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Gauche historique contre post-modernes il y a 30 ans

À l’occasion de la mort de Gilles Bertin, il a été parlé de la bande dessinée « Z craignos », un très réussi portrait des ambiances branchées, alternatives, rebelles du Paris du début de la fin des années 1970 et du début des années 1980. Un épisode particulier montre que la problématique Gauche historique / post-modernes ne date pas d’hier.

L’idée est simple. Z craignos est un petit-bourgeois sensible et philosophe, qui se balade dans différents milieux et en tire des conséquences d’ordre moral et intellectuel, voire esthétique. Il veut bien participer à quelque chose, mais il veut être convaincu. Il ne l’est finalement jamais.

Ici, il va à un concert alternatif, intitulé No New York, qu’on devine dans l’esprit no wave expérimental de l’époque avec son côté post-new wave, post-punk, post-disco, etc. Le chanteur commence d’ailleurs à attraper quelqu’un par les cheveux dans le public. On doit être ici en 1979-1980.

La chanson présentée ici date de 1979 et anticipe cette démarche syncrétique, intellectualisante dont les Talking Heads, XTC ou Wire sont des exemples fameux (et incontournables dans la culture musicale). Voici la chanson dans ses deux versions : celle avec le groupe newyorkais et celle en solo, plus rythmée.

Ce qui se passe alors est justement un portrait du conflit entre la Gauche historique et les post-modernes. Deux groupes se font en effet face, tous deux relevant du mouvement autonome, des gens révolutionnaires mais ne se pliant pas à la culture conservatrice prédominante en France et acceptée par le PS et le PCF. On parle beaucoup de violences policières en ce moment. Mais ce n’était strictement rien par rapport à la chape de plomb des années Giscard…

Les gens désignés ici comme « ex maos libertaires » criant offensive autonomie – en réalité Au-to-no-mie et o-ffen-sive ! – sont les adeptes de la Gauche historique. Ils se situent dans le prolongement des années 1960 et de la Gauche prolétarienne pour une part, ainsi que de la mouvance communiste libertaire tournée vers les travailleurs, d’autre part. Cette mouvance veut des ouvriers en grève, des mouvements de masse associées à une guérilla, la révolution, etc.

L’autre groupe est quant à lui organisé autour de la revue Marge, qui appelle à la révolte individuelle, valorise les prostituées, les toxicomanes, les délinquants, les travestis, etc. C’est la marge qui porterait la vérité grâce à la transgression. Cette mouvance est appelée l’autonomie désirante. C’est le grand ancêtre des post-modernes et son influence dans l’histoire des idées a été importante en France.

Forcément, la rencontre entre les deux groupes tourne très mal.

On notera par ailleurs que la mouvance de l’autonomie offensive a très vite disparu, dès 1982 (Action Directe en est largement issue), laissant l’hégémonie totale à la mouvance rebelle-criminelle caractérisant alors l’autonomie française.

L’auteur Jean Rouzaud – qui a un regard extérieur mais a très bien ressenti les choses et en dresse un très bon portrait – nous amène alors dans la troisième grande famille de la Gauche non institutionnelle d’alors : les zadistes…

Évidemment avant cela ne s’appelait pas encore les zadistes. Mais la tradition était déjà là, puisqu’elle vient des années 1960-1970, notamment avec le mouvement anti-militariste dans le Larzac et l’installation en communautés, « le retour à la terre » comme dans la Drôme, etc.

Comme quoi, malgré les prétentions des uns et des autres, rien n’a été inventé! C’est pratiquement les mêmes lignes de fraction qu’auparavant. Sauf que cette fois, cela ne concerne plus quelques mouvances, mais des pans entiers de la Gauche. Les thèses ultra-individualistes de la revue Marge sont pratiquement celles, pour beaucoup, de l’État français aujourd’hui…

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Communiqué de la Gauche républicaine et socialiste (GRS) qui ne s’associe pas à l’appel pour la marche contre «l’islamophobie» dimanche 10 novembre

Voici le communiqué de la Gauche républicaine et socialiste (GRS), le parti fondé par Marie-Noëlle Lienemann et Emmanuel Maurel après leur départ du Parti socialiste. GRS est proche de la France insoumise et de Jean-Luc Mélenchon, mais on constate ici une divergence de fond sur un sujet important. Alors que beaucoup de membres de La France insoumise critiquaient encore il y a quelque temps la notion d’« islamophobie », voilà qu’ils ont totalement cédé par opportunisme. Tel n’est pas le cas de la Gauche républicaine et socialiste, qui reste ferme sur ses principes.

« LA GAUCHE RÉPUBLICAINE ET SOCIALISTE NE S’ASSOCIERA PAS À L’APPEL RÉDIGÉ EN VUE DE LA MANIFESTATION DU 10 NOVEMBRE PROCHAIN

La Gauche Républicaine et Socialiste (GRS) dénonce tous les racismes, et notamment ceux qui prennent pour prétexte la religion. Elle condamne fermement l’attitude de l’élu d’extrême droite qui s’en est pris à une mère, devant son enfant, alors qu’elle n’avait enfreint aucune loi ni règlement.Le dénigrement, la discrimination et l’hostilité à l’encontre de nos compatriotes de confession musulmane en cours dans certains milieux, partis et médias sont intolérables.

La République française doit s’y opposer de toutes ses forces, en faisant vivre ses principes de Liberté, d’Égalité et de Fraternité. Elle doit aussi poursuivre sans relâche et punir avec la plus extrême sévérité les criminels qui attentent à la liberté de culte et à la vie des croyants, comme cela s’est produit à Bayonne le 28 octobre dernier.

Des intellectuels progressistes, des formations politiques et des organisations de défense des Droits de l’Homme ont voulu alerter l’opinion sur le grave danger que courrait notre pays en s’abandonnant de nouveau, malgré les enseignements de l’Histoire, au poison des guerres de religion. Nous partageons leur indignation et nous leur témoignons notre fidèle amitié.

Mais la GRS ne peut s’associer à l’appel rédigé en vue de la manifestation organisée le 10 novembre prochain. Des formulations avec lesquelles nous sommes en profond désaccord y donnent à croire que la critique d’une religion serait assimilable, en tant que telle, à du racisme. Nous ne pensons pas, en particulier, que soient « liberticides » les lois de 2004 sur l’interdiction du port de signes religieux ostensibles à l’école ; et de 2010 sur l’interdiction de se couvrir le visage dans l’espace public.

Comme l’écrasante majorité des Français, la GRS soutient ces lois. Elle relève enfin que parmi ceux qui manifesteront dimanche, certaines personnalités et organisations portent un programme de régression de la laïcité, visant à instaurer une primauté de la foi sur la loi et un statut de la femme incompatibles avec les valeurs de notre République.

Militante pour une République en actes, émancipatrice partout et pour toutes et tous, la GRS appelle la gauche et les républicains sincères à mener le double combat qu’impose la situation :

• Contre toutes les tentatives d’imposer à la République des statuts particuliers bafouant ses principes, dont l’islam politique est l’une des indiscutables manifestations,

• Pour le respect dû à chacune et chacun d’entre nous, quelle que soit son origine, son genre, son orientation sexuelle, ses opinions ou sa religion. »

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Politique

Lutte ouvrière capitule finalement devant le concept d’«islamophobie»

Accepter ou refuser tel ou tel concept a un sens. Lutte Ouvrière, l’organisation d’Arlette Laguiller et de Nathalie Arthaud, a été ainsi très clair sur le concept d’« islamophobie » : elle le rejette comme un outil culturel de forces réactionnaires, elle condamne l’extrême-Gauche complaisante et populiste. C’était en 2017. À l’occasion de la manifestation du 10 novembre 2019, elle a fini par s’aligner et capituler sur le plan des idées, de la culture.

Nathalie Arthaud utilise donc le concept d’« islamophobie », de manière assumée. En février 2017, sa revue internationale Lutte des classes publiait un article à charge contre ce terme: Le piège de la «lutte contre l’islamophobie».

Y était dénoncé la galaxie utilisant ce terme comme vecteur d’une démarche religieuse et – surprise – on trouve justement les signataires de l’appel pour la manifestation du 10 novembre auquel souscrit finalement Lutte Ouvrière. Voici ce qu’on y lit :

La galaxie de l’anti-islamophobie

Depuis plusieurs années, une galaxie de groupes se donnant pour objectif la « lutte contre l’islamophobie » se développent et prennent diverses initiatives. Certains, comme l’UOIF (Union des organisations islamiques de France) ou PSM (Participation et spiritualité musulmanes), sont ouvertement des associations de prosélytisme religieux. D’autres se défendent d’être des organisations religieuses et se cachent derrière des revendications d’égalité, de lutte contre le racisme et contre l’islamophobie. C’est le cas du CCIF (Collectif contre l’islamophobie en France), de Mamans toutes égales, du Collectif une école pour toutes, Féministes pour l’égalité, et plus récemment d’Alcir (Association de lutte contre l’islamophobie et les racismes). Le Parti des indigènes de la République (PIR) est aussi à ranger dans cette galaxie.

Depuis l’attentat contre Charlie hebdo, en janvier 2015, les initiatives de ces groupes se sont multipliées : rassemblement anti-islamophobie le 18 janvier 2015 à Paris ; meeting contre l’islamophobie et le climat de guerre sécuritaire le 6 mars 2015 à Saint-Denis ; Marche de la dignité et contre le racisme organisée par le PIR le 31 octobre 2015 ; meeting à Saint-Denis contre l’état d’urgence le 11 décembre 2015, ou encore, le 21 septembre dernier, le meeting d’Alcir baptisé « Pour un printemps de la liberté, de l’égalité et de la fraternité », organisé dans le 20e arrondissement de Paris.

Ces différentes initiatives ne prêtent pas forcément à la critique. Le rassemblement du 18 janvier 2015 était une réponse à une manifestation d’extrême droite organisée le même jour pour « expulser tous les islamistes ». Et organiser des réunions contre l’état d’urgence ou marcher contre le racisme peut sembler juste. La question est de savoir qui organise ces initiatives, quelles idées s’y expriment, et ce que des militants qui se disent d’extrême gauche y font et y disent.

Ces rassemblements ont tous été en réalité des tribunes pour des organisations islamistes et communautaristes.

Lors du rassemblement du 18 janvier 2015, des jeunes brandissent des drapeaux algériens, turcs, marocains, des panneaux portant des sourates du Coran, et une grande banderole : « Touche pas à mon prophète ».

Le meeting du 6 mars 2015 était coorganisé par l’UOIF. Celui du 11 décembre faisait, lui aussi, la part plus que belle aux militants religieux. Certes, des laïcs (journalistes du Monde diplomatique ou représentante du Syndicat de la magistrature) s’y sont exprimés, mais en partageant la tribune avec Tariq Ramadan, Ismahane Chouder, porte-parole de PSM, ou Marwan Muhammad, porte-parole du CCIF.

On retrouve les mêmes parmi les signataires de l’appel pour le meeting d’Alcir du 21 septembre 2016. Le nom des porte-parole des associations et groupes religieux musulmans figure sur l’affiche, ornée d’une photo d’une femme voilée drapée… dans un drapeau bleu-blanc-rouge.

Parmi les signataires de cet appel on trouve le NPA, qui a appelé à ce meeting sur son site, avec cette affiche puant le patriotisme et le républicanisme.

Ces différentes initiatives se sont faites avec la participation ou le soutien de groupes ou partis de gauche (Attac, Ensemble, EELV) ou d’extrême gauche (anarchistes libertaires, antifas, NPA). Et le 18 décembre 2016 encore, a eu lieu une conférence internationale contre l’islamophobie et la xénophobie, à Saint-Denis, à laquelle appelaient conjointement le Parti des indigènes de la République et le NPA, et dont l’appel était signé par Olivier Besancenot et Tariq Ramadan.

Le même article dénonce la complaisance avec ces forces présentées comme réactionnaire…

La complaisance de l’extrême gauche

Une partie de la « gauche de la gauche » organise avec ce milieu réactionnaire toutes sortes d’initiatives, leur ouvre ses colonnes ou discute doctement avec eux de leurs positions.

Ce n’est pas par accident. Il y a longtemps que la LCR, et plus encore le NPA, se refusent à critiquer clairement le voile, et font preuve vis-à-vis de l’islam d’une bonne dose de démagogie. On se souvient de l’affaire de la candidate voilée du NPA dans le Vaucluse, en 2011. Se refusant à affirmer sans ambages le caractère oppressif du voile et de ses divers avatars vestimentaires, des membres de ce parti sont allés par exemple, en août dernier, jusqu’à organiser dans le cadre de leur université d’été une manifestation pour défendre le droit des femmes à porter le burkini, aux cris de « Trop couvertes ou pas assez, c’est aux femmes de décider ». On n’est, on le voit, pas très loin du féminisme décolonial.

Le NPA a déclaré, à la suite d’une réunion de sa direction nationale les 17 et 18 septembre dernier, que « le NPA, ses militants, ses porte-parole et son candidat seront au cœur de l’action contre le racisme et l’islamophobie ». Un communiqué du 16 octobre appelle à « faire de la lutte contre l’islamophobie une véritable priorité ».

Cela n’a rien de fortuit, de la part d’un courant qui a pour habitude d’épouser les idées d’autres courants, dans l’espoir de gagner l’oreille de telle ou telle fraction de la jeunesse, de la petite bourgeoisie intellectuelle ou du monde du travail. Autrement dit : tentons d’attirer les jeunes des banlieues à nous… en nous rangeant derrière des organisations qui, elles, disent ce que ces jeunes veulent entendre, quelque réactionnaires que soient leurs idées.

Cet opportunisme est une vieille tradition d’une partie du mouvement trotskyste, la même qui l’a conduite, dans le passé, à soutenir sans s’en démarquer les nationalistes des pays colonisés, comme le FLN algérien, ou certains courants staliniens, à trouver des vertus aux associations les plus réformistes, comme Attac, ou à faire les yeux doux aux décroissants.

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Il y a trente ans, la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989

Le mur de Berlin qui s’est effondré il y a trente ans le 9 novembre 1989 signifiait la réunification tant attendue de l’Allemagne. La déchirure qu’avait connu ce pays se terminait enfin, pour la plus grande joie de la population. Que certains comme Jean-Luc Mélenchon y voient une « annexion » reflète une incompréhension complète de l’histoire allemande et en particulier de la ville de Berlin.

Pour comprendre le sens de la chute du mur de Berlin, il faut retracer ce qui s’est passé depuis 1945. Cette année-là ne fut pas du tout perçue par les Allemands comme celle de la libération, mais bien comme une défaite. Les communistes étaient horrifiés par la mentalité dominant la quasi totalité des gens.

Ils accentuèrent alors encore plus leur volonté d’unité avec les socialistes et proposèrent directement une fusion. Les socialistes étaient en grande partie d’accord, mais ils se méfiaient des communistes et exigeaient que cela devait prendre du temps.

Les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France ne voulaient évidemment pas en entendre parler. Ils appuyèrent donc la droite des socialistes, qui firent scission. Il y avait alors deux centres : un à Berlin avec Otto Grotewohl, l’autre à Hanovre avec Kurt Schumacher.

La pression de la guerre froide précipita la tendance. Dans la zone contrôlée par les soviétiques, les socialistes s’unifièrent avec les communistes, alors qu’à l’ouest sous l’égide de Kurt Schumacher les socialistes mirent en place un SPD très violemment anti-communiste, le parti communiste se faisant rapidement interdire, avec des interdictions massives d’emploi pour eux dans la fonction publique.

Au départ, l’Allemagne de l’Est ne cessa d’appeler à l’unification de l’Allemagne. Mais avec la « coexistence pacifique » finissant par triompher, cela fut abandonné. L’hymne à l’est, Auferstanden aus Ruinen (en français « Ressuscitée des ruines »), perdit ses paroles qui soulignaient l’unité allemande. Le régime est-allemand ne se définit plus alors comme la partie démocratique de l’Allemagne, mais pratiquement comme un autre pays. Le traité fondamental RFA-RDA entérine cette coupure entre deux États, pratiquement deux pays.

Il faut toutefois comprendre qu’il y avait Berlin-Ouest et qu’au cours de ce processus, cela posait problème à la ligne nouvelle de la RDA, car affirmer un pays nouveau est une chose, posséder une enclave sur son propre territoire en est une autre.

Il faut souligner ici que Berlin-Ouest ne relevait officiellement pas de la RFA. Dans les faits, c’était bien le cas, mais officiellement c’était une sorte d’entité autonome. En murant Berlin-Ouest en 1961, la RDA coule pour ainsi dire dans le béton cette entité autonome, afin d’être en mesure d’affirmer le caractère désormais national de la RDA.

C’était là totalement vain. Toutefois, la population encadrée par un État satellite d’une URSS surpuissante et conquérante dans les années 1970 et 1980 ne fut pas en mesure de s’y opposer. Seuls deux courants politiques s’y opposèrent.

Il y eut ainsi le KPD/ML, une organisation ouest-allemande se revendiquant de Mao Zedong qui créa des sections à l’Est et appela à l’unification. Ces sections furent écrasées au bout de quelques années.

Il y eut surtout les néo-nazis, dont la mouvance explose parallèlement à l’affirmation de la RDA comme étant pratiquement une nation. Pour cette raison, à la tombée du mur, la violence néo-nazie en Allemagne de l’est fut immense et d’une brutalité extrêmement forte. Ces derniers jours en Allemagne, il y eu une très importante vague de messages sur Twitter, très largement médiatisée, traitant des #baseballschlaegerjahre (les années des frappeurs à la batte de baseball).

Pour avoir un équivalent, il suffit d’imaginer une petite ville, avec des cités dortoirs comme on en a en France et au lieu qu’il y ait des groupes de « racaille » formés de déclassés semi-criminels, il y avait des gangs néo-nazis quadrillant ce territoire formant une « zone nationale libérée ».

Il a fallu une énorme mobilisation antifasciste pour y mettre relativement un terme. Il est toutefois considéré que les succès à l’est de l’AFD reposent en bonne partie sur toute une génération d’anciens jeunes néo-nazis arrivés à l’âge adulte et servant de base populaire « sérieuse » à ce mouvement.

C’est l’un des sous-produits ignobles de la séparation de l’Allemagne, cette horreur qui a défiguré un pays et un peuple, comme il défigure encore le peuple coréen aujourd’hui. On ne peut pas couper un peuple en deux. La chute du mur de Berlin était en ce sens inévitable et c’était une affirmation démocratique inévitable.

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Les réactions à l’appel pour le 10 novembre contre «l’islamophobie»

L’appel à une marche ce dimanche 10 novembre 2019 contre « l’islamophobie » génère beaucoup de remous à Gauche. Il y a en effet de nombreuses réticences à l’offensive de la « Gauche » post-moderne alliée aux courants politiques musulmans à visée culturelle et aux courants « décoloniaux ». Voici un aperçu des réactions les plus significatives.

La réaction la plus marquante a été celle du Parti socialiste mardi 5 novembre, à l’issue de son Bureau National. De part sa tradition, à la fois institutionnelle et de gauche, le PS ne pouvait en effet pas se joindre à un appel ayant une dimension communautaire et religieuse aussi évidente.

Il y a également des personnalités qui se sont particulièrement exprimées sur le sujet, comme le socialiste Amine El-Khatmi, élu PS d’Avignon. Engagé depuis longtemps contre la montée de l’islamisme et du communautarisme, il fait partie des personnes lucides sur le mot « islamophobie », qu’il sait être « imposé dans le débat public par les islamistes ».

Il a eu des propos très appuyés au sujet de la marche de dimanche :

« Lorsqu’une partie de la Gauche va manifester avec des islamistes autour d’un mot d’ordre, l’islamophobie, qui est le refus d’une critique de la religion : oui, je le dis, c’est une trahison. De l’esprit « Charlie », de l’esprit du 11 janvier 2015 et plus que ça encore, c’est la trahison des combats historiques de la Gauche pour l’émancipation des individus, pour la liberté de conscience, pour le droit aux citoyens de s’élever de l’assignation à résidence identitaire. »

Ce discours incarne largement le sentiment des gens liés à la Gauche historique en France, avec bien sûr des nuances suivant les courants. Mais ce n’est pas celui de la « Gauche » post-moderne, hégémonique dans la direction des organisations, qui ne veut plus de la Gauche historique et préfère une alliance avec des courants politiques musulmans.

> Lire également : L’appel «anti-islamophobie» pour le 10 novembre de la Gauche post-moderne

Cette contradiction génère de nombreuses tensions, visibles au PCF notamment. Sa direction, qui est plus que poreuse au post-modernisme, acceptant l’écriture inclusive ou la question des « trans », a donc dû prendre des pincettes sur le sujet.

Le premier secrétaire du PCF Fabien Roussel n’a ainsi pas signé l’appel, pour ne pas engager l’organisation, en se contentant d’expliquer benoîtement qu’il ne s’y était « pas retrouvé ». L’appel a cependant été largement diffusé dans le PCF et ce sont des personnalités individuelles qui se sont chargées de le signer et même de le défendre.

C’est le cas de Ian Brossat, évidemment, mais aussi des députés Stéphane Peu et Elsa Faucillon, qui assume jusqu’au bout l’appel à marcher contre « l’islamophobie » :

« Face aux pressions, nous ne devons pas céder mais serrer les coudes pour soutenir nos concitoyens de confession musulmane »

Les réticences des gens de gauche face à cet appel révèle aussi un opportunisme grossier de la part de certaines personnalités l’ayant signé, mais feignant ensuite de n’avoir pas bien compris ce qu’ils signaient. C’est le cas Yannick Jadot (EELV), d’Adrien Quatennens (LFI) ou encore de François Ruffin (LFI) qui explique de manière grotesque n’avoir pas porté une attention suffisante au texte car il était avec ses enfants en Belgique « en train de manger des frites et des gaufres » et que de toutes manières, il ne sera pas là dimanche car il a « foot »…

Caroline de Haas pour sa part a demandé à ce que sa signature soit retirée de l’appel, mais elle se rendra quand-même à la marche dimanche pour en profiter.

Opportunisme également, mais dans l’autre sens : Eric Coquerel de la France insoumise explique qu’il a changé d’avis sur le terme « islamophobie », qu’il rejetait avant, qu’il assume maintenant. Selon lui, la critique de l’alliance avec des courants musulmans politiques serait un « universalisme abstrait » et :

« le risque de dérive communautariste, c’est-à-dire la capacité d’une communauté de subordonner les lois de notre République aux lois d’une religion ou de ses intérêts particuliers, n’a pas aujourd’hui de réalité de masse. »

Jean-Luc Mélenchon pour sa part « persiste et signe » sur l’appel, car « il faut savoir faire bloc quand l’essentiel est en jeu». Il en profite également pour lancer une petite pic propre à satisfaire les antisémites, expliquant qu’il soutient l’appel :

« pour ce qu’il y a dans le texte et pas en raison de ceux dont je découvre ensuite qu’ils l’ont également signé. Sinon, je n’aurais jamais signé de texte dans le passé avec Bernard-Henri Lévy ni avec le Crif ».

David Cormand, dirigeant d’EELV, ne regrette « pas du tout » d’avoir signé l’appel avec lequel il n’a « aucun problème », se disant même surpris par « la fébrilité » de certains. C’est peu ou proue la même chose chez Génération-s, qui prétend que :

« Il y a une attaque continue et extrêmement violente contre les populations musulmanes en France et Génération.s sera présent dimanche »

Clémentine Autain, figure du post-modernisme en France, est en première ligne pour défendre l’appel et combattre la Gauche historique :

« Nous devons être là car il y a une responsabilité de la gauche. J’appelle à ce que les forces progressistes y soient les plus nombreuses possible, parce que c’est nous qui donnerons le la ! »

Elle justifie cela par des propos grandiloquents, d’un populisme outrancier :

« Si on continue comme ça, on va vers la guerre civile ! »

« Nous traversons une période dangereuse, dans laquelle les musulmans sont la cible d’une haine qui met en jeu les valeurs républicaines »

Enfin, du côté des organisateurs, il y a eu des réactions très virulentes aux critiques venues de la Gauche, notamment de la part de Madjid Messaoudene, élu de Saint-Denis :

«  Il y a une tentative de sabotage de la part de la fachosphère et de la gauche, on en prend note : les polémiques du RN sont reprises par le PS ».

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Culture

Décès de Gilles Bertin, chanteur de Camera Silens et braqueur

Il existe en France une profonde passion pour le crime dans certaines franges de la population. Déclassés et anarchistes, éléments antisociaux et lumpens célèbrent le crime comme acte libérateur, pratiquement transcendant. Le parcours de Gilles Bertin, qui vient de décéder, est ici exemplaire d’une fascination pour la figure du criminel refaisant sa vie.

Il y a des virages qu’il ne faut pas rater. En 1982 avait lieu un tremplin rock et il y eut deux ex-aequo : Camera Silence et Noir Désir. Les musiciens de ce dernier groupe refuseront le prix et assument un esprit qui va leur permettre par la suite une carrière fulgurante, avec une haute qualité, mais avec une base finalement douteuse comme le révélera l’affaire Bertrand Cantat par la suite.

Camera Silens gagna alors le droit d’enregistrer un album, mais cela n’empêchera pas l’autodestruction. Car Camera Silens relève de toute une mouvance mêlant punk, skinheads, autonomes, réseaux favorables à la lutte armée en Allemagne ou en Italie (dont Action Directe n’est qu’un aspect), ainsi que branchés fréquentant le Palace.

On se tournera avec fascination vers une bande dessinée méconnue et fondamentalement mésestimée, alors que c’est un portrait exemplaire de toute un esprit : Z craignos (notamment le passage chez les punks et les skins, les autonomes étant liés à tout cela par la dimension squat).

Gilles Bertin est l’un de ceux-là et le chanteur d’un groupe mythique de la scène, Camera Silens, version latine allégorique (« cellule silencieuse ») désignant la dépravation sensorielle des cellules où sont enfermés les militants emprisonnés de la Fraction Armée Rouge en Allemagne de l’Ouest.

Une chanson comme « Est/Ouest » reprend d’ailleurs exactement le discours anti-guerre et anti-blocs des guérillas urbaines alors, tandis qu’une chanson comme « Pour la gloire » est typique d’un esprit punk skinhead d’esprit antisocial. Cela et d’autres chansons reflétant toute une angoisse sociale extrême, dans l’esprit des punks et des autonomes alors, font de l’album Réalité un classique du genre (avec notamment la chanson éponyme), qui a profondément marqué les esprits pour qui l’a découvert.

Seulement cette mouvance dans sa version française a deux fascinations : la drogue (surtout l’héroïne) et le crime. Alors qu’à Berlin les autonomes et les punks ont une démarche très hippie, ouvrent une centaine de squats à Berlin-Ouest et sont totalement culturels et politiques, en France on est dans l’autodestruction.

Il y a des fascinations pour les esthétiques fascistes, il y a des liaisons ouvertes avec les milieux criminels, les histoires sordides sont légion. Pour n’en citer qu’une – le faut-il vraiment ? – il y a un groupe d’une dizaines d’autonomes vivant dans un squat parisien et pratiquant des braquages, mais un couple veut arrêter. Ils sont exécutés, la femme connaissant un viol collectif auparavant.

Gilles Bertin se drogue donc, commet des vols, se fait condamner à neuf mois de prison et en fait six en pratique, il a une compagne qui attend un enfant, mais il décide de participer à un braquage et s’enfuit sans jamais revoir sa femme et son enfant littéralement abandonnés. Il apprendra bien plus tard en appelant son père que sa mère est morte.

Le braquage en question, qui s’est déroulé en 1988, au moyen d’une prise d’otages de deux salariés ayant les clefs de l’entrepôt de la Brinks et de leurs épouses – une action typiquement criminelle, donc – a amené un butin de 11,7 millions de francs (l’équivalent à l’époque de 2,9 millions d’euros). Gilles Bertin a un très beau pactole malgré le partage entre militants indépendantistes basques, punks et toxicomanes. Il se dore la pilule en Espagne sur la côte en ayant donc abandonné femme et enfant, refait sa vie en Espagne et au Portugal.

Malade du sida, il profite de l’absence de surveillance pour les papiers au Portugal pour se soigner, tout en tenant un magasin de disques. Il vit ensuite en Espagne mais a des soucis pour se faire soigner. Qu’à cela ne tienne, il revient en France en 2016 pour se faire soigner puisqu’il n’a pas le choix, jouant les repentis, ce qui marche puisqu’il obtient cinq ans avec sursis, tout en publiant Trente ans de cavale Ma vie de punk.

La boucle est bouclée et il y a tous les ingrédients pour faire de ce parcours quelque chose de romantique, alors que c’est totalement vide de sens. Pas étonnant que les médias parlent avec fascination de tout cela, comme d’ailleurs « l’anniversaire » de la mort de Jacques Mesrine, le 2 novembre 1979, a eu beaucoup d’échos.

Cette fascination pour le crime est odieuse, mais comment s’étonner à une époque où ce qu’on doit qualifier de cannibalisme social est si valorisé par des films, des séries, des chansons ?

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Réflexions Vie quotidienne

La fidélité, une valeur prolétarienne

En tant que classe sociale, le prolétariat est le vecteur d’une morale, de valeurs qui sont liées au quotidien mais aussi à toute une transmission collective, allant de la famille jusqu’aux luttes sociales en passant par les relations amicales et amoureuses. Au cœur de la transmission prolétarienne, il y a valeur cardinale qui est celle de la fidélité.

La loyauté est une valeur qui est difficile à saisir si l’on est pas soi-même issu ou lié à la classe ouvrière. Pour la bourgeoisie et la petite-bourgeoisie, elle apparaît toujours comme quelque chose de « décalé », d’un peu has been. Être moderne, ne serait-ce pas être « libre » de tous les carcans moraux, des normes ?

Cette incompréhension des classes éduquées se voit parfaitement bien lors d’une fermeture d’usine avec des reclassements à la clef ou lors d’une rénovation urbaine d’un quartier HLM délaissé. Bourgeois et petit-bourgeois se disent : « pourquoi ces gens ne sont pas contents de la modernisation ? Cette usine n’était-elle pas le vecteur d’un travail aliénant ? Ce quartier ne tombait-il pas en ruine ? ».

Pour les bourgeois, c’est la preuve du conservatisme des classes populaires, de leur réticence au « changement ». Mais, pour les prolétaires, c’est tout un monde qui s’écroule, un héritage de riches histoires, d’amitiés, d’expériences culturelles à laquelle on est fidèle.

Plus que fidèles à eux-mêmes, à leur propre personnalité, les prolétaires sont loyaux envers leur propre histoire en tant qu’histoire collective partagée dans la morosité et la joie du travail, du quartier, de la zone pavillonnaire, de la campagne. Il n’y a qu’à voir comment Mc Circulaire parle de sa campagne, en refusant le business du rap mainstream. Il y a une forme d’humilité, de respect et c’est cela la fidélité populaire.

Au cœur de la vie quotidienne, on reconnaît la loyauté prolétaire avec par exemple ces personnes qui donnent tant d’attention à leurs grands-parents car ils y voient le vecteur essentiel de la transmission d’une histoire, d’un héritage. Tout comme cela est visible dans cette parole si populaire de « respecter les anciens » ou dans cet attachement au couple amoureux, c’est-à-dire au prolongement dans le temps d’une fidélité à la fidélité elle-même.

Le style ouvrier réside bien dans cette loyauté et l’on peut voir d’ailleurs comme des pans de la Gauche se sont brisés sur cet aspect si essentiel de la vie quotidienne. Ce fut ainsi le cas de la Gauche contestataire dans l’après mai 1968. Si des milliers de gens, d’origine petite bourgeoise, sont allés aux ouvriers, à quoi cela sert-il si c’est pour partir aussitôt qu’on est arrivé ? Quelle fidélité, quelle loyauté, quelle crédibilité ?

Car, sur ce point, les ouvriers sont, plus que tout autre, d’une exigence absolue. À ce titre, la classe ouvrière est le seul contre-feu stable à la décadence d’une bourgeoisie qui valorise la casse de tout ancrage historique ( qu’il soit individuel ou historique ). C’est là le sens du triomphe de la PMA, de sites d’adultère comme Gleeden, de l’art contemporain sonnant comme un reflet de cette grande bourgeoisie cosmopolite en complète trahison de sa propre histoire.

La fidélité est tellement essentielle aux classes populaires qu’elle a été à la base de ses décrochages dans l’Histoire. N’est-ce pas de la fidélité populaire à la nation qu’est née la commune de Paris de 1871 ? N’est-ce pas de la loyauté envers la souveraineté que s’est développée la Résistance des années 1940 ?

Au regard de l’histoire, on peut dire certainement que la fidélité est le style de vie prolétarien dans tous les aspects la vie quotidienne. Elle se réalise ensuite au plan politique dans le Parti.

En effet, dans le mouvement ouvrier, cette fidélité s’est traduite par la discipline et la loyauté envers la SFIO ou la SFIC – Parti Communiste . Être membre d’un Parti de la classe ouvrière, c’est devenir fidèle à la fidélité elle-même incarnée par la discipline partisane.

Bien sûr on peut le critiquer, car sans la critique et l’auto-critique, cela dérive vers un enlisement bureaucratique. Mais d’un autre côté, c’est aussi l’expression de ce style ouvrier car derrière la fidélité il y a la ténacité, l’abnégation, la fermeté.

C’est ce que n’ont jamais compris la bourgeoisie et la petite-bourgeoisie, y voyant là un écrasement de l’individu, tout comme elles voient aujourd’hui la liberté dans l’amour libre, la déconstruction individuelle et bannit toute cadre moral collectif. C’est la raison qui explique que la Gauche, portée par les classes moyennes de centre-ville, s’est faite laminée par le postmodernisme et ses soutiens aux luttes des marges (LGBT, « racialisme », décoloniaux…)

Le danger est qu’il y a un courant, issu des classes dominantes, qui a saisi tout cela et surfe habilement dessus : le fascisme. C’est sa mise en avant de l’ « enracinement », sa valorisation unilatérale de la « famille », de la discipline militaire, de l’honneur de la patrie. Ce n’est qu’un détournement démagogique qui vise à assécher l’élan populaire vers son émancipation.

La Gauche historique se doit de défendre cette valeur de la fidélité dans tous les aspects de la vie quotidienne. C’est une des conditions à la conquête de l’hégémonie culturelle et à la construction d’une nouvelle société démocratique, populaire. S’il y a un sens à défendre la Gauche historique, c’est bien celui-ci : ouvriers, soyez fidèles à vous-même, à votre héritage, celui du Socialisme, du mouvement ouvrier, du drapeau rouge, de ses générations qui ont combattu pour l’émancipation.

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Politique

Le Parti socialiste ne participera pas à la manifestation du 10 novembre contre l’«islamophobie»

Voici la résolution du Bureau National du Parti socialiste expliquant pourquoi il ne prendra pas part à la manifestation du 10 novembre contre l’« islamophobie » :

« Résolution adoptée au Bureau National du 5 novembre 2019

L’attentat perpétré il y a quelques jours à la mosquée de Bayonne est un acte odieux contre nos concitoyennes et concitoyens de confession musulmane et donc contre la République.

La parole raciste à l’encontre des Françaises et Français de confession musulmane s’est libérée, facilitant les passages à l’acte. Des insultes quotidiennes à l’attentat de Bayonne, nos compatriotes sont la cible de l’extrême droite identitaire. Nous condamnons toutes celles et tous ceux qui arment par leurs discours la haine à leur encontre.

Il appartient à la République toute entière de se dresser contre les paroles, les actes et les promoteurs de haine à l’encontre des musulmans.

Pour autant, le Parti socialiste ne participera pas à la manifestation du 10 novembre.

Nous ne voulons pas nous associer à certains des initiateurs de l’appel. Nous ne nous reconnaissons pas dans ses mots d’ordre qui présentent les lois laïques en vigueur comme «liberticides».

Nous nous reconnaissons au contraire dans la France républicaine où la laïcité garantit la liberté de conscience et la liberté religieuse à chacune et chacun, comme le droit de critiquer les religions.

Le combat contre la haine des musulmans doit être celui de la République toute entière, nous appelons l’ensemble des organisations républicaines à se retrouver pour porter ensemble ce combat. »

 

> Lire également : L’appel «anti-islamophobie» pour le 10 novembre de la Gauche post-moderne

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Écologie

La chasse à courre est responsable d’un accident gravissime en Indre-et-Loire

Voici le communiqué d’AVA France relatant cet événement gravissime :

« 🚨 UN NOUVEL ACCIDENT CAUSÉ PAR LA CHASSE À COURRE ! 🚗🦌🏇

Samedi dernier, en forêt de Loches (37), une famille qui empruntait la D764 n’a pu éviter le cerf qui fuyait l’équipage du Berry. Le choc très violent a projeté l’animal à 50 mètres de là, et le véhicule a fini sur le toit, dans un fossé.
Le père et l’enfant de 2 ans s’en sont sortis miraculeusement indemnes, mais la mère est aujourd’hui plongée dans le coma au CHU de Tours. Nous espérons quelle se remette très vite. 💚❤️🏥

Depuis l’annonce de ce terrible accident, les communicants de la vénerie font tout pour étouffer l’affaire, envoyant des faux témoins inonder les réseaux sociaux et appelant la rédaction de la Nouvelle République pour faire éditer leur article sur le sujet. Un de leurs responsables locaux a même eu le cran d’accuser « les cueilleurs de champignons » d’avoir causé l’accident !!!
Ceux qui suivent nos pages le savent pourtant bien : ces accidents sont nombreux et font partie intégrante de la chasse à courre. C’est ce qui arrive immanquablement quand on lâche une soixantaine de chiens en forêt pour débusquer et traquer de grands animaux.

Nous apporterons bien sûr tout notre soutien, moral comme légal, à la famille qui a subi cette tragédie, pour que les responsables soient condamnés.
Mais pour que cela ne se reproduise plus, il n’y a qu’une seule solution : ABOLIR LA VÉNERIE AUJOURD’HUI ! 📯🗡🚫


Deux articles de presse à propos de cet accident :
https://www.lanouvellerepublique.fr/…/loches-une-voiture-pe…
https://www.lanouvellerepublique.fr/…/accident-en-foret-de-… »

Voici également l’appel à témoin lancé par AVA Indre :

« 🚨 APPEL À TÉMOINS : GRAVE ACCIDENT SUR LA D764 SAMEDI !!! 

Un terrible accident s’est produit ce samedi matin, vers 11h30, sur la route entre Genillé et Loches.
Pendant une chasse à courre en forêt de Loches, un cerf déboule sur la route et heurte une voiture transportant une famille.
Le choc est si violent que le véhicule finit sur le toit, dans un fossé. À l’intérieur, la mère de famille fait un arrêt cardiaque, tandis que son mari et son enfant de deux ans s’en sortent miraculeusement avec des blessure superficielles.
Le cerf, lui, a été éjecté à 50 mètres de là et est mort sur le coup.
Pour le capitaine de Gendarmerie Gaudrel, cet accident souligne « la dangerosité de la forêt quand les animaux sont chassés ».
(Source : https://www.lanouvellerepublique.fr/…/loches-une-voiture-pe…)

Si vous avez des informations sur ce terrible accident, contactez-nous en commentaire ou en message privé ! 📸✒️

La chasse à courre est un danger pour tous : il faut en finir avec cette pratique d’un autre age, sans aucun respect pour la vie sauvage et la société qui l’entoure. »

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Société

Pourquoi le cyclisme sur piste n’intéresse plus grand monde ?

La semaine prochaine du 12 au 17 novembre auront lieu Les six jours de Gand en Belgique, un des derniers grands événements massifs du cyclisme sur piste en Europe. Mais pourquoi ce sport si spectaculaire, jadis si populaire, n’est aujourd’hui plus que l’ombre de lui-même ?

Les six jours de Gand est une sorte de spectacle figé hors du temps. Pendant 6 jours, sous la clameur d’un stade bondé, chaque soir des cyclistes s’affrontent sur plusieurs épreuves pour cumuler des points avant de se départager sur l’épreuve ultime le dernier soir, la course à l’américaine.

Aucun vélodrome au monde ne réunit encore une telle ferveur. C’était pourtant légion au XXe siècle. Le Vélodrome d’hiver à Paris par exemple, tristement célèbre en raison de l’horrible rafle antisémite des 16 et 17 juillet 1942, était avant ça un stade très populaire, comme on le voit sur cette image :

La course à l’américaine, dont le nom officiel en anglais est la Madison, tiens son nom du Madison Square Garden, où là aussi se déroulaient des épreuves de cyclisme sur piste très populaires.

Aujourd’hui, à part aux Jeux Olympiques tous les quatre ans, le cyclisme sur piste n’intéresse presque plus personne. Les différentes épreuves de courses en peloton ou de sprints sont pourtant très spectaculaires et peuvent être sportivement très intéressantes.

Beaucoup de gens peuvent regarder le Tour de France pendant 5 heures à la télévision alors qu’il ne se passe rien… mais ils ne s’intéressent pas à des courses en peloton sur vélodrome. C’est là quelque-chose d’étonnant. Ces courses sont pourtant palpitantes, variées, avec un grand enjeu tactique immédiatement perceptible et analysable, comme au football, du fait que l’on puisse suivre l’ensemble de la compétition dans les moindres détails.

Comment est-il possible qu’il n’y ait pas en France, pays du vélo, un championnat hivernal professionnel de cyclisme sur piste, avec des courses en peloton qui seraient d’autant plus palpitantes qu’on connaîtrait bien les coureurs, les suivant tous les week-ends pendant une saison ? Avec les moyens techniques d’aujourd’hui, on imagine très bien ce que cela pourrait rendre en vidéo, avec en plus des belles ambiances sur place.

En attendant, les six jours de Gand font ici office de relique du passé. Les coureurs, qui sont parfois parmi les plus célèbres du cyclisme professionnel, sont stationnés  face au public dans des mini-boxes de la taille d’un banc de touche de football avec un petit rideau, héritage d’une époque où les courses de « 6 jours », avaient lieu durant 6 jours… non-stop, 24 heures sur 24 ! Les cyclistes, qui courraient par paire, se relayaient pour y dormir, alors que tout le monde criait, fumait et buvait autour d’eux. On imagine très bien les drogues qu’ils devaient ingurgiter pour tenir.

Cela a évolué depuis bien longtemps heureusement, mais il reste à Gand beaucoup de ce passé, avec ces fameux masseurs qui ne sont pas des kinés (qui sont pour autant très doués) ou ces préparateurs attitrés au ravitaillement des coureurs et ce public massé furieusement au milieu de la piste, que l’on appel la pelouse en référence aux vélodromes extérieurs.

Symbole de cette attitude à l’ancienne, les courses sont en grande partie arrangées à Gand, bien que cela ne soit jamais officiel. C’est la même chose que pour les critériums d’après Tour de France au moins d’août dans les campagnes françaises.

C’est fort dommage et c’est probablement une des raisons expliquant l’abandon du public, bien que la performance sportive n’en soit pas moins réelle et intéressante, malgré cet éternel problème du dopage.

Voici par exemple le show de Mark Cavendish et Bradley Wiggins qui avaient marqué les esprits en 2016 en reportant l’épreuve, avec leur magnifique maillot de champions du monde de la course à l’américaine (titre officiel, contrairement à cette épreuve gantoise donc…) :

https://www.youtube.com/watch?v=EwN_IhBqC2g

Les cyclistes courent par paire et se passent régulièrement le relais à volée, au milieu des autres coureurs, avec une grande dextérité. Voici, la même année, la victoire de la star belge Iljo Keisse gagnant la (folklorique) course derrière derny (une sorte de mobylette) :

Les six jours de Gand se courront encore cette année à guichet fermé, car il ne reste déjà presque plus de places. La star belge Iljo Keisse fera équipe avec le sprinteur britannique Mark Cavendish. Ils s’opposeront notamment à la paire belge Kenny De Ketele – Moreno De Pauw, détenteurs de nombreux titres officiels et spécialistes de la course à l’américaine.

Il existe encore quelques épreuves de 6 jours à travers l’Europe, avec des tentatives de modernisation du côté de Londres et de Berlin. Mais tout cela n’a rien de très palpitant et reste sur ce principe du show surfait. Ce n’est pas ce genre de spectacle qui attirera un public populaire très attaché à la performance sportive réelle et l’analyse tactico-stratégique poussée, tant sur le moment que sur le long terme, comme au football !

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Société

La violence aveugle des jeunes dans les cités pour Halloween

L’actualité est marquée par quelques violences liées à Halloween dans les cités, avec notamment ce centre culturel brûlé à Chanteloup-les-Vignes dans les Yvelines, ainsi que cette école elle aussi brûlée à Bézier dans l’Hérault. Cela ne relève toutefois pas d’une insurrection généralisée ou d’une mise en péril de l’État, mais d’une grande décomposition sociale s’exprimant dans une violence aveugle, strictement parallèle à la décomposition de la Gauche historique.

Le gouvernement fanfaronne en prétendant que les récentes violences dans les cités seraient une réaction à son plan de lutte contre la drogue. Le Premier ministre lui-même a été dépêché pour expliquer :

« Nous sommes parfaitement conscients de ce que lorsque nous bousculons les trafics de stupéfiants, cela crée des tensions (…). Mais nous sommes déterminés à faire en sorte que ce trafic puisse cesser et à faire en sorte que l’ordre puisse être respecté et rétabli ».

Qui peut croire à cela, franchement ? Déjà parce que le trafic de drogue n’est nullement empêché en France et de toutes manière ce genre de violences spectaculaires n’est pas son mode opératoire. Personne ne peut croire que les réseaux de trafiquants auraient à ce point la main qu’ils s’imagineraient faire pression directement sur le gouvernement.

D’ailleurs, aussi impressionnantes peuvent-elles êtres, ces violences ne représentent en réalité pas grand-chose. On peut bien sûr être en colère contre le fait que des adolescents en soient rendu à brûler une école primaire ou un bâtiment culturel, pour ce qui relève surtout d’une surenchère concurrentielle entre cités via Snapchat. Mais à part pour les habitants directement concernés ( et encore ), cela ne change pas grand-chose à la marche quotidienne du pays. C’est anecdotique, bien plus anecdotique que la fermeture d’une usine ou l’installation d’un nouveau centre commercial.

Il n’y a d’ailleurs pas particulièrement de blessés graves du côté des forces de l’ordre, qui sont extrêmement bien équipées et rodées à ce genre de confrontations. C’est violent certes, mais il ne s’agit dans la plupart des cas que de cailloux et de tir de feux d’artifices par des adolescents en quête de sensations fortes. Tout au plus y a-t-il parfois des jets de boules de pétanque ou des cocktails Molotov.

C’est un peu l’équivalent des gilets jaunes et des « blacks blocs » le samedi, mais en version adolescents prolétaires issus de l’immigration et en moins prétentieux. Dans les deux cas, cela consiste en beaucoup de bruit pour en fait pas grand-chose, ce qui est une attitude très française.

Il ne faudrait pas pour autant nier la pression que subissent les forces de l’ordre et les pompiers, qui sont ici en première ligne pour « gérer » la décomposition sociale (et ne surtout rien régler). Comme si cela ne leur suffisait pas de voir leurs moyens matériels se dégrader, de faire énormément d’heures supplémentaires, d’arrêter en permanence des délinquants qui sont ensuite relâchés par la Justice, ils doivent aussi se « coltiner » ces bandes d’adolescent leur tendant des guets-apens pour s’amuser en criant « mort aux porcs » et autres idioties du genre.

Les statistiques officielles sont ici assez marquantes. Depuis le début de l’année, les « violences contre les dépositaires de l’autorité » ont augmentée de 14 %, soit 29 254 faits comptabilisés fin septembre. Cela donne en moyenne 107 agressions par jour. Il faut compter à côté de cela 22 624 outrages sur la même période.

Tout cela est la preuve d’une grande décomposition sociale dans le pays, avec une généralisation des attitudes décadentes autodestructrices. Les policiers et les pompiers sont pris pour cible à titre individuel, comme des totems, mais il n’y a aucun contenu politico-culturel à ces agressions, ni aucune perspective positive évidemment. Le plus inquiétant d’ailleurs en ce qui concerne les cités est qu’il ne semble y avoir aucun adulte pour mettre le holà aux bêtises des jeunes ou pour les aider à orienter positivement leur besoin de révolte.

Dans les années 1990, il y a eu le film Ma 6T va craker comme étendard de ce qui était censé être le summum de la révolte sociale. On peut avoir beaucoup de sympathie encore aujourd’hui pour le clip « La sédition » de 2 bal et Mystik (issu de la BO très réussi du film lui sans intérêt), qui était un clip d’une grande vigueur et assumait même un discours révolutionnaire communiste.

Mais que s’est-il passé depuis ? L’échec de la révolte de 2005, avec une Gauche cachée sous la table, a permis la grande offensive des islamistes. Parallèlement à cela, la Gauche institutionnelle a toujours plus disparu des cités, pour ne les regarder que de loin avec un discours misérabiliste, comme si les gens y vivaient en guenille en ayant à peine de quoi manger. Cela a directement laisser l’espace à une nouvelle génération de petits-bourgeois jouant sur le communautarisme et l’idéologie pseudo-décoloniale pour prendre des places dans la société capitaliste.

Bien sûr, la vie dans ces banlieues sensibles des grandes villes ne fait pas rêver, surtout pour qui ne supporte pas les trafics de drogues et les attitudes patriarcales des garçons comme le vrombissement de grosses cylindrées.

Ces attitudes sont d’autant plus détestables qu’elles sont largement encouragées par des petits-bourgeois de centre-ville fantasmant sur certains clips de rap, comme le ridicule et caricatural clip « Fuck le 17 » récemment.

En attendant, la Droite et l’extrême-Droite ont le champ libre pour dérouler leur discours et préparer l’opinion à un changement de régime, dans le sens d’une intégration forcée et généralisée au nationalisme.

Bruno Retailleau, un des leaders de la Droite s’est ainsi enflammé :

« Les incendiaires de Chanteloup-les-Vignes ne sont pas des imbéciles et des irresponsables comme le dit Édouard Philippe. Ce sont des criminels qui veulent affaiblir la République. Tant que les réponses politique et pénale seront aussi faibles, cette situation ne changera pas »

Guillaume Peltier, l’un des principaux responsables du parti Les Républicains, a même plaidé pour que « les mineurs délinquants récidivistes » aillent en service militaire obligatoire.

On aura compris que le jeune Jordan Bardella, vice-président du Rassemblement national, appel pour sa part directement à une réaction violente et organisée contre les jeunes de cité  :

« la solution ne réside pas dans plus de politique de la ville et plus de milliards d’euros, mais dans la sortie de l’angélisme et dans le rétablissement de l’ordre républicain, en regardant les causes en face: l’immigration massive, le communautarisme, le rejet de la France et de ses valeurs, la ‘culture racaille’, et les trafics en tous genres qui alimentent ces quartiers ».

On a le même genre de propos du côté du PCF avec le bourgeois Ian Brossat, adjoint à la Maire de Paris, qui en appel au « retour de l’État dans nos quartiers populaires » et à plus de Police, comme si l’État français était une force neutre, au service de la population… Comme si d’ailleurs l’État avait déserté les « quartiers » et qu’il n’y avait aucune structures d’aide sociale, d’animation culturelle, de soutien scolaire, etc.

C’est la Gauche historique qui par contre a largement disparu des quartiers populaires. C’est cela le grand drame des cités, tout comme c’est le drame des zones pavillonnaires populaires et des campagnes ouvrières. C’est cela qu’il faut changer, pour remettre le prolétariat et la perspective d’une société nouvelle, démocratique et populaire, au centre des préoccupations populaires.

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Culture

2 Bal & Mystic – La Sédition (1997)

Dans les années 1990, la culture de la Gauche était encore largement présente dans les cités HLM. Ce clip du morceau La sédition (issu de la BO de Ma 6T va crack-er, un film sans intérêt), assume un point de vue révolutionnaire communiste avec une grande fraîcheur.

C’est une jeunesse prolétaire très branchée, dont on comprend tout de suite les exigences culturelles, qui assumait alors de vouloir changer le monde et de s’en prendre à la bourgeoisie !

Voici le clip suivis des paroles :

« 2 Bal & Mystic – La Sédition

Rien ni personne ne pourra étouffer une révolte.
Tu as semé la graine de la haine, donc tu la récoltes.
Les rebelles et les rebuts ont tous opté pour le boycott.
Faisons en sorte que les aisés nous lèchent les bottes.
Traînons plus bas que terre ceux qui l’ont déjà fait.
Rendre le mal par le mal n’est pas bon en effet, mais…

La rage et la frustration empêchent à la réflexion.
Est-ce Dieu ou le diable qui guide toutes nos actions?
Sache que derrière nous il y a Beauval ainsi que les l’Ilettes.
Tous les départements du 01 au 77.

G accompagné de D accoudés de Mystik réagissent.
Notre tendance à l’extrémisme est poussée par le lest de la justice.
Strictement hardcore, la jeunesse est désespérée.
Elle est hardcore, et rien ne pourra l’arrêter.

Quoiqu’il arrive, nous saurons aussi nous défendre.
Car tu ne doutes que tout vient à point à qui sait attendre.

La sédition est la solution, révolution.
Multiplions les manifestations, passons à l’action.
La sédition est la solution, révolution.
Multiplions les manifestations, maintenant dégainons.

L’explosion de toutes les cités approche.
D’abord des gens fâchés qui n’ont pas la langue dans la poche.
Faisant partie d’un parti d’avant-garde guidé
Par des principes visant à renverser la société.

Juste pour le plaisir, je répète:
Ma 6Tva crack-er, une révolution complète.
Je prends plaisir au vacarme,
Aux fracas des vitres quand tout crame.

Les cris des jeunes deviennent des armes, qui désarment.
Das Booga, relève le gant, quand il le faut devient brigand.
Cramer le système est mon slogan.

Le sheitan fusionne avec les 2 Bal Nigga.
On additionne les forces pour faire
Face à la menace de l’état bourgeois.
La lutte des classes dans la masse, tu sens l’angoisse.

Cours très vite petit poulet, trace.
Le chacal de Beauval à l’affût de ta face.
Il faut lutter, affûter pour faire chuter le pouvoir en place.

La sédition est la solution, révolution.
Multiplions les manifestations, passons à l’action.
La sédition est la solution, révolution.
Multiplions les manifestations, maintenant dégainons.

Tise cette liqueur, ma milice est en sueur.
Forcé de bouger sur le beat indiqué par ailleurs.
J’effleure une folie meutrière.
Jusqu’à ce que Babylone prenne peur.

Pas peur d’y perdre la peau, OK pour dérailler les inspecteurs.
Regardant droit devant moi, élaborant mon phrasé de guerre.
Préparez le cimetière, « bleu l’enculé » ira en enfer.

Ouvre la porte de la guerre civile, et rentre avec fietré.
Car les droits de l’homme sont laissés à la porte d’entrée à jamais.
Sachez que ma rage est loin d’être passagère.
Face au « Commando numéro 3″, explique ce que tu comptes faire.
Car lorsque des chiens mordent mon frère,
Ces derniers sont en droit de les abattre.
Donc je check la muselière.

Celui qui s’en tire n’est pas le flambeur,
Mais celui qui a des tripes.
Donc, pour une fois, soyons à la hauteur de nos lyrics.
Du sang à 300% pour gé-chan la vision du champ.
Dorénavant, et dès maintenant, à toi de choisir ton camp.

La sédition est la solution, révolution.
Multiplions les manifestations, passons à l’action.
La sédition est la solution, révolution.
Multiplions les manifestations, maintenant dégainons. »

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Politique

La France va craquer

C’est un simple constat fait par tous les observateurs un peu attentifs à ce qui remue la société française dans ses fondements : la France va craquer. La raison n’est pas politique, ni économique, ni social, car elle est tout cela à la fois, sa substance étant la lutte des classes.

Les gens ont beau accepter le capitalisme, ils sont déterminés socialement et les antagonismes doivent s’exprimer. Les mois prochains, les semaines mêmes, vont montrer comment l’histoire joue à certains moments les locomotives. Le souci étant bien sûr qu’avant la gare Socialisme on est bien parti malheureusement pour faire un grand détour et s’arrêter par la gare Fascisme.

La Gauche s’est totalement plantée sur les gilets jaunes. Dès le départ, il y a eu un haut le cœur et la dimension rétrograde, voire fasciste du mouvement a été ressentie. Malheureusement, l’ultra-gauche toujours à l’affût d’un opportunisme s’est précipité à leur soutien et cela a fait vaciller disons la moitié de la Gauche. D’autres encore ont suivi en se disant qu’il serait possible d’en profiter.

C’est stupide, totalement stupide. Les gilets jaunes ne sont qu’un symptôme. Il fallait les dénoncer immédiatement, afin qu’au prochain tour, lorsque les choses vont craquer, les choses soient claires et qu’il y ait une vraie ligne à la fois sociale, consciente, ancrée politiquement et culturellement à Gauche.

Le résultat est facile à voir. Les gilets jaunes n’ont jamais rassemblé grand monde. Leur nombre s’est même toujours plus réduit. Leur démarche s’est ritualisée et il n’en est strictement rien ressorti : ni idées, ni figures politiques, ni élévation du niveau de conscience. Cela a juste été une révolte de couches petites-bourgeoises prétendant se mettre au-dessus de la lutte des classes, évitant soigneusement de parler de la bourgeoisie et de l’exploitation.

La preuve en est, s’il en faut une, c’est que la classe ouvrière a totalement évité les gilets jaunes. Elle ne les a pas rejoint, elle a regardé cela de loin, elle ne leur a pas fait confiance.

Croire maintenant que la classe ouvrière va faire confiance à une Gauche qui a soutenu les gilets jaunes, c’est donc être plein d’illusions. Déjà qu’en raison de la « Gauche » postmoderne les ouvriers ont été expulsés du champ politique, alors si en plus il y a cela…

Une étape en prépare une autre et donc là tout a été raté. Il faut dire ici aussi que la faute en revient à ceux qui croient en le capitalisme et qui auraient bien aimé que les gilets jaunes soient le maximum de révolte possible. Quelle blague ! Et dire qu’il y en a pour croire que les gilets jaunes ont été violents et que la répression a été immense ! Mais quelle aberration !

La violence des gilets jaunes n’est strictement rien comparée à ce qui va se passer. Quant à la répression policière, elle n’a strictement rien été comparée à ce qui va arriver. Les gens qui ont connu les années 1970 le savent bien d’ailleurs : les gilets jaunes et les affrontements qui ont eu lieu, les interventions policières, tout cela n’a rien été du tout. Jouer au chat et à la souris c’est de l’amusement en comparaison à un conflit relevant de la lutte des classes.

La France va craquer et donc mettre un terme à toute une série de fictions. Certains auront peur et abandonneront. D’autres adopteront un discours de Gauche dure qu’ils rejetaient encore hier, afin d’être dans le sens du vent. Mais la Gauche historique se reconstituera, elle ancrera les idées du Socialisme dans les masses et elle fera en sorte qu’enfin, on transforme le monde dans tous ses aspects, car il est laid, il asphyxie la vie et en plus il court à sa perte.

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Politique

Jean-Luc Mélenchon, grand ennemi de la Gauche historique

Jean-Luc Mélenchon lance une grande offensive, qui se résume à une thèse très simple : il n’y a pas de classes, mais le peuple et l’oligarchie. L’actualité mondiale, c’est selon lui le « dégagisme » non-violent menant à une « assemblée constituante », ce qui forme une « révolution citoyenne ».

Le point de vue de Jean-Luc Mélenchon relève du bonapartisme social, qui en bien des points est proche du fascisme de par son refus de la conscience, des classes, du programme politique et sa valorisation du nationalisme, du mythe mobilisateur.

Voici le noyau de la thèse de Jean-Luc Mélenchon :

Jean-Luc Mélenchon a également écrit un très long article, présenté par lui comme le plus long qu’il ait écrit. Il y résume notamment son point de vue populiste en présentant ce qu’il considère comme les caractéristiques communes d’un dégagisme se développant dans les différents pays du monde. En voici les traits marquants :

« Le peuple nouvel acteur, la gauche disqualifiée c’est le diagnostic que j’ai posé noir sur blanc il y a près de 15 ans. »

« La théorie de l’ère du peuple et de la révolution citoyenne nous définit ce « peuple » comme l’ensemble de ceux qui ont besoin d’accéder aux réseaux collectifs pour produire et reproduire leur existence matérielle. Évidemment, ces réseaux sont de natures différentes et le fait qu’ils soient publics ou privés impacte directement leur mode d’accès. »

« Dans le déroulé de l’action, des caractéristiques communes surgissent. Elles ont un sens. Elles définissent « qui est là » et « que voulons-nous ». Il faut donc scruter les cortèges dans la rue pour lire le message. Partout le drapeau national fleurit dans les cortèges. C’est l’emblème de ralliement. »

« Une autre caractéristique identifiante de chacun de ces mouvements est l’affichage de leur connexion avec les évènements similaires dans le monde. Il s’y donne à voir une forme de légitimité universelle qui conforte celle déjà donnée par le drapeau national. On retrouve donc partout des gilets jaunes sur le dos de certains manifestants.

Mais aussi de façon tout aussi significative des emblèmes de culture contestataire universelle comme ces masques de Dalí, sur le mode de « La Casa de papel ». C’est une référence parlante que celle à la série Netflix dont la première saison est emblématique d’un message politique anti capitaliste de type non violent.

Une évocation typique des aspirations de la classe moyenne qui peut se payer l’abonnement à Netflix et y puiser une référence politique conforme à ses manières d’être sociales. Le maquillage du clown sans foi ni loi de « Joker » fait lui aussi son apparition désormais et on l’a signalé à Hong-Kong ou Beyrouth.

Car la volonté de non-violence est partout présente aux premiers pas des révolutions citoyennes. Elle lui donne un formidable liant. »

Ainsi, Jean-Luc Mélenchon veut que les classes populaires soient à la remorque des « classes moyennes ». La Gauche historique affirme le contraire et pour cause : c’est la classe ouvrière qui fait l’histoire, pas une petite-bourgeoisie qui un jour est du côté du peuple, un autre jour du côté des puissants.

Jean-Luc Mélenchon vise par ce populisme à empêcher que la classe ouvrière ne retrouve ses fondamentaux. C’est totalement vain. L’Histoire ne s’arrêtera pas.

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Société

La grande ingéniosité populaire pour ne jamais dépenser d’argent sur le mode «FUT» de FIFA

Les modes multijoueurs en ligne ont bouleversé la pratique du jeu vidéo ces dernières années. C’est le cas notamment sur FIFA, la simulation de football où les joueurs pratiquent surtout le mode « FUT » dans lequel il existe une sorte de loterie pour améliorer ses compétences avec un système de cartes. L’éditeur du jeu EA Sport mise là-dessus pour soutirer de l’argent aux joueurs, mais certains s’organisent avec des techniques pointues pour éviter de payer et ils en font une véritable culture !

Plus de trois millions de personnes se sont connectées chaque jour sur « FIFA Ultimate Team » l’an dernier. Le « FUT » est un mode de jeu très complexe dans lequel il faut créer sa propre équipe avec des cartes de footballeurs (existant dans la vraie vie), afin d’affronter d’autre joueurs dans des matchs en ligne. Il faut changer régulièrement ses cartes de footballeurs afin d’augmenter le niveau général de son équipe et bien sûr avoir de meilleures individualités à chaque poste.

Voici un exemple de carte où l’on retrouve les caractéristiques principales du footballeur :

Pour que l’équipe soit efficace, il faut également qu’elle ait une bonne note collective. Celle-ci est déterminée par les rapports entre les footballeurs dans la vraie vie. Comme on le voit dans l’exemple ci-dessous, si deux footballeurs viennent d’un même club, ou alors ont la même nationalité et évoluent dans le même championnat, ils ont alors une liaison verte, qui fait augmenter la note collective :

Le premier moyen d’obtenir les cartes de footballeurs est d’ouvrir des « packs ». Le principe est qu’on ne sait jamais quelles cartes sortiront du « pack », comme c’est le cas pour les paquets de cartes à collectionner Panini.

Les « packs » sont offerts en récompense à l’issue de certaines compétitions ou de mini-challenges de création d’équipe, mais ils peuvent aussi et surtout, être directement achetés avec de l’argent réel.

C’est un système particulièrement pervers créant une addiction, exactement comme pour les jeux de hasards permettant de gagner de l’argent. Cette loterie du mode « Ultimate Team » engendre des bénéfices immenses, qui ont représenté en 2018 28 % du chiffre d’affaire d’EA Sport, qui est pourtant déjà un immense éditeur de jeux vidéos. Sa maison mère Electronic Arts a déclaré 1,2 milliard d’euros de bénéfice net pour son dernier exercice fiscal.

Il est difficile d’avoir des cartes de bon niveau sur le mode « FUT » de FIFA sans dépenser d’argent réel, à moins d’y consacrer beaucoup de temps. Il faut alors pratiquer tout un tas de techniques dites d’achat-revente de ses cartes de footballeurs (avec la monnaie virtuelle donc, pas de l’argent réel) sur l’immense marché d’enchère présent dans le jeu.

Cela nécessite de se tenir au courant plusieurs fois par jour de l’évolution du marché, en fonction des compétitions ayant lieu chaque semaine, à la fois dans le jeu, mais aussi dans la vraie vie. Si un footballeur connu fait un très grand match avec son équipe le week-end, il aura probablement dans FIFA une carte spéciale (qui sera plus ou moins rare) pouvant apparaître dans les « packs ». Ces cartes doivent être prises en compte dans les techniques les plus sophistiquées.

Le marché des transferts de cartes de footballeurs est censé n’être qu’une sorte de prolongement du système de « packs », la loterie par laquelle on obtient initialement les cartes. Dans la pratique, il devient primordial pour qui veut évoluer dans le jeu sans dépenser un centime d’argent réel. Il s’agit alors, via la monnaie virtuelle, de vendre au meilleur prix à certains moments tout en achetant le moins cher possible à d’autre moments.

Il faut bien voir ici qu’il y a tellement d’utilisateurs connectés à ce marché et de raisons d’acheter telle ou telle carte, que cela génère d’énormes possibilités du fait de l’immensité des flux. Les cartes les plus recherchées se vendent et s’achètent plusieurs fois par seconde.

Les différentes techniques mises en place par les joueurs, avec des noms comme « tech or », « tech avion » ou encore « tech 59 », consistent à analyser ces immenses flux pour en profiter intelligemment. Ce n’est pas de la spéculation en tant que telle, mais une sorte de boursicotage habilement mené, dans le but de renforcer sa propre équipe dans le jeu (on ne peut pas en retirer d’argent réel).

On comprend aisément qu’EA Sport fasse alors la chasse à ces différentes techniques d’achat-revente, qui permettent d’obtenir de belles cartes de footballeurs sans dépenser d’argent réel pour la loterie des « packs ». Pour continuer d’êtres efficaces malgré les restrictions, ces techniques de contournement deviennent alors de plus en plus sophistiquées, mais aussi de plus en plus chronophages.

Il y a quelque chose de vraiment fascinant à voir ces youtubeurs, pratiquement toujours des hommes assez jeunes issus des classes populaires, rivaliser d’ingéniosité pour obtenir les meilleurs cartes sans payer de « packs », tout en partageant leurs techniques au plus grand nombre.

C’est ni plus ni moins qu’une expression de la lutte des classes entre des prolétaires voulant s’amuser et une immense entreprise multinationale voulant les faire payer toujours plus. Il faut bien voir ici que les joueurs doivent déjà débourser une cinquantaine d’euros chaque année pour avoir la mise à jour du jeu et payent chaque mois auprès de Playstation ou Xbox l’accès aux serveurs permettant de jouer en ligne.

Il y a chez ces jeunes hommes pratiquant les techniques d’achat-revente sans argent réel une véritable culture antagonique contre EA Sport et une grande dignité populaire.

L’éditeur est considéré de manière tout à fait juste comme un monstre voulant les escroquer à tout moment et contre lequel il faut s’organiser !

Ces jeunes hommes ne sont pas dupes des pratiques mercantiles de l’éditeur de FIFA, qu’ils accusent aussi de mettre des « scripts » dans les matchs en ligne du mode FUT, c’est-à-dire de mettre en place un algorithme influant directement sur les matchs et dénaturant le jeu.

On comprend alors leur colère quand ils apprennent qu’EA Sport embauche carrément certain joueurs, afin de perturber leurs techniques.

Plutôt que d’abandonner le jeu, ou alors de capituler en achetant des packs avec de l’argent réel, ces joueurs mettent un point d’honneur à ne jamais rien lâcher et perfectionnent leurs techniques. C’est malheureusement une fuite en avant terrible, qui prend un temps fou, au point que certains se rendent compte qu’ils jouent finalement de moins en moins de matchs alors qu’ils passent toujours plus de temps sur leur console…

Quel immense gâchis, peut-on se dire, car si toute cette intelligence et tout ce temps était mis au service de la révolution, on renverserait si vite le capitalisme en France ! On produirait alors des jeux « FIFA » bien mieux, bien plus réjouissants, sans cette perte de temps insupportable que sont ces techniques d’achat-revente démesurées pour contourner le système.

Le jeu vidéo FIFA est dans de nombreux pays, dont la France, considéré comme le premier produit culturel en termes de vente qui se chiffrent en dizaines de millions. Il est vraiment incroyable que la Gauche, qui est censée incarner la voix du peuple, ne s’est jamais intéressée à ce phénomène de société. C’est pourtant totalement hégémonique chez les jeunes hommes des classes populaires et cela fait maintenant partie intégrante de la culture football.

La Gauche devrait donc être en première ligne pour mener la fronde sur le terrain politique contre EA Sport, en faisant interdire ni plus ni moins l’achat de ces « packs ». Ce jeu de hasard payant, complètement sous contrôle d’une grande entreprise et sans aucun cadre public, est inacceptable, tellement on sait qu’il est facile de tomber dans l’addiction et de dépenser des centaines d’euros, surtout chez les plus jeunes.

Nos voisins belges ont déjà interdit ces loteries payantes dans les jeux vidéos et ils ont bien raison. La France devrait suivre l’exemple. Mais interdire ne suffit pas, il faut également, en même temps, mener la bataille sur le plan culturel afin de proposer autre chose à la jeunesse, lui donner d’autres perspectives que le contournement passif par des techniques aussi ingénieuses qu’improductives socialement.

C’est là une question démocratique de grande importance, notamment pour les femmes qui doivent subir tout ce temps perdu par leur compagnon pour pratiquer ces laborieuses techniques d’achat-revente…

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Politique

L’échec de la mobilisation de soutien aux Kurdes de Syrie

Les rassemblements en soutien aux Kurdes de Syrie samedi 2 novembre 2019 n’ont réunis que très peu de monde. C’est un échec directement politique.

Rien n’y fait. Il a été parlé des Kurdes de Syrie de manière ininterrompue dans les médias, il y a même eu un appel en leur faveur de 44 rescapés du Bataclan. Emmanuel Macron et de très nombreux politiciens affirment les soutenir. Pratiquement toute la scène anarchiste se mobilise également en leur faveur, ainsi qu’une bonne partie de l’extrême-Gauche. Libération a d’ailleurs publié la tribune d’un Collectif des combattantes et combattants francophones du Rojava.

Et pourtant il n’y a eu au rassemblement de solidarité hier que quelques milliers de personnes à Paris, quelques centaines à Strasbourg. Même la ville allemande de Cologne n’a vu se rassembler qu’environ 2 000 personnes. Pareil pour Berlin et Bâle en Suisse.

Pourquoi ce paradoxe ? Tout simplement parce que la spontanéité n’existe pas. Il n’y a plus de Gauche organisée à une échelle de masses, alors si les anarchistes ont décidé de faire confiance au PKK et de voir en Abdullah Öcallan un théoricien du municipalisme libertaire, cela ne parle pas du tout aux gens en France. C’est aussi simple que cela.

Il y a pourtant environ 800 000 personnes relevant, au sens très large, de la communauté turque en France. Pourquoi ne se sont-ils pas mobilisées ? Là encore, la raison en est simple. La Gauche turque est très présente en France historiquement, mais le PKK a tout fait pour avoir l’hégémonie et l’asphyxier. Cela a très bien marché. Le résultat en est une hégémonie réactionnaire et une déliquescence de la Gauche turque.

La situation n’a donc strictement rien d’étonnant et c’est bien cela qui est dramatique. Les Kurdes de Syrie se retrouvent dans une situation intenable – et ceux qui leur ont vendu du rêve en s’imaginant que le « Rojava » allait dégommer les puissances turque et syrienne ont leur part de responsabilité. Il leur aurait suffi de regarder l’histoire des Kurdes pour comprendre comment ceux-ci ont toujours été trahis, utilisés comme forces supplétives pour les conflits, par exemple lors du génocide arménien.

Cela montre aussi la vanité des gens pensant qu’une « minorité agissante » peut changer le cours des choses. Les anarchistes français se sont appropriés le thème du « Rojava » pour exprimer leurs fantasmes et leurs illusions et ce ne sont pas eux qui vont en payer le prix. Qui y aura-t-il alors demain pour maintenir le drapeau des droits des Kurdes ?

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Politique

L’appel «anti-islamophobie» pour le 10 novembre de la Gauche post-moderne

L’appel « anti-islamophobie » publié dans Libération est un véritable modèle du genre, puisque ses mots ont été choisis de manière extrêmement précise afin de satisfaire tant l’Islam politique que le libéralisme anti-universaliste de la Gauche post-moderne.

C’est à croire que la société flotte au-dessus du capitalisme, qu’il n’y a pas de bourgeoisie qui entend diviser pour régner. On a un « racisme » abstrait » visant « les musulmans » comme si ceux-ci formaient une communauté déterminée, unifiée.

À la bourse on achète des actions. Pour la Gauche post-moderne, la société fonctionne pareil. Il y a des acheteurs et des vendeurs, qui sont les individus tous différents les uns des autres. Mais tous participent à une grande bourse aux idées. Le but est de gagner des parts de marché. C’est là, on le reconnaîtra aisément, la conception sociale de la Gauche américaine, qui n’a jamais connu la Gauche historique.

La Gauche post-moderne française a adopté cette démarche. En ce sens, le quotidien Libération s’est donnée comme habitude depuis quelques temps de publier régulièrement des tribunes. Le Monde l’a toujours fait de temps en temps, mais Libération connaît une crise très profonde et cherche à s’en sortir. Sa méthode est de se placer comme plaque tournante d’une Gauche post-moderne, sociale mais ultra-libérale dans les mœurs. C’est à ce titre qu’on a la tribune « Le 10 novembre, à Paris, nous dirons STOP à l’islamophobie ! », qui appelle à un rassemblement à Paris.

Le texte, ci-dessous en annexe, a d’autant plus d’importance qu’il rassemble la Gauche post-moderne dans ce qui consiste en une grande offensive. Il s’agit très clairement de procéder à une cristallisation politique qui a de nombreux précédents dans d’autres pays, telles la Grande-Bretagne et la Belgique. Il s’agit de briser la Gauche historique au moyen d’une alliance de la Gauche post-moderne et des courants politiques musulmans à visée culturelle, ainsi que des courants « décoloniaux » entre les deux.

Il suffit pour s’en convaincre de voir les signataires initiaux de la tribune :

Madjid Messaoudene (élu de Saint-Denis), la Plateforme L.e.s. Musulmans; Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA); le Comité Adama; le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF); l’Union communiste libertaire (UCL); l’Union nationale des étudiants de France (Unef), Taha Bouhafs (journaliste).

Le NPA et l’Union communiste libertaire sont farouchement post-modernes, tout comme Madjid Messaoudene et Taha Bouhafs. La direction de l’Union nationale des étudiants de France est ouvertement sur cette ligne. Le Comité Adama se veut quant à lui d’esprit décolonial. Le Collectif contre l’islamophobie en France et la Plateforme L.e.s. Musulmans sont très clairement des structures relevant de l’Islam politique.

Et les appuis à cette initiative sont très puissants, puisqu’on retrouve pas moins que Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, ainsi que Jean-Luc Mélenchon et l’ensemble du groupe parlementaire La France Insoumise. Il y a aussi David Cormand, secrétaire National d’EELV. Impossible de ne pas voir là qu’il y a donc une démarche politique très claire. Le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez, en signant cette tribune, met d’ailleurs très clairement les pieds dans le plat, puisqu’il est censé être sur une position de réserve.

Un autre qui met les pieds dans le plat, c’est Benoît Hamon. Que Génération-s signe l’appel est plus ou moins dans l’ordre des choses. Mais Benoît Hamon était censé être en retrait. Passe encore, dira-t-on, mais il y a un souci plus grave et, on peut le dire, hautement symbolique.

En effet, lorsque le réactionnaire Alain Finkielkraut avait été insulté par des gilets jaunes, le journaliste Taha Bouhafs avait accusé celui-ci d’être un « sale sioniste », sur Twitter. Benoît Hamon, qui vient de la gauche historique, avait alors posté un message très construit, très juste :

« Je combats les idées réactionnaires et radicales d’Alain #Finkielkraut. Mais je condamne sans aucune réserve ceux qui l’ont conspué, insulté et traité d’un « sale sioniste » qui voulait dire « sale juif ». Et laissez la Palestine en dehors de cette violence antisémite gratuite. »

Ce à quoi Taha Bouhafs a répondu avec un message ignoble digne de Dieudonné et Alain Soral :

« C’est bientôt le dîner du CRIF [Conseil représentatif des institutions juives de France], et t’as pas envie d’être privé de petits fours. »

Alors comment est-ce que Benoît Hamon peut signer une tribune lancée par un tel personnage ? Non seulement, il y a une éventuelle allusion aux chambres à gaz, mais en plus il le présente comme soumis au CRIF, comme si cette structure jouait un rôle majeur dans la politique française.

Ah, mais il faut ici faire de la politique. Et malheureusement Benoît Hamon, en basculant dans la gauche post-moderne ouverte, a perdu le fil. Il veut juste bien faire.

Mais il ne s’agit pas de bien faire et de dire abstraitement : on est contre le racisme, la haine des musulmans est condamnable. Il s’agit d’avoir une lecture politique authentique : qui cherche à diviser le peuple, et pourquoi ? Et cela, seule la Gauche historique est capable de le faire, car elle sait que tout cela n’a qu’un but : empêcher l’émergence d’une conscience socialiste.

Voici la tribune, publiée dans Libération.

« Tribune. Depuis bien trop longtemps, les musulmanes et les musulmans en France sont la cible de discours venant parfois de «responsables» politiques, d’invectives et de polémiques relayés par certains médias, participant ainsi à leur stigmatisation grandissante.

Depuis des années, la dignité des musulmanes et des musulmans est jetée en pâture, désignée à la vindicte des groupes les plus racistes qui occupent désormais l’espace politique et médiatique français, sans que soit prise la mesure de la gravité de la situation.

Depuis des années, les actes qui les visent s’intensifient : qu’il s’agisse de discriminations, de projets ou de lois liberticides, d’agressions physiques de femmes portant le foulard, d’attaques contre des mosquées ou des imams, allant même jusqu’à la tentative de meurtre.

L’attentat contre la mosquée de Bayonne le 28 octobre, en est la manifestation la plus récente et les services de l’Etat savent que la menace terroriste contre les lieux de culte musulmans est grande.

Il a fallu que cette violence jaillisse aux yeux de tous, à travers l’humiliation d’une maman et de son enfant par un élu RN au conseil général de Bourgogne-Franche-Comté, pour que tout le monde réalise ce que des associations, des universitaires, des personnalités, des syndicats, militants et au-delà, des habitants, dénoncent à juste titre depuis des années : l’islamophobie en France est une réalité. Quel que soit le nom qu’on lui donne, il ne s’agit plus ici de débats d’idées ou de critique des religions mais d’une forme de racisme explicite qui vise des personnes en raison de leur foi. Il faut aujourd’hui s’unir et se donner les moyens de la combattre, afin que plus jamais, les musulmanes et les musulmans ne puissent faire l’objet de tels traitements.

Puisque les discours et déclarations d’intention ne suffisent plus, parce que l’heure est grave : le 10 novembre à Paris nous marcherons pour dire :

– STOP aux discours racistes qui se déversent sur nos écrans à longueur de journée, dans l’indifférence générale et le silence complice des institutions étatiques chargées de lutter contre le racisme.

– STOP aux discriminations qui visent des femmes portant le foulard, provoquant leur exclusion progressive de toutes les sphères de la société.

– STOP aux violences et aux agressions contre les musulmanes et les musulmans, qui se retrouvent progressivement déshumanisés et stigmatisés, faisant d’eux des terroristes potentiels ou des ennemis de l’intérieur.

– STOP aux délations abusives jusqu’au plus haut niveau de l’Etat contre des musulmans dont le seul tort serait l’appartenance réelle ou supposée à une religion.

– STOP à ces dispositifs de surveillance de masse qui conduisent à une criminalisation pure et simple de la pratique religieuse.

Les conséquences, notamment pour des salariés licenciés et des familles déstabilisées, sont désastreuses et ne peuvent plus être tolérées. Cette criminalisation se fait au détriment des libertés fondamentales et des principes les plus élémentaires d’égalité censés guider notre pays.

Nous, musulmans ou non, disons STOP à l’islamophobie et nous serons nombreux pour le dire ensemble le 10 novembre prochain à Paris.

Nous appelons toutes les organisations, toutes les associations, tous les collectifs, toutes les fédérations de parents d’élèves, tous les partis politiques, toutes les personnalités, tous les médias, toutes les personnes solidaires à se joindre à cet appel solennel et à répondre présent à la marche du 10 novembre prochain.

Il en va des libertés fondamentales de tous. Il en va de la dignité et de l’intégrité de millions de concitoyens. Il en va de notre unité à tous, contre le racisme sous toutes ses formes qui, aujourd’hui, menace une nouvelle fois la France.

Un appel initié par Madjid Messaoudene (élu de Saint-Denis), la Plateforme L.e.s. Musulmans; Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA); le Comité Adama; le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF); l’Union communiste libertaire (UCL); l’Union nationale des étudiants de France (Unef), Taha Bouhafs (journaliste). Premiers signataires: Action Antifasciste Paris Banlieue (AFA); Arié Alimi , avocat; Pouria Amirshahi , directeur de publication de Politis; Manon Aubry, eurodéputée; Étienne Balibar , universitaire; Ludivine Bantigny, historienne; Yassine, Belattar, humoriste; Esther Benbassa, sénatrice EE-LV de Paris; Olivier Besancenot, NPA; Saïd Bouamama, sociologue; Leïla Chaibi, eurodéputée LFI; André Chassaigne, député, président du groupe GDR; David Cormand, secrétaire National d’EE-LV; Laurence De Cock, enseignante; Caroline De Haas, militante féministe; Vikash Dhorasoo, ancien de joueur de foot, parrain d’Oxfam et président de Tatane; Rokhaya Diallo, journaliste et réalisatrice ; Pierre Jacquemain , rédacteur en chef de Regards; Éric Fassin, sociologue; Elsa Faucillon, députée PCF; Fédération syndicale unitaire (FSU); Fianso, artiste; Front uni des immigrations et des quartiers populaires (FUIQP); Geneviève Garrigos, féministe, militante des Droits humains; Vincent Geisser, politologue; Alain Gresh, journaliste; Nora Hamadi, journaliste; Benoît Hamon, Génération.s; Yannick Jadot (député europééen EELV); Mathilde Larrère, historienne; Mathieu Longatte (Bonjour Tristesse); Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT; Jean-Luc Mélenchon et l’ensemble du groupe parlementaire La France Insoumise; Marwan Muhammad, auteur et statisticien; Younous Omarjee, eurodéputé; Stéphane Peu, député PCF; Edwy Plenel, journaliste; Maryam Pougetoux et Mélanie Luce, Unef; Jérôme Rodrigues, gilet jaune; Julien Salingue, docteur en science politique; Pierre Serne (porte-parole de Génération.s); Michèle Sibony et l’Union juive française pour la paix (UJFP); Laura Slimani, élue de Rouen, direction nationale de Génération.s; Azzédine Taibi, maire PCF de Stains; Sylvie Tissot, sociologue; Aida Touihri, journaliste; Assa Traoré, comité Adama; Aurélie Trouvé, porte-parole d’Attac; Union syndicale Solidaires; Dominique Vidal, journaliste et historien.

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Écologie

La Gauche et l’interdiction des cirques exploitant les animaux

L’interdiction des animaux sauvages dans les cirques est de plus en plus d’actualité. Il y a régulièrement des livres, des tribunes ou des sondages d’opinion allant dans ce sens, comme ce dernier sondage commandé par différentes associations dont la SPA. On a aussi des municipalités prenant une mesure d’interdiction des cirques avec animaux, comme ce fut le cas à Beauvais en Picardie en octobre.

Il y a un mouvement très palpable dans la société française refusant l’exploitation des animaux dans les cirques. Les listes de gauche aux municipales devraient toutes se saisir de cette question et inscrire à leur programme l’interdiction des cirques avec animaux sur leur commune, à moins de se laisser dépasser par l’histoire.

Le problème, c’est que la Gauche en France ne s’est jamais intéressée aux animaux, ou alors à la marge. Le véganisme est par exemple considéré comme quelque-chose de très étranges dans les organisations de gauche, petites ou grandes, même s’il est présent depuis longtemps dans certains milieux anarchistes ou chez le PCF (mlm) qui s’appuie ici sur la culture des autonomes allemands où le véganisme est une valeur fondamentale depuis le début des années 1990.

Ce devrait pourtant être quelque-chose d’évident pour une mairie de gauche de ne pas accepter sur sa commune ce genre d’arriération culturelle que sont les montreurs d’ours, les dompteurs de lions ou encore la présence de chameaux sur un parking en bitume sous la pluie automnale.

C’est en tout cas quelque-chose d’évident chez les personnes les plus avancées des familles des classes populaires, celles chez qui la morale et les valeurs populaires ont un sens. Malheureusement, la Gauche s’est toujours plus éloignée d’elles.

Selon les différents chiffres, on peut estimer à une petite soixantaine le nombre de communes françaises interdisant cette pratique. La mairie de Paris en fait d’ailleurs partie suite à une proposition votée à l’unanimité fin 2017. Seulement, cela n’est pas suffisant et n’est pas appliqué, malgré des annonces récentes de la maire Anne Hidalgo à ce sujet. Pour que l’interdiction soit efficace, il faudrait de toute manière qu’elle soit mise en place nationalement, évidemment.

L’association One voice a fait un intéressant texte de bilan de ce combat qu’elle mène depuis 20 ans. On peut y lire cette phrase montrant que les choses évoluent :

« l’avenir des cirques exploitant les animaux se rétrécit, les consciences évoluent et la loi suivra, un jour. »

Les mentalités semblent avancer en effet et peut-être qu’on s’éloigne du temps où les militants allant devant les cirques exprimer leur critique étaient harcelés, menacés et parfois violentés physiquement.

Notons d’ailleurs que One voice a remporté récemment un grand combat, en obtenant du ministère la libération de Micha, un ours de cirque malade et maltraité. L’association continue maintenant le combat pour la libération de ses deux compagnons Glasha et Bony, qui vivent toujours dans des conditions déplorables.

En attendant, il y a toujours beaucoup d’animaux sauvages dans des cirques en France. Quand on sait le consensus qu’il peut y avoir à ce sujet, il n’est pas normal qu’il n’y ait pas aujourd’hui une grande campagne nationale menée par un large front de toutes les associations, partis et personnalités opposés aux cirques exploitant des animaux. Forcément que cela aurait du succès, surtout auprès des classes populaires.

La Gauche a forcément une grande responsabilité dans l’absence de ces revendications à grande échelle en faveur des animaux. L’interdiction des cirques avec animaux devrait pourtant être gagnée depuis longtemps, tellement c’est une revendication évidente. C’est d’ailleurs déjà le cas dans de nombreux pays comme la Belgique, l’Autriche, Israël, le Mexique ou encore le Pérou.

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Politique

Municipales: la pression de l’extrême-Droite en Isère

L’Isère est un département d’Auvergne-Rhône-Alpes situé entre Lyon et les Hautes-Alpes. Scindé entre un nord plutôt à Droite et le sud plutôt à Gauche, l’Isère a comme préfecture une métropole « dynamique », Grenoble.

Le problème est que si Grenoble est une ville à Gauche, aux traditions ouvrières relativement fortes, le Nord-Isère est la nouvelle place forte de classe ouvrière avec une extrême-Droite bien établie.

Succieu, Torchefelon, Flachères, Bourgoin-Jallieu, La Bâtie Division, cinq villes du Nord-Isère qui ont en commun d’avoir accueilli un concert néonazi depuis 2013.

En septembre 2014, une croix gammée et un tag antisémite sont découvert sur la façade d’un coiffeur de Bourgoin-Jallieu.

En août 2016, c’est la mosquée de la Tour-du-Pin qui est la cible d’un incendie, qui s’avéra être l’œuvre de militants d’extrême-Droite, dont un ancien élu du groupe « Échirolles Bleu Marine ».

Nul besoin d’aller plus loin pour comprendre que le Nord-Isère est soumis à une intense activité fasciste. Si elle repose sur des groupuscules très minoritaires, il n’en reste pas moins certain qu’il y a dans cette région tout un contexte social et culturel propice au fourmillement de l’extrême-Droite.

Or, aux dernières élections européennes, LREM est arrivé largement en tête en Isère et EELV rafle la majorité des suffrages à Grenoble, Meylan, Voiron. C’est qu’en fait l’Isère est, comme ailleurs, un département divisé entre la ville et la campagne.

L’agglomération grenobloise a une contre-culture développée et un état d’esprit festif et solidaire porté par les étudiants issus des campagnes savoyardes voisines. Grenoble, c’est en quelque sorte l’opposé de Lyon, cette ville arrogante alimentée par une bourgeoisie hautaine issue des Mont-d’Or. Cette opposition est visible dans le football avec d’une côté les supporters grenoblois du « Red Kaos 94 » et de l’autre, les supporters lyonnais des « Bad Gones » et « Lyon 1950 ».

À Grenoble, c’est donc logiquement Eric Piolle qui dirige la municipalité, dans une vaste coalition de gauche qui repose essentiellement sur cette culture propre à la ville. Cette coalition a d’ailleurs annoncé qu’elle se représentait pour les élections de mars 2020.

Mais d’un autre côté, on a les petites villes ouvrières, notamment celles du Nord-Isère, encerclées par la gigantesque métropole lyonnaise et Grenoble. Avec une tradition industrielle tournée vers l’automobile, l’agglomération de Pont-de-Chéruy est constituée de ménages ouvriers, avec une partie issue de l’immigration maghrébine des années 1960 ayant accédée au « rêve pavillonnaire ».

Or, voici les scores du RN dans cette agglomération aux dernières élections européennes : 40,8 % à Chavagneux, 37, 54 % à Chavanoz, 34, 83 % à Saint-Romain-de-Jalionas, 33,6 % à Pont-de-Chéruy, 32,93 % à Tignieu-Jameyrieu, 25,3 % à Crémieu.

C’est dire comment l’extrême-Droite est implantée dans les mentalités de ce territoire. À quelques encablures de Lyon, c’est la Gauche qui devrait normalement être dominante dans cet espace stratégique.

Mais il faut dire que l’extrême-Droite ne sort pas de nulle part ici. Que cela soit dans sa variante catholique contre-révolutionnaire avec la forte implantation de la Fraternité Saint-Pie X ou sa variante poujadiste avec La Confédération intersyndicale de défense et d’union nationale des travailleurs indépendants (CIDUNATI) fondée par le petit boutiquier de La Bâtie-Montgascon, Gérard Nicoud, l’extrême-Droite a une longue et riche histoire.

C’est d’ailleurs le CIDUNATI qui organisa une grande manifestation contre l’assurance sociale en 1969, réunissant plus de 10 000 personnes à Grenoble (soutenue à l’époque par la Gauche, et notamment les maoïstes).

Or, pour les élections municipales 2020, le Rassemblement national avance sereinement ses pions sur un territoire qui semble tout ouvert à sa cause. À Bourgoin-Jallieu, c’est justement Nathalie Germain qui se présente. Née en 1966 à la Tour-du-Pin de parents militants au CIDUNATI, cette coiffeuse indépendante est également membre du conseil national du parti de Marine Le Pen.

Face à cette prétention, la Gauche est réunie autour de l’initiative de Berjallien Unis et Soldiaire (B.U.S) qui réunit le PS, le PCF, Forces Laïques et Génération-s. Gageons que cette unité à Gauche parvienne à isoler la démagogie nationaliste qui trouve ici un terrain propice à son succès.

À Chavagneux, Gérard Dézempte, élu maire en 2014 avec l’investiture de l’UMP, a basculé dans le camp de l’extrême-Droite après une lettre commune de soutien à Marine Le Pen en mai 2017, signée par les secrétaires départementaux de Debout la France (Edmond Damais) et du Rassemblement national (Thibaut Monnier).

Candidat à sa réélection, Gérard Dézempte est depuis adhérent à un micro-parti national-conservateur « Ensemble pour la France ». La mairie fut d’ailleurs recouverte de gilets jaunes à son initiative en novembre 2018, dans un état d’esprit poujadiste que n’aurait pas dédaigné Gérard Nicoud.

Trois listes RN sont également prévues dans l’arrondissement de la Tour-du-Pin. À Avenières Veyrins-Thuellin, petite ville de 7 712 habitants où le RN a obtenu 36,24 % des suffrages aux dernières élections européennes et où le mouvement des gilets jaunes a été lancé par l’Union Nationales des Indépendants Retraités du Commerce (UNIRC).

Il y a aussi Aoste, ce village de 2 873 habitants qui a voté à 37 % pour Jordan Bardella en mai 2019, que Anthony Turchetti veut tenter de gagner. Enfin, mentionnons Faverges-de-la-Tour (1 388 habitants) avec Marc Magnoux où le RN a atteint 30 % des votes.

Or, l’avancée de l’extrême-Droite ne semble pas se limiter qu’aux villes du Nord-Isère. À Echirolles, cela fait quelques années qu’elle pratique une intense pression sur cet ancien bastion ouvrier acquis au PCF. Après plusieurs divisions internes à l’extrême-Droite, Alexis Jolly va représenter le RN avec la volonté de « mettre un terme à 70 ans de communisme à Echirolles ».

De manière démagogique, il rappelle que « l’être humain a besoin d’espace de contact avec la nature pour s’épanouir » et demande un moratoire de deux ans sur toute nouvelle construction. C’est dans ce contexte de campagne électorale qu’il a réalisé une opération nettoyage du parc de la Buclée menacé de destruction.

Responsable départemental et conseiller régional, il avance plus que confiant :

« par rapport à 2014 on part vraiment pour la gagne. La gauche est totalement divisée vous avez dans la majorité des gens qui ont déjà annoncé qu’ils allaient se présenter contre le maire ».

En effet, le premier adjoint Thierry Monel (Génération-s) a annoncé sa candidature alors que Renzo Sulli, maire PCF sortant, est candidat à sa réélection.

On sait comment Lyon est un bastion de multiples groupuscules néofascistes. On comprend alors comment  la campagne nord-iséroise est un réservoir de renouvellement de ces groupuscules. Les élections municipales de mars 2020 risquent bien de fertiliser encore un peu plus ce sol pour l’extrême-Droite, y compris dans ses variantes radicales.

Plus généralement, le Nord-Isère est l’illustration de la catastrophe à Gauche, réfugiée depuis trop longtemps dans les grandes métropoles et leur vague culture « progressiste ». Elle va en payer le prix.

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«Miss France n’a pas le droit de faire 1 mètre 65, mais elle peut avoir une bite»

Le concours Miss France fait typiquement partie de ce genre d’arriération culturelle dont attend avec impatience la disparition quand on est de gauche. Mais au lieu de disparaître, il s’adapte au délire post-moderne ambiant et admet maintenant la possibilité qu’un homme qui se prétend femme puisse y participer. Cela n’a aucun sens, mais peu importe, du moment que cela colle à l’air du temps d’une société en déperdition.

La grande prétention du capitalisme, c’est l’existence de cette fameuse classe moyenne, qui serait la majorité et aurait accès à tout le confort matériel et toutes les possibilités culturelles. C’est bien-sûr un grand mensonge pour qui n’a pas abandonné la flamme de la civilisation au profit de la « magie » de Disney. En attendant, la société française a produit en masse ces enfants gâtés qui ne veulent d’aucune norme, ni d’aucune définition qui pourrait nuire à leurs caprices d’enfants-rois.

La réalité biologique elle-même est devenue de trop, alors il faudrait accepter qu’on puisse choisir son « genre » comme on choisit la coque de son Iphone. Les plus résolus se prétendent même au-dessus des « genres », composant à leur gré leur propre personnage, un peu homme, un peu femme et même autre chose.

Ces gens sont aujourd’hui tellement sûrs d’eux qu’ils pensent avoir l’autorisation morale de casser les dents à ceux qui disent non à leurs délires.

TF1 n’a aucun problème avec ce discours « trans », tellement il est évident que ce n’est que le produit de la consommation capitaliste aliénant tous les rapports sociaux, jusqu’à la vie elle-même. Voilà en effet de parfaits cerveaux disponibles pour le matraquage publicitaire télévisuel… La société Miss France a donc décidé de coller à l’air du temps et sa directrice générale Sylvie Tellier a expliqué dans un entretien au Parisien qu’une prétendue femme « trans » pourrait très bien participer au concours.

« Nous ne sommes pas la police » a-t-elle justifié en précisant que le règlement nécessite d’« être de sexe féminin » (à l’état civil, ce qui n’oblige à aucune opération), mais pas d’être « né de sexe féminin ». Nuance !

C’est alors que l’esprit populaire encore éveillé remarque :

« Miss France n’a pas le droit de faire 1 mètre 65, mais elle peut avoir une bite ! »

C’est effectivement du grand n’importe quoi ! La société marche complètement sur la tête en acceptant de telles horreurs dans l’actualité. Il faut vraiment le retour de la Gauche historique pour renverser tout cela et imposer la morale et les valeurs populaires. Sans quoi, l’extrême-Droite ne cessera de gagner des positions et s’approchera toujours plus du pouvoir en ayant le champ libre pour se présenter comme le seul rempart de la civilisation face à toute cette décadence.