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Tribune des anciens de l’UNEF disant «non à la dissolution»

Voici la tribune initiée par l’association « les anciens de l’UNEF« , qui a été signée par énormément de personnalités liées historiquement ou même très récemment à l’UNEF.

« Non à la dissolution de l’UNEF

Il y a quelques jours, des parlementaires de droite demandaient la dissolution de l’UNEF. Désormais c’est le ministre de l’Education nationale qui parle de « pente fasciste » pour qualifier son activité.

Quels seraient les actes justifiant ces attaques ? L’organisation de quelques groupes de paroles non-mixtes pour les étudiant.e.s victimes de discriminations. Cette pratique intéresse, interroge, inquiète. Elle bouscule et fait débat.

Nous ne pouvons accepter que des députés proposent la dissolution de cette organisation. Nous ne pouvons encore moins admettre l’idée que l’UNEF soit renvoyée dos à dos avec un groupuscule d’extrême droite, condamné pour incitation à la haine raciale. Nous ne pouvons tolérer les propos d’un ministre qui banalisent le fascisme et participent ainsi à la confusion idéologique ambiante.

Militant.e.s, dirigeant.e.s, avec des diversités de parcours, nous avons été par le passé des acteurs et actrices engagé.e.s de cette organisation. L’idéal émancipateur, républicain, laïque, antiraciste et féministe a toujours été notre boussole, un idéal au service des intérêts sociaux et moraux de tous les étudiant.e.s. Au cours de ses 110 ans d’histoire, quelle qu’ait été la tendance dirigeante, l’UNEF a toujours été en tête des batailles relatives au budget de l’Education nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche. Elle a su porter un discours anti-colonial dans une société française qui était loin d’y souscrire. Elle s’est engagée en mai 68, dans ce mouvement qui a conduit aux changements sociaux et moraux que nul ne conteste aujourd’hui. L’UNEF, c’est aussi un mouvement décisif contre la sélection en 1986 et la mobilisation historique contre le CPE qui n’avait d’autre ambition que de précariser encore et encore, les jeunes de notre pays.

Signataires de ce texte, pour certain.e.s avec des désaccords parfois profonds avec des pratiques et des orientations syndicales et idéologiques de l’UNEF, nous pensons que, par son histoire et les valeurs issues de la Charte de Grenoble qu’elle incarne, l’UNEF a toute sa place dans le débat public.

A l’heure où les étudiant.e.s et la jeunesse sont particulièrement touchés par la pauvreté et la précarité, le gouvernement se doit d’être à l’écoute des organisations représentatives des étudiant.e.s. Cette exigence nous paraît d’autant plus incontournable que nous avons sous nos yeux, ces dizaines de milliers de jeunes qui basculent dans une précarité insupportable, renoncent à poursuivre leurs études abandonnant ainsi leurs projets d’avenir.

Aussi, nous condamnons l’outrance injurieuse des termes employés et nous opposons à toute volonté de dissolution d’une organisation de jeunesse telle que l’UNEF. »

Voici la longue liste des signataires :

L’Association des anciens de l’UNEF, fondée en 1938, Pouria AMIRSHAHI, Président UNEF-ID 1994-1998, Xavier AKNINE, Président UNEF-SE1986-1988, Nicolas ASKEVIS, UNEF ID 1990-1995, Cyprien ASTIER, UNEF 2014, Frédéric AUGENDRE, UNEF ID Secrétaire général 1983-1986, Clementine AUTAIN UNEF SE 1991-1994, Gilles ALFONSI, UNEF 1989-1991, Tania ASSOULINE, Secrétaire générale UNEF 2001-2003, Sebastien BACHOLET UNEF-SE 1980-1983, Patrice BADARD, UNEF ID 1992-1998 ,Guillaume BALAS, Vice-Président UNEF-ID 1994-1995, Loic BASSINO, Secrétaire national UNEF 1991-1994, Mathieu BARBERIS, UNEF 2016-2018, Olivier BARBEROUSSE, PSA UNEF-ID 1986-1990, Johanna BARRASZ, UNEF 1993-1996, Emilie BELLIN, UNEF 2015-2016, Sarah BENICHOU UNEF ID 1993-1999, Ugo BERNALICIS, UNEF 2008-2011, Jean Pascal BERNARD, BN UNEF-ID 1993-1997, Céline BERQUER, UNEF ID, BN 1994-1997, Marie Noëlle BERTRAND UNEF Secrétaire générale, Nicolas BERTRAND, Secrétaire général UNEG 1989-1991, Tina BIARD, BN UNEF 2010-2012, Alexandre BILOUS 1964-1968, Sophie BINET, Vice Présidente UNEF 2007-2008, Nina BITOUN, UNEF ID Paris 1 1993-1998, Romain BLACHIER, UNEF 1995-2002, Frédéric BOCCARA, BN UNEF 1981-1985, Pascal BOISSEL, UNEF ID 1979-1982, Romain BOIX, LMDE Président 2015-2018, Frédéric BONNOT, UNEF-ID Trésorier National 1994-1999, Florian BORG, UNEF-ID, 1997-1999, Delphine BORGEL, PSA UNEF-ID 1993-1997, Frédéric BORRAS, UNEF-ID 1984-1988, Serge BOSC, FGEL 1964-1968, Amine BOUABBAS, UNEF 2004-2007, Jean-Marcel BOUGUEREAU, FGEL 1964-1968, Jean Baptiste BOURDELLON, BN UNEF 2012-2014, Emilie BOURDON, UNEF, 2016-2018, Gerard BOURGOIN FGEL 1963-1969, Gwenolé BUCK, UNEF 2005-2010, Gérard BRIANT, UNEF 1992-1996, Colombe BROSSEL UNEF ID 1989-1992, Mickaël BRUEL UNEF ID 1999 2000, Louis-Jean CALVET VP UNEF 1964-1965, Magali CAMPA, UNEF Secrétaire Générale 2016-2018, Franck CARBONNEL, FNEMS UNEF 1980-1985, Pierre-Alain CARDONA, UNEF ID 1994-1995, Fanélie CARREY-CONTE, BN UNEF 2000-2005, Philippe CASIER, BN UNEF-ID, Christophe CASTAING, BN UNEF ID 1981-1985, Sébastien CHAILLOU, Trésorier National UNEF 2012-2013, Fabrice CHAMBON, BN UNEF 2001-2005, Arnauld CHAMPREMIER-TRIGANO Vice-Président UNEF-ID 1994-1997, Claudine CHAPRON, UNEF 1984-1989, Vincent CHARBONNIER, UNEF-ID, 1990-1993, Julian CHARTON, UNEF BN 2012-2015, Magalie CHASTAGNER, Secrétaire national UNEF 1999-2002, Norbert CHAZAUD, UNEF BN 1979-1983, Pascal CHERKI, BN UNEF-ID 1988-1993, Théo CHEVALLIER BN UNEF 2014-2016, Chahra CHIBATI, UNEF 2006-2009, Mélanie COLLET, UNEF 2003-2006, Eric COQUEREL, UNEF-ID 1983-1988, Alexis CORBIERE, Vice-Président UNEF-ID 1994-1995, Sergio CORONADO UNEF ID 1992-1994, Annie COUEDEL 1962-1966, Aliaume COUCHARD, UNEF 2011-2013, Jean Francçois COURTILLE, BN UNEF 1987-1988, Joëlle COULON, UNEF 1962-1964, Pierre COURS-SALIES, UNEF 1962-1967, Cendrine DALLET, UNEF ID 1995-2000, Pierre DARDOT, UNEF-ID, 1980-1986, Olivier DARONNAT Secrétaire Général UNEF ID 1994-1997, Philippe DARRIULAT, Président UNEF-ID 1986-1988, Caroline DE HAAS, Secrétaire générale UNEF 2007-2009, Pierre DEJEAN, UNEF 1968-1970, Laëtitia DEKNUDT, UNEF ID BN 1981-1984, Laure DELAIR, Vice-Présidente UNEF 2013-2015, Anne DELBENDE, Secrétaire Générale UNEF 2003-2006, Karine DELPAS, Présidente de l’UNEF 1997-2000, Stéphane DELPEYRAT, UNEF-ID 1986-1988, Jacques DELPY, Secrétaire général UNEF 1955-1957, Emir DENIZ, UNEF 2000-2002, Clémence DOLLE, UNEF BN 2018-2020, Laurent DOUCET, UNEF-ID 1986-1989, Maryse DUMAS, BN UNEF 1972-1976, Isabelle DUMESTRE, BN UNEF 2000-2005, Tifen DUCHARNE, BN UNEF  1993-1999, Capucine EDOU, UNEF ID BN 1995-1999, Julie EL MOKRANI TOMASSONE, BN UNEF 2013-2016, Annie ERNAUX 1960-1964, Amandine ESCHERICH, BN UNEF 2012-2014, Magali ESCOT, UNEF-ID 1992-1996, Valérie ESTOURNES, BN UNEF-ID 1991-1993, Gwenaelle EVIN, UNEF ID 1989-1997, Vanessa FAVARO, LMDE Présidente 2012-2014, Luis FAVRE, UNEF US 1975-1979, Laurent FAURE, UNEF-ID 1983-1987, Sacha FEIERABEND, Secrétaire Général UNEF 2014-2017, Gérard FILOCHE, UNEF 1968, Germain FILOCHE, BN UNEF 2005-2009, Léa FILOCHE, BN UNEF 2001-2004, Damien FLAMENT, UNEF 2004-2007, Astrid FRANCOIS-HIGELE, UNEF ID 1995-1998, Gweltaz FRIGOUT, BN UNEF 1999-2003, Laurent GARROUSTE, BN UNEF-ID 1987-1995, Raquel GARRIDO, BN UNEF-ID 1994-1997, Frédéric GENEVEE, UNEF 1986-1988, Dominique GERARDIN FGEL 1963-1967, Olivier GIRARDIN, Secrétaire général UNEF 1993-1994, Lionel GIRAUD UNEF ID 1995-2001, Nicolas GIRAUD, UNEF ID 1982-1988, Brice GIRAUDET, UNEF 2012-2014, Pierre-François GROND, BN 1987-1992, Stéphanie GOURDOL, BN UNEF 2002-2005, Juliette GRIFFOND, BN UNEF 2006-2009, Thibaut GUINE, UNEF 2014-2017, Nordine HATI UNEF ID 1995-2000, Benoît HAMON, 1986-1990, Mathieu HANOTIN, BN UNEF 2001-2005, Jean-Jacques HAZAN, BN UNEF-ID 1977-1985, Carole HAZE, BN UNEF-ID 1995-1998, Jean-Pascal HIGELE, UNEF ID, 1997-1998, Frédéric HOCQUARD, BN UNEF-ID 1993-1998, Jean-Jacques HOCQUARD Vice-Président 1960-1964, Farid HOUSNI, UNEF, 2000-2006, David HUYNH, BN UNEF 2001-2005, Guillaume HOIBIAN, BN UNEF 1988-1990, Bob INJEY, Président UNEF 1992-1994, Laurent JACQUEMIN, BN UNEF-ID, 1987-1991, Pauline JAGU- DAVID, BN 2012-2015, Charly JANODET, BN UNEF 2010-2012, Vincent JAROUSSEAU, Mila JEUDY BN UNEF 2004-2008, Babette JOSHUA 1963-1964, Samy JOSHUA, UNEF 1963-1964, Régis JUANICO, UNEF ID 1990-1996, Laurent KANDEL, UNEF 1984-1991, Pierre KANUTY, UNEF-ID 1990-1995, Gaëlle KERGUTUIL, UNEF 2005-2008, Nicolas KHALETZKY UNEF ID 2001-2002, Anne KOROBELNIK UNEF BN 1993-1995, Pierre Henri LAB, UNEF 1996-1999, Jean LABIB UNEF 1965, Fabrice LABROILLE UNEF ID 1996-2000, Bastien LACHAUD, BN UNEF 2001-2003, Laurent LALIBERTE, UNEF ID, 1987-1991, Mathieu LAPPRAND, BN 1999-2002, Malik LARABI BN UNEF-ID 1983-1987, Lilà Le BAS, UNEF Présidente 2016 2019, Sylviane LEJEUNE, UNEF, 1979-1981, Patrice LECLERC, Président UNEF-SE 1986-1988, Thierry LECRAS, Vice-Président UNEF 2008-2010, Alex LEGROS, UNEF ID 1987-1992, Didier LEVY, UNEF-UGE  1966-1970, Isabelle LORAND, UNEF 1986, Marianne LOUIS, UNEF ID 1989-1985, Silvère MAGNON, Secrétaire général UNEF 1998-2000, Emmanuel MAHEU UNEF 1976-1978, Joëlle MALVY BN UNEF-SE 1984 1986, Julie MANDELBAUM, Secrétaire Générale UNEF 2011-2014, Nathalie MAQUOI, UNEF 1997-2001, Raoul MARMOZ  UNEF-ID 1989-1996, Bastien MARCHINA, UNEF 2003-2011, Myriam MARTIN, UNEF-ID 1987-1993, William MARTINET, Président UNEF 2013-2016, Céline MARTINEZ, UNEF ID BN 1998-2001, Présidente de l’Association des Anciens de l’UNEF., Laurent MAUDUIT, Secrétaire général UNEF US 1975, Marianne MAXIMI, UNEF 2008-2011, Delphine MAYRARGUE, Vice-Présidente UNEF ID 1993, Jean-Luc MELENCHON, UNEF 1972, Anna MELIN, Secrétaire Générale UNEF 2008-2012, Olivier MEIER, UNEF 1988-1992, Nicolas MERIGOT, BN UNEF 2009-2015, Jean-Claude MERLE,  Vice-Président UNEF 1962-1963, Pierre MERY, BN UNEF 2011-2014, Camille MICLOT, BN UNEF 2004-2007, Franck MILLOT, BN UNEF-ID 1993-1994, Alain MONCHABLON, FGEL 1966-1967, Robi MORDER, UNEF ID BN 1980-1984, Cyril MOREL, BN 1990-1993, Nicolas MORVAN, UNEF ID, 1996-1998, Adeline NOURY, UNEF-ID 1999-2001, Lennie NICOLLET, UNEF 2010-2011, Florence OSTIER, UNEF 1977-1982, Emmanuelle PARADIS, BN UNEF-ID 994, Sébastien PARIS, UNEF 1992-1998, Yvan PAVIS, UNEF ID 1979-1985, Hélène PASQUIER, BN UNEF 2007-2009, Isabelle PAUTRAT, BN UNEF 1988-1991, Malvina PELAY, BN UNEF 2009-2012, Antoine PELLETIER, BN UNEF 2002-2005, Loïc PEN, Sécrétaire général UNEF 1992-1994, Mao PENINOU, BN UNEF-ID 1986-1993, Morand PERRIN, BN UNEF 2010-2012, Thomas PEREZ-VITORIA, BN UNEF ID 1991-1996, Raphael PEREZ, UNEF 1977-1979, Bertrand PERISSE, UNEF ID 1980-1982, Delphine PETIT, UNEF SE 1990-1994, Bernard PIGNEROL, UNEF ID Paris 1, Regis PIQUEMAL President UNEF-SE 1984-1986, Éric POLIAN, UNEF ID BN 1994-1999, Jean-Claude POLACK UNEF 1961-1962, Anaïg PIEDERRIERE, BN UNEF 2007-2010, Anne QUERRIEN, UNEF 1963-1966, Ali RABEY, UNEF 2003-2007, Pauline RAUFASTE, UNEF Vice présidente 2016-2018, Judith RAYMOND QUENTEL, UNEF 1988-1984, Patrick RAYNAL UNEF 1967-1968, Jacques REMY FGEL 1963-1964, Raphaëlle REMY-LELEU, 2011-2013, Eléonore REAL BN UNEF-ID 1994-2000, Lise RIBEAUD, Déléguée Générale de l’UNEF 2015-2016, Hervé RIGAUD, UNEF ID 1982-1985, Tiphain ROBERT, UNEF 2003-2009, Olivier ROUGIER, BN UNEF 2001-2005, Jean-Claude ROURE, Président UNEF 1962-1963, Danilo ROSALES, 1991-1993, Marc ROZENBLAT, Président de l’UNEF ID 1984-1986, Jean-Marc SALMON, Secrétaire Général UNEF 1964, Agnès SAURAT, UNEF 1985-1988, Elsa SEYS, BN UNEF-ID 1996-1998, Michel SERAC, Président UNEF US 1971-1975, Sayna SHAHRYARI, BN UNEF 2010-2013, Daniel SHAPIRA, Vice-Président UNEF US 1971-1975, Sylvie SCHERRER, BN UNEF ID 1986-1991, Eric SCHULTZ, UNEF 1992-1997, Denis SIEFFERT, Président UNEF US 1975-1978, Danielle SIMONNET, UNEF ID BN 1989-1995, Louis SOUCHIERE, BN UNEF 2014-2015, Antony SMITH, BN 1994-1997, Benjamin STORA, UNEF, 1970-1976, Philippe STIERLING, 1984-1986, Gabriel SZEFTEL, BN UNEF 2005-2008, Aurélien TACHE, UNEF 2006-2010, Sophie TAILLE POLIAN, UNEF ID, Jean François·TEALDI,, Leyla TEMEL, BN 2005-2006, Emmanuel TERRAY Cartel ENS 1956-1961, Georges TERRIER, BN UNEF ID 1982-1986, Laurent TERK, UNEF ID 1979 1985, Guillaume TESTA, BN UNEF ID 1996-1998, Marie-Noëlle THIBAULT FGEL 1960-1966, Alexandre THIEBAULT, Trésorier National UNEF 1999-2003, Isabelle THOMAS, Vice présidente de l’UNEF ID 1986, Mijo THOMAS, BN UNEF 1969-1970, Chloé TRIVIDIC, UNEF 2003-2006, Didier TZWANGUE UNEF ID 1980-1981, Antoine VALBON, BN UNEF 1981-1985, Benjamin VETELE, Vice-Président UNEF 2005-2007, Victor VIDILLES, Trésorier National UNEF 2006-2008, Marie-Pierre VIEU, UNEF SE Présidente 1994-1997, Frédéric VIGOUROUX, BN UNEF, 2001-2005, Jean VIGREUX UNEF-ID 1982-1986, WAHL Thierry, UNEF Renouveau, 1978-1979, Lauranne WITT, BN UNEF 2012-2015, Karel YON, UNEF ID BN 1997-2004, Jean-Claude ZANCARINI, UNEF 1966-1969, Michèle ZANCARINI-FOURNEL, UNEF 1964, Laurent ZAPPI BN UNEF-ID 1980-1982, Emmanuel ZEMMOUR, Président UNEF 2011-2014

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Fabien Roussel du PCF imagine pouvoir rafler la mise à Gauche

Constatant la faillite de la Gauche, le PCF va tenter une candidature de Fabien Roussel pour la présidentielle de 2022 et il tient à le faire savoir. Mais le PCF a été une composante de la Gauche gouvernementale, est-il encore crédible aux yeux des gens ?

Le PCF ne pèse quasiment rien dans le pays, mais il y a des restes. Quand on a été le premier parti de France, quand on a eu pendant des années et des années une hégémonie quasi totale sur la classe ouvrière et les classes populaires en général, alors forcément on conserve une certaine assise. Et en tous cas une capacité à être lucide sur la situation de la Gauche.

En l’occurrence, c’est une catastrophe, car la Gauche est complètement hors-sol, elle ne pèse plus rien et en plus elle est incapable de se remettre en question. D’ailleurs, elle est en train de s’effacer du paysage politique, prise en étau par le social-libéralisme d’Europe Écologie Les Verts et le social-populisme de la France Insoumise.

La direction du PCF le voit bien, mais au lieu de renverser la table et de participer à proposer de nouvelles bases, elle s’imagine que c’est l’occasion de tenter un coup. La candidature à la présidentielle 2022 du secrétaire national du PCF et député du Nord Fabien Roussel sera donc soumise au vote des militants PCF le 9 mai prochain, avec pour cela une campagne médiatique qui est lancée déjà depuis plusieurs semaines.

Fabien Roussel ne mâche pas ses mots pour appuyer son projet, en insultant toute idée de dynamique unitaire de la Gauche, tout projet de refonte collective. Dans le Journal du Dimanche du 21 mars 2021, il explique par exemple pourquoi il ne croit pas à une « primaire » de la Gauche :

« Je n’y crois pas. Pour moi, ce n’est pas la solution. Avec ces histoires de primaire, on met des pansements sans s’attaquer à la vraie maladie : si la gauche est faible aujourd’hui, ce n’est pas parce qu’elle est émiettée ; c’est parce qu’elle a déçu, qu’elle a été arrogante, en dessous de tout. C’est là-dessus qu’on doit d’abord travailler. L’événement de cette présidentielle, ce sera donc un candidat communiste. Une candidature apaisée, bienveillante et ouverte sur l’ensemble de nos concitoyens. »

Le constat de l’arrogance et de la déception est sans doute très vrai. Mais ce n’est pas en jouant les gros bras en posant sur la table une candidature « solo » que le PCF arrivera à quoi que ce soit. Pourquoi ? Car le PCF fait partie du problème, et non pas de la solution. Le PCF lui-même a participé ces dernières années à diluer la Gauche, à n’en faire qu’une caricature de ce qu’elle a pu être au 20e siècle.

C’est tellement vrai que Fabien Roussel présente sa possible candidature « communiste » sans être capable d’utiliser ne serait-ce qu’une seule fois le mot « capitalisme », ou encore le mot « bourgeoisie ». C’est ridicule.

Ce qu’il raconte est complètement insipide, d’une mollesse incroyable :

« Je souhaite porter ce combat pour que les valeurs de solidarité, de générosité et de justice redeviennent majoritaires. »

Alors qu’on est en pleine crise, c’est bien trop faible. Cela sans compter les mensonges. Si le PCF s’imagine qu’il convaincra les classes populaires en racontant que le problème des Français est la pauvreté ou encore « les jeunes qui font la queue pour manger », comme si la France était un pays sous-développé, il se met le doigt dans l’œil.

En réalité, le capitalisme est ultra développé en France, il est absolument partout. Les classes populaires sont elles-mêmes totalement intégrées à la grande marche du capitalisme. À leurs dépens bien sûr, mais pas au prix de leur pauvreté. La classe ouvrière française a bien trop d’acquis et de développement pour accepter un faible niveau de vie ; il faut vraiment être totalement déconnectée de l’Histoire et du quotidien des classes populaires pour prétendre l’inverse.

L’actualité des classes populaires, c’est qu’elles doivent assumer la démocratie pour elles seules, et mettre de côté la bourgeoisie qui mène le monde et la planète à leur perte. Mais assumer cela, c’est de l’engagement, du travail, des convictions profondes et complexes. Cela nécessite de se couper avec un train de vie et surtout un mode de vie petit-bourgeois, ce que les dirigeants du PCF n’envisage aucunement de faire.

Et pour cause : cela fait longtemps que le PCF n’est plus que le supplétif syndicaliste d’une Gauche bobo, urbaine, pro-migrants, pro-LGBTQ+, pro-art contemporain, racialiste, anti-police, anti-prolétaires, etc. Ce n’est pas comme ça qu’on arrachera les ouvriers à la passivité ou à l’extrême-Droite. Il faut un retour aux sources, aux fondements de la Gauche historique.

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La question des vaccins dans la concurrence entre pays

Derrière la question de la répartition des vaccins, il y a aussi les États en lutte pour le repartage du monde.

L’organisation Lutte Ouvrière aborde une question épineuse : celle de la capacité des États à exiger des entreprises la production de vaccins. L’article Contre la pénurie de vaccins, il faut réquisitionner les laboratoires ! pose une question de fond et propose une réponse concrète :

« En temps de guerre, il est arrivé aux États de réquisitionner et de prendre le contrôle de certaines industries pour les mettre au service de l’effort de guerre. Si ces réquisitions ont dépossédé temporairement les propriétaires bourgeois, elles se sont toujours accompagnées d’indemnités et de dédommagements conséquents. Eh bien, aujourd’hui, dans la guerre contre la pandémie, ce minimum-là n’est même pas imaginé !

Les trusts se cachent derrière le secret commercial et industriel pour échapper à tout contrôle. Les chefs d’État ne savent même pas combien de vaccins leur seront livrés, ni à quelle date, et ils l’acceptent car il s’agit du fonctionnement normal du capitalisme qu’ils défendent ardemment (…).

Pour lutter efficacement contre la pandémie et fabriquer les vaccins en masse, et cela au niveau mondial, il faudrait s’appuyer sur tous les centres de production existants et sur la planification. Les droits de propriété et la soif de profits d’une poignée de parasites richissimes s’opposent à ce qui devrait être un effort de production collectif. C’est un gâchis sans nom et c’est criminel car cette pénurie sera payée par des dizaines de milliers de nouveaux morts à l’échelle du monde.

Les bourgeois et leurs serviteurs politiques ont intérêt à ce que ce système perdure, mais pas les travailleurs. Contre l’impuissance du gouvernement, affirmons la nécessité de réquisitionner les laboratoires et de les faire fonctionner sous le contrôle des travailleurs ! »

Dans l’idée, on a un point de vue éminemment de gauche et c’est plutôt sympathique de voir un tel niveau d’exigence, surtout dans une période où pour beaucoup être de « gauche » c’est refuser le confinement.

Pour faire avancer toutefois la compréhension de cette question, on peut considérer qu’il faut ajuster la critique. En effet, il n’est pas exact qu’une intervention étatique permettrait la vaccination en masse. Il faut en effet six mois – un an pour mettre en place une unité de production de vaccins, en raison de la complexité. Bien sûr si on met les moyens, cela peut être raccourci, mais là n’est pas l’aspect principal et d’ailleurs plusieurs État comptent mettre en place de tels unités.

Ce qui compte essentiellement, c’est la soumission des laboratoires aux États. Lutte Ouvrière dit que ce n’est pas le cas, mais dans les faits on voit bien que c’est le cas. AstraZeneca est clairement dans les mains de l’État britannique qui oriente cela selon ses besoins (plus de 40% des Britanniques sont vaccinés), au point qu’Ursula von der Leyen, président de la Commission européenne, a menacé de bloquer les exportations de vaccins de cette entreprise.

L’Union européenne, au premier trimestre, a reçu seulement 30 millions de doses de vaccins d’AstraZeneca, contre 90 millions prévus, et au second trimestre ce sera 70 millions de doses au lieu de 180.

Pareillement, le vaccin de Pfizer-BioNtech dépend du bon vouloir américain (pratiquement le quart des Américains est vacciné). Et dans la chronologie de la crise sanitaire proposée par la revue pdf Crise, on voit aisément également comment la Russie (avec le Spoutnik – V) et la Chine (avec le Sinovac) jouent de la vaccination pour établir des rapports avec toute une série de pays dans le monde. Plus de cinquante pays se sont déjà tournés vers le Spoutnik – V… alors qu’en Russie, moins de 4% des gens sont vaccinés ! On reconnaît le sens des priorités.

C’est un aspect essentiel à la compréhension de la diffusion ou non des vaccins, et c’est d’autant plus complexe qu’il existe des accords secrets entre les entreprises et les États. La crise des vaccinations risque d’accentuer par conséquent encore plus la bataille pour le repartage du monde, et c’est même déjà le cas.

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Hauts-de-France: l’union autour de Karima Delli ou le suicide anti-populaire

Soutenir Karima Delli dans les Hauts-de-France, c’est tourner le dos aux travailleurs. C’est littéralement suicidaire.

« L’union de la gauche, c’est possible ! » : c’est la réaction de l’hebdomadaire L’OBS à l’union électorale PS-PCF-LFI-EELV pour les régionales de juin 2021 dans les Hauts-de-France, la députée européenne EELV (et présidente de la commission du transport et du tourisme au Parlement européen) Karima Delli étant la tête de liste.

Sauf qu’il n’y a rien qui soit de Gauche là-dedans. Il suffit de lire le communiqué commun de cette union pour le voir. Le climat, l’emploi, changer la vie des gens, cela ne veut strictement rien dire alors qu’on est en pleine crise sanitaire, que le peuple se tourne vers Marine Le Pen parce qu’il espère des changements très profonds, que le capitalisme est en crise et qu’en plus les grandes puissances vont dans le sens de la guerre !

Faut-il que la Gauche gouvernementale soit composée de bobos pour se placer dans les Hauts-de-France derrière quelqu’un qui, sur son compte Facebook, pour le 8 mars, journée de la femme, propose la vidéo d’une interview d’une patronne de pêche, celle d’une cheffe d’entreprise racontant comment lancer une « boîte », celle d’une étudiante en sociologie parlant d’une « société patriarcale », celle d’une directrice artistique qui fait des astuces Business et Motivation…

C’est une blague, jamais les travailleurs n’abandonneront l’extrême-Droite pour une telle candidate. C’est du suicide.

Europe Ecologie Les Verts a de plus très clairement comme ambition de faire de la Gauche son satellite. L’idée est que la France est en majorité de droite ou libérale, par conséquent seul un candidat libéral d’EELV peut l’emporter à la présidentielle, et donc toute la Gauche gouvernementale doit prêter allégeance.

La Gauche gouvernementale pourrait dire qu’il est hors de question de liquider sa propre histoire, mais l’attrait des élections est trop fort et elle a donc choisi de se soumettre. C’est inacceptable.

Une autre interprétation est impossible, car les Hauts-de-France sont historiquement un bastion populaire qui a toujours puissamment irrigué la Gauche. Le PCF prétend avoir un candidat à la présidentielle de 2022, La France Insoumise entend lever un nouveau mouvement populaire… De telles prétentions s’avèrent mensongères si dans le principal endroit de France où la Gauche peut faire exploser la situation, on se place derrière EELV !

Quand on pense en plus que La France Insoumise se veut totalement opposé aux socialistes, alors qu’il accepte un accord électoral avec comme découpage des places un tiers d’écologistes, un tiers de socialistes et le reste pour le PCF et La France Insoumise ! C’est une capitulation totale et la raison en est toute trouvée : il ne s’agit pas de faire triompher idées, mais de chercher des configurations pour avoir plus de poids lors de la présidentielle et pour une participation gouvernementale.

N’ayant pas de principes, la Gauche gouvernementale raisonne en termes d’opportunités. C’est un suicide dans un contexte de crise et ce n’est pas comme cela que les travailleurs seront arracher à l’extrême-Droite, sans parler d’affirmer un programme de Gauche pour la démocratie et le peuple.

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Régionales en Hauts-de-France : union PS-PCF-LFI-EELV autour de Karima Delli

Une unité électorale a été réalisée pour les régionales des 13 et 20 juin 2021 dans les Hauts-de-France.

Voici le communiqué de presse au sujet cette union électorale qui marque une soumission de la Gauche gouvernementale à EELV, un suicide anti-populaire. Suit le communiqué de Génération-s qui soutient l’union électorale.

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Allemagne: la Gauche historique balayée dans Die Linke

Les courants de la Gauche historique ont perdu pied dans le principal parti de la gauche de la Gauche en Allemagne.

Die Linke est le parti à gauche des socialistes en Allemagne ; il est né en 2007 des restes du parti dominant au sein de la République Démocratique Allemande et d’une scission de gauche des socialistes à l’Ouest. Sa ligne est celle d’une sorte d’alliance socialiste-communiste pour un socialisme démocratique, avec comme identité la Gauche historique. Il est à ce titre opposé au régime, même si son approche est réformiste.

Dans les sondages, Die Linke est à 8%, les Socialistes et les Verts tous les deux à 17%. La pression pour une « grande coalition » de ces partis est ainsi très grande. Les tenants de la Gauche historique refusent d’écouter les sirènes gouvernementales, au nom des principes, mais les courants post-modernes pensent pouvoir « peser » sur les questions sociétales… D’où un renversement de majorité au congrès (réalisé en ligne) de Die Linke de la fin février 2021, avec des conséquences ébranlant profondément ce parti depuis, au point que la question d’une scission est sur la table.

En effet, sur les 44 membres de la direction, aucun ne relève des courants de la Gauche historique ; en pratique cette dernière ne représente plus que 20% de Die Linke, principalement à travers :

  • la Plate-forme communiste, qui veut que le marxisme soit assumé, avec une culture très liée à celle de la RDA (Sahra Wagenknecht en est issue) ;
  • la Gauche socialiste, dont l’esprit est à peu près celui du programme commun français de 1981.

La Gauche historique a été battue par les multiples autres courants post-modernes appuyés par les « centristes » de la « gauche en mouvement » dont l’objectif est très clairement la participation à un gouvernement avec les Socialistes et les Verts. Un important soutien à cette démarche est la Gauche anticapitaliste, qui rassemble des gens très à gauche, mais dans un esprit éclectique, souvent philo-trotskiste.

Autrement dit, il y a un véritable conflit de ligne. Il y a d’un côté ceux pour qui Die Linke ce sont des valeurs bien ancrées et d’autres pour qui c’est un levier « émancipateur ». Les tenants de la Gauche historique posent de ce fait la question de la scission de manière ouverte notamment en raison de la question du militarisme et de l’OTAN. Pour eux, il est hors de question d’accepter la « neutralité » de l’État et du régime, pas question de cautionner l’armée allemande.

En théorie, le congrès ne modifie pas ce positionnement, dont les tenants de la Gauche historique se veulent les garde-fous. En pratique, le basculement est fait. Car tel n’est pas du tout l’essentiel pour les courants comme la Gauche émancipatrice, le Réseau de la gauche réformiste, etc., pour qui ce qui prime, ce sont les réformes sociétales. Entre maintenir des valeurs « passéistes » et accepter l’exigence des Socialistes et des Verts de soutenir l’armée allemande et l’OTAN, le choix est fait discrètement mais sûrement…

On trouve à l’arrière-plan l’expression d’un changement de génération. Les nouvelles générations, largement influencées par les courants post-modernes, se situent en dehors des traditions du mouvement ouvrier et sont de ce fait étrangères à la Gauche historique. Il y a également un poids croissant des milieux petits-bourgeois, au grand dam des tenants de la Gauche historique qui pensent qu’à continuer comme cela Die Linke se coupera entièrement de la classe ouvrière.

Il y a également la question Est-allemande. Il y a dix ans, la moitié des 60 000 membres vivait dans l’Est du pays, désormais ce sont 38%. Die Linke s’est toujours appuyé largement sur des bastions Est-allemands, désormais il a réussi à intégrer le paysage allemand en général, mais au prix d’être devenu un mouvement « témoignage » sans perspective stratégique.

D’où les deux options : revenir aux fondamentaux et surtout à la classe ouvrière, ou aller dans un sens de participation gouvernementale comme satellite des Socialistes et des Verts.

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Une semaine de questions sur le barrage à Marine Le Pen au second tour des Présidentielles

Le quotidien Libération a ouvert la boîte de Pandore en ce début de mois de mars 2021.

Au sens strict, la une de Libération avec « J’ai déjà fait barrage, cette fois c’est fini » date du 27 février 2021, mais les réactions ont suivi pendant toute la semaine et ont vraiment occupé les esprits. Et pour cause : Marine Le Pen est donnée perdante au second tour de la présidentielle de 2022 face à Emmanuel Macron avec 48% contre 52%. La différence est si faible qu’elle fait froid dans le dos et en plus on observe aisément que Marine Le Pen a compris qu’elle ne devait rien dire afin de ne pas se discréditer, le temps travaillant pour elle.

Son idée, c’est de paraître comme un recours qui assumerait de ne pas aller au conflit, qui ne modifierait pas les institutions, bref comme la continuité mais dans le changement. C’est un peu le programme commun de 1981 mais inversé. Elle a compris qu’elle avait perdu à la présidentielle de 2017 en raison de son refus de l’euro, voire de l’Union européenne. Les propos qui fâchent passent donc à la trappe.

Et, malheureusement, le refus catégorique de Marine Le Pen qui existait de par le passé s’effondre, surtout à Gauche. La raison est toute trouvée. Comme on le sait, la Gauche historique est d’une faiblesse complète. Les gens se définissant comme étant de gauche sont ainsi désorientés, largement poreux au libéralisme, au relativisme, etc. On trouve donc d’innombrables idiots utiles de l’extrême-Droite.

Tout est une question de mise en perspective.

Pour les gens liés à la Gauche historique, il faut faire barrage à Marine Le Pen au second tour, quitte à voter pour un libéral ou un conservateur. La question ne se pose pas ou plus exactement elle ne se pose plus. Les socialistes et les communistes ont appris de l’expérience historique si dramatique en Italie et en Allemagne. La réponse au fascisme s’appelle l’antifascisme et l’antifascisme est un front.

Il ne s’agit pas de soutenir Emmanuel Macron mais de ne pas se comporter face au fascisme comme Gribouille qui choisit de se protéger de la pluie en se jetant à l’eau.

Ce choix est celui des courants d’ultra-gauche (les anarchistes et les trotskistes), qui ont toujours par principe refusé l’antifascisme. Selon eux, l’antifascisme est une trahison. Il y a également désormais dans ce camp La France Insoumise, dont les dirigeants prennent un malin plaisir à ne surtout pas dire qu’il faut faire coûte que coûte barrage à Marine Le Pen. Enfin, il y a les courants post-modernes qui, focalisés sur l’écriture inclusive, les trans et les migrants, n’ont jamais ouvert un livre d’Histoire et ne s’intéressent de toutes façons pas au mouvement ouvrier.

Ultra-gauche, populistes et post-modernes servent dans les faits littéralement de cinquième colonne. Ils banalisent l’extrême-Droite, ils contribuent à ce que les terrains lui soient abandonnés, ils proposent ni plus ni moins que de lui laisser l’appareil d’État.

Une telle position est inacceptable et la fracture va toujours être plus claire alors qu’on va vers l’élection présidentielle. Elle va consister en un véritable affrontement de ligne. Il faut avoir conscience de cela alors que les enjeux se font toujours plus grands avec la crise.

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L’Arménie étranglée avec l’assentiment français

La France se présente comme l’amie de l’Arménie, et les Arméniens pensent que cela est vrai. Mais la France est une grande puissance…

Une école détruite à Stepanakert au Nagorny-Karabagh

L’amitié entre la « France » et « l’Arménie » remonterait au Moyen Âge. Ainsi, le dernier roi d’Arménie repose à Paris, plus précisément dans la basilique Saint-Denis, au côté des rois de France, dont il est le seul souverain à partager la nécropole.

Bien sûr, tout cela relève de pures allégations orientalistes, puisque si le Lusignan chypriote Léon VI est bien mort en exil à Paris, il ne fut roi que d’un Royaume des Arméniens de Cilicie quasiment fictif, sur lequel il ne régna même qu’au milieu des pires complots féodaux et que pour quelques mois, avant la chute finale de sa capitale, Sis, dans l’indifférence générale des Arméniens de l’époque.

Et si son cénotaphe trône aujourd’hui dans la nécropole royale française, ce n’est que par un obscur choix fait en 1817, en plein essor du romantisme, du fait du Conservateur des Monuments français de l’époque, Alexandre Lenoir.

Saint Denis (Île-de-France), nécropole royale de la basilique, Léon V. Lusignan couché, roi d’Arménie (Source Wikipedia)

Mais ce symbole est puissant, autant pour les Arméniens exilés en France, que pour comprendre l’imaginaire orientalisant qui entoure l’Arménie dans l’esprit des institutions françaises. Derrière l’idée d’Arménie, il y a celle de la Croisade, de l’Orient latin, de la profonde influence française en Orient, qui au-delà même du temps des Croisades, lie François Ier, Napoléon Bonaparte, puis encore Napoléon III, jusqu’aux mandats français en Syrie avec traité de Sykes-Picot, l’épisode du Musa Dag, etc…

Pour les Arméniens, la France, c’est la seconde patrie, le refuge, la protectrice des « Chrétiens d’Orient », la Légion et le sauvetage des rescapés du Musa Dag, la terre d’accueil des survivants du Génocide. Il y a cependant la réalité, celle de la France comme grande puissance…

Pour bien situer les choses, la stratégie actuelle de l’État français dans le Caucase est clairement de mettre tout en œuvre pour arrimer l’Azerbaïdjan aux alliés de l’OTAN. Ainsi, si la Russie reste encore le principal partenaire commercial de l’Azerbaïdjan, avec 16% de son commerce extérieur, la France n’en représente que 2%. Mais c’est une part en constante augmentation. Plus encore, si on considère les autres pays de l’Union européenne, cette part atteint presque 15%. Cela passe à 20% si on ajoute les États-Unis, voire 33% si on ajoute la Turquie.

L’Azerbaïdjan (source Wikipedia)

La France importe massivement du pétrole d’Azerbaïdjan, la part de ces importations a même augmenté de 20% en 2020. En échange, la France fournit du matériel de défense, c’est-à-dire de l’armement, officiellement pour sécuriser les sites de productions pétroliers. Tout type de marchandises confondues, les échanges commerciaux entre les deux pays représentent des centaines de millions d’euros de trafic, près de 750 millions à en croire les chiffres officiels.

Mais cela est encore sans même tenir compte des contrats de défense en tant que tels et des « licences » accordées dans ce domaines, qui se montent à plus de 200 millions rien que pour 2019, dont du matériel de tir de missiles et d’alerte. En outre, un contrat est en cours de négociation pour équiper la marine azérie de corvettes porte-hélicoptères de classe « Gowind », déjà commandés par les États du « bloc » pro-saoudien allié à la France (Égypte, Émirats Arabes Unis), pour près de 500 millions d’euros.

C’en est au point, que lorsque le président Emmanuel Macron était allé au sommet de l’Organisation Internationale de la Francophonie, organisé en 2018 à Yerevan par la République d’Arménie, il avait fallu envoyer l’ancien président Nicolas Sarkozy « rassurer » le dictateur azerbaïdjanais Ilham Aliev sur les intentions et les orientations de l’État français.

L’Arménie maintient une Artsakh autonome, mais l’Azerbaïdjan qui a récupéré les territoires autour entend s’en débarrasser à moyen terme (source : Wikipédia)

Il y a aussi bien entendu la question des données récoltées durant la guerre au Karabagh, qui a été un modèle du genre de la guerre anti-populaire : avec la situation d’une armée déployée dans un « théâtre » profondément hostile, mais qui parvient par un engagement militaire conventionnel à imposer sa victoire par la brutalité de son avance technologique, en évitant les agressions sur les populations civiles trop directes et médiatisées, et en se contentant d’occuper un terrain tenable car dépeuplé, mais stratégique pour étrangler la population civile hostile à plus long terme.

L’Arménie à ici complètement échoué sous ce rapport, en se laissant corrompre par la supposée protection de ses alliés, notamment la Russie, et par la conviction de la supériorité de ses troupes.

Si la guerre avait été une guerre populaire, elle aurait été un bourbier meurtrier pour l’Azerbaïdjan, mais ce scénario a été évité, stratégiquement par l’Azerbaïdjan, volontairement par l’Arménie, mal préparée à cette guerre et dont la population, et notamment la jeunesse, ne s’est pas mobilisée en masse pour défendre le Karabagh.

L’Arménie paie ici le prix de ses illusions et d’années de corruption orchestrées par des militaires vendus à la Russie en particulier, qui ont transformé Yerevan en casino, détruit les services publics et abandonnés les campagnes à la misère, tout en se présentant comme le bouclier du peuple à grand renfort de propagande militariste, qui a irrigué la culture populaire.

La région de la gorge du Hunot au Karabagh

Massivement, la population n’a pas adhéré à ce nationalisme outrancier et corrompu. Par la migration ou par les magouilles, elle a cherché à survivre et à résister, avant le grand soulèvement de 2018 qui a emporté le régime. C’est aussi ce soulèvement, incarné par la personne de Nikol Pashinyan, l’actuel dirigeant de l’Arménie, que la Russie a fait payé en laissant se faire presque jusqu’au bout, sinon avec son accord et son soutien, l’agression azérie.

Mais aujourd’hui, les militaires arméniens tentent de se remettre en selle, en accusant le régime de Pashinyan d’être ni plus ni moins « turc ». On voit sur les réseaux sociaux et même dans les médias du pays se multiplier les soi-disant nouvelles montrant ici un manifestant pro-Pashinyan « avec un accent turc », ou là une soi-disant intrusion de militaires des forces spéciales turques dans tel village isolé. Le tout alors que la Turquie d’Erdogan souffle sur les braises en soutenant Pashinyan…

Toutes ses manœuvres ne peuvent pas passer à côté de l’État major français, bien renseigné sur le Caucase du sud et l’Arménie. Ce qui se joue ici, c’est tout simplement une épuration ethnique concertée au Karabagh, que la France impérialiste laisse faire de facto, au nom de ses intérêts.

L’Arménie

Le régime français défend-t-il donc l’Arménie, donc en l’espèce l’État arménien et les populations arméniennes du Caucase ? Certainement pas. Même après la guerre de cet automne, la France prétend maintenir une position « équilibrée » selon les termes de sa diplomatie. C’est-à-dire que le business avec Bakou continue de se développer, y compris au plan militaire.

En février 2021, on a ainsi vu une délégation de parlementaires français venir parler affaires avec le régime d’Aliev, et prendre la pose sur le mémorial des « martyrs azéris » de la guerre contre l’Arménie, puis déposer une couronne aux pieds de la statue du père d’Ilham Aliev, Heydar Aliev, qui a dirigé l’Azerbaïdjan de 1993 à 2003, son fils lui ayant succédé.

Pendant, ce temps, le fond d’aide gouvernemental français qui « structure » l’aide apporté à l’Arménie a simplement accordé une aide matérielle consistant en de l’équipement médical et l’envoi de quelques personnels. L’Élysée, qui a pris en charge directement cette aide, ne communique même pas sur le montant total alloué, d’ailleurs constitué de l’aide déjà prévue, avec une courte rallonge, notamment alimenté par des dons de municipalités.

Ainsi, la ville de Paris a alloué en tout 80 000 euros, la ville de Lyon 30 000 et celle de Strasbourg 15 000, pour ne prendre que des exemples de grandes villes où les Arméniens sont nombreux. Ces sommes sont de fait dérisoires, même de simples associations sont parvenues à rassembler plus d’argent que certaines de ces villes et de toute façon, cela ne pèse rien en balance des intérêts commerciaux avec l’Azerbaïdjan et ses pétrodollars.

Rappelons que dans le même temps, Ilham Aliev annonçait depuis la ville conquise sur les Arméniens de Chouchi/Shusha une pluie d’investissement sur les territoires annexés en signe de leur nouvelle appartenance nationale : il est ainsi prévu un aéroport international, une nouvelle autoroute, des infrastructures touristiques, des musées…

Chouchi/Shusha en 1865

Il faut que les Arméniens de France regardent en face cela. La France approuve sans le dire trop ouvertement la fuite dans l’ordre des populations arméniennes du Karabagh. C’est bien ainsi que ce « réglera » le problème venant perturber les intérêts économiques. Il sera temps ensuite de partager ce que l’on peut de l’influence dans le Caucase entre les uns et les autres, et c’est ce « grand jeu » là qui compte pour les grandes puissances.

Mais le plus lamentable, c’est que cela convient aussi aux Arméniens. Et en particulier aux Arméniens de France. On les voit applaudir devant l’aide somme toute dérisoire accordée par la France, comme ils ont applaudi à ce vote parlementaire ridicule de la « reconnaissance de la République d’Artsakh » qui ne coûte rien. On les voit imaginer que la France aurait encore les moyens d’assurer un rôle en faveur des Arméniens, si seulement les Français pouvaient se « réveiller », si seulement les Arméniens pouvaient « s’unir » dans un lobby parlant d’une seule voie.

C’est là ne pas assumer la réalité caucasienne.

Carte des peuples du Caucase (source : Wikipédia)

Seule la perspective d’une grande fédération des peuples caucasiens peut faire exploser le nationalisme pantouranien et le régime corrompu d’Aliev. L’avenir des Arméniens, c’est la Fédération TransCaucasienne, démocratique et populaire, seule à même de faire se lever de l’Ararat à la Caspienne, de l’Araxe à l’Elbrouz, l’aube d’une nouvelle ère pour tous les peuples d’Orient.

Tout le reste est une fiction romantique paralysant face au jeu des grandes puissances utilisant le principe de diviser pour régner. Tout comme dans les Balkans, la haine interethnique est un outil pour le repartage du monde par les grandes puissances. Tout comme dans les Balkans, seule une Fédération populaire démocratique est la solution.

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Espagne : l’affaire Pablo Hasél

Une arrestation, des manifestations de protestations qui tournent à l’affrontement… L’affaire du rappeur Pablo Hasél reflète une situation bien particulière.

Ce qui est intéressant quand on voit comment l’affaire Pablo Hasél est présentée en France, c’est qu’on voit à quel point il y a une méconnaissance profonde de l’importance de se tourner vers l’Histoire et la culture pour comprendre les phénomènes. Les commentateurs français ne font aucun effort et réduisent l’affaire à un rappeur qui aurait tenu des propos vindicatifs à l’encontre du roi et qui serait tombé dans une machinerie judiciaire sans cœur. Sous-entendu : ce n’est pas en France que cela risque d’arriver.

En réalité, l’affaire Pablo Hasél s’appuie sur le fait qu’il y a en Espagne deux gauches radicalement séparées. En France, malgré les énormes différences sur le plan des idées, il y a toujours eu une sorte d’attraction-répulsion allant du Parti socialiste à l’ultra-gauche. Ce n’est pas le cas en Espagne où il existe un problème de fond : l’acceptation ou non de la transition démocratique à la suite de la mort de Franco.

Une gauche a dit : c’est une vraie transition, on s’intègre dans les institutions, le passé c’est le passé. Une autre a dit : on refuse, c’est fictif, c’est un Etat fasciste ayant pris un masque moderniste. C’est à cette seconde gauche qu’appartient Pablo Hasél, qui dans ses chansons met les pieds dans le plat. Il dénonce le régime comme fasciste, les policiers comme une sorte de milice nazie, et surtout il intègre dans ses propos une valorisation d’ETA, du PCE(r) et des GRAPO.

Une affiche de la mouvance du PCE(r)

ETA, c’est (ou plus exactement c’était) Euskadi Ta Askasuna, l’organisation militaire indépendantiste basque ; le PCE(r) c’est (ou plus exactement c’était) le Parti Communiste d’Espagne (reconstitué) qui a généré les GRAPO, les Groupes de Résistance Antifasciste du Premier Octobre, pareillement une organisation militaire. On parle ici d’un très grand nombre d’actions armées, y compris meurtrières, datant d’après la mort de Franco.

On notera ici qu’on dit « ETA » quand on en parle à gauche, et certainement pas « l’ETA » comme le font les médias ; cette petite nuance permet déjà de repérer qui en parle sérieusement ou pas. Et, donc, Pablo Hasél fait référence à ces groupes armés, parce qu’ils ont continué la lutte après la transition démocratique qu’il considère comme fictif.

Or, on s’en doute, l’Etat espagnol ne tolère pas plus de parler positivement des GRAPO que l’Etat italien n’autorise de parler des Brigades Rouges ou l’Etat allemand de la Fraction Armée Rouge. La sanction dans ces pays est immédiate : c’est soutien à une organisation terroriste, donc amendes, voire prison, à quoi s’ajoute un sacré paquet d’ennuis administratifs. Pablo Hasél a ainsi commencé à avoir des problèmes en 2011, il a été condamné à deux ans de prison en 2014, en raison qui plus est de ses dénonciations et insultes à l’encontre de la monarchie.

On notera qu’il n’est pas le seul à avoir été condamné pour cela. Pour ce même « soutien » aux GRAPO, treize rappeurs collectif La Insurjencia ont été condamnés, tout comme le rappeur Valtònyc désormais réfugié en Belgique. De nombreuses autres personnes ayant fait sur les réseaux sociaux des remarques ou des blagues considérées comme pro-terroristes ont pareillement subi les foudres de la justice espagnole.

Pablo Hasél a finalement vu sa peine réduite à neuf mois de prison et devant être arrêté, il s’est réfugié avec cinquante étudiants à l’Université de Lérida le 15 février 2021, pour finalement être interpellé le lendemain.

Cela a provoqué des manifestations violentes pratiquement chaque soir pendant deux semaines à Barcelone, ainsi qu’à Bilbao, Madrid, Valence. On l’aura compris : c’est la gauche ne reconnaissant pas le régime qui proteste. Le drapeau mis en avant est celui de la République espagnole, l’Etat espagnol est considéré comme fasciste ou terroriste, etc.

Inversement, l’avocate de Pablo Hasél, Alejandra Matamoros, s’est vue accusée par l’Association des victimes du terrorisme, le 1er mars 2021, de soutenir le terrorisme. Et la maire de Barcelone, Ada Colau, qui est de gauche, a dénoncé les violences, tout comme le chef du gouvernement Pedro Sánchez, un socialiste : on l’aura compris il y a un vrai clivage. Certaines forces libérales appellent à libérer Pablo Hasél pour mettre justement fin à tout cela, comme 200 personnes du monde culturel (Pedro Almodóvar, Javier Bardem…) , mais en Espagne c’est trop polarisé à la base pour que cela soit aussi simple.

Surtout que l’Etat espagnol n’est pas idiot et voit bien que l’affaire Pablo Hasél recompose toute une scène d’indépendantistes de Galice, du Pays Basque, de Catalogne, de communistes anti-régime plus ou moins pro-PCE(r), etc. Avec la crise, il y a une reprise de l’antagonisme et l’affaire Pablo Hasél a remis à l’ordre du jour une problématique censée avoir totalement disparu.

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L’échec du rassemblement du 20 février 2021 de Génération Identitaire

Malgré une énorme médiatisation, très peu de monde s’est mobilisé contre la dissolution de Génération Identitaire. Heureusement, même si cela montre que la France est hors sol.

Génération Identitaire, avec ses thèses « occidentalistes », a eu ces derniers temps un énorme succès dans les rangs de la Droite, développant également sa présence médiatique. Et pourtant, alors que le gouvernement entend dissoudre cette structure, elle n’a réussi à mobiliser samedi 20 février 2021 qu’autour de 1500 personnes à Paris.

Marine Le Pen avait pourtant elle-même protesté contre la mesure d’interdiction. Elle a, il est vrai, interdit aux cadres du Rassemblement national de s’y rendre. Rien n’empêchait cependant à la base du Rassemblement National ou à des gens de Droite de s’y rendre. Le 20 février 2021 aurait pu être une catastrophe historique, un jour clef pour l’union de la Droite et de l’extrême-Droite.

Heureusement, cela n’a pas été le cas. Mais nullement en raison de l’antifascisme. C’est le capitalisme lui-même qui a bloqué Génération Identitaire. Car en France, la politique se consomme et aucune structure n’arrive à exister en tant que tel.

Si l’on omet quelques très rares structures, forcément petites, qui œuvrent opiniâtrement à maintenir un cadre intellectuel et culturel, tout ce qui marche ne propose que du consommable. C’est vrai à l’extrême-gauche anarchiste ou anarchisante comme à l’extrême-droite, avec d’ailleurs une convergence dans le populisme consensuel. D’où les inévitables récoltes d’aliments pour des gens ayant socialement décroché, sur le mode de la charité chrétienne.

Quant au reste, si une action n’est pas utilisable par une personne présente pour une valorisation individuelle sur Facebook, Twitter ou Instagram, avec possibilité de la « liker », elle n’amène personne, elle n’intéresse personne, c’est comme si elle n’existait pas.

Or, qu’en reste-t-il derrière? Pas grand chose. Génération Identitaire paie ici le prix de sa superficialité : à ne proposer que du consommable, on devient soi-même consommation. D’où que le 20 février 2021 à Paris, il y avait même moins de manifestants que d’adhérents à Génération Identitaire (environ 2800 revendiqués). On ne fait pas de la politique en proposant une mentalité de petits groupes affinitaires jouant sur le folklore.

Tout cela n’est pas forcément rassurant pour autant. Car le fascisme, ce n’est pas tout le monde en uniforme, mais simplement la mort de la société civile, l’effondrement de toute capacité à prendre des responsabilités politiques et culturelles. Le fascisme, c’est une société d’individus isolés, relativisant tout, avec un Etat prenant des décisions technocratiques prétendument conforme aux intérêts des gens.

Si donc tant mieux que les gens n’aient pas choisis Génération Identitaire, ils ne l’ont pas pour autant pas choisi. En fait, ils sont indifférents. Et cela c’est terriblement dangereux. C’est la preuve que les Français sont prêts à confier leur sort à un sauveur suprême, qu’ils veulent refiler les clefs du pouvoir pour mener une vie individuelle tout à fait isolée.

Et c’est là un danger très concret, avec les élections présidentielles en 2022.

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Un «islamo-gauchisme» qui est en fait un clientélisme petit-bourgeois

La polémique sur « l’islamo-gauchisme » dans les milieux universitaires n’en finit pas.

L’appel de Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, à enquêter sur « l’islamo-gauchisme » à l’université a provoqué une terrible onde de choc dans la petite-bourgeoisie intellectuelle. Il y a une avalanche de commentaires et de dénonciation de la ministre.

Il faut dire que c’est en quelque sorte un coup de poignard dans le dos. Les libéraux se sentaient tout à fait à l’aise avec Emmanuel Macron, ils ne comprennent pas ce qui se passe. Le Huffpost défend par exemple vigoureusement le président de la République, accusant Frédérique Vidal de s’en éloigner.

« Quels risques les travaux sur le post-colonialisme font-ils courir à la société française alors même que le Président Macron est justement en train de s’engouffrer dans ce courant en proposant une liste de nouveaux héros “issus de la diversité”, des anciennes colonies et des outre-mer pour que les maires puissent les honorer à l’avenir?

À la tête de cette commission, il nomme même l’historien spécialiste du post-colonialisme, Pascal Blanchard qui vient de rendre sa liste au Président. »

Sauf que le problème, c’est que la société française implose et l’État doit bien chercher à freiner le processus… qu’il encourage de l’autre. Le problème de l’État, ce n’est pas « l’islamo-gauchisme » comme courant de pensée post-marxiste jouant sur les identités : cela, il l’apprécie forcément, puisque c’est opposé à la lutte de classes. Il l’a toujours soutenu, laissant se développer ces courants dans les institutions universitaires.

Son souci, c’est la délégitimisation de l’ordre public par « l’islamo-gauchisme ». Car, aux États-Unis, où on est à la bourse aux idées et aux communautés, la concurrence est toujours dans le cadre des institutions. Il y a de très nombreux espaces pour cela et tout le régime américain, anti-démocratique par excellence, repose sur le principe des lobbys.

En France, ce n’est pas le cas. Cela apporte ce que le gouvernement a qualifié de « séparatisme ». Cela nuit donc aux institutions… Et il faut y mettre un frein ! D’où la position de la ministre, puisque cette nuisance vient d’une partie des institutions elles-mêmes : les universités, qui sont des bastions des conceptions « intersectionnelles », identitaires-communautaires.

Le terme d’islamo-gauchisme est d’ailleurs un concept visant à masquer cela, en limitant la question à un seul aspect, celui du rapport à l’Islam.

Au sens strict, le terme ne correspond qu’à une tradition trotskiste, celle du SWP anglais, dont la branche française « Socialisme International » / Socialisme par en bas visait par exemple au début des années 1990 à réaliser un bulletin des mosquées. Ou alors on peut prendre le philosophe Michel Foucault tombé en adoration devant la « révolution » islamique iranienne de 1979-1980.

En réalité, par islamo-gauchisme il faut comprendre l’ensemble des idéologies « post-coloniales », « décoloniales », « intersectionnelles », identitaires-communautaires, LGBTQ+, etc.

Il suffit de voir les faits. Tout au long des années 2000, la Gauche historique se fait lessiver par la « gauche » post-moderne. Il est bien connu que l’effondrement de l’UNEF, le syndicat étudiant historique de la Gauche (avec l’UNEF « SE » et l’UNEF-ID), converge avec sa transformation en « mouvement de jeunesse » post-moderne.

L’UNEF n’a pas été le seul mouvement gangrené : c’est arrivé en même temps au syndicat CNT, qui a littéralement été déstructuré par cette lame de fond, dont le « Parti des indigènes de la République » a été l’un des grands vecteurs.

Entre anticommunisme forcené et fascination petite-bourgeoise pour les séparations, les micro-entités, il y avait tous les ingrédients pour la systématisation des valeurs post-modernes.

C’est donc très différent du concept d’ « islamo-gauchisme », inventé formulé par Pierre-André Taguieff au début des années 2000, au sujet de :

« Une alliance militante de fait entre des milieux d’extrême gauche se réclamant du marxisme et des mouvances islamistes de diverses orientations (Frères musulmans, salafistes, djihadistes). »

Ce n’est pas du tout de cela qu’il s’agit. Cette alliance militante n’a d’ailleurs jamais vraiment existé, c’est un fantasme alter-mondialiste ou une invention de l’extrême-Droite. En réalité, il y a simplement une convergence entre les courants post-marxistes, post-anarchistes, et les mouvements identitaires-communautaires, le tout sur une base petite-bourgeoise.

C’est du clientélisme, de la reconnaissance affinitaire, de l’agitation petite-bourgeoise. Pour la « gauche » post-moderne, la lutte des classes n’existe pas : il y aurait une « lutte des places » de la part d’individus. Ces structures considèrent d’ailleurs leur public comme des clients qu’il faut gagner à coups d’actions spectaculaires, des réseaux sociaux, des mobilisations irrationnelles, etc.

Forcément, cela sort du cadre en France où le libéralisme libertaire n’est pas aussi puissant qu’aux États-Unis ! Et c’est le sens de la question actuelle de « l’islamo-gauchisme ».

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La funeste blague bobo de «2022 ou jamais»

Les bobos proposent un concours à la Miss France pour l’union de la Gauche en 2022.

Par les temps qui courent, il n’est pas rare de voir les médias annoncer telle ou telle initiative de gauche, sans qu’on ne trouve rien ailleurs. C’est comme si agir c’était disposer d’un communiqué de presse réussi.

On a ainsi un article traînant hier sur différents médias, par l’intermédiaire de l’AFP, chez 20 minutes mais aussi chez Le Figaro sous le titre « Présidentielle: création de «2022 ou jamais» pour une candidature unique à gauche ».

On se dit alors que c’est très sympathique, puisqu’il s’agir de ne pas à avoir à faire face à Emmanuel Macron et Marine Le Pen, que donc il faut l’unité. On sait bien qu’on ne peut pas laisser les choses se dérouler telles quelles, sinon on va dans le mur. L’unité à Gauche est donc incontournable.

Sauf que… on apprend dans le communiqué de presse, ou l’article, on ne sait pas trop, que « 2022 ou jamais » est une structure de six salariés, avec des fonds levés à hauteur de… 300 000 euros. 300 000 euros ! Mais où ont-ils trouvé cette somme, et pourquoi ?

Le profil des gens aux manettes le révèle. Comme « directeur général » – on est dans l’esprit corporate – on a Martin Rieussec-Fournier, qui a fondé le « mouvement de jeunes consommateurs » dénommé « Générations cobayes ».

Et à l’origine de « 2022 ou jamais », on a le collectif Rencontre des justices, fondé par Samuel Grzybowski (professeur d’économie sociale à Sciences Po), qui agit depuis la fin de 2020 et se présente comme suit :

« 400 jeunes activistes et entrepreneur·e·s de toutes les causes portent un seul message : 
nous voulons faire gagner l’écologie et la solidarité dans la décennie à venir, à commencer par 2022. »

Ce n’est pas la Gauche, mais les entrepreneurs « branchés », bref les bobos. Plus exactement :

« La Rencontre des Justices, c’est un chantier hybride et sans précédent : la réconciliation de l’activisme et de l’entreprenariat social ; l’union de la solidarité et de l’écologie. »

Mais qu’est-ce que ça ? Ces gens ne se cachent donc même plus ! Ils ont pourri la Gauche ces trente dernières années en la rongeant de l’intérieur, et là ils se disent qu’ils peuvent apparaître aussi simplement ?

Surtout pour proposer une variante Miss France de cet ignoble principe des « primaires », comme on le lit dans Le Figaro :

« Une plateforme sera lancée début mars pour initier un processus de désignation d’un candidat commun aux partis de gauche. Il se décomposera en trois phases: l’écriture d’un socle programmatique commun, de mars au début de l’été; un «parrainage populaire» où tout citoyen pourra nommer une personnalité qu’il souhaite voir concourir, en septembre; et un tour unique à jugement majoritaire où tout citoyen pourra donner une note aux 10 finalistes retenus, en novembre. »

C’est donc quelque chose opposé à la classe ouvrière, à la Gauche historique, à la lutte des classes. On est là dans le funeste triptyque LGBTQ+ – migrants – écologie sociale typiquement petit-bourgeois.

Il est impératif de dénoncer ces initiatives anti-populaires qui ne font que contribuer à décrédibiliser la Gauche et à précipiter les masses vers la Droite. L’urgence de la reconstruction de la Gauche historique et de sa confrontation avec les bobos et leurs valeurs « post-modernes » apparaît chaque jour de manière plus prégnante !

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Dissolution de Génération identitaire: le Rassemblement national à la rescousse

Le Rassemblement National de Marine Le Pen a choisi de prendre partie pour Génération Identitaire menacée de dissolution.

Le ministère de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé au regroupement d’extrême-Droite Génération identitaire qu’il serait dissout le 26 février 2021, à moins qu’il n’argumente efficacement contre la mesure prise.

Cela ne changera pas grand chose car le coup avait été prévu : Génération identitaire, normalement le mouvement de jeunesse des « identitaires », a pris son « autonomie » il y a quelques années. Il sera facile de renaître sous une autre forme, et en particulier sous les auspices de l’extrême-Droite. En Autriche, les identitaires servent déjà depuis des années de pointe activiste du parti d’extrême-Droite électoraliste FPÖ.

La même tendance se profile ici, alors que les directions prises étaient totalement différentes, le Front national – Rassemblement national ayant préféré une ligne républicaine sociale. Les choses changent cependant avec la crise.

Le Rassemblement national a ainsi annoncé son soutien à Génération identitaire, même s’il « ne partage pas toutes les opinions exprimées ». C’est là un pas extrêmement significatif, car normalement c’était plutôt la joie de se débarrasser d’un concurrent. Et les opposants à la dissolution de Génération identitaire rassemblent d’ailleurs des gens qui à l’extrême-Droite avaient pris depuis quelques années des options très différentes : Florian Philippot, Marion Maréchal, Julien Rochedy, Bruno Gollnish, Robert Ménard, Gilbert Collard, Gilles-William Goldnadel…

C’est un véritable front qui se forme ici. Voici le communiqué du Rassemblement national, dont il faut bien cerner les éléments de langage :

« Le Rassemblement National alerte nos concitoyens attachés aux libertés fondamentales que sont les libertés de conscience, d’expression et d’association. Ces dernières sont en effet dangereusement remises en cause par la décision prise hier par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, d’enclencher la procédure de dissolution de l’association Génération identitaire.

Force est de constater que les fondements de cette procédure de dissolution ne sont pas juridiques mais politiques.

Peut-on ainsi considérer que dénoncer la politique d’immigration, défendre la priorité nationale, être attaché à la nationalité française pour les fonctionnaires ou s’opposer au droit de vote des étrangers rendent possible une dissolution ?

C’est pourtant sur la base de la « discrimination en vertu de la non-appartenance à la nation française que se fonde la demande de dissolution.

Doit-on admettre que l’on ne puisse plus faire un lien entre immigration massive et insécurité ? Or, la demande de dissolution reproche de présenter l’immigration comme un danger pour les Français.

Le RN rappelle que l’article 10 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen affirme que « nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi ».

Par ailleurs, une telle dissolution serait également contraire à la jurisprudence constante de la Cour européenne des droits de l’homme selon laquelle « la liberté d’expression constitue l’un des fondements essentiels d’une société démocratique et vaut même pour les idées qui heurtent, choquent ou inquiètent ».

Sur la base des arguments politiques et d’opportunité avancés par le ministre de l’Intérieur, ce sont de grands partis politiques français, d’autres associations, et au-delà tout lanceur d’alerte, qui demain pourraient être visés par de telles procédures arbitraires.

Le Rassemblement National ne partage pas toutes les opinions exprimées par l’association menacée par le ministre de l’Intérieur, pas plus qu’il n’approuve toutes ses actions et ses modes d’expression, mais une association n’a pas à plaire ou déplaire à l’opposition, pas plus qu’au gouvernement.

Une association et de façon générale tout citoyen, se doivent de respecter la loi et le cas échéant, d’être protégés par cette dernière.

C’est au nom de ce principe démocratique et protecteur que le Rassemblement National dénonce cette décision du ministre de l’Intérieur et alerte nos concitoyens. »

On se retrouve ici dans une orientation qui est celle du front de la Droite qui a déjà eu lieu dans les années 1920-1930 en Espagne, en Italie, en Allemagne. Dans ces pays, l’extrême-Droite a été galvanisée par une unité structurelle de différents groupes, allant des ultras-conservateurs aux nationaux-révolutionnaires. C’est la première leçon.

La seconde, c’est que la « Nouvelle Droite » des années 1980 a réussi son œuvre : modifier la ligne de l’extrême-Droite en refusant les discours ouvertement racistes au profit d’un discours ethno-différentialiste. Au 21e siècle, parler de la « remigration » contre le « grand remplacement » est la transformation hypocrite du slogan raciste « les Arabes dehors » des années 1980.

On est là dans une profonde dynamique de la Droite, qui a le vent en poupe depuis plusieurs semaines. Et ce n’est qu’un début…

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PSE Bridgestone: une victoire pour les ouvriers, une défaite pour la classe ouvrière

Les ouvriers se défendent de manière corporatiste et la perspective de classe est à zéro.

L’usine Bridgestone de Béthune emploie 863 personnes et les capitalistes japonais qui la possèdent ont décide de la fermer il y a cinq mois de cela. Bridgestone, qui fabrique des pneus et fait un chiffre d’affaires de 17 milliards d’euros, considère que l’usine n’est pas rentable.

Un Plan de Sauvegarde de l’Emploi vient d’être signé, avec des acquis pour les licenciés. L’entreprise japonaise va mettre 80 millions d’euros en plus des 110 millions prévus normalement.

Cela donne déjà pour les salariés 46 500 euros plus 2500 euros par année d’ancienneté ; en moyenne, les licenciés repartent avec 106 000 euros.

C’est une somme extrêmement conséquente, cinq fois la somme légale pour vingt ans d’ancienneté. Elle a d’ailleurs comme but la signature de l’accord, chaque salarié recevant la moitié et devant signer une déclaration d’abandon de toute poursuite contre Bridgestone pour recevoir l’autre moitié.

Il faut noter que c’est la même approche d’arrosage financier qui a été à l’œuvre chez Ford à Blanquefort en Gironde et Michelin à La Roche-sur-Yon en Vendée, alors que les Goodyear à Amiens -Nord avaient dû batailler juridiquement pendant sept années pour que le même dispositif existe.

Mais ce n’est pas tout. Pour Bridgestone Béthune, il y a également un dispositif de pré-retraite pour une centaine de salariés avec prise en charge d’une durée de sept ans, ou bien une allocation de 75% du salaire brut ainsi qu’un congé de reclassement de 21 à 24 mois.

Cet accompagnement dispose également de l’appui de la bourgeoisie elle-même, notamment du très droitier Xavier Bertrand, le président de la région des Hauts-de-France (avec le Nord, le Pas-de-Calais et la Picardie), qui a salué le PSE :

« Les indemnités versées par Bridgestone ne sont que justice, l’attitude exemplaire des salariés et de leurs représentants a été déterminante. Ce n’est qu’une 1ère étape. Nous devons tout faire pour les aider à retrouver un emploi et trouver un ou des repreneurs pour le site. »

Les salariés ont en effet été exemplaires… pour le capitalisme. Ils se sont comportés comme des gens de n’importe quelle entreprise, cherchant à défendre leurs intérêts individuels. Ils n’ont jamais politisé, chercher à donner de l’envergure à leur démarche.

Ils se sont comportés comme des ouvriers américains, vivant leur vie, car ayant les moyens de la mener, et essayant de la continuer tant bien que mal, sans rouler sur l’or, mais dignement.

Sur le papier, ce n’est pas critiquable. Sur le fond, c’est une faillite historique, une déroute totale de la classe ouvrière française. On ferme une usine ? D’accord, financez-nous socialement individuellement et cela ne pose pas de soucis. L’impact sur l’industrie ? Sur la réalité locale ? Sur la classe ouvrière qui continue de subir la pression ? Tout cela n’existe simplement pas.

Quant à la dignité – des ouvriers, de Bridgestone, de Béthune – n’en parlons pas. Voici le communiqué de presse de Bridgestone du 21 juin 2011 :

Bridgestone célèbre le 50ème anniversaire de l’usine de Béthune

Le 11 juin, Bridgestone célébrait les 50 ans de son usine de production de pneumatiques Tourisme de Béthune. Plus de 2 300 visiteurs de la communauté locale se sont présenté à la journée Portes Ouvertes qui marquait cet événement. Ils ont eu le privilège de participer à une visite guidée du site, de découvrir une exposition sur l’histoire de l’usine et d’assister à la cérémonie officielle.

Parmi les représentants locaux figuraient Jean-Michel Bédécarrax, sous-préfet de Béthune et Stéphane Saint-André, maire de Béthune. Bridgestone Europe était représenté par Ryutaro Ishii, Senior Vice President Manufacturing, et Yoshihiko Fujimoto, Vice President HR Europe & Corporate Affairs.

A son inauguration en 1961, l’usine de Béthune était un investissement vital et capital pour l’emploi de la région Nord de la France qui traversait alors une crise douloureuse liée à l’arrêt de l’activité minière. En 50 années, l’usine a produit plus de 241 millions de pneumatiques et employé 8 700 personnes dont certaines d’entre elles issues de trois générations de la même famille. Le site est aujourd’hui l’employeur le plus important de Béthune et le troisième employeur industriel du département du Pas de Calais.

« Nous sommes heureux que tant de résidents locaux soient venus pour cette occasion. Cela prouve l’importance de la place occupée par l’usine de Béthune dans cette communauté » a déclaré Bruno Capron, directeur général de l’usine.

Au début, l’usine de Béthune produisait 4 000 pneumatiques Firestone par jour et employait 640 personnes. Sa capacité de production s’est considérablement intensifiée pour atteindre, en 1973, 12 500 pneus par jour. En 1991, après l’acquisition mondiale de Firestone par Bridgestone, l’usine a produit son premier pneu Bridgestone. La production journalière était de 22 000 pneus.

Aujourd’hui, les pneumatiques Tourisme de haute performance, y compris les pneumatiques Hiver, représentent 75 % de la production. Avec un effectif de 1 300 personnes, la capacité de production est désormais de 25 000 pneus/jour.

10 ans après, l’usine ferme, cela s’arrête là, parce que les capitalistes l’ont décidé. Cela en dit long sur le caractère artificiel de la vie quotidienne dans le capitalisme, façonné comme idéologie pour les intérêts de l’accumulation.

Et les ouvriers l’acceptent, aussi simplement que cela ? Telle est la corruption par le capitalisme en France.

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Une triste fin de la grève à la raffinerie de Grandpuits

La grève se termine par un accord syndical conforme aux exigences du groupe Total. Voilà ce qui se passe quand on choisit les syndicat, OXFAM et Greenpeace au lieu du peuple.

C’est une des grèves les plus combatives de ces derniers temps, une grève pour laquelle beaucoup de monde s’est mobilisé. Et pourtant on n’y comprend rien du tout quand on s’y intéresse.

Il faut dire qu’il y a tous les ingrédients pour que les gens ne comprennent rien : des décisions purement syndicales d’un côté, le refus de la politique de l’autre. C’est à croire que tout a été fait pour qu’il n’y ait pas d’espace démocratique.

Essayons d’expliquer les choses simplement. La chose est ainsi faite qu’il y a bien eu une assemblée générale de la raffinerie Total de Grandpuits en Seine-et-Marne. Et c’est elle qui a décidé de la fin de la grève commencée il y a un mois et demi.

Une assemblée générale, c’est la démocratie des travailleurs dans une entreprise. Là, on se dit, soit, il y a une expérience de démocratie de la part du peuple travailleur. Peu importe les choix effectués, c’est très bien historiquement.

En pratique, par exemple, Total avait fait du chantage. La multinationale française a dit : attention, si vous n’arrêtez pas la grève, il y aura un recul sur les mesures sociales d’accompagnement concernant les 150 personnes qui vont être mises de côté.

Les travailleurs peuvent considérer qu’il ne faut pas perdre cela. C’est bien compréhensible !

Sauf que ce n’est pas aussi simple. Déjà, l’assemblée générale n’en a pas été une. Les travailleurs non grévistes… n’avaient pas le droit de vote. C’est le contraire de la démocratie populaire.

Ensuite, l’assemblée générale a été à la remorque de l’intersyndicale, qui se chargeait de négocier. L’assemblée générale n’a donc pas été une assemblée générale, mais une caisse d’enregistrements de la part des grévistes. Elle n’a pas fait vivre la démocratie du peuple.

Avec une telle approche, inévitablement à un moment donné la majorité tente de s’en sortir autant que possible, sans envergure. On surveille les négociations, on valide tel ou tel point de vue. Mais à un moment on se retire. Et, donc, la majorité des syndicats a accepté le Plan social pour l’emploi négocié syndicalement, et à l’assemblée générale ils se sont précipités pour faire passer la chose.

C’est inévitable vue la démarche. D’ailleurs, c’est Total et la CFDT qui ont annoncé la fin de la grève ! Ce qui veut tout dire.

On notera encore une fois le rôle de la CFDT dans son accompagnement moderniste de la restructuration capitaliste. La CFDT disait en septembre 2020 :

« TOTAL GRANDPUITS – GARGENVILLE : La CFDT n’acceptera aucune suppression d’emploi » !

En pratique, Total maintient cependant son plan tout en prévoyant divers plans et options et promesses pour les 150 salariés mis de côté, ainsi que les 300 travailleurs des sous-traitants voisins. Quant aux garanties, il n’y en a pas. La CFDT a un rôle d’agent de la restructuration dans les rangs des travailleurs.

Parmi les autres syndicats signataires, on a la CGT-Force Ouvrière et la CFE-CGC. Mais pas la CGT. Cela ne veut nullement dire que la CGT soit opposée à la restructuration, comme l’exposent ses soutiens d’ultra-gauche, notamment certains courants trotskistes qui n’ont cessé de présenter la grève de Grandpuits comme exemplaire.

En réalité, la CGT est simplement sur une ligne conservatrice, de type industrialo-nationaliste, avec comme base ceux qui ont profité grassement des accords syndicaux dans les entreprises.

D’ailleurs, que dit la CGT ? Elle considère ainsi que le Plan social n’est pas très clair et qu’il faut voir ce que va en dire la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi. Elle aurait préféré quinze jours de grève en plus.

Cela n’a pas de sens. Prétendre que la victoire peut encore sortir d’un tour de passe-passe administratif, c’est démobiliser. Il aurait mieux valu reconnaître la défaite, cela aurait eu plus de sens, pour tracer un bilan et tenter de relancer un prochain tour.

Mais il est vrai que les syndicats ont absolument tout fait rater à tous les niveaux, ce qui est inévitable. Au lieu d’avoir eu un pack avec tous les travailleurs unis par une assemblée générale, on a des syndicats négociant « au mieux » et avec un refus de mobiliser les masses.

D’où le scénario absurde du mardi 9 février, d’ailleurs. Ce jour-là une centaine de salariés de la raffinerie sont allés protester devant le siège de Total à La Défense. Tout cela donc alors que le Plan social pour l’emploi était en même temps validé !

Et la CGT, qui n’est pas en force à la raffinerie (c’est la CFDT qui l’est), s’est mise en tête, afin de renforcer artificiellement la lutte, de s’allier… à Greenpeace. Celle-ci accuse la multinationale française Total de « greenwashing » : Total ne serait pas vraiment écologiste dans sa démarche choisie et il faudrait donc soutenir la CGT à refuser le démantèlement de la raffinerie au profit d’une usine de production de biocarburants et en une usine de production bioplastiques, avec une usine de recyclage plastique et une centrale photovoltaïque !

Cela ne doit pas surprendre pourtant. Greenpeace, c’est une association multinationale à la stratégie opaque (clairement indirectement lié à certaines grandes puissances), au budget de 350 millions d’euros d’ailleurs.

Mais ce n’est pas tout. Le 9 février, on avait donc à La Défense le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, le directeur général de Greenpeace France, Jean-François Julliard… mais également Cécile Duflot, ancienne ministre EELV du logement et maintenant à la tête de l’ONG Oxfam France.

Oxfam est une ONG multinationale contre la pauvreté, enfin une ONG très britannique, qui a un budget annuel de… plus d’un milliard d’euros.

À un moment, il ne faut pas être idiot : ce n’est pas pour rien que des ONG anglo-saxonnes aident un syndicat à mettre des bâtons dans les roues de Total, une multinationale française (dont le président vient d’ailleurs d’annoncer un changement de nom, ce sera désormais TotalEnergies).

Ces associations richissimes, soutenus à coups de millions par des organismes divers et variés, soutenus par les médias, relèvent du grand jeu du « soft power » des capitalistes. Ne pas voir cela, ce n’est rien comprendre au capitalisme et à ses jeux par la bande.

Alors, demandons-le : quel rapport avec la lutte des classes ? Où est la compréhension de la restructuration capitaliste ? Où est le refus catégorique de toute autre décision que la garantie de l’emploi de tous les travailleurs, y compris ceux des sous-traitants ?

On parle de Total, une entreprise richissime, et on est pas capable de demander cela, en 2021 ?

Et ce n’est pas une question (simplement) de morale, de politique. C’est simplement que face à un monstre comme Total, toute autre position ne fait pas le poids. Cela va être une machinerie qui va clairement diviser les travailleurs et les briser. Toute autre position que la lutte, c’est accepter le broyage ! On ne combat pas une restructuration autrement que par le conflit à la bonne intensité !

Et quand on fait une assemblée générale, on ne confère pas les pouvoirs à l’intersyndicale, les syndicats s’effacent, devant la démocratie pour tous les travailleurs, grévistes ou non.

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Benoît Hamon trahit la Gauche pour EELV

L’opportunisme pro-EELV se généralise sans états d’âme.

Benoît Hamon sera candidat en juin pour les régionales sur la liste Europe Écologie-Les Verts. Ce sera dans les Yvelines et il sera même en seconde position, juste derrière Julien Bayou.

Naturellement, Benoît Hamon justifie cela en disant qu’il faut davantage d’écologie, qu’il faut une majorité clairement écologiste. Dans une interview accordée au Parisien, il assume cependant au détour d’une question ce qui est le réel arrière-plan : la liquidation de la Gauche par l’intermédiaire d’EELV.

« Vous ne craignez pas de vous faire vampiriser par Les Verts ?

Si l’on peut se diriger vers la création d’une grande formation écologiste et sociale, moi, comme Génération.s, nous nous en réjouirions. Il n’y a rien d’indépassable entre nous, le PS, les Verts et les Insoumis. »

Benoît Hamon précise d’ailleurs qu’il soutiendra le candidat de rassemblement prenant en compte son programme de revenu universel. Cela sera donc EELV.

Comment en est-on arrivé là ? C’est assez simple : Benoît Hamon est sympathique et sincère, mais il vit en bourgeois et Génération-s est composé de bourgeois. Le résultat en a été que la scission à gauche du Parti socialiste se ramène à un retournement par la liquidation. Incapable d’assumer l’orientation vers la Gauche historique, il y a l’attirance naturelle vers les valeurs post-modernes, une « écologie » pour relancer le capitalisme qui serait humanisé, etc.

Le principe du revenu universel relève tout à fait de cette approche individualiste. Il est né à l’origine dans la gauche italienne issue de l’Autonomie Ouvrière des années 1970, qui espérait dépasser le capitalisme en instaurant une sorte de communisme immédiat par le revenu universel.

Il a été repris par toute une flopée d’intellectuels de la « seconde gauche » (c’est-à-dire non liée au mouvement ouvrier), puis même par des courants ultra-libéraux de la Droite comme moyen de supprimer en échange la sécurité sociale et les assurance-chômage. Car, dans l’idée, on a une atomisation complète de la société, une société qui n’est d’ailleurs même alors plus qu’un simple mot pour désigner une myriade d’individus séparés les uns des autres, vivant chacun « différemment ».

Cependant, au-delà de cette question, ce qui compte c’est la réalité politique et il faut dire les choses comme elles le sont. Benoît Hamon poignarde la Gauche. N’ayant pas réussi à mettre en place une formation de gauche assez puissante, Benoît Hamon procède à une vente à la découpe au profit d’EELV. Les dernières élections internes de Génération-s reflètent bien ce processus.

EELV a en effet un objectif stratégique : former un appel d’air pour siphonner les cadres de la Gauche, en présentant les élections présidentielles comme incontournables et en disant que seul un candidat EELV peut parvenir à quelque chose.

C’est en appeler à l’opportunisme. C’est la lutte des places au lieu de la lutte des classes. Benoît Hamon s’est vendu tôt : il aura une bonne place. Pour EELV, il sert de poteau indicateur au reste de la Gauche : pour exister, venez à nous. Entre EELV et les populistes de La France Insoumise, la Gauche est d’ailleurs en train de se faire broyer.

Cela souligne d’autant plus la nécessité de défendre les fondamentaux et de ne pas se laisser contaminer par l’opportunisme et le populisme. Surtout à une époque où l’extrême-Droite avance à grands pas ! EELV ne fait pas le poids face au nationalisme et au militarisme et La France Insoumise n’en est qu’une sorte de variante ultra-sociale.

C’est vers le mouvement ouvrier et son histoire qu’il faut se tourner, pas vers EELV. Quant à l’excuse de l’écologie, elle ne tient pas une seule seconde. Car l’écologie passe aussi par la question animale et cette question est tellement subversive qu’elle porte directement en elle un conflit de classe. Ce n’est pas pour rien qu’EELV ne peut pas réellement en parler.

La question animale, l’écologie… c’est la question de la vision du monde pour une société entièrement nouvelle, où tout a été transformé. C’est quelque chose d’envergure. C’est donc quelque chose qui ne peut être porté que par la classe ouvrière.

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Annulation de la dette publique: la baguette magique plutôt que la lutte des classes?

Une poignée d’économistes européens dont le français Thomas Piketty ont publié une tribune pour réclamer l’annulation de la dette publique détenue par la Banque centrale européenne. C’est du populisme, qui vise à faire perdre du temps pour éviter à tout prix la lutte des classes.

Un coup de baguette magique, et hop disparus les près de 25 % de la dette publique européenne qui sont détenus par la Banque centrale européenne (BCE) ! La proposition a l’air farfelu, et elle l’est, mais Thomas Piketty et ses amis ont pourtant de l’audience. À tel point que la Présidente de la BCE a dû elle-même leur répondre dans une interview au Journal du dimanche le 7 février.

Ce que rétorque Christine Lagarde est très simple :

« L’annulation de cette dette est inenvisageable. Ce serait une violation du traité européen qui interdit strictement le financement monétaire des États. Cette règle constitue l’un des piliers fondamentaux de l’euro. Le traité européen a été accepté et ratifié librement et volontairement par les États membres de l’Union européenne. »

En effet, ce serait de son point de vue une catastrophe. Si les États européens s’amusent ouvertement à annuler des morceaux de dette (on parle ici de 2 500 milliards d’euros), cela aurait des répercussions immenses sur la monnaie et la capacité des États à emprunter de l’argent.

Une monnaie n’existe pas par elle-même, comme une abstraction coupée de la réalité. La monnaie est le produit de rapport économiques et politico-culturels complexes qui font qu’il y a une confiance en elle, en son fonctionnement, en sa capacité à représenter de la valeur, c’est-à-dire des richesses, des marchandises, des services, etc.

Si les États européens décident unilatéralement d’effacer un pan entier de leur dette publique respective sous prétexte qu’elle est détenue par la BCE, cela revient à casser les règles du jeu. Il ne s’agit pas ici d’être « pour » ou « contre », mais simplement de comprendre comment fonctionnent les choses.

S’il y a un traité européen interdisant strictement le financement monétaire des États comme l’explique Christine Lagarde, c’est pour une raison très simple. Les États européens ont créé la BCE pour faire de l’euro une monnaie reconnue mondialement, considérée comme solide, fiable, inspirant confiance, etc. La moindre des choses dans ce cas est donc de ne pas faire disparaître des euros par enchantement…

Thomas Piketty et ses amis économistes européens expliquent pourtant dans leur grande sagesse que ce n’est pas un problème. La BCE appartenant aux États européens disent-ils, ceux-ci n’auraient qu’à annuler leur propre dette. Voici comment ils le formulent :

« Les citoyens découvrent, pour certains avec effarement, que près de 25 % de la dette publique européenne sont aujourd’hui détenus par leur Banque centrale. Nous nous devons à nous-même 25 % de notre dette et si nous remboursons cette somme, nous devrons la trouver ailleurs, soit en réempruntant pour faire « rouler la dette » au lieu d’emprunter pour investir, soit en augmentant les impôts, soit en baissant les dépenses. »

Cela est doublement faux, et relève d’un populisme outrancier. C’est faux et populiste, car les économistes écrivant cela savent très bien que la BCE est indépendante juridiquement. Ce n’est pas une indépendance politique évidemment, mais ce qu’il faut comprendre, c’est que la BCE ne consiste pas en une sorte de compte en banque géant des États européens. « Nous » ne nous devons pas à « nous-même » 25 % de « notre dette » comme il est prétendu, car ces « 25 % de dettes publiques » détenus par la BCE n’appartient aucunement aux États européens. Cela n’aurait aucun sens d’être à la fois débiteur et créancier de la même dette, et on se demande comment ces économistes s’imaginent faire avaler de telles salades à la population.

Leur explication est fausse également car au sens strict, la BCE ne détient pas réellement cette dette dont il est question. On rentre ici dans un aspect très complexe, que se gardent bien d’évoquer Thomas Piketty et ses amis, mais c’est un point important.

Ce qui se passe en réalité, c’est que la BCE fait une création de monnaie pour acheter des morceaux de dette publique sur les marchés financiers. Elle le fait à grande échelle depuis de nombreuses années, ce qui à force représente des centaines de milliards d’euros. Ces milliards d’euros sont injectés dans l’économie, surtout dans les marchés financiers, et les morceaux de dette « détenus » par la BCE servent alors à justifier cet argent (c’est une sorte de garantie par équivalence).

Encore une fois, il ne s’agit pas d’être « pour » ou « contre », mais de comprendre comme les choses fonctionnent. Et ce qu’il faut comprendre ici, c’est que quand il est question de la dette publique « détenue » par la BCE, il est question de la monnaie « euro » elle-même et de sa valeur comme marchandise sur les marchés financiers.

Si la BCE annulait la dette publique des États européens (ce qu’elle n’a juridiquement pas le droit de faire de toutes façons on le rappelle), cela reviendrait à ce qu’elle dise : « en fait, un euro ne vaut pas réellement un euro, car nous changeons les règles du jeu et nous annulons 2 500 milliards d’euros sans équivalence par ailleurs ».

Cela paraît peut-être complexe à comprendre, mais au fond c’est très simple. Si les États sont endettés, c’est qu’il y a à un moment quelqu’un qui leur a prêté de l’argent. Une dette correspond forcément à quelque-chose, c’est la représentation d’une valeur.

La BCE s’immisce dans cet échange en monétarisant une partie immense de cette dette (en la « rachetant »), mais cela ne change strictement rien au problème. La BCE, quand elle « possède » de la dette publique, n’est qu’un intermédiaire. Elle ne peut pas faire « disparaître » par enchantement cette dette, sans qu’il ne se passe rien et que tout le monde y gagne comme le prétendent les économistes magiciens !

On peut très bien, et il le faudra, par la lutte des classes, faire un grand ménage et considérer que des pans entiers de la dette soient confisqués à ceux qui la détiennent. Seulement, c’est là une décision politique, qui revient à faire payer des gens en particulier. Posséder une dette (en fait une créance, une « dette » d’un État), dans l’économie actuelle, c’est posséder un actif, c’est-à-dire une richesse en tant que telle. On peut donc tout à fait confisquer des richesses, et donc confisquer les morceaux de dette publique à ceux qui la possèdent.

Mais pour cela, il faut la lutte des classes, il faut la classe ouvrière organisée et déterminée à prendre le pouvoir économique et politique à son compte, mettant en place de nouveaux rapports sociaux de manière démocratique. C’est une tâche ambitieuse, d’une ampleur immense, impliquant des changements en profondeurs qui sont le fruit d’un acharnement politico-culturel de longue haleine contre la bourgeoisie qui fera tout pour empêcher cela, car elle ne veut pas se faire confisquer ses richesses.

Cela n’a rien à voir avec les élucubrations populistes des économistes à la baguette magique, qui sont surtout des petits-bourgeois ayant une peur bleue de la lutte des classes !

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Tribune de Youth for Climate Paris: « Nous voulons une union de la gauche en 2022 »

Le groupe Youth for Climate Paris a publié une tribune sur le site du Journal du dimanche, pour réclamer une unité de la Gauche en vue des élections de 2022. On remarquera cependant qu’il est facile de réclamer l’unité sans se prononcer sur qui doit la porter, ni sur le contenu de celle-ci !

« Nous, jeunesse pour le climat, n’appelons aucunement à voter pour un parti et ne soutenons aucun parti. Mais aujourd’hui nous devons être réalistes et prendre en compte qu’une candidature de gauche unie, certes imparfaite, reste de loin meilleure que Macron ou Le Pen et permettrait de sauver de nombreuses vies humaines et non humaines à court, moyen et long terme.

Nous devons nous refuser à laisser les appareils de pouvoir à la droite et sortir de notre impuissance politique qui s’incarne par le cycle infernal de défaites politiques que nous encaissons, entre LPPR, réforme des retraites, lois contre le ‘séparatisme’, ou aide pour le permis de chasse, qui mutilent humains et non humains.

En délaissant les institutions politiques et étatiques à l’idéologie de l’oppression, autrement dit la droite, nous entrons dans un cercle vicieux où nos combats ne consistent plus qu’à rejeter la défaite, c’est-à-dire que ce que nous considérons aujourd’hui comme une victoire est en réalité une non-défaite, renvoyant en plus à un imaginaire qui rendrait désirable notre société actuelle. Nous affirmons ainsi partout que nous voulons à tout prix filmer les flics alors que c’est la violence étatique qui est le cœur du problème ; nous luttons contre la réforme des retraites en affirmant que notre système est l’un des meilleurs du monde alors même que nous sommes conscients de la précarité de nombre de nos retraités. Nos luttes se contentent de réagir à l’actualité que les dirigeants nous imposent, et qui nous empêche de gagner du terrain. Nous devons dépasser cette position défensive et gagner une capacité d’initiative en nous appuyant sur des perspectives alternatives tangibles.

Une conception matérialiste du monde exige de nous le fait de voir le réel en face sans l’usurper. Nous en arrivons à la conclusion que si nous voulons sortir de ces cercles vicieux pour former des cercles vertueux, ce qui apparaît aujourd’hui comme une nécessité, il nous faut avoir des dirigeants à la tête des appareils étatiques qui soient les personnes les plus proches de nos idées. Un mandat clair précisera la mission à remplir dans ces organes. Il s’agira notamment de contrôler les orientations politiques qui y seront décidées. Cela impliquera de ne plus avoir à centrer nos luttes sur des reculs que nous font concéder les gouvernants, et ainsi mener une politique de conquête à travers le militantisme. C’est pourquoi nous voulons une union de la gauche en 2022 et nous croyons que s’insérer dans cette lutte précise est une condition sine qua non pour l’avancée concrète de nos luttes de manière générale, à travers les modes d’actions spécifiques à nos mouvements.

Nous ne nous reconnaissons pas dans les guerres d’égo qui animent les candidatures de gauche, nous sommes lassés de voir celles et ceux qui prétendent représenter la gauche se battre entre elle et eux, et avoir comme objectif unique de se mettre en avant, leur personne et leur parti. Les luttes progressistes découlent dans leur ensemble de récits menés collectivement. Sur le terrain nous ne cessons pas de nous rapprocher, de travailler ensemble, de faire des alliances, de s’écouter et de se prêter nos voix. Le gage de notre réussite réside en un rapprochement sur le terrain politique également.

À vous qui prétendez représenter la gauche : vous ne représenterez rien ni personne tant que votre seul objectif sera de mettre en avant votre parti. Il en va de vos responsabilités. »

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Politique

Michel Le Bris ou le succès du renégat

Le parcours de Michel Le Bris correspond à toute une époque, celle où ceux qui ont tourné le dos à mai 1968 ont obtenu une immense reconnaissance.

Né en 1944, Michel Le Bris est décédé à la fin janvier 2021 et ses obsèques viennent de se tenir. Peu connu du grand public, son parcours est pourtant représentatif de tout un état d’esprit historique : celui des renégats de mai 1968 se fondant dans un capitalisme qu’ils dénonçaient pourtant.

Initialement, Michel Le Bris est diplômé de la meilleure école de commerce française HEC et devient rédacteur en chef de la revue Jazz Hot. Il fait donc partie des gens les plus élevés culturellement à une époque terriblement élitiste dans les possibilités d’accès à la culture.

Il est alors attiré – comme beaucoup de jeunes de la toute petite minorité étudiante – par le maoïsme. Pour en saisir l’esprit, il faut regarder le film La Chinoise de Jean-Luc Godard.

Michel Le Bris est donc un cadre de la Gauche Prolétarienne, il prend à ce titre la direction de la Cause du peuple, le journal de la Gauche Prolétarienne, alors que le précédent directeur est allé en prison pour cette activité. Il lui arrive la même chose et ses huit mois de prison lui valent un immense prestige en France, où il est considéré comme un prisonnier politique.

Il participe ensuite au journal J’accuse, qui est une Cause du peuple en totalement populiste de la Gauche Prolétarienne qui s’est auto-dissoute et abandonne tout du genre au lendemain afin de ne pas suivre une voie qui sera justement celle de ses stricts homologues allemands et italiens (la RAF et les Brigades Rouges).

Michel Le Bris, fort de l’expérience acquise, participe alors aux côtés des restes post-maoïstes à une nouvelle aventure, celle d’une rébellion intellectuelle dans le système. Il est là lors du lancement du quotidien Libération, qui vient également de la mouvance maoïste historique. Il se place même au cœur de cette mouvance post-maoïste avec ses ouvrages (Occitanie : Volem Viure !, Les Fous du Larzac, La Révolte du Midi) et sa direction, avec le philosophe Jean-Paul Sartre (lui-même un soutien de la Gauche Prolétarienne), de la collection « La France sauvage » (éditions Gallimard puis presses d’aujourd’hui).

Il est alors un intellectuel devenu post-marxiste, anti « totalitaire » et tourné vers les vrais gens se révoltant, etc. Il est à ce titre très apprécié par la seconde Gauche (celle qui ne vient pas du mouvement ouvrier), tout à fait contente d’être renforcée par ces gens ayant fait défection du maoïsme. Michel Le Bris est ainsi collaborateur du Nouvel Observateur de 1978 à 1986, l’organe de la seconde gauche.

C’est alors l’intégration complète dans le capitalisme, où Michel Le Bris agit dans le domaine culturel en faisant la promotion de l’esprit individualiste. Il est conseiller littéraire chez les éditions Grasset, directeur de programme des programmes de FR3 Ouest de 1982 à 1985, romancier (une cinquantaine de romans, d’essais, de biographies), organisateur d’un festival de littérature à Saint-Malo (Étonnants Voyageurs),  directeur du centre culturel de l’abbaye de Daoulas dans le Finistère de 2000 à 2006, etc.

Il a dans ce cadre beaucoup valorisé le romancier écossais du 19e siècle Robert Louis Stevenson (L’Île au trésor), les histoires de flibustiers, bref il a joué sur les poncifs du rebelle poète et d’une Bretagne s’imaginant, à part, encore authentique, etc. Il y a à ce titre une avalanche de salutations « bretonnes » en mémoire de Michel Le Bris, dont voici un exemple avec Anne Le Gagne, conseillère municipale de Saint-Malo et conseillère départementale : 

« Michel Le Bris, c’était l’âme bretonne, l’amour fou de la littérature, le goût de la liberté, de la fraternité, de la poésie, des autres, l’homme aux semelles de vent. »

Tout cela n’a aucun contenu à part le nombrilisme et cela en dit long sur comment la cause de la lutte de classes a été tronqué contre un narcissisme poétique à prétention existentialiste. Le capitalisme ne pouvait que saluer une telle position de renégat.

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Politique

Fiasco total de la CGT le 4 février 2021

L’initiative de la CGT d’une mobilisation marquante a échoué.

Totalement raté. Il n’y a eu que quelques milliers de personnes à se mobiliser à l’appel de la CGT (mais aussi notamment de la FSU et de Solidaire) le 4 février 2021, dans une ambiance terriblement morose. Quelques milliers à Paris, autour d’un millier de-ci de-là (Bordeaux, Lyon, Marseille, Nantes, Rennes, Saint-Etienne, Toulouse…), cela n’est pas la preuve d’une explosion sociale en cours. Le cœur n’y était d’ailleurs vraiment pas.

On peut bien entendu forcer les choses et raconter n’importe quoi, tel Simon Duteil, co-délégué général de Solidaires, pour qui le syndicalisme est l’avant-garde d’un grand bouleversement : « On est dans une dynamique qui peut paraître lente dans une période où tout est compliqué », cependant l’initiative du 4 février 2021 serait « le sommet de l’iceberg en terme de colère sociale ».

Pour le froid social, on l’a. Pour le reste, autant constater avec réalisme, comme Yves Veyrier, secrétaire général de la CGT Force Ouvrière, qu’aucune condition n’est remplie pour une mobilisation. Ou alors on peut, encore mieux, envisager les choses sous un autre angle.

En réalité, le syndicalisme ne correspond pas à la nature de la crise. On est dans une situation d’implosion sociale. La société française est crispée, inquiète, tendue, mais elle n’est pas encore touchée par la grande vague de restructuration du capitalisme qui se profile. Elle sait pourtant que cela va arriver. Elle est en même temps totalement perdue car sa croyance en l’éternité du capitalisme social à la française était absolue.

On a donc une crise de civilisation. Alors, évidemment, le syndicalisme ne suffit pas, car le syndicalisme ne propose rien en termes de valeurs, en termes de culture, en termes de vision du monde. L’ère des masses qui a existé dans les années 1920-1940 et qui revient est très précisément la bataille pour la vision du monde.

Toutes les valeurs s’effondrent, les gens craquent mentalement, délirent psychologiquement, c’est la fuite en avant et il n’y a pas de repères culturels et idéologiques pour rattraper le tout. Emmanuel Macron, qui n’a pas décidé du troisième confinement, l’a très bien compris, d’où sa reculade.

Mais ce n’est pas l’explosion sociale qui est redoutée. Comment pourrait-elle avoir lieu alors que la Gauche est brisée, qu’il n’y a pratiquement aucun cadre politique de Gauche, que l’impact de la Gauche est dérisoire ? Seuls les spontanéistes peuvent croire à une telle fable. Non l’inquiétude des dominants c’est que l’implosion sociale se prolonge tellement qu’il se provoque des déchirures irréparables dans la société française.

Les choses peuvent déraper : voilà la réalité sociale française. Alors, forcément, le syndicalisme, dans tout ça…