Catégories
Politique

Communiqué pour les 45 ans du FLNC

Un bilan et un constat qui ne font pas l’impasse sur les problèmes propres à la Corse.

45ans

Catégories
Politique

1er mai 2021 et l’ultra-gauche: la CGT donne son point de vue

Le premier secrétaire de la CGT Philippe Martinez a tenu des propos hallucinés en prétendant que c’est l’extrême-Droite qui a attaqué lors du 1er mai à Paris.

On peut tout à fait qualifier de fasciste les partisans de l’ultra-gauche radicale adeptes de la casse urbaine et de l’hystérie anti-police. Seulement pour le faire, il faut au moins une analyse renvoyant l’ultra-gauche radicale à son nihilisme et à l’histoire du fascisme esthétisant la violence gratuite au nom d’un romantisme révolutionnaire.

Tel n’est pas le discours de la CGT, qui raconte surtout n’importe quoi pour ne pas faire de politique, parce qu’elle est anti-politique et qu’elle pourrit la Gauche avec son syndicalisme prétentieux et vain.

Sur la chaîne Public-Sénat, le premier secrétaire de la CGT a insinué que les échauffourées du 1er mai à Paris auraient été organisées en amont et que serait l’œuvre de « l’extrême-droite ». Il a justifié cela par la prise de position récente de la CGT contre la tribune des militaires ou par la défense par son syndicat des « sans papiers ».

C’est totalement ridicule. D’une part, car l’extrême-droite n’en a pas grand-chose à faire des prises de position de la CGT, ni de sa fascination pour les travailleurs étrangers présents illégalement sur le territoire. La CGT ne fait peur à personne et elle sert juste de défouloir pour les commentaires des lecteurs du Figaro.

D’autre part, car l’extrême-droite en France est en pleine recomposition avec un élan nationaliste très puissant, elle a donc bien d’autres choses à faire. Quant aux éléments radicaux d’ultra-droite adeptes du coup de poing, il ne faut vraiment rien y connaître pour s’imaginer qu’ils osent s’aventurer ainsi dans un cortège du 1er mai, surtout à Paris.

La CGT se couvre donc de ridicule, mais elle joue aussi un rôle néfaste en entretenant la confusion sur ce qu’est l’extrême-droite et le danger qu’elle représente. Le risque en France, ce n’est pas un régime « totalitaire » ou la généralisation de pogroms racistes contre les « sans papiers ». Le risque en France, l’actualité, c’est le nationalisme et la tendance à la guerre, avec en face la classe ouvrière et les masses populaires qui sont apathiques et apolitiques, laissant faire passivement.

La CGT ne fait rien contre ça, au contraire même car à bien des égards elle contribue activement à la diffusion du poison nationaliste avec un discours social-chauvin très ancré, sans parler de son syndicalisme beauf plein de rodomontades mais sans résultat face aux restructuratons.

La CGT préfère donc s’inventer des ennemis d’extrême-droite, pour s’imaginer exister et représenter quelques-choses d’important et de positif dans le pays. Elle ne veut surtout pas d’un débat politique, et encore moins avec l’ultra-gauche qui est son partenaire très clair dans les manifestations ces dernières années.

Tant la CGT que l’ultra-gauche ont raconté la même chose ces dernières années, avec un cinéma anti-police, avec une fascination quasi-raciste et anti-ouvrière pour les travailleurs sans-papiers, avec des pleurnicheries complètement décalées sur la réalité du niveau de vie des masses en France, etc.

Tout cela ne mène à rien, à part à se couper définitivement des gens et laisser le champ libres aux nationalistes.

Alors, on ne regrettera pas la faillite de la CGT et l’ultra-gauche. Mais un tel effondrement n’a rien de positif s’il n’y a rien à la place. Il y a urgence à se reconstruire pour la Gauche, la vraie Gauche, celle du mouvement ouvrier et de l’intelligence politico-culturelle.

Il faut briser la guerre à l’intelligence menée par les anarchistes et les syndicalistes!

Catégories
Politique

1er mai 2021 et CGT: l’ultra-gauche donne son point de vue

L’affaire de l’affrontement CGT et ultra-gauche le 1er mai 2021 n’en finit pas.

Le document suivant exprime le point de vue de l’ultra-gauche entrée en confrontation avec la CGT le premier mai 2021 à Paris. Le document n’est pas garantie, du moins il est très hautement vraisemblable.

Dans sa démarche, il correspond à ce qui a été analysé ici : une scission entre les cégétistes et l’ultra-gauche, dans un contexte d’échec complet du tandem pourtant si uni ces dernières années.

En cela d’ailleurs, une large partie du communiqué est mensonger. Il prétend en effet relever de « l’autonomie » au sens où il serait extérieur aux institutions et a fortiori la CGT. Sauf qu’on n’a rien vu de tout cela ces dernières années. Depuis cinq ans, la CGT et l’ultra-gauche marchent main dans la main dans les protestations.

Que ces gens se tournent aujourd’hui vers l’autonomie a tout à fait un sens, vu que la CGT n’a aucun ambition de transformer la société et s’y oppose culturellement et institutionnellement. Il faut de la politique, pas du syndicalisme, très bien.

Mais prétendre depuis toujours défendre l’autonomie, c’est tout simplement faux. D’où évidemment l’incohérence sur le plan des idées. D’un côté on a par exemple la critique faite de la CGT en 1968… de l’autre on a l’affirmation que la CGT d’aujourd’hui relèverait de restes du « marxisme-léninisme » alors que le premier mai 1968, la CGT affrontait déjà les marxistes-léninistes (c’est-à-dire les maoïstes).

Rien que cet exemple historique montre que le positionnement adopté est nouveau et mal digéré.

Catégories
Politique

L’ultra-gauche n’assume rien face à la CGT

L’ultra-gauche n’a rien à voir avec les autonomes, d’où son malaise face aux bagarres entre ultra-gauche et cégétistes le premier mai 2021.

Ce qu’a fait l’ultra-gauche ces cinq dernières années, jamais les « autonomes » ne l’auraient fait. Jamais ils n’auraient soutenu les initiatives de la CGT, et pour cause !

Historiquement, les « autonomes » apportent en effet beaucoup car ils soulignent que des pans entiers du mouvement ouvriers ont été intégré dans les institutions. C’est le prolongement du point de vue maoïste. Depuis le premier mai 1968 jusqu’à la fin des années 1970, les « maos » puis les « autonomes » sont hostiles au syndicalisme et en particulier à la CGT qui admet et reconnaît les institutions.

L’ultra-gauche se situe hors de cette tradition. Elle a comme base l’anarchisme et elle soutient le syndicalisme, comme la corde soutient le pendu. C’est un retour à la France du début du XXe siècle, avec ses syndicalistes isolés et des anarchistes marginaux, tous cependant plus bruyants les uns que les autres, pendant que les réformistes occupent le terrain électoral. Avec l’effondrement du niveau intellectuel et culturel en France, on est retombé à ce niveau-là…

Quelle honte ! Être en 2021 et avoir une situation similaire à celle de 1901 ! Quelle honte et quelle catastrophe ! Comme si le capitalisme ne s’était pas formidablement développé entre-temps…

Alors, très clairement, les rodomontades sur la « grève générale » de la CGT et les prétentions au grand soir de l’ultra-gauche sont vaines. Et qui se ressemble s’assemble, comme on l’a vu toutes ces dernières années.

Forcément, dans une telle situation, l’attaque de cégétistes parisiens par des gens d’ultra-gauche fait tâche. Alors l’ultra-gauche en parle sans en parler, avec une hypocrisie qui en dit long sur l’escroquerie que tout cela représente. Sur Pars-luttes.info, on a par exemple un long compte-rendu d’un premier mai 2021 parisien qui aurait été formidable, à tous les points de vue. « Premier mai répressif, premier mai massif » est digne des scénarios hollywoodiens. Mais lorsqu’il s’agit de parler de affrontements avec la CGT… c’est la fuite :

« Une fois arrivés à Nation l’ambiance est vraiment détendue. On traîne, on cause avec les camarades qu’on n’avait pas encore vu, on se repose. Il faut une heure et demi au moins entre les premiers et les derniers arrivés ce qui est important quand même, surtout au vu de la densité du cortège.

Je suis d’un côté de la place qui ne me permet pas de voir l’attaque contre les camions de la CGT qui anime tant les réseaux sociaux et les médias réac. Je ne commenterai donc pas ce brillant moment. »

Lundi.am est tout aussi hypocrite. Organe exprimant le point de vue de « l’autonomie italienne » version intellectuelle et esthétisante, son article « CGT, COLLABOS » est ainsi intellectuel et esthétisant dans un petit éloge du désordre, sans s’engager en rien.

« La machine à indignation pouvait s’enclencher. L’« important groupe d’individus » décrit par le communiqué de l’organisation syndicale est petit à petit devenu un « commando » (Jean-Luc Mélenchon), de « personnes masquées » (Clémentine Autain, portant un masque), de faux gilets jaunes (Céline Verzeletti, secrétaire confédérale de la CGT), « pas venues pour revendiquer » (Philippe Martinez), des « ennemis de classe » (les profs de l’UCL), peut-être bien d’extrême droite (Benjamin Amar, aussi de la CGT), en tout cas des « éléments ultras » (Olivier Faure).

On ne s’étonnera pas que les trotskistes voient quant à eux derrière cette « agression odieuse », la main des « blacks blocs » (Nathalie Arthaud, ou pas), et des « autonomes » (Révolution Permanente, cherchant encore et toujours « le bon côté de la barricade »).

Personne ne sait donc qui a bien pu « organiser » le « guet-apens » dénoncé par Martinez, mais toute la gauche a quelque chose à en dire. L’empressement à se poser en victime et à fantasmer un ennemi intérieur et insaisissable (à la fois fasciste et autonome, GJ et organisé), se calque exactement sur la fabrique des polémiques évoquées plus haut (visant habituellement à dédouaner le maintien de l’ordre). Fabrique qui vise notamment à empêcher de demander « pourquoi » et à resituer l’événement dans son contexte immédiat et historique – s’empêcher de réfléchir, en somme.

Derrière, il y aurait des désirs de révolte, un besoin de désordre : c’est la soupe intellectuelle de « l’insurrection qui vient » et des intellectuels observateurs des « luttes » spontanées.

Quant aux autres points de vue, ils relèvent des professionnels des manifestations parisiennes, qu’on retrouve surtout sur Twitter (comme pour l’exemple suivant), c’est de tout un folklore dont on parle, et le terme est inapproprié car « folklore » parle de culture populaire, alors que là on est dans des choses à 99,999% éloigné du peuple.

Tout cela est coupé du peuple à tous les niveaux. Et le niveau d’analyse est nul : tous ces gens vivent au jour le jour, ils sont entièrement conformes à la société de consommation. Vivement que la Gauche resurgisse pour rejeter aux oubliettes l’anarchisme et le syndicalisme révolutionnaire !

Catégories
Politique

« ACAB Magnanville partout »

Le nihilisme anarchiste est un sous-produit de notre époque de crise.

Si les anarchistes étaient ce qu’ils étaient 24 heures sur 24, on pourrait leur reprocher bien des choses mais, au moins, ils assumeraient leur vision du monde. Or, le pays semble comme vide des anarchistes à part en quelques rares moments où c’est le jeu de la surenchère, des positions ultras, ce qui n’est rien d’autre que du nihilisme, puisque rien n’est construit à long terme.

En une période de crise, c’est d’autant plus la fuite en avant, comme cet ignoble tag « ACAB Magnanville partout » lors de la manifestation du premier mai. La préfecture de police a engagé des poursuites par ailleurs.

Le préfet de Police a saisi le procureur de la République au titre de l’art. 40 du code de Procédure Pénale suite à la découverte d’un tag injurieux et appelant à la commission de crimes contre les policiers à #Paris11 lors de la manifestation du 1er mai.

Le slogan « ACAB » est d’une stupidité complète. Issu des milieux des ultras dans le football et de la scène skinhead liée au punk, il signifie « All cops are bastards » (« Tous les policiers sont des bâtards »). Absolument tout est y faux : le côté unilatéral, l’insulte elle-même opposée au métissage, et même du point de vue révolutionnaire, si on l’adopte, la confusion entre la police et les policiers.

On est ici dans la même démarche que Ravachol jetant une bombe sur les bourgeois à Paris à la fin du XIXe siècle, par incapacité de saisir ce qu’est une société, la culture, le capitalisme, les classes, l’État, etc. Bref, c’est à la fois une posture et du nihilisme et cela n’a rien à voir avec un positionnement prolongé pour transformer la société.

Quant à la référence à Magnanville, c’est une référence à l’horrible meurtre, indescriptible, d’un policier et d’une agent administratif du ministère de l’intérieur, dans cette ville en 2016. Leur enfant de trois ans et demi est resté indemne mais a bien entendu été terriblement choqué.

Rien que ce dernier détail fait que ce serait à la Gauche de retrouver la personne ayant fait ce graffiti et de s’occuper de lui adéquatement. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que de tels tags valorisent les attentats islamistes. Et c’est fort logique. C’est la même expression de nihilisme, d’agitation éperdue pour tenter de freiner la roue de l’Histoire, de proposer de vaines rébellions totalement éloignées des exigences de la réalité.

Rappelons d’ailleurs que l’ensemble de l’ultra-gauche s’oppose aux mesures anti-COVID, alors que ce ne sont que des gens d’extrême-Droite et des illuminés ésotériques qui le font dans les autres pays… Cela en dit long. On est ici dans un jeu de cinquième colonne : avoir l’air le plus à gauche, pour torpiller la Gauche.

Catégories
Politique

Tensions entre l’ultra Gauche et la CGT à Paris, Nantes et Lyon

Les manifestations syndicales du premier mai ont été marquées à Paris, Nantes et Lyon par des tensions entre l’ultra-gauche et la CGT. À Paris, le syndicat fait état de 21 blessés, dont 4 graves, après des échanges de coups et des jets de projectile. Son service d’ordre s’est retrouvé débordé en quelques secondes par des « antifas » et des gilets jaunes menant une véritable agression.

Il y a en effet beaucoup de rancœurs accumulées, qui ne demandaient qu’à exploser tellement la déception est grande de part et d’autre.

L’ultra-gauche en France n’est pas du tout anti-CGT, bien au contraire. Elle ne relève pas de ce qu’on a pu appeler à une époque l’autonomie ouvrière, avec une proposition communiste organisée, opposée à la CGT et au PCF (accusés tous deux d’avoir rejoint les institutions, ce qui est visible en mai 1968 ). L’ultra-gauche n’a eu ces dernières années pour seule « ligne » politique que l’accompagnement de la CGT justement, en s’imaginant pouvoir la déborder par la sur-enchère « radicale » et populiste. C’est précisément la raison pour laquelle l’ultra-gauche se rend systématiquement aux rassemblements syndicaux, sans capacité d’initiative pour organiser ses propres démonstrations, sa propre actualité.

De son côté, la CGT, de par son fond syndicaliste-révolutionnaire, a beaucoup apprécié ces dernières années cet étalage de pseudo black-blocks, avec des ersatz de barricades et d’affrontement avec la police en fin de manifestations, ainsi que tout un discours populiste anti « violences » policières. Cela pouvait donner l’illusion qu’il se passe quelque-chose.

Seulement, cela ne mène à rien, personne en France n’en a rien à faire de tout ce cinéma. Et surtout pas les prolétaires qui tournent toujours plus le dos aux syndicats ; les élections syndicales dans les très petites entreprises, dont les résultats sont tombés à la mi-avril 2021 ont connu une participation de seulement 5,44 %. Quant à l’ultra-gauche, elle vie en vase clos et pour les gens ce ne sont que des énergumènes de plus, comme le capitalisme sait en produire à la chaîne.

Or, après l’échec vient l’amertume. D’où les reproches et les attaques, entre frères ennemis. À Paris, des « antifas » et des gilets jaunes ont donc reproché à la CGT de « collaborer » avec la police, et ont violemment attaqué.

Inversement, à Nantes et à Lyon, la CGT a dénoncé ouvertement les anarchistes venus faire leur casse habituelle et insignifiante, en leur reprochant de s’en prendre aux « travailleurs », tournant le dos à la convergence effectuée toutes ces dernières années.

C’est une fracture d’un côté comme de l’autre. C’est la fin de toute une époque mais pas dans le sens d’un dépassement : c’est celui d’un effondrement.

Et tant mieux, tellement tout ça va à l’encontre des exigences de notre époque, alors que l’humanité fait d’ores et déjà face à l’une des plus grandes crise de son histoire, qui est un mélange de crise écologique, sanitaire, sociale, économique, psychologique, et bien sûr guerrière. Construisons vite une Gauche renouvelée et largement tournée vers le peuple pour relever le drapeau rouge et la fierté ouvrière, pour faire un grand ménage face à toute cette nullité !

Voici le communiqué de la CGT concernant les événements de Paris, suivis des communiqué locaux concernant Nantes et Lyon :

« Communiqué commun de la CGT et de l’Union Régionale d’Île-de-France CGT

Samedi 1er mai, alors que les 25 000 manifestants commençaient à quitter la place de la Nation, au terme d’une manifestation massive, porteuse des revendications des travailleurs et de l’aspiration à une société plus juste, elles et ils ont été victimes d’une violence inacceptable.
Si, sur le parcours, une fois encore, le cortège a dû faire face à plusieurs interventions des forces de l’ordre totalement injustifiées, la manifestation a pu, tout de même, arriver à son terme.
C’est à ce moment qu’un important groupe d’individus dont certains se revendiquant gilets jaunes, ont fait usage d’une extrême violence à l’encontre des manifestants.
Insultes homophobes, sexistes, racistes, ont précédé des actes de vandalisations des véhicules des organisations, et, bien plus grave, la haine s’est exprimée par un déchainement de coups et de jets de projectiles.
Notre organisation, la CGT, était particulièrement ciblée.
21 blessés, dont 4 graves auxquels nous apportons tous notre soutien et notre solidarité !
Le monde du travail ne reculera pas plus devant ce type d’agressions que face aux politiques libérales menées par le gouvernement actuel, dont les lois veulent nous priver de notre liberté.
Nous appelons l’ensemble du monde du travail à se mobiliser, à rejeter toutes formes de haine qui divise les femmes et les hommes de notre pays et à renforcer avec les organisations syndicales, les luttes face aux politiques libérales au service du capitalisme.
Montreuil, le 1ermai 2021

 » QUAND LES KWAYS NOIRS SABOTENT LA JOURNEE INTERNATIONALE des droits du travail et jouent contre les travailleuses et les travailleurs.

L’an dernier le 1er mai était confiné, et cette année ce rendez-vous traditionnel était l’occasion de porter les luttes en cours, de redire la colère des salariés oubliés du plan de relance à 200 milliards, les sans-emplois, les précaires , les licenciés avec les personnels de la culture en tête Aujourd’hui à Nantes nous étions plus de 4000 masqués mais pas muselés, heureux de se retrouver enfin, entre camarades, amis, famille, jeunes et moins jeunes autours des valeurs d’internationalisme et d’humanisme.

Hélas, dans le cortège la composante autoproclamée révolutionnaire a franchi un cap inacceptable en volant littéralement le sens de cette journée, jouant la tension et le simulacre de la barricade, se rêvant communards de 1871. Pourtant ils ont oublié le sens politique de cette journée en ne permettant pas aux travailleurs de s’exprimer, en insultant et blessant même les artistes et techniciens de Graslin et donc insultant leur lutte. Un spectacle devant les marches du théâtre était prévu ainsi que des prises de parole pour une protection sociale et des services publics au service de toutes et tous. Impossible à tenir dans ces conditions.
De jeunes enfants ont été choqués, ont subi les gaz à cause de leur inconséquence. Idem pour des familles avec poussette, des personnes à mobilité réduite : c’est impardonnable.

Nous n’oublierons pas que ce 1er mai nous a été volé et nous demandons une nouvelle fois : à qui profite ces agissements contre les luttes des travailleurs ? Quelles sont les relations existantes entre les soi-disant révolutionnaires et le pouvoir en place qui les laisse agir ? En tout cas ils sont l’allié objectif du pouvoir et l’ont prouvé aujourd’hui encore. »

Catégories
Politique

Les déclarations du 1er mai 2021: la Gauche activiste

L’état d’esprit de la Gauche activiste – syndicaliste pour le 1er mai 2021.

Le premier mai est un marqueur de la Gauche et toujours une occasion de fournir un point de vue sur l’actualité ou bien de rappeler sa vision du monde. En cette période de crise sanitaire, de crise économique, et d’ailleurs de crise morale, de crise culturelle, de crise écologique… bref, dans cette situation tourmentée, c’est d’autant plus important.

La Gauche activiste considère, dans ce panorama, que ce qui compte c’est le rentre-dedans, et que les choses se débloqueront ensuite d’elle-même. Elle est optimiste, entrevoit une grande révolte sociale à court terme et, en apparence, les 100 000 personnes ayant défilé hier sont une preuve de combativité.

Il va de soi que l’aspect syndical est ici principal, puisque les manifestations du premier mai sont en France de nature syndicale et non politique en tant que tel. La CGT, dans sa déclaration du premier mai, souligne bien sûr cette dimension non politique.

« 1er-Mai : ensemble pour les droits sociaux et les libertés

Le 1er-Mai est une journée qui unit internationalement les travailleurs et travailleuses avec leurs organisations syndicales. Le progrès des droits sociaux et des garanties collectives est conditionné à ce que tous les peuples puissent vivre en paix et disposent des libertés individuelles et collectives indispensables à leur développement.

Depuis plus d’une année, la pandémie liée à la Covid bouleverse la vie, le travail, les libertés individuelles et collectives des populations sur tous les continents (…).

De trop nombreux plans sociaux, de restructurations injustifiées, de délocalisations d’activités avec leur cortège de suppressions d’emploi sont en cours. Beaucoup d’entreprises ont pourtant bénéficié d’aides publiques importantes sans aucune contrepartie.

La précarité et la pauvreté gagnent du terrain en particulier chez les jeunes et les salariés fragilisés par des contrats à durée déterminée. De plus en plus, émerge le sentiment d’une génération sacrifiée. 

La réforme de l’assurance chômage, rejetée par toutes les organisations syndicales et qui n’a d’autre but que de faire de nouvelles économies, est poursuivie.

Elle pourrait pénaliser plus 1,7 millions de demandeurs d’emploi, parmi eux les plus précaires et particulièrement les plus jeunes.

Nos organisations CGT, FO, FSU et Solidaires appellent toutes les travailleuses et travailleurs à se saisir du 1er-Mai, partout en France, pour en faire une journée de mobilisation et de manifestation, pour s’engager avec détermination pour l’emploi, les salaires, les services publics, la protection sociale, les libertés et la paix dans le monde. »

Exemplaire de cette approche activiste en ce moment, le Courant Communiste Révolutionnaire du Nouveau Parti Anticapitaliste, dont l’organe est Révolution permanente, appelle à un « plan de bataille à la hauteur de la crise », suivant sa ligne visant à constituer à court terme un « Parti révolutionnaire des Travailleurs ».

L’éditorial du premier mai 2021 de Révolution permanente mentionne donc les récentes luttes, considérant qu’elle forme un nouveau patrimoine qu’il s’agit de cimenter par un « programme d’urgence » (ce qui est en fait la ligne explicitée par Léon Trotski dans Le programme de transition).

« Ce 1er mai et les échéances à venir doivent constituer des points d’ancrages pour penser la suite des opérations. C’est une nécessité à l’heure où les conséquences de la crise vont continuer à s’intensifier. Les mesures de contentions mises en place ne vont pas durer et annoncent des lendemains terribles pour notre camp social. De plus, le gouvernement compte bien chercher à finaliser son calendrier de réforme, en s’appuyant notamment sur les leviers autoritaires renforcés au fil des dernières années.

Ce qu’il nous faut aujourd’hui c’est relever la tête et poser des perspectives à la hauteur. À partir d’un programme d’urgence qui vaille la peine de se battre, en s’appuyant sur le meilleur des méthodes de luttes de ces dernières années en France et dans le monde. »

On notera que ce courant du NPA généralise les initiatives activistes, telle une « précandidature présidentielle », la mise en avant de personnes ayant joué un rôle dans des grèves récentes, une organisation étudiante « le Poing levé » ayant un certain succès, ainsi qu’une structure féministe dénommée « Du pain et des roses », et cela au grand dam du NPA lui-même, toujours plus marginalisé.

L’autre grand courant de la Gauche activiste, ce sont bien sûr les anarchistes, ou plus exactement les « libertaires » puisqu’il y a un refus des idéologies. L’appel « Pour un 1er mai festif et chamailleur » est tout à fait représentatif de cet état d’esprit, avec une farouche opposition aux mesures anti-covid.

« Plus d’un an que la vie sociale s’est arrêtée. Interdite et punie par les administrateur.rice.s de ce monde.
Plus d’un an que l’on ne peut plus se retrouver entre ami.e.s, en famille ou même entre inconnu.e.s. (…)

Aujourd’hui, c’est en Belgique que le ton est donné avec l’annonce de la «BOUM 2» au bois de la Cambre (Bruxelles). Le 1er avril 2021, la Belgique toute entière s’était réunie dans un grand parc pour imposer la liberté et la tolérance pour cette société au bord du burn-out. Une semaine plus tôt, Marseille organisait son traditionnel Carnaval de la Plaine qui a réuni 6000 personnes dans un esprit de révolte et de fête. Au nouvel an 2021, une free-party a rassemblé 2500 personnes en Bretagne sans créer de cluster selon l’ARS. Tous ces exemples sont devenus le théâtre d’une répression policière et judiciaire disproportionnée quand elle n’est pas sanguinaire.

Dans un contexte où l’état policier s’installe et se renforce, épaulé par un état d’urgence sanitaire qui n’en finit plus de ne plus finir. Dans un monde où s’amuser est proscrit… sauf pour les riches. La lutte des classes angoisse les riches et autres puissants, alors donnons leurs raison.

À l’image de nos voisin.es belges, faisons la fête pour célébrer notre aspiration à la liberté, allumons la mèche contestataire par un feu de joie! Réapproprions-nous les espaces publics (balcon, courée, jardins, parcs, rues, quartiers…), organisons des repas, des concerts, des manifestations : soyons inventif.ves et visons large pour faire vivre toutes formes de contestation, festives et révolutionnaires! »

Enfin, du côté de cette Gauche activiste, on a également un document très intéressant, même si assez triste dans la forme, de la part de l’OCML Voie Prolétarienne. Cette structure issue des années 1970 a maintenu une approche « marxiste-léniniste » adoptant dans les années 1990 un tournant mêlant, pour parler à traits grossiers, altermondialisme, esprit communiste libertaire, activisme syndicaliste, initiatives anti-impérialistes, etc.

L’OCML Voie Prolétarienne a alors proposé un style qui a irradié, même à petite échelle, la scène de la Gauche activiste. Mais les forces centrifuges ont eu raison de la démarche. Le premier mai 2021 a été rendu public la résolution du 11e congrès de l’organisation, expliquant qu’entre 2016-2019 cela a été l’effondrement, avec la réduction au niveau d’un cercle, et un bilan pour aller de l’avant.

C’est un bon exemple des soucis de la Gauche activiste, qui souvent, lorsqu’elle réussit quelque chose, perd sa base en raison de fondamentaux non cimentés.

Catégories
Politique

Les déclarations du 1er mai 2021: la Gauche programmatique

Le point de vue de la Gauche plaçant les fondamentaux au cœur de toute démarche.

La Gauche programmatique est sur le mode défensif, prévoyant le pire et s’arc-boutant sur les principes à maintenir coûte que coûte, cherchant à maintenir les positions sur le long terme. En clair, elle pense qu’elle va être aux premières loges de l’Histoire, mais que celle-ci se fait attendre…

Les communiqués du premier mai sont des affirmations, comme en témoigne l’article « 1er mai : journée internationale de lutte des travailleurs ! » des trotskistes de Lutte Ouvrière.

« La crise sociale s’approfondit. Dans certains pays, et pas parmi les plus pauvres, les sans-emploi, les retraités, les adultes en situation de handicap sont déjà dans la misère. Au même moment, les mille milliardaires les plus fortunés de la planète ont retrouvé en quelques mois leur niveau de richesse d’avant la crise sanitaire. En France, les très grandes fortunes ont vu en six mois leur magot croître de 175 milliards d’euros, le double du budget de l’hôpital public.

À la source de ces richesses, comme de tout ce qui se construit, se fabrique et se consomme dans la société, il y a les travailleuses et les travailleurs de tous les continents. Leur nombre et leur rôle dans l’économie peut leur permettre de changer le monde, s’ils prennent conscience de leur force.

Affirmer que cette force existe à l’échelle internationale, par-delà les frontières, c’est le sens du 1er mai pour le mouvement ouvrier révolutionnaire. »

Le Pôle de Renaissance Communiste en France, qui se pose en alternative au PCF en revendiquant l’identité de celui-ci des années 1970-1980, propose dans sa déclaration du premier mai le « Frexit progressiste », le soutien à l’aile dure de la CGT (qui lui est liée), le vote aux élections présidentielles pour son candidat.

« À l’échelle mondiale, les amis de la paix n’ont rien de bon à espérer de Joe Biden, dont l’accès à la Maison-Blanche s’est traduit par de nouvelles provocations contre la Russie et la Chine populaire, avec une escalade militaire dangereuse des Pays baltes à la Mer de Chine en passant par l’Ukraine et le Caucase, sans compter l’appui à la tentative de coup d’Etat en Biélorussie (…).

Plus que jamais, ce n’est pas avec, mais contre les grands Empires capitalistes en construction, Europe supranationale et atlantique incluse, qu’il faut construire la riposte internationaliste et antiimpérialiste des travailleurs et des peuples opprimés pour l’émancipation sociale et nationale (…).

En France, face à un pouvoir macroniste qui continue de gérer la crise sanitaire de manière calamiteuse et qui annonce déjà qu’il récupèrera sur les travailleurs et sur les services publics les flots d’argent public alloués aux trusts sans contrôle, l’heure n’est nullement à alimenter l’illusoire, creux, voire dangereux “dialogue social” cher à Macron et aux dirigeants jaunes de la CFDT et de la C.E.S., pas plus que la stratégie faillie du “syndicalisme rassemblé” sans contenu revendicatif clair.

Soutenant sans frilosité le renouveau du syndicalisme de classe, les militants communistes ont le devoir de tout faire pour que convergent les luttes et qu’émerge au plus tôt le “tous ensemble en même temps” qui balaiera l’ensemble des contre-réformes maastrichtiennes, les plans de licenciements, les fusions transcontinentales (PSA, Renault, Alsthom…), les euro-privatisations et l’euro-austérité. 

Avec Fadi Kassem, faisons renaître l’espoir en portant une Alternative rouge et tricolore qui, centrée sur le monde du travail et sur la jeunesse populaire, fédérant l’ensemble des couches populaires et moyennes contre le grand capital, balaiera le faux « duel » et vrai duo Macron/Le Pen et attaquera à la racine les processus complémentaires de l’euro-dislocation et de la fascisation pour rouvrir à notre peuple la voie d’une République nouvelle, franchement insoumise à l’UE du capital et en marche révolutionnaire vers le socialisme et vers le communisme.

Du côté maoïste, le PCF(mlm) appelle dans sa déclaration du premier mai 2021, maoïsme oblige, à un bouleversement de la vision du monde.

« La situation se caractérise de la manière suivante : le capitalisme triomphant ne sait plus comment s’étendre, il pratique la fuite en avant, cherchant à façonner l’ensemble de la Biosphère selon ses besoins, à structurer les mentalités dans un sens qui lui soit encore plus favorable, à intégrer la moindre initiative dans quelque domaine que ce soit, en le détournant vers le subjectivisme et la corruption, afin d’ouvrir de nouveaux marchés.

Le capitalisme n’est plus que destruction, déformation, exploitation, aliénation. Et la crise sanitaire a ajouté du déséquilibre au déséquilibre, faisant passer un cap au capitalisme, enrayant son expansion qui l’a puissamment renforcé ces dernières années (…).

Nous tenons bien à insister sur ce caractère nouveau, avec en toile de fond la question du rapport entre l’humanité et la Biosphère qu’est la Terre. La situation actuelle n’est pas une aggravation quantitative de la « mondialisation », ni un sous-produit de la « crise financière de 2008 », ou quoi que ce soit de ce genre. C’est l’expression de toute une expansion ayant atteint sa limite, au niveau planétaire (…).

Depuis les années 1990, la systématisation du capitalisme s’est déroulée à travers un incroyable nombre de formes, depuis les fast-foods jusqu’à Facebook et Instagram, depuis les modes vestimentaires jusqu’au cinéma et les séries, depuis les sports jusqu’aux expressions artistiques et notamment le pseudo « art contemporain », depuis la pornographie jusqu’aux drogues dites récréatives.

Le terme de « mondialisation » est erroné car le capitalisme ne s’est pas développé que dans l’espace : le moindre interstice de la vie quotidienne des gens a été occupé de manière généralisée par le capitalisme, tout leur temps subit les assauts du capitalisme. L’exploitation systématisée s’accompagne d’une aliénation généralisée.

Mais la base même du développement capitaliste est rentrée en conflit avec la réalité et ses exigences ; la crise sanitaire montre que le capitalisme est incompatible avec un développement rationnel de l’humanité et de manière plus générale avec une vie naturelle sur Terre. C’est tout ce processus qui touche à sa fin et appelle à un dépassement, dans une réponse qui ne peut être que mondiale. »

Du côté de la tradition du gauchisme italien (le « bordiguisme »), le Parti communiste international (Le Prolétaire) rappelle dans « Premier mai 2021: quelle lutte pour le prolétariat? » ses fondamentaux, à savoir l’appel à la lutte sociale combinée à l’attente d’un nouveau cycle afin de reconstituer des organismes de lutte à l’instar des années 1920.

« La pandémie du coronavirus a aggravé le sentiment de résignation – nourri par des décennies d’illusions réformistes et démocratiques, de politiques collaborationnistes de la part des syndicats tricolores et des partis faussement ouvriers – qui depuis trop longtemps à affaibli les énergies prolétariennes de lutte.

Comme toutes les crises sous le capitalisme, la crise sanitaire qui bat toujours son plein, s’ajoutant à une crise économique déjà présente, a frappé le plus durement les masses prolétariennes (…).

Il n’y a pas de doute que depuis un siècle le capitalisme s’est développé dans le monde entier, et que les bourgeoisies sont devenues beaucoup plus fortes et plus puissantes. Mais cette puissance repose sur  l’exploitation du travail salarié, sans laquelle les capitalistes ne peuvent pas extraire la plus-value indispensable à la vie et à la croissance du capital. Les ouvriers sont indispensables aux capitalistes ; et ils sont tellement indispensables que tout le développement capitaliste qui a embrassé le monde n’a pu se faire qu’en constituant de plus en plus d’armées de prolétaires, de travailleurs salariés partout où il n’y avait autrefois que des paysans ou des populations primitives.

Aujourd’hui plus encore qu’hier, le mot d’ordre communiste : Prolétaires de tous les pays unissez-vous ! effraie les gouvernements du monde entier car le cauchemar de la bourgeoisie est que  cette immense armée d’esclaves salariés prenne conscience de sa force sous la direction de son parti de classe (…).

Rompre le pacte de collaboration avec les capitalistes et leurs dirigeants est donc le premier grand objectif de la lutte de classe prolétarienne. Et cette rupture se réalise par la réorganisation des organismes de classe pour la lutte de défense exclusive des intérêts immédiats du prolétariat.

A partir de là, et du développement de cette lutte, le prolétariat peut réaliser que sa lutte ne peut se limiter à ces objectifs immédiats, mais qu’elle doit les dépasser en se hissant au niveau politique général, c’est-à-dire révolutionnaire, y compris parce que la classe dominante utilise et utilisera son pouvoir politique et son Etat pour maintenir le prolétariat dans sa situation d’esclave salarié.

Dans ce chemin long et tourmenté vers son émancipation, le prolétariat devra compter non seulement sur sa force sociale, mais aussi sur son parti de classe, car celui-ci constitue et représente la conscience de classe, la conscience des objectifs suprêmes de la lutte révolutionnaire. »

Minoritaire, isolée même, la Gauche programmatique considère que les choses sérieuses n’ont pas commencé, et se met pour ainsi dire dans les « starting-blocks ».

Catégories
Politique

1er mai 2021: pour une Gauche de la culture face au nationalisme et au militarisme

Le capitalisme en crise produit le repli sur soi et une compétition internationale acharnée. L’alternative est démocratique et populaire, pour et par la culture.

Le premier mai est le jour international de la Cause, celle des ouvriers et de tous les travailleurs, celle du Socialisme. C’est le jour du drapeau rouge, qui symbolise la bataille pour une économie collective et planifiée, pour une société entièrement démocratique, pour les progrès de la civilisation.

Ces progrès de la civilisation peuvent-ils être dictés par Google, Amazon, TF1 et Bouygues ? Peuvent-ils consister en l’art contemporain, la consommation effrénée des réseaux sociaux, le carriérisme individuel, les fuites idéalistes telles les idéologies transgenre ou racialiste ?

Certainement pas. Les progrès de la civilisation ont comme substance l’évolution historique, le développement du patrimoine. C’est cela la culture classique que défend la Gauche, avec comme objectif civilisationnel de chercher à renouveler, à dépasser les classiques, toujours sur la base du réalisme, par l’ancrage dans le réel et la réalité populaire.

Qui ne saisit pas cet aspect culturel passe à côté de son époque, alors que la société de consommation permet aisément à n’importe qui de faire n’importe quoi en obtenant une « reconnaissance » sociale. Tout devient marchandise et le mois de mars a été riche en exemples : une « oeuvre numérique », « Everydays: The First 5000 Days », a été vendue 69,3 millions de dollar, alors que le premier tweet sur Twitter a été vendu 2,9 millions de dollars et que la paire de baskets Nike Air Yeezy 1 portée par le rappeur Kanye West qui en est à l’origine a été vendue 1,8 million de dollars.

L’image animée humoristique « Nyan Cat » a été vendu 737 000 dollars et le « meme » intitulé « Disaster girl » plus de 600 000 dollars en cryptomonnaie, cette autre tendance à la spéculation forcenée.

Tout cela est décadent, subjectiviste, anti-culturel. C’est le capitalisme qui se nourrit de lui-même Le capitalisme divise pour régner et il fait en sorte qu’il y ait toujours plus de divisions, pour disposer de davantage de marchandises, de davantage de consommateurs.

On ne peut pas être de gauche et accepter de participer à ce sinistre jeu consommateur. Il faut être à la hauteur moralement et culturellement, en particulier avec les animaux qui sont clairement les premières victimes d’une marchandisation d’absolument tout et même de la vie.

La crise sanitaire du au COVID-19 provient d’ailleurs directement d’une destruction de l’habitat naturel des animaux, de la vie sauvage en général. Cela avait été un thème émergeant de manière assez nette au départ de la crise… Avant d’être totalement passé sous silence du côté des médias, en raison de ce qui en découlait forcément : le besoin et la nécessité de transformer le monde.

L’avenir de la Gauche passe ainsi par la culture et la reconnaissance de la Nature, c’est-à-dire en fait dans le prolongement naturel du Socialisme en tant que bienveillance absolue. Mais pour cela, il faudra savoir affronter le nationalisme et le militarisme, c’est-à-dire le fascisme et la guerre, car le capitalisme compte se survivre à lui-même.

Il ne réussira pas, l’avenir est démocratique et populaire, un avenir porté par le drapeau rouge !

Catégories
Politique

Marion Maréchal, porte-parole de la tribune des militaires

Marine Le Pen avait immédiatement tenu à apporter son soutien à la tribune des militaires en les exhortant à la soutenir. Sa nièce Marion Maréchal représente toutefois davantage la tendance incarnée par cette tribune.

La tribune politique des militaires n’a pas été directement publiée par Valeurs Actuelles, mais elle a directement été relayée et mise en avant par ce média. De par le contenu général et le choix précis des mots et des concepts, il y a une corrélation évidente avec la ligne de droite dure incarnée par Valeurs Actuelles. Cette ligne, c’est précisément celle de Marion Maréchal, et inversement.

L’ancienne députée du Vaucluse, dont la rareté de la parole est savamment entretenue, s’est donc exprimée dans une émission grand public sur BFMTV pour soutenir unilatéralement les militaires jeudi 29 avril. L’objet de l’entretien ne souffrait d’aucune ambiguïté : il ne s’agissait que de cette tribune, et il a été répété en long, en large et en travers le contenu même de cette tribune, comme si elle l’avait elle-même rédigée.

Marion Maréchal a expliqué qu’il fallait donner plus souvent la parole aux militaires et que d’ailleurs leur « devoir de réserve » n’existe pas vraiment. Ce qui par ailleurs est tout à fait vrai, car il n’y a en réalité qu’un compromis de façade entre les militaires, qui ont largement les mains libres sur leur gestion interne (on parle de la « grande muette ») ainsi que sur la gestion des « opérations extérieures » (les interventions militaires à proprement dit), et le personnel politique et étatique qui a le monopole de l’expression publique sur les questions diplomatiques.

Cela permet la fiction d’une armée qui serait neutre, au service de la « République » et donc de la simple « défense » démocratique de la population, etc. Toutefois, en raison de la crise, cela ne tient plus pour la Droite la plus dure.

Une partie de la bourgeoisie française est de plus en plus enragée et excitée par la crise, économique, sociale, sanitaires, culturelle, etc. Le déclassement de la France, à la fois dans le « concert des nations » mais également en son sein même, est considérée comme une actualité toujours plus prégnante, avec le risque d’une grande explosion.

Il ne s’agit donc pas ici de symbolisme avec un appel simplement populiste à l’ordre via l’armée. Il y a concrètement un appel à l’armée comme source et force politique, contre la Démocratie. Marion Maréchal va extrêmement loin dans ce sens, en expliquant carrément qu’il faudrait profiter de l’« expérience » des militaires sur « les théâtres d’opération », c’est-à-dire le champ de bataille. C’est un positionnement on ne peut plus radical.

Il s’ouvre en France une période tout à fait nouvelle avec une Droite dure qui s’affirme, qui s’éloigne du centrisme et du libéralisme avec l’idée de cogner fort pour remettre de l’ordre et orienter le pays dans le sens du nationalisme et de l’expression militaire de la France. C’est conforme à la tendance mondiale à la guerre, à la grande bataille qui s’ouvre pour le repartage du monde.

La grande bourgeoisie française n’imagine pas rester les bras croisés alors que la Chine et les États-Unis se préparent à un grand affrontement, qu’une puissance intermédiaire comme la Russie affirme un positionnement dur, que l’Allemagne se fait de plus en plus indépendante, que la Turquie est de plus en plus agressive, etc.

La grande bourgeoisie française n’imagine pas non plus rester les bras croisés face à une probable crise économique et sociale qui pourrait être explosive et extrêmement menaçante pour elle.

L’appel à l’armée est donc un moyen de neutraliser politiquement la population en l’entraînant dans le nationalisme guerrier. Mais l’appel à l’armée est aussi un moyen de se prémunir militairement contre la population. Marion Maréchal formule cela de manière extrêmement précise et calculée, avec en arrière plan un corpus idéologique très élaboré…

Elle représente un danger immense, d’autant plus que la population est totalement désarmée politiquement et culturellement en raison de l’absence d’une véritable Gauche dans le pays pour combattre la Droite.

C’est tout l’honneur d’agauche.org que de relater avec sérieux et assiduité le parcours de Marion Maréchal depuis des années ; notre média est systématiquement une contribution de haute valeur dans la bataille démocratique et populaire, contre le nationalisme et la guerre.

Catégories
Politique

Comment certains relativisent la tribune putschiste des militaires

L’esprit petit-bourgeois ne peut pas saisir la gravité de la situation.

Quand on est de gauche, on prend la situation très au sérieux. On sait que les choses tournent mal, qu’on va à la catastrophe. La Droite cherche à emporter toute la société, par un vaste recadrement. En ce qui concerne la tribune des militaires appelant à une intervention de l’armée si rien ne change, on ne saurait donc avoir une attitude de moquerie, comme le Canard enchaîné du 28 avril 2021.

« Des militaires à la retraite appellent à l’insurrection
Une vraie tentative de coup d’Ehpad? »

Ce titre du Canard enchaîné reflète un esprit relativiste et hypocrite. Le journal parle de « racornis du képi », de « naphtalinés de la fourragère et du galon », avec une argumentation qu’on retrouve un peu partout, notamment au gouvernement ou à la tête de l’armée. Il s’agirait de militaires âgés et déconnectés, sans aucune prise avec le réel. L’âge avancé leur aurait tourné la tête et ils ne seraient de toutes façons pas dangereux (un blog d’ultra-gauche parle de « putsch en charentaises »).

Mais enfin les journalistes du Canard enchaîné ne sont pas armés de leur côté et pourtant leur arme idéologique joue un vrai rôle. Il est bien connu que cet organe de presse est celui des révélations en apparence, en fait celui des coups indirects, des coups par la bande, des coups fourrés. Historiquement, le Canard enchaîné a joué pour cette raison un rôle de premier plan en torpillant le candidat de la Droite François Fillon pour une présidentielle de 2017 emportée par Emmanuel Macron grâce à cette nouvelle situation. C’est une forme de coup d’État.

Et c’est très français. La France a une longue tradition de vague putschiste, présente à tous moments de l’Histoire depuis 1789. Napoléon Bonaparte, Napoléon III, le général Boulanger, les maréchaux en 1914, la tentative de février 1934, le colonel La Rocque tout au long des années 1930, le maréchal Pétain en 1940 et le général de Gaulle en 1958 (voire même en 1940 en fait)…

Et c’est le même petit monde. Lorsque de Gaulle publie en 1932 Le Fil de l’épée, il le dédie au maréchal Pétain. Tous ces gens se sentent investis d’une mission. C’est très catholique à la française, c’est très « capitaine d’industrie » à la française, c’est très « cadre financier » à la française.

L’idée d’un rétablissement de l’ordre par en haut correspond à l’esprit très français de la reprise en main, de la gestion technique des questions étatiques, d’un esprit administratif-bureaucratique. Les monopoles français se sont toujours reconnus dans l’organisation de l’armée et inversement, avec la mentalité de cadre et l’esprit de corps, la mégalomanie des grands projets, les décisions par en haut.

Faut-il d’ailleurs rappeler que la tribune a été publiée sur Valeurs Actuelles, l’hebdomadaire de la Droite la plus active et la plus dure ? Souvenons-nous que le régime lui-même correspond à cette mentalité, puisque la cinquième république est née d’un coup d’État et est fondée sur le principe de l’homme providentiel. Que la politique, en France, est considérée depuis Catherine de Médicis et le 16e siècle comme relevant du machiavélisme. La politique, ce sont les coups, les opérations marquantes, les prises de guerre, etc. Faire de la politique ce serait agir tel un ogre, avec un appétit insatiable et en fomentant des coups. Même l’ultra-gauche voit en la politique la prise d’un forum Discord par-ci, le vol de militants par là !

Tout cela est pathétique et explique culturellement, idéologiquement, particulièrement bien la situation française.

Catégories
Politique

La France compte expulser dix Italiens pour « terrorisme »

C’est une mise en scène pour renforcer la vision dominante du monde.

Il existe une tradition française, dénommée la « doctrine Mitterrand« . Elle vise à accueillir en France des gens relevant de la Gauche italienne ayant fait le choix de la lutte armée dans les années 1970-1980, en échange d’un arrêt de la politique. L’Italie a alors feint de protester mais cela l’arrangeait beaucoup que ses « rebelles » disposent d’une porte de sortie individuelle, alors que 10 000 personnes avaient à faire à la justice pour des activités de « terrorisme ».

L’organisation la plus célèbre et la plus large était alors les Brigades Rouges, qui opérèrent par la suite en 1982 une « retraite stratégique » en tant que « Brigades Rouges pour la construction du Parti Communiste Combattant ». Les Brigades Rouges avaient la même idéologie que la « Gauche Prolétarienne » française, qui de son côté passa dans le populisme avant de se dissoudre.

L’État italien est extrêmement strict pour tout ce qui est en rapport avec les Brigades Rouges, au point qu’il existe l’acte d’accusation de « bande armée sans armes ». Les Brigades Rouges sont un tabou absolu, même si depuis quelques années, alors que le pays bascule dans une vague réactionnaire populiste, c’est un thème régulier des médias à l’occasion de rappels d’événements historiques.

Dans ce cadre, l’État italien est revenu à la charge en demandant à la France d’extrader 200 personnes. La France vient de céder au sujet de dix personnes, en prétextant qu’elles seraient liées à des « crimes de sang » et donc non concernées par la doctrine Mitterrand. Ce qui est un non-sens puisque on parle ici de lutte armée de toutes façons…

En pratique, ces gens servent de symbole répressif plus qu’autre chose, puisqu’on parlent de gens insérés en France depuis plusieurs décennies, de manière ouverte, sauf pour Raffaele Ventura, Maurizio Di Marzio et Luigi Bergamin qui sont en fuite. Les sept autres sont Marina Petrella, Giovanni Alimonti, Enzo Calvitti, Roberta Cappelli, Giorgio Pietrostefani, Sergio Tornaghi, Narciso Manenti. Même Nicolas Sarkozy avait refusé d’extrader Marina Petrella en 2008.

Le ministre français de la Justice, Eric Dupond-Moretti, révèle tout à fait la nature idéologique de l’opération en disant :

« Je suis fier de participer à cette décision qui, je l’espère, permettra à l’Italie, après quarante ans, de tourner une page de son histoire, qui est maculée de sang et de larmes (…). Entre 1969 et 1980, cette période qu’en Italie on appelle la période de plomb, ce sont 362 personnes qui ont été tuées par ces terroristes, et 4 490 blessées ».

40 ans après, tourner la page ? La dimension politique est évidente, tout comme l’Élysée assimile la lutte armée italienne au djihadisme :

« La France, elle-même touchée par le terrorisme, comprend l’absolu besoin de justice des victimes. Elle s’inscrit également, à travers cette transmission, dans l’impérieuse nécessité de la construction d’une Europe de la justice, dans laquelle la confiance mutuelle doit être au centre »

Cette affaire n’est de fait rien d’autre qu’une entreprise de guerre psychologique, un moyen de présenter les choses selon un certain angle en ce qui concerne la question du pouvoir. C’est très conforme à une époque de crise où les tensions ne cessent de monter.

Le Monde fournit de manière suivante la biographie des personnes menacées d’extradition :

« Qui sont les sept Italiens arrêtés ?

Marina Petrella

Cette ancienne des Brigades rouges a été condamnée pour le meurtre en décembre 1980 d’un général des carabiniers, ainsi que pour l’enlèvement d’un magistrat en 1982, pour une tentative d’homicide la même année contre un vice-préfet de police de Rome, pour l’enlèvement d’un responsable de la Démocratie chrétienne près de Naples et pour le meurtre de ses deux gardes du corps.

Roberta Cappelli

Cette ancienne brigadiste a été condamnée à la perpétuité, notamment pour « association à finalité terroriste » et pour sa participation à un « homicide aggravé ». Elle est considérée comme responsable du meurtre du général Galavigi en 1980, de celui d’un policier, Michele Granato, en novembre 1979, et d’avoir blessé plusieurs autres personnes.

Sergio Tornaghi

Cet ex-membre des Brigades rouges est accusé notamment du meurtre d’un industriel à Milan, Renato Briano, en novembre 1980, et de celui d’un directeur d’hôpital. Il a été condamné à la perpétuité pour, entre autres, « participation à une bande armée »« propagande terroriste »« attentat à finalité terroriste ».

Enzo Calvitti

Lui aussi membre des Brigades rouges, il a été condamné à une peine de réclusion de dix-huit ans pour des délits d’« association à finalité terroriste » et « participation à une bande armée ».

Giovanni Alimonti

Condamné, entre autres, pour la tentative d’homicide en 1982 d’un vice-préfet de la police de Rome, tout comme Marina Petrella. Il doit exécuter une peine de onze ans et demi de prison, pour « participation à une bande armée » et « association à finalité terroriste ».

Narciso Manenti

Membre des Noyaux armés pour le contre-pouvoir territorial, il a été condamné à la perpétuité pour le meurtre d’un gendarme, Giuseppe Gurrieri, en mars 1979. Réfugié en France, il s’est marié en 1985 avec une Française.

Giorgio Pietrostefani

Cet ancien dirigeant de Lutte continue, un mouvement marxiste ouvriériste, a été condamné à quatorze ans de réclusion pour le meurtre, en 1972 à Milan, de Luigi Calabresi, un commissaire de police.

Catégories
Politique

Liquidation de la Gauche: la réunion de Yannick Jadot d’EELV, le Emmanuel Macron « vert »

Europe Ecologie-Les Verts mène depuis plusieurs années une opération systématique et structurée de liquidation de la Gauche. Elle est bien aidée en cela par les dirigeants actuels du Parti socialiste et du mouvement Génération·s de Benoît Hamon. La réunion de plusieurs personnalités politiques samedi 17 avril dans un hôtel parisien à l’initiative de Yannick Jadot apporte une pierre à cet édifice.

EELV, ce sont des « bobos » de centre-ville qui ne connaissent rien à la vie du peuple, un peuple qu’ils méprisent d’ailleurs. EELV, ce sont des libéraux-libertaires dont les mœurs et les valeurs s’opposent fondamentalement à celles de la classe ouvrière, valeurs portées historiquement par la Gauche. EELV, ce sont des libéraux-centristes se donnant une image sociale alors qu’ils ne critiquent jamais la bourgeoisie ni le capitalisme… Et pour cause, ils en sont l’aspect le plus moderne.

Enfin, et surtout, EELV ce sont des politiciens opportunistes qui n’ont en réalité aucune pratique concrète et de terrain de l’écologie, de la défense des espaces naturels, des zones humides, des animaux. Rien que ce dernier point dit tout.

La Gauche, la vraie Gauche, ne peut qu’être horripilée face à de tels gens. Comme dit ici en juillet 2020, il est du devoir de la Gauche de barrer la route à quelqu’un comme Yannick Jadot, qui se positionne comme un Emmanuel Macron « vert » en vue de la Présidentielle 2022.

Yannick Jadot sait très bien que la vraie Gauche le combat et il a donc tout intérêt à jouer la carte de « l’unité », pour empêcher toute critique, en se positionnant comme incontournable, reconnu médiatiquement, constructif, etc. C’est exactement ce qu’il a fait en convoquant une réunion médiatique samedi 17 avril.

Et cela est une immense réussite pour lui dans sa perspective de neutraliser la Gauche. Il le dit très clairement en se félicitant à l’issue de sa réunion qu’elle ait débouché sur « le respect mutuel », précisant que dorénavant « on ne disqualifie pas les autres à gauche ».

Et d’ailleurs c’est lui qui donne le ton pour la suite, en convoquant une nouvelle réunion pour la fin du mois de mai et en décidant de son ouverture à de soi-disant collectifs « citoyens ».

La manœuvre est grossière et jamais de véritables dirigeants de gauche n’auraient accepté de se rendre dans un hôtel parisien, à huis clos, pour discuter pendant plusieurs heures d’on ne sait quoi, sans aucune base démocratique, dans l’unique but de prendre une photo autour de Yannick Jadot en sortant.

Mais c’est que tous les gens qui ont répondu à la convocation n’ont aucune base démocratique justement, car ils n’ont aucun attachement à la Gauche historique ni aucune perspective politique de gauche.

Il y a donc eu une réunion de plusieurs heures, et beaucoup d’articles de presse parlant d’une abstraite « unité » de la gauche et des « écologistes ». En réalité, personne ne sait ce que ces gens se sont dit, personne ne sait d’ailleurs vraiment qui était présent au côté de Yannick Jadot, à part les personnalités les plus connues comme Anne Hidalgo, Benoit Hamon, Olivier Faure, Julien Bayou, Eric Coquerel ou Corinne Lepage.

Il faut pointer ici la responsabilité particulièrement grande de l’actuel dirigeant du Parti socialiste Olivier Faure, qui après n’avoir présenté aucune tête de liste PS aux élections européennes de 2019 (au profit du bobo libéral-libertaire Raphaël Glucksmann), fait en sorte que le PS se range pour 2022 derrière EELV.

Tout cela n’a rien à voir ni de près ni de loin avec la Gauche. Et c’est tellement éloigné des classes populaires et des enjeux de notre époque que c’est un véritable cadeau pour la Droite et l’extrême-Droite, trop contentes d’avoir affaire à de telles caricatures « bobo » de gauche.

Catégories
Politique

PCF: un premier pas pour la présidentielle de 2022

Le Parti communiste français joue son va-tout.

Les délégués du PCF ont validé la stratégie d’une candidature de leur parti à la présidentielle, la base devra approuver ou non ce choix d’ici mai. Voici le communiqué (inintéressant) de présentation du vote effectué le 11 avril avec Fabien Roussel qui sera le candidat dans l’état actuel des choses, et le (très intéressant) bulletin de vote pour le choix de la base :

« PCF/Candidature à la présidentielle : Aux militant-es communistes de décider les 8 et 9 mai prochains !

Le PCF a réuni ce week-end plus de 1000 délégué-es lors de sa Conférence nationale.

Dans un contexte de pandémie, l’organisation de cette conférence, avec des protocoles sanitaires stricts et un système de visioconférence totalement inédit, a permis aux délégué-es de travailler à la façon dont le PCF allait participer aux échéances électorales stratégiques de 2022.Le PCF se félicite de la réussite technique de cette conférence nationale. Un grand défi démocratique a été relevé, avec les interventions des délégué-es depuis les locaux de leurs fédérations et sections permettant un débat politique serein et de grande qualité.

Non la pandémie ne peut être prise comme prétexte pour étouffer la démocratie et l’intervention politique.

Durant une journée et demi, plus de 100 interventions ont nourri un débat particulièrement riche et fraternel.

Samedi 10 avril, la conférence nationale a largement adopté (à plus de 66 %) le principe d’une candidature présentée par le PCF à l’élection présidentielle, qui aura pour but de notamment s’adresser au monde du travail et à la jeunesse, qui proposera une alternative aux politiques macronistes et en rupture avec la mondialisation capitaliste.

Ce dimanche 11 avril, à plus de 73 %, (95% des votes exprimés), la conférence nationale a décidé de proposer au vote des adhérents, Fabien Roussel, secrétaire national, comme candidat présenté par le PCF à l’élection présidentielle de 2022.

Ce sont au final, les adhérent-es qui valideront ces choix lors d’une consultation du 7 au 9 mai prochains.

Parti communiste français,

Paris, le 11 avril 2021. »

Le bulletin pour la consultation est le suivant :

Catégories
Politique

Le nationalisme français profiterait d’une victoire russe contre l’OTAN

Les nationalistes, de Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon, ont une obsession : la place de la France dans le « concert des nations », ou le rêve d’un nouvel « empire » français puissant et comptant dans le monde. Une défaite de l’OTAN face à la Russie en Ukraine leur donnerait un élan et une perspective immense. C’est un grand danger politique pour la Gauche.

La France est historiquement une grande puissance du capitalisme, mais elle a été fortement reléguée. Pour la Gauche, ce n’est aucunement un problème, puisqu’il s’agit de considérer tous les peuples du monde à la même enseigne, et donc de ne tolérer aucune grande « puissance », aucun « impérialisme », qu’il soit français, britannique, américain, chinois, etc.

Pour les nationalistes par contre, c’est là tout l’enjeu. Leur problème en France, c’est qu’ils sont fortement bridés par ce qu’on pourrait appeler le modernisme « atlantiste ». Autrement dit, il y a un consensus pour le libéralisme et le libre échange. C’est vrai culturellement, c’est vrai politiquement, et sur le plan militaire cela passe par l’intégration à l’OTAN, donc l’alignement sur les États-Unis.

Toute autre option est considérée comme de l’aventurisme. C’est cela qui empêche quelqu’un comme Marine Le Pen d’accéder aux responsabilités. Il n’y a qu’à voir comment elle s’est cassée les dents en 2017 face à Emmanuel Macron précisément sur cette question de l’euro et de l’Union européenne… autrement dit de l’alignement sur les États-Unis.

Mais en faisant ouvertement face à l’OTAN en Ukraine, la Russie marque une situation tout à fait nouvelle, alors que le monde est en pleine recomposition. Et il faut bien voir qu’en infligeant une défaite, ou en tous cas un recul, à l’OTAN, la Russie ouvrirait une brèche immense contre ce bloc moderniste « atlantiste ».

La donne serait en effet différente s’il existait à l’échelle mondiale la possibilité pour la France de s’imaginer un rôle, une place dans ce « concert des nations » avec par exemple cette brèche ouverte par la Russie. La même question se pose en Allemagne, où les nationalistes n’attendent que cela également.

La Gauche doit considérer cela avec la plus grande attention, car le nationalisme serait dans ces conditions extrêmement difficile à combattre. Comment en effet faire face à la perspective d’un tel rouleau compresseur nationaliste à prétention sociale, mais impérialiste ? Comment tracer une voie authentiquement démocratique populaire sans sombrer dans la démagogie chauvine anti-américaine, ni céder au libéralisme ?

On l’a vu avec Jean-Luc Mélenchon : La France Insoumise a eu un grand succès avec un discours social en apparence, mais nationaliste dans les faits, et la Gauche a été largement battue par cette démagogie. Il y a là matière à beaucoup de réflexions, de débats d’idées fraternels et constructifs. C’est urgent et vital pour la Gauche, à moins de se condamner à l’échec et l’insignifiance pour toute la décennie 2020.

D’où aussi la grande attention à porter au conflit entre l’Ukraine et la Russie.

Catégories
Politique

Gauche pour le Parti: trois lignes programmatiques

Voici trois exemples d’affirmation idéologique affirmant être à la hauteur d’une époque vue comme nouvelle.

La crise a estomaqué une large partie de la Gauche et de nombreuses structures ont disparu du jour au lendemain (tel en juillet 2020 le Rassemblement Organisé des Communistes Marxistes-Léninistes et le Parti Communiste Maoïste). C’est qu’il y avait trop de questions, trop de pression. Les choses se virent attribuer une dimension nouvelle, poser une ligne idéologique de gauche était trop compliqué. D’où un repli encore plus grand vers le côté « pratique », avec des initiatives « militantes », mais sans assumer un positionnement réel sur le plan des idées.

On peut citer néanmoins trois exemples, avec trois structures qui, comme le dit l’expression, « envoient du lourd », puisqu’il s’agit pas moins que de refonder « le Parti ». Profitant d’un arrière-plan idéologique développé, la crise a littéralement alimentés ces structures sur le plan des idées, leur accordant un réel optimisme au sujet d’une nouvelle affirmation programmatique. Leurs approches sont cependant évidemment très différentes.

La tendance Révolution Permanente du Nouveau Parti Anticapitaliste pose ainsi une nouvelle approche militante, conforme selon elle à un changement d’époque et de mentalités. Il y aurait un nouveau profil aux luttes et il faut s’y conformer. Voici des extraits du document du 30 mars 2021 La nouvelle génération ouvrière et la nécessité d’un Parti Révolutionnaire des Travailleurs, dont le titre résume parfaitement la conception.

« Depuis plus d’un an, la pandémie de coronavirus a ouvert une situation de crise aux conséquences durables. De fait, pour assurer le remboursement de la dette publique contractée et restaurer le taux de profit des entreprises capitalistes, les classes dominantes se préparent en effet à faire payer les travailleurs à coup de réformes néo-libérales, d’augmentation de la productivité et de mesures d’austérité. Or, face à cette sombre perspective, aucun projet politique à même de défendre les intérêts des travailleurs avec une stratégie à la hauteur ne semble émerger.

Une situation en profond décalage avec la politisation et les luttes intenses qui se sont enchaînées ces cinq dernières années en France.

En 2016 contre la Loi Travail, en 2018 dans le cadre du mouvement contre la réforme ferroviaire et de la lutte contre la sélection à l’université, en 2018-2019 avec le mouvement historique des Gilets jaunes, en 2019-2020 avec le mouvement contre la réforme des retraites et la grève historique du secteur des transports francilien. Dans différents secteurs on a en parallèle assisté à un renouveau des luttes, comme dans l’Éducation Nationale ou du côté des personnels des universités (…).

En ce qui concerne le NPA, un tel recul de sa capacité d’intervention est évidemment en lien avec la crise profonde que traverse le parti et qui fait aujourd’hui peser sur lui une menace d’implosion. Mais cela n’est que le dénouement d’un long processus, initié par la LCR dans les années 1980-1990, d’abandon d’une stratégie centrée sur le rôle de la classe ouvrière (dont le néo-libéralisme avait proclamé la mort), au profit de l’intervention dans les « mouvements sociaux », avant de se dissoudre dans un parti large non délimité stratégiquement, le NPA.

Du côté de Lutte Ouvrière, qui possède encore des bastions dans des secteurs stratégiques, règne une forme de scepticisme, accompagnée d’une dose de nostalgie du vieux mouvement ouvrier français, façonné par le PCF.

Ce scepticisme, qui rejette toujours la faute sur les travailleurs qui ne voudraient pas lutter, couvre en réalité le refus de prendre une part active au travail d’organisation des couches les plus avancées de la classe et d’une nouvelle génération ouvrière en gestation, ainsi que de combattre la politique néfaste des directions syndicales bureaucratiques (…).

Le mouvement ouvrier a vu notamment émerger une nouvelle génération qui pourrait être le levier de la construction d’une organisation de ce type. Nous l’avons vu pour la première fois en 2014, dans la grève de la SNCF, où, ne partageant pas les codes de la gauche politique et syndicale, voire partageant de façon peu consciente ceux de personnages confusionnistes comme Dieudonné (nous étions au sommet du phénomène des « quenelles »), ils et elles ont été souvent boudés par les militants d’extrême-gauche.

Depuis, nous les avons vu prendre leur place dans chacune des grandes mobilisations qui ont traversé le pays, avec des profils très variés : souvent racisés et issus de l’immigration dans les grandes agglomérations, ouvriers et ouvrières gilet-jaunisés dans la France périurbaine, militantes et militants syndicaux combatifs ou travailleurs du rang… (…)

Au NPA – Révolution Permanente, nous avons eu le mérite relatif d’avoir saisi l’émergence de cette nouvelle génération ouvrière assez tôt et d’avoir essayé de fusionner avec elle.

Que ce soit dans le cadre de la « Bataille du Rail » de 2018 avec la construction de la rencontre Intergare, de la grève victorieuse d’Onet, du mouvement des Gilets jaunes, du mouvement des retraites au travers de la coordination RATP-SNCF, où actuellement des grèves de Grandpuits et des agents d’entretien des voies (Infra-pôle) de Gare du Nord, nous sommes intervenus avec une même logique : celle de déployer dans chaque bataille un arsenal stratégique et programmatique qui permette de pousser ces expériences le plus loin possible, en sortant du cadre imposé par la routine syndicale.

C’est au travers de ces expériences que nous avons pu faire entrer dans nos rangs de nombreux jeunes militants ouvriers, parmi lesquels de véritables figures dans leur région ou branche, à l’image d’Anasse Kazib à la SNCF, d’Adrien Cornet chez Total, de Gaëtan Gracia dans le bastion toulousain de l’aéronautique, de Christian Porta chez Neuhauser (industrie agro-alimentaire) en Moselle, mais aussi de jeunes militants comme Rozenn à Chronodrive ainsi que d’autres camarades dans le privé ou dans le public, à la RATP, dans la Santé, la Culture ou l’Éducation Nationale.

C’est aux côtés et au travers de ces militants que nous souhaitons aujourd’hui lancer une campagne autour de la nécessité d’un Parti Révolutionnaire des Travailleurs. »

La tendance Révolution Permanente du NPA affirme ainsi, pour résumer, qu’elle a réussi à attirer à elle une nouvelle génération, que cela donne du sens à un nouveau projet. De manière intéressante, c’est l’inverse qui est vrai pour le Pôle de Renaissance Communiste en France (PRCF). Lui dit qu’il a réussi à attirer à lui l’ancienne génération et que cela donne du sens à un ancien projet. Il s’agit en effet de refonder le Parti Communiste Français tel qu’il a existé dans les années 1970-1980.

Le PRCF a historiquement un pied dans le PCF et un pied dehors, désormais la ligne est celle de prendre sa place. En ce sens, le PRCF vise à présenter un candidat à la prochaine présidentielle, afin d’établir un réel socle pour un « Frexit progressiste ». Voici un extrait de la Déclaration du Secrétariat national du PRCF du 1er avril 2021.

« Voilà pourquoi, pour sortir rapidement et définitivement de ce cauchemar sans fin, il est vital de proposer la seule alternative en mesure d’empêcher un nouveau scénario catastrophe en 2022 que serait un faux « duel » et vrai duo Macron-Le Pen, entre le tyran nostalgique de la monarchie qui déroule un tapis brun à la fascisation en célébrant Maurras et Pétain à longueur de temps, et la mensongère « souverainiste » du prétendu « Rassemblement national » qui ne veut sortir de l’euro, ni de l’UE – dont la responsabilité dans le désastre sanitaire est immense, à l’image de la Commission européenne appelant à 63 reprises les États-membres, entre 2011 et 2018, à « réduire les dépenses de santé » –, ni de l’espace Schengen, ni de l’OTAN, ni du capitalisme. 

Cette alternative franchement communiste et franchement insoumise ne peut être que rouge-tricolore, nécessitant une rupture définitive et totale avec l’euro, l’UE, l’OTAN et le capitalisme exterministe.

Elle ne peut pas s’incarner dans une resucée d’« union de la gauche » associant les faux « socialistes » et « écologistes » et les « communistes » et « insoumis » édulcorés, autant de forces discréditées aux yeux des classes populaires – et notamment de la classe ouvrière – et faisant miroiter une impossible « Europe sociale ».

Cette alternative rouge-tricolore, patriotique et populaire, antifasciste et internationaliste – en cela diamétralement opposée à l’utopique et dangereuse « union des souverainistes des deux rives », qui sert de marchepied au RN –, écologiste et anticapitaliste, est portée par le PRCF et son porte-parole désigné Fadi Kassem.

Partout en France, de nombreux militants sont actifs dans la campagne auprès des communes rurales et populaires, des travailleurs – dont ceux de la classe ouvrière – et des citoyens attachés à la République une et indivisible, sociale et laïque, souveraine et démocratique, fraternelle et pacifique, alors que le risque d’effondrement de la France et de fascisation mortelle pour le mouvement ouvrier et les forces progressistes, à commencer par les communistes, ne cesse de s’accroître.

Plus que jamais, il est temps d’en finir avec le pseudo « Nouveau Monde » de Macron et ses laquais et l’Ancien Monde incarné par le RN et ses satellites. Afin qu’adviennent les « nouveaux Jours heureux » dont nous avons urgemment besoin, rejoignez le PRCF et menons, tous ensemble en même temps, la campagne en faveur de la seule alternative en mesure de faire gagner le monde du travail en 2022, celle de l’alternative rouge-tricolore pour une souveraineté nationale et populaire pleine et entière. Plus que jamais, Frexit progressiste, et vite ! »

Enfin, à rebours du terrain « militant » trotskiste de la tendance Révolution permanente du NPA et de l’affirmation électorale du PRCF, qui sont très concrètes, on trouve l’option maoïste, bien plus abstraite ou bien plus conceptuelle. Dans la perspective de la révolution culturelle, il y a chez le PCF(mlm) l’idée de suivre l’époque « avec de la hauteur » et de considérer qu’il faut l’idéologie au poste de commande, pour tout révolutionner. Voici ce qu’on lit notamment dans Le marxisme-léninisme-maoïsme est l’idéologie communiste de notre époque, du 1er avril 2021.

« Mao Zedong a affirmé dans les années 1960 que les 50-100 années à venir seraient celles d’un bouleversement comme l’humanité n’en a jamais connu. Cette position découlait de sa compréhension des contradictions propres à notre époque, des tendances en développement, des nécessités historiques.

Et aujourd’hui, au début des années 2020, l’humanité toute entière sait que plus rien ne peut être comme avant. Il y a le constat du rapport destructeur à la Nature, avec des contre-coups tel le COVID-19 et le dérèglement climatique, mais en général il est flagrant que le modèle de vie proposé par le capitalisme est à bout de souffle moralement et culturellement.

C’est la raison pour laquelle les gens sont tétanisés : ils sentent que le changement doit être complet, qu’il va falloir révolutionner les modes de vie, modifier les conceptions du monde, changer les rapports aux animaux, à la Nature en général, et bien entendu transformer l’ensemble des moyens de production et des manières de consommer.

Le défi est d’autant plus immense qu’il exige une réponse mondiale. En ce sens, nous affirmons que la position communiste est de parvenir à une révolution dans un pays donné, afin d’en faire l’exemple à tous les niveaux pour le reste de l’humanité (…).

Les années de référence doivent être 1948-1952 pour l’URSS et 1966-1976 pour la Chine populaire, ces deux périodes formant l’aboutissement le plus développé de l’expérience communiste (…). Le marxisme-léninisme-maoïsme n’est pas une méthode, il ne fournit pas des recettes : il est une vision du monde et par conséquent il doit être une réalité pour tous les aspects de la vie (…).

Nous affirmons que l’irruption de la crise du COVID-19 correspond à l’affirmation de la seconde crise générale du capitalisme, que l’idéologie marxiste-léniniste-maoïste doit en comprendre tous les aspects et fournir les réponses à la crise, à tous les niveaux.

C’est le sens de la révolution mondiale que d’être un bouleversement à tous les niveaux, dans tous les domaines ; la guerre populaire est la systématisation des réponses communistes à tous les niveaux, dans tous les domaines. »

On a là trois perspectives bien différentes, avec trois structures présentant certainement les économies politiques les plus développées à gauche. La raison en est bien entendu qu’on a ici trois traditions bien françaises : le trotskisme, le PCF, le maoïsme. Ancrées dans leurs traditions, elles se relancent. De manière fictive ou réelle ? Il est évident qu’une seule de ces mises en perspective peut se concrétiser.

Aussi différentes qu’elles soient, ces lignes programmatiques sont en effet opposées dans leur fond. Et pas simplement sur le plan des idées : dans leur démarche même, cela n’a rien à voir. La tendance Révolution permanente du NPA propose un activisme militant dans l’air du temps pour un Parti de lutte, le PRCF vise à la mise en place d’un Parti de masse pour une affirmation patriotique et sociale, les maoïstes proposent une introspection idéologique pour s’élancer culturellement à travers un Parti de cadres.

Cela reflète, dans tous les cas, une maturation de fond de la société française. Si on ne peut pas encore parler ici de résurgence, car c’est somme toute très marginal, il y a en tout cas une sorte de réaffirmation, comme si les dés de l’Histoire s’étaient remis à rouler.

Catégories
Politique

Anne Hidalgo : une allée des jardins des Champs-Elysées prend le nom du seigneur de la guerre Massoud

Anne Hidalgo a en tant que maire de Paris réalisé quelque chose qui n’a rien à voir avec la Gauche, ni de près ni de loin.

Voici comment l’association des femmes afghanes RAWA décrit quelques épisodes de ce qui se passe en Afghanistan, à l’occasion de la journée de la femme, le 8 mars 2001 (L’Alliance du nord : les violateurs les plus meurtriers des droits de l’homme) :

« Cette année l’Association Révolutionnaire des Femmes Afghanes (RAWA) souhaitait ardemment célébrer la Journée internationale des droits de l’homme en Afghanistan.

Mais, la réapparition des criminels de l' »Alliance du nord » dans différentes parties du pays, au service des forces américaines, a mis fin à cet espoir.

L' »Alliance du nord » ne saurait oublier les années 1992 à 1996 lorsqu’elle était au pouvoir, lorsque la bande maudite de Golbodin Hekmatyar (Hezb-i-Islami) a anéanti Kaboul par des bombardements et des tirs de roquettes aveugles ; lorsque la bande infâme de Mazari-Khalili (Wahdat-i-Islami) arrachait les yeux des non-Hazaras ; lorsque la bande sauvage de Sayyaf (Ittehad-i-Islami) enfonçait des clous de 15 cm dans le crâne des Hazaras et les brûlait vifs dans des containers métalliques ; lorsque les bandes perfides de Rabbani-Massoud (Jamiat-i-Islami et Shorai Nazar) massacraient les habitants de Afshar et d’autres quartiers résidentiels de Kaboul et qu’ils blanchissaient les pires meurtriers, violeurs et pillards de l’histoire en terme d’infamies et de barbaries perpétrées contre de nombreuses femmes, filles et garçons innocents et sans défense. »

L’Alliance du Nord, c’est un rassemblement de clans et de groupes armés dirigé par Ahmed Chah Massoud, très connu en France sous la désignation de « commandant Massoud ». Il est toujours présenté comme une sorte de Che Guevara de l’Afghanistan, un musulman modéré qui ne serait pas anti-occidental et même pro-démocratie.

En réalité, Massoud fut simplement un seigneur de la guerre et l’extrait du texte de RAWA montre bien de quoi il est responsable !

Anne Hidalgo montre ici son caractère vraiment opportuniste. Il est impossible de se prétendre favorable aux droits des femmes et de valoriser un seigneur de la guerre mêlant religion islamique, nationalisme (tadjik) et traditionalisme. On voit tout de suite que Massoud, chef de « l’Alliance du Nord » composé en fait de clans tadjiks, est valorisé parce qu’il a lutté contre l’URSS et ensuite contre les talibans, et qu’il a accepté d’être un pion pour des grandes puissances.

Tout part d’ailleurs de l’invasion de l’Afghanistan en 1979 par un monstre soviétique ayant des visées impériales. L’Afghanistan s’est effondré avec cette attaque militaire divisant les ethnies et renforçant les clans. La grande victime a alors été l’ethnie hazara, à la fois de culture persane et musulmane chiite. Déjà victime historiquement de la domination pachtoune, avec des viols, de l’esclavage et des meurtres en masse de proportion génocidaire, les Hazaras ont été attaqués de toute part.

Dont régulièrement, donc, par les troupes de Massoud, notamment en mars 1995, alors qu’il était « ministre de la Défense », lors de la prise de contrôle de Karte Seh, majoritairement hazara, près de Kaboul. Les troupes de Massoud s’étaient également fameusement illustrés avec l’incendie en masse d’ouvrages de la bibliothèque de l’université de Kaboul, en 1993.

Et comme Massoud était tadjik, et même le dirigeant des clans tadjiks, il s’opposait aux clans d’ethnie pashtoune, qui formaient les talibans. Ces derniers étaient appuyés par le Pakistan ; les Tadjiks étaient eux appuyés par l’Inde, qui construisit d’ailleurs l’hôpital en Afghanistan où Massoud fut déclaré mort après un attentat taliban deux jours avant le 11 septembre 2001.

Massoud était également appuyé par la Russie et la France, à un moment aussi par les États-Unis. Le Parlement européen l’avait d’ailleurs officiellement invité il y a exactement vingt ans de cela. D’où une allée des jardins des Champs-Elysées portant son nom, comme symbole des chefs de clans et autres féodaux qui font allégeance aux grandes puissances.

Et c’est cela qu’on valorise qu’on est opportuniste et qu’on soutient le jeu criminel des grandes puissances. C’est le contraire de la Gauche et de ses valeurs.

Catégories
Politique

Le PRCF et le « méga-empire »

Mélangeant les thèses du PCF des années 1960, 1970 et 1980, le Pôle de Renaissance Communiste en France considère que le capitalisme est passé sous la coupe d’un méga-empire.

C’est une thèse à la fois osée et tout à fait classique que met en avant le Pôle de Renaissance Communiste en France à travers un article d’une de ses principales figures historiques, l’idéologue Georges Gastaud. C’est au sujet des mesures de relance faites aux États-Unis.

L’idée est la suivante : ces mesures serviront principalement les grandes entreprises.

« Pour relancer l’économie américaine, Joe Biden vient de faire voter au Congrès un plan de “soutien à l’économie” de 1200 milliards de dollars.

Une partie de cet argent public ira aux particuliers, et tant mieux pour les travailleurs américains en graves difficultés auxquels cette manne provisoire apportera une bouffée d’oxygène. Mais, vous l’avez deviné, la plus grande partie de cet argent ira aux grandes entreprises, c’est-à-dire au profit capitaliste puisque ce subventionnement public massif du capital privé sera distribué sans contrepartie (…).

Gare au retour de bâton sur les salaires, les emplois publics, les pensions, les indemnités chômage, le logement social, les remboursements sécu, etc.! (…)

Derrière le Père-Noël, le Père-Fouettard: il s’agit d’un nouvel avatar, à l’occasion de l’épidémie mondiale, de ce capitalisme monopoliste d’État travesti en “néolibéralisme” qui repose sur un mécanisme unique État bourgeois/monopoles capitalistes, en voie de redéploiement à l’échelle continentale (l’Empire européen centré sur Berlin) et transcontinentale (ce que le MEDEF appelle l’Union transatlantique) et qui consiste, avec des faux-semblants quasiment socialistes, à doper le profit capitaliste privé en l’abondant en permanence avec l’argent du contribuable.

C’est pourquoi les euro-réformistes keynésiens qui croient “contrebalancer” l’ultra-capitalisme “néolibéral” en réclamant plus d’État (bourgeois) et “plus d’Europe”, ont tout faux.

Il faut de plus en plus, à notre époque, combattre l’UE et sa transformation en méga-Empire continental RENFORÇANT la mainmise capitaliste sur les travailleurs et sur tout le peuple, et combattre TOUTES les variantes du capitalisme qui, selon des dosages différents mais en frappant toujours les mêmes, et que ce soit par l’austérité à tous crins ou par le subventionnement massif des mastodontes privés, appauvrit toujours À L’ARRIVÉE les travailleurs salariés et les couches moyennes pour toujours IN FINE, enrichir le grand capital dont les grands actionnaires américains et français ont énormément profité de la crise… »

Pour résumer : le capitalisme, sous toutes ses formes aujourd’hui, renforce inéluctablement les plus grandes entreprises, et cela au-delà même des frontières nationales. C’est le triomphe d’un capital financier qui, quoi qu’il arrive, fait des profits car il a pris le contrôle des États. C’est la thèse du Capitalisme Monopoliste d’État, élaboré en URSS par Eugen Varga dans les années 1950 et particulièrement développé en France par le PCF dans les années 1960-1970 à travers son économiste Paul Boccara.

Il n’est pas difficile de voir que cette thèse est fausse alors qu’on voit l’ensemble des États se concurrence de manière très profonde, même la France et l’Allemagne. Chaque État tend à jouer le chacun pour soi et à établir des alliances : il est tout à fait évident qu’on va à la guerre pour le repartage du monde.

Le PRCF nie cela : pour lui il y a un capitalisme transnational tentaculaire, un super-impérialisme. Il faut bien d’ailleurs noter que, de manière ouverte, la thèse du capitalisme monopoliste d’État considère comme périmé la thèse de Lénine sur l’impérialisme. Mais même si on n’est pas d’accord avec Lénine et qu’on considère qu’avec le capitalisme la guerre est possible et non pas inéluctable, ce qu’il faut voir c’est que pour le PRCF la guerre est impossible.

Les grands monopoles qui dominent le monde de manière transnationale ne vont en effet pas se faire la guerre… Ou bien s’ils la font c’est telle une conspiration afin de manipuler les gens, ce qui est d’ailleurs une sous-thèse du PRCF.

Tout ce discours du PRCF n’étonnera pas, car il représente l’aile gauche du PCF et de la CGT, avec sa focalisation sur les services publics formant sa base. Cependant, là où c’est grave, c’est que cela désarme totalement face à la compétition mondiale pour le repartage du monde. La conception d’un capitalisme « transational » justifiant un socialisme « patriotique » est non seulement fausse à la base, mais elle est un obstacle à la dénonciation du militarisme se généralisant dans chaque pays.

Catégories
Politique

Les affiches du PS des années 1970

Au congrès d’Épinay en 1971, le Parti Socialiste parvient à réunir les courants socialistes éclatés depuis les années 1960 dans l’objectif de remporter les élections législatives de 1973. Derrière l’élan électoral-opportuniste, il y a tout un arrière-plan politique et culturel qui permet de saisir le socle commun de la Gauche historique.

Entre 1967 et 1980, ce sont cinq pétroliers qui s’échouent au large des côtes bretonnes. Le Torrey Canyon en 1967, l’Olympic Bravery en janvier 1976, le Boehlen en octobre 1976, l’Amoco Cadiz en mars 1978, le Tanio en 1980… autant de noms de pétroliers qui ont marqué l’histoire de la côte atlantique de part les kilomètres de littoral pollués, ainsi que les centaines de milliers d’oiseaux « mazoutés ». D’autres marées noires auront lieu, comme celle provoquée par le naufrage de l’Erika en 1999.

C’est l’époque d’une prise de conscience dans le mouvement ouvrier que si le capitalisme exploite les travailleurs, il est également en train de détruire la nature, les fondements de la vie elle-même. Le mouvement ouvrier doit alors élever son regard à l’ensemble de la vie sur terre… Une prise de conscience bien reflétée par ces affiches du Parti Socialiste de 1976 et de 1978.

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est ecologie_1976.jpg.

Évidemment, ces affiches ne tombent pas du ciel, elles sont le produit d’une histoire, d’une idéologie, d’une expérience, celle du mouvement ouvrier. Car avec le congrès d’Épinay de 1971, en s’unissant, les socialistes deviennent le véritable catalyseur légal de la contestation issue de mai 1968.

Le style des affiches, la perspective assumée, tout relève de cet élan historique porté par la lutte d’une classe ouvrière cherchant son émancipation sociale, politique, culturelle.

En fait, avec ce genre d’affiches, on voit bien ce que constitue la Gauche historique. Son socle commun c’est l’idée que la lutte des classes est le moteur de l’histoire, que l’on vit dans un mode de production qui exploite et opprime et qu’il faut changer d’horizon par un nouveau système social et économique, le socialisme.

Bref, c’est l’histoire politique du mouvement ouvrier, qui s’est évidemment divisée en deux lignes, connue en l’opposition schématique entre « réforme » ou « révolution ».

Ici, le Parti Socialiste se place comme l’incarnation même du socialisme réformiste, avec cette idée qu’il faut un rapport de forces par en bas, et notamment autour du travail, un engagement massif dans un parti politique qui porte la conscience de classe, le tout permettant des réformes assez progressives pour faire se transformer le capitalisme en le socialisme.

Au seuil des années 1980, il y a cette insistance pour la vie quotidienne dans tous ses aspects, y compris le droit à une vie naturelle, qui résume bien le slogan dans le sillage de mai 1968, formant un horizon en lui-même : « changer la vie ». La perspective c’est celle du triomphe d’une autre morale, d’un nouveau mode de vie orienté par le collectivisme.

Mais si l’unification en 1971 a permis un recentrage sur les bases historiques de la Gauche, elle a également actée l’influence de la « seconde gauche » en son sein, ce courant qui cherchait à « enrichir » le mouvement ouvrier par des « nouveaux mouvements sociaux », des « nouvelles formes d’émancipation », etc.

Il en fallait peu pour que le souffle issu de la révolte ouvrière de mai 1968 éteint, le Parti socialiste devienne finalement le bastion d’un modernisme fondé sur des valeurs sociales-libérales. Une transmutation qui s’est basée sur la compression de la perspective ouvrière-socialiste par l’autre héritage de mai 1968, celui de la tradition libérale-libertaire assumée par la « seconde gauche ».

Qui se fera elle-même totalement lessivée par le post-modernisme, dont le rapport Terra Nova « Gauche, quelle majorité électorale pour 2012 » est en l’illustration. À l’histoire du recentrage à gauche des années 1970, a succédé une autre période, celle des années 1990-2010, avec un recentrage à droite engendré par le recul historique de la « première gauche », celle du mouvement ouvrier. Une seconde période qui apparaît de plus en plus comme une anomalie historique dans le contexte de l’actuelle profonde crise de civilisation…

Catégories
Politique

UNEF: la grande polémique

La crise politique autour de l’UNEF reflète un immense problème de fond à Gauche.

Il y a cinquante ans, en mars 1971, l’Union nationale des étudiants de France était marquée par une scission produisant deux UNEF concurrentes. Une sorte de réunification bancale a eu lieu en 2001 et depuis l’UNEF ne cesse de sombrer qualitativement et quantitativement. L’affaire politique de ces derniers jours témoigne d’une crise toujours plus profonde.

Tout part de propos de Mélanie Luce, présidente de l’UNEF, lors de son passage sur la radio Europe 1 le 17 mars 2021. Elle y déclarait qu’il y avait au sein de l’UNEF des réunions « non mixtes racisées ». L’idée est, on l’aura compris, de combattre le racisme en donnant la parole aux gens victimes de racisme dans un cadre rassurant, mais l’approche va également dans le sens d’une logique identitaire-communautaire.

Cela a provoqué une vague de critiques de la part du gouvernement et de la Droite. Le soir même le député des Alpes-Maritimes (Les Républicains), Eric Ciotti, appelait à la dissolution de l’UNEF. Le 19 mars, sur BFMTV, le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer déclarait que de telles réunions étaient « racistes », alors que François-Xavier Bellamy parlait de « dérive raciste assumée » et appelle à la dissolution de l’UNEF, etc.

Le 22 mars Le Figaro lance ensuite une offensive anti-UNEF, avec notamment à plusieurs reprises la question de la possibilité de la dissolution de l’UNEF, parlant de « décadence idéologique » de la Gauche ; le même jour Le Monde lance inversement la mission il faut sauver le soldat UNEF avec différents articles, ainsi que la publication d’un appel anti-dissolution de 300 figures de la Gauche (un article en accès payant, l’appel date du week-end et a été lancé par un adjoint de la maire de Paris Anne Hidalgo).

Cet appel anti-dissolution est signé par des gens relevant de l’UNEF d’avant 1971, des deux UNEF nées en 1971 (celle liée au PCF, celle liée aux trotskistes dits lambertistes puis au Parti socialiste), ainsi que de l’UNEF réunifiée de 2001.

Cependant, l’UNEF actuelle n’a rien à avoir avec ces UNEF passées. L’UNEF est aujourd’hui un mouvement de jeunesse, qui porte des luttes sociales et « sociétales », avec des individus plus ou moins impliqués.

Avant, l’UNEF était un conglomérat des activistes de gauche, qui agissaient de manière unie mais en se bataillant à travers des tendances et des fractions. Aujourd’hui, l’UNEF c’est un simple lieu de passage de gens « en lutte ». Et comme on est en France, les luttes sont conçues dans une perspective « syndicaliste révolutionnaire », c’est-à-dire sur la base de la minorité agissante, dans une démarche substitutiste où une pseudo assemblée générale parle au nom de tout le monde, etc.

Dans une interview au Figaro, Jean-Christophe Cambadélis tient d’ailleurs des propos assez hallucinés à ce sujet. Lui-même a été président d’une des deux UNEF, l’UNEF-ID, de 1980 à 1984 (il représente le passage des étudiants trotskistes dits lambertistes au Parti socialiste). Il pense que l’UNEF d’aujourd’hui a une mentalité de « gardes rouges » chinois avec l’idée de rédemption par l’exemple.

C’est totalement faux et on se demande où il va chercher cela. Il y a eu des scissions de l’UNEF en mode maoïste dans les années 1980, elles étaient hyper structurées et insistaient sur le travail de masse pour élever le niveau de conscience politique. Cela n’a rien à voir avec l’UNEF actuelle qui récuse les idéologies au nom des principes de la « déconstruction ».

Il est vrai qu’on peut avoir l’illusion que l’UNEF est hyper-activiste et cette illusion est d’ailleurs vrai pour l’ensemble de l’ultra-gauche française. Mais enfin poster sur les réseaux sociaux des images de slogans écrits sur les murs ou d’une table de presse n’est pas une preuve de réel activisme. Il faut être naïf pour suivre l’auto-intoxication de gens s’imaginant « militer » alors qu’ils ne font que brasser du vent.

Et c’est là la vraie question de la polémique autour de l’UNEF, du point de vue de la Gauche. Quels doivent être les critères pour évaluer les luttes, les phénomènes ? Faut-il partir de la Gauche historique ou accepter les conceptions post-modernes de la « gauche » à l’américaine ?