Catégories
Écologie

Rassemblement anti-chasse à Paris le 13 octobre 2018

Le 13 Octobre se tiendra à Paris un rassemblement contre la chasse. L’objectif de cet évènement revendicatif « stop-chasse » est d’obtenir des pouvoirs publics une réforme de la chasse constituant un pas vers son interdiction. Il s’agit d’une avancée qui pourrait s’avérer décisive, même si ce mouvement est comme entravé de l’intérieur.

One voice Marche unitaire contre la chasse

L’association animaliste et non-violente One Voice a pris l’initiative d’un évènement à portée nationale qui se tiendra autour de la place de la République. Il consiste dans sa forme en une marche (dont le parcours n’est pas encore connu à ce jour) et d’un village associatif. De nombreuses associations ont déjà confirmé leur présence (voir la liste ici). Les participants réclament une réforme de la chasse qui se veut radicale.

Cette revendication est appuyée, en plus de la manifestation parisienne, par une pétition (que l’on peut signer ici) et relayée par un site internet dédié.

La réforme souhaitée tient en 10 propositions :

  1. indépendance de la police de la chasse ;
  2. interdiction de chasser les espèces en mauvais état de conservation ;
  3. interdiction de chasser en périodes de reproduction ;
  4. interdiction des pièges tuants ;
  5. fin des chasses dites « traditionnelles » (glu, lèques, lacs, pentes, tendelles)
  6. abolition de la vénerie sous terre pour toutes les espèces ;
  7. abolition de la chasse à courre pour toutes les espèces ;
  8. abolition de la chasse dans les espaces protégés (Parcs Nationaux, Réserves naturelles, réserves biologiques) ;
  9. deux jours par semaine sans chasse ni piégeage (dont le dimanche) et l’intégralité des vacances scolaires ;
  10. la visite médicale annuelle obligatoire pour le permis de chasse avec contrôle de la vue.

Cela intervient six semaines après la dernière rencontre au sommet de l’État ayant précédé la réforme de la chasse. « Stop-chasse » propose donc une stratégie de réforme contre réforme, en opposant un projet de réforme venant de l’extérieur du milieu de la chasse (et même clairement donc du camp anti-chasse) à la réforme voulue par les chasseurs eux-mêmes. C’est la première fois en France qu’un aussi grand nombre d’associations se regroupent pour lancer ce qui pourrait devenir un authentique débat démocratique sur la chasse.

Voilà une opportunité de rompre avec les critiques superficielles d’un Emmanuel Macron faisant des « cadeaux » au milieu de la chasse ou subissant l’influence quasi-surnaturelle des lobyistes de la chasse. Car les chasseurs ont su s’imposer en faisant de la politique. Alors, enfin, voici que le sujet de la chasse pourrait s’ouvrir à une critique radicale par un débat public.

L’enjeu est bel et bien démocratique, car, comme l’appel « stop-chasse » le relève justement, les chasseurs ne représentent que 3% de la population. Mais, bien évidemment, leur influence politique est nettement supérieure. Ceci, le mouvement « stop-chasse » ne se l’explique pas. L’appel se cantonne à une définition négative de la chasse qui n’est (justement) « ni un art de vivre, ni un loisir ».

Alors on voit la principale limite du mouvement. On envisage l’entrave à un véritable bond en avant dans l’offensive contre la chasse. C’est que d’un côté la volonté des organisateurs est de peser sur les institutions, et que, d’un autre côté, il s’agit d’un mouvement unitaire. Or, unitaire ne veut pas dire populaire. Le rassemblement est en fait un conglomérat de militants de différentes associations.

Le mérite d’une telle proposition est sa capacité d’organisation. Les associations enrôlent leurs adhérents et affrètent des autocars, impriment des t-shirt et des banderoles, entrent facilement en contact avec les services de police pour définir le tracé de la manif, etc. Mais les associations ne dépassent que rarement la somme de leurs adhérents les plus engagés.

On retrouve précisément ici le principal argument de défense des chasseurs face à leurs contradicteurs. Les chasseurs disqualifient toute critique en caricaturant les « écolo-bobo-urbains » dont les associations vivent de subventions pour défendre la nature sans jamais mettre les pieds à la campagne.

Le fait est que pour pouvoir imposer aux pouvoirs publics une réforme radicale de la chasse, il faut peser lourd et avec une grande légitimité. Pour être légitime, il est nécessaire de connaître avec précision la chasse qui, n’étant « ni un art de vivre, ni un loisir », constitue une activité qui structure de nombreuses branches de l’économie soit-disant « rurale ».

Hors des villes, les masses rurbaines, sont témoins de l’emprise qu’exercent les chasseurs sur la vie quotidienne en même temps que de nombreux autres aspects des problèmes écologiques. Aucun débat démocratique authentique sur la chasse ne prendra corps sans que le plus grand nombre de ceux qui y sont confrontés ne donne du poids aux arguments en faveur de l’abolition.

Alors, sans conteste, l’initiative « stop-chasse » est d’une grande valeur. Pour que le mouvement s’amplifie et qu’un débat de société favorable à l’abolition de la chasse s’initie, la manifestation en ville et par représentation des gens de territoires rurbains au travers d’associations ne suffira pas.

L’appel de One voice :

Le 13 octobre, One Voice appelle à une manifestation unitaire pour dire non à la chasse.

Soyons nombreux, le 13 octobre à Paris, pour dire que la très grande majorité de nos concitoyens reprouve cette pratique archaïque, son cortège de morts, de violence et de mutilations pour des millions d’animaux. Notre Président de la République couvre la chasse de cadeaux. Nicolas Hulot, son ministre démissionnaire de l’écologie a fini par comprendre que le respect de la faune sauvage ou la préservation des espèces protégées étaient les derniers de ses soucis. Rappelons à Emmanuel Macron que les chasseurs ne sont que 2% de la population et que nos voix sont bien plus nombreuses que celles de ces électeurs à gibecière. L’éthique de la chasse est la mort, ce n’est ni un art de vivre ni un loisir.

La chasse, sous toutes ses formes, est destructrice. Ces spadassins de la gâchette doivent comprendre que nous les combattrons, que nous ne sommes pas dupes de leur logorrhée d’écologistes autoproclamés qui prétendent sauvegarder la nature à coups de fusil. Les claquements des pièges tuants, les détonations des cartouches ou le raffut des cors de chasse à particules n’étoufferont pas les cris de terreur et de douleur de 45 millions de trépassés de la faune sauvage.

Le 13 octobre, affirmons votre volonté d’en finir avec la chasse et ses mascarades, ses fusils, ses pièges, ses traditions sanglantes et ses apparats prétentieux. Pour que chacun puisse aller à la rencontre de la faune et la flore de nos territoires sans risquer d’être victimes d’un piège ou d’une cartouche comme cette fillette de 10 ans, en promenade avec ses parents, grièvement blessée à Limoges par un chasseur qui visait un faisan, ce dimanche 16 septembre 2018.

A lire intégralement ici

Catégories
Société

Le droit à l’enfant en l’absence de choix d’un compagnon

Geneviève Delaisi de Parseval, psychanalyste, et Valérie Depadt, maître de conférence en droit, ont publié une tribune pro-PMA dans Libération. Leur grand argument est que les femmes auraient un droit à l’enfant, au nom de l’insatisfaction devant ce qui serait en quelques sorte le « marché » des maris.

Geneviève Delaisi de Parseval

Le libéralisme à l’époque du capitalisme avancé, développé, c’est l’affirmation du caractère irréductible de l’individu, du caractère unique de ses choix. Seul le marché serait à même évidemment d’être en mesure de répondre à la nature multiple de ses choix. C’est l’idéologie du consommateur roi.

C’est pourquoi la psychanalyste Geneviève Delaisi de Parseval, qui chronique les ouvrages de psychanalyse dans Libération, travaille avec le think tank postmoderne Terra Nova lié au Parti Socialiste, peut expliquer dans l’Humanité que :

« Le modèle familial « père, mère, enfant », le modèle PME, est bien une construction culturelle. »

C’est la philosophie de la « déconstruction », fer de lance du capitalisme conquérant, envahissant, engloutissant tous les domaines de la vie. Il va de soi que le « Comité d’éthique » ayant appelé à ouvrir la PMA à toutes les femmes, Geneviève Delaisi de Parseval est très contente, comme elle le formule dans une tribune pro-PMA publiée dans Libération, en commun avec Valérie Depadt, maître de conférence en droit à Villetaneuse.

Et l’argument clef serait que les femmes seules n’ont pas trouvées le bon compagnon, mais qu’elles doivent pour autant avoir un droit à l’enfant ! On reconnaît là parfaitement l’idéologie du capitalisme à l’état pur : le client est roi !

« Depuis la loi de 2013 qui permet le mariage et l’adoption aux couples de même sexe, la tendance va dans le sens d’un accès à la PMA aux couples de femmes homosexuelles. L’argumentaire est fondé sur la constatation qu’avoir deux parents, fussent-ils de même sexe, constitue une sécurité pour l’enfant, notamment en cas de divorce ou de disparition d’une des deux mères.

Psychanalyste et juriste souvent consultées sur ce point (1) , nous avons depuis longtemps abondé dans ce sens. Nous étions plus réticentes sur l’accès à la PMA pour les femmes célibataires. Mais tant la clinique analytique que l’évolution de la société nous ont amenées à modifier notre position.

On remarque en particulier que nombre de femmes seules recourent à la PMA parce qu’elles n’ont pas trouvé « à temps » (l’horloge biologique tourne vite) le « bon compagnon » susceptible à leurs yeux d’être le père de leur enfant.

C’est donc souvent par défaut que ces nouvelles mères célibataires choisissent la PMA avec des dons de gamètes. Une constatation étayée par des études sociologiques récentes ; la clinique fournit par ailleurs de nombreux exemples de ces récentes familles recomposées.

[…]

(1)  Auteures du rapport Terra Nova « Accès à la parenté », 2009 »

On notera bien entendu le fait que le justificatif au fait d’être souvent consulté est justifié par un travail pour Terra Nova, ce think tank faisant une inlassable propagande en faveur du libéralisme sociétal. Ces gens s’auto-nourissent, s’auto-intoxiquent, et leur but est de torpiller les principes, les valeurs, afin de laisser la place au capitalisme le plus complet, le plus total !

D’ailleurs, la conclusion logique de leur raisonnement de l’absence d’un bon compagnon pour père est que les clientes pourront choisir sur catalogue les gènes adéquats… Les possibilités de libéralisme qu’on trouve dans ce positionnement sont innombrables.
Voilà précisément ce que la Gauche doit réfuter, si elle veut être à même de combattre la réaction religieuse et le nationalisme qui prétendront rejeter ce libéralisme.
Catégories
Politique

CGT : Philippe Martinez a tort d’assimiler les migrants aux ouvriers

En publiant une tribune dans le quotidien Le Monde, le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez s’adresse à la bourgeoisie « de gauche » et lui apporte son soutien quant à l’utilisation des migrants comme thème électoral.

Philippe Martinez CGT

Le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez a publié une tribune dans Le Monde. Mais les ouvriers ne lisent pas Le Monde. Et sur internet, l’article est en accès payant. Est-ce normal ? Absolument pas, et cela d’autant plus qu’il parle au nom de la CGT elle-même :

« La CGT, présente au cœur des entreprises et des services, forte de son expérience en faveur des travailleurs migrants, tient à rétablir un certain nombre de vérités. »

Mais c’est qu’il ne s’adresse pas aux ouvriers, seulement aux bourgeois « de gauche ». Et il leur parle d’immigration justement, avec un discours très similaire au « manifeste pour l’accueil des migrants », publié parallèlement par Politis, Regards et Mediapart.

Selon lui, pareillement, les migrations sont incontournables :

« Le fait migratoire est un phénomène incontournable, stable et continu dans l’histoire de l’humanité. Prétendre que l’on peut stopper ou maîtriser les mouvements migratoires est un leurre politicien et une posture idéologique. Les plus hauts murs n’empêcheront jamais des personnes de fuir, au péril de leur vie, la guerre, la misère économique ou les persécutions. »

Il est sans nul doute très grave qu’un dirigeant syndical mette en avant le thème des migrants dans une optique électoraliste, avec les élections européennes en ligne de mire… Il agit ici de manière bien nette en faveur de la Gauche post-industrielle, post-moderne qui a besoin de « nouveaux sujets » à défendre… Du moment qu’il ne s’agit pas des ouvriers.

On retrouve d’ailleurs, dans le même mensonge que le « manifeste pour l’accueil des migrants », l’assimilation par Philippe Martinez des concepts de migrants à ceux de réfugiés, ce qui est honteux.

Lire également : Le « Manifeste pour l’accueil des migrants » : antipopulaire par excellence

Cela aboutit inévitablement à un populisme tout à fait erroné, qui fournit des armes à l’extrême-droite dans les rangs ouvriers. Car le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez assimile les migrants à des ouvriers.

« Nous ne faisons pas face à une invasion de migrants et notre pays doit accueillir humainement et dignement ceux qui fuient leurs pays. Cela se nomme la fraternité.

Ces salariés font partie intégrante de la classe ouvrière ! »

Or, c’est totalement erroné, car même en admettant que des migrants aillent à l’usine – ce qui ne sera que rarement le cas – cela n’en ferait pas des ouvriers pour autant : formellement, ce serait le cas, mais leur existence serait tout de même coupée encore de la classe ouvrière, de ses traditions. C’est d’ailleurs là l’intérêt de l’immigration pour le patronat.

Ce qui est d’ailleurs valable ici pour les migrants l’est pour toute personne ayant une origine non ouvrière et basculant dans la classe ouvrière : il faut du temps pour prendre ses marques, ses repères, absorber les valeurs ouvrières. D’où les perpétuelles restructurations organisées par le capitalisme pour empêcher la reconnaissance entre ouvriers, l’émergence d’une pensée commune, l’organisation commune.

> Lire également : La lettre de Georges Marchais suite à l’expulsion des maliens du foyer de Vitry

D’où l’immigration, non seulement dans les usines, mais en général, et notamment dans les quartiers populaires. Il en va d’une main d’œuvre bon marché, mais également avec un faible niveau de conscience politique, une coupure avec les réalités du pays. Il faut alors de nombreuses années, voire une vie afin qu’une connexion se fasse.

Cela, la Gauche l’a toujours su… quand elle avait des idéaux, ou plus exactement un idéal : l’instauration du socialisme ! Philippe Martinez est coupé de cette tradition. Mais qu’attendre d’un chef syndical, dans un pays où tous les syndicats se revendiquent de la charte d’Amiens de 1906 qui rejette tout débat politique, réduisant les syndicats à des organes traitant les choses sans envergure, simplement localement, ou par branches, divisant la classe ouvrière et le peuple ?

Catégories
Politique

Le « Manifeste pour l’accueil des migrants » : antipopulaire par excellence

Les médias de la gauche postindustrielle Politis, Regards et Mediapart ont publié un « manifeste » en faveur de « l’accueil des migrants », signé par 150 figures de la bourgeoisie intellectuelle. Assimilant de manière outrancière migrants et réfugiés, dénonçant comme facho qui propose tout type de régulation, le manifeste exige qu’on accepte totalement un phénomène migratoire considéré comme inéluctable et massif à l’avenir.

Pour juger d’une chose, il faut voir de qui elle vient. Le « Manifeste pour l’accueil des migrants » a comme source des philosophes, des écrivains, des professeurs de grandes écoles, des comédiens, des avocats, des éditeurs, des historiens, des sociologues, des présidents d’associations… Cela veut tout dire.

Face aux phénomènes modernes, la gauche postindustrielle, postmoderne, n’a qu’une seule thèse : accompagner. La PMA, la GPA ? Incontournable, il faut accompagner. Le cannabis ? On n’y peut rien, accompagnons. Les migrations ? Il faut accepter et accompagner… C’est la négation de toute utopie, de toute planification, de toute régulation et surtout de toute autorité de gauche, au profit d’un vrai libéralisme sur le plan de la culture, des mœurs, des normes, des principes.

Le « Manifeste pour l’accueil des migrants » publié par Politis, Regards et Mediapart est un exemple de ce discours. Alors que nous vivons depuis de nombreuses années maintenant dans une Union Européenne qui a fait tomber les frontières pour mieux faire avancer le capitalisme, les 150 signataires de ce manifeste prétendent que ce serait révolutionnaire que de refuser toute régulation :

« Il est illusoire de penser que l’on va pouvoir contenir et a fortiori interrompre les flux migratoires. À vouloir le faire, on finit toujours par être contraint au pire. La régulation devient contrôle policier accru, la frontière se fait mur. Or la clôture produit, inéluctablement, de la violence… et l’inflation de clandestins démunis et corvéables à merci. Dans la mondialisation telle qu’elle se fait, les capitaux et les marchandises se déplacent sans contrôle et sans contraintes ; les êtres humains ne le peuvent pas. Le libre mouvement des hommes n’est pas le credo du capital, ancien comme moderne.

Dans les décennies qui viennent, les migrations s’étendront, volontaires ou contraintes. Elles toucheront nos rivages, et notre propre pays, comme aujourd’hui, aura ses expatriés (…). Nous ne composerons pas avec le fonds de commerce de l’extrême droite. La migration n’est un mal que dans les sociétés qui tournent le dos au partage. »

Cela n’est pas de gauche, la Gauche a toujours historiquement considéré les migrations comme un problème, tant pour les travailleurs qui émigrent et perdent leurs familles, leur propre pays, que pour les travailleurs du pays d’accueil qui voient une main d’œuvre bon marché utilisée comme levier pour affaiblir les salaires et diviser les travailleurs en général.

Sous couvert de solidarité, le « Manifeste pour l’accueil des migrants » ne sert qu’à accompagner le pillage des pays du tiers-monde et le dumping social des patrons. De quel accueil parle-t-on de toutes façons ? Les 150 signataires relèvent d’ailleurs de cette nouvelle Gauche pressée de nier l’existence de la classe ouvrière et vivant confortablement, surtout à Paris. Ce sont des philosophes, des écrivains, des professeurs de grandes écoles, des comédiens, des avocats, des éditeurs, des historiens, des sociologues, des présidents d’associations. Vont-ils accueillir qui que ce soit ?

> Lire également : La fausse gauche et les migrants de l’Aquarius

Et il y a un autre problème, c’est cette fixation sur les migrations. Les signataires prétendent que les migrations ne sont pas un problème. Pourquoi alors en faire un thème en cette rentrée 2018 ? Les signataires prétendent qu’il y en a qui font des immigrés des boucs-émissaires et des migrations la cause de tous les maux. Soit, c’est ce que fait le Front National, désormais Rassemblement National, depuis près de 40 ans. Est-ce là quelque chose de nouveau ?

Non, en réalité, ce manifeste n’est là que comme contribution au discours en faveur des migrations, en faveur de ce thème de la migration devant empêcher l’émergence de la question ouvrière. Les signataires font d’ailleurs exprès d’assimiler les termes de réfugiés et de migrants, qui n’ont rien à voir.

Les médias favorables à ce manifeste n’ont eu d’ailleurs de cesse ces derniers jours de bombarder de fausses accusations le mouvement allemand Aufstehen de Sahra Wagenknecht, l’accusant d’être une expression raciste à gauche de la Gauche. Scandaleux, vain, ridicule ! Mais qu’attendre de mieux de bourgeois vivant à l’écart du peuple, dans des forteresses intellectuelles entièrement institutionnelles, avec des mœurs n’ayant rien à voir avec celles du peuple, sans parler bien entendu de la vie quotidienne ?

> Lire également : La « gauche » postindustrielle en panique devant Aufstehen

Peut-on réellement leur expliquer que le capitalisme maintient les frontières tout en les faisant tomber en même temps, car l’expansion du capitalisme est à la fois naturelle, sans frontières, et en même temps vecteur d’une concurrence dont les États sont les cibles ? Peut-on leur dire que lorsque des grandes entreprises à l’esprit conquérant contrôlent des États, cela produit les guerres ?

Non, cela est bien trop dialectique pour eux. Leur raisonnement est qu’il faut soutenir la Gauche post-industrielle, post-moderne, pour les élections européennes. Afin de pouvoir, depuis les cafés parisiens, continuer de donner des leçons de morale au monde entier, et de continuer à ce que soit niée l’existence de la classe ouvrière.

> Lire :  Gauche postindustrielle : le « Manifeste pour l’accueil des migrants »

Catégories
Politique

Gauche postindustrielle : le « Manifeste pour l’accueil des migrants »

Le « Manifeste pour l’accueil des migrants » a été publié les médias de la gauche postindustrielle Politis, Regards et Mediapart. Notre analyse de ce manifeste : Le « Manifeste pour l’accueil des migrants » : antipopulaire par excellence.

Manifeste pour l’accueil des migrants

Partout en Europe, l’extrême droite progresse. La passion de l’égalité est supplantée par l’obsession de l’identité. La peur de ne plus être chez soi l’emporte sur la possibilité de vivre ensemble. L’ordre et l’autorité écrasent la responsabilité et le partage. Le chacun pour soi prime sur l’esprit public.

Le temps des boucs émissaires est de retour. Oubliées au point d’être invisibles, la frénésie de la financiarisation, la ronde incessante des marchandises, la spirale des inégalités, des discriminations et de la précarité. En dépit des chiffres réels, la cause de nos malheurs serait, nous affirme-t-on, dans la « pression migratoire ». De là à dire que, pour éradiquer le mal-être, il suffit de tarir les flux migratoires, le chemin n’est pas long et beaucoup trop s’y engagent.

Nous ne l’acceptons pas. Les racines des maux contemporains ne sont pas dans le déplacement des êtres humains, mais dans le règne illimité de la concurrence et de la gouvernance, dans le primat de la finance et dans la surdité des technocraties. Ce n’est pas la main-d’œuvre immigrée qui pèse sur la masse salariale, mais la règle de plus en plus universelle de la compétitivité, de la rentabilité, de la précarité.

Il est illusoire de penser que l’on va pouvoir contenir et a fortiori interrompre les flux migratoires. À vouloir le faire, on finit toujours par être contraint au pire. La régulation devient contrôle policier accru, la frontière se fait mur. Or la clôture produit, inéluctablement, de la violence… et l’inflation de clandestins démunis et corvéables à merci. Dans la mondialisation telle qu’elle se fait, les capitaux et les marchandises se déplacent sans contrôle et sans contrainte ; les êtres humains ne le peuvent pas. Le libre mouvement des hommes n’est pas le credo du capital, ancien comme moderne.

Dans les décennies qui viennent, les migrations s’étendront, volontaires ou contraintes. Elles toucheront nos rivages et notre propre pays, comme aujourd’hui, aura ses expatriés. Les réfugiés poussés par les guerres et les catastrophes climatiques seront plus nombreux. Que va-t-on faire ? Continuer de fermer les frontières et laisser les plus pauvres accueillir les très pauvres ? C’est indigne moralement et stupide rationnellement. Politique de l’autruche… Après nous le déluge ? Mais le déluge sera bien pour nous tous !

Il ne faut faire aucune concession à ces idées, que l’extrême droite a imposées, que la droite a trop souvent ralliées et qui tentent même une partie de la gauche. Nous, intellectuels, créateurs, militants associatifs, syndicalistes et citoyens avant tout, affirmons que nous ne courberons pas la tête. Nous ne composerons pas avec le fonds de commerce de l’extrême droite. La migration n’est un mal que dans les sociétés qui tournent le dos au partage. La liberté de circulation et l’égalité des droits sociaux pour les immigrés présents dans les pays d’accueil sont des droits fondamentaux de l’humanité.

Nous ne ferons pas à l’extrême droite le cadeau de laisser croire qu’elle pose de bonnes questions. Nous rejetons ses questions, en même temps que ses réponses.

Personnalités signataires :

Christophe AGUITON sociologue, Christophe ALEVEQUE humoriste et auteur, Pouria AMIRSHAHI directeur de Politis, Ariane ASCARIDE comédienne, Jean-Christophe ATTIAS universitaire, Geneviève AZAM économiste, Bertrand BADIE politiste, Sébastien BAILLEUL DG du CRID, Josiane BALASKO comédienne, Étienne BALIBAR philosophe, Ludivine BANTIGNY historienne, Pierre-Emmanuel BARRE auteur, humoriste, Lauren BASTIDE journaliste, féministe, Christian BAUDELOT sociologue, Edmond BAUDOIN auteur, dessinateur de BD, Alex BEAUPAIN auteur, compositeur, interprète, François BEGAUDEAU écrivain, Yassine BELATTAR humoriste, Hourya BENTOUHAMI philosophe, Alain BERTHO anthropologue, Pascal BLANCHARD historien, Romane BOHRINGER comédienne, Benoît BORRITS chercheur militant, Patrick BOUCHAIN architecte, Alima BOUMEDIENE-THIERY avocate, Rony BRAUMAN médecin, cofondateur de MSF, Michel BROUE mathématicien, Valérie CABANES juriste internationale, Hélène CABIOC’H présidente de l’Ipam, Julia CAGE économiste, Robin CAMPILLO réalisateur, Aymeric CARON écrivain, journaliste François CHAIGNAUD chorégraphe, Patrick CHAMOISEAU écrivan, Paul CHEMETOV architecte, Monique CHEMILLIER-GENDREAU juriste, Mouhieddine CHERBIB Respect des libertés, Jean-Louis COHEN historien, Cristel CORNIL enseignante-chercheuse, Marie COSNAY écrivaine, Annick COUPE syndicaliste Alexis CUKIER philosophe Jocelyne DAKHLIA historienne Jean-Michel DAQUIN architecte Françoise DAVISSE réalisatrice, Philippe DE BOTTON président de Médecins du monde, Laurence DE COCK historienne, Fondation Copernic, Catherine DE WENDEN politologue, Christine DELPHY féministe, Christophe DELTOMBE président de la Cimade, Rokhaya DIALLO journaliste, écrivaine, Georges DIDI-HUBERMAN philosophe, Bernard DREANO président du Cedetim Michel DRU anesthésiste réanimateur Françoise DUMONT présidente d’honneur de la LDH Annie ERNAUX écrivaine, Éric FASSIN sociologue, anthropologue, Corentin FILA comédien, Geneviève FRAISSE philosophe, Bernard FRIOT économiste, philosophe, Isabelle GARO philosophe, Amandine GAY réalisatrice, Raphaël GLUCKSMANN essayiste, Yann GONZALEZ réalisateur, Robert GUEDIGUIAN réalisateur, Nacira GUENIF sociologue, anthropologue, Janette HABEL politologue, Jean-Marie HARRIBEY économiste, Serge HEFEZ psychanalyste, Cédric HERROU militant, associatif Christophe HONORE réalisateur, Eva HUSSON réalisatrice, Thierry ILLOUZ auteur, avocat pénaliste, Pierre JACQUEMAIN rédacteur en chef de Regards, Geneviève JACQUES militante associative, Chantal JAQUET philosophe, JULIETTE chanteuse, parolière, compositrice, Gaël KAMILINDI pensionnaire de la Comédie-Française, Pierre KHALFA syndicaliste, coprésident de la Fondation Copernic, Cloé KORMAN écrivaine, Bernard LAHIRE professeur de sociologie à l’ENS de Lyon, Nicole LAPIERRE anthropologue et sociologue, Mathilde LARRERE historienne, Henri LECLERC président d’honneur de la LDH, Raphaël LIOGIER sociologue, philosophe, Isabelle LORAND chirurgienne, Germain LOUVET danseur étoile de l’Opéra de Paris, Gilles MANCERON historien, LDH, Philippe MANGEOT enseignant, Patrice MANIGLIER philosophe, Philippe MARLIERE politologue, Roger MARTELLI historien, directeur de la publication de Regards, Christiane MARTY ingénieure-chercheuse, Fondation Copernic, Corinne MASIERO comédienne, Gustave MASSIAH altermondialiste, Nicolas MAURY comédien, Marion MAZAURIC éditrice, Caroline MECARY avocate, Philippe MEIRIEU pédagogue, Phia MENARD jongleuse, performeuse, metteur en scène, Céline MERESSE présidente du CICP, Guillaume MEURICE auteur, humoriste, Pierre MICHELETTI médecin, écrivain, Jean-François MIGNARD secrétaire général de la LDH, Véronique NAHOUM-GRAPPE anthropologue, Stanislas NORDEY directeur du Théâtre national de Strasbourg, Ludmila PAGLIERO danseuse étoile à l’Opéra de Paris, Willy PELLETIER sociologue, Fondation Copernic, Nora PHILIPPE auteure, réalisatrice Thomas PIKETTY économiste, Edwy PLENEL journaliste, président et cofondateur de Mediapart, Emmanuel POILANE président du CRID, Thomas PORCHER économiste, Didier PORTE humoriste, Mathieu POTTE-BONNEVILLE philosophe, Olivier PY auteur, metteur en scène et directeur du Festival d’Avignon, Bernard RAVENEL historien, Éric REINHARDT écrivain, Prudence RIFF co-présidente du FASTI, Michèle RIOT-SARCEY historienne, Vanina ROCHICCIOLI présidente du Gisti Paul RODIN directeur délégué du festival d’Avignon, Marguerite ROLLINDE politologue spécialiste du Maghreb, Alexandre ROMANES cirque Romanès, Délia ROMANES cirque Romanès, Paul RONDIN directeur délégué du Festival d’Avignon, Alain RUSCIO historien, Malik SALEMKOUR président de la LDH, Sarah SALESSE avocate, Christian SALMON écrivain, Odile SCHWERTZ-FAVRAT ex-présidente de la Fasti, Denis SIEFFERT président de la SAS Politis, Catherine SINET directrice de la rédaction de Siné Mensuel, Evelyne SIRE-MARIN magistrat, Romain SLITINE enseignant à Sciences Po, Pierre TARTAKOWSKY président d’honneur de la LDH, Lilian THURAM fondation Lilian Thuram-Éducation contre le racisme, Sylvie TISSOT sociologue, Michel TOESCA acteur, réalisateur, Marie TOUSSAINT militante associative, présidente de Notre affaire à tous, Assa TRAORE comité Adama, Enzo TRAVERSO historien, Catherine TRICOT architecte-urbaniste, Aurélie TROUVE altermondialiste, agronome, Fabien TRUONG sociologue, Michel TUBIANA président d’honneur de la LDH, Dominique VIDAL-SEPHIHA journaliste, Jean VIGREUX historien, Thierry VILA écrivain, Arnaud VIVIANT écrivain, critique littéraire, Sophie WAHNICH historienne, Jacques WEBER comédien, Serge WOLIKOW historien.

Associations signataires :

Assemblée citoyenne des originaires de Turquie (ACORT), Auberge des migrants, Bureau d’accueil et d’accompagnement des migrants (BAAM), CCFD – Terre solidaire 93, Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale (CEDETIM), Centre international de culture populaire (CICP), Coalition internationale des sans-papiers et migrants (CISPM), Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT), Coordination 75 des sans-papiers, Coordination 93 de lutte pour les sans-papiers, CSP92, DIEL, Fédération des associations de solidarité avec tous·te·s les immigré·e·s (Fasti), Fédération des tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR), Gisti, Initiatives pour un autre monde (IPAM), La Cimade, Ligue des droits de l’homme, Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie, Roya citoyenne, Syndicat des avocats de France (SAF), Union juive française pour la paix (UJFP), Utopia 56.

Catégories
Société

Libéralisme : le Comité d’éthique ouvre la porte à la PMA pour toutes

Le capitalisme avait besoin des familles de par le passé, mais maintenant qu’il est lancé, il n’a plus besoin que d’individus. La famille, un phénomène naturel, doit donc passer à la trappe, en tant qu’obstacle à une consommation individuelle devant en permanence se renouveler.

comité consultatif national d'éthique

Il faut pour cela transformer les mentalités, en imposant des états de fait, en présentant comme inéluctables la libéralisation la plus totale. Le Comité consultatif national d’éthique sert à cela. C’est un organisme constitué d’experts, ce qui le place déjà en-dehors de toute valeur démocratique pour les gens de Gauche. Cependant, dans une société aliénée, viciée, cela passe et cela permet cependant de donner une image de neutralité et de caractère scientifique, ce qui est pratique pour torpiller l’opinion publique.

Dans sa contribution à la révision de la loi de bioéthique 2018-2019, qui vient d’être rendue publique, ce comité appelle à ouvrir la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes. Le désir d’enfant primerait sur toute autre considération ! La famille n’aurait pas de modèle et pourrait exister dans plein de variantes différentes !

Voici comment cette contribution au libéralisme est formulée, dans un langage obscur comme les experts savent en confectionner :

« Cette demande d’assistance médicale à la procréation (AMP), en l’occurrence une insémination artificielle avec donneur (IAD), pour procréer sans partenaire masculin, en dehors de toute infertilité, s’inscrit dans une revendication de liberté et d’égalité dans l’accès aux techniques d’AMP pour répondre à un désir d’enfant. Elle modifie profondément les relations de l’enfant à son environnement familial, en termes de repères familiaux, d’absence de père, institutionnalisée ab initio.

Elle fait émerger aussi plusieurs interrogations sur la relation des enfants à leurs origines, puisqu’en France le don est anonyme et gratuit, ou sur le fait de grandir sans père. Aussi sur ces points, il serait pertinent de pouvoir s’appuyer sur des recherches fiables sur l’impact de cette situation.

Cependant l’analyse du CCNE, s’appuyant sur la reconnaissance de l’autonomie des femmes et la relation de l’enfant dans les nouvelles structures familiales, le conduit à proposer d’autoriser l’ouverture de l’IAD à toutes les femmes (cf Avis 126 du CCNE).

Il considère que l’ouverture de l’AMP à des personnes sans stérilité peut se concevoir, notamment pour pallier une souffrance induite par une infécondité résultant d’orientations personnelles. Cette souffrance doit être prise en compte car le recours à une technique déjà autorisée par ailleurs n’implique pas de violence dans les relations entre les différents acteurs. »

Le Comité d’éthique assume également parfaitement que l’AMP, outre de créer un « droit à l’enfant », ira de paire avec la sélection génétique. Voici comment il le formule, en expliquant que lorsque cela sera en place, il faudra y réfléchir…

« On assiste actuellement à une évolution parallèle – mais indépendante – entre l’AMP et la génomique, dont les perspectives se rejoignent pourtant autour de questions éthiques sur les possibilités de sélections procréatives. Cette évolution, placée dans le cadre d’une intervention médicale requise, pourrait faciliter une investigation prédictive préconceptionnelle, dans la mesure où le séquençage du génome humain est désormais accessible. Ce lien entre procréation et génomique est un thème majeur quant à l’avenir de la procréation.

Ce lien pourrait devenir un des défis éthiques de la procréation, bien plus que les demandes sociétales actuelles, d’autant plus que l’AMP sociétale a comme effet paradoxal un développement, voire une banalisation de la médicalisation de la procréation, voire de sa « technologisation ». Le chapitre sur la médecine génomique illustre cet état de fait. La réalisation des tests génétiques constitutionnels, dans le cadre de dépistages ou d’un diagnostic, permet aujourd’hui de bénéficier d’éléments de prédiction de qualité, notamment à travers la caractérisation des variants de la séquence d’ADN rencontrés et leur caractérisation en variants pathogènes ou non, ainsi que les facteurs de pénétrance et d’expressivité d’une maladie.

On rappellera notamment les situations suivantes faisant l’objet de dépistages, avec la perspective de leur extension et les questions qu’elles soulèvent : les conséquences d’usages étendus des bilans préconceptionnels, en particulier en population générale, si ceux-ci devenaient réalisables ; les conséquences sur les démarches de diagnostic prénatal et les indications d’interruption médicale de grossesse ; les conséquences sur un usage plus étendu du diagnostic préimplantatoire ; les incidences sur la liberté de choix et le contenu même du consentement, avec une conséquence possible sur le choix du conjoint dans les situations à risque ; la liberté du choix face à la pression économique ; le risque de stigmatisation des enfants qui seraient nés par refus du dépistage.

Le lien entre procréation et génomique devrait être mis au programme de la suite du travail du CCNE, dans la perspective d’un avis spécifique sur les conséquences du développement de la génomique sur l’usage de l’AMP. »

Le fait de présenter ces difficultés en disant « on verra ! » en dit long sur la nature de ce comité d’éthique, qui n’a comme rôle que de valider le développement à marche forcée du libéralisme sur tous les plans.

Catégories
Écologie

L’association Handi’Cats fête ses sept ans

Ce week-end l’association Handi’Cats a fêté ses sept ans. Comme son nom l’indique, l’association prend en charge les chats handicapés et plus généralement ceux dont personne ne veut mais aussi d’autres animaux comme des lapins ou des chiens… Cet anniversaire a été l’occasion de faire un point sur ces sept années et malheureusement sur sa situation très difficile aujourd’hui : depuis plusieurs mois, les demandes de prises sont refusées faute de moyens matériels, humains mais surtout financiers.

handi'cats
Joeystarr et Avicii, deux chats à l’adoption (lien)

La prise en charge d’animaux avec des histoires toutes différentes et parfois très dures, demande beaucoup de temps, beaucoup d’argent et énormément d’abnégation. Le reportage réalisé par 30 millions d’amis en 2015 permet d’avoir un bref aperçu du travail requis pour faire vivre le refuge de Handi’Cats : visites chez le vétérinaire, accueil de nouveaux animaux, soins quotidiens, nettoyage de cages, etc.

Handi’Cats met tout en œuvre pour offrir la plus belle vie possible à chacun de ses protégés. Ceci continue jusqu’à l’étape de l’adoption dont le but est de s’assurer que l’animal rejoindra une famille aimante et capable de lui offrir un cadre de vie adapté à ses besoins psychologiques et physique :

« Après avoir rempli le questionnaire qui nous aide à connaître un petit peu des futurs adoptants, de leur environnement et de leur famille de poilus, s’en suit un premier contact téléphonique qui débouche ensuite sur une pré-visite organisée par l’association au domicile du potentiel adoptant. Ensuite, nous faisons un point en équipe et, si tout va bien, nous organisons un covoiturage pour que l’animal puisse rejoindre sa famille.

[…]

Notre équipe de bénévoles répondra à toutes les questions et inquiétudes, nous ne sommes pas là pour placer à tout prix mais pour trouver la famille qui correspondra à notre protégé et vice-versa »

L’association dispose d’un terrain et de bâtiments dédiés à l’accueil et la prise en charge des animaux en fonction des besoins : quarantaine pour les nouveaux arrivants, infirmerie pour les soins, bâtiments adaptés pour les différents handicaps de certains pensionnaires… Ainsi que de familles d’accueil.

Comme de très nombreuses associations qui viennent en aide aux animaux, l’alimentation, les médicaments et les (très importantes) factures vétérinaires représentent des coûts difficiles à gérer. L’association ne vit que grâce aux dons et à l’heure actuelle, elle n’est plus en mesure de prendre en charge qui que ce soit :

« Malheureusement par manque de place, de main d’oeuvre et surtout de financements, nous avons dû prendre la décision cette année de stopper les prises en charge depuis quelques mois maintenant »

Il faut du courage et de la volonté pour traverser toutes ces difficultés ; l’association et ses protégés ont besoin de toute l’aide possible. Les handicapés, ceux qui ont des besoins spécifiques et tous les animaux qui cherchent un toit en général ont besoin de Handi’Cats et de toutes les associations qui leur apportent l’amour dont ils ont tant besoin.

handi'cats
Flash, FIV+ et né avec une patte arrière malformée. A l’adoption (lien).

Adoptions, stérilisation et information

Le but de l’association est aussi d’informer et d’éduquer afin de changer le regard sur les animaux handicapés. A cela s’ajoute un travail sur la nécessité de la stérilisation et l’importance de l’adoption.

La stérilisation des chats est une nécessité, il ne s’agit pas d’un choix individuel que chaque personne devrait prendre ou non pour son ou ses chats. Pour chaque chaton qu’une chatte a eu parce que ses « propriétaires » n’ont pas voulu la stériliser, il y a un chat de refuge qui attend une famille pour la vie.

Entre la famille, les amis et les collègues cette portée ne sera pas trop difficile à faire adopter, mais chacune de ses adoptions est une place qu’un autre chat de refuge aurait pu prendre. Les associations n’ont plus de place et plus de moyens mais trop de gens laissent faire et ne font qu’empirer une situation déjà alarmante.

Handicap et euthanasie

Dans le reportage réalisé il y a quelques années par l’émission « 30 millions d’amis », la présidente de Handi’Cats rappelle une triste vérité : les animaux handicapés ont tendance à être considérés comme des cas perdus et il n’est pas rare que des structures aient un recours assez régulier à l’euthanasie. Elle prend ainsi l’exemple d’un des chats de l’association, « Gainsbourg », qui a été brûlé vif et qui aurait été euthanasié sans l’intervention de l’association qui refuse cette fatalité (après plusieurs semaines passées au refuge, l’association a réussi à le « remettre sur pattes »).

Aider l’association

Bénévolat, famille d’accueil

L’association peut avoir des besoins de bras ponctuellement pour des travaux, ou d’une manière régulière (besoin de personnes fiables) pour les soins et l’entretien du refuge. Devenir famille d’accueil est une autre manière d’aider : il ne suffit pas d’avoir une envie passagère, devenir famille d’accueil est un engagement sérieux.

Financièrement

L’association Handi’Cats est sur la plateforme teaming qui permet à chacun de lui verser un euro par mois. L’idée est simple : un euro par moi pour une personne ce n’est rien, mais lorsque des centaines de personnes s’y mettent, cela change beaucoup pour l’association.

Il est également possible d’adresser un chèque à l’association :

Association Handi’cats
12 rue Hervieu Deschênes
27170 Beaumont le Roger

Ou encore d’effectuer un virement Paypal.

Enfin, il est possible d’acheter des produits de la boutique, comme un calendrier pour l’année 2019. Pour plus d’informations, voir le message Facebook de l’association.

Covoiturage

L’association publie des demandes de covoiturage sur sa page Facebook pour qu’un de ses protégés rejoigne sa famille définitive.

Relayer une information

Relayer des demandes de covoiturages ou un évènement de l’association est aussi une manière d’aider. Tous les gestes comptent.

Handi'Cats calendrier

Il existe plein de manières d’aider les refuges et de venir en aide aux animaux qui en ont cruellement besoin. Chaque petit geste peut aider : partager une demande, une information, un évènement permettra peut-être de toucher une personne qui répondra à la demande de covoiturage, une personne qui songe à adopter un animal, etc.

Le travail d’associations comme Handi’Cats est un exemple de travail démocratique de longue haleine : informer, sensibiliser et surtout montrer qu’il est possible et qu’il faut rejeter la barbarie ambiante dont les animaux sont les victimes quotidiennes.

Les animaux ont besoin de cette type de démarche tournée vers le plus grand nombre. Loin de celles qui permettent à certains de se mettre en avant pour leur carrière ou leur chiffre d’affaire, sur le dos des animaux. Loin de celles qui ne proposent qu’une radicalité de façade, s’imaginant avoir tout inventé et refusant tout travail démocratique de fond. Loin de ces impasses, Handi’Cats est un de ces nombreux exemples dont on entend trop peu parler et qui montrent la voie à suivre : celle de la compassion la plus sincère.handi'cats

Catégories
Politique

Aufstehen et la reconquête en Allemagne du peuple passé à l’extrême-droite

L’un des objectifs de la Gauche est de reconquérir les secteurs populaires qui sont passées à l’extrême-droite, en considérant non pas que ces gens sont « débiles », mais qu’ils expriment quelque chose qui a été dévié dans une mauvaise direction.

Sahra Wagenknecht

Les événements de Chemnitz à l’est de l’Allemagne ont rappelé le caractère vital de cette question. La mort d’une personne tuée par un migrant à coup de couteau a provoqué des rassemblements en série à l’appel de l’AFD, avec une forte présence de nazis et une série d’incidents, d’agressions racistes. Des milliers de personnes ont participé à ces rassemblements, happés par la dénonciation populiste, tendanciellement pogromiste.

Sahra Wagenknecht n’a pas participé au rassemblement de 65 000 personnes à Chemnitz contre les initiatives nazies, considérant que l’objectif n’est pas de marquer le coup, mais bien de reconquérir la base populaire. Voici comment dans une interview au média Watson, elle explique la démarche de son mouvement Aufstehen à ce sujet.

« Je ne pense également pas qu’on renforce sa position contre le radicalisme de droite et le néo-fascisme en étant dans une ville particulière, un jour précis (…). Des initiateurs d’Aufstehen étaient à Chemnitz [au rassemblement anti-nazi] (…).

Il ne s’agit pas de la question des nazis, qui font le salut hitlérien dans la rue et traquent les gens ayant l’air différent. Ils concernent l’État de droit. Il en va de beaucoup de gens qui votent AFD aujourd’hui et vont en partie également aux manifestations organisées par l’entourage de l’AFD.

Qui les catalogue comme nazis se rend la vie trop facile, car beaucoup d’entre eux votaient encore il y a quelques années SPD ou Die Linke (…). Je veux qu’on reconquiert la rue à Pegida et aux gens de droite. Actuellement, le gouvernement est en permanence soumis à une pression de droite. Nous avons besoin d’avoir enfin de nouveau un mouvement avec des revendications sociales dans les rues (…).

Je veux empêcher que par colère et mécontentement, des gens se fassent piéger par les droites. C’est un développement qui fait peur lorsqu’une manifestation à laquelle participent des nazis parvient à regrouper 7000 personnes. Il n’y avait pas cela auparavant et je ne veux pas accepter une telle évolution (…).

Quand je vois qu’une majorité en Allemagne veut une politique plus sociale, alors je trouve cela très encourageant. Cela montre que l’esprit de l’époque n’est pas de droite. Que nous avons une majorité qui soutient ce qui était de par le passé une politique classique de gauche.

Le souci est que malgré ce rapport, cette majorité, nous avons dans les parlements [national et régionaux] toujours des droites toujours plus fortes. L’AFD n’a aucunement l’intention de s’impliquer pour davantage de justice en Allemagne. Ce n’est pas du tout dans son agenda. C’est pourquoi il faut faire face à cette tendance (…).

Nous défendons le droit d’asile, et ce sans conditions, qui est pourchassé doit recevoir une protection. Pour le reste, l’immigration doit être régulé et limité. Pour la migration économique, il faut faire attention à ce que cela n’aboutisse pas au dumping des salaires (…).

Il n’y a pas seulement comme alternative des frontières totalement ouvertes ou une fermeture totale. Une position raisonnable se tient naturellement entre les deux. Et nous devons toujours avoir en tête les conséquences de notre politique dans les pays d’origine.

Pour le moment, il se passe que nous engageons les couches moyennes qualifiées des pays pauvres, que nous amenons par exemple ici leurs médecins, comme s’il n’y avait là-bas pas de malades.

Nous renversons les frais de formation vers les pays pauvres. C’est quelque chose sans aucune responsabilité et cela n’a rien à voir avec l’internationalisme (…).

Les plus pauvres de ce monde n’obtiennent rien de frontières ouvertes. Qui crie famine au Yémen, qui crie famine au Sahel, n’a aucune chance d’arriver en Europe. Au lieu de cela, ce sont les couches moyennes qui viennent. Cela rend ces pays encore plus pauvres. Et cela permet à l’économie ici de faire des économies sur les formations et de comprimer les salaires. »

Die Linke

Catégories
Société

Avec des émigrants slovaques des années 1920 embarquant de France pour les États-Unis

Nous arrivons au Havre un dimanche matin cinglé par la pluie. Il est cinq heures.
les Slovaques se traînent hors des wagons, les paupières collées, clignant des yeux. Ils se rassemblent autour des employés de la compagnie maritime. Un autobus prend armes et bagages.

L’autobus rempli de Slovaques ne part pas vers l’est en direction du port, mais d’abord vers l’ouest, à Graville, une ville de banlieue. Les rues ici n’ont souvent pas une seule fenêtre : les murs encerclent des hangars, des entrepôts de charbon, des usines. De misérables maisons d’ouvriers ici et là. Des rails de chemin de fer sont posés sur la chaussée pour les trains de marchandises qui vont au port. La voie n’est pas pavée.

L’une des rues s’appelle « la rue de Blanqui », d’après le théoricien de l’insurrection. Des affiches sont collées aux murs : « La Société Générale des travailleurs du bâtiment déclare la grève », « L’Union des syndicats appelle à une réunion à 20 heures 30 » ; « ordre du jour : les conditions salariales des chargeurs de marchandises » . Autres affiches ; « Donnez pour la Russie affamée ! », « Vive la IIIe Internationale ! ».

Le drapeau de la compagnie maritime flotte au-dessus d’un petit porche donnant sur le boulevard Sadi Carnot. C’est là que l’autobus fait halte, et les Slovaques sortent en dégringolant, inquiets pour leurs sacs qu’ils font passer à ceux déjà sortis du véhicule.

Une cour. Elle est bordée par une baraque de plain-pied, une maison à un étage, une palissade et, à gauche de l’entrée, des cabanes de bois, où le gérant a son bureau et son logis. Le tout fait penser à la propriété d’un attrapeur de chiens mais c’est une station d’épouillage, enfin, plus noblement dit, l’Établissement de désinfection à Graville. Nous attendons à la fin de la collecte de documents debout dans la cour où il pleut à torrents. Les coulées de pluie enduisent les murs d’une couche de laque grise. Les Slovaques se tiennent devant, fatigués, tremblants.

Qui a déjà été en Slovaquie et vu ses processions de couleurs éclatantes que pas un Uprka n’a sur sa palette, les couronnes de verre argenté posées sur les têtes des filles, les fleurs radieuses des foulards, les grandes bottes cirées miroitantes, les boutons ronds brillants comme de l’or, tout cela dans un décor de blés mûrs et de belles forêts – qui a vu la Slovaquie et la revoit aujourd’hui voit son humeur se faire aussi morne qu’une journée pluvieuse.

Une salle immense reçoit le flux d’émigrants, un dortoir de cent soixante-quinze châssis comportant chacun deux couches superposées. La personne dormant en haut doit poser son pied sur le « lit » du dessous pour grimper sur le sien. On ne couche pas sur de matelas, mais sur des toiles à voile tendues entre les quatre barres horizontales des châssis, sorte de hamac plus large que de coutume. Au bout des châssis sont fixés des crochets pour suspendre les sacs.

Cette salle où les nouveaux arrivants vont passer la journée et la nuit du dimanche est d’un aspect déplaisant et équivoque. Hommes, femmes, filles, garçons et enfants sont ensemble. Cent émigrants polonais arrivés la veille dorment dans la même pièce et dévisagent les Slovaques d’un air désapprobateur.

Dans la Restiction Bill du 3 juin 1921, les États-Unis ont limité l’émigration de telle sorte que chaque nation établie en Amérique du Nord avant l’an 1914 n’a le droit de faire émigrer que trois pour cent supplémentaire par an. « Seulement » trente-quatre mille personnes par an ont désormais l’autorisation de quitter la Tchécoslovaquie pour la terre promise. Pour être plus précis, le registration officer de Prague attribue un registration number à deux mille huit cent cinquante-quatre personne par mois (avec son nombre d’émigrants, la Tchécoslovaquie se place en troisième position mondiale -l’Angleterre et l’Allemagne sont en tête).

Qui arrive trop tard, comme notre Slovaque par exemple, doit attendre le mois suivant dans les baraques de Lieben ou au Hradschin. Ce nombre peut être dépassé de vingt pour cent uniquement pour les personnes appartenant aux catégorise professionnelles qui suivent, mentionnées en annexe de la loi : acteurs, artistes, chanteurs, infirmières, prêtres de toutes confessions, professeurs de l’enseignement secondaire ou supérieur et toutes personnes exerçant un métier requérant un niveau d’études élevé. Quant aux domestiques, ils peuvent émigrer aux États-Unis à tout moment et sans limitation de nombre.

[Egon Erwin Kisch, Traversée de la France avec des émigrants.]

Catégories
Politique

Delphine Batho préside Génération Écologie et abandonne la Gauche

Alors qu’elle annonçait son départ du Parti socialiste, Delphine Batho avait expliqué en mai 2018 qu’elle prendrait la tête du mouvement Génération Écologie. Sa présidence est maintenant officielle depuis la convention nationale de Nantes le dimanche 9 septembre 2018. De ce fait, elle abandonne sa tradition politique de gauche et rend caduque sa démarche au service de l’écologie.

Delphine Batho a un parcours de gauche tout à fait typique. Elle a présidé l’organisation lycéenne FIDL, s’est faite remarquer pendant un mouvement de jeunesse concernant l’éducation en 1986 puis a assuré la vice-présidence de SOS racisme, avant de devenir cadre du Parti socialiste.

Elle a voulu se présenter à la direction de ce parti en janvier 2018, et présidait le groupe « Nouvelle Gauche » à l’Assemblée Nationale avant son départ en mai 2018.

Une écologie non partisane

C’est donc un revirement qu’elle opère en rejoignant une organisation marquée à droite, qui a par exemple produit le Ministre et soutien fidèle d’Emmanuel Macron, François de Rugy. Cela d’autant plus que lors de l’écartement de sa candidature à la direction du Parti socialiste en janvier dernier, elle parlait encore de la Gauche et s’exprimait par rapport à la Gauche.

> lire également Delphine Batho : “Mitterrand, réveille-toi, ils sont devenus fous !”

En fait, Delphine Batho est typique de ces politiques qui ont fait ou voulu faire de l’écologie un thème en tant que tel, de manière non partisane en apparence, mais tout à fait soumise à la réalité sociale et économique du capitalisme en réalité.

Les membres des « Verts » ont historiquement toujours vu ce problème et ont systématiquement cherché à justement s’affirmer « de gauche », bien que cela a en fin de compte surtout servit l’opportunisme de quelques individus.

Le discours de Delphine Batho n’est pas celui-là. Elle explique maintenant que :

« Génération Écologie devient le parti de l’écologie intégrale. Pour nous, c’est l’impératif écologique qui doit déterminer toutes les décisions de politique économique, les choix sociaux éducatifs, culturels, etc. On est en rupture complète avec les visions qui voient l’écologie comme un département ministériel parmi d’autres. On met cet enjeu au centre de tout. Nous voulons faire émerger une force nouvelle dans le paysage politique. »

L’écologie est présentée comme ayant une existence propre, se suffisant à elle-même, en dehors des cadres idéologiques traditionnels.

C’est une définition anti-politique, qui revient à neutraliser la question écologique en lui ôtant sa dimension subversive et critique vis-à-vis du système en place. Et en se rendant volontairement vulnérable par rapport à la Droite sur le plan politique et sur le plan des valeurs.

Écologie et utopie de gauche

Pour la Gauche, le socialisme est censé représenter le projet de société de manière globale, intégrant toutes les questions, tous les sujets. L’écologie, de ce point de vue, n’est qu’un aspect de la critique du capitalisme puisque c’est l’essence même de l’économie de marché et de la privatisation des profits qui empêche d’adopter un rapport correct à la Nature.

Il y a eu, et il y a encore, la nécessité d’avoir une affirmation culturelle écologiste spécifique. C’est indispensable pour les personnes afin de porter un style de vie et une radicalité subjective à la hauteur des enjeux historiques pour la planète Terre. C’est aussi nécessaire politiquement, parce que sans ça les exigences écologiques peuvent rapidement fondre ou être relativisées par rapport à telle ou telle nécessité économique ou sociale.

Pour autant, cette affirmation culturelle écologiste ne suffit pas. Ce n’est qu’un aspect de la critique et de l’utopie de gauche.

La démarche portée par Génération Écologie est exactement l’inverse de cela.

Culturellement, on peut dire que c’est le grand vide, et politiquement il n’y pas de rapport avec les classes populaires et la classe ouvrière. Il n’y a pas du tout un style, une attitude « écolo », mais plutôt un appareil politique intégré aux institutions et abordant la question de manière technique, bourgeoise.

La preuve d’ailleurs est que cette organisation qui revendique 2000 membres n’est pas capable d’avoir un site internet digne de ce nom proposant un véritable contenu. Sa seule actualité est en fait de soutenir Nicolas Hulot, puis de souhaiter « bon courage» à François de Rugy qui le succède au ministère de la transition écologique et solidaire.

Il faut en effet une grande arriération sur le plan culturel pour s’imaginer comme elle le fait qu’en 2018, « l’écologie est de plus en plus majoritaire culturellement dans la société ». Bien sûr que les gens en général ne veulent pas laisser une planète poubelle à leurs enfants ou peuvent-être affectés par exemple à l’idée que les océans sont de plus en plus des grandes poubelles à la merci du plastique de l’industrie.

Mais enfin cela ne suffit pas à faire un engagement culturel permettant le changement. C’est au mieux un constat pessimiste n’aboutissant pas à grand-chose, quand ce n’est pas finalement un prétexte au cynisme et au relativisme.

> lire également Delphine Batho “sur le Front de l’Écologie”

Delphine Batho se retrouve là car elle a échoué à gauche. Elle n’a jamais fait le choix de la radicalité mais a toujours pensé que le système était réformable, qu’on pouvait arriver à quelque chose avec les institutions et les grandes entreprises.

Elle s’est donc retrouvé confronté à des enjeux immenses, sans avoir les moyens d’y faire face. Sur le plan personnel, elle a très mal vécu de se retrouver confrontée à des lobbies. C’était d’ailleurs l’objet de son éviction du Ministère de l’écologie sous François Hollande, après qu’elle avait critiqué le budget de son administration et compris que cela répondait à des influences privées.

« Est-il normal que le PDG de Vallourec, Philippe Crouzet, ait annoncé ma chute prochaine voilà des semaines aux États-Unis ? » avait-elle demandé de manière franchement dégoûtée à l’époque.

Son point de vue et sa démarche sont strictement équivalents à ceux de Nicolas Hulot. Il y a la même focalisation sur la question des lobbies, la même « neutralité » transpartisane, et surtout la même incapacité à être à la hauteur des enjeux malgré des constats tout à fait pertinents et réalistes.

> lire également Nicolas Hulot éjecté du ministère par la France profonde

Une radicalité dans la forme seulement

En abandonnant la Gauche, Delphine Batho abandonne aussi sa capacité à se rendre utile et à servir la planète Terre. Sa démarche restera peut-être confidentielle, mais elle risque aussi de faire perdre beaucoup de temps et d’énergie écologiste.

Le problème avec des gens comme Delphine Batho, c’est que le discours propose une grande radicalité dans la forme, mais il n’y a pas derrière les moyens idéologiques et culturels de les assumer.

Cela est tellement évident lorsqu’on lit une telle déclaration, engagée en apparence, mais tellement naïve et soumise au mode de production capitaliste quand on voit ce qui est proposé ensuite :

« L’anthropocène, c’est la guerre. C’est le nom qu’on donne à cette nouvelle ère, dans laquelle nous sommes, en train de détruire le vivant et les conditions qui permettent l’existence humaine sur terre. Aucune institution internationale, aucune institution démocratique ne résistera aux guerres pour l’énergie, pour l’eau. On voit ce que cela entraîne aujourd’hui en termes d’impact sur les mouvements de population et migratoires. C’est une logique de déstabilisation profonde de toutes les sociétés et des institutions démocratiques.

Pour moi, c’est ça le vrai clivage. Il est entre les Terriens, c’est à dire ceux qui sont lucides sur cette situation et qui veulent y apporter une solution et ceux qui sont dans le camp des « écocideurs », qui font preuve ou d’aveuglement ou, c’est plus grave, de cynisme, dont le chef au niveau planétaire est Donald Trump. »

Et donc, plus loin :

« Génération Écologie, c’est le contraire des Verts. Ils ont eu leur chance et l’ont laissé passer. Ils sont devenus un des partis de gauche. Moi, j’inscris l’écologie intégrale dans la définition d’un nouveau clivage entre ceux qui sont les promoteurs des logiques destructrices de l’anthropocène et ceux qui sont des Terriens. Les Verts, ils ont passé leur temps à taper sur Nicolas Hulot au lieu de l’aider, de créer les rapports de force dans la société, dans le paysage politique, pour pousser. Comme je l’ai fait sur les néonicotinoïdes, sur le glyphosate. Ils ont passé leur temps à l’affaiblir.

Ça n’a pas rendu service à la cause et donc, en fait, la direction nationale des Verts est devenue une machine à trahir l’écologie. Et ils ne se sont jamais attelés à la question fondamentale qui est, et c’est mon projet, comment on rend l’écologie majoritaire en France. Avoir un président de la République qui soit pour l’écologie, un Premier ministre qui soit pour l’écologie, un ministre des Finances qui soit pour l’écologie, etc. Et ça ça passe par un travail de fond sur la crédibilité économique et sociale d’un projet qui place cette question-là au centre de tout. »

Delphine Batho critique ouvertement la Gauche et s’écarte de la tradition de changement politique vers le socialisme, vers une société nouvelle débarrassée du profit individuel et des valeurs de la bourgeoisie.

Catégories
Société

Un plan vélo abstrait oubliant les zones périurbaines et les campagnes

Le gouvernement a présenté la semaine dernière un plan vélo censé faire passer la part du vélo de 3% à 9% dans les déplacements. Il propose quelques mesures pour les centres-villes, mais il n’y a pas de réflexion globale quant à la nature des grandes aires urbaines et des campagnes en France, largement façonnées par l’automobile et difficilement praticables en vélo.

Le vélo est un moyen de transport qui doit être soutenu, tant pour des raisons culturelles que pour des raisons écologiques. Seulement, les choses ne se décrètent pas d’en haut de manière unilatérales, en disant aux Français qu’il faut utiliser son vélo. Cela est abstrait.

Le Premier ministre Édouard Philippe a eu raison dans son discours prononcé à Angers de dire qu’il faut diffuser « la culture du vélo », évoquant un effort culturel nécessaire.

Une pratique difficile

Le chef du gouvernement a certainement bien vu les choses aussi quand il introduit son propos en parlant de la contradiction entre la faible pratique du vélo, et le fait que notre pays est celui de son invention et celui du Tour de France, l’une des principales manifestations sportives mondiales.

Mais justement, on ne peut pas comprendre cela si l’on ne considère pas les choses de manière globales et concrètes. La réalité de la configuration des villes et des campagnes à notre époque rend forcément anecdotique la pratique du vélo.

Si elle ne représente que 3% des déplacements aujourd’hui, il est difficile d’imaginer que cette pratique triplera en moins de dix ans avec quelques mesures. En l’occurrence, il s’agit surtout d’une enveloppe de 350 millions répartie sur sept années, soit 50 millions par an pour toute la France, alors que rien que la ville de Paris consacre déjà aujourd’hui 25 millions d’euros par an au vélo.

Ces sommes doivent servir à des aménagements cyclables et à côté de cela il y a la mise en place d’un forfait de 400 euros annuels pour les personnes se rendant au travail à vélo, mais à la charge des entreprises et sans caractère obligatoire. Autant dire donc qu’il s’agit d’une mesure à la marge, qui servira surtout les prétentions modernistes de quelques entreprises dans les centres-villes.

Des infrastructures pour l’automobile

Pour que le vélo soit utilisé en masse, il ne suffit pas de le décréter, il faut qu’il satisfasse à une réalité pratique. Concrètement, si le vélo triple le temps d’un trajet, il faut une conviction personnelle absolument immense pour le préférer à sa voiture. On ne peut pas imaginer compter uniquement là-dessus.

Si l’on ajoute à cela le fait que l’usage du vélo est très dangereux, tant les infrastructures, les mentalités et les règles n’existent que par et pour l’automobile, on comprend pourquoi la grande majorité des travailleurs ne l’utilisent pas au quotidien.

Autant il est possible pour un cadre vivant au coeur d’une grande métropole d’enfourcher sa bicyclette pour se rendre tranquillement au bureau à 9h ou à 10h le matin sans vraiment d’impératif horaire, autant cela est très difficile pour un ouvrier ou un salarié qui a des horaires très précises et qui habite souvent loin en banlieue ou à la campagne. D’autant plus quand on ajoute à cela la nécessité de prendre en charge les enfants, dont les établissements scolaires peuvent-être loin de l’habitation, sauf encore dans les centres-villes.

En France, les habitants des périphéries des grandes villes ainsi que ceux des villes moyennes et des campagnes représentent la grande majorité de la population. Le plan vélo du gouvernement est pour eux quelque-chose de très abstrait. Il ne correspond aucunement à leur réalité quotidienne faite, globalement, d’autoroutes reliant des zones pavillonnaires et des zones d’activités commerciales ou industrielles.

Que ce soit dans les campagnes ou à la périphérie des grandes villes, quasiment rien n’est possible aujourd’hui sans une voiture, à moins de se résigner à un isolement culturel et social, ainsi qu’économique, absolument immense.

Le plan vélo du gouvernement ne prend pas en compte cela, car il n’envisage nullement de bouleverser la réalité économique et sociale de la France. Si l’on considère l’Île-de-France notamment, on ne peut pas rationnellement dire autre chose que c’est un monstre absolument invivable qui devrait être rapidement et largement démantelé. Ce que n’envisage nullement ce gouvernement, au contraire.

L’organisation et l’aménagement du territoire est strictement conforme aux besoins du capitalisme, dont l’automobile est un vecteur et un produit indispensable.

Un choix individuel limité

D’un point de vue culturel, le vélo est souvent saisi comme totem par des gens critiquant l’automobile, de manière romantique, voire réactionnaire. Il s’agit souvent gens fades, se disant « décroissant », voir des « zadistes », méprisant le football et le Tour de France. C’est-à-dire en fin de compte des figures souvent détestables d’un point de vue prolétarien.

Si la fascination pour l’automobile est un marqueur terrible d’aliénation et de soumission au capitalisme, la fétichisation du vélo n’en est que le pendant. Un strict équivalent inversé ne permettant pas une remise en cause de la réalité matérielle.

De la même manière, le vélo est aujourd’hui utilisé comme symbole « lifestyle » pour une imagerie moderne et tendance pour des gens aisés vivant dans les centres-villes. Cela est largement issu de la culture « fixie », qui est un apanage jeune et branché du libéralisme ultra à la mode new-yorkaise.

Le plan vélo ne répond absolument pas aux exigences de notre époque. Il n’est que vaines prétentions, totalement conformes d’ailleurs aux exigences des associations d’usager souvent en dehors des réalités des classes populaires.

Cela est bien dommage, et c’est la preuve encore une fois que la Gauche n’est pas à la hauteur en France. Elle ne s’est jamais approprié la question du vélo, qui n’est abordé aujourd’hui que comme un choix individuel, laissant place éventuellement à une indemnité forfaitaire comme récompense, mais pas à une pratique correspondant à un choix de société.

Le vélo serait pourtant un très bon outil, parmi d’autres, pour façonner une organisation nouvelle du territoire et de la vie, plus conforme aux besoins sociaux et naturels.

Catégories
Écologie

AVA : une force démocratique contre la chasse à courre

Le collectif AVA (Abolissons la Vénerie Aujourd’hui) et ses actions contre la chasse à courre est vraiment quelque chose qui a marqué ce début d’année, avec une manifestation de 1000 personnes et une présence deux fois par semaine en forêt avec les veneurs.

AVA Bonneuil

Une mobilisation des zones péri-urbaines et des campagnes

Ce qui est particulièrement intéressant dans cette initiative, c’est la mobilisation d’une frange de la société littéralement abandonnée par la Gauche : les habitants des zones péri-urbaines et des campagnes. Ces zones, trop éloignées des grandes villes pour avoir un accès satisfaisant à la Culture et où la Nature recule petit à petit sous le béton, sont en première ligne dans ce combat. Il s’agit là littéralement de la France profonde, et l’isolement vécu par ces habitants est vecteur d’un fatalisme qu’il est important d’affronter. De ce point de vue, AVA est une initiative résolument positive et démocratique, assez pour que nous nous penchions sur son mode d’action caractéristique.

A la base, se trouve la volonté de faire remonter le vécu des habitants qui font directement face à la chasse à courre, de briser le silence à ce sujet, de libérer la parole. Cela passe par la récolte de témoignages, d’anecdotes vécues par les habitants, et ce directement dans les rues des lotissements ou lors des brocantes, véritable cœur de la vie sociale dans les campagnes. La discussion est lancée et les gens interrogés se livrent facilement à des voisins : une personne sommée par un veneur de « dégager » lors d’une promenade, une autre renversée de son vélo au passage de la meute, une autre qui a défendu un animal réfugié chez elle…

C’est là qu’on peut prendre la mesure d’un problème concret, avec ses enjeux concrets, loin du discours d’experts théoriques. Chacune de ces histoires est une bribe du problème, qu’il convient ensuite de relier les unes aux autres, ce que sûrement beaucoup d’habitants n’osent pas faire d’eux même. Un chien écrasé, un quartier envahi, un embouteillage, un accident de voiture peuvent être vécus comme autant d’exceptions fâcheuses. La mise bout à bout de toutes ces portions de réalité permet d’effectuer une synthèse, une prise de recul nécessaire pour identifier des solutions. C’est un exemple typique de la pratique qui nourrit la théorie. Tout le contraire donc d’un tractage de type L214 par exemple, où la population serait « sensibilisée » de l’extérieur, comme un évangile.

AVA

Une initiative démocratique

AVA utilise parfois dans sa communication les notions « populaire » et « démocratique ». On pourrait passer facilement à côté du sens profond qu’a ce dernier terme en n’y voyant là qu’un fonctionnement, avec des votes, des réunions etc. Mais quand on y regarde de plus près, cette notion, pas anodine, est plutôt liée à la fonction d’AVA au sein de la société, au rôle que le collectif semble se donner : celle d’une force démocratique.

Les sorties en forêt d’AVA sont en ce sens aussi un outil démocratique car elles offrent aux gens une autonomie d’action pour prendre le problème à bras le corps eux même. Aller chercher les équipages de chasse à courre jusque dans les forêts pour leur signifier son opposition, filmer, sauver des animaux, tout cela plusieurs fois par semaine, c’est quelque chose de très fort pour des gens qui viennent de tout sauf d’environnements militants !

Surtout dans un pays comme la France, où le sens de la mesure est de mise culturellement et où la radicalité effraie. Car cela signifie aussi affronter les intimidations des autorités, les menaces des chasseurs, c’est se mettre même parfois en danger physiquement ou professionnellement. Et tout cela n’est possible qu’avec une prise de confiance en soi de la population, en sa capacité à prendre les choses en main, sans compter sur des « experts » ou sur l’aval des institutions.

Toutes les initiatives spontanées, comme les pétitions de quartier ou les actes de résistance sporadiques qui existaient avant AVA, se retrouvent structurées, organisées, et c’est en quelque sorte un pouvoir populaire qui se met en place. Et plus celui-ci se développe, plus il permet de révéler des blocages en amont dans la société, plus il permet d’entrevoir des enjeux profonds : poids des notables, clientélisme, rapports de classe, rapport à la Nature…

Pour toutes ces raisons, c’est un devoir pour tous les progressistes et les personnes de Gauche de s’engager et de soutenir ces initiatives, de rejoindre AVA et de reproduire cette méthode partout ailleurs, dans toutes les franges de la société.

AVA Compiègne Groupe 15 septembre

Catégories
Politique

« Le communisme est la question du XXIe siècle »

Dans le cadre de son congrès extraordinaire du 23 au 26 novembre 2018, le Conseil National du Parti Communiste Français propose un texte devant servir de base commune de discussion.

Ce texte est censé refléter et synthétiser le point de vue majoritaire des adhérents. Il représente en l’occurrence surtout le point de vue de la direction incarnée par Pierre Laurent et Ian Brossat. Il n’a été voté que par 49 des membres du Conseil National sur 91 votants et 168 membres, ce qui montre qu’il y a d’importantes tensions au seins de ce parti.

La proposition du base commune que nous reproduisons ci-dessous sera soumise au vote des adhérents du PCF avant le congrès. Ceux-ci pourront choisir entre celle-ci ou l’une des trois autres bases communes alternatives ayant obtenus une reconnaissance officielle. Deux autres textes ont été proposé mais n’ont pas recueillis les critères suffisants. Ils ne sont que des contributions sans caractère officiel.

Rédigé sous la forme de 48 thèses, ce texte de la direction du PCF est très généraliste et vague, il n’affirme pas grand chose. Il y a cependant une  orientation « européenne » très affirmée.

Le texte ne s’inscrit clairement pas dans la tradition du mouvement ouvrier et de la classe ouvrière. Le mot « ouvrier » n’est présent que deux fois. Une fois de manière vague en parlant de « mouvement ouvrier » et une autre fois pour diluer « l’ouvrier » dans « la classe des salarié·e·s ».

PCF Proposition de base commune du conseil national

 

Le communisme est la question du XXIe siècle

 

BASE COMMUNE DU CONSEIL NATIONAL

Nous entrons dans un moment historique d’immenses bouleversements. Depuis plusieurs décennies, les puissances du capital ont renforcé leur mainmise sur le monde, allant même jusqu’à répandre le mythe de leur domination éternelle : la « fin de l’histoire ». La crise systémique qui touche désormais le capitalisme fracasse sous nos yeux cette légende  : l’histoire a repris sa marche. Dans les convulsions de notre époque et alors même que de nouveaux krachs menacent, rien n’est écrit du futur de notre planète et de notre humanité : les forces du capital cherchent par tous les moyens la voie de la préservation de leur domination, ne reculant devant aucune guerre, aucun pillage, aucun saccage ; les courants réactionnaires se déchaînent, des mouvements populistes se présentent comme des recours… N’en chemine pas moins, objectivement, la nécessité du dépassement du capitalisme, tout comme l’ambition de dépassement des systèmes de domination patriarcal et raciste qui s’imbriquent pour le pire. Beaucoup d’alternatives se cherchent, se tentent, se construisent, depuis la mobilisation mondiale des femmes avec le mouvement #metoo/balancetonporc jusqu’aux expérimentations des fablabs, en passant par la lutte des Togolais·es·pour leur liberté, les jeunes États-unien·ne·s mobilisés pour l’interdiction des armes, le mouvement social pour la défense du service public ferroviaire, les mobilisations antiracistes ou le prix Nobel de la paix octroyé aux militant·e·s de l’interdiction des armes nucléaires.

En France, cependant, alors même que l’autoritarisme d’Emmanuel Macron est fortement contesté, le parti qui porte en son cœur cette alternative de dépassement a essuyé dans la dernière période des revers historiques qui exigent de produire toute la nouveauté que la période appelle, changer résolument tout ce qui doit l’être pour entrer, à la hauteur des défis de notre monde, dans un nouveau siècle. C’est la raison profonde de notre congrès extraordinaire. Il nous faut trouver les voies d’essor de ce communisme de nouvelle génération qui conjugue démocratie poussée jusqu’au bout et orientation révolutionnaire visant à sortir enfin de la société de classe, à relever jusqu’au bout le défi écologique, à assurer la paix et le libre développement de la personne humaine dans toutes ses dimensions. Ainsi, pour le PCF, le moment est venu de déployer hardiment le combat communiste, de renouveler en profondeur sa stratégie politique et d’engager toutes les transformations nécessaires de son organisation.

Le capitalisme nous entraîne au désastre

Thèse n° 1 : Le capitalisme est aujourd’hui un frein majeur au développement de l’humanité.

L’humanité a atteint un stade de développement qui lui permet de répondre à des défis hier encore inimaginables, de la sonde Rosetta posant Philae à 510 millions de km jusqu’au développement inédit des nanotechnologies. La révolution numérique amplifie chaque jour cette dynamique. Pourtant, maints grands besoins de l’humanité restent sans réponse alors que nous disposons, comme jamais jusqu’ici, des savoirs, savoir-faire et ressources pour y répondre. C’est la folle boussole du capitalisme, aimantée par le seul taux de profit, qui est aujourd’hui cette criminelle cause de souffrances et d’humiliations, cet insupportable frein au développement de toute l’humanité qui nous empêche de faire ce que nous concernent des pouvons et savons pourtant faire.

Thèse n° 2 : Le capitalisme entraîne l’humanité et notre planète vers l’abîme, à vitesse accélérée : la crise écologique et anthropologique qu’il génère prend des proportions inédites.

Le capitalisme, guidé par cette insatiable et aveugle soif de profit et d’accumulation, met en péril l’humanité et notre environnement : bouleversements
climatiques – source immédiate de risques gigantesques –, paradis fiscaux supports de la circulation de tous les trafics, pollutions alarmantes, fraude des trusts généralisée, réduction inédite de la biodiversité (-58 % d’espèces vertébrées en 40 ans), maltraitance des humains allant jusqu’à la marchandisation des corps (gestation pour autrui, trafic d’organes et même renouveau de la traite d’humains), déforestation massive (129 millions d’hectares en 25 ans)…

Le capitalisme menace le devenir même de l’humanité à échéance de moins en moins lointaine. « Après moi le déluge ! Telle est la devise de tout capitaliste », écrivait Marx dans Le Capital. Le propos prend, de nos jours, une actualité tragique. Qui peut penser que l’humanité et notre planète pourront résister des décennies durant à ce régime de choc capitaliste ?

Thèse n° 3 : Le capitalisme mondialisé fait face à des transformations inédites.

La phase actuelle de développement et de crise du capitalisme est marquée par des transformations de très grande ampleur : expansion territoriale et polarisation entre centres dominants et périphéries dominées ; privatisation et marchandisation progressive de toutes les activités humaines ; financiarisation des économies et création monétaire massive au service des marchés financiers ; concentration de la propriété dans un petit nombre d’actionnaires à la tête de firmes multinationales gigantesques et augmentation des dividendes versés aux actionnaires et des intérêts payés au banques ; restructuration des entreprises et transformations des systèmes productifs ; transformation de l’organisation du travail afin de déposséder totalement les travailleurs·euses de la maîtrise et de la finalité de leur travail ; politiques libérales renforcées, singulièrement en Europe dans la dernière décennie ; libéralisation des échanges pour réduire les barrières tarifaires et abaisser les normes sociales ou écologiques. La révolution informationnelle, qui commence déjà à franchir un nouveau stade, notamment avec l’intelligence artificielle, est centrale pour notre combat communiste car elle accélère ces transformations autant qu’elle peut permettre leur dépassement.

Thèse n° 4 : Le capitalisme dépossède de pouvoir un nombre inédit d’humains.

Le capital se concentre aujourd’hui dans un nombre de mains qui n’a jamais été aussi étroit. Quelques firmes transnationales – souvent à base nord-américaine – concentrent pouvoir et argent à échelle mondiale. En France même, elles représentent la moitié des emplois des entreprises.

Elles s’affirment comme des acteurs de premier plan, se soustrayant aux souverainetés populaires et allant même jusqu’à s’opposer et s’imposer aux États. Des plateformes privées (Facebook, Google…) en viennent à s’arroger des prérogatives régaliennes, sans aucun contrôle démocratique, tout en échappant à peu près à toute imposition. Propriétaires d’innombrables données personnelles, elles en font un usage marchand visant à accroître leurs profits, au mépris des libertés.

Pour le capital, la démocratie est une entrave. Ainsi, les développements nouveaux du capitalisme en viennent à faire reculer toutes les conquêtes partielles en matière de démocratie et de liberté. Alors que la révolution des connaissances appelle comme jamais le pouvoir du grand nombre, ils concentrent celui-ci dans des mains toujours moins nombreuses.

Thèse n° 5 : Le développement du capitalisme aggrave la crise de sens dans laquelle il enfonce l’humanité.

Faire de tout une marchandise : c’est la logique capitaliste. La généralisation de la marchandisation, sous l’effet d’une intense lutte de la classe dominante, se déploie à marche forcée. Cela vide toutes les valeurs et nourrit une profonde crise de civilisation. Le seul objectif d’une vie humaine devrait être de « devenir milliardaire » ou d’acquérir une Rolex avant 50 ans. Si certain·e·s s’épuisent à courir après ces objectifs si vides, la crise de sens touche désormais des pans très larges des sociétés humaines.

C’est particulièrement sensible dans le domaine du travail. Pour que quelques-un·e·s fassent des profits toujours plus gigantesques, on empêche des millions d’individus de travailler correctement, quand on ne les amène pas à effectuer un travail qu’ils savent sans utilité voire dangereux pour autrui et pour eux-mêmes. Tous les secteurs sont concernés, depuis l’agriculture jusqu’aux métiers de la santé en passant par les industries.

Thèse n° 6  : Le capitalisme présente des signes de péremption de plus en plus marqués.

Le principe selon lequel, dans le travail, celui qui possède décide de tout et impose à celui qui ne possède pas ce qu’il doit faire et comment il doit le faire est au cœur de la logique capitaliste d’aliénation. C’est une injustice que nous dénonçons de longue date. C’est, aujourd’hui, un principe lourdement mis en difficulté par le mouvement réel de l’humanité. C’est l’efficacité même qui commande que les travailleuses et les travailleurs réfléchissent eux-mêmes au travail à accomplir. Le travail prescrit de l’extérieur est un frein au développement global et, désormais, à certains égards, un frein au profit capitaliste lui-même. Face à cette contradiction montante, certains secteurs dynamiques du capitalisme sont obligés de ruser : Google permet ainsi à ses ingénieurs de consacrer 20 % de leur temps de travail payé à de libres projets personnels. Bien sûr, c’est pour mieux s’assurer de la propriété de ceux-ci en cas de succès, mais quel aveu de péremption des logiques capitalistes !

Oui, celles et ceux qui produisent doivent diriger et non obéir. Oui, « le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous ».

Thèse n° 7 : C’est à une crise systémique que le capitalisme est confronté.

Le fait économique majeur de la décennie qui a suivi la crise financière de 2007-2008 est que le système capitaliste poursuit une spéculation financière effrénée. Les institutions mises en place après le choc de la crise financière de 2008 n’ont cessé de développer les contradictions qu’elles prétendaient résorber. Le capitalisme vit désormais sous perfusion d’argent gratuit distribué sans critère aux spéculateurs par les banques centrales : la Réserve fédérale américaine et la Banque centrale européenne distribuent chaque mois plusieurs dizaines de milliards de dollars et d’euros à taux nul aux banques et aux grands groupes. Ces sommes considérables – qui pourraient être si utilement dépensées – alimentent ainsi les profits bancaires, alourdissant le coût du capital tout en préparant un nouveau krach avec les énormes bulles spéculatives qu’elles nourrissent. À l’heure où les signes d’une nouvelle crise financière se multiplient, élever le niveau de conscience concernant l’utilisation de l’argent par les banques et mettre en débat cet enjeu dans les luttes est une priorité pour les communistes.

La crise systémique, c’est l’impasse. Impasse sur l’emploi, sur les services publics, sur les droits sociaux, sur le type de croissance. C’est l’impasse en matière d’écologie. C’est l’impasse pour la sécurité des peuples qui demandent à vivre en paix. C’est l’impasse sur la démocratie…

Cela rend impérieux un processus de dépassement du capitalisme, la sortie, pour l’humanité, de cette préhistoire.

Le communisme est à l’ordre du jour de ce siècle

Thèse n° 8 : Relevons le défi écologique et anthropologique. Changeons de cap : l’humain d’abord !

Nous, communistes de France, proposons une alternative à ce désastre. Le profit et l’accumulation ne peuvent commander le présent et le devenir de l’humanité et de notre planète.

Les humains et les ressources naturelles sont considérés comme des moyens au service du profit de quelques-un·e·s ; nous voulons, quant à nous, remettre les choses à l’endroit et placer l’humain d’abord. C’est ce que nous appelons l’écommunisme. La boussole doit être celle du bien-vivre, du développement durable de l’humanité, de la réponse à ses besoins, potentiels et aspirations, incluant nécessairement la dimension écologique. Ceux-ci ne sauraient être définis abstraitement, une fois pour toutes, ou, d’une façon technocratique, par un marché, un parti ou une administration : ils doivent être définis collectivement dans la délibération démocratique.

Thèse n° 9 : Face à l’accaparement de tout par quelques-un·e·s, poussons à fond l’appropriation par le plus grand nombre.

Ces ruptures d’ampleur qu’appelle le mouvement réel de notre monde ne peuvent s’opérer en laissant les mêmes pilotes en place. La classe des propriétaires des grandes structures économiques ne peut décider seule de ce qu’on produit, où et comment on le fait et, cerise sur le gâteau, en retirer les bénéfices. Celles et ceux qui travaillent et créent les richesses doivent acquérir les pouvoirs leur permettant de décider.

L’appropriation par le plus grand nombre est à l’ordre du jour : nationalisations authentiques (et non simples étatisations hors d’atteinte du pouvoir populaire) donnant la grande place à celles et ceux qui travaillent dans ces secteurs, les usagers et la Nation elle-même ; développement de structures et de services publics démocratisés à échelles locale, nationale, continentale, mondiale  ; développement inédit de l’économie sociale et solidaire  ; développement volontariste des « communs », ces structures qui se multiplient sous nos yeux, notamment dans le domaine numérique, en marge de l’État et des marchés.

Thèse n° 10 : Pour le développement intégral des individus.

Parce que notre société reste, fondamentalement, une société de classes et que l’oppression de classe est sexuée, elle ne permet pas le développement plein et entier de la personne, dans toutes ses dimensions. L’actuelle division du travail épuise les individus sans leur laisser le temps de développer d’autres aspects de leur personnalité. Les politiques d’éducation et de formation, telles qu’elles sont conçues, empêchent de plus en plus de jeunes d’accéder à une culture de haut niveau et de développer leur créativité. Au nom de la rentabilité, le travail est privé de son sens ; la pensée, la création, le sport sont sommés de se soumettre à la loi du marché. Nombre de nos loisirs sont même réduits à des divertissements uniformisés. Au-delà, on enferme les personnes dans des rôles ; on les assigne à des identités.

Au contraire, notre combat communiste place en son cœur l’ambition du libre développement de la personne dans toutes ses dimensions. C’est un enjeu de justice : nous sommes toutes et tous capables d’apprendre, de créer, d’innover : pourquoi certain·e·s en seraient-ils privé·e·s ? Au-delà, c’est une nécessité politique, économique, civilisationnelle : pour faire face aux défis productifs d’aujourd’hui et de demain, pour permettre effectivement l’activité citoyenne de direction collective, pour que chacune et chacun, par son libre développement, puisse donner toute sa mesure et, par là, faire croître comme jamais le libre développement collectif.

Cela appelle à transformer radicalement l’éducation pour qu’elle réponde à cette ambition. Cela appelle une forte réduction du temps de travail, appuyée sur les formidables gains de productivité, ouvrant la voie à des possibilités inédites de développement de la personne et une organisation nouvelle des temps de la vie.

Thèse n° 11 : Pour une société d’êtres humains égaux et libres, face à la mise en scène d’un « choc des civilisations ».

Le chaos du monde actuel est propice à la montée de toutes les haines. Dans le monde et dans toute l’Europe, le racisme redevient, à grande échelle, un des instruments de la domination de classe  : exacerber la concurrence des exploité·e·s et des dominé·e·s. Inégalités sociales, précarisation du travail, assignations territoriales dans des quartiers délaissés de la République, discriminations racistes structurelles (embauche, logement, contrôle au faciès) se conjuguent pour mettre à l’index, en état de sous-citoyenneté, une part croissante de la population, et singulièrement de la jeunesse, injures quotidiennes à nos principes républicains.

L’idéologie dominante propose un portrait caricatural et très appauvri de l’humanité, réduite à une division raciste et religieuse en quelques blocs civilisationnels censément homogènes : c’est le prétendu « choc des civilisations » (« l’Occident » serait blanc et chrétien, alors que son histoire est beaucoup plus plurielle ; le « monde arabe » serait tout uniment musulman ; etc.).

Profondément anticolonialistes, anti-impérialistes de la première heure, partisans décidés de l’émancipation individuelle et collective, nous rejetons ces manœuvres qui divisent artificiellement celles et ceux qui ont intérêt à s’unir, en même temps qu’elles humilient et briment des millions d’individus, ramenés à une couleur de peau, une religion réelle ou supposée, une « civilisation » présentées comme des menaces ou des crimes. Nous affirmons l’égalité de tous les êtres humains et récusons toutes les grilles de lecture racistes. Nous combattons le système de domination raciste, toutes les violences – y compris policières – et toutes les discriminations – y compris territoriales. Il est urgent de porter un antiracisme qui revendique l’égalité de traitement pour toutes et pour tous, qui agit contre toutes les formes de discriminations, d’humiliations et d’oppressions, qui combat avec force l’offensive xénophobe, antimusulmane, antisémite et contre toutes les formes de racisme.

La mise en scène de ce « choc des civilisations » est une entrave au libre développement de chacun·e, dans la complexité et la diversité de ses origines et trajectoires, de ses opinions, de ses croyances. Se libérer de ces chaînes relève de notre combat communiste, comme condition et manifestation du développement de l’humanité tout entière.

Thèse n° 12 : Pour une humanité débarrassée de la domination patriarcale, pour des femmes et des hommes égaux et libres.

La domination patriarcale est un puissant frein au développement de l’humanité. L’indépendance économique des femmes par le travail, le renforcement de leur formation, conquêtes majeures au sein du capitalisme, rendent cette moitié de l’humanité chaque jour plus actrice de sa vie et de l’humanité entière. Cela manifeste aux yeux de toutes et tous son égale capacité et dignité. Les tactiques patronales de discrimination visant à faire des économies sur le dos des femmes en rétribuant moins celle-ci à travail de valeur et de qualifications égales sont de moins en moins supportées et apparaissent pour ce qu’elles sont : une inégalité systémique, une injustice d’un autre temps.
L’ampleur des campagnes #metoo/balancetonporc révèle à la fois la gravité et le caractère structurel des violences faites aux femmes – elles sont très nombreuses, de tous âges et tous milieux sociaux, à en être victimes – comme la puissance d’un refus  : celui d’être considéré comme un objet. Pour atteindre l’égalité et laisser la personnalité de toutes et tous se développer librement, notre combat appelle à s’émanciper de ces dominations. Les combats féministes bouleversent l’ensemble des rapports sociaux, la place assignée à chacune et chacun ; ils permettent à l’ensemble de la société de faire un bond en avant.

Dans le même sens, la progression des droits des personnes lesbiennes, gays, bi, transgenres, intersexuées (LGBTI+), fortement discriminées elles aussi par le système patriarcal, inimaginable il y a un demi-siècle encore, est le signe qu’une société nouvelle cherche à éclore.

Aujourd’hui, ces conquêtes, inachevées, sont fragiles et peuvent être remises en cause. Ainsi, notre combat communiste vise non seulement à les conforter, mais à leur donner une ampleur neuve, dans une société de liberté, d’égalité, de dignité.

Thèse n°13 : Pour un monde de paix.

Le monde est bouleversé sous la pression des appétits capitalistes et impérialistes, par les
guerres. Cela le rend dangereux à un point inconnu depuis la fin de la Guerre froide. Les nationalismes et obscurantismes voient leur vigueur redoubler, se présentant comme des réponses alternatives à une mondialisation capitaliste brutale et dépourvue de sens ; ils mènent les peuples dans d’aussi meurtrières impasses. La « fin de l’Histoire » n’a pas eu lieu ; cette fable élaborée alors que le capitalisme semblait triompher, dans les années 1990, a été pleinement invalidée par le mouvement de l’Histoire même. Le capitalisme, dans sa phase mondialisée, génère au contraire de violentes contradictions qui aiguisent les tensions et nourrissent des foyers de guerre partout sur la planète. Les traités de libre-échange qui se multiplient à l’écart des décisions souveraines dessinent des zones d’affrontements qui accumulent des stocks alarmants d’armements. Et la menace nucléaire est à nouveau brandie dans des formes nouvelles.

D’Erdogan à Trump en passant par Netanyahou ou Poutine, redouble d’actualité l’analyse de Jaurès : le capitalisme porte en lui la guerre « comme la nuée dormante porte l’orage ».
La paix ne peut pas s’épanouir au milieu de la guerre économique. La survie et le développement de l’humanité permettent et requièrent au contraire l’essor des coopérations internationales dans un cadre de paix et de droit. Elle est conditionnée par un indispensable dialogue sanctionné par des instances internationales modernisées et démocratisées, par une refondation progressiste de la construction européenne qui doit s’émanciper de l’OTAN. La France doit s’inscrire de façon active dans le processus d’interdiction des armes nucléaires, engagé en juillet 2017, par une très large majorité (132 États) de l’assemblée générale de l’ONU.

La paix, le désarmement et tout ce qui les nourrit s’avèrent ainsi des enjeux cardinaux de notre combat.

Thèse n° 14 : Pour une France hospitalière et fraternelle, une Europe solidaire.

Les enjeux migratoires sont au cœur de notre époque et représentent un véritable défi mondial. Aucun pays n’échappe aujourd’hui à ces enjeux, enjeux qui relèvent de choix politiques réfléchis. Il s’agit donc pour les institutions internationales, États et citoyen·ne·s, de travailler à définir des solutions communes dans une démarche d’accueil, de devoir d’humanité et de co-développement. Si le droit à la mobilité est reconnu par la Déclaration des droits de l’homme, des migrations forcées ne cessent d’augmenter. Seul un tiers de la population mondiale arrive à faire valoir son droit à la mobilité, et les drames humains se multiplient. Notre responsabilité est d’accueillir les migrant·e·s avec dignité, dans le respect des droits internationaux et des conventions des droits de l’enfant.

Au moment où l’Europe consacre des milliards d’euros à la « sécurisation des frontières », la France doit porter un autre espoir, celui de la patrie des droits de l’homme, du droit à la circulation pour toutes et tous, de l’ouverture du droit d’asile aux réfugié·e·s économiques et climatiques, d’ouverture de voies légales de migration, de politiques volontaristes d’accès au droit au travail, à la santé, aux transports, au logement, à l’apprentissage du français. De plus, la France doit s’investir pleinement pour un pacte mondial de solidarité sur les enjeux migratoires, l’année où l’ONU appelle à des initiatives.

 En France, un combat stratégique

Thèse n° 15 : La France présente des dimensions stratégiques pour notre combat.

Sixième puissance mondiale, la France est de ces nations qui peuvent peser sur le cours du monde. Que la lutte des classes y tourne à l’avantage des possédant·e·s ou des travailleurs et travailleuses, et les conséquences peuvent s’en faire sentir pour de nombreux peuples dans le monde. Les luttes y prennent ainsi une portée qui dépasse les seules frontières hexagonales.

Emmanuel Macron tente aujourd’hui d’utiliser le rayonnement international de la France et sa puissance d’intervention militaire extérieure pour retrouver un rôle de leader du « camp occidental », à l’égal de Trump. Cet effort est vain ; il est même dangereux car il n’est pas mis au service de la construction d’un nouvel ordre du monde fondé sur la justice, le droit, la coopération et la paix. Notre pays a pourtant des atouts pour jouer, en grand, ce rôle de progrès.

Parmi les grandes puissances capitalistes, la France présente une configuration singulière. Malgré les réactions, reniements et répressions, la France reste intimement marquée par le souffle de sa Grande Révolution, de ses révolutions du XIXe siècle, de ses intenses luttes de classes du XXe, de ses mobilisations féministes. Notre peuple en porte un puissant héritage : de sa devise républicaine à la Sécurité sociale en passant par son ancrage laïque, le préambule de 1946 ou la vivacité de ses organisations révolutionnaires syndicales et politiques. Les luttes sociales et politiques en 2018 en témoignent de manière vivante.

Cette configuration, singulière en Europe et dans le monde, fait de notre pays, au cœur du monde capitaliste, une terre qui appelle le déploiement offensif de notre combat communiste.

Thèse n° 16 : La France est au cœur d’un affrontement de classe visant à saborder tous les leviers de modernité conquis de haute lutte : défendons-les, développonsles, ressourçons-les.

Activement soutenu par le grand capital financier et ses relais médiatiques, qui en ont fait leur nouveau champion, le Président de la République a réussi en 2017 à capter le besoin de renouveau de la société française. Mais son « nouveau monde » montre son vrai visage : inégalitaire, brutal et autoritaire, tout entier dédié aux grands intérêts capitalistes. Même rhabillé en start-up, le modèle Macron tape toujours plus dur. Derrière les masques, c’est le vieux monde capitaliste.

La Sécurité sociale, les services publics sont des conquêtes majeures, leviers originaux de modernité arrachés par le combat de classe. Ils n’ont cessé d’être l’objet d’attaques de la part du patronat et leur originalité s’est parfois émoussée quand il aurait fallu la renforcer. Nous sommes aujourd’hui confronté·e·s à une lutte de très haute intensité visant à les liquider purement et simplement, pour faire place nette à une domination de classe sans frein. Le pouvoir Macron, c’est la volonté de pousser le plus loin possible l’adaptation de notre pays à la domination capitaliste mondialisée de ce siècle.
Ces conquêtes doivent, au contraire, être précieusement préservées, ressourcées dans une appropriation populaire effective et amplifiées pour répondre aux défis posés par notre temps. Il ne s’agit pas de normaliser la France au regard des appétits capitalistes internationaux mais de pousser plus loin tout ce qu’elle compte de modernité.
Communistes, nous ne défendons pas le vieux monde et ses lourdes limites. Nous voulons
prendre appui sur les conquêtes d’hier et le mouvement profond d’aujourd’hui pour relever les défis du siècle posés à l’humanité. À celles et ceux qui produisent les richesses de prendre, enfin, les affaires du monde en main.

Les chemins révolutionnaires dans la France de notre temps

Pour une mise en mouvement consciente du plus grand nombre pour des objectifs de conquête

Thèse n° 17 : Il existe, en France, une puissante aspiration populaire à de grands changements mais le mouvement populaire reste trop faible.

La mise en mouvement du plus grand nombre, créatrice et consciente, est la condition sine qua non du mouvement communiste. La construction de cette mise en mouvement se trouve ainsi placée au cœur même de notre pratique politique. Nous pouvons nous appuyer, aujourd’hui, sur une puissante aspiration populaire à de grands changements. Le statu quo est tellement rejeté que l’homme des principales forces du capital, Emmanuel Macron, a dû intituler son livre de campagne présidentielle « Révolution ». Malgré le déferlement médiatique soutenant chacune de ses contre-réformes, il ne parvient pas à obtenir d’adhésion majoritaire. La dureté de bien des vies, la conscience diffuse des périls, la crise de non-sens du capitalisme mondialisé, la curiosité qui se développe autour des notions de « communs », le regain d’intérêt pour les
idées de Marx ou le communisme dans la jeunesse en constituent d’autres signes. Pour autant, le mouvement populaire effectif est encore trop faible. Nous avons des obstacles à lever.

Thèse n° 18 : Développer la conscience de classe est un enjeu stratégique.

La mise en mouvement du plus grand nombre implique une élévation du niveau de conscience des intérêts en présence. L’idéologie dominante s’emploie à diviser la grande classe des salarié·e·s. Pourtant, les conditions objectives pour une alternative au système capitaliste sont aujourd’hui particulièrement aiguisées, notamment du fait d’une concentration inédite de la classe capitaliste. Face à elle, et par-delà ses mille nuances – de l’ouvrier à la chercheuse en passant par le chômeur, le cadre ou la caissière –, la classe des salarié·e·s est unie objectivement, dans sa subordination aux grands propriétaires qui, seuls, décident et profitent véritablement. L’émergence des « auto-entrepreneurs » dans la dernière période n’est pas synonyme de création d’une classe aux intérêts distincts. Leurs intérêts sont ceux des salarié·e·s. Face à la concentration actuelle du capital apparaissent même des possibilités d’alliance très fortes avec nombre de travailleurs indépendants et de petits patrons, eux aussi soumis au pouvoir d’une classe dominante de plus en plus étroite.

Pourtant, force est de constater que cette classe n’a pas conscience de ses intérêts communs. En effet, une des principales forces de la politique de la classe capitaliste, celle d’Emmanuel Macron en témoigne, est qu’elle parvient à diviser de manière significative les salarié·e·s et simultanément à faire adhérer une partie d’entre eux aux thèses patronales. Ainsi, les différences de statuts ou la domination patriarcale sont utilisées pour tirer les droits des travailleurs·euses vers le bas, les différentes méthodes managériales et le développement de l’intéressement accentuent la mise en concurrence les salarié·e·s et la participation aux bénéfices se fait au détriment de l’augmentation des salaires. Ainsi, la mise en mouvement créatrice des salarié·e·s et de leurs allié·e·s de classe appelle une intense bataille idéologique pour faire croître une large conscience de classe.

Thèse n° 19 : Développer l’alliance de toutes celles et de tous ceux qui ont intérêt à l’extinction des dominations pour, ensemble, parvenir à les faire reculer.

Par-delà même ces structurants intérêts de classe, nous visons à rassembler toutes celles et tous ceux qui ont intérêt au dépassement du capitalisme et au libre développement de la personne. Le sort réservé à la jeunesse de notre pays, aux femmes, aux étranger·e·s, à celles et ceux que l’idéologie dominante tend à présenter comme des ennemis de l’intérieur en raison de leur couleur de peau ou de leurs croyances réelles ou supposées ; tout nous appelle à travailler ensemble et, ensemble, combattre ces dominations dont l’extinction serait profitable à toutes et tous. Ce sont des questions de tout premier ordre et des préoccupations majeures pour des millions de personnes dans notre peuple, prêtes à se mobiliser en plus grand nombre encore, depuis Parcoursup jusqu’aux violences policières, en passant par #metoo/balancetonporc ou
la chasse aux migrant·e·s.

Au-delà, nous visons à rassembler toutes celles et tous ceux que la République délaisse dans les banlieues, les quartiers populaires, le péri-urbain ou la ruralité. Nous promouvons une République de l’égalité dans tous les territoires.

Thèse n° 20 : Notre stratégie communiste s’ancre dans les luttes concrètes pour engager le dépassement du capitalisme.

C’est dans les luttes concrètes, sur tous les terrains, que se construisent les possibilités d’un dépassement réel du système capitaliste. C’est dans le mouvement réel, dans ces luttes et dans le combat pour y porter des alternatives que s’ancre notre stratégie révolutionnaire, ce processus multiforme fait de succès partiels mais aussi de possibles reculs, de victoires de longue portée et de ruptures, d’élévation progressive des objectifs de conquête à mesure que se construisent et évoluent les rapports de forces.

Aussi, nous devons déployer notre présence, notre visibilité, notre activité dans un plus grand nombre de bassins de vie et d’emplois, en appréhendant la réalité dans ses contradictions, en développant notre autonomie de pensée et d’actions, pour être d’abord identifié·e·s pour ce que nous sommes et pour le changement de société que nous portons.

Les questions qui font le quotidien de notre peuple soulèvent toutes des questions politiques qui peuvent être utilement nourries de l’apport communiste.

Thèse n° 21 : La mise en mouvement populaire, pour grandir, a besoin de victoires.

Travaillons, à toutes échelles, à en obtenir et popularisons-les. Le fatalisme s’est répandu dans de larges couches de notre société. C’est le fruit d’une dure bataille idéologique mais aussi d’une succession factuelle d’échecs de mobilisations. La lutte trouve un écho plus vigoureux et large quand on peut l’espérer victorieuse. Il est, dès lors, stratégique, à toutes échelles, de penser des batailles qui visent à être gagnées et s’en donnent les moyens, que nous en soyons à l’initiative ou que celles-ci soient déjà en cours. Pour partielles qu’elles puissent être, ces victoires ne peuvent devenir des leviers d’une mise en mouvement plus large qu’à la condition d’être connues et popularisées.

Thèse n° 22 : Faire grandir cinq transformations révolutionnaires constitutives de notre projet communiste.

Nous sommes à l’écoute et en appui des mouvements de notre peuple que nous tâchons de pousser le plus loin possible, en nous y impliquant avec esprit de suite et cohérence de sens global. En outre, notre programme reste celui développé dans « La France en commun ».

Au vu des aspirations de notre peuple, de ce qu’il identifie comme devant faire l’objet de mobilisations, comme des défis objectifs que nous identifions pour la période actuelle et à venir, nous nous engageons pour obtenir de nouvelles conquêtes qui contribuent à faire grandir cinq grandes transformations révolutionnaires constitutives de notre projet communiste.

• Ouvrir la porte au communisme dans la production et le travail. Le pouvoir de décider ce qui est produit, d’organiser le travail, d’utiliser les bénéfices est confisqué par une poignée de grands actionnaires qui ruinent notre pays, ses travailleurs et travailleuses, à l’image de ceux de Carrefour, groupe qui verse des dividendes records, prévoit près de 4 000 licenciements et impose des bas salaires à celles et ceux qui, par leur travail, assurent sa richesse.

À l’échelle mondiale, les assauts ne sont pas moindres et ont aussi des effets en France (1,4
milliard de personnes vivent avec moins de 5 $ par jour, 73 % de la population mondiale
n’ont pas de protection sociale adaptée…). L’heure est venue de faire grandir les pouvoirs de décision économique pour les travailleurs, travailleuses et usagers, en France, en Europe et dans le monde. Dans le même mouvement, nous portons l’ambition de garantir à chacune et chacun le droit à un travail émancipé et à du temps libéré. Alors que l’utilisation capitaliste de la révolution numérique conduit à des destructions massives d’emplois et au développement effréné de la précarité jusqu’à l’uberisation des activités, décidons au contraire, collectivement, de l’usage que nous voulons en faire. Les potentialités de cette révolution permettent, en effet, de tout autres perspectives : développer de nouveaux métiers, réduire le temps de travail au profit d’autres activités humaines, pour dépasser le marché du travail avec la création d’une sécurité de l’emploi et de la formation.

• Engager la révolution écologique. Cet enjeu est souligné dans nos textes de congrès depuis plusieurs décennies. L’urgence de la situation appelle cependant une montée en puissance de notre part sur ce front, dans la suite des assises communistes de l’écologie : dans notre pays, près de 50 000 décès prématurés sont dus à la pollution atmosphérique ! L’heure est venue de développer un nouveau mode de production, de nouveaux modes de consommation, de nouveaux modes de déplacement. Cela passe par la relocalisation d’activités économiques, la lutte contre les perturbateurs endocriniens, la relance massive des secteurs de l’industrie (transport, isolation…) comme de la recherche loin du démantèlement auquel nous assistons, l’introduction de critères sociaux et écologiques ambitieux et contraignants pour les entreprises, la détermination démocratique et la maîtrise publique des énergies – à commencer par l’énergie nucléaire qui doit être absolument placée, pour être viable, à l’écart des logiques de l’argent – la refonte du modèle agricole français avec une réduction des intrants chimiques, le développement de services publics démocratisés, un nouveau modèle d’échanges internationaux fondés sur la coopération, loin des accords de libre-échange généralisés et d’une division internationale des processus productifs écologiquement insoutenable. Cette lutte, d’emblée, s’inscrit du local au mondial, avec les peuples mobilisés des pays en développement qui exigent que les pays riches et industrialisés, responsables du
réchauffement climatique, s’acquittent de leur dette écologique

• Faire reculer les dominations patriarcales, combattre le racisme et faire échec aux nationalismes. Dans les discours et dans les faits, ces dominations vivaces défigurent notre pays, génèrent discriminations, humiliations et souffrances. Il est urgent de faire grandir la conscience que le fait d’être français n’implique pas une couleur de peau ni une religion, et réciproquement. Face aux Zemmour, Finkielkraut, à la «  Manif pour tous  » et autres puissantes offensives réactionnaires, notre agenda place haut les combats à mener pour l’égalité professionnelle, le droit à disposer de son corps, le juste partage des pouvoirs, le libre développement de chacune et de chacun, en France et dans le monde.

• Protéger et développer les services publics. Les capitalistes veulent tout privatiser, tout
transformer en marchandise. Ils font subir un traitement de choc aux services publics en
les privant de moyens humains, financiers et en soumettant leur gestion au dogme de la
rentabilité jusqu’à les entraver dans leurs missions. La situation de l’hôpital public en est le
témoin. Nous devons au contraire les promouvoir pour répondre aux besoins humains et relever le défi écologique : pas de démocratie ni de métiers d’avenir sans système éducatif à la hauteur de la révolution des connaissances ; pas d’accès aux soins pour toutes et tous, pour une protection sociale du XXIe siècle sans service public de santé et secteur public du médicament ; pas de réponse au défi climatique sans service public de l’énergie ou du transport ferroviaire. Le statut de la fonction publique est essentiel pour relever ces défis car il garantit l’égalité, l’indépendance et la responsabilité des fonctionnaires.

• Prendre le pouvoir sur l’argent. C’est une question objectivement incontournable et, de plus en plus, perçue comme telle. Nous pourrions ainsi envisager des batailles d’ampleur contre l’évasion fiscale et viser à briser plusieurs de ses mécanismes comme le « verrou de Bercy ».

Au-delà, prendre le pouvoir sur l’argent nécessite la connaissance précise des activités bancaires, la constitution d’un secteur bancaire public incluant des nationalisations, une maîtrise populaire du crédit, une réorientation radicale de la Banque centrale européenne pour placer son pouvoir de création monétaire au service des besoins du plus grand nombre. Enfin, il nous faut travailler à forger une monnaie commune mondiale pour échapper à la domination du dollar et permettre au grand nombre des humains de maîtriser leur monnaie commune.

À la conquête des pouvoirs

Thèse n° 23 : Il n’y a pas d’émancipation politique sans émancipation culturelle.

Le capitalisme prend les allures d’une forme de dictature de la pensée dont l’ambition est d’imposer son hégémonie culturelle en s’emparant des imaginaires. Des œuvres, des langues, des lieux, des festivals, des artistes disparaissent tandis que de grands groupes globalisés font main basse sur la production artistique, sur les médias et le web. Ils fabriquent et diffusent massivement des « produits culturels » standardisées et uniformisés. Pris au piège de l’austérité et minés par les critères libéraux, les établissements culturels publics voient leur liberté de création, leur esprit critique, leur fonction citoyenne, menacés. C’est d’autant plus dangereux que néolibéralisme et néopopulismes convergent du même pas obscurantiste. L’élitisme et le populisme culturel apparaissent comme une arme pour parler au nom du peuple tout en lui refusant
le droit de se construire en acteur de sa propre histoire. Remettre l’art, les savoirs, la culture et l’éducation populaire au cœur de notre combat émancipateur, reconquérir une hégémonie culturelle progressiste sont des enjeux majeurs de la construction d’une nouvelle conscience de classe et d’une alternative à la destruction capitaliste comme à la haine populiste. À l’ordre de la marchandise, du divertissement, du repli identitaire, opposons le risque de la création, l’ambition de la démocratie culturelle, comme de l’ouverture au monde pour construire un nouvel universalisme de liberté, d’égalité et de fraternité.

Thèse n° 24 : Nous sommes confronté·e·s à une nouvelle phase de concentration autoritaire des pouvoirs.

Peinant à susciter l’adhésion, les forces dominantes sont tentées par l’autoritarisme. De puissants systèmes médiatiques aux mains des puissances d’argent contrôlent un flot continu d’informations. Des transnationales nées de la révolution numérique étendent leur emprise dans des domaines inédits. La démocratie, en crise, est mise en danger. Faute d’avoir une prise réelle sur les décisions, des millions de citoyennes et de citoyens se retirent du jeu démocratique.

En France, Emmanuel Macron veut franchir une étape majeure dans la concentration des pouvoirs. Dans l’entreprise, toutes ses lois visent à priver les salarié·e·s et leurs syndicats de droit d’intervention. Il veut aussi une nouvelle concentration institutionnelle : moins de pouvoirs pour les communes, moins de parlementaires et de pouvoir au parlement, toujours plus pour un État aux mains d’une technocratie financière. Une présidentialisation monarchique sert de levier à une recomposition politique lourde : un pouvoir toujours plus éloigné du contrôle populaire. Nous opposons à cela une conception de la politique fondée sur l’accroissement des pouvoirs du plus grand nombre.

Thèse n° 25  : Nous visons la conquête du pouvoir d’État pour faire croître les pouvoirs du plus grand nombre.

Dans la mondialisation capitaliste, le rôle des États reste majeur et le Parti communiste français ne saurait se désintéresser de l’État français, 6e puissance mondiale. Nous avons déjà détenu une petite part du pouvoir d’État, ce qui a puissamment contribué à apporter des transformations profondes à notre pays  : droit de vote et d’éligibilité des femmes, Sécurité sociale, statut général de la fonction publique, nationalisations, loi de solidarité et de renouvellement urbains… Dans une situation qui appelle des transformations plus radicales encore, mêlant processus au long cours, seuils et ruptures, le Parti communiste français vise plus que jamais la conquête du pouvoir d’État.

Pour autant, le PCF ne vise pas à se substituer simplement à une autre force à la tête de cette machinerie. Cette conquête vaut pour nous en ce qu’elle s’inscrit dans notre combat visant à ce que ceux et celles qui produisent les richesses gagnent le pouvoir de décider. Nous visons, dans ce sens, la constitution d’une nouvelle République.

Thèse n° 26  : Notre stratégie de conquête des pouvoirs ne se limite pas à l’État national.

Tout le pouvoir ne réside pas, ni n’a vocation à résider dans l’État. Les lieux de pouvoir sont pluriels. Nous visons la conquête de pouvoirs des salarié·e·s à l’échelle de l’entreprise. Nous visons la conquête de pouvoirs dans les différentes institutions, trop souvent fermées à l’initiative et au contrôle populaires. Nous visons la conquête de pouvoirs dans les collectivités. Dans ce sens, nous aspirons à une décentralisation des pouvoirs au plus près des citoyennes et des citoyens et nous mobilisons contre le démantèlement de la démocratie de proximité.

L’Union européenne est devenue, par sa construction au service des marchés et sous domination des grandes puissances, un niveau clé de la lutte de classe. Pour nos peuples et pour changer le cours de la mondialisation, des transformations fondamentales dans ses orientations, institutions financières et de coopération politique – donc des ruptures avec les traités actuels – sont un objectif stratégique. Nous nous battons à la fois pour une autre politique de la France en Europe, et pour des fronts européens dans les institutions et en dehors d’elles. Nous pensons notre action à l’échelle continentale avec le Parti de la gauche européenne, le groupe GUE/NGL et toutes les coopérations progressistes engagées jusqu’ici et à engager dans la prochaine période pour ouvrir des fronts victorieux.

Face à un capitalisme mondialisé, nous pensons notre action à l’échelle mondiale, avec les
forces politiques progressistes mais aussi les mouvements de la société émancipateurs comme #metoo/balancetonporc ou la lutte, mondiale, contre les géants du numérique (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft…) pour leur soumission à l’impôt et l’appropriation de nos données. Notre démarche stratégique est fondamentalement internationaliste. La part internationaliste de notre combat doit être renforcée face à des stratégies, de fait, pensées et mises en œuvre à cette échelle.

La croissance de la force communiste est un objectif stratégique ; le rassemblement majoritaire, un chemin incontournable.

Thèse n° 27 : Les élu·e·s communistes sont un atout précieux dans ce combat.

Dans notre stratégie révolutionnaire, les milliers d’hommes et de femmes engagés au Parti
communiste qui assument des responsabilités dans les institutions sont un atout majeur. Qu’ils y soient majoritaires ou non, ils sont des points d’appui précieux pour les luttes progressistes : ils en sont directement partie prenante, au plus près des habitantes et habitants, articulant réponses immédiates et perspectives de transformation profonde. Au-delà, face aux attaques du capital, aux politiques d’austérité et de concentration autoritaire des pouvoirs, ils tiennent une place singulière dans l’action, mêlant résistance et expérimentations, en lien privilégié avec le grand nombre des citoyennes et citoyens.

Ainsi, acteurs de rassemblements, à tous les échelons et dans toutes les configurations, les
élu·e·s communistes sont une des conditions de progression de nos idées, de nos combats, du mouvement populaire de progrès.

Pleinement communistes, pleinement rassembleurs pour de nouvelles majorités politiques

Thèse n° 28  : Pour une mise en mouvement populaire permanente  : initiative communiste et fronts d’unité populaire.

La construction de mouvements populaires, d’expérimentations sociales, de majorités politiques capables de réaliser concrètement l’avancée des aspirations émancipatrices de notre peuple est le cœur de notre stratégie. L’émancipation des travailleurs est l’œuvre des travailleurs eux-mêmes : cela dit clairement la transformation révolutionnaire démocratique que nous visons. Par ses propositions, sa capacité d’analyse et d’initiative, le Parti communiste se place au service de ce mouvement émancipateur. Il n’y a pas de formule politique intangible capable d’enfermer ce mouvement de création continu. Le combat communiste, la lutte de classes la plus large mise en mouvement populaire appellent des mobilisations politiques aux configurations évolutives et multiformes.
Ces constructions, majoritaires ou suffisamment amples pour entraîner le mouvement de la société, supposent d’impulser en même temps la politisation et l’intervention populaire la plus large possible et l’initiative communiste dans la société. Nous avons souvent du mal à déployer les deux, ce qui fragilise les rassemblements en construction ou en limitent la portée.

L’initiative communiste dans les luttes populaires doit être déployée avec plus d’audace et de constance, ce qui nécessite des changements dans l’animation de notre parti et dans les liens que nous entretenons à la société.

La politisation des mouvements populaires nécessite plus d’initiatives et d’engagement au service du débat populaire, plus d’espaces à créer pour lui permettre de se déployer, et de combattre la tendance à la délégation vers d’autres du débat politique ou à l’ignorance de ces enjeux.

Pleinement communistes et pleinement rassembleurs, c’est la ligne de conduite que nous devons nous atteler à mettre en œuvre. Les alliances politiques ou électorales sont pour nous un des moyens et non une fin au service de ces objectifs.
Notre stratégie est donc indissociablement initiative communiste pour des luttes populaires transformatrices et construction de fronts d’unité populaire pour porter ces luttes et les rendre victorieuses. C’est une création continue, qui ne saurait être intégralement planifiée à l’avance mais qui doit être mieux impulsée, évaluée et coordonnée en permanence.

Thèse n° 29  : Le Front de gauche a finalement échoué, non sans rencontrer des succès.

Lors de son Congrès de 2008, le PCF appelait à la constitution de « fronts les plus larges possibles visant des objectifs politiques précis », s’appuyant sur « une construction unitaire permanente avec des cadres, des fronts, des alliances adaptés aux contenus portés et aux échéances affrontées ». De cette impulsion initiale naît le Front de gauche.
Cette construction originale a motivé l’engagement de dizaines de milliers de personnes, l’espoir de millions d’autres, autour du programme « L’humain d’abord » diffusé à plus de 500 000 exemplaires.

Pour autant, dès le début du Front de gauche, nous avons été confronté·e·s à une difficulté : là où nous voulions construire de larges fronts, nous avons dû, au gré des échéances électorales et au nom de la préservation du rassemblement, nous contenter d’un front réduit à la dimension d’alliance de forces politiques aux stratégies de plus en plus divergentes. Nous avons manqué d’initiatives pour impulser une intervention populaire pérenne dans des fronts de lutte sectoriels portant des plateformes politiques de transformation sociale. Cela a renforcé à la fois l’illusion d’un Front de gauche comme potentiel parti, auquel adhérer directement, et celle d’alliances conçues comme ne pouvant concerner que des forces en tous points d’accord avec nos propres objectifs.
De 2012 à 2015 nous n’avons pu ou su renforcer le Front de gauche, ni faire de la profonde
aspiration à l’unité de ses sympathisant·e·s, une force de cohésion empêchant son éclatement et élargissant sa dynamique. Nous n’avons pas pu ou su trouver les moyens et les lieux pour trancher démocratiquement les débats politiques d’orientation.

Nous avons abordé les échéances de 2017 avec deux objectifs politiques assumés, à savoir :

• construire une authentique candidature présidentielle de progrès capable d’accéder au 2e tour et de l’emporter ;

• consolider nos deux groupes parlementaires.

Nous avons échoué à atteindre notre 1er objectif mais rempli le second. Pour autant, nous
avons essuyé, en nombre de voix, un résultat national catastrophique lors du 1er tour des élections législatives.

N’avons-nous pas commis des erreurs d’appréciation sur la situation politique à gauche au début de l’année 2016 ? En particulier, n’avons-nous pas sous-estimé l’état de décomposition des principales forces de cet espace politique, leur rejet global par l’opinion qui englobait jusqu’aux « frondeurs » socialistes ?

La fondation de la France insoumise et la candidature unilatérale de Jean-Luc Mélenchon ont marqué l’acte de décès du Front de gauche. Si le programme porté par cette candidature reprenait une grande partie de « L’humain d’abord », il n’en reste pas moins qu’il en excluait des points essentiels. Cette campagne poursuivait un tout autre objectif stratégique et politique que celui du Front de gauche. Il s’agissait pour la direction de la FI d’utiliser la campagne présidentielle pour construire une nouvelle organisation visant à occuper tout l’espace politique de la gauche – et au-delà – en absorbant, en marginalisant ou en éradiquant toutes les autres forces afin de créer un espace hégémonique « populiste ».

Pour autant, la dynamique dont cette candidature a bénéficié doit beaucoup à l’espoir qu’a incarné le Front de gauche. Si nous n’avons pas pu ou su faire vivre à la hauteur nécessaire notre campagne autonome, entraînant l’effacement de la voix communiste lors de cette élection, nous ne sommes pas pour autant étrangers au résultat de cette candidature qui a semé des illusions mais aussi des graines très positives. Le grand nombre de celles et ceux qui ont voté pour ce candidat était – et demeure – authentiquement mû par une aspiration progressiste profonde. C’est pourquoi nous ne pouvons pas laisser ce potentiel être entraîné dans une aventure « populiste » sans avenir, étrangère aux repères de classes, peu sensible aux exigences de dépassement du capitalisme, encore très marquée de ce point de vue par ses origines sociales-démocrates. À nous de créer les conditions, les cadres et les espaces politiques pour
travailler avec toutes celles et tous ceux qui ont eu le Front de gauche au cœur, avec toutes celles et tous ceux qui se sont mobilisés pour la candidature de Jean-Luc Mélenchon en 2017.

L’échec du Front de gauche s’inscrit lui-même dans une série d’échecs de nos expériences de rassemblement depuis la fin du Programme commun : union à la base, nouveau rassemblement populaire et majoritaire, pacte unitaire de progrès, gauche plurielle, comités antilibéraux. À partir du mouvement de la société française et d’une analyse des échecs rencontrés depuis mars 1978, nous devons construire une nouvelle offre stratégique qui soit un véritable changement de paradigme. Cette stratégie nouvelle ne consiste pas à refaire mieux ce qui a échoué, mais à faire différemment : il s’agit de soutenir et d’impulser en permanence dans la société des mouvements de luttes à visée transformatrice. C’est une démarche stratégique qui doit s’articuler autour des mouvements contradictoires de la société, et guider notre stratégie électorale de
conquête du pouvoir. L’élection présidentielle pose un problème spécifique lourd au PCF depuis 1965. Ce problème croît à mesure que la présidentialisation de la vie politique progresse.

Il nous faut, à la fois, travailler à préparer dès maintenant les échéances de 2022 et mettre en échec les logiques de délégation de pouvoir à un homme providentiel qui vont à l’encontre de toute notre démarche politique.

EN DÉBAT : Bilan

Au-delà de ce qui est écrit dans la thèse sur le bilan du Front de gauche et
des échéances électorales de 2017, des camarades portent des approches
différentes de notre bilan.
Une idée est qu’il faut réaliser un bilan de plus longue portée sur le PCF et les
partis communistes dans le monde depuis la chute du mur de Berlin. Certain·e·s
pensent que nos choix stratégiques désignés par le terme d’ «expérience » de
rassemblement n’ont en fait jamais été révisés depuis le 30e congrès du PCF
à Martigues et que l’abandon du socialisme au profit d’une visée communiste
nous prive des moyens de répondre aux questions que se posent des millions
de gens.
L’idée est avancée que l’échec du Front de gauche tient à un rôle effacé du Parti
et à une priorité donnée aux enjeux électoraux et à la recherche d’alliances, par
rapport aux luttes et à la promotion des idées communistes. Pour d’autres
camarades, cela tient dans le fait d’avoir voulu constituer plusieurs fronts et
non de consolider un front unique, notamment par le biais d’adhésions directes
au Front de gauche.
Concernant les échéances électorales de 2017, le bilan du choix de candidature
et le processus de décision font débat.
Des camarades pensent que le fait de ne pas avoir poursuivi jusqu’au bout
notre volonté de rassemblement des candidats de gauche en réduisant le vote
des communistes à l’alternative entre un candidat communiste et Jean-Luc
Mélenchon est un problème.
Pour d’autres, la décision de ne pas présenter de candidat à la présidentielle
de 2017 et de soutenir le candidat de la France insoumise, les conditions dans
lesquelles cette décision a été prise, et surtout sur ses conséquences, ont
contribué à la promotion du candidat de la France insoumise comme principal
opposant. Une autre idée est que l’absence de nos propositions dans le débat
présidentiel a grandement contribué à notre effacement et à notre échec aux
élections législatives. Des camarades pensent que cette désignation s’est faite
sans la moindre condition politique et que la gestion des parrainages n’a pas
permis de peser pour un accord législatif positif pour le PCF.
Des camarades estiment que l’échec de 2017 tient au fait que la direction de
notre parti cherchait un impossible rassemblement de toute la gauche alors que
la direction de la FI voulait une rupture claire avec un PS rejeté par les milieux
populaires. L’impasse est venue de l’impossibilité d’apporter une solution à ce
différend, conduisant à la rupture. Cela tient à une longue succession d’erreurs
d’appréciation du PCF de la situation politique, notamment sur ce qu’est
devenu le PS, ses électeurs, ainsi que sur les « frondeurs ».

Une autre idée est qu’une fois le choix fait de soutenir Jean-Luc Mélenchon, cette
décision n’a pas été réellement mise en œuvre. Pour certain·e·s camarades, une
campagne communiste autonome de celle du candidat de la France insoumise
n’était pas possible.
Un débat existe aussi sur la caractérisation du programme de la FI en 2017,
«  L’avenir en commun  ». Pour certains camarades, il reprenait l’essentiel du
programme «  L’humain d’abord  ». Pour d’autres, en étaient supprimées des
propositions communistes clés.
Enfin, des camarades estiment que lors des échéances de 2017 nous avons
esquivé la question essentielle du désengagement croissant des citoyen·ne·s
du processus électoral et que cela ne peut que conduire ceux-ci à ne pas se
reconnaître dans notre parti.

Thèse n° 30 : Les forces politiques du capital se recomposent, en force, autour de trois pôles aux porosités marquées.

Les conditions dans lesquelles nous affrontons la période politique ont été bouleversées par les échéances de 2017. Pour autant, la recomposition des forces en présence est encore en cours ; elle n’est pas stabilisée. Nous avons affaire à un projet global et articulé, radicalement pensé, du capital financier pour inscrire la France dans le nouveau désordre planétaire et les concurrences qu’il génère. Pas simplement à une aggravation des attaques de la classe dominante contre les conquêtes du monde du travail et de la démocratie. L’instrument privilégié de ce projet est un césarisme qui profite de la désintégration de l’ordre politique ancien, de la crise de la politique et de la
démocratie représentative, de l’affaiblissement du mouvement ouvrier, de la dislocation de la gauche, de l’inexistence d’une alternative progressiste massivement crédible, de l’estompement des repères à partir desquels se sont noués pendant plusieurs décennies les affrontements politiques et sociaux. Ce projet est d’une portée tout aussi considérable que celui qu’avait, dans un contexte tout à fait différent, porté le gaullisme à la fin des années 1950. Sa visée est, non seulement, de liquider ce qu’il demeure de l’héritage du CNR, mais encore de transformer qualitativement les structures de l’économie du pays, de changer profondément les équilibres institutionnels en asphyxiant les dernières formes de contre-pouvoir ayant subsisté sous la Ve République, d’étrangler le « modèle républicain » français pour lui substituer, dans l’organisation de la vie collective, une logique, inspirée des classes dominantes états-uniennes, le tout adossé à une cohérence idéologique se présentant comme une réponse aux défis de ce début de siècle.
Cela donne une force considérable à LREM dans son entreprise de recomposition au service du regroupement de toutes les forces libérales.

Cette opération politique libère, à droite, un espace de convergences pour les forces de droite radicalisées autour de Laurent Wauquiez et de l’extrême-droite. Si le premier de ces pôles est traversé de crises et mis en difficulté par l’opération LREM, il n’en demeure pas moins particulièrement implanté ; malgré le désastre de la candidature Fillon, son écho continue de porter loin. Le second de ces pôles connaît également une reconfiguration et une réorientation, symbolisée par l’éviction de Florian Philippot et le renforcement d’un discours libéral qui s’encombre moins de masques. Malgré le salutaire et cinglant échec infligé à Marine Le Pen au deuxième tour de l’élection présidentielle, l’enracinement de l’extrême droite reste à un niveau historique et rien n’indique un reflux jusqu’ici.

Cette montée des périls ne s’arrêtera pas d’elle-même ; c’est une puissante alternative de progrès, porteuse d’un fort projet de classe qui, seule, peut lui faire efficacement face, dans la durée.

Thèse n° 31 : Les forces de progrès se recomposent dans la difficulté et l’éclatement.

L’effondrement du PS, marque du discrédit du projet social-démocrate, bouleverse la situation à gauche. Le quinquennat Hollande a abîmé comme jamais l’idée de gauche. De fait, l’identification positive à la référence « gauche » a considérablement faibli, mais celle-ci n’a pas disparu et notre peuple n’a rien de bon à attendre de sa disparition, d’autant que la vérité qui se fait jour sur le projet Macron le révèle au plus grand nombre comme un authentique projet de droite.

La géographie de la gauche s’en trouve d’autant plus chamboulée que la principale d’entre elles, la FI, refuse de s’en réclamer, usant de références multiples et variables dont celles du « populisme » et du « dégagisme ». Pour autant, les forces sociales qui la soutiennent sont majoritairement issues du mouvement de la gauche antilibérale qui s’est amplifié à partir de 2005, et que nous avons contribué à développer. D’autres forces, dans le giron de la social-démocratie, comme le mouvement Génération.s de Benoît Hamon apparaissent.

Aujourd’hui, les repères politiques de celles et ceux que nous ambitionnons de rassembler
sont éclatés et mouvants. La gauche sociale et politique est durablement diverse, comme le montre l’appel du 26 mai. Son rassemblement est nécessaire mais n’y suffira pas. Notre travail de rassemblement se reconstruira d’abord autour de contenus forts répondant aux exigences populaires.

Cette reconfiguration politique n’est pas figée ; elle appelle de notre part ambition et audace.

Thèse n° 32 : Vers un nouveau front social et politique.

Notre stratégie est faite de débats idéologiques, de luttes permanentes, de fronts partiels pour faire reculer le pouvoir LREM et le patronat qui le soutient, pour stopper son offensive de remodelage, pour ouvrir des brèches et construire des avancées concrètes à l’opposé des logiques capitalistes. Nous menons ces luttes à toutes les échelles, locales, régionales, nationale, européenne et mondiale.

Ces mouvements doivent préparer un changement de majorité politique dans le pays. Si les conditions n’en sont pas aujourd’hui réunies, le besoin d’une majorité alternative au pouvoir de Macron est d’ores et déjà posé. Nous avancerons sur le chemin de cette nécessaire reconstruction politique dans les luttes populaires en cours et à venir en faisant grandir l’exigence de transformation des pouvoirs politiques et de leurs orientations.

Quelle perspective pouvons-nous nationalement proposer qui ne renouvelle pas les échecs du passé récent ? Nous savons que les forces sociales et politiques dont la mise en mouvement est nécessaire sont diverses et traversées de débats. Les mobilisations du printemps contre la politique Macron l’ont confirmé.

Nous proposons aux forces disponibles d’expérimenter un nouveau cadre politique, pour continuer de faire avancer cette construction sans nier les débats : la création d’un forum national politique qui pourrait poursuivre le débat politique entre les forces disponibles, animer des campagnes communes, élaborer des constructions programmatiques ou électorales, sans rendre la participation de toutes les forces s’y associant chaque fois obligatoire. Tout en favorisant l’unité d’action politique, il laisserait à chaque force sa pleine et entière liberté d’initiative.

EN DÉBAT : Stratégie

Le débat sur le nécessaire renouvellement stratégique de notre parti et les
« nouvelles initiatives stratégiques » qui en découlent font partie des questions
les plus discutées par les communistes.
Les leçons qu’il convient de tirer du bilan du Front de gauche, de son échec
final, de notre score historiquement bas aux législatives, de la difficulté et de
l’éclatement dans lequel se trouvent les forces de gauche sont ardemment
débattues.

Au-delà des idées exprimées dans les thèses de la base commune, plusieurs
idées sont avancées  : les premières portent sur la relance de l’initiative
communiste. Pour les uns, le texte fait insuffisamment place à la relance de
l’initiative communiste et du projet communiste en lien avec les luttes, alors
même que le rassemblement sur des contenus doit être au cœur de toute
reconstruction.

Aussi, notre priorité stratégique doit être de réarmer idéologiquement le
mouvement populaire et de le construire politiquement, secteur par secteur,
par la constitution de fronts de lutte et de plateformes qui unissent sur des
objectifs précis. Cela implique une autonomie de la force communiste pour
réhabiliter les enjeux de classe jusqu’à ce qu’ils dominent les enjeux identitaires
et deviennent la matrice de la recomposition de la gauche.
Une autre idée estime au contraire que c’est l’insuffisante analyse des
mouvements de transformation émergents dans la société, producteurs de
modernité, qui place le PCF en marge.

Pour initier de nouvelles luttes offensives, la base commune avance 5
transformations révolutionnaires constitutives de notre projet communiste.
Sont-elles à la hauteur, pertinentes et, surtout, déclinées en termes
opérationnels  ? Des camarades pensent que non et souhaitent que le débat
soit poussé.

La seconde idée débattue porte sur la proposition de «  forum politique
national » : elle est jugée par certain·e·s prématurée et inadaptée.
Prématurée parce que les conditions pour qu’y prévalent des contenus
transformateurs ne sont pas réunies tant que nous ne reprendrons pas
l’offensive sur ces contenus. Inadaptée parce qu’elle ressemble à ce que nous
avons déjà fait et que ce forum risque de reproduire les échecs antérieurs.
L’avenir de la gauche fait aussi débat.

Nous donnions au Front de gauche l’objectif de supplanter au sein de la
gauche les forces sociales-libérales. Mais aujourd’hui, c’est la dislocation, voire
la disparition de la gauche qui est en jeu. Au moment où le projet Macron se
révèle profondément de droite, mettons-nous l’objectif de sa reconstruction au
centre de la stratégie et comment ?

À ce propos, l’idée est avancée que nous devons prendre différemment en
compte la nouvelle géographie de la gauche et l’émergence de la FI, qui
marquerait l’arrivée en tête de la gauche d’un projet de portée anticapitaliste.
La FI se trouve ainsi placée face au défi du rassemblement de la gauche sauf à
occasionner une désespérance supplémentaire. Nous avons une responsabilité
particulière, notamment dans les échéances locales à venir en raison de notre
implantation, pour poser la question de ce rassemblement, mener la bataille de
la reconquête pour une gauche aujourd’hui très affaiblie.

En somme, des thèses de la base commune et des idées avancées ressort l’idée
que nous devons poursuivre jusqu’au congrès le débat de notre renouvellement
stratégique. Nous sommes loin d’être au bout de ce débat.

Thèse n° 33 : Nous avons vocation à être présent·e·s à toutes les élections.

Avec la perspective de nourrir cette mise en mouvement consciente du plus grand nombre pour des objectifs de conquête, nous avons vocation à être présent·e·s à toutes les élections, y compris à l’élection présidentielle.

L’analyse concrète des différentes situations concrètes doit nous amener à déterminer les modalités précises de cette présence. Pour autant, dans le calendrier hyperprésidentialisé de la Ve République, nous devons préparer dès à présent l’ensemble de la période quinquennale et démontrer la pertinence de notre présence à toutes les échéances.

Les deux prochaines échéances qui nous attendent, élections européennes en mai 2019 et municipales en 2020, doivent être préparées dès maintenant à partir de leurs caractéristiques propres et des objectifs qu’elles peuvent permettre de faire avancer.
Les élections européennes auront lieu en mai prochain. Nous sommes en campagne avec un contenu de classe – portant les intérêts populaires contre ceux de la finance – et internationaliste – mettant en valeur le besoin d’une France libre de dire non et à l’offensive pour construire sans attendre des coopérations de développement commun à géométrie choisie. Cette orientation est la réponse progressiste à la fausse alternative entre « intégrationnisme » néolibéral de Macron et nationalisme tout aussi néolibéral du FN, les deux revers de la médaille capitaliste.

Dans le contexte d’un rejet populaire puissant des politiques de l’Union européenne, de crise des partis du consensus libéral au profit d’une droite encore plus réactionnaire ou de mouvements comme LREM, et de percées critiques des extrêmes droites, l’alternative réside dans notre capacité à créer un rapport de forces aux élections en faveur d’exigences sociales fortes.

Jeunes comme retraité·e·s, salarié·e·s comme indépendant·e·s, militant·e·s de la paix comme écologistes, féministes comme antiracistes, toutes et tous confrontés dans leurs combats aux traités et politiques de l’UE, doivent trouver dans les européennes de 2019 une occasion de porter leurs idées eux-mêmes aux côtés de candidats communistes incorruptibles face aux pouvoirs de l’argent, combatifs et déterminés à placer toujours l’humain et la planète au cœur de leurs actions. C’est ainsi qu’est construite notre liste, qui reste ouverte à de nouvelles jonctions avec le mouvement social et les partis de la gauche de transformation sociale et écologique. Nous travaillons à faire élire des député·e·s européen·ne·s communistes et issus de ces luttes de progrès dans la perspective d’un groupe de gauche confédéral, large et rassemblé au
parlement européen.

Pour les élections municipales, des rassemblements très larges sont possibles sur la base de projets promouvant la commune, les services publics, la démocratie locale, élaborés au plus près des citoyennes et citoyens. Dans ce cadre, il nous faudra travailler à une cohérence métropolitaine de notre stratégie. Bien avant la constitution de listes, c’est autour de projets locaux et d’une bataille nationale contre les plans de liquidation et l’asphyxie financière du pouvoir communal que nous voulons engager sans attendre le combat.

Le Parti communiste entre dans un nouveau siècle

Thèse n° 34 : Révolutionner le PCF pour révolutionner le monde.

Pour porter le combat communiste dans un monde qui change vite, et mettre en œuvre cette nouvelle stratégie, le Parti communiste français doit se révolutionner. Il doit réinventer son projet, sa démarche, ses pratiques, son organisation. Nous savons que cela ne se décrète pas. Nous avons de nombreux atouts mais beaucoup est à changer également. Ni table rase, ni simple continuation, mais évolution révolutionnaire : voilà ce qui guide nos transformations. Ce n’est pas la première fois que nous en parlons : nous avons engagé ces transformations en 2008, en décidant de demeurer le Parti communiste. Notre parti a changé, il s’est rajeuni, renouvelé, il reste une force essentielle, mais il s’est aussi affaibli. Au dernier congrès, conscient·e·s que nos transformations étaient insuffisantes, nous avons adopté un relevé de décisions. Il était ambitieux ; l’évaluation de sa mise en œuvre est à engager dans toutes les organisations du PCF
mais nous pouvons déjà estimer que nous avons peiné, collectivement, à le mettre en œuvre. Cette fois, il faut sauter le pas.

Thèse n°35 : Un parti démocratique pour l’engagement du plus grand nombre.

Pour faire échec aux ambitions du capital et promouvoir une alternative révolutionnaire, une ample mise en mouvement consciente est nécessaire. Celle-ci, pour prendre toute sa mesure et atteindre une dimension de masse, appelle une organisation démocratique rassemblant largement et coordonnant intelligences, expériences et énergies dans la durée.

C’est pour cette raison que nous travaillons à faire du Parti communiste l’organisation de la politisation populaire, de l’appropriation par le plus grand nombre des clés d’intelligibilité du monde, des intérêts qui s’y affrontent et des voies de sa transformation.

Il s’agit ainsi de contribuer à ce que travailleurs et travailleuses construisent eux-mêmes les chemins de leur émancipation, dans la maîtrise des enjeux et dans l’action.
Cette orientation fondamentalement démocratique est inséparable de notre conception de la mise en mouvement populaire et du rôle du PCF dans celle-ci.
Dans cet esprit, nous travaillons à faire du Parti communiste un parti de masse, ancré dans de larges couches de la société, en prise avec les souffrances, les oppressions, les discriminations, tout comme avec les colères, les espoirs et les luttes qui s’y déploient.
Pour atteindre cet objectif, nous visons à faire du collectif militant conscient et actif une force qui peut s’appuyer sur la réflexion et l’expérience de tou·te·s et de chacun·e. Parce que nous cherchons à avoir une analyse et une action pertinentes, nous devons mobiliser l’apport de chaque communiste. Nous pensons la voie de notre efficacité en visant un Parti communiste comme intellectuel collectif, ouvert sur la société. Cela implique de stimuler le débat, la production et la circulation d’idées et d’initiatives, d’amplifier leur coordination et leur mise en commun.

Thèse n° 36 : Un parti pour ne plus se laisser dominer, exploiter, aliéner.

Nous sommes le parti de celles et ceux qui produisent les richesses, face à ceux qui accumulent les dividendes. Quel que soit leur statut, elles et ils trouvent au Parti communiste l’organisation de lutte des classes. Le Parti communiste, sans exclusive, cultive sa singularité dans le paysage politique en étant une force à la disposition des milieux populaires.

Nous sommes le parti de celles et ceux que les dominations patriarcales et racistes briment et tentent d’abaisser. Au Parti communiste, elles et ils relèvent la tête et se battent pour la justice et la dignité.

Nous sommes le parti de celles et ceux qui ne s’en laissent pas conter sur le « capitalisme vert » et savent qu’il faut engager dès maintenant cette révolution écologique. Au Parti communiste, elles et ils s’organisent pour ce combat écologique.
Nous sommes le parti de celles et ceux qui ont l’internationalisme au cœur. Au Parti communiste, elles et ils militent pour la paix, la liberté et l’égalité des peuples.

Thèse n° 37 : Un parti pour la jeunesse qui veut s’engager, penser et construire un nouveau monde.

En respectant son indépendance d’organisation, nous soutenons, partout, le rayonnement du Mouvement jeunes communistes de France. Celui-ci s’est considérablement renforcé ces dernières années ; il est un point d’appui important pour la jeunesse dans toutes ses mobilisations.

Les communistes soutiennent cette dynamique en favorisant le développement d’espaces
d’accueil, de soutien logistique et d’échanges politiques avec le MJCF.
Levier de transformation de la société, les jeunes peuvent trouver au PCF une structure de lutte pour gagner leur avenir. Le PCF crée les conditions de leur accueil, en prenant en compte leurs aspirations et modes d’engagement spécifiques, en leur offrant aussi bien des possibilités de formation qu’un répertoire d’actions adapté.

Thèse n° 38 : Pour un parti féministe.

Les freins à la mise en place du livret ressource pour amplifier la lutte contre les violences
sexistes et sexuelles et du dispositif associé, mais au-delà le manque d’ambition pour la mise en responsabilité et la participation des femmes dans le Parti doivent être dépassés. Nous devons tirer toutes les conséquences du fait que le mouvement féministe, en plein essor mondialement, est un des plus puissants leviers d’émancipation. Il est temps de sortir des déclarations « il manque des femmes », « les femmes ne veulent pas être candidates » et dépasser le constat qu’aujourd’hui 45 % des adhérents sont des adhérentes, mais que 80 % des secrétaires fédéraux sont des hommes. L’égalité femmes/hommes doit être un axe de travail dans le pôle Vie du Parti. Créons des binômes paritaires, des coprésidences, des commissions locales féministes. Engageons un autre mode de répartition des tâches politiques plus participatif, plus partagé, y compris dans le temps, qui favoriserait les femmes.

Thèse n° 39 : Pour un parti de masse et de proximité.

Si un de nos objectifs est d’investir les luttes existantes pour en pousser le potentiel de transformation révolutionnaire, notre structuration comme notre nombre sont essentiels. Ainsi, le nombre d’adhésions que nous réalisons, le nombre de personnes à qui nous proposons l’adhésion et, de fait, le nombre de camarades mobilisé·e·s pour la proposer sont des éléments cruciaux dans notre volonté de conquête sociale et politique. Aussi, le renforcement du PCF ne se pose pas, d’abord, comme une question interne mais bien comme un élément indispensable au développement d’un large mouvement pouvant rendre possible l’alternative dont la France a besoin. Dans ce sens, nous lançons une grande campagne d’adhésions « Cent ans d’avenir » :

un appel national aux hommes et femmes de progrès. Faisons cause commune : c’est ce que peuvent décider des dizaines de milliers de personnes dans les deux ans à venir. Tous ensemble et dans toute la France, en 2020, nous fêterons le centenaire de notre parti et l’ouverture d’un nouveau siècle de combat communiste. Nous préparons dès à présent cette grande année de fêtes populaires. C’est un plan de travail qu’il faut élaborer dans toutes les structures du PCF, en démocratisant la question de l’adhésion, en développant des outils en ce sens, en fixant des objectifs et en faisant suivi, évaluation et points d’étape. Un temps national doit être consacré à cette question recensant notamment les expériences locales positives grâce auxquelles les militant·e·s communistes, par leur présence régulière contribuent déjà grandement au renforcement de notre organisation. En s’appuyant sur des luttes locales donnant à mobiliser sur des objectifs précis, les communistes gagnent en crédibilité, en audience et en contacts. Ceux-ci
devraient faire l’objet d’un suivi régulier sur le long terme dans notre objectif de renforcement.

Pour autant, notre nombre ne prend toute sa force que dans notre capacité à nous organiser, dans la proximité, dans l’ensemble du territoire. Nous devons donc travailler à des objectifs de déploiement du PCF. La question de la proximité est essentielle pour tisser contact humain et rapport de confiance dans la durée. C’est un atout décisif pour être pleinement dans les luttes, rayonner dans la société, peser sur les rapports de forces et, au-delà de nous-mêmes, mettre en mouvement largement. Pour cela, l’organisation de proximité des communistes doit viser partout où cela est possible l’échelle humaine : le quartier, la commune, le canton rural ou le lieu de travail. Cette proximité est également un élément indispensable pour permettre à chaque communiste de trouver sa place dans le PCF, au-delà du livret d’accueil des nouveaux adhérent·e·s que nous mettons en place.

Thèse n° 40  : Un parti pour faire toute sa place à la politique dans les lieux de travail.

Si de nouvelles formes d’exploitation apparaissent (« ubérisation », « auto-entreprenariat »…), l’entreprise demeure le cadre essentiel de l’opposition capital-travail. Des millions de salarié·e·s y sont confronté·e·s aux bas salaires, à la précarisation, la mise en concurrence, l’exploitation. C’est aussi le lieu où, par l’activité syndicale, se construit la solidarité revendicative, où prend corps la force du mouvement social. Pour autant, les difficultés de l’organisation à l’entreprise, au plan syndical comme au plan politique s’aiguisent.

À l’heure où la question du sens et du pouvoir dans l’entreprise est posée, à l’heure où l’appropriation de celle-ci par celles et ceux qui y travaillent s’invite à l’ordre du jour de l’humanité, il nous faut retravailler la question de l’intervention communiste à l’entreprise, dans un registre spécifique qui ne saurait se confondre avec l’activité syndicale. Les difficultés sont grandes mais nous devons être sensibles aux dynamiques positives enregistrées notamment parmi les cheminot·e·s dans le cadre de leur grande mobilisation : des cellules se sont créées, renforcées, redynamisées. Nous relançons, avec volontarisme, un secteur national dédié à l’activité dans les lieux de travail avec, comme premier objectif, de travailler à la mise en lien et au recensement des camarades des mêmes branches d’activité, avec la volonté de mettre en place un·e référent·e pour chacune de ces branches. Comme prévu dans le relevé de décisions, nous consacrerons un Conseil national à cette question.

Thèse n° 41 : un parti de la formation pour changer le monde.

Notre politique de formation doit nous permettre de remplir trois objectifs. Primo, élargir le nombre d’individus en maîtrise de concepts, de gestes, d’outils pour donner pleine mesure au libre rayonnement de chaque adhérent·e dans la société. Deuxio, permettre de faire vraiment de notre nombre une force active, un intellectuel collectif, par un haut niveau de culture commune partagée. Tertio, prendre hardiment le chemin d’un Parti communiste aux couleurs de toute la société, en se dotant de directions, à tous niveaux, n’étant pas le reflet passif des inégalités de tous ordres.

Dans ce sens, la formation devient une priorité d’organisation appelant une active formation de formateurs afin de démultiplier nos forces en la matière, la mise au point et en circulation de livrets et vidéos. Outre les stages de base et les stages à destination des cadres nationaux que nous souhaitons renforcer, nous développons, à échelle régionale, une nouvelle catégorie de stages à destination de tous nos cadres locaux et départementaux, dans l’esprit de ce qui est expérimenté actuellement. Nous développons à tous les niveaux de notre organisation des formations sur les violences sexistes et sexuelles pour lesquelles nous affirmons une tolérance zéro.

Les enjeux de formation sont de grande importance pour le PCF comme pour notre objectif stratégique de mise en mouvement populaire.

Thèse n° 42 : Un parti de solidarités concrètes.

Parce que le combat politique ne se résume pas, pour nous, au maniement de grands mots et de petites phrases, nous avons multiplié les initiatives de solidarité concrète dans la dernière période : ventes de fruits et légumes, marchés solidaires, aide aux devoirs, voyages à la mer…
Ces initiatives, par-delà l’aide effective qu’elles apportent, peuvent constituer des portes d’entrée pour l’engagement politique et donner de la force et de l’incarnation à nos batailles. Elles s’inscrivent dans notre bataille de politisation et de mise en mouvement populaires. C’est cet aspect que nous devons renforcer en faisant mieux encore de ces moments, avec esprit de suite, des portes d’entrée pour les grandes questions politiques.

Thèse n° 43 : Des campagnes identifiantes, identifiées et évaluées.

La démultiplication des campagnes nationales, fédérales, locales à laquelle viennent s’ajouter les exigences de l’actualité, ne permet pas toujours la claire identification de notre message par celles et ceux à qui nous nous adressons. En outre, une impression d’inconstance ou d’inachevé se répand pour les communistes qui mènent ces campagnes.
Concevoir une approche nouvelle de nos campagnes, alliant réactivité et esprit de suite, tout en restant au plus près des préoccupations locales concrètes, est essentiel. Travaillons à partir des idées forces de notre projet, telles que nous les exposons dans les premières parties de ce texte. Elles peuvent constituer des fils rouges, que nous veillons à décliner dans la diversité de nos campagnes ou de nos initiatives liées à l’actualité.
Ces objectifs font l’objet d’évaluation collective et de points d’étape.

Thèse n° 44  : Des réseaux nationaux d’initiative pour changer concrètement le
monde.

Les adhérentes et adhérents du PCF ont vocation à être organisés au sein de cellules, sections et fédérations. Sans qu’il s’agisse de créer une organisation nouvelle, nous développons des réseaux d’initiative thématiques pour coordonner plus efficacement les richesses militantes de notre parti et accroître son rayonnement effectif. Ces réseaux nationaux sont en effet ouverts à toutes les femmes et tous les hommes de progrès, offrant à ceux-ci la possibilité d’une expérience militante avec les communistes sans exiger un engagement global. Ils visent en outre à mieux faire circuler l’information pertinente pour un thème donné, en lien avec un secteur de travail (ou plusieurs), ou encore à organiser une campagne particulière. Il s’agit de libérer la prise d’initiatives des communistes, de les mettre en lien avec des personnes ressources sur un sujet, tout en nourrissant concrètement une mise en mouvement populaire large.

Pérennes ou ponctuels, ces réseaux doivent permettre d’élargir le nombre de personnes avec lesquelles nous avons un lien, d’approfondir le lien avec des contacts et aussi de démultiplier le nombre d’hommes et de femmes – communistes ou non – mis en mouvement.

La nouvelle plateforme numérique du PCF facilite cette mise en réseau.

Thèse n° 45 : Une plateforme pour mettre en réseau toutes les énergies communistes.

La révolution numérique a bouleversé la manière de faire de la politique, les relations sociales, les représentations et la construction des opinions. Elle a créé de nouveaux processus et lieux de politisation. Il nous faut nous en saisir pleinement. Il s’agit de se doter de nouveaux outils politiques. Nous mettons en œuvre une stratégie numérique globale afin d’acquérir une force de frappe sur la place publique numérique en maîtrisant l’articulation de celle-ci avec la place publique du monde physique, afin d’aider à la mise en mouvement, dans un cadre coordonné, nos adhérent·e·s et nos sympathisant·e·s.

Avec cet objectif nous lançons la plateforme numérique du PCF fin octobre 2018.

Celle-ci sera également un lieu-ressource pour les sympathisant·e·s, adhérent·e·s et responsables de notre parti, en permettant à chacune et chacun d’ouvrir un compte « Mon PCF ». Dans cet espace, sont regroupées des informations utiles – différentes selon qu’on soit sympathisant·e ou adhérent·e – avec, pour les communistes, un lien permettant d’enrichir nos propositions et, pour toutes et tous, un espace personnel où on pourra préciser centres d’intérêt et aspirations militantes, pour gagner en efficacité d’action et favoriser la mise en mouvement efficace.

Ces espaces constituent également des centres de ressources personnalisés pour suivre les initiatives proches de son domicile.

Il s’agit avec la plateforme de se donner les moyens de faire passer une personne d’un engagement dans une campagne numérique (pétition, abonnement à une lettre électronique…) à une action politique pérenne aux côtés du PCF ou en son sein. L’ouverture de la plateforme s’accompagnera de la mise en œuvre d’un plan massif de formation à l’usage politique des outils numériques dans notre parti.

Thèse n° 46 : Une stratégie de communication pour un nouvel écho au PCF.

La communication actuelle de notre organisation doit connaître un saut qualitatif pour s’affranchir de notre triple déficit : problème d’image, manque de permanence et atomisation profonde. L’objectif est de donner à voir la modernité du PCF et du combat communiste. Il nous faut améliorer notre réactivité à l’actualité en développant notamment notre porte-parolat et mener des campagnes de communication dans la durée, à l’appui de nos campagnes politiques. L’enjeu est double : produire des contenus idéologiques de qualité en lien avec le renouveau de la pensée marxiste et travailler à leur diffusion massive, notamment grâce à l’outil vidéo ; parallèlement, développer une communication plus large qui s’adresse à la fois à celles et ceux qui nous écoutent, tout en visant à élargir notre discours aux « communistes qui s’ignorent ». Les idées de bonheur et d’émancipation, la crédibilité du PCF à accéder au pouvoir et la refonte de notre signature « L’humain d’abord » sont au cœur de cette nouvelle stratégie de communication. Les éléments innovants du combat communiste et de notre stratégie doivent être appuyés par une communication redéfinie, notamment en direction des salarié·e·s et des femmes, et avec une priorité donnée à la jeunesse, celle-là même qui dans les enquêtes se déclare la plus ouverte à la question du communisme. Les modalités d’incarnation du PCF donnent à voir l’objectif de rajeunissement de l’image de notre parti. Pour unifier notre communication, nous créons une plateforme de maquettage en ligne, une charte graphique, une nouvelle symbolique, voire un nouveau logo. À l’issue de notre congrès un grand plan de formation en communication sera lancé en s’appuyant sur des référents régionaux.

Thèse n° 47 : Un parti de la bataille idéologique et de l’éducation populaire.

Des centaines de milliers de personnes cherchent à mieux comprendre le monde dans lequel ils évoluent, à identifier des clés d’intelligibilité. C’est une aspiration large ; c’est un enjeu politique majeur.

Dans ce sens, le PCF initie une Université permanente, intégrant les potentialités numériques de diffusion. Autour de quatre thèmes déployés dans l’année, celle-ci propose, chaque semaine, une conférence. Cette initiative n’est pas à destination des seuls communistes  ; nous la faisons connaître largement autour de nous, notamment, parmi la jeunesse, toutes celles et tous ceux qui cherchent.

Il s’agit d’ancrer fortement et visiblement le PCF dans une démarche d’éducation populaire, avec des retours incessants entre pratique et théorie dans une démarche de recherche-action. Dans ce sens, des déclinaisons régionales peuvent être envisagées.

Ces universités participent à la bataille idéologique, comme l’université d’été, nos productions, revues (Cause commune, revue d’action politique du PCF mais aussi Progressistes et Économie et Politique) et les précieux journaux progressistes de notre pays – à commencer par l’Humanité et l’Humanité Dimanche dont la diffusion militante est un enjeu majeur.

Thèse n° 48 : Pour des directions plus efficaces et plus démocratiques.

Pour être de mieux en mieux le parti de l’action populaire, animée par une activité militante de proximité dans tout le territoire, nous avons besoin d’une conception renouvelée des directions plus efficaces dans l’impulsion de l’initiative communiste.

D’ores et déjà notre parti permet à des milliers de femmes et d’hommes, notamment issus des milieux populaires, de prendre des responsabilités militantes et électives et d’être des leviers pour un large engagement dans notre pays. C’est un enjeu important que d’avancer plus loin dans ce sens, en particulier en permettant à des jeunes d’accéder à des responsabilités.

Les attentes des communistes envers leurs directions sont fortes : l’aptitude à impulser des initiatives nationales et locales qui contribuent au rayonnement des idées communistes, à conduire des batailles dans la durée et les évaluer, à générer un travail collectif, à fournir tous les éléments leur permettant de décider souverainement. Concernant notre parole nationale, en particulier, les communistes demandent plus de clarté, de visibilité, de cohérence dans les choix effectués et plus d’efficacité et de combativité.

Tout ceci nous oblige à repenser nos directions, à réfléchir à nos fonctionnements, aux outils dont nous nous dotons, aux coopérations nouvelles que nous initions et aux liens entre la direction nationale et les fédérations départementales grâce à des coordinations régionales.

Nous avons besoin de directions davantage en prise avec les réalités de la société, représentatives de la diversité du salariat, de la ruralité et des grandes agglomérations, associant des camarades engagé·e·s dans le mouvement social, des élu·e·s, des animateurs·trices du Parti. Pour cela le fonctionnement des directions doit évoluer pour tenir compte de la vie réelle de leurs membres, de leur temps disponible, afin de permettre la participation et l’engagement de toutes et tous.

Ainsi des moyens décuplés doivent être déployés pour créer les conditions de l’accès des
femmes aux responsabilités, conformément à nos statuts qui prévoient la parité dans toutes les instances de direction.

Le travail du congrès doit adopter une démarche totalement nouvelle. La commission des candidatures aura pour première mission d’animer le débat dans tout le Parti sur la conception nouvelle de nos directions, notamment du dispositif national de direction nécessaire. Concernant la direction nationale, elle travaillera à la réduction du nombre de ses membres, pour améliorer son mode de fonctionnement et de prise de décisions qui clarifiera les rôles respectifs du Conseil national, du Comité exécutif national et du ou de la secrétaire national·e. Nos statuts devront être rediscutés et modifiés après un bilan partagé à l’occasion du 39e congrès.

EN DÉBAT : Directions

La situation nous appelle à revisiter, sans aucun a priori, l’ensemble de nos
fonctionnements. Nous ressentons la nécessité de modifier la conception de
nos directions pour mettre en œuvre nos choix politiques, stratégiques et faire
vivre le débat démocratique au sein de notre organisation.

Des insatisfactions s’expriment quant au rôle et au fonctionnement de la
direction nationale notamment.

Il est donc nécessaire de clarifier les rôles respectifs du Conseil national et du
Comité exécutif national et de réfléchir :

à la façon d’améliorer le fonctionnement démocratique du Conseil
national pour en faire plus et mieux l’instance d’élaboration des positions
et des initiatives nationales ;

à la mission du CEN ;

au rôle qui revient au ou à la secrétaire national·e.

Des camarades avancent l’idée que, pour parvenir à modifier notre fonctionnement, il est nécessaire de renouveler profondément la direction nationale, jusqu’au secrétaire national.

D’autres considèrent que les questions auxquelles nous sommes confronté·e·s sont politiques, avant d’être des questions de personnes, et que le débat ne peut se poser en ces termes.

De même, les rôles respectifs des conseils départementaux et des exécutifs départementaux et leur fonctionnement doivent être repensés.

La redéfinition de ces rôles porte à reconsidérer la composition de ces instances : quels sont les différents profils à rechercher, en fonctions des tâches à accomplir, des besoins et objectifs politiques ?

Pour une autre organisation de travail du Conseil national, ne faut-il pas imaginer
une équipe d’animation en charge de préparer ses réunions, en amont, pour fournir à chaque membre les ressources nécessaires au débat et à la prise de décisions ?

Pour améliorer le fonctionnement global de la direction nationale, faut-il donner un nouveau rôle à la réunion des secrétaires départementaux ? Lequel ?

Pour des instances en prise avec la réalité de la société, il faut aussi définir des modes de fonctionnement différents (le processus de prise de décisions, le format des réunions, la collégialité, les horaires, les outils …) avec le double objectif de permettre la participation de camarades en activité professionnelle, et la prise de responsabilité vraiment effective des femmes pour une mise en pratique réelle de la parité.

Comment y parvenir ?

Comment et à quel moment évaluer les décisions prises, leur mise en œuvre, les campagnes, les initiatives décidées et impulsées par les directions nationales et locales ?

S’il est nécessaire d’interroger la constitution et le fonctionnement de chaque collectif de direction – de la section jusqu’au plan national – il nous faut aussi examiner la question de la prise de responsabilités à tous les niveaux, de ce que cela implique notamment de capacité d’animation et de prise d’initiatives, la conception que nous en avons. Beaucoup de sections, de fédérations sont, dans les faits, confrontés à la difficulté de cette prise de responsabilités.

Des propositions existent pour aller vers des binômes paritaires, ou
générationnels, ainsi que des modes de fonctionnement qui évitent que toutes
les questions reposent sur le ou la premier·e responsable.

C’est avec ambition et détermination que les communistes s’inscrivent dans les combats et les défis de leur temps.

Le Parti communiste est le parti de toutes celles et tous ceux qui souhaitent construire un monde de justice et de paix !

Catégories
Écologie

Alain Drach expose le noyau dur de l’idéologie de la vénerie

Alain Drach, figure de la chasse à courre à Compiègne, a un indéniable sens de la formule. Lors d’une interview au Courrier Picard en cette rentrée, il tente d’exposer avec un certain talent rhétorique son « sens » des valeurs.

Courrier Picard, Alain Drach

Comment s’est passée samedi cette reprise de la chasse à courre ?

On a fait une jolie chasse d’entraînement. Les jeunes chiens étaient assez excités. Depuis un mois, je suis au chenil avec eux. J’étais très impatient de retrouver la forêt, les chiens sont ma véritable passion (…).

Pourquoi démarrer la saison en pleine période du brame ? Ce n’est pas un peu déloyal comme façon de procéder ?

Personnellement, j’ai passé des nuits d’amour et je n’étais pas pour autant épuisé dans la journée… (…)

Le député Bastien Lachaud (FI) assistait hier à votre chasse à courre. Il a déposé une proposition de loi pour l’interdire. Pensez-vous qu’un jour cette pratique disparaîtra ?

Il a été invité par les membres d’Abolissons la vénerie aujourd’hui (AVA) à assister à cette chasse mais il est arrivé bien tard sur place… À croire qu’il ne dort pas suffisamment dans l’assemblée. À mon avis, cette proposition de loi a peu de chances de passer en commission. Si la chasse devait être abolie un jour, ce serait plus par manque d’espace, quand la forêt ne sera plus qu’un bois de Boulogne.

Pour beaucoup, la chasse à courre reste une pratique cruelle, réservée à une élite…

On nous reproche cette sempiternelle lutte des classes alors que la vénerie, c’est le grand creuset des rencontres sociales. À nos côtés, on a un ancien salarié de Goodyear, un plombier… On se retrouve tous autour d’un pique-nique. Tout le monde m’appelle Alain…

Au-delà du côté kitsch, quiconque étudie de près la chasse à courre reconnaît en filigrane l’ensemble des valeurs de la chasse à courre. Alain Drach témoigne ici d’un très haut degré de culture – à ceci près que cette culture est en fait une idéologie, le fruit d’une aliénation réactionnaire.

Le premier point, fondamental, ce sont les chiens. Les chiens sont, du point de vue démocratique ou socialiste ou communiste ou vegan ou ce que l’on voudra, de simples outils pour les veneurs. Cependant, pour ces derniers, ils forment une meute à laquelle ils vouent un culte. Les devises des « équipages » sont très souvent un éloge des chiens. L’idée de « meute » est essentielle à l’esprit de chasse à courre, les chiens sont dépersonnalisés, mais se voient attribuer une valeur tout à fait particulière.

Le second point, c’est le côté patriarcal de l’homme mesurant sa force, comme pour la corrida, donnant « sa chance » à son adversaire, retournant aux forces primitives de la nature, etc. Le film japonais « Princesse Mononoké » est par ailleurs davantage proche de cet esprit que d’une logique écologiste.

Le troisième point, c’est le discours sur le manque d’espace, la disparition des forêts, etc. Il s’agit là de tout le fond romantique français, par essence agraire et monarchiste, focalisé sur les paysages, la « vérité » de la terre, etc. Les veneurs sont des zadistes lettrés et de luxe.

Le quatrième point est justement le retour aux valeurs féodales : oui, la vénerie est un creuset social… Mais les veneurs s’appuient sur un vivier aristocratique, de réseaux de la haute bourgeoisie, avec le petit peuple leur servant de piétaille. C’est bien une rencontre sociale… mais dans le sens de la servitude volontaire !

Catégories
Politique

Immigration : Jean-Luc Mélenchon désavoue Djordje Kuzmanovic

« Le point de vue qu’il exprime sur l’immigration est strictement personnel. Il engage des polémiques qui ne sont pas les miennes. » Voici les précisions envoyées par Jean-Luc Mélenchon au Nouvel Obs, suite aux propos de Djordje Kuzmanovic de La France insoumise, consistant en une véritable dissociation politique.

Djordje Kuzmanovic

Ce dernier, l’une des principales figures de La France insoumise, s’était dans l’interview exprimé favorablement sur le mouvement allemand Aufstehen de Sahra Wagenknecht. Voici ses principaux propos, qui reprennent la ligne historique du mouvement ouvrier pour tenter de se démarquer de la « gauche » postmoderne.

« Il y a maintenant trente ans, la social-démocratie a choisi de construire l’Union européenne libérale plutôt que de défendre les classes populaires. Pour se distinguer de la droite, cette gauche s’est concentrée sur des questions sociétales – le féminisme, les droits LGBT et les migrants – qui, d’ailleurs, ne sont pas spécifiquement « de gauche ». Bien sûr, ces sujets ne doivent pas être écartés, mais ils ne peuvent être séparés de ce qui doit être pour la gauche le cœur de son combat politique : la défense des classes populaires et la lutte contre le capital.

Sur la question migratoire, en particulier, la bonne conscience de gauche empêche de réfléchir concrètement à la façon de ralentir, voire d’assécher les flux migratoires, qui risquent de s’accentuer encore du fait des catastrophes climatiques. Plutôt que de répéter, naïvement, qu’il faut « accueillir tout le monde », il s’agit d’aller à l’encontre des politiques ultralibérales – ce que la social-démocratie a renoncé à faire (…).

La France est un pays de migrations. Mais, depuis 2012, avec l’accélération de la mondialisation, les inégalités s’accroissent et les dégâts environnementaux sont de plus en plus irréparables ; sans oublier l’explosion démographique. Cet ébranlement du monde jette les gens sur les routes et nous oblige à penser les choses différemment. Cependant, nous continuons d’insister sur le fait que ce ne sont pas les migrants qui posent problème, mais bien les destructions économiques qui poussent des millions de personnes à quitter leur pays ou leur région de naissance (…).

Les « no-borders » et l’extrême droite parlent toujours des migrants originaires de l’Afrique du Nord ou subsaharienne. Ces populations sont en réalité minoritaires par rapport aux flux migratoires européens qui sont le produit du dumping social en Europe. Les travailleurs polonais ne subissent pas l’arrivée de migrants africains, mais bien celle de travailleurs ukrainiens (…).

Lorsque vous êtes de gauche et que vous tenez sur l’immigration le même discours que le patronat, il y a quand même un problème… Ce que nous disons n’a rien de nouveau. C’est une analyse purement marxiste : le capital se constitue une armée de réserve. Lorsqu’il est possible de mal payer des travailleurs sans papiers, il y a une pression à la baisse sur les salaires. Cette analyse serait d’extrême droite ? Vous plaisantez.

Il faut engager une régularisation massive des sans-papiers de façon à obliger les employeurs à payer des salaires décents et que les salariés soient sur un pied d’égalité face à la loi. Enfin, il faut remédier au dumping social intra-européen. S’il y a un appel d’air, il vient du patronat qui maximise ses profits en exploitant la misère du monde. »

Tout cela ne fait somme toute qu’exprimer le point de vue classique, historique, du mouvement ouvrier. La Gauche, cela n’a jamais été le libéralisme ou l’anarchisme, mais la gestion de toutes les choses au moyen de la planification, le contrôle de tous les aspects de la vie sociale et culturelle par le peuple lui-même.

Seulement, lorsque Sahra Wagenknecht dit cela, elle a une crédibilité. Elle a toujours eu un discours servant de vecteur à des valeurs qui sont, peu ou prou, celles de la RDA historique. Les termes qu’elle choisit, les choses qu’elle met en valeur… tombent souvent en adéquation avec des points de repère historiquement à Gauche.

Mais lorsque c’est Djordje Kuzmanovic qui s’exprime, là cela tient moins. Il n’a jamais en effet tenu de discours avec les valeurs du mouvement ouvrier ou son histoire, à part quelques références romantiques à Jean Jaurès ou la Commune de Paris de 1871. C’est d’ailleurs quelqu’un qui est croyant, allant à l’église catholique orthodoxe russe Saint-Serge à Paris. C’est également un ancien militaire qui a été en Afghanistan et assume parfaitement l’Armée française ; c’est aussi « l’orateur national sur les questions géopolitiques » de La France Insoumise et rien que parler de géopolitique en dit déjà long.

Djordje Kuzmanovic est ainsi un souverainiste de gauche, qui surfe sur un thème et qui reprend des codes, mais pas quelqu’un assumant la mouvement ouvrier historique et ses valeurs. D’ailleurs, s’il était logique avec lui-même, il aurait rompu depuis longtemps avec La France Insoumise, qui est un vecteur très important des valeurs postmodernes, postindustrielles qu’il prétend dénoncer.

Jean-Luc Mélenchon n’a-t-il pas désigné Emmanuel Macron, il y a quelques jours, comme le « plus grand xénophobe qu’on ait », pour finalement aller à sa rencontre plus tard dans la même journée et parler d’une « légère exagération marseillaise » ?

C’est là du populisme et en acceptant cela, Djordje Kuzmanovic témoigne qu’il n’est finalement lui-même qu’un populiste.

Catégories
Écologie

L’ouverture 2018 de la chasse à courre

La chasse à courre a rouverte hier et il y a au moins une personnalité de gauche à avoir assumé quelque chose : le député La France Insoumise Bastien Lachaud était présent à Compiègne pour soutenir les opposants. Le silence de François Ruffin, qui lui assume une implantation picarde, n’en est que d’autant plus troublant.

Bastien Lachaud Twitter

La lutte contre la chasse à courre, commencée ces derniers temps à Compiègne, a largement essaimé, au point de disposer désormais d’une quinzaine de groupes dans tout le pays. Les réactionnaires sont fous de rage qu’on ose aller bousculer leur hégémonie complète dans des zones qu’ils voyaient comme leur bastion inexpugnable.

A ce titre, tout soutien aux revendications populaires s’exprimant à travers le refus de la chasse à courre est une bonne chose. Le passage de Bastien Lachaud, député La France Insoumise de Seine-Saint-Denis, est un appui utile et honorable à une juste cause.

On ne peut que regretter inversement l’absence de François Ruffin silencieux depuis le début quant à la chasse à courre. Député de la Somme élu par l’union de nombreux mouvements de Gauche (LFI, PCF, EELV…) et figure amiénoise avec son journal contestataire Fakir, il devrait être aux premières loges.

Cependant, on devine qu’il refuse de remettre en cause la chasse, celle-ci étant largement valorisée dans des secteurs populaires picards, ainsi que le PCF, au nom d’une tradition « datant de la révolution », alors qu’en réalité on est là dans une position entièrement rétrograde. Quand on se dit de gauche, mais qu’on tire sur les oiseaux, c’est qu’il y a un problème !

Beaucoup de gens de Gauche du coin évitent d’ailleurs cet écueil en méprisant la chasse, tout en valorisant… la pêche, y compris dans sa variante « no kill », qui pourtant aboutit à un crochet enfoncé dans la bouche du poisson.

La reprise de la chasse à courre à Compiègne a été, en tout cas, très feutré. En raison certainement de la présence d’un député, mais également de nombreux médias locaux : Oise Hebdo, le Courrier Picard, Le Parisien, France 3… qui ont dû faire face à la véhémence des pro-chasse à courre.

Les suiveurs de la chasse à courre avaient également des chasubles orange fluo « Hauts de France – Forêts propres », sans avoir de sacs-poubelles pour autant : on était là dans une opération de communication, mais aussi d’intense flicage de la trentaine d’activistes présents qui parfois ont été suivis sur de longs trajets, jusqu’en ville.

La police était là en force, contrôlant les identités avec ferveur, le commissaire divisionnaire se vantant en même temps d’avoir maté des rassemblements illégaux et fait condamner des gens à des mois de prison. C’est que l’État est avec les réactionnaires, mais s’inquiète en même temps des grandes déchirures que toutes ces histoires peuvent provoquer dans le pays.

Le rapport de la société à ses campagnes est en effet explosif et il suffit d’une faille pour que surgisse une gigantesque dénonciation de la vie quotidienne dans une France soit pétrie d’ennui hors des villes, soit totalement aliénée dans les villes.

Catégories
Politique

Le procès du meurtre de Clément Méric

Nous vivons dans une société où l’État n’est pas neutre : il vise à neutraliser, condenser, comprimer toutes les idées ou démarches subversives par rapport aux valeurs dominantes. Il n’est donc guère étonnant que le procès du meurtre de Clément Méric ait consisté en une démonstration de force institutionnelle, entièrement dépolitisée, faisant passer les prolétaires pour des demeurés et réduisant le fascisme à une brutalité de quelques voyous.

Le meurtre de Clément Méric avait déjà posé un vrai casse-tête à l’époque. Pierre Carles du magazine Siné mensuel avait alors dans un article constaté avec amertume que l’État et les médias avaient mis en place tout un dispositif idéologique pour diffuser le mépris anti-prolétaire et anti-immigré, en valorisant le parcours de Clément Méric, étudiant à Sciences Po, fils d’enseignants d’université et engagé dans la scène anarchiste parisienne.

Comment faire ? D’un côté, il y a d’authentiques prolétaires, mais s’étant fourvoyés. De l’autre, des antifascistes, mais liés à la bourgeoisie intellectuelle, à des valeurs libertaires typiques des centres-villes et des universités. Et tous sont, de toutes façons, farouchement anti-socialistes et anti-communistes.

La juge a naturellement prolongé le choix initial. Le procès n’a cessé de chercher à faire passer des prolétaires de province pour des demeurés, des arriérés, tout en effaçant totalement la question de l’inévitable sens de la révolte, ainsi, bien sûr que la déviation de la révolte.

Alors que ces prolétaires sont devenus nazis dans des zones culturellement anéanties. Que beaucoup d’entre eux, et c’est un paradoxe frappant, ont des origines immigrées. Et les observateurs ont été frappés par cela : ces nazis ne connaissaient même pas vraiment leur dossier, s’exprimaient de manière spontanée avec des mots simples et loin d’être forcément bien choisies pour leur propre situation.

Il est aussi nécessaire de remarquer que le meurtrier de Clément Méric était à l’origine impliquée dans une structure de soutien aux animaux montée à l’extrême-droite, comme sa compagne. Qu’avec sa nouvelle compagne il entend désormais monter un refuge, un autre accusé a pareillement parlé de travailler avec des animaux.

Bref, on avait là « des proles de chez proles », comme le dit la formule. Et quand on est de Gauche, on reconnaît cette nature prolétarienne, on ne saurait la mépriser. Quand on est de Gauche, on raisonne comme en Italie après 1922 et en Allemagne après 1933 : pourquoi des prolétaires ont-ils pu se tromper comme cela ?

Évidemment, la juge n’allait pas faire un procès pour expliquer pourquoi des prolétaires auraient dû devenir communistes au lieu de nazis. Ce n’est pas son objectif, qui est de neutraliser toute politique.

La nature prolétarienne des nazis en question ne l’intéressait que dans une seule mesure : faire systématiquement ressortir un mépris, une posture hautaine et arrogante, envers les prolétaires passant en procès, qui ont été scrutés « psychologiquement », « socialement », sans jamais analyser la réalité matérielle d’où ils viennent.

Il s’agissait de les écraser, non pas en tant que nazis, mais en tant que prolétaires qui ont osé faire irruption devant un tribunal. Tout de même, la juge a osé couper la parole à un avocat lors de sa plaidoirie finale – une chose jamais vue -, ainsi que condamner quelqu’un à sept ans de prison pour complicité de coups mortels, sans avoir porté de coups lui-même, c’est-à-dire pour simplement le fait d’avoir été là. Cela aurait été impossible face à des bourgeois.

De la même manière, la circonstance aggravante du coup de point américain a été retenue contre Esteban Morillo condamné à 11 ans de réclusion criminelle, alors qu’il n’y a pas d’expertise formelle à ce sujet ni de témoignages concordants, tandis qu’il y a plusieurs expertises et témoignages affirmant l’inverse.

La culpabilité est votée à la majorité et à bulletin secret par six jurées et trois magistrats sur la base de leur intime conviction. La délibération a durée dix heures et il est difficile d’en comprendre le résultat d’un point de vue strictement judiciaire et moral, à moins de considérer les choses en termes de classe et de comprendre que la Cour d’Assise n’a aucun caractère populaire malgré ses prétentions.

Ce procès a ainsi été dépolitisé, ce n’est pas le fascisme qui a été frappé, mais des prolétaires qui ont été broyés pour l’exemple… dans une démarche anti-prolétaire. C’était inévitable, à moins de ne pas comprendre la nature de la société et de s’imaginer que l’État est « neutre ».

Catégories
Société

Grandes villes et décadence

Les grandes villes amènent avec elles des mœurs qui, de par la nature de la concurrence et de la compétition propre à une société capitaliste, sont particulièrement acharnées dans l’individualisme.

Paris (Bastille)

Évidemment, c’est sous le drapeau de la liberté et de l’individu que ces mœurs cherchent à masquer leur caractère fondamentalement décadent. Le Monde, dans un article sur le film franco-italien « Laura nue » de 1961, adopte une posture libérale-libertaire bien connue :

« Laura voit bien que, partout, l’exclusivité réclamée par le mariage rend malheureux »

Merveilleuse philosophie que celle du capitalisme triomphant ! Et on sait à quel point les homosexuels sont sciemment utilisés dans cette philosophie. Enfin, quand on parle ici des homosexuels, on parle d’une caricature : celle de l’hypersexualité la plus extrême, d’un culte de l’apparence à la fois ultra-narcissique et très hautement superficiel, avec un esprit consumériste sans limites.

Car qu’est-ce qu’en réalité un homosexuel ? C’est un hétérosexuel, sauf qu’il est homosexuel, c’est-à-dire que c’est un être humain comme un autre. Il veut la paix, il veut l’amour, il veut la nature. Être un homosexuel ne signifie pas avoir une autre « substance », une autre nature. L’être humain existe sous une forme naturelle, générique, il n’y a pas de zone « à part ».

Tel n’est bien entendu pas le point de vue du capitalisme le plus moderne, qui n’envisage les choses que sous l’angle d’une homosexualité vecteur de la décadence.

Libération est toujours exemplaire dans la valorisation de la décadence : l’État aurait, en 1978, osé condamner pour « outrage public à la pudeur » des gens interpellés alors qu’ils se sodomisaient la nuit dans un bosquet du bois de Vincennes !

Quel sens des valeurs… Impossible de ne pas faire le rapprochement d’une telle mentalité avec la Rome décadente allant à son effondrement.

Pareillement, dans le même article, Libération se montre scandalisé par « l’affaire du Manhattan » : la police a osé intervenir, la même année, dans un bar du très chic Ve arrondissement pour arrêter les hommes présents dans une « backroom », c’est-à-dire, pour parler vulgairement, un « baisodrome ».

Là encore, c’est l’esprit de Rome. Et cet esprit de Rome existait déjà dans les années 1930, avec une haute bourgeoisie décadente, célébrant l’alcool et les drogues, les soirées à la sexualité déformée et fondée sur la performance, la prostitution, le consumérisme niant la personnalité.

La Gauche, à l’époque, combattait cette haute bourgeoisie et ses valeurs. Pourquoi en serait-il autrement, alors que ces valeurs de la haute bourgeoisie sont devenues également celles de couches urbaines à la vie vide de tout sens culturel et social ?

La réponse d’Aides à un article d’À Gauche témoigne d’ailleurs bien de cet esprit anti-prolétarien, incapable de prendre quoi que ce soit au sérieux et s’imaginant que la classe ouvrière a disparu, tant historiquement que matériellement.

agauche.org facebook - réaction d'AIDES

Le problème n’est pas que ces gens seraient mauvais en eux-même. Il s’agit surtout du fait qu’il y a un contexte économique et social permettant une telle attitude. Il y a un déséquilibre dans la partage des richesses, économiques et culturelles, qui fait que certains peuvent vivre de manière improductifs dans les grandes villes en monopolisant les tâches intellectuelles pendant que d’autres doivent assurer les travaux manuels en étant privé de substance intellectuelle.

Si les travailleurs manuels doivent faire l’effort d’évoluer sur le plan intellectuel en s’appropriant les connaissances et les postes de direction,  l’inverse est également indispensable. Les comportements improductifs menant à la décadence doivent être combattus pour faire évoluer l’ensemble du corps social.

Du point de vue de la classe ouvrière, il n’y a pas d’autre choix que de mettre tous ces décadents au travail. Ce sera l’un des devoirs d’une société devenue socialiste et capable de briser ces mœurs libérales-libertaires qui détruisent la civilisation !

Catégories
Écologie

« Stop spécisme » : multiples arrestations à Lille

La police avait la pression : la frange la plus réactionnaire de notre pays comptait bien faire un exemple. Il fallait à tout prix alpaguer les gens ayant dégradé et peinturluré le slogan « stop au spécisme » sur neuf commerces à Lille et dans ses environs.

Canard street, « stop spécisme »

Le but de la course-poursuite pour procéder à des arrestations : empêcher que cela ne se fasse contagion. Il est vrai d’ailleurs que ces actions ont possédé une certaine émulation. Aux cibles lilloises initiales – la boucherie L’Esquermoise le 13 mai, la poissonnerie Au Petit Mousse le 18 mai, le restaurant Canard Street le 2 juin, puis toujours en juin la rôtisserie 3 Coqs – se sont ajoutées la Boucherie Pitel dans les Yvelines, la Fromagerie Madame à Wambrechies dans les Hauts-de-France, une boucherie à Thionville et une autre à Cattenom (toutes deux en Moselle), puis quatre à Fontenay-sous-Bois dans le Val-de-Marne, et enfin la Boucherie Du Parc à Epinay-sur-Orge en Essonne.

Au-delà de cela, il y a surtout la compréhension par la France la plus réactionnaire que tout cela allait abîmer le vernis faussement démocratique d’une France totalement agro-industrielle engloutissant les campagnes après les avoir déjà profondément défigurées.

Il faut d’ailleurs qu’on soit dans une situation bien catastrophique pour que quelques dégradations engendrent un tel remue-ménage chez les bouchers, les éleveurs et les médias. On est extrêmement loin des actions quotidiennes par dizaines et portées par un mouvement de masse comme cela fut le cas en Grande-Bretagne dans les années 1980 avec l’ALF.

Ce qui ne peut pas ne pas laisser penser que toute cette hystérie des bouchers, éleveurs et chasseurs est clairement surjouée, que c’est un cinéma visant à conquérir ou reconquérir l’opinion publique. Les réactionnaires sont agressifs et en veulent toujours plus. C’est la Droite à l’offensive, tout simplement. Il est grave d’ailleurs que la Gauche ne le voit pas, voire change de camp.

lille

Le PCF soutient ainsi ouvertement les chasseurs et Martine Aubry, maire de Lille, devant une boucherie dégradée en mai, a fait en sorte que la mairie se porte partie civile. C’est totalement aberrant d’un point de vue de Gauche.

Car quand même, hystérie réactionnaire ou jeu guignolesque, il reste que l’équilibre des idées concernant les campagnes, la nature, est tellement précaire que tout est prêt à s’effondrer du jour au lendemain, et qu’ainsi même quelques dégradations tapent là où cela fait mal. Le système est intenable, détruisant la planète et asservissant les animaux de manière abjecte. Cela ne peut tout simplement pas continuer ainsi.

Il y a donc lieu d’avoir un regard non pas critique, mais certainement plein de sympathie pour les personnes arrêtées, cinq femmes et un homme, une jeune femme de 21 ans se retrouvant inculpée et passant en procès le 14 décembre. Car il faut établir l’arrière-plan : la domination d’une agro-industrie capitaliste totalement destructrice et moralement infâme.

La Gauche, c’est la révolte contre l’ordre établi, pas son aménagement. C’est le mode de production lui-même qui est problématique. Inévitablement, la question animale s’avère explosive lorsque ce mode de production engloutit le monde lui-même. C’est aussi simple que cela, ou en tout cas cela devrait l’être pour toute personne de Gauche.

Catégories
Société

Mineurs et accès à la pornographie

Le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français a récemment publié un dossier de presse en lien avec une conférence qu’il a tenu le 15 juin dernier à Paris, intitulée « Protection des enfants et des adolescents contre la pornographie ».

Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français

Les intervenants ont à travers cette conférence lancé un appel à ce que des mesures soient prises afin que la loi sur la protection des mineurs soit appliquée de façon stricte et que des campagnes d’information et de sensibilisation soient véritablement mises en place en milieu scolaire et à l’échelle nationale.

Citons à ce sujet l’article 227-24 du code pénal qui parle d’exposition de mineurs à du contenu à caractère pornographique :

« Le fait soit de fabriquer, de transporter, de diffuser par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support un message à caractère violent, incitant au terrorisme, pornographique ou de nature à porter gravement atteinte à la dignité humaine ou à inciter des mineurs à se livrer à des jeux les mettant physiquement en danger, soit de faire commerce d’un tel message, est puni de trois ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende lorsque ce message est susceptible d’être vu ou perçu par un mineur. »

Une des demandes du Collège est ainsi de rendre cet accès difficile : demander une carte de paiement par exemple, au lieu d’une simple case à cocher où l’utilisateur affirme être majeur :

« les fournisseurs d’accès devraient avoir l’obligation d’empêcher les mineurs de consulter les sites pornographiques en imposant des codes fournis à partir de la présentation de la preuve de la majorité ou en imposant une carte bancaire systématique »

La volonté de fond derrière est la protection des mineurs, de leurs corps et plus généralement de leur santé. Le dossier de presse reprend différentes études menées sur le sujet et donne des exemples d’intervention et de programme de prévention réalisés en France.

Avec l’essor des nouvelles technologies et l’arrivée massive de smartphones, les mineurs et les jeunes adultes sont ainsi de plus en plus nombreux à consulter du contenu pornographique, mais surtout, l’influence des représentations de cette industrie se fait ressentir selon les professionnels de santé.

« informer les enfants dans les écoles pour leur expliquer que, comme la drogue, la pornographie fait du mal.

Ces images d’une extrême violence, ne correspondent pas à la réalité et les insécurisent. Les jeunes n’ont pas la maturité nécessaire pour se défendre.

En outre, la pornographie donne cette fausse idée que la performance sexuelle se mesure. Les femmes y sont considérées comme des objets. Les garçons n’ont aucune notion de ce qu’est le consentement; il m’est arrivé qu’un jeune me demande : mais si cette femme ne veut pas, est-ce qu’on peut la tenir? J’entends des récits de fellations collectives dans les toilettes. L’image de la femme est gravement dégradée. »

Le rapport enchaîne avec ce constat très dur :

« Cette grande disponibilité des images pornographiques n’est pas étrangère à l’augmentation des viols par mineurs sur mineurs, celle des IVG chez les jeunes filles et celle des infections sexuellement transmissibles. »

Le dossier de presse peut être téléchargé au format PDF, à cette adresse.