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Les communiqués syndicaux appelant à la grève du 5 décembre contre la réforme des retraites

La grève du 5 décembre prochain contre le projet de réforme du système des retraites s’annonce massive. Les syndicats et notamment la CGT prévoient dore et déjà une forte mobilisation, ainsi qu’un grand soutien de l’opinion publique.

Rappelons que les préavis déposés concernent tous les secteurs : ce sont l’ensemble des salariés qui sont appelés à se mobiliser. Si une paralysie complète des transports est envisagée, le succès de la grève dépendra évidemment de sa généralisation.

Voici le communiqué intersyndical. Rappelons que s’il est parlé d’une « première journée de grève » avec l’idée de mobiliser ensuite, les préavis déposés sont reconductibles et de nombreuses assemblées générales de grévistes sont déjà prévues.

« Les organisations syndicales et de jeunesse s’engagent à construire un plan d’action contre le projet de réforme de retraites par points et pour gagner un renforcement, une amélioration du système actuel de retraites solidaire et intergénérationnel.

L’émergence et la construction de luttes dans les différents secteurs professionnels, montrent la nécessité d’apporter des réponses aux salarié-es en termes d’emploi, de salaires, d’égalité entre les femmes et les hommes, de conditions de travail… Autant de sujets qui sont étroitement liés aux questions de la retraite et que l’actuel projet de réforme gouvernemental aggravera.

Les organisations vont initier et impulser des assemblées générales sur les lieux de travail et d’études, des débats publics sur tout le territoire, des interpellations des élu-es locaux et nationaux, des initiatives de sensibilisation de toute la population pour échanger sur la réforme et sur les modalités d’actions et de riposte collective.

Les organisations syndicales et de jeunesse (CGT, FO, FSU, Solidaires, FIDL, MNL, UNL, UNEF) appellent l’ensemble des salarié-es du secteur privé comme du secteur public, des retraité-es, des privé-es d’emploi, des jeunes, a une 1ère journée de grève interprofessionnelle le jeudi 5 décembre 2019. »

Voici également l’appel du Comité confédéral national de la CGT :

« Retraites, Emplois, Salaires, Conditions de travail… En grève dès le 5 décembre, agissons pour le progrès social !

Partout en France, les luttes en cours contestent les choix politiques du gouvernement, des directions d’entreprises et du patronat. Augmentations salariales, amélioration des conditions de travail, diminution du temps de travail, maintien et développement de l’emploi, défense des services publics, égalité femmes/hommes, reconquête de l’industrie et de notre protection sociale constituent les principales revendications.

Le gouvernement mène une politique au service exclusif des riches et de la finance. Sa politique vise la remise en cause des conquis sociaux et des solidarités. Il met en opposition travailleurs/travailleuses et privé-e-s d’emploi, actifs/actives et retraitée-s, ouvriers/ouvrières ou employé-e-s et cadres, salarié-e-s du public et du privé, celles et ceux qui sont aujourd’hui dans le monde du travail et celles et ceux qui y seront demain…

Le gouvernement tente aussi de faire diversion en instrumentalisant la question de l’immigration, envisageant l’instauration d’une « immigration choisie » et de « quotas d’immigration »… Des thèmes qu’il empreinte sans retenue à l’extrême-droite en pleine polémique lancée sur la question du port du voile et de l’Islam.

Malgré un rapport du défenseur des droits qui révèle l’ampleur de la discrimination dans les entreprises et administrations, le pouvoir politique conjugue répression syndicale et atteinte au droit de manifester. Il rend possible, voir incite à des situations de discrimination et de répression syndicale dans les entreprises et les administrations. Il porte atteinte à la démocratie sociale et refuse de répondre aux aspirations exprimées par le monde du travail.

Le CCN de la CGT appelle l’ensemble des travailleurs/travailleuses, des privé-e-s d’emplois, des retraité-e-s et la jeunesse à se mobiliser partout en France, par la grève, la mobilisation et la participation aux manifestations, le 5 décembre prochain.

D’ici le 5 décembre, le CCN de la CGT appelle à poursuivre la construction de l’action par la tenue d’Assemblées Générales dans les entreprises, les services publics et les administrations, pour que les salarié-e-s et agent-e-s décident, sur la base de leurs revendications et dans l’unité, des modalités des actions, de la grève, de sa reconduction pour un mouvement qui s’inscrit dans la durée afin de gagner le progrès social.

Le 6 décembre, une intersyndicale nationale se tiendra, les syndicats sont invités à organiser des Assemblées Générales unitaires afin de décider collectivement des suites de la mobilisation.

Le 7 décembre, le CCN invite à participer massivement à la manifestation nationale contre le chômage, la précarité et pour une reconquête de la sécurité sociale protégeant des risques de la vie. Il invite aussi aux initiatives locales qui seront organisées sur le territoire.

La convergence des mobilisations sociales est une nécessité pour gagner sur les revendications. Elle doit se faire avec toutes les organisations syndicales qui portent cette même aspiration ainsi qu’avec l’ensemble des forces politiques de progrès, le monde associatif et les mouvements citoyens, à l’instar de l’appel à la convergence des Gilets Jaunes dans leur déclaration du 3 novembre dernier.

Les ingrédients sont réunis pour réussir un grand 5 décembre, ce qui donnera le ton des suites de la mobilisation.

Les mobilisations et grèves du 5 décembre porteront l’exigence du rejet « en bloc » du projet gouvernemental de réforme des retraites qui impactera fortement, durablement et négativement le niveau des pensions de toutes et tous, que l’on soit issu du secteur public ou du secteur privé.

La CGT se bat pour une autre réforme des retraites et porte un ensemble de revendications, notamment : un départ à taux plein à 60 ans, une prise en compte des pénibilités, des années d’études et de précarité, une augmentation générale des pensions…

Si la loi contraint le secteur public et les services publics à la pose de préavis de grèves et/ou de déclarations préalables, il n’en est rien pour les salarié-e-s du secteur privé qui peuvent librement cesser le travail, s’organiser et participer aux manifestations.

Ce combat est celui de toutes et tous, car ce projet de réforme est l’incarnation d’un choix de société où les solidarités laissent la place au « chacun pour soi », où l’insécurité sociale l’emporterait sur notre sécurité sociale.

Montreuil, les 5 et 6 novembre 2019 »

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La médiocrité petite-bourgeoise a contaminé la Gauche

La Gauche a toujours assumé la grandeur d’esprit, un regard historique plein d’ampleur, l’exigence de la raison, ainsi que le besoin d’un haut niveau de connaissances. L’ancrage social de la petite-bourgeoisie en France a amené celle-ci à faire une irruption dans la Gauche qui a anéanti tout cela, au nom d’un pragmatisme censé amener des résultats, mais ne provoquant que défaites et populisme.

Il a toujours existé en France une tradition populiste, dont l’expression la plus développée fut le syndicalisme révolutionnaire. La politique, cela ne servirait à rien, il faudrait faire simple, le plus simple possible, se mettre au niveau le plus bas, pour toucher le plus de monde possible. Vouloir une organisation avec des positions très développées serait contre-productif et même carrément nocif, car faisant triompher les intellectuels.

Malgré cette prétention syndicaliste révolutionnaire – ou syndicaliste tout court puisque le syndicalisme français vient de là – il n’a jamais existé en France de structure populaire atteignant une ampleur massive. Les syndicats actuels se veulent ainsi représentatifs de tous les travailleurs, mais leurs adhérents ne forment qu’un nombre limité. Et cela a toujours été le cas.

Qui plus est, au nom d’être en mesure de s’adresser à tous les travailleurs, cette approche réduit toute la réflexion à sa portion congrue, évitant tout « intellectualisme », mais permettant alors en réalité le succès de la médiocrité petite-bourgeoise.

Le style pastis-merguez de la CGT n’est en effet nullement populaire. Quand on s’organise en tant qu’ouvrier on fait les choses sérieusement – ou bien on ne les fait pas. Se comporter de manière dilettante est un luxe qu’aucun ouvrier ne s’accordera, ou alors il le fera dans son temps libre, et pas pour s’occuper de politique ou d’économie ou quoi que ce soit encore. C’est d’ailleurs pour cela que les ouvriers restent à l’écart de tout cela, que depuis les années 1950-1960 ils évitent la politique.

La seule grande politique ouvrière qui restait, c’était la CGT, mais dans un grand compromis avec le vécu petit-bourgeois, faisant du petit-bourgeois pavillonnaire le grand objectif d’élévation sociale des ouvriers. Seule une poignée de mouvements « gauchistes » ont essayé, avant et surtout à partir de mai 1968, de provoquer des électro-chocs, pour aller de l’avant du côté ouvrier. Comme on le sait, ce fut un échec.

Et on se retrouve maintenant avec une Gauche lessivée sur le plan des idées, avec une tradition ouvrière de cinquante années à ne rien faire, avec une petite-bourgeoisie disposant de décennies de vécu, mais n’ayant toujours pas de constance, de caractère. Ce qu’elle est vaniteuse, pourtant ! La Gauche aurait dû démolir directement les gilets jaunes, en disant : quoi, vous prétendez du jour au lendemain et sans efforts faire mieux que Léon Blum et Maurice Thorez, que Jean Jaurès et François Mitterrand, que Georges Marchais et Henri Krasucki ?

Cela ne fait pas forcément rêver, dirons certains. Peut-être, mais dans tous les cas la classe ouvrière a les dirigeants qu’elle mérite. Ceux-ci sont forcément à son image et ce n’est pas en visant un socialisme par l’intermédiaire des municipalités et des départements qu’on s’ancre dans l’Histoire.

Voilà pourquoi, alors que des défis historiques se posent en France, on va au désastre ! À moins de reconstituer la Gauche historique sur une base solide, avec des exigences de haut niveau, en imposant à la petite-bourgeoisie qu’elle soit soumise, qu’elle cesse de contaminer sa médiocrité.

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Le suicide n’est pas une forme politique

La tentative de suicide d’un jeune est une chose horrible, c’est un drame qui est une expression de désespoir. Cela ne saurait être autre chose. Y voir un caractère politique, comme avec la tentative de suicide d’un syndicaliste étudiant à Lyon, c’est accorder une valeur à l’autodestruction, ce qui est totalement étranger historiquement au mouvement ouvrier.

Le syndicalisme étudiant, en cherchant à mobiliser autour de ce drame, témoigne qu’il est définitivement passé dans le camp de la « Gauche » postmoderne et qu’il n’a aucune considération pour les classes sociales.

La Gauche a des responsabilités et il faut être absolument clair : le suicide et la grève de la faim sont des formes totalement étrangères au mouvement ouvrier. C’est une autodestruction, qui a toujours été réfuté comme étrangère au mouvement de l’Histoire. Il faut donc absolument tout faire pour éviter que des gens, par désespoir, par impression de se heurter à un mur, contourne le patient travail politique de gauche au profit d’une action autodestructrice « spectaculaire ».

En ces temps troublés, de faiblesse sur le plan des idées, ce genre d’actions est d’autant plus « fascinante », sans parler des réseaux sociaux qui en amplifie « l’écho ». Il y a donc lieu pour la Gauche de réfuter catégoriquement ce genre d’approches, d’empêcher que cela devienne une forme « acceptable ».

Il y a donc beaucoup de légèreté de la part de syndicalistes étudiants de la « Gauche » postmoderne à profiter d’un acte de désespoir pour récupérer la chose politiquement et tenter de faire du bruit au sujet de la précarité étudiante. Plusieurs jours après la tentative de suicide, ils cherchent à profiter de la juste émotion pour mobiliser. C’est là un jeu extrêmement dangereux, qui peut avoir des conséquences atroces. Intégrer un acte irrationnel comme le suicide dans un dispositif à prétention politique, c’est banaliser l’acte.

En agissant ainsi, on donne de la valeur à un tel acte, on reconnaît qu’il aurait été déclencheur, révélateur. On le reconnaît comme jouant un rôle socialement, ou sur le plan des idées. C’est une véritable catastrophe, un déni total de la raison.

Surtout que dans le peuple la règle est très claire : quand on a une famille, on ne se suicide pas. Dans le peuple on assume ses responsabilités, quitte à souffrir, toute sa vie. C’est ce que font 35% d’Argentins vivant dans le dénuement, pour qui la moindre chose est un luxe, dont 10 % qui ont basculé dans cette misère d’un coup ces dernières semaines. Et c’est ce que font des millions et des millions de personnes en France également, dans des conditions moins difficiles matériellement mais avec autant de souffrance morale.

Car la vie quotidienne dans cette société est, objectivement, un cauchemar. Et la réponse n’est jamais le suicide, toujours la lutte. La classe ouvrière ne se suicide pas. Qui dans le monde accordera un sens au suicide d’une personne jeune, qui a des parents qui peuvent l’héberger, qui a une petite amie, qui a la sécurité sociale grâce aux avantages sociaux, qui a disposé d’une bourse les années précédentes ? Qui plus est dans l’un des pays les plus riches du monde… Non ce n’est pas possible d’accorder une valeur à un tel acte. Il ne faut pas valoriser des actes aussi destructeurs ; rien ne peut en sortir de bon.

Et il ne s’agit pas de « précarité » étudiante ou de passer au 32 heures pour supprimer le chômage. C’est de toute la société qu’il s’agit, dans son rapport au travail, à la nature, à la vie elle-même. Cela va bien plus loin que de voir en la source des problèmes François Hollande. Ce dernier devait être présent à Lille et des étudiants de la « Gauche » post-moderne en ont profité pour déchirer les exemplaires de son dernier livre. Déchirer un livre ! Comment peut-on, en France, déchirer un livre ? Mais qui sont ces gens !

Il est vraiment terrible de voir comment en ce moment la France refuse la lutte des classes, comment on demande à l’État d’améliorer les choses et comment on trouve dans quelques gouvernants des bouc-émissaires. Les gilets jaunes sont un terrible exemple et les suicides « argumentés » récents  – comme celui d’une directrice de maternelle à Pantin – en sont un autre exemple, dramatique.

Il faut impérativement une sortie par en haut, ce que seuls les ouvriers peuvent apporter en rentrant dans la bataille. Sans eux, rien ne peut bloquer cette spirale du négatif.

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La tribune des «organisations de jeunesse» liées à la Gauche contre «l’islamophobie»

Dans une tribune publiée dimanche 10 novembre 2019, des dirigeants de la plupart des « organisations de jeunesse » liées à la Gauche appelaient à se joindre à la marche du jour contre « l’islamophobie ». La dirigeante de l’UNEF Mélanie Luce était d’ailleurs au premier rang du cortège derrière la banderole, au milieu de militants politique de l’islam.

La tribune, publiée sur le très bobo-libéral huffingtonpost.fr, est typique de ces propos qui divisent profondément la Gauche. Les « organisations de jeunesse » liées à la Gauche ( à l’exception notable des « jeunes communistes », qui appelaient toutefois à la manifestation ) ont fait le choix de jouer à fond cette carte de « l’islamophobie » en dénonçant une situation « d’une gravité extrême ».

Le panorama qu’elles dressent décrit un pays qui serait complètement arriéré sur le plan des mentalités, avec un racisme omniprésent et une guerre quasiment officielle menée contre les musulmans. On serait à les croire à l’aube d’un nouveau massacre de la Saint-Barthélemy.

C’est grandiloquent, mais tellement typique d’une partie des « organisations de jeunesse » liées à la Gauche, totalement petite-bourgeoises dans leur style, qui ont pour habitude de jouer la sur-enchère sur tout un tas de sujet, en espérant peser ainsi.

Il est donc affirmé qu’il y aurait une montée sans précédent de « l’islamophobie » et que leurs organisations exprimeraient la colère de leur génération disant « STOP » à cela. La « laïcité » serait instrumentalisée avec pour « simple objectif d’exclure petit à petit les femmes voilées de l’espace public. »

Les Jeunes Socialistes, les Jeunes Génération-s, les Jeunes Ecologistes, les Jeunes insoumis.es ou encore l’UNEF donc, ont un discours tellement auto-intoxiqué, pour ne pas dire saboté, ôté de toute substance de gauche, qu’ils en arrivent à écrire dans cette tribune une énormité populiste comme :

« Nous, organisations de jeunesse, rassemblons l’ensemble des jeunes quelles que soient leurs convictions et refusons les amalgames. »

Cela n’a aucun sens de dire que des organisations censées être de gauche rassemblent l’ensemble des jeunes. C’est une négation complète de la politique, de la bataille politico-culturelle de la Gauche contre la Droite d’une part et du grand travail de fond de la Gauche vis-à-vis des conceptions erronées au sein du peuple d’autre part.

Cette fausse Gauche, totalement convertie au post-modernisme, n’a plus aucun repère, car sa seule boussole est la quête unilatérale de l’extension infinie des « droits » individuels. Le voile, particulièrement mis en avant comme symbole de « l’islamophobie », est considéré dans cette optique comme une option parmi les autres à laquelle il faudrait avoir libre accès dans le grand supermarché des identités.

Voici la tribune :

« Notre génération ne sera pas celle de votre islamophobie!

A nos gouvernant·e·s, à tou·te·s ceux·elles qui alimentent l’islamophobie ambiante.

Notre génération est le témoin d’une montée sans précédent de l’islamophobie à laquelle nous disons STOP ensemble! Violence, discours islamophobe, stigmatisation, amalgame sont devenus progressivement notre quotidien. Nous avons grandi dans cette violence morale, physique et symbolique qui n’a cessé de croître ces dernières années et les quatre semaines qui viennent de s’écouler auront marqué un tournant.

Quatre semaines durant lesquels Emmanuel Macron a appelé à la construction d’une “société de vigilance” pour combattre l’“hydre islamiste”, quatre semaines durant lesquels Christophe Castaner et l’Université de Cergy ont établi le port de la barbe, le fait de ne pas faire la bise ou encore tout simplement certaines pratiques spécifiques à la religion musulmane (comme une pratique rigoriste durant le ramadan) comme des “signes de radicalisation”. Quatre semaines d’émissions titrant “Réformer l’islam ou le combattre?”, “Faut-il interdire le voile dans l’espace public?” etc. Quatre semaines pendant lesquelles une mère accompagnatrice de sortie scolaire a été humiliée et enjointe à sortir d’un conseil municipal simplement parce qu’elle porte le voile. Quatre semaines durant lequel Jean-Michel Blanquer a annoncé le besoin de signaler les “petits garçons” musulmans qui ne souhaiteraient pas tenir la main à des filles… Quatre semaines ayant abouti non seulement à l’adoption d’une loi par le Sénat interdisant le port de signes religieux par les parents accompagnateur·rice·s de sorties scolaires mais aussi à un attentat islamophobe à la mosquée de Bayonne blessant deux personnes.

Alors que certain·e·s disent défendre la fraternité de la société française, dans le même temps, il·elle·s stigmatisent les personnes musulman·e·s ou perçues comme telles. La situation que nous vivons est d’une gravité extrême.

Nous, organisations de jeunesse, rassemblons l’ensemble des jeunes quelles que soient leurs convictions et refusons les amalgames. Nous exprimons la colère de notre génération. Une colère contre l’instrumentalisation de la laïcité à des fins islamophobes. Une colère de voir certaines d’entre nous stigmatisées, humiliées, enjointes à se dévêtir au nom du féminisme. Être féministe c’est défendre le libre choix des femmes de leurs convictions, de leurs habits, de leur vie. Être féministe c’est défendre l’émancipation des femmes et revendiquer une égalité réelle. Être féministe c’est un combat à plein temps et pas uniquement quand cela vous arrange.

Nous refusons de nous voir divisé.e.s entre les bon·ne·s et les mauvais·e·s citoyen·ne·s, nous refusons l’exclusion d’une partie d’entre nous de l’espace public, nous refusons d’être pris à parti pour participer à l’amplification de la haine que subissent les musulman·e·s, nous refusons de vivre dans une “société de vigilance”.

À l’inverse de la société qui nous est promise, les jeunes aspirent à une société inclusive, où chacun·e a sa place et où l’on ne dicte pas aux femmes comment s’habiller, où on ne les oblige ni à se couvrir ni à se découvrir. Nous défendons une société laïque au sens de la loi de 1905 reposant sur deux principes: la neutralité de l’état et la liberté de culte des individus. Nous nous opposons donc à l’instrumentalisation en cours de la laïcité à des fins islamophobes ayant pour simple objectif d’exclure petit à petit les femmes voilées de l’espace public. Nous refusons toutes modifications législatives visant à restreindre la liberté de culte. Nous lutterons par tous les moyens à notre disposition pour rejeter l’islamophobie.

L’islamophobie n’est pas un débat de société, c’est une discrimination qui doit cesser.

Nous appelons à participer à la marche du 10 novembre à Paris et aux actions menées partout en France afin de dire, ensemble, STOP à l’islamophobie et aux messages de haine.

Les signataires:
Nathan Abou, Jeunes Socialistes
Alice Bosler, Jeunes Génération-s
Maxime Carpentier & Claire Lejeune, Jeunes Ecologistes
Aline Coutarel, Mouvement Rural de la Jeunesse Chrétienne (MRJC)
Aurélien Le Coq, Jeunes insoumis.es
Mélanie Luce, Union Nationale des étudiants de France (UNEF)
Héloïse Moreau, Union National Lycéenne (UNL)
Taylan Tuzlu, Didf-jeunes
Damien Chartes, Solidaires étudiant-e-s
Radia Bakkouch, Coexister »

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Le suicide politique d’Esther Benbassa

En mettant sur les réseaux sociaux une image de manifestants avec une étoile jaune version « musulmane », la sénatrice EELV Esther Benbassa a provoqué une levée de boucliers contre elle. En effet, il y a là une dimension relativiste de ce qu’a été la politique nazie d’extermination.

Esther Benbassa a cherché à s’expliquer, notamment à la télévision, mais en niant entièrement le problème, au nom d’une lecture anti-historique de la réalité : il faudrait assimiler tous les racismes sous toutes ses formes et donc tout serait permis.

Si l’on considère qu’il n’y a que des individus, alors il n’y a pas de phénomène historique, il n’y a que des situations. C’est le point de vue de la « Gauche » post-moderne et donc d’Esther Benbassa. Elle a donc benoîtement expliqué la chose suivante :

« Cette étoile jaune, c’est une forme d’identification au sort des juifs. En tant que juive, je ne suis pas absolument pas choquée. Je pense que ce que les juifs ont subi devrait continuer à servir d’exemple pour qu’on puisse tous nous battre contre le racisme, l’antisémitisme, l’islamophobie. »

Intellectuellement, cela se tient. C’est même le point de vue qui prédomine de plus en plus. Chacun est différent et ce qui compte, c’est le ressenti. On ne peut pas juger en général, ce qui compte c’est la lecture individuelle des choses.

C’est là, très concrètement, un point de vue correspondant à la décadence du capitalisme marqué par l’ultra-individualisme : tout se vaut, ce qui compte c’est le choix, comme on s’identifie, etc. C’est donc un point de vue aplanissant toute la réalité historique et comme celle-ci est en l’occurrence ni plus ni moins que la destruction des Juifs d’Europe, forcément cela provoque de profonds troubles.

Les réactions sont très nombreuses, voyant dans le déni d’Esther Benbassa une stupidité sans nom, au mieux. On se dit : elle fait semblant, même si elle reconnaît que les deux situations n’ont rien à voir, il faut qu’elle reconnaisse qu’il y a ici une manipulation politique, une tentative de trafiquer l’histoire.

Surtout qu’elle a multiplié hier les errements, expliquant tantôt que c’était une étoile à cinq branches et pas une étoile de David (alors qu’en fait le croissant et l’étoile musulmans visaient justement à remplacer symboliquement celle-ci), tantôt que finalement le rapprochement se voyait, mais que c’était juste « maladroit », que « il n’y a pas de mal à cela en soi », voire que c’était une bonne chose, etc.

Elle avait d’ailleurs déjà une grosse casserole, avec sa position au moment de l’affaire Leonarda :

« Moi qui pensais que la France n’avait pas perdu la mémoire de sa sombre histoire, j’étais loin d’imaginer qu’en 2013, en tant que parlementaire, élue du peuple, je serais témoin d’une rafle. Car oui, il faut bien le dire, c’est une rafle. »

EELV est intervenue à sa rescousse dans un long communiqué, expliquant qu’Esther Benbassa ne pouvait pas être antisémite puisqu’elle était juive, ce qui n’a aucun sens.

« Cette polémique indigne ne peut pas conduire commentatrices et commentateurs cherchant surtout à décrédibiliser et salir cette manifestation à traiter Esther Benbassa d’antisémite et de négationniste, elle qui a été titulaire de la prestigieuse chaire d’histoire du judaïsme moderne jusqu’en 2018, qui a enseigné à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes à la Sorbonne et qui a écrit de nombreux ouvrages sur l’histoire des juifs. »

Son mari, Jean-Christophe Attias, a pris aussi sa défense dans un long message d’une niaiserie totale de la part d’une personne qui est tout de même directeur d’études à l’École pratique des hautes études, titulaire de la chaire « Pensée juive médiévale (VIe – XVIIe siècles) ».

Il est évident que dans les faits, Esther Benbassa ne veut pas poser les choses rationnellement, car elle ne le peut pas, son style étant le populisme et le clientélisme, afin de faire tourner la machine du relativisme et de l’individualisme. Esther Benbassa n’a qu’une seule cohérence : celle d’avoir entièrement adopté la philosophie du capitalisme complet, qui réduit tout à des individus isolés cherchant à promouvoir leurs « intérêts » par tous les moyens qu’eux-mêmes trouvent adaptés.

Cependant, comme le capitalisme n’a pas encore lessivé tous les esprits, elle a commis un véritable suicide politique.

 

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Le 10 novembre, l’immense fracture dans la Gauche

La manifestation « contre l’islamophobie » du 10 novembre 2019 a provoqué une fracture complète à Gauche. Ceux qui ont soutenu la manifestation voient l’autre camp comme composé d’arriérés n’ayant pas saisi la nature coloniale, raciste de l’État français. Les autres sont à juste titre horrifiés de comment ce qu’on doit appeler la « Gauche » post-moderne est populiste, clientéliste et n’hésite pas à balancer par-dessus bord le moindre acquis de l’héritage historique de la Gauche.

Il y a d’un côté le mépris, de l’autre un sentiment d’horreur. La « Gauche » qui a manifesté le 10 novembre a un mépris profond pour la Gauche qui a refusé de venir : elle considère qu’il fallait être là, que sinon on est déconnecté du réel, que ceux qui ne viennent pas sont méprisables, car finalement racistes au fond d’eux-mêmes.

L’autre Gauche – la vraie – est horrifiée de voir des gens manifester aux côtés de représentants de l’Islam politique, dont l’agenda est de former une ligne communautariste pour établir une contre-société parallèle. Son haut-le-cœur est immense, son rejet total.

La cassure est là et elle est partie pour rester. On ne peut pas avoir deux histoires et il n’y a pas de place pour deux parcours radicalement différents, deux sensibilités aux antipodes. La Gauche s’est cassée en deux, littéralement.

Il y a désormais deux camps indissociables et on aurait d’ailleurs tort de penser que l’un est plus fort que l’autre. Il est vrai que, à l’appel de la manifestation du 10 novembre, on trouve l’ultra-gauche (Lutte Ouvrière, le NPA, etc.), la CGT, La France Insoumise, le syndicat étudiant UNEF.

Mais il y a déjà eu des défections avant le rassemblement : Yannick Jadot d’EELV (qui n’est finalement pas d’accord sur tout), Adrien Quatennens de LFI (étant certainement la future tête du mouvement, il cherche en fait à ne pas se « griller »), François Ruffin (qui explique qu’il était en vacances à Bruxelles mangeant des frites et des gaufres avec ses enfants quand il a signé et que de toutes façons dimanche il joue au football).

Et plus sérieusement, le Parti socialiste n’a pas appelé à la manifestation, ni la Gauche républicaine et socialiste. Une partie du PCF n’a pas été de la partie et on peut se douter que c’est valable même pour une partie de la CGT. Une partie de l’extrême-Gauche a rejeté la manifestation du 10 novembre également.

Quant aux gens de gauche, ils ont refusé cette mascarade et ne se sont pas mobilisés. Très peu de monde s’est d’ailleurs mobilisé, à part une sorte de bulle intellectuelle et militante que l’extrême-Droite définit aisément comme islamo-gauchiste, tellement c’est une alliance caricaturale autour de thèmes sociaux et identitaires, dans l’esprit de la Gauche anglo-saxonne.

Politiquement, la Gauche est carbonisée, mais ses traditions existent et la manifestation du 10 novembre s’y oppose frontalement. C’était une agression caractérisée. La réponse est donc naturelle, c’est celle d’une défense des valeurs, d’une protection d’une histoire. La Gauche n’a pas fait tout cela pour se retrouver dans cette situation, pour tomber aussi bas.

La « Gauche » post-moderne a pensé enterrer la Gauche historique le 10 novembre. En réalité, elle n’a fait que contribuer indirectement à son retour, à sa maturation pour la période prochaine.

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La manifestation parisienne du 10 novembre 2019 contre «l’islamophobie»

Le battage médiatique a été très intense avant la manifestation et la grande majorité des structures de gauche ont appelé à se mobiliser. Pourtant, tout comme pour la manifestation en faveur des Kurdes de Syrie faisant face à la Turquie, la mobilisation a été faible, avec 13 000 personnes. Et surtout, elle a été totalement parisienne, dans un mélange de bobos de gauche et de petits-bourgeois musulmans cherchant à s’incruster socialement dans le panorama bourgeois. Cela n’a rien à voir avec la Gauche.

Bras dessus bras dessous, très contents d’eux, toujours prompts à poser : telle était l’attitude des gens issus de la Gauche présents à la manifestation contre « l’islamophobie », ce concept flou visant à présenter en général la religion musulmane comme une victime. C’est ici la rencontre de l’Islam politique et d’une Gauche ne raisonnant plus en termes de capitalisme ou de classe, mais en terme d’individus avec des droits. L’extrême-Droite rêvait d’un islamo-gauchisme, les courants post-modernes de la Gauche ont exaucé ses vœux.

La seule exception à l’esprit à la fois allègre et niais ayant prédominé fut Benoît Hamon, dont on comprend le manque d’emballement, au point de venir à la manifestation l’Équipe à la main (ouvert à la page 29, l’article traitant de la défaite de l’aviron bayonnais contre Pau – rappelons que l’origine de l’appel à manifester est l’attentat d’une personne âgée raciste contre une mosquée à Bayonne). Que fait-il dans cette galère?

À cette posture générale bobo de gauche battant le pavé parisien s’est ajoutée une petite-bourgeoisie musulmane clairement revendicative sur un mode identitaire. L’ancien directeur exécutif du Collectif contre l’islamophobie en France Marwan Muhammad n’a pas eu de mal à faire scander « Allahu Akbar » à la foule à la fin de la manifestation. On n’a d’ailleurs pas échappé à des comparaisons délirantes avec la persécution des Juifs par l’Allemagne nazie.

Cela a bien entendu fait scandale, car nous sommes en France et il y a une connaissance de l’histoire qui n’est pas nulle. La conscience morale est réelle, contrairement aux affirmations délirantes comme quoi les musulmans de France seraient harcelés, pourchassés, etc.

Esther Benbassa, sénatrice EELV et une grande figure de l’ultra-libéralisme dans les mœurs, s’est faite littéralement détruire pour avoir cautionné cette utilisation d’une étoile jaune en version « musulman ». Elle prétend n’avoir rien vu et que de toutes façons ce n’est pas grave, voire une allusion positive contre l’antisémitisme, etc. C’est là un relativisme inévitable de la part de gens sans valeurs.

On n’a pas échappé non plus à une action au nom des FEMEN, celles-ci niant par contre toute manifestation. Cela a bien entendu provoqué tout un remue-ménage dans le cortège, pour une revendication en faveur de la laïcité qui, d’ailleurs, a perdu son sens.

La manifestation du 10 novembre 2019 a en effet rappelé une chose que trop de monde a oublié dans une France endormie. La laïcité n’a été qu’un compromis entre la moitié de la France farouchement opposé aux religions et l’autre moitié favorable au catholicisme. Or, un compromis n’est pas fait pour durer, il est prétexte à la lutte pour un nouveau rapport de force. La marche du 10 novembre 2019 a ainsi à la fois été tout à fait religieuse, tout en se prétendant entièrement laïque.

Faut-il avoir perdu l’esprit pour participer à une telle chose quand on se dit de gauche ?

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La manifestation du 10 novembre est une erreur, quasiment une faute

La manifestation « contre l’islamophobie » du 10 novembre 2019 n’aidera pas la lutte contre le racisme et ne fera pas disparaître les préjugés au sujet de l’islam. On ne combat pas le feu par le feu, mais par l’eau de la connaissance, de la raison, du savoir, de l’érudition. Et par la loi. Au lieu de cela, la manifestation du 10 novembre joue à une sorte de bataille de positions typique de la Gauche anglo-saxonne.

Le Taj Mahal, fleuron de l’architecture islamique en Inde

Dans le monde du travail, on travaille. Même si on a des préjugés sur la personne à côté de soi, on est obligé de les gommer, parce qu’il faut bien aller de l’avant. Ce n’est pas simplement pour ne pas se faire licencier, c’est aussi par respect de l’outil de travail. Et parce que la haine, c’est fatiguant. La haine est un luxe. Il faut disposer d’un certain patrimoine – pas trop sans quoi on s’assagit – ou au contraire être un déclassé.

Les gens n’ont donc pas la haine. Ils ne sont ni des lumpens, ni des racailles, ni des petits-bourgeois enragés. Ils sont les gens. C’est pour cela qu’il n’ont pas suivi les gilets jaunes, tout en les comprenant. Les gens ont leur vie et ils ne peuvent pas se permettre de la jeter à la poubelle. Partir à l’aventure est un luxe, réservé aux couches plus aisées.

La manifestation du 10 novembre est donc une erreur. Car les gens ne sont pas racistes. Ils ne peuvent pas être racistes. Le peuple est l’avenir de la société, il ne peut être ni raciste, ni antisémite, ni réactionnaire. Il y a bien sûr des racistes, des antisémites, des réactionnaires, des gens incapables de placer l’islam dans son contexte historique et culturel. Mais ce n’est pas le peuple. Ce sont des gens qui se trompent, qui fautent.

Une fascinante affiche soviétique de 1947 appelant à rejoindre la société du croissant rouge et de la croix rouge

C’est comme si on disait : tel conducteur à 7 heures du matin manque d’écraser les gens, car c’est un idiot, un sauvage. C’est vrai en un certain sens pour son comportement, son attitude. Cependant le fond du problème, c’est que c’est un travailleur épuisé, aliéné. Voilà le fond véritable de la question.

Le peuple le sait, car il sait ce que c’est que de vivre dans une société épuisante, suffocante. Il n’en a par conséquent rien à faire que quelqu’un préfère le pop corn salé ou sucré, qu’il se passionne pour la mécanique, l’Inde ou voit le port du voile comme une sorte d’abri dans un monde en décomposition.

Inversement, ceux qui tremblent pour leur petite propriété ont besoin de boucs-émissaires et ils mentent. Dans la vie quotidienne, ils sont obligés de faire comme tout le monde, mais parallèlement, schizophrènes, ils diffusent une peur panique à travers des thèses complotistes, dont le « grand remplacement » est devenu le grand fourre-tout. Le petit-bourgeois a peur de perdre son bien, d’être « remplacé ». Il critiquerait bien les riches qui sont ses ennemis justement, mais il a envie d’être riche lui-même… donc il ne le fait pas.

Attention toutefois, le petit-bourgeois ment, mais les gens aussi. Ils savent très bien que leurs fuites ont un côté mensonger. Les musulmans n’ont pas le droit d’écouter de la musique. L’immense majorité le fait quand même, ce qui n’a aucun sens. On voit bien ici que la religion est une culture, un refuge et nullement une entité religieuse bien déterminée, comme le pensent les religieux et les anti-religieux primaires.

Une image appelant à participer à la lutte contre le harcèlement anti-musulman présenté ici comme « islamophobe », proposé par le site musulman Saphirnews. Au-delà de l’intention, l’approche est au sens strict « islamophobe » car la représentation d’être vivants est fondamentalement interdite dans la religion musulmane…

La manifestation du 10 novembre est ainsi une erreur, quasiment une faute. Elle prend au sérieux des choses qui ne le sont pas. Elle accepte de se placer sur le terrain des racistes et des religieux, ce qui est une grossière erreur. C’est exactement la même erreur qui avait faite lors de l’interdiction du port du voile à l’école.

Il aurait fallu tout simplement permettre des discussions au cas par cas, dans l’esprit que tout cela concerne la vie du peuple, avec sa richesse, ses exigences et ses incohérences, etc. Au lieu de cela on a eu une loi qui a été une vraie boîte de Pandore. La preuve en est que ce sont des militants d’une organisation d’extrême-gauche qui ont provoqué toute cette affaire du port du voile à l’école, en ruant dans les brancards. Cette même organisation se retrouve à manifester désormais le 10 novembre

Il n’y a pas de barrières ethniques, religieuses ou communautaires dans le monde du travail.

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Communiqué de la Gauche républicaine et socialiste (GRS) qui ne s’associe pas à l’appel pour la marche contre «l’islamophobie» dimanche 10 novembre

Voici le communiqué de la Gauche républicaine et socialiste (GRS), le parti fondé par Marie-Noëlle Lienemann et Emmanuel Maurel après leur départ du Parti socialiste. GRS est proche de la France insoumise et de Jean-Luc Mélenchon, mais on constate ici une divergence de fond sur un sujet important. Alors que beaucoup de membres de La France insoumise critiquaient encore il y a quelque temps la notion d’« islamophobie », voilà qu’ils ont totalement cédé par opportunisme. Tel n’est pas le cas de la Gauche républicaine et socialiste, qui reste ferme sur ses principes.

« LA GAUCHE RÉPUBLICAINE ET SOCIALISTE NE S’ASSOCIERA PAS À L’APPEL RÉDIGÉ EN VUE DE LA MANIFESTATION DU 10 NOVEMBRE PROCHAIN

La Gauche Républicaine et Socialiste (GRS) dénonce tous les racismes, et notamment ceux qui prennent pour prétexte la religion. Elle condamne fermement l’attitude de l’élu d’extrême droite qui s’en est pris à une mère, devant son enfant, alors qu’elle n’avait enfreint aucune loi ni règlement.Le dénigrement, la discrimination et l’hostilité à l’encontre de nos compatriotes de confession musulmane en cours dans certains milieux, partis et médias sont intolérables.

La République française doit s’y opposer de toutes ses forces, en faisant vivre ses principes de Liberté, d’Égalité et de Fraternité. Elle doit aussi poursuivre sans relâche et punir avec la plus extrême sévérité les criminels qui attentent à la liberté de culte et à la vie des croyants, comme cela s’est produit à Bayonne le 28 octobre dernier.

Des intellectuels progressistes, des formations politiques et des organisations de défense des Droits de l’Homme ont voulu alerter l’opinion sur le grave danger que courrait notre pays en s’abandonnant de nouveau, malgré les enseignements de l’Histoire, au poison des guerres de religion. Nous partageons leur indignation et nous leur témoignons notre fidèle amitié.

Mais la GRS ne peut s’associer à l’appel rédigé en vue de la manifestation organisée le 10 novembre prochain. Des formulations avec lesquelles nous sommes en profond désaccord y donnent à croire que la critique d’une religion serait assimilable, en tant que telle, à du racisme. Nous ne pensons pas, en particulier, que soient « liberticides » les lois de 2004 sur l’interdiction du port de signes religieux ostensibles à l’école ; et de 2010 sur l’interdiction de se couvrir le visage dans l’espace public.

Comme l’écrasante majorité des Français, la GRS soutient ces lois. Elle relève enfin que parmi ceux qui manifesteront dimanche, certaines personnalités et organisations portent un programme de régression de la laïcité, visant à instaurer une primauté de la foi sur la loi et un statut de la femme incompatibles avec les valeurs de notre République.

Militante pour une République en actes, émancipatrice partout et pour toutes et tous, la GRS appelle la gauche et les républicains sincères à mener le double combat qu’impose la situation :

• Contre toutes les tentatives d’imposer à la République des statuts particuliers bafouant ses principes, dont l’islam politique est l’une des indiscutables manifestations,

• Pour le respect dû à chacune et chacun d’entre nous, quelle que soit son origine, son genre, son orientation sexuelle, ses opinions ou sa religion. »

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Lutte ouvrière capitule finalement devant le concept d’«islamophobie»

Accepter ou refuser tel ou tel concept a un sens. Lutte Ouvrière, l’organisation d’Arlette Laguiller et de Nathalie Arthaud, a été ainsi très clair sur le concept d’« islamophobie » : elle le rejette comme un outil culturel de forces réactionnaires, elle condamne l’extrême-Gauche complaisante et populiste. C’était en 2017. À l’occasion de la manifestation du 10 novembre 2019, elle a fini par s’aligner et capituler sur le plan des idées, de la culture.

Nathalie Arthaud utilise donc le concept d’« islamophobie », de manière assumée. En février 2017, sa revue internationale Lutte des classes publiait un article à charge contre ce terme: Le piège de la «lutte contre l’islamophobie».

Y était dénoncé la galaxie utilisant ce terme comme vecteur d’une démarche religieuse et – surprise – on trouve justement les signataires de l’appel pour la manifestation du 10 novembre auquel souscrit finalement Lutte Ouvrière. Voici ce qu’on y lit :

La galaxie de l’anti-islamophobie

Depuis plusieurs années, une galaxie de groupes se donnant pour objectif la « lutte contre l’islamophobie » se développent et prennent diverses initiatives. Certains, comme l’UOIF (Union des organisations islamiques de France) ou PSM (Participation et spiritualité musulmanes), sont ouvertement des associations de prosélytisme religieux. D’autres se défendent d’être des organisations religieuses et se cachent derrière des revendications d’égalité, de lutte contre le racisme et contre l’islamophobie. C’est le cas du CCIF (Collectif contre l’islamophobie en France), de Mamans toutes égales, du Collectif une école pour toutes, Féministes pour l’égalité, et plus récemment d’Alcir (Association de lutte contre l’islamophobie et les racismes). Le Parti des indigènes de la République (PIR) est aussi à ranger dans cette galaxie.

Depuis l’attentat contre Charlie hebdo, en janvier 2015, les initiatives de ces groupes se sont multipliées : rassemblement anti-islamophobie le 18 janvier 2015 à Paris ; meeting contre l’islamophobie et le climat de guerre sécuritaire le 6 mars 2015 à Saint-Denis ; Marche de la dignité et contre le racisme organisée par le PIR le 31 octobre 2015 ; meeting à Saint-Denis contre l’état d’urgence le 11 décembre 2015, ou encore, le 21 septembre dernier, le meeting d’Alcir baptisé « Pour un printemps de la liberté, de l’égalité et de la fraternité », organisé dans le 20e arrondissement de Paris.

Ces différentes initiatives ne prêtent pas forcément à la critique. Le rassemblement du 18 janvier 2015 était une réponse à une manifestation d’extrême droite organisée le même jour pour « expulser tous les islamistes ». Et organiser des réunions contre l’état d’urgence ou marcher contre le racisme peut sembler juste. La question est de savoir qui organise ces initiatives, quelles idées s’y expriment, et ce que des militants qui se disent d’extrême gauche y font et y disent.

Ces rassemblements ont tous été en réalité des tribunes pour des organisations islamistes et communautaristes.

Lors du rassemblement du 18 janvier 2015, des jeunes brandissent des drapeaux algériens, turcs, marocains, des panneaux portant des sourates du Coran, et une grande banderole : « Touche pas à mon prophète ».

Le meeting du 6 mars 2015 était coorganisé par l’UOIF. Celui du 11 décembre faisait, lui aussi, la part plus que belle aux militants religieux. Certes, des laïcs (journalistes du Monde diplomatique ou représentante du Syndicat de la magistrature) s’y sont exprimés, mais en partageant la tribune avec Tariq Ramadan, Ismahane Chouder, porte-parole de PSM, ou Marwan Muhammad, porte-parole du CCIF.

On retrouve les mêmes parmi les signataires de l’appel pour le meeting d’Alcir du 21 septembre 2016. Le nom des porte-parole des associations et groupes religieux musulmans figure sur l’affiche, ornée d’une photo d’une femme voilée drapée… dans un drapeau bleu-blanc-rouge.

Parmi les signataires de cet appel on trouve le NPA, qui a appelé à ce meeting sur son site, avec cette affiche puant le patriotisme et le républicanisme.

Ces différentes initiatives se sont faites avec la participation ou le soutien de groupes ou partis de gauche (Attac, Ensemble, EELV) ou d’extrême gauche (anarchistes libertaires, antifas, NPA). Et le 18 décembre 2016 encore, a eu lieu une conférence internationale contre l’islamophobie et la xénophobie, à Saint-Denis, à laquelle appelaient conjointement le Parti des indigènes de la République et le NPA, et dont l’appel était signé par Olivier Besancenot et Tariq Ramadan.

Le même article dénonce la complaisance avec ces forces présentées comme réactionnaire…

La complaisance de l’extrême gauche

Une partie de la « gauche de la gauche » organise avec ce milieu réactionnaire toutes sortes d’initiatives, leur ouvre ses colonnes ou discute doctement avec eux de leurs positions.

Ce n’est pas par accident. Il y a longtemps que la LCR, et plus encore le NPA, se refusent à critiquer clairement le voile, et font preuve vis-à-vis de l’islam d’une bonne dose de démagogie. On se souvient de l’affaire de la candidate voilée du NPA dans le Vaucluse, en 2011. Se refusant à affirmer sans ambages le caractère oppressif du voile et de ses divers avatars vestimentaires, des membres de ce parti sont allés par exemple, en août dernier, jusqu’à organiser dans le cadre de leur université d’été une manifestation pour défendre le droit des femmes à porter le burkini, aux cris de « Trop couvertes ou pas assez, c’est aux femmes de décider ». On n’est, on le voit, pas très loin du féminisme décolonial.

Le NPA a déclaré, à la suite d’une réunion de sa direction nationale les 17 et 18 septembre dernier, que « le NPA, ses militants, ses porte-parole et son candidat seront au cœur de l’action contre le racisme et l’islamophobie ». Un communiqué du 16 octobre appelle à « faire de la lutte contre l’islamophobie une véritable priorité ».

Cela n’a rien de fortuit, de la part d’un courant qui a pour habitude d’épouser les idées d’autres courants, dans l’espoir de gagner l’oreille de telle ou telle fraction de la jeunesse, de la petite bourgeoisie intellectuelle ou du monde du travail. Autrement dit : tentons d’attirer les jeunes des banlieues à nous… en nous rangeant derrière des organisations qui, elles, disent ce que ces jeunes veulent entendre, quelque réactionnaires que soient leurs idées.

Cet opportunisme est une vieille tradition d’une partie du mouvement trotskyste, la même qui l’a conduite, dans le passé, à soutenir sans s’en démarquer les nationalistes des pays colonisés, comme le FLN algérien, ou certains courants staliniens, à trouver des vertus aux associations les plus réformistes, comme Attac, ou à faire les yeux doux aux décroissants.

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Il y a trente ans, la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989

Le mur de Berlin qui s’est effondré il y a trente ans le 9 novembre 1989 signifiait la réunification tant attendue de l’Allemagne. La déchirure qu’avait connu ce pays se terminait enfin, pour la plus grande joie de la population. Que certains comme Jean-Luc Mélenchon y voient une « annexion » reflète une incompréhension complète de l’histoire allemande et en particulier de la ville de Berlin.

Pour comprendre le sens de la chute du mur de Berlin, il faut retracer ce qui s’est passé depuis 1945. Cette année-là ne fut pas du tout perçue par les Allemands comme celle de la libération, mais bien comme une défaite. Les communistes étaient horrifiés par la mentalité dominant la quasi totalité des gens.

Ils accentuèrent alors encore plus leur volonté d’unité avec les socialistes et proposèrent directement une fusion. Les socialistes étaient en grande partie d’accord, mais ils se méfiaient des communistes et exigeaient que cela devait prendre du temps.

Les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France ne voulaient évidemment pas en entendre parler. Ils appuyèrent donc la droite des socialistes, qui firent scission. Il y avait alors deux centres : un à Berlin avec Otto Grotewohl, l’autre à Hanovre avec Kurt Schumacher.

La pression de la guerre froide précipita la tendance. Dans la zone contrôlée par les soviétiques, les socialistes s’unifièrent avec les communistes, alors qu’à l’ouest sous l’égide de Kurt Schumacher les socialistes mirent en place un SPD très violemment anti-communiste, le parti communiste se faisant rapidement interdire, avec des interdictions massives d’emploi pour eux dans la fonction publique.

Au départ, l’Allemagne de l’Est ne cessa d’appeler à l’unification de l’Allemagne. Mais avec la « coexistence pacifique » finissant par triompher, cela fut abandonné. L’hymne à l’est, Auferstanden aus Ruinen (en français « Ressuscitée des ruines »), perdit ses paroles qui soulignaient l’unité allemande. Le régime est-allemand ne se définit plus alors comme la partie démocratique de l’Allemagne, mais pratiquement comme un autre pays. Le traité fondamental RFA-RDA entérine cette coupure entre deux États, pratiquement deux pays.

Il faut toutefois comprendre qu’il y avait Berlin-Ouest et qu’au cours de ce processus, cela posait problème à la ligne nouvelle de la RDA, car affirmer un pays nouveau est une chose, posséder une enclave sur son propre territoire en est une autre.

Il faut souligner ici que Berlin-Ouest ne relevait officiellement pas de la RFA. Dans les faits, c’était bien le cas, mais officiellement c’était une sorte d’entité autonome. En murant Berlin-Ouest en 1961, la RDA coule pour ainsi dire dans le béton cette entité autonome, afin d’être en mesure d’affirmer le caractère désormais national de la RDA.

C’était là totalement vain. Toutefois, la population encadrée par un État satellite d’une URSS surpuissante et conquérante dans les années 1970 et 1980 ne fut pas en mesure de s’y opposer. Seuls deux courants politiques s’y opposèrent.

Il y eut ainsi le KPD/ML, une organisation ouest-allemande se revendiquant de Mao Zedong qui créa des sections à l’Est et appela à l’unification. Ces sections furent écrasées au bout de quelques années.

Il y eut surtout les néo-nazis, dont la mouvance explose parallèlement à l’affirmation de la RDA comme étant pratiquement une nation. Pour cette raison, à la tombée du mur, la violence néo-nazie en Allemagne de l’est fut immense et d’une brutalité extrêmement forte. Ces derniers jours en Allemagne, il y eu une très importante vague de messages sur Twitter, très largement médiatisée, traitant des #baseballschlaegerjahre (les années des frappeurs à la batte de baseball).

Pour avoir un équivalent, il suffit d’imaginer une petite ville, avec des cités dortoirs comme on en a en France et au lieu qu’il y ait des groupes de « racaille » formés de déclassés semi-criminels, il y avait des gangs néo-nazis quadrillant ce territoire formant une « zone nationale libérée ».

Il a fallu une énorme mobilisation antifasciste pour y mettre relativement un terme. Il est toutefois considéré que les succès à l’est de l’AFD reposent en bonne partie sur toute une génération d’anciens jeunes néo-nazis arrivés à l’âge adulte et servant de base populaire « sérieuse » à ce mouvement.

C’est l’un des sous-produits ignobles de la séparation de l’Allemagne, cette horreur qui a défiguré un pays et un peuple, comme il défigure encore le peuple coréen aujourd’hui. On ne peut pas couper un peuple en deux. La chute du mur de Berlin était en ce sens inévitable et c’était une affirmation démocratique inévitable.

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Les réactions à l’appel pour le 10 novembre contre «l’islamophobie»

L’appel à une marche ce dimanche 10 novembre 2019 contre « l’islamophobie » génère beaucoup de remous à Gauche. Il y a en effet de nombreuses réticences à l’offensive de la « Gauche » post-moderne alliée aux courants politiques musulmans à visée culturelle et aux courants « décoloniaux ». Voici un aperçu des réactions les plus significatives.

La réaction la plus marquante a été celle du Parti socialiste mardi 5 novembre, à l’issue de son Bureau National. De part sa tradition, à la fois institutionnelle et de gauche, le PS ne pouvait en effet pas se joindre à un appel ayant une dimension communautaire et religieuse aussi évidente.

Il y a également des personnalités qui se sont particulièrement exprimées sur le sujet, comme le socialiste Amine El-Khatmi, élu PS d’Avignon. Engagé depuis longtemps contre la montée de l’islamisme et du communautarisme, il fait partie des personnes lucides sur le mot « islamophobie », qu’il sait être « imposé dans le débat public par les islamistes ».

Il a eu des propos très appuyés au sujet de la marche de dimanche :

« Lorsqu’une partie de la Gauche va manifester avec des islamistes autour d’un mot d’ordre, l’islamophobie, qui est le refus d’une critique de la religion : oui, je le dis, c’est une trahison. De l’esprit « Charlie », de l’esprit du 11 janvier 2015 et plus que ça encore, c’est la trahison des combats historiques de la Gauche pour l’émancipation des individus, pour la liberté de conscience, pour le droit aux citoyens de s’élever de l’assignation à résidence identitaire. »

Ce discours incarne largement le sentiment des gens liés à la Gauche historique en France, avec bien sûr des nuances suivant les courants. Mais ce n’est pas celui de la « Gauche » post-moderne, hégémonique dans la direction des organisations, qui ne veut plus de la Gauche historique et préfère une alliance avec des courants politiques musulmans.

> Lire également : L’appel «anti-islamophobie» pour le 10 novembre de la Gauche post-moderne

Cette contradiction génère de nombreuses tensions, visibles au PCF notamment. Sa direction, qui est plus que poreuse au post-modernisme, acceptant l’écriture inclusive ou la question des « trans », a donc dû prendre des pincettes sur le sujet.

Le premier secrétaire du PCF Fabien Roussel n’a ainsi pas signé l’appel, pour ne pas engager l’organisation, en se contentant d’expliquer benoîtement qu’il ne s’y était « pas retrouvé ». L’appel a cependant été largement diffusé dans le PCF et ce sont des personnalités individuelles qui se sont chargées de le signer et même de le défendre.

C’est le cas de Ian Brossat, évidemment, mais aussi des députés Stéphane Peu et Elsa Faucillon, qui assume jusqu’au bout l’appel à marcher contre « l’islamophobie » :

« Face aux pressions, nous ne devons pas céder mais serrer les coudes pour soutenir nos concitoyens de confession musulmane »

Les réticences des gens de gauche face à cet appel révèle aussi un opportunisme grossier de la part de certaines personnalités l’ayant signé, mais feignant ensuite de n’avoir pas bien compris ce qu’ils signaient. C’est le cas Yannick Jadot (EELV), d’Adrien Quatennens (LFI) ou encore de François Ruffin (LFI) qui explique de manière grotesque n’avoir pas porté une attention suffisante au texte car il était avec ses enfants en Belgique « en train de manger des frites et des gaufres » et que de toutes manières, il ne sera pas là dimanche car il a « foot »…

Caroline de Haas pour sa part a demandé à ce que sa signature soit retirée de l’appel, mais elle se rendra quand-même à la marche dimanche pour en profiter.

Opportunisme également, mais dans l’autre sens : Eric Coquerel de la France insoumise explique qu’il a changé d’avis sur le terme « islamophobie », qu’il rejetait avant, qu’il assume maintenant. Selon lui, la critique de l’alliance avec des courants musulmans politiques serait un « universalisme abstrait » et :

« le risque de dérive communautariste, c’est-à-dire la capacité d’une communauté de subordonner les lois de notre République aux lois d’une religion ou de ses intérêts particuliers, n’a pas aujourd’hui de réalité de masse. »

Jean-Luc Mélenchon pour sa part « persiste et signe » sur l’appel, car « il faut savoir faire bloc quand l’essentiel est en jeu». Il en profite également pour lancer une petite pic propre à satisfaire les antisémites, expliquant qu’il soutient l’appel :

« pour ce qu’il y a dans le texte et pas en raison de ceux dont je découvre ensuite qu’ils l’ont également signé. Sinon, je n’aurais jamais signé de texte dans le passé avec Bernard-Henri Lévy ni avec le Crif ».

David Cormand, dirigeant d’EELV, ne regrette « pas du tout » d’avoir signé l’appel avec lequel il n’a « aucun problème », se disant même surpris par « la fébrilité » de certains. C’est peu ou proue la même chose chez Génération-s, qui prétend que :

« Il y a une attaque continue et extrêmement violente contre les populations musulmanes en France et Génération.s sera présent dimanche »

Clémentine Autain, figure du post-modernisme en France, est en première ligne pour défendre l’appel et combattre la Gauche historique :

« Nous devons être là car il y a une responsabilité de la gauche. J’appelle à ce que les forces progressistes y soient les plus nombreuses possible, parce que c’est nous qui donnerons le la ! »

Elle justifie cela par des propos grandiloquents, d’un populisme outrancier :

« Si on continue comme ça, on va vers la guerre civile ! »

« Nous traversons une période dangereuse, dans laquelle les musulmans sont la cible d’une haine qui met en jeu les valeurs républicaines »

Enfin, du côté des organisateurs, il y a eu des réactions très virulentes aux critiques venues de la Gauche, notamment de la part de Madjid Messaoudene, élu de Saint-Denis :

«  Il y a une tentative de sabotage de la part de la fachosphère et de la gauche, on en prend note : les polémiques du RN sont reprises par le PS ».

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Le Parti socialiste ne participera pas à la manifestation du 10 novembre contre l’«islamophobie»

Voici la résolution du Bureau National du Parti socialiste expliquant pourquoi il ne prendra pas part à la manifestation du 10 novembre contre l’« islamophobie » :

« Résolution adoptée au Bureau National du 5 novembre 2019

L’attentat perpétré il y a quelques jours à la mosquée de Bayonne est un acte odieux contre nos concitoyennes et concitoyens de confession musulmane et donc contre la République.

La parole raciste à l’encontre des Françaises et Français de confession musulmane s’est libérée, facilitant les passages à l’acte. Des insultes quotidiennes à l’attentat de Bayonne, nos compatriotes sont la cible de l’extrême droite identitaire. Nous condamnons toutes celles et tous ceux qui arment par leurs discours la haine à leur encontre.

Il appartient à la République toute entière de se dresser contre les paroles, les actes et les promoteurs de haine à l’encontre des musulmans.

Pour autant, le Parti socialiste ne participera pas à la manifestation du 10 novembre.

Nous ne voulons pas nous associer à certains des initiateurs de l’appel. Nous ne nous reconnaissons pas dans ses mots d’ordre qui présentent les lois laïques en vigueur comme «liberticides».

Nous nous reconnaissons au contraire dans la France républicaine où la laïcité garantit la liberté de conscience et la liberté religieuse à chacune et chacun, comme le droit de critiquer les religions.

Le combat contre la haine des musulmans doit être celui de la République toute entière, nous appelons l’ensemble des organisations républicaines à se retrouver pour porter ensemble ce combat. »

 

> Lire également : L’appel «anti-islamophobie» pour le 10 novembre de la Gauche post-moderne

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La France va craquer

C’est un simple constat fait par tous les observateurs un peu attentifs à ce qui remue la société française dans ses fondements : la France va craquer. La raison n’est pas politique, ni économique, ni social, car elle est tout cela à la fois, sa substance étant la lutte des classes.

Les gens ont beau accepter le capitalisme, ils sont déterminés socialement et les antagonismes doivent s’exprimer. Les mois prochains, les semaines mêmes, vont montrer comment l’histoire joue à certains moments les locomotives. Le souci étant bien sûr qu’avant la gare Socialisme on est bien parti malheureusement pour faire un grand détour et s’arrêter par la gare Fascisme.

La Gauche s’est totalement plantée sur les gilets jaunes. Dès le départ, il y a eu un haut le cœur et la dimension rétrograde, voire fasciste du mouvement a été ressentie. Malheureusement, l’ultra-gauche toujours à l’affût d’un opportunisme s’est précipité à leur soutien et cela a fait vaciller disons la moitié de la Gauche. D’autres encore ont suivi en se disant qu’il serait possible d’en profiter.

C’est stupide, totalement stupide. Les gilets jaunes ne sont qu’un symptôme. Il fallait les dénoncer immédiatement, afin qu’au prochain tour, lorsque les choses vont craquer, les choses soient claires et qu’il y ait une vraie ligne à la fois sociale, consciente, ancrée politiquement et culturellement à Gauche.

Le résultat est facile à voir. Les gilets jaunes n’ont jamais rassemblé grand monde. Leur nombre s’est même toujours plus réduit. Leur démarche s’est ritualisée et il n’en est strictement rien ressorti : ni idées, ni figures politiques, ni élévation du niveau de conscience. Cela a juste été une révolte de couches petites-bourgeoises prétendant se mettre au-dessus de la lutte des classes, évitant soigneusement de parler de la bourgeoisie et de l’exploitation.

La preuve en est, s’il en faut une, c’est que la classe ouvrière a totalement évité les gilets jaunes. Elle ne les a pas rejoint, elle a regardé cela de loin, elle ne leur a pas fait confiance.

Croire maintenant que la classe ouvrière va faire confiance à une Gauche qui a soutenu les gilets jaunes, c’est donc être plein d’illusions. Déjà qu’en raison de la « Gauche » postmoderne les ouvriers ont été expulsés du champ politique, alors si en plus il y a cela…

Une étape en prépare une autre et donc là tout a été raté. Il faut dire ici aussi que la faute en revient à ceux qui croient en le capitalisme et qui auraient bien aimé que les gilets jaunes soient le maximum de révolte possible. Quelle blague ! Et dire qu’il y en a pour croire que les gilets jaunes ont été violents et que la répression a été immense ! Mais quelle aberration !

La violence des gilets jaunes n’est strictement rien comparée à ce qui va se passer. Quant à la répression policière, elle n’a strictement rien été comparée à ce qui va arriver. Les gens qui ont connu les années 1970 le savent bien d’ailleurs : les gilets jaunes et les affrontements qui ont eu lieu, les interventions policières, tout cela n’a rien été du tout. Jouer au chat et à la souris c’est de l’amusement en comparaison à un conflit relevant de la lutte des classes.

La France va craquer et donc mettre un terme à toute une série de fictions. Certains auront peur et abandonneront. D’autres adopteront un discours de Gauche dure qu’ils rejetaient encore hier, afin d’être dans le sens du vent. Mais la Gauche historique se reconstituera, elle ancrera les idées du Socialisme dans les masses et elle fera en sorte qu’enfin, on transforme le monde dans tous ses aspects, car il est laid, il asphyxie la vie et en plus il court à sa perte.

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Jean-Luc Mélenchon, grand ennemi de la Gauche historique

Jean-Luc Mélenchon lance une grande offensive, qui se résume à une thèse très simple : il n’y a pas de classes, mais le peuple et l’oligarchie. L’actualité mondiale, c’est selon lui le « dégagisme » non-violent menant à une « assemblée constituante », ce qui forme une « révolution citoyenne ».

Le point de vue de Jean-Luc Mélenchon relève du bonapartisme social, qui en bien des points est proche du fascisme de par son refus de la conscience, des classes, du programme politique et sa valorisation du nationalisme, du mythe mobilisateur.

Voici le noyau de la thèse de Jean-Luc Mélenchon :

Jean-Luc Mélenchon a également écrit un très long article, présenté par lui comme le plus long qu’il ait écrit. Il y résume notamment son point de vue populiste en présentant ce qu’il considère comme les caractéristiques communes d’un dégagisme se développant dans les différents pays du monde. En voici les traits marquants :

« Le peuple nouvel acteur, la gauche disqualifiée c’est le diagnostic que j’ai posé noir sur blanc il y a près de 15 ans. »

« La théorie de l’ère du peuple et de la révolution citoyenne nous définit ce « peuple » comme l’ensemble de ceux qui ont besoin d’accéder aux réseaux collectifs pour produire et reproduire leur existence matérielle. Évidemment, ces réseaux sont de natures différentes et le fait qu’ils soient publics ou privés impacte directement leur mode d’accès. »

« Dans le déroulé de l’action, des caractéristiques communes surgissent. Elles ont un sens. Elles définissent « qui est là » et « que voulons-nous ». Il faut donc scruter les cortèges dans la rue pour lire le message. Partout le drapeau national fleurit dans les cortèges. C’est l’emblème de ralliement. »

« Une autre caractéristique identifiante de chacun de ces mouvements est l’affichage de leur connexion avec les évènements similaires dans le monde. Il s’y donne à voir une forme de légitimité universelle qui conforte celle déjà donnée par le drapeau national. On retrouve donc partout des gilets jaunes sur le dos de certains manifestants.

Mais aussi de façon tout aussi significative des emblèmes de culture contestataire universelle comme ces masques de Dalí, sur le mode de « La Casa de papel ». C’est une référence parlante que celle à la série Netflix dont la première saison est emblématique d’un message politique anti capitaliste de type non violent.

Une évocation typique des aspirations de la classe moyenne qui peut se payer l’abonnement à Netflix et y puiser une référence politique conforme à ses manières d’être sociales. Le maquillage du clown sans foi ni loi de « Joker » fait lui aussi son apparition désormais et on l’a signalé à Hong-Kong ou Beyrouth.

Car la volonté de non-violence est partout présente aux premiers pas des révolutions citoyennes. Elle lui donne un formidable liant. »

Ainsi, Jean-Luc Mélenchon veut que les classes populaires soient à la remorque des « classes moyennes ». La Gauche historique affirme le contraire et pour cause : c’est la classe ouvrière qui fait l’histoire, pas une petite-bourgeoisie qui un jour est du côté du peuple, un autre jour du côté des puissants.

Jean-Luc Mélenchon vise par ce populisme à empêcher que la classe ouvrière ne retrouve ses fondamentaux. C’est totalement vain. L’Histoire ne s’arrêtera pas.

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L’échec de la mobilisation de soutien aux Kurdes de Syrie

Les rassemblements en soutien aux Kurdes de Syrie samedi 2 novembre 2019 n’ont réunis que très peu de monde. C’est un échec directement politique.

Rien n’y fait. Il a été parlé des Kurdes de Syrie de manière ininterrompue dans les médias, il y a même eu un appel en leur faveur de 44 rescapés du Bataclan. Emmanuel Macron et de très nombreux politiciens affirment les soutenir. Pratiquement toute la scène anarchiste se mobilise également en leur faveur, ainsi qu’une bonne partie de l’extrême-Gauche. Libération a d’ailleurs publié la tribune d’un Collectif des combattantes et combattants francophones du Rojava.

Et pourtant il n’y a eu au rassemblement de solidarité hier que quelques milliers de personnes à Paris, quelques centaines à Strasbourg. Même la ville allemande de Cologne n’a vu se rassembler qu’environ 2 000 personnes. Pareil pour Berlin et Bâle en Suisse.

Pourquoi ce paradoxe ? Tout simplement parce que la spontanéité n’existe pas. Il n’y a plus de Gauche organisée à une échelle de masses, alors si les anarchistes ont décidé de faire confiance au PKK et de voir en Abdullah Öcallan un théoricien du municipalisme libertaire, cela ne parle pas du tout aux gens en France. C’est aussi simple que cela.

Il y a pourtant environ 800 000 personnes relevant, au sens très large, de la communauté turque en France. Pourquoi ne se sont-ils pas mobilisées ? Là encore, la raison en est simple. La Gauche turque est très présente en France historiquement, mais le PKK a tout fait pour avoir l’hégémonie et l’asphyxier. Cela a très bien marché. Le résultat en est une hégémonie réactionnaire et une déliquescence de la Gauche turque.

La situation n’a donc strictement rien d’étonnant et c’est bien cela qui est dramatique. Les Kurdes de Syrie se retrouvent dans une situation intenable – et ceux qui leur ont vendu du rêve en s’imaginant que le « Rojava » allait dégommer les puissances turque et syrienne ont leur part de responsabilité. Il leur aurait suffi de regarder l’histoire des Kurdes pour comprendre comment ceux-ci ont toujours été trahis, utilisés comme forces supplétives pour les conflits, par exemple lors du génocide arménien.

Cela montre aussi la vanité des gens pensant qu’une « minorité agissante » peut changer le cours des choses. Les anarchistes français se sont appropriés le thème du « Rojava » pour exprimer leurs fantasmes et leurs illusions et ce ne sont pas eux qui vont en payer le prix. Qui y aura-t-il alors demain pour maintenir le drapeau des droits des Kurdes ?

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L’appel «anti-islamophobie» pour le 10 novembre de la Gauche post-moderne

L’appel « anti-islamophobie » publié dans Libération est un véritable modèle du genre, puisque ses mots ont été choisis de manière extrêmement précise afin de satisfaire tant l’Islam politique que le libéralisme anti-universaliste de la Gauche post-moderne.

C’est à croire que la société flotte au-dessus du capitalisme, qu’il n’y a pas de bourgeoisie qui entend diviser pour régner. On a un « racisme » abstrait » visant « les musulmans » comme si ceux-ci formaient une communauté déterminée, unifiée.

À la bourse on achète des actions. Pour la Gauche post-moderne, la société fonctionne pareil. Il y a des acheteurs et des vendeurs, qui sont les individus tous différents les uns des autres. Mais tous participent à une grande bourse aux idées. Le but est de gagner des parts de marché. C’est là, on le reconnaîtra aisément, la conception sociale de la Gauche américaine, qui n’a jamais connu la Gauche historique.

La Gauche post-moderne française a adopté cette démarche. En ce sens, le quotidien Libération s’est donnée comme habitude depuis quelques temps de publier régulièrement des tribunes. Le Monde l’a toujours fait de temps en temps, mais Libération connaît une crise très profonde et cherche à s’en sortir. Sa méthode est de se placer comme plaque tournante d’une Gauche post-moderne, sociale mais ultra-libérale dans les mœurs. C’est à ce titre qu’on a la tribune « Le 10 novembre, à Paris, nous dirons STOP à l’islamophobie ! », qui appelle à un rassemblement à Paris.

Le texte, ci-dessous en annexe, a d’autant plus d’importance qu’il rassemble la Gauche post-moderne dans ce qui consiste en une grande offensive. Il s’agit très clairement de procéder à une cristallisation politique qui a de nombreux précédents dans d’autres pays, telles la Grande-Bretagne et la Belgique. Il s’agit de briser la Gauche historique au moyen d’une alliance de la Gauche post-moderne et des courants politiques musulmans à visée culturelle, ainsi que des courants « décoloniaux » entre les deux.

Il suffit pour s’en convaincre de voir les signataires initiaux de la tribune :

Madjid Messaoudene (élu de Saint-Denis), la Plateforme L.e.s. Musulmans; Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA); le Comité Adama; le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF); l’Union communiste libertaire (UCL); l’Union nationale des étudiants de France (Unef), Taha Bouhafs (journaliste).

Le NPA et l’Union communiste libertaire sont farouchement post-modernes, tout comme Madjid Messaoudene et Taha Bouhafs. La direction de l’Union nationale des étudiants de France est ouvertement sur cette ligne. Le Comité Adama se veut quant à lui d’esprit décolonial. Le Collectif contre l’islamophobie en France et la Plateforme L.e.s. Musulmans sont très clairement des structures relevant de l’Islam politique.

Et les appuis à cette initiative sont très puissants, puisqu’on retrouve pas moins que Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, ainsi que Jean-Luc Mélenchon et l’ensemble du groupe parlementaire La France Insoumise. Il y a aussi David Cormand, secrétaire National d’EELV. Impossible de ne pas voir là qu’il y a donc une démarche politique très claire. Le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez, en signant cette tribune, met d’ailleurs très clairement les pieds dans le plat, puisqu’il est censé être sur une position de réserve.

Un autre qui met les pieds dans le plat, c’est Benoît Hamon. Que Génération-s signe l’appel est plus ou moins dans l’ordre des choses. Mais Benoît Hamon était censé être en retrait. Passe encore, dira-t-on, mais il y a un souci plus grave et, on peut le dire, hautement symbolique.

En effet, lorsque le réactionnaire Alain Finkielkraut avait été insulté par des gilets jaunes, le journaliste Taha Bouhafs avait accusé celui-ci d’être un « sale sioniste », sur Twitter. Benoît Hamon, qui vient de la gauche historique, avait alors posté un message très construit, très juste :

« Je combats les idées réactionnaires et radicales d’Alain #Finkielkraut. Mais je condamne sans aucune réserve ceux qui l’ont conspué, insulté et traité d’un « sale sioniste » qui voulait dire « sale juif ». Et laissez la Palestine en dehors de cette violence antisémite gratuite. »

Ce à quoi Taha Bouhafs a répondu avec un message ignoble digne de Dieudonné et Alain Soral :

« C’est bientôt le dîner du CRIF [Conseil représentatif des institutions juives de France], et t’as pas envie d’être privé de petits fours. »

Alors comment est-ce que Benoît Hamon peut signer une tribune lancée par un tel personnage ? Non seulement, il y a une éventuelle allusion aux chambres à gaz, mais en plus il le présente comme soumis au CRIF, comme si cette structure jouait un rôle majeur dans la politique française.

Ah, mais il faut ici faire de la politique. Et malheureusement Benoît Hamon, en basculant dans la gauche post-moderne ouverte, a perdu le fil. Il veut juste bien faire.

Mais il ne s’agit pas de bien faire et de dire abstraitement : on est contre le racisme, la haine des musulmans est condamnable. Il s’agit d’avoir une lecture politique authentique : qui cherche à diviser le peuple, et pourquoi ? Et cela, seule la Gauche historique est capable de le faire, car elle sait que tout cela n’a qu’un but : empêcher l’émergence d’une conscience socialiste.

Voici la tribune, publiée dans Libération.

« Tribune. Depuis bien trop longtemps, les musulmanes et les musulmans en France sont la cible de discours venant parfois de «responsables» politiques, d’invectives et de polémiques relayés par certains médias, participant ainsi à leur stigmatisation grandissante.

Depuis des années, la dignité des musulmanes et des musulmans est jetée en pâture, désignée à la vindicte des groupes les plus racistes qui occupent désormais l’espace politique et médiatique français, sans que soit prise la mesure de la gravité de la situation.

Depuis des années, les actes qui les visent s’intensifient : qu’il s’agisse de discriminations, de projets ou de lois liberticides, d’agressions physiques de femmes portant le foulard, d’attaques contre des mosquées ou des imams, allant même jusqu’à la tentative de meurtre.

L’attentat contre la mosquée de Bayonne le 28 octobre, en est la manifestation la plus récente et les services de l’Etat savent que la menace terroriste contre les lieux de culte musulmans est grande.

Il a fallu que cette violence jaillisse aux yeux de tous, à travers l’humiliation d’une maman et de son enfant par un élu RN au conseil général de Bourgogne-Franche-Comté, pour que tout le monde réalise ce que des associations, des universitaires, des personnalités, des syndicats, militants et au-delà, des habitants, dénoncent à juste titre depuis des années : l’islamophobie en France est une réalité. Quel que soit le nom qu’on lui donne, il ne s’agit plus ici de débats d’idées ou de critique des religions mais d’une forme de racisme explicite qui vise des personnes en raison de leur foi. Il faut aujourd’hui s’unir et se donner les moyens de la combattre, afin que plus jamais, les musulmanes et les musulmans ne puissent faire l’objet de tels traitements.

Puisque les discours et déclarations d’intention ne suffisent plus, parce que l’heure est grave : le 10 novembre à Paris nous marcherons pour dire :

– STOP aux discours racistes qui se déversent sur nos écrans à longueur de journée, dans l’indifférence générale et le silence complice des institutions étatiques chargées de lutter contre le racisme.

– STOP aux discriminations qui visent des femmes portant le foulard, provoquant leur exclusion progressive de toutes les sphères de la société.

– STOP aux violences et aux agressions contre les musulmanes et les musulmans, qui se retrouvent progressivement déshumanisés et stigmatisés, faisant d’eux des terroristes potentiels ou des ennemis de l’intérieur.

– STOP aux délations abusives jusqu’au plus haut niveau de l’Etat contre des musulmans dont le seul tort serait l’appartenance réelle ou supposée à une religion.

– STOP à ces dispositifs de surveillance de masse qui conduisent à une criminalisation pure et simple de la pratique religieuse.

Les conséquences, notamment pour des salariés licenciés et des familles déstabilisées, sont désastreuses et ne peuvent plus être tolérées. Cette criminalisation se fait au détriment des libertés fondamentales et des principes les plus élémentaires d’égalité censés guider notre pays.

Nous, musulmans ou non, disons STOP à l’islamophobie et nous serons nombreux pour le dire ensemble le 10 novembre prochain à Paris.

Nous appelons toutes les organisations, toutes les associations, tous les collectifs, toutes les fédérations de parents d’élèves, tous les partis politiques, toutes les personnalités, tous les médias, toutes les personnes solidaires à se joindre à cet appel solennel et à répondre présent à la marche du 10 novembre prochain.

Il en va des libertés fondamentales de tous. Il en va de la dignité et de l’intégrité de millions de concitoyens. Il en va de notre unité à tous, contre le racisme sous toutes ses formes qui, aujourd’hui, menace une nouvelle fois la France.

Un appel initié par Madjid Messaoudene (élu de Saint-Denis), la Plateforme L.e.s. Musulmans; Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA); le Comité Adama; le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF); l’Union communiste libertaire (UCL); l’Union nationale des étudiants de France (Unef), Taha Bouhafs (journaliste). Premiers signataires: Action Antifasciste Paris Banlieue (AFA); Arié Alimi , avocat; Pouria Amirshahi , directeur de publication de Politis; Manon Aubry, eurodéputée; Étienne Balibar , universitaire; Ludivine Bantigny, historienne; Yassine, Belattar, humoriste; Esther Benbassa, sénatrice EE-LV de Paris; Olivier Besancenot, NPA; Saïd Bouamama, sociologue; Leïla Chaibi, eurodéputée LFI; André Chassaigne, député, président du groupe GDR; David Cormand, secrétaire National d’EE-LV; Laurence De Cock, enseignante; Caroline De Haas, militante féministe; Vikash Dhorasoo, ancien de joueur de foot, parrain d’Oxfam et président de Tatane; Rokhaya Diallo, journaliste et réalisatrice ; Pierre Jacquemain , rédacteur en chef de Regards; Éric Fassin, sociologue; Elsa Faucillon, députée PCF; Fédération syndicale unitaire (FSU); Fianso, artiste; Front uni des immigrations et des quartiers populaires (FUIQP); Geneviève Garrigos, féministe, militante des Droits humains; Vincent Geisser, politologue; Alain Gresh, journaliste; Nora Hamadi, journaliste; Benoît Hamon, Génération.s; Yannick Jadot (député europééen EELV); Mathilde Larrère, historienne; Mathieu Longatte (Bonjour Tristesse); Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT; Jean-Luc Mélenchon et l’ensemble du groupe parlementaire La France Insoumise; Marwan Muhammad, auteur et statisticien; Younous Omarjee, eurodéputé; Stéphane Peu, député PCF; Edwy Plenel, journaliste; Maryam Pougetoux et Mélanie Luce, Unef; Jérôme Rodrigues, gilet jaune; Julien Salingue, docteur en science politique; Pierre Serne (porte-parole de Génération.s); Michèle Sibony et l’Union juive française pour la paix (UJFP); Laura Slimani, élue de Rouen, direction nationale de Génération.s; Azzédine Taibi, maire PCF de Stains; Sylvie Tissot, sociologue; Aida Touihri, journaliste; Assa Traoré, comité Adama; Aurélie Trouvé, porte-parole d’Attac; Union syndicale Solidaires; Dominique Vidal, journaliste et historien.

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Municipales: la pression de l’extrême-Droite en Isère

L’Isère est un département d’Auvergne-Rhône-Alpes situé entre Lyon et les Hautes-Alpes. Scindé entre un nord plutôt à Droite et le sud plutôt à Gauche, l’Isère a comme préfecture une métropole « dynamique », Grenoble.

Le problème est que si Grenoble est une ville à Gauche, aux traditions ouvrières relativement fortes, le Nord-Isère est la nouvelle place forte de classe ouvrière avec une extrême-Droite bien établie.

Succieu, Torchefelon, Flachères, Bourgoin-Jallieu, La Bâtie Division, cinq villes du Nord-Isère qui ont en commun d’avoir accueilli un concert néonazi depuis 2013.

En septembre 2014, une croix gammée et un tag antisémite sont découvert sur la façade d’un coiffeur de Bourgoin-Jallieu.

En août 2016, c’est la mosquée de la Tour-du-Pin qui est la cible d’un incendie, qui s’avéra être l’œuvre de militants d’extrême-Droite, dont un ancien élu du groupe « Échirolles Bleu Marine ».

Nul besoin d’aller plus loin pour comprendre que le Nord-Isère est soumis à une intense activité fasciste. Si elle repose sur des groupuscules très minoritaires, il n’en reste pas moins certain qu’il y a dans cette région tout un contexte social et culturel propice au fourmillement de l’extrême-Droite.

Or, aux dernières élections européennes, LREM est arrivé largement en tête en Isère et EELV rafle la majorité des suffrages à Grenoble, Meylan, Voiron. C’est qu’en fait l’Isère est, comme ailleurs, un département divisé entre la ville et la campagne.

L’agglomération grenobloise a une contre-culture développée et un état d’esprit festif et solidaire porté par les étudiants issus des campagnes savoyardes voisines. Grenoble, c’est en quelque sorte l’opposé de Lyon, cette ville arrogante alimentée par une bourgeoisie hautaine issue des Mont-d’Or. Cette opposition est visible dans le football avec d’une côté les supporters grenoblois du « Red Kaos 94 » et de l’autre, les supporters lyonnais des « Bad Gones » et « Lyon 1950 ».

À Grenoble, c’est donc logiquement Eric Piolle qui dirige la municipalité, dans une vaste coalition de gauche qui repose essentiellement sur cette culture propre à la ville. Cette coalition a d’ailleurs annoncé qu’elle se représentait pour les élections de mars 2020.

Mais d’un autre côté, on a les petites villes ouvrières, notamment celles du Nord-Isère, encerclées par la gigantesque métropole lyonnaise et Grenoble. Avec une tradition industrielle tournée vers l’automobile, l’agglomération de Pont-de-Chéruy est constituée de ménages ouvriers, avec une partie issue de l’immigration maghrébine des années 1960 ayant accédée au « rêve pavillonnaire ».

Or, voici les scores du RN dans cette agglomération aux dernières élections européennes : 40,8 % à Chavagneux, 37, 54 % à Chavanoz, 34, 83 % à Saint-Romain-de-Jalionas, 33,6 % à Pont-de-Chéruy, 32,93 % à Tignieu-Jameyrieu, 25,3 % à Crémieu.

C’est dire comment l’extrême-Droite est implantée dans les mentalités de ce territoire. À quelques encablures de Lyon, c’est la Gauche qui devrait normalement être dominante dans cet espace stratégique.

Mais il faut dire que l’extrême-Droite ne sort pas de nulle part ici. Que cela soit dans sa variante catholique contre-révolutionnaire avec la forte implantation de la Fraternité Saint-Pie X ou sa variante poujadiste avec La Confédération intersyndicale de défense et d’union nationale des travailleurs indépendants (CIDUNATI) fondée par le petit boutiquier de La Bâtie-Montgascon, Gérard Nicoud, l’extrême-Droite a une longue et riche histoire.

C’est d’ailleurs le CIDUNATI qui organisa une grande manifestation contre l’assurance sociale en 1969, réunissant plus de 10 000 personnes à Grenoble (soutenue à l’époque par la Gauche, et notamment les maoïstes).

Or, pour les élections municipales 2020, le Rassemblement national avance sereinement ses pions sur un territoire qui semble tout ouvert à sa cause. À Bourgoin-Jallieu, c’est justement Nathalie Germain qui se présente. Née en 1966 à la Tour-du-Pin de parents militants au CIDUNATI, cette coiffeuse indépendante est également membre du conseil national du parti de Marine Le Pen.

Face à cette prétention, la Gauche est réunie autour de l’initiative de Berjallien Unis et Soldiaire (B.U.S) qui réunit le PS, le PCF, Forces Laïques et Génération-s. Gageons que cette unité à Gauche parvienne à isoler la démagogie nationaliste qui trouve ici un terrain propice à son succès.

À Chavagneux, Gérard Dézempte, élu maire en 2014 avec l’investiture de l’UMP, a basculé dans le camp de l’extrême-Droite après une lettre commune de soutien à Marine Le Pen en mai 2017, signée par les secrétaires départementaux de Debout la France (Edmond Damais) et du Rassemblement national (Thibaut Monnier).

Candidat à sa réélection, Gérard Dézempte est depuis adhérent à un micro-parti national-conservateur « Ensemble pour la France ». La mairie fut d’ailleurs recouverte de gilets jaunes à son initiative en novembre 2018, dans un état d’esprit poujadiste que n’aurait pas dédaigné Gérard Nicoud.

Trois listes RN sont également prévues dans l’arrondissement de la Tour-du-Pin. À Avenières Veyrins-Thuellin, petite ville de 7 712 habitants où le RN a obtenu 36,24 % des suffrages aux dernières élections européennes et où le mouvement des gilets jaunes a été lancé par l’Union Nationales des Indépendants Retraités du Commerce (UNIRC).

Il y a aussi Aoste, ce village de 2 873 habitants qui a voté à 37 % pour Jordan Bardella en mai 2019, que Anthony Turchetti veut tenter de gagner. Enfin, mentionnons Faverges-de-la-Tour (1 388 habitants) avec Marc Magnoux où le RN a atteint 30 % des votes.

Or, l’avancée de l’extrême-Droite ne semble pas se limiter qu’aux villes du Nord-Isère. À Echirolles, cela fait quelques années qu’elle pratique une intense pression sur cet ancien bastion ouvrier acquis au PCF. Après plusieurs divisions internes à l’extrême-Droite, Alexis Jolly va représenter le RN avec la volonté de « mettre un terme à 70 ans de communisme à Echirolles ».

De manière démagogique, il rappelle que « l’être humain a besoin d’espace de contact avec la nature pour s’épanouir » et demande un moratoire de deux ans sur toute nouvelle construction. C’est dans ce contexte de campagne électorale qu’il a réalisé une opération nettoyage du parc de la Buclée menacé de destruction.

Responsable départemental et conseiller régional, il avance plus que confiant :

« par rapport à 2014 on part vraiment pour la gagne. La gauche est totalement divisée vous avez dans la majorité des gens qui ont déjà annoncé qu’ils allaient se présenter contre le maire ».

En effet, le premier adjoint Thierry Monel (Génération-s) a annoncé sa candidature alors que Renzo Sulli, maire PCF sortant, est candidat à sa réélection.

On sait comment Lyon est un bastion de multiples groupuscules néofascistes. On comprend alors comment  la campagne nord-iséroise est un réservoir de renouvellement de ces groupuscules. Les élections municipales de mars 2020 risquent bien de fertiliser encore un peu plus ce sol pour l’extrême-Droite, y compris dans ses variantes radicales.

Plus généralement, le Nord-Isère est l’illustration de la catastrophe à Gauche, réfugiée depuis trop longtemps dans les grandes métropoles et leur vague culture « progressiste ». Elle va en payer le prix.

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Communiqué du PS 76 sur le limogeage du Directeur de Paris-Normandie: «l’indépendance de la presse est menacée»

La fédération de la Seine-Maritime du Parti socialiste publie un communiqué alertant sur le limogeage du Directeur général du quotidien local Paris-Normandie. L’actionnaire de ce journal est Jean Louis Louvel, qui s’est déclaré candidat pour les municipales à Rouen sous l’étiquette LREM, la majorité présidentielle.

Précisons que Jean Louis Louvel est le Président Fondateur d’une grande entreprise, PGS, qui se présente comme le leader français du marché de la palette en bois. En plus de détenir le quotidien Paris-Normandie, qui est très lu à Rouen, il détient le Club de rugby de Rouen.

Dans un article publié hier, France Bleue Seine-Maritime explique qu’il avait déclarer vouloir céder une partie de ses parts dans le journal pour en préserver l’indépendance, mais que les offres auraient systématiquement été déclinées.

Voici le communiqué du PS 76 qui soulève le problème démocratique causé par cette situation et évoque un désaccord sur l’indépendance de la rédaction entre l’actionnaire et son directeur limogé :

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Page spéciale élections municipales 2020 sur À Gauche

À moins de 5 mois des élections municipales du 15 mars prochain, nous lançons une page spéciale sur laquelle seront regroupés les articles à ce sujet. Nous allons continuer à proposer des présentations pour des cas typiques et intéressants pour la Gauche, que nous suivrons jusqu’en mars et après, avec comme grille d’analyse la nécessité des démarches unitaires, dans le cadre d’un nouveau Front populaire à construire pour la Gauche.

Voici le premier édito que l’on retrouve sur la page spéciale agauche.org/municipales2020 :

« À moins de cinq mois des élections municipales, où en est la Gauche en France ? Après la déroute des élections européennes, marquées par l’éparpillement de la Gauche, on voit apparaître un peu partout des rassemblements unitaires, portés par des dynamiques très locales.
Il faut bien remarquer que, de manière générale, ce sont des militants ancrés depuis longtemps dans la vie quotidienne, bien souvent issu du PS ou du PCF, qui fournissent le plus grand travail pour unir et rassembler ces forces.
Parfois même, militants du PCF et du PS sont à l’initiative de regroupements à la base depuis la fin du printemps 2019, avec un esprit pas très éloigné du principe de Front populaire. Le spectre du Rassemblement national qui pourrait rafler un certain nombre de municipalité est en effet dans tous les esprits.
Lorsqu’elles existent, ces expériences unitaires sont bien souvent le résultat d’une analyse de la déroute des élections européennes et se font au moins en partie le témoin de la continuité de la Gauche historique dans certaines zones populaires.
On remarque également que La France insoumise, qui a tendance à s’éloigner de la Gauche au profit du populisme dans son expression nationale, se retrouve en fait bien souvent liée à la Gauche quand il s’agit des réalités locales. Elle reste cependant une force assez peu déterminante dans les dynamiques unitaires.
Dans ce panorama, l’inconnu reste le comportement d’Europe Écologie-Les Verts qui, selon les situations rejoint les initiatives unitaires de la Gauche ou préfèrent faire cavalier seul. Espérant confirmer le bon score réalisé aux élections européennes, EELV pourrait avoir une lourde responsabilité dans certaines zones, notamment les grandes villes, si ses listes « solo » favorisent l’extrême-Droite.
Dans un contexte de frilosité générale pour les forces populaires et démocratiques, les initiatives qui placent les discussions communes sur le programme et les valeurs, avant la désignation d’une tête de liste doivent être encouragées et soutenues.
Généré par agauche.org, cette page spéciale Municipales 2020 se veut être un outil de centralisation des dynamiques afin de gagner en lisibilité à l’échelle de l’hexagone et d’encourager les initiatives allant dans le sens de l’unité de la Gauche. »