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Société

Les 30 arguments du mouvement du Nid contre la prostitution

La prostitution est une véritable barbarie, une des pires expressions du patriarcat. Que des hommes puissent s’acheter le corps d’une femme (ou d’un jeune homme) est inacceptable pour la Gauche, la vraie gauche, celle du mouvement ouvrier, qui porte en elle le progrès social et culturel, et donc la morale populaire.

Tel n’est pas le point de vue de l’ultra-gauche et de toute une frange de la fausse Gauche, mais vraie libérale, qui défend la prostitution comme un soi-disant « travail du sexe ». Le mouvement du Nid, une organisation historique du féminisme, a produit une série de 30 questions/réponses qui ont pour but de synthétiser toute l’approche féministe opposée à la prostitution.

Cela mérite d’être connu, car la prostitution est très répandue dans notre société et elle dispose de nombreux défenseurs, parfois acharnés, parfois se prétendant « de gauche ».

Les 30 questions/réponses sont à consulter directement sur le site du mouvement du Nid en suivant ce lien :

https://mouvementdunid.org/prostitution-societe/dossiers/nos-30-arguments-en-faveur-de-labolition-de-la-prostitution/

Voici à titre d’exemple les deux premiers arguments, qui sont essentiels :

« — La prostitution, c’est une affaire privée qui regarde d’abord les personnes prostituées. Certaines aimeraient surtout qu’on les laisse tranquilles.

– — Reconnaître la « liberté » des personnes prostituées, leurs raisons personnelles, semble partir d’un bon sentiment. Faut-il pour autant valider un concept de «liberté de se prostituer» qui, sous couvert de vie privée sert d’abord les intérêts de ceux qui profitent de la prostitution : proxénètes et « clients ».

Devenus de respectables acteurs économiques dans certains pays, ils ne demandent pas mieux qu’on les laisse, en toute tranquillité et en privé, fournir et consommer des femmes.

Les défenseurs du système prostitueur, en nous qualifiant de putophobes, déplacent le curseur pour faire oublier que les abolitionnistes s’attaquent aux proxénètes et aux « clients » prostitueurs et non aux personnes prostituées !

Nous combattons toute forme de répression des personnes prostituées, et jamais nous n’intervenons sur la sexualité des personnes dans leur vie privée. Mais la prostitution ne relève pas de la vie privée : il s’agit d’un marché, d’une institution sociale qui affecte les rapports femmes/hommes et la société dans son ensemble. Et nous pensons que les personnes prostituées sont douées de compétences plus profitables pour la société comme pour elles-mêmes.

« — Il y a d’autres priorités. Il vaudrait mieux lutter contre la pauvreté et le chômage.

– — En période de crise, des personnes de plus en plus nombreuses et de plus en plus jeunes en sont réduites à devenir prostituées: c’est une véritable négation de leur droit à l’emploi, du droit à vivre libéré de la pauvreté et de la précarité. Ces situations de prostitution, résultantes des acci- dents de la vie, de problèmes économiques et sociaux dont on sait combien ils sont démultipliés par les inégalités sexistes, doivent être considérées au même titre que toutes les autres formes d’extrême pauvreté. Quelle politique globale en faveur de l’emploi, de la dignité et de l’égalité oserait les laisser dans l’ombre ? »

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Guerre

Arménie: une tribune de droite soutenue par des gens de «gauche»

S’il est une question où la Droite et la Gauche sont totalement séparés, c’est bien sur celle de la guerre. La Droite justifie celle-ci quand ça l’arrange ; la Gauche veut la justice et déteste le militarisme, l’expansionnisme.

Aussi ne doit-on pas être étonné de voir, dans la tribune de « soutien » à l’Arménie signée par 176 élus et publiée dans le Journal du Dimanche, des figures de la Droite et non des moindres. On a ainsi Laurent Wauquiez (président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes), Christien Estrosi (maire de Nice), Damien Abad (président du Groupe LR à l’Assemblée nationale), François-Xavier Bellamy (président de la délégation française du Groupe PPE), Valérie Pecresse (présidente de la Région Ile-de-France), etc.

La tribune exige en effet que la France intervienne, qu’elle prenne partie, bref qu’elle assume une politique néo-coloniale franche, ouverte. La France fait partie du groupe de Minsk qui depuis 25 ans cherche sans succès à réaliser un dialogue entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan : la tribune appelle à ce que cela cesse.

« Face à l’ensemble de ces événements, force est de constater que l’espace de neutralité dans lequel la France s’efforçait depuis plusieurs décennies de créer un chemin vers la paix n’existe plus (…).

Nous considérons que la diplomatie française doit réexaminer sa stratégie dans le conflit du Haut-Karabakh : dénoncer avec force l’agression azerbaïdjanaise et exiger l’arrêt immédiat des violences de la part de l’Azerbaïdjan sous peine d’un soutien massif aux autorités du Haut-Karabakh qui passera par la reconnaissance de leur légitimité pleine et entière. »

Cette dernière phrase implique naturellement un soutien militaire à l’Arménie ; le soutien « passera par la reconnaissance », mais évidemment il ne saurait se contenter de cela puisqu’il doit être « massif ».

On est là dans une prise de partie unilatérale tout à fait classique de la Droite, mais de nombreuses figures se revendiquant de la Gauche ont également signé cette tribune où on cherchera en vain une dimension démocratique. C’est comme si ne comptaient que les Etats et en rien les peuples.

On a ainsi les signatures d’Eliane Assassi (présidente du Groupe communiste républicain citoyen et écologiste au Sénat), de Clémentine Autain, de Raphael Glucksmann, de Benoît Hamon, d’Anne Hidalgo, de Yannick Jadot d’EELV, de Pierre Laurent du PCF, de Marie-Noëlle Lienemann, etc.

Il suffira de faire remarquer à ces gens une simple chose. Il est dit dans la tribune, au sujet du Haut-Karabakh :

« Ce territoire, berceau de la civilisation arménienne et dont la population fut de manière ininterrompue au cours de l’histoire composée essentiellement d’Arméniens »

C’est tout à fait vrai. Alors posons la question aux signataires de gauche : puisqu’il y a ce mot « essentiellement », il y a donc des gens qui ne sont pas arméniens. Ils sont azéris, kurdes, etc. Où sont-ils alors ?

Eh bien ils ne sont plus là, car ils sont été expulsés. La conquête du Haut-Karabakh par l’Arménie s’est accompagnée d’une politique d’expulsion massive. Il y a 800 000 réfugiés azerbaïdjanais, qui ont été éjectés de leurs foyers au nom de la pureté ethnique arménienne valable « depuis trois mille ans ». Car c’est de cela qu’il s’agit également.

Source : Wikipédia

Bien entendu, les fauteurs de guerre sont aujourd’hui l’Azerbaïdjan et à l’arrière-plan les va-t-en-guerre turcs. Il faut les dénoncer et c’est le principal. Il faut toutefois pour être authentiquement démocratique ne pas se mettre à la remorque d’un État arménien corrompu, bureaucratique, militariste, qui a unilatéralement décidé d’annexer une partie du territoire azerbaïdjanais.

L’ONU a par de nombreuses résolutions insisté là-dessus. Les signataires de gauche ont-ils conscient que leur tribune foule aux pieds le principe d’intégrité territoriale et que n’importe quel envahisseur peut pareillement justifier une intervention « libératrice » ? Ont-ils compris qu’ils démolissent le principe même de droit international et qu’ils contribuent au principe de poussée expansionniste ?

La vérité est que l’Arménie et l’Azerbaïdjan sont dirigés par des nationalistes, qui poussent au crime, qui veulent l’épuration ethnique, parce que pour eux l’autre peuple est constitué de monstres. Alors, oui il faut stopper l’Azerbaïdjan, mais cela ne peut être qu’au profit du peuple et ce peuple est constitué du peuple arménien et du peuple azerbaïdjanais.

Quelle idée de se remettre à la remorque tant de la Droite qui veut renforcer les positions stratégiques françaises que des fantasmagories annexionnistes des nationalistes d’Arménie !

Le pire de tout cela est que c’est fait au nom de l’Arménie. Et ce pays se retrouve maintenant le dos au mur, à jouer son existence, parce que des fanatiques ont ouvert la boîte de Pandore de la haine entre les peuples, la haine implacable, celle de l’épuration ethnique, de la liquidation.

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Politique

L’encyclique Fratelli tutti du pape

La nouvelle encyclique du pape a une forte résonance sociale, sans réelle originalité et montre surtout l’incapacité à aborder les vraies questions de fond.

Le pape François s’est rendu samedi 3 octobre sur la tombe de « saint » François d’assise, afin de signer une nouvelle encyclique, intitulé Fratelli tutti (Tous frères), un long texte programmatique en 287 paragraphes dont le sous-titre est « Sur la fraternité et l’amitié sociale ».

Il est très important, car il expose la stratégie catholique romaine, qu’il s’agit de combattre et ce n’est pas évident, car l’ennemi est intelligent et tenace. Déjà, il sait faire front, le pape exprimant un esprit d’alliance religieuse :

« Si pour la rédaction de [la précédente encyclique] Laudato si´  j’ai trouvé une source d’inspiration chez mon frère Bartholomée, Patriarche orthodoxe qui a promu avec beaucoup de vigueur la sauvegarde de la création, dans ce cas-ci, je me suis particulièrement senti encouragé par le Grand Iman Ahmad Al-Tayyeb [cité par ailleurs plusieurs fois dans l’encyclique] que j’ai rencontré à Abou Dhabi pour rappeler que Dieu « a créé tous les êtres humains égaux en droits, en devoirs et en dignité, et les a appelés à coexister comme des frères entre eux ». Ce n’était pas un simple acte diplomatique, mais une réflexion faite dans le dialogue et fondée sur un engagement commun. »

Toute la fin de l’encyclique consiste d’ailleurs en une sorte de présentation du rôle des « religions au service de la fraternité dans le monde »

Cela n’a cependant rien de nouveau et les Français connaissent ce front, dont s’est par ailleurs toujours moqué Charlie Hebdo. Non, ce qui est bien plus pernicieux, c’est la démagogie anti-capitaliste du catholicisme romain, sa dénonciation des grandes entreprises capitalistes et de l’idéologie postmoderne qui va avec.

Le pape François paraphrase le discours de la Gauche historique, pour évidemment tout ramener à une question « spirituelle », la religion étant présentée comme le seul vrai refuge d’un monde anonyme, individualiste et cynique.

« ‘‘S’ouvrir au monde’’ est une expression qui, de nos jours, est adoptée par l’économie et les finances. Elle se rapporte exclusivement à l’ouverture aux intérêts étrangers ou à la liberté des pouvoirs économiques d’investir sans entraves ni complications dans tous les pays.

Les conflits locaux et le désintérêt pour le bien commun sont instrumentalisés par l’économie mondiale pour imposer un modèle culturel unique. Cette culture fédère le monde mais divise les personnes et les nations, car « la société toujours plus mondialisée nous rapproche, mais elle ne nous rend pas frères ».

Plus que jamais nous nous trouvons seuls dans ce monde de masse qui fait prévaloir les intérêts individuels et affaiblit la dimension communautaire de l’existence. Il y a plutôt des marchés où les personnes jouent des rôles de consommateurs ou de spectateurs.

L’avancée de cette tendance de globalisation favorise en principe l’identité des plus forts qui se protègent, mais tend à dissoudre les identités des régions plus fragiles et plus pauvres, en les rendant plus vulnérables et dépendantes. La politique est ainsi davantage fragilisée vis-à-vis des puissances économiques transnationales qui appliquent le ‘‘diviser pour régner’’.

C’est précisément pourquoi s’accentue aussi une perte du sens de l’histoire qui se désagrège davantage. On observe la pénétration culturelle d’une sorte de ‘‘déconstructionnisme’’, où la liberté humaine prétend tout construire à partir de zéro.

Elle ne laisse subsister que la nécessité de consommer sans limites et l’exacerbation de nombreuses formes d’individualisme dénuées de contenu. »

Il faut cependant bien que l’Église catholique romaine trouve des ressorts : il ne suffit pas de paraphraser, il faut des vecteurs. Ici, il y a des choses nouvelles et des choses traditionnelles. Pour ces dernières, on retrouve le combo classique désespoir/espérance : les migrants vont être de plus en plus nombreux et sont une heureuse allégorie de l’humanité en quête d’Espoir, il faut donc suivre l’appel à l’amour du nouveau testament, etc.

C’est le style « minimaliste », frugal, anticapitaliste romantique traditionnel, dont voici une illustration :

« Lorsque nous parlons de protection de la maison commune qu’est la planète, nous nous référons à ce minimum de conscience universelle et de sens de sollicitude mutuelle qui peuvent encore subsister chez les personnes.

En effet, si quelqu’un a de l’eau en quantité surabondante et malgré cela la préserve en pensant à l’humanité, c’est qu’il a atteint un haut niveau moral qui lui permet de se transcender lui-même ainsi que son groupe d’appartenance.

Cela est merveilleusement humain ! Cette même attitude est nécessaire pour reconnaître les droits de tout être humain, même né ailleurs. »

À lire l’encyclique on voit d’ailleurs très bien comment une large partie de la gauche et de l’ultra-gauche consiste en fait en des cathos de gauche, tellement le thème des migrants y est omniprésent (dans une tradition catholique de plus d’un siècle d’ailleurs concernant ce thème bien précis).

Parmi les thèmes nouveaux, en tout cas remarquables pour une encyclique, on a : une forte insistance sur la dénonciation des mafias, la critique appuyée des réseaux sociaux sur internet, une série de considérations approfondies sur le localisme et ses avantages, la réalisation d’une civilisation de l’amour par l’amour social et politique et la discussion publique, l’appel à mettre la personnalité individuelle au-dessus de tout.

Le pape reprend en fait toute la rhétorique du « personnalisme » du philosophe catholique français Emmanuel Mounier (1905-1950), pour qui la transcendance religieuse est ce qui préserve le noyau dur de la personnalité contre le totalitarisme du collectivisme.

Le pape François cite d’ailleurs à ce sujet le pape Jean-Paul II du même esprit et visant très clairement la lutte des classes, le Socialisme.

« Dans ce sens, je voudrais rappeler un texte mémorable : « S’il n’existe pas de vérité transcendante, par l’obéissance à laquelle l’homme acquiert sa pleine identité, dans ces conditions, il n’existe aucun principe sûr pour garantir des rapports justes entre les hommes. Leurs intérêts de classe, de groupe ou de nation les opposent inévitablement les uns aux autres.

Si la vérité transcendante n’est pas reconnue, la force du pouvoir triomphe, et chacun tend à utiliser jusqu’au bout les moyens dont il dispose pour faire prévaloir ses intérêts ou ses opinions, sans considération pour les droits des autres. […]

Il faut donc situer la racine du totalitarisme moderne dans la négation de la dignité transcendante de la personne humaine, image visible du Dieu invisible et, précisément pour cela, de par sa nature même, sujet de droits que personne ne peut violer, ni l’individu, ni le groupe, ni la classe, ni la nation, ni l’État.

La majorité d’un corps social ne peut pas non plus le faire, en se dressant contre la minorité » [St. Jean-Paul II, Lettre enc. Centesimus annus (1er mai 1991)]. »

Ce qui est frappant c’est que n’importe qui de la « gauche » postmoderne sera ici tout à fait d’accord avec les papes François et Jean-Paul II dans cette défense de « l’individu » unique en son genre contre l’horrible totalitarisme universaliste.

Cela en dit long également sur comment le pape François est un produit marketing jésuite, qui fait passer la même camelote religieuse mais en présentant de manière « inclusive ». Les deux derniers paragraphes de l’encyclique valent ici le détour.

Le pape François fait l’éloge de Martin Luther King, Desmond Tutu, Mahatma Mohandas Gandhi pour appuyer son long propos sur… Charles de Foucauld (1858-1916), un Français ancien militaire à l’esprit colonial basculant dans le fanatisme catholique et allant jouer les ermites au Sahara !

« Dans ce cadre de réflexion sur la fraternité universelle, je me suis particulièrement senti stimulé par saint François d’Assise, et également par d’autres frères qui ne sont pas catholiques : Martin Luther King, Desmond Tutu, Mahatma Mohandas Gandhi et beaucoup d’autres encore.

Mais je voudrais terminer en rappelant une autre personne à la foi profonde qui, grâce à son expérience intense de Dieu, a fait un cheminement de transformation jusqu’à se sentir le frère de tous les hommes et femmes. Il s’agit du bienheureux Charles de Foucauld.

Il a orienté le désir du don total de sa personne à Dieu vers l’identification avec les derniers, les abandonnés, au fond du désert africain. Il exprimait dans ce contexte son aspiration de sentir tout être humain comme un frère ou une sœur, et il demandait à un ami : « Priez Dieu pour que je sois vraiment le frère de toutes les âmes […] ».

Il voulait en définitive être « le frère universel ». Mais c’est seulement en s’identifiant avec les derniers qu’il est parvenu à devenir le frère de tous. Que Dieu inspire ce rêve à chacun d’entre nous. Amen ! »

On remarquera pour conclure que l’encyclique n’aborde la pandémie simplement qu’en passant et qu’elle n’est jamais abordée telle quelle comme une actualité. C’est intellectuellement paradoxal car l’encyclique précédente traitait d’écologie… Mais en même temps le pape ne peut pas assumer le réalisme et constater que la crise sanitaire vient d’un rapport désaxé à la nature : son but est d’amener à la spiritualité.

C’est là d’ailleurs un très bon argument. La crise sanitaire pose la question du rapport à la nature, notamment aux animaux, et le pape parle d’amour social et des migrants. C’est totalement déconnecté de ce que l’époque nous impose comme réflexion.

 

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Culture

Working Men’s club sort son premier album

Working Men’s club est un groupe de musique « indé » anglais. Au mois d’août, le groupe a réalisé un clip de la dernière chanson de son nouvel album au titre éponyme du groupe sortie officiellement ce vendredi 2 octobre 2020, après quelques productions notables déjà.

On sait ce que l’Angleterre a apporté à la musique alternative, allant du rock au post-punk en passant par le punk tout court. La vague des « sixties » a été d’une très grande profondeur culturelle, produisant des artistes d’une très haute valeur artistique, tout en étant marquée par la culture populaire, voir carrément ouvrière. L’apport géniale de la classe ouvrière anglaise, c’est bien sa production culturelle.

« Working Men’s Club » est un pur produit de cet héritage, synthétisant ce qu’il y a meilleur tout en composant de manière admirable avec la techno américaine de Détroit. Le groupe est issu du nord-ouest de l’Angleterre, et plus précisément de Todmorden, une petite ville de 15 000 habitants qui s’est bâtie au XIXe siècle sur l’industrie textile cotonnière. Il est nullement étonnant que le nom du groupe tire son origine des clubs de la classe ouvrière nés au même moment dans le nord du pays pour apporter sociabilité et culture aux travailleurs.

Il suffit d’apprécier le morceau « Valleys » (vallée) pour se convaincre de l’énième contribution musicale de la classe ouvrière la culture universelle mondiale. Au magazine « Dork », Syd, membre du groupe décrit :

« Valleys’ is probably the most honest song on the record and I guess sets a premise for the rest of the album, growing up in a small town and trying to escape »

(«  »Valleys » est probablement la chanson la plus honnête du disque et je suppose qu’elle pose un postulat pour le reste de l’album, celui de grandir dans une petite ville et d’essayer de s’échapper »)

On a là résumé toute la tourmente existentielle de la jeunesse ouvrière des campagnes dans les pays capitalistes développés. Il suffit de lire les paroles pour se convaincre de la très juste description de ce sentiment psychologique. D’ailleurs, le clip a été tourné juste après le confinement du printemps, ce qui ajoute à la fraîcheur de l’oeuvre.

Voici le clip :

En voici les paroles, avec la traduction :

Trapped inside a town / Piégé dans une ville
Inside my mind / Dans mon esprit
Stuck with no ideas / Coincés sans idées
I’m running out of time / Je n’ai plus de temps à perdre
There’s no quick escape / Il n’y a pas d’échappatoire rapide
So many mistakes / Tant d’erreurs

I’ll play the long game / Je vais jouer le jeu de la longueur
Winter is a curse / L’hiver est une malédiction
And this valley is my hearse / Et cette vallée est mon corbillard
When will it take me to the grave? / Quand me conduira-t-elle à la tombe ?

Why is the night just so strong? / Pourquoi la nuit est-elle si forte ?
I’m feeling broken again / Je me sens à nouveau brisé
So many voices fight / Tant de voix se battent
The fusion is right as the sense / La fusion est aussi juste que le sens

Why is the night just so strong? / Pourquoi la nuit est-elle si forte ?
I’m feeling broken again / Je me sens à nouveau brisé
So many voices fight / Tant de voix se battent
The fusion is right as the sense / La fusion est aussi juste que le sens
There’s a reason for this life / Il y a une raison à cette vie

The soul just a light / L’âme n’est qu’une lumière
Have you ever thought about it? / Y avez-vous déjà pensé ?
There’s no reason for this life / Il n’y a aucune raison à cette vie
The soul just a lie / L’âme n’est qu’un mensonge
You need to think about it / Vous devez y réfléchir

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Guerre

Les Palestiniens, grands perdants de la crise mondiale

S’il est à la mode à l’ultra-gauche de profiter de la question palestinienne pour se faire valoir, la situation en Palestine même se dégrade toujours plus et un soutien démocratique se fait urgent.

L’élection de Donald Trump avait ouvert une nouvelle séquence très difficile pour les Palestiniens, mais l’irruption de la crise rend la situation intenable. Pour preuve, on a la normalisation avec l’État israélien de la part des Émirats arabes unis et du Bahreïn. C’est une fissure dans un front du refus du côté arabe et la tendance ne peut aller que dans ce sens là.

En effet, alors que les affrontements entre États vont se faire de plus en plus violents, qui va penser à aider les Palestiniens, alors que ceux-ci sont divisés qui plus est ? Les Palestiniens risquent littéralement de se retrouver totalement isolés et d’être écrasés, lentement mais sûrement, par vagues successives. C’est d’ailleurs ce qui se passe depuis 1948.

Cette pression est tellement grande que, ces derniers jours, l’OLP (bureaucratique et corrompue) et le Hamas (islamiste et féodal) ont entamé des discussions. Or, comme on le sait, l’OLP (avec sa principale composante, le Fatah) domine l’Autorité palestinienne en Cisjordanie et le Hamas Gaza. Leur capacité à s’unir est terriblement faible, voire inexistante.

Les deux sont en fait prêts à s’unir… mais à condition de prendre la direction. Cela n’a rien de nouveau : depuis 2017 pour le Hamas et 2018 pour le Djihad islamique, il y a l’acceptation d’une nouvelle OLP, avec les factions laïques et religieuses cette fois. Cependant, là, tout s’accélère, la crise fait que la Palestine doit exister vide, ou ne pas exister du tout.

Le grand problème, on le sait bien, c’est que les Palestiniens ne parviennent pas à trouver une unité populaire qui leur conférerait l’élan nécessaire. La Gauche palestinienne, auparavant si puissante notamment à Gaza, a été balayée et si le FDLP et le FPLP subsistent, ils n’ont pas la dynamique pour s’extirper du pétrin où ils se retrouvent depuis 1989 (ils avaient en effet choisi de se situer dans le camp soviétique).

On pourrait penser que la Gauche française, si tournée vers la Palestine, pourrait aider à débloquer la situation. Malheureusement, pour elle, la question palestinienne est un outil. Il y a des aides humanitaires, un soutien politique en général, parfois un soutien à telle ou telle organisation, mais il n’y a aucune mise en perspective et c’est un choix, un choix opportuniste. L’idée est simple : pourquoi faire de la politique, parce que c’est de cela qu’il s’agit, alors qu’on peut faire du clientélisme en se donnant une bonne image auprès des gens d’origine arabe simplement en arborant un drapeau palestinien ?

Pourquoi s’ennuyer à analyser la situation et à chercher un espace démocratique, alors qu’il suffit de dénoncer « les sionistes » pour acquérir automatiquement une image « anti-impérialiste »? Pourquoi chercher le dialogue avec la Gauche palestinienne alors que, de toutes façons, l’important n’est pas de dialoguer, mais d’obtenir une aura ?

Ce qui est dramatique, c’est que si l’on regarde la situation depuis 1948, la Palestine perd toujours du terrain. Si l’on omet la période des années 1960-1970, où par la force la question palestinienne s’est imposée à l’opinion publique mondiale, c’est à la fois l’isolement et le recul face à un État israélien dépendant économiquement et militairement de la puissance américaine omniprésente dans le pays.

Les prochaines années, les prochains mois même, vont être véritablement décisifs. Si les Palestiniens ne parviennent pas à relancer leur processus d’affirmation et d’unité, ils vont se faire broyer par une crise mondiale consistant en une compétition toujours plus armée des grandes puissances. C’est d’ailleurs évidemment le rêve israélien que de se débarrasser définitivement de la question palestinienne en la remplaçant par la question de confettis territoriaux.

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Écologie

Alpes-Maritimes: le groupe d’entraide lancé par France 3 Côte d’Azur suite à la tempête

Le département des Alpes-Maritimes a été violemment touché par la tempête Alex et les inondations qui ont suivies. Les dégâts matériels et humains recensés pour l’instant sont déjà très importants. France 3 Côte d’Azur a mis en place un réseau d’entraide, pour faire face directement et concrètement à l’urgence, particulièrement en ce qui concerne le logement dans un premier temps, et pour entamer ensuite le plus vite possible l’aide aux déblaiements, nettoyages, réparations, etc.

On retrouvera ce groupe sur la page Facebook suivante :

https://www.facebook.com/groups/2963589443868657/

Voici l’article de France 3 Côte d’Azur :

« France 3 Côte d’Azur met en place un groupe de solidarité et d’entraide aux sinistrés

France 3 Côte d’Azur met en place un groupe de solidarité et d’entraide suite aux violentes inondations de ce 2 octobre.

Pluies diluviennes et crues brutales ont laissé des villages coupés du monde dans les Alpes-Maritimes où des centaines de pompiers sont mobilisés ce samedi 3 octobre pour retrouver huit personnes portées disparues, tandis qu’un gendarme a été retrouvé sain et sauf.

Vous êtes très nombreux à rechercher des nouvelles d’un proche. Vallée de la Roya, de la Vésubie et de la Tinée sont les trois sites les plus touchés par la déferlante qui s’est abattue sur les Alpes-Maritimes. 12 000 clients sont toujours privés d’électricité à cette heure.
Des personnes sans logement peuvent ainsi être aidées. Nous avons rencontré des habitants bloqués sur le littoral à cause du déluge :

Si vous voulez donner un coup de main, d’une manière ou d’une autre, France 3 Côte d’Azur se mobilise et vous permet d’échanger pour venir en aide aux sinistrés.

> Rendez-vous sur notre groupe Facebook de solidarité pour partager vos messages, vos idées, vos coups de pouce :

Merci de votre aide, elle sera précieuse pour accueillir des gens sans logement, donner des vêtements propres, proposer de l’aide pour nettoyer ou réparer sur place.
L’armée va être mobilisée pour ravitailler des villages isolés après les intempéries dans l’arrière-pays niçois et surtout pour évacuer des personnes à la santé fragile ou dont la maison a été gravement endommagée. »
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Société Vie quotidienne

Ragwear, un streetwear vegan normal et donc classe

La marque allemande Ragwear est à la fois ouverte et exigeante ; elle réussit à ouvrir un chemin pour le moins incontournable.

Ragwear est une marque allemande qui est assez proche de l’esprit d’iriedaily, mais sans la prétention alternative, ce qui amène paradoxalement un style beaucoup plus grand public et accessible, avec un esprit même peut-être plus authentique, parce que plus simple, plus neutre, sans agressivité.

Fondée en 1997 sur une base streetwear liée à la culture skate, la marque s’est aperçue des conditions terribles qu’implique la production de denim en Afrique en termes de conditions de travail et de pollution de l’eau. Elle a alors tout changé et en 2007 elle est devenue une marque strictement vegan accordant une place essentielle au refus de polluer.

Comme chez Iriedaily, on a pareillement sur Facebook les photos des travailleurs chinois produisant les habits ainsi que des lieux de travail, des employés, mais chez Ragwear on a également régulièrement des photos d’animaux, avec également des appels aux dons, la marque parrainant également une vache arrivée dans un refuge spécialisé pour vaches, etc. On est davantage dans une modernité vegan que dans un style branché urbain comme fin en soi.

Cela implique bien entendu un style moins tranché, moins cassant sur le plan graphique, mais de ce fait quelque chose de moins masculin urbain. La touche féminine est marquée et il est intéressant de savoir que les designers se trouvent à Prague, ce qui joue certainement sur le côté neutre et fleuri.

Cela interpellera forcément, parce qu’on sort clairement de la course au bizarre ou au grotesque qui est le pendant de la compétition au sein du streetwear, puisque le principe sous-jacent est de se faire remarquer en ville. C’est toute la difficulté de la question du style alors que le capitalisme corrompt les designers et les gens en général, imposant une fuit effrénée dans le remarquable. Ragwear se sort de cette problématique par un côté clairement tourné vers les gens normaux et par un souci fondamental : celui d’être sympathique et du bon côté.

Ragwear produit des t-shirts manches longues et courtes, des chemises, des sweatshirts, des blousons, des robes, des hauts et des pantalons ; on notera que son site dispose d’une version en français, ce qui est valable pour les sympathiques articles du magazine.

La marque mérite clairement d’être connue en France et il est évident qu’elle le sera, parce qu’elle propose ce qui est tout à fait dans l’air du temps. L’exigence posée par Ragwear correspond à quelque chose de tout à fait populaire : simple et vegan, urbain mais sans pousser à une distinction artificielle. Ce qui est classe, somme toute.

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Politique

Une de Valeurs Actuelles sur la chasse: les Donald Trump à la française

La chasse est de plus en plus remise en cause et le magazine Valeurs Actuelles tente de mobiliser en sa faveur sur un mode populiste, afin de galvaniser la Droite.

Valeurs Actuelles, c’est la Droite qui se prétend relever d’un héritage, d’une tradition française, alors qu’en fait ce sont surtout des beaufs aisés, dont le credo est « ne m’emmerdez pas ». Ce sont nos Donald Trump à nous et ils se lâchent de plus en plus ; le polémiste Éric Zemmour relève de cette sphère à la fois inculte, provocatrice et arrogante. D’ailleurs il est cité par « VA » à propos de la chasse dans ce numéro.

Tous ces gens se donnent une image de traditionaliste, mais ils relèvent en fait du beauf dans son SUV qui fonce à toute allure sur les routes et vient se coller à une voiture qui a le malheur de doubler, en pestant et exigeant que celle-ci se rabatte immédiatement pour le laisser passer !

Il n’y a qu’à lire régulièrement Valeurs Actuelles pour s’en rendre compte : c’est très bien fait, très lisse, très propre, mais ce n’est même plus conservateur, tout est tellement pourri par le libéralisme que ce n’est même plus possible. C’est la bourgeoisie décrite par Balzac en encore plus décadente, relativiste, opportuniste… beauf. D’ailleurs, le niveau de Valeurs Actuelles, intellectuellement, culturellement, est terriblement faible. Il n’y a rien du raffinement à la Française, de la littérature française, de la gastronomie française, de la mode française, etc.

Tout n’est que caricature, paraître, et grossièreté… et surtout propriété. Or, il faut savoir mobiliser le peuple pour défendre la propriété et cela ne peut être fait que sur une base beauf. Aussi, pour son numéro du 1er au 7 octobre 2020, le magazine titre « arrêtez d’emmerder les chasseurs » et propose un dossier à ce sujet.

Le titre est bien trouvé, car naturellement « chasseurs » pourrait être remplacé par fumeurs, automobilistes, pollueurs, machos, etc. Dans le prolongement de cette approche, la Jeanne d’Arc en couverture est une égérie Instagram utilisée massivement par les chasseurs ces derniers temps. C’est un excellent exemple de populisme à la Trump et cela en dit long que des « traditionalistes » utilisent ce genre de personnage vide et totalement surfait, typique de la « modernité » capitaliste.

Aussi ne faut-il pas s’étonner que le dossier en question soit vide, sans aucune analyse de fond, avec seulement des diatribes et la tentative de parvenir à vendre du rêve au « petit homme » à qui on donne l’espoir d’un jour, lui aussi, faire comme les beaufs riches. Willy Schraen, président de la Fédération des chasseurs, résume cela ainsi :

« Pour beaucoup de gens, rouges dedans et verts dehors, la chasse à courre, c’est la chasse des rois. Sauf que, depuis le 4 août 1789, le Français lambda a le droit de la pratiquer. »

Plus fort que le rêve américain, le rêve français : toi aussi tu peux devenir riche et pratiquer la chasse à courre à cheval ! Voilà le sens de la République bourgeoise ! Cette rhétorique « 1789 » traverse l’esprit du dossier : avec la Révolution française, la chasse se serait démocratisée, elle ne serait plus l’apanage des aristocrates, désormais tout est possible, pour tout le monde ! Liberté, propriété, chasse en gilet !

C’est une manière de gommer, en ce qui concerne la chasse à courre, qu’elle est en fait très prisée au XIXe siècle par toute une frange de la bourgeoisie française s’imaginant une filiation aristocratique. En 1854, dans le Sport à Paris, une sorte d’annuaire mondain qui a préfiguré l’arrivée du sport moderne en France, on peut par exemple lire toute un éloge de la chasse à courre, très prisée alors des bourgeois parisiens les plus modernes.

Et c’est une manière de faire un contre-feu au désintérêt croissant pour la chasse, voire un mépris. Car les choses apparaissent clairement : la chasse ne relevait pas de la démocratie, du peuple dans ce qu’il est civilisé, mais de mœurs arriérées d’une société arriérée. Or, nous sommes désormais au 21e siècle. La société évolue, le raffinement prend toujours plus de place, l’exigence culturelle populaire se fait chaque jour plus grande et comme le peuple aime les animaux, alors ceux-ci sont forcément intégrés à l’évolution de la société toute entière.

Valeurs Actuelles se place à rebours de cette direction et en ce sens elle tente de renforcer la Droite… À nous de renforcer la Gauche, en assumant de se tourner comme il faut vers les animaux.

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Guerre

Vers la guerre: les peuples d’Arménie et d’Azerbaïdjan victimes de grandes manœuvres

La guerre au Haut-Karabagh a, bien entendu, des raisons d’une bien plus grande ampleur qu’un simple conflit local : derrière, on a les manœuvres militaristes de puissances expansionnistes, conquérantes.

Le premier ministre arménien Nikol Pachinian a accordé une interview au Figaro le 2 octobre 2020 et dès la première question, il révèle le fond de la question alors qu’au Haut Karabagh, la guerre fait rage entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.

« Le Figaro : Vous accusez l’Azerbaïdjan d’être soutenu militairement par la Turquie. De quelles preuves disposez-vous ?

Nikol Pachinian : Oui nous avons des preuves. La Russie, la France et l’Iran ont déjà reconnu l’implication de l’armée turque dans l’offensive de grande ampleur contre l’Artsakh [= le Haut Karabagh du point de vue des Arméniens pro-annexion]. »

On aura naturellement compris que dès le départ le premier ministre arménien insiste sur trois puissances épaulant l’Arménie et refusant l’expansionnisme turco-azéri : la Russie qui maintient l’Arménie comme satellite, l’Iran qui est juste sous l’Arménie géographiquement et ne veut pas de présence turque, la France qui est une grande puissance cherchant à satelliser également autant qu’elle le peut.

Or, il y a un souci dans ce panorama. L’Arménie a en effet connu un soulèvement populaire en 2018 et Nikol Pachinian est arrivé au pouvoir comme représentant des forces pro-Union européenne, la ligne officielle étant de décrocher doucement mais sûrement de la Russie.

Les forces pro-russe au pouvoir auparavant étaient farouchement nationalistes et agressives quant à la question du Haut-Karabagh et Nikol Pachinian a modifié la ligne. Il y a alors eu dans la foulée l’établissement d’une ligne directe entre les gouvernements d’Arménie et d’Azerbaïdjan, alors que les incidents à la frontière se sont pratiquement éteints.

Mais Nikol Pachinian a cédé devant les forces agressives en Arménie ; il est allé au Haut-Karabagh en août 2019 et a dit : « le Karabach, c’est l’Arménie, point final ». Le président azéri Ilham Aliyev lui a répondu par : « le Karabach, c’est l’Azerbaïdjan, point d’exclamation ! ».

On a ici une démagogie nationaliste de la part de gens représentant des couches dominantes jouant à la guerre avec leurs propres peuples. Et avec la crise économique, politique, militaire… ouverte par la crise sanitaire du covid-19, tout cela a pris une ampleur explosive à laquelle les protagonistes ne s’attendaient pas forcément.

La situation est déjà mauvaise à la base, mais désormais, la crise précipite tout, les tensions s’aiguisent comme jamais, la fuite dans la guerre devient une règle. Comment faire sinon pour trouver les milliards et les milliards dépensés pour sauver les économies et les couches dominantes ?

Les démagogues nationalistes se retrouvent ainsi pris au piège de leur démarche qu’ils doivent, qu’ils le veulent ou non, suivre jusqu’au bout. Les dirigeants arméniens se retrouvent dans un piège qu’ils ont eux-mêmes participé à tendre. Cela est d’autant plus vrai que… l’Azerbaïdjan est également un satellite russe et que la Turquie fait un forcing généralisé pour s’en faire son propre satellite, au nom de leur proximité historique définie de manière extrapolée par le principe « une nation, deux États ».

La Russie cherche donc à revenir en force auprès de son satellite arménien, alors que la Turquie cherche à s’implanter coûte que coûte dans une Azerbaïdjan satellisée par la Russie… et ce sont les peuples qui en paient le prix. La Russie a d’ailleurs annoncé le premier octobre qu’elle s’efforçait avec la Turquie de trouver une solution. Les peuples devront donc se soumettre aux injonctions et s’ils ne le font pas, ils seront pousser à un processus menant au bain de sang.

C’est le chantage poussé dans des proportions toujours plus insoutenables par la crise. Il faut le drapeau rouge de l’amitié des peuples, sinon la conflagration est inévitable !

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Guerre

Qui sauvera l’Arménie de l’expansionnisme turc?

La guerre fait rage entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, avec à l’arrière-plan l’expansionnisme turc.

Qui aidera l’Arménie face à l’expansionnisme turc ? La situation est dramatique. L’Arménie se retrouve entourée de deux terribles ennemis, la Turquie et l’Azerbaïdjan, avec qui elle n’a aucune relation diplomatique. D’ailleurs, 834 kilomètres des 1000 formant ses frontières sont fermés ! Et elle n’a que trois millions d’habitants, alors qu’il y a 10 millions d’habitants en Azerbaïdjan et 82 millions en Turquie.

Ce n’est pas moins que l’existence même de l’Arménie qui est ainsi en jeu, alors que la guerre arméno-azérie fait rage au Haut-Karabagh. L’Azerbaïdjan revendique la mort de 2300 « séparatistes » arméniens, la destruction de 130 chars, 200 pièces d’artillerie, 25 batteries antiaériennes et de missiles sol-air S-300. L’Arménie revendique la destruction de 137 chars et blindés, de 72 drones et 7 hélicoptères et d’un avion militaire, ainsi 790 soldats azerbaïdjanais tués, et 1 900, blessés.

Qui aidera l’Arménie face à l’expansionnisme turc ? Certainement pas les dirigeants bureaucratiques et corrompus de l’Arménie, ni les grands bourgeois arméniens vivant à l’étranger, qui trahissent le peuple au profit de fantasmes grand-arméniens. Car seule la démocratie peut se confronter efficacement à l’expansionnisme et au militarisme… et l’expansionnisme et le militarisme turcs sont d’une virulence absolument terrible.

La Turquie a compris qu’elle ne serait pas en mesure de bousculer la Grèce en Méditerranée comme elle l’espérait, alors qu’en plus la France est intervenue et qu’elle est une grande puissance militaire maritime. Alors elle s’appuie sur l’Azerbaïdjan pour renforcer sa perspective panturque, voire pantouranienne, puisque l’objectif c’est « l’unité » de tous les peuples « turcs » jusqu’à la Chine.

L’objectif c’est – outre de provoquer la Grèce et la France indirectement – de chasser la population arménienne du Haut-Karabakh et même de démolir l’État arménien lui-même, afin d’étendre le territoire azérie. C’est l’existence même qui est en jeu. Elle le sait, elle se militarise depuis trois décennies afin d’être en mesure de préserver son existence, mais le régime étant corrompu, bureaucratique, il n’y a pas de mobilisation démocratique et de quête d’appuis internationaux sur une base démocratique. L’Arménie se retrouve seul, étant tombé dans le piège du nationalisme.

La question du Haut-Karabagh avait justement été subtilement réglé par l’URSS. Lénine et Staline voulaient neutraliser les nationalismes dans une partie du monde où ce travers était particulièrement prégnant. Ils ont ainsi rattaché le Haut-Karabagh, à majorité arménienne mais liée depuis quelques centaines d’années à l’Azerbaïdjan, notamment par l’intermédiaire de populations nomades, à la république soviétique d’Azerbaïdjan. Cependant, le Haut-Karabagh a obtenu une grande autonomie culturelle.

Cela a « forcé » l’Azerbaïdjan à reconnaître la culture arménienne et l’Arménie à se tourner vers l’Azerbaïdjan où vivait une minorité arménienne. Qui plus est, à l’ouest de l’Arménie et sans frontière avec l’Azerbaïdjan, se trouvait la République soviétique autonome du Nakhitchevan. Cela forçait d’autant plus à des interrelations arméno-azérie, pour deux peuples qui par ailleurs ont un parcours historique déjà fortement lié, comme en témoigne la culture commune des bardes, les ashiks.

Les peuples de l’Azerbaïdjan et de Turquie ne veulent pas la guerre. Mais ils sont entraînés par le nationalisme, le militarisme, l’expansionnisme. Il est pourtant possible d’empêcher cela. Il faut un drapeau de la démocratie qui soit fortement levé, qui assume l’internationalisme des travailleurs, l’amitié entre les peuples. Seul un tel drapeau peut amener le soulèvement face aux forces réactionnaires et on sait bien qu’en Turquie, et même en Azerbaïdjan, les forces en faveur de la démocratie existent, mais ont besoin d’aide. Il en va de la survie même de l’Arménie.

Seule la mobilisation démocratique des peuples du monde, à l’échelle la plus grande et en particulier dans le Caucase, peut sauver l’Arménie !

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Écologie

«Des mesures très floues» dit One Voice à propos des annonces sur les animaux sauvages captifs

Les annonces de la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili sur le « bien-être de la faune sauvage captive » ont suscité un sentiment de victoire chez beaucoup de personnes et certaines associations de la protection animale.

Cet enthousiasme a une certaine légitimé, mais il ne faut pas pour autant être crédule et il faudra des choses concrètes avant de commencer à être satisfait. C’est en tous cas le point de vue des personnes ayant une grande expérience et une grande connaissance de la question, acquise dans la pratique quotidienne et pleine d’abnégation de la protection animale.

Ainsi, on ne sera pas étonné que l’association One Voice, comme à son habitude, se distingue par sa grande lucidité et remarque que les annonces du gouvernement sont « très floues », sans engagement concret, reflétant « la mollesse de notre pays en la matière. »

Selon One Voice, et nous ne pouvons que partager ce point de vue, « la France était et reste donc complètement à côté de la plaque, à rebours des attentes sociétales. »

Nous republions ici l’article de Julia Mothé de One voice, initialement publié sur le site de One voice, qui résume parfaitement la situation ( One voice étant à la pointe du combat sur ces sujets depuis des années) :

« Animaux sauvages captifs : des mesures très floues

Barbara Pompili vient d’annoncer les mesures sur le bien-être animal, attendues depuis plus d’un an, et résultant de groupes de travail dont nous avons fait partie avec les autres associations de défense animale, et les ministres concernés. D’ailleurs, de quoi parle-t-on exactement? D’une loi? D’ordonnances? D’arrêtés? Comme trop souvent en France à ce sujet, on a attendu bien longtemps pour des avancées floues et minimales. Mais personne n’est dupe. Ces mesures vont dans le bon sens, mais sont trop faibles, sont loin de balayer assez de sujets et se situent bien en deçà des attentes sociétales !

Cinq ans pour fermer 4 élevages de visons dont 2 sont traînés en justice ? Il était grand temps!

En quatre ans, sept élevages de visons ont fermé. Il n’en reste donc plus que quatre en fonctionnement. Et parmi ces quatre restants, nous avons engagé des procédures en justice contre deux d’entre eux. L’audience concernant celui de Montarlot est d’ailleurs fixée au 13 octobre prochain.

En tant qu’association rapporteuse du groupe sur la fourrure s’étant réuni au ministère de la Transition écologique durant le printemps et l’été 2019, c’est bel et bien grâce à nos campagnes incessantes et répétées que ces fermes à visons ont fermé au fil du temps ! Avec l’appui de nos partenaires de la Fur Free Alliance qui ont encore récemment interpellé les ambassades de France dans leurs pays.

Quand on pense que la Pologne, deuxième fournisseur de fourrure au monde, va les faire clore et que les Pays-Bas ferment leurs 160 élevages de visons en mars quand ils avaient prévu trois ans pour le faire, on voit que la France prend son temps. Mais nous prenons acte de cette décision tant attendue et poursuivons notre campagne pour que de nouveaux visons ne naissent pas au printemps prochain dans ces fermes maltraitantes et polluantes.

Pas de date pour la fin des cirques avec animaux… Le dressage occulté et des approximations dans la mise en œuvre !

Aucune date de fin des cirques avec animaux n’est annoncée, ni la manière dont cela se fera! Les hippopotames et éléphants seraient les premiers à bénéficier de la fin de la captivité et de l’itinérance. Cela se passerait par vagues. Les fauves en dernier… Mais la ministre oublie que le cirque, ce n’est pas seulement l’itinérance, c’est aussi le dressage, qui est, lui, totalement occulté! Et les animaux qui ne participent pas aux spectacles, qui ne devraient même pas être maintenus captifs?

La ministre de la Transition écologique a reçu les représentants des circassiens la semaine dernière, et les échanges furent « houleux » à en croire les professionnels du dressage. D’autres rendez-vous seraient à prévoir. Un délai de plusieurs années laissé aux cirques pour arrêter l’exploitation des félins est une nouvelle gifle assenée aux lions et tigres qui n’ont jamais connu autre chose de toute leur existence. C’est une gifle pour ceux qui ont été abattus… C’est une gifle aux hippopotames et éléphants qui resteront encore des mois voire des années, certains jusqu’à leur mort dans les camions des cirques. Pour Jumbo, Boulie, Mina et Kamala, Nelly et Brigit, tous sur les routes depuis des dizaines d’années… Pour Baby et Samba aussi.

En vingt-et-un ans de campagne pour l’arrêt des cirques en France, nous avons vu les deux tiers des cirques renoncer aux spectacles avec animaux. A l’époque, il y avait cinq cents félins dans les cirques. Comment l’État fera-t-il pour garantir le respect de ces mesures, quand il n’existe même pas de fichier des animaux sauvages captifs des cirques ? Depuis toujours les félins alimentent le trafic lucratif.

Pour Muriel Arnal, présidente de One Voice :

« Ces annonces arrivent après plus d’un an d’attente. Ce ne serait pas inquiétant si elles n’étaient pas si floues. Plus de vingt-trois pays en Europe ont déjà légiféré avec clarté ! L’Inde, New York ont légiféré ! On attendait de la France un rugissement pour tous ces animaux qui souffrent, elle a timidement miaulé… »

Les marathoniens de l’océan sortiront des bassines chlorées au minimum dans sept ans

Nous nous réjouissons de l’arrêt immédiat de la reproduction et de l’interdiction de l’acquisition de nouveaux cétacés captifs selon nos demandes. La ministre envisage la création d’un sanctuaire; nous proposons notre expertise avec nos partenaires pour cet accompagnement… Hier, deux bélugas retrouvaient une semi-liberté. C’est possible, et tellement souhaitable!

Depuis l’annulation en janvier 2018 de l’arrêté delphinarium adopté en mai 2017, l’État a laissé naître et mourir des dauphins dans les bassins sans agir. On déplore que pendant trois ans, des delphineaux soient nés dans ces bassins. Depuis que nous avons assigné l’État au Conseil d’État pour faute, il l’a fait attendre un an, assurant à la plus haute juridiction administrative que des mesures de bien-être animal arrivaient. Aujourd’hui, ces annonces sont constructives. Nous attendons à présent des précisions concernant le sort des individus actuellement captifs. Une autre question se pose : où vont aller les orques dans deux ans ?

Parmi ces annonces, on déplore l’absence de certains thèmes pourtant fondamentaux, et de décisions fortes, sans être surpris de la mollesse de notre pays en la matière. La France était et reste donc complètement à côté de la plaque, à rebours des attentes sociétales car la ministre ne fixe pas de cadre, ni de date, ni de moyens pour y parvenir. Évidemment, ces paroles ont le bénéfice d’exister, mais il ne faudrait pas que le gouvernement pense que nous nous contenterons de compromissions. On ne peut pas attendre encore dix, quinze ans avant les prochaines avancées ! Les animaux ne le pourront pas.

Julia Mothé »

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Politique

Tribune de policiers «issus de la diversité» réfutant le prétendu racisme de la police

C’est une tribune qui met les point sur les i. Des policiers, eux-mêmes issus de « la diversité », prennent le contre-pied des accusations délirantes sur le prétendu racisme systémique de la police. On pourra regretter que cela arrive bien tard, en attendant, il est important qu’un tel point de vue démocratique s’exprime, de la part de policiers ayant une démarche démocratique, ou en tous cas la volonté d’une démarche démocratique. Il est important que soient apportés des arguments contres les prétentions délirantes de la fausse gauche et des petit-bourgeois de centre-ville clamant haut et fort que la police française est raciste, comme si la France de 2020 était celle de l’apartheid en Afrique du Sud ou de la ségrégation aux États-Unis.

La tribune a été initialement publié par Marianne.net :

« Nous, policiers français issus de la diversité, prenons l’initiative de sortir du silence. Les polémistes qui jettent sur nous des a priori refusant de nous donner la parole.

Puisque ces mêmes idéologues séparatistes qui prétendent lutter contre le racisme obligent à considérer l’ethnie plutôt que les valeurs humaines, nous l’affirmons : nous, policiers français issus de la diversité, revendiquons notre adhésion sans nuance aux valeurs républicaines universalistes de notre métier. Nous sommes présents dans tous les services de la Police nationale, des commissariats à la police judiciaire, des états-majors aux services de protection des personnalités, des renseignements aux CRS. Et nous espérons que cette pluralité imprégnera un jour jusqu’aux plus hautes sphères de notre ministère.

Nous sommes des femmes et des hommes, noirs, arabes, métis, asiatiques, originaires des DROM-COM, des anciennes colonies, chrétiens, musulmans, juifs, hindous, athées, hétérosexuels, homosexuels, de toute opinions philosophiques ou politiques… Nous sommes la diversité de la France qu’elle porte dans nos récits familiaux. Nous réaffirmons notre fierté d’appartenir à la nation française, engagés pour secourir et protéger dans ce pays où nous sommes nés, dont nous avons acquis la citoyenneté. Nous condamnons les injures dégradantes sur nos complexions selon lesquelles nous serions des « vendus », des « nègres de maison », des « arabes de service ».

Des mots trop souvent entendus dans la bouche de ceux qui emploient également l’affreuse insulte « sale blanc ». Notre institution ne s’encombre pas de connaître nos provenances et attend uniquement de tous ses agents qu’ils protègent les libertés et l’égalité, et qu’ils placent la fraternité au-dessus de tout. Nous ne cachons pas nos origines dans nos services, en revanche nous sommes forcés d’apprendre à nos enfants à cacher la profession de leurs parents…

Nous ne dénions pas qu’il y ait des racistes dans la police. Nous savons qu’il en existe, qu’ils nuisent à l’Etat démocratique, et nous nous en désavouons. Mais la police est à l’image de toutes les couches de la société qu’elle sert. En revanche, nous refusons l’affirmation que « la police est raciste ». Une marginalité ne représente pas l’ensemble. Si le progressisme lutte contre les amalgames, c’est sans distinction entre les groupes qui en sont victimes qu’il doit le faire, dont la Police nationale. Le racisme est un délit, et endosser l’uniforme exige l’exemplarité. Il n’y a donc pas débat sur les suites à réserver pour ceux qui se rendraient coupable du rejet de l’autre, qui serait « différent ». Et une prise en compte sérieuse par nos autorités administratives des déviances d’une poignée de brebis galeuses permettra enfin d’éviter aux policiers de souffrir des caricatures généralisantes.

Notre Police nationale est à mille lieues de la description qui en est faite par ceux qui ne la connaissent pas mais portent sur elle leurs préjugés. Notre Police nationale, ce sont des agents qui repoussent l’heure du dîner au crépuscule pour accompagner l’un des leurs à la rupture du jeûne du Ramadan. Notre Police nationale, c’est celle qui s’organise pour permettre à un autre de respecter Shabat. Notre Police nationale, c’est aussi travailler le jour de Noël pour que ceux qui le célèbrent prennent congé. Notre Police nationale, c’est celle dans laquelle deux policiers victimes du terrorisme le même jour ont été salués une dernière fois par leurs collègues dans une église et dans un carré musulman. Notre Police nationale, c’est celle qui, suivant la loi, lutte contre les racismes et l’homophobie. Notre Police nationale, c’est l’intimité de nos unités et brigades où se nouent des amitiés multicolores sur nos peaux, mais d’une seule teinte sur le terrain. Celle de notre uniforme : bleu.

La Police nationale n’est pas parfaite, et les bonnes âmes sont bienvenues pour l’améliorer. Mais nous ne laisserons pas nos frères d’armes être traités de racistes, et nous de victimes consentantes. Nous sommes fiers de protéger la population dont nous sommes tous issus. Faut-il rappeler que notre noble mission est de soustraire la délinquance des rues pour les rendre plus sûres ? Et ne doutons pas que jusque dans les quartiers populaires, nombreux sont ceux qui veulent rejoindre nos rangs. En dépit des discours qui nous divisent, nous appelons ceux qui se reconnaissent dans le respect des lois et des valeurs humanistes à embrasser le beau métier de policier. Sans jamais se renier car ce sont justement nos richesses respectives qui font de la Police nationale, au service de tous, le plus sensé et le plus bel engagement qui soit…

Signataires :

Linda Kebbab, Abdel Nahass, Abdelatif Dris, Abdelaziz M, Abdelilah B, Abdoulaye Kanté, Adel B, Ali Hennous, Amphone L, Azdine L, Bibia Dergham, Dalila Benamara, Daniel Bonsu, Denis Jae Hong V, Erol A, Faredje Mouaci, Frédérique R, Fredy Lefi, Ghazala Z, Hannane Driouch, Huseyin A, Ingrid T, Jean-Yann William, Jérôme B, Johan O, Josias Claude, Kader Mokadem, Keny T, Kevin B, Kevin G, Loic Trotin, Louisa B, Malek Djerroud, Manuel B, Marie-Do Marfaing, Mel K, Messaoudi Raissi, Mila Napal, Mohamed G, Monir Lagrini, Mylène S, Nabille M, Nassira R, Nawel Lettat, Philippe P., Rachid B, Razel Zaidat, Reda Belhadj, Riadh Mimouni, Ronald S, S.A. (RAID), S.B. (DCPJ), Saïd Ben Mohamed, Saïd H, Samira L, Slim Bouraoui, Sonia Hmimou, Stéphane S, Tarek El Boudali, Tayeb C, Tyssem Bahaj, Wissem Guesmi, Yssoufa M »

 

 

 

 

 

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Société

La critique féministe de la GPA en Espagne (interview)

En Espagne, le mouvement féministe est à la pointe de la critique de la GPA, un exemple que la France doit suivre. Nous nous sommes entretenus avec Berta O. García (@Omnia_Somnia sur Twitter), une féministe radicale espagnole, membre de la RECAV (Red Estatal Contra el Alquiler de Vientres), un récent réseau de 50 organisations et groupes de femmes contre la légalisation de l’exploitation reproductive et le commerce de bébés en Espagne. Elle fait également partie du bureau de la Coalition Internationale pour l’Abolition de la Maternité de Substitution (CIAMS).

1) L’Espagne est leader européen de la reproduction assistée, comment cela amène-t-il la question de la GPA ?

Il est vrai qu’en Espagne, on effectue des traitements qui n’existent pas dans d’autres pays ou qui sont réglementés d’une autre manière. Ici, par exemple, le don anonyme de gamètes est autorisé, « compensé » financièrement, ce qui est interdit en Italie, en Suisse, en Autriche et en Allemagne ; dans d’autres pays, comme la Suède et le Danemark, l’ovodonation (don d’ovule) est considérée comme une pratique dangereuse pour la santé et il est seulement permis d’utiliser ses propres ovocytes ou les restes d’autres femmes ayant subi une fécondation in vitro.

En Espagne, il est également possible de réaliser le test génétique préimplantatoire (PGT-A), qui n’existe pas dans d’autres pays, ou la méthode «Ropa» (réception d’ovules en couple), par laquelle deux femmes participent activement au processus de procréation, l’une fournissant à l’autre les ovules pour être inséminés avec le sperme du donneur, et l’embryon implanté par FIV. La législation espagnole permet également aux femmes seules ou non-mariées d’avoir accès aux traitements de fertilité.

Tout cela place l’Espagne à la tête de l’Europe dans ce type de traitement et en fait une destination de tourisme de reproduction.

Le revers de la médaille est que la mainmise d’entreprises privées sur l’ovo« donation », en réalité rétribuée à hauteur d’environ 1000€, pousse de nombreuses jeunes filles, notamment étudiantes à céder aux ambitions des cliniques privées et à subir des traitements hormonaux très agressifs pour stimuler leur production d’ovocytes. De plus, l’extraction par ponction chirurgicale du liquide folliculaire qui contient les ovules, sous sédatif, est non sans risque.

Il y a des filles qui sont soumises plusieurs fois à ces procédures agressives, ce qui suppose une véritable exploitation reproductive, bien que plus cachée et moins évidente que la mal nommée maternité de substitution.

Paradoxalement, les patientes qui viennent dans les cliniques pour résoudre leur infertilité sont dissuadées de subir ces traitements parce qu’il s’agit d’une véritable bombe hormonale.

Ensuite, il y a les femmes bénéficiaires, pour la plupart des femmes qui ont été contraintes de retarder la maternité pour des raisons professionnelles. Il existe d’ailleurs de grandes entreprises telles que Google, Facebook, Apple, Úber, Spotify qui encouragent leurs employés à retarder l’âge de la maternité et financent la cryoconservation des ovules. Cette pratique a déjà atteint les entreprises espagnoles.

La majorité des fécondations in vitro en Espagne ne sont plus réalisées pour des raisons de maladie, mais pour des raisons « sociales », c’est-à-dire l’âge de plus en plus avancé des femmes qui décident de devenir mères se soumettant à la pression exercée par les entreprises pour que la productivité des travailleuses ne soit pas interrompue par la maternité. Si l’on ajoute à cela la pression sociale que les femmes subissent pour devenir mères, le tableau est décourageant.

Il y a environ 400 cliniques de fertilité en Espagne, nous sommes le deuxième pays au monde, après les États-Unis, en nombre de cliniques. Elles ne nécessitent pas beaucoup d’investissements et les bénéfices sont très juteux. La sécurité sociale couvre également ces traitements, mais avec des restrictions, et le temps d’attente est généralement compris entre 1 et 4 ans, de sorte que la plupart des patients optent pour les cliniques privées.

Il est évident que les cliniques seraient les premières intéressées à proposer la maternité de substitution, mais la loi espagnole sur les techniques de procréation assistée n’inclut que les techniques qui remplissent les conditions d’accréditation scientifique et clinique, et le fait d’utiliser une femme pour porter et accoucher un bébé sur commande et par contrat afin de le donner à un tiers n’est pas une technique.

Cela doit être très clair, car dans la plupart des règlements existants et dans la plupart des propositions législatives, cette erreur est commise. Aucune société scientifique-médicale n’approuve cette pratique en tant que technique de procréation assistée. La loi espagnole déclare « nul le contrat par lequel la gestation est convenue, avec ou sans prix, à la charge de la femme qui renonce à sa filiation maternelle en faveur du contrat.

2) Y-a-t-il une actualité politique pour la légalisation de la GPA? Si oui, peux-tu développer par qui c’est porté ?

Il y a quelques années, le sujet de la maternité de substitution n’apparaissait que dans les magazines de type people quand une célébrité avait acheté un, deux ou quatre bébés.

Il existe plusieurs associations très actives en faveur de la maternité de substitution et des acheteurs de bébés à l’étranger. Ces associations ont inspiré les propositions législatives du parti politique Ciudadanos (Citoyens) en 2017 et 2019, mais aucune d’entre elles n’a été soumise au débat du Congrès des députés. De plus, il n’a obtenu que 10 représentants au Congrès lors des dernières élections générales, il est donc en nette minorité pour faire avancer une éventuelle nouvelle proposition législative.

En revanche, du fait de la reconnaissance des bébé nés par GPA à l’étranger depuis 2010, il y a un terreau à la formation d’associations de défense de la maternité de substitution. Une initiative législative populaire a ainsi été lancée par l’Association pour la Légalisation et la Régulation de la GPA en Espagne mais les 500 000 signatures nécessaires n’ont jamais pues être obtenues.

3) Quelle opposition à la GPA en Espagne ?

Les deux partis qui gouvernent actuellement en coalition, PSOE et Podemos, se sont récemment déclarés contre la légalisation de la maternité de substitution et cela se reflète dans leur engagement au gouvernement.

Cependant, l’enregistrement d’un enfant né à l’étranger « grâce à des techniques de substitution » est possible à condition qu’il y ait une résolution judiciaire déterminant la filiation du nouveau-né comme fils ou fille des mandants, sans aucune référence à la mère qui l’a mis au monde. Ce type de décision de justice est rendu aux États-Unis et au Canada, effaçant la mère et accordant légalement la paternité/maternité aux « parents intentionnels », un concept très curieux et fictif, puisque ces personnes sont reconnues par une décision de justice comme parents avant même la naissance du bébé.

Ainsi, sans volonté politique de renverser cette simple instruction, nous ne pouvons pas dire qu’il y a vraiment un engagement du gouvernement contre l’exploitation reproductive et le commerce de bébés en général.

4) Comment se positionne le mouvement féministe au sujet de la « maternité de substitution » ?

Le féminisme est abolitionniste de toutes les pratiques qui impliquent l’exploitation des femmes, qu’elle soit sexuelle ou reproductive. Il y a donc toujours eu des voix contre la GPA et en 2014 un arrêt de la Cour suprême souligne cela en rendant inefficace l’instruction de 2010.

Mais celle-ci étant toujours appliquée dans les faits, des agences d’intermédiaires entre les cliniques pratiquant la GPA à l’étranger et les parents/clients, se sont multipliées sous couvert d’agences de voyages, agences immobilières etc.

C’est en 2015, que le manifeste No Somos Vasijas (« Nous ne sommes pas des réceptacles »), rédigé par un groupe d’académiciennes et des juristes a vu le jour. Le nom fait référence à la conception de la reproduction selon Aristote, pour qui la femme était un être incomplet qui ne servait qu’à « cuire » la matière fertile de l’homme.

Ce manifeste a été un véritable phare sur ce marasme d’un point de vue féministe, alors que les principales forces politiques de l’État de l’époque avaient soutenu la demande de régulation des associations. Les médias ont aussi consacré des pages et des pages et des heures de programmation pour parler de cette pratique et de ses protagonistes les plus connus et les plus populaires, afin que l’opinion publique soit touchée par tant « d’amour ».

Envers et contre tout, mais avec la force de la raison féministe, des conférences, des séminaires (…) ont commencé à être programmés, des articles, des études, des analyses et des essais féministes ont commencé à proliférer, analysant toutes les facettes et les contours de cette nouvelle forme d’exploitation des femmes et de vente d’êtres humains.

Le travail de sensibilisation a été énorme, grâce aux médias numériques, aux sites web et aux blogs féministes, mais aussi grâce à un activisme féministe très combatif dans les réseaux sociaux.

La première foire Surrofair organisée à Madrid en 2016 avait été dénoncée au ministère public par le Parti féministe pour avoir encouragé la traite des êtres humains. En 2017, la deuxième édition de Surrofair a été le déclencheur qui a appelé des dizaines d’organisations féministes faisant partie du RECAV à la première protestation en face à face contre la marchandisation des femmes et des bébés et contre la réglementation de cette pratique en Espagne.

La même année, le comité de bioéthique a publié un rapport sur les aspects éthiques et juridiques de la maternité de substitution et a proposé de promouvoir au niveau international un cadre réglementaire commun qui interdirait la conclusion de contrats de maternité de substitution.

En 2018, la Coalition Internationale pour l’Abolition de la Maternité de Substitution (CIAMS) a été créée en France, avec une présence dans 12 pays, les organisations regroupées au sein de RECAV et du collectif We Are Not Receptacles (Nous ne sommes pas des réceptacles) ont rejoint cette coalition.

De nombreuses actions ont été entreprises par des groupes féministes ces dernières années et le message a été transmis à la société : la pratique connue par euphémisme sous le nom de « maternité de substitution » est l’exploitation reproductive des femmes et la vente de personnes, une attaque contre les droits humains et les droits des enfants, et est incompatible avec les droits fondamentaux contenus dans notre Constitution.

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Écologie

Un caniche dans un sac-poubelle, reflet de la barbarie

L’épisode raconté par la SPA – Salon de Provence n’est pas une anecdote, ni un fait divers. L’humanité a un immense problème avec la vie et en France, le rapport aux êtres vivants est particulièrement barbare. Il est fondé sur la destruction ou la peur irrationnelle amenant à la destruction. Ce qu’on trouve à l’arrière-plan, c’est la peur de la sensibilité, au nom d’un formalisme tout à fait bourgeois et d’une indifférence individualiste tout à fait libérale.

On ne dira jamais assez le travail formidable que font les refuges, qui devraient être subventionnés par l’État, avec une prise en charge des salaires et surtout une reconnaissance essentielle des gens qui y travaillent… tout cela, bien entendu, en mettant au premier plan les animaux.

Voici le récit, publié par Les refuges de France (Défense de l’animal), réseau auquel est affilié la SPA – Salon de Provence :

« Un vieux chien retrouvé vivant dans une poubelle à Salon de Provence.

😰 Le 26 septembre, une résidente qui allait jeter ses poubelles a fait une terrible découverte dans un des conteneurs rue Saint-François, en centre-ville. Dans un sac poubelle fermé se trouvait un vieux caniche âgé de 12 ou 13 ans.

😱 L’animal, aveugle et sourd, a été jeté comme un vulgaire déchet.

👉 Le chien dont l’état de santé était critique, a été pris en charge par de la SPA – Salon De Provence, membre de Défense de l’Animal. À son arrivée au refuge, l’équipe lui a immédiatement apporté les soins nécessaires. Pour son bien-être, il a été toiletté et réconforté.

‼️ « Une horreur et une ignominie de plus » Philippe Adam – Président de la SPA – Salon-de-Provence

L’animal n’étant pas identifié, il sera complexe de retrouver son propriétaire.

ℹ️ Pour toute information concernant ce sauvetage, contactez la SPA – Salon-de-Provence.

📷 SPA de Salon et sa région »

 

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Société

Deuxième vague covid-19: on s’enfonce dans la catastrophe

La seconde vague de covid-19  est bien là dans le pays, avec un taux de positivité, principal indicateur de la reprise épidémique, qui ne cesse de grimper. Dans certaines zones, les services hospitaliers commencent à être sous pression, alors que l’État s’enfonce dans sa propre décomposition dans un pays en pleine pagaille organisationnelle…

Au premier jour de confinement, le mardi 17 mars 2020, la France comptait 1 097 nouveaux cas pour 699 personnes en réanimation et 27 décès. Alors qu’on recense un peu plus de 5 000 lits de réanimation dans le pays, on comptait au soir du dimanche 27 septembre 11 123 nouveaux cas (14 412 samedi) avec 6 235 hospitalisations, dont 1 112 en réanimation. Sur les sept derniers jours, on compte 376 décès.

Avec un taux de positivité de 7,2 %, soit le nombre de tests positifs sur l’ensemble de ceux effectués, la France s’enfonce dans ce qu’on doit considérer, d’une manière ou d’une autre, comme une seconde vague. En tenant compte de la pression sur le système hospitalier, on estime qu’un taux de positivité de 10 % nécessite un nouveau confinement de la population. Par exemple à Aix-Marseille, ce sont 40 % des lits de réanimation qui sont occupés par des malades du covid-19 (113 personnes pour 281 lits).

La crise sanitaire s’abat sur le pays, sans que rien ne s’active réellement dans l’organisation et la préparation de celle-ci. Cela est d’autant plus inquiétant qu’une étude publiée dans « Physics of fluids » montre que la transmission du coronavirus est facilitée par l’humidité, l’automne étant précisément marquée par de telles conditions météorologiques.

Il n’y a pourtant aucune fermeté dans l’action de l’État, et cette absence de fermeté n’est que le reflet de la pagaille d’un régime coupé de la société. Car, si les uns disent que les mesures visant à limiter voir à fermer bars, restaurants, salles de sports, sont de « trop », d’autres comme Patrick Bouet, président de l’Ordre des médecins, pensent l’inverse. Voici ce que ce médecin a dit au Journal du Dimanche :

« Mercredi, (le ministre de la Santé) Olivier Véran a choisi un langage de vérité mais il n’est pas encore allé assez loin. Il n’a pas dit que, si rien ne change, dans trois à quatre semaines, la France va devoir affronter, pendant plusieurs longs mois d’automne et d’hiver, une épidémie généralisée sur tout son territoire »

Il a ajouté très justement que l’été aurait du être le moment de « mettre en œuvre un processus de retour d’expérience », avec « des réunions au ministère de la Santé avec tous les acteurs de la crise ». Par ces propos, Patrick Bouet confirme bien que l’État est dépassé, qu’il représente quelque chose de complètement déliquescent.

Mais est-ce vraiment étonnant si l’on se souvient qu’au mois de juin, Jean-François Delfraissy, président du Conseil Scientifique affirmait qu’il fallait laisser « les choses s’ouvrir, les gens vivre, mais en respectant les mesures barrière » ? N’appelait-il pas à dissoudre ce même Conseil scientifique ? Comment faire confiance au ministre de la santé, Olivier Véran, qui dit en réponse à un éventuel re-confinement « anticipé » pour assurer les fêtes de fin d’année :

« Je ne suis pas fana de la prédiction, mais de l’anticipation (…) Je ne me projette pas dans deux mois, mais au jour le jour ».

Cela dit, le pays est incapable de se saisir pour prendre en main les questions d’organisation et attend passivement les consignes d’en haut qui sont naturellement prises avec distance, voire méfiance, du fait même de la désorganisation qui règne.

Ainsi, les restaurateurs en colère invoquent le flux de touristes de ce été dans la seconde vague de coronavirus, mais n’en ont-ils pas été les premiers bénéficiaires ? Où étaient-ils lorsqu’il eu fallu critiquer ce état d’esprit frivole et libéral cet été ? Le président du « Groupement national des indépendants l’hôtellerie, restauration et traiteurs » n’a t-il pas osé dire de manière scandaleuse que « la profession ne veut pas être sacrifiée sur l’autel du principe de précaution » ? Quelle mentalité anti-populaire, anti-collectiviste !

On a là toute l’irrationalité de la petite-bourgeoisie prise de panique. Mais le problème c’est qu’une partie de cet état d’esprit est répandu en France. Quiconque connaît l’histoire politique de ce pays, sait combien la mentalité du petit propriétaire est forte, formant le terreau à une contestation libérale-libertaire anti-État.

Les français sont d’une paresse politique sidérante et agissent sur fond de « L’Etat doit ceci, l’État doit cela », « l’État ne fait pas, je ne fais pas »… Alors oui, la gestion de la situation par l’État nous mène à la catastrophe. Mais toujours est-il que lorsque l’État nous entraîne dans le gouffre, il faut justement savoir se prendre en main, assumer la continuité de la collectivité, à la fois pour soi, pour les plus fragiles, mais aussi par solidarité avec le personnel soignant.

Le tableau de la gestion sanitaire fait froid dans le dos. D’un côté un État en profonde décomposition, ne reposant que sur quelques experts et hauts fonctionnaires coupés des gens, et de l’autre côté un pays qui n’en fait qu’à sa tête, pétri d’une mentalité petite-bourgeoise renforçant un déni collectif. C’est la pagaille générale et on court droit à la catastrophe.

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Guerre

Liban: Emmanuel Macron s’imagine au temps du mandat français au Proche-Orient

L’État français est en perdition dans son propre pays, il ne pèse plus vraiment dans le monde et sa dette publique abyssale le rend très vulnérable sur le plan économique. Mais cela n’empêche pas la France de donner des leçons au monde entier, comme Emmanuel Macron à propos du Liban. En vérité, le Liban court à sa perte et la France l’aide à s’y précipiter.

Après la terrible catastrophe du port de Beyrouth, le président français Emmanuel Macron s’est sentie investi d’une mission : relancer l’État libanais. Cela avait l’apparence d’une carte facile à jouer pour la France, une puissance devenue moyenne qui s’imagine encore grande. La catastrophe de Beyrouth a ému le monde entier, alors Emmanuel Macron s’est dit qu’il pouvait apparaître comme un grand chef d’État en intervenant au Liban.

Près de deux mois après la catastrophe du 4 août 2020, c’est un échec diplomatique cuisant. Le président du Liban Michel Aoun, qui n’est président de pas grand-chose, a même expliqué ce dimanche 27 septembre à propos de l’impossibilité de former un gouvernement : « Nous allons en enfer. »

En effet, le pays s’enfonce, comme le reste du Proche-Orient. La destruction de quartiers entiers de la capitale fut une catastrophe de trop pour le Liban, rongé par la corruption et les divisions communautaires/religieuses. Et comme dans le même temps l’instabilité est mondiale, avec notamment la crise sanitaire du covid-19 qui accompagne et s’accompagne d’une crise économique, un petit pays comme le Liban ne tient plus.

Le président français apparaît alors complètement décalé dans son discours condescendant du 27 septembre 2020, expliquant avoir « pris acte de la trahison collective » (des dirigeants du pays). Emmanuel Macron pointe « l’entière responsabilité » des partis politiques libanais, qui ne parviennent pas (ou ne souhaitent pas) à se mettre d’accord sur un cabinet gouvernemental et une feuille de route gouvernementale.

Il a même menacé, sans que l’on sache d’où il tenait son mandat, de façonner lui-même un gouvernement pour le Liban :

« S’il n’y a aucune avancée sur le plan interne, alors nous serons obligés d’envisager une nouvelle phase de manière très claire et de poser la question de confiance: est ce qu’un gouvernement de mission sur la base de la feuille de route est encore possible ? Ou est-ce qu’il faut à ce moment-là changer la donne et aller peut-être dans une voie plus systémique de recomposition politique au Liban? »

Tout cela est extrêmement ridicule, car c’est de la fiction, du cinéma, un très mauvais cinéma. Emmanuel Macron s’imagine peut-être à l’époque du mandat français au Proche-Orient après la Première guerre mondiale, lorsque la France était une grande puissance coloniale s’arrogeant le contrôle de la Syrie (ou en tous cas ce qui fut appelé la Syrie). Mais la France ne pèse plus grand chose et cela fait déjà très longtemps qu’elle n’a plus la main au Liban, qui a même dégagé la langue française de sa constitution. Il n’y a rien d’étonnant à ce qu’Emmanuel Macron ne parvienne à rien pour forcer à la formation d’un gouvernement au Liban.

Le Liban, comme toute la région du Proche-Orient, et finalement comme presque partout dans le monde, réuni en fait tous les ingrédients pour une situation de guerre. Et pas seulement de guerre civile comme ce fut le cas entre 1975 et 1990. Le monde a déjà beaucoup changé depuis le 20e siècle et les grandes recompositions qui ont lieu actuellement ne sont que le reflet de tensions en profondeurs entre différents pays, différentes puissances, grandes, petites, moyennes, ne voulant pas sombrer, voulant s’étendre, etc. Les divisions au Liban ne sont que le reflet de ces divisions à plus grande échelle, par exemple entre la France (via des dirigeants politiques chrétiens maronites) et l’Iran (via les dirigeants politique musulmans chiites du Hezbollah), avec en arrière plan le jeu de la superpuissance américaine dans son affrontement avec la Chine dans ses efforts pour devenir une superpuissance.

La situation est terrible pour la population du Liban, mais la France ne l’aide en rien : elle ne fait que jouer sa carte dans le grand échiquier mondiale, dans une situation de crise généralisée qui mène toujours plus ouvertement à la guerre. Tel est le triste panorama où le peuple est toujours perdant.

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Écologie

Communiqués d’AVA suite à l’arrêté de la Préfecture de l’Oise

AVA Compiègne a publié deux communiqués dans la journée du 26 septembre, que voici :

« CHASSE A COURRE : LA RÉSISTANCE CONTINUE 🏡✊

Malgré l’arrêté révoltant de la Préfecture, autorisant la Gendarmerie à disperser par la force toute opposition à la chasse à courre chez nous, jamais les habitants désireux de sortir veiller sur la faune sauvage n’ont été si nombreux ! Et comme d’habitude, dans le calme et sans provocation.
🦌 Aujourd’hui aucun cerf n’a fait les frais de cette pratique barbare en forêt de Compiègne ! Bravo à tous ! 👏

📅 A mercredi pour la suite ! »

« 🚫 L’ETAT EMPLOIE LA FORCE POUR PROTÉGER LA CHASSE A COURRE ! 🚨

🦌 Une semaine après le scandale national provoqué par une chasse à courre en pleine ville, l’État annonce sa position : toute manifestation d’opposition est interdite par la Préfecture de l’Oise pendant toute la saison de chasse !
Face à l’émoi et le rejet unanime de la population devant cette pratique, ce n’est pas la chasse à courre, responsable de nombreux troubles à la sécurité publique (reconnus comme tels par la Justice), accidents et invasions de propriété privée qui est jugulée, mais bien la population locale opposée à cette barbarie.
👮 🚔 Désormais, suite à un arrêté publié le 25 septembre, les forces de Gendarmerie et de Police seront déployées en forêt « pour décider de l’emploi de la force après sommations » afin de « disperser tout attroupement qui se constituerait dans les forêts de Compiègne, Ourscamp-Carlepont, Halatte, Laigue, Chantilly et Ermenonville les mercredis et samedis de 6h à 20h durant la saison de chasse ».

« L’usage de la force par les représentants de la force publique comporte l’usage des armes ».

Le présent arrêté préfectoral, en plus de se fonder sur des mensonges répugnants, accusant notre collectif de violences que nous avons au contraire toujours subies et documentées sans répondre (« s’en prennent physiquement aux chiens et aux chasseurs »), ou d’« obstructions à la chasse » jamais caractérisées, est d’un arbitraire absolu, les définitions d’attroupement et de trouble n’étant pas clairement prédéfinies.

Alors que la chasse à courre est au plus mal, rejetée par tous après un Nième scandale, l’État prend la décision politique d’écraser l’opposition pacifique portée par les habitants qui subissent cette pratique. Plutôt que de toucher à la source du problème, les institutions rognent toujours plus sur les possibilités d’exprimer le mécontentement, la désapprobation, la critique.

Il s’agit ici clairement de protéger des intérêts particuliers aux dépens de l’intérêt général. Cette position est une injure directe aux habitants du lotissement compiégnois qui se sont « attroupés » samedi dernier pour sauver un animal traqué. C’est une injure aux 8 français sur 10 qui se prononcent contre la chasse à courre par tous les sondages depuis 10 ans.

⚔🏰 Cette décision révoltante met en lumière encore un peu plus l’aspect anti-démocratique du maintien de cette chasse dans notre pays. Elle intervient alors que l’équipage récidiviste a déjà obtenu la privatisation d’un partie de la forêt de Compiègne par le biais d’un autre arrêté préfectoral.
📣✊ Contre vents et marées, face à tous les coups tordus, AVA a porté avec abnégation la voix de l’opposition à la barbarie. Cette voix doit-elle s’éteindre ? AVA doit-elle cesser d’exister, comme le souhaitent les tenants de la chasse à courre ? Bien sûr que non.

Il appartient à l’opinion publique, à toutes les forces démocratiques, de pointer du doigt la décision de la Préfecture de l’Oise et de dire : cet appel de la Préfète à la mobilisation militarisée contre AVA, cette légalisation de l’emploi des armes contre AVA, cette scandaleuse soumission aux franges les plus jusqu’au-boutistes des obscurantistes prônant et pratiquant la chasse à courre… tout cela est inacceptable et les institutions doivent reculer !

La décision de la Préfète de l’Oise doit être révoquée, maintenant !
🦌🦊🐰🐗🐶🐴💚 »

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Société

GRS: «Non à la privatisation des routes nationales!»

Communiqué de la Gauche Républicaine & Socialiste :

« Un décret lié à la LOM ouvre la possibilité de privatiser les Routes nationales : pour nous c’est non !

La presse a relevé le 18 septembre dernier qu’un décret relatif à la Loi d’organisation des mobilités (LOM) avait été publié le 15 août, en plein été pour échapper à l’attention, qui ouvre la possibilité de privatiser les routes nationales.

Le gouvernement poursuit l’extension du marché et cède à la rente privée un investissement public payé par les Français. Il répond ainsi à l’appétit des grands groupes privés qui profitent déjà de la privatisation des concessions autoroutières.

Ainsi l’État macroniste n’a pas la volonté de s’embarrasser de l’entretien correct de nombreuses portions de routes nationales et pour parvenir à ses fins explique qu’il n’en a pas les moyens. Cette stratégie est poursuivi depuis plus de 15 ans par tous les gouvernements qui se sont succédés : lorsqu’il ne transfère pas tout simplement aux départements certaines routes nationales (qui n’ont pas les moyens suffisants pour un entretien convenable), l’État choisit de négliger dramatiquement les milliers de kilomètres qui restent de sa responsabilité, qui souffrent ainsi d’un sous-investissement chronique et finissent par se dégrader.

L’État macroniste veut ainsi nous faire croire aux sirènes des sociétés concessionnaires privées d’autoroutes qui susurrent : « si vous nous confiez certaines portions, les derniers kilomètres avant l’autoroute, par exemple, nous les entretenons, nous investissons, et, en échange, vous prorogez nos contrats autoroutiers ».

Aucune leçon tirée du scandale des autoroutes“Or, l’allongement des durées de concession, c’est justement ce qu’il faut éviter, comme le démontrent le rapport de la commission d’enquête du Sénat rendu public également ce vendredi 18 septembre après 8 mois de travail intensifs. Selon les estimations de ce rapport, au moins deux des trois sociétés concessionnaires auront rentabilisé leurs investissements dès la fin de l’année 2022, alors que les contrats courent pour encore au moins dix ans. Prolonger la durée des concessions reviendrait à priver l’État de nouvelles recettes, car plus une concession est vieille, plus elle est rentable. Les dividendes versés aux actionnaires de ces sociétés privés sont d’ores-et-déjà conséquents, nourris par une gestion opaque des tarifs et des péages au détriment des usagers, qui n’ont aucun moyen de pression – pas plus que l’État qui s’en est volontairement privé. En effet, les contrats de concession accordés à ces grands groupes (Eiffage, Vinci, Abertis, pour les plus importantes) ont été négociées de dans un sens qui leur était particulièrement favorables et toute tentative pour remettre de l’ordre a été ajournée sine die, comme le démontre le scandale du fiasco de la mission d’information de 2014 dont le rapporteur socialiste Jean-Paul Chanteguet fut mis sur la touche pour avoir trop vertement critiqué les conditions dans lesquelles le gouvernement Hollande avait renouvelé en 2013 les concessions. La commission d’enquête sénatoriale a ainsi auditionné plusieurs ministres qui ont reconnu l’opacité de la gestion de ces contrats de concession, indiquant avoir été même écartés de certaines négociations.

Tout le monde s’accorde aujourd’hui à reconnaître que la privatisation des concessions autoroutières en 2005, décidée par le gouvernement de Dominique de Villepin, a été une gigantesque erreur. Pourtant la droite sénatoriale comme le gouvernement Macron et sa majorité refusent aujourd’hui de réparer cette erreur, invoquant le même argument (et le seul) qui avait justifié la privatisation en 2005 et le renouvellement des concessions en 2013 : « la dette » ! Ainsi Bruno Le Maire annonce sans examen au fond du coût réel des concessions un prix de 45-50 Mds €, ce qui serait selon lui trop cher pour la puissance publique. Ce prix doit être interrogé, au regard de l’opacité du dispositif et des pratiques des sociétés privées. Or nous l’avons tous constaté, l’argent n’est pas cher aujourd’hui pour la puissance publique : l’État vient d’emprunter plusieurs centaines de milliards d’euros sur les marchés et parfois à des taux négatifs. Ainsi investir pour racheter les concessions autoroutières, ce serait à la fois mettre fin à une rente indue pour des sociétés privées qui n’apporte aucun avantage pour les usagers et créer demain des recettes importantes pour la puissance publique ! Même la commission d’enquête sénatoriale pourtant largement orientée à droite estime qu’il est temps de “partager équitablement les profits futurs avec l’État et les usagers” et pour ce fait suggère de ne pas renouveler certaines concessions autoroutières.

Les péages ne doivent plus servir à nourrir les dividendes des actionnaires mais à financer le retour à la gestion publique des autoroutes et à améliorer le réseau et le service, avec trois axes prioritaires : l’aménagement du territoire, la transition écologique et la maîtrise réelle des tarifs et péages (donc la défense du pouvoir d’achat).

Cadeaux et idéologie

On ne peut qu’être consterné par ce refus obstiné de tirer les enseignements du scandale des concessions autoroutières. Pire, le gouvernement Macron est en train aujourd’hui d’engager une aggravation de la situation en étendant à tout ou partie de plusieurs routes nationales le modèle néo-libéral qui s’applique aux autoroutes.

Il s’agit évidemment pour le futur candidat à l’élection présidentielle de favoriser un peu plus quelques sociétés privées et parmi elles leurs principaux actionnaires, dont il pourra récolter le soutien en temps opportun, étant bien entendu qu’Emmanuel Macron sert depuis 2017 les intérêts d’une caste stato-financière et qu’il a vocation à poursuivre dans cette voie.

La rente de situation des sociétés concessionnaires et la récolte de dividendes seront donc dopées par ce nouvel abandon de la puissance publique au détriment des usagers et des citoyens : la mobilisation des gilets jaunes avait ainsi illustré combien l’augmentation coût des transports est insupportable pour les ménages des catégories populaires et même des « professions intermédiaires ». Après l’échec de la privatisation d’ADP (plus du fait de la crise sanitaire que de la mobilisation somme toute remarquable des citoyens contre celle-ci), les routes nationales sont l’un des actifs les plus facilement aliénables pour satisfaire les grands appétits privés.

Au-delà de ces seules considérations vénales, la logique devant nous revient à mettre au clou notre patrimoine pour répondre à une injonction idéologique dangereuse.

La privatisation des routes nationales, après celles des autoroutes, vise à réduire encore un peu l’emprise de l’État – donc notre mandataire collectif – sur la circulation dans notre pays. C’est ni plus ni moins qu’une forme nouvelle de régression sociale : nous revenons aux institutions de l’Ancien Régime, aux logiques d’aménagement de l’espace et aux régimes de circulation qui dominaient notre pays avant la Révolution de 1789 avec les « Fermiers Généraux » et les octrois. Cela implique une forme de transfert de la liberté de circulation des usagers – les citoyens – vers les entreprises – le marché. L’espace politique de notre pays se trouve ainsi un peu plus placé sous l’emprise et le pouvoir des acteurs du marché (oui contrairement à ce que d’aucuns ont pu laisser entendre le marché n’est pas désincarné) et un peu moins sous l’autorité du peuple, fondement de la souveraineté populaire, donc de la démocratie.

Par ailleurs, une fois de plus, le néolibéralisme, présenté comme une forme de modernisation de la vie économique, engage une régression de l’économie d’un pays pour deux raisons :

  • Premièrement, en restreignant l’accès à la circulation dans l’espace public, la privatisation de ces routes réduit l’activité économique en diminuant les échanges. Ce que le néolibéralisme présente comme une forme de modernité est, en réalité, une régression économique qui tend à réduire le volume des échanges soutenant l’activité économique du pays. Même le marché, finalement, se trouve restreint par ce qui nous est « vendu » comme un outil de son développement.
  • La seconde raison est son incidence sur la circulation elle-même et, au-delà, sur l’emprise de la circulation sur l’activité industrielle. En conduisant à une limitation du volume des échanges et donc, de l’intensité de la circulation, la privatisation des routes conduit, à terme, à une diminution de l’usage des moyens de transport. Dans le temps long, cette privatisation pourrait conduire à une réduction de la demande des acteurs des échanges et ainsi, au-delà, à une réduction de l’offre en moyens de transport des acteurs de l’industrie.

En conséquence, la Gauche Républicaine et Socialiste demande le retrait du décret « relatif aux conditions de classement de certaines sections de routes dans la catégorie des autoroutes ». Elle s’oppose radicalement à la privatisation des routes nationales, et réclame le retour de toutes les infrastructures de transport dans le giron public .

la puissance publique doit s’engager dans une logique de non renouvellement des concessions des sociétés autoroutières et préparer une renationalisation de l’ensemble des autoroutes qui permettra le retour à une gestion publique, sous une forme à inventer pour qu’elle puisse associer les usagers. »

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Écologie

La Préfète de l’Oise exige contre AVA l’emploi de la force, y compris la force armée

La Préfète de l’Oise a décidé qu’il fallait supprimer AVA dans l’Oise. La gendarmerie et les forces de police doivent dissiper tout « attroupement », quitte à employer… les armes. Oui, les armes, pas moins, la Préfète de l’Oise a légitimé l’emploi des armes !

Que dire devant une telle décision ? À part, bien entendu, qu’elle n’a pas été prise par la Préfète en tant que tel, celle-ci n’a forcément fait que relayer une décision au plus haut lieu, au niveau du président lui-même d’ailleurs. Emmanuel Macron n’a en effet cessé d’appuyer les chasseurs, tant avant les élections présidentielles que, bien entendu, après celles-ci.

L’alliance entre Emmanuel Macron et les chasseurs est en fait une convergence, car au fond les intérêts sont les mêmes : la stabilité de la vie quotidienne des Français sur un mode beauf. Il faudrait accepter les traditions portées par les notables, les people ou directement par le marché ; il faudrait se tenir à l’écart de toute critique de la condition animale, de tout engagement démocratique en général impliquant tout son être.

Parce qu’au fond, c’est de cela qu’il s’agit. Soit on est indifférent aux salauds qui empoisonnent les chats, qui traquent les cerfs, qui tirent sur les oiseaux, qui capturent et tuent les pigeons… ou bien on refuse l’indifférence et on décide d’être réellement humain, c’est-à-dire sensible et intelligent.

Il y a deux mondes et chaque jour qui passe, les deux mondes se séparent. La décision de la Préfète de l’Oise relève de l’ancien monde ; aux personnes ayant compris qu’un nouveau monde se lève de se soulever et de faire disparaître l’ancien : il y en a assez des chasseurs, il y en assez de l’écocide, il y en a assez de la Droite et de tous ceux qui convergent avec.

Voici l’arrêté préfectoral :

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Politique

Jean-Luc Mélenchon, la créolisation et l’archipélisation