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Politique

Municipales: la maire socialiste du 20e arrondissement de Paris rallie LREM

La maire du 20e arrondissement de Paris Frédérique Calandra soutiendra le candidat La République en marche Benjamin Griveaux aux prochaines municipales. Elle avait pourtant été élue dans cet arrondissement encore en partie populaire sous l’étiquette du Parti socialiste et trahit donc son camp en rejoignant la majorité présidentielle. Cet opportunisme est typique d’une démarche bobo, qui a besoin de se donner une image de gauche, mais sans en assumer le contenu.

Frédérique Calandra était déjà brouillée avec la majorité municipale parisienne, bien qu’elle siégeait toujours dans le groupe socialiste au Conseil de Paris. Elle trahira donc ouvertement son camp en mars prochain en étant présente sur une liste concurrente dans son arrondissement, sans même être assurée d’être tête de liste.

Voici donc une bobo qui abandonne son camp, jette par la fenêtre ses convictions pour rejoindre les adversaires de la Gauche. Que cela ait lieu dans ce gros arrondissement de l’est parisien, historiquement très à Gauche avec encore des quartiers populaires importants et notamment des grandes cités HLM, en dit long sur les dégâts que fait toute cette fausse Gauche, véritablement libérale.

Frédérique Calandra fait partie de ces personnalités issues de la Gauche, mais qui rejoignent le centre-droit porté par Emmanuel Macron, au nom du pragmatisme. L’urgence, ou la prétendue urgence de certaines situations, aurait donc plus d’importance que ses propres convictions et les valeurs défendues pendant des années.

Elle se retrouve donc minoritaire dans son propre arrondissement depuis deux ans, car elle aurait du mal à travailler avec la majorité sur des sujets comme les transports, le budget participatif, le « rééquilibrage » en faveur des quartiers populaires du nord-est. Elle parle aussi de « bricolage » sur certains sujets.

Elle y oppose un « pragmatisme », typiquement de droite, qui est d’ailleurs au cœur de la démarche d’Emmanuel Macron. Ce dernier prétend résoudre à la pelle tout un tas de problèmes, que ces prédécesseurs n’auraient pas été capables de résoudre, par « idéologie » ou selon des considérations doctrinaires.

Remarquons que c’est exactement l’inverse de ce que nous disons ici : nous pensons précisément que la Gauche faillit quand elle s’éloigne de ses fondamentaux historiques, du cœur de sa doctrine qu’est le Socialisme !

Tel n’est pas le point de vue de Frédérique Calandra, qui pourtant prétend rester fidèle à ses convictions de gauche. C’est en tous cas ce qu’elle dit dans une longue lettre de quatre pages destinées aux habitants du 20e arrondissement de Paris.

Elle y explique qu’avec Benjamin Griveaux, qui vient aussi du PS :

« nous avons été tous les deux formés au creuset de la gauche républicaine, celle qui sait que la politique doit être forte pour aider les plus faibles ».

L’actuelle majorité parisienne serait donc incapable de défendre ces valeurs de gauche, car « prisonnière de ses alliances (communistes, Génération. s, Verts) ». Il y aurait une « une dérive démagogique, loin des valeurs de la gauche républicaine ». On se demandera bien quelle est sa définition des valeurs de gauche si même Anne Hidalgo semble trop à Gauche pour elle…

Frédérique Calandra rejoint la démarche de tout un tas de personnalité comme Jean-Yves Le Drian, Gérard Collomb ou Christophe Castaner, ayant rallié Emmanuel Macron. Ces gens sont nombreux et prétendent même être encore de gauche, comme ils l’ont affirmé dans une tribune parue dans le JDD hier en appelant à un « pole de gauche » dans la majorité présidentielle.

Cette fois, c’est au nom de l’urgence contre « la vague populiste et démagogique en Europe » qu’il faudrait se tourner vers un contre-populisme de centre-droit, une sorte de populisme également contre « le système », mais depuis l’intérieur !

C’est au nom du « progressisme » que cela a lieu et on aura compris que tous ces gens, à l’image de l’insupportable Jean-Louis Touraine, sont très contents de l’extension de la PMA et poussent pour la GPA.

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Écologie

Montagne d’or en Guyane: la réaction du chef coutumier Eric Louis

Voici la réaction d’Eric Louis, chef coutumier du village Kuwano de Kourou en Guyane. Elle fait suite aux différentes annonces préfectorales afférentes aux concessions pour les compagnies minières, rendant très floues les véritables motivations du gouvernement quand au projet Montagne d’or. La méfiance est donc encore de mise en Guyane, il ne s’agit pas de crier victoire trop tôt.

> Lire également : Non au méga-projet de mine d’or « Montagne d’or » en Guyane !

 

« La Compagnie Montagne d’Or reste sur sa position, l’État qui joue un double rôle ne peut trancher pour un Oui, c’est tout un mécanisme politique et juridique qu’il faut contourner, donc en l’état des différents éléments et surtout de la réforme du code minier tant attendu, au jour d’aujourd’hui il serait simplement inconcevable et incompréhensible de la part de l’état après tant d’interventions au plus haut niveau.

Dans tout les cas nous maintenons notre position négatif contre ce projet et revendiquant trois fois plus nos problèmes quotidiens en Termes de préservation et de réparation sur trois générations.

Pourquoi l’état devrait-il financer un tel projet alors qu’il ferme les yeux sur les problèmes quotidien des Guyanais en particulier les PEUPLES AUTOCHTONES de ce territoire. Nous devons faire-valoir nos droits de vie jusqu’à l’obtention de nos droits de réparation pour avoir détourné nos destins aux profits des différents gouvernements de l’état français qui se sont succédés dans le mépris et l’indifférence face à nos problèmes. La Guyane fait partie de l’Amazonie donc il fait maintenant parti d’un problème de préservation mondial, n’était-ce pas les mots des différents chefs et représentants d’état à l’ONU concernant l’Amazonie ?

Le président de CMO ne mérite tout simplement pas sa place et l’air qu’il respire en Guyane.

Frères et sœurs face à tant de mépris et d’indifférence dans le monde nous restons vigilants et déterminés pour un avenir meilleur pour notre territoire et la planète.

Le chef Eric Louis »

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Politique

La grave crise en Catalogne d’octobre 2019

L’Espagne est une monarchie issue directement du franquisme, avec une démocratisation inégale concernant un nombre très important d’aspects. La revendication indépendantiste catalane naît de ce terreau et la condamnation très lourde à la prison des indépendantistes modérés ayant organisé un « référendum » a mis le feu aux poudres.

Le monde connaît des contradictions qui, vues de l’extérieur, semblent étranges. Ainsi, la ville de Santiago du Chili connaît de violentes émeutes et est désormais sous le statut de l’état d’urgence. Pourquoi tout cela ? Car le ticket de métro a augmenté de 4 centimes d’euro, pour passer 1,04 euros. C’est évidemment un déclencheur de quelque chose de plus profond.

Il en va de même pour la Catalogne où grosso modo la moitié du pays est pour l’indépendance, l’autre moitié contre. Vendredi, la fameuse Sagrada Familia a ainsi été fermée aux touristes suite à un blocage par un groupe dénommé « Pique-nique pour la République ». Comme on le voit, cela concerne bien plus qu’une simple question d’indépendance, il y a là une dimension politique.

C’est ce qui provoque les troubles en Catalogne concernant des questions politiques, sociales, culturelles, idéologiques, dans un grand mélange datant de la guerre d’Espagne. Ce n’est pas pour rien que la personne qui a été condamné le plus lourdement pour l’organisation du référendum sur l’indépendance est Oriol Junqueras. C’est l’ex-vice-président de la Catalogne, dirigeant du parti Gauche républicaine de Catalogne (ERC). Il a écopé de 13 ans de prison pour sédition et détournement de fonds public.

Ce n’est pas pour rien non plus qu’en réaction aux condamnations, il y a eu vendredi une grève générale chez Seat, dans le port et dans la chaîne de supermarché Bonpreu. Il y a une profonde dimension ouvrière dans cette agitation.

L’opposition au centralisme de Madrid relève d’une démarche républicaine fédéraliste tout à fait assumée dans la vraie Gauche, que les socialistes du PSOE ont quitté depuis longtemps. Il existe une grande scène d’agitation pro-républicaine (anti-monarchiste), sur une base de gauche, allant bien au-delà de la question catalane et allant d’écologistes alternatifs aux communistes illégalistes historiquement liés au PCE(r) clandestin.

Mais pour la question catalane directement, il y a également une enchevêtrement avec la bourgeoisie catalane, qui joue la carte de l’égoïsme en utilisant la fibre nationaliste. La bourgeoisie catalane veut profiter seule de 7,6 millions d’habitants, 20 % du PIB espagnol, de la grande métropole qu’est Barcelone. La Catalogne est un bastion capitaliste et une plaque tournante de la « mondialisation ».

Il n’est pas bien difficile de voir comment cela donne des ailes « anticapitalistes » aux nationalistes centralisateurs, comment cela provoque des rancœurs en Espagne. D’où la brutalité et le caractère large des condamnations que l’État a pu mettre en place, de par le vaste espace existant politiquement pour cela en Espagne.

Jordi Sànchez et Jordi Cuixart, de la scène associative, ont été condamnés à neuf ans de prison ; cinq personnes ayant été ministre d’Oriol Junqueras ont été condamnées à des peines allant de 10,5 à 12 ans de prison et l’ex-présidente du parlement régional, Carme Forcadell, à 11 ans. Trois autres personnes ont pris des amendes.

C’est un avertissement clair à la bourgeoisie catalane. Cela dit : l’armée est la garante de l’unité du pays et jamais la Catalogne n’aura son indépendance, point final. L’acte d’accusation fait d’ailleurs 493 pages, histoire de bien montrer que l’État gère tout comme il l’entend.

On comprend donc que plus 500 000 personnes aient manifesté à Barcelone vendredi, alors que les heurts avec la police durent depuis le 14 octobre, avec 600 blessés. Il y a des raisons objectives de se révolter contre le régime. Mais le fait que cela soit fait par l’intermédiaire du prisme nationaliste est une faiblesse impliquant une défaite inévitable. Il n’existe pas de « nationalisme de gauche », il n’existe qu’une Gauche avec des revendications nationales-démocratiques. Il n’en a jamais été autrement.

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Société

Mode: le style football 2019/2020 témoigne du rythme populaire

L’élévation de la qualité des maillots de football et des habits qui y sont liés reflète une exigence populaire de style et d’universalisme. Le capitalisme a ici totalement triomphé, ce qui signifie qu’il est en train de s’effondrer et de laisser la place à un processus de socialisation. La mode est devenue une exigence de style populaire, dans la vie quotidienne. Le style graphique 2019/2020 en est un signe efficace.

La mode était auparavant l’apanage d’une minorité au style de vie franchement isolé du reste de la société. Le développement de la société de consommation a bouleversé la donne. Si le style populaire est largement aliéné par les valeurs imposées par le marché, il affirme un universalisme qui préfigure la socialisation complète.

Rien que les habits proposés par le club de football des Kaizer Chiefs de Johannesburg, en Afrique du Sud, sont d’une fraîcheur exceptionnelle. A l’avenir, tous les maillots auront ce niveau… quand on aura changé le contenu de la société.

Ce processus de socialisation est bien entendu invisible aux yeux de qui pratique le misérabilisme quant aux conditions de vie. Sur un site d’ultra-gauche, au sujet de l’écologie, il est écrit tout récemment que la majorité des prolétaires n’a pas les moyens de se procurer des tomates bios.

Un tel misérabilisme est en décalage total avec le développement de la société de consommation, qui est aussi l’expression de l’universalisme et de la socialisation. Poto ! Le maillot de la Roma extérieure coûte seulement 60 euros…

Le niveau de culture augmente, il se généralise, même si le processus est tourmenté et déboussolé par le rythme capitaliste de la consommation, sa superficialité. Il y a une esthétisation de la réalité sociale qui se produit et la pression des masses à ce niveau est immense. Il y a une exigence de qualité et de style, évidemment tout est détourné par le capitalisme… pour l’instant.

Il n’y a plus que les gens liés à la vieille culture syndicale pour ne pas voir l’intérêt d’un produit comme le maillot home du club anglais de Hull city…

Il faut être sans culture pour ne pas voir le style rigoureusement italien du troisième maillot de l’AS Roma, de par sa coupe, ses couleurs, le style qu’il impose.

Le maillot home de Liverpool en mode spécial Blackout est formidable et il n’est pas étonnant que son succès a été très grand.

Le maillot extérieur d’Arsenal à l’occasion du carnaval londonien de Notting Hill est une réussite brillante également.

Ce monde toujours plus en noir et blanc se colore toujours plus. Tous les succès du capitalisme sur tous les plans annoncent son dépassement par la socialisation populaire.

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Politique

Municipales: l’élan unitaire de la Gauche à Moulins

Au cœur de la « diagonale du vide », Moulins est la préfecture de l’Allier et compte 20 000 habitants et un peu plus de 60 000 dans son aire urbaine. Ville dominée par les notables de la Droite depuis 1945, une dynamique unitaire très large s’y est lancée à Gauche, donnant l’espoir d’un basculement.

Moulins est à l’image des petites villes de France, marquées par une forte empreinte de la paysannerie dans les mœurs et les traditions. Ceci explique pourquoi la Droite a réussi à s’y ancrer depuis plus de 60 ans, malgré sa lente décrue démographique. En effet, entre 1968 et 2016, la commune a perdu 6 366 habitants, passant de pratiquement 26 00 âmes à 20 000.

Cependant, installé au pouvoir depuis 1995, Pierre-André Perissol le maire Les Républicains a bien du mal à étouffer les oppositions qui émergent à l’intérieur de son camp.

Ainsi, son premier adjoint, Stefan Lunte, d’orientation filloniste, a démissionné de la majorité début juillet. Le motif fut le vote d’une subvention supplémentaire à « Moulins Yzeure Football », jugée incompréhensible au regard des sous-investissements dans la rénovation de choses du quotidien (comme des rues délabrées par exemple).

Derrière se cachent également des recompositions d’ordre idéologique puisqu’il y a peu de temps ce fut le directeur de cabinet du maire, Guillaume Boutié, proche d’Alain Juppé, qui a démissionné.

Né en 1947 et installé à la mairie depuis 1995, le maire Pierre-André Perissol a été investi par Les Républicains pour représenter le parti aux élections moulinoises de 2020. Stefan Lunte a quant à lui officialisé sa candidature début septembre en demandant aussi l’investiture du principal parti de la Droite.

Dans ce contexte de division et de tensions internes à la Droite, il est évident qu’une fenêtre de tir plus que favorable est ouverte pour la Gauche. Ce qui est en train de se passer avec « Moulins ma cité – un avenir partagé », rassemblant le PS, le PCF, Génération-s, Place Publique et EELV est à ce titre plus que bon signe.

Lancée par quelques militants au printemps 2018, l’initiative s’est formalisée en mai 2019 dans le collectif « Moulins ma cité – un avenir partagé » et a multiplié les interventions dans les différents quartiers de la ville. Avec 50 membres et 5 porte-paroles déclarés, ce collectif des forces démocratiques s’appuie sur un ancrage local des plus certains.

Aux élections municipales de 2014 déjà une liste commune PS-PCF, « 100 % Moulins », était parvenu à envoyer plusieurs élus d’opposition, dont Yannick Monnet (PCF). De la même manière que le 9 mars 2014, un vaste rassemblement contre la manifestation fasciste « Jour de Colère » en janvier avait été soutenu par le PS, EELV, le PCF, la CGT et les associations SOS racisme et RESF.

À ce panorama s’ajoute la démission du conseiller municipal élu en 2014 de la liste unitaire de gauche « 100 % Moulins », Jacques Lahaye. Ayant démissionné du PS au cours de l’année 2017, il a fait part de sa proximité avec La République en Marche mais reste en retrait, hésitant entre une candidature ou un soutien à la liste citoyenne.

Aux dernières élections européennes, le Rassemblement national est arrivé en tête des suffrages avec 22, 71 %,, contre 21, 77 % pour La République en Marche et 11, 93 % pour Les Républicains. Éparpillée et divisée, la gauche na rien pesé, alors que rassemblée elle serait arrivée largement en tête avec 30, 6 % (EELV, PCF, PS-PP, Générations, LFI).

Avec une Droite divisée, une force centriste (LREM) prise de court, l’initiative unitaire de « Moulins ma cité – un avenir partagé » fournit l’espoir d’un basculement de Moulins à Gauche.

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Écologie

Catastrophe industrielle à Rouen : tribune de plusieurs syndicats et associations

Voici une tribune signée par plusieurs syndicats et associations après la catastrophe industrielle de Rouen le mois dernier. La responsabilité de la direction de l’entreprise, avec l’aval du préfet, est pointée du doigt. Un certain nombre d’exigences sont formulées pour éviter une telle situation à l’avenir.

Tribune initialement publiée le 17 octobre sur 76 Actu :

« La catastrophe industrielle et environnementale qui a eu lieu dans la nuit du 25 au 26 septembre 2019 à Rouen met en avant et à plusieurs titres les dangers permanents que les industries représentent lorsqu’elles négligent leurs obligations en termes de protection contre les dangers inhérents à leurs activités.

Ces négligences coupables font courir aux salariés, aux populations et aux écosystèmes des risques graves à court et long terme. Des accidents comme celui-ci sont un véritable désastre tant humain qu’écologique. Pour pouvoir continuer à satisfaire suffisamment de rentabilité à ses actionnaires, l’industrie, à l’instar des autres secteurs de l’économie, rogne ses « coûts » sans fin sur le dos des travailleurs : multiplication de la sous-traitance, précarité, réduction des effectifs et des équipements, non-respect des règles de sécurité…

Lubrizol, une des premières sociétés industrielles de chimie, est présente en Amérique (56 sites), en Europe (45 sites), au Moyen Orient (7 sites) et en Asie (33 sites). Fondée en 1928, Lubrizol est une filiale de Berkshire Athaway, société d’investissement dirigée par Warren Buffet, l’un des plus gros milliardaires de la planète et qui compte Bill Gates dans son directoire.

L’usine de Rouen est implantée depuis 1951. Site Seveso à « seuil haut » comme 705 autres en France sur les 1312 sites Seveso, elle a déjà connu plusieurs incidents dont un nuage de Mercaptan en 2013, qui a donné lieu à un simple renvoi devant le tribunal de police et une condamnation à une amende ridicule de 4000 euros.

C’est bien la responsabilité de la direction de l’entreprise qui est engagée dans cet accident, en terme de sécurisation de l’ensemble du site, de son personnel, ainsi que de la sous-traitance. C’est elle qui, avec l’aval du préfet, a opté pour une sécurité a minima en réduisant les effectifs de sécurité et de surveillance.
Si les premiers éléments de l’enquête qui s’ouvre peuvent amener à penser que l’incendie a démarré dans une zone de stockage confiée à une entreprise sous-traitante de nettoyage, la responsabilité de Lubrizol reste néanmoins pleine et entière dans son rôle de donneur d’ordre.

Une nouvelle foi, la sous-traitance d’activités par des grands groupes, particulièrement dans ces secteurs (industrie chimique, pétrolière et nucléaire) pose problème, en particulier pour les tâches qui peuvent présenter le plus de risques de santé pour les salariés et les populations.

Les personnels de la sous-traitance connaissent très mal, par manque de formation, les risques technologiques auxquels ils sont confrontés pendant leur travail. Cette situation va s’aggraver avec la disparition des CHSCT en application des ordonnances Macron de 2017 ; et les attributions et moyens d’intervention des CSSCT (nouvelle instance obligatoire dans les sites Seveso), ne pallieront pas à leur disparition.

C’est également la responsabilité de l’État qui est engagée. Les moyens et les effectifs des inspecteurs.trices des installations classées pour la protection de l’environnement (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement), n’ont pas été doublés, malgré les promesses faites, ce qui les rend insuffisants pour faire appliquer les dispositions réglementaires. Leur mission de contrôle des sites à risque n’est pas assurée efficacement. Il en est de même pour les services de l’inspection du travail, chargée notamment de faire appliquer les règles relatives aux incendies, explosions et stockage des produits dangereux dont les effectifs fondent à vue d’œil.

Alors que l’on découvre peu à peu que les premières annonces sur les quantités de produits partis en fumée ont été sous-évaluées, les chefs de services de l’État et le gouvernement passent leur temps à chercher à convaincre du peu de danger que courent les riverains de l’usine.

Les populations sont censées décider toutes seules s’il est préférable qu’elles partent loin ou qu’elles s’enferment dans leur lieu de vie, créant ainsi un sentiment d’angoisse généralisé d’autant plus justifié quand on sait que les fumées et les suies toxiques, au vu des produits qui ont brûlé, comportent des molécules cancérigènes et des perturbateurs endocriniens.

D’autre part, des catastrophes comme celles de Lubrizol nécessiteraient que soient prévu un plan d’évacuation des populations les plus exposées et de protection de l’ensemble des autres personnes des zones contaminées. Or, rien n’a été fait… car rien n’est prévu. Est aussi posée la question de l’aménagement du territoire, l’implantation des habitations qui, au fil des années, s’est dangereusement approchée des sites dangereux.

Au-delà des conséquences pour les salariés de Lubrizol et des sous-traitants (santé des travailleurs, chômage technique et perte de salaire), c’est toute la vie locale qui est gravement mise en danger par des industries dont le mode de gestion fait porter à la collectivité des responsabilités qui devraient lui incomber dans la logique « pollueur/payeur » ; il en est de-même des coûts sur l’environnement.

La situation dans la campagne avoisinante et dans toute la région couverte par les vents dominants est préoccupante : sols qui pourraient être empoisonnés pour une dizaine d’années, animaux malades, risques forts de nappes phréatiques polluées, impossibilité pour les paysans de poursuivre leurs activités, l’agriculture bio et les paysans en vente directe étant directement pénalisés. L’État n’a pas suffisamment accompagné le retrait des productions, faisant peser sur les paysans eux-mêmes la responsabilité de ces retraits.

On aurait tort de croire que ce qui s’est passé avec Lubrizol ne concerne que les habitants de Rouen et de sa région. Les risques industriels, les dangers de la recherche constante d’augmentations des dividendes financiers au détriment de l’investissement dans les appareils de production, de la sécurité des sites et des personnes sont partout où est implanté ce type d’industrie qui se doit d’être exemplaire en termes de sécurité et d’impact sur l’environnement et les écosystèmes.

Plus jamais ça, ni ici, ni ailleurs ! Nous exigeons :

• Que soit publiée in extenso la liste des produits brûlés, ce qui passe par la levée des secrets de fabrication ;
• Que la liste des molécules (PCB, dioxine etc.) qui ont potentiellement pollué les sols, soit connue ;
• Que soient diffusés les chiffres sur les maladies professionnelles des salariés actuels ou anciens de Lubrizol ;
• Que les populations soient prises en charge médicalement et que soit mis en place un suivi à long terme, plus particulièrement pour les femmes enceintes et les enfants ;
• Qu’une estimation du préjudice soit faite le plus rapidement possible par les services de l’Etat, de façon à ce qu’une aide d’urgence (sous forme d’avance) soit attribuée à toutes les victimes ;
• Que les salariés de LUBRIZOL ou d’autres entreprises soient protégés par les autorités s’ils souhaitent témoigner de leurs conditions de travail et de sécurité, ce qui implique un renforcement de la loi sur les lanceurs d’alerte ;
• Que l’Europe renforce les législations de surveillance des sites Seveso, et que l’Etat revienne sur l’assouplissement accordé en 2018 instaurant des périmètres de sécurité pour les projets immobiliers ;
• Que l’État prévoit, avec les moyens de mise en œuvre, un plan d’évacuation des populations vivant auprès de chaque site à haut risque, chimique ou nucléaire, ainsi que des exercices en conditions réelles ;
• La mise en place d’autorités sanitaires indépendantes et de procureurs indépendants ;
• La mise en place de CSSCT à compétences supra-légales étendues avec capacité d’expertise et de droit d’alerte ;
• Le rétablissement des CHSCT dans les entreprises et l’élargissement de leurs pouvoirs.
• Le renforcement des inspections du travail et des installations classées pour la protection de l’environnement en lien avec la Carsat et la Dreal.

Organisations signataires :
– Amis de la Terre France.
– Association Henri-Pézerat.
– Attac.
– Confédération générale du travail (CGT).
– Confédération paysanne.
– Criigen (Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique).
– Fédération syndicale unitaire.
– Sciences citoyennes.
– Sol (Alternatives agroécologiques et solidaires).
– Union syndicale solidaires.
– Zone écologique autonome. »

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Politique

Prix Nobel d’économie 2019: des experts en business

Il y a des gens qui gagnent leur vie en faisant travailler les pauvres. D’autres en en parlant. Le prix Nobel d’économie 2019 a été gagné par des gens ayant monté un vrai business « scientifique » de discours sur la pauvreté.

Le prix Nobel d’économie a été remis cette année à la française Esther Duflo et son mari d’origine indienne Abhijit Banerjee, ainsi qu’à l’américain Michael Kremer, les deux premiers ayant pris cette nationalité également.

C’est qu’Esther Duflo est le prototype de l’intellectuelle bourgeoise faisant carrière aux États-Unis. Elle fait une prépa au Lycée Henri IV, rejoint l’École normale supérieure, puis un DEA à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), pour devenir agrégé d’économie.

Elle fait ensuite un doctorat au fameux MIT américain, dont elle devient ensuite professeur. C’est là-bas que se fonde le laboratoire Abdul Latif Jameel d’action contre la pauvreté, alors qu’Esther Duflo reçoit de nombreux prix, distinctions, publications dans des revues, etc.

L’idée de base est qu’il s’agit de procéder à des « évaluations d’impacts par assignation aléatoire (Randomized Control Trial) », en gros de mener des enquêtes pour voir les résultats de telle ou telle politique sociale, y compris si elle n’as pas été en fait réalisée.

On l’aura compris, c’est l’application de l’utilisation de données statistiques (même pas complètes, car il s’agit seulement d’échantillons) à la réalité sociale (définie par ailleurs subjectivement).

Ces « Randomized Control Trial » ou RCT sont totalement à la mode et il faut citer ici un article de Florent Bédécarrats, Isabelle Guérin et François Roubaud, qui avaient prévu en 2013 l’obtention du prix Nobel par Esther Duflo.

« Rares sont aujourd’hui les formations académiques prétendant « tutoyer l’excellence » qui ne proposent un cursus spécialisé dans ce domaine, comme à l’École d’économie de Paris, la London School of Economics, Harvard, Yale, etc.

Rares sont également les agences d’aides qui n’aient pas créé de département qui leur soit dédié, ou engagé ou financé leurs propres rct (…).

La figure d’Esther Duflo est l’exemple le plus illustratif de cette mouvance. Jeune chercheure franco-américaine, elle cumule les distinctions académiques, dont la célèbre médaille Bates, qui récompense le « meilleur économiste » de moins de 40 ans et qu’elle a reçue en 2010.

Elle a à son actif un nombre impressionnant de publications dans les revues d’économie les plus prestigieuses, mais elle vulgarise également ses travaux sous la forme d’ouvrages accessibles au grand public. Depuis 2008, elle figure sur la liste des 100 premiers intellectuels mondiaux du magazine américain Foreign Policy. En 2011, c’est le Time qui la compte parmi les 100 personnes les plus influentes au monde.

Fin 2012, elle a été nommée conseillère du Président Obama sur les questions de « développement global ». En France, elle a été la première titulaire de la toute nouvelle chaire « Savoir contre pauvreté » du Collège de France, créée et financée par l’Agence française de développement (AFD). Son nom est régulièrement cité comme candidate potentielle à un prochain prix Nobel d’économie.

Ces jeunes chercheurs de la mouvance rct se distinguent également dans le mode de gestion de leur activité. En montant des ong ou des bureaux d’étude spécialisés, ils créent les structures idoines pour recevoir des fonds de toutes origines : publique bien sûr, mais également de fondations, d’entreprises, de mécènes, etc., hors des circuits classiques de financement de la recherche publique.

Sur ce plan, ils sont en parfaite adéquation avec les nouvelles sources de financement de l’aide que constituent les fondations privées et les institutions philanthropiques, qui se montrent particulièrement enclines à leur confier des études.

En parvenant à créer leurs propres guichets de financement, principalement multilatéraux (l’initiative de la Banque mondiale pour l’évaluation d’impact du développement, l’initiative internationale pour l’évaluation d’impact, la Banque africaine de développement, le fonds stratégique pour le développement humain), mais aussi bilatéraux (la coopération espagnole et britannique) et des fondations (Rockefeller, Citi, Gates), les randomisateurs ont créé un oligopole sur le marché florissant de l’expérience aléatoire.

La nébuleuse organisée autour de j-pal, co-dirigée par Esther Duflo, constitue le modèle le plus emblématique et le plus abouti de ce nouveau scientific business model. Le laboratoire j-pal est l’un des centres de recherche du département d’économie du Massachusetts Institute of Technology.

Cet ancrage institutionnel, au sein d’une des plus prestigieuses universités américaines, ainsi que la notoriété de ses dirigeants, jouent le rôle de caution académique et de catalyseur.

Au côté de j-pal, Innovations for Poverty Action (ipa) joue un rôle névralgique. Organisation à but non lucratif, outre sa fonction de communication et de plaidoyer en faveur des rct, elle est chargée d’étendre et de répliquer les expériences aléatoires une fois testées par j-pal. »

Peut-on critiquer le capitalisme depuis le cœur des institutions ? Certainement pas. Les gagnants du prix Nobel 2019 ne critiquent d’ailleurs pas le capitalisme, ils prônent le développement social, ils sont donc « de gauche » selon la définition d’un Lionel Jospin ou d’un François Hollande.

Mais en réalité, ce sont des gens cherchant à impulser encore plus de capitalisme en faisant en sorte qu’il y a ait le plus d’accumulation de capital possible, y compris à petite échelle, pour encore plus relancer la machine terriblement grippée.

Le capitalisme est à bout de souffle et il racle le fond. Il a même besoin du micro-crédit, c’est dire ! Et il a une armée de chercheurs pour l’aider en ce sens, qui masquent leur sinistre activité derrière les termes de « développement », de « progrès social », etc. Tout en en vivant très bien eux-mêmes.

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Société

Mondiaux d’athlétisme au Qatar: «Les forçats du stade», tribune du sénateur PCF Eric Bocquet

Voici une tribune publiée par le sénateur PCF du Nord Eric Bocquet. Il critique vertement les championnats du monde d’athlétisme s’étant déroulés au Qatar, ainsi que la Coupe du monde de football qui y est prévue en 2022, en citant Karl Marx !

« Les forçats du stade

Les championnats du monde d’athlétisme au Qatar, simplement inhumains !

Une fois n’est pas coutume, nous allons parler sport. Non pas des résultats mais plutôt de ses coulisses. Je voudrais évoquer ici les championnats du monde d’athlétisme qui se sont déroulés au Qatar, à Doha.

C’est un évènement planétaire dans le domaine du sport mais force est de constater qu’on en parle beaucoup plus à propos des polémiques qu’il suscite que des performances qui y sont réalisées. Et pour cause.

Pour le marathon féminin, il y avait 68 participantes, pas moins de 28 ont abandonné l’épreuve. La raison : la chaleur insoutenable et le niveau élevé de l’humidité qui rendaient l’air irrespirable, de 37 à 42° la journée et minimum 30° le soir, température ressentie 35°. Tout simplement inhumain.

Le champion du monde français du 50 km marche, Yohann DINIZ recordman mondial du décathlon contraint, lui aussi, d’arrêter l’épreuve. Il dira de cette compétition : « C’est une catastrophe ! ».

Par ailleurs, un stade de 46 000 places, à peine rempli au quart avec 2 000 invités ! Il n’y a personne dans les tribunes.

Les performances réalisées par les athlètes qui résistent ne sont pas à leur niveau habituel. Oui, ces mondiaux sont une catastrophe sportive, humaine et sociale. Elle est aussi une catastrophe écologique avec ce stade ouvert, climatisé qui consomme autant d’énergie qu’une ville de 20 000 habitants.

Ce système du fric atteint ici ses propres limites dans le comble de l’absurdité et du cynisme. Arrêtez-ça !

La coupe du monde de football aura lieu en 2022 au Qatar par la volonté de… La justice enquête. L’Eldorado qatari construit des stades, des autoroutes, un métro pour accueillir l’évènement. Le PIB par habitant est le plus élevé du monde, 110 000 dollars par an. Deux millions d’habitants.

Les forçats qui construisent les stades, eux, touchent 180 euros, travaillent 11 heures par jour, sous les mêmes températures, 6 jours par semaine. Ils meurent d’accidents cardio-vasculaires et d’accidents du travail. Ils sont Indiens ou Népalais, prolétaires sacrifiés sur l’autel du football.

Je n’ai regardé aucune retransmission des épreuves, au-dessus de mes forces, dégouté ! Jamais cette phrase de Marx n’a été illustrée de manière aussi flagrante, le capitalisme, c’est l’exploitation de l’homme par l’homme, et, en l’occurrence, de la nature aussi.

Dépassé le marxisme ? Ah bon ! »

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Politique

Municipales: la situation compliquée de la Gauche à Saint-Nazaire

Saint-Nazaire en Loire-Atlantique est une ville industrielle-portuaire de 70 000 habitants, fortement marquée par son identité ouvrière. La municipalité est à Gauche depuis la première moitié du siècle dernier. Le premier maire SFIO (ancêtre du Parti socialiste) François Blancho y a été élu en 1925, c’était un ouvrier soudeur-ajusteur. La ville pourrait cependant basculer aux prochaines élections.

L’actuel maire de Saint-Nazaire, le socialiste David Samzun, est candidat à sa propre succession. Il a déjà présenté un projet autour de 202 propositions, élaborées par son équipe qu’il dit composée d’environ 300 personnes.

Problème : le Bureau national du Parti socialiste a gelé son investiture, c’est-à-dire qu’officiellement il ne le soutient plus suite à une affaire ayant déchiré le conseil municipal. Une autre liste sera donc présentée par Gaëlle Bénizé-Thual, elle aussi élue municipale socialiste (mais plus dans la majorité), avec un appel au rassemblement de la Gauche et de l’écologie.

Cette dernière n’a pas ouvertement le soutien du Parti socialiste, en tous cas pour l’instant. Le PS a cependant été très ferme à l’encontre du maire sortant David Samzun. Suite à la dénonciation par des femmes du conseil municipal d’une ambiance générale sexiste, ainsi qu’une plainte pour harcèlement, qui n’a pas donné lieu, le Bureau national du PS avait envoyé sur place une délégation composée notamment de l’ancienne ministre aux Droits des femmes Laurence Rossignol.

> Lire également : Démission de Laurianne Deniaud à Saint-Nazaire : « la loyauté ne suffit plus à justifier l’injustifiable »

Bien que des figures socialistes locales avaient critiqué cette décision, le premier secrétaire Olivier Faure avait pleinement assumé de geler l’investiture de David Samzun, quitte à se couper de la municipalité en rappelant les valeurs, « au-delà de nos intérêts électoraux ». Il avait été considéré que :

« Il y a un certain nombre d’indices qui laissent à penser que s’est développée une culture sexiste, basée sur des stéréotypes de genres dépassés, créant un climat particulier marqué par une sexualisation importante. »

La Gauche se retrouve donc dans une situation très compliquée et pourrait tout simplement perdre la ville. Dans l’actuel conseil municipal, elle compte en tout 38 élus (divisés) contre 5 pour le Centre, 3 pour la Droite et 3 pour l’extrême-Droite. Le Rassemblement national (anciennement FN), qui avait fait son entrée pour la première fois au conseil municipal, ne cesse d’élargir sa base électorale à Saint-Nazaire et dans les communes environnantes.

Aux élections européennes, la Gauche à Saint-Nazaire avait connu un revers conforme au score national avec 23,79% (5 552 voix) pour LREM, 17,44% (4 071 voix) pour les Verts et 15,13% (3 531 voix) pour le Rassemblement national. La liste soutenue par le PS avait obtenu 10,07% (2 350 voix) et celle de la France insoumise 7,43% (1 733 voix).

Il y a donc un enjeu important pour la Gauche, tant localement que nationalement, à conserver ce bastion ouvrier afin qu’il ne bascule pas du côté d’Emmanuel Macron, ou pire de l’extrême-Droite, ce qui semble toutefois peu probable. Le RN pourrait en tous cas largement se renforcer au conseil municipal en profitant de la division de la Gauche.

Dans un récent communiqué, le PCF local a appelé de manière constructive et lucide « au « tous ensemble » pour gagner dès le premier tour des élections » :

« Une majorité municipale de gauche dans notre ville ne change pas la société ni le monde mais elle contribue à agir pour une société plus saine, plus humaine, plus solidaire et plus fraternelle et plus démocratique.

On ne doit pas jouer avec la vie quotidienne de ceux qui travaillent, qui peinent, ou qui souffrent chaque jour. La pesante actualité de la majorité municipale depuis de nombreux mois nécessite de reconstruire un fonctionnement démocratique, respectueux des différentes sensibilités politiques de gauche, sans hégémonie.

Le mouvement des Gilets Jaunes a confirmé qu’il n’y aura pas de solution à l’urgence climatique sans solution à l’urgence sociale ni développement de nouvelles formes de démocratie.

Les élections municipales de mars prochain peuvent être aussi un moment fort à Saint-Nazaire de soutien aux mobilisations contre la politique Macron (santé, école, retraites, moyens pour les collectivités, accueil des réfugiés, …) »

Cependant, au vu des démarches en cours, il semble difficilement envisageable que ce processus ait lieu à moins de six mois de l’échéance. Les électeurs de gauche risquent donc de se retrouver coincés entre le choix de la continuité et celui des valeurs, à moins qu’ils ne s’abstiennent ou partent voir ailleurs.

Le choix des personnes les plus marquées à Gauche à Saint-Nazaire ira probablement à la liste menée par Gaëlle Bénizé-Thual si elle arrive à impulser une dynamique de campagne, car les comportements anti-démocratiques qui ont été dénoncés sont inacceptables.

Il ne faut pas sous-estimer cependant le fait que beaucoup seront convaincus par les arguments de David Samzun, bénéficiant de son bilan et dénonçant un opportunisme politique de la part de ses opposants issus de la Gauche.

La situation semble donc inextricable, à moins peut-être que le maire sortant opte pour une démarche d’ouverture et d’autocritique. C’est ce que lui suggère récemment une longue lettre de la section locale de la Ligue des Droits de l’Homme, qui s’inquiète de voir la Gauche perde la ville au profit de l’extrême-Droite ou du libéralisme :

« Vous n’avez pas mal réagi, vous n’avez pas commis une faute, vous n’avez pas manqué de sensibilité mais vous avez manqué d’écoute et surtout de prise en compte de la complexité. Ce qui conduit aujourd’hui au constat que ceux qui en font les frais sont ceux qui ont parlé. En ce sens, vous n’avez pas conduit une action d’apaisement et encore moins d’émancipation.

Le risque est fort, comme a pu le dire un élu, que cet éclatement conduise à une bipolarisation lors des prochaines échéances électorales. Cet élu aurait pu rajouter que la crainte que nous pouvons avoir est que le prochain municipe ne conduira pas une politique sociale aussi forte, aussi ambitieuse que la vôtre. Entre un parti politique qui sélectionne ses pauvres et une force politique largement inspirée du libéralisme qui pose la responsabilité individuelle comme cause majeure de la pauvreté, on peut craindre évidemment un durcissement des aides aux plus vulnérables. Vous savez bien que tout cela ne conduira ni à la justice sociale ni à l’avancée des droits.

La Ligue des Droits de l’Homme, forte de ses convictions, respectueuse des principes du droit français, souhaite que le combat contre les injustices et pour l’égalité des droits reste prioritaire dans une période où nos concitoyens ont encore plus besoin d’une action publique basée avant tout sur l’intérêt général et la justice sociale. »

Notons pour finir de compléter ce panorama local très riche que Les Verts, qui avaient lancé cet été un vague « Appel écologiste et citoyen – Saint-Nazaire 2020 », ne semblent pas pour l’instant présenter de liste. Mais rien n’est figé, tant on sait que la direction nationale d’EELV souhaite avoir des listes indépendantes par rapport à la Gauche dans un grand nombre de municipalités.

Pour ajouter à la division, La France insoumise, Génération-s et le NPA ont décidé de présenter une liste, « Saint-Nazaire en Commun (e) ». Cette liste « vraiment de gauche » semble surtout faire acte de présence, avec un projet qui serait à « construire ».

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Écologie

Brétignolles-sur-mer: communiqué commun d’EELV, du PCF du PS sur la situation du projet de port

EELV, le PCF et le PS signent un communiqué commun. Il appellent au rassemblement citoyen de ce samedi 19 octobre à la Roche-sur-Yon en Vendée contre le projet de port de plaisance à Brétignolles-sur-mer.

> Lire également : Littoral : un projet de port de plaisance contesté à Bretignolles-sur-Mer en Vendée

« Face au début des travaux sur le site de la Normandelière à Brétignolles, une vaste contestation s’est mise en place. Des citoyens et citoyennes ont découvert un site « massacré » pour réaliser un futur port. Depuis la contestation se poursuit de façon pacifique dans le respect du droit.

Cette contestation vient souligner l’exigence des populations et des associations d’être entendues (les avis contre ce projet n’ont pas été assez pris en compte lors de l’enquête publique)

L’addition de signatures d’élus(es), certes respectables, ne suffit pas pour valider un projet.

Sans renier la légitimité des élus(es), nous rappelons qu’ils et elles ont aussi la charge d’anticiper l’avenir de nos territoires et de les protéger au regard du dérèglement climatique

Nul ne peut ignorer que le trait de côte est menacé partout dans le monde et donc, en particulier, à Brétignolles sur mer en Vendée. Comment peut-on après les derniers rapports de GIEC, soutenir un tel projet ?

Nous, partis politiques appelons la Ministre de la transition écologique à faire stopper ce projet destructeur qui doit être définitivement abandonné.

Une alternative existe pour ce territoire fort de nombreux atouts environnementaux et humains. Dans ce sens, et afin de sortir de l’impasse actuelle, il faut reprendre les échanges et écouter les citoyennes et les citoyens mais aussi les associations qui ont des propositions à faire

L’intérêt général, la sécurité des populations imposent la préservation du trait de côte et donc celle des zones fragiles et de la biodiversité qui en dépendent.

Claudine GOICHON  EELV 85 
Stéphane IBARRA  PS 
Marie –Françoise MICHENEAU PCF

Restons mobilisés #balancetonport ACT2 : rassemblement citoyen pour protester contre la déclaration d’Utilité Publique signée par Mr le Préfet.

NON à ce projet  destructeur, non-sens écologique, et qui fait fi des réserves émises par les commissaires enquêteurs  des 2 enquêtes publiques du port et du PLU de Brétignolles. Les travaux compensatoires ont démarré avant même le résultat des recours posés en justice…

Soyons nombreux le samedi 19 octobre à 15h place Napoléon à la Roche-sur-Yon. »

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Société

Le piège de la polémique sur le voile lancée par Julien Odoul du Rassemblement national

Les polémiques actuelles sur le voile sont totalement coupées de la vie quotidienne. Elles sont nourries par une extrême-Droite cherchant des boucs-émissaires et une « Gauche » post-moderne, post-industrielle pratiquant l’hystérie pour contribuer à l’individualisme capitaliste. L’objectif convergent est la négation de la lutte des classes, alors que la France craque toujours plus de partout.

L’interdiction du voile à l’école pour ce qui était alors un phénomène secondaire a été un terrible piège, la boîte de Pandore de tous les problèmes. Le pire c’est que ce sont des militants d’ultra-Gauche – de Lutte ouvrière en l’occurrence – qui ont amené tout cela il y a quelques années. Et maintenant, on se retrouve avec une affaire comme celle de l’affiche électorale récente de la FCPE, l’association des parents d’élèves liée à la Gauche. Celle-ci racole de manière éhontée, totalement communautariste, afin clairement d’essayer de sauver les meubles en termes de vote.

Il n’y en a pas un pour rattraper l’autre.

Car le fond du problème est simple : on a d’un côté une Gauche qui a raison d’être contre la religion, mais qui ne comprend rien à la dimension culturelle de la religion et qui se comporte malheureusement souvent de manière simpliste. On a de l’autre une Gauche qui fait de la lutte anti-raciste une cause indéniablement importante, mais qui raisonne en termes de catalogues d’oppressions et aboutit ainsi à une véritable méthodologie de la différenciation individualiste.

Tout cela est d’autant plus grave que la polémique a été lancée véritablement par un mode opératoire classique. Julien Odoul a obtenu sa célébrité en jouant la dénonciation d’un bouc-émissaire. C’est évident et la Gauche aurait dû aisément faire bloc pour étouffer cette opération.

Le procédé est en effet terriblement choquant, car c’est une mère qui a été agressée et sur le plan des valeurs populaires, c‘est un crime. On en a rien faire du voile ici, c’est totalement secondaire. C’est une question de principe, de vie quotidienne. Il y a des choses qui ne se font pas.

Le migrant ayant frappé un enfant de deux ans et sa mère à Saint-Denis lundi dernier l’a appris à ses dépens, en se faisant démonter par les gens présents. Le peuple déteste les comportements anti-sociaux et voue une haine farouche à ses représentants.

Julien Odoul a agi clairement sur le même mode opératoire que le migrant à Saint-Denis, en prenant à partie de manière très agressive une mère accompagnant son fils et toute une classe de CM2 au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, en raison de son voile. Il a cherché à ostraciser une mère. C’est inacceptable.

Et c’est pareil pour le pompier ayant interdit pareillement à une mère accompagnatrice l’entrée d’une caserne de Creil lors d’une visite de classe, lundi dernier. Et c’est pareil pour Stéphane Guillon, qui sous prétexte d’humour a tenu des propos parmi les plus crapuleux qu’on puisse tenir peu avant le second tour des présidentielles. Nicolas Dupont-Aignan avait choisi de soutenir Marine Le Pen et alors que sa mère venait justement de décéder, Stéphane Guillon a expliqué :

« Il a perdu sa maman il y a deux jours donc j’ai respecté ce moment. Je me suis dit que ma mère aurait fait la même chose si je m’étais engagé aux côtés de Marine Le Pen et si j’avais déclaré être son Premier ministre, vouloir travailler avec elle : je pense que ma mère se serait aussi laissée mourir comme madame Dupont-Aignan. »

C’est ignoble. Et c’est à cause de gens comme cela qu’on ne parle pas de la vie des gens, de la vie populaire, comme de cette mère de deux enfants, morte à 23 ans dans un accident de manège à Firminy, dans le département de la Loire, lundi dernier. Ou donc, de cette femme à Saint-Denis. Alors que c’est la vie du peuple, la vraie actualité.

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Culture

Playlist électronique feutrée et mélodique, avec un zeste d’esprit rétro

À l’occasion de la sortie du nouvel album de Chromatics, voici une petite playlist de musique électronique, feutrée et mélodique, avec un zeste d’esprit rétro.

Pour une lecture automatique, la playlist liste est disponible via le lecteur habituel dans la colonne de droite (version web) ou en bas de page (version mobile). Nous la proposons également ici sous formes de vidéos, pour apprécier les clips :

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Politique

Municipales: les Verts mettent à mal le travail pour l’unité de la Gauche à Marseille

Une large initiative d’union de la Gauche pour les municipales de 2020 est en cours à Marseille, selon le constat qu’il y a une ouverture possible pour évincer la Droite et qu’il ne faut pas prendre le risque de voir le Rassemblement national triompher. Lors d’un vote le 5 octobre, les militants locaux d’Europe écologie-Les Verts ont néanmoins fait le choix d’une candidature indépendante, mettant à mal les initiatives unitaires en cours, pourtant très liées à l’écologie politique.

L’été a été très riche en initiatives du côté de la Gauche et des forces issues des milieux associatifs et syndicaux à Marseille, souvent marquées par la catastrophe des effondrements d’immeubles rue d’Aubagne l’an passé.

D’un côté, une tribune publiée dans Libération donnant lieu à un « Mouvement sans précédent » (en référence à l’introduction de la tribune), de l’autre un « Pacte démocratique pour Marseille », paru dans le journal La Marseillaise, historiquement proche du PCF.

La tribune « sans précédent » assume un propos très offensif contre le « système » marseillais mis en place par la Droite :

« Nous refusons les compromis avec les héritiers de ce système, et avec les représentants de la majorité présidentielle. Il nous faut rompre avec les politiques inégalitaires, anti-écologiques et purement comptables menées par les gouvernements et les municipalités marseillaises successives. Cette rupture est le meilleur moyen de combattre le projet et les idées de l’extrême droite. »

Le projet défendu est très à Gauche et marqué par l’écologie :

« Une ville égalitaire, solidaire et accueillante, une ville qui protège ses biens communs, avec des services publics de qualité, gérés démocratiquement, accessibles à toutes et tous, une politique culturelle favorisant la création et la diffusion au plus grand nombre.

Une ville qui abolit tout clientélisme, une ville gérée en transparence, gouvernée avec ses 850 000 habitants.

Une ville écologique qui agit fermement, en se basant sur des constats scientifiques, contre le réchauffement climatique et les dégradations des environnements naturels, en répondant aux besoins vitaux (logement, école, déplacements, air, littoral, sols, alimentation, santé…).

Une ville où le développement économique profite à tou·tes. »

On retrouve les mêmes propos dans le « Pacte démocratique pour Marseille », présenté comme ayant l’objectif de construire une liste ancrée à Gauche :

« Nous avons fait ensemble le bilan des politiques qui ont dévasté Marseille socialement, écologiquement, économiquement et politiquement. Nous vivons au quotidien les résultats de cette incurie qui divise Marseille, l’atomise, transforme nos quartiers populaires en Zones Prioritaires d’Inégalités et nos noyaux villageois en oppidums !

Des décennies de clientélisme et d’affairisme, qui ne profitent qu’à une poignée. Des années de stigmatisation, d’intimidation et d’infantilisation des habitants, qui nous condamnent à la passivité, et au ressentiment politique !

Un mouvement citoyen et politique, antiraciste, écologiste, féministe, et militant doit relever les défis à venir. Nous devons désormais franchir une nouvelle étape : définir une méthode de co-décision pour placer les citoyen·ne·s au cœur de toute démarche politique à venir. Le rassemblement se fera à ce prix : celui de la transparence, du respect démocratique des aspirations populaires et celui de la convergence respectueuse des dynamiques et réflexions déjà engagées. »

Suite à ces travaux, la dynamique unitaire de la Gauche a suivit son cours dans la ville, avec comme principales figures Sophie Camard (France insoumise, anciennement des Verts), suppléante de Jean-Luc Mélenchon aux législatives et Jean-Marc Coppola (PCF). Le Parti socialiste s’est d’abord largement tournée vers l’initiative, qui se tournait elle-même vers Europe écologie-Les Verts pour participer à l’unité.

La décision d’EELV de présenter une liste indépendante change donc entièrement la donne, au point que le PS a annoncé plus ou moins ouvertement qu’il allait réfléchir à nouveau à sa stratégie.

Sébastien Barles, tête de cette liste « écolo », repousse la question de l’alliance électorale au second tour. C’est en fait surtout une stratégie opportuniste, afin d’avoir plus de poids en cas de négociations au second tour, quitte à tout perdre. Son discours est ici un cas d’école d’opportunisme prétendant servir l’intérêt général :

«Il y a une attente unitaire chez les Marseillais, c’est certain. Mais l’unité, ce n’est pas suffisant. Il y a un risque de s’enliser dans une liste sans réelle représentativité des citoyens, ce qui risque de générer une déception plus forte encore. C’est pour cela que l’on veut être cette liste refuge si ça foire.»

Selon un sondage publié dans la presse, EELV ne peut tabler pour l’instant que sur 14 % à 17,5 % des intentions de vote à Marseille, soit la troisième force loin derrière le Rassemblement national (21 % à 22%) et la Droite (22 % à 30%).

Le danger du Rassemblement national est ici très important et devrait obliger à une large liste commune dès le premier tour. Sinon, il y a la possibilité de nombreuses triangulaires, voir quadrangulaires (l’élection Marseille se déroule dans huit secteurs), qui seraient favorables à la Droite ou à l’extrême-Droite, mais difficilement à la Gauche.

Si on se fie aux résultats des élections européennes (qui ne reflètent que partiellement la réalité électorale), le RN arrivait en tête dans 6 secteurs sur les 8 secteurs, alors que l’addition virtuelle des listes de la Gauche et d’EELV arrivait en tête dans 4 secteurs.

Tout comme Yannick Jadot ou Eva Joly, le secrétaire national d’EELV David Cormand appuie pourtant totalement le choix fait à Marseille, en osant même brandir le risque de l’extrême-Droite :

«Face au statu quo des héritier·e·s de l’ère Gaudin et à la tentation du pire avec l’extrême droite, l’alternance positive passe par l’écologie. Un nouveau cycle s’ouvre pour construire l’espoir».

L’Histoire retiendra ce choix de la division fait par EELV si l’extrême-Droite arrivait au pouvoir dans la commune la plus peuplée de France après Paris.

Fort heureusement, il y a des gens qui ont le sens des priorités et il faut saluer ici le choix de Michèle Rubirola, élue EELV au conseil départemental, qui a refusé la motion prônant une liste électorale en « solo » :

« Le but, ce n’est pas de se faire plaisir et d’arriver troisième comme dans ce sondage, mais d’être en situation de gouverner la ville. Tous unis d’un côté et nous de l’autre, quel est le message pour les électeurs ? Les Marseillais veulent l’union, c’est ça qu’ils n’entendent pas ! »

Michèle Rubirola avait dès le début soutenu et rejoint la dynamique unitaire à Marseille :

«L’initiative est partie de militants écolos et, plus largement, d’électeurs qui ont régulièrement voté EE-LV. L’idée était de montrer que les voix de l’écologie n’appartiennent pas à EE-LV, et que celles qui appartiennent à EE-LV peuvent aussi aller vers un rassemblement qui soit plus en mesure de faire gagner leurs idées. Car divisés, on perd.»

Elle a donc annoncé après le vote de son parti faire « le choix du Mouvement Sans Précédent », en espérant entraîner avec elle d’autres écologistes :

« le temps doit être au rassemblement, à la construction d’une coalition écologiste, progressiste, humaniste et citoyenne capable de changer Marseille. Pas aux divisions, pas au repli partisan dans sa chapelle, pas à la guerre des égo auto-proclamés ».

On pourra toujours dire qu’EELV n’est pas ou plus de gauche, qu’un Yannick Jadot a un discours libéral très proche de celui d’Emmanuel Macron. Dans les faits cependant, localement et en tous cas à Marseille, les Verts sont souvent proches des forces de la Gauche, qui souhaitent en général s’ouvrir à eux dans le cadre d’une unité large. C’est le principe du Front populaire qui, bien qu’il soit rarement assumé en tant que tel ou sous ce nom, émerge à différents endroits en France pour les prochaines municipales.

Cette bataille pour le rassemblement de la Gauche partout en France sera un enjeu majeur des élections municipales de mars 2020. Il sera d’autant plus possible qu’il est fait à la base, par les forces locales de la Gauche, dans une perspective démocratique et populaire assumant l’écologie.

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Écologie

Robin des Bois: «Un comité de transparence ou un comité de défense de Lubrizol ?»

L’association de défense de l’environnement Robin des bois a produit plusieurs communiqués à propos de l’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen. C’est à chaque fois un point de vue techniques et documenté, servant le débat démocratique.

L’association qui existe depuis 1985 regroupe de nombreuses personnes ayant des connaissances très précises sur les questions environnementales, notamment en ce qui concerne l’eau. Elle avait participé avec succès au fameux procès de la marée noire de l’Erika.

Son premier communiqué à propos de l’incendie de Rouen rappelait la situation de l’usine Lubrizol avant l’accident, parlant ensuite de « marée noire atmosphérique», tandis que le communiqué numéro 4 pointait le caractère pour le moins opaque des stockages à Normandie logistique (située à proximité immédiate de Lubrizol) et donc son absence de surveillance.

D’après le communiqué :

« le stockage occulte de matières inflammables chez Normandie Logistique en quantités très importantes a posé un problème majeur aux pompiers et a failli propager l’incendie dans le site de Triadis lui-même assujetti à la directive Seveso (seuil bas) et à un poste de transformation haute tension EDF »

Il a depuis été révélé que 4250 tonnes de produits ont brûlé chez Normandie Logistique, portant à 9 505 tonnes la quantité de produits brûlés le 26 septembre.

L’association met aussi régulièrement à jour une page regroupant les principales informations sur la catastrophe industrielle de Rouen. C’est un travail très important qui doit être largement connu et être utile à la population : Comptoir d’informations Lubrizol.

Voici le communiqué numéro 6 de l’association Robin des bois, dénonçant les divers services de l’État semblant aller dans le sens de Lubrizol, plutôt que de la transparence démocratique :

« Un comité de transparence ou un comité de défense de Lubrizol ?

Communiqué Lubrizol n°6

En assimilant avec insistance les retombées au sol du panache de l’incendie au bruit de fond de la pollution historique et chronique, les divers services de l’État et en premier lieu la DREAL se font les avocats de la multinationale Lubrizol. Le représentant de l’industriel présent à la réunion d’installation de ce comité a bu du petit lait en entendant 15 jours après le jour J le préfet de Seine-Maritime et le directeur de la DREAL assurer avec constance qu’aucun pic significatif de pollution n’était attribuable à la catastrophe. Même l’inventaire de la mortalité des anguilles et des goélands argentés est flouté.

Dans le cours des échanges, le directeur de l’ANSES – Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail – a mis en avant l’insuffisance des prélèvements de contrôle. Il a indiqué que les éléments partiels ne montrent pas à ce jour de dépassement des seuils en dioxines et que les experts de l’ANSES travaillent pour rendre rapidement un premier avis prévu mardi 15 ou mercredi 16 octobre. Le ministre de l’Agriculture, sous la pression de députés et de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles, s’est emparé de ces informations préliminaires et circonspectes pour annoncer en conférence de presse à l’issue de la réunion une reprise de la commercialisation du lait dans la soirée du vendredi 11 octobre. Le préfet de Seine-Maritime a résisté aux pressions. Il attend la décision formelle des ministères de l’Agriculture, de la Santé et de l’Écologie prise sur la base du futur avis de l’ANSES.

A la fin des débats, Mme Borne, ministre de la Transition écologique et solidaire, a eu des mots de vérité en confirmant que la circulaire relative à la gestion des impacts environnementaux et sanitaires d’évènements d’origine technologique en situation post-accidentelle de 2012 sera entièrement appliquée et en émettant des doutes sur la validité du Plan de prévention des risques technologiques -PPRT- autour de l’entreprise Lubrizol. Le fait que Normandie Logistique et surtout la quantification et la caractérisation des familles de produits stockés dans ses entrepôts n’aient pas été pris en compte constitue la principale défaillance du PPRT.

L’Agence de l’Eau Seine-Normandie se mobilise pour faire des prélèvements des sédiments de la Seine jusque dans l’estuaire. Le bassin versant nord du fleuve concerné par les retombées du panache sera également étudié. Les poissons, les algues et les crustacés feront aussi l’objet d’un suivi en recherchant la signature spécifique de l’incendie de Lubrizol et notamment le zinc. Il n’est pas exclu qu’un comptage des fibres d’amiante dans la colonne d’eau soit diligenté. Des recherches similaires vont être réalisées par l’Agence de l’eau Artois-Picardie.

Robin des Bois souhaite par ailleurs que dans les meilleurs délais le Conseil supérieur de la prévention des risques technologiques soit saisi par le ministère de l’Écologie pour qu’il rende un avis sur les mesures à prendre pour améliorer les PPRT et les modalités d’information des populations en phase préventive et en phase d’urgence. »

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Société

Le teknival «Tek’Steve’All» en périphérie de Nantes

Pratiquement 15 000 personnes se sont rassemblées en périphérie de Nantes pour un teknival nommé « Tek’Steve’All », en référence au jeune décédé dans cette ville lors de la fête de la musique. L’événement, traditionnel dans sa forme, a ouvertement assumé un discours anarchiste, prônant la vie à l’écart des valeurs dominantes, la haine de la police, le cantonnement dans une fuite en avant dans le « son » et, bien évidemment, l’alcool et les drogues.

Depuis l’occupation de la piscine Molitor à Paris en 2001 pour une free party historique, la scène techno des frees et des teknivals a toujours oscillé entre une volonté de reconnaissance et un goût prononcé pour la marginalité. Les exigences préfectorales ont cependant toujours été telles que finalement, c’est le choix de la bande à part qui a été fait pour ceux refusant de tout abandonner ; sur la vingtaine de frees de l’année dernière, une seule avait été déclarée.

La mort de Steve lors d’une fête techno à Nantes a forcément transcendé une scène qui, à l’arrière-plan, a toujours connu un énorme problème d’identité. À l’opposé du phénomène de masse que cela a été en Angleterre, la scène techno française des frees a toujours surtout rassemblé des jeunes à la périphérie des grandes villes, cherchant une dynamique culturelle positive.

L’apolitisme dominant – même si de manière régulière la chanson « porcherie » (sic!) des Béruriers Noirs clôt une free – se résume donc toujours par cette volonté suprême d’être « laissé tranquille ». Les multiples slogans du teknival qui vient de se dérouler sont à comprendre en ce sens :

« La police peut nuire à vous et à vos proches », « Etat policier, rue de la répression », « Ni oubli ni pardon pour Steve », « Justice pour Steve », « Justice pour Steve, mort pour avoir dansé », « Partout comme en teuf, défendons-nous face aux keufs », « Légitime défiance, la police est coupable », « La police tue… pas nos basses ! », « Face à la répression, unis pour nos libertés », « danger police », « UnisSONs-nous et RAVE’oltons-nous contre la répression », etc.

Cela semble d’autant plus rebelle que, conformément à l’esprit des teknivals, il y a un vrai effort de fait pour la décoration, le jeu de lumières, la qualité des sound-system, etc. Le problème est que cela fait 20 ans que les choses n’ont pas bougé. La scène des free parties vit dans la passé. Elle écoute une musique du passé, avec un style du passé. Rien ne bouge, surtout rien ne doit bouger.

À cela s’ajoute le problème de fond : l’utilisation obligatoire de drogues. La scène techno des free parties n’utilise pas les drogues comme un moyen, ce sont désormais les drogues qui l’utilisent comme moyen. Le problème des drogues était déjà énorme à la base, mais il était possible de discuter. Aujourd’hui c’est impossible, les drogues imposent leur domination totale. Ce panneau d’avertissement artisanal au teknival de Nantes prévenant, sur un pont, qu’en-dessous il y a un cour d’eau, en dit long :

Le teknival « Tek’Steve’All » est donc régressif sur tous les plans, ce qui est typique d’une orientation anarchiste. C’est une simple expression de la volonté de vivre isolé, à l’écart, sans intervention de l’État, pour vivoter d’une manière artisanale tout en se défonçant, tout en imaginant que culturellement on écoute une musique « underground », incompréhensible pour le commun des mortels vivant une vie banale, etc.

Le monde peut s’effondrer, tant pis, il faut vivre à l’écart. « Plus le son est fort, moins on entend le monde s’effondrer. »

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Politique

En 2009, naissait le NPA

En février 2009, naissait le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) avec un écho très large et une véritable dynamique de fond. Dix ans après, on s’aperçoit que cette organisation s’est totalement enlisée dans les valeurs post-modernes.

La naissance du Nouveau parti anticapitaliste s’est déroulée sous les meilleures auspices en 2009. Il s’agissait en effet du « dépassement » d’une organisation avec des cadres éprouvés, la Ligue communiste révolutionnaire (LCR). Solidement structuré, disposant de nombreux permanents, profitant d’une expérience à tous les niveaux, la LCR avait acquis une hégémonie véritable « à gauche de la gauche » à la fin des années 1980 et au début des années 1990.

Tout en perdant toujours plus son identité trotskyste, elle se renforçait dans tout le paysage associatif et son candidat aux élections de 2008, Olivier Besancenot, obtenait même 4,1 % des voix, soit 1,5 million de personnes le soutenant. Lorsque la LCR procéda à sa dissolution en janvier 2009, elle avait un peu plus de 3 000 membres ; deux jours plus tard le Nouveau parti anticapitaliste s’élançait et recrutait en masse, arrivant à plus de 9 000 membres.

Mais, en étant objectif, on peut voir que personne n’a compris ce qu’était le NPA. L’idée était telle pourtant que toute la gauche de la Gauche aurait pu rejoindre ce mouvement, qui n’a désormais plus que 2 000 membres, dont la moitié réellement concernée. L’ultra-gauche et la Gauche post-moderne n’existaient alors pas vraiment et il y avait un vrai vivier : en 2002, Olivier Besancenot avait déjà dépassé le million de voix, et Arlette Laguiller même les 1,5 million.

Les anarchistes n’étaient pas foncièrement hostiles au NPA et il y avait même déjà des « animalistes » prônant qu’on y adhère. Pourquoi alors n’a-t-il pas réussi à émerger, alors qu’en même temps Jean-Luc Mélenchon parvient avec succès à imposer le Front de Gauche et bientôt La France insoumise ? Au point d’ailleurs qu’il y eut trois vagues de départ de la NPA vers Jean-Luc Mélenchon (2009, 2011, 2012). Rappelons aussi que Jean-Luc Mélenchon avait proposé une alliance au NPA pour les Européennes de 2009.

La raison est simple : le NPA a gagné. Le NPA vient d’une tradition trotskiste prônant l’amour libre, les tendances, l’orientation autour des mouvements sociaux, la conquête des droits individuels, l’absence de formalisation autour d’une idéologie. Or, tout cela a triomphé. Le NPA et ses ancêtres ont été à l’avant-garde de la Gauche post-moderne et celle-ci existe désormais.

Tout le monde sait bien que les mœurs, au sein de la Ligue communiste avant-hier, de la Ligue communiste révolutionnaire hier, du NPA aujourd’hui, sont profondément libérales, c’est-à-dire foncièrement décadentes. La « Gauche » post-moderne est exactement ainsi. Il n’y a donc plus de place pour le NPA, qui ne peut que se ratatiner sur lui-même.

Ses membres ne savent d’ailleurs plus trop quoi en faire, puisqu’il ne reste que ceux liés d’une manière ou d’une autre à l’héritage trotskiste de la LCR, telle la majorité qui regroupe la moitié des voix et est très pro-zadiste, refusant tout « professionalisme » de la politique, à l’instar du sympathique mais ridicule Philippe Poutou.

Le reste du NPA reste bien plus affirmatif quant à cette tradition, ou bien plus syndicaliste. Il est aussi particulièrement divisé, travaillant souvent littéralement de manière indépendante (Anticapitalisme et révolution, Courant communiste révolutionnaire, Démocratie révolutionnaire, l’Étincelle).

Or, le souci principal est que si la majorité, à l’origine du projet de NPA, est pour aller dans le sens d’une unité très à gauche dans un sens gouvernemental (même si ce n’est pas dit ouvertement et que c’est une sorte de rêve combinant marxisme et anarchisme), les autres courants sont très hostiles à cette approche. Ils sont plus sur la ligne de Lutte ouvrière qui réfute tout « gouvernement transitoire », seulement ils ne peuvent pas rejoindre Lutte ouvrière car celle-ci s’arc-boute sur elle-même. Elle espère survivre suffisamment pour passer son tour et voir les cartes rebattues dans le futur.

Le NPA est donc littéralement coincé. En sortir reviendrait pour ses tendances à ne pratiquement plus exister, l’union étant le seul moyen de tenir. Mais rester, c’est pourrir sur pied et ne pas être capable de formuler de stratégie… C’est la preuve que quand culturellement, on baigne dans un milieu à la fois universitaire, étudiant, petit-bourgeois, on est dans un tel libéralisme qu’on ne peut qu’accompagner l’évolution des mœurs, mais en rien maintenir une identité et un cadre de gauche.

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Guerre

Offensive turque en Syrie: en marche vers la guerre mondiale pour le repartage du monde

L’invasion d’une partie de la Syrie par la Turquie n’est pas qu’un exemple d’expansionnisme, mais bien une démonstration de la réalité du monde. On va vers une nouvelle guerre mondiale pour le repartage. On peut même dire qu’on est déjà engagé dans ce processus.

Le capitalisme en crise implique la crispation nationale, le repli stratégique et la conquête militariste. Les Kurdes de Syrie, en s’étant placé dans l’orbite américaine, en font les frais maintenant.

Les Kurdes vivent un nouveau drame, un de plus et pour ainsi dire traditionnel, puisqu’ils ont une énième fois été trahis. Ils ont espéré en Syrie avoir enfin trouvé une voie, avec le combat contre l’État islamique, en se plaçant sous le parapluie américain, qui a fourni des stocks d’armes et une couverture aérienne, alors que les Français envoyaient des cadres pour former les troupes.

Mais les Kurdes connaissent de nouveau la trahison, en étant abandonnés par leurs puissances tutélaires face à une opération de grande envergure de l’État turc. L’idée de celui-ci est officiellement d’instaurer une zone tampon. Seulement, quand on sait qu’elle doit faire 32 kilomètres de profondeur, il voit qu’il s’agit plutôt de former un protectorat, notamment au moyen de l’installation sur zone des 3,6 millions de réfugiés syriens en Turquie.

Les Kurdes de Syrie subissent donc le même sort que la Tchécoslovaquie en 1938 – à moins que les choses ne soient plus compliquées. Car les Kurdes ont eux-mêmes profité du dépeçage de la Syrie avec la guerre civile se développant et l’État islamique lançant également de son côté une offensive, justement avec le soutien de la Turquie.

Les forces kurdes de Syrie en ont profité pour établir leur pouvoir dans une vaste région – avec par ailleurs la grande majorité des zones pétrolières. Et ils ont entièrement assumé de passer sous contrôle américain, ainsi que français en partie.

On peut apprécier les Kurdes et espérer qu’ils trouvent un moyen pour s’en sortir, mais devenir les forces supplétives des États-Unis, par définition cela ne pouvait que mal tourner, dans un sens ou dans un autre. Et c’est ce qui se passe maintenant.

Le contre-argument rejetant cette critique aux États-Unis est que cela a permis de mener la lutte contre l’État islamique et même l’établissement d’un nouveau régime local, le « Rojava ».

Il s’agit d’un projet muncipaliste-fédéraliste des Kurdes en Syrie, qui est appuyé au niveau international par certains courants de la Gauche, en l’occurrence les marxistes-léninistes (surtout historiquement liés à l’Albanie), ainsi que les anarchistes, avec dans ce dernier cas également des Français partant là-bas pour s’impliquer dans le social, l’humanitaire ou le militaire.

Le souci est que ce projet est directement issu de l’arrestation en 1999 d’Abdullah Öcalan, le dirigeant du PKK. Abandonnant toute revendication indépendantiste, il avait prôné le confédéralisme multi-étatique des Kurdes à travers quatre États (Turquie, Syrie, Irak, Iran – les zones considérées étant définies comme le Kurdistan respectivement du Nord, de l’Ouest, du Sud et de l’Est).

Cela fait donc l’impasse totale sur la question de la démocratie en général dans les pays concernés. Les Kurdes de Syrie ont espéré que le choix américain permettrait de forcer le passage tout de même, mais dans le contexte explosif de bataille pour le repartage, c’était illusoire.

Aucune cause, fut-elle juste, ne peut échapper à l’exigence de démocratie pour les peuples et de rejet complet des interventions des grandes puissances.

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Société

APACAUVI: STOP au scandale des trottinettes, NON à l’anarchie urbaine

L’Association Philanthropique Action contre l’Anarchie Urbaine Vecteur d’incivilité (APACAUVI) s’est constituée en réaction à l’invasion de Paris par les trottinettes électriques, source de nombreux accidents et d’une incivilité générale insupportable.

L’APACAUVI met en place un recensement et une aide au victimes. Elle mène également un travail quotidien d’information et de diffusion d’information sur le sujet de « l’Anarchie Urbaine Vecteur d’incivilité ». On retrouvera une partie de ce travail sur la page Facebook de l’association.

Une vidéo présente la question :

Il existe également une pétition (suivre ce lien pour signer) dont le texte exprime le combat démocratique de l’association :

« Face au développement anarchique des trottinettes électriques,

Face aux carences des pouvoirs publics quant à réguler le trafic,

Face aux nombreux accidents…

  • Une pianiste de l’Opéra de Paris, renversée par une trottinette et qui ne pourra certainement pas rejouer.
  • Une mère de famille et son bébé de 7 semaines, percutés par une trottinette avec, à la clé, un traumatisme crânien pour le bébé.
  • Plusieurs décès…

Combien faudra-t-il encore de victimes pour que les élus réagissent?

Nous avons décidé d’agir !

En créant l’association : APACAUVI : ASSOCIATION PHILANTHROPIQUE ACTION CONTRE L’ANARCHIE URBAINE VECTEUR D’INCIVILITÉS.

Notre objectif est clair :

  • Obliger les villes à faire respecter la Loi, afin de protéger les citoyens contre toute forme d’incivilité.

  • Soutenir les victimes d’accidents de trottinettes électriques ou autres engins de déplacement motorisés.

  •  Accompagner les victimes dans leurs démarches administratives;

  • Connecter les victimes entre elles afin de partager leur expérience.

  • Orienter les victimes dans le parcours de la victime. »

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Écologie

Extinction Rebellion à Paris ou le retour masqué de «Nuit debout»

Le mouvement Extinction Rebellion a mené des initiatives à Paris, en faveur du climat. Le souci est que ce mouvement est né par en-haut, profitant de centaines de milliers de dollars de dons par de riches mécènes, tout en proposant une lutte en version prêt à porter. Il est vrai que la branche française a une démarche tout à fait différente, strictement équivalente à Nuit debout. Cela change-t-il fondamentalement la substance de la démarche ?

« Un blocage de la place du #Chatelet, du quai de la Megisserie et du pont au Change, avec orchestre live, une disco, des ateliers artistiques, des formations, du yoga, des cuisines collectives, un voilier, des abris pour se protéger de la pluie et un vrai village de tentes ! »

Un tel discours d’Extinction Rebellion en dit long sur la nature de sa « rébellion ». C’est le plan squat du samedi soir du jeune de centre-ville élevé au pinacle de l’interventionnisme politique.

Que le programme d’action prévoit également le nettoyage d’un camp de migrants et on aura tout compris : l’écologie n’est qu’un moyen de recyclage pour les débris de l’esprit Nuit Debout et de ses avatars zadistes ou gilets jaunes.

Dans tous les cas, il y a la même mentalité, qui consiste à dire à la fois à l’État : « fous-nous totalement la paix » et en même temps « fais tout pour nous ». Dans tous les cas, la prédominance du style petit-bourgeois est outrancier et tout est fait par conséquent pour réduire le capitalisme à une oppression virtuelle, pour ne jamais parler ni des ouvriers, ni de la bourgeoisie, ni de l’exploitation.

La conséquence en est le refus de chercher à mobiliser le peuple. Le mouvement Extinction Rebellion assume la grande thèse populiste, qui veut qu’un changement social profond se déroule lorsque 3,5 % de la population s’y implique. Cette thèse anti-démocratique a d’autant plus de succès dans notre pays que les syndicalistes révolutionnaires, il y a un siècle disaient déjà cela.

Enfin, on admettra que les syndicalistes révolutionnaires avaient au moins le mérite de chercher la confrontation avec le capitalisme et ne réduisaient pas la lutte à une sorte de style mi-clown mi-revendicatif.

On pourra toujours prétendre que c’est un premier pas, un engagement. Mais un premier pas à quoi et pourquoi un engagement serait-il forcément positif ? Qui peut croire d’ailleurs que cette révolte scénarisée apportera quoi que ce soit, par exemple, au véganisme ou à la condition animale en général ?

Car s’il est un thème qui ne pardonne pas sur le plan du contenu, c’est bien l’écologie. Et là il n’y a pas de contenu, juste des gens pleurant sur leur avenir, sur le fait qu’ils vont vivre moins bien. C’est la même chose sur ce plan que les gilets jaunes, cela est très clair, c’est une révolte de l’amertume.

L’amertume a bien sûr sa dignité… si on en fait pas un fétiche. Mais là c’est plus qu’un fétiche, c’est du jeu, les gens s’amusent. Le décalage entre leur jeu et leur affirmation que le monde s’effondre est particulièrement frappant. Et glaçant.

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Écologie

AVA: rassemblement à Saint-Jean-Aux-Bois en Picardie samedi 2 novembre

Voici le communiqué d’AVA Compiègne :

« Protégeons la Nature face à la chasse à courre

Dans le département de l’Oise, depuis maintenant plusieurs années, la Saint-Hubert est l’occasion pour les défenseurs de la nature et de ses habitants de se regrouper et de s’opposer à la chasse à courre à Saint-Jean-Aux-Bois.

Cette année, il en sera de même et nous vous proposons de nous réunir autour de plusieurs stands qui vous présenteront et vous parleront de la forêt, des plantes et des animaux qui y vivent.

C’est donc une promenade familiale que nous vous proposons au cœur d’un des plus beaux villages de la forêt de Compiègne pour découvrir une partie des mystères de la nature et rencontrer ceux qui la défendent face à la barbarie.

Voici le lien de l’événement : https://www.facebook.com/events/478719676051991/?ti=as

Participez, partagez et likez 😉

Venez-nombreux ! »