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Abandon du « délit d’entrave à la chasse » : une bataille est gagnée, mais pas la guerre !

La proposition de faire passer l’entrave à la chasse de simple contravention à délit vient d’être repoussée par les parlementaires. C’est une victoire importante pour le mouvement démocratique en France et particulièrement pour cette grande bataille démocratique et populaire pour l’abolition de la chasse à courre. 

Voici l’analyse complète de la situation par le collectif AVA – Abolissons la vénerie aujourd’hui :

« Abandon du « délit d’entrave à la chasse » : une bataille est gagnée, mais pas la guerre !

 

Les chasseurs ont, dirait-on, vendu la peau de la démocratie avant de l’avoir tuée. Fanfaronnant dans leurs publications depuis des mois, sûrs d’eux et de leur force de frappe au Parlement, ils annonçaient ce vote comme une formalité.

La Commission Mixte Parlementaire qui devait trancher sur ce fameux « amendement Cardoux », parmi d’autres questions, a pourtant choisi de le repousser ! La raison invoquée : celui-ci serait trop axé sur la chasse et poserait probablement des problèmes de constitutionnalité.

image.gifL’« entrave à la chasse » existe dans notre pays sous forme d’infraction depuis 2010, et est punie par une amende pouvant aller jusqu’à 1500€ (https://www.legifrance.gouv.fr/eli/decret/2010/6/4/DEVN0831432D/jo). Cette mesure unique au monde est, aux yeux de nombreux experts, non-conforme au droit européen et des associations ont entrepris de la contester devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Mais pour cela, encore faut-il que quelqu’un soit poursuivi pour ce motif, et les autorités semblent plus que frileuses : même à l’époque du mouvement Droit des Animaux qui revendiquait ouvertement l’entrave devant les caméras et les forces de l’ordre, personne n’a jamais été poursuivi.

Cette contravention est donc restée inappliquée mais bien en vigueur, dans le seul but d’intimider les opposants à la chasse.

Mais cette mesure symbolique est un bien faible barrage face à la marche inexorable de l’Histoire. Depuis 2017, notre mouvement contre la chasse à courre prend de l’ampleur, de plus en plus de personnes décident de suivre et surveiller les chasses eux-même sur le terrain, montrant leur opposition aux veneurs, toujours de manière pacifique et raisonnée.
Les relais de la vénerie et de la chasse en général dans les institutions ont donc décidé de jouer la surenchère, en proposant d’accentuer les peines encourues : l’amendement Cardoux, glissé dans le projet de loi « Office de la Biodiversité et de la Chasse », faisait passer l’entrave de simple contravention à délit, passible de 30.000€ d’amende et d’un an d’emprisonnement.

C’est avant tout l’effet psychologique de démobilisation qui est recherché, à grands renforts de mensonges dans l’hémicycle (osant qualifier les habitants vigilants de « terroristes » et de « black blocks » !) et de communication dans la presse, faisant passer cet amendement pour déjà validé.


Finalement il n’en a rien été, et il est tout aussi important de le faire savoir.

L’abandon de cette mesure est bien sûr une excellente nouvelle, dont nous devons nous réjouir. Les mots choisis dans le texte rendaient de toute manière l’amendement inconstitutionnel. Ce sont des considérations de ce genre qui ont amené à cette déroute, bien plus sûrement qu’une réelle conscience des élus concernés quant la question de la chasse et surtout de la vénerie, pourtant décriée par 84% de leurs administrés (les discussions autour de ce projet de loi sont consultables ici : http://www.senat.fr/rap/l18-424/l18-4243.html?fbclid=IwAR3J-17MBXMXhRMrYO4OmGHXN7c35Kan9FhLoiHR79KSm3saQFnywBOeH8U ).

Mais l’offensive de la chasse ne va pas s’arrêter là.

En effet, le Gouvernement a passé un accord avec les sénateurs ayant proposé cet amendement : celui-ci sera examiné par le Parlement plus tard, sous forme d’une proposition de loi plus large, qui visera à interdire « le fait d’entraver, […] ou d’empêcher la tenue de tout évènement ou l’exercice de toute activité autorisé par la loi, est puni d’un an d’emprisonnement et de 15000 euros d’amende. »

[ La proposition de loi est consultable ici : https://www.senat.fr/leg/ppl18-023.html?fbclid=IwAR2ss1APOn9OCPrsfbIY-VXa5rL3n20wtevgf6m_Ml9jj0aCKwOXFZT7UQw
Et l’article de loi non modifié, là : https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?idArticle=LEGIARTI000006418459&cidTexte=LEGITEXT000006070719&dateTexte=20020101&fbclid=IwAR0ZbWL5ajEGIb6KnxGMpryRJuJI52cZiZ0h1h3t2037SsxUPWelEAarpQE ]

Une nouvelle bataille législative se prépare donc, et nous appelons d’ores et déjà toutes les organisations qui agissent pour la Nature, pour les droits sociaux, pour la liberté d’expression mais aussi les élus conscients des enjeux profonds à faire bloc face à ces attaques futures.

Quant à nous, nous pouvons maintenant avancer avec confiance vers la saison prochaine, de plus en plus nombreux et déterminés, sans pour autant sous-estimer l’offensive en cours contre notre beau mouvement. Les veneurs disposent de nombreux relais au cœur des institutions et ont la ferme intention de s’en servir, afin de criminaliser toute opposition à leur égard.

Tous ensemble, habitants témoins et victimes de cette pratique, défenseurs des animaux et du progrès, avançons vigilants et déterminés vers l’abolition de la chasse à courre, juste sens de l’Histoire humaine !

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Politique

Le Saint-Hubert Club de France et ses conservateurs révolutionnaires

Le Saint-Hubert club de France, fondé en 1902, défraie la chronique chez les dirigeants des chasseurs par son positionnement élitiste et conservateur révolutionnaire digne des années 1920-1930. Le légitimisme pro-terroir et pro-notables trouve ici un concurrent vigoureux et très ambitieux, tourné vers la Russie et l’idéologie conquérante paneuropéenne.

L’Opinion est un quotidien de droite à la fois conservatrice et libérale, un peu comme le RPR de par le passé. Il a publié un article très intéressant : « Flirt d’extrême droite au plus vieux club de chasse de France ». Toute personne s’intéressant à la chasse doit le lire.

L’affaire concerne le Saint-Hubert club de France, la plus ancienne association de chasse en France, installée carrément dans la Maison de la chasse et de la nature à Paris où elle fait même des dîners. Pour le résumer sommairement, l’idée est la suivante : cette association assume entièrement la substance ultra-conservatrice et ultra-élitiste de la démarche de la chasse.

Or, cela va totalement à l’encontre de la démarche populiste-conservatrice de la direction des chasseurs. Et donc, le 10 avril 2019, le dîner caritatif de l’association au restaurant Chez Françoise, à côté de l’Assemblée nationale », a tourné à l’affrontement idéologique. On remarquera au passage que L’Opinion, en passant, nomme certaines personnes présentes :

« Parmi les convives qui lèvent leur verre, on aperçoit Jean-Frédéric Poisson, patron du Parti Chrétien-Démocrate ex-allié de Nicolas Dupont-Aignan ; le préfet Henri-Michel Comet, remercié dans le Rhône par Gérard Collomb, ou encore Patrick Gentil, industriel de la Sarthe passionné de chasse à l’ours dans l’Extrême-Orient russe. »

Willi Schraen, président de la Fédération Nationale des Chasseurs, est membre de l’association. Y était-il ? En tout cas, donc, Thierry Coste, conseiller chasse et ruralité d’Emmanuel Macron, et grand lobbyiste de la chasse, « venu à titre exceptionnel », a exigé que soit mis un terme au positionnement non directement populaire et légitimiste par rapport à l’État.

Cela s’est mal passé et le dîner a été fui par certains, alors que parmi les chants des convives restants, on a pu entendre, selon des témoins s’exprimant au quotidien L’Opinion:

« La Royale, hymne de l’Action française, ou le chant allemand des Fallschirmjäger, les parachutistes de la Wehrmacht »

L’article précise également que le dirigeant de l’association, Henri de Grossouvre, est un homme des réseaux russes et serbes, partisan d’une affirmation paneuropéenne par un axe Paris-Berlin-Moscou. On apprend également que le numéro deux de l’association a un profil correspondant à tout cela :

« Guillaume Beaumont organise des chasses au domaine du Naon, à Souesmes (Loir-et-Cher). Thierry Légier, ancien de l’Action française et proche de Jean-Marie Le Pen, en est un habitué. En décembre 2017, une battue a réuni Marion Maréchal, Jean-Frédéric Poisson et Louis-Alphonse de Bourbon, l’arrière-petit-fils de Franco. »

On a compris l’ambiance. La chasse, vecteur idéologique ultra-réactionnaire, a donc catalysé la formation d’un noyau dur idéologique rassemblant des gens de la haute société. On a le même schéma que dans l’Allemagne des années 1920 ou la France des années 1930, avec des milieux grands bourgeois qu’on peut désigner comme « conservateurs révolutionnaires ».

Ce noyau dur a pris la direction du Saint-Hubert club de France et va, on l’a compris, servir de levier pour interpeller la grande bourgeoisie dans son ensemble et la pousser dans la « solution » qu’est l’alliance de la droite conservatrice à la Marion Maréchal avec la droite populiste-démagogique de Marine Le Pen, pour « remettre de l’ordre ».

Ce n’est évidemment pas du goût des grands bourgeois légitimistes, préférant asseoir l’ancrage dans les institutions et n’ayant pas besoin d’une révolution conservatrice. C’est cela l’arrière-plan du conflit et la publication de l’article à ce sujet par L’Opinion est une torpille des seconds envoyés à destination des premiers.

Même si, du point de vue de la Gauche, les uns ne valent pas mieux que les autres, il serait totalement erroné de ne pas saisir leur contradiction relative et de ne pas saisir ce que cela signifie pour combattre tant l’un que l’autre, en cernant bien leur différence et surtout leur importance dans le processus de lutte contre la chasse.

L’opposition entre Willi Schraen le légitimiste et Henri de Grossouvre le conservateur révolutionnaire a un sens historique et on peut d’ailleurs être certain que les ultras-réactionnaires se renforceront toujours plus. Il faut bien saisir comment le terrain est mouvant et combien est importante la lutte pour gagner le plus de masses possibles contre les réactionnaires !

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Écologie

« Pendons les écolos tant qu’il reste des arbres »

Les chasseurs n’hésitent pas à employer la manière forte, car ils se considèrent comme porteurs des vraies valeurs, celles du terroir. Inextricablement liés au pétainisme comme idéologie de la territorialisation du conservatisme le plus poussé, ils assument ouvertement qu’ils sont prêts à détruire leurs opposants.

« Pendons les écolos »

Que cette photographie ait été prise à un rassemblement organisé par des partisans de la chasse à courre, le 30 mars 2019, n’étonnera nullement. La chasse à courre a été le prétexte pour les chasseurs à un branle-bas de combat à la fois général et agressif. Les troupes sont motivées et le slogan « Pendons les écolos tant qu’il reste des arbres » témoigne bien de leur agressivité.

On a donc de l’humour noir. Résumant l’écologie à une panique parce que les arbres disparaîtraient en France (ce qui est une réduction sciemment stupide), il y a l’idée de pendre les écologistes, de les supprimer physiquement. L’image du pendu est très clair et l’ensemble est indubitablement un appel à la violence.

Ce n’est pas une simple « provocation ». Dans les forêts, contre les activistes anti-chasse à courre, la violence est déjà de mise. Voitures aux pneus crevés, personnes menacées (y compris de violences sexuelles), tabassées… les forces réactionnaires de notre pays sont très vivaces. Elles savent frapper, elles le font. Et leur public, arriéré dans tous les domaines de l’épanouissement personnel en termes culturels, suit.

Cela ne surprendra personne ayant une compréhension de ce qu’est une civilisation. La grossièreté, la brutalité, le refus complet de l’intelligence, le rejet total de la culture, le mépris pour la civilisation, la dénonciation de la compassion, l’hostilité à l’empathie… Voilà ce qui caractérisent les chasseurs, à différents degrés. Cela affleure dès qu’ils s’expriment, dès qu’ils ont quelque chose à dire.

Si on laisse ces personnes prendre le contrôle total du pays, on ferme les musées, on ferme les opéras, on fume où on veut quand on veut dans un pays où la limitation de vitesse sur les routes est supprimé. On supprime les impôts et toutes les taxes sur l’essence. Les chasseurs, ce sont nos Donald Trump à nous, et les gilets jaunes correspondent directement à cet état d’arriération de la société française.

Une arriération déjà moquée par les Inconnus il y a de cela quelques décennies déjà…

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Écologie

La Gauche doit saisir l’importance de l’offensive réactionnaire en faveur de la chasse

Le Sénat a adopté le 11 avril un amendement créant un délit d’entrave à la chasse, puni d’un an de prison et de 30 000 euros d’amende. Cela s’inscrit dans un contexte général faisant de la chasse une cause à défendre pour les réactionnaires, avec une collusion politique entre la Droite et la majorité présidentielle d’Emmanuel Macron.

Cela ne fait aucun doute, il s’agit d’un amendement directement destiné à enrayer le mouvement démocratique et populaire d’opposition à la chasse à courre en France. Le succès et le développement du collectif AVA est tel que les forces réactionnaires s’organisent, pour tenter de maintenir l’ordre existant dans les campagnes.

La fin de la saison de chasse à courre le mois dernier a ainsi été marquée, en plus des rassemblements d’AVA, par d’importants contre-rassemblements. Cela s’inscrit dans une dynamique générale de la Droite traditionnelle, qui fait de la défense de la chasse un étendard du conservatisme.

L’opposition à la chasse à courre est vécue comme une grande menace par des gens qui pensent que les valeurs écologiques et en faveur des animaux sont une agression à leur encontre. Il faut lire ici avec attention les discours de l’Association de défense de la ruralité et de ses traditions, qui organisait les rassemblements contre AVA.

> Lire également : Le front réactionnaire dans les campagnes pour défendre la chasse à courre

Il y a là une expression politico-culturelle très aboutie, avec des arguments rodés, puisant dans la tradition réactionnaire française du XXe siècle.

Cette Droite traditionnelle, conservatrice, est aussi très présente politiquement, notamment au Sénat qui est dominé par une majorité Les Républicains (LR). On a ainsi vu le sénateur de l’Oise Jérôme Bascher (LR) défendre l’amendement en reprenant tels quels les mensonges des partisans de la vénerie. Il n’a pas hésité à qualifier les anti-chasse à courre de « terroristes », avec des méthodes ressemblant aux « black blocs ». Le sénateur du Loiret Jean-Noël Cardoux (LR) a fait de même, affirmant de manière mensongère qu’il y avait des attaques à l’intégrité physique des personnes et des animaux.

Cela est bien sûr grotesque puisqu’en deux ans d’existence, « pas une seule entrave à la chasse n’a été constatée par les forces de l’ordre », comme l’a rappelé AVA dans un communiqué.

Cela montre une terrible crispation de la part de notables et de leur représentants politiques, qui ne supportent pas que la population mette le nez dans leurs affaires, qu’un mouvement démocratique ose dénoncer leurs activités moyenâgeuses.

Il faut bien comprendre aussi que l’amendement créant un délit d’entrave à la chasse n’est qu’une partie d’une offensive plus générale de la Droite en faveur de la chasse. Le Sénat a en effet largement modifié le projet de loi organisant la fusion l’année prochaine entre l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) et l’Agence Française de la Biodiversité.

La sénatrice socialiste de l’Oise, Laurence Rossignol, a expliqué que :

« Cet amendement a été voté uniquement par la droite du Sénat. Comme les autres amendements ajoutés, il accroît encore la complaisance de la loi à l’égard de toutes les chasses »

Le nom de l’organisme nouvellement créé a ainsi été modifié par les sénateurs pour y ajouter le mot « chasse », devenant l’Office français de la biodiversité et de la chasse.

Cette fusion relevait à l’origine d’une sorte de compromis entre les chasseurs et ce qui est nommé la défense de la biodiversité, compromis organisé par le ministre de la Transition écologique François de Rugy.

Les différentes associations environnementalistes qui soutenaient ce projet se sont offusquées des changements opérés par le Sénat, considérant « le futur Office français de la biodiversité menacé par les lobbies de la chasse ».

Dans un communiqué signé par une quarantaine d’associations vendredi 19 avril, il est dénoncé le fait que les sénateurs « ont complètement dénaturé le projet de loi » et que « le nombre de cadeaux indécents abandonnés au monde de la chasse, notamment fiscaux, marqueraient un recul historique de la protection de la nature en France et hypothéquerait les chances de succès du futur établissement public. »

Le texte amendé par le Sénat prévoit en effet un nombre important de mesures en faveur de la chasse, qui sont détaillées et dénoncées dans le communiqué. Ces mesures sont également présentées en détail dans un article écologiste qui dénonce une « sacralisation de la barbarie ».

Selon toute vraisemblance, le texte va être définitivement adopté dans la semaine après sa validation par une commission mixte paritaire de députés et de sénateurs. Il semble peu probable que l’Assemblée nationale, dominée par la majorité présidentielle, veuillent rediscuter la loi, tant on a compris depuis plusieurs mois à quel point Emmanuel Macron soutient le dispositif réactionnaire visant à défendre la chasse en général et la chasse à courre en particulier.

Rappelons ici que le projet d’Office de la biodiversité avait initialement été porté par Nicolas Hulot, qui a finalement démissionné du ministère en dénonçant le « lobby » des chasseurs. Quelques mois plus tard, on retrouvait quatre membres du gouvernement au congrès de la Fédération nationale de la chasse : le ministre de la Transition écologique François de Rugy, le ministre de l’agriculture Didier Guillaume, le ministre des Collectivités locales Sébastien Lecornu et la secrétaire d’État à la Transition écologique Emmanuelle Wargon.

Le président de la fédération des chasseurs Willy Schraen y avait alors expliqué que « le président de la République, Emmanuel Macron, a fait plus pour la chasse française qu’aucun de ses prédécesseurs. »

> Lire également : notre dossier sur la chasse à courre

Il est important pour la Gauche de saisir le sens de cette offensive générale en faveurs de la chasse et des chasseurs. Il ne faut pas laisser faire, laisser se développer un front des conservatismes en France, avec la question de la chasse comme moyen mobilisateur. Le risque serait énorme ensuite de se faire broyer pour toute personne défendant l’écologie et luttant contre les conservatismes dans les campagnes.

La création du délit d’entrave à la chasse est inacceptable pour la Gauche, tant il consiste en l’annihilation par la peur de toute contestation démocratique et populaire envers les réactionnaires.

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Communiqué d’AVA après le succès de la fin de saison de chasse à courre

Voici le communiqué d’AVA publié sur Facebook et Twitter après le succès de ce samedi 30 mars 2019 :

Voici que s’achève la deuxième saison d’AVA (Abolissons la Vénerie Aujourd’hui), et ce sur une mobilisation nationale unique, pour la première fois : 1 100 personnes sont sorties fêter avec nous la fin de saison de chasse à courre, et le retour du calme dans les forêts.

Le parti pris par AVA s’avère donc payant : celui d’implanter le mouvement localement, partout où la barbarie a lieu, d’en donner les clés à la population vigilante et sûre de sa force, et non à une poignée d’activistes.

Nous étions donc plus nombreux que l’année passée, répartis sur quatre villes, malgré une pression très forte des veneurs. A deux endroits, ils avaient organisé des « contre-manifestations », même si celles ci étaient hypocritement tournées autour de la « ruralité » et des « traditions », car impossible pour eux de mobiliser franchement en défense d’une pratique telle que la vénerie, rejetée par tous !

Nos adversaires, qui tentent toujours désespérément de nous caricaturer en « antispécistes violents radicalisés etc…», s’enfoncent chaque jour un peu plus dans le mensonge pour sauver la face : ils ont bien face à eux une résistance populaire solide, basée sur des valeurs positives.

C’est le besoin de civilisation en général qui s’exprime à travers notre mouvement contre la barbarie et le féodalisme dans nos campagnes. Nous avons, encore aujourd’hui, marqué un jalon dans notre avancée, sous forme d’une célébration de la Nature sauvage pour ce qu’elle est, du printemps et de la quiétude retrouvée en forêt, libérée de la chasse à courre pendant 6 mois !

Avant de revenir plus nombreux, plus forts, et plus sûrs de nous encore, le message est passé : Bye Bye la chasse à courre !

Merci à tous de votre abnégation et de votre engagement ! ✌️🦌

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Succès des quatre rassemblements d’AVA contre la chasse à courre

Pour la fin de la saison de chasse à courre, l’association AVA a réussi quatre rassemblements différent pour marquer le coup. C’est une réussite exemplaire, avec plus de mille participants en tout.

AVA avait organisé un rassemblement l’année dernière à Compiègne, qui avec mille personnes avait été un succès marquant. Un espace démocratique avait été ouvert ; pour la première fois, l’hégémonie réactionnaire particulièrement sévère qui régnait avait été ébranlée et ce profondément. Ce fut un épisode qui a compté.

Cette année, quatre rassemblements différents ont été mis en place, pour asseoir un mouvement qui dispose désormais de 19 antennes ; il s’agissait bien entendu de prouver qu’il y avait partout des gens pour qui tout cela comptait. Il y eut donc le 30 mars 2019 des mobilisations à Pont-Sainte-Maxence (Oise), Paimpont (Ille-et-Villaine), Castelnau-de-Montmiral (Tarn) et Rambouillet (Yvelines).

Il y a eu autant de gens que l’année dernière, ce qui est donc un bon ancrage, puisque le cadre d’une lutte locale a été dépassé, ce qui n’est jamais aisé, comme on s’en doute. Et c’est un succès populaire pas du tout inespéré pour qui a saisi les enjeux du refus de la chasse à courre et qui connaît le travail de fond qui a été mené par des gens courageux, mobilisés par un profond sentiment de justice.

Le tremblement de terre provoqué par ce combat a par ailleurs été bien compris également par les partisans de la chasse à courre, qui appelaient à des contre-rassemblements et ont cherché à mobiliser les bouchers, charcutiers, chasseurs, agriculteurs, éleveurs, etc. Ils étaient un millier à Paimpont et 400 à Rambouillet.

C’est beaucoup, car ces gens ont compris que le sol vacillait sous leurs pieds et que cela concernait tous les partisans d’un mode de vie rétrograde, passéiste, obscurantiste, fondamentalement hostile aux valeurs démocratiques et à l’ouverture à la question animale.

> Lire également : Le front réactionnaire dans les campagnes pour défendre la chasse à courre

D’où, justement, l’outrance ! À Rambouillet, la banderole tenue en première ligne disait ainsi : « Les veneurs mobilisés : halte à la dictature anti-chasse et anti-ruralité ». Ces gens ne sont pas complètement idiots : il n’y a rien d’anti-chasse en France, alors qu’il y a même quatre membres du gouvernement participant au congrès des chasseurs ! C’est donc de l’outrance, de la démagogie, dans ce qu’elle a de plus infâme.

> Lire également : « Emmanuel Macron a fait plus pour la chasse française qu’aucun de ses prédécesseurs »

Et cela avec l’aide de la police, qui n’est pas stupide, elle non plus : alors pourquoi envoyer des policiers devant une boucherie à l’occasion du passage du cortège d’AVA, à Rambouillet, si ce n’est pour faire peur ?

Que dire aussi des propos de ces réactionnaires ? « Ça devient insupportable qu’on ait des groupes ‘anti-tout’ qui viennent tuer les racines françaises », raconte à l’AFP un dénommé Marc-Antoine D’Aymery, secrétaire de l’équipage de chasse à courre de Bonnelles-Rambouillet. Dire qu’on a fait la Révolution française, et qu’on a encore de telles choses !

Il faut rappeler ici que les militants anti-chasse à courre connaissent des pressions terribles, allant des intimidations aux pneus crevés, des menaces aux brutalités, voire aux agressions. Le site Tendance Ouest a interviewé deux personnes à l’occasion de l’un des quatre rassemblement d’AVA : le responsable d’AVA Normandie et celle du Collectif animaliste de l’Orne, co-organisateur. Les deux n’ont pas été en mesure de donner leur nom de famille, par peur de représailles. Et ils ont eu raison, car l’État laisse objectivement faire les agresseurs.

> Lire également : La journée du sympathisant d’AVA Bretagne dans le coma après plusieurs agressions

Il est fort dommageable que la Gauche n’ait pas mobilisé largement en soutien à AVA. Heureusement, certains ont défendu l’honneur, comme plusieurs membres d’EELV à Rambouillet dont Mounir Satouri, le Président du groupe Alternative Écologiste et Sociale au Conseil régional D’Île-de-France, David Cormand, secrétaire national du parti, ou encore Laurence Abeille.

Il y avait au rassemblement de Pont-Saint-Maxence dans l’Oise, l’ancien maire socialiste de la ville, Michel Delmas, aux côté de l’actuel maire (LR), Arnaud Dumontier, qui sont tout deux opposés à la chasse à courre. Le député France insoumise Bastien Lachaud, à l’origine d’une proposition de loi contre la vénerie, était également du rassemblement.

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Le front réactionnaire dans les campagnes pour défendre la chasse à courre

Nous publions quelques extraits d’interventions diffusés par l’Association de défense de la ruralité et de ses traditions (ADRT), qui se réunit aujourd’hui contre le rassemblement anti-chasse à courre à Paimpont, en Ille-et-Vilaine.

L’association a été créée pour l’occasion, tandis qu’un autre rassemblement « festif et solidaire des amis de la chasse et de la ruralité » est prévu en forêt de Rambouillet, dans la même optique de faire front contre AVA.

> Lire également : « Bye bye la chasse à courre », le samedi 30 mars 2019

Ces extraits sont très intéressants, car ils montrent comment la Droite se recompose, affine ses discours, ancre ses idées réactionnaires. À la Gauche d’être en première ligne sur le front culturel pour briser ce qui s’oppose aux causes démocratiques, comme ici le refus de la chasse à courre !

Un agriculteur, porte-parole de l’association :

« Depuis quelques temps l’agri-bashing est devenu le sport national pour une bande de bobos désœuvrés relayé par une presse en mal de scoop.

Il n’y a pas une semaine sans que moi ou un de mes voisins agriculteurs ne se fassent copieusement insulter par des ignares abreuvés de réseaux sociaux et qui viennent nous faire des leçons d’agronomie sans vergogne dès qu’il voit une vache dans une stabulation ou pire un pulvérisateur dans un champ. Par contre rassurez-vous, pas un ne viendra vous envahir le soir ou le WE pour désherber vos champs à la main ou veiller une vache prête à vêler aux milieux de la nuit !

Si j’ai rejoint l’ADRT ce n’est finalement pas vraiment pour combattre ces zozos mais pour avoir l’occasion d’affirmer ma fierté de faire mon métier. J’en ai marre du politiquement correct qui consiste à faire croire aux gens que c’est en mangeant du quinoa à tous les repas qu’on allait ralentir la fonte des glaces et préserver les ours blancs !

Tous les jours de la semaine, toutes les semaines de l’année je travaille, non pas contre la nature mais bien avec la nature pour participer à mon modeste niveau à nourrir les français et à entretenir nos campagnes. Cela me semble important de pouvoir enfin le redire.

Le 30 mars prochain se sera pour moi l’occasion de rappeler qu’à force de vouloir tolérer toutes les utopies marginales on finit par donner au bon sens et à l’opinion silencieuse majoritaire le rôle du paria ! Il est temps de réaffirmer comme le dit l’affiche de notre manifestation du 30 mars que le réel restera le réel, les utopies bobos, les délires antispécistes …. Basta ! ».

Un élagueur grimpeur, membre de l’association :

« Un élagueur, c’est un rural à qui l’on demande d’intervenir en ville. Si l’on considère que les arbres font partie de la ville c’est parce qu’on les maitrise. Mais à l’état naturel, sans aucune intervention humaine, un arbre en ville serait beaucoup trop dangereux.

Et pour concilier la ville et ce morceau de campagne que l’on y plante, il faut un connaisseur, un spécialiste. Et on ne forme pas un spécialiste en arbres dans un bureau.

Si je suis ici aujourd’hui, c’est parce trop souvent, j’ai affaire à des demandes complètement délirantes de citadins qui n’y connaissent rien. Je ne leur en veux pas tant qu’ils font appel à un spécialiste pour les sujets qu’ils ne maitrisent pas.

Je suis ici pour qu’on n’oublie pas que c’est à la campagne que doivent naître les steaks qui se retrouvent dans les supermarchés, que c’est à la campagne que doivent murir les tomates qui deviendront votre ketchup, et que c’est aussi à la campagne que l’on apprend à travailler avec la nature pour pouvoir vivre. Et s’il n’y a plus de campagnard, de ruraux, il n’y a plus de vie en ville, c’est aussi simple que cela !

[…] Ces activistes « écolo » sont avant tout des ignares. C’est l’ignorance des choses de la nature qui fonde leur comportement et leur délire. La nature ça ne s’apprend pas sur Wikipedia, ça se ressent, ça s’apprivoise, ça s’observe, il faut avant tout beaucoup d’humilité au contact de la nature. Leur arrogance est à la mesure de leur ignorance. Ce sont des groupuscules de marginaux, antispécistes, la plupart du temps végans, et anti-tout finalement.

[…] Je pense que ce qui réuni tous ces groupes c’est l’irrationnel de leurs convictions, leur déconnection du réel, ils sont sans doute porteurs de traumatismes cognitifs et psychologiques. Ces groupes très opaques dans leur organisation et dans leur financement ne sont mus que par la seule ambition de détruire une tradition sempiternelle de bonne gestion de la terre.

Je plains le monde qui verrait s’accomplir leur desseins et l’anarchie chaotique générale qu’impliquerai la mise en place du moindre chapitre de leurs volonté utopiste de Licence soi-disant salutaire. Aucun crédit ne doit être accordé à ce sabir d’organisation qui ne tient réellement que sur les élucubrations calomnieuses, délétères et nauséabondes de manipulateurs égocentriques. »

Un « éleveur breton » :

« Nous les éleveurs et les agriculteurs sommes constamment harcelés par des associations en rupture avec le monde agricole et rural. Bien souvent, ces ONG militantes ont le soutien médiatique de personnalités qui leur permettent de relayer leurs opinions, par exemple Elise LUCET (Cash investigation), Remi GAILLARD, une espèce de comique qui oublie qu’il se moque de pauvres paysans ou d’autres personnalités qui parlent du véganisme à la télévision et l’effet est immédiat sur le grand public.

Dans ces associations, les plus dangereux sont les abolitionnistes : nous avons l’exemple avec les antispécistes qui attaquent des boucheries traditionnelles mais surtout pas des HALLAL sous peine de passer pour des islamophobes ! et le paysanphobe alors ? Ainsi que les L 214 qui pénètrent dans les élevages sans autorisation et font des montages videos truqués et détruisent la réputation d’éleveurs sans défense et sans savoir faire médiatique.

C’est pour cela que nous devons réagir en montrant que le monde rural a besoin de sérénité et je pourrais reprendre ce titre du PAYSAN BRETON : « un besoin de contre-leader d’opinion courageux ». Je pense que l’Association pour la Défense de la Ruralité et de ses Traditions répond justement à cette nécessité de réaffirmer notre fierté, de reprendre enfin l’initiative.

Nous, les agriculteurs, les amoureux de la nature, chasseurs, pêcheurs, tous les passionnés du monde rural, reprenons notre droit d’y vivre sereinement ! »

Une « maman, « inquiète mais déterminée » :

« Leur unique objectif est de détruire tout ce que nous avons appris, tout ce que nous aimons, tout ce qui nous a été transmis. Ils sont sectaires, loin du réel, loin des lois de la nature, de ses équilibres fragiles, de son exigence. Ils ne sont ni tolérants ni à l’écoute, ils cherchent juste à imposer leur idéologie. Pour eux, vous êtes soit un ennemi à abattre, soit un esclave soumis à la cause. La personne doit s’effacer au profit du collectif ; les slogans et la haine ont remplacé la réflexion et le doute.

Nous ne pensons pas être meilleurs, nous avons nos faiblesses et nous devons en effet nous améliorer. Mais nous ne cherchons pas à endoctriner les autres. Chacun est LIBRE. LIBRE de pratiquer le loisirs de son choix dès lors qu’il est légal. Libre d’avoir le métier de son choix dès lorsqu’il est légal. LIBRE de manger ce qu’il veut dès lors que cela est légal.

C’est dans ce contexte de défense et de survie que je souhaite me joindre à votre rassemblement. Nous ne pouvons plus subir toutes ces attaques sans réaction. NON, nous ne sommes pas morts ! OUI, nous sommes affectés. Si nous sommes conscients que l’union fait la force et que seuls, nous ne pourrons rien, nous sommes aussi conscients de nos limites face à cette déferlante de haine et d’ignorance. Nous avons un DEVOIR auprès de notre jeunesse. Quel monde lui laisser ? Unis, ensemble, nous pouvons sauvegarder notre patrimoine, nos traditions, notre culture.

Il faut nous défendre contre cette pensée unique et déconnectée du réel et bien rappeler que ces groupuscules extrémistes qui s’en prennent à nos traditions et notre mode de vie ne se préoccupent ni de notre environnement, ni de la nature, ni des animaux… Ils instrumentalisent la cause animale et environnementale comme vecteur de leur idéologie délirante.

Qui habite à la campagne ? Qui se lève le matin pour nourrir ses animaux, pour s’en occuper ? Qui entretien les terres, les cultures, les potagers… ?

Non nous ne sommes pas ces « méchants » que dépeignent nos détracteurs, nous revendiquons juste ce « bon sens paysan », enraciné sur des territoires que nous chérissons, dans lesquels nous vivons et que nous aimons depuis toujours. Comment nous défendre dans cette société d’où la mort est bannie, où le poisson est carré et pané et où la viande est hachée !

Redonnons des valeurs simples à des moments simples et sauvegardons les traditions de nos campagnes comme l’unique héritage à transmettre à nos enfants ».

Une jeune « chasseresse » :

« Comme un agriculteur passionné qui offre sa force à la terre,
Comme un artisan qui façonne et perfectionne son œuvre,
Comme un chasseur et son limer qui remonte la voie de l’animal,
Comme le vent prit dans les voiles d’un bateau,
Comme la patience aux aguets du pêcheur du matin,
L’adrénaline
La culture ancestrale,
La force de la tradition,
Transmettre l’art du savoir et le geste aux plus jeunes
Partager ses racines et donner de ses tripes,
Un devoir, une devise sans censure, sans rancœur,
Défendre, maintenir et garder c’est le plus important,
La liberté du cœur, le réel comme univers, la passion de la transmission, le sens de l’amitié et l’amour de la terre…

Jeanne »

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« Emmanuel Macron a fait plus pour la chasse française qu’aucun de ses prédécesseurs »

La fédération nationale de la chasse a tenu son congrès. Étaient présents non pas simplement deux ministres, voire trois, mais carrément quatre membres du gouvernement. C’est qu’il s’agit de maintenir la France profonde enfermée dans ses traditions réactionnaires.

Le président de la République Emmanuel Macron est un ardent ami des chasseurs, il leur a promis beaucoup de choses avant les élections, notamment l’organisation d’un tourisme cynégétique. Alors que l’opposition à la chasse à courre est devenue populaire grâce à AVA – Abolissons la Vénerie Aujourd’hui, il a mis tout son poids pour appuyer la contre-offensive, couvrant de ce fait la violence des partisans de la chasse à courre.

> Lire également : AVA : une force démocratique contre la chasse à courre

Rappelons également qu’à partir du premier juillet, le permis de chasser va coûter moitié moins cher, que les espèces vont dépendre de « gestions adaptatives » (pour faire sauter les éventuelles protections), qu’à partir de janvier 2020 il y aura une « police de la nature ».

Là, au congrès de la fédération nationale de la chasse à Paris, à la salle de la Mutualité, Emmanuel Macron a envoyé quatre membres du gouvernement. Il y avait ainsi trois ministres : celui de l’agriculture, Didier Guillaume, celui des Collectivités locales, Sébastien Lecornu, celui de la Transition écologique, François de Rugy. À cela s’ajoute la secrétaire d’État à la Transition écologique Emmanuelle Wargon.

On peut être certain que c’est bien le choix du président de la République : l’arrière-plan ne laisse aucun doute à ce sujet. Willy Schraen, le pittoresque président de la fédération des chasseurs, pour ne pas dire grotesque aux yeux de gens de Gauche, a tenu des propos dénués d’ambiguïté à ce sujet :

« Le président de la République, Emmanuel Macron, a fait plus pour la chasse française qu’aucun de ses prédécesseurs. »

François de Rugy a tenu lui aussi, à la fin du congrès, des propos résolument clairs :

« Je veux sortir des débats théoriques, même théologiques, des postures. Il y a un autre climat qu’il y a quelque temps. »

Mais c’est là un vœu pieux. AVA – Abolissons la Vénerie Aujourd’hui a littéralement fait briser la chape de plomb concernant la chasse à courre et ce faisant a révélé la nature des chasseurs en général. Il est vrai qu’avec les gilets jaunes, ce thème est passé au second plan de l’actualité et de la réflexion de beaucoup. Mais c’est désormais un marqueur très fort, qui restera.

> Lire également : Les chasseurs doivent comprendre le sens de la chasse à courre

Et justement par rapport au caractère improductif des gilets jaunes, il y a lieu de voir l’importance de la culture, et donc notamment de la chasse, ce pilier de la réaction y compris dans une large partie du peuple. Tout est faux dans la chasse : l’esprit communautaire, la volonté de destruction, le rapport dévoyé à la nature, pour ne pas dire terroriste… La liste serait trop longue.

Les chasseurs peuvent donc être très heureux du fait qu’ils aient désormais le soutien ouvert du régime ; effectivement vu ainsi, c’est un triomphe pour eux. Mais c’est d’une valeur faible et uniquement temporaire ; ni Emmanuel Macron, ni le gouvernement, pas même l’État français ne peuvent faire face à l’opposition à la chasse qui est désormais cristallisée et grandit.

On peut même dire que l’opposition à la chasse grandit dans cette adversité, ce qui est inévitable, car elle ne peut être que portée par la Gauche, dans un grand combat pour les valeurs, pour se débarrasser notamment aussi de tous ces restes du passé qui portent la barbarie.

Il n’y a pas au 21e siècle de place pour la chasse, cette activité immorale, dont on ne sait pas s’il faut dire qu’elle est avant tout grossière ou vulgaire. Et on sera toujours étonné de voir Emmanuel Macron, qui s’est toujours voulu si moderne, soutenir corps et âme une telle monstruosité passéiste. Cela en dit long sur ce qu’est la modernité pour lui : un prétexte au libéralisme partout et tout le temps.

À ce titre, la Gauche doit se débarrasser de tout libéralisme culturel et être en mesure de faire des choix assumés. Que le combat contre la chasse, sans même parler de la chasse à courre, ne soit pas au programme de toute la Gauche, est une trahison sur le plan des idées et une capitulation face aux tendances réactionnaires de notre pays.

> Lire également : le dossier chasse à courre

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« Bye bye la chasse à courre », le samedi 30 mars 2019

Le samedi 30 mars 2019 auront lieu quatre grands rassemblements en France pour célébrer la fin de la saison de la chasse à courre. Cette saison fut marquée par une grande structuration du collectif AVA – Abolissons la vénerie maintenant, qui est maintenant organisé au niveau national.

La pression est grande contre les veneurs et leur pratique féodale, insupportable pour les personnes les plus avancées sur le plan culturel. Mais comme toute chose qui meurt, elle tente d’inverser le cours de l’histoire par la répression, la violence, la manipulation, les mensonges.

En plus de nombreuses victoires en forêt où des animaux ont été sauvé, cette saison aura aussi été marquée par la terrible agression d’un sympathisant d’AVA Bretagne, sorti du coma il y a une semaine.

La journée du samedi 30 mars 2019 avec ses quatre rassemblements nationaux pour dire  « bye bye la chasse à courre » sera donc un moment important pour le mouvement démocratique et populaire en France, qui doit s’affirmer contre la réaction.

> Lire également : notre dossier sur la chasse à courre

Voici le communiqué d’AVA, avec les quatre rendez-vous en forêt :

TOUS AUX GRANDS RASSEMBLEMENTS « BYE BYE A LA CHASSE A COURRE » LE SAMEDI 30 MARS !

La saison de chasse à courre touche à sa fin, avec son lot d’accidents, de violence, de maltraitance animale, d’embouteillages, de passe-droits et de coups de fouets.

Pour la seconde année consécutive, les opposants à la vénerie organisent une grande fête pour célébrer le retour du printemps et la fin de la barbarie dans nos forêts !
La première édition avait réunit 1000 personnes à Compiègne, et c’est cette fois dans quatre villes que de la musique et des fleurs accompagneront les cortèges : Rambouillet (78), Paimpont (35), Pont-Sainte-maxence (60) et Castelnau-de-Montmiral (81). Le mouvement contre la chasse à courre ayant pris une ampleur nationale, il est important que des personnes de toutes les régions puisse sortir et faire entendre leur voix !

Cette saison a été riche en émotion pour toutes celles et ceux qui sont sortis en forêt, pendant les chasses, pour montrer leur ras-le-bol de cette pratique. Malgré les violences des veneurs et de leurs valets, des animaux ont pu être sauvés et des accidents évités grâce à cette présence pacifique.

Soyons nombreux à fêter le retour du calme dans les forêts, à célébrer la vie sauvage, à se retrouver autour des valeurs positives qui animent ce mouvement !

Soyons nombreux pour dire « Bye-bye à la chasse à courre », et faire de cet au-revoir un adieu définitif !

Voici les événements Facebook de ces rassemblements, où vous trouverez plus d’informations, et des organisations de co-voiturage (cliquez sur la photo) :

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« ARRÊTÉ MINISTERIEL SUR LA CHASSE A COURRE : DE LA POUDRE AUX YEUX », par AVA

Le collectif AVA – Abolissons la vénerie aujourd’hui a produit un communiqué suite à l’arrêté gouvernemental interdisant aux équipages de chasse à courre de tuer les animaux qui se réfugieraient à proximité d’habitations.

ARRÊTÉ MINISTÉRIEL SUR LA CHASSE A COURRE : DE LA POUDRE AUX YEUX

AVA – France
Le gouvernement vient de publier un arrêté concernant la chasse à courre. Celui-ci interdit aux équipages de tuer les animaux qui se réfugieraient « à proximité d’habitations, de jardins privés y attenant, de zones commerciales ou artisanales et de bureaux et d’établissements accueillant du public ». Il ne s’agit, pour ceux qui connaissent les chasseurs à courre et leur façon de faire, que d’un effet d’annonce sans répercussion concrète sur le terrain : la survie ou non des animaux qui viennent trouver refuge près de nous ne sont le fruit que du rapport de force instauré sur place. Explications.

Le 13 février dernier, le maître de l’équipage « la Futaie des amis » devant le portail d’un Institut Médical pour enfants en forêt de Compiègne ! Le cerf sera tué ici au fusil.
Ce texte laisse aux veneurs la responsabilité d’appeler eux-mêmes les autorités quand un cerf est aux abois en ville, alors qu’ils n’en ont bien entendu aucun intérêt : laisser « leur » cerf aux mains d’un vétérinaire signifie s’asseoir sur leur trophée, rembourser un bracelet de chasse, renoncer à leur cérémonie de curée, ne pas pouvoir « récompenser » leurs chiens… Il est bien plus confortable pour eux de tuer l’animal et d’emporter son corps avant l’arrivée des gendarmes. C’est tout à fait dans leurs habitudes et ce fût encore le cas au mois de février, quand le veneur bien connu Alain Drach a tué un cerf contre la grille d’un institut pour enfants handicapés, deux jours avant les vacances.

21 octobre 2017, en accord avec la gendarmerie, le cerf sera tué dans un jardin.
Le 21 octobre 2017, lorsque le même Alain Drach a tué un cerf dans un jardin à Lacroix-Saint-Ouen, cet arrêté n’aurait rien changé. C’est en accord avec la Gendarmerie qu’il a tué l’animal, pourtant inoffensif et immobile depuis des heures. C’est le déséquilibre dans le rapport de force sur place qui a condamné l’animal et donné l’avantage aux chasseurs, plus nombreux, appelant le gradé par son prénom, etc. Et c’est l’inversion de ce même rapport de force qui a sauvé ceux de Bonneuil-en-Valois et de Pont-Sainte-Maxence quelques mois plus tard, les habitants sortant rapidement en masse pour repousser les chasseurs, et appelant leur maire à la rescousse.

Bonneuil-en-Valois, les habitants avec l’aide de leur Maire repoussent les veneurs et sauvent le cerf traqué jusque dans les rues du village.
L’arrêté, pris en concertation avec la Fédération des Chasseurs et la Société de Vénerie, a d’entrée de jeu exclu les habitants et les vrais témoins de ces scènes insupportables. C’est là clairement juste une tentative de calmer le jeu, dans le contexte d’une opposition à la chasse à courre dans tout le pays, dont AVA s’est fait l’organe. Le mode choisi par les autorités pour présenter cet arrêté (la « consultation publique ») tenait plus du bureau d’enregistrement que de la démocratie réelle, personne ne pouvant ni modifier ni enrichir le texte proposé. Sa publication profite aujourd’hui d’une lourde campagne de communication, que nous imaginons portée par les chasseurs eux-mêmes, impatients de pouvoir remettre le couvercle sur une révolte qui dure maintenant depuis plus un an et demi et ne cesse de s’étendre.

Saint-Jean-Aux-Bois, les riverains manifestent contre la chasse à courre.
Seule une mobilisation constante de la population pourra sauver ces animaux et faire reculer la barbarie de la chasse à courre ! La voie est tracée, chaque village, chaque lotissement doit devenir un lieu de résistance, comme à Bonneuil-en-Valois, Prémontré, Pont-Sainte-Maxence, Le-Perray-en-Yvelines, Lamorlaye, Vieux-Moulin, Avilly-Saint-Leonard, Beaumont-la-Ferrière… C’est là tout le sens du nom de notre mouvement : Abolissons la Vènerie AUJOURD’HUI !
Retrouvons-nous nombreux aux rassemblements du 30 mars !
CASTELNAU-DE-MONTMIRAL (81) https://www.facebook.com/events/630452914062142/

De 10h00 à 12h00, le 30 mars, venez nombreux pour demander l’Abolition de la Vénerie Aujourd’hui !
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La journée du sympathisant d’AVA Bretagne dans le coma après plusieurs agressions

Le collectif AVA Bretagne a produit un document très précis relatant la journée de Frédéric, le sympathisant agressé par des veneurs, qui est dans le coma depuis 12 jours maintenant. Cela est très important, car en face le discours des défenseurs de la chasse à courre est très offensif et très organisé.

AVA Bretagne, déclinaison locale du collectif Abolissons la Vénerie Maintenant, avait annoncé la semaine dernière l’agression très violente de l’un des leurs, qui a finit sa journée à l’hôpital, plongé dans le coma après une ultime agression.

Cette information, très grave, a été complètement passée sous silence, car les partisans de la chasse à courre ont réussi à semer le trouble en diffusant massivement leur propre version des faits. Ils se présentent eux-mêmes comme des victimes et nient toute implication directe. Il y a pourtant un contexte, local et national, où les violences et les pressions contre les membres d’AVA sont régulières. Il faut se souvenir de la saison passée où, tout de même, un membre du collectif voyait sa tête placardée sur les présentoirs d’un journal local dans presque tous les commerces de l’Oise, avec des propos calomnieux et très hostiles à son égard. Les vidéos partout en France d’attitudes violentes de la part de veneurs sont récurrentes.

Mais ce n’est pas tout. Comment se fait-il, dans cette affaire bretonne, que la gendarmerie ait refusé d’enregistrer la plainte de Frédéric, avant son ultime agression, comme le racontent les membres d’AVA Bretagne ?

Cela est très grave d’un point de vue démocratique, et il est bien trop facile de la part de la gendarmerie de renvoyer les deux camps dos à dos, comme s’il s’agissait d’une simple dispute ayant mal tournée. Rappelons d’ailleurs ici, sans faire de parallèle direct mais pour rappeler le contexte sur le plan national qui n’est pas anodin, que des policiers se sont en début de saison offusqué du fait de devoir servir de protecteurs à « quelques aristocrates » pratiquant la chasse à courre.

Les membres d’AVA ont le droit d’aller en forêt pour regarder et documenter les chasses à courre, ils ont le droit de vouloir l’abolition de la vénerie maintenant, ils ont le droit de vouloir sauver les animaux du sort barbare qui leur est promis.

C’est un devoir maintenant pour toutes les personnes souhaitant défendre les valeurs démocratiques dans notre pays de suivre cette affaire AVA Bretagne de très près, de participer à ce que la lumière soit faite et que la vérité éclate rapidement. Parce que l’opposition à la chasse à courre est une cause démocratique et populaire primordiale, mais aussi parce qu’il s’agit de la possibilité même de l’existence d’une opposition aux pires conservatismes.

Voici donc le récit détaillé de la journée par le collectif AVA Bretagne.

FREDERIC: MILITANT DANS LE COMA, RECIT DU 16 FEVRIER
Voici le récit complet des évènements qui ont précédé l’hospitalisation de notre camarade Frédéric, ce samedi 16 février 2019, tel que raconté par des témoins directs. A l’heure où nous écrivons ces lignes, il est toujours plongé dans le coma, cela depuis 11 jours. Pendant ce temps, une campagne écœurante orchestrée par la Société de Vénerie fait rage, et tous leurs relais dans la presse et les institutions semblent mobilisés pour protéger leurs intérêts. Le mensonge semble érigé en système de défense chez les veneurs, ce qui est la dernière arme d’une pratique indéfendable et rejetée par 84 % des Français.
11H00. Alors que deux voitures viennent déposer des citoyens du collectif AVA à l’entrée de la forêt du Gâvre, qui comptent comme d’habitude militer pacifiquement contre la chasse à courre, une voiture avec à son bord quatre membres de l’équipage de Monsieur Mickaël P. arrive elle aussi. Frédéric H. vient de sortir par la porte avant-droite de son véhicule, lorsque Mickaël P., très en colère, surgit du sien, fonce sur ledit véhicule AVA, en arrache l’essuie-glace arrière, puis se précipite sur la porte arrière-droite de la voiture pour l’ouvrir.

Mickaël P., responsable de la Société de vénerie et maître d’équipage
Frédéric H. met alors sa main sur son épaule pour tenter de le retenir. Monsieur P. se retourne et lui assène aussitôt plusieurs coups de poing au visage, cassant ses lunettes et occasionnant une hémorragie nasale importante.

Frédéric, quelques instants après les coups reçus au visage. Son hématome principal au front se colorera de violet tout au long de l’après-midi
Jimmy N. accourt pour porter secours à Frédéric H. et reçoit plusieurs coups, Mickaël P. essayant de lui arracher sa caméra.

L’agression de Jimmy N quelques secondes plus tard. On y voit Mickaël P., aidé de suiveurs qui filment l’agression, tenter de lui arracher sa caméra Go-Pro
Les militants d’AVA subissent ensuite des pressions pendant un long moment, entourés de suiveurs qui les provoquent et les insultent. Frédéric H. est particulièrement ciblé, les veneurs ne le lâchant pas et ne cessant de le provoquer, à tel point qu’une partie de ses camarades juge nécessaire de le mettre en sécurité dans un véhicule, puis de quitter la forêt.

Arthur M. ainsi que d’autres suiveurs, encerclant la voiture dans laquelle a été mis à l’abri Frédéric
Des veneurs les suivent en voiture jusque dans un centre commercial à des kilomètres de la forêt, contraignant les amis de Frédéric à solliciter la protection d’un vigile, qui met les poursuivants dehors.

Arthur M. et un acolyte sont reconduits à la sortie d’un centre commercial où ils avaient poursuivi le groupe de Frédéric
Vers 15H30, Frédéric H. se présente à la gendarmerie de Blain pour y déposer plainte. On lui demande de revenir le lendemain avec un certificat du médecin.
Ses camarades, qui l’accompagnent pendant l’après-midi, notent que le nez de Frédéric H. se remet à saigner plusieurs fois et que son hématome au front se colore peu à peu de violet.
Frédéric H. quitte ses camarades vers 16H30 pour aller chercher de l’essence. Il devait retrouver certains d’entre eux plus tard, mais n’est jamais arrivé à destination. Selon les informations portées à notre connaissance, il se serait écroulé vers 17H45 sur la voie publique, vomissant du sang.
Frédéric H., souffrant de graves lésions et d’un œdème cérébral, a été pris en charge par les pompiers et transporté aux Urgences de Redon, puis placé sous coma artificiel et transféré vers minuit au Service Réanimation Chirurgicale de Pontchaillou, à Rennes.
Vendredi 21 février 2019 au soir, soit quelques heures après l’annonce de l’état de santé de Frédéric, Jimmy N. est victime de ce qui ressemble fort à une expédition punitive, en pleine rue et devant témoins, à Rennes. Il a également été transporté par les pompiers aux Urgences Médico-Chirurgicales de Pontchaillou, qui ont constaté de multiples blessures. L’un des deux auteurs a été formellement identifié comme étant Arthur M., membre de l’équipage de Mickaël P. déjà impliqué dans les faits du 16.
Compte tenu des difficultés rencontrées par la famille de Frédéric H. et par Jimmy N. auprès des gendarmeries respectives de Blain et de Guémené Penfao, les plaintes ont été déposées par Me Angélique Chartrain, Avocate, directement entre les mains du Procureur de la République de Saint-Nazaire, notamment pour violences aggravées et harcèlement.
Ceci étant posé, nous déplorons, dans toute la France, une escalade dans la violence des veneurs à l’encontre des militants pacifistes d’AVA, qui ne font qu’exercer leurs libertés les plus strictes d’aller et venir, se rassembler, exprimer leur opinion et informer la population.
Rien qu’en Bretagne et en Loire-Atlantique, une trentaine de plaintes ont été déposées cette saison, sans compter celles qui ont été abusivement refusées par des gendarmes ou OPJ ainsi que celles qui n’ont pas été déposées par dépit ou lassitude.
Nous nous interrogeons aussi sur le rôle de certains gendarmes et la préservation du secret de l’enquête, la Société de vénerie évoquant sur les réseaux sociaux un « rapport de police », alors que nul n’est censé avoir accès à des éléments de l’enquête avant la clôture de celle-ci. De même, le Capitaine de gendarmerie de la compagnie de Châteaubriant, Bruno Perochaud, non chargé de l’enquête, a fait de multiples déclarations sur les circonstances supposées des faits, certaines allant à l’encontre de témoignages directs et d’éléments concrets en notre possession.
En tout état de cause, nous n’entendons pas nous laisser intimider et sommes plus que jamais déterminés à mettre tout en œuvre pour que les auteurs, qui semblent animés tant par le sentiment d’impunité que la vindicte, répondent de leurs actes devant les tribunaux.
Soyons tous unis face à la terreur, demandons justice pour Frédéric !
ABOLISSONS LA CHASSE A COURRE ET LA VIOLENCE QU’ELLE REPRESENTE !

Yves Marie, le frère de Frédéric, nous donne des nouvelles de son état de santé et s’exprime suite à la campagne de dénigrement organisée contre lui par les veneurs.
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Chasse à courre : un sympathisant d’AVA Bretagne entre la vie et la mort

Un opposant à la chasse à courre, violemment agressé par des chasseurs en forêt du Gâvre (Loire-Atlantique), est dans le coma depuis samedi 16 février. Les veneurs se montrent en effet de plus en plus violents face à la grande mobilisation démocratique et populaire contre cette pratique barbare.

Le collectif AVA, « Abolissons la Vénerie Aujourd’hui », connaît maintenant 19 groupes locaux et les veneurs sont régulièrement suivis par de nombreuses personnes filmant et surveillant leurs agissements en forêt. La répression contre ce mouvement démocratique a été importante depuis plus d’un an, avec l’approbation d’Emmanuel Macron qui soutient directement la chasse à courre.

> Lire également : L’ONF réclame 55 000 € à trois opposants à la chasse à courre

Il y a parallèlement à cela une violence exacerbée et récurrente depuis plusieurs semaines de la part des chasseurs, bien que les opposants respectent une stricte Charte prônant la non-violence et le respect des biens. Les différentes pages Facebook des groupes relatent souvent des faits graves, montrant qu’ils sont « fouettés, frappés, jetés dans des ravins, insultés, suivis jusque devant nos domiciles et menacés, [et que leurs] pneus de voitures sont régulièrement crevés, [leurs] caméras et téléphones [leur] sont volés… »

Voici le communiqué d’AVA Bretagne, suivis d’un second puisqu’une autre personne a été agressée dans la rue la nuit dernière :

« Samedi 16 février, en forêt du Gâvre, près de 300 veneurs nous attendaient. Avant même le début de la chasse, à l’arrivée de notre voiture, un veneur s’est précipité pour ouvrir notre portière et nous a invectivés avec rage puis a porté de violents coups de poings au visage de Frédéric, provoquant un saignement de nez important. Après cette agression, de nombreux veneurs l’ont provoqué malgré notre flegme et nos tentatives de les maintenir à distance.

En fin de journée, Frédéric fait un malaise et a été transporté aux urgences. Il est dans le coma depuis 6 jours. Il souffre de très graves lésions et d’un œdème cérébral. Son pronostic vital est engagé.

Il était venu ce jour là pour défendre pacifiquement ses idéaux. Il voulait simplement protéger la forêt et ses habitants en dénonçant une pratique qu’il juge barbare et faire entendre la voix des 84% de citoyens qui pensent, comme lui, qu’il faudrait l’abolir (sondage FBB/IFOP 2017).

L’auteur de l’agression est identifié, une enquête judiciaire est en cours et nous avons confié le dossier à un avocat pour nous assurer de son bon avancement.

Nous déplorons l’escalade sans limite constatée chaque semaine dans la violence manifestée par les veneurs à notre égard. Nous n’entendons pas nous laisser intimider et restons déterminés à faire valoir nos droits les plus stricts à manifester, au besoin par la voie judiciaire.

Nous vous tiendrons informé de son état de santé sur cette page.
Nos pensées vont à Frédéric, sa famille et ses amis.

AVA Bretagne »

« EDIT : Dans la nuit du jeudi 21 au 22 février, soit quelques heures après la publication du présent communiqué, un autre membre d’AVA Bretagne a été agressé dans la rue par des membres du même équipage de chasse à courre. Il est actuellement hospitalisé, cela à 24h d’une manifestations à Saint-Brieuc organisée par le collectif.

Malgré les violences et les menaces, notre détermination à continuer cette action pacifique pour dénoncer la chasse à courre se renforce chaque jour. Les méthodes mafieuses et anti-démocratiques employées par cette caste de notables se croyant au dessus des lois est toute représentative de l’univers que nous affrontons, et qui se dévoile chaque jour un peu plus.
Rejoignez un groupe AVA près de chez vous ! »

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Les chasseurs doivent comprendre le sens de la chasse à courre

Une partie significative des chasseurs trouve la chasse à courre abjecte. Pourtant, les fédérations de chasseurs la soutiennent unanimement et sans conditions. Cela reflète le sens même de la démarche de la chasse et les chasseurs sont prisonniers d’une profonde incohérence.

A Vielsalm (province de Luxembourg), chasse à courr, l'Hallali. Vers 1903.

La chasse à courre est une démarche en apparence et dans sa substance fondamentalement différente de la chasse en général. En effet, la chasse se pratique comme une sorte de communion individuelle ou entre amis, alors que la chasse à courre existe sous la forme d’un rituel à la fois conventionnel et profondément hiérarchisé.

La chasse se veut plus amicale, davantage conviviale ; le rapport à la nature se veut plus naturel que culturel, puisque la chasse à courre exige elle tout un code vestimentaire, d’attitudes, de comportements, etc. C’est pour cela que les chasseurs apprécient, d’une manière ou d’une autre sans forcément la cautionner, la figure romantique du braconnier.

Cependant, force est de constater et cela est indiscutable, que l’ensemble des représentants des chasseurs soutient de manière catégorique la chasse à courre. Les chasseurs doivent prendre conscience de la signification de cela. Il ne s’agit pas en effet simplement du fait que la « direction » des chasseurs soit composée de bourgeois conservateurs coupés de la base, etc.

Non, cela va bien plus loin. Il existe bien une passerelle tout à fait solide et logique entre la chasse et la chasse à courre. Les chasseurs ne peuvent souvent l’admettre, et pourtant les faits parlent d’eux-mêmes. La complexité du problème vient du fait que cette passerelle ne consiste justement pas en les chasseurs, mais en la chasse elle-même.

La manière dont les chasseurs voient leur démarche est une chose. La manière dont elle se pratique en est une autre. Il existe un gigantesque décalage entre comment les chasseurs s’imaginent être et comment ils sont en réalité. La chasse à courre est la révélation de ce décalage, elle montre que le principe de chasser consiste précisément en le fait de chasser, et que les motivations pour cela sont les mêmes dans leur fondement pour la chasse comme pour la chasse à courre.

Les chasseurs pensent se distinguer des pratiquants de la chasse à courre, car leur attitude psychologique n’est pas ce harcèlement, et pourtant dans sa base elle est similaire, elle est bien une terreur pratiquée dans un environnement naturel. Cette communion sympathique que le chasseur croit pratiquer, c’est en réalité une attitude de guerre.

Les chasseurs sont obligés d’admettre par ailleurs ici que tout le folklore de la guerre pullule dans la chasse. Que ce soit au niveau des vêtements, du principe du camouflage, des pièges et des appâts, il y a bien l’idée d’une militarisation, d’une stratégie militaire, d’un ennemi à vaincre. Si tous les chasseurs n’adoptent une telle démarche, il n’en reste pas moins que cette dimension est présente et partagée par beaucoup.

Les chasseurs doivent donc comprendre la différence qui existe entre comment eux se voient et voient les choses, et la réalité concrète. Sans nul doute que si l’on suit le vrai sens de beaucoup de chasseurs, alors le fusil serait traqué contre l’appareil photo. Car la chasse, dans son existence, est façonnée par le rapport perverti de l’humanité avec la nature. Elle exprime en soi également un profond malaise par rapport à un monde urbanisé, sans âme et anonyme, froid et stérile, rapide et vide.

Si les chasseurs prennent conscience de tout cela, ils peuvent faire un véritable apport à la société, en dépassant la chasse et en affirmant le besoin d’un rapport réel à la nature. Et si cette autocritique de leur part est forcément malaisée, la question de la chasse à courre est un véritable levier devant les aider.

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Les devises existentialistes de la chasse à courre

Les équipages de chasse à courre ont traditionnellement une devise, qui reflète leur vision du monde. Cette dernière est un mélange d’esprit retors propre à l’esprit de traque et de raffinement aristocratique hautain.

chasse à courre

La chasse à courre correspond tout à fait à l’esprit d’extrême-droite, car elle est un mélange du raffinement le plus ultra et de la vulgarité la plus laide. Cela se voit particulièrement dans les devises employées, où il y a un vrai effort pour combiner ces deux aspects. Il faut que cela se voie : on est dans le chic et le sale, dans l’ordre et le désordre.

Quand l’équipage La Plaine a comme devise « Respect, chasse et discipline », c’est un triptyque devant souligner le côté ordonné d’une chose désordonnée par définition comme la chasse. Le respect est tant du côté ordonné que du côté désordonné : c’est cela qui fournit la dynamique réelle de la chasse à courre dans les attitudes, les postures, les manières.

On est très précisément dans la révolte contre le monde moderne, avec un rejet du confort et un éloge du raffinement. La traque est censée porter avec elle un dépassement de soi, elle est censée amener la formation d’un être humain d’autant plus régulier qu’il s’est comporté en sauvage, mais en sauvage organisé de manière méthodique.

Il y a par conséquent un esprit volontariste particulièrement marqué, avec un mot qui revient de manière régulière, persévérance : « Chasse avec passion et persévérance », « Perçant persévérant », « Méthode et persévérance », etc. La devise « Rends toi, nenni ma foi » va dans le même sens, avec davantage de pittoresque.

Il faut être capable d’être présent de manière entière dans cet affrontement, jusqu’au bout et sans être interrompu. On comprend pourquoi la présence d’opposants est un affront terrible pour des gens qui ont comme devise des « Courre toujours », « Toujours et partout », « Toujours au trou », « Chasse tout le temps à tout vent », « Chasser, toujours chasser », « Vas-y donc », etc.

Et leurs réactions sont d’autant plus agressives, que la chasse à courre oblige l’esprit à avoir un esprit de traqueur, de harceleur. Il y a un côté terriblement malsain dans la démarche, qui est typique d’une attitude médiévale à la fois pragmatique et perverse. Ce qui est mis en avant, c’est une posture très élémentaire, et très calculatrice en même temps.

L’équipage du rallye des Ambarres a ainsi comme devise « Ténacité et mauvaise foi », ce qui est d’un tel mauvais esprit qu’on pourrait l’attendre de gens à l’esprit mafieux, comme tel ou tel groupe de rap de banlieue. C’est l’esprit du forçage, du maintien coûte que coûte sans se préoccuper ni de l’avis des autres, ni des faits, ce qui est inévitable, car une fois qu’on est lancé dans la traque, il n’y a plus qu’elle qui compte.

Si les films Predator n’avaient une grande dimension critique anti-mafia (les prédateurs extra-terrestres s’amusent à chasser, mais ne visent que des tueurs, des criminels, et seulement si ceux-ci ont des armes à la main), ces gens adoreraient, en raison de l’ambiance pesante du filet qui se referme lentement sur la victime. La devise « Le matin au bois, le soir aux abois » est ici fascinante de perversité, si l’on peut dire.

Deux choses fondamentales sont alors liées à cette perspective : d’un côté, le social-darwinisme, avec le fait de se battre, de combattre pour survivre, et de l’autre la dimension censée être transcendante d’un affrontement avec la vie comme thème, exactement comme pour la corrida.

Pour le premier aspect, on a des devises comme « Exister c’est lutter », « Mériter », pour le second cela passe souvent par les animaux, vecteur de la transcendance : « Les chiens d’abord », « Au cul des chiens », « Petits par la taille, mais grands par leur courage » (pour la chasse aux lapins), ou encore « Par amour du lièvre » de l’équipage La Fontaine Saint Michel.

Cette dernière devise ne doit pas étonner. De la même manière que les afficionados considèrent que le taureau est mort dans une ode à la vie (qui est un « combat »), les veneurs font de l’animal traqué un symbole mystique du sens de la vie. La chasse à courre n’est pas pour eux une aberration, mais une démarche en fait strictement parallèle à l’existence, d’où des devises comme « Vénerie, la vie » ou encore « Chasse d’abord ».

La chasse à courre est un existentialisme, et en cela elle est résolument moderne. Elle est un existentialisme qui plonge dans l’attitude aristocratique où il n’y avait pas de sens de la vie, car pas de travail, mais avec toute la posture moderne du choix de l’identité.

Voilà pourquoi, par ailleurs, la gauche post-moderne, post-industrielle, ne s’y intéresse pas du tout. Le fond de la méthode est le même : on choisit qui on veut être, on donne un sens à sa vie, etc.

Cela explique aussi l’incompréhension totale des veneurs par rapport aux critiques qui leur sont faites. Ils se voient comme des gens aimant la vie, puisqu’ils lui donnent un sens. Tel rallye s’intitule Bon plaisir, tel autre Rallye bonne humeur avec, comme devise pour l’équipage, « Toujours gai ». Tel autre équipage a choisi « Qui va doux va loin ».

Qui veut donc critiquer la chasse à courre doit saisir cette dimension existentialiste, et soi-même échapper à l’existentialisme, sans quoi il y a le risque d’être fasciné, ou au moins d’éprouver un respect pour une entreprise difficile exprimant des choix individuels pour donner du sens à la vie.

Il faut savoir aimer la nature pour ce qu’elle est, apprécier le respect de la vie comme sens de la vie elle-même, et non pas chercher ce qu’il n’y a pas par oisiveté et désœuvrement, par nihilisme et aliénation.

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Un panorama de la chasse à courre

Combien sont les veneurs ? Où sont-ils présents ? A quel degré sont-ils structurés et quel sorte de vecteurs forment-ils ?

chasse à courre

La chasse à courre est une activité plus que minoritaire. De qui parle-t-on ? D’environ 10 000 personnes. Leurs sympathisants les plus proches ne sont pas bien plus nombreux : la « lettre des amis » touche environ 30 000 personnes. On peut dire que c’est le noyau dur de la chasse à courre.

De plus, en apparence, ces gens ne peuvent pas disposer d’une force locale très forte. En effet, la chasse à courre est ainsi possible dans 63 départements, et elle existe dans 63 départements, avec à peu près 400 équipages. Il n’y a donc pas un bastion particulier, qui serait une forteresse inexpugnable, mais des équipages dispersés, et en plus même pas sur tous les territoires.

Il y a quinze équipages en Charente-Maritime, mais un seul dan l’Aude ; il y en a dix dans l’Eure, dix-huit dans l’Indre, mais deux dans la Loire, quatre dans les Landes. Il y en a onze dans la Sarthe, mais un seul dans les Vosges, etc.

Ce n’est pas tout, les veneurs n’exercent pas tous la même activité. Il y a à peu de choses près 38 équipages visant les cerfs, 93 les chevreuils, 46 les renards, 121 les lièvres, 48 les lapins, 40 les sangliers. C’est autant de différenciation sur le plan de l’approche, des mentalités.

Il faut aussi compter les disparitions d’équipages, environ dix par an. Même si elles sont compensées par autant de création d’équipages, cela fait autant de traditions en moins.

Pourtant, malgré tout cela, la chasse à courre n’a jusqu’à présent jamais été ébranlée, à part depuis ces derniers mois grâce à l’impact dévastateur d’AVA en Picardie, qui s’est désormais donné une stature nationale, avec une présence dans une quinzaine de lieux.

Pourquoi cela ? Non pas parce que la chasse à courre est anecdotique, mais bien justement, à l’inverse, parce qu’elle est d’une puissance sans proportions avec sa faible base numérique.

Ce qui compte en effet avant tout, c’est que ces équipages soient des vecteurs de tout un système de valeur, allant des traditions des notables à la réduction des esprits à la dimension du « terroir ». La chasse à courre fait peser un poids énorme sur les mentalités, elle est un tel couvercle sur les esprits.

C’est là son intérêt pour le régime, qui cherche par instinct la conservation. Et c’est par là que la base numérique se démultiplie.

Étant portée par des gens appartenant socialement à la haute bourgeoisie, la chasse à courre dispose d’appui des plus solides dans l’appareil d’État. Cela est vrai tant au plus haut niveau, qu’au niveau local, où forcément les municipalités s’effacent devant les desiderata des puissants notables.

Pour donner un exemple, Gallica, le site officiel de la Bibliothèque Nationale, a fait un partenariat avec les veneurs, permettant de consulter les ouvrages sur la chasse à courre sur un site consacré à la mémoire des équipages. Joconde, le site du ministère de la culture, a fait de même pour les peintures.

Certaines sections du site en question sont également accessibles à partir de bornes spéciales dans certains musées, ainsi à Chambord, Gien, Montpoupon, Senlis, celui de la « Chasse et de la Nature » à Paris.

On est là dans l’esprit des grands propriétaires et il va de soi que tous les gens concernés de près ou de loin par les châteaux, manoirs, domaines… se retrouvent dans ce milieu, à quelque degré que ce soit.

Il faut également tenir compte de la gigantesque intendance exigée par la chasse à courre. Ici, il n’y a aucun amateurisme ; la société de vénerie a été fondée en 1907 et enseigne des approches bien définies, des techniques bien déterminées.

7 000 chevaux sont par exemple employés. Avoir de tels animaux coûte une fortune et implique de nombreuses personnes au service de leurs possesseurs. C’est autant d’impact en plus. Il y a également 30 000 chiens qui sont utilisés, ce qui demande pareillement toute une intendance, avec autant de gens participant. Les veneurs font d’ailleurs naître eux-mêmes 4 000 chiots par an.

Quelques rares entreprises sont spécialisées dans les habits très précis destinés à la chasse à courre, comme Saadetian ou Hourvari, tout comme une vingtaine d’artistes (Thierry D’., Yvan B., Marie-Joëlle C., Antoine de la B., Christian de la V., Arnaud de M., Didier de M., etc.), quelques photographes.

Ce n’est pas tout. Le nombre de chasses est énorme, il est de 16 000 par an. Cela renforce encore plus la base des suiveurs, sans parler de l’impact culturel sur les territoires concernées, de par la régularité de cette activité. Il faut tabler ici sur un total de 100 000 personnes qui, d’une manière ou d’une autre, se retrouvent liés à tout cela, depuis une simple participation aux messes spéciales à une participation active en tant que telle.

Ce panorama montre bien qu’on a ici affaire à une couche sociale bien déterminée, parfaitement insérée socialement dans la bourgeoisie et les territoires, capable de faire agir différents leviers.

Ce n’est pas une simple annexe de la bourgeoisie, mais une de ses composantes. C’est un des éléments du dispositif du maintien de l’ordre à l’échelle du territoire.

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La chasse à courre : une survivance féodale devenue une insupportable expression de la réaction

La chasse à courre du cerf s’est constituée dans notre pays à l’époque féodale, c’est-à-dire à partir du tournant du IXe siècle, comme un rituel propre à l’aristocratie militaire, et plus encore, à la royauté. Mais dès cette époque, sa constitution a été envisagée dans la perspective de son abolition nécessaire à venir, qu’il est temps de réaliser à notre époque.

chasse à courre

La base dont hérite le Moyen Âge fait d’abord de la chasse au cerf une activité indigne, l’animal étant présenté dans la tradition de l’Antiquité comme le symbole de la lâcheté, sa viande comme molle et malsaine. À l’époque romaine, on lui reproche dans la littérature latine sa faiblesse, le fait de fuir devant la meute de chiens qui le poursuit en refusant le combat. À son image, on qualifie d’ailleurs les soldats déserteurs de cervi.

Le poète romain Martial conseille donc aux citoyens nobles ou de bonne réputation de laisser l’animal aux chasseurs des populations rurales asservies, qui leur correspond en tout point : cervi relinques vilico (laisse le cerf aux vilains). Au contraire, on lui oppose, autant dans la tradition latine que dans les récits celtes ou germaniques, la chasse à l’ours ou au sanglier. Ces deux animaux, et en particulier le sanglier, sont affublés d’une image qui permet à l’aristocratie féodale en voie de constitution à la fin de la période antique, de s’affirmer sur le terrain des vertus et du symbole, comme classe combattante, servante de l’ordre public.

Affronter un sanglier devient donc un rituel exprimant le courage, la force et la puissance de cette classe sociale face à un animal que l’on décrit comme fulminant, enragé, ne cédant pas face à la menace, chargeant hors de sa bauge, les soies hérissées, l’oeil enflammé en répandant une odeur épouvantable. Sa chasse nécessite un équipage nombreux de cavaliers et de chiens, dont beaucoup meurent dans la traque, se terminant en un face à face sauvage opposant l’animal acculé et furieux à un homme seul qui se doit de l’empaler et de l’achever au couteau au péril de sa propre vie.

Il s’agit donc là d’un rituel particulièrement brutal et barbare dans sa forme, au point justement où les forces les plus avancées de la féodalité sont poussées à partir du XIIe siècle à entreprendre une progressive mais incomplète mise au pas de la pratique de la chasse sous tous ses aspects, mais en particulier concernant les rituels de la distinction de l’aristocratie.

Tout d’abord, la chasse au sanglier subit une dépréciation, menée notamment par les forces de l’Église. Celle-ci reprend la culture latine et met en forme les récits celtes et germaniques en les annexant au dispositif culturel du christianisme. Le sanglier se voit ainsi doter d’une image peu à peu satanique. La simple reprise mot pour mot des descriptions antiques, latines ou non, permet dans le nouveau cadre, de dresser le portrait d’un animal sauvage, épuisant les meutes, les chevaux et les hommes, qui terminent leur chasse dans un état proche de la transe. Son aspect brutal et sauvage, pousse les clercs à assimiler l’animal, tout comme l’ours, au paganisme, à l’ignorance, à la barbarie.

L’animal en vient à être considéré au cours des XII-XIVe siècles à l’instar du loup comme un simple nuisible malfaisant, responsable de la destruction des vignes ou des cultures, et même on le tient responsable de la mort du roi Philippe le Bel en 1314. Il se range donc à partir de ce point au rang d’une bête qu’on doit désormais éliminer de manière utile et technique, non plus par une chasse à courre à cheval, mais à l’aide de simples rabatteurs piégeant l’animal dans les filets ou des trappes afin de l’éliminer prudemment et sans combat.

En parallèle, la culture chrétienne met progressivement en avant la chasse au cerf, qui se voit valoriser comme proie et doter d’une dimension civilisée, c’est-à-dire dans le cadre historique d’alors, chrétienne. Dès l’époque des Pères de l’Église, à la fin de l’Antiquité, le cerf est assimilé au Christ lui-même en jouant sur l’homophonie latine : cervus/Servus (le cerf/le Sauveur). Dans le même ordre d’idée, le cerf est assimilé à la conversion, au baptême, sur la base du Psaume 42, dans lequel le croyant est assimilé à un cerf assoiffé cherchant la source du Seigneur.

L’animal gagne donc une place dans les registres iconographique mobilisés pour décorer les églises et dans les textes à valeur symbolique ou religieuse. Sa viande enfin est elle-même mise en valeur sur la base du Deutéronome (le livre des commandement de l’Ancien Testament dans la tradition mise en forme par l’Église romaine) qui présente sa chair comme étant la plus pure de toute. Sur cette base culturelle, l’Église entend donc clairement pousser à policer la chasse, à lui donner une dimension chrétienne.

Les récits hagiographiques, présentant la vie de saints comme étant des modèles à suivre, intègrent aussi la présence du cerf comme animal christologique, présentant la conversion de chasseurs apercevant l’animal avec une croix lumineuse entre ses cors.

Ces derniers sont eux aussi progressivement assimilés par la symbolique chrétienne : on note la présence de dix cors, parallèle avec les dix commandements, on note la repousse de ceux-ci comme écho à la Résurrection, on rappelle aussi que Pline, (auteur latin tenu pour être une source des « sciences naturelles » au Moyen Âge), observe que le cerf utilise ses cors pour forcer les serpents à sortir de leur trou avant de les tuer, ce qui fait écho à la lutte du Christ contre Satan. La chasse au cerf devient donc un rituel rejouant la Passion, un sacrifice charitable qu’offre l’animal, dont la traque et l’exécution doivent donc être policées, ritualisées.

En un mot, ne pouvant abolir la chasse dans le contexte de la féodalité, l’Église, comme avant-garde culturelle de la classe aristocratique, a simplement été en mesure de la civiliser par une forme, un contenu, qui correspondait à ses valeurs. Exactement comme elle a cherché pour les mêmes raisons à encadrer la guerre par le mouvement de la Paix de Dieu et par les Croisades.

Finalement, le dispositif même de cette chasse, assimilé à la chasse noble par excellence, finit de facto par raréfier les grandes chasses aristocratiques. La chasse au cerf en effet suppose concrètement la maîtrise juridique de vastes espaces forestiers. En conséquence, la concentration des pouvoirs et le progressif monopole sur les forêts, finit par en faire l’apanage des seuls plus puissants parmi les aristocrates, et surtout du roi lui-même, appuyant ici toute la dynamique féodale à l’élaboration d’un État monarchique centralisé que soutien l’Église. Les traités de véneries qui se développent justement au XIVe siècle à destination de la haute noblesse illustrent le caractère distinctif de la chasse à courre visant le cerf, comme une affirmation sociale de la supériorité et de la domination des grandes dynasties aristocratiques sur la société féodale de France. Parmi eux, le plus célèbre est certainement le Livre de chasse du comte de Foix Gaston Phoebus, et il s’y exprime très précisément ce qu’est alors devenu la chasse à courre :

Toutes les personnes ne sont pas mues de la même volonté ou du même courage, mais elles sont de natures diverses, comme l’a voulu Dieu notre Seigneur, qui ordonna ainsi plusieurs formes de chasse, qui sont de diverses manières afin que chacun put trouver chasse à sa plaisance et selon son État, car les unes appartiennent aux puissants, les autres aux faibles, et je vais donc vous les présenter par ordre. Je commencerai donc par la vénerie des cerfs, comment on les prend à la force des chiens, chasse qui est la plus plaisante qui soit. C’est une bonne chasse que celle du cerf, car c’est belle chose que de bien traquer un cerf, belle chose de le poursuivre, de le courir longuement jusqu’à l’abattre, soit en eau soit sur terre, belle chose la curée, belle chose de bien l’embrocher, de le dépecer et de lever les chairs. C’est une belle bête et plaisante, et je tiens là que ce soit donc la plus noble des chasses.

Si l’action de l’Église dans le cadre de l’essor de la féodalité a eu une incontestable dimension progressiste en faveur de la culture, du soutien de la vie, on saisit immédiatement, et dans le cadre même de la féodalité toutes les limites cependant, toutes les contradictions de cette oeuvre. L’Église n’était pas en mesure de briser l’aristocratie et ses besoins de distinction, au vu de la faiblesse des connaissances scientifiques et de sa capacité d’action bornée par le cadre du féodalisme dont elle était elle-même partie prenante. Elle a donc dû au final abolir ces ambitions morales, elle n’était pas en mesure de pousser à l’abolition concrète et effective de la chasse.

Celle-ci, et en particulier la chasse à courre, est donc restée un rituel aristocratique, un espace permettant l’expression du caractère le plus archaïque de cette classe, dont les racines plongent précisément dans les formes les plus avancées du tribalisme barbare et toute sa brutalité ici prolongée. En dépit de tous les efforts pour faire avancer cette question dans le cadre féodal, cette barbarie suinte encore ouvertement de ce texte du XIVe siècle.

On peut donc mesurer depuis notre époque, en 2019, à quel point le maintien de la chasse à courre constitue un archaïsme réactionnaire exprimant toute la brutalité barbare des éléments les plus attardés du féodalisme. Le sentiment de rejet écoeuré exprimé par les masses face à la chasse à courre, face à la brutalité de son exercice, face à toute l’arrogance anachronique de ses pratiquants qui la prolongent à l’ère de l’exigence démocratique et populaire en faveur de la vie, en faveur d’un rapport harmonieux à la biosphère est donc un sentiment juste, qui va dans le sens du progrès, dans le sens même de l’Histoire.

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Qui décide du sort du vivant dans les forêts nationales ?

L’Office National des Forêts (ONF) assigne trois personnes prises au hasard parmi la foule des manifestants contre la chasse à courre. Il s’agit d’un procès civil par lequel l’institution chargée de gérer les forêts nationales entend faire payer à ces gens le fait que les chasseurs n’ont pas remplis leur objectif quantitatif d’animaux tués la saison dernière.

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En plus du problème moral évident que pose la chasse à courre comme pratique moyenâgeuse d’une brutalité ignoble, c’est la question du pouvoir politique dans les forêts nationales qui se trouve mis en évidence. Qui décide du sort du vivant dans les forêts nationales ?

> Lire également : L’ONF réclame 55 000 € à trois opposants à la chasse à courre

En matière civile, la pierre angulaire du système juridique est sans conteste la propriété privée. La bourgeoisie, en tant que classe sociale, devant son existence à la propriété privée des moyens de production, elle a logiquement mis en place un ensemble cohérent de règles régissant son maintien, par la transmission et le développement de la propriété privée.

Ce système juridique est un acquis de la bourgeoisie dans le cadre de la lutte des classes ; c’est une construction historique. Dans la dernière partie du Moyen Âge, plus la bourgeoisie française prenait de poids dans les échanges économiques au sein du royaume, plus les féodaux reculaient eux-mêmes. Avec le recul de ces derniers, c’est l’ordre juridique basé sur les privilèges de naissance qui perdait en pertinence.

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La féodalité réservait le travail aux membres des classes sociales inférieures : les paysans, les travailleurs des villes et les bourgeois. Cette configuration avait des conséquences sur la propriété, laquelle était largement collective (et non privée, donc). Les possessions royales et seigneuriales peuvent être considérées comme des propriétés, dans le sens où la chose a un maître qui décide de ce qui y est fait. Mais les nobles (donc évidemment le Roi) ne travaillent pas. Les droits sur le bien immobilier sont donc divisés entre la propriété éminente qui reste aux nobles et la propriété utile qui va à celui qui exploite la terre, le moulin, le bois, le four, etc. Le droit de chasser était réservé aux classes dominantes : le Roi, les nobles et les ecclésiastiques, chacun sur leur domaine respectif.

Avec le travail, la bourgeoisie est alors porteuse du plus haut niveau de culture. Elle est capable de puiser dans l’Antiquité pour faire naître ce dont l’époque a besoin. La propriété telle que la bourgeoisie la conçoit est refondée à partir du droit romain, comme le souligne Friedrich Engels dans La décadence de la féodalité et l’essor de la bourgeoisie :

« Avec la redécouverte du droit romain, la division du travail s’opéra entre les prêtres, consultants de l’époque féodale, et les juristes non ecclésiastiques. Ces nouveaux juristes appartenaient essentiellement, dès l’origine, à la classe bourgeoise ; mais, d’autre part, le droit qu’ils étudiaient, enseignaient, exerçaient, était aussi essentiellement anti-féodal par son caractère, et, à un certain point de vue, bourgeois. Le droit romain est à tel point l’expression juridique classique des conditions de vie et des conflits d’une société où règne la pure propriété privée, que toutes les législations postérieures n’ont pu y apporter aucune amélioration. »

Selon l’adage latin Cujus est solum ejus usque ad caelum usque ad inferos, Qui est propriétaire du sol est propriétaire jusqu’au ciel et jusqu’aux entrailles de la terre. Peu importe donc sa naissance, celui qui est propriétaire d’un terrain possède tout ce qui s’y trouve. S’agissant des arbres, il les possède des racines à la cime. S’agissant des animaux, il dispose des taupes qui peuplent le sous-sol comme des colonies de passereaux qui volent en surplomb et de toutes les vies qui s’ébattent entre ces deux extrémités. Sauf interdiction particulière de la loi ou du règlement, le propriétaire peut donc détruire les êtres vivants sur sa propriété. Il peut chasser lui-même, ou céder ses droits de chasse.

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Les « parties » de chasse à courre ont parfois lieu sur des propriétés privées individuelles. On pense alors au vastes étendues boisées qui jouxtent les demeures de la Renaissance ou les pavillons de chasse du 19e siècle. La vie de château quoi !

L’ONF traîne des gens devant la justice parce qu’il considère qu’ils ont gêné des veneurs dans leurs chasses. Or, si c’est l’ONF qui est concernée, c’est donc qu’il s’agit ne s’agit pas de biens individuels.

En effet, l’ONF est chargé de l’exploitation des forêts qui appartiennent à l’État.

Or, en République, ce qu’il advient des choses de l’État est par principe décidé par le peuple. Ce n’est de toute évidence pas le cas dans de nombreux domaines. Il n’y a ainsi pas de débat public concernant le sort du vivant dans les forêts nationales.

Pourtant, les forêts nationales appartiennent au domaine privé de l’État. Par opposition au domaine public de l’État qui est régi par des règles de droit public, donc du droit de l’administration, le domaine privé de l’État est régi par des règles de droit privé, donc du droit de la personne privée.

On peut donc considérer que l’adage latin cité ci-dessus, selon lequel le propriétaire du sol est propriétaire du sous-sol et de ce qui est en surplomb, doit s’appliquer aux forêts nationales. Il appartient donc théoriquement au peuple, propriétaire des forêts nationales au travers de l’État, de décider du sort du vivant dans celles-ci.

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Mais à gauche on le sait, le droit ne fait pas la réalité, c’est bien plutôt les tensions qui s’exercent dans la réalité quotidienne qui poussent le législateur à produire les règles juridiques. Ainsi, le développement des règles qui concernent la vie dans les forêts nationales, particulièrement celles qui concernent la chasse, a suivi les flux et reflux du pouvoir féodal.

Les grands massifs forestiers comme ceux D’Île de France, de Picardie et de l’Ouest de la France ont été un enjeu important de la lutte de pouvoir qui a opposé sur près de quatre siècles la féodalité et la bourgeoisie. Les grandes forêts constituent une source de profit important et constituaient un poste industriel stratégique (construction navale, industrie verrière, etc.). Asseoir son pouvoir politique passait nécessairement par le contrôle de ces forêts.

Un aspect culturel important se jouait également au travers de la possession des forêts. Les forêts domaniales étaient des propriétés éminentes du Roi. Classe victorieuse de la Révolution de 1789-1792, la bourgeoisie s’empare des forêts royales et en fait des possessions du domaine. Les arbres transformés en bois deviennent des marchandises qui intègrent les marchés. La chasse en forêt domaniale n’est plus un privilège mais devient un loisir de gentilhomme.

Paysans et roturiers sous l’ancien régime, puis aujourd’hui paysans et ouvriers sont exclus de la gestion de la forêt domaniale. La forêt royale est devenue domaine privé de l’État, l’ONF est chargée de son exploitation.

À aucun moment il n’existe de débat démocratique, localement ou au niveau national, pour décider la manière dont il faut traiter les êtres vivant en forêt.

Les associations de veneurs s’estiment lésés et se retournent contre l’ONF qui leur cède de manière unilatérale les droits de chasser dans les forêts nationales. L’ONF assigne en justice des personnes prises au hasard dans la foule des opposants à la chasse à courre. Cette histoire procède du déni de démocratie.

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Chasse à courre : les policiers de l’Oise ont raison !

Certains policiers de l’Oise se plaignent de devoir protéger les véneries de « quelques aristocrates ». Ils posent avec justesse la question du fonctionnement de la police, censé servir le droit et donc le peuple, et non pas servir de milice armée privée au service de quelques uns.

La prolétarisation des policiers est flagrante depuis quelques décennies ; loin de l’image d’Épinal du flic facho d’antan, brutal et coupé du reste de la population, même s’il en reste, le policier est aujourd’hui un type normal vivant comme tous les autres, et même parfois un fonctionnaire qui n’hésite pas à revendiquer de manière bruyante.

Le fait que des policiers de l’Oise critiquent de manière véhémente la décision du préfet de les envoyer protéger une chasse à courre est exemplaire de cela. Tout le monde sait dans l’Oise que le préfet soutient totalement la chasse à courre, pratiquée par la haute bourgeoisie locale. Dénoncer la protection du préfet à la chasse à courre, en la qualifiant de « sécurité privée », c’est assumer un positionnement démocratique tout à fait clair.

« Alors qu’ils réclament « à cors et à cris » des effectifs supplémentaires,
Alors que l’administration s’est engagée à supprimer les taches indues,
A l’heure où les parlementaires étudient la coproduction de sécurité,
les policiers sont détournés des missions de sécurité publique afin d’assurer les privilèges de la noblesse.
ALLIANCE est sur ce sujet, comme sur d’autres, à cheval sur les principes. La Police n’est pas et ne deviendra pas une force de sécurité privée ! »

A l’opposé de tous les discours anarchistes, il faut bien pour la Gauche saisir que ce n’est qu’un début. Car le socialisme, c’est la défense du principe du Droit, dans une perspective universelle. Or, l’État tombe toujours plus les masques, révélant sa nature d’outil pour le maintien de l’ordre au service de la conservation du capitalisme. Et comme beaucoup de policiers entendent servir toute la société, ils ne comptent pas servir seulement quelques uns.

Il s’apercevront donc qu’ils l’ont fait en partie jusqu’à présent, dans la mesure où l’ordre social est à la base inique, injuste, inégalitaire.En fait, les policiers vont commencer à faire du droit, cessant de le déléguer à la magistrature. Et alors ils pourront devenir une vraie police populaire.

En assumant le droit universel, ils fusionneront entièrement avec le peuple. Ce processus, inévitable pour une partie de la police, se déroulera de manière contraire dans l’armée, qui elle va se couper de plus en plus de la société, devenant de manière toujours plus flagrante un service de mercenaires.

Car tout est une question d’État. Veut-on un État au service du peuple, porté par le peuple ? Ou bien un État comme organisme de maintien de l’ordre, comme force de conservation, de l’extérieur du peuple, et contre lui ?

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AVA : une force démocratique contre la chasse à courre

Le collectif AVA (Abolissons la Vénerie Aujourd’hui) et ses actions contre la chasse à courre est vraiment quelque chose qui a marqué ce début d’année, avec une manifestation de 1000 personnes et une présence deux fois par semaine en forêt avec les veneurs.

AVA Bonneuil

Une mobilisation des zones péri-urbaines et des campagnes

Ce qui est particulièrement intéressant dans cette initiative, c’est la mobilisation d’une frange de la société littéralement abandonnée par la Gauche : les habitants des zones péri-urbaines et des campagnes. Ces zones, trop éloignées des grandes villes pour avoir un accès satisfaisant à la Culture et où la Nature recule petit à petit sous le béton, sont en première ligne dans ce combat. Il s’agit là littéralement de la France profonde, et l’isolement vécu par ces habitants est vecteur d’un fatalisme qu’il est important d’affronter. De ce point de vue, AVA est une initiative résolument positive et démocratique, assez pour que nous nous penchions sur son mode d’action caractéristique.

A la base, se trouve la volonté de faire remonter le vécu des habitants qui font directement face à la chasse à courre, de briser le silence à ce sujet, de libérer la parole. Cela passe par la récolte de témoignages, d’anecdotes vécues par les habitants, et ce directement dans les rues des lotissements ou lors des brocantes, véritable cœur de la vie sociale dans les campagnes. La discussion est lancée et les gens interrogés se livrent facilement à des voisins : une personne sommée par un veneur de « dégager » lors d’une promenade, une autre renversée de son vélo au passage de la meute, une autre qui a défendu un animal réfugié chez elle…

C’est là qu’on peut prendre la mesure d’un problème concret, avec ses enjeux concrets, loin du discours d’experts théoriques. Chacune de ces histoires est une bribe du problème, qu’il convient ensuite de relier les unes aux autres, ce que sûrement beaucoup d’habitants n’osent pas faire d’eux même. Un chien écrasé, un quartier envahi, un embouteillage, un accident de voiture peuvent être vécus comme autant d’exceptions fâcheuses. La mise bout à bout de toutes ces portions de réalité permet d’effectuer une synthèse, une prise de recul nécessaire pour identifier des solutions. C’est un exemple typique de la pratique qui nourrit la théorie. Tout le contraire donc d’un tractage de type L214 par exemple, où la population serait « sensibilisée » de l’extérieur, comme un évangile.

AVA

Une initiative démocratique

AVA utilise parfois dans sa communication les notions « populaire » et « démocratique ». On pourrait passer facilement à côté du sens profond qu’a ce dernier terme en n’y voyant là qu’un fonctionnement, avec des votes, des réunions etc. Mais quand on y regarde de plus près, cette notion, pas anodine, est plutôt liée à la fonction d’AVA au sein de la société, au rôle que le collectif semble se donner : celle d’une force démocratique.

Les sorties en forêt d’AVA sont en ce sens aussi un outil démocratique car elles offrent aux gens une autonomie d’action pour prendre le problème à bras le corps eux même. Aller chercher les équipages de chasse à courre jusque dans les forêts pour leur signifier son opposition, filmer, sauver des animaux, tout cela plusieurs fois par semaine, c’est quelque chose de très fort pour des gens qui viennent de tout sauf d’environnements militants !

Surtout dans un pays comme la France, où le sens de la mesure est de mise culturellement et où la radicalité effraie. Car cela signifie aussi affronter les intimidations des autorités, les menaces des chasseurs, c’est se mettre même parfois en danger physiquement ou professionnellement. Et tout cela n’est possible qu’avec une prise de confiance en soi de la population, en sa capacité à prendre les choses en main, sans compter sur des « experts » ou sur l’aval des institutions.

Toutes les initiatives spontanées, comme les pétitions de quartier ou les actes de résistance sporadiques qui existaient avant AVA, se retrouvent structurées, organisées, et c’est en quelque sorte un pouvoir populaire qui se met en place. Et plus celui-ci se développe, plus il permet de révéler des blocages en amont dans la société, plus il permet d’entrevoir des enjeux profonds : poids des notables, clientélisme, rapports de classe, rapport à la Nature…

Pour toutes ces raisons, c’est un devoir pour tous les progressistes et les personnes de Gauche de s’engager et de soutenir ces initiatives, de rejoindre AVA et de reproduire cette méthode partout ailleurs, dans toutes les franges de la société.

AVA Compiègne Groupe 15 septembre

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Écologie

Alain Drach expose le noyau dur de l’idéologie de la vénerie

Alain Drach, figure de la chasse à courre à Compiègne, a un indéniable sens de la formule. Lors d’une interview au Courrier Picard en cette rentrée, il tente d’exposer avec un certain talent rhétorique son « sens » des valeurs.

Courrier Picard, Alain Drach

Comment s’est passée samedi cette reprise de la chasse à courre ?

On a fait une jolie chasse d’entraînement. Les jeunes chiens étaient assez excités. Depuis un mois, je suis au chenil avec eux. J’étais très impatient de retrouver la forêt, les chiens sont ma véritable passion (…).

Pourquoi démarrer la saison en pleine période du brame ? Ce n’est pas un peu déloyal comme façon de procéder ?

Personnellement, j’ai passé des nuits d’amour et je n’étais pas pour autant épuisé dans la journée… (…)

Le député Bastien Lachaud (FI) assistait hier à votre chasse à courre. Il a déposé une proposition de loi pour l’interdire. Pensez-vous qu’un jour cette pratique disparaîtra ?

Il a été invité par les membres d’Abolissons la vénerie aujourd’hui (AVA) à assister à cette chasse mais il est arrivé bien tard sur place… À croire qu’il ne dort pas suffisamment dans l’assemblée. À mon avis, cette proposition de loi a peu de chances de passer en commission. Si la chasse devait être abolie un jour, ce serait plus par manque d’espace, quand la forêt ne sera plus qu’un bois de Boulogne.

Pour beaucoup, la chasse à courre reste une pratique cruelle, réservée à une élite…

On nous reproche cette sempiternelle lutte des classes alors que la vénerie, c’est le grand creuset des rencontres sociales. À nos côtés, on a un ancien salarié de Goodyear, un plombier… On se retrouve tous autour d’un pique-nique. Tout le monde m’appelle Alain…

Au-delà du côté kitsch, quiconque étudie de près la chasse à courre reconnaît en filigrane l’ensemble des valeurs de la chasse à courre. Alain Drach témoigne ici d’un très haut degré de culture – à ceci près que cette culture est en fait une idéologie, le fruit d’une aliénation réactionnaire.

Le premier point, fondamental, ce sont les chiens. Les chiens sont, du point de vue démocratique ou socialiste ou communiste ou vegan ou ce que l’on voudra, de simples outils pour les veneurs. Cependant, pour ces derniers, ils forment une meute à laquelle ils vouent un culte. Les devises des « équipages » sont très souvent un éloge des chiens. L’idée de « meute » est essentielle à l’esprit de chasse à courre, les chiens sont dépersonnalisés, mais se voient attribuer une valeur tout à fait particulière.

Le second point, c’est le côté patriarcal de l’homme mesurant sa force, comme pour la corrida, donnant « sa chance » à son adversaire, retournant aux forces primitives de la nature, etc. Le film japonais « Princesse Mononoké » est par ailleurs davantage proche de cet esprit que d’une logique écologiste.

Le troisième point, c’est le discours sur le manque d’espace, la disparition des forêts, etc. Il s’agit là de tout le fond romantique français, par essence agraire et monarchiste, focalisé sur les paysages, la « vérité » de la terre, etc. Les veneurs sont des zadistes lettrés et de luxe.

Le quatrième point est justement le retour aux valeurs féodales : oui, la vénerie est un creuset social… Mais les veneurs s’appuient sur un vivier aristocratique, de réseaux de la haute bourgeoisie, avec le petit peuple leur servant de piétaille. C’est bien une rencontre sociale… mais dans le sens de la servitude volontaire !