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L’appel «anti-islamophobie» pour le 10 novembre de la Gauche post-moderne

L’appel « anti-islamophobie » publié dans Libération est un véritable modèle du genre, puisque ses mots ont été choisis de manière extrêmement précise afin de satisfaire tant l’Islam politique que le libéralisme anti-universaliste de la Gauche post-moderne.

C’est à croire que la société flotte au-dessus du capitalisme, qu’il n’y a pas de bourgeoisie qui entend diviser pour régner. On a un « racisme » abstrait » visant « les musulmans » comme si ceux-ci formaient une communauté déterminée, unifiée.

À la bourse on achète des actions. Pour la Gauche post-moderne, la société fonctionne pareil. Il y a des acheteurs et des vendeurs, qui sont les individus tous différents les uns des autres. Mais tous participent à une grande bourse aux idées. Le but est de gagner des parts de marché. C’est là, on le reconnaîtra aisément, la conception sociale de la Gauche américaine, qui n’a jamais connu la Gauche historique.

La Gauche post-moderne française a adopté cette démarche. En ce sens, le quotidien Libération s’est donnée comme habitude depuis quelques temps de publier régulièrement des tribunes. Le Monde l’a toujours fait de temps en temps, mais Libération connaît une crise très profonde et cherche à s’en sortir. Sa méthode est de se placer comme plaque tournante d’une Gauche post-moderne, sociale mais ultra-libérale dans les mœurs. C’est à ce titre qu’on a la tribune « Le 10 novembre, à Paris, nous dirons STOP à l’islamophobie ! », qui appelle à un rassemblement à Paris.

Le texte, ci-dessous en annexe, a d’autant plus d’importance qu’il rassemble la Gauche post-moderne dans ce qui consiste en une grande offensive. Il s’agit très clairement de procéder à une cristallisation politique qui a de nombreux précédents dans d’autres pays, telles la Grande-Bretagne et la Belgique. Il s’agit de briser la Gauche historique au moyen d’une alliance de la Gauche post-moderne et des courants politiques musulmans à visée culturelle, ainsi que des courants « décoloniaux » entre les deux.

Il suffit pour s’en convaincre de voir les signataires initiaux de la tribune :

Madjid Messaoudene (élu de Saint-Denis), la Plateforme L.e.s. Musulmans; Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA); le Comité Adama; le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF); l’Union communiste libertaire (UCL); l’Union nationale des étudiants de France (Unef), Taha Bouhafs (journaliste).

Le NPA et l’Union communiste libertaire sont farouchement post-modernes, tout comme Madjid Messaoudene et Taha Bouhafs. La direction de l’Union nationale des étudiants de France est ouvertement sur cette ligne. Le Comité Adama se veut quant à lui d’esprit décolonial. Le Collectif contre l’islamophobie en France et la Plateforme L.e.s. Musulmans sont très clairement des structures relevant de l’Islam politique.

Et les appuis à cette initiative sont très puissants, puisqu’on retrouve pas moins que Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, ainsi que Jean-Luc Mélenchon et l’ensemble du groupe parlementaire La France Insoumise. Il y a aussi David Cormand, secrétaire National d’EELV. Impossible de ne pas voir là qu’il y a donc une démarche politique très claire. Le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez, en signant cette tribune, met d’ailleurs très clairement les pieds dans le plat, puisqu’il est censé être sur une position de réserve.

Un autre qui met les pieds dans le plat, c’est Benoît Hamon. Que Génération-s signe l’appel est plus ou moins dans l’ordre des choses. Mais Benoît Hamon était censé être en retrait. Passe encore, dira-t-on, mais il y a un souci plus grave et, on peut le dire, hautement symbolique.

En effet, lorsque le réactionnaire Alain Finkielkraut avait été insulté par des gilets jaunes, le journaliste Taha Bouhafs avait accusé celui-ci d’être un « sale sioniste », sur Twitter. Benoît Hamon, qui vient de la gauche historique, avait alors posté un message très construit, très juste :

« Je combats les idées réactionnaires et radicales d’Alain #Finkielkraut. Mais je condamne sans aucune réserve ceux qui l’ont conspué, insulté et traité d’un « sale sioniste » qui voulait dire « sale juif ». Et laissez la Palestine en dehors de cette violence antisémite gratuite. »

Ce à quoi Taha Bouhafs a répondu avec un message ignoble digne de Dieudonné et Alain Soral :

« C’est bientôt le dîner du CRIF [Conseil représentatif des institutions juives de France], et t’as pas envie d’être privé de petits fours. »

Alors comment est-ce que Benoît Hamon peut signer une tribune lancée par un tel personnage ? Non seulement, il y a une éventuelle allusion aux chambres à gaz, mais en plus il le présente comme soumis au CRIF, comme si cette structure jouait un rôle majeur dans la politique française.

Ah, mais il faut ici faire de la politique. Et malheureusement Benoît Hamon, en basculant dans la gauche post-moderne ouverte, a perdu le fil. Il veut juste bien faire.

Mais il ne s’agit pas de bien faire et de dire abstraitement : on est contre le racisme, la haine des musulmans est condamnable. Il s’agit d’avoir une lecture politique authentique : qui cherche à diviser le peuple, et pourquoi ? Et cela, seule la Gauche historique est capable de le faire, car elle sait que tout cela n’a qu’un but : empêcher l’émergence d’une conscience socialiste.

Voici la tribune, publiée dans Libération.

« Tribune. Depuis bien trop longtemps, les musulmanes et les musulmans en France sont la cible de discours venant parfois de «responsables» politiques, d’invectives et de polémiques relayés par certains médias, participant ainsi à leur stigmatisation grandissante.

Depuis des années, la dignité des musulmanes et des musulmans est jetée en pâture, désignée à la vindicte des groupes les plus racistes qui occupent désormais l’espace politique et médiatique français, sans que soit prise la mesure de la gravité de la situation.

Depuis des années, les actes qui les visent s’intensifient : qu’il s’agisse de discriminations, de projets ou de lois liberticides, d’agressions physiques de femmes portant le foulard, d’attaques contre des mosquées ou des imams, allant même jusqu’à la tentative de meurtre.

L’attentat contre la mosquée de Bayonne le 28 octobre, en est la manifestation la plus récente et les services de l’Etat savent que la menace terroriste contre les lieux de culte musulmans est grande.

Il a fallu que cette violence jaillisse aux yeux de tous, à travers l’humiliation d’une maman et de son enfant par un élu RN au conseil général de Bourgogne-Franche-Comté, pour que tout le monde réalise ce que des associations, des universitaires, des personnalités, des syndicats, militants et au-delà, des habitants, dénoncent à juste titre depuis des années : l’islamophobie en France est une réalité. Quel que soit le nom qu’on lui donne, il ne s’agit plus ici de débats d’idées ou de critique des religions mais d’une forme de racisme explicite qui vise des personnes en raison de leur foi. Il faut aujourd’hui s’unir et se donner les moyens de la combattre, afin que plus jamais, les musulmanes et les musulmans ne puissent faire l’objet de tels traitements.

Puisque les discours et déclarations d’intention ne suffisent plus, parce que l’heure est grave : le 10 novembre à Paris nous marcherons pour dire :

– STOP aux discours racistes qui se déversent sur nos écrans à longueur de journée, dans l’indifférence générale et le silence complice des institutions étatiques chargées de lutter contre le racisme.

– STOP aux discriminations qui visent des femmes portant le foulard, provoquant leur exclusion progressive de toutes les sphères de la société.

– STOP aux violences et aux agressions contre les musulmanes et les musulmans, qui se retrouvent progressivement déshumanisés et stigmatisés, faisant d’eux des terroristes potentiels ou des ennemis de l’intérieur.

– STOP aux délations abusives jusqu’au plus haut niveau de l’Etat contre des musulmans dont le seul tort serait l’appartenance réelle ou supposée à une religion.

– STOP à ces dispositifs de surveillance de masse qui conduisent à une criminalisation pure et simple de la pratique religieuse.

Les conséquences, notamment pour des salariés licenciés et des familles déstabilisées, sont désastreuses et ne peuvent plus être tolérées. Cette criminalisation se fait au détriment des libertés fondamentales et des principes les plus élémentaires d’égalité censés guider notre pays.

Nous, musulmans ou non, disons STOP à l’islamophobie et nous serons nombreux pour le dire ensemble le 10 novembre prochain à Paris.

Nous appelons toutes les organisations, toutes les associations, tous les collectifs, toutes les fédérations de parents d’élèves, tous les partis politiques, toutes les personnalités, tous les médias, toutes les personnes solidaires à se joindre à cet appel solennel et à répondre présent à la marche du 10 novembre prochain.

Il en va des libertés fondamentales de tous. Il en va de la dignité et de l’intégrité de millions de concitoyens. Il en va de notre unité à tous, contre le racisme sous toutes ses formes qui, aujourd’hui, menace une nouvelle fois la France.

Un appel initié par Madjid Messaoudene (élu de Saint-Denis), la Plateforme L.e.s. Musulmans; Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA); le Comité Adama; le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF); l’Union communiste libertaire (UCL); l’Union nationale des étudiants de France (Unef), Taha Bouhafs (journaliste). Premiers signataires: Action Antifasciste Paris Banlieue (AFA); Arié Alimi , avocat; Pouria Amirshahi , directeur de publication de Politis; Manon Aubry, eurodéputée; Étienne Balibar , universitaire; Ludivine Bantigny, historienne; Yassine, Belattar, humoriste; Esther Benbassa, sénatrice EE-LV de Paris; Olivier Besancenot, NPA; Saïd Bouamama, sociologue; Leïla Chaibi, eurodéputée LFI; André Chassaigne, député, président du groupe GDR; David Cormand, secrétaire National d’EE-LV; Laurence De Cock, enseignante; Caroline De Haas, militante féministe; Vikash Dhorasoo, ancien de joueur de foot, parrain d’Oxfam et président de Tatane; Rokhaya Diallo, journaliste et réalisatrice ; Pierre Jacquemain , rédacteur en chef de Regards; Éric Fassin, sociologue; Elsa Faucillon, députée PCF; Fédération syndicale unitaire (FSU); Fianso, artiste; Front uni des immigrations et des quartiers populaires (FUIQP); Geneviève Garrigos, féministe, militante des Droits humains; Vincent Geisser, politologue; Alain Gresh, journaliste; Nora Hamadi, journaliste; Benoît Hamon, Génération.s; Yannick Jadot (député europééen EELV); Mathilde Larrère, historienne; Mathieu Longatte (Bonjour Tristesse); Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT; Jean-Luc Mélenchon et l’ensemble du groupe parlementaire La France Insoumise; Marwan Muhammad, auteur et statisticien; Younous Omarjee, eurodéputé; Stéphane Peu, député PCF; Edwy Plenel, journaliste; Maryam Pougetoux et Mélanie Luce, Unef; Jérôme Rodrigues, gilet jaune; Julien Salingue, docteur en science politique; Pierre Serne (porte-parole de Génération.s); Michèle Sibony et l’Union juive française pour la paix (UJFP); Laura Slimani, élue de Rouen, direction nationale de Génération.s; Azzédine Taibi, maire PCF de Stains; Sylvie Tissot, sociologue; Aida Touihri, journaliste; Assa Traoré, comité Adama; Aurélie Trouvé, porte-parole d’Attac; Union syndicale Solidaires; Dominique Vidal, journaliste et historien.

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Municipales: la pression de l’extrême-Droite en Isère

L’Isère est un département d’Auvergne-Rhône-Alpes situé entre Lyon et les Hautes-Alpes. Scindé entre un nord plutôt à Droite et le sud plutôt à Gauche, l’Isère a comme préfecture une métropole « dynamique », Grenoble.

Le problème est que si Grenoble est une ville à Gauche, aux traditions ouvrières relativement fortes, le Nord-Isère est la nouvelle place forte de classe ouvrière avec une extrême-Droite bien établie.

Succieu, Torchefelon, Flachères, Bourgoin-Jallieu, La Bâtie Division, cinq villes du Nord-Isère qui ont en commun d’avoir accueilli un concert néonazi depuis 2013.

En septembre 2014, une croix gammée et un tag antisémite sont découvert sur la façade d’un coiffeur de Bourgoin-Jallieu.

En août 2016, c’est la mosquée de la Tour-du-Pin qui est la cible d’un incendie, qui s’avéra être l’œuvre de militants d’extrême-Droite, dont un ancien élu du groupe « Échirolles Bleu Marine ».

Nul besoin d’aller plus loin pour comprendre que le Nord-Isère est soumis à une intense activité fasciste. Si elle repose sur des groupuscules très minoritaires, il n’en reste pas moins certain qu’il y a dans cette région tout un contexte social et culturel propice au fourmillement de l’extrême-Droite.

Or, aux dernières élections européennes, LREM est arrivé largement en tête en Isère et EELV rafle la majorité des suffrages à Grenoble, Meylan, Voiron. C’est qu’en fait l’Isère est, comme ailleurs, un département divisé entre la ville et la campagne.

L’agglomération grenobloise a une contre-culture développée et un état d’esprit festif et solidaire porté par les étudiants issus des campagnes savoyardes voisines. Grenoble, c’est en quelque sorte l’opposé de Lyon, cette ville arrogante alimentée par une bourgeoisie hautaine issue des Mont-d’Or. Cette opposition est visible dans le football avec d’une côté les supporters grenoblois du « Red Kaos 94 » et de l’autre, les supporters lyonnais des « Bad Gones » et « Lyon 1950 ».

À Grenoble, c’est donc logiquement Eric Piolle qui dirige la municipalité, dans une vaste coalition de gauche qui repose essentiellement sur cette culture propre à la ville. Cette coalition a d’ailleurs annoncé qu’elle se représentait pour les élections de mars 2020.

Mais d’un autre côté, on a les petites villes ouvrières, notamment celles du Nord-Isère, encerclées par la gigantesque métropole lyonnaise et Grenoble. Avec une tradition industrielle tournée vers l’automobile, l’agglomération de Pont-de-Chéruy est constituée de ménages ouvriers, avec une partie issue de l’immigration maghrébine des années 1960 ayant accédée au « rêve pavillonnaire ».

Or, voici les scores du RN dans cette agglomération aux dernières élections européennes : 40,8 % à Chavagneux, 37, 54 % à Chavanoz, 34, 83 % à Saint-Romain-de-Jalionas, 33,6 % à Pont-de-Chéruy, 32,93 % à Tignieu-Jameyrieu, 25,3 % à Crémieu.

C’est dire comment l’extrême-Droite est implantée dans les mentalités de ce territoire. À quelques encablures de Lyon, c’est la Gauche qui devrait normalement être dominante dans cet espace stratégique.

Mais il faut dire que l’extrême-Droite ne sort pas de nulle part ici. Que cela soit dans sa variante catholique contre-révolutionnaire avec la forte implantation de la Fraternité Saint-Pie X ou sa variante poujadiste avec La Confédération intersyndicale de défense et d’union nationale des travailleurs indépendants (CIDUNATI) fondée par le petit boutiquier de La Bâtie-Montgascon, Gérard Nicoud, l’extrême-Droite a une longue et riche histoire.

C’est d’ailleurs le CIDUNATI qui organisa une grande manifestation contre l’assurance sociale en 1969, réunissant plus de 10 000 personnes à Grenoble (soutenue à l’époque par la Gauche, et notamment les maoïstes).

Or, pour les élections municipales 2020, le Rassemblement national avance sereinement ses pions sur un territoire qui semble tout ouvert à sa cause. À Bourgoin-Jallieu, c’est justement Nathalie Germain qui se présente. Née en 1966 à la Tour-du-Pin de parents militants au CIDUNATI, cette coiffeuse indépendante est également membre du conseil national du parti de Marine Le Pen.

Face à cette prétention, la Gauche est réunie autour de l’initiative de Berjallien Unis et Soldiaire (B.U.S) qui réunit le PS, le PCF, Forces Laïques et Génération-s. Gageons que cette unité à Gauche parvienne à isoler la démagogie nationaliste qui trouve ici un terrain propice à son succès.

À Chavagneux, Gérard Dézempte, élu maire en 2014 avec l’investiture de l’UMP, a basculé dans le camp de l’extrême-Droite après une lettre commune de soutien à Marine Le Pen en mai 2017, signée par les secrétaires départementaux de Debout la France (Edmond Damais) et du Rassemblement national (Thibaut Monnier).

Candidat à sa réélection, Gérard Dézempte est depuis adhérent à un micro-parti national-conservateur « Ensemble pour la France ». La mairie fut d’ailleurs recouverte de gilets jaunes à son initiative en novembre 2018, dans un état d’esprit poujadiste que n’aurait pas dédaigné Gérard Nicoud.

Trois listes RN sont également prévues dans l’arrondissement de la Tour-du-Pin. À Avenières Veyrins-Thuellin, petite ville de 7 712 habitants où le RN a obtenu 36,24 % des suffrages aux dernières élections européennes et où le mouvement des gilets jaunes a été lancé par l’Union Nationales des Indépendants Retraités du Commerce (UNIRC).

Il y a aussi Aoste, ce village de 2 873 habitants qui a voté à 37 % pour Jordan Bardella en mai 2019, que Anthony Turchetti veut tenter de gagner. Enfin, mentionnons Faverges-de-la-Tour (1 388 habitants) avec Marc Magnoux où le RN a atteint 30 % des votes.

Or, l’avancée de l’extrême-Droite ne semble pas se limiter qu’aux villes du Nord-Isère. À Echirolles, cela fait quelques années qu’elle pratique une intense pression sur cet ancien bastion ouvrier acquis au PCF. Après plusieurs divisions internes à l’extrême-Droite, Alexis Jolly va représenter le RN avec la volonté de « mettre un terme à 70 ans de communisme à Echirolles ».

De manière démagogique, il rappelle que « l’être humain a besoin d’espace de contact avec la nature pour s’épanouir » et demande un moratoire de deux ans sur toute nouvelle construction. C’est dans ce contexte de campagne électorale qu’il a réalisé une opération nettoyage du parc de la Buclée menacé de destruction.

Responsable départemental et conseiller régional, il avance plus que confiant :

« par rapport à 2014 on part vraiment pour la gagne. La gauche est totalement divisée vous avez dans la majorité des gens qui ont déjà annoncé qu’ils allaient se présenter contre le maire ».

En effet, le premier adjoint Thierry Monel (Génération-s) a annoncé sa candidature alors que Renzo Sulli, maire PCF sortant, est candidat à sa réélection.

On sait comment Lyon est un bastion de multiples groupuscules néofascistes. On comprend alors comment  la campagne nord-iséroise est un réservoir de renouvellement de ces groupuscules. Les élections municipales de mars 2020 risquent bien de fertiliser encore un peu plus ce sol pour l’extrême-Droite, y compris dans ses variantes radicales.

Plus généralement, le Nord-Isère est l’illustration de la catastrophe à Gauche, réfugiée depuis trop longtemps dans les grandes métropoles et leur vague culture « progressiste ». Elle va en payer le prix.

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Politique

Page spéciale élections municipales 2020 sur À Gauche

À moins de 5 mois des élections municipales du 15 mars prochain, nous lançons une page spéciale sur laquelle seront regroupés les articles à ce sujet. Nous allons continuer à proposer des présentations pour des cas typiques et intéressants pour la Gauche, que nous suivrons jusqu’en mars et après, avec comme grille d’analyse la nécessité des démarches unitaires, dans le cadre d’un nouveau Front populaire à construire pour la Gauche.

Voici le premier édito que l’on retrouve sur la page spéciale agauche.org/municipales2020 :

« À moins de cinq mois des élections municipales, où en est la Gauche en France ? Après la déroute des élections européennes, marquées par l’éparpillement de la Gauche, on voit apparaître un peu partout des rassemblements unitaires, portés par des dynamiques très locales.
Il faut bien remarquer que, de manière générale, ce sont des militants ancrés depuis longtemps dans la vie quotidienne, bien souvent issu du PS ou du PCF, qui fournissent le plus grand travail pour unir et rassembler ces forces.
Parfois même, militants du PCF et du PS sont à l’initiative de regroupements à la base depuis la fin du printemps 2019, avec un esprit pas très éloigné du principe de Front populaire. Le spectre du Rassemblement national qui pourrait rafler un certain nombre de municipalité est en effet dans tous les esprits.
Lorsqu’elles existent, ces expériences unitaires sont bien souvent le résultat d’une analyse de la déroute des élections européennes et se font au moins en partie le témoin de la continuité de la Gauche historique dans certaines zones populaires.
On remarque également que La France insoumise, qui a tendance à s’éloigner de la Gauche au profit du populisme dans son expression nationale, se retrouve en fait bien souvent liée à la Gauche quand il s’agit des réalités locales. Elle reste cependant une force assez peu déterminante dans les dynamiques unitaires.
Dans ce panorama, l’inconnu reste le comportement d’Europe Écologie-Les Verts qui, selon les situations rejoint les initiatives unitaires de la Gauche ou préfèrent faire cavalier seul. Espérant confirmer le bon score réalisé aux élections européennes, EELV pourrait avoir une lourde responsabilité dans certaines zones, notamment les grandes villes, si ses listes « solo » favorisent l’extrême-Droite.
Dans un contexte de frilosité générale pour les forces populaires et démocratiques, les initiatives qui placent les discussions communes sur le programme et les valeurs, avant la désignation d’une tête de liste doivent être encouragées et soutenues.
Généré par agauche.org, cette page spéciale Municipales 2020 se veut être un outil de centralisation des dynamiques afin de gagner en lisibilité à l’échelle de l’hexagone et d’encourager les initiatives allant dans le sens de l’unité de la Gauche. »

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Société

L’homosexualité comme «comportement aberrant engendré par la société bourgeoise»

La Gauche historique n’a jamais voulu discriminer les personnes homosexuelles, mais a toujours été critique de l’homosexualité, avant le grand renversement des années 1990-2000. Cela n’a jamais été conceptualisé et c’est le signe d’un vrai souci : il y a eu un accompagnement du libéralisme sur le plan des mœurs.

Nous sommes dans les années 1970 et il y a deux Gauches. Il y a celle qui se place dans la tradition du mouvement ouvrier. C’est le PCF, les marxistes-léninistes (c’est-à-dire les maoïstes) et les trotskistes de Lutte ouvrière. Il y a celle qui affirme qu’il faut révolutionner les mœurs. Ce sont les anarchistes et les trotskistes de la Ligue communiste, ainsi que les post-marxistes-léninistes de « Vive la révolution ».

Pour les premiers, les comportements déviants n’ont pas de sens ou bien ils l’ont temporairement si on parvient ensuite à l’idéologie de la classe ouvrière. Pour les seconds, la déviance est l’expression d’un besoin individuel de libération et c’est donc tout à fait juste.

Culturellement, cela provoqua un affrontement très fort alors entre la Ligue communiste (devenue la Ligue communiste révolutionnaire) et Lutte ouvrière. Les deux avaient formé le projet de s’unifier. Mais culturellement, c’était deux mondes. Lutte ouvrière imposait un style vestimentaire, interdisait les boucles d’oreilles pour les hommes, était d’une rigidité formelle outrancière, tout en défendant en théorie l’amour libre. À la Ligue, c’était au contraire le style décadent strictement parallèle aux milieux grands bourgeois parisiens.

Témoignage de ce conflit, voici ce qu’on lit dans le numéro 338 de Lutte Ouvrière, le 18 février 1975. C’est, en quelque sorte, une réponse allusive à la LCR qui, elle, de son côté, dispose d’une Commission nationale homosexuelle, faisant assumer à la LCR d’être pro-sado-maso, cuirs, transexuels.

« Nous pensons que c’est la société bourgeoise qui engendre l’égoïsme, l’individualisme et finalement le mépris pour les autres et les préjugés sociaux, dont le mépris envers les homosexuels fait partie.

C’est à ce titre que nous combattons ce préjugé, comme nous combattons tous les autres.

Mais il y a une distance entre cette lutte sans réserve contre les préjugés et le fait de parer l’homosexualité de vertus révolutionnaires, comme l’ont fait un certain nombre de « gauchistes », et d’y voir le fin du fin de la lutte contre la morale bourgeoise, en décrétant que l’homosexualité est tout aussi « normale » que l’hétérosexualité et que qui prétend le contraire est un arriéré plein de préjugés.

Cela revient à idéaliser ce qui n’est, en très grande partie, qu’un des nombreux comportements aberrants engendrés par la société bourgeoise. »

Ce point de vue est classiquement « stalinien » pour les trotskistes et d’ailleurs Lutte ouvrière l’a abandonné devant la pression sociale. Elle a tenu cependant longtemps, refusant ainsi Act Up à sa fête au tout début des années 1990, en raison du fait que ce n’était pas une organisation politique, ce qui lui valut des dénonciations comme homophobes de la part de la Ligue trotskyste de France.

Ce point de vue était de toutes façons celui de toute la Gauche historique. Et là on voit le souci. Car la Gauche d’aujourd’hui n’a nullement ce point de vue. Mais à quel moment y a-t-il eu un changement d’avis, un retournement des valeurs ? Personne ne le sait. C’est juste qu’on s’est mis à l’ère du temps. Et cela montre un véritable problème de fond. Il a simplement été cédé à une mode.

Et il y a ici deux possibilités. Soit la Gauche historique a raison et en ce cas la question est réglée. Mais s’il y a vraiment une partie de la population homosexuelle, alors la Gauche l’a trahie de manière totale, car elle a accepté toutes les définitions du libéralisme et de l’industrie capitaliste au style « LGBT ». Or, qui en paiera le prix ? Les personnes homosexuelles elles-mêmes, qui associées au capitalisme, deviendront des cibles. Et cela, c’est très grave et d’une portée dont on ne peut pas voir les conséquences.

Il y a ici tellement de non-dits et de contaminations des valeurs de centre-villes, du style de vie hédoniste bourgeois, que la Gauche a failli sur tous le plans. Tant qu’elle ne se ressaisit pas sur cette question et toutes les autres d’ailleurs, elle n’avancera pas.

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Politique

Municipales: la Roche-sur-Yon en Vendée, un enjeu pour la Gauche

Préfecture d’un département s’étant largement ouvriérisé depuis les années 1970, la Roche-sur-Yon en Vendée revêt un enjeu stratégique pour la Gauche. Malgré une longue tradition conservatrice au niveau du département, la Roche-sur-Yon a vu la Gauche et la Droite alterner au pouvoir depuis 1945.

Avec ses 53 741 habitants, la Roche-sur-Yon a tout de l’allure d’une ville dortoir, loin de sa stature de préfecture départementale. Il faut dire que la métropole nantaise située à quelques kilomètres absorbe largement la dynamique sociale et culturelle et contribue également à une périurbanisation croissante du territoire.

Il n’y a qu’à voir l’extension de ces vastes zones industrielles et commerciales au nord et au sud de la ville (Acti-Sud, Flanerie…) et le récent plan de licenciement à Michelin rappelle l’ancrage industriel du territoire.

Alors que la mairie était aux mains du Parti socialiste depuis 1977, c’est l’agent d’assurance fils d’agriculteur, Luc Bouard qui conquiert la mairie pour l’UMP (devenu ensuite Les Républicains). Si le premier tour plaçait le candidat de la Droite à 35,33 % contre 36,09 % pour Pierre Regnault, Luc Boaurd gagna haut la main au second tour avec plus de 53 % des voix.

En 2014, la Gauche était partie divisée avec trois listes, une issue du PS, une du Front de Gauche et une portée par Lutte Ouvrière. Mais la Droite était également éparpillée entre trois listes, dont une du Front national incarnée par Brigitte Neveux, retraitée à Brétignolles-sur-Mer parachutée dans la préfecture.

A mois de 6 mois des élections municipales, la situation politique semble avoir bien changé cinq ans après, en parallèle des évolutions nationales. En effet, Luc Bouard a été récemment investi comme comme candidat de LREM et le Rassemblement national souhaite en finir avec sa tradition de parachutage. Le parti d’extrême-Droite vient d’annoncer sa candidate : Catherine Roy, une professeur de danse « qui habite et travaille à la Roche ».

Cependant, malgré quelques poches ultra-conservatrices comme l’Institut Catholique d’Enseignement Supérieur (ICES), l’extrême-Droite n’a pas un grand écho dans la ville. Aux élections européennes, le RN obtenait 13,5 % des voix, derrière EELV à 17,80 % et LREM à 27,8 %.

L’enjeu politique pour la Gauche s’avère être surtout sa capacité à isoler les mentalités socialement conservatrices qui s’expriment dans le centre politique, actuellement représenté par LREM. Or, si LREM a investi Luc Bouard comme candidat légitime du parti centriste, il y a aussi Raoul Mestre, issu du centre-droit et ayant soutenu Emmanuel Macorn en 2017, qui se présente « sans étiquette ».

La force centriste, principale obstacle de la Gauche à La Roche-sur-Yon, est ainsi éparpillée.

Or, contrairement à 2014, la Gauche est quant elle unifiée depuis quelque temps autour de « La roche solidaire et écologique », structure issue de l’association des élus d’opposition en 2014 « La Roche citoyenne ». L’initiative qui se veut ouverte, soutenue par le PS, le PCF, Place Publique, EELV, Générations et Énergie Citoyenne, multiplie les interventions dans les quartiers mais aussi les propositions militantes.

Ces forces s’opposent ainsi à la destruction de la passerelle Eiffel, construire en 1907, et véritable joyaux patrimonial de la ville, mais aussi une pétition pour le sauvegarde de la gestion publique de l’eau. De la même manière que « La Roche citoyenne » a apporté son soutien aux ouvriers de Michelin en lutte contre un plan de licenciement et a participé à la manifestation du samedi 19 octobre en défense de la dune et de la zone humide de Bretignolles-sur-Mer. Le communiqué commun du PS, PCF et EELV sur cette question écologique cruciale montre bien l’élan unitaire bien ancré localement.

Avec un score de 17,8 % Europe Écologie a marqué son empreinte dans la ville aux dernières Européennes. Et si l’on ajoute les score de Place-Publique alliée au Parti socialiste (9,65 %), de Générations (3,8%) et du PCF (2%), les forces liées à la Gauche sont largement majoritaires à La Roche-sur-Yon. Elles devraient logiquement l’emporter et constituer un point d’appuis important pour la Gauche dans cette France dite périphérique.

 

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Municipales: tribune de Jean-Marc Coppola du PCF pour «Le Printemps Marseillais»

Voici une tribune initialement publiée sur destimed, par le conseiller municipal PCF Jean-Marc Coppola à Marseille. Il évoque l’élan unitaire à Gauche dans la ville pour les municipales contre la Droite et l’extrême-Droite et invite EELV à rejoindre le mouvement « Le Printemps Marseillais ».

> Lire également : Municipales 2020 : les Verts mettent à mal le travail pour l’unité de la Gauche à Marseille

« A moins de cinq mois de l’élection clé, les municipales, le rassemblement des forces de gauche, progressistes, écologistes et citoyennes à Marseille, le Mouvement Sans Précédent a lancé sa campagne en devenant « Le Printemps Marseillais ».

Une nouvelle ère populaire et démocratique voit ainsi le jour dans la cité phocéenne. C’est Marseille qui se lève et reprend son destin en main. Après 25 années d’incurie de gestion, de clientélisme, de mépris et de discriminations par la droite, c’est une proposition politique et citoyenne inédite qui donne sens et ambition à l’engagement de toutes et tous pour une transformation démocratique et exemplaire, dans le but de rendre enfin Marseille aux Marseillaises et aux Marseillais. A l’opposé de la compétition de personnes auto-désignées, de LR au RN en passant par LREM, qui veulent d’abord le pouvoir pour des intérêts privés pour qu’au final rien ne change dans la 2e ville de France livrée aux grands groupes privés industriels et financiers, Le Printemps Marseillais veut mobiliser une génération d’habitant.e.s pour participer à la vie de la cité.

Une génération climat, une génération des quartiers, celle des luttes contre l’habitat indigne, l’abandon des écoles, contre le règne du tout automobile, contre l’opacité des décisions publiques, contre l’accroissement des inégalités, contre la ségrégation sociale et urbaine. Le Printemps Marseillais, c’est le pari d’une large union, comme Marseille ne l’a jamais connu, autour d’un projet positif d’alternative écologique, sociale, économique et démocratique pour ouvrir en grand les portes et les fenêtres d’une politique émancipée de l’austérité et redonner du sens à l’action publique et de l’efficacité aux services publics locaux.

Le Printemps Marseillais veut porter l’espoir. Il est le chemin d’un vrai changement par une nouvelle culture politique qui permette de relever les défis d’une ville en retard dans tous les domaines et répondre aux urgences sociales et environnementales, pour ré-enchanter notre quotidien et celui de nos enfants. Le Printemps Marseillais est une dynamique inédite qui représente des milliers de militant.e.s soutenus par plus de 3 200 signataires à l’Appel du 11 juillet 2019, venus d’horizons divers et qui ont en commun de vouloir construire un nouveau destin, ouvrir le champ des possibles pour répondre aux attentes des Marseillais.e.s.

Le Printemps Marseillais n’est pas figé, il porte une ambition, celle de réunir toutes celles et ceux qui croient en un renouveau de progrès pour notre ville, toutes celles et ceux qui agissent au quotidien pour permettre à ses habitants d’y vivre dignement. Dans cet esprit, nous gardons une main tendue à l’ensemble des acteurs du mouvement social, des mobilisations citoyennes, comme le Pacte démocratique, ou les organisations politiques écologistes comme EELV, pour construire ensemble une alternative pour les marseillais.es.

Nous en appelons à la participation active des femmes, des hommes qui partagent les mêmes valeurs de justice sociale, de transition écologique, de renouveau démocratique et la même ambition de gérer les biens communs dans l’intérêt général. Le Printemps Marseillais, c’est le chemin que nous allons parcourir avec tous les habitant.e.s de Marseille pour construire un projet commun jusqu’aux urnes, le 15 mars 2020. »

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GDS: «Construire l’unité pour une alternative sociale et écologique»

Voici la publication de l’organisation Gauche démocratique et sociale (GDS), qui organise des « Rencontres pour construire l’unité » à Pau les 16 et 17 novembre. Le texte invite au rassemblement à Gauche sur la base d’une rupture avec le capitalisme. 

« Construire l’unité pour une alternative sociale et écologique
13/10/2019

Michelin a annoncé la fermeture de son usine de La Roche sur Yon en Vendée, qui emploie 619 salariés. Comment accepter cette décision brutale alors que, Michelin, c’est 22 milliards de chiffre d’affaire, 665 millions de dividendes en 2018 et pas moins de 70 millions de CICE perçus ? En Gironde, l’usine Ford à Blanquefort qui comptait 850 salariés a fermé. A Bessé sur Braye en Sarthe, la liquidation de la papeterie Arjowiggins a laissé sur le carreau 578 salariés, 120 intérimaires et de nombreux sous-traitants…et tout un territoire dévasté. Ce sont quelques exemples, parmi tant d’autres, des dégâts que le capitalisme provoque tous les jours. Ce système sacrifie impunément des vies au nom de la course au profit maximum.

Rompre avec le système économique dominant

Le thème de la fin du capitalisme resurgit dans le débat public y compris dans les grands medias (1). La hausse des inégalités de revenu est criante, une nouvelle crise financière est à craindre, le réchauffement climatique largement dû au capitalisme est bien réel. Ce sont bien des raisons de remettre à l’ordre du jour le besoin de rompre avec le système économique dominant, et de s’engager vers un nouveau modèle économique. Il est possible de « redonner au public le pouvoir de penser l’alternative au capitalisme » (2). Mais ne soyons pas naïfs : le capitalisme ne tombera pas de lui-même comme un fruit mûr.

Les luttes d’aujourd’hui sont l’élément-clé pour préparer le « dépassement du capitalisme » et son abolition (3). Les privilégiés défendent toujours le système dont ils tirent avantage. En France, c’est le rôle assigné à Macron par la bourgeoisie qui veut mettre fin aux fortes résistances que le néo-libéralisme suscite chez les salariés et dans la jeunesse de notre pays.

Préparer la grève interprofessionnelle

Les attaques contre la Sécurité sociale et les retraites sont significatives du projet macroniste. Le retour d’un déficit de la sécurité sociale est largement dû « à un assèchement délibéré des recettes provoqué par la non-compensation intégrale des exonérations de cotisations sociales » (4) décidées par le gouvernement. L’autonomie du budget de la Sécurité sociale est bafoué par Macron qui veut le fondre dans celui de l’Etat. Quant aux retraites, Macron s’obstine à imposer un système de retraites par points qui vise à baisser les pensions et à individualiser au maximum le système. Au final, aucun actif ne saura avec certitude quelle sera sa pension quand il sera en retraite. Multiplions les rencontres, les débats, les explications … Pour préparer la grève interprofessionnelle. Et imposer le droit réel à la retraite dès 60 ans avec une pension décente, la prise en compte de la pénibilité.

Se rassembler à gauche

La bataille contre la privatisation d’ADP est à relancer vers le million de signatures. C’est un combat contre Macron et son monde, celui où tout est marchandise au plus grand profit des grandes entreprises. Il est grand temps que la gauche, porteuse historiquement d’un projet alternatif au capitalisme, se rassemble. Alternative sociale et écologique ou régression sociale et chaos climatique. Une course de vitesse est engagée ! Il n’y a plus de temps à perdre !

Pour en débattre, la Gauche démocratique et sociale (GDS) organise des « Rencontres pour construire l’unité » à Pau les 16 et 17 novembre (pour plus de renseignements et s’inscrire : contact@gds-ds.org)

(1) Dernier en date le quotidien Le Monde titre « le capitalisme est-il fini ? » dans son édition des 13 et 14 octobre

(2) Gérard Mordillat dans l’Humanité du 8 octobre co-auteur de la série « Travail, salaire, profit » diffusée sur Arte

(3) Thomas Piketty « Quand je parle de dépassement du capitalisme, je pourrais dire abolition »

(4) Déficit de la Sécu : 11 organisations demandent le retour à la compensation intégrale des pertes de recettes »

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Municipales: la maire socialiste du 20e arrondissement de Paris rallie LREM

La maire du 20e arrondissement de Paris Frédérique Calandra soutiendra le candidat La République en marche Benjamin Griveaux aux prochaines municipales. Elle avait pourtant été élue dans cet arrondissement encore en partie populaire sous l’étiquette du Parti socialiste et trahit donc son camp en rejoignant la majorité présidentielle. Cet opportunisme est typique d’une démarche bobo, qui a besoin de se donner une image de gauche, mais sans en assumer le contenu.

Frédérique Calandra était déjà brouillée avec la majorité municipale parisienne, bien qu’elle siégeait toujours dans le groupe socialiste au Conseil de Paris. Elle trahira donc ouvertement son camp en mars prochain en étant présente sur une liste concurrente dans son arrondissement, sans même être assurée d’être tête de liste.

Voici donc une bobo qui abandonne son camp, jette par la fenêtre ses convictions pour rejoindre les adversaires de la Gauche. Que cela ait lieu dans ce gros arrondissement de l’est parisien, historiquement très à Gauche avec encore des quartiers populaires importants et notamment des grandes cités HLM, en dit long sur les dégâts que fait toute cette fausse Gauche, véritablement libérale.

Frédérique Calandra fait partie de ces personnalités issues de la Gauche, mais qui rejoignent le centre-droit porté par Emmanuel Macron, au nom du pragmatisme. L’urgence, ou la prétendue urgence de certaines situations, aurait donc plus d’importance que ses propres convictions et les valeurs défendues pendant des années.

Elle se retrouve donc minoritaire dans son propre arrondissement depuis deux ans, car elle aurait du mal à travailler avec la majorité sur des sujets comme les transports, le budget participatif, le « rééquilibrage » en faveur des quartiers populaires du nord-est. Elle parle aussi de « bricolage » sur certains sujets.

Elle y oppose un « pragmatisme », typiquement de droite, qui est d’ailleurs au cœur de la démarche d’Emmanuel Macron. Ce dernier prétend résoudre à la pelle tout un tas de problèmes, que ces prédécesseurs n’auraient pas été capables de résoudre, par « idéologie » ou selon des considérations doctrinaires.

Remarquons que c’est exactement l’inverse de ce que nous disons ici : nous pensons précisément que la Gauche faillit quand elle s’éloigne de ses fondamentaux historiques, du cœur de sa doctrine qu’est le Socialisme !

Tel n’est pas le point de vue de Frédérique Calandra, qui pourtant prétend rester fidèle à ses convictions de gauche. C’est en tous cas ce qu’elle dit dans une longue lettre de quatre pages destinées aux habitants du 20e arrondissement de Paris.

Elle y explique qu’avec Benjamin Griveaux, qui vient aussi du PS :

« nous avons été tous les deux formés au creuset de la gauche républicaine, celle qui sait que la politique doit être forte pour aider les plus faibles ».

L’actuelle majorité parisienne serait donc incapable de défendre ces valeurs de gauche, car « prisonnière de ses alliances (communistes, Génération. s, Verts) ». Il y aurait une « une dérive démagogique, loin des valeurs de la gauche républicaine ». On se demandera bien quelle est sa définition des valeurs de gauche si même Anne Hidalgo semble trop à Gauche pour elle…

Frédérique Calandra rejoint la démarche de tout un tas de personnalité comme Jean-Yves Le Drian, Gérard Collomb ou Christophe Castaner, ayant rallié Emmanuel Macron. Ces gens sont nombreux et prétendent même être encore de gauche, comme ils l’ont affirmé dans une tribune parue dans le JDD hier en appelant à un « pole de gauche » dans la majorité présidentielle.

Cette fois, c’est au nom de l’urgence contre « la vague populiste et démagogique en Europe » qu’il faudrait se tourner vers un contre-populisme de centre-droit, une sorte de populisme également contre « le système », mais depuis l’intérieur !

C’est au nom du « progressisme » que cela a lieu et on aura compris que tous ces gens, à l’image de l’insupportable Jean-Louis Touraine, sont très contents de l’extension de la PMA et poussent pour la GPA.

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Municipales: l’élan unitaire de la Gauche à Moulins

Au cœur de la « diagonale du vide », Moulins est la préfecture de l’Allier et compte 20 000 habitants et un peu plus de 60 000 dans son aire urbaine. Ville dominée par les notables de la Droite depuis 1945, une dynamique unitaire très large s’y est lancée à Gauche, donnant l’espoir d’un basculement.

Moulins est à l’image des petites villes de France, marquées par une forte empreinte de la paysannerie dans les mœurs et les traditions. Ceci explique pourquoi la Droite a réussi à s’y ancrer depuis plus de 60 ans, malgré sa lente décrue démographique. En effet, entre 1968 et 2016, la commune a perdu 6 366 habitants, passant de pratiquement 26 00 âmes à 20 000.

Cependant, installé au pouvoir depuis 1995, Pierre-André Perissol le maire Les Républicains a bien du mal à étouffer les oppositions qui émergent à l’intérieur de son camp.

Ainsi, son premier adjoint, Stefan Lunte, d’orientation filloniste, a démissionné de la majorité début juillet. Le motif fut le vote d’une subvention supplémentaire à « Moulins Yzeure Football », jugée incompréhensible au regard des sous-investissements dans la rénovation de choses du quotidien (comme des rues délabrées par exemple).

Derrière se cachent également des recompositions d’ordre idéologique puisqu’il y a peu de temps ce fut le directeur de cabinet du maire, Guillaume Boutié, proche d’Alain Juppé, qui a démissionné.

Né en 1947 et installé à la mairie depuis 1995, le maire Pierre-André Perissol a été investi par Les Républicains pour représenter le parti aux élections moulinoises de 2020. Stefan Lunte a quant à lui officialisé sa candidature début septembre en demandant aussi l’investiture du principal parti de la Droite.

Dans ce contexte de division et de tensions internes à la Droite, il est évident qu’une fenêtre de tir plus que favorable est ouverte pour la Gauche. Ce qui est en train de se passer avec « Moulins ma cité – un avenir partagé », rassemblant le PS, le PCF, Génération-s, Place Publique et EELV est à ce titre plus que bon signe.

Lancée par quelques militants au printemps 2018, l’initiative s’est formalisée en mai 2019 dans le collectif « Moulins ma cité – un avenir partagé » et a multiplié les interventions dans les différents quartiers de la ville. Avec 50 membres et 5 porte-paroles déclarés, ce collectif des forces démocratiques s’appuie sur un ancrage local des plus certains.

Aux élections municipales de 2014 déjà une liste commune PS-PCF, « 100 % Moulins », était parvenu à envoyer plusieurs élus d’opposition, dont Yannick Monnet (PCF). De la même manière que le 9 mars 2014, un vaste rassemblement contre la manifestation fasciste « Jour de Colère » en janvier avait été soutenu par le PS, EELV, le PCF, la CGT et les associations SOS racisme et RESF.

À ce panorama s’ajoute la démission du conseiller municipal élu en 2014 de la liste unitaire de gauche « 100 % Moulins », Jacques Lahaye. Ayant démissionné du PS au cours de l’année 2017, il a fait part de sa proximité avec La République en Marche mais reste en retrait, hésitant entre une candidature ou un soutien à la liste citoyenne.

Aux dernières élections européennes, le Rassemblement national est arrivé en tête des suffrages avec 22, 71 %,, contre 21, 77 % pour La République en Marche et 11, 93 % pour Les Républicains. Éparpillée et divisée, la gauche na rien pesé, alors que rassemblée elle serait arrivée largement en tête avec 30, 6 % (EELV, PCF, PS-PP, Générations, LFI).

Avec une Droite divisée, une force centriste (LREM) prise de court, l’initiative unitaire de « Moulins ma cité – un avenir partagé » fournit l’espoir d’un basculement de Moulins à Gauche.

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Municipales: la situation compliquée de la Gauche à Saint-Nazaire

Saint-Nazaire en Loire-Atlantique est une ville industrielle-portuaire de 70 000 habitants, fortement marquée par son identité ouvrière. La municipalité est à Gauche depuis la première moitié du siècle dernier. Le premier maire SFIO (ancêtre du Parti socialiste) François Blancho y a été élu en 1925, c’était un ouvrier soudeur-ajusteur. La ville pourrait cependant basculer aux prochaines élections.

L’actuel maire de Saint-Nazaire, le socialiste David Samzun, est candidat à sa propre succession. Il a déjà présenté un projet autour de 202 propositions, élaborées par son équipe qu’il dit composée d’environ 300 personnes.

Problème : le Bureau national du Parti socialiste a gelé son investiture, c’est-à-dire qu’officiellement il ne le soutient plus suite à une affaire ayant déchiré le conseil municipal. Une autre liste sera donc présentée par Gaëlle Bénizé-Thual, elle aussi élue municipale socialiste (mais plus dans la majorité), avec un appel au rassemblement de la Gauche et de l’écologie.

Cette dernière n’a pas ouvertement le soutien du Parti socialiste, en tous cas pour l’instant. Le PS a cependant été très ferme à l’encontre du maire sortant David Samzun. Suite à la dénonciation par des femmes du conseil municipal d’une ambiance générale sexiste, ainsi qu’une plainte pour harcèlement, qui n’a pas donné lieu, le Bureau national du PS avait envoyé sur place une délégation composée notamment de l’ancienne ministre aux Droits des femmes Laurence Rossignol.

> Lire également : Démission de Laurianne Deniaud à Saint-Nazaire : « la loyauté ne suffit plus à justifier l’injustifiable »

Bien que des figures socialistes locales avaient critiqué cette décision, le premier secrétaire Olivier Faure avait pleinement assumé de geler l’investiture de David Samzun, quitte à se couper de la municipalité en rappelant les valeurs, « au-delà de nos intérêts électoraux ». Il avait été considéré que :

« Il y a un certain nombre d’indices qui laissent à penser que s’est développée une culture sexiste, basée sur des stéréotypes de genres dépassés, créant un climat particulier marqué par une sexualisation importante. »

La Gauche se retrouve donc dans une situation très compliquée et pourrait tout simplement perdre la ville. Dans l’actuel conseil municipal, elle compte en tout 38 élus (divisés) contre 5 pour le Centre, 3 pour la Droite et 3 pour l’extrême-Droite. Le Rassemblement national (anciennement FN), qui avait fait son entrée pour la première fois au conseil municipal, ne cesse d’élargir sa base électorale à Saint-Nazaire et dans les communes environnantes.

Aux élections européennes, la Gauche à Saint-Nazaire avait connu un revers conforme au score national avec 23,79% (5 552 voix) pour LREM, 17,44% (4 071 voix) pour les Verts et 15,13% (3 531 voix) pour le Rassemblement national. La liste soutenue par le PS avait obtenu 10,07% (2 350 voix) et celle de la France insoumise 7,43% (1 733 voix).

Il y a donc un enjeu important pour la Gauche, tant localement que nationalement, à conserver ce bastion ouvrier afin qu’il ne bascule pas du côté d’Emmanuel Macron, ou pire de l’extrême-Droite, ce qui semble toutefois peu probable. Le RN pourrait en tous cas largement se renforcer au conseil municipal en profitant de la division de la Gauche.

Dans un récent communiqué, le PCF local a appelé de manière constructive et lucide « au « tous ensemble » pour gagner dès le premier tour des élections » :

« Une majorité municipale de gauche dans notre ville ne change pas la société ni le monde mais elle contribue à agir pour une société plus saine, plus humaine, plus solidaire et plus fraternelle et plus démocratique.

On ne doit pas jouer avec la vie quotidienne de ceux qui travaillent, qui peinent, ou qui souffrent chaque jour. La pesante actualité de la majorité municipale depuis de nombreux mois nécessite de reconstruire un fonctionnement démocratique, respectueux des différentes sensibilités politiques de gauche, sans hégémonie.

Le mouvement des Gilets Jaunes a confirmé qu’il n’y aura pas de solution à l’urgence climatique sans solution à l’urgence sociale ni développement de nouvelles formes de démocratie.

Les élections municipales de mars prochain peuvent être aussi un moment fort à Saint-Nazaire de soutien aux mobilisations contre la politique Macron (santé, école, retraites, moyens pour les collectivités, accueil des réfugiés, …) »

Cependant, au vu des démarches en cours, il semble difficilement envisageable que ce processus ait lieu à moins de six mois de l’échéance. Les électeurs de gauche risquent donc de se retrouver coincés entre le choix de la continuité et celui des valeurs, à moins qu’ils ne s’abstiennent ou partent voir ailleurs.

Le choix des personnes les plus marquées à Gauche à Saint-Nazaire ira probablement à la liste menée par Gaëlle Bénizé-Thual si elle arrive à impulser une dynamique de campagne, car les comportements anti-démocratiques qui ont été dénoncés sont inacceptables.

Il ne faut pas sous-estimer cependant le fait que beaucoup seront convaincus par les arguments de David Samzun, bénéficiant de son bilan et dénonçant un opportunisme politique de la part de ses opposants issus de la Gauche.

La situation semble donc inextricable, à moins peut-être que le maire sortant opte pour une démarche d’ouverture et d’autocritique. C’est ce que lui suggère récemment une longue lettre de la section locale de la Ligue des Droits de l’Homme, qui s’inquiète de voir la Gauche perde la ville au profit de l’extrême-Droite ou du libéralisme :

« Vous n’avez pas mal réagi, vous n’avez pas commis une faute, vous n’avez pas manqué de sensibilité mais vous avez manqué d’écoute et surtout de prise en compte de la complexité. Ce qui conduit aujourd’hui au constat que ceux qui en font les frais sont ceux qui ont parlé. En ce sens, vous n’avez pas conduit une action d’apaisement et encore moins d’émancipation.

Le risque est fort, comme a pu le dire un élu, que cet éclatement conduise à une bipolarisation lors des prochaines échéances électorales. Cet élu aurait pu rajouter que la crainte que nous pouvons avoir est que le prochain municipe ne conduira pas une politique sociale aussi forte, aussi ambitieuse que la vôtre. Entre un parti politique qui sélectionne ses pauvres et une force politique largement inspirée du libéralisme qui pose la responsabilité individuelle comme cause majeure de la pauvreté, on peut craindre évidemment un durcissement des aides aux plus vulnérables. Vous savez bien que tout cela ne conduira ni à la justice sociale ni à l’avancée des droits.

La Ligue des Droits de l’Homme, forte de ses convictions, respectueuse des principes du droit français, souhaite que le combat contre les injustices et pour l’égalité des droits reste prioritaire dans une période où nos concitoyens ont encore plus besoin d’une action publique basée avant tout sur l’intérêt général et la justice sociale. »

Notons pour finir de compléter ce panorama local très riche que Les Verts, qui avaient lancé cet été un vague « Appel écologiste et citoyen – Saint-Nazaire 2020 », ne semblent pas pour l’instant présenter de liste. Mais rien n’est figé, tant on sait que la direction nationale d’EELV souhaite avoir des listes indépendantes par rapport à la Gauche dans un grand nombre de municipalités.

Pour ajouter à la division, La France insoumise, Génération-s et le NPA ont décidé de présenter une liste, « Saint-Nazaire en Commun (e) ». Cette liste « vraiment de gauche » semble surtout faire acte de présence, avec un projet qui serait à « construire ».

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Municipales: les Verts mettent à mal le travail pour l’unité de la Gauche à Marseille

Une large initiative d’union de la Gauche pour les municipales de 2020 est en cours à Marseille, selon le constat qu’il y a une ouverture possible pour évincer la Droite et qu’il ne faut pas prendre le risque de voir le Rassemblement national triompher. Lors d’un vote le 5 octobre, les militants locaux d’Europe écologie-Les Verts ont néanmoins fait le choix d’une candidature indépendante, mettant à mal les initiatives unitaires en cours, pourtant très liées à l’écologie politique.

L’été a été très riche en initiatives du côté de la Gauche et des forces issues des milieux associatifs et syndicaux à Marseille, souvent marquées par la catastrophe des effondrements d’immeubles rue d’Aubagne l’an passé.

D’un côté, une tribune publiée dans Libération donnant lieu à un « Mouvement sans précédent » (en référence à l’introduction de la tribune), de l’autre un « Pacte démocratique pour Marseille », paru dans le journal La Marseillaise, historiquement proche du PCF.

La tribune « sans précédent » assume un propos très offensif contre le « système » marseillais mis en place par la Droite :

« Nous refusons les compromis avec les héritiers de ce système, et avec les représentants de la majorité présidentielle. Il nous faut rompre avec les politiques inégalitaires, anti-écologiques et purement comptables menées par les gouvernements et les municipalités marseillaises successives. Cette rupture est le meilleur moyen de combattre le projet et les idées de l’extrême droite. »

Le projet défendu est très à Gauche et marqué par l’écologie :

« Une ville égalitaire, solidaire et accueillante, une ville qui protège ses biens communs, avec des services publics de qualité, gérés démocratiquement, accessibles à toutes et tous, une politique culturelle favorisant la création et la diffusion au plus grand nombre.

Une ville qui abolit tout clientélisme, une ville gérée en transparence, gouvernée avec ses 850 000 habitants.

Une ville écologique qui agit fermement, en se basant sur des constats scientifiques, contre le réchauffement climatique et les dégradations des environnements naturels, en répondant aux besoins vitaux (logement, école, déplacements, air, littoral, sols, alimentation, santé…).

Une ville où le développement économique profite à tou·tes. »

On retrouve les mêmes propos dans le « Pacte démocratique pour Marseille », présenté comme ayant l’objectif de construire une liste ancrée à Gauche :

« Nous avons fait ensemble le bilan des politiques qui ont dévasté Marseille socialement, écologiquement, économiquement et politiquement. Nous vivons au quotidien les résultats de cette incurie qui divise Marseille, l’atomise, transforme nos quartiers populaires en Zones Prioritaires d’Inégalités et nos noyaux villageois en oppidums !

Des décennies de clientélisme et d’affairisme, qui ne profitent qu’à une poignée. Des années de stigmatisation, d’intimidation et d’infantilisation des habitants, qui nous condamnent à la passivité, et au ressentiment politique !

Un mouvement citoyen et politique, antiraciste, écologiste, féministe, et militant doit relever les défis à venir. Nous devons désormais franchir une nouvelle étape : définir une méthode de co-décision pour placer les citoyen·ne·s au cœur de toute démarche politique à venir. Le rassemblement se fera à ce prix : celui de la transparence, du respect démocratique des aspirations populaires et celui de la convergence respectueuse des dynamiques et réflexions déjà engagées. »

Suite à ces travaux, la dynamique unitaire de la Gauche a suivit son cours dans la ville, avec comme principales figures Sophie Camard (France insoumise, anciennement des Verts), suppléante de Jean-Luc Mélenchon aux législatives et Jean-Marc Coppola (PCF). Le Parti socialiste s’est d’abord largement tournée vers l’initiative, qui se tournait elle-même vers Europe écologie-Les Verts pour participer à l’unité.

La décision d’EELV de présenter une liste indépendante change donc entièrement la donne, au point que le PS a annoncé plus ou moins ouvertement qu’il allait réfléchir à nouveau à sa stratégie.

Sébastien Barles, tête de cette liste « écolo », repousse la question de l’alliance électorale au second tour. C’est en fait surtout une stratégie opportuniste, afin d’avoir plus de poids en cas de négociations au second tour, quitte à tout perdre. Son discours est ici un cas d’école d’opportunisme prétendant servir l’intérêt général :

«Il y a une attente unitaire chez les Marseillais, c’est certain. Mais l’unité, ce n’est pas suffisant. Il y a un risque de s’enliser dans une liste sans réelle représentativité des citoyens, ce qui risque de générer une déception plus forte encore. C’est pour cela que l’on veut être cette liste refuge si ça foire.»

Selon un sondage publié dans la presse, EELV ne peut tabler pour l’instant que sur 14 % à 17,5 % des intentions de vote à Marseille, soit la troisième force loin derrière le Rassemblement national (21 % à 22%) et la Droite (22 % à 30%).

Le danger du Rassemblement national est ici très important et devrait obliger à une large liste commune dès le premier tour. Sinon, il y a la possibilité de nombreuses triangulaires, voir quadrangulaires (l’élection Marseille se déroule dans huit secteurs), qui seraient favorables à la Droite ou à l’extrême-Droite, mais difficilement à la Gauche.

Si on se fie aux résultats des élections européennes (qui ne reflètent que partiellement la réalité électorale), le RN arrivait en tête dans 6 secteurs sur les 8 secteurs, alors que l’addition virtuelle des listes de la Gauche et d’EELV arrivait en tête dans 4 secteurs.

Tout comme Yannick Jadot ou Eva Joly, le secrétaire national d’EELV David Cormand appuie pourtant totalement le choix fait à Marseille, en osant même brandir le risque de l’extrême-Droite :

«Face au statu quo des héritier·e·s de l’ère Gaudin et à la tentation du pire avec l’extrême droite, l’alternance positive passe par l’écologie. Un nouveau cycle s’ouvre pour construire l’espoir».

L’Histoire retiendra ce choix de la division fait par EELV si l’extrême-Droite arrivait au pouvoir dans la commune la plus peuplée de France après Paris.

Fort heureusement, il y a des gens qui ont le sens des priorités et il faut saluer ici le choix de Michèle Rubirola, élue EELV au conseil départemental, qui a refusé la motion prônant une liste électorale en « solo » :

« Le but, ce n’est pas de se faire plaisir et d’arriver troisième comme dans ce sondage, mais d’être en situation de gouverner la ville. Tous unis d’un côté et nous de l’autre, quel est le message pour les électeurs ? Les Marseillais veulent l’union, c’est ça qu’ils n’entendent pas ! »

Michèle Rubirola avait dès le début soutenu et rejoint la dynamique unitaire à Marseille :

«L’initiative est partie de militants écolos et, plus largement, d’électeurs qui ont régulièrement voté EE-LV. L’idée était de montrer que les voix de l’écologie n’appartiennent pas à EE-LV, et que celles qui appartiennent à EE-LV peuvent aussi aller vers un rassemblement qui soit plus en mesure de faire gagner leurs idées. Car divisés, on perd.»

Elle a donc annoncé après le vote de son parti faire « le choix du Mouvement Sans Précédent », en espérant entraîner avec elle d’autres écologistes :

« le temps doit être au rassemblement, à la construction d’une coalition écologiste, progressiste, humaniste et citoyenne capable de changer Marseille. Pas aux divisions, pas au repli partisan dans sa chapelle, pas à la guerre des égo auto-proclamés ».

On pourra toujours dire qu’EELV n’est pas ou plus de gauche, qu’un Yannick Jadot a un discours libéral très proche de celui d’Emmanuel Macron. Dans les faits cependant, localement et en tous cas à Marseille, les Verts sont souvent proches des forces de la Gauche, qui souhaitent en général s’ouvrir à eux dans le cadre d’une unité large. C’est le principe du Front populaire qui, bien qu’il soit rarement assumé en tant que tel ou sous ce nom, émerge à différents endroits en France pour les prochaines municipales.

Cette bataille pour le rassemblement de la Gauche partout en France sera un enjeu majeur des élections municipales de mars 2020. Il sera d’autant plus possible qu’il est fait à la base, par les forces locales de la Gauche, dans une perspective démocratique et populaire assumant l’écologie.

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En 2009, naissait le NPA

En février 2009, naissait le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) avec un écho très large et une véritable dynamique de fond. Dix ans après, on s’aperçoit que cette organisation s’est totalement enlisée dans les valeurs post-modernes.

La naissance du Nouveau parti anticapitaliste s’est déroulée sous les meilleures auspices en 2009. Il s’agissait en effet du « dépassement » d’une organisation avec des cadres éprouvés, la Ligue communiste révolutionnaire (LCR). Solidement structuré, disposant de nombreux permanents, profitant d’une expérience à tous les niveaux, la LCR avait acquis une hégémonie véritable « à gauche de la gauche » à la fin des années 1980 et au début des années 1990.

Tout en perdant toujours plus son identité trotskyste, elle se renforçait dans tout le paysage associatif et son candidat aux élections de 2008, Olivier Besancenot, obtenait même 4,1 % des voix, soit 1,5 million de personnes le soutenant. Lorsque la LCR procéda à sa dissolution en janvier 2009, elle avait un peu plus de 3 000 membres ; deux jours plus tard le Nouveau parti anticapitaliste s’élançait et recrutait en masse, arrivant à plus de 9 000 membres.

Mais, en étant objectif, on peut voir que personne n’a compris ce qu’était le NPA. L’idée était telle pourtant que toute la gauche de la Gauche aurait pu rejoindre ce mouvement, qui n’a désormais plus que 2 000 membres, dont la moitié réellement concernée. L’ultra-gauche et la Gauche post-moderne n’existaient alors pas vraiment et il y avait un vrai vivier : en 2002, Olivier Besancenot avait déjà dépassé le million de voix, et Arlette Laguiller même les 1,5 million.

Les anarchistes n’étaient pas foncièrement hostiles au NPA et il y avait même déjà des « animalistes » prônant qu’on y adhère. Pourquoi alors n’a-t-il pas réussi à émerger, alors qu’en même temps Jean-Luc Mélenchon parvient avec succès à imposer le Front de Gauche et bientôt La France insoumise ? Au point d’ailleurs qu’il y eut trois vagues de départ de la NPA vers Jean-Luc Mélenchon (2009, 2011, 2012). Rappelons aussi que Jean-Luc Mélenchon avait proposé une alliance au NPA pour les Européennes de 2009.

La raison est simple : le NPA a gagné. Le NPA vient d’une tradition trotskiste prônant l’amour libre, les tendances, l’orientation autour des mouvements sociaux, la conquête des droits individuels, l’absence de formalisation autour d’une idéologie. Or, tout cela a triomphé. Le NPA et ses ancêtres ont été à l’avant-garde de la Gauche post-moderne et celle-ci existe désormais.

Tout le monde sait bien que les mœurs, au sein de la Ligue communiste avant-hier, de la Ligue communiste révolutionnaire hier, du NPA aujourd’hui, sont profondément libérales, c’est-à-dire foncièrement décadentes. La « Gauche » post-moderne est exactement ainsi. Il n’y a donc plus de place pour le NPA, qui ne peut que se ratatiner sur lui-même.

Ses membres ne savent d’ailleurs plus trop quoi en faire, puisqu’il ne reste que ceux liés d’une manière ou d’une autre à l’héritage trotskiste de la LCR, telle la majorité qui regroupe la moitié des voix et est très pro-zadiste, refusant tout « professionalisme » de la politique, à l’instar du sympathique mais ridicule Philippe Poutou.

Le reste du NPA reste bien plus affirmatif quant à cette tradition, ou bien plus syndicaliste. Il est aussi particulièrement divisé, travaillant souvent littéralement de manière indépendante (Anticapitalisme et révolution, Courant communiste révolutionnaire, Démocratie révolutionnaire, l’Étincelle).

Or, le souci principal est que si la majorité, à l’origine du projet de NPA, est pour aller dans le sens d’une unité très à gauche dans un sens gouvernemental (même si ce n’est pas dit ouvertement et que c’est une sorte de rêve combinant marxisme et anarchisme), les autres courants sont très hostiles à cette approche. Ils sont plus sur la ligne de Lutte ouvrière qui réfute tout « gouvernement transitoire », seulement ils ne peuvent pas rejoindre Lutte ouvrière car celle-ci s’arc-boute sur elle-même. Elle espère survivre suffisamment pour passer son tour et voir les cartes rebattues dans le futur.

Le NPA est donc littéralement coincé. En sortir reviendrait pour ses tendances à ne pratiquement plus exister, l’union étant le seul moyen de tenir. Mais rester, c’est pourrir sur pied et ne pas être capable de formuler de stratégie… C’est la preuve que quand culturellement, on baigne dans un milieu à la fois universitaire, étudiant, petit-bourgeois, on est dans un tel libéralisme qu’on ne peut qu’accompagner l’évolution des mœurs, mais en rien maintenir une identité et un cadre de gauche.

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Société

Campements de migrants: 13 maires principalement de gauche signent une tribune réclamant à l’État d’agir

Dans une tribune publiée par Libération, treize maires de grandes villes ou de villes de banlieue, liés à la Gauche sauf deux d’entre eux, demandent à l’État d’assumer ses responsabilités par rapport aux campements de migrants. Les situations sont en effets catastrophiques et de moins en moins acceptables pour la population.

L’État laisse littéralement pourrir la situation de migrants dans de nombreuses villes et des camps se généralisent depuis plusieurs années, formés par des personnes qui devraient pourtant, dans l’immense majorité des cas, être expulsées du pays depuis longtemps. Les mairies doivent alors gérer en urgences des situations qui relèvent pourtant de la compétence de l’État. Des gymnases ont pu être réquisitionnés, quand ce ne sont pas des bâtiments désaffectés, au mépris de toute garantie en matière de sécurité.

En l’absence d’une situation régulière ou dans l’attente de l’examen d’une demande de droit d’asile dont ils seront très probablement déboutés, ces migrants errèrent dans les villes et s’entassent dans ces campements devenant vite insalubres. Les situations sont humainement inacceptables. La population quant à elle voit apparaître des bidonvilles sous ses yeux, ainsi qu’une délinquance accompagnant ces situations précaires.

Les réseaux mafieux profitent largement de cette situation, qui est quasiment assumée par l’État refusant de procéder aux expulsions et à un véritable contrôle des frontières. Il faut dire que la situation de ces migrants est tout à fait acceptable pour le capitalisme, car ils peuvent servir de main d’œuvre bon marché et sur-exploitée – situation renforcée par l’état d’esprit même de ces migrants qui dans la plupart des cas ont une perspective de réussite individuelle et sont près à travailler très dur en s’imaginant devenir vite riche.

Une partie d’entre eux sévit parallèlement, ou entièrement, dans des trafics en tous genres, souvent plus rentables dans cette perspective d’enrichissement individuel.

La tribune des 13 maires demande à l’État d’assumer ses responsabilités, mais se garde bien d’avoir un discours clair et cohérent quant à la question de l’immigration. La confusion est volontairement faite entre les migrants économiques et les véritables demandeurs d’asiles, exactement comme le fait le gouvernement. Cela n’aide en rien à la compréhension de cette réalité et n’offre aucune perspective pour y faire face conformément à l’exigence démocratique et populaire.

Voici la tribune :

« En avril dernier, nous maires d’Aubervilliers, Grande-Synthe, Grenoble, Lille, Metz, Nantes, Paris, Rennes, Strasbourg, Saint-Denis, Toulouse et Troyes, avons interpellé le gouvernement sur la situation des personnes à la rue, parmi lesquelles des personnes migrantes cherchant un refuge dans les villes de France. Une situation qui, malgré les dispositifs mis en place par l’Etat et les efforts réalisés en matière de création de places d’hébergement, ne cesse de se dégrader.

Dans les campements de fortune qui se sont installés au cœur de nos villes, on compte chaque jour plus d’hommes, de femmes et d’enfants. Il n’est pas rare d’y voir des nourrissons et des familles entières en attente d’une solution. Livrées à elles-mêmes, exposées à toutes les difficultés qu’implique la vie dans la rue, ces personnes sont dans une situation d’extrême vulnérabilité.

Plus de quatre mois après ce courrier demeuré sans réponse, la situation reste très inquiétante. Après l’été et son lot d’épisodes caniculaires, c’est bientôt l’hiver qui se profile, avec des conditions climatiques qui font craindre pour la survie des personnes. Face à l’urgence, les villes font tout leur possible pour apporter une réponse à cette crise qui dure depuis trop longtemps. Sur tout le territoire, des actions concrètes ont été mises en œuvre pour prendre en charge celles et ceux que la carence de l’Etat contraint à vivre dans des conditions indignes.

Grenoble a pris un arrêté anti «mise à la rue», qui a été suspendu cet été par le tribunal administratif. Des personnes sans domicile sont accueillies en partenariat avec des associations et des collectifs dans des lieux disponibles ou temporairement vacants appartenant à la ville. Rennes héberge, chaque nuit, 640 personnes migrantes et ouvrira prochainement un centre d’hébergement d’urgence de 100 places pour les familles. La ville de Grande-Synthe a également ouvert l’hiver dernier un gymnase ayant permis d’accueillir près de 250 réfugiés. En 2018-2019, au-delà des actions déjà menées, Nantes a pris en charge l’hébergement et l’accompagnement social de 758 personnes après la fermeture d’un campement. Récemment, 88 nouvelles places ont été mises à la disposition de l’Etat pour abriter des familles à la rue. Les bains-douches municipaux accueillent chaque jour plus de 140 personnes. Depuis deux ans, Metz met à disposition de l’Etat un lycée désaffecté qui s’est transformé en centre d’accueil temporaire des migrants en attente d’hébergement. Un carrefour des solidarités a été créé, placé sous l’égide du CCAS ; il permet d’accueillir toute personne en situation de précarité pour lui faciliter l’accès aux soins et aux droits.

Paris a créé, en lien avec Saint-Denis, une halte d’accueil humanitaire à proximité des campements. Dans ce lieu très fréquenté, plus de 400 personnes sont accueillies chaque jour pour un temps de répit. Deux centres humanitaires ont également été ouverts, dont un dédié aux hommes qui a accueilli plus de 25 000 personnes sur dix-huit mois, et un dédié aux familles, en lien avec la ville d’Ivry-sur-Seine et qui est encore en activité. Saint-Denis a ouvert ses centres de vacances et ses gymnases durant les périodes hivernales. Aubervilliers a mis en place une cellule de veille qui réunit les associations effectuant des maraudes et les services municipaux participants aux signalements des personnes SDF. Depuis 2015, Lille a permis l’accueil et l’accompagnement de nombreux réfugiés dans des lieux divers (résidences municipales et logements diffus notamment).

Lille accompagne et soutient également les associations organisant des maraudes et des distributions alimentaires auprès des personnes vivant à la rue. Dans sa démarche «Ville hospitalière», Strasbourg a ouvert des accueils nouveaux, en logement ou habitat «intercalaire», et un lieu de répit pour familles à la rue. En deux ans, sous son impulsion, l’hébergement de migrants, en lien avec les acteurs locaux, a permis de mettre fin à plus de 12 campements. A Toulouse, le plan de résorption des bidonvilles initié en 2015 a permis d’accueillir plus de 1 200 personnes grâce à sa capacité d’hébergement de 150 appartements. Plus de 300 d’entre elles ont été orientées vers des logements sociaux après un accompagnement vers l’inclusion sociale. La Ville ouvrira plus de 100 places supplémentaires d’ici la fin de l’année à destination des publics réfugiés.

Les villes agissent. A leurs côtés, nombreuses sont les associations, les entreprises, les citoyennes et les citoyens qui s’engagent pour mettre fin à une réalité devenue insupportable ; pour trouver des logements vacants, coordonner la prise en charge des personnes et répondre aux besoins spécifiques. Tous font un travail considérable. Mais cette mobilisation, aussi soutenue soit-elle, ne doit pas avoir pour effet de décharger l’Etat de compétences qui sont les siennes. D’autant que, si les acteurs de terrain ne manquent pas d’idées, ils arrivent à court de moyens.

Seul l’Etat est à même de créer et de déployer le dispositif pérenne dont nous manquons aujourd’hui. Un dispositif qui peut s’inspirer des solutions imaginées par les villes, comme le centre humanitaire qui a récemment fermé Porte de la Chapelle à Paris. Nous avons besoin de lieux comme celui-ci, identifiables et accessibles à tous. Seul l’Etat est en mesure de porter au niveau européen les négociations relatives à la crise migratoire, pour construire une réponse globale au défi que pose l’accueil des réfugiés en France. C’est pourquoi nous réitérons notre appel à l’Etat, pour qu’il assume pleinement son rôle. Il en va de la garantie du respect des droits fondamentaux dont toute personne peut se prévaloir, conformément à nos valeurs et à la tradition humaniste dont se revendique notre pays. Il s’agit également de faire revenir la tranquillité publique dans des quartiers très éprouvés par la permanence de situations humaines et sociales critiques.

Nous, maires, exigeons la mise à l’abri inconditionnelle des personnes présentes sur notre territoire puisque le droit impose que toute personne, même déboutée ou «dublinée», soit prise en charge avant son éventuel renvoi. Nous demandons par ailleurs à être reçus sans délai pour échanger sur le dispositif d’accueil et d’orientation des migrants. Ce nouvel appel doit trouver un écho, alors que s’ouvre le débat sur la situation des migrants.

Signataires :

Nathalie Appere, maire de Rennes ; Martine Aubry, maire de Lille ; François Baroin, président de l’Association des maires de France, maire de Troyes ; Martial Beyaert, maire de Grande-Synthe ; Philippe Bouyssou, maire d’Ivry-sur-Seine ; Meriem Derkaoui, maire d’Aubervilliers ; Dominique Gros, maire de Metz ; Anne Hidalgo, maire de Paris ; Jean-Luc Moudenc, président de France urbaine, maire de Toulouse ; Eric Piolle, maire de Grenoble ; Roland Ries, maire de Strasbourg ; Johanna Rolland, maire de Nantes ; Laurent Russier, maire de Saint-Denis. »

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Société

Emmanuel Désveaux : pourquoi la PMA et la GPA ne sont pas «progressistes»

Voici l’extrait principal d’une tribune publiée dans Le Figaro, Pourquoi la PMA et la GPA ne sont pas « progressistes ». Il y est affirmé avec justesse que l’extension de la PMA présuppose la compartimentation des hommes et des femmes en niant leur complémentarité naturelle.

L’auteur de la tribune est Emmanuel Désveaux, un universitaire anthropologue et directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS).

Il y exprime les raisons l’amenant à refuser la PMA et la GPA, après avoir constaté que la Gauche et la Droite ont perdu de leur cohérence et qu’il existe des divisions chez les uns et chez les autres au sujet « de l’économie, des mœurs et de l’identité ».

L’extrait, plein de vérités, est d’autant plus intéressant (ou paradoxal) que la démarche de l’auteur (le structuralisme en philosophie) et l’institution dont il fait partie (l’EHESS) relèvent entièrement de la Gauche post-moderne et de son relativisme assumé.

« Revenons à notre table des permutations des trois registres du progressisme. Une combinaison y reste vacante : celle qui associe des positions progressistes en économie et au regard de l’identité, avec une position « réactionnaire » au regard des mœurs.

D’un point de vue logique, une telle combinaison n’est pas moins incohérente que celle qu’incarne le centre selon Emmanuel Macron.

Nous assumons à titre personnel pleinement cette position et notre hostilité à la PMA sans pour autant nous considérer comme étant « de droite », car, au fond, nous éprouvons de sérieux doutes sur le caractère progressiste du projet de loi en train d’être discuté au Parlement.

Ce dernier contrevient en effet à deux valeurs foncièrement progressistes à nos yeux, à savoir le refus du repli sur soi ou sur sa communauté et, serait-ce plus nouveau, une exigence de respect vis-à-vis de la nature.

La PMA est synonyme de fermeture sur elles-mêmes des communautés féminines.

Elle ouvre la voie, d’un point de vue ontologique, à une société où les hommes et les femmes vivraient des existences à la fois parallèles et compartimentées. Elle écrase la figure du père. Elle est captation de l’idée de liberté individuelle.

Enfin, la PMA s’avère être la négation de l’altérité première que la nature nous a donnée en partage.

À l’heure d’une grave crise écologique où d’aucuns parmi nos meilleurs penseurs en viennent à se demander si la nature n’a pas ses propres droits, la PMA, avec ses forts relents d’eugénisme, vient les piétiner en réfutant haut et fort que la procréation doive nécessairement résulter de la rencontre charnelle de deux corps différents.

Les abus dont les femmes ont souvent été l’objet dans le passé (ou le sont encore ponctuellement) ne justifient pas la dérive actuelle.

L’altérité a longtemps fait les beaux jours de la pensée « de gauche ».

Aujourd’hui, celle-ci, et sa frange ralliée au néolibéralisme macronien, crie victoire, après avoir brandi pendant des années la PMA (et la GPA, pourtant chargée d’un lourd potentiel mercantiliste) comme un étendard du progressisme social, alors qu’il s’agit en fait d’une véritable régression.

Au mieux, c’est une victoire de la technè et de l’ingénierie sociale. Trouver désormais le chemin du bureau de vote va nous être difficile. »

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Société

La Gauche post-moderne à l’avant-garde du libéralisme

Le gouvernement libéral actuel adore le discours de la Gauche post-moderne sur l’écriture inclusive, la « PMA pour toutes », la « transphobie », l’«hétéro-norme», les « féminicides »… Et pour cause : la Gauche post-moderne a été le fer de lance de la poussée ultra-libérale.

Les galeries Lafayette ont ouvert en mars 2019 un espace de 6 500m². Le rayon mode ne sépare pas les produits pour hommes et pour femmes, suivant la « théorie du genre ». D’ailleurs, les toilettes sont également mixtes.

Le capitalisme adore cette remise en cause de toute norme biologique, cette mise en valeur démesurée de la « conscience individuelle », seul apte pour lui à porter entièrement la figure du consommateur.

Il faut le dire nettement : qui est pour le libéralisme des mœurs est pour le libéralisme économique, et inversement. La gauche historique a toujours vu les choses ainsi, et avec raison.

L’extension de la PMA passe comme une lettre à la poste dans la société française et le processus de légalisation n’est même pas terminée que déjà la GPA apparaît sur le devant de la scène. La légalisation du cannabis, on le devine, est déjà au coin de la rue.

C’est que le gouvernement réussit à concrétiser un calendrier de mesures libérales avec d’autant plus de réussite que la Gauche post-moderne lui a pavé la voie. Le libéralisme, c’est l’affirmation du choix individuel au-delà de toute autre considération, c’est l’idéologie du consommateur.

Le thème de la « transphobie » est un excellent exemple de cette folie furieuse libérale. Comme si l’on pouvait avoir un esprit dans un mauvais corps, comme si le corps et l’esprit étaient séparés ! On est ce qu’on est, donc sa réalité matérielle et rien d’autre.

Cela est évidemment inadmissible pour les figures errantes, sans contenu, de la consommation capitaliste. Les fantômes que sont les citoyens volontaires et actifs du capitalisme n’existent que par une consommation effrénée, qu’ils imaginent leurs choix, l’expression de « leur » volonté.

On a atteint un degré d’aliénation vraiment terrible et terrifiant. Dire qu’il y a des jeunes qui déjà sont nés dans une société où le capitalisme prétend que tout, absolument tout, peut se vendre et s’acheter… si on le « décide ».

Pourquoi la Gauche n’est-elle pas encore en mesure de contrer cette idéologie du libre-arbitre, chose pourtant totalement absurde ? Vues les capacités techniques du capitalisme, il faut pourtant d’autant plus faire vite. Car toute cette conception de la conscience comme seule reine, comme seule « valeur » à admettre, amène la civilisation à la décadence, par la destruction des normes, de la réalité biologique, des valeurs universelles.

Le génie des libéraux – ou plutôt le pragmatisme, le machiavélisme – a été de présenter comme un progressisme leur vision du monde. La généralisation du libéralisme se prétend objectivement positive pour les gens, par la conquête de « droits individuels ».

Ce qui est fou, c’est que ce n’est rien d’autre que l’argument de fond de n’importe quelle publicité commerciale. Chaque entreprise prétend apporter, par son produit, un « plus » dans la vie quotidienne. Quand on voit une publicité, on le sait bien.

Et maintenant le capitalisme est tellement riche qu’il a de l’argent en trop et peut le déverser sur une Gauche post-moderne cherchant à mobiliser pour que tout système de valeurs, quel qu’il soit, vacille et disparaisse. Comment il est facile ici pour les réactionnaires, les conservateurs, que de mettre toute la Gauche dans la même sac et de se prétendre le seul rempart contre l’effondrement en cours !

Pour contrer la chose, il faut les ouvriers. Qu’attendent-ils pour se bouger ? S’imaginent-ils protégés dans leur existence, car leur style de vie n’a rien à voir avec ce que promeut la Gauche post-moderne bien à l’abri dans ses centre-villes, avec son style de vie hédoniste superficiel, la vacuité de son art contemporain, ses prétentions de hipster ou son porte-feuille de bobo ?

Il faut le détonateur ouvrier à Gauche, dans le sens de l’universalisme et de la modernité, pas pour un retour en arrière mais pour un vrai saut dans le futur. Les ouvriers doivent rompre avec le carcan syndicaliste réduisant l’horizon à un bilan comptable forcément trompeur. Ils doivent faire de la politique. Seul leur universalisme et leur réalisme peut empêcher la catastrophe en cours.

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Réflexions

On pardonne aux gens brillants leur indiscipline…

On pardonne aux gens brillants leur indiscipline… parce qu’ils sont brillants, qu’ils débordent du cadre pour apporter des choses, en respectant les exigences des autres. C’est étrange, mais il y a des parcours non pas meilleurs, mais différents : ces gens sont mauvais en certains endroits, mais tellement bons dans les autres ! Ce qui est inacceptable, par contre, c’est l’absence de loyauté. Car là les esprits brillants ne travaillent plus que pour eux, ne font que s’auto-satisfaire. C’est d’ailleurs à partir de là qu’ils cessent d’être brillants.

Il y a toujours eu, à Gauche, des gens ayant un parcours assez particulier. Il y a toujours eu, grosso modo, trois types de gens : il y a les penseur et raisonneurs, plus hyper actifs qu’intellectuels ; il y a les gens avec une formation avancée ; il y a les sympathisants.

Mais parmi tout cela, il y a des esprits qui se baladent, qui voguent. Ils comprennent tout, sont brillants, avec des points les perturbant et les obsédant. Ils vont et viennent, tels des fantômes réels tourmentés et humainement très attachants.

On les adore, car ils apportent des choses authentiques ; au-delà du sens de l’exigence, ils ouvrent des perspectives auxquelles on n’a pas forcément pensé. Tant qu’ils reviennent, on les respecte comme des compagnons de route incontournables, assez particuliers, mais tellement essentiels.

L’Histoire de la Gauche donne de très nombreux exemples de cela. Le plus connu, auquel on ne pense pas forcément ici, c’est Jean Jaurès. Ses idées étaient éclectiques et personne ne comprenait s’il était républicain ou marxiste, réformiste ou bien attendant un élan révolutionnaire. Mais ses propos étaient incisifs, son sens des tournures formidable, il était incroyablement mordant.

En Allemagne, la figure équivalente, bien que très différente dans sa forme et son contenu, c’est bien sûr Rosa Luxembourg. Elle jetait des monceaux de critiques sur les dirigeants sociaux-démocrates devenus trop institutionnels à son goût, mais il n’était pas possible de la mettre de côté, strictement impossible même. En URSS, il y avait les écrivains Maïakovski et Gorki, qui passaient leur temps à foncer et à râler, au grand dam des bolcheviks qui, pourtant, leurs pardonnaient absolument tout.

Ce qui n’a par contre jamais été accepté, ce sont les gens n’ayant pas de loyauté. Être tourmenté, c’est une chose. Profiter des autres pour se mettre en avant, parce qu’on est vif d’esprit et qu’on peut piller les bonnes idées accumulées par d’autres pendant longtemps, c’est autre chose.

On se doute que dans un pays comme la France, plein de richesses et d’éducation, le nombre de ce esprits brillants est conséquent. L’impact n’en est plus que dévastateur. Il suffit de regarder ce que sont devenus les gens impliqués dans l’après mai 1968.

Ainsi, le nombre de gens par exemple issus de la « Gauche Prolétarienne » ayant fait carrière est vraiment important. Dans le cinéma, la musique, la littérature, la presse, les entreprises, l’appareil d’État… Le nombre de gens ayant saisi des choses dynamiques pour les réduire en moyen pour une reconversion réussie, une carrière brillante, est vraiment important.

Imaginons que ces gens soient restés engagés à Gauche, tout en développant leurs capacités comme ils l’ont fait après ! Les résultats auraient été formidables. Cependant, ces gens n’ont pas eu de loyauté. La loyauté est une qualité populaire et elle ne s’apprend pas, elle ne s’improvise pas, elle se vit.

Ce constat peut être fait bien entendu pour le Parti socialiste à partir de 1983, qui pareillement a regroupé des esprits profondément brillants, mais cédant à la corruption de la reconnaissance et de l’argent, ainsi qu’à l’attrait de posséder des richesses, des propriétés.

Si Emmanuel Macron fascine tant les libéraux, c’est qu’il représente justement cet esprit brillant qui tire son épingle du jeu en abandonnant sur place ce qui l’a porté, jetant toute loyauté aux oubliettes, pour réaliser sa carrière. C’est le règne du cynisme et le capitalisme fabrique en masse des gens fascinés par la capacité à être cynique.

C’est la différence entre la Gauche et la Droite. La Gauche ostracise ceux qui n’ont pas de loyauté. La Droite vante ceux qui ont réussi à sacrifier la loyauté sur l’autel du succès capitaliste. Cela est vrai pour les petits détails comme les grands. Il n’est donc pas bien difficile de constater l’hégémonie culturelle de la Droite sur la société française et sa mentalité.

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Politique

Rentrée de Génération-s : pourquoi s’étonner du manque de médiatisation?

Le mouvement Génération-s organisait sa rentrée ce week-end qui finissait par un débat avec quelques personnalités. Un bref communiqué a été produit dénonçant le fait que la télévision ne se soit pas intéressée à l’initiative, alors qu’elle a diffusé des directs de la convention de la Droite. C’est très révélateur de toute une attitude fonctionnant par en haut, avec des gens s’imaginant que la presse devrait forcément s’intéresser à eux, alors qu’ils ne représentent plus grand-chose.

Que les dirigeants des groupes de presse soient plus intéressés par le rassemblement de la Droite et de l’extrême-Droite que par le rassemblement d’une partie de la Gauche, c’est dans l’ordre des choses. La Gauche, par définition, doit se confronter à la bourgeoisie et à ses réseaux, en mettant en place ses propres réseaux, en opposant à la bourgeoisie l’expression démocratique des classes populaires.

Le communiqué du mouvement Génération-s pour résumer son week-end ne va pas vraiment dans ce sens. Il est même exemplaire d’une démarche inverse :

« Comment ne pas être frappés par le contraste absolu entre l’absence de caméras pour couvrir ce grand moment d’unité de la gauche, qui pour la première fois depuis des mois se retrouve dans toutes ses composantes, et la diffusion en continu sur certaines chaînes d’info des discours xénopobes et sexistes tenus par Zemmour, Lepen et tous leurs amis indentitaires lors de la « Convention de la Droite » qui n’était autre que la rentrée de l’extrême droite française. »

Le contraste justement, c’est que de leur côté la Droite et l’extrême-Droite ont une démarche politico-culturelle très identifiable, permise par une dynamique idéologique puissante depuis plusieurs années. C’est, pour résumer, le travail de fond des mouvements identitaires qui porte maintenant ses fruits.

Rien de tout cela à Gauche, bien au contraire. Pourquoi la presse s’intéresserait à des gens qui parlent d’unité à longueurs de temps, mais qui n’ont pas été capable de faire une liste commune aux Européennes il y a quelques mois, alors qu’ils disaient quasiment tous la même chose ? Il faut en dire autant des municipales, où seules les initiatives locales permettront éventuellement des démarches unitaires, alors que les organisations espèrent chacune tirer leur épingle du jeu ici et là, en formant des alliances de circonstance.

Le fait est que chacune de ces forces ne représente plus grand-chose électoralement et que leur addition est pour l’instant très peu palpable. Cela n’intéresse donc pas les médias, qui sont des entreprises et doivent vendre leurs informations, aussi orientées idéologiquement soient-elles.

La Droite et l’extrême-Droite ont travaillé leurs fondamentaux, étudiés leurs classiques, façonné un discours précis et tranchant en assumant un héritage. La Gauche présente au débat organisé par Génération-s fait de son côté tout l’inverse, en édulcorant toujours plus son discours, en s’éparpillant dans de multiples thèmes toujours plus éloignés des classes populaires comme la PMA pour toutes ou le soutien forcené à l’immigration, en n’assumant plus le Socialisme et la classe ouvrière.

Une vidéo de ce débat a été diffusée par Génération-s. On y voit à la fin Clémentine Autain s’offusquant de ne pas avoir la télévision venue l’écouter parler :

« Si j’ai bien regardé, il n’y a pas une seule caméra, il y a Mediapart et Politis, et pourtant il y a un plateau. Franchement, il y a un plateau ici, il se passe quelque-chose et il y a zéro. »

Mais quelle prétention ! Il faut vraiment être imbue de sa propre personnes pour tenir de tels propos. Elle ne s’est pas dit que peut-être, entendre Olivier Besancenot haranguer la salle en disant qu’il faut faire du syndicalisme ultra avec des « bourses du travail remastérisées », cela ne fait rêver personne. Peut-être que les médias se disent tout simplement que cela n’intéressera pas leur audience, qui ne vote déjà pas pour ce genre de discours usé et forcé.

La Gauche a surtout besoin d’une démarche non pas par en-haut, avec un « plateau » de personnalités mises en avant pour bricoler un contenu, mais par en-bas, avec un contenu depuis la base issue des classes populaires et ensuite porté par des personnalités se l’appropriant. Tout l’inverse de ce débat, en somme.

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Politique

Convention de la Droite : identitaires et Gauche post-moderne contre l’universalisme

Eric Zemmour, le polémiste aussi précis à l’oral qu’extrêmement mauvais à l’écrit, a assumé la position identitaire lors de la convention de la Droite hier. L’ennemi, c’est l’universalisme : « l’universalisme marchand » et « l’universalisme islamique ».

Maintenant, si on est à Gauche et qu’on a de la culture, alors on comprend une chose très simple : « l’universalisme marchand » + « l’universalisme islamique » = le Socialisme. Car le Socialisme, c’est d’un côté une économie si riche qu’elle a universalisé les rapports entre les gens et de l’autre un régime politique hyper normé et réglé.

L’Islam n’est ainsi qu’une caricature communautaire et spiritualiste du Socialisme. Son succès n’est qu’une déviation temporaire, un accident historique de l’affirmation du seul universalisme possible : le Socialisme à l’échelle planétaire.

C’est de cela dont a peur Eric Zemmour, qui prône par conséquent les identités contre l’universalisme. La Gauche post-moderne fait de même, en prônant non pas les identités, mais les individus. Les deux discours se nourrissent l’un de l’autre, en cherchant à mettre le Socialisme sur la touche. Et ils y sont parvenus. Mais plus pour longtemps.

En effet, le capitalisme se mange lui-même et les tendances militaristes se renforcent comme jamais. Les gens vont être de plus en plus mécontents de toutes façons d’une société toujours plus dérégulée et aux salaires toujours plus bas pour la grande majorité. Il va donc y avoir un basculement.

Un tel basculement ne se fera jamais dans le camp du libéralisme, tant économique que culturel. Les gens ne comptent nullement « déconstruire » la civilisation, seule une infime minorité, avant-garde de l’ultra-capitalisme, est favorable à cela. Il se fera donc vers la Droite, d’où d’ailleurs la Convention de la Droite, qui vise à préparer les modalités de ce basculement.

> Lire également : «Convention de la Droite» le 28 septembre : l’affirmation d’un néogaullisme conquérant avec Marion Maréchal comme figure de proue

La Gauche, pour faire face à ce défi, doit écraser les variantes post-modernes, post-industrielles, post-nationales, pour qui le capitalisme n’existe pas et pour qui la conquête des « droits individuels » est l’alpha et l’oméga de l’intervention sociale. Tant qu’il y aura les bobos et des gens niant l’existence des hommes et des femmes pour pourrir la Gauche aux yeux du peuple, tout sera plombé.

Ce vaste ménage à faire n’est pas gagné du tout : le libéralisme culturel, depuis la promotion de l’art contemporain totalement méprisé par le peuple jusqu’à la PMA pour toutes, voire la GPA, a corrompu à un tel point qu’il est pratiquement entièrement hégémonique. Il faudrait les ouvriers pour balayer cela. Seulement voilà, les ouvriers, quand ils s’expriment, sont souvent happés par la démagogie nationaliste.

Tout cela demande donc du temps, sauf que le temps on ne l’a pas. Dans tous les pays, le curseur est à la bataille pour le repartage du monde et sur le ring on a déjà les Trump, Xi Ping, Bolsonaro, Duterte, Poutine, etc. Tout va donc se jouer dans les prochaines années, en comptant qui plus est qu’une fois les délires post-industriels écrasés, il faudra faire face à un ennemi historique d’une autre envergure : le nationalisme, le militarisme, le Fascisme, dont la convention de la Droite hier était une étape importante de la structuration en France.

C’est un sacré défi propre à paralyser les esprits lâches, les âmes endormies par leur confort matériel. Mais il a de quoi galvaniser ceux qui savent que l’Histoire a un sens.

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PMA pour toutes : la Gauche post-moderne en rêvait, la Droite l’a fait

La négation de la réalité matérielle est de rigueur pour une société de consommation pour qui tout doit relever d’un choix individuel. L’existence nécessaire d’un homme pour la reproduction se transforme donc en un choix de consommation épaulé par les nouvelles technologies. La Gauche post-moderne, post-industrielle est ravie de cet élargissement des droits individuels, montrant qu’elle n’a été que l’avant-garde de l’ultra-libéralisme.

La procréation médicalement assistée (PMA) accessible à toutes les femmes a désormais le soutien de l’Assemblée nationale, avec peu de présents : 55 députés ont voté pour, 17 contre et 3 se sont abstenus. C’est qu’il vaut mieux ne pas être forcément là pour une thématique littéralement explosive, dont la société française n’a pas encore compris les enjeux.

D’ailleurs, sa validation juridique définitive devrait avoir lieu juste avant l’été, histoire de faire passer la pilule à une société française censée découvrir au fur et à mesure les « vertus » de l’ultra-libéralisme.

La France ne fait d’ailleurs que rejoindre la tendance libérale générale, puisque la PMA pour toutes est déjà légale en Belgique, aux Pays-Bas, au Royaume-uni, en Irlande, au Portugal, en Espagne, au Luxembourg, au Danemark, en Suède et en Finlande. De nombreux autres pays le permettent aux couples de femmes mais pas aux femmes seules, ou inversement.

Les deux prochaines étapes sont à ce titre évidentes. Il y aura d’abord la GPA (les « mères porteuses »), qui s’imposera d’elle-même une fois la digue de la PMA rompue. Cela sera considéré comme un droit de plus pour les couples d’hommes homosexuels, même si on l’a compris cela servira également à des femmes aisées.

Dans tous les cas, il y aura déjà – il y a déjà en partie – la reconnaissance des GPA effectuées à l’étranger. Une fois que la pratique sera bien établie, il y aura une reconnaissance générale.

Ensuite, il y aura la PMA pour les femmes devenues des « hommes » – dans le libéralisme généralisé il n’y a en effet plus de normes. Les députés LRM Raphaël Gérard et Laurence Vanceunebrock-Mialon ainsi que le député La France Insoumise Bastien Lachaud ont pour cette raison prôné la PMA non pas pour toutes les femmes, mais pour toutes les personnes ayant un « appareil reproducteur féminin ».

Mattel vient de sortir, conformément à cette idéologie, des Barbies « neutres sur le plan du genre ». L’ultra-libéralisme est la négation de l’universel : il n’y a plus ni humanité, ni classe, ni nation, ni rien de général. Il n’y a plus que des individus, tous irréductiblement différents. La réforme du Bac commençant cette année va en ce sens : chaque lycéen « choisit » ses matières, il passe son propre bac.

C’est, si l’on veut, une américanisation de la société, au sens d’une atomisation générale de la société. Et même en politique ! L’alliance future entre la Droite et l’extrême-Droite va ressembler à l’assemblage que sont les Républicains aux États-Unis, tandis qu’Emmanuel Macron et la Gauche post-moderne vont ressembler aux Démocrates.

Tant les Républicains que les Démocrates sont un rassemblement de multiples courants, tendances, factions, chacune cédant la prééminence à celle plus forte dans toute une série d’étapes. Emmanuel Macron se dit qu’à ce jeu, il sera forcément gagnant vu qu’il prend la Gauche en général en otage et que sur le plan des valeurs, il a la Gauche post-moderne avec lui.

Il procédera ainsi à une ouverture prononcée vers le cannabis, pour la même raison. Il y a un marché, il le soutient. Il appuie les chasseurs pour la même raison : il y a un marché, un lobby, il y a donc alliance. C’est tout à fait à l’américaine : on est plus dans la politique, mais dans la communauté d’intérêts.

Seule une Gauche éminemment politique peut contrecarrer cette tendance. Seule une Gauche s’assumant telle quelle, levant ouvertement son drapeau – rouge par définition, et uniquement rouge – peut mettre en branle les ouvriers, seule force vierge d’un degré de corruption gigantesque dans le domaine des mœurs.

On assiste très clairement à la fin de la civilisation – à la Gauche de faire en sorte que ce soit uniquement la civilisation capitaliste qui s’effondre et que les acquis de la civilisation soient préservés et amenés à un niveau de développement supérieur.

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Extension de la PMA : l’absence d’une opposition de gauche à l’Assemblée nationale

Le débat parlementaire sur le projet de loi bioéthique est très intense, avec pas moins de 587 amendements déposés sur l’article premier concernant l’extension de la PMA. Au lieu d’être à l’avant-garde de l’opposition, la « Gauche » représentée à l’hémicycle se fait l’accompagnatrice forcenée du libéralisme – ce sont d’autres forces qui, malheureusement, s’accaparent et détournent les valeurs qu’elle devrait porter.

Ce sont surtout la Droite et l’extrême-Droite qui mènent l’opposition à l’extension de la PMA. C’est là quelque-chose de terrible car cela renforce leur hégémonie culturelle sur la société française et leur apparente crédibilité aux yeux des classes populaires.

Il ne faut pas être dupe ici : si beaucoup de Français n’étaient jusque-là pas opposés à l’extension de la PMA, car ils sont très perméables au libéralisme, ce n’était pas pour autant un soutien engagé. Mais quand on rentre au cœur du sujet, quand les vraies questions sont posées, alors les arguments contre la PMA touchent largement la population et tout le monde le sait.

Marine Le Pen s’en donne donc ici à cœur joie pour apparaître démocratique, s’accaparant la morale populaire, rappelant des choses fondamentales : « on ne peut pas naître de deux mères » et le projet de loi revient à « mettre en place un mensonge légal » en faisant croire qu’il n’y a plus de père.

La députée RN se paye même le luxe de préciser qu’elle pense que deux femmes peuvent très bien élever un enfant, ainsi que deux hommes – il faudrait effectivement être très réactionnaire et pétris de certitudes conservatrices pour penser l’inverse.

On a dans le même genre les propos du député Joachim Son-Forget, une personnalité très complexe, brillante mais tourmentée, qui penche vers la Droite. Rappelant avoir apprécié le discours de Marine Le Pen soutenant « l’intérêt premier de l’enfant », il explique alors :

« Les faits sont tenaces. Je ne peux pas entendre que la biologie n’existe pas et que seul l’environnement compte. Je sais que j’ai les yeux bridés, que j’ai une couleur de peau qui fait que quand je croise des Coréens, ils me reconnaissent, étant d’origine coréenne.

Je sais qu’au fond de moi, je suis probablement un bon Haut-marnais, bien de ma campagne haut-marnaise. C’est tout cela qui cohabite en moi. Donc, on ne saurait nier l’un, pour accepter l’autre. Les faits sont vraiment tenaces. »

C’est la même rengaine anti-PMA du côté de la Droite traditionnelle, qui explique en long, en large et en travers en quoi tout cela mène évidemment à l’autorisation de la GPA. Le député LR Arnaud Viala a par exemple reproché au gouvernement et à la majorité de « mentir aux Français », tellement le projet de loi porte en lui « une ouverture presque immédiate » de la GPA.

Rien de tout cela chez les députés liés à la fausse Gauche, celle qui est post-industrielle et post-moderne, qui a pour seul horizon d’accompagner le libéralisme prenant le masque du « progrès » et des « droits ». Des socialistes ont même déposé des amendements réclamant l’autorisation de la PMA post-mortem, alors que le PS a de son côté produit un communiqué pour dénoncer les opposants :

« Celles et ceux qui s’opposent à ce texte continuent malheureusement d’ignorer les familles homoparentales qui vivent dans notre pays et de s’opposer aux droits des femmes. »

Il y a même des fous furieux qui veulent pousser encore plus loin le projet en prônant l’ouverture de la PMA à des soi-disant « hommes transgenres ». Cela aboutirait donc à ce que des personnes ayant voulu être identifiée comme « homme » à l’état civil deviennent… mère !

On nage en plein délire, mais c’est pourtant très sérieusement que cela a été discuté en commission, sous la présidence de l’ancien socialiste Jean-Louis Touraine. Il y a également des propositions de fécondation in vitro dite ROPA, c’est-à-dire le fait de féconder l’ovocyte d’une des femmes d’un couple lesbien puis de faire porter l’enfant à l’autre femme, histoire de faire comme s’il y avait vraiment « deux mamans »…

Ironie du sort, c’est du côté de La République en marche qu’il faut se tourner pour trouver un propos sérieux ayant un minimum de dimension. Ou plutôt, ex-LREM, car la députée Agnès Thill a été exclue du mouvement en juin suite à ses prises de positions allant «  à l’encontre de la Charte et des valeurs inclusives du Mouvement ».

On notera ici qu’avant d’atterrir chez Emmanuel Macron, elle a été membre du Parti socialiste dans les années 1980 et qu’elle est fille d’ouvrier. Ce qu’elle dit dans l’extrait ci-dessous, c’est exactement le genre de propos que devraient avoir des députés vraiment à Gauche, pour s’opposer à l’extension de la PMA :

« Votre loi, Madame la Ministre, est criminelle. C’est souffrance contre souffrance. Il ne faudra pas dire « cette France-là a été humiliée ». Votre loi, c’est s’offrir un être humain. On ne s’offre pas un être humain, Madame la Ministre. Un être humain n’est ni un objet, ni un projet, ni une promesse de campagne.

Loin d’abolir les inégalités, votre loi les aggrave. Votre loi soulève des questions de marchandisation du vivant, d’eugénisme, de sélection, le dévoiement du sens de la médecine et la voie du design de l’enfant parfait « comme nous le voulons » que vous déverrouillez. Au delà des bornes, il n’y a plus de bornes.

Ce n’est pas le droit qui refuse un enfant à ces femmes, c’est la biologie. Il n’y a ni discrimination, ni inégalité et vous le savez très bien. L’affirmer à longueur de média c’est mentir et manipuler l’opinion. La liberté si fièrement revendiquée n’est qu’une liberté de consommateurs. Des Français accèdent au hard-discount reproductif, qu’il faudra reconnaître en France.

Si la PMA, la congélation ovocytaire, le DPI, la recherche sur embryon, si tout cela existe, c’est aussi parce qu’elle enrichit médecins, généticiens, biologistes, patrons de start-up, juristes, avocats, banquiers en sperme et en ovule. Et vous faites semblant de ne pas le voir !

Aidez l’autre, voyez-vous, et vous le savez, c’est l’aider à accompagner ses limites. C’est l’aider à accepter ses limites et vivre avec. Ce n’est pas dépasser le possible humain. On ne peut décemment pas destituer la figure paternelle au motif que des nouvelles familles apparaissent. »