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La Gauche ratera-t-elle la question animale?

La question animale est désormais un thème qui fait partie du paysage politique. Il n’y a pourtant pas de remise en cause sur le plan culturel. C’est considéré comme quelque chose s’ajoutant simplement à la liste des thèmes à aborder. Pourtant, il va de soi que cela ne saurait être le cas.

Historiquement, c’est dans les milieux les plus à gauche, en mode « alternatif », que la question animale est apparue comme directement politique. On ne pouvait pas être lié à la culture squat des années 1990 – que ce soit à Berlin ou à Lille – sans se tourner vers le véganisme. Par la suite, c’est l’extrême-Droite qui a fait des tentatives pour « draguer » les milieux de la protection animale.

Puis, ces dernières années, le thème est devenu « mainstream ». Jean-Luc Mélenchon s’est mis à parler quinoa, Benoît Hamon à mentionner les refuges, mais rien de cela n’est allé bien loin : cela a été un thème s’ajoutant à une liste déjà bien remplie de thèmes incontournables.

Ces derniers temps, c’est EELV qui a mis le paquet, voyant en l’élevage bio une manière de se lier à la question au moyen du développement durable. Mais là encore, la question animale n’apparaît qu’en filigrane. Le rapport aux animaux n’est pas remis en cause, il y a simplement le souhait de le réaménager.

Il est pourtant évident qu’une réflexion ne suffit pas, ni même un aménagement. Le rapport aux animaux qui a existé jusqu’à présent ne tient tout simplement plus. On peut bien sûr chercher à reculer à une date où cela aurai été moins flagrant, il y a dix ans, il y a vingt ans, il y a cinquante ans. Mais on ne fait alors que chercher dans le passé ce qui ne peut exister que dans le futur : la question animale est, en effet, avant tout celle de l’empathie.

On ne peut pas dire qu’on est révolté par la condition animale et limiter son empathie à agrandir une cage. Ce serait là passer à côté du principe de la prise de conscience. Quand on prend conscience, on fait autre chose. On ne fait pas « moins » ou « différemment ». Si on comprend que McDonalds, c’est mal, la réponse n’est pas d’y aller moins, d’y acheter d’autres produits, voire de rêver d’un McSundae vegan (qui vient justement d’arriver en Allemagne).

La Gauche a toujours considéré que le capitalisme façonnait les esprits dans un sens lui étant utiles. On pourrait donc s’attendre à une grande remise en cause du capitalisme de par le constat de la condition animale. Mais cela présuppose changer ses manières de vivre. Du point de vue de la Gauche historique, rien de plus normal. Pour une Gauche devenue libérale culturellement, c’est par contre quelque chose d’impossible.

Une Gauche libérale peut dire que les vegans c’est très bien. Mais elle ne peut pas dire : le véganisme, c’est bien. Or, la question se pose forcément comme cela. Ou bien le véganisme, c’est bien et il faut y aller, à tel ou tel rythme. Ou bien c’est mal et alors c’est une simple lubie dont on doit se passer.

On ne peut pas dire : je veux changer le monde, je ne mange pas de steak mais tu peux le faire. Pas plus qu’on ne peut dire : je veux changer le monde, je mange un steak, mais tu peux ne pas le faire. Agir ainsi, c’est se conformer au libéralisme, au principe du marché. Le capitalisme rêve d’un monde de consommation… et d’un monde de consommateurs ! Plus les gens sont différents, mieux c’est.

Soit on accompagne cela comme le fait la Gauche libérale, et on bascule dans la soumission à une société post-moderne, post-industrielle, post-on ne sait plus trop quoi. Soit on s’oppose à cela et alors on assume l’universalisme des valeurs.

Quel est alors le rapport universel à avoir aux animaux ? Telle est alors la question.

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Municipales: la Gauche part divisée à Chambéry

Avec ses 58 919 habitants et son pôle universitaire, Chambéry est la capitale de la Savoie. Sans grand héritage du mouvement ouvrier, la capitale savoyarde se situe à mi-chemin entre la très riche Genève et la métropole de Lyon, mais attire des jeunes étudiants issus des campagnes populaires.

Ce jeudi 27 février, un débat organisé par le journal Le Dauphiné et TV 8 Mont-Blanc a eu lieu avec les 7 candidats en lice à l’élection municipale de mars. S’il y a un candidat de droite et un candidat du centre soutenu par LREM, on y apprend qu’il y a pas moins de 5 listes issues de la Gauche.

En 2014, le mouvement « Grand Chambéry Solidaire » soutenu par le PCF lançait la liste « Cap à gauche » avec à sa tête Guy Fajeau, inspecteur divisionnaire des finances publiques et adjoint au travaux sortant de la municipalité PS. Avec une fusion au deuxième tour avec le PS, cela laissait forcément une place aux forces opposées au PS, comme le NPA porté par Laurent Ripart, maître de conférence universitaire en histoire médiévale.

Alors où en sommes-nous en 2020 ? Nous en sommes au même niveau politique, voir même pire avec donc une Gauche totalement divisée.

De par son poids historique, on retrouve logiquement une liste de centre-gauche portée par le Parti socialiste et l’UDI, « Chambéry en commun », menée par l’ancien président de « Chambéry métropole » Thierry Repentin, également ancien délégué interministériel à la mixité sociale dans l’habitat.

Il y a également une liste « citoyenne, sociale et écologiste » issue du rassemblement du « mouvement citoyen Grand Chambéry » (soutenue par La France insoumise et EELV) et de « Grand Chambéry solidaire » (soutenu par le PCF, à quoi s’ajoutait Génération-s). Une construction unitaire qui paraissait de bonne augure.

Malheureusement, cette unité s’est fissurée après que les militants LFI, PCF et Génération-s aient lancé une autre liste, « Chambéry sociale et écologiste », au début du mois de février. Lors du débat de ce jeudi 27 février, Sarah Hamoudi-Wilkowsky a expliqué cette désunion :

« Ce qui fait qu’on a pas réussi le rassemblement avec « Chambé citoyenne » (…) c’est vraiment la question du positionnement politique entre le souhait de certains de vouloir se déclarer plutôt apolitique. Or, précisément là on y va pour faire de la politique, puisqu’on va s’intéresser à la vie de la cité, la vie de la commune et de l’agglomération. Là je crois que j’ai été très clair sur notre positionnement avec un marqueur clair à gauche et en affichant nos soutiens par toute la liste des formations et organisations de gauche (…) On a souhaité y aller en portant haut et fort ces couleurs là »

En effet, la liste « Chambé citoyenne » soutenue par EELV et portée par Aurélie Le Meur « Chambé citoyenne écologique et solidaire » est l’expression même de l’apolitisme « bobo » avec sa logique « citoyenne-participative » et son fantasme absurde sur les gilets jaunes ayant exprimé un « désir de renouvellement ».

Enfin, il y a la gauche radicale empêtrée dans son folklore des « luttes ». Laurent Ripart du NPA est à la tête d’une liste baptisée « Chambé, poing levé », s’adressant de manière finalement peu sérieuse à « tous ceux qui luttent ». Enfin, il y a la liste portée par Marie Ducruet de Lutte Ouvrière qui malgré son mérite d’impliquer des ouvriers, a une position para-syndicale qui néglige la conscience politique et surtout la culture.

La Gauche a t-elle conscience de ce qu’il se passe dans le pays ? Du poids énorme représenté par l’extrême droite ? Que l’extrême-Droite soit formellement absente aux élections de Chambéry n’y change rien, car elle reste présente malgré tout.

À quelques kilomètres de là, le village d’Aiton avait placé Marine le Pen à 58 % au second tour de l’élection présidentielle de 2017. En février 2017, le mouvement néo-fasciste Bastion Social, issu d’ « Edelweiss pays de Savoie » recrutant dans les campagnes alentours, ouvrait un local en plein centre-ville. Et ce sont ces mêmes militants qui ont pris la tête de la manifestation du 15 décembre 2018 des gilets jaunes avec une banderole nauséabonde « Stop à la finance, Libérons la France ».

À Chambéry, la Gauche avance en vase-clos et fait comme si de rien n’était, ou plutôt comme s’il y a avait « quelque chose qui se passe ». La seule chose qui se passe c’est que le fascisme avance a grands pas et ne pas mettre au premier plan l’unité de la Gauche est un désastre politique.

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Cauchemar pour la Gauche: EELV en nouveau François Hollande

L’opportunisme qui s’exprime à Gauche à l’occasion des municipales laisse craindre la réédition de l’épisode François Hollande, c’est-à-dire l’utilisation d’une figure de centre-Gauche pour gagner aux présidentielles et mener la lutte des places.

L’attitude de la Gauche aux municipales est très problématique en bien des endroits. L’unité a été saisie comme importante et essentielle, mais il n’y a pas de mouvement vers une autocritique, un retour aux valeurs historiques. Il y a un contournement des questions de fond en se plaçant à la remorque d’EELV.

Ce qui se passe à Amiens est un exemple glaçant. Cette image présentant les candidats de la liste « Amiens, c’est l’tien ! » représente à elle seule tout un suicide généralisé de gens se disant de Gauche mais totalement déconnecté du monde populaire. Amiens, ville populaire, ville prolétaire, et on la droit à ça ?

Il ne faut pas s’étonner si une ligne aussi anti-ouvrière, anti-prolétaire aboutit aux succès de l’extrême-Droite. Et pour saisir l’ampleur de la catastrophe, la liste est soutenue par le PS, le PCF, Génération-s, Place publique, LFI, Picardie debout, Ensemble 80 et EELV.

C’est du suicide politique. Et ce suicide s’accompagne d’un véritable positionnement stratégique, visant à faire d’EELV le fer de lance pour les élections présidentielles à venir. Il y a bien évidemment l’idée qu’EELV, par son positionnement assez « neutre » politiquement, puisse permettre de gagner et d’amener dans la foulée un gouvernement fondée sur l’alliance EELV-Gauche.

De cette manière, tout serait sauvé, aucune remise en cause ne serait nécessaire, l’équilibre et la stabilité seraient retrouvés. EELV est une carte utilisée pour un gigantesque tour de passe-passe historique. Tout devrait reprendre son cours, comme avant la désillusion de la fin du quinquennat de François Hollande.

C’est là bien évidemment ridicule, alors que l’on voit bien que le sol du pays remue, que les gilets jaunes et la grève des syndicats contre la réforme des retraites n’ont été que de bien pâles hors d’œuvre historiques comparés à ce qui va se produire. C’est un tremblement de terre qui se profile à l’horizon, parce que le capitalisme est instable, qu’il est en crise, que la guerre se montre toujours plus comme une option désirée pour se sortir de la crise.

Se placer à la remorque d’EELV, c’est nier tout cela. C’est se dire qu’à coups de mesures écologistes par en haut, le réchauffement climatique sera supportable. C’est se dire que par l’Union Européenne, on échappera à la crise économique. Que par l’emplacement géographique de la France, on échappera à la rivalité sino-américaine menaçant la paix mondiale.

C’est là une véritable capitulation à laquelle on assiste. Dire que François Hollande a été dénoncé, tout cela pour refaire exactement la même chose dans la foulée avec EELV !

Mais cela permet également d’y voir clair. La Gauche institutionnelle s’éloigne tellement de la Gauche historique qu’elle devient autre chose. La Gauche institutionnelle espère avancer par EELV, alors qu’elle se fera phagocyter.

Et les esprits sincères comprendront vite que se mettre derrière EELV, c’est simplement se mettre à la remorque de capitalistes plus « modernes » que d’autre.

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[Municipales 2020, les positions de gauche] GDS : L’unité de toute la gauche pour gagner

Dans le cadre des élections municipales 2020, nous publions les appels électoraux des différents partis de gauche. Voici l’appel de GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE :

« L’unité de toute la gauche pour gagner

Nous vivons une période décisive. Quelle que soit l’issue de la mobilisation actuelle, Macron sortira de la séquence en cours largement affaibli. Qui sait ? Peut-être est-il en train de perdre sous nos yeux toute chance de l’emporter en 2022. L’érosion de son socle politique et électoral rend d’autant plus nécessaire l’unité de la gauche pour le faire reculer aujourd’hui, mais aussi pour le vaincre demain. C’est pourquoi il nous a semblé opportun de consacrer les pages qui suivent à un plaidoyer pour l’unité de notre camp, largement inspiré par la récente brochure de la GDS intitulée significativement Union (éditions Atlande).

Quand on nous demande, de façon naïve ou accusatrice, ce qu’est la gauche, nous ne devons pas commencer par égrainer les noms de dirigeants plus ou moins célèbres, ni par énumérer la liste exhaustive de la quinzaine de groupes actuellement constitutifs de la gauche. Nous avons d’abord à répondre avec fermeté : « La gauche, c’est une force sociale qui a pris conscience d’elle-même ».

La gauche, c’est l’unité du salariat

Si elle veut être à la hauteur de ses tâches historiques, la gauche se doit de représenter celles et ceux qui produisent les richesses de notre pays et n’en reçoivent pas la part qu’ils méritent. Rien de ce qui touche le salariat ne doit être étranger à la gauche. Elle a donc pour champ d’action les 30 millions de salariés actifs – 19 millions d’actifs occupés dans le privé, 5,5 millions d’agents publics et 6,5 millions de chômeurs, c’est-à-dire d’actifs temporairement privés d’emploi –, auxquels il faut ajouter 9 millions de jeunes qui sont des salariés en formation et 14 millions de retraités qui vivent au jour le jour et en temps réel des cotisations fournies par ceux qui travaillent.

La gauche ne défend pas les intérêts particuliers d’un clan, d’un groupe, d’un parti, d’un syndicat, et encore moins d’un lobby. La gauche défend les intérêts du salariat dans son ensemble, dans sa majorité. Elle s’oppose, pour cela, au patronat, à l’actionnariat, dont les intérêts sont frontalement opposés aux siens.

Parce que le salariat est exploité. Parce qu’il souffre au travail. Parce que le capital – ce « travail mort » accumulé, dont parlait Marx – détruit le travail vivant, qui est la seule richesse des nôtres. Parce que les oppressions spécifiques que subissent les femmes, les minorités sexuelles, mais aussi les travailleurs immigrés et les étrangers, sont structurées et par-là même aggravées par le domination capitaliste. Parce que le capital, prédateur et court-termiste ne sauvera jamais ni le climat, ni la planète. En ce sens, la défense du salariat est la plus grande et la plus belle des « causes ».

Sa place dans le processus de production est décisive, incontournable, irremplaçable, et pourtant ses dizaines de millions d’êtres humains sont , invisibles, humiliés, mal payés, mal traités ; leur vie quotidienne pénible, éreintante et parfois même destructrice.

En France, il y a neuf millions de pauvres en dessous de 900 euros par mois, 7 millions de retraités autour de 1 000 euros, deux millions de salariés payés au Smic à 1 202 euros nets. Le salaire médian est autour de 1 700 euros et 98 % des salariés gagnent moins de 3200 euros. Il y a entre 15 et 18 % de précaires de tout type, près de 20 % de temps partiels, dont 85 % occupés par des femmes. Les « cadres » sont soumis à des horaires abusifs, excessifs et dangereux Près de six millions de salariés travaillent 60 heures par semaine, tandis que six millions sont privés d’emploi…

Les trahisons mènent à l’abstention

Bien sûr, dans le salariat, il y a des électeurs qui ont toujours voté à droite ; soit pour la paroisse, soit pour le château, soit pour le « bon » patron. Autant dire pour « not’bon maître ». Celui qu’évoque si bien Brel dans Pourquoi ont-ils tué Jaurès ? : le responsable tout-puissant de la misère humaine dont les plus fatalistes espèrent qu’il finira par alléger le fardeau de ceux qui ploient sous ses exigences. Il convient naturellement de disputer le suffrage des salariés qui votent traditionnellement à droite ou à l’extrême droite. Mais il faut également gagner à notre cause les employés, les ouvriers, les exploités et les précaires qui n’y croient plus et qui s’abstiennent.

L’abstention structurelle est faible en France. Mais l’abstention conjoncturelle peut être massive. Le système électoral s’y prête, surtout depuis la fatale inversion du calendrier voulue par Lionel Jospin. Le présidentialisme est si prégnant que les législatives qui suivent sont mécaniquement perçues comme inutiles. Ainsi, en juin 2017, le parti en carton-pâte de Macron, composé d’inconnus arrivistes, incompétents et sans implantation, a obtenu une « majorité »… avec 58 % d’abstentions ! On est loin de la déferlante ! Dans les faits, de 11 à 13 % des inscrits avaient alors voté En Marche – score que la formation présidentielle a de nouveau atteint le 26 mai 2019, mais avec un électorat fort différent !

D’une élection à l’autre, un constat s’impose : il y a rarement de changements de camp entre gauche et droite. Les ouvriers de gauche et syndiqués, même quand ils sont ulcérés par les politiques menées par leurs partis au pouvoir, ne  se mettent pas à voter brusquement pour la droite. De même, les travailleurs dupés qui sont séduits par les thèmes xénophobes, populistes et autoritaires de nos ennemis ne vont pas subitement rejoindre notre camp.

En revanche, il peut y avoir des basculements, au sein de la droite comme de la gauche, vers l’abstention. Ce phénomène peut devenir massif dans notre camp. Particulièrement lorsque des partis de gauche au pouvoir n’ont pas répondu aux attentes placées en eux (1986, 1993). En 1993, la droite avait connu un raz-de-marée favorable en sièges, alors qu’elle avait obtenu en chiffres absolus moins de voix que lorsqu’elle avait perdu en 1981 !

De façon continue, les salariés sanctionnent les libéraux de la droite traditionnelle et le libéralisme quand la gauche commet la faute de ne pas rompre avec. Pour battre Sarkozy en 2012, ils se sont mobilisés ; pour sanctionner Hollande de 2014 à 2017, beaucoup se sont abstenus. Notre tâche, c’est de rétablir la force du salariat, condition sine qua non pour changer la vie.

Rassembler : mission impossible ?

Au lieu de passer leur temps à pointer les « divisions », des « disparités », des « différenciations » au sein de la gauche et du salariat, l’activité centrale, pour les militants de gauche, devrait être de défendre les points communs et de les renforcer. L’union est un combat. Tous ceux qui enfoncent la gauche s’enfoncent eux-mêmes. Régulièrement, la « base » sait imposer le chemin unitaire, même aux plus hargneux des bureaucrates.

Car le salariat s’est étendu ! Car il est la seule force dont les intérêts sont frontalement opposés à la classe minoritaire des exploiteurs. Car il accumule des traditions, des pratiques, des cultures. Car « son niveau monte » ! Il n’est plus en majorité analphabète ; il est davantage formé, éduqué, qualifié. Même si médias et désinformations économiques réussissent à brouiller les cartes, des millions de salariés comprennent les mécanismes de surexploitation et la dictature financière.

Il y a même, et pas seulement en France, mais dans le monde entier, des gens simples qui sont de plus en plus indignés que 87 personnes possèdent autant que la moitié des humains. Reste à ce que la majorité de ces millions d’humains accepte de comprendre et de croire qu’il n’y a pas fatalité, que c’est possible de changer ce monde, puis d’agir.

« Nous sommes les 99 ! », criaient à juste titre les activistes d’Occupy Wall Street, fin 2011. Face à la dictature du capital, face à l’indécence et à l’insolence de ceux d’en haut, il faut regrouper toutes celles et tous ceux qui refusent que le monde soit régi par et pour le 1 %. Qu’elles ou ils se reconnaissent comme membre du salariat importe en l’occurrence moins que le fait qu’elles et ils s’indignent et se mobilisent. Il faut faire converger les luttes ! Non seulement parce qu’elles sont justes en soi, mais aussi et surtout par ce que l’on ne sait pas d’où partira la prochaine lutte d’ensemble qui permettra de remettre en question la domination de la classe (caste ?) dominante. Cette lutte peut partir d’un mouvement de défense des retraites ou l’assurance maladie, d’une grève d’ensemble sur les salaires, mais aussi d’une mobilisation anti-raciste ou encore d’une campagne de masse contre le basculement climatique.

Faire du neuf avec… du neuf ?

De quelles forces dispose la gauche ? Huit à dix syndicats, douze à quinze partis, des milliers d’associations et des millions de militants disponibles : telle est la gauche organisée qui correspond à la sphère du salariat. Peut-on, comme le croient certains, « passer par-dessus » ? Non bien sûr. Quel en serait l’intérêt ? Ce qui est organisé est déjà une base de départ incontournable. Pour dépasser les partis, il faut additionner les partis, pas les ignorer.

Impossible de « faire du neuf » sans amalgamer l’ancien, sans tirer le meilleur des leçons du passé. Chercher à repartir de zéro est imbécile, c’est se préparer à d’amères désillusions faute de mémoire, d’expériences. Sans passé collectif on n’a pas d’avenir. Il faut puiser dans les générations antérieures ce qui a marché et trier ce qui a échoué. Sans théorie, pas d’avancée possible. Or, les théories sont forgées dans les décennies précédentes. Pour les actualiser, il faut connaître l’histoire. Celui qui n’a pas d’histoire n’a pas de futur.

C’est pour cela qu’il faut tirer le bilan détaillé des trahisons comme celle d’Hollande-Valls-Macron. Il faut l’enseigner. Il faut montrer qu’il y a une autre voie, sérieuse, concrète, forte et unitaire à gauche pour les salariés.

Certains disent « C’est le passé. N’en parlons plus ». Mais il faut en parler ! Car une telle trahison peut se reproduire, hélas ! Ignorer le bilan maudit de Hollande, c’est se condamner à le rencontrer à nouveau.

La désespérance n’est pas une fatalité

La France est un des pays les plus politisés du monde. Il existe quatre à cinq millions de citoyens qui ont été membres actifs de partis, de syndicats et d’associations de gauche. Cela ne suffit pourtant pas pour gagner. Car il y a 44 millions d’électeurs en France et qu’il faut en convaincre plus de 20 millions pour obtenir la majorité . Entraîner ces 20 millions exige une détermination sans faille de la part des militantes et des militants de gauche. Sinon, c’est la défaite assurée. Comme quand nous nous efforçons d’obtenir les 4,7 millions de signatures nécessaires pour imposer un référendum sur la privatisation d’ADP, il faut convaincre. Toujours, inlassablement et le plus possible.

Mais sympathisants et militants ne sont évidemment pas au même niveau d’activité, de sacrifice de leur temps, de leur argent et de leur carrière. On dénombre deux millions de syndiqués dans la dizaine de confédérations, de fédérations et d’unions syndicales, quelques centaines de milliers d’adhérents dans la quinzaine de partis de gauche qui existent aujourd’hui, des millions de membres d’associations se réclamant du noble combat pour la dignité humaine. Ce sont manifestement les plus volontaires des nôtres, les plus dévoués ; ils sont abonnés à la presse activiste, et ils paient des cotisations, ils participent à des réunions et des mobilisations.

Beaucoup sont victimes de découragements, de déceptions, de résignation même. Leurs organisations les ont parfois déçus. À cause des bureaucraties, des arrivismes, des trahisons, de renégats du type de ceux qui, en grand nombre ont quitté la gauche en général, et le PS en particulier, pour rejoindre la droite ultra de Macron. C’est arrivé plusieurs fois dans l’histoire.

Quand les militants « rejettent les partis », ce ne sont pas les partis qu’ils rejettent, mais l’absence de démocratie en leur sein. La « crise du militantisme », c’est la crise de l’implication de la reconnaissance, de la loyauté, de la transparence, de la fraternité démocratique.

Il faut retrouver la force, rassembler celles et ceux qui ont de l’expérience et sont prêts à « relever l’espoir » ! Il faut redonner envie, retrouver les anciens, pas les écarter. Pour ça, il faut donner le maximum de garanties de démocratie, de participation, d’engagement, d’exemples positifs, sur des objectifs qui changent vraiment la vie.

À partir des besoins immédiats, le salaire, l’emploi, le partage du travail et des richesses.

Comment travailler ensemble ?

Par le biais d’un comité de liaison, bien sûr ! Empiriquement, c’est ce qui s’est fait, de manière balbutiante entre 2018 et 2019.

Depuis 2017, il y a eu ce qu’on appelle une « réunion unitaire » nationale à Paris, soit contre les ordonnances anti-travail de Macron-Pénicaud (2017), soit en défense de la SNCF et des cheminots (avril 2018), soit pour « la marée populaire » (mai 2018), soit en soutien aux Gilets jaunes et contre la répression (2019), soit en défense du climat (à partir de la marche de septembre 2018), soit en défense des droits des femmes, soit en défense des droits des immigrés, soit pour des mobilisations plus ponctuelles… Se retrouvent dans ce cadre souple une trentaine de représentants d’au moins quinze de ces partis, souvent avec la participation d’associations comme Attac, Copernic, et de syndicats ou fédérations CGT, Sud, FSU.

Trente représentants, quinze groupes. Et ça ne suffit pas encore pour faire une « Marée populaire », même en voulant les dépasser par un « melting pot-au-feu ». Ça ne suffit pas pour emporter la majorité du salariat avec les cheminots et les Gilets jaunes. Mais cela a permis quelques avancées.

Aux yeux de millions de salariés, tous ces groupes ne sont pas connus. Mais ils le seraient s’ils formaient un tel comité de liaison. C’est encore obscur. Il n’y a pas de direction unique, de force suffisante. Pas de quoi créer l’enthousiasme si nécessaire. Mais difficile de ne pas partir de là.

Syriza, dans sa phase de construction entre 2003 et 2013, a agi ainsi : c’était une « coalition de la gauche radicale ». Elle a fait barrage aux fascistes d’Aube dorée et elle est passée devant le Pasok pour parvenir au pouvoir.

Au Portugal, alors que les désaccords à gauche étaient historiques et immenses, alors qu’ils paraissaient insurmontables, les électeurs ont donné une majorité de 21 sièges d’avance à la gauche PSP, PCP, Bloc de gauche. Les trois groupes avaient le choix : renoncer à exercer leur majorité et laisser la droite gouverner encore ou s’allier ! Ils l’auraient payé cher ! En 72 heures ils ont rédigé une plate-forme commune pour gouverner. Oh, c’est très loin d’être parfait : débats, controverses, difficultés continuent et continueront tant qu’il n’y aura pas de transformation anticapitaliste. Mais c’est autrement mieux que les sales coups que Macron fait pleuvoir sur les nôtre, et que tout ce que les libéraux font subir aux autres peuples de l’Union européenne !

Susciter l’envie, initier un chemin

Toutefois, un simple accord au sommet ne suffit pas ; il faut qu’une dynamique naisse, notamment sur le plan électoral. Or, les votes vont à la notoriété, à la présence, à l’action, à la force, autant sinon plus qu’aux détails du programme. L’union est un combat permanent. Les millions d’électeurs ne votent pas tant sur le programme que sur ce qui leur apparaît comme les chances de le réaliser…Si une démarche commune et fédérale démarre, elle intéressera vite un premier cercle de sympathisants et deviendra vite populaire. Si elle pousse l’opinion, tout penchera plus loin, plus facilement à gauche. Essayez de susciter une dynamique populaire sans passer par les partis et coalitions ! C’est impossible. Et si vous agissez comme nous le préconisons, alors vous aurez infiniment plus de chances d’aller plus loin et de dépasser les partis, et leur coalition telle qu’elle se présentait au moment des premiers accords.

Ce type de pas en avant vaut mille fois plus que la sanctification du meilleur des programmes.

Aux élections européennes du 26 mai 2019, les sondages l’indiquaient clairement : s’il y avait une liste unique de ces groupes, la gauche était en tête, au-delà de 30 %. Lors des débats télévisés, les six listes de gauche tenaient, aux yeux de millions de salariés, un langage voisin. En cas d’unité la dynamique aurait peut-être été plus loin que 30 %, tant le rejet de Macron était fort. Mais avec six listes de gauche entre 13,7 %, 6,6 %, 6,5 %, moins de 3 %, moins de 3 % et 0,5 %, l’immense majorité de l’électorat de gauche s’est abstenue sans même lire les programmes en détail. Le sentiment dominant a été que c’était raté, l’écœurement a fait le reste, il y a eu 48 % d’abstentions, en majorité dans le salariat.

Ce serait pareil pour la présidentielle à venir, car c’est un scrutin si pervers, si complexe, si clivé sur la personnalité qui va gagner et ensuite emporter la majorité aux élections législatives, que les décisions imposent calculs et coalitions préalables. Macron amène Le Pen, sa politique libérale brutale le condamne à ne pouvoir apparaître comme un « barrage » à Le Pen. Pourquoi y aurait-il un sursaut en sa faveur ? Le danger est donc grand s’il n’apparaît pas une autre issue à gauche ! Et elle ne pourra se faire sans unité à partir des groupes préexistants.

L’élaboration d’un nouveau programme de gouvernement prenant en compte les luttes du salariat, dans son ensemble, mais aussi le féminisme, l’antiracisme et la lutte contre le basculement climatique, devrait être la boussole de tous ceux qui veulent éviter le pire et unifier sur ce programme.

À ceux qui affirment qu’un tel regroupement ne serait pas « crédible » pour la masse des électeurs ou que le programme qui en découlerait serait « trop à gauche » pour l’emporter, nous feront remarquer que, quand ils se sentent libres et surs des choix qui vont être faits, les électeurs français n’ont pas peu de grand chose. Lors du premier tour de la présidentielle de 2002, ils ont donné jusqu’à 11,5 % des voix aux trois groupes trotskistes (NPA, LO, POI) qui existaient alors. À l’époque, Lionel Jospin paraissait gagnant presque à coup sûr au second tour et les salariés ont donc poussé plus à gauche. Pour indiquer la voie qu’il fallait emprunter.

Ne pas rééditer 2017, ni 2002, mais 1936 !

En 2012, les études l’avaient bien démontré : l’électorat de François Hollande et celui de Jean-Luc Mélenchon était le même. Là où Hollande était fort, Mélenchon était fort ; là où Mélenchon était fort Hollande était fort. Ils ne s’opposaient pas ; ils se complétaient et de nombreuses et fortes passerelles existaient. C’est faute d’alliance, et par les choix réactionnaires de Hollande & Cie, que tout est allé à vau-l’eau.

En 2016-2017, si elle était réalisée, l’unité Mélenchon-Hamon était donnée en tête au second tour, dans tous les sondages qui l’étudiaient. Puis, la dynamique alla vers Mélenchon et des millions d’électeurs socialistes se prononcèrent finalement pour lui – en tant que candidat le mieux placé – afin qu’il y ait un candidat de gauche présent au second tour. Il obtint 19 %. Il aurait franchi le cap s’il avait pu convaincre les 6 % d’électeurs, qui restèrent à Benoît Hamon, de voter pour lui. Mais c’était impensable sans un accord politique signé et public entre les deux candidats. Ni Jean-Luc Mélenchon, ni Benoît Hamon, ne voulurent de cet accord qui aurait abouti à une situation inédite où Mélenchon aurait été président et Hamon Premier ministre, inaugurant une nouvelle page de l’histoire de la gauche en même temps que de la République… Ils perdirent séparément et nous firent perdre tous ensemble, en permettant l’irruption de Macron.

Décidément, le meilleur des programmes ne suffit pas, sinon cela fait longtemps que le socialisme l’aurait emporté partout… La première condition de la victoire, ce n’est pas le programme, c’est l’unité. La victoire des forces constituant le Front populaire, en mai-juin 1936, est là pour nous le rappeler. Le programme du Rassemblement populaire était largement en deçà des revendications de la CGT réunifiée, comme de la SFIO et du PCF. Mais les salariés n’ont pas voté pour le catalogue de vagues mesures et de bonnes intentiosn mis au point en quelques semaines par les forces de gauche ; ils ont voté pour la victoire qui était enfin à leur portée ! Ils ont voté pour l’unité !

La seconde leçon de 1936, c’est que pour gagner vraiment, une « insurrection civique » ne suffit pas. Il faut une « insurrection sociale ». Il faut que le mouvement social soit assez puissant pour mobiliser, marquer les esprits, imposer ses thématiques et ses revendications dans la campagne électorale, faire pression, en tant que dépositaire de la victoire politique, sur le pouvoir fraîchement élu. C’est ainsi que des conquêtes démocratiques et sociales peuvent actuellement être obtenues. Si l’unité politique et syndicale s’ébauche, même à tâtons, des millions d’électeurs salariés y verront à juste titre une promesse de lendemains meilleurs !

Pour une dynamique novatrice

S’il y a un émiettement désastreux à gauche, il y a aussi a contrario des raisons d’espérer.

Plus personne ne peut prétendre à l’hégémonie. Le centre de gravité de la gauche est bel et bien à gauche. Et c’est autour de ce centre de gravité qu’on peut reconstruire. Les différents appels qui ont éclos au lendemain des européennes du 29 mai 2019 convergent largement sur le fond. Rien ne justifie qu’une nouvelle hégémonie apparaisse. De Place publique au NPA, si des différences existent, il y a aussi un champ de convergences important.

C’est de là qu’il faut partir, en acceptant de discuter de toutes les questions sans exclusive. Dans l’immédiat, la convergence des appels (Marée populaire, Sursaut, Big Bang, Convergeons…) est un premier pas. Cette convergence peut se décliner sur tous les territoires et engager une dynamique salutaire. La constitution d’un comité de liaison ouvert de toute la gauche politique, sociale et écologique serait un pas supplémentaire.

Sans attendre, c’est la responsabilité de chacune et de chacun d’organiser ces convergences dans des assemblées citoyennes ouvertes, des collectifs locaux sur le social, l’écologie, la démocratie.

Le fait de mener des campagnes communes sur ADP, évidemment sur les retraites, sur le droit du travail et les licenciements, mais aussi sur le climat, sur l’assurance chômage, sur les services publics ou encore sur la santé, est le gage d’une dynamique féconde. Alors, allons-y ! »

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[Municipales 2020, les positions de gauche] PCF: Mieux vivre dans nos villes et nos villages

Dans le cadre des élections municipales 2020, nous publions les appels électoraux des différents partis de gauche. Voici l’appel du PCF :

« Mieux vivre dans nos villes et nos villages !

Vous voulez :

– Des communes solidaires contre les politiques libérales ?
– Des villes et des villages avec des services publics proches de nos besoins ?
– Plus de démocratie dans votre commune ?

Nous aussi !

Le gouvernement plonge des millions d’entre nous dans la souffrance, la misère et la précarité.
Pour construire une alternative juste, solidaire et écologique : faisons de nos villes et de nos villages des lieux de reconquête populaire. Votons pour des élu·es de terrain, des élu·e·s de proximité !

LES PROPOSITIONS que nous portons POUR NOS COMMUNES

DES SERVICES PUBLICS DE PROXIMITÉ

– Finançons des politiques variées et ouvertes au plus grand nombre, des crèches aux EHPAD en passant par les écoles et les équipements sportifs et culturels.
– Exigeons de l’État les moyens fi nanciers nécessaires au déploiement des services publics municipaux et au bien-être des agents.
– Pratiquons des tarifs basés sur les quotients familiaux.
– Mettons les entreprises à contribution et exigeons des prêts à taux zéro.

DES LOGEMENTS DE QUALITÉ POUR TOUTES ET TOUS :

– Réclamons la hausse des APL et plus de financements pour les bailleurs sociaux !
– Atteignons 25% de logement social dans nos communes, et 40% dans chaque projet d’aménagement.
– Construisons des immeubles intergénérationnels et adaptés aux personnes porteuses de handicap.
– Encadrons les loyers et interdisons les expulsions sans relogement.

LA DÉMOCRATIE : AU COEUR DE MA COMMUNE

– Associons les citoyen·ne·s à chaque décision : référendum, comités de suivi de projets (reconstruction, culture,…), réunions d’information,
conseils de quartiers,…
– La démocratie est un apprentissage : multiplions les Conseils d’enfants consultatifs et décisionnels !
– Donnons le soutien financier nécessaire aux associations dans nos villes.

EMPLOI ET ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE

– Généralisons les clauses sociales d’insertion par l’emploi.
– Développons une économie sociale et solidaire.
– Accompagnons les demandeurs d’emplois : généralisons les bourses au permis et les rencontres de l’emploi.
– Privilégions le petit commerce local à l’ouverture de grandes enseignes commerciales.

L’ÉCOLOGIE COMME PRIORITÉ

– Rénovation thermique, géothermie, biomasse, végétalisation de l’espace public : faisons de la commune le territoire central du développement
durable.
– Accompagnons les productrices et producteurs, les consommatrices consommateurs vers une agriculture éco-responsable.
– Déployons une politique de transports en commun de proximité et voies douces, adaptée aux espaces et à la mobilité de chacun.e.

L’ÉGALITÉ ET LA LUTTE CONTRE LES DISCRIMINATIONS

– Sensibilisons dès le plus jeune âge à l’égalité, notamment femmes-hommes, par la mixité dans le jeu, l’enseignement, la vie associative, sportive et culturelle.
– Partout, luttons contre les discriminations racistes, sexistes, LGBT+phobes.
– Développons les formations des agents municipaux pour l’accueil des victimes de violence.

LA SANTÉ POUR TOUTES ET TOUS

– Développons la prévention des risques sanitaires : buccodentaire, MST, cancer…
– Créons des centres de santé municipaux ou intercommunaux pour combler les déserts médicaux !
– Augmentons la part des produits bio et durables dans la restauration scolaire.

VOTONS POUR des élu·e·s de combat !

Ces propositions sont déjà expérimentées dans les communes où nous avons des élu·e·s.
Pour re-développer les entreprises et notre industrie locale, rouvrir nos bureaux de poste, nos écoles, gares, hôpitaux, caisses
d’assurance maladie, privilégier le bien public : faisons de nos communes des lieux de résistance et de conquêtes !
Nous voulons montrer qu’une politique basée sur la démocratie, les services publics et la justice sociale est possible. »

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[Municipales 2020, les positions de gauche] Lutte Ouvrière: faire entendre le camp des travailleurs

Dans le cadre des élections municipales 2020, nous publions les appels électoraux des différents partis de gauche. Voici l’appel de Lutte Ouvrière :

« Élections municipales : faire entendre le camp des travailleurs

Le 15 mars, aura lieu le premier tour des élections municipales. Dans les petites communes, les candidats sont le plus souvent des personnes dévouées à la collectivité, prêtes à donner de leur temps et de leur énergie pour tenter de résoudre mille et un problèmes dans l’intérêt général. Les maires sont en outre proches de la population. Dans les villes importantes, c’est une autre affaire, car la mairie dispose de toute une administration et elle est un enjeu pour des notables. Il s’agit alors moins de dévouement que de pouvoir.

Bien des politiciens ont utilisé leur mandat de maire comme un tremplin. Les députés macronistes l’ont d’ailleurs compris : redoutant d’être délogés du pouvoir dans deux ans, nombre d’entre eux se présentent aux municipales pour préserver leur carrière. Édouard Philippe, Gérald Darmanin et quelques autres ministres font ce calcul : tout en restant au gouvernement, ils sont candidats pour se ménager  un avenir. Le PS et la droite, après avoir été sèchement écartés du pouvoir en 2017, aimeraient retrouver enfin des couleurs.

Quant au Rassemblement national, dans les quelques communes qu’il dirige depuis 2014, il a montré ce qu’il était. Il a pris des arrêtés antimendicité ou a supprimé la gratuité de la cantine scolaire pour les enfants des familles les plus pauvres, et a même essayé d’expulser une association d’entraide comme le Secours populaire de ses locaux. Et il continue à diviser les travailleurs selon leur origine ou leur religion. Le parti lepéniste revendique de gérer les communes, en espérant, demain, pouvoir gérer le pays. En fait, tout autant que les autres partis, il aspire à aller à la soupe gouvernementale pour servir les riches. Pour tous ces gens-là, les élections municipales sont un enjeu politicien.

Les travailleurs conscients de leurs intérêts ne peuvent voter pour une liste lepéniste, ni macroniste bien sûr. Ce n’est cependant pas dans les urnes qu’ils pourront mettre en échec la politique antiouvrière de Macron et de son gouvernement, mais dans les grèves de masse et les manifestations. La mobilisation contre la réforme des retraites se poursuit. Comme l’ont montré les manifestations de la semaine dernière, cette bataille n’est pas finie.

Les élections peuvent permettre au moins de se compter et de faire entendre le camp des travailleurs. C’est pourquoi Lutte ouvrière, à défaut de pouvoir être partout, présente des listes dans un certain nombre de villes.

Nos candidates et nos candidats ne sont pas des politiciens ni des notables. Ils affirment fièrement leurs idées communistes et révolutionnaires. Ce sont des ouvriers, des employés, des manutentionnaires, des techniciens, des caissières, des agents d’entretien, des hospitaliers et des enseignants. Ils partagent la vie et les difficultés des travailleurs. Ils sont engagés dans le combat contre la réforme des retraites et contre toutes les attaques dont les travailleurs font l’objet.

Ils ne disent pas : « Votez pour nous et les choses changeront ». Il n’est pas possible, à l’échelle d’une commune, de changer réellement la vie des travailleurs. Le pouvoir appartient aux capitalistes et à l’État. Les communes populaires, en particulier, sont prises en étau entre les besoins criants et le manque de moyens pour y faire face. En revanche, une commune dirigée par des révolutionnaires pourrait être un point d’appui pour organiser, avec les travailleurs, leurs combats : contre des licenciements, pour soutenir des grèves, contre les expulsions locatives ou encore pour la réquisition de logements vides. Une telle municipalité mettrait ses moyens matériels à la disposition de ceux qui luttent. Elle chercherait à instaurer localement une démocratie ouvrière, en associant à ses décisions les travailleurs, leurs syndicats et leurs associations.

Et même en minorité dans un conseil municipal, des élus de Lutte ouvrière pourraient être les yeux et les oreilles des classes populaires. Ils se feraient les porte-parole de leurs intérêts contre ceux des riches. Ils dénonceraient les promoteurs immobiliers et les capitalistes qui vivent aux crochets de la collectivité, et les notables qui les arrosent.

Alors, le 15 mars prochain, en votant pour les listes de Lutte ouvrière, les travailleurs conscients de leurs intérêts pourront se faire entendre. Avant comme après cette échéance, il faudra poursuivre la lutte, car l’offensive de Macron et Philippe, ces pantins qui gouvernent au profit du grand capital, ne s’arrêtera pas avec les municipales. »

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Politique

Le député PCF André Chassaigne dans la revue américaine Jacobin

Interviewé par la principale revue de la Gauche américaine, Jacobin, André Chassaigne  du PCF prône le suivisme par rapport aux syndicalistes et aux gilets jaunes. C’est là assumer de nier la primauté de la Politique.

La revue Jacobin est très bien faite, très bien écrite, avec une mise en page aérée, bref c’est une revue de très haute qualité. Elle est américaine, elle est de gauche, donc c’est plutôt sympathique. Le souci c’est que c’est de la Gauche américaine, donc c’est simplement « progressiste », coupé du mouvement ouvrier, et sans les expériences importantes comme on en a fait en Europe. Mais c’est une Gauche qui fait l’effort de se tourner vers le monde ouvrier, ce qui est déjà totalement différent d’en France.

Toutes les limites de la démarche se reflètent à la lecture d’une interview d’André Chassaigne, député du PCF depuis 2002 (traduite en français ici). En effet, cela n’a aucun sens de demander quelque chose au sujet de la lutte contre la réforme des retraites à quelqu’un relevant de la Gauche politique. Car la Gauche politique n’a pas été présente dans cette lutte. Bien entendu, il y a des gens de gauche qui se sont mobilisés. Mais sur le plan de l’initiative, des idées, de la culture, des mentalités, il n’y aucune dimension politique. C’est une lutte syndicaliste de bout en bout.

Jacobin le sait d’ailleurs et explique son intérêt par la défense du « modèle social français ». Et, naturellement, le député André Chassaigne est ravi de pouvoir répandre ce qui est son propre discours également, consistant précisément en un « système social français » qui serait né en 1945 et qu’il faudrait défendre contre le libéralisme. Sauf que ce faisant, il oublie que c’est le capitalisme lui-même qui a développé l’État-providence, notamment par l’intermédiaire d’une social-démocratie abandonnant toute référence au Socialisme.

Le « modèle social français » est tout autant suédois, autrichien que belge. Parce que cela a été une tendance irrépressible du capitalisme lui-même. Ayant suffisamment grandi, devant de toutes façons lâcher du lest en 1945, il a littéralement intégré la classe ouvrière dans le capitalisme par la consommation de masse et l’institutionnalisation des syndicats. Résumer cela à des « acquis » conquis de haute lutte, alors que le capitalisme était ravi, c’est ne pas voir les faits en face.

D’ailleurs, le capitalisme n’entend nullement supprimer l’État-providence, ce qu’il cherche, c’est à le réorganiser, le pressuriser, le pousser dans tel ou tel sens. Mais tout comme la gratuité de l’école ou pratiquement des études en général en France, il ne va pas démonter des structures totalement en sa faveur, tant sur le plan de l’organisation des gens que des idées inculquées. Le discours misérabiliste prétendant que les gens sont, dans un État capitaliste très puissant, au bord de la misère, est totalement mensonger.

Que révèle précisément ce misérabilisme ? Qu’on est dans la fiction, et André Chassaigne est tout content de pouvoir la vendre à la revue américaine Jacobin, qui ne peut pas deviner qu’il raconte n’importe quoi, comme lorsqu’il dit au sujet des gilets jaunes :

« Il faut le dire, les syndicalistes ont initialement vu le mouvement avec un certain degré de suspicion. Ils ont vu des gens dans la rue alors qu’ils ne manifestaient jamais et se sont dit « mais nous avons déjà manifesté pour ça. »

André Chassaigne ment-il sciemment, ou est-ce de la mauvaise foi ? Car évidemment les syndicalistes ne se sont jamais dit cela, tout simplement parce qu’ils n’ont jamais manifesté contre l’augmentation du prix de l’essence. La vérité est que les syndicalistes n’ont pas réagi en syndicalistes, mais en gens de la Gauche politique dont ils relèvent aussi souvent, et qu’ils ont immédiatement compris que les gilets jaunes était un mouvement plébéien, relevant de ce qu’on appelle le Fascisme.

Et, par incapacité à assumer la Gauche, une partie des syndicalistes a finalement convergé vers ce mouvement rétrograde, ultra-populiste, hostile à la classe ouvrière dans sa nature même, ce que les ouvriers ont très bien compris en n’y participant à aucun moment.

Parler alors comme le fait André Chassaigne d’un rapprochement entre le « mouvement social » et les gilets jaunes, c’est très précisément refuser d’assumer la lutte des classes – lutte des classes n’ayant rien à voir ni avec le mouvement syndicaliste contre la grève des retraites, ni avec les gilets jaunes. D’où justement le suicide anti-politique proposé par André Chassaigne :

« [Question:] Qu’est-ce que votre groupe a prévu de faire à l’Assemblée nationale ces prochaines semaines ?

Nos centres d’activités politiques est d’agir en tant que porte-parole du mouvement social. Au parlement, nous passons en revue les demandes du mouvement social et disons la vérité sur l’ampleur du mouvement — toujours très fort, même si certaines personnes nous font croire le contraire. Dans tout ce que nous disons, nous respectons pleinement les choix pris par le mouvement social. C’est aux syndicats et aux travailleurs de décider dans quelles luttes ils s’engagent et comment ils s’y engagent.

Notre travail implique aussi de collaborer avec d’autres organisations progressistes pour trouver des propositions pour améliorer le système actuel, comme je viens juste de le décrire. Nous devons être bien plus qu’une simple opposition. »

Améliorons le système, mais ne le critiquons pas. Soyons simplement à la remorque des syndicats. C’est là fort bien résumé la position de la Gauche en France, à part peut-être du Parti socialiste initialement, ainsi que de Lutte Ouvrière ou des Maoïstes, de par leur méfiance, voire leur hostilité aux syndicats. Mais il n’est guère compliqué de deviner que jamais la Gauche n’avancera ainsi et que d’ailleurs elle n’a jamais procédé ainsi. Historiquement, la Gauche politique a toujours primé sur le syndicalisme.

En quoi les syndicalistes ou les gilets jaunes défendraient-ils d’ailleurs le « modèle social français », alors que c’est le cadet de leurs soucis ? Il suffit de lire leurs revendications, qui combinent revendications économiques d’une part, dénonciation plébéienne d’Emmanuel Macron de l’autre. Ni les uns ni les autres ne raisonnent en termes politique, ni ne raisonnent tout court d’ailleurs. Et il faudrait pourtant les suivre ?

Jamais la Gauche ne s’en sortira en agissant ainsi. Il faut des idées, il faut de la culture. Les syndicalistes et les gilets jaunes ne veulent ni les idées, ni la culture. Ils sont donc à mettre de côté et n’ont qu’un seul droit, celui de s’incliner devant la Gauche politique. C’est aussi simple que cela.

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Municipales 2020: la Gauche coûte que coûte… à la condition de l’unité

Si la Gauche ne s’unit pas, elle laisse un boulevard à l’extrême-Droite. Il faut donc appuyer cette unité à Gauche à tout prix. Quels sont les critères à avoir pour savoir s’orienter ? Il y en a deux : l’affirmation de la Gauche et l’unité. L’enjeu national doit prévaloir sur l’enjeu local.

Pour les élections municipales de 2020, il n’y a pas le choix, il faut voter. Qui ne le fait pas laisse s’installer une vague réactionnaire. Qui ne le fait pas ne contribue pas à l’unité de la Gauche dont on a impérativement besoin face à l’extrême-Droite.

Il y a donc deux critères qui apparaissent d’eux-mêmes : l’unité, la Gauche. Et il faut que cela soit assumé, ce qui n’est pas gagné aux municipales. Car les municipales, c’est historiquement la grande machine à corrompre. Le goût du pouvoir, les capacités financières, les magouilles avec les entreprises locales, le placement de proches, l’utilisation des moyens municipaux… la Gauche s’est historiquement faite broyée là-dessus. On peut interpréter l’histoire du PCF comme on le voudra, il n’en reste pas moins que son histoire s’est enlisée dans les gestions municipales plus ou moins opaques.

Déjà qu’il y a un problème à la base donc, il est d’autant plus essentiel que de ne pas voter pour des listes se présentant comme apolitiques. C’est très courant aux élections municipales et c’est une très mauvaise chose. Cela n’aide nullement à l’affirmation des valeurs de gauche. Cela renforce l’assèchement démocratique, ainsi que l’opportunisme. Et comme cet opportunisme est immense aux municipales…

Le pire exemple vient d’Anne Hidalgo. Ce n’est pas un secret qu’elle vise également la Présidentielle et que la ville de Paris est censée lui servir de tremplin. Elle s’évertue donc à se présenter comme une simple gestionnaire. Qui plus est, la capitale est remplie à moitié de « cadres et de professions intellectuelles supérieures » , elle devient de plus en plus un Disneyland pour touristes et pour grands bourgeois. C’est une ville culturellement littéralement perdue pour la Gauche.

Donc lorsqu’Anne Hidalgo présente une « Plateforme citoyenne pour un Paris écologique, solidaire et inclusif », on ne peut pas voter pour elle. Elle ne se dit pas de gauche, elle ne lutte pas en faveur de l’unité, c’est donc impossible. Il faut avoir en tête l’enjeu national.

Il est justement des cas totalement différents, qui sont simples. À Beauvais, Roxane Lundy assume de se présenter comme la « candidate de toute la gauche et des écologistes ». Sa liste unit le PRG, Generation-S, EELV, le PCF, le PS. À Bagneux, Marie-Hélène Amiable, qui est du PCF, est soutenue par le PCF, le PS, LFI, Génération-s et EELV.

À Saint-Étienne, il y a une liste soutenue par À gauche autrement, Génération.s, le Parti socialiste, le Parti communiste français, Place publique et les Radicaux de gauche. Le socialiste Pierrick Courbon est tête de liste. On a également la liste Tourcoing solidaire et engagée (LFI, PCF, de Génération-s, Ensemble, Nouvelle Donne).

Il y a des cas qui sont moins simples. Il y a ainsi une tentative de suicide à Béziers, où pourtant l’unité est primordiale, nécessaire coûte que coûte. Il faut faire tomber Robert Ménard ! Mais il y aura de manière totalement folle deux listes, portées par Nicolas Cossange (PC/PRG/PS) et Thierry Antoine (EELV/LFI). Comment faire ?

Et comment faire lorsqu’il y a plusieurs listes de Gauche ? Eh bien il faut se battre pour l’unité. Avec en tête l’enjeu national. Car finalement la question des municipales est simple. Il y a ceux qui privilégient l’enjeu local, basculant dans l’apolitisme, voire le populisme. Et ceux qui le relient à l’enjeu national et comprennent ce qu’est le sens des responsabilités.

Les municipales sont ainsi un grand test. Dont les effets vont se prolonger… Et cela alors que la Gauche est extrêmement faible. La sortir de cette faiblesse, telle est la véritable tâche à mener, l’arrière-plan véritable.

> À lire : notre page spéciale Les municipales 2020 à Gauche

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Après le mythe de la grève générale, le populisme du référendum

La grève générale n’étant clairement pas en vue, il fallait trouver un autre mythe mobilisateur de la part du PCF et de La France insoumise pour sauver la CGT. C’est l’Humanité qui s’est chargée de la mission, avec un grand appel à un référendum. Il faut sauver le soldat CGT.

Si la CGT coule, alors tout un pan de la Gauche s’écroule. Pas celle liée au Parti socialiste, car elle s’appuie de son côté sur des valeurs, un programme. Mais celle liée au PCF, à La France insoumise, au NPA, c’est-à-dire « à la gauche de la gauche », qui vit de surenchère.

S’il n’y a plus la CGT, il n’y a plus le levier de la surenchère. Et c’est la fin de tout. Il ne reste alors que les idées, le programme, les valeurs, et cela ne pèse pas lourd, tellement le populisme a fait des ravages.

L’ultra-gauche peut bien de son côté commencer à dénoncer une CGT qu’elle a entièrement soutenu jusque-là. Elle ne fait que revenir à son culte de la marginalité après un traditionnel suivisme syndical à la première occasion. Hier, les chasubles CGT, les cortèges CGT, aujourd’hui les postures de regret du manque d’élan, de la « trahison » des dirigeants. Rien de plus classique. On connaît l’adage : « la crise est une crise de la direction révolutionnaire ». L’ultra-gauche connaît son Léon Trotski.

Mais le PCF et LFI ont de l’ambition. Sans la CGT, il n’y a plus les moyens de cette ambition. Il faut donc agir avant qu’il ne soit trop tard. Ce qui se lit ici, c’est l’étrange rapport, très pervers, entre la gauche de la gauche et le syndicalisme. Il y a des non-dits, des zones réservées, un équilibre précaire mais en même temps une grande connivence, etc. Il y a un accord masqué qui, véritablement, pourrit la primauté de la politique et ce depuis les débuts de la CGT.

Il y a par conséquent une dépendance à la CGT, que le PCF et LFI la reconnaissent comme essentielle. Il faut donc sauver la CGT, qui va dans le mur. Mais comment faire pour ne pas la compromettre, pour qu’elle sauve la face ? D’où l’idée de demander un référendum, avec une pétition en ce sens, signée des principales figures de la « gauche de la gauche ».

La CGT, anti-politique, ne le signera pas, surtout lancée dans la grève, du moins officiellement. Si elle le fait, elle remettrait en cause sa propre logique syndicaliste. Elle ne peut donc pas vraiment être vexée. Surtout que c’est l’Humanité qui lance la pétition. On a aussi parmi les signataires Patrick Le Hyaric, qui est directeur de l’Humanité, ainsi que Bernard Thibault, ancien secrétaire général de la CGT.

Les angles sont donc arrondis. Et pour sauver le soldat CGT, on a Ian Brossat du PCF, ainsi que Adrien Quatennens et Jean-Luc Mélenchon de La France Insoumise. On a Marie-Noëlle Lienemann et Emmanuel Maurel de la Gauche républicaine et socialiste et Gérard Filoche de la Gauche démocratique et sociale.

On a Julien Bayou, qui est secrétaire national d’EELV, et Alain Coulombel, porte-parole d’EELV. On a Clémentine Autain de La France insoumise et Guillaume Balas, coordinateur de Génération-s.

On a également des figures d’arrière-plan, comme Pouria Amirshahi, ancienne figure majeure du syndicalisme étudiant et actuel directeur de publication de Politis, Willy Pelletier qui est coordinateur général de la fondation Copernic, Alain Obadia qui est président de la fondation Gabriel-Péri.

La liste initiale comporte également des avocats, des intellectuels, des chercheurs, des artistes, des économistes, etc. avec quelques ambulancier, sans profession et chauffeur poids lourd pour donner un côté populaire.

Est-ce que cela suffira ? Certainement pas. C’est même plus un signe d’effondrement qu’autre chose. Car la véritable actualité n’est pas dans ces noms. Elle est dans le fait que les hauts cadres du Parti socialiste ont également signé la pétition, et notamment Olivier Faure, qui est secrétaire national du PS, et Jean-Christophe Cambadélis, ex-premier secrétaire.

Qu’Olivier Faure veuille faire bien, soit. Mais que viennent faire les autres signataires, et notamment Jean-Christophe Cambadélis ? Ce dernier a un regard extrêmement précis et aguerri. Il disait tout récemment, avec justesse, au sujet des municipales :

« La gauche, elle, va toucher le fond de la piscine alors que le PS gardera pour l’essentiel ses bastions. Le PCF aussi, grâce à une alliance jugée hier impossible avec le PS. Même si ce sera l’arbre qui cachera la forêt des reculs du premier tour, la rupture avec la France insoumise va coûter chère au PCF et à la France insoumise.

Les écologistes seront globalement très hauts et devant les socialistes là où la gauche n’est pas sortante. Dans les villes de Besançon, Bordeaux etc. où la gauche est unie avec eux, ils peuvent même virer en tête. Reste que l’écologie est un vote de 1er tour, pas ou pas encore de rassemblement.

Quant à la France insoumise, elle est réduite à une posture de témoignage protestataire, ayant du mal à exister dans ce scrutin qui est pour elle encore plus difficile que les européennes. »

Et il ajoutait, présentant sa solution :

« Mais, encore une fois, le problème de la gauche c’est la faiblesse et le manque d’attractivité du PS. Ce n’est pas un problème de personnes mais une question structurelle. La marque est obsolète, il faut la refonder (…). Ce renouveau, cette réinitialisation du PS nécessite de dépasser le PS. »

Jean-Christophe Cambadélis croit-il qu’une Gauche, qu’il qualifie de « réformiste », peut naître d’un appel populiste à sauver une CGT antipolitique qui a mené un mouvement de protestation dans le mur ?

Cet appel au référendum est un suicide pour la Gauche politique. Il est une énième tentative de contourner les problèmes, les questions de politique, d’économie, de morale, de société, de valeurs. Il n’est aucunement possible d’échapper à la seule solution possible : constituer une Gauche consciente, organisée, structurée, établie de manière stricte.

Cela n’est pas possible avec une Gauche populiste, libérale culturellement, refusant l’organisation au nom de « mouvements », ne cherchant jamais à établir des structures locales menant un travail sur le long terme.

Le signe qu’on a ici, c’est que le Parti socialiste lui-même agonise – pas qu’il va contribuer à une structuration à Gauche. Sinon il ne se retrouverait pas là.

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Raquel Garrido et ses sous-entendus antisémites

Raquel Garrido est une cadre de la France Insoumise particulièrement agressive à l’égard de la Gauche, qu’elle veut ouvertement liquider au nom du populisme. Elle est revenue récemment, pour se justifier à sa manière, sur une provocation à propos du traitement favorisant selon elle les Juifs face aux musulmans. Ces propos ont été tenus la même semaine où se tenait la commémoration de la tuerie antisémite de l’Hyper Casher par un islamiste jihadiste, et devant un cadre du RN qui a pu tranquillement la qualifier d’antisémite.

Raquel Garrido incarne jusqu’à l’excès une figure beauf se pensant moderne, avec un style pseudo-populaire qui prétend ringardiser l’héritage de la Gauche et de ses luttes dans notre pays. En toute logique, elle participe régulièrement à l’émission « Touche pas à mon Poste » de l’animateur Cyril Hanouna, bastion de la démagogie populiste dans le paysage audiovisuel de la France. De son point de vue, cela permettrait d’y apporter « la voix » de ce qu’elle représente, c’est-à-dire qu’elle espère par ses interventions parvenir à faire gagner une surface à son mouvement, la France Insoumise, ou du moins à élargir celle-ci.

Ces interventions, dans un tel cadre, ont à chaque fois quelque chose d’outrancier et de ridicule. Outrancier car surjoué, dramatisé, vulgaire même pour tout dire. Et ridicule, car cela ne peut au mieux que constituer de la punch-line à twitter et parce que la plupart du temps, cela se termine dans les vociférations et les disputes dans lesquelles on ne peut plus même suivre où elle voulait en venir.

Mais au fond, elle n’a pas l’air de bien le savoir elle-même. Au moins une chose toutefois qu’il y a de lisible et de clair, car cela elle l’assume franchement, c’est sa haine et son mépris de la Gauche et de ses valeurs.

Le 9 janvier dernier elle a ainsi tenu au cours de l’émission un propos flirtant ouvertement avec un antisémitisme élémentaire. Pour situer, cela arrive lors d’une question sur le port du voile par les adultes accompagnantes lors des sorties scolaires. Une des autres chroniqueuses interpellait Yacine Bellatar, qui était invité, pour savoir s’il aurait eu la même indignation que celle qu’il manifestait en faveur du voile, s’il avait été question du port de la kippa.

La question posée étant : « s’il (Jean-Michel Blanquer, Ministre de l’Éducation nationale) avait dit pas de kippa, auriez-vous démissionné ? » et c’est alors que Raquel Garrido intervient pour affirmer : « s’il avait dit cela, il ne serait plus ministre ». Phrase qu’elle appuie et répète ensuite fermement.

Il faut bien comprendre que Raquel Garrido n’en est pas ici à son coup d’essai, que cela ne relève pas d’une forme de dérapage, ce qui serait déjà grave de toute façon. Depuis le mois de septembre, elle intervient régulièrement dans l’émission pour fustiger le CRIF, opposer le traitement que l’on réserverait aux musulmans par rapport à celui qu’on accorderait aux Juifs.

En un mot, elle affirme clairement qu’elle pense qu’une lutte de pouvoir devrait être menée face à l’influence communautaire des Juifs et de leurs organisations en France, car ces dernières auraient des positions de privilèges qui provoqueraient des injustices en particulier concernant les musulmans, et que cela devrait se faire précisément au nom de la laïcité.

Raquel Garrido voit donc des communautés, ou des lobbies même si elle refuse le terme, mais elle ne relie cela en rien au libéralisme. Elle ne voit pas de part sa position que l’atomisation même de la société est ce qui constitue le problème, et que les post-modernes considèrent précisément que la société devrait se résumer à des individus libres et déconnectés, sauf pour défendre telle ou telle dimension de leur existence. Pour les libéraux, il peut bien exister un « lobby juif » comme un « lobby islamiste » par exemple, dans le cadre d’une société pulvérisée et concurrentielle.

D’ailleurs, précisément, elle ne voit pas tellement de problème à cela. Ce qui la gène, c’est que des Juifs auraient des privilèges, de part la position et l’influence de leurs organisations. Prolongeant cela, elle refuse bien sûr de parler de l’antisémitisme, sinon pour dire qu’elle ne le serait pas. Elle pense ouvertement en revanche que le sujet serait de réduire l’influence des Juifs dans les médias et dans les sphères de l’État. Les islamistes et les nationaux-socialistes à la sauce Alain Soral ne disent pas autre chose.

On sort donc du cadre de la raison pour aller vers le soupçon délirant et complotiste visant les Juifs et leurs organisations, en réactivant ni plus ni moins que les fondamentaux de l’antisémitisme le plus convenu. C’est un trahison ni plus ni moins des principes et de l’histoire même de la Gauche.

Par conséquent, si la France Insoumise était une organisation de Gauche, Raquel Garrido aurait dû rendre des comptes et elle aurait été exclue. Mais la France Insoumise est une organisation populiste. Et sa lutte contre « l’oligarchie » et les « communautés », en contournant au maximum l’islamisme, ne peut que l’amener toujours plus à développer l’antisémitisme.

La semaine dernière, elle est donc revenue, accompagnée d’Alexis Corbière, son compagnon qui est aussi un cadre dirigeant de la FI, et qui a été élu député en 2017, pour revenir sur ses propos. Pas pour s’excuser ni même au moins clarifier sa pensée. Non. Pour mettre en accusation ses détracteurs de brandir à tout va « l’anathème » d’antisémitisme pour clore ainsi le débat. Il faut bien dire que l’on peut parler d’anathème pour l’antisémitisme. N’est-ce pas la moindre des choses ?

Ou bien faudrait-il faire comme si le nazisme, les persécutions ou le Génocide des Juifs européens n’avaient jamais existé ? Elle a même eu l’audace de dire, de hurler plutôt, que si Cyril Hanouna pensait qu’elle était antisémite, il devait la virer sur-le-champ, en reconnaissant que cela relève de l’inacceptable.

C’est bien ce qu’il aurait fallu faire. Et cela d’autant plus, comme s’il fallait encore en rajouter, que cette sortie, Raquel Garrido l’a faite en présence de Jean Messiha, un cadre dirigeant du RN qui était opposé ici non à Raquel Garrido, ce qui veut déjà tout dire, mais à Yacine Bellatar.

Jean Messiha représente la ligne anti-islamiste du RN et, étant d’origine égyptienne, il valide en outre le fait que le RN mette en avant non la question du racisme, mais celle du nationalisme. Yacine Bellatar, représentant ici le libéralisme post-moderne et ouvert aux islamistes, il n’y avait plus aucun espace pour une personne comme Raquel Garrido. Dans ce face à face, elle est littéralement écrasée par le nationalisme de Jean Messiha.

Dans le meilleur des cas, elle ne peut que soutenir le cosmopolitisme de Bellatar sur l’islamisme, alors même qu’elle se prétend anti-macronienne de manière radicale, dans le pire des cas, son populisme ne tient pas le coup face au nationalisme.

Elle aurait pu se taire au moins, mais elle a choisi une attaque, pour montrer en fait qu’elle était plus radicale que le nationalisme de Jean Messiha, sans être anti-islamiste, en saisissant une occasion d’opposer Juifs et musulmans, kippa et voile. Comment ne pas être affligé par un tel niveau ? On est là dans une attaque anti-populaire qui fait forcément bondir hors d’elle toute personne de gauche.

Jean Messiha n’a même pas eu besoin de réagir outre mesure, il l’a ouvertement taxé d’antisémitisme, élargissant l’attaque à l’ensemble de la FI. Et sur cela, ni Raquel Garrido, ni Alexis Corbière ne sont revenus. Mais que peuvent-ils opposer de toute façon à un RN qui les devance sur leur propre terrain ? Face au RN, le sol se dérobe sous leurs pieds.

Il faut bien voir ici l’urgence qu’il y a pour la Gauche à clairement rejeter les personnes comme Raquel Garrido et au-delà, toute démarche populiste. L’antisémitisme est une ligne rouge infranchissable pour la Gauche authentique.

Ce qu’on voit aussi, c’est qu’entre les assauts des post-modernes libéraux de tout bord et ceux des nationalistes, il n’y a pas d’espace pour un soi-disant « populisme de gauche », autrement qu’à être la « gauche » des nationalistes. Et on voit bien que la FI ne cesse de reculer ou d’être littéralement conquise par le RN dont elle contribue à paver la route.

Il faut être clair avec des personnes comme Raquel Garrido ou Alexis Corbière sur ce qu’est la Gauche et ses valeurs pour être en mesure de rompre avec le libéralisme et de faire face de manière conséquente au nationalisme. C’est une exigence historique de notre époque.

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Le site nosretraites.org par des partis de gauche

De nombreux partis et organisations de gauche ont lancé le site nosretraites.org, sur lequel sont faites des propositions unitaires sur la question des retraites et en opposition à la réforme gouvernementale.

Le site nosretraites.org est une plateforme commune, dans un style gestionnaire typiquement keynésien, avec une orientation sociale. Cela ne soulèvera probablement pas les foules et ne fera rêver personne, mais en attendant la démarche a le mérite d’exister et de rassembler assez largement.

Les organisations signataires de ce site et des propositions qui y sont formulées sont :

Ensemble, Europe Écologie-Les verts, Gauche démocratique et sociale, Gauche républicaine et socialiste, Génération-s, Les Radicaux de gauche, Nouvelle donne, PCF, Parti socialiste, Place publique, Pour une écologie populaire et sociale, République et socialisme, ainsi que Union des démocrates et écologistes.

Six « piliers concrets » sont formulés. On notera cependant qu’à défaut d’être véritablement « concrets », ils consistent surtout en une formulation inverse à la réforme gouvernementale, de manière quasi-symétrique  :

1- Améliorer le système par répartition ;
2- Garantir un droit à la retraite en bonne santé, pour toutes et tous ;
3- Une règle d’or (assurant la parité du niveau de vie entre les retraités et les travailleurs) ;
4- Meilleure prise en compte de la pénibilité ;
5- Une retraite minimum au niveau du SMIC ;
6- Réaliser l’égalité femmes-hommes.

Six « pistes de financement » sont également formulées. Là encore, ce n’est pas le « grand soir » de la lutte des classes, mais des mesures gestionnaires assez floues, n’engageant finalement à pas grand-chose :

1- mobiliser le fonds de réserve des retraites (un fonds d’investissement sur les marchés financiers, tout comme le très critiqué Blackrock, mais en version « public », c’est-à-dire géré par l’État) ;
2- assurer la compensation financière de l’État à la Sécurité sociale pour les pertes de recettes liées aux mesures d’exonérations de cotisations sociales ;
3- réflexion sur l’élargissant l’assiette de financement aux revenus du capital, et en particulier aux revenus financiers ;
4- maintien de la cotisation à 28,1 % jusqu’à 27 000 € de revenus par mois ;
5- création d’emplois, notamment dans les services publics
6- augmentation des salaires et l’application réelle de l’égalité salariale entre les femmes et les hommes

Le site est à retrouver à cette adresse : nosretraites.org

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Réactions à l’action commando contre la CFDT et nouvelles actions de la CGT mines-énergie Île-de-France

L’action commando de coupure du courant au siège de la CFDT a mis la CGT dans un embarras profond. L’ambiance est d’autant plus tendue que l’échec de la grève contre la réforme des retraites se pointe. La CGT mines-énergie Île-de-France a elle prolongé son initiative substitutiste en coupant le courant dans le sud de Paris.

Le plus simple, pour la CGT, cela a été de tenter d’oublier cette histoire d’un groupe menant une opération coup de poing, en mode commando, pour aller couper le courant au siège de la CFDT. Déjà la première occupation avait produit une situation intenable, mais alors là !

Il y a ainsi bien eu un communiqué de la CGT, mais il est resté très confidentiel, et surtout très mesuré, voire flou, pour ne pas dire obscur.

« Une nouvelle intrusion a eu lieu ce jour au siège de la CFDT afin d’y couper l’électricité. Cet acte, commis par des personnes non identifiées, est revendiqué par quelques syndicats de la CGT énergie.

La Confédération Générale du Travail ne cautionne pas de telles actions comme elle a déjà eu l’occasion de le dire à plusieurs reprises. Elle réaffirme son attachement à un débat démocratique dans lequel chaque organisation syndicale a le droit de défendre ses positions en propre.

Par ailleurs, la CGT dénonce l’attitude de mépris et de provocation permanente de la part du gouvernement qui ne cesse de stigmatiser les grévistes et qui fait clairement fi d’une très large opinion publique qui reste largement opposée à son projet.

La CGT soutient l’ensemble des salariés des industries électriques et gazières, comme des autres secteurs massivement en grève depuis plusieurs semaines, démontrant ainsi la forte opposition au projet de contre-réforme du gouvernement.

Elle appelle à une mobilisation massive dans tous les secteurs de l’économie, ce vendredi 24 janvier, jour de l’examen du projet de loi au Conseil des ministres »

Donc, si on ne sait pas qui c’est et qu’en plus ce sont seulement certains syndicats qui l’ont revendiqué, c’est comme si après tout rien ne s’était passé ! Par contre, pour ceux passant à la télévision, c’était forcément plus compliqué que dans un communiqué, alors il a fallu jongler.

À quelques minutes d’intervalle, deux secrétaires confédéraux ont ainsi réagi en cherchant le bon axe, de manière très différente. Fabrice Angei a pris ses distances avec « ce genre d’opération [qui] n’apporte rien au combat, voire même peut être contre-productif », tandis que Céline Verzeletti a défendu l’action en disant que ce n’était pas violent, préconisant même d’aller plutôt couper l’électricité à l’Élysée.

C’est qu’à la CGT, on joue le coup de Gribouille qui saute dans l’eau pour ne pas être mouillé par la pluie. Chacun cherche à tirer la couverture à lui alors que, forcément, la défaite s’affichant à l’horizon, il faudra bien rendre des comptes. Les couteaux s’aiguisent avec, à l’arrière-plan, la ligne négociatrice mais dure de Philippe Martinez et celle, dure mais négociatrice, de Laurent Brun de la CGT Cheminots et de Sébastien Menesplier de la CGT Mines et Énergie.

Le premier pense que la situation ne peut guère être favorable à la CGT et qu’il faut louvoyer, les autres veulent un retour à la CGT des années 1980, et au PCF des années 1980. Il y a d’ailleurs toute une base derrière ces derniers, avec par exemple le secrétaire général de la CGT Énergie Paris Cedric Liechti qui a expliqué sur un site lié à une partie de la CGT :

« C’est pour ça que le siège de la CFDT a été visé et qu’on a évidemment décidé de le revendiquer en tant que syndicat CGT et y compris, ne nous en cachons pas, par rapport à la sortie de Martinez d’il y a quelques jours suite à l’action de la coordination RATP SNCF où Martinez s’est désolidarisé de cette action et a apporté son soutien à Laurent Berger. Ça nous a paru totalement incroyable que notre syndicat apporte son soutien à une des principales courroies de transmission du capital et du patronat.

C’était donc aussi pour affirmer que nous, les bases CGT, on a aucun problème [avec cette action] et que nos positions sont extrêmement claires sur le rôle que joue la CFDT qui n’est sûrement pas un partenaire de la CGT. »

Non content de l’opération quasi comando au siège de la CFDT lundi, de nouvelles coupures d’électricité ont eu lieu dans le sud-est de la région parisienne hier. Celles-ci ont été directement revendiquées par le Secrétaire général de la Fédération CGT Mines et Énergie Sébastien Menesplier qui promet qu’il y en aura d’autres :

« Ce type d’action nous permet justement de faire mesurer au grand public que nous sommes en grève. Et donc, nous sommes médiatisés, on peut faire passer un message. »

En lieu et place de la lutte des classes, il y a donc la quête de bruit médiatique. Rappelons ici tout de même que si 75 000 électriciens et gaziers étaient en grève le 9 janvier 2020 selon la CGT FNME, ils n’étaient plus que 30 000 le 16 janvier. Cedric Liechti de la CGT Mines et Énergie Paris le reconnaît d’ailleurs lui-même pour justifier ce genre d’action et expliquer qu’elles vont se multiplier :

« la grève reconductible est encore minoritaire au sein de l’Energie. Elle est présente et active, s’organise très régulièrement de manière très visible. Pour l’instant, notre seule limite c’est l’élargissement à une plus large proportion de nos collègues. »

On est ici dans une fuite en avant typique du syndicalisme, par une tentative de compenser les faiblesses par l’action « directe ». Avec beaucoup d’hypocrisie également, puisque si l’impact sur l’économie était visé, en réalité tant le Marché d’intérêt national de Rungis que l’aéroport d’Orly disposent de systèmes de relais en cas de coupure de courant.

Ce n’est pas le cas bien sûr pour les familles qui se sont retrouvées sans électricité pendant plusieurs heures dans le pire des cas, ou de ces personnes coincées dans des ascenseurs. Mais cela ne semble pas être un problème et on a même Franck Jouanno de la CGT-Energie Val-de-Marne qui a eu le toupet de dire à la télévision :

« Ça me gêne mais bon il y a toujours des impacts. C’est pas non plus la fin du monde d’avoir une coupure, en général ça ne dure pas plus que la matinée. »

Ce n’est pas la fin du monde certes, mais ce n’est pas ainsi qu’on peut penser élargir un mouvement de grève dans le pays. Cela, les syndicalistes refusent de le comprendre. Entre l’UNSA et FO qui récusent la politique et la CGT qui n’en veut pas, il n’y a de place que pour la fuite en avant, et donc la défaite. Seule la Gauche aux commandes peut amener la victoire réelle d’une grève ! Les syndicalistes doivent se soumettre à la Gauche et ils le feront qu’ils le veuillent ou non.

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«Choose France»: le capitalisme tourne à plein régime en France

Emmanuel Macron ne s’en est jamais caché, son idéologie est celle de la bourgeoisie et sa préoccupation est l’élargissement du capitalisme. Il y a donc eu ce grand sommet au Château de Versailles ce lundi 20 janvier 2020 pour soi-disant mettre en relation des investisseurs, en fait surtout mettre en avant de grands investissements capitalistes et en faire une « bonne nouvelle ».

Huit milliards d’euros vont être investis en France selon le ministre de l’Économie Bruno Le Maire. C’est que le capitalisme tourne à plein régime en France et il s’agit pour ses défenseurs d’en faire la promotion coûte que coûte, pour masquer la crise profonde de ce système économique et gagner la population à sa cause plutôt qu’à la lutte des classes.

La notion d’« investissement » est très utile pour cela et c’est donc ce terme qui est largement mis en avant par la communication gouvernementale dans le cadre de ce sommet « choose France » (choisir la France). Les commentateurs médiatiques, les syndicats, les patrons de PME, les petits commerçants : tout le monde adore cette idée qu’il y ait des « investissements ».

Le tapis rouge a donc été déroulé pour 180 chefs d’entreprises français et étrangers au Château de Versailles, avec quasiment tout le gouvernement (19 ministres) mis à contribution pour cette grande fête du capitalisme. Les pires exploiteurs et destructeurs de la planète avaient donc hier tous les honneurs, dans l’un des endroits les plus prestigieux du monde. Étaient présents des dirigeants de Coca-Cola, Fedex, Google, Netflix, Hyundai, Samsung, General Electric, Mastercard, Rolls Royce, Unilever, Total ou encore BNP-Paribas.

Cela aurait été un succès et il faudrait se réjouir de quatre milliards d’euros investis à Saint-Nazaire pour construire d’immondes paquebots, ceux-là même qui nuisent à Venise, pour des croisières d’un vide culturel affligeant.

Il faudrait également se réjouir que Coca-Cola investisse un milliard à Dunkerque pour continuer à produire sa bombe à diabète et à obésité, ou bien de l’ouverture d’un siège français par Netflix, ce monstre anti-culture dont on se rendra compte dans quelques années qu’il a tué le cinéma avec des milliers d’heures de séries aussi insipides qu’interminables.

Il faudrait encore se réjouir des investissements des groupes d’interim Adecco et Manpower, de Mastercard, de Fedex, de la banque américaine JP Morgan, de Toyota, d’Ericson ou des groupes pharmaceutiques AstraZeneca, Bection Dickinson et Biogen.

Tout cela serait formidable et il faudrait bien sûr remercier le président, ce monarque républicain à la française, sans qui rien ne serait possible à lire le ministre de l’Économie Bruno Lemaire :

« #ChooseFrance est un succès: les investisseurs sont au rendez-vous avec 8 milliards d’€ d’investissements! Pour tous les Français, tous les territoires, cela veut dire plus d’emplois et de prospérité. Depuis l’élection d’@EmmanuelMacron notre pays retrouve sa puissance économique »

Mais quand on est à Gauche, on ne se réjouit pas de ces grands investissements capitalistes. Quand on est à Gauche, on sait qu’ils ne signifient que plus de capitalisme, plus de pénétration du capitalisme dans le pays, plus de soumission des travailleurs et de la population tout entière au règne de la marchandise.

La Gauche, si elle ne renie pas ses fondamentaux historiques, a beaucoup mieux à proposer que l’élargissement du capitalisme : le socialisme, le pouvoir de la classe ouvrière, la grande utopie d’un monde meilleur et tourné vers la nature, les animaux et tous les êtres humains de la Terre !

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Municipales: la Gauche rassemblée vote aujourd’hui et demain à Marseille

Il y a une large initiative d’union de la Gauche à Marseille en vue des municipales, sous le nom de Printemps marseillais. Après le retrait de la candidature de Benoît Payan du Parti socialiste dans un esprit unitaire, c’est l’écologiste Michèle Rubirola qui devrait mener la liste électorale. 4000 signataires de l’appel doivent valider aujourd’hui et demain par un vote le nom des 15 membres de l’équipe chargée d’animer la campagne.

Le processus d’unité de la Gauche à Marseille est très vif depuis plusieurs mois, avec différentes initiatives ayants convergé comme nous l’expliquions dans un article précédent. Il faut dire que la ville a pendant longtemps eu une identité populaire, avec beaucoup de maires de gauche durant le XXe siècle et que son passage à Droite depuis 1995 est devenu toujours plus insupportable, parallèlement à tout un tas de pratiques mafieuses gangrenant la ville.

L’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne faisant mort 8 morts et 2 blessés a provoqué un électrochoc à Marseille, commune la plus peuplée après Paris, qui a agi comme une sorte de catalyseur de l’envie de changement des gens à Gauche. Et pour cela, il fallait l’unité, absolument.

La candidature de Benoît Payan du Parti socialiste comme tête de liste semblait satisfaire de nombreuses personnes, surtout intéressées par le projet en lui-même plutôt que par son incarnation dans une personnalité. Il y avait cependant des réticences, venues surtout de la France insoumise (dont la figure de proue Jean-Luc Mélenchon, député des Bouches-du-Rhône), prétextant que l’étiquette Parti socialiste n’était pas acceptable.

Dans un esprit d’unité, Benoît Payan s’est donc retiré (voir son communiqué) et Sophie Camard, figure locale de la France insoumise, a indiqué qu’elle se ralliait à la démarche. C’est Michèle Rubirola, élue EELV au conseil départemental, qui devrait être désignée comme tête de liste à l’issue du vote aujourd’hui et demain.

Notons que Michèle Rubirola, qui se présente dans son communiqué de candidature comme étant « née à Marseille » et « médecin dans les quartiers populaires » pour mener le rassemblement des « forces de gauche, écologistes et citoyennes », a été suspendue d’EELV pour avoir rejoint l’initiative unitaire il y a plusieurs mois. Le parti « vert » maintien en effet pour l’instant une candidature solitaire, en refusant l’unité et en dénigrant le Printemps marseillais.

Le vote n’est ouvert bien évidement qu’aux signataires du Printemps marseillais (enregistrés avant le 19 décembre 2019). Il a lieu en ligne (via un mail) et physiquement, dans les locaux du journal de gauche La Marseillaise (19 cours d’Estienne d’Orves).

On retrouve aux côtés de Michèle Rubirola dans l’équipe soumise à l’approbation des votants :

Benoît Payan et Nassera Benmarnia du PS ;
Sophie Camard de la France insoumise ;
Jean-Marc Coppola et Audrey Garino du PCF ;
Ahmed Heddadi des Radicaux de gauche ;
Pierre Huguet de Génération.S ;
Cédric Matthews de la Gauche Républicaine et Socialiste ;
Marie Batoux du Collectif du 5 Novembre ;
Aldo Bianchi du collectif citoyen Marseille et moi ;
Olivia Fortin du collectif citoyen Madmars ;
Agnès Freschel de Zibeline ;
Pierre-Marie Ganozzi du syndicat enseignant FSU ;
Éric Semerdjian et Aïcha Sif.

La liste définitive des candidats ainsi que la désignation des personnes pour chaque secteur (l’élection marseillaise étant spécifique) se feront ultérieurement.

> Le site du Printemps marseillais : printempsmarseillais.fr

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La pétition du 5 janvier 2019: le tournant politique de la grève

Le Journal du Dimanche a publié une tribune appelant le gouvernement à stopper la réforme des retraites et à négocier avec les syndicats. C’est que la grève se prolongeant, tout risque de commencer à être bousculé socialement et d’ouvrir la porte aux révoltes. C’est hors de question pour la direction de la CGT et la gauche institutionnelle, tous deux à l’origine de la tribune. C’est une opération de récupération et surtout d’évitement de la lutte des classes, qui cherche à torpiller la gauche du mouvement de grève.

La grève continuant, les choses deviennent politiques, comme prévues. Qu’on le veuille ou non, on est dans une opposition entre des syndicats et le gouvernement, ce qui pose la question de la légalité, de la légitimité, donc de l’État.

C’est là ouvrir une porte à ce que la société française soit ébranlée. Tant mieux ! dit-on si on est de Gauche et qu’on espère enfin qu’en France, il y ait un mouvement populaire. Hors de question ! dit-on si on considère que tout doit rester dans le cadre institutionnel.

La tribune publiée dans le Journal du Dimanche du 5 janvier 2019 est ainsi très brève. En quelques lignes, on a un « appel au calme » signé des principales figures politiques classées à gauche, tels Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise), Olivier Faure (PS), Fabien Roussel (PCF), Julien Bayou (EELV), à quoi s’ajoute Philippe Martinez, le dirigeant de la CGT.

On a également parmi les signataires Gérard Filoche de la Gauche démocratique et sociale, Guillaume Balas de Génération-S, Raphaël Glucksmann de Place publique, Marie-Noëlle Lienemann de la Gauche républicaine et socialiste, Olivier Besancenot et Philippe Poutou du Nouveau Parti anticapitaliste.

De plus, pour faire bien, la liste comprend des comédiens, des historiens, etc. et dispose d’un site où signer la tribune-pétition.

« Une majorité de citoyennes et de citoyens le demandent : retrait de la réforme Macron !

Depuis le 5 décembre, des millions d’hommes et de femmes se retrouvent dans les grèves, dont beaucoup en reconductible, et les manifestations à l’appel des organisations syndicales.

Ils et elles rejettent la réforme du système de retraites que veulent leur imposer le président de la République et son gouvernement.

Ce projet n’est pas acceptable, car il est porteur de régression des droits de chacune et chacun : toutes les hypothétiques avancées proposées par le gouvernement devraient être financées par des baisses de pensions ou par l’allongement de la durée de la vie au travail. D’autres choix sont pourtant possibles.

C’est pourquoi nous demandons le retrait du projet présenté par le Premier ministre, afin que soient ouvertes sans délai de vraies négociations avec les organisations syndicales, pour un système de retraites pleinement juste et solidaire, porteur de progrès pour toutes et tous, sans allongement de la durée de la vie au travail. »

Tout est ici très compréhensible, voire logique même si l’on veut, s’il n’y avait pas le dernier paragraphe. Car s’il y a retrait du projet de réforme des retraites, qu’y a-t-il à négocier ?

C’est là qu’on comprend que cette tribune-pétition a comme cible toute la gauche du mouvement de grève, pour qui cette grève porte sur bien plus que la question des retraites. La pétition-tribune, très largement diffusée dans les milieux syndicaux, est une manière de limiter la question aux retraites, d’exiger une porte de sortie rapide à la crise.

C’est doublement criminel.

Déjà, car il s’agit de demander à Emmanuel Macron de réactiver la gauche institutionnel et la CGT, sur le dos de la grève.

Ensuite, car c’est espérer quelque chose d’un gouvernement fer de lance du capitalisme sur le plan des privatisations, ce qui est absurde.

À l’arrière-plan, la chose s’explique comme suit : Philippe Martinez, le dirigeant de la CGT, veut couper l’herbe sous le pied du syndicalisme dur à la CGT, et empêcher à tout prix que s’ouvre une nouvelle séquence de lutte, bien plus dure et généralisée.

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«En 2020 concrétisons l’espoir avec le Printemps Marseillais»

Le printemps marseillais est l’initiative d’union de la Gauche pour les municipales à Marseille. Le collectif mène depuis plusieurs semaines une série de réunions dans les différents quartiers de la ville, pour faire émerger les propositions.

Voici le texte publié pour ce premier janvier, afin d’encourager les marseillais à faire des propositions.

Notons au passage l’obstination sectaire de Jean-Luc Mélenchon de la France insoumise qui refuse cette union sous prétexte que la liste pourrait être menée par un candidat du Parti socialiste, alors que lui même a fait partie du Parti socialiste pendant de nombreuses années.

« Imaginez, nous sommes le 22 mars 2020. L’hiver touche enfin à sa fin. Les habitantes et les habitants de Marseille ont voté.

Le Printemps Marseillais est élu à la mairie de Marseille.

Le trône est jeté dans le Vieux Port. Maintenant, ce sont les Marseillaises et les Marseillais qui sont au pouvoir, représentés par l’équipe du Printemps Marseillais.
Grâce à votre soutien, nous avons réussi à prouver que l’alternative est possible, que l’espoir est arrivé et que Marseille va entrer dans une nouvelle ère.

Le lendemain, le soleil se lève sur une Marseille où tout est de nouveau possible. Passée l’euphorie de la veille, les équipes du Printemps Marseillais se retroussent les manches.

Il n’y a pas une minute à perdre.

Grâce à vous, à ces heures passées en réunions publiques et en groupes de travail, l’équipe du nouveau conseil municipal a un programme solide à mettre en place pour répondre aux urgences de la ville et lui redonner l’attractivité qu’elle mérite.

Dans les rues, un vent nouveau souffle, celui d’une vi(ll)e plus juste, plus verte, plus démocratique et plus dynamique est enfin possible.

L’année 2020 peut être cette année là. Elle doit être celle-là, celle qui voit la seconde ville de France à la place qui lui est dûe. Une ville où il fait bon vivre, en sécurité, où chacune et chacun ont les mêmes opportunités, où les écoles et les logements sont dignes de leurs habitants, une ville où on respire mieux, une ville innovante, une ville qui crée des emplois pour les Marseillaises et les Marseillais de tous les quartiers.

C’est cet espoir que porte le Printemps Marseillais en 2020 pour Marseille, pour vous, pour ses 860 000 habitants.

Et pour y arriver, le Printemps Marseillais fait le voeu de gagner et transformer Marseille. Parce qu’en 2020, le Printemps Marseillais craint dégun.

L’équipe du Printemps Marseillais

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Et vous quel serait votre voeu pour Marseille en 2020 ? Ecrivez votre message sur notre générateur d’espoir et partagez-le autour de vous ! »

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«Serons-nous débarrassés de Macron ou de la CGT?»

Il est un article sans intérêt de la revue de droite Causeur dont le titre dit par contre beaucoup de choses. Si la grève contre la réforme des retraites échoue, la CGT va profondément reculer et c’est un coup symbolique contre le « communisme ». Si Emmanuel Macron recule, il part perdant aux prochaines élections présidentielles et c’est un boulevard pour l’alliance Droite/extrême-Droite.

L’article de Causeur, en date du 31 décembre, reflète parfaitement les espoirs de la Droite et de l’extrême-Droite. Une partie importante de la bourgeoisie s’est rangée derrière Emmanuel Macron le progressiste, le moderniste. S’il échoue dans ses réformes, il perd sa crédibilité et cela laisse de la place pour une nouvelle proposition stratégique, celle d’une remise à plat sous la forme d’un tournant à la fois militariste et nationaliste.

Cela est d’autant plus vrai qu’une large partie de la Gauche ayant soutenu Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle, au nom du rejet de l’extrême-Droite, dit ouvertement aujourd’hui qu’elle ne le refera pas, que Marine Le Pen n’aurait pas fait pire, etc. C’est une position absurde, mais malheureusement de plus en plus partagée.

On retrouve ici l’illusion selon laquelle il faudrait la terre brûlée et tout reprendre à zéro. Comme si l’extrême-Droite allait attendre que la Gauche se reconstitue ! Il faut ici avoir conscience que le barrage à toute avancée de l’extrême-Droite est primordiale. Croire qu’un basculement dans une alliance Droite/extrême-Droite ne changerait rien, voire aiderait à reconstituer la Gauche, cela s’appelle une pensée suicidaire !

Il faut être réaliste et bien voir que l’échec de la grève contre la réforme des retraites implique un profond élan populiste. Inversement, la victoire de la grève implique un passage à la lutte de classes que les syndicats ne veulent pas. Les syndicats ne posent aucune question selon un agenda politique de gauche ; ce qui les intéresse, c’est leur insertion dans les rapports sociaux, comme leviers pour les négociations. Il n’en ressort donc rien.

L’incohérence est particulièrement marquée du côté de la CGT. Le 1er janvier, le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez était invité sur BFM TV et la radio RMC, et il a appelé à mener « des grèves partout, dans le public, dans le privé ». Cependant, cela ne se décrète pas et encore moins plusieurs semaines après le début du mouvement. Et jusqu’à présent, la CGT a toujours cherché à maintenir la chape de plomb syndicale, s’opposant de fait à l’affirmation du principe des assemblées générales au-delà des syndicats.

> Lire également : Assemblée générale et non intersyndicale ou gilets jaunes

La Gauche est donc coincée, car elle dépend d’une CGT qui refuse la politique, sans parler de Force Ouvrière qui est très violemment anti-politique et a toujours été opposé de la manière la plus farouche à l’hégémonie de la Gauche politique (ce qui n’est pas étonnant pour un syndicat ouvertement né avec l’appui de la CIA juste après la Seconde Guerre mondiale, afin de faire barrage à toute union de la Gauche en France).

Et la Gauche est aussi bloquée par l’immense faiblesse de ses forces, qui plus est éparpillée. Cela laisse peu de perspectives à part un intense travail de fond, qui accapare les énergies et qui est moqué par l’ultra-gauche s’imaginant la France au bord du grand soir, alors qu’on est bien plus proche de l’instauration d’un État autoritaire assumé, au nom de l’unité nationale.

Déjà Emmanuel Macron y est allé de sa petite phrase, lors de ses « vœux présidentiels » :

« 2020 doit ouvrir la décennie de l’unité retrouvée de la Nation.

Je vois trop de divisions au nom des origines, des religions, des intérêts. Je lutterai avec détermination contre les forces qui minent l’unité nationale et dans les prochaines semaines je prendrai de nouvelles décisions sur ce sujet. »

Emmanuel Macron a joué ici les mystérieux, mais l’on sait ce que cela signifie : la crispation militariste et nationaliste de l’État, parallèlement à celle du pays.

Seule la lutte de classes peut débloquer la situation. Et cela ne passe pas par la CGT, mais par son dépassement démocratique à la base, dans un élan populaire politique reconstituant la Gauche culturellement et politiquement.

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120 000 euros de capital pour chaque jeune de 25 ans: la proposition du bobo Thomas Piketty

Dans une vidéo Kombini, site plus connu pour raconter les dernières futilités concernant Drake ou Kim Kardashian que de contribuer à changer le monde, l’« économiste » Thomas Piketty présente sa dernière trouvaille, issue du dernier livre qu’il a à vendre : donner un « héritage » de 120 000 euros à chaque jeune à 25 ans. Voilà typiquement une idée de bobo n’ayant aucun sens des réalités.

Le capitalisme va mal ? Alors il faut le capitalisme pour tous ! Voilà la grandiose idée de Thomas Piketty, apprécié par les bobos du monde entier, à commencer par Barack Obama lui-même.

Le capitalisme serait donc tellement formidable qu’il faudrait que chacun puisse en profiter au début de sa carrière. C’est un peu comme au Monopoly : chacun la même mise de départ et c’est partie pour le grand jeu de la concurrence. Génial !

On a fait le calcul. D’après l’INSEE, les personnes ayant 25 ans durant l’année 2018 étaient 691 249. On multiplie par 120 000 et cela donne 82 949 880 000. Il faudrait donc 83 milliards d’euros par an.

Cela équivaut (d’après la loi de finance 2019) à l’addition de tout l’impôt sur le revenu (70,4 milliards nets) et de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (13,1 milliards nets).

Pour se donner une idée également, avec 83 milliards d’euros on a (toujours d’après la loi de finance 2019) quasiment les budgets consacrés à l’éducation et à l’Écologie/développement durable en France (85 milliards d’euros).

Plutôt que de doubler les budgets consacrés à l’écologie et à l’éducation (le plus gros budget), Thomas Piketty suggère donc que cela serait mieux d’en donner un bout à chaque jeune, pour qu’il fasse de son côté son petit bout de chemin capitaliste.


Comme par magie, cela résorberait les inégalités et le capitalisme deviendrait vertueux. Il faut vraiment être totalement imprégné de la pensée bourgeoise pour penser une telle chose… Mais cela n’est pas étonnant de la part d’un ancien de « Normal Sup’ » et de la London School of Economics.

Pour l’anecdote, il faut savoir qu’à l’époque où Dominique de Villepin voulait imposer à la jeunesse l’immonde Contrat Première Embauche, il mandatait Thomas Piketty pour faire une London School of Economics à la française à Paris.

Et dire que Benoît Hamon avait fait de Thomas Piketty son conseiller économique pour sa campagne en 2017… Tout cela parce qu’il a écrit un succès d’édition, Le Capital au XXIe siècle, qui en 2013 lui a accordé beaucoup d’estime dans les couches intellectuelles cherchant des réformes sociales mais à tout prix sans luttes des classes.

Quelle catastrophe pour la Gauche. Si Jean Jaurès, Léon Blum ou Maurice Thorez voyaient ça, ils n’en reviendraient pas.

Thomas Piketty se moque littéralement du monde ici avec ses 83 milliards d’euros par an tombés du ciel, comme s’il suffisait de le décréter pour faire apparaître tout cet argent, comme si la crise économique n’était qu’une invention de la Droite.

Une telle somme existe cependant, il n’a pas tord de ce point de vue là. Il faudrait la prendre aux riches, ou au « capital » comme il le dit pour se donner un genre « Karl Marx » (bien qu’il déteste Karl Marx, qui selon lui se serait trompé sur tout et n’aurait aucun contenu).

En l’occurrence, les riches, le capital, la bourgeoisie, ne se laisserait pas faire. Seul un pouvoir de gauche très fort, porté par les classes populaires menant une lutte de classe très intense, avec en tête la classe ouvrière massivement organisée dans des assemblées générales puissantes, pourrait arracher une telle somme, dans une situation quasi insurrectionnelle par ailleurs.

Il serait alors hors de question de disséminer tout cet argent individuellement à chaque jeune de 25 ans pour entretenir l’illusion du capitalisme ! La Gauche portée par les classes populaires aurait de biens meilleures idées pour ces moyens, en planifiant de manière rationnelle les dépenses dans un sens collectif et responsable.

Il paraît d’ailleurs que cela s’appelle le Socialisme. Et cela n’a rien à voir avec le populisme light et prétendument « de gauche » du vaniteux Thomas Piketty.

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Un 9 janvier choisi par des Ponce Pilate

Jeudi 19 décembre 2019 avait lieu auprès du Premier ministre une réunion avec les principales organisations syndicales et patronales. À la sortie, le dirigeant de la CGT Philippe Martinez avait été particulièrement bref en conférence de presse, annonçant une mobilisation le 9 janvier. Quelles allaient être les réactions le lendemain, alors que la grève dure déjà depuis seize jours et que le 9 janvier, c’est dans trois semaines ? On a pu voir que la base affirme que la lutte continue, mais en reflétant pour beaucoup l’état d’esprit anti-politique des syndicalistes.

Ce qui se passe est très simple à comprendre : d’un côté, les syndicats font monter la pression dans les négociations avec le gouvernement. De l’autre, les syndicats ont toujours accepté les négociations avec le gouvernement. Ils ne se conçoivent jamais comme pouvant agir d’en-dehors du système bien rôdé des négociations, de la reconnaissance institutionnelle.

On voit donc ici très bien l’hypocrisie de la direction de la CGT et de la CGT-FO, qui participent à une réunion avec le Premier ministre, alors qu’ils sont censés représenter la ligne d’un « non » catégorique. Ils auraient dû dire : on ne vient pas, on est contre, cela ne se discute pas.

Les dirigeants de la CGT et de la CGT-FO ont donc été très malins en refilant la patate chaude à la base en grève, en disant : maintenant, on se mobilise le 9 janvier. Car, entre temps, que va-t-il se passer ? En ne disant rien, les dirigeants de la CGT et de la CGT-FO n’assument rien, ni le choix d’une éventuelle « trêve », ni l’échec vers lequel on va.

Ils remettent à la base les responsabilités concrètes, tout en faisant du 9 janvier une date mythique comme le syndicalisme sait en produire. Ils se lavent les mains. Et quand on dit « la base », il faudrait plutôt dire « les cadres syndicaux », car il n’existe aucun élan démocratique à la base. Il y a des assemblées de type syndicaliste, avec beaucoup d’entrain, mais aussi beaucoup de prétentions.

De plus, le front syndical est sérieusement fissuré avec les jeux en solitaires de l’UNSA et de la CFDT. Le syndicalisme est particulièrement faible et en plus émietté, comment espère-t-on alors la victoire ? Sans unité, la défaite est assurée et elle est mal partie pour passer par les syndicats : seules des assemblées générales à la base peuvent la réaliser.

Les syndicalistes vivent dans leur bulle. Ils sont incapables de s’adresser à la population, de par leur tradition de rejet de la politique. Ils ne cherchent pas à convaincre le peuple, ils ont des attitudes simplistes de négociateurs et des réflexes corporatistes, ils n’ont aucune analyse des enjeux sociaux, politiques, culturels.

Il suffit de voir un syndicaliste et de l’écouter parler pour se dire : cette personne serait incapable de devenir ministre. Or, le peuple ne va certainement pas se mettre en branle pour d’aussi mauvais chefs, dont les intérêts primordiaux, et ce de manière assumée, sont les secteurs avec des retraites au régime spécial.

Il faudrait clairement que les syndicalistes passent la main à la Gauche politique, mais il ne le veulent pas. D’un côté il s’adressent au gouvernement, de l’autre ils ne veulent pas de politique ! C’est la tradition syndicaliste française, d’origine syndicaliste révolutionnaire. On court donc à la catastrophe.

Ceux qui vont profiter de l’affaire, ce seront les populistes, surtout d’extrême-Droite, qui commencent déjà à accuser les fonds de pension américain d’être à la manœuvre. Les populistes « de gauche » sont évidemment de la partie. C’est inévitable : refusant de reconnaître la bourgeoisie, tous ces gens doivent trouver un ennemi imaginaire. C’est aujourd’hui le capital financier américain, demain ce sera le capital financier américano-juif.

Voilà ce que va amener ce qu’on doit appeler, en parallèle avec le crétinisme parlementaire des opportunistes, le crétinisme syndicaliste. Les Ponce Pilate ne torpillent pas que la grève actuelle, mais également les avancées de la Gauche politique. Leur crétinisme syndicaliste détruit la politique et appuie les populismes.

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Mouvement de décembre 2019: les Français ne veulent pas le changement

On l’avait déjà vu avec les gilets jaunes, un mouvement anti-politique exigeant que tout revienne comme avant. On a la même chose avec le mouvement contre la réforme des retraites : les Français sont tournés vers le passé. Leur désir d’utopie est absolument nul. Et on le voit bien : culturellement, les syndicalistes sont profondément réactionnaires. Non seulement, tout cela est improductif, mais cela va produire un romantisme d’extrême-Droite, un « conservatisme révolutionnaire ».

Du point de vue de la Gauche, tout le monde sait qu’il y a une grogne sociale extrêmement profonde en France. On sait que cela va exploser et il y avait une sacrée chance pour que le mouvement de décembre contre la réforme des retraites en soit le déclencheur.

On a tout de suite vu que ce ne serait pas le cas. Seuls les secteurs concernés par les retraites spéciales devant disparaître se sont mobilisés en tant que tels, appuyés par quelques îlots syndicaux ailleurs. Mais il n’y a pas eu l’étincelle et, surtout, encore moins la flamme.

Les anarchistes cherchent à forcer les choses comme d’habitude, avec de la casse et des « blocages », mais cela ne fait qu’un contraste très fort avec des cortèges syndicaux littéralement sans âme. D’ailleurs, pour la manifestation du 17 décembre la police a quadrillé le terrain et anéantit les possibilités de casse à Nantes et à Paris… montrant bien que, dans les autres cas, il y a une mansuétude complète.

C’est qu’un régime cherchant à développer encore plus le libéralisme comprend bien que des ennemis comme les syndicalistes à la française et les anarchistes à la française, cela ne pèse pas lourd. Car les syndicats sont intégrés aux institutions et accepteront toujours finalement de négocier, alors que les anarchistes ne peuvent, par définition, rien proposer qui ait une dimension politique.

Si on ajoute à cela le côté fondamentalement ringard des Français – à part de la jeunesse qui connaît elle une véritable révolution sur le plan de la modernité, en décalage total donc – alors il ne peut rien se passer. En fait, on se demande même si c’est le même peuple qui a pu faire mai 1968 quand on voit le tableau actuel.

Il ne faut pas oublier ici que ces vingt dernières années, nombre de gens qu’on va dire « alternatifs » se sont exilés dans d’autres pays, ou ont mené un exil intérieur dans un isolement social prononcé. Des forces vives significatives ont été perdues, lassées du refus catégorique de la France de laisser émerger des démarches alternatives, en rupture avec le triptyque travail – famille – patrie.

Emmanuel Macron a pu, pour cette raison, apparaître comme un moderne, alors qu’il est simplement de la Droite libérale comme le fut Simone Veil. On a d’ailleurs toute une mouvance à l’américaine diffusant l’ultra-libéralisme en faisant passer cela pour du « progressisme » de gauche (PMA, GPA, LMGBTIQ+, légalisation du cannabis, droit au suicide, prostituées comme « travailleuses du sexe », écriture inclusive, théorie du genre, etc.)

Cette situation est puissamment corrosive et cela se lit dans les énormes succès de l’extrême-Droite dans les zones populaires. Ce phénomène est international par ailleurs, comme on le voit avec Donald Trump. Il y a une liquidation de toutes les valeurs du mouvement ouvrier sous les coups de boutoirs d’une petite-bourgeoisie universitaire « progressiste » – même les communiqués officiels centraux de la CGT utilisent en partie l’écriture inclusive, ce qui fait bien rire tellement les ouvriers sont, à juste titre, rétifs à une telle démarche idéaliste.

Ce qu’il faut craindre, si l’ennui syndicaliste et la vanité anarchiste se perpétuent à travers une situation de crise comme actuellement, c’est l’émergence structurée d’un romantisme « anticapitaliste » porté par l’extrême-Droite, qui profite de nombreux laboratoires d’idées pour échafauder des concepts, des styles, des « perspectives », etc.

Il faut le dire : on est dans le même cas de figure que l’Italie du début des années 1920, avec des libéraux, des syndicalistes sans utopie, une extrême-Droite « romantique » prête à se lancer. On va tout droit à la catastrophe.