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Politique

Une mobilisation du 9 janvier 2020 sans perspective

Demi-succès, la mobilisation a témoigné d’un engagement certain, mais pas d’un élargissement. Il n’y a ainsi de place pour aucune perspective à part simplement tenir. Comme la lutte des classes avance ou recule mais ne connaît pas de surplace, l’État s’empresse de fermer la parenthèse, avec les matraques et la négociation.

La mobilisation du 9 janvier était très attendue : annoncée bien en amont, elle devait permettre non pas simplement de jauger les forces, mais bien de provoquer un élargissement du mouvement contre la réforme gouvernementale des retraites. Du côté gouvernemental, on espérait un pourrissement.

Les deux camps en sont pour leurs frais. Car d’un côté, les syndicats CGT, FO, CFE-CGC, FSU et Solidaires restent mobilisés, alors que les deux syndicats prêts à négocier, la CFDT et l’Unsa, sont encore de la partie d’une manière ou d’une autre. Il y a eu 200 cortèges dans le pays, 452 000 personnes dans les rues selon le gouvernement et 1,3 million selon les syndicats, la CGT y allant comme d’habitude de la « mobilisation historique » etc. etc. Les chiffres syndicaux sont irréalistes, reste qu’il y avait du monde.

A la SNCF le mouvement a été soutenu au 36e jour de grève, avec 44,2% de grévistes (dont 38,5% au matériel 31,7% à la sûreté, 34,5% au transport, 56,5% au contrôle, 27,8% à l’équipement, 65% à la traction, 35,8% a la circulation). La RATP est restée très perturbée, l’Éducation nationale voit un mouvement important se maintenir, il se passe donc bien quelque chose encore. Surtout que la CGT Energie s’est vraiment lancée et qu’hier le mouvement a bloqué l’équivalent de la consommation électrique de l’Ile de France.

Seulement, il n’y aucune étincelle sociale ou culturelle et aucun mai 1968 à l’horizon. La France continue d’ailleurs de tourner. Seule la région parisienne voit sa vie quotidienne franchement bousculée pour aller et retourner au travail, et encore aucunement la bourgeoisie avec les moyens qu’elle dispose (depuis Uber jusqu’aux trottinettes électriques).

Tout se raidit donc, à défaut de durcir. Les exemples sont significatifs ces derniers jours. Au Havre des pompiers ont arrosé la mairie (d’où vient le premier ministre), alors qu’à Bordeaux, le courant a été coupé au commissariat central après l’arrestation d’un militant de la CGT énergie. A Radio France, la PDG Sibyle Veil tenait un discours de vœux pour la nouvelle année qui a été interrompu par le choeur de la radio entonnant le chant des esclaves dans l’opéra de Verdi Nabucco.

C’est là chercher à bousculer les choses. Seulement, le régime ne se contente désormais plus de contenir. Il sait qu’en l’absence d’avancée, le mouvement se tasse et donc perd en énergie populaire. Les forcings de type « syndicaliste révolutionnaire » cherchent justement à compenser cela et personne n’est dupe.

Lors du 9 janvier à Paris, les gilets jaunes, qui s’étaient placé en tête de cortège, devant les syndicats, en compagnie des libertaires, se sont ainsi littéralement fait manger par une charge policière allant directement à l’assaut. Dans une même idée, le dépôt bus Belliard à Paris a vu les bloqueurs chassé à coups de gazage à bout portant.

Il y avait par le passé des accrochages de ce type, mais le changement est qualitatif. Le côté ponctuel de l’agressivité s’efface désormais devant une véritable stratégie. La grève n’ayant pas progressé, elle est de plus en plus encerclée, la répression véritable peut s’installer, au moyen d’une police française parmi des plus hautes professionnelles du monde, avec une tradition de plus de 150 ans !

Ceux qui ont parlé de violence policière et d’État policier il y a encore peu vont regretter leur démagogie, et cela d’autant plus à l’horizon des prochaines élections municipales. L’esprit de dépression générale se maintient en France, la Gauche ne l’a pas rompu et il va falloir faire face à l’extrême-Droite en embuscade.

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Écologie

30 Millions d’Amis: «10 000 dromadaires sacrifiés en Australie: pourquoi ?!!»

Voici le communiqué de la Fondation 30 millions d’amis, qui informe sur l’insupportable massacre planifié de 10 000 dromadaire en Australie.

«10 000 dromadaires sacrifiés en Australie : pourquoi ?!!

Alors que l’Australie est en proie aux flammes depuis septembre 2019 et que l’on estime à plusieurs centaines de millions le nombre d’animaux victimes du feu, les autorités australiennes s’apprêtent à tuer 10 000 dromadaires dans le sud du pays. La raison ? Les camélidés consommeraient trop d’eau dans une zone touchée par la sécheresse ce qui mettrait en péril les populations et d’autres animaux. Les associations de protection animale – dont la Fondation 30 Millions d’Amis – déplorent l’absence d’alternatives à cette « solution » radicale.

Dans la tourmente ! Déjà très critiquée pour sa « gestion » des gigantesques incendies qui ravagent le pays, faisant de nombreuses victimes et décimant la faune et la flore, l’Australie est également fustigée après l’annonce de l’abattage imminent de 10 000 dromadaires ! En effet, à la demande des dirigeants aborigènes sur les terres d’Anangu Pitjantjatjara Yankunytjatjara (AYP) à l’extrême nord-ouest de l’Australie du Sud, les autorités vont procéder à l’élimination d’une dizaine de milliers dromadaires : du fait de l’extrême sécheresse, les camélidés se ruent vers les points d’eau à proximité des habitations occasionnant des dommages et des problèmes sanitaires.

Tués par des tireurs en hélicoptères… 

« Nous nous sommes retrouvés bloqués dans des conditions épouvantables, avec la puanteur, la chaleur, alors que les dromadaires détruisent les barrières et s’approchent des maisons pour tenter de boire l’eau des dispositifs d’air conditionné », a justifié Marita Baker, membre de la direction locale de la région. « Certaines personnes ne peuvent pas mettre leur climatiseur de peur que les animaux ne les attaquent pour leur humidité, lâche le porte-parole de la DEW, Richard King. Dans d’autres cas, des dromadaires morts ont contaminé d’importantes sources d’eau et des sites culturels. »

Des hélicoptères armés de tireurs professionnels vont être envoyés par le Département de l’environnement et de l’eau (DEW). Les cadavres des animaux seront ensuite… brûlés et enterrés. L’abattage devrait durer cinq jours.

Un animal importé au 19ème siècle, régulièrement victime d’abattages

La Plan national de gestion du dromadaire sauvage (AFCMP) – un organisme public d’état – indique une population de 1,2 million de ces animaux errant dans une zone qui traverse trois Etats australiens et le territoire du Nord. Un chiffre qui doublerait tous les neuf ans. Des camélidés qui ne sont pas originaires d’Australie mais qui ont été importés au 19e siècle depuis l’Afghanistan, la péninsule arabe et l’Inde. L’AFCMP précise devoir « maintenir le nombre d’animaux bas car, sans abattage, les populations augmenteraient jusqu’à 10 % chaque année. » 160 000 dromadaires sauvages auraient ainsi été abattus entre 2009 et 2013, d’après cette même source.

Les ONG de protection animale – dont la Fondation 30 Millions d’Amis – déplorent qu’aucune alternative à ce massacre ne soit proposée par les autorités australiennes. »

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Politique

Municipales: la Gauche rassemblée vote aujourd’hui et demain à Marseille

Il y a une large initiative d’union de la Gauche à Marseille en vue des municipales, sous le nom de Printemps marseillais. Après le retrait de la candidature de Benoît Payan du Parti socialiste dans un esprit unitaire, c’est l’écologiste Michèle Rubirola qui devrait mener la liste électorale. 4000 signataires de l’appel doivent valider aujourd’hui et demain par un vote le nom des 15 membres de l’équipe chargée d’animer la campagne.

Le processus d’unité de la Gauche à Marseille est très vif depuis plusieurs mois, avec différentes initiatives ayants convergé comme nous l’expliquions dans un article précédent. Il faut dire que la ville a pendant longtemps eu une identité populaire, avec beaucoup de maires de gauche durant le XXe siècle et que son passage à Droite depuis 1995 est devenu toujours plus insupportable, parallèlement à tout un tas de pratiques mafieuses gangrenant la ville.

L’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne faisant mort 8 morts et 2 blessés a provoqué un électrochoc à Marseille, commune la plus peuplée après Paris, qui a agi comme une sorte de catalyseur de l’envie de changement des gens à Gauche. Et pour cela, il fallait l’unité, absolument.

La candidature de Benoît Payan du Parti socialiste comme tête de liste semblait satisfaire de nombreuses personnes, surtout intéressées par le projet en lui-même plutôt que par son incarnation dans une personnalité. Il y avait cependant des réticences, venues surtout de la France insoumise (dont la figure de proue Jean-Luc Mélenchon, député des Bouches-du-Rhône), prétextant que l’étiquette Parti socialiste n’était pas acceptable.

Dans un esprit d’unité, Benoît Payan s’est donc retiré (voir son communiqué) et Sophie Camard, figure locale de la France insoumise, a indiqué qu’elle se ralliait à la démarche. C’est Michèle Rubirola, élue EELV au conseil départemental, qui devrait être désignée comme tête de liste à l’issue du vote aujourd’hui et demain.

Notons que Michèle Rubirola, qui se présente dans son communiqué de candidature comme étant « née à Marseille » et « médecin dans les quartiers populaires » pour mener le rassemblement des « forces de gauche, écologistes et citoyennes », a été suspendue d’EELV pour avoir rejoint l’initiative unitaire il y a plusieurs mois. Le parti « vert » maintien en effet pour l’instant une candidature solitaire, en refusant l’unité et en dénigrant le Printemps marseillais.

Le vote n’est ouvert bien évidement qu’aux signataires du Printemps marseillais (enregistrés avant le 19 décembre 2019). Il a lieu en ligne (via un mail) et physiquement, dans les locaux du journal de gauche La Marseillaise (19 cours d’Estienne d’Orves).

On retrouve aux côtés de Michèle Rubirola dans l’équipe soumise à l’approbation des votants :

Benoît Payan et Nassera Benmarnia du PS ;
Sophie Camard de la France insoumise ;
Jean-Marc Coppola et Audrey Garino du PCF ;
Ahmed Heddadi des Radicaux de gauche ;
Pierre Huguet de Génération.S ;
Cédric Matthews de la Gauche Républicaine et Socialiste ;
Marie Batoux du Collectif du 5 Novembre ;
Aldo Bianchi du collectif citoyen Marseille et moi ;
Olivia Fortin du collectif citoyen Madmars ;
Agnès Freschel de Zibeline ;
Pierre-Marie Ganozzi du syndicat enseignant FSU ;
Éric Semerdjian et Aïcha Sif.

La liste définitive des candidats ainsi que la désignation des personnes pour chaque secteur (l’élection marseillaise étant spécifique) se feront ultérieurement.

> Le site du Printemps marseillais : printempsmarseillais.fr

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Politique

«Ma seule ambition, c’est Marseille»: la démarche unitaire de Benoît Payan du PS

Voici le communiqué de Benoît Payan du Parti socialiste à Marseille. Pour éviter les divisions, il s’est retiré comme candidat à la mairie, pour s’intégrer dans la démarche unitaire de la Gauche. C’est un état d’esprit qu’il faut saluer, qui rappelle le Front populaire de 1936, avec une grande conscience du danger que représente l’extrême-Droite.

> Lire également : Municipales: la Gauche rassemblée vote aujourd’hui et demain à Marseille

« Ma seule ambition, c’est Marseille.

Marseillaises et Marseillais,

Au moment où je m’adresse à vous, j’ai conscience du moment historique que s’apprête à vivre notre ville. Jamais l’enjeu n’aura été aussi important pour l’avenir de la deuxième ville de France, et je veux m’adresser directement à vous.

Vous êtes des milliers à me suivre, et je veux vous dire combien vos mots et vos messages m’encouragent à mener ce combat pour Marseille.

Ce combat, nous l’avons mené dans le Conseil municipal et en dehors, pour défendre les plus fragiles, pour rénover nos écoles, pour exiger une autre politique du logement, pour défendre notre environnement et notre cadre de vie.

Au risque de voir perdurer ce système qui a conduit Marseille dans le mur, et face au danger du FN, nous n’avons pas d’autre choix que de nous rassembler pour gagner. C’est notre seul et unique espoir. Ce rassemblement de la gauche, des citoyens et des écologistes, il existe aujourd’hui, il s’appelle le Printemps Marseillais.

Bien évidemment, des esprits chagrins ont eux préféré leurs petits intérêts personnels à la construction d’une alternative crédible pour Marseille. Marseille se meurt de ce personnel politique médiocre, de ces diviseurs et de ces irresponsables.

Je ne serai jamais de ceux-là.

Marseille, c’est ma ville, et j’ai consacré tout mon temps et toute mon énergie à la connaître, à la comprendre et à vouloir la changer en travaillant sans relâche, en portant votre voix dans l’hémicycle et en dehors, en me battant dans mon propre parti pour faire que le rassemblement soit enfin possible. Cela a été dur, j’ai pris des coups de la part du système.

Je sais que ma candidature a été souvent évoquée, et vous avez été nombreux à me dire qu’elle suscite de l’espoir. Je sais qu’il y a des milliers de Marseillais de tous horizons qui me disent d’y aller. Et je sais que j’y suis prêt.

Et pourtant, je vois aussi que certains se servent de moi comme d’un prétexte pour leurs petits calculs, comme d’un alibi malhonnête pour refuser l’union. Ils ne critiquent pas mes convictions, juste mon étiquette.

Et bien je ne leur servirai pas d’excuse.

Je ne suis pas fait du même bois qu’eux, et contrairement à eux, je sais faire passer l’intérêt général avant mon intérêt personnel.

Je suis là pour me battre pour mes idées, pas pour moi-même.

Je suis là pour servir une cause, pas pour faire une carrière.

Je crois en chacun des mots et des actes que j’ai posés pour faire naître le rassemblement, et je refuse de servir de prétexte à la division.

C’est parce que je suis convaincu que Marseille peut et doit changer, parce que je sais que ma responsabilité est grande, que j’ai pris la décision de ne pas me présenter comme tête de liste et de soutenir Michèle Rubirola.

Dès demain, je serai candidat à ses côtés, pour porter l’espoir et le changement.

Michèle Rubirola est une femme libre, un médecin du service public qui combat les injustices dans les quartiers nord et la première et la seule conseillère départementale écologiste de Marseille.

Avec Michèle Rubirola, nous avons réussi ensemble en 2015 à battre le FN et la droite de Martine Vassal, et à vaincre les tenants du système qui voulaient nous faire échouer.

Je sais qu’elle symbolise ce rassemblement, cette exigence de solidarité et d’écologie, de justice et d’environnement.

A partir d’aujourd’hui, toutes celles et tous ceux qui continueront la division seront des alliés du système, des soutiens cachés des héritiers. Et parce qu’ils ouvrent la porte de la Mairie au front national, ils me trouveront sur leur chemin.

Notre force sera l’union, et nous ferons taire tous les diviseurs. Pas pour nous, mais pour tous les Marseillais qui souffrent et qui espèrent une autre ville, et que cet autre ville est possible.

La décision que je prends aujourd’hui est évidemment une décision difficile et je sais qu’elle va susciter des déceptions, mais je veux vous dire avec force, que c’est un engagement résolu et déterminé à gagner Marseille.

Aujourd’hui, je fais passer mes idées avant ma personne, au service de Marseille et des Marseillais. Ma détermination est totale pour l’avenir de notre ville.
Gagner Marseille, la rendre plus verte et plus juste, la réunir, j’y consacre toute mon énergie.

Gagner Marseille, c’est possible si chacun prend ses responsabilités comme je prends aujourd’hui les miennes.

Gagner Marseille, c’est le seul combat qui mérite d’être mené en 2020, et rien ne justifie qu’on sacrifie l’espoir des Marseillais.

Tous ceux qui veulent changer Marseille doivent aujourd’hui se rassembler. Se mobiliser.

Je sais que l’espoir arrive, l’espoir est là !

Le rassemblement est possible, et au Printemps, l’espoir va gagner ! »

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Politique

L’affrontement politique entre Philippe Martinez et Laurent Brun

En apparence, on a deux figures syndicalistes qui n’ont rien à voir avec la politique, qu’ils récusent au nom de la charte d’Amiens. Et pourtant, le mouvement contre la réforme des retraites a passé un cap et vient de rentrer dans une seconde phase. Ces deux dirigeants syndicaux en synthétisent la nature politique.

Ils sont issus de la même culture, celle du PCF. Il ne faut donc pas chercher d’éléments culturels relevant de la gauche alternative, cherchant à modifier la vie quotidienne, dénonçant le capitalisme dans sa dimension culturelle. On est dans une logique syndicale dure, dont le parti politique, en l’occurrence le PCF, ne peut être que le prolongement.

Il y a toutefois une profonde différence entre le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, et le secrétaire Général de la Fédération CGT des Cheminots, Laurent Brun. Cette différence est la grande actualité politique des derniers jours, comme conséquence de la persistance de la grève. Cette différence provoque même des soubresauts relançant la grève.

L’Histoire avance, mais passe donc par un drôle de chemin ! Ce qui se passe est toutefois assez simple. On a d’un côté une partie de la CGT qui dit que, désormais, tout a changé, qu’il ne peut au mieux y avoir qu’un PCF social et accompagnateur de la modernité. C’est la ligne de la nouvelle génération ayant pris le pouvoir et dont Ian Brossat est le meilleur représentant (la victoire de la ligne portée par André Chassaigne au dernier congrès n’ayant pas changé grand chose à l’affaire).

Philippe Martinez reste davantage ancré dans l’histoire ouvrière, mais il est d’accord avec cette tendance. Il veut une CGT de combat, mais dans une perspective constructive.

Laurent Brun a un profil tout à fait différent. C’est un nostalgique du style du PCF des années 1980, en mode dénonciation de la soumission du travail au capital, Cuba comme référence romantique, des références à Marx pour revendiquer une identité ouvrière historique.

Concrètement, qu’est-ce que cela veut dire par rapport à la grève contre la réforme des retraites ? Cela signifie que :

→ pour Philippe Martinez, c’est une lutte sociale, devant également aider à renforcer la CGT, d’où la mise en avant de sa signature de la fameuse pétition du Journal du Dimanche portée par la gauche institutionnelle.

→ pour Laurent Brun, c’est une lutte de classe par procuration où les cheminots sont le héraut de l’ensemble des couches populaires.

Comme on le voit, c’est bien différent et depuis quelques jours, l’antagonisme entre les deux tendances s’est cristallisée de manière historique. Philippe Martinez l’avait bien senti depuis le départ, d’où sa volonté de temporiser et sa fameuse absence d’annonce à part la mobilisation du 9 janvier, il y a deux semaines.

Inversement, la Fédération CGT des Mines et de l’Énergie (dont l’héritage direct est la puissante CGT de l’ancien bastion EDF-GDF) explique par exemple le 6 janvier que pour elle la lutte doit rester interprofessionnelle et qu’elle « refuse » – le terme est même inscrit en rouge dans cette phrase elle-même en gras – « toute rencontre avec les ministères et/ou employeurs ».

Philippe Martinez aimerait clairement en terminer avec tout ça, en mode « il faut trouver une solution le plus rapidement possible », alors que les tenants de la ligne de Laurent Brun se disent que c’est précisément maintenant que tout commence.

Cela peut inspirer plein de questions, de réflexions. Qu’est-ce qui va commencer ? Est-ce de la lutte de classes ou bien la lutte des classes utilisant indirectement les partisans du courant de Laurent Brun ? Tout ce discours de combat serait-il en réalité simplement du verbiage radical masquant les intérêts corporatistes des cheminots, voire de la CGT nostalgique d’une certaine prédominance dans le monde du travail dans le passé ?

Laurent Brun est-il le vecteur d’un esprit de lutte réelle ou bien un simple acteur « syndicaliste révolutionnaire » à la française ? Le monde du travail verra-t-il vraiment un moyen d’épauler sa propre lutte dans tout cela ?

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Écologie

One Voice: «Fonds d’Actions Solidaires, Urgence Australie»

Les terribles incendies qui ravagent l’Australie sont insupportables, et ils le sont d’autant plus qu’on ne peut que constater notre impuissance. Les informations venant de là-bas remontent cependant quelque chose de positif au milieu de cet enfer : il y a beaucoup d’initiatives héroïques de la part des Australiens en faveurs des animaux, victimes par millions de l’incendie.

On a tous forcément vu ces images de kangourous fuyants, de koalas s’accrochant à des humains leur offrant généreusement de l’eau alors qu’ils suffoquent, etc. Là, on se dit qu’on peut peut-être faire quelque chose pour aider, car ces animaux vont avoir besoin de prise en charge.

Dans ce cas, il faut se tourner vers les associations en qui ont peut avoir confiance. C’est le cas de One Voice, qui organise une collecte pour l’Australie.

Voici le texte présentant la collecte et ensuite le lien vers la collecte.

« Fonds d’Actions Solidaires, Urgence Australie

Chère amie, cher ami,

En choisissant de défendre les animaux, nous élargissons, au-delà de l’humain, le sens de la famille. Et c’est plus particulièrement au nom de la solidarité de notre grande famille que je vous écris. A l’aube de chaque nouvelle année, je me pose toujours la même question : allons-nous pouvoir faire face aux imprévus, aux «coups durs»?

En janvier 2005, nos vétérinaires étaient les premiers sur place en Inde et aux îles Andaman, suite au tsunami qui avait ravagé l’Asie. Puis à nouveau en 2010, nous étions présents en Haïti qui venait d’être dévasté par ce tremblement de terre d’une violence inouïe.

Pour les animaux. Parce que nous refusions de faire le choix douloureux: répondre à l’urgence ou assurer le travail des campagnes de fond, nous avions mis en place un «fonds d’actions solidaires», pour faire face avec une réactivité maximale à l’imprévu, sans amputer le budget alloué aux campagnes.

Aujourd’hui, les gigantesques feux en Australie font des millions de victimes. Ces animaux, il me faut vous en parler, même si les mots manquent face aux images épouvantables, à l’agonie des koalas, kangourous, opossum… brûlés vifs dans les incendies.

Nous assistons à leur fuite éperdue, piégés au milieu du brasier, nous entendons leurs cris. La petite patte du koala qui vient se saisir de la main de son sauveur, véritable ancrage de reconnaissance et d’amour au milieu de l’apocalypse.

Face à l’ampleur de cette tragédie, pour répondre aux appels à l’aide de nos partenaires australiens (venus en 2018 à notre invitation parler de la situation des animaux sauvages, notamment des kangourous) et parce que nous ne pouvons rester spectateurs de cette situation, il nous faut agir. Pour les animaux australiens, nous avons choisi d’aider deux structures courageuses et sérieuses: Koalas In Care et WIRES (Australian Wildlife Rescue Association).

Aussi ai-je décidé de relancer ce «fonds d’actions solidaires», pour les soutenir dans l’urgence, mais aussi pour ancrer nos capacités d’interventions d’urgence sur le long terme.

C’est avec beaucoup d’émotion et un immense espoir, que je vous sollicite pour participer à ce fonds d’urgence et de prévoyance. Par un don, vous nous permettez d’intervenir immédiatement sur les situations de crise et d’urgence absolue.

De tout mon cœur, je vous remercie d’avoir pris le temps de me lire, et je l’espère sincèrement, de votre soutien à cette opération Fonds d’Actions Solidaires pour l’Australie.

Je vous en suis infiniment reconnaissante, pour les animaux.

Muriel Arnal, présidente-fondatrice de One Voice »

 

Voici le lien pour la collecte : one-voice.fr/fr/fas_australie_dp/faire-un-don

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Société

Charlie Hebdo – 5 ans déjà

Il y a cinq ans, la France démocratique connaissait un haut-le-cœur provoqué par une brutalité sans nom, sanglante, assassine. Elle a compris tout de suite les enjeux et, sans encenser Charlie pour autant pour sa démarche, a affirmé que les questions démocratiques doivent être répondues de manière démocratique. Elle a défendu l’honneur du pays en refusant la haine et le fanatisme, barrant la route aux mentalités d’extrême-Droite qui auraient pu avoir un boulevard pour reléguer la France dans l’étroitesse de l’esprit raciste.

L’esprit Charlie des origines est directement issu de l’esprit de mai 1968, dans son côté remise en cause de l’ordre établi et de l’idéologie de la France profonde. C’était la France gaulliste qui était dénoncée, pour ses matraques, ses mentalités bornées, son militarisme, sa beauferie, etc. Qui parle aujourd’hui d’État policier pour la France devrait étudier cette période !

Une nouvelle génération s’est appuyée sur cette culture très française du portrait, poussé jusqu’à la caricature. Cela a relancé Charlie, pour apporter une nouvel esprit critique dans une situation nouvelle, puisque le conservatisme lourd et pesant a au fur et à mesure cédé la place à un libéralisme dissolvant les liens sociaux, renforçant l’individualisme et l’indifférence.

Ce que dénonçait surtout Charlie hebdo, c’est en réalité surtout l’hypocrisie. Il y a une réelle continuité dans les dessins et l’esprit de Charlie sur ce plan là. Il y a une dénonciation, mais avec comme but d’enseigner, suivant le modèle « plaire et instruire » de Molière et La Fontaine. On trouve cela humoristique et en plus on découvre la vanité, le mensonge des puissants, des militaires, des religieux. Aucune institution n’échappait à Charlie.

Charlie Hebdo était bien entendu critiquable sur bien des points ; tout comme le Canard enchaîné, il y a des critiques souvent faciles et unilatérales, tout en se plaçant au-dessus de la mêlée. C’était finalement du divertissement plus qu’autre chose. Il y avait cependant un certain esprit critique et lorsque les islamistes ont frappé Charlie Hebdo, la France démocratique a compris l’enjeu. Mieux valait avoir tort éventuellement avec des démocrates que de se retrouver, d’une manière ou d’une autre, avec le fanatisme, la négation de la raison.

Qui utilise la raison peut parfois se tromper – qui ne l’utilise pas se trompe tout le temps.

La France aurait basculer dans l’extrême-Droite, elle ne l’a pas fait. Des millions de personnes ont été dans les rues pour défendre l’esprit critique, sans engagement concret, mais au moins en défense de la raison.

Cela fut un moment résolument positif de notre histoire !

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Politique

La pétition du 5 janvier 2019: le tournant politique de la grève

Le Journal du Dimanche a publié une tribune appelant le gouvernement à stopper la réforme des retraites et à négocier avec les syndicats. C’est que la grève se prolongeant, tout risque de commencer à être bousculé socialement et d’ouvrir la porte aux révoltes. C’est hors de question pour la direction de la CGT et la gauche institutionnelle, tous deux à l’origine de la tribune. C’est une opération de récupération et surtout d’évitement de la lutte des classes, qui cherche à torpiller la gauche du mouvement de grève.

La grève continuant, les choses deviennent politiques, comme prévues. Qu’on le veuille ou non, on est dans une opposition entre des syndicats et le gouvernement, ce qui pose la question de la légalité, de la légitimité, donc de l’État.

C’est là ouvrir une porte à ce que la société française soit ébranlée. Tant mieux ! dit-on si on est de Gauche et qu’on espère enfin qu’en France, il y ait un mouvement populaire. Hors de question ! dit-on si on considère que tout doit rester dans le cadre institutionnel.

La tribune publiée dans le Journal du Dimanche du 5 janvier 2019 est ainsi très brève. En quelques lignes, on a un « appel au calme » signé des principales figures politiques classées à gauche, tels Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise), Olivier Faure (PS), Fabien Roussel (PCF), Julien Bayou (EELV), à quoi s’ajoute Philippe Martinez, le dirigeant de la CGT.

On a également parmi les signataires Gérard Filoche de la Gauche démocratique et sociale, Guillaume Balas de Génération-S, Raphaël Glucksmann de Place publique, Marie-Noëlle Lienemann de la Gauche républicaine et socialiste, Olivier Besancenot et Philippe Poutou du Nouveau Parti anticapitaliste.

De plus, pour faire bien, la liste comprend des comédiens, des historiens, etc. et dispose d’un site où signer la tribune-pétition.

« Une majorité de citoyennes et de citoyens le demandent : retrait de la réforme Macron !

Depuis le 5 décembre, des millions d’hommes et de femmes se retrouvent dans les grèves, dont beaucoup en reconductible, et les manifestations à l’appel des organisations syndicales.

Ils et elles rejettent la réforme du système de retraites que veulent leur imposer le président de la République et son gouvernement.

Ce projet n’est pas acceptable, car il est porteur de régression des droits de chacune et chacun : toutes les hypothétiques avancées proposées par le gouvernement devraient être financées par des baisses de pensions ou par l’allongement de la durée de la vie au travail. D’autres choix sont pourtant possibles.

C’est pourquoi nous demandons le retrait du projet présenté par le Premier ministre, afin que soient ouvertes sans délai de vraies négociations avec les organisations syndicales, pour un système de retraites pleinement juste et solidaire, porteur de progrès pour toutes et tous, sans allongement de la durée de la vie au travail. »

Tout est ici très compréhensible, voire logique même si l’on veut, s’il n’y avait pas le dernier paragraphe. Car s’il y a retrait du projet de réforme des retraites, qu’y a-t-il à négocier ?

C’est là qu’on comprend que cette tribune-pétition a comme cible toute la gauche du mouvement de grève, pour qui cette grève porte sur bien plus que la question des retraites. La pétition-tribune, très largement diffusée dans les milieux syndicaux, est une manière de limiter la question aux retraites, d’exiger une porte de sortie rapide à la crise.

C’est doublement criminel.

Déjà, car il s’agit de demander à Emmanuel Macron de réactiver la gauche institutionnel et la CGT, sur le dos de la grève.

Ensuite, car c’est espérer quelque chose d’un gouvernement fer de lance du capitalisme sur le plan des privatisations, ce qui est absurde.

À l’arrière-plan, la chose s’explique comme suit : Philippe Martinez, le dirigeant de la CGT, veut couper l’herbe sous le pied du syndicalisme dur à la CGT, et empêcher à tout prix que s’ouvre une nouvelle séquence de lutte, bien plus dure et généralisée.

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Société

De la fraîcheur, avec un skateboard

De la fraîcheur urbaine avec une musique entraînante. Tout simplement contagieux.
 

La vidéo très sympathique avec la skateuse d’Anvers Maité Steenhoudt est une bombe de fraîcheur. Produit par la marque Element, on y retrouve l’esprit traditionnellement fun et urbain du skate, avec toujours une grande attention accordée au style, évidemment. La bande-son, très bien choisie avec son côté rétro-electro, est la chanson Starry Night de la DJ coréenne Peggy Gou, déjà récupérée massivement par la hype capitaliste… Ce qui rappelle l’importance de la bataille culturelle.

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Politique

«C’est comment qu’on survit ?», une BD sur la réforme du chômage

Voici une bande dessinée très intéressante d’Emma, sur son blog emmaclit.com. Elle informe de manière ludique à propos de la réforme de l’assurance chômage « qui va impacter massivement les futurs chômeurs et chômeuses ». Elle a été réalisée avec l’aide d’un conseiller de Pôle Emploi.

Pour soutenir l’auteur, son Tippee : tipeee.com/emmaclit

Une boutique : emmaclit.com/mes-parutions

Emma précise que sa BD est libre de droits pour toute utilisation militante. La voici :

[passez la souris sur le PDF pour afficher le défileur de page et le zoom]

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Guerre

Vers la guerre: l’opération américaine en Irak de janvier 2020

Il n’y a pas que les grandes puissances qui veulent la guerre parce qu’elles en ont besoin. C’est également vrai des pays cherchant une forme d’hégémonie : l’Inde, le Pakistan, la Turquie… et bien entendu l’Iran. Les États-Unis s’approprieraient bien l’Iran et l’Iran s’approprierait bien l’Irak. Dans un contexte de repartage du monde, c’est une poudrière.

Lorsque les États-Unis ont envahi l’Irak de Saddam Hussein, dans ce qui fut appelé la guerre du golfe en 1990-1991, la Gauche s’est lourdement trompée en dénonçant simplement les États-Unis, alors que le conflit avait deux aspects. Les gens comme l’Irakien Saddam Hussein ou le Serbe Slobodan Milošević, il y en a encore aujourd’hui et ils s’appellent Recep Tayyip Erdoğan en Turquie ou Hassan Rohani en Iran.

On est ici dans une tendance à la guerre – c’est Saddam Hussein qui envahit le Koweït initialement – qui s’oppose à la paix et à la démocratie. Des puissances grandes, moyennes, petites… oppriment leur peuple et cherchent l’hégémonie aux dépens d’autres pays, ou bien carrément la prise de contrôle complète. Les petites puissances sont en partie aux mains des moyennes, les moyennes aux mains des grandes.

Mais aucune de ces puissances n’a besoin de quelqu’un d’autre pour être antidémocratique et pour chercher la guerre comme échappatoire à la crise. L’Iran, une théocratie horrible, opprimant les peuples de ce pays de manière terroriste, pratique ainsi la fuite en avant et le militarisme généralisé, et n’a besoin de personne pour cela. Les manifestations de novembre dernier ont d’ailleurs été réprimées dans le sang avec des centaines de morts.

L’un des moyens de ce terrorisme d’État, ce sont les Pasdaran ou Gardiens de la révolution, une force à côté de l’État disposant d’un armement massif et qui contrôle 30% de l’économie iranienne. Qassem Soleimani en a été un de ses principaux commandants historiques, dirigeant ensuite sa section « non-conventionnelles » avec notamment des opérations « extérieures », dénommées Force Al-Qods (nom arabe de Jérusalem), en Syrie lors de la guerre civile.

Il a été dans ce cadre le stratège de la très forte pénétration iranienne au Liban, ainsi qu’en Irak, et c’est dans ce dernier pays, à Bagdad, qu’il est mort dans un bombardement américain.

Les États-Unis montrent ainsi qu’ils veulent reprendre la main sur l’Irak, passé pour beaucoup sous hégémonie iranienne, alors qu’une révolte contre le régime en décembre 2019 a déjà fait 460 morts et 25 000 blessés, notamment sous les coups des milices pro-iraniennes appelées Hachd al-Chaabi (Unités de mobilisation populaire).

Les bases américaines étaient régulièrement harcelées militairement, avec un contractant américain tué par la milice Kataëb Hezbollah récemment. Le 29 décembre, les États-Unis avaient alors visé une faction armée pro-iranienne en Irak, juste à la frontière avec la Syrie, faisant 25 morts.

En réponse, une manifestation était allée jusqu’à l’ambassade américaine à Bagdad, cherchant à y pénétrer et n’étant repoussé que par les forces américaines armées, le 31 décembre. Donald Trump avait alors publié un tweet, où il disait notamment :

« Ils paieront LE PRIX FORT ! Ceci n’est pas une mise en garde, c’est une menace. Bonne année ! »

Qassem Soleimani est alors victime du bombardement américain, le 3 janvier 2020.

Pour comprendre l’affront à l’État iranien, il suffit de voir que ce dernier a rétabli en mars 2019 la décoration de l’Ordre de Zulfikar, aboli lors de la « révolution iranienne » de 1979 et auparavant mise en place par le régime monarchique. C’est alors Qassem Soleimani qui l’a obtenu. La revue de politique extérieure Global Thinkers avait également placé Qassem Soleimani numéro un à son classement de 2019 des gens les plus influents dans le domaine de la défense et de la sécurité.

On est donc déjà dans une guerre, une guerre larvée, mais qui annonce la guerre ouverte. Et derrière l’Iran, il y a aussi la Russie et la Chine, l’aspect principal du conflit mondial, c’est l’affrontement sino-américain. Ce qui ne signifie pas que les pays européens, y compris la France, ne contribuent pas puissamment à cette tendance à la guerre.

On en est revenu à la veille de 1914 – et on a besoin d’une Gauche capable de l’emporter pour stopper la guerre.

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Société

Un chien maltraité en public pendant une fête décadente dans une station de ski

Dans un bar d’attitude de la station de ski Meribel ce premier janvier 2020, des gens ont installé un chien dans une télécabine miniature transparente pour le faire défiler, terrorisé, au dessus d’une foule abrutie par l’alcool. Cela en dit long sur les mœurs de plus en plus décadentes gangrenant notre société, sous l’influence des couches les plus aisées de la bourgeoisie qui ne savent plus quoi inventer pour compenser le vide de leur existence.

La Folie Douce Méribel-Courchevel, 2100 mètres d’altitude, un premier janvier. On a donc à faire à des gens qui utilisent un forfait de remontées mécaniques non pas pour skier, mais pour s’offrir cette petite « folie » d’une grosse beuverie en altitude, un premier janvier. Quelle décadence, rien que cela en dit long sur l’origine sociale et l’état d’esprit vaniteux de ces personnes.

Pour se donner une idée de l’ambiance dans ce genre d’endroit, il faut voir cette photo postée le 29 décembre dernier par l’établissement lui-même, avec ce commentaire :

« [Economisons l’eau ! Prenons nos douches au Champagne]
#ChampagneShowers #FolieDouce #Méribel #Courchevel #LFDMC »

C’est une provocation bourgeoise ridicule, mais tout à fait typique. Ils s’imaginent au dessus de tout avec un cynisme assumé qui se prétend être de l’esprit. Voici une vidéo (toujours postée par l’établissement) de ces gens ayant de l’argent à ne plus savoir qu’en faire, s’adonnant donc à ces « douches » au champagne :

Et en plus, ces salopards osent piller le patrimoine populaire en jouant un remix de Jump Around d’House of Pain… Cela commence à faire beaucoup ! Mais ce n’est pas tout.

Pour assumer encore plus leur petit délire « champagne », ils ont installé une mini télécabine dans laquelle ils fond descendre des bouteilles.

Inévitablement, par une fuite en avant sans limite dans la décadence, ces gens en sont donc arrivés à se dire : « et si on mettait ce chien dans la cabine »…


C’est dégradant au possible et inacceptable, il n’y a pas besoin de l’expliquer. Si on ne comprend pas cela, il n’y a pas de discussion possible, car c’est de lutte des classes qu’il s’agit ici.

Être à Gauche consiste précisément en cela : vouloir mener la lutte des classes contres ces gens odieux, sans limites, qui plongent le monde dans les précipices en assumant de n’avoir aucun respect pour autrui, pour la nature, pour les animaux.

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Société

Le clip des infirmières de l’unité médico-chirurgicale pédiatrique du CHRU Brest-Carhaix

Ce clip a été réalisé au sein de l’unité médico-chirurgicale pédiatrique du CHRU Brest-Carhaix. Cela fait un an que le personnel exprime sa grande détresse quand à la dégradation des conditions d’exercice du travail, pourtant tellement indispensable. La colère est grande dans les hôpitaux publics français depuis plusieurs mois.

Une pétition de soutien est disponible : Soutien à l’unité médico-chirurgicale pédiatrique de Brest.

 

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Politique

Jean-François Cirelli, serviteur du capitalisme promu officier de la Légion d’honneur

La promotion au rang d’officier de la Légion d’honneur de Jean-François Cirelli a crée beaucoup d’émois car il représente la branche française de BlackRock, puissant groupe américain spécialisé dans la gestion d’actifs financiers qui n’a jamais caché son intérêt pour le marché de l’épargne retraite en France, à l’instar de ses concurrents.

Si Jean-François Cirelli a été promu, par le Président Emmanuel Macron sur proposition du Premier ministre Édouard Philippe, c’est parce qu’ils partagent la même vision du monde : le capitalisme est une bonne chose, il faut élargir ses bases et encourager les investissements.

Ce nouvel officier de la Légion d’honneur est loin d’être un inconnu en France. Il est au contraire un des meilleurs représentants de la bourgeoisie et sa promotion est tout à fait légitime de ce point de vue. Il fait partie d’une liste regroupant d’autres membres de la bourgeoisie comme Grégoire Chertok (Rothschild), Serge Weinberg (Sanofi), Christian Dargnat (BNP Paribas Asset Management) ou encore Jean-David Chamboredon (fonds d’investissement Isai).

Ancien de l’ENA (de la même promotion que Patrick Strzoda, le directeur de cabinet du président de la République), Jean-François Cirelli a été conseiller économique du Président Jacques Chirac puis directeur de cabinet du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, époque à laquelle il contribue à la réforme des retraites portée par François Fillon en 2003.

Il a travaillé à la direction du Trésor (chargé en quelque sorte de l’analyse économique pour l’État), il a représenté la France au FMI, il a été coopté au conseil de surveillance de Vallourec (puissant groupe français coté à Wall-Street), il a dirigé Gaz de France puis codirigé GDF Suez, avant de revenir au sein du groupe Engie en 2015. Notons au passage que l’ancien président d’Engie, Gérard Mestrallet, est déjà commandeur de la légion d’honneur, ce qui est un rang supérieur à celui d’officier.

En plus de tout cela, Jean-François Cirelli a été membre du Comité action publique 2022 chargé par le Premier ministre de proposer un certain nombre de réformes, entre autres sur les retraites. Il y a donc ici une convergence idéologique et pratique évidente entre des gens voulant élargir les bases du capitalisme en France.

Les retraites constituent de ce point de vue un secteur important pour les gestionnaires d’actifs financiers comme BlackRock. C’est dans la nature même d’un tel groupe, qui ne s’en est d’ailleurs jamais caché.

Son ancien directeur général pour la France expliquait en 2013 à la télévision que les retraites sont pour lui un « thème clef ». Plus récemment, le groupe a produit une note en juin 2019 expliquant pourquoi la réforme de l’épargne-retraite entrée en vigueur par la loi Pacte était une bonne chose. Il formulait même des recommandations concernant le dispositifs destinées au pouvoir public, ce qui du reste est une habitude pour ce type de groupe.

D’autres société du secteurs, françaises, sont bien plus implantées dans les institutions et milieux politique que BlackRock et formulent elles aussi directement leurs recommandations pour favoriser les systèmes de retraite par capitalisation.

Le deuxième plus gros gestionnaire d’actif français, Natixis, est dirigé par un ancien inspecteur général des finances et conseiller de l’Elysée à la réforme de l’Etat et aux finances publiques et va régulièrement dans ce sens. C’est la même chose pour le numéro un français Amundi dont le PDG Yves Perrier expliquait dans un rapport :

« Sans prétendre régler le problème des retraites, le développement de l’épargne longue peut en partie compenser la baisse anticipée des taux de remplacement. (…) Les produits d’épargne retraite permettent de compléter les régimes de retraite obligatoires.

De nombreux produits existent déjà pour les actifs du secteur public et du secteur privé. Leur développement doit être fortement encouragé pour qu’une partie significative de l’épargne longue des Français puisse être utilisée à la constitution de compléments de retraite. »

En effet, ce genre de produits financiers, amenés à se généraliser, existent déjà en France en complément du régime général par répartition. Que cela soit un plan d’épargne retraite populaire (Perp) ou un contrat Madelin (qui seront bientôt remplacés par un nouveau système), ou encore des contrats spécifiques à certaines profession, ils concernent déjà pas moins de 12,5 millions de personnes en France.

La capitalisation ne représente toutefois pour l’instant qu’une petite partie des sommes versée dans les cadre des retraites, soit 6,6 milliards d’euros contre 325 milliards d’euros pour l’ensemble des pensions en 2018. La Loi Pacte élargit déjà cette base en écartant du régime générale les gros salaires (plus de 10 000 euros par mois, soit 300 000 personnes), les obligeants ainsi à se tourner vers la capitalisation (et privant au passage le régime général de ces grosses cotisations).

Les gestionnaires d’actifs comme BlackRock, Natixis ou Amundi sont ensuite amenés à gérer ces fonds, versés via des banques, assureurs ou fonds de pensions.

Notons au passage que les syndicats eux-mêmes sont liés à la capitalisation, puisqu’ils cogèrent la Préfon, caisse complémentaire (facultative) destinée aux fonctionnaires qui est un régime par point et par capitalisation.

La réforme des retraites proposée par le gouvernement, en affaiblissant le régime actuel, encourage l’élargissement des systèmes de retraites complémentaires par capitalisation.

L’instauration d’un système par point (qui existe déjà pour nombre de complémentaires, même sans capitalisation) est quant à elle une première étape vers un système par capitalisation. Avec ce système, le futur retraité doit en effet se constituer un capital, de manière individuelle et dans une perspective de carrière individuelle.

Si le système par répartition est conservé pour l’instant, les gestionnaires d’actifs et leurs « sous-traitants » proposant les produits financiers sont à l’affût en arrière-plan, car il sauront faire miroitier une capitalisation plus intéressante individuellement que le système actuel.

> Lire également : Le système universel de retraite d’Édouard Philippe en quatre points

Jean-François Cirelli représente précisément cette perspective, en tant que grand bourgeois français impliqué aujourd’hui dans la gestion d’actif et récompensé par le Président, qui représente la même classe sociale et le même intérêt pour l’élargissement du capitalisme.

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Politique

«En 2020 concrétisons l’espoir avec le Printemps Marseillais»

Le printemps marseillais est l’initiative d’union de la Gauche pour les municipales à Marseille. Le collectif mène depuis plusieurs semaines une série de réunions dans les différents quartiers de la ville, pour faire émerger les propositions.

Voici le texte publié pour ce premier janvier, afin d’encourager les marseillais à faire des propositions.

Notons au passage l’obstination sectaire de Jean-Luc Mélenchon de la France insoumise qui refuse cette union sous prétexte que la liste pourrait être menée par un candidat du Parti socialiste, alors que lui même a fait partie du Parti socialiste pendant de nombreuses années.

« Imaginez, nous sommes le 22 mars 2020. L’hiver touche enfin à sa fin. Les habitantes et les habitants de Marseille ont voté.

Le Printemps Marseillais est élu à la mairie de Marseille.

Le trône est jeté dans le Vieux Port. Maintenant, ce sont les Marseillaises et les Marseillais qui sont au pouvoir, représentés par l’équipe du Printemps Marseillais.
Grâce à votre soutien, nous avons réussi à prouver que l’alternative est possible, que l’espoir est arrivé et que Marseille va entrer dans une nouvelle ère.

Le lendemain, le soleil se lève sur une Marseille où tout est de nouveau possible. Passée l’euphorie de la veille, les équipes du Printemps Marseillais se retroussent les manches.

Il n’y a pas une minute à perdre.

Grâce à vous, à ces heures passées en réunions publiques et en groupes de travail, l’équipe du nouveau conseil municipal a un programme solide à mettre en place pour répondre aux urgences de la ville et lui redonner l’attractivité qu’elle mérite.

Dans les rues, un vent nouveau souffle, celui d’une vi(ll)e plus juste, plus verte, plus démocratique et plus dynamique est enfin possible.

L’année 2020 peut être cette année là. Elle doit être celle-là, celle qui voit la seconde ville de France à la place qui lui est dûe. Une ville où il fait bon vivre, en sécurité, où chacune et chacun ont les mêmes opportunités, où les écoles et les logements sont dignes de leurs habitants, une ville où on respire mieux, une ville innovante, une ville qui crée des emplois pour les Marseillaises et les Marseillais de tous les quartiers.

C’est cet espoir que porte le Printemps Marseillais en 2020 pour Marseille, pour vous, pour ses 860 000 habitants.

Et pour y arriver, le Printemps Marseillais fait le voeu de gagner et transformer Marseille. Parce qu’en 2020, le Printemps Marseillais craint dégun.

L’équipe du Printemps Marseillais

Cliquez ici pour découvrir notre générateur d’espoir

Et vous quel serait votre voeu pour Marseille en 2020 ? Ecrivez votre message sur notre générateur d’espoir et partagez-le autour de vous ! »

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Politique

«Serons-nous débarrassés de Macron ou de la CGT?»

Il est un article sans intérêt de la revue de droite Causeur dont le titre dit par contre beaucoup de choses. Si la grève contre la réforme des retraites échoue, la CGT va profondément reculer et c’est un coup symbolique contre le « communisme ». Si Emmanuel Macron recule, il part perdant aux prochaines élections présidentielles et c’est un boulevard pour l’alliance Droite/extrême-Droite.

L’article de Causeur, en date du 31 décembre, reflète parfaitement les espoirs de la Droite et de l’extrême-Droite. Une partie importante de la bourgeoisie s’est rangée derrière Emmanuel Macron le progressiste, le moderniste. S’il échoue dans ses réformes, il perd sa crédibilité et cela laisse de la place pour une nouvelle proposition stratégique, celle d’une remise à plat sous la forme d’un tournant à la fois militariste et nationaliste.

Cela est d’autant plus vrai qu’une large partie de la Gauche ayant soutenu Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle, au nom du rejet de l’extrême-Droite, dit ouvertement aujourd’hui qu’elle ne le refera pas, que Marine Le Pen n’aurait pas fait pire, etc. C’est une position absurde, mais malheureusement de plus en plus partagée.

On retrouve ici l’illusion selon laquelle il faudrait la terre brûlée et tout reprendre à zéro. Comme si l’extrême-Droite allait attendre que la Gauche se reconstitue ! Il faut ici avoir conscience que le barrage à toute avancée de l’extrême-Droite est primordiale. Croire qu’un basculement dans une alliance Droite/extrême-Droite ne changerait rien, voire aiderait à reconstituer la Gauche, cela s’appelle une pensée suicidaire !

Il faut être réaliste et bien voir que l’échec de la grève contre la réforme des retraites implique un profond élan populiste. Inversement, la victoire de la grève implique un passage à la lutte de classes que les syndicats ne veulent pas. Les syndicats ne posent aucune question selon un agenda politique de gauche ; ce qui les intéresse, c’est leur insertion dans les rapports sociaux, comme leviers pour les négociations. Il n’en ressort donc rien.

L’incohérence est particulièrement marquée du côté de la CGT. Le 1er janvier, le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez était invité sur BFM TV et la radio RMC, et il a appelé à mener « des grèves partout, dans le public, dans le privé ». Cependant, cela ne se décrète pas et encore moins plusieurs semaines après le début du mouvement. Et jusqu’à présent, la CGT a toujours cherché à maintenir la chape de plomb syndicale, s’opposant de fait à l’affirmation du principe des assemblées générales au-delà des syndicats.

> Lire également : Assemblée générale et non intersyndicale ou gilets jaunes

La Gauche est donc coincée, car elle dépend d’une CGT qui refuse la politique, sans parler de Force Ouvrière qui est très violemment anti-politique et a toujours été opposé de la manière la plus farouche à l’hégémonie de la Gauche politique (ce qui n’est pas étonnant pour un syndicat ouvertement né avec l’appui de la CIA juste après la Seconde Guerre mondiale, afin de faire barrage à toute union de la Gauche en France).

Et la Gauche est aussi bloquée par l’immense faiblesse de ses forces, qui plus est éparpillée. Cela laisse peu de perspectives à part un intense travail de fond, qui accapare les énergies et qui est moqué par l’ultra-gauche s’imaginant la France au bord du grand soir, alors qu’on est bien plus proche de l’instauration d’un État autoritaire assumé, au nom de l’unité nationale.

Déjà Emmanuel Macron y est allé de sa petite phrase, lors de ses « vœux présidentiels » :

« 2020 doit ouvrir la décennie de l’unité retrouvée de la Nation.

Je vois trop de divisions au nom des origines, des religions, des intérêts. Je lutterai avec détermination contre les forces qui minent l’unité nationale et dans les prochaines semaines je prendrai de nouvelles décisions sur ce sujet. »

Emmanuel Macron a joué ici les mystérieux, mais l’on sait ce que cela signifie : la crispation militariste et nationaliste de l’État, parallèlement à celle du pays.

Seule la lutte de classes peut débloquer la situation. Et cela ne passe pas par la CGT, mais par son dépassement démocratique à la base, dans un élan populaire politique reconstituant la Gauche culturellement et politiquement.

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Écologie

Transfert d’orques d’Antibes vers la Chine: la lettre de la biologiste Ingrid N. Visser au président

Quatre orques appartenant au Marineland d’Antibes seraient en partance pour un autre parc d’attraction en Chine, où l’on craint légitimement pour leur sort du fait des conditions de détention. Le transfert pourrait avoir lieu ce mois-ci depuis un avion cargo au départ de Nice, un « voyage » lui-même d’une grande folie et totalement inacceptable. 

L’association One Voice a initié une pétition soutenue par de nombreuses associations dont Anymal, Sea Shepherd France ou encore C’est assez! : « Sauvons nos orques! Pour elles, un sanctuaire, pas la Chine!  »

On remarque au passage qu’il est incroyable que des parcs tels le Marineland d’Antibes existent encore en France et que des gens y emmènent leurs enfants… On est en 2020 : les adultes d’aujourd’hui n’auraient donc pas été émus par le film Sauvez Willy, qui date de 1993 ?

En attendant, il faut s’intéresser au sort des orques détenues en France et réclamer le meilleur pour elles. C’est l’objet d’une lettre mise en avant par One Voice et adressée au Président Emmanuel Macron par la docteur en biologie Ingrid Visser. Elle connaît très bien son sujet et explique pourquoi les parcs chinois se tournent vers l’achat d’orques déjà captifs du fait de la situation en Russie où des orques et bélugas capturés pour la Chine ont été relâchés en mer par les autorités grâce à l’opinion public.

Voici cette lettre :

« Objet: les orques au Marineland Antibes, en partance pour la Chine

Monsieur le Président de la République,

J’ai appris récemment que Parques Reunidos (entreprise espagnole possédant plus de 60 parcs d’attractions à travers le monde, dont le Marineland d’Antibes) tente actuellement de transférer ses orques (Orcinus orca) de France vers un établissement chinois. À ce stade, on ne connaît pas exactement la nature de l’établissement en question, mais étant donné que Parques Reunidos possède aussi des parcs en Chine, il est probable qu’il s’agit d’un transfert interne à l’entreprise.

J’ai visité le Marineland d’Antibes et constaté le mauvais état de santé des orques, en particulier d’Inouk, le mâle adulte. Sur la base de mes observations, j’ai déposé un rapport auprès de l’ONG One Voice, association de défense des animaux basée en France. J’ai également visité un certain nombre d’installations en Chine détenant des cétacés captifs (baleines, dauphins et marsouins) et j’ai trouvé que leurs conditions de vie y étaient encore pires qu’au Marineland d’Antibes. Je joins par exemple à cette lettre une série de photographies illustrant quelques-uns des problèmes constatés. L’une montre un certain nombre de poissons morts agglutinés au sommet de la grille au fond du bassin des orques, ce qui indique une mauvaise hygiène, une mauvaise alimentation ou des comportements anormaux de la part des orques (ou une combinaison de tous ces facteurs). La régurgitation, qui peut expliquer la présence des poissons morts, a été documentée par SeaWorld comme un signe de stress chez les cétacés maintenus en captivité. Dans la même installation chinoise, j’ai répertorié des orques aux yeux rendus rouges par la piètre qualité de l’eau, et d’autres pourvues de cicatrices dues aux défauts de conception des bassins. J’ai remarqué des ecchymoses sur le menton de certaines orques, qu’elles se sont faites à force de se cogner la tête contre le béton.

Il convient également de noter qu’il n’existe aucune loi sur le bien-être animal en Chine offrant ne serait-ce qu’un minimum de protection aux cétacés qui y sont détenus en captivité. Pour le moment, et bien que les conditions de vie des orques au Marineland d’Antibes ne soient pas bonnes, celles-ci bénéficient au moins de la surveillance des ONG et d’un certain niveau de protection grâce aux lois françaises et européennes.

Une fois qu’ils seront en Chine, les animaux peuvent (et vont certainement) être élevés afin d’être vendus aux divers établissements du pays. À l’heure actuelle, plus de 70 installations ont été construites pour la détention des cétacés, afin de les exposer au public et de leur faire faire des tours de cirque. Vous avez sans doute eu vent de ce qu’il s’est passé récemment en Russie, où 10 orques et 90 bélugas, qui avaient été capturés dans la mer d’Okhotsk à destination du marché chinois, ont été libérés à la demande du public et sur décision du président Poutine. J’étais l’une des rares scientifiques à avoir accès à cette installation et j’ai pu constater à quel point les conditions de détention étaient mauvaises pour les orques réservées par les établissements chinois. Avec mes collègues, nous avons rendu compte de la situation sur place et recommandé que les animaux soient relâchés dans l’océan. C’est chose faite depuis quelques semaines à peine, mais à présent que cette source d’approvisionnement est tarie, les Chinois se tournent activement vers les établissements détenant des orques en captivité.

Il est clair que le déplacement de tout cétacé de la France vers la Chine échappera à tout droit de regard et mettra également toute entreprise possédant ces animaux à l’abri de la surveillance des ONG et du gouvernement. Je vous recommande de lire les rapports de la China Cetacean Alliance [1] sur ces situations et les conditions épouvantables auxquelles les cétacés sont confrontés.

Je vous demande respectueusement, en tant que scientifique et biologiste spécialiste des cétacés, mais aussi en tant que témoin ayant dûment constaté les conditions de vie déplorables imposées aux animaux dans les aquariums chinois, d’interdire l’exportation de chacune des orques détenues en France afin de garantir qu’elles puissent continuer à bénéficier des protections qui leur sont accordées en vertu des lois françaises et européennes. Naturellement, je serais heureuse de discuter de la situation avec vous si vous avez des questions.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma très haute considération,

Dre Ingrid N. Visser (PhD)

1- http://chinacetaceanalliance.org/ pour les détails caractéristiques du parc et http://chinacetaceanalliance.org/wp-content/uploads/2019/06/19-CCA-Report-English-FINAL.pdf pour un rapport de synthèse. »

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Écologie Planète et animaux

Cesser l’utilisation de produits testés sur les animaux

Le principe des bonnes résolutions pour l’année à venir n’a le plus souvent que peu de sens, car cela tient à la vanité et à une perspective simplement individuelle. La seule résolution qui ait un sens est celle tournée vers les autres et il n’est pas besoin de date pour cela. Refuser les produits testés sur les animaux relève d’un choix inévitable qu’on doit être amené à faire. Qui ne le fait pas a une pierre à la place du cœur.


Chaque année en France, deux millions d’animaux subissent l’arbitraire de gens s’arrogeant le droit de les torturer et de les tuer, afin de chercher à « découvrir ». Considérant en effet que le monde est le fruit du hasard, l’expérimentation animale mène des activités partant dans tous les sens afin de « trouver » de nouvelles choses.

Les entreprises peuvent même mener des mêmes expériences en parallèles, étant concurrentes. Il n’y a ni centralisation des travaux, ni même un rendu public : on est dans l’opacité la plus complète. La seule chose qu’on sait, c’est que cela doit servir à développer des choses qui se vendent. Chaque année, 400 000 souris sont ainsi torturées et tuées rien que pour la recherche sur le botox.

Telle est la loi assassine du capitalisme : ce qui s’achète, ce qui se vend, voilà ce qui compte.

À cette quête éperdue de tout et n’importe quoi de vendable, s’ajoute le besoin de faire du chiffre. Fournir des statistiques est fort apprécié par une recherche fonctionnant à l’aveugle et se disant qu’à force d’accumuler des données, il en ressortira bien quelque chose. Les chercheurs maintiennent au passage leurs financements et cela les ravit.

C’est comme les données personnelles obtenues par Google et Facebook. Qui peut croire qu’il y a la capacité d’utiliser les milliards et milliards d’informations obtenues ? Car il faut savoir les employer à bon escient, et cela les chiffres ne disent pas d’eux-mêmes comment le faire.

Et qui peut oser dire que torturer un être vivant, c’est agir à bon escient ? Personne. Rien ne peut justifier l’arbitraire d’une telle volonté de toute-puissance. Abîmer la vie, la détruire, ne saurait contribuer à la vie elle-même, en aucun cas.


On connaît l’argument, évidemment : l’affirmation de l’humanité, notamment en médecine, passerait par là. Il n’y a qu’une réponse possible : cela est mensonger. Il suffit de constater qu’en France, jusque dans les années 1980, les bébés humains qui ne parlaient pas étaient opérés sans anesthésie, car on en avait conclu qu’ils ne souffraient pas!

Qu’est-ce que cela montre? L’absence d’empathie. Or, science sans conscience n’est que ruine de l’âme. Partant de là, l’expérimentation animale ne fait pas avancer l’humanité, malgré des données pouvant parfois être utiles, mais qui auraient pu être obtenues par la raison et qui ne justifient jamais, par définition, la souffrance, la torture, la mort.

Car qui accepte la souffrance, la torture, la mort, s’oppose par définition à la vie. L’expérimentation animale n’est jamais légitime.

Ne pas relever d’une absence de sensibilité, d’empathie… est un devoir. Agir positivement, par compassion, est ce qui en découle. Cesser d’utiliser les innombrables produits testés sur les animaux est un devoir. Il faut penser à tous les aspects de la vie quotidienne, même les plus improbables : cosmétiques, dentifrice, bloc WC, stylos…

Le plus simple est d’acheter des produits où figurent ces logos – le plus facile étant de se les procurer en magasins bios. Ces logos permettent d’éviter d’utiliser des produits testant sur les animaux hors de l’Europe par exemple, ou bien utilisant des animaux en amont des produits finis. Dans tous les cas il faut vérifier. Qui ne le fait pas trahit sa conscience.

Logo de la Human Cosmetics Standard

Logo d’IHTK
Logo de Cruelty-Free and vegan
Logo de Choose Cruelty-Free
Logo de Vegan action
Logo de la Vegan Society

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Politique

Grève à la fin décembre 2019: la fuite en avant de la CGT

Contrairement au discours entièrement triomphalistes des syndicats, la grève de décembre s’enlise en raison des comportements individualistes des grévistes eux-mêmes. Chassez le naturel d’une vie façonnée par le capitalisme, il revient au galop. La CGT a donc décidé de jouer le tout pour le tout avec le blocage des raffineries annoncé pour la semaine prochaine pour trois jours, avec possibilité de grève générale.

La CGT a publié une vidéo à l’occasion d’un petit message pour Noël, le 24. C’est une catastrophe mal ficelée avec un début beauf (le tintement provoqué par des « boules ») et en seconde partie l’insupportable rock festif tant affectionné en France du côté de la ringardise populiste « de gauche ».

Ce qui est révélateur, c’est le nombre de visionnages en une semaine, puisqu’on dépasse à peine les 2 000 vues. C’est une marginalisation typique de la Gauche actuelle dans notre pays malheureusement, mais pour un syndicat se voulant un mouvement de masse, c’est simplement terrible.

 

Cela reflète une situation culturelle catastrophique et, de manière typique du syndicalisme français, il y a une compensation par la fuite en avant. Au lieu de conquérir les mentalités, les esprits, il y a cette idée de forcer les choses.

C’est la raison des coupures d’électricité menées ponctuellement lors de la grève, comme lors des matchs de rugby Agen-Toulouse et Castres-Lyon le 21 décembre. C’est l’idée qu’une intervention volontariste peut apporter suffisamment de nuisance pour forcer le cours des choses.

C’est en ce sens qu’il faut comprendre la déclaration de Thierry Defresne, délégué central de la CGT chez Total, annonçant le blocage de toutes les raffineries de France du 7 au 10 janvier 2020. Jusqu’à présent, seule celle de Grandpuits (Seine-et-Marne) l’était depuis le départ, aux côtés de celle de La Mède et d’une troisième par moment.

Le délégué CGT, qui a fait l’annonce sur France info, a évidemment menacé du « grand soir » :

« Ce sera un blocage total. A l’issue de ces 96 heures de grève on se posera la question de savoir si l’on passe à l’étape de l’arrêt des installations. »

C’est évidemment là un bluff, car pour bloquer les carburants à l’échelle du pays, il faudrait une CGT aussi rude ou solide, selon ce qu’on voudra, que celle du début des années 1950. Qui peut croire que ce syndicat aux mains de bureaucrates au mode de vie relevant littéralement de l’aristocratie ouvrière vont chercher à soulever le pays ?

Mais la question fondamentale n’est en fait pas là. Car en annonçant une bataille du 7 au 9 janvier, alors que la prochaine manifestation a lieu le 9 justement, il y a l’idée d’apporter du sang frais à la grève actuelle – surtout voire seulement des cheminots et à la RATP – qui s’enlise de par le manque de solidité de la base, d’organisation.

Il y a la détermination d’une frange du mouvement, mais rien de galvanisé, rien de structuré, le volontarisme compensant tout pour l’instant, jusqu’au moment justement où cela ne suffira pas. La CGT espère compenser les manques… avec un autre volontarisme. C’est une fuite en avant.

Et à lire la folie furieuse de l’ultra-gauche parlant d’une grève victorieuse pour l’instant, se généralisant, etc. on comprend que concrètement il a toute une vielle Gauche syndicaliste d’un côté, l’ultra-gauche de l’autre, qui cherchent à sauver leur existence dans une France ayant profondément changé.

L’idée est de tenir coûte que coûte pour ne pas disparaître, jusqu’à ce qu’il y ait un mouvement populaire pour permettre de reprendre des forces. Sauf que les gens ne sont pas dupes et ne vont pas se lancer dans la bataille de leur vie pour la CGT et les cheminots.

On assiste donc à une séquence historiquement très importante, puisqu’il y a les élections municipales en mars. On risque donc d’avoir, comme en Italie au début des années 1920, un mouvement social économiste sans débouché politique ni perspective, une Droite aux aguets par peur de la lutte des classes et une extrême-Droite récupérant la déception.

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120 000 euros de capital pour chaque jeune de 25 ans: la proposition du bobo Thomas Piketty

Dans une vidéo Kombini, site plus connu pour raconter les dernières futilités concernant Drake ou Kim Kardashian que de contribuer à changer le monde, l’« économiste » Thomas Piketty présente sa dernière trouvaille, issue du dernier livre qu’il a à vendre : donner un « héritage » de 120 000 euros à chaque jeune à 25 ans. Voilà typiquement une idée de bobo n’ayant aucun sens des réalités.

Le capitalisme va mal ? Alors il faut le capitalisme pour tous ! Voilà la grandiose idée de Thomas Piketty, apprécié par les bobos du monde entier, à commencer par Barack Obama lui-même.

Le capitalisme serait donc tellement formidable qu’il faudrait que chacun puisse en profiter au début de sa carrière. C’est un peu comme au Monopoly : chacun la même mise de départ et c’est partie pour le grand jeu de la concurrence. Génial !

On a fait le calcul. D’après l’INSEE, les personnes ayant 25 ans durant l’année 2018 étaient 691 249. On multiplie par 120 000 et cela donne 82 949 880 000. Il faudrait donc 83 milliards d’euros par an.

Cela équivaut (d’après la loi de finance 2019) à l’addition de tout l’impôt sur le revenu (70,4 milliards nets) et de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (13,1 milliards nets).

Pour se donner une idée également, avec 83 milliards d’euros on a (toujours d’après la loi de finance 2019) quasiment les budgets consacrés à l’éducation et à l’Écologie/développement durable en France (85 milliards d’euros).

Plutôt que de doubler les budgets consacrés à l’écologie et à l’éducation (le plus gros budget), Thomas Piketty suggère donc que cela serait mieux d’en donner un bout à chaque jeune, pour qu’il fasse de son côté son petit bout de chemin capitaliste.


Comme par magie, cela résorberait les inégalités et le capitalisme deviendrait vertueux. Il faut vraiment être totalement imprégné de la pensée bourgeoise pour penser une telle chose… Mais cela n’est pas étonnant de la part d’un ancien de « Normal Sup’ » et de la London School of Economics.

Pour l’anecdote, il faut savoir qu’à l’époque où Dominique de Villepin voulait imposer à la jeunesse l’immonde Contrat Première Embauche, il mandatait Thomas Piketty pour faire une London School of Economics à la française à Paris.

Et dire que Benoît Hamon avait fait de Thomas Piketty son conseiller économique pour sa campagne en 2017… Tout cela parce qu’il a écrit un succès d’édition, Le Capital au XXIe siècle, qui en 2013 lui a accordé beaucoup d’estime dans les couches intellectuelles cherchant des réformes sociales mais à tout prix sans luttes des classes.

Quelle catastrophe pour la Gauche. Si Jean Jaurès, Léon Blum ou Maurice Thorez voyaient ça, ils n’en reviendraient pas.

Thomas Piketty se moque littéralement du monde ici avec ses 83 milliards d’euros par an tombés du ciel, comme s’il suffisait de le décréter pour faire apparaître tout cet argent, comme si la crise économique n’était qu’une invention de la Droite.

Une telle somme existe cependant, il n’a pas tord de ce point de vue là. Il faudrait la prendre aux riches, ou au « capital » comme il le dit pour se donner un genre « Karl Marx » (bien qu’il déteste Karl Marx, qui selon lui se serait trompé sur tout et n’aurait aucun contenu).

En l’occurrence, les riches, le capital, la bourgeoisie, ne se laisserait pas faire. Seul un pouvoir de gauche très fort, porté par les classes populaires menant une lutte de classe très intense, avec en tête la classe ouvrière massivement organisée dans des assemblées générales puissantes, pourrait arracher une telle somme, dans une situation quasi insurrectionnelle par ailleurs.

Il serait alors hors de question de disséminer tout cet argent individuellement à chaque jeune de 25 ans pour entretenir l’illusion du capitalisme ! La Gauche portée par les classes populaires aurait de biens meilleures idées pour ces moyens, en planifiant de manière rationnelle les dépenses dans un sens collectif et responsable.

Il paraît d’ailleurs que cela s’appelle le Socialisme. Et cela n’a rien à voir avec le populisme light et prétendument « de gauche » du vaniteux Thomas Piketty.