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Magenta skateboard, la touche à la française

Fondée en 2010 par deux skateurs français, la marque Magenta skateboard a fêté ses dix années d’existence en 2020. Elle fait aujourd’hui partie du paysage incontournable du skateboard, et participe d’une « french touch » en assumant une démarche auparavant mise de côté.

Courant 2010, Vivien Feil et Soy Panday, deux piliers de la scène skate en France présents depuis les années 1990, sont confrontés à l’épuisement de leur démarche. Vivien Feil ne se retrouve plus dans le skate « à l’américaine » et Soy Panday pense avoir fait le tour : il faut aller de l’avant, chercher un nouveau souffle.

C’est de là que vient l’idée de fonder une marque de skateboard, Magenta, en référence à l’appartement parisien localisé au boulevard du même nom ayant été un repère important pour la scène des années 2000. Et le lancement de la marque atteste déjà de son ADN, avec plusieurs séries de board (le plateau seul du skateboard) sorties comme un feuilleton d’une bande-dessinée, présentant tour à tour, tel ou tel aspect de la team et de la philosophie de la marque.

Entre le clip qui a « lancé » la marque il y a dix ans, et le clip anniversaire, il y a le reflet de ce qu’est à la base et en général l’état d’esprit « skate », et en particulier celui véhiculé par « Magenta ». Comme le dit le clip de 2010, avec le skateboard « c’est la rue qui commande », mêlant ainsi culture alternative avec pour horizon le dépassement de la morosité de la ville par son appropriation ludique, émancipatrice…

Être un skateur, c’est avant tout un état d’esprit et c’est pour cela que quiconque a un skate ou fait du skate, n’est pas forcément un skateur, ou ne le reste pas ! Avec « Magenta skateboard », on comprend tout à fait cela : être un skateur, c’est avoir un certain regard sur le monde, urbain forcément mais pas seulement. La sensation de skater, le style vestimentaire particulier, l’insistance sur les playlist, la mise à distance du travail et d’une « vie rangée » sont les révélateurs de tout un life style, d’une culture alternative.

Dans son interview en 2004 pour le magazine français Sugar, Soy Panday exprime à merveille cette mentalité alternative, un poil juvénile, lui-même ayant fuit du business world pour se lancer à fond dans le skateboard :

Le skate pour moi, c’est du rêve qui permet d’échapper à la réalité, je suis censé chercher un travail, être sérieux et responsable et ça me fait chier… Dans la mesure où je fais du skate tous les jours et lorsque j’en ai envie, j’ai un peu réalisé mon rêve…

Le clip d’introduction de la première vidéo en 2010 :

Le clip anniversaire en 2020 :

Mais si Magenta reflète bien l’esprit skate, il en va de même, et à leurs façons, des marques comme Polar, Helas, Rave, Sour, Isle, Palace, Primitive, Wknd, Antiz, etc. En réalité, Magenta apporte dans la scène une touche bien française, quand Baker skateboard a finalement cristallisé l’approche américaine agressive.

A sa naissance, Magenta Skateboard a suscité la curiosité mais aussi la controverse. Car dans un monde de plus en plus aseptisé et pourrie par le business, le skateboard n’échappe pas à la règle.

Non pas que l’origine du skateboard, située dans les Etats-Unis des années 1970-1980, soit à jeter, mais qu’il y manque une « touche », un « esprit », une « philosophie » au sens esthétique, romantique même. Cela tient à la naissance du skateboard.

Être un skateur dans les années 1980-1990 aux Etats-Unis, c’était se confronter aux vigiles privés, aux policiers, aux voisins des quartiers pavillonnaires ghettoisés, etc. C’était se réfugier dans la cour d’une école, avec son « set » de marches (escalier) et son « handrail » (rampes d’escalier). Tout cela a fait du skateboard quelque chose de très « hardcore », et il est nullement étonnant que le punk hardcore et l’ancêtre de la phonk aient influencé, à ses débuts, la scène.

Avec Magenta, c’est une perspective différente qui a été mise en avant, venant bousculer les codes anciens. Magenta a mis l’accent non plus sur la performance du tricks (figure) en tant que tel mais sur la globalité de la démarche en insistant sur le côté exploration totale, esthétique et amusante de la ville. Jusque dans les années 2010, pour parvenir à « percer » dans le skateboard, il fallait être en mesure d’aligner une batterie de figures, et notamment de « se jeter » sur un escalier impressionnant, une pente ultra-raide, avec tous les risques physiques pris.

Qui d’autres que des français, portés justement sur l’ « état d’esprit », pouvait mettre en valeur une autre approche ? Non pas d’ailleurs que faire du skate sans viser le sempiternel « hammer » (littéralement « marteau » pour désigner le fait de faire de grosses figures impressionnantes) était inexistant avant, mais avec Magenta il y a eu la mise en forme générale d’une démarche assumée. La scènes skate de la east coast américaine, notamment new-yorkaise, développait cette tendance à l’exploration fun de la rue, mais c’était relativement isolée, peu assumée et valorisée en tant que tel.

A noter que Magenta a pu façonner son monde en rapport avec la culture japonaise, notamment certaines astuces pour filmer, et dans le fait de se focaliser sur ou tel ou tel aspect du lieu, tel ou tel aspect du tricks. Le Japon est un pays marqué par une forte répression du skateboard, ce qui fait que les sessions se font uniquement la nuit, avec tout le relief esthétique que cela fournit en conjugaison avec l’esprit japonais en général.

La team Magenta entretien depuis ses débuts des liens solides avec la scène japonaise, à tel point que l’on peut dire que c’est une approche franco-japonaise du skateboard. Une synthèse franco-japonaise visible dans le projet vidéo Minuit sort en 2012, ou dans Soleil levant, une compilation vidéos comprenant notamment des images de nombreux road trip au Japon.

A ses débuts, Magenta ne pouvait que susciter la critique car s’il y a forcément un aspect positif, il y a aussi, quoi qu’on en dise, un aspect négatif. Produire des clips à base de powerslide, de ollies par ci, par là, sur fond de jazz et le tout en pleine nuit, a dénoté une forme de prétention, une mentalité hautaine si typiquement française.

Mais d’un autre côté, quel souffle novateur apporté au skateboard ! D’ailleurs, les fondateurs de la marque sont tous issus de la scène des années 1990, ayant connu les débuts où le skate se pratiquait le plus souvent sur une place urbaine, où se côtoyaient marginaux et alternatifs, dans un esprit « hardcore ».

Mais il fallait pouvoir assumer le fait qu’on pouvait dorénavant filmer et rendre stylé un simple ollie, un power slide (dérapage sur les roues), un boneless ou no comply, le fait de cruiser (rouler-glisser dans la rue), à condition qu’il y ait une démarche réflexive qui l’accompagne, en tenant compte du style du skateur, du spot choisi (ses couleurs, son revêtement, etc.), de la manière de filmer, de la luminosité, etc. D’ailleurs, il serait erroné de dire que la simplicité du tricks relève d’un simplisme, d’un approche débutante.

En fait, il y a une insistance sur l’approche qualitative plus que quantitative, encore que cela soit réducteur puisque pouvoir faire une « ligne » (enchainement de figures) à très vive allure sur un endroit rugueux demande un certain niveau de pratique… C’est n’est donc finalement pas tant la difficulté du skateboard que Magenta a révolutionné, mais plutôt l’idée qu’on peut faire du skateboard, sans pour autant être obligé de se mettre son corps à l’épreuve du danger…

Magenta, c’est le skate branché, artistique, sans pour autant sortir de l’esprit générale skate. Est-il d’ailleurs bien étonnant que le Q.G de la marque, tout autant que de la team, soit à Bordeaux, cette ville aujourd’hui marquée par la culture bobo-branchée, mais qui a longtemps été la « belle endormie », lieu florissant de la scène punk se confrontant à la crispation d’une bourgeoisie traditionnelle. D’ailleurs la gamme vestimentaire de Magenta est à ce titre très stylée, du fait de ses détails subtiles et modernes.

Pendant très longtemps, et cela est encore vrai aujourd’hui, le skateboard était sévèrement sanctionnée par la police bordelaise, étant même un sujet d’actualité du fait des plaintes déposés par les bourgeois retraités en recherche de tranquillité. Tout comme au Japon, et dans une moindre mesure à New-York, les sessions de skate à Bordeaux se faisaient la nui, là aussi pour éviter la répression. Entre la pratique de nuit et l’architecture florissante de la ville, il y avait là tout le terreau favorable pour que Magenta skateboard s’exprime se développe.

Léo Valls, le skateur bordelais sponsorisé par la marque qui a largement contribué à faire accepter le skateboard dans la ville, comme en juin 2019 avec le projet Play!, représente admirablement bien l’approche « Magenta ».

La photo de ce « simple » backslide powerslide, photographié par David Manau, sur l’une des pyramides du Louvre, grâce à un accès plus libre lors du chantier 2014-2016, est un chef d’oeuvre qui marquera surement l’histoire du skateboard.

Avec Magenta, on a enfin trouvé la touche française du skateboard, et non plus un mimétisme forcément bancal de l’approche américaine. Une touche qui conjugue l’exploration approfondie de la ville, l’esthétisme général de la démarche et la « touche » subjective du skateur autant que du filmeur.

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Il y a cent ans au congrès de Tours naissait en France le Parti Communiste

En choisissant de demander à rejoindre l’Internationale Communiste, la majorité des socialistes français donnait naissance au Parti Communiste le 29 décembre 1920.

Au cinquième jour du congrès de Tours, il y a cent ans, se tenait le vote des socialistes français, autour d’une question essentielle à leurs yeux : fallait-il suivre l’appel de Lénine à mener une grande cassure dans les rangs des socialistes français ?

C’était un drame pour beaucoup, car la tradition socialiste française, c’était celle de la « synthèse » entre différentes tendances, allant des tenants de l’alliance avec les bourgeois éclairés aux partisans d’un anarchisme complet. Et au début de l’année 1920, les socialistes français avaient déjà refusé d’aborder en tant que tel la question. Cela les dérangeait, ils avaient toujours pensé être plus efficaces, plus honnêtes, en acceptant tout le monde.

Impossible pourtant à la fin de l’année 1920 de continuer à faire comme si la Russie soviétique n’existait pas, alors que toute l’Europe centrale a déjà connu l’ouragan révolutionnaire, que le capitalisme est instable dans toute une série de pays européens, que la pression continue de monter en France. Alors le soir du 29 décembre, le vote des délégués est très clair, les 3/4 votant pour l’adhésion du Parti socialiste Section Française de l’Internationale Ouvrière à l’Internationale Communiste.

C’était un choix romantique. Des socialistes prônant l’adhésion à l’Internationale Communiste, il ne restera très vite pratiquement personne. Ils partiront ou seront éjectés dans les quelques années suivantes. Ce sont des jeunes qui vont faire vivre ce qui est désormais un « Parti Communiste », aligné sur les choix réalisés par l’Internationale Communiste. Ce sont des jeunes ouvriers du Nord, comme Maurice Thorez, né en 1900. Il deviendra ensuite le dirigeant du Parti Communiste, à l’âge de trente ans.

Ce sont surtout des jeunes ouvriers parisiens qui feront le coup de poing avec l’extrême-Droite dans les années 1930, provoquant la rébellion antifasciste de 1934 qui donne naissance au Front populaire. Au milieu des années 1930, la région parisienne forme la moitié du contingent du Parti Communiste.

Cette question du romantisme est très importante, car le Parti Communiste est en France avant tout une passion, et une passion localisée. Elle n’a pas touché tout le pays, elle n’a pas réussi à s’ancrer dans l’Histoire française. Il y a des lieux où le Parti Communiste a été un formidable lieu de socialisation. Mais il a été comme parallèle à la société française, qui a continué son chemin sans lui.

Contrairement à d’autres pays où le niveau culturel était élevé, avec ainsi une culture façonnant la société au moins en partie, les communistes ont en France toujours considéré que le communisme c’était avant tout un élan, le Parti Communiste une sorte de syndicat, mais politique. Et cette conception doit beaucoup au congrès de Tours de décembre 1920.

Le congrès de Tours de 1920 est donc un événement marquant, mais s’il fut sincère, il reflète une problématique de fond qui est la difficulté de la Gauche en France à dépasser une conception minoritaire et syndicaliste/électoraliste de l’action politique. Encore faut-il d’ailleurs souligner qu’il ne s’agit pas tant de politique que de culture. La Gauche française aime à se précipiter, à être dans le feu de l’action, et pour cette raison le monde entier la regarde souvent. Mais hors ces actions, il y a une incapacité à prolonger le tir, à ancrer une culture, à établir des perspectives.

Tout le mal de la Gauche française se lit bien dans le congrès de Tours de 1920, avec son élan sincère mais volontariste.

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Quelques articles intéressants à l’occasion du centenaire du congrès de Tours

Quelques articles nouveaux pour le centenaire du congrès de Tours marquant la fondation du PCF.

Voici quelques (nouveaux) documents intéressants pour contribuer aux connaissances sur le congrès de Tours de 1920, sur la question des socialistes et des communistes.


  • La ville de Tours présente une exposition virtuelle sur sa situation au moment du congrès. Plutôt bien faite, l’exposition permet d’avoir un aperçu sur le contexte du congrès, ainsi que en un certain sens sur la France de l’époque.

=> l’exposition virtuelle

  • La chaîne de télévision Public Sénat, qui dépend du Sénat français, a publié un documentaire très sérieux, même si évidemment limité, présentant le sens du congrès de Tours.

=> la vidéo Congrès de Tours. 1920 : la naissance des deux gauches


  • La Fondation Jean Jaurès a mis en ligne une vidéo de débat présentant l’intérêt de relire Léon Blum cent ans après le congrès de Tours. Il faut se rappeler ici que Léon Blum jouait un rôle très secondaire chez les socialistes avant le congrès de Tours. En devenant l’opposant le plus acharné de l’Internationale Communiste, il est apparu au premier plan. Ses propos tenus au congrès, consistant en une défense des traditions socialistes – absence de centralisation, droit de tendance, direction reflétant les tendances – forment littéralement le catéchisme socialiste.

=> la page avec la vidéo du débat

  • La Gauche républicaine et socialiste (GRS) a publié un article assez dense intitulé 100 ans de Parti Communiste Français. La GRS est notamment composée des ex-socialistes faisant le choix de s’orienter par rapport à La France insoumise. L’article résume le congrès de Tours en prenant partie pour Léon Blum, tout en réfutant une position anti-PCF, dans l’esprit du programme commun et de François Mitterrand. Il est appelé à une fusion des communistes avec la Gauche républicaine au nom de la disparition du « soviétisme ».

=> l’article 100 ans de Parti Communiste Français


  • Le Monde Diplomatique a publié un article sur « l’essor et déclin du communisme français ». Cette revue exprime le point de vue de l’altermondialisme et l’article explique que le communisme a surtout été un mouvement populaire, qu’il a encore de nombreux restes, notamment au niveau des municipalités. C’est donc une force à prendre en compte.

=> l’article Il y a cent ans naissait un parti authentiquement populaire

  • L’auteur de l’article du Monde Diplomatique est interviewé à ce sujet par Solidaire, l’organe du Parti du Travail de Belgique. C’est un sociologue, publiant un ouvrage sur le centenaire du PCF ; son regard se veut neutre et objectif afin de présenter des faits. On n’y cherchera donc pas un point de vue relevant du mouvement ouvrier.

=> l’interview Il y a 100 ans : La naissance du Parti communiste français


  • Militant, un réseau actif dans La France insoumise, a mis en ligne un mémoire de maîtrise donnant la version trotskiste de la naissance des pro-IIIe Internationale dans les rangs socialistes. Cela exprime la nostalgie sur le fait que les syndicalistes et les trotskistes ne soient pas arrivés à prendre le contrôle du jeune Parti Communiste.

=> le mémoire de maîtrise portant sur « Le Comité de la 3ème Internationale
et les débuts du PC français (1919-1936) »

  • Le rassemblement communiste, avec différents groupes dont la coordination communiste 59/62 issue du PCF des années 1990, a publié une vidéo avec des interventions cherchant à tracer un bilan du PCF à l’occasion du centenaire du congrès de Tours. C’est la combativité sociale qui est soulignée, avec sincérité mais de manière artisanale (les gens s’allongeant sur un canapé à l’arrière-plan, tout de même!).

=> la vidéo à l’occasion du centenaire


  • Le Pôle de Renaissance Communiste en France a publié un court texte, accompagné d’une vidéo, appelant à la reconstitution du Parti Communiste en France. C’est là quelque chose de nouveau, car normalement le PRCF a comme position concernant le PCF d’être un pied dedans un pied dehors. On a là une affirmation très forte, qui se voit associée une proposition d’une candidature à la présidentielle de 2022. Le PRCF entend se présenter comme le parti (patriotique) du combat de classe et considère que le moment est arrivé pour se poser comme la véritable rupture avec le réformisme, le révisionnisme, le gauchisme, etc.

=> l’appel du PRCF Reconstruisons un parti communiste pour faire gagner les travailleurs


  • Le PCF (marxiste-léniniste-maoïste) publie une série d’articles sur la nature du Parti Communiste, ainsi que les dossiers sur le congrès de Tours. On retrouve à l’arrière-plan la conception selon laquelle les communistes français n’ont pas été à la hauteur sur le plan idéologique et culturel. Il ne s’agit pas simplement de lutter ou de refuser le réformisme, tout est une question de vision du monde, qui doit être matérialiste dialectique, matérialiste historique (avec donc Marx, Engels, Lénine, Staline, Mao Zedong).

=> la revue pdf Bolchevik


  • Le Parti Communiste Révolutionnaire de France a publié un court article saluant la fondation du Parti Communiste en 1920, faisant référence à des extraits d’interventions au congrès de Tours en faveur de la transformation du Parti socialiste.

=> le court article avec le pdf contenant les extraits

  • Les Jeunesses Communistes du Bas-Rhin, des Bouches-du-Rhône et de Lyon ont réalisé une déclaration commune, appelant à s’opposer au reniement, voyant en la période 1989/1991 un mauvais tournant.

=> la Déclaration commune

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Le PCF en 1970 : « un sacré bout de chemin »

Le texte « un sacré bout de chemin » trace le bilan du PCF pour son cinquantenaire en 1970 et annonce les perspectives à espérer alors.

Le PCF a publié en 1970 une petite brochure à l’occasion de son cinquantenaire. Intitulée « un sacré bout de chemin… », elle contient un petit historique se concluant par un texte présentant le PCF en 1970, avec ses perspectives. Voici cette partie, qu’il est intéressant de voir depuis décembre 2020, cinquante ans après. Surtout que ce texte de conclusion s’intitule « le but si proche ».

La brochure a été publié comme supplément aux « Cahiers du communisme » de novembre 1970 et sa rédaction par le comité central a eu comme principal acteur Rober Lechêne. Né en 1927, celui-ci a rejoint le PCF en 1946, devenant un des principaux cadres de sa presse. Il fut notamment le rédacteur de la revue Nous les Garçons et les Filles, une sorte de tentative populiste de se tourner vers la jeunesse en gommant toute identité à la jeunesse communiste.

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Charlie Hebdo criminalise l’Union communiste libertaire

Un intolérable article de Charlie Hebdo relève de la criminalisation d’une organisation communiste libertaire.

Le 25 décembre 2020, l’Union Communiste Libertaire a pris publiquement position en réponse à un odieux article paru dans Charlie Hebdo. « Misère d’une chronique (quand Jean-Yves Camus veut s’en prendre à l’UCL) » répond à l’article « Black bloc : sous les pavés, tout et n’importe quoi ». Cet article payant a été écrit par Jean-Yves Camus, un politologue ayant un certain écho à Gauche pour ses analyses sur l’extrême-Droite, alors que lui-même a tout de même la particularité d’être un fervent religieux (il s’est converti au judaïsme, une chose par ailleurs extrêmement difficile). La raison est qu’il y a vrai niveau intellectuel et que les informations sur l’extrême-Droite intéressant toujours. Mais c’est une dénonciation incroyable de populisme que Jean-Yves Camus a écrit dans Charlie Hebdo, au point qu’il est forcément nécessaire que celui-ci soit boycotté et même Charlie Hebdo devient de fait inacceptable.

Le fond de l’article de Jean-Yves Camus est intelligent et raisonnable. Parlant des « black block », il dit : ces gens n’existent pas politiquement, ils ne sont présents que dans les cortèges, pour le reste ils ne sont pas présents dans la société. Il reproche l’attitude de chercher la casse en tournant le dos aux gens, alors qu’il y a tellement à faire.. Tout cela est très bien et c’est le discours classique de la Gauche historiquement.

Cependant, Jean-Yves Camus va plus loin et assimile alors l’Union communiste libertaire aux casseurs et aux apprentis terroristes! Le tout dans une sorte d’amalgame totalement absurde et littéralement incroyable pour quelqu’un s’y connaissant aussi bien que lui. Voici ce qu’il dit :

« La plupart des groupes radicaux qui manifestent contre la loi « sécurité globale » se réclament du communisme libertaire (Union communiste libertaire ou UCL), du municipalisme libertaire ou de l’autonomie, et ceux qui ont étudié cette mouvance se souviennent du slogan « Autonomie et offensive ». Ce dernier terme dit assez que la radicalité ne peut s’accommoder des postures « pacifiques » (…).

Ceux qu’on nomme « casseurs » ne lancent pas un pavé dans une vitrine et n’attaquent pas les policiers avec des cocktails Molotov par jeu : ils le font pour déclencher l’étincelle qui mettra le feu à la plaine. Sauf que cette phrase signée Mao Zedong suppose que « les masses » embrayent sur le mouvement, ce qui ne semble pas le cas.

D’où le risque que de petits noyaux militants, comme celui interpellé le 11 décembre pour projeter une action violente contre des policiers, choisissent de passer à ce qu’il faut bien appeler le terrorisme, habituelle méthode de fuite en avant des avant-gardes militantes dépourvues d’emprise et qui n’arrivent pas à déclencher la révolution. Il faut dire que les bases de la révolte sont confuses, notamment quand il s’agit de faire converger la mobilisation pour les libertés publiques, celle contre l’« islamophobie » et un antiracisme d’inspiration indigéniste.

La figure tutélaire du groupe arrêté le 11 décembre avait combattu au Rojava contre l’État islamique, avec les Unités de protection du peuple. Donc dans l’optique d’un municipalisme libertaire, féministe et antipatriarcal. Or que trouve-t-on sur le site de l’UCL ? Un appel à manifester contre le « confinement autoritaire et ultralibéral », une rubrique « Féminisme » et un communiqué de soutien au Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) ! Sur un pareil mélange, l’extrême gauche restera groupusculaire, malgré la marmite sous pression que constitue la société française. »

Les « groupes radicaux » sont anarchistes donc ils se rattachent à l’Union communiste libertaire et comme il y a une fuite en avant cela revient forcément à l’Union communiste libertaire, qui est ici directement assimilé aux gens arrêts le 11 décembre (voir 7 personnes arrêtées et accusées de bombisme). C’est là :

– inacceptable tant que les personnes arrêtées ne se sont pas exprimées politiquement (avec un certain écho) ;

– une tentative de pousser l’État à réprimer l’Union communiste libertaire en l’assimilant à des gens ayant choisi l’illégalité.

Il n’y a pas là une maladresse. L’Union communiste libertaire vient d’une démarche totalement opposée aux black blocks, sans même parler de l’autonomie offensive de la fin des années 1970 ! Cette organisation vient de la fusion récente d’Alternative libertaire, historiquement (très) proche des trotskistes de la Ligue communiste révolutionnaire et de la Confédération des groupes anarchistes, issue de la Fédération anarchiste (voir La fusion entre Alternative Libertaire et la Coordination des Groupes Anarchistes).

Or, quiconque sait que chez les anarchistes (au sens le plus large), c’est l’Organisation communiste libertaire dont la tradition est historiquement la plus parallèle aux autonomes, certainement pas l’Union communiste libertaire dont les ancêtres s’opposaient aux autonomes et encore plus à l’autonomie offensive, historiquement pro lutte armée (« autonomie offensive – lutte armée – pour le communisme! »).

Dans sa réponse, l’Union communiste libertaire le dit d’ailleurs avec justesse :

« Notre stratégie ne repose pas sur l’émeute et l’insurrection mais bien sur la construction de contre-pouvoirs et l’auto-organisation des luttes sociales. La plupart des membres de notre organisation sont actives et actifs dans les syndicats (à la CGT comme à SUD-Solidaires), dans des associations pour le droit au logement, des associations et collectifs écologistes, féministes, antifascistes, antiracistes. »

On peut tout à fait considérer qu’une telle activité est réformiste et vide de sens, on peut très bien accuser l’Union communiste libertaire d’avoir un discours post-moderne, confus, tout ce qu’on voudra. Mais dire que l’Union communiste libertaire n’a pas de réflexion et sont vélléitaires comme des casseurs, c’est une erreur complète ; les assimiler avec des gens poursuivis par l’État, c’est inacceptable.

Ce qui ne signifie pas qu’il faille accepter pour autant le principe de la dissociation, tout cela relève d’un débat à Gauche, et d’ailleurs de quel droit Jean-Yves Camus se met-il sur le même plan que des groupes de gauche organisés ? En quoi un religieux rigoriste a-t-il à donner des leçons à la Gauche ? En quoi un religieux rigoriste a-t-il à donner des bons et des mauvais points sur les orientations stratégiques de la Gauche ?

Charlie Hebdo a commis une lourde faute en publiant un tel article et il est incroyable d’ailleurs que ce journal, si durement frappé par l’islamisme, tolère qu’on humilie d’un revers de la main une personne définie comme :

« La figure tutélaire du groupe arrêté le 11 décembre avait combattu au Rojava contre l’État islamique, avec les Unités de protection du peuple. »

Que Charlie Hebdo donne la parole à cette personne et qu’on juge sur pièce, plutôt que de le dénoncer alors qu’il est arrêté sans droit à la parole !

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L’interview stratégique d’Emmanuel Macron dans l’Express

Dans son interview à l’Express, Emmanuel Macron affirme la ligne centriste-modernisatrice, en prévision des prochaines présidentielles.

Emmanuel Macron a accordé une interview-fleuve à l’Express, une manière de s’adresser à la bourgeoisie moderniste par l’intermédiaire de cette revue. Quand on accorde une interview à un média en sachant que l’accès à celui-ci sera restreint – autrement dit il faut être abonné ou acheter la revue – c’est qu’on cible particulièrement le message.

Emmanuel Macron a ainsi tenu un discours extrêmement précis aux journalistes de l’Express. Ce discours, construit en prévision des présidentielles, est celui de Valéry Giscard d’Estaing, des centristes c’est-à-dire historiquement des radicaux. Ou, si l’on préfère, de la bourgeoisie moderne et modernisatrice.

On apprend dans l’interview que la France serait en train de se « transformer » sous l’impulsion d’Emmanuel Macron. Il y aurait en France une « tension créatrice », une « énergie politique très rare ». Mais cela va avec une particularité : selon Emmanuel Macron,

« la France naît de la langue et de l’État, les deux piliers de notre Nation. »

C’est évidemment totalement faux puisque c’est le peuple qui fait l’histoire (et ainsi la langue et l’État). Cependant Emmanuel Macron ne va pas défendre une telle perspective, puisque son rôle est de maintenir la fiction d’un État au-delà des classes.

Pour cette raison, la modernisation passerait en particulier par l’État, donc en particulier par Emmanuel Macron, à condition de dépasser la « crise de l’autorité ». Il faut que les hiérarchies se réaffirment, alors qu’il y aurait de nombreuses perspectives, dont l’une est l’immigration en s’appuyant sur « l’intégration » et en rejetant « l’assimilation ».

Nicolas Sarkozy avait raison même si son concept d’identité nationale faisait trop polémique, Pétain et Maurras c’est mal mais ils ont une part de bien, il faut utiliser tout ce qui fait en sorte que la République soit une « transcendance » de gens multiples mais enracinés.

En clair, il faut que l’État maintienne cohérent une société capitaliste qui relativise tout, Emmanuel Macron insistant sur le risque que représente le relativisme pour les institutions. Il se présente donc comme le chef prêt à moderniser de manière permanente et d’ailleurs la France serait l’un des pays s’en sortant le mieux dans la pandémie actuelle, grâce à lui et à sa gestion de l’État. Il ne faudrait donc surtout pas considérer la France comme une « puissance moyenne », bien au contraire.

Bref, c’est de la « comm » associé à de la promotion en vue des prochaines élections. Cela n’a rien de nouveau, à part et c’est important que cela confirme qu’Emmanuel Macron compte se représenter, qu’il engage donc la bourgeoisie moderniste à relancer une opération politique en ce sens.

Il a compris la chose suivante : la Gauche est dans le coma et divisée, les ouvriers ne font rien. L’extrême-Droite n’est pas à la hauteur et le général de Villiers a encore beaucoup de travail pour apparaître comme le sauveur. S’il maintient donc une gestion étatique au moins sans faire de vagues à défaut de merveilles, Emmanuel Macron gagne par défaut.

C’est là illusoire de par les terribles conflits sociaux qui s’annoncent, alors que l’instabilité va prédominer avec la crise. Emmanuel Macron a une position qui reflète ici l’opinion petite-bourgeoisie du pays : le plus dur de la crise serait passé, il y aura simplement des dégâts à gérer, mais on est déjà loin de la crise… Alors qu’en réalité, celle-ci n’est même pas encore arrivée !

Jean-Luc Mélenchon a été ici bien plus fin, puisqu’il se présente déjà, un an et demi avant, en sachant que tout va être mouvementé et qu’il valait mieux s’ancrer tout de suite.

Dans les faits, Emmanuel Macron va donc serrer la vis et l’État va jouer la carte de la dureté, afin de se présenter comme le garant de la stabilité, en niant les faits. Comme dans les années 1930 en Allemagne, la bourgeoisie modernisatrice tente de sauver un capitalisme en perdition, affaiblissant la Gauche et ouvrant malgré elle la voie à l’extrême-Droite.

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Il y a cent ans le congrès de Tours

Le 25 décembre 1920 s’ouvrait le congrès de Tours, où la majorité des socialistes donna naissance à la section française de l’Internationale communiste.

C’est du 25 au 30 décembre 1920 que les socialistes tinrent leur congrès – le 18e – où ils décidèrent en majorité d’adhérer à l’Internationale Communiste. Le Parti socialiste Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO) devint ainsi la Section Française de l’Internationale Communiste, la SFIC. La minorité, avec notamment Léon Blum, reprit le nom de Parti socialiste Section Française de l’Internationale Ouvrière (surtout connu sous le nom de SFIO).

C’est un moment très important de l’histoire de la Gauche française, qui va alors littéralement se fracturer et ce même au niveau syndical. Avant le congrès de Tours, la Gauche française opposait les socialistes au camp des anarchistes et des syndicalistes révolutionnaires. Après le congrès de Tours, ce ne fut plus du tout la même chose ; on avait alors les communistes d’un côté, les socialistes de l’autre, avec les socialistes se tournant vers les radicaux, c’est-à-dire vers le centre.

Le centenaire de la naissance du PCF n’a pas provoqué beaucoup de productions, mais il y a des choses notables :

– le PCF a mis en place un compte facebook abordant le centenaire, avec quelques contenus, alors que des portraits artistiques de résistants ont été affichés à son siège place du Colonel Fabien à Paris et qu’une série de publications a été réalisée (le livre Cent ans de Parti communiste français, le numéro double “Cent ans d’histoire” et le numéro “Communisme” de la revue Cause commune, les catalogues d’exposition 100 ans d’histoire de France et du PCF sur les murs et  Libres comme l’art) ;

– on mentionnera Fêter le centième anniversaire d’un parti, une interview de Guillaume Roubaud-Quashie, le directeur de la revue Cause commune, qui a organisé la célébration du centenaire pour le PCF ;

– la fondation Gabriel Péri organise une petite exposition d’affiches au siège du PCF mais également en ligne autour de différentes thématiques ;

– le quotidien l’Humanité a publié une série d’articles, la plupart cependant payants ;

– les éditions du Temps des cerises ont publié un ouvrage au sujet du Congrès de Tours ;

– sur le site Faire vivre le PCF on trouve une interview en vidéo de l’auteur de l’ouvrage Le Parti des Communistes ;

– le Pôle de Renaissance Communiste en France a mis en ligne une série de vidéos sur le centenaire sur son compte youtube ;

– on trouve sur materialisme-dialectique.com, à l’occasion du centenaire, un dossier sur Le congrès de Tours du Parti socialiste SFIO en 1920 et la fondation de la Section Française de l’Internationale Communiste précédé d’un autre dossier sur Le Parti socialiste SFIO au lendemain de la première guerre mondiale.

On notera qu’à part ces initiatives, on ne trouve rien, ce qui est pour le moins marquant. Même le réseau Action Novation Révolution, un courant du PCF tenant d’un retour à la ligne de Georges Marchais (et de l’économiste Paul Boccara), n’aborde pas le centenaire, pas plus d’ailleurs que la Coordination Communiste ou bien le Parti révolutionnaire Communistes, pourtant issu du PCF. Du côté trotskiste personne ne le fait non plus, ce qui est par contre logique, même si la Riposte se poste historiquement comme courant du PCF.

C’est que la question du centenaire révèle évidemment la question des traditions et du rapport à la notion de « Parti ».

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Réflexions

La confiance absolue des Français en la société de pollution

Les Français ont leurs esprits autant pollués par le capitalisme que peut l’être le monde lui-même.

Les Français sont dans une posture régressive. L’État a fait en sorte de déverser des milliards aux entreprises, sans surveillance ni contre-partie : cela passe comme une lettre à la poste. L’armée française met en place une série de wargames pour s’aligner avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne contre la Russie et la Chine : cela n’intéresse personne. La question animale a été posée au niveau de la société toute entière : c’est passé à la trappe. Les villes sont invivables, les campagnes un désert culturel : cela n’interpelle pas.

Il y a même en ce moment des vagues de licenciements et que voit-on ? Les ouvriers licenciés s’en moquent. Ils acceptent, contre un petit chèque. La révolte, au moins pour la dignité, pour la forme ? Même pas. La bataille pour l’outil productif, pour la classe ouvrière dans son ensemble ? Inconcevable. La réflexion pour ce qui va advenir par la suite, tant pour soi que pour ses enfants ? Inexistante.

Les gens acceptent d’être pris et jetés, comme ils prennent et ils jettent. Il faut le dire simplement, il y a une confiance absolue des Français en le capitalisme. Leur capacité d’utopie est à zéro. Tout est éteint. Il y a bien des poussées positives ici ou là, mais c’est instable, précaire, sans continuité. Ne parvient à tenir en France que ce qui est consommable et périssable.

Les gilets jaunes, ces nostalgiques du capitalisme des années 1980-1990, sont à ce titre totalement le produit du capitalisme. On est gilet jaune comme on veut, quand on veut, si on veut, pour dire ce qu’on veut, pour consommer sa protestation, pour se consommer soi-même, de manière cyclique. Ils ont pollué les esprits et les médias, les mentalités et les luttes, tout comme le capitalisme. Plus que dans une société de consommation, on est dans une société de pollution.

Certains pensent qu’on peut s’en sortir en jouant sur le consommable. Ils veulent faire des valeurs une denrée périssable, qu’il faudrait alors constamment renouveler : au moins quelque chose se passerait. C’est une cause perdue et qui ne peut de toutes façons pas exister alors que les réseaux sociaux sont une machinerie impeccablement rodé. Rien n’est plus vain que ces petits groupes activistes publiant en série des choses éphémères sur Facebook ou Twitter. Non, ce dont on a besoin, c’est de marqueurs, d’œuvres, de monuments.

On a besoin de choses qui restent, pas de choses qui marquent. On a besoin d’un patrimoine culturel, de choses qui éduquent, qui forment les esprits et non pas qui les pollue. Encore faut-il avoir des esprits. Avec la crise, ils vont être là. Mais dans quel état ?

Il ne faut pas sous-estimer le capacité des gens à rattraper le temps perdu. Mais il y a les mauvaises habitudes. Il y a les tentations de s’en sortir par le nationalisme et le militarisme. Cela sera la bataille de l’utopie contre le pragmatisme, alors que tout va aller très vite. L’enfantement de la nouvelle époque est bien douloureux !

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Guerre

Une partie de l’opinion publique française valide d’aller à la guerre

Une partie des gens en France assume de manière cynique de vivre dans un pays qui est une grande puissance. La guerre leur semble un moindre mal pour conserver leurs privilèges.

« La France dispose avec son système de forces de présence et de souveraineté d’un outil militaire global unique au monde participant à son influence mondiale. Le prépositionnement de ces forces est un atout pour la France dans la mesure où il permet une réaction rapide en cas de menace pour les intérêts de la France. »

La France est une grande puissance, avec des entreprises qui font partie des géants du capitalisme à l’échelle mondiale. Ses forces armées sont importantes et surtout s’appuient sur une technologie extrêmement avancée. C’est un outil pour maintenir la position française dans le monde, aux dépens d’autres pays, notamment avec des bases militaires à travers le monde. Cela est connu de tous dans notre pays et c’est accepté, même sans le dire. D’ailleurs, la citation ci-dessus faisant l’éloge de l’armée française est de Bastien Lachaud, un député La France Insoumise. Il est membre de la commission de la défense nationale et des forces armées et exprimait son inquiétude devant les capacités militaires de la France à intervenir si nécessaire.

C’est un excellent exemple de social-chauvinisme, parce que le nationalisme et le militarisme sont largement partagés dans la population française. Les Français détestent le nationalisme et le militarisme, au quotidien. Mais si jamais les intérêts sont menacés, le nationalisme et le militarisme sont tout de suite acceptés. Il suffit de penser à 1914, où du jour au lendemain tous les opposants à la guerre se sont précipités dans le soutien à la guerre. Naturellement, cela dépend ce qu’on appelle intérêts. Comme l’a expliqué Anatole France dans une lettre écrite au quotidien l’Humanité en 1922, on croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels.

Il y a également ce bon mot de Paul Valéry :

« La guerre, c’est le massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent et ne se massacrent pas. » 

Avec la crise et le ralentissement de l’économie, les propos se lâchent comme jamais en faveur de l’interventionnisme français. Il faudrait être offensif pour maintenir son rang. Il faudrait aller donner une leçon aux Turcs. Il faudrait soutenir les Américains dans leur volonté de mettre les Chinois au pas. Il faudrait mettre les Russes hors d’état de nuire. Pour cela, il faut plus de moyens pour l’armée, il faut davantage de reconnaissance pour les soldats. Il faut surtout plus de vulgarité, plus de haine, plus d’agressivité, plus de dénonciations.

Une partie de l’opinion publique française valide d’aller à la guerre. Si on ajoute la partie qui n’est pas contre, celle qui n’a conscience de rien, on peut terriblement s’inquiéter. Il suffit de voir comment la Gauche gouvernementale, au Sénat, a voté avec la Droite au sujet du Karabagh pour voir que l’interventionnisme français est très largement accepté, qu’il a l’hégémonie dans le pays. Il suffirait de quelques tensions et d’un front de plusieurs pays pour rétablir un pseudo ordre pour que l’opinion publique accepte la situation. Et encore ce n’est-il même pas vrai en ce qui concerne la Turquie. Le chauvinisme a été si bien mis en avant ces derniers mois que s’il y a une guerre franco-turque, l’opinion publique soutiendrait l’armée sous prétexte de rejeter le sultan Erdoğan.

La guerre franco-turque est d’ailleurs peut-être la menace la plus directe qui pèse sur la paix en ce qui concerne la France. Il y a une montée en puissance du militarisme et la Turquie est un adversaire de taille comparable mais largement en retard dans le domaine technique. Une victoire française serait utile pour gagner l’opinion publique, pour pousser au militarisme, pour donner un élan. On ne saurait sous-estimer de tels calculs cyniques qui existent forcément chez les militaires.

La menace est réelle, la situation gagne chaque jour en tension. La France va à la guerre… il faut la stopper!

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Culture

La Science-fiction c’est la Gauche, la Fantasy c’est la Droite

Les valeurs de la Science-fiction et de la Fantasy s’opposent radicalement, reflétant le conflit entre le passé et l’avenir.

Le drapeau de la Fédération des planètes unies dans Star Trek (Wikipédia)

Il était tout naturel que le choix d’auteurs de Science-fiction de soutenir l’armée française à se moderniser, à prévoir des scénarios, provoque un grand émoi chez les amateurs de Science-fiction. C’est que la Science-fiction est historiquement le pendant de la Fantasy. Ces deux formes de littérature et de cinéma se sont particulièrement développées aux États-Unis, pays littéralement passé des cow-boys aux gratte-ciels. Cela a marqué les esprits et il y a eu deux directions opposés qui ont été prises.

Les progressistes se sont tournés vers l’avenir. Ils ont considéré que l’humanité connaissait une évolution de grande ampleur, que la vie quotidienne allait être révolutionnée, les barrières entre les Hommes dépassées. Pour eux, les préjugés ne pouvaient que disparaître, l’humanité prenant enfin conscience de l’universalité, de la nécessité de se tourner vers la découverte de l’espace, la science, la culture, la paix. Les grandes références historiques sont Cent ans après ou l’An 2000 d’Edward Bellamy en 1888, ainsi qu’au 20e siècle la grande fresque romanesque Les robots / Fondation d’Isaac Asimov et la première génération de la série télévisée Star Trek.

Les réactionnaires se sont tournés vers le passé. Ils ont inventé des mondes parallèles, dans un passé mythique, peuplé de races en guerre et de héros. Cherchant à détourner les esprits, ils ont façonné des mondes pittoresques, avec des êtres grotesques (elfes, nains…), des castes, de la magie, un combat entre le Bien et le Mal. Les œuvres les plus connues sont Conan le barbare, Le seigneur des anneaux, Harry Potter, Star Wars, Dune.

Culturellement, les publics se tournant vers les uns ou les autres n’ont rien à voir. Cela se lit particulièrement dans le rapport à la technologie. Les tenants de la Science-fiction sont tout à fait ouverts aux évolutions technologiques, aux ordinateurs, aux robots, etc. Les tenants de ce qu’on doit appeler la Fantasy ont par contre une profonde haine de la technologie, comme en général du monde moderne. Le fond de leur approche est d’ailleurs la « révolte contre le monde moderne » propre à l’extrême-Droite.

Le cycle de Fondation, un classique incontournable pour les gens de Gauche

Alors que la Science-fiction dit qu’un monde décadent doit être dépassé par l’avenir, la Fantasy dit qu’un monde dégénéré doit laisser la place aux valeurs d’on ne sait trop quel monde parallèle fantasmagorique.

Alors que la Science-fiction dit que l’humanité s’en sort par une communion collective, la Fantasy valorise un monde divisé en castes où tout le monde doit être à sa place. C’est pour cela qu’à la liste mentionnée plus haut, il faut par exemple ajouter Astérix et Obélix, une œuvre totalement réactionnaire. Il faut évidemment ajouter Blake et Mortimer, Tintin et Milou, deux bandes dessinées jouant naturellement sur le côté magique, les extra-terrestres, etc. Dans tout ces œuvres il y a un ordre passé auquel on revient indéfiniment. Chacun à sa place, tout à sa place, c’est une lecture romantique-communautaire tout à fait réactionnaire.

Voilà pourquoi il ne faut pas se dire : tel auteur est de gauche, il fait ci, tel auteur est de droite, il fait ça, tel lecteur est de gauche, il lit ça, tel lecteur est de droite, il fait ça. Ce n’est pas ainsi que cela marche. C’est la culture de gauche en général qui produit les auteurs et les lecteurs, c’est l’idéologie de droite en général qui produit les auteurs et les lecteurs. Ce qui se joue, c’est ce qu’on appelle la lutte des classes. Elle passe par des multiples vecteurs historiques, à travers les auteurs, les lecteurs, les œuvres.

Tout est le reflet d’un processus, voilà pourquoi une œuvre qui se tourne vers le passé reflète la tentative de freiner le cours de l’Histoire, d’en empêcher le développement. Une œuvre tournée vers l’avenir est par contre le produit de la tendance à la transformation. Lorsqu’une série de science-fiction de série B comme Babylone 5 montre des personnages sacrifiant leur vie pour les autres, c’est le reflet de la victoire du collectivisme historiquement sur l’égoïsme et le passé.

C’est le sens du fameux propos de Spock dans Star Trek : « L’intérêt du plus grand nombre l’emporte sur l’intérêt d’un seul ». C’est notre avenir.

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Politique

7 personnes arrêtées et accusées de bombisme

Sept personnes ont été accusées de terrorisme pour avoir voulu monter de agressions armées sur les forces de l’ordre.

L’article du 7 décembre 2020, « Un week-end du 5-6 décembre marquant un tournant à Droite« , constatait que dans notre triste panorama, il y aurait un retour du bombisme.

« Et que va-t-il se passer également ? Eh bien il y aura forcément des gens, à l’ultra-gauche, pour prendre au sérieux les discours mythomanes des syndicalistes et anarchistes sur le grand soir. Il faut donc s’attendre à un renouveau du bombisme anarchiste. »

Il n’aura guère fallu attendre de temps pour que cette hypothèse se valide a priori, puisque plusieurs personnes ont été arrêtées et accusées de s’être préparé pour attaquer des policiers, des gendarmes, des militaires. On a ici, si cela se confirme, les caractéristiques de la démarche anarchiste, pour qui il ne s’agit pas de vouloir la révolution par le peuple renversant violemment les couches dominantes, mais par les minorités agissantes agressant les forces de l’ordre.

C’est a priori caricatural, même s’il est difficile d’en savoir plus puisque ce sont évidemment Le Parisien et BFM qui sont aux premières loges pour parler de projet de « semer la terreur », BFM précisant avec davantage de détails que les autres le profil des personnes arrêtées :

« Neuf personnes, âgées d’une trentaine d’années, ont été interpellées mardi dernier à Vitry-sur-Seine, en région parisienne, à Toulouse et à Cubjac, en Dordogne par les policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), soupçonnées de préparer une action violente (…).

Dans le camion appartenant à l’un des individus interpellés les policiers ont découvert des produits servant à fabriquer du TATP, un explosif, des billes d’acier, mais aussi des armes, un fusil de chasse à canon scié, un revolver, un couteau et des munitions. Au domicile de l’un des autres suspects, du matériel de CRS comme des jambières, un casque, un bouclier de maintien de l’ordre, a été retrouvé. »

Il faut noter que les sept personnes qui ont été amenées devant un juge anti-terroriste ont été arrêtées il y a trois jours. Trois jours où ces personnes ont « disparues », alors que les seules informations un peu détaillées proviennent ensuite de médias farouchement opposés à la Gauche, dont la fonction est de mobiliser contre elle, comme BFM justement. Il y a ici un véritable problème de fond, car on devrait savoir qui sont ces personnes, quel est leur point de vue, puisqu’il s’agit de quelque chose de politique.

La Gauche devrait exiger que ces personnes puissent s’exprimer, que ce ne soit pas l’État qui donne leur profil à travers des messages diffusés par l’intermédiaire de certains médias. Malheureusement, on sait que rien ne sera fait, car la Gauche gouvernementale et la Gauche post-moderne sont hégémoniques et elles ne veulent pas entendre parler de révolution et donc de gens n’acceptant pas les règles du jeu institutionnel.

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Guerre

Dénonçons les dix auteurs de science-fiction rejoignant la « Red Team » de l’armée française

L’armée française cherche à s’améliorer pour écraser la révolte et mener ses guerres en engageant dix auteurs de science-fiction.

Les véritables auteurs de science-fiction ont toujours été opposés aux guerres ; leurs œuvres établissaient un chemin vers l’utopie, vers la fusion de l’humanité en une seule communauté mondiale, pacifiée, se tournant vers l’exploration spatiale dans des buts scientifiques. Avec la corruption et la décadence propre au capitalisme, il y a eu au fur et à mesure des gens qui se sont vendus et ont cherché à refléter la vision du monde dominante.

L’exemple le plus connu est Star Wars, un space opéra s’appuyant non seulement sur des chevaliers et non plus sur l’histoire de l’humanité en général, mais reflétant qui plus est directement la vision du monde américaine : d’un côté une société composée de gens très différents, fonctionnant par intuition, de l’autre une société organisée et planifiée. C’était l’allégorie du monde libre, États-Unis en tête, face au Communisme.

Et au même moment, les États-Unis avaient avec Ronald Reagan utilisés certains auteurs de science-fiction opportunistes pour des travaux d’anticipation, dont le très prolixe paléoconservateur Jerry Pournelle, au cœur de la démarche et théoricien de la guerre des étoiles pour l’armée américaine, mais également Robert A. Henlein (Starship Troopers), Poul Anderson (La Patrouille du temps), Larry Niven (L’Anneau-Monde).

Dix auteurs ont décidé de faire encore pareils et de travailler directement pour l’armée française. Ce faisant, ils se comportent comme des renégats, des traîtres à la Culture et à la tradition de la science-fiction, de l’anticipation, tournée vers l’Utopie. Cela étant ils montrent au moins qu’en agissant ainsi ils sont dans l’esprit réactionnaire de la littérature de Fantasy et tout ce qu’ils apporteront sera vain, car délirant, subjectiviste, fantasmagorique.

On ne peut pas écrire Star Trek et contribuer à la guerre, on peut écrire Dune ou encore Conan le barbare et le faire mais cela sera délirant. Le directeur de l’Agence de l’Innovation de Défense Emmanuel Chiva a demandé aux auteurs de «percer le mur de l’imagination», il ne sera pas déçu : seuls des décadents tournés vers la Fantasy peuvent aider l’armée à faire la guerre et écraser des révoltes. On ne peut pas être un auteur de science-fiction – au sens d’anticipation et non pas de Fantasy – et ne pas être de gauche ! L’avenir, c’est la Gauche, la réaction, c’est la Droite !

Le symbole d’auteurs se revendiquant de la science-fiction et aidant l’armée française est en tout cas écœurant. Il y a même eu 600 candidatures. 600 personnes prêtes à aider l’armée pour les guerres… mais aussi pour préparer à la liquidation des futures rébellions en France. 600 personnes dont on sait déjà dans quel camp ils seront à la prochaine révolte… Que les auteurs choisis doivent d’ailleurs anticiper.

Pour la première saison, ils doivent par exemple déjà imaginer comment des « pirates » anti-occidentaux et une nation-pirate avec comme devise « Fraternité Liberté Biodiversité » pourraient opérer – c’est-à-dire comment des gens n’ayant rien matériellement peuvent concrètement chercher à affronter une armée classique. C’est là dans la grande tradition contre-insurrectionnelle française ou encore celle de la contre-guérilla de la School of Americas.

Il s’agit d’aider l’armée – par définition avec des décideurs bornés, réactionnaires, traditionalistes – à s’adapter plus facilement à une rébellion par définition pleine d’initiatives, au moyen de scénarios préparatoires. Voici la présentation officielle de la Red Team :

« Conception et restitution de scénarios de disruption opérationnelle, technologique ou organisationnelle au profit de l’innovation de Défense (Red Team)

Le projet de marché ‘Red Team’ vise à concevoir et restituer des scénarios d’adversité et de menaces à l’horizon 2030 à 2060, dans les domaines opérationnel, technologique ou organisationnel au profit de l’innovation de Défense. Il permet dans ce cadre de réunir et animer un collège de prospectivistes sous l’égide de l’Agence de l’Innovation de Défense, l’État-Major des Armées, la Direction Générale de l’Armement et la Direction Générale des Relations Internationales et de la Stratégie dans le but d’imaginer et d’éclairer les conflits futurs.

À ce titre le marché Red Team nécessite :

– la composition et l’organisation d’une équipe projet (auteur(e)s et scénaristes de science-fiction) ;

– la conception spécifique de travaux prospectifs ;

– la restitution de travaux prospectifs. Les prestations et fournitures du marché se répartissent par  » saisons  » couvrant chacune une période de 12 mois. La première saison, appelée  » saison 0 « , ne couvrira qu’une période pouvant aller jusqu’à 8 mois. Il est prévu 4 saisons au marché (saison 0, 1, 2 et 3).

Voici la liste des auteurs payés par l’armée pour participer à cette « Red Team », notons au passage que c’est un nom ridicule de par son côté anglophone et que l’utilisation de la couleur rouge de la révolution est une sorte de provocation :

  • le scénariste Xavier Dorison (Les brigades du tigre, Undertaker, Long John Silver) ; 
  • l’écrivain Laurent Genefort (Omale) ; 
  • l’écrivain et directrice de recherche au CNRS en science-politique et en sociologie de l’innovation Virginie Tournay (Civilisation 0.0) ; 
  • l’écrivain Xavier Mauméjean (Les Mémoires de l’Homme-ÉléphantLa Vénus anatomique) ; 
  • l’écrivain Romain Lucazeau (Latium) qui travaille également pour le think tank patronal L’Institut de l’entreprise ;
  • l’écrivain Hervé Albertazzi dit DOA (Pukhtu, Citoyens clandestins) ;
  • le dessinateur et scénographe François Schuiten (Les cités obscures, Terres creuses) ;
  • l’étudiante en design d’interaction Jeanne Bregeon ;
  • les écrivains Capitaine Numericus et Hermes, qui ont préféré l’anonymat car ils ont compris qu’ils allaient tous être dénoncés pour leurs activités.

Laurent Genefort et Romain Lucazeau ont accordé une interview à la revue Le Point, qu’on sait très marqué à Droite ; ils expliquent que les militaires sont ouverts, que le milieu de la Science-Fiction n’existe pas, que faire des choses différentes c’est sympa, qu’ils œuvrent à l’intérêt général. On est là au degré zéro de l’intelligence ou au maximum de l’hypocrisie. Et, en tout cas, dans un positionnement totalement pro-guerre et anti-populaire. Voici deux heures de présentation très détaillée du travail de la Red Team, de la nature des scénarios (par exemple à 42:45, 1:20:20 et 1:27:30), et on voit très bien le soutien fait à la modernisation de la guerre.

Une telle Red Team n’aurait pas pu exister il y a encore quelques années. Il a fallu tout un lessivage de la société pour qu’une telle chose existe, pour que des auteurs de science-fiction osent se positionner en faveur de l’armée, de sa modernisation, de ses scénarios de guerre et de contre-rébellion ! Cela en dit long sur le changement d’époque… et sur ce qu’il y a à mener comme travail dans la bataille des idées, la bataille pour la Culture !

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Culture Culture & esthétique

Un bonnet et du hardcore (playlist)

Le hardcore est né comme prolongement du punk, sur un mode pratiquement aussi agressif, mais avec une perspective d’affirmation positive ou en tout cas de résistance à un monde fade et brutal. Il a ainsi été capable d’évoluer, de s’ouvrir au hip hop, au metal, au grunge… et de garder un côté accessible. Un bonnet, un sweat à capuche, quelques tatouages, éventuellement un skateboard, et c’est parti.

Le hardcore oscille ainsi entre une tonalité colorée, très côte ouest américaine, et une approche plus lourde, en noir et blanc, avec d’ailleurs des passages lents et lourds, propices au mosh, qui est au hardcore ce que le pogo est au punk.

Dans tous les cas, il y a une insistance sur l’expression d’une rage structurée, affirmative. Le hardcore est écouté comme bande originale d’une vie où il faut faire face, tenir, ne pas basculer dans la destruction !

On notera d’ailleurs l’insistance du hardcore à ne pas accorder d’attention à l’âge, la couleur de peau, le sexe… l’objectif, c’est de rester soi-même, de rester loyal c’est-à-dire de ne pas devenir un opportuniste, de ne pas être contaminé par une société sombre et violente, même si cela déteint forcément. Il va de soi qu’il y a des tendances de hardcore négatif mais c’est éphémère et vain, cela ne laisse pas de traces, par définition, tellement c’est hors de propos. Le hardcore reste ancré ou plutôt propulsé par une dynamique de changement.

Voici la playlist (en lecture automatique) suivie de la liste des titres :

  1. First Blood – Rules Of Conviction (2017)
  2. Turnstile – Bomb / I Don’t Wanna Be Blind (2018)
  3. Desolated – Death By My Side (2013)
  4. Brutality Will Prevail – The path (2012)
  5. Trapped Under Ice – Pleased To Meet You (2011)
  6. Knocked Loose – Mistakes like fractures (2019)
  7. Wolf Down – Stray from the path (2014)
  8. Terror – I’m only stronger (2013)
  9. Expellow – Game insane (2018)
  10. Earth Crisis – To Ashes (2009)
  11. Lashdown – Face our time (2013)
  12. Get the shot – Faith ripper (2018)
  13. Sect XVX – Day For Night (2017)
  14. Varials – Bite (2016)
  15. Reign Supreme – Persevere and Overcome (2019)

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Politique

Karabagh : seule la Gauche peut sauver le patrimoine et la nation arménienne

L’Histoire du Caucase, comme de tout l’Orient, est passionnante. Et d’une manière générale, les Français se passionnent pour l’Histoire. En France plus qu’ailleurs, l’Histoire est devenue une manière de comprendre, de réfléchir à la politique. C’est toujours un miroir qui reflète des enjeux liés les uns aux autres. La juste compréhension des enjeux du patrimoine arménien de l’Azerbaïdjan est dans ce cadre une nécessité pour avoir une vue correcte sur l’Orient et les enjeux qui s’y déploient dans le contexte de notre époque où le bruit de la guerre impérialiste se fait à nouveau entendre de manière toujours plus inquiétante.

Le gouvernement nationaliste de la République d’Azerbaïdjan, influencé par les délires pan-touraniens, est profondément raciste. Mais le plus terrible est de voir à quel point ce racisme virulent infuse la société azerbaïdjanaise, en distillant en son sein un rejet violent des Arméniens en tant que peuple, et plus largement une haine de leur culture nationale.

Ce racisme s’est développé dans l’Azerbaïdjan soviétique à partir des années 1970, d’abord au sein de cercles intellectuels et d’officiels du régime, dont les dissidents formaient la pointe, symétriquement au même moment où le chauvinisme arménien connaissait lui aussi une « renaissance » dans le cadre de la « déstalinisation ». La Perestroïka des années 1980, sous Mikhaël Gorbatchev a accéléré et élargi encore cette évolution, et c’est dans ces années là que le Karabagh est définitivement devenue un point de polarisation du nationalisme Grand-Arménien d’un côté et du racisme panturc de l’autre.

L’effondrement de l’URSS a donné un cadre officiel et débridé à ces nationalismes, les dressant mortellement l’un face à l’autre. Mais dans ce rapport de force, les Arméniens avaient tout à perdre. Et de fait, ils ont tout perdu, ou presque. Les premiers à faire les frais de ce « réveil » du nationalisme ont été les Arméniens d’Azerbaïdjan. Si jusque-là, les mouvements d’épuration ethnique d’Azéris chassés d’Arménie, et d’Arméniens chassés d’Azerbaïdjan, notamment du Nakhitchevan, avaient été organisés par le régime lui-même, les dernières années de l’URSS ont été marquées par des émeutes raciales d’une grande violence, que le pouvoir central ne parvenait plus à contrôler.

Des civils azéris sont notamment massacrés à Kapan en Arménie, alors que des Arméniens sont partout pris à partie en Azerbaïdjan. Le clivage est tel que même le terrible séisme qui ravage le nord de l’Arménie en 1988, dont la région de Gyumri porte encore les stigmates, ne suscite aucune solidarité. L’Azerbaïdjan décrète même un blocus commercial de l’Arménie, asphyxiant dramatiquement son économie.

C’est dans ce contexte que les Arméniens d’Azerbaïdjan sont purement liquidés par le régime de Bakou. La guerre séparatiste et l’exode brutal des populations azerbaïdjanaises du Karabagh appuient symétriquement les pogroms de Soumgaït et de Bakou. Au final, à la fin de la guerre en 1994, il ne reste pratiquement plus d’Arméniens en Azerbaïdjan.

Le blason de la Transcaucausie soviétique des années 1930, avec un ornement géorgien, un croissant pour symboliser l’Azerbaïdjan et le mont Ararat pour symboliser l’Arménie

Au début des années 2000, le régime des Aliev (le père puis le fils) met en place une politique anti-arménienne décidée à aller au bout de la logique génocidaire. De nouvelles lois constitutionnelles éliminent définitivement la reconnaissance de l’arménien comme langue nationale, mais de fait elle n’était plus mentionnée depuis l’effondrement de l’Azerbaïdjan en tant que composante soviétique. Plus absurde encore, les noms de famille en –yan, indiquant une origine ethnique arménienne, sont interdits. Cela va au point que même les visiteurs étrangers sont considérés comme suspects à partir du moment où ils portent un nom de famille portant ce suffixe.

Les monuments arméniens subissent aussi à ce moment des outrages d’une très grande gravité. Il ne reste à Bakou qu’une église arménienne par exemple encore reconnue pour telle. Et encore, celle-ci est verrouillée, tous les signes extérieurs exprimant trop clairement son arménité ont été effacés et elle sert essentiellement de stock aux archives de la bibliothèque présidentielle voisine.

Mais c’est surtout la destruction du cimetière arménien de Djulfa, au Nakhitchevan, qui est resté exemplaire de cette entreprise d’anéantissement : de 2002 à 2005, il a été complètement détruit par une série d’opérations menées par l’armée et des entreprises de construction. Ce cimetière était le plus vaste témoignage de l’art funéraire médiéval arménien des « croix de pierre » ou khachkar/խաչքար. On estime que plus de 10 000 de ces vestiges du passé arménien de la région ont ainsi été ravagé, avec les tombes qu’elles abritaient.

Destruction au cimetière arménien de Djulfa

Depuis cette époque, le régime de Bakou entretient par ses médias et toute les capacités de son appareil d’État une incessante propagande raciste visant à rejeter violemment toute proximité avec les Arméniens. Il y a à Bakou une anecdote bien connue sur le degré de ce racisme. Il est arrivé qu’une livraison de produits alimentaires venus d’Iran indiquaient sur les étiquettes de l’emballage, la composition des marchandises en arménien, parmi d’autres langues.

La seule vue de ces étiquettes a généré des émeutes délirantes, où l’on a pu voir des personnes détruire ces marchandises en criant à travers les rues, « morts aux Arméniens ». Depuis, la douane azerbaïdjanaise contrôle soigneusement les étiquettes afin d’interdire la vente de tels produits. On dit qu’il est plus facile de faire passer des stupéfiants que des étiquettes en arménien à Bakou.

Destruction au cimetière arménien de Djulfa

De manière plus dramatique, il y a l’exemple de l’assassinat en 2004, par 16 coups de hache, d’un soldat arménien pendant son sommeil, dans le cadre d’un stage organisé par l’OTAN à Budapest en Hongrie, par un soldat azéri qui participait à ce même stage. L’assassin, Ramil Safarov, a été ensuite été condamné en Hongrie à 30 ans de prison. En 2012, il a obtenu l’autorisation de finir sa peine en Azerbaïdjan, où il a été immédiatement gracié dès son arrivée par le président Ilham Aliev en personne, qui l’a promu au grade de major.

Dans un tel contexte, on comprend que le patrimoine arménien en Azerbaïdjan n’a aucune chance d’être sauvegardé. Le régime de Bakou a même trouvé plus fort pour encore davantage effacer les Arméniens comme composante nationale. En 2003, il a ressuscité une communauté religieuse disparue au XIIIe siècle : les Aghvank, que l’on appelle en français « Albanais du Caucase », ou Outi.

A proprement parler, les Outi existaient déjà comme peuple caucasien formant un groupe ultra-minoritaire en Azerbaïdjan, où il sont environ 10000 (soit 0,1% de la population), mais aussi en Arménie et en Géorgie, où ils sont quelques milliers. Généralement on les assimile et ils s’assimilent d’ailleurs eux-mêmes aux Arméniens… Sauf en Azerbaïdjan.

Une carte du Caucase avec l’Albanie du Caucase formée avec l’effondrement de l’empire d’Alexandre le grand

D’ailleurs, les Aghvank historiques, s’ils parlaient une langue caucasienne peut-être proche du Outi, se sont eux-mêmes arménisés au cours de leur histoire, qui a été toute entière tournée vers l’Arménie. Beaucoup de ces Outi/Aghvank d’Azerbaïdjan portaient d’ailleurs jusqu’en 2002 des noms en -yan et parlaient arménien.

Maintenant, les Outis officiels d’Azerbaïdjan dénoncent avec Bakou l’occupation de leur « terre » historique du Karabagh et de leurs monuments. Du moins, ils n’y vont pas trop fort non plus, étant trop peu nombreux pour remplacer les Arméniens du Karabagh même s’ils le voulaient, et puis le lien entre les Outis et les anciens Aghvank/Arméniens du Karabagh étant tellement forcé que même les officiels de cette communauté n’insistent pas trop sur ces questions.

Une carte du Caucase avec l’Albanie du Caucase formée avec l’effondrement de l’empire d’Alexandre le grand

Seulement, cela permet de justifier l’écrasement du patrimoine arménien du Karabagh, là où les Azéris ont fait des conquêtes. En affirmant l’antériorité des caucasiens Outis/Aghvank sur le Karabagh, le régime de Bakou affirme avoir un argument pour accuser les Arméniens d’avoir falsifié les monuments et l’histoire de cette région… Ce qui serait donc une bonne raison de détruire les monuments falsifiés ou du moins les parties de ces monuments qui le seraient.

L’exemple du monastère (vank en arménien, comme en langue Aghvane) de Dadivank au Karabagh est emblématique de cela. Dadi est le nom en langue Aghvane de l’apôtre Jude-Thaddée, qui est réputé avoir évangélisé le nord de la Perse après la mort du Christ. Dans le christianisme arménien et plus généralement persan, donc y compris kurde et caucasien par exemple, c’est un personnage fondamental.

Le monastère de Dadivank au Karabagh

Dans la région, on connaît d’ailleurs deux autres monastères qui lui sont consacré : le plus grand se trouve en Iran dans la région de Tabriz, une région majoritairement peuplée d’Azéris. Ce monastère fait toujours l’objet en Iran du principal pèlerinage chrétien, essentiellement arménien. Ensuite, en Arménie même, il y a le monastère de Tatew (Tatevos ou Tatew étant le nom arménien de Thaddée), au sud de l’Arménie, dans la région coincée entre le Nakhitchevan et le reste de l’Azerbaïdjan.

Ces trois monastères appartiennent au patrimoine de la culture nationale arménienne, qui s’est constituée en partie sur l’héritage de ce christianisme persan auquel les Aghvank participaient eux aussi. Mais comme l’Église arménienne revendique sa fondation par un personnage appelé Grégoire l’Illuminateur (ayant vécu au IVe siècle), et comme l’Église Aghvane se revendiquait elle de Jude-Thaddée (ayant vécu au Ier siècle), le régime de Bakou cherche à mutiler la nation arménienne de sa part Aghvane, afin de la revendiquer comme purement azerbaïdjanaise, et antérieure du même coup.

Sur le plan historique, cette démarche est totalement fallacieuse, puisque l’une et l’autre Église ont toujours reconnus en réalité l’apostolicité primitive de Thaddée, puis leur fondation commune par Grégoire l’illuminateur. Et d’une manière générale, cela n’a aucun sens de vouloir détacher les anciens Aghvanks de l’histoire des Arméniens.

Fresque du XXe siècle au monastère de Dadivank au Karabagh

Le fait que les Aghvank soient un peuple qui s’est tourné à la fois vers les Arméniens et vers les Persans puis les Turcs azéris a joué un grand rôle. Cela a motivé les autorités soviétiques à considérer le Karabagh comme un territoire arménien de l’Azerbaïdjan, alors que les Arméniens y parlent un dialecte particulier, peut-être influencé de l’Aghvank, et où se trouve aussi, outre Dadivank, le superbe monastère de Ganjazar, ancien siège de l’Eglise Aghvane devenue arménienne.

Monastère de Gandzasar au Haut-Karabagh, siège du catholicossat d’Albanie du Caucase de 1400 à 1815

Cette reconnaissance devait s’appuyer sur cet héritage complexe et surtout permettre d’avoir une base matérielle pour organiser dans le futur la possible fusion des Arméniens comme composante de l’Azerbaïdjan soviétique, lui même collectif sur le plan national.

Les Aghvank sont en quelque sorte un pont entre les Azéris et les Arméniens, et entre eux et les caucasiens, au sein d’un vaste ensemble culturel persan commun à tous ces peuples. Les monastères consacrés à Jude-Thaddée témoignent par eux-mêmes de cette appartenance commune complexe.

Le monastère de Dadivank a été un lieu commun de la culture Aghvane, puis arménienne, qui y ont brillé ensemble de manière indissoluble. Les nationalistes arméniens font tout pour contourner l’existence des Aghvanks, qui menace leurs prétentions autochtones indigénistes et identitaires sur une base romantique. Le peuple arménien a des racines diverses, et certaines de celles-ci se lient aussi aux peuples de l’Azerbaïdjan, dont ils ne sont pas séparés.

Cela en France est aussi masqué par les soutien de l’Arménie, y compris parmi les savants qui connaissent pourtant cette question, mais la laisse criminellement de côté. Comme le font les nationalistes qu’ils soutiennent. Ils abandonnent ce passé aux prétentions racistes du régime de Bakou qui entend quand à lui les affirmer pour mutiler l’histoire nationale des Arméniens et effacer celle-ci à toute force de l’histoire nationale de l’Azerbaïdjan.

Pour sortir de cette impasse à somme nulle, où le peuple arménien est perdant quoi qu’il arrive, il faut retrouver une vision du monde scientifique, basée sur les faits, sur les peuples et leur existence matérielle.

Arméniens et Azéris partagent dans les faits un passé qui les uni, mais ils ne peuvent plus voir cela parce qu’ils se sont piégés eux-mêmes en liquidant le passé soviétique, notamment transcaucasien, dans une vision de Droite, qui a fini par les emporter toujours plus loin dans le séparatisme forcené. Cet exemple montre à quel point une vision de Gauche sur l’Histoire est urgente pour anéantir l’hégémonie sur cette dernière de la Droite avec ses allégations racistes ou romantiques qui déforment le passé ou l’escamotent… Au Karabagh comme en France.

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Politique

Un week-end du 5-6 décembre marquant un tournant à Droite

Il y a des tournants dans les prises de conscience, dans les changements de conception. La Droite a compris, ces 5-6 décembre 2020, qu’il fallait se préparer à des choses très dures.

S’il est une chose très mauvaise, c’est la grande peur des possédants, des puissants. S’ils ont peur pour quelque chose de concret, cela est naturellement une bonne chose ou c’est du moins inévitable. En tout cas, il n’y a pas de surprise. Il n’en va pas de même pour une peur leur permettant d’anticiper très largement, trop largement les faits. Pour parler de manière moins cryptique : si les possédants se disent que la lutte des classes commence, avant qu’elle ait commencé, ils ont un temps d’avance. Ce qui n’est évidemment pas une bonne chose.

Or, la manifestation contre le projet de loi dite de sécurité globale du 5 décembre 2020 a provoqué chez eux un choc. Normalement, ce genre d’événements est très secondaire. Il y a une manifestation, il y a de la casse, rien de bien nouveau en France. C’était d’ailleurs la seconde manifestation, avec moitié moins de monde que la première fois (soit un peu plus de 50 000 personnes dans toute la France, dont 5 000 à Paris, avec de la casse à Paris, Toulouse, Nantes, Lyon, Dijon).

Le contexte n’est toutefois pas du tout le même. Les possédants savent que c’est la crise et on a l’impression d’ailleurs qu’ils sont les seuls à le savoir. Par conséquent, ils sont bien plus tendus que ceux pour qui rien n’a changé par rapport à il y a un an, deux ans, cinq ans. Le décalage est complet entre des manifestants protestant comme d’habitude, des anarchistes cassant comme d’habitude, et des possédants ressentant les choses tout à fait différemment désormais.

Là, les possédants, les dominants se sont dit : il y a des gens prêts à l’affrontement, la preuve 67 membres des forces de l’ordre sont blessés. Et ils se disent, donc : nous allons à la guerre civile. Pierre de Villiers, dans une interview publiée ce week-end par le Parisien, utilise ces mots-là. Et ces mots, ils sont important, car si les manifestants sont finalement des protestataires et si même quand ils cassent, ils ne veulent pas la guerre civile, les possédants ont quant à eux très peur que la lutte des classes reprenne. Ils vont donc se dire qu’il faut qu’ils se défendent, qu’il faut passer même à la contre-attaque. Ils vont assumer la guerre civile… même si elle n’est pas encore là.

Cela fait d’ailleurs des mois que la Droite se lâche de plus en plus, qu’elle est plus hargneuse, plus agressive, plus ouvertement favorable à l’élimination de la Gauche en général. Le passage à une inquiétude généralisée, assumée, était inévitable avec la crise. Et la manifestation du 5 décembre 2020, un classique manifestation symbolique ne rimant à rien au niveau de la société, a servi de détonateur pour passer un cap dans ce processus.

Le problème est très simple à comprendre. Le gouvernement fait comme si la crise est sous contrôle. C’est son rôle. Le problème, c’est qu’il est cru. Les manifestants du 5 décembre 2020 le croient. Ils se comportent donc comme ils le font d’habitude, ils ne voient pas la crise. Ils ne comprennent rien au contexte et d’ailleurs la lutte des classes leur étant étrangère, ils ne s’imaginent même pas qu’il faut prendre en compte ce que font les possédants, les dominants.

Or, que vont faire ces derniers? Eh bien déjà arroser l’extrême-Droite, en particulier les groupes activistes et provocateurs. Ensuite, préparer le terrain pour la Droite « populaire » et « sociale » en accélérant la construction des réseaux pour lancer une offensive pour rétablir l’ordre. Et que va-t-il se passer également? Eh bien il y aura forcément des gens, à l’ultra-gauche, pour prendre au sérieux les discours mythomanes des syndicalistes et anarchistes sur le grand soir. Il faut donc s’attendre à un renouveau du bombisme anarchiste.

C’est le scénario catastrophe, où la Droite prend d’assaut le pays en s’appuyant sur des syndicalistes et des anarchistes n’ayant par définition ni envergure, ni profondeur. C’est naturellement un scénario idéal pour les possédants et les dominants.

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Politique

Espagne : une centaine de hauts officiers de l’armée lancent un avertissement

Alors qu’en novembre cela faisait 45 ans que Franco est mort, plus d’une centaine de hauts gradés espagnols ont lancé un avertissement très clair.

Ce qui se passe en Espagne est riche d’enseignements pour ceux qui pensent que La France Insoumise relève encore de la Gauche. En effet, il y a en Espagne Podemos, son équivalent, et comme la démarche est populiste, il n’y a strictement aucune compréhension du parcours historique du pays, de la lutte des classes qui s’est déroulée et qui se déroule.

Or, la crise révèle les jeux des uns et des autres ; tout comme en France, l’armée est en Espagne un vecteur extrêmement puissant du régime. Et là la pression devient explosive. Il y a déjà une lettre au roi de 73 hauts gradés à la retraite, qui dénoncent le gouvernement espagnol actuel, présenté comme social-communiste, l’accusant de soutenir le terrorisme et le séparatisme. Un lieutenant général, deux généraux de division, quatre généraux de brigade et 66 colonels parlent de décomposition de l’unité nationale. C’est l’argument tout à fait classique du franquisme.

Mais ce n’est pas tout : cette lettre a été précédée d’une autre, quelques semaines auparavant. Pareillement envoyée au roi, elle avait été signée par 39 hauts gradés à la retraite de l’armée de l’air. Le gouvernement était pareillement dénoncé comme hostile à l’unité nationale, à la stabilité du régime, etc. La lettre n’avait pas été révélée par le roi, c’est une revue d’extrême-Droite qui en a parlé tout récemment.

Ce qui est marquant, c’est bien entendu le black-out à ce sujet. L’affaire devrait faire scandale, mais le régime espagnol étant ce qu’il est et la situation étant ce qu’elle est, on a compris que personne ne veut prendre le risque de parler des choses ouvertement.

Nouvelle Espagne antifasciste, le journal des Républicains espagnols en France pendant la guerre d’Espagne. Les drapeaux de gauche à droite sont ceux : du syndicat CNT (anarcho-syndicaliste), de la Catalogne, de la République Espagnole, du Pays basque, du syndicat UGT (socialiste et communiste)

La ministre de la Défense, Margarita Robles, une socialiste, s’est ainsi contenté de dire que le roi appartenait à tout le monde et pas seulement aux militaires signataires ! Une manière de nier les problèmes, tout en se soumettant à la monarchie, bref de pratiquer la fuite en avant pour tenter que tout se tasse.

C’est la pratique du PSOE depuis la mort de Franco, avec à l’époque une fracture immense entre la Gauche ayant reconnu la constitution espagnole octroyée par le roi à la suite de la mort de Franco et celle la récusant, dans le prolongement républicain de la guerre d’Espagne. Podemos, actuellement au gouvernement avec le PSOE, ne relève ni de l’un de l’autre, mais ayant fait le choix du populisme, il considère que ce genre de problématique est dépassée. L’Espagne actuelle n’aurait rien à voir avec celle du passé, son dirigeant Pablo Iglesias a reproché aux officiers de mettre le roi dans une position désagréable, etc. C’est la même ligne que La France Insoumise.

Le résultat est que le PSOE ne veut pas combattre la menace de coup d’État et que pour Podemos, elle n’existe tout simplement pas. C’est d’autant plus grave qu’il y a désormais le parti Vox dont la ligne est très clairement de réactiver la base franquiste présente dans la société espagnole. Il a eu 3,6 millions de voix aux élections de novembre 2019. Le général Fulgencio Coll Bucher, ancien chef d’état-major, désormais membre de Vox, avait d’ailleurs publié un article la même année dans le quotidien El Mundo pour exiger que les socialistes soient chassés de l’armée. Et l’expression « social-communiste » utilisée par les officiers à la retraite puise dans la rhétorique du dirigeant de Vox, Santiago Abascal, qui en fait la clef de ses dénonciations.

Il faut se rappeler ici de l’appel du 31 juillet 2018, signé par 181 hauts officiers à la retraite, sobrement intitulé « Déclaration de respect au Général Francisco Franco Bahamonde, soldat de l’Espagne. » Cette déclaration connut un grand succès dans l’armée, notamment auprès de généraux à la retraite. Et un média espagnol a d’ailleurs révélé le 3 décembre 2020 des discussions Whatsapp d’officiers de l’armée de l’air, dont des signataires de la lettre au roi, appelant à l’exécution des ennemis du régime et même de 26 millions de personnes. C’est une référence à la remarque du journaliste américain Jay Allen à Franco, comme quoi il devrait fusiller la moitié du pays s’il voulait vaincre la République. Franco répondit qu’il était prêt à payer n’importe quel prix pour la victoire.

Vox a naturellement pris partie pour les officiers concernés et son dirigeant Santiago Abascal est même allé envoyer un message de salutations! C’est dire l’ambiance. Et il n’est pas possible de ne pas faire le parallèle avec ce qui nous risque d’arriver en France avec Pierre de Villiers. Il a déjà la même rhétorique : le régime perd ses fondements, il faut remettre de l’ordre, il faut un arrière-plan militaire, etc. En France, le fascisme n’a pas été et ne sera pas, vraisemblablement, comme en Allemagne et en Italie. Il a été comme en Espagne un mouvement de Droite populaire pro-coup d’État, avec des petits groupes provocateurs et terroristes en parallèle. C’est cela qui se profile si l’on considère que le régime a la même base que dans les années 1930 et que la crise nous précipite dans une réédition de celles-ci.

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Guerre

Les États-Unis parlent ouvertement de leur prochain conflit avec la Chine

Deux des plus hauts responsables américains, chef d’État-major et celui du Renseignement, ont affirmé le caractère central de l’affrontement avec la Chine.

Même si Donald Trump n’a pas été réélu, ce qu’il a mis en place quant à la question chinoise reste en place, parce que c’est une tendance de fond. La superpuissance américaine veut maintenir son hégémonie, la Chine veut prendre sa place à moyen terme. Les États-Unis n’attendront pas la situation d’équilibre, la Chine n’attendra pas d’être bousculée par les États-Unis. La rivalité pousse à la guerre et entraîne avec elle le reste du monde, de toutes façons également travaillée par une sortie de crise par le militarisme.

Le directeur du Renseignement national américain John Ratcliffe vient de publier une tribune dans le Wall Street Journal où il explique que :

 « La République populaire de Chine représente la plus grande menace pour l’Amérique aujourd’hui, et la plus grande menace pour la démocratie et la liberté dans le monde depuis la Seconde Guerre mondiale » 

« Pékin entend dominer les États-Unis et le reste de la planète sur les plans économique, militaire et technologique. Beaucoup des initiatives publiques majeures et les entreprises les plus en avant de la Chine n’offrent qu’une couche de camouflage au activités du Parti Communiste Chinois. »

« Pour faire face à ces menaces [d’espionnage chinois et de tentatives d’influence], j’ai dispatché des ressources à l’intérieur du budget annuel de 85 milliards de dollars du Renseignement afin d’augmenter l’orientation sur la Chine. Ce déplacement doit continuer pour assurer que le Renseignement américain a les ressources dont il a besoin pour fournir aux décideurs un aperçu non manipulé des intentions et des activités de la Chine. »

Et dans un timing convergent, le chef d’état-major de l’armée américaine Mark Milley vient de profiter d’un forum sur la Défense à l’institut naval américain pour raconter que :

 « Le défi existentiel va être la Chine. »

« Je pense que la Chine est le défi principal à la sécurité nationale américaine pour les prochaines 50-100 années. Je pense qu’un historien en 2119 se retournera vers ce siècle et écrira un livre et que le thème central de ce qu’il racontera sera le rapport entre les États-Unis et la Chine. »

 « La Chine améliore son armée très, très rapidement – dans l’espace, dans l’air, dans le cyber, sur la mer et sur la terre. »

« Ils nous dépassent dans la recherche et le développement et la mise en place. »

« Nous, les États-Unis, devons faire en sorte de ne pas perdre les avantages dont nous disposons comparé aux autres pays, en particulier en ce qui concerne la Chine. »

Il a alors expliqué qu’il fallait faire deux choses : augmenter de manière significative le budget de la marine, ce qui est déjà prévu, ainsi que généraliser la modernisation militaire en structurant des petites unités technologiquement avancées :

« On peut localiser, suivre, identifier et si on peut voir, maintenant que l’on a des armements de précision de longue portée, on peut frapper. C’est fondamental et ça a un énorme effet sur l’avenir du combat »

« Des troupes plus petites, réparties largement dans le monde et très difficile à détecter seront la clé de l’avenir militaire »

« Si vous mettez l’intelligence artificielle et si vous réalisez le travail en équipe homme-machine, si vous ajoutez cela à la robotique, placez des munitions précises et la capacités à percevoir et voir, lancez quelques armes hypersoniques et alors vous avez un glissement fondamental. »

Ce général américain est en fait un spécialiste des modalités de la guerre ; il a obtenu son premier diplôme pour une thèse de quasiment deux cent pages sur la théorie et la pratique des guérillas des organisations révolutionnaires. Il a mis en place des tests de condition physique, insiste sur la disponibilité concrète des troupes, a créé des brigades d’assistance aux forces de sécurité, joue un rôle clef dans la structuration de l’United States Army Futures Command qui s’occupe d’une vaste modernisation de l’armée américaine à tous les niveaux dans le cadre du complexe militaro-industriel américain.

L’intégration des différents niveaux d’opération est l’obsession américaine pour la prochaine guerre

La Chambre des représentants vient également de rendre plus difficile les cotations d’entreprises étrangères aux États-Unis ; officiellement c’est pour forcer les entreprises chinoises à être transparentes, mais en réalité c’est pour accélérer le découplage sino-américain. Donald Trump a également fait passer une loi pour qu’à partir de début janvier les Américains ne puissent plus investir dans des entreprises considérées comme soutenant la modernisation de l’armée chinoise. Et la Chine vient de passer premier partenaire de l’Union européenne, dépassant les États-Unis. L’Union européenne était déjà le premier partenaire commercial de la Chine depuis 2004.

Le contexte est très clairement celui d’une marche à la guerre. Même la radio France Culture peut réaliser, comme début novembre 2020, une émission pour présenter les choses ainsi. On va à la catastrophe et les peuples du monde doivent s’unir pour affirmer la paix ! S’opposer à la guerre est un défi terrible qui se pose devant nous comme responsabilité immense !

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Écologie

La ministre de la mer préfère l’industrie de la pêche à la protection des cétacés

Connu depuis 30 ans, le drame de centaines de cétacés qui s’échouent sur les rivages maritimes français explose depuis 2016. À tel point que l’on ne parle plus de centaines mais de milliers d’animaux victimes d’une société de consommation qui n’en finit pas de transformer la Mer en une simple espace de valorisation marchande.

Le drame prend de telles proportions que la Commission européenne a ouvert une procédure d’infraction visant selon elle, les manquement de la France à la législation de protection des espèces protégées. On estime, selon les associations, qu’en 2020 il y a eu jusqu’à 11 300 cétacés morts, certains s’échouant sur les côtes françaises et d’autres coulant au large. On parle bien ici des cétacés, incluant donc les dauphins mais aussi les baleines, les cachalots, voir même les rorquals tropicaux comme celui échoué récemment dans la Manche.

Alors que se passe t-il ?

Pour les connaisseurs du problème, la chose est bien connue : les cétacés échoués présentent de nombreuses traces, voire des lésions étant de bénignes à très graves (des nageoires sont parfois arrachées). Des bouts de filets sont parfois encore accrochés sur le corps. Il ne fait donc aucun doute que c’est la pêche dite pélagique qui est le responsable de cette horreur.

Avec la technique de la pêche en « boeuf », les filets des chalutiers raclent le fonds des océans pour récupérer les poissons vivant en bancs comme les bars, les merlus (d’où le nom de pélagique, signifiant les dépôts sédimentaires dans les fonds marins).

Sur la façade Atlantique, il y a environ 18 chalutiers pélagiques qui opèrent, ce qui en dit long sur la concentration économique dans ce secteur. Mais on l’a compris avec une telle pêche industrielle de masse, le filet emprisonne littéralement tout ce qui bouge, y compris les cétacés qui sont alors déchiquetés, plaqués au fond et ne peuvent plus remonter à la surface pour se ré-oxygéner.

Au problème de la pêche pélagique s’ajoute en plus la terrible pollution sonore qui déstabilise le très sophistiqué système d’écho-localisation et de communication qu’ont ces mammifères pour vivre, se reproduire, et se développer.

Dans le documentaire Sonic Sea, que toute personne sincèrement écologiste se doit d’avoir vu, on apprend par exemple que les échos d’une baleine en Irlande peut s’entendre jusque sur la côte est des États-Unis. De fait, l’énorme trafic international maritime de marchandises, les multiples exercices des marines militaires, mais aussi les recherches en imagerie sismique des grandes entreprises gazières et pétrolières sont des perturbateurs désastreux pour ces animaux.

Et désastreux est un bien faible mot tant l’écocide revêt ici un caractère barbare, avec des dauphins qui sont désorientés dans la totalité de leur environnement (c’est toute la mer qui est pourrie par les bruits de haute fréquence) allant jusqu’à briser leur système auditif et cérébral.

Et que fait la ministre de la mer, Annick Girardin, dans ce contexte ? Et bien, elle fait ce que fait tout bon ministre dans le capitalisme : défendre l’industrie nationale de la pêche face à la concurrence. Car, comme se plaisent à le souligner les populistes en tout genre, notamment Jean-Luc Mélenchon, la France détient un vaste espace maritime et donc un important secteur de pêche qui pèse de tout son poids sur la législation européenne… Comme ce fut le cas en 2013 lorsque la tentative d’empêcher l’interdiction du chalutage en eau profonde s’est transformé en un simple et creux « contrôle ».

Dans le contexte du Brexit visant à re-négocier les zones de pêche, la ministre de la mer a donc surtout comme mission de protéger les pêcheurs français. Dans un entretien début octobre au JDD, la ministre répondait à une question évoquant la possible exclusion des pêcheurs français des zones maritimes britanniques :

« La pêche ne sera pas la variable d’ajustement du Brexit et le gouvernement y veille. »

La question des cétacés échoués n’est donc qu’un obstacle dans l’accumulation du capital, nécessitant l’affirmation d’une « écologie pragmatique ». Alors que plusieurs groupes et organisations chargées de la protection des cétacés demandaient au pire une restriction de la pêche, au mieux une interdiction de deux mois, la ministre déclarait :

« Ce qui m’intéresse, c’est comment on protège les dauphins tout en ayant une activité de pêche. Le développement durable, c’est prendre en compte l’écologie et l’activité humaine. » 

La ministre se fait ici la simple porte-voix d’Hubert Carré, le directeur général du Comité national des pêches maritimes, qui lui-même disait qu’on ne peut « pas flinguer toute une filière parce que vous avez décidé d’arrêter toute forme de pêche pendant quatre mois ».

Et le pire dans tout cela c’est qu’au-delà d’annoncer des mesures de contrôle en 2021 (entendez : des observateurs qui montent sur les chalutiers), Annik Girardin annonce presque fièrement la généralisation de pingers, ces dispositifs acoustiques qui doivent éloigner les cétacés des chalutiers.

Comme si les pauvres cétacés n’étaient pas déjà complètement déboussolés et malmenés par la saturation de bruits d’électro-sons produits des activités humains en tout genre ! L’heureuse accalmie vécue par les cétacés grâce à la baisse du trafic maritime international provoquée par la crise du coronavirus s’annonce déjà lointaine.

Comme ailleurs, le rouleau compresseur capitaliste, si froid, si mortifère, si criminel, est de retour pour forcer la reprise coûte que coûte… à moins qu’enfin des esprits se soulèvent sur la côte atlantique pour défendre la vie des cétacés !

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Guerre

Le chef d’état-major de la Marine parle au Japon du «comportement conquérant» de la Chine

En visite au Japon, l’amiral Pierre Vandier a contribué à la montée en puissance du militarisme en expliquant ouvertement que l’ennemi, c’est la Chine.

L’Amiral Pierre Vandier, chef d’état-major de la marine depuis septembre 2020, avait immédiatement déjà prévenu les futurs officiers de l’École navale :

« Aujourd’hui, vous entrez dans une marine qui va probablement connaître le feu à la mer, vous devez vous y préparer ! »

Quant à savoir contre qui, c’est facile de le savoir, puisqu’il mentionne toute une série de pays lors de son audition parlementaire quant au projet de loi de finances pour 2021 : la Turquie, la Russie, la Chine.

« Depuis le début des années 2010, on voit clairement apparaître une nouvelle donne caractérisée par plusieurs phénomènes. Tout d’abord, un blocage institutionnel du multilatéralisme. Au moins trois des cinq pays qui siègent au Conseil de sécurité comme membres permanents bloquent de fait régulièrement le fonctionnement de l’ONU. Actuellement, il n’est plus possible d’espérer une résolution commune pour régler un conflit. C’est le temps des politiques du fait accompli et la crise de la Crimée en 2014 en est une illustration flagrante.

C’est aussi le temps de la remise en cause des traités internationaux, comme celui relatif aux forces nucléaires intermédiaires ou la pause dans le traité relatif aux forces conventionnelles en Europe – traité très important de sécurité collective. On observe aussi, de façon rampante, une contestation de la convention de Montego Bay sur le droit de la mer un peu partout dans le monde.

Le code de bonne conduite entre nations n’est plus toujours respecté : on fortifie des îlots à peine émergés pour en faire des bases militaires, on prospecte sans vergogne dans la ZEE du pays voisin, on pille les ressources halieutiques partout où les espaces ne sont pas défendus.

Dans ce paysage géopolitique, le fait marquant est la remilitarisation massive de la mer. La Chine a passé quatre siècles isolée derrière sa muraille. En 2015, son livre blanc annonçait déjà le grand retour du domaine maritime dans son développement futur. Le retour de la Chine dans le monde maritime est d’abord économique. Ce sont, par exemple, les nouvelles routes de la soie qui vont jusqu’en Europe, jusqu’au port du Pirée.

Du point de vue militaire, la Chine s’est réarmée à cadence élevée à partir des années 2010. Certains classements placent désormais la marine chinoise en tête, devant l’US Navy, si l’on considère le nombre de plateformes de l’une et l’autre. La Marine chinoise dispose dorénavant d’une dissuasion nucléaire océanique, elle lancera son troisième porte-avions d’ici la fin de l’année, et annonce le développement d’une version navalisée de son avion de chasse de dernière génération J-20. Il ne se passe pas une semaine sans qu’on apprenne le développement de nouvelles armes chinoises dans tous les secteurs du combat naval.

Quant à la Russie, elle opère également un grand retour avec une nouvelle génération de sous-marins nucléaires d’attaque très performants, le développement du missile hypersonique Zirkon et la diffusion des missiles de croisière de la famille Kalibr. Elle procède à des démonstrations de force très régulières, notamment en Méditerranée orientale et à des investissements lourds sur la base militaire de Tartous en Syrie et dans des bases arctiques à partir desquelles les navires russes se déploient.

Plus proche de nous, la marine turque compte douze sous-marins diesel de construction allemande de très bon niveau, discrets, dont le rayon d’action est relativement faible mais suffisant pour protéger efficacement les intérêts turcs dans la région. C’est aussi une marine de surface efficace, avec une trentaine de bâtiments dont douze frégates de premier rang – le format de la France est de quinze frégates – et une trentaine de patrouilleurs lance-missiles. »

Il va de soi que la France participera à une alliance militaire dans son intervention, même si contre la Turquie ce ne sera pas forcément le cas. Voilà pourquoi il faut donner des gages et c’est ce qu’a fait l’Amiral Pierre Vandier lors de sa visite au Japon où il a rencontré le ministre de la Défense Nobuo Kishi, ainsi que les responsables de la marine japonaise.

Le chef d’état-major de la marine française a parlé du «comportement conquérant» de la Chine, il a dit que la pression chinoise inquiétait, que le rapport de forces était bouleversé, que «la Chine a un comportement très affirmatif, très conquérant en termes d’eaux territoriales», qu’à ses yeux « il y a une grande communauté de vues entre les autorités japonaises et nous sur la politique indo-pacifique », etc.

Il a en ce sens souligné l’importance du multilatéralisme, allusion au bloc anti-chinois de l’Inde, du Vietnam, de l’Indonésie, de l’Australie, des Phillipines, du Japon. Il faut savoir ici que Pierre Vandier a publié La Dissuasion au troisième âge nucléaire où il affirme que :

«Peu à peu, la mer de Chine devient une mare nostrum chinois qu’il sera de plus en plus difficile de contester.»

On est ici pleinement dans la tendance à la guerre et l’amiral ne s’en cache même pas. On est ici dans l’installation des alliances, dans la préparation de l’opinion publique, dans la mise en place d’un engrenage qu’il sera toujours plus impossible de stopper. La marche à la guerre a été lancée pour sortir de la crise : seule les masses mondiales levant le drapeau rouge de la démocratie pour et par le peuple peut empêcher la conflagration, la stopper si elle se produit.

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Écologie

La pollution de l’air, les élevages de vision et le SARS-CoV-2

Alors que des études italiennes et françaises ont montré que le virus SARS-CoV-2 était en circulation en Europe depuis l’automne 2019, il semblerait que des éléments écologiques aient fourni un terreau favorable à l’expansion du virus, tout autant qu’à sa mutation et au développement de facteurs de co-morbidité.

Au moment où l’Italie était le pays d’Europe le plus touché par la maladie, la Société italienne de médecine environnementale alertait sur le lien entre diffusion du virus et mauvaise qualité de l’air. En fait, les scientifiques savaient déjà que les particules fines étaient des vecteurs-transporteurs de contaminants chimiques et biologiques, mais aussi de virus.

Dans son propos introductif, l’étude rappelait ainsi que différentes recherches avaient prouvé que le nombre de cas de grippe, du virus respiratoire syncytial humain (RSV) et de la rougeole variaient par rapport au niveau de particules fines en suspension dans l’air (PM 2,5, PM 10) selon les endroits.

L’étude montre ainsi que la soudaine flambée de cas à la fin février en Lombardie est liée à un épisode de pollution aux particules au début du même mois – le temps d’incubation étant d’environ 10 à 14 jours. Au même moment, l’évolution du virus à Rome qui n’était pas emprise à un pic de pollution, fut moins rapide.

Dépassements des seuils limites de concentration aux PM10 en Italie entre le 10 et le 29 février 2020

D’autres études ailleurs dans le monde ont également montré le rôle de la pollution. Elle provoque une fragilisation du tissu cellulaire de l’appareil respiratoire, rendant plus aisée la contamination par le virus SARS-CoV-2, ainsi que le risque de développer une forme grave de la maladie. Enfin, une recherche liée à l’Université de Cambridge soulignait quant à elle le fait que les oxydes d’azote – un gaz et non pas des particules fines – émis par les gaz d’échappements favorisaient les récepteurs organique du virus.

Alors que l’on sait maintenant que le virus vecteur du covid-19 a vu sa circulation boostée par la pollution de l’air, tout autant que celle-ci a très certainement participé à la formation de cas graves, voire mortels, le suivi de l’évolution du virus montre que les horribles élevages de vison pourrait avoir un rôle dans la mutation d’une forme plus infectieuse.

Dans un article de la revue Nature en date du 26 octobre 2020, une vaste équipe de chercheurs analyse la mutation d’une protéine de la pointe du virus (on appelle un coronavirus du fait de la couronne de protéines qui entoure le virus, et lui permet de se fixer aux récepteurs de l’organisme cible). L’équipe note :

Pour le SARS-CoV-2, les analyses de plus de 28 000 séquences de gènes de pointe en mai 2020 ont révélé une substitution D614G rare avant mars 2020, mais devenue plus courante à mesure que la pandémie se propageait, survenant dans plus de 74% de toutes les séquences publiées d’ici juin 2020.

Malheureusement en continuant à utiliser partiellement l’expérimentation sur de pauvres hamsters, les scientifiques ont montré que la mutation G614 impliquait une meilleur réplication du SARS-CoV-2 dans les voies respiratoires supérieures grâce à une infectivité accrue du virion. Il semblerait que l’Europe a surtout été confronté à une mutation spécifique du SARS-CoV-2.

Il semblerait que les élevages de vison aient pu joué un rôle très tôt dans la mutation du SARS-CoV-2. Comme le rappelle One Voice, on comptabilise 250 exploitations de visons en Europe touchées entre avril et octobre, près de 6 millions d’animaux abattus, à quoi s’ajoutent les 15 millions de visons exterminés récemment au Danemark.

On sait que les visons ont contracté le covid-19 au contact du personnel des élevages eux-mêmes positifs… En Italie, des visons ont été contaminés officiellement dès le mois d’août en Lombardie et Emilie-Romagne…favorisant la mutation du virus ? Quand on voit cette vidéo d’un élevage de visons publiée au mois de novembre par la Ligue anti-vivisection italienne, on se dit que les conditions objectives étaient réunies pour une telle transformation, et cela d’autant plus du fait que le travailleur n’a aucune protection.

En Europe, l’épidémie a commencé son envolée meurtrière avec la flambée des cas avérés de covid-19 en Italie, avec une forte mortalité dans une zone rurale de Lombardie à l’Est de Milan à la fin février. Mais dès l’automne 2019, des personnes porteuses d’anticorps contre le coronavirus en Italie ont été recensées alors que le virus ne semblait pas aussi virulent. Alors que s’est-il passé entre temps ?

On peut émettre l’hypothèse d’un effet synergique entre la pollution de l’air et les élevages de visons, alors que la zone italienne touchée par le covid-19 comporte cinq élevages de visons, et qu’elle a connu au début de ce mois un important pic de pollutions aux particules fines. Par exemple, à Capralba, village lombard de 2 500 habitants, existe une ferme de 60 000 visons…

Si tel est le cas, on a là l’illustration d’un monde en déperdition complète avec un virus pur produit de la destruction des écosystèmes et de la vie sauvage, s’étant développé et renforcé justement à travers cette destruction anti-naturelle.