons.

Normalement, la priorité c’est de freiner au maximum l’irruption du fascisme. C’est un principe de la Gauche historique, c’est ce qu’on appelle faire barrage. L’ultra-gauche n’est pas d’accord, parce qu’elle a adopté la conception de la « révolution permanente » : il y aurait en permanence une situation révolutionnaire. La Gauche historique a quant à elle une analyse réelle de la situation et elle sait quand il faut être sur la défensive.

La particularité de la situation, c’est que la guerre en Ukraine implique, de manière indirecte, l’ensemble des pays de l’OTAN, qui utilisent le régime ukrainien comme tête de pont militaire contre la Russie, qui de son côté tente aussi de dominer l’Ukraine. Partant de là, il est pour beaucoup impensable de donner son aval à Emmanuel Macron, car ce serait converger avec la guerre. Sur le fond, ils ont raison.

Objectivement, le dilemme est insoluble. Mais il y a une réponse, tout à fait dialectique, celle de la subjectivité. Ceux qui ont l’oeil pour voir le fascisme doivent aller au bout de leur raisonnement et doivent voter pour Emmanuel Macron, car ils doivent assumer de faire barrage, reconnaissant la dignité de leur propre démarche. Ceux qui ont l’oeil pour la guerre ne doivent pas aller voter, car ils doivent s’endurcir subjectivement dans le rejet de la guerre, de l’OTAN.

Cela peut sembler incompréhensible à qui raisonne, non pas en termes historiques, mais en termes électoraux. Du point de vue électoral, en effet, il n’y a pas de cohérence puisque les élections fonctionnent en termes de bloc électoral. Il faut relever d’un bloc, ou de l’autre. Cela penche d’un côté, ou de l’autre.

La situation historique empêche toutefois tout caractère unilatéral. Il ne s’agit pas d’ailleurs de faire du « ni Le Pen ni Macron », qui est une position de reculade, qui revient à de l’anarchisme. Non, il s’agit d’assumer en bloc, car on a besoin de gens s’impliquant, assumant la confrontation, s’engageant personnellement dans une démarche qui soit entière.

Nous avons besoin de gens entiers. Il y en a assez des gens vivant à moitié, et ce que propose Jean-Luc Mélenchon, c’est justement que tous les gens de Gauche se coupent en deux de manière ininterrompue, afin de s’insérer dans la société capitaliste, en se mutilant toujours un peu plus.

Ce dont les prolétaires de France ont besoin, c’est de gens entiers, cessant de louvoyer. Il faut assumer et exacerber sa sensibilité aujourd’hui contre la guerre et contre le fascisme, deux aspects de la tendance négative l’emportant, afin d’être prêt demain pour la confrontation avec eux.

La crise du capitalisme veut empêcher que s’ouvrent le chemin du Socialisme, qui ne peut être porté que subjectivement par des gens rompant avec la société de consommation, avec l’esprit de compétition et de concurrence, avec la réduction au degré de consommation des rapports entre humains ou avec les animaux, la Nature… Il s’agit d’un défi historique et il faut des gens forgés conformément à l’ampleur de ce défi.

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Dépêche

Jean-Luc Mélenchon met le couteau sous la gorge

Jean-Luc Mélenchon met le couteau sous la gorge, mais à qui le met-il vraiment ? Car, à moins de vouloir faire carrière dans le capitalisme, dans une version associative, ou réformiste, ou syndicaliste, ou même contestataire, qui a besoin de se précipiter pour se mettre à l’ombre de quelqu’un pouvant obtenir un succès électoral ?

L’idée de Jean-Luc Mélenchon, c’est de dire : j’ai été troisième au premier tour de la présidentielle d’avril 2022, j’ai donc moyen de réussir quelque chose aux législatives, et comme mon mouvement est magmatique, vous y trouverez facilement une place. Je suis même prêt à négocier des places d’élus si me rallient le PCF, le NPA, EELV. Sans moi, de toutes façons, vous n’existez pas.

Sauf que c’est là où Jean-Luc Mélenchon se trompe, c’est là qu’il ment. Car ce qui existe réellement a une portée historique, une portée que n’ont pas justement ce qui relève de l’associatif, du syndical, du réformiste, ou même du contestataire. Ce qui a une portée historique, ce sont des conceptions, une vision du monde, des actions qui relèvent de la lutte des classes dans la perspective de l’établissement du Socialisme.

Voilà ce qui a du sens, voilà ce qui a de la signification. Tout le reste est happé par le capitalisme, pour être broyé ou intégré. Quand on quitte le prolétariat, quand on abandonne le drapeau rouge, quand on quitte le terrain du Socialisme, on passe dans le camp du capitalisme. C’est aussi simple que cela. Et c’est d’autant plus vrai alors que la tendance à la guerre prédomine dans le monde, qu’on va vers un grand affrontement de repartage du monde.

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Politique

Jean-Luc Mélenchon demande la direction de la Gauche pour les législatives 2022

Le NPA et Génération-s ont déjà dit oui.

C’est sur… BFM TV que, le 19 avril 2022, Jean-Luc Mélenchon a lancé un appel solennel à faire en sorte que, aux législatives 2022, son mouvement politique La France Insoumise, sous la forme d’une « Union populaire », dispose de suffisamment d’élus pour que ce soit lui qui devienne le premier ministre.

Jean-Luc Mélenchon reprend ici directement la stratégie de la gauche latino-américaine se revendiquant du castrisme et du guévarisme, avec une sorte de front « ample » pour faire face à l’oligarchie. Il parle ici de la mise en place d’un « front populaire avec des organisations syndicales, des associations et des forces politiques ».

Les bases pour cela ont été posées le 15 avril 2022, avec trois courriers envoyés : un au Nouveau Parti Anticapitaliste, un au PCF, le dernier à Europe Ecologie Les Verts. Le PCF a répondu dès le lendemain, plutôt favorablement. Le Nouveau Parti Anticapitaliste a répondu le 19 avril, très favorablement.

La direction d’Europe Écologie Les Verts y est défavorable, cependant le dirigeant Yannick Jadot, qui se rêvait un Emmanuel Macron en écologiste, a totalement échoué à la présidentielle et il y a ainsi une grande agitation dans le camp des modernistes et autres post-modernes bobos de gauche.

Génération-s, fondé par l’ex-socialiste Benoît Hamon (qui est depuis parti), qui avait rejoint Europe Écologie Les Verts, se soumet d’ailleurs entièrement à Jean-Luc Mélenchon et à son « Union populaire ».

« Le résultat de Jean-Luc Mélenchon donne à l’Union populaire la légitimité et la responsabilité d’organiser un cadre de rassemblement et de mobilisation pour les élections législatives. Une cohabitation doit être rendue possible. 

Génération.s répondra favorablement aux initiatives et propositions qui permettraient le rassemblement des écologistes et de la gauche, la mobilisation citoyenne et la victoire en juin d’une coalition parlementaire capable d’appliquer une politique pour le climat, la justice sociale et la démocratie. »
 

Cette tendance prédomine d’ailleurs, d’une manière ou d’une autre, dans la Gauche twitter (c’est-à-dire dont le seul média est Twitter), chez les étudiants adeptes des conceptions « inclusives » et post-moderne, auprès de la petite-bourgeoisie d’origine immigrée s’imaginant contestataire et pour qui la bourgeoisie c’est le 16e arrondissement de Paris (comme le Bondy Blog), dans tout un ensemble de gens de gauche déboussolés et ne se prenant pas en main pour agir eux-mêmes, etc.

On a ici une pression gigantesque, parce que, finalement, à moins de disposer d’une économie politique réelle, d’exiger le maintien des traditions de la Gauche historique sous une forme ou une autre, il est impossible de ne pas céder aux sirènes du populisme mêlé à un réformisme même pas approfondi (on est ici très loin du Programme commun de 1981).

Et même là, il y a aura une opération de « ringardisation » massive de ceux qui maintiennent le cap, renforçant d’autant plus la pression. Les tenants d’une convergence avec Jean-Luc Mélenchon dénonceront encore plus les conceptions « passéistes »de LO, du PRCF, du PCRF, du PCF(MLM), du PCOF, de Révolution permanente, et chercheront encore plus à les isoler.

De l’autre côté, dialectiquement si l’on veut, il y a un espace pour les défenseurs de la Gauche historique. Car le masque tombe. S’aligner sur Jean-Luc Mélenchon, c’est abandonner tout principe, toute utopie, toute filiation historique avec le mouvement ouvrier, pour passer dans le camp de la création d’un Parti Démocrate à l’américaine. Les deux lignes n’en apparaîtront que plus clairement.

Reste à tenir le choc dans leur affrontement politique. Et la clef, bien entendu, c’est la question de la guerre, de la tendance à la guerre, de l’OTAN comme machine de guerre. Car le capitalisme continue de s’enfoncer dans une crise ouverte en 2020, et la bulle Mélenchon n’y changera rien.

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Présidentielle 2022 : exemple d’errement avec le PCRF

Quel bric-à-brac !

Le grand souci de notre époque, c’est l’absence d’économie politique de la part des gens à gauche, qui se retrouvent à déverser tout et n’importe quoi sans cohérence aucune. C’est typique de la société de consommation, qui corrompt les mentalités.

C’est absolument flagrant pour le communiqué sur le premier tour de la présidentielle 2022 du Parti Communiste Révolutionnaire de France. Les deux premières phrases sont un scandale intellectuel, un exemple de corruption par la consommation. Les voici :

« Ce premier tour des Présidentielles 2022 témoigne de la crise politique engendrée par la crise générale du capitalisme. À plusieurs reprises, ces dernières années, il a été signifié que le pays « légal » n’est plus légitime. »

Il est parlé de « crise générale du capitalisme ». Quel est le problème?

Soit c’est de la fainéantise, parce que cette crise générale du capitalisme a commencé, selon le PCRF, en 1917. Expliquer une élection présidentielle en France en 2022 par un phénomène commencé depuis plus d’un siècle, s’étant développé pendant plus d’un siècle, c’est abusé. Si la crise générale du capitalisme est un arrière-plan général, alors c’est forcer les choses que d’en faire la source explicative de toutes les choses en particulier.

Soit c’est de l’escroquerie politique et morale, car ce sont les maoïstes qui considèrent qu’il y a une crise nouvelle, ouverte avec la pandémie, modifiant la situation et expliquant les événements.

On ne peut pas, comme le fait le PCRF, utiliser de temps en temps un concept aussi puissant que la « crise générale du capitalisme ». On l’utilise ou on ne l’utilise pas, mais on ne peut pas l’employer de manière subjectiviste.

Et que dire du propos selon lequel :

« le pays « légal » n’est plus légitime. »

Quelle honte ! Quelle fainéantise ! Car cette thèse du pays légal est de plus en plus utilisée par des gens cherchant à vouloir se montrer intelligents, maniant des concepts. Même Emmanuel Macron l’a fait en 2020, en disant :

« Le problème qu’on a, politiquement, c’est qu’on a pu donner le sentiment à nos concitoyens qu’il y avait un pays légal et un pays réel. Et que nous on savait s’occuper du pays légal – moi le premier -, et que le pays réel ne bougeait pas. »

Et ce concept de « pays légal » a été historiquement formulé par Charles Maurras, le grand idéologue du « nationalisme intégral » avec son mouvement l’Action française. Ne reconnaissant pas la République française, il dit que celle-ci représente une structure « légale » qui n’a pas de fondements dans le « pays réel ». Ce pays réel, ce sont les régions, les lieux locaux où se déroulent les rites religieux catholiques, la famille, les métiers organisés en corporations.

Le Parti Communiste Révolutionnaire de France considère-t-il que le « pays réel » consiste en les régions, les lieux locaux où se déroulent les rites religieux catholiques, la famille, les métiers organisés en corporations ? Certainement pas, mais alors quel est ce « pays réel » ? Et en quoi ce concept a-t-il un sens ?

Jamais le socialisme n’a expliqué qu’il existait un mur fondamental entre les classes et les institutions. C’est l’anarchisme qui dit cela, notamment avec le syndicalisme révolutionnaire. Le fascisme a directement repris a repris cette thèse anti « élites ».

Et le Parti Communiste Révolutionnaire de France est justement sur cette position anarchiste, en disant qu’il n’y a pas de différence de substance entre Emmanuel et Marine Le Pen. C’est le « ils se valent » typique de l’ultra-gauche. Les différences politiques seraient « fausses », ne représenteraient rien de concret, tous les hommes politiques seraient des marionnettes, etc.

D’où ces propos comme quoi une bourgeoisie monopoliste unifiée tirerait des ficelles, en ayant conscience d’elle-même.

« Alors, des différences entre Macron et Le Pen ? Dans le détail peut-être, mais sur le fond, l’un comme l’autre, c’est l’austérité, la galère, les libertés démocratiques foulées aux pieds, le chômage, la généralisation de la précarité. Toutes leurs propositions restent dans le cadre du capitalisme, toutes leurs propositions sont donc vouées à l’échec.

Derrière l’appel à faire barrage à Le Pen, ce qui est recherché, c’est le consensus derrière la politique que la bourgeoisie monopoliste, l’oligarchie financière, veulent voir mener. »

Ce n’est pas sérieux. Il est évident que s’il y a différents partis politiques, ils représentent des intérêts différents. N’est-il pas flagrant que l’orientation internationale d’Emmanuel Macron n’est pas la même que celle de Marine Le Pen?

N’est-ce pas d’une importance capitale alors qu’il y a la guerre en Ukraine, avec l’OTAN visant à s’étendre aux dépens de la Biélorussie et de la Russie?

Une telle différence ne peut-elle pas reposer que une confrontation au sein même de la grande bourgeoisie, entre les partisans d’une intégration à la démarche américaine, dans l’OTAN, et ceux voulant une aventure française en solitaire ?

Une position anarchiste ne permet pas de saisir la complexité du monde, ses contradictions, en raison d’une vision unilatérale.