Catégories
Société

Proxénétisme « des cités » et aliénation de la société de consommation

Du 25 juin au 3 juillet s’est déroulé, au tribunal correctionnel de Paris, un procès pour proxénétisme aggravé. Les inculpés étaient 12 hommes d’une vingtaine d’années, accusés créé un réseau de prostitution en région parisienne et en Belgique, et finalement condamnés à des peines allant de six mois avec sursis à trois ans et demi de prison ferme, ainsi que 45.000 euros en faveur des parties civiles, des associations qui luttent contre le proxénétisme et la prostitution des enfants, et deux des victimes au titre du préjudice moral.

Les victimes sont âgées de 16 et 17 ans au moment des faits. Les jeunes filles étaient recrutées via les réseaux sociaux qu’elles fréquentent et utilisent (snapchat, instagram ou twitter). Elles sont appâtées par des promesses d’argent gagné facilement et rapidement. Des vêtements de grande marque leur sont offerts. Elles entrevoient alors une possibilité de devenir comme les femmes qu’elles suivent sur les réseaux sociaux : les filles Kardashian par exemple. Ces bimbos gagnent en notoriété et en succès en montrant leur corps, présentant leur vie de débauche comme un bonheur à atteindre pour toutes les jeunes filles.


La publicité, la société de consommation créent des besoins onéreux et inutiles : des vêtements, des accessoires. Le caractère individualiste des réseaux sociaux rend obligatoire, pour faire le buzz de se procurer ces objets. Mais il faut beaucoup d’argent pour cela. Des collégiennes et des lycéennes ne sont pas en mesure de s’offrir de telles choses. Elles vivent dans une sphère virtuelle qui leur offre la bouffée d’oxygène de leur quotidien.

Or ce n’est pas la réalité de la vraie vie à quoi elles aspirent. Elles désirent du rêve crée par la société capitaliste qui chercher à vendre encore et encore plus de choses inutiles rendues primordiales aux yeux des jeunes filles. Elles cherchent alors la facilité pour se les procurer. Elles sont prêtes à n’importe quoi pourvu que ça leur rapporte gros et vite. Elles désirent plus que tout obtenir de l’argent rapidement et en quantité.

Elles sont obnubilées par cette quête. Elles envisagent la prostitution comme un moyen de se sortir de leur situation. Zahia a bien « réussi sa vie » comme ça ! Elles se prennent en photo, à moitié nue dans des poses suggestives. Des « j’aime » et des commentaires élogieux pleuvent.

En rupture de l’école et/ou de leur famille, issues d’un milieu populaire, les filles ne savent pas ce qu’est le travail. Ne pas avoir de moyens de productions, de savoir-faire et/ou de compétences rend difficile le travail.

Cependant, des personnes souhaitent tout de même avoir rapidement de l’argent et en grande quantité. elles font alors des choses pour en obtenir jusqu’à s’oublier, s’abrutir. Elles sont aliénées par la marchandise, par le capitalisme. Passer de instagram au site payant sexemodel devient une ascension sociale pour elles. Leur vie est merdique, elles le savent bien. Alors quand des jeunes hommes les flattent, leur promettent une vie de rêve, elles y croient.

Elles n’ont pas dans leur schéma les valeurs du travail. Ce n’est pas pour manger ni pour apporter gratuitement une chose supplémentaire à la société qu’elles souhaitent travailler.

C’est pour répondre aux sirènes de la consommation capitaliste.

Ces jeunes filles sont bien aliénées par la marchandise, par la société capitaliste. Elles foncent tout en sachant ce qu’elles devront faire. Mais elles ne mesurent pas les conséquences et se prostituent encore et encore et accumulent moins de gains que prévu. La souffrance physique et mentale est telle qu’elles acceptent de se droguer pour continuer.

Jusqu’à dix passes par jour dans des appartements loués sur le site airbnb, des menaces et des insultes. S’en suivent alors les rendez-vous pris par les proxénètes via des sites de petites annonces tels que vivastreet et wannonce.

Le « proxénétisme des cités » c’est un business et les jeunes le perçoivent comme tel. Ils se conduisent comme des entrepreneurs gagnant bien leur vie, gérant leur carnet d’adresse de fournisseurs et de clients. Les prestations sont réglementées.

Les marchandises vendues sont testées et approuvées par les patrons eux-mêmes. Ils se conduisent comme des petits bourgeois du crime. Faire de l’événementiel c’est organiser un événement sur une thématique. Fédérer les travailleurs compétents dans le domaine concerné, louer une salle, créer la publicité, c’est travailler à l’organisation pour une demande précise.

Etre proxénète c’est appâter des filles et les contraindre à continuer de coucher avec des hommes pour de l’argent. C’est de l’esclavage. Quand les jeunes filles veulent se dédire, ils utilisent la violence. Elles sont enfermées dans des appartements, louées à la semaine.


La prostitution n’est pas un salon du tourisme, les agences de voyages présentes payent leur emplacement. Les prostituées ne payent pas pour se prostituer !
Donc la douzaine d’inculpés ne gèrent pas une entreprise de divertissement. Ils gèrent bien un réseau de prostitution de mineures. Ils sont proxénètes.
Pour les accusés du procès parisien, ces jeunes filles sont d’ailleurs qualifiées « de bonnes bosseuses ».

Le travail est la transformation de la nature par l’homme en réalisant ses buts de manière consciente. Le travail est un processus qui nécessite trois actions. La première est que l’homme mène une action en poursuivant des objectifs. Cette réalisation doit avoir un objectif de réalisation. L’homme a donc besoin de moyens de production pour arriver au résultat escompté.

Par le travail, l’homme se différencie de l’animal en ce qu’il utilise des moyens d’existence modifiés par le travail alors que l’animal utilise ce qui est à sa portée, donc ce qui n’est pas transformé. L’homme utilisera un écrou manufacturé par un ouvrier. C’est un honneur pour l’ouvrier de fournir des moyens d’existence aux autres. Le travailleur est alors une cheville ouvrière pour la collectivité.

La prostitution est une activité personnelle, ne transformant en rien une matière brute. Les filles qui sont obligées de se vendre n’ont pas pour objectif le viol tarifé. Elles n’en sont souvent pas fières. Elles sont contraintes d’être des marchandises et non des créatrices de moyens utiles aux autres.

La production n’est donc en rien un travail. Les jeunes filles victimes de ce réseau de prostitution ne sont pas des travailleuses, ce sont des victimes.


Quand les jeunes gens ont besoin de s’ouvrir à la sentimentalité, le capitalisme leur occulte les yeux avec des paillettes et des marchandises en veux-tu-en-voilà.

Ils en deviennent eux-mêmes de la marchandise pour se procurer ces choses superflues. Au vu leur activité quotidienne et des valeurs qu’ils en tirent, ils ne peuvent que se consommer du fait de la prostitution. Ce sont les valeurs qui dominent dans le capitalisme qui posent problème.

En tant que personnes de Gauche, nous devons travailler pour permettre une autre réalité sociale pour une autre culture qui succéderait à elle ci. Donc offrir aux jeunes gens une autre sentimentalité.

Catégories
Société

« L’inter-LGBT » et les « discriminations » dans le sport

Le thème de la « marche des fiertés » à Paris concernait cette année les discriminations dans le sport. Le slogan était : « Les discriminations au tapis, dans le sport comme dans nos vies ! ». En apparence, cela sonne juste et progressiste, contre l’homophobie. En réalité, « l’inter-LGBT » qui organise cela mélange tout et n’importe quoi, de par sa dimension libérale et anti-populaire.

La lutte contre l’homophobie dans le sport est une cause démocratique essentielle. L’orientation sexuelle d’une personne ne devrait pas être un sujet pour l’activité physique. Les préjugés à l’égard des femmes et des hommes homosexuels dans les milieux sportifs doivent être dénoncés.

Par exemple, il faut critiquer le fait que le président du club de football anglais Watford, le célèbre chanteur Elton John, soit moqué par certains supporters pour son homosexualité. Il faut aussi reconnaître et se féliciter du fait que, pour une grande majorité de suiveurs du football, l’orientation sexuelle du président du club de Watford n’est pas un sujet de conversation.

Le sport est très populaire à notre époque car il a une dimension universelle. C’est cela qui plaît par exemple avec la Coupe du Monde de Football. Des nations du monde entier peuvent s’affronter selon les mêmes règles et de manière (relativement) équitable, en tant que ce sont des expressions particulières de la même humanité.

La question homosexuelle devrait être comprise de cette manière : les femmes et les hommes homosexuels sont, sur le plan des relations amoureuses, des expressions particulières et minoritaire d’une même humanité. Ce qui compte est d’aller dans un sens commun, universel.

Les personnes gays et lesbiennes doivent alors avoir dans le sport leur place de manière indifférencié, sans avoir pour autant à cacher la réalité de leur relation amoureuse avec une personne du même sexe.

« L’inter-LGBT » ne raisonne pas de cette manière dans son communiqué contre les « discriminations » dans le sport. Ce qui l’intéresse est au contraire l’affirmation et la multiplication des particularités, et ce de manière exacerbé.

Le terme « LGBTQI+ » qui est utilisé est une sorte de catalogue des affirmations individuelles sur le plan de la sexualité et du genre. Chacun aurait le droit de « choisir » et il n’y aurait en fait aucune réalité naturelle, pas même des hommes et des femmes.

Ce rejet de la réalité naturelle est incompatible avec le sport car il est, par essence, un rapport à la nature. Il s’agit dans le sport d’exprimer des capacité physiques et intellectuelles naturelles. Le matériel, comme une perche dans le saut à la perche ou bien un vélo dans le cyclisme, ne sert que de vecteur à l’expression de capacités naturelles.

C’est la raison pour laquelle la grande majorité des sports différencie les catégories féminines des catégories masculines. Il y a dans le sport une volonté d’universalité, d’expression équitable des réalités naturelles.

Dans le cyclisme par exemple, les meilleurs femmes professionnelles ont globalement un niveau équivalent à celui d’un coureur amateur masculin de bon niveau régional. Pour des raisons hormonales essentiellement, mais aussi en partie culturelles, le niveau des femmes est différent. Il serait alors absurde de nier cela, et mettre tout le monde sur le même plan. Cela serait contraire à la recherche d’universalité. Un coureur amateur régional masculin ne peut pas moralement se prétendre meilleur qu’une cycliste professionnelle.

 

Cette question est précisément ce qui dérange les personnes parlant de « LGBTQI+ ». Dès que l’on pose la question du sport féminin, on voit tout de suite qu’ils sont dans une impasse, et ne peuvent s’en sortir que de manière antidémocratique, en rejetant les revendications populaires.

L’inter-LGBT prétend qu’on pourrait choisir d’être homme ou femme, voire aucun des deux. Cela est contraire au combat démocratique et populaire des femmes dans le sport qui est justement de pouvoir affirmer les catégories féminines.

L’inter-LGBT fait de la question homosexuelle une question de libéralisme. Chacun pourrait faire ce qu’il veut, et l’homosexualité ne serait qu’une option, un choix.

Le sport est donc vécu par ces gens comme étant « normatifs », discriminatoire, car il ne restreint l’expression de tous ces particularismes. « Le sport est bel et bien le terrain privilégié de stigmatisations », disent-ils.

Ce n’est là que du libéralisme, qui désert d’ailleurs totalement la cause homosexuelle, tout comme le féminisme en général.

Les personnes gays et lesbiennes sont prises au piège de ce genre de discours « LGBT », elles sont utilisées comme caution démocratique pour affirmer des valeurs décadentes, des choix autocentrés.

Au contraire, la fierté homosexuelle doit s’affirmer dans le sport, comme dans la vie, justement parce que ce n’est pas un « choix », mais une réalité. Les homosexuels sont des gens comme les autres et doivent pouvoir faire du sport et suivre le sport, « comme tout le monde ».

Catégories
Culture

« La photographie ne s’est jamais si bien portée, les photographes jamais si mal »

Le premier juillet est paru dans le journal Libération une tribune signée par des photographes professionnels.

Par ce texte adressé à la ministre de la Culture et au Président de la République, ils font état de la situation économique de plus en plus précaire des membres de leur profession. En appelant à la place particulière de la photographie dans la culture nationale, ils attendent suite à cette lettre ouverte des mesures concrètes de la part de l’État.

Mais le problème est simple et seule la Gauche peut le résoudre. En effet, le capitalisme exerce une pression terrible et a besoin de serviteurs sans réflexion, qu’il peut pressuriser à merci. Les photographes se font ainsi littéralement broyer, comme les journalistes ou les professions intellectuelles en général.

Le texte ici est d’esprit corporatiste surtout : il rate l’important.

La photographie ne s’est jamais si bien portée, les photographes jamais si mal

Face à la situation critique de la création photographique française, les photographes – indépendants, membres d’agences ou de collectifs – se réunissent pour alerter le gouvernement, et notamment Françoise Nyssen, ministre de la Culture, du risque de disparition de leur métier. Un début de dialogue semble s’être amorcé mais la liste des points critiques est encore longue et il y a urgence.

La photographie en marge de la politique culturelle de l’État

Le manque de soutien à la création photographique française est flagrant, alors que la majorité des arts en bénéficient : le CNC pour l’audiovisuel, les subventions pour le théâtre, les quotas pour la musique, le statut des intermittents, etc. A l’heure où l’image est un enjeu majeur de l’avenir, ce vide est incompréhensible. En occultant ses besoins, la production photographique s’assèche et les sources d’information et de contenus se réduisent. Nous demandons un soutien concret par le biais d’aides à la création et à la production pour les photographes.

Une généralisation de la gratuité

La photographie est trop souvent liée à la notion de gratuité. De plus en plus de lieux ou d’événements ne prévoient aucun droit d’auteur pour les photographes. Pourtant fournisseur de la matière première – et alors que tous les autres postes sont rémunérés (du menuisier qui construit les cimaises au directeur du lieu ou du festival) -, le photographe est trop souvent le seul à ne pas l’être.

Cet état de fait est d’autant plus inacceptable que nombre de ces événements reçoivent des subventions publiques. Nous vous demandons de faire respecter le droit de présentation – donc que les obligations de rémunération des photographes soient effectives – et que les subventions soient conditionnées par l’application de celles-ci. Nous demandons également qu’un pourcentage non négligeable des subventions pour les événements photographiques soit obligatoirement alloué aux droits d’auteurs des photographes y participant.

Une presse hors la loi

Le non-respect des délais légaux de paiement reste d’actualité. Plusieurs grands groupes de presse continuent de prolonger ces délais bien au-delà de ce que la loi leur impose. Plusieurs agences et collectifs de photographes ont dû déposer le bilan cette année, de nombreux autres sont au bord de l’asphyxie. Nous demandons à l’Etat de conditionner ses subventions aux groupes de presse au respect des délais légaux de paiement. Nous demandons également d’interdire à ces groupes de contraindre les photographes ou de conditionner leurs commandes à une rediffusion de leurs images par ces mêmes groupes de presse.

Chutes des tarifs

Profitant d’une situation économique critique, de nombreux commanditaires réduisent d’année en année le taux de rémunération des commandes passées aux photographes, ainsi que les tarifs de publication des photographies issues de leurs archives. Les photographies sont donc actuellement achetées en dessous d’un coût de production très lourd pour les photographes. Le tarif minimum de la pige journalière mis en place par décret il y a un an est irréaliste et indécent ! Nous demandons la mise en place d’une régulation des tarifs basée sur les coûts réels de production des photographies.

Concurrence déloyale

L’Etat français soutient financièrement l’Agence France-Presse, lui permettant de réduire ses tarifs et de proposer aux médias des forfaits d’utilisation que les structures indépendantes ne peuvent pratiquer. Cet état de fait contribue grandement à la précarité des photographes et à l’extinction des agences et collectifs indépendants. Nous demandons que cette concurrence déloyale et illégale cesse.

En conclusion, les photographes sont les parents pauvres de la discipline artistique la moins considérée par les institutions françaises. Et cela, malgré la richesse de leur production et bien que la photographie soit née en France, que les événements photographiques les plus emblématiques s’y déroulent, que l’image et la photographie soient l’un des enjeux majeurs des années à venir et que ce secteur génère une réelle économie. Nous, photographes français, vous sollicitons pour qu’elle puisse continuer à vivre, à se développer et à enrichir le pays où elle est née.

Cette lettre a été signée par de très nombreux photographes –  tels Raymond Depardon, Bernard Plossu, Françoise Huguier, Jane Evelyn Atwood…  – indépendants ou appartenant à diverses agences, collectifs ou organismes. Parmis eux, le collectif Argos, l’agence DocPix, l’association Divergence-Images, Graphix-Images, Myop, Noor, PAJ (Photographes, auteurs, journalistes), Pasco & Co, le collectif Périscope, le Pictorium, Pink, Plainpicture, l’Union des photographes professionnels, le ­collectif Riva Press, la maison de photographes Signatures, la Société des auteurs des arts visuels et l’image fixe, le Syndicat national des agences photographiques d’illustration générale, le collectif Tendance floue, VU, etc.

www.change.org/p/payetaphoto

Catégories
Société

Le Conseil Constitutionnel aborde la notion de fraternité

Depuis le 26 juin, le Conseil Constitutionnel étudie la notion juridique de fraternité. La fraternité est présente dans la loi fondamentale de la république comme composante de la devise : liberté, égalité, fraternité. La question est de savoir quelle est la portée juridique de la fraternité.

Concrètement, il s’agit de déterminer si oui ou non, la « fraternité » doit être prise en compte comme valeur incontournable irriguant toute loi. Évidemment, il y a en arrière-plan la profonde crise de cette notion de par l’individualisme du capitalisme triomphant, le relativisme, l’esprit de concurrence.

L’enjeu est de taille pour deux citoyens ayant aidé au séjour irrégulier de personnes entrées illégalement sur le territoire français. Les avocats de ces personnes condamnées en première instance et en appel jouent ici leur va-tout. Si la fraternité est reconnue comme un principe incontournable, alors la loi sur l’aide au séjour irrégulier ne saurait être opposable aux personnes agissant simplement par solidarité, sans intention frauduleuse.

Des associations poussent dans ce sens. Il s’agit notamment des associations protestantes liées historiquement à la question des réfugiés, comme la CIMADE. On voit aussi une partie des catholiques mettre en avant leur conception de l' »hospitalité ». Les associations de défense des Droits de l’Homme plaident quant à elles pour une meilleure protection des bénévoles de l’aide aux clandestins.

Rappelons ici qu’il ne faut pas confondre charité chrétienne et partage au sens socialiste du terme… Cela n’a même rien à voir et la Gauche ne devrait pas avoir pour but d’accompagner les migrations imposées par le capitalisme à des gens abandonnant leur pays, leur famille, leur vie.

Faire de la retape pour la France « moderne », des droits de l’Homme, accueillante, fraternelle, c’est servir une idéologie qui n’est pas celle de la Gauche, mais du régime en place!

Raisonner abstraitement en termes de fraternité contribue à renforcer les illusions quant à une fraternité institutionnelle qui existerait. Le Conseil constitutionnel est bien une institution parfaitement non-démocratique composée sur la base de désignations arbitraires au plus haut niveau de l’État. Et pour autant, c’est cet organe de l’État qui, paradoxalement, est chargé de veiller sur le respect des droits fondamentaux des citoyens.

On est ici dans une rapport idéologique, mensonger, qui tient historiquement à ce que la notion de fraternité fasse partie de la devise de la république française.

En effet, la liberté est la plus haute valeur de la bourgeoisie. C’est en faisant accéder la notion de liberté individuelle au plus haut niveau des conceptions philosophiques que la bourgeoisie a pu mobiliser pour conquérir le pouvoir politique en France. C’est la liberté qui est venue briser les privilèges féodaux. La liberté est strictement encadrée par le pouvoir politique, puisqu’elle est limitée par les lois.

L’égalité est une concession faite à la classe travailleuse naissante et à la paysannerie immense du 18e siècle. La féodalité représentait ce système obsolète des inégalités érigées en institutions et justifiées par la naissance. L’égalité à la naissance est un fondement de la république (« les hommes naissent égaux en droit »). Il s’agit d’une égalité des droits, bien sur, non d’une égalité réelle. Sous couvert de cette égalité formelle, la bourgeoisie peut exister avec la propriété, se maintenir et donner des gages de bonne foi.

Voilà comment Marx explique dans son texte Les luttes de classes en France (1848-1850), l’entrée de la fraternité dans la devise républicaine à la faveur de la révolution de 1848 :

« Ainsi, dans l’esprit des prolétaires qui confondaient en général l’aristocratie financière avec la bourgeoisie, dans l’imagination de braves républicains qui niaient l’existence même des classes ou l’admettaient tout au plus comme une conséquence de la monarchie constitutionnelle, dans les phrases hypocrites des fractions bourgeoises jusque-là exclues du pouvoir, la domination de la bourgeoisie se trouvait abolie avec l’instauration de la République.

Tous les royalistes se transformèrent alors en républicains et tous les millionnaires de Paris en ouvriers. Le mot qui répondait à cette suppression imaginaire des rapports de classe, c’était la fraternité, la fraternisation et la fraternité universelles.

Cette abstraction débonnaire des antagonismes de classes, cet équilibre sentimental des intérêts de classe contradictoires, cette exaltation enthousiaste au-dessus de la lutte de classes, la fraternité, telle fut vraiment la devise de la révolution de Février.

C’était un simple malentendu qui séparait les classes, et, le 24 février, Lamartine baptisa le Gouvernement provisoire : « Un gouvernement qui suspend ce malentendu terrible qui existe entre les différentes classes. » Le prolétariat de Paris se laissa aller à cette généreuse ivresse de fraternité. »

Graver la fraternité sur les frontons des Mairies, c’est laisser penser que dans la république française, tous les français vivent en frères et soeurs, en dépit de l’exploitation d’une classe par l’autre. Mais si on donne une réalité juridique à la fraternité, alors il faudra que la bourgeoisie partage fraternellement, pour de vrai.

On le comprend, ce n’est pas une décision du Conseil Constitutionnel qui pourra imposer la fraternité. La fraternité suppose la disparition des classes sociales, et pour cela il faut le socialisme ; laisser le Conseil Constitutionnel fournir un avis à ce sujet, c’est contribuer au maintien des illusions.

Catégories
Politique

Geoffroy Roux de Bézieux à la tête du MEDEF : l’ombre d’Emmanuel Macron

Le MEDEF a un nouveau dirigeant, Geoffroy Roux de Bézieux, qui est une sacrée pointure. Il a fait fortune en montant The Phone House, puis en reprenant Virgin Mobile. Mais son père était déjà banquier ; il a grandi dans le 16e arrondissement de Paris et à Neuilly-sur-Seine.

C’est un noble (sa famille a été anobli juste avant la révolution française) et c’est un costaud : il a fait pas moins que deux ans dans les commandos de marine, passant par Djibouti et le Liban. Il fait encore du triathlon, de la boxe, de la course à pied, du vélo, etc.

Bref, c’est un cadre éprouvé, tant intellectuellement que physiquement. Et il représente les assurances, le bâtiment et les nouvelles technologies ; il a gagné les élections du MEDEF, avec 55,8 % (284 voix contre 224), face à Alexandre Saubot.
Ce dernier, président de l’Union des industries et métiers de la métallurgie, était soutenu  par les petites entreprises cherchant à faire du MEDEF une structure plus « démocratique », ainsi que par les banques et les Travaux Publics, et évidemment par l’UIMM,

Alexandre Saubot travaillait également avec Vincent Chriqui, également passé par polytechnique, qui a travaillé dans les cabinets ministériels lorsque Nicolas Sarkozy était président, puis a dirigé la fin de campagne de François Fillon en 2017.
Geoffroy Roux de Bézieux avait quant à lui choisi Dominique Carlac’h, qui travaille dans le conseil en financement et innovation industrielle et est partisane de la « nouvelle économie ».

On l’aura compris : Geoffroy Roux de Bézieux représente le même capitalisme qu’Emmanuel Macron, celui de la « nouvelle économie », qui veut libéraliser autant que possible, tandis que Alexandre Saubot représentait la ligne du « dialogue social » traditionnel entre patronat et syndicats.

Cela veut dire que la défaite d’Alexandre Saubot est aussi celle des syndicats. Prompts à se la jouer rebelle en apparence, les syndicats ont depuis longtemps trahi les idéaux de la Gauche pour devenir des courroies de transmission de l’efficacité des entreprises.

Si Geoffroy Roux de Bézieux met son plan en branle, alors leur situation va vaciller et cela avec une grande ampleur. Son discours a tout de suite mis les points sur les i :

« Le MEDEF doit changer (…). Cette campagne aura révélé une chose essentielle : la grande vitalité démocratique de notre mouvement ! Sa capacité à installer un débat exemplaire. Il y a eu le temps de la campagne et de l’indispensable expression des sensibilités. Et cette étape se termine. Maintenant est venu le temps de l’action (…).

Nous travaillons tous pour un même but : garantir la prospérité de nos entreprises et s’assurer que le développement de celles-ci profite à la société française tout entière dans un monde en totale mutation.

Ces mutations qui s’accélèrent doivent mettre fin aux oppositions inutiles, aux divisions artificielles, construites de toute pièce, qui ne servent pas notre cause : l’opposition entre fédération et territoires, entre industrie, services commerce ou construction, entre start-up, PME, ETI et grands groupes, l’opposition entre métropoles et villes moyennes (…).

Continuer le combat pour la compétitivité de nos entreprises, Augmenter nos efforts sur la formation de nos salariés, transformer le paritarisme pour obtenir une véritable autonomie de décision et de gestion, imaginer un dialogue social national qui devienne un dialogue économique et social, rénover l’organisation, la gouvernance et le financement de notre mouvement pour le rendre plus agile, devenir une organisation franco européenne, et enfin et j’allais dire surtout, se redonner du temps et des ressources pour repenser le temps long. »

C’est la ligne d’Emmanuel Macron : moteur franco-allemand pour l’Union européenne, corporatisme local pour renforcer le capitalisme à la base même, esprit libéral général à tous les niveaux (économique donc, mais aussi social, ce qui veut dire aussi culturellement).

Et il y a le chantage, consistant à dire la chose suivante : le monde change, il faut suivre le nouveau capitalisme, sinon même l’ancien perdra tout ! C’est clairement le prolongement direct de l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République et le reflet des profondes contradictions d’un capitalisme de plus en plus ébranlé.

Catégories
Politique

Mai 1968, la droite libérale et l’interruption volontaire de grossesse

C’est mai 1968 qui a permis l’irruption des débats sur les mœurs, mais on sait que c’est la logique libérale qui l’a emporté sur ce thème, comme dans bien d’autres cas. Il est intéressant à ce titre d’aborder la question de l’interruption volontaire de grossesse (IVG).

Ce n’est en effet pas avant 1971 qu’il y a un débat général à ce sujet et cela suit bien sûr mai 1968. Sans l’arrivée des thèmes de la vie quotidienne, cela n’aurait pas été possible. Cependant, c’est la droite libérale qui a tout organisé concernant l’IVG.

Or, cela a forcément un sens. On ne peut pas être de gauche et ne pas se dire que si des gens de droite mettent en place quelque chose au nom du libéralisme, il y a au moins un problème quelque part.

En effet, lorsque l’IVG légale est mis en place en France, Simone Veil est alors ministre de la santé, Jacques Chirac le premier ministre, Valéry Giscard d’Estaing le président de la République.

Quel est ce problème ? Regardons comment les choses se sont déroulées. A la base, donc, l’IVG est interdite, mais largement pratiquée par des centaines de milliers de femmes dans des conditions le plus souvent sordides voire mortelles, sauf celles pouvant le faire à l’étranger dans des pays où c’est légal.

En 1971, donc, le Nouvel Observateur publie le 5 avril un manifeste signé de 343 femmes affirmant ayant avoir avorté, ce qui est alors interdit et amène normalement des poursuites, et réclamant la « libre-disposition » de leur corps : « Notre ventre nous appartient ».

La question de la nature de l’interruption de grossesse n’est pas abordée, sauf à un moment précis, sous la forme d’un discours sur la production :

« Les femmes, comme tous les autres producteurs, ont de fait le droit absolu au contrôle de toutes leurs productions. Ce contrôle implique un changement radical des structures mentales des femmes et un changement non moins radical des structures de la société. »

Il est évident que c’est là une manière de contourner la question de la nature, de la nature très particulière de la « production » en question ; la grossesse est considérée comme un obstacle à l’indépendance des femmes, et donc « l’avortement libre et gratuit » lui est opposé.

nombre d'IVG et de naissances depuis 1965

On est ici dans une philosophie individualiste et existentialiste et on retrouve fort logiquement Simone de Beauvoir, l’auteure de « Le Deuxième Sexe » (« On ne naît pas femme, on le devient ») comme l’une des chefs de file du mouvement.

Une fois posée cette manière de voir les choses, tout va aller très vite. 4 000 femmes – un chiffre très faible, il y a alors 1,5 million de femmes se faisant avorter chaque année – manifestent à Paris le 20 novembre 1971 à l’appel du Mouvement de libération des femmes, qui propose également un document intitulé « Matières pour une réflexion politique sur l’avortement » (qu’on peut lire ici et ).

En octobre-novembre 1972 a lieu le procès d’une femme s’étant faite avortée alors qu’elle était mineure ; elle est relaxée notamment sous l’action de l’avocate Gisèle Halimi.

Suit, publié dans Le Monde du 5 février 1973, un manifeste de 331 médecins affirmant pratiquer des avortements illégaux. Ne faisant pas référence au serment d’Hippocrate – qui historiquement rejette l’avortement – le manifeste prône pareillement « l’avortement libre ».

En 1973, l’association « Choisir », avec Simone de Beauvoir et Gisèle Halimi, réclament le droit à l’avortement jusqu’à 24 semaines (il est autorisé aujourd’hui jusqu’à 12 semaines).

En juin de la même année, 10 031 médecins signent un texte publié dans le Parisien Libéré pour dénoncer le manifeste des 331 médecins. On lit entre autres, avec une allusion directe au serment d’Hippocrate :

« A chaque instant de son développement, le fruit de la conception est un être vivant, essentiellement distinct de l’organisme maternel qui l’accueille et le nourrit (…).

Devant les détresses que peuvent provoquer des circonstances tragiques, le devoir du médecin est de tout mettre en œuvre pour secourir ensemble la mère et son enfant.

C’est pourquoi l’interruption délibérée d’une grossesse pour des raisons d’eugénisme ou pour résoudre un conflit moral, économique ou social n’est pas l’acte d’un médecin. »

C’est un autre existentialiste, Jean-Paul Sartre, qui répond dès le lendemain dans Libération. Constatant le refus profond dans le secteur médical en général, il affirme que « le souci principal d’une majorité du corps médical est de défendre ses privilèges ».

des milliers de femmes par an victimes de l'avortement clandestin en France

C’est alors la droite libérale qui va résoudre le conflit, en prenant le parti des existentialistes. Le richissime Jean Taittinger, chef du groupe de luxe du même nom et ministre de la justice, tient un discours à l’assemblée nationale le 13 décembre 1973 où il défend un projet de loi autorisant l’IVG.

L’association « Choisir » constate avec satisfaction que « dans ce discours, M. Tainttinger a développé tous les arguments défendus depuis des mois par notre association. »

Le 31 octobre 1974, le journaliste Bruno Frappat écrit dans Le Monde – il en deviendra par la suite le directeur de la rédaction – un article intitulé « Un projet de loi très libéral sur l’avortement sera soumis à l’assemblée. M. Giscard d’Estaing interviendra avant le débat », dont les premières phrases sont les suivantes :

« Libéraliser l’avortement tout en faisant semblant de faire le contraire. Tel était le but du projet Ségard accepté au printemps par les diverses tendances de la majorité et qui aurait sans doute été adopté par l’Assemblée nationale si la mort du président Georges Pompidou n’avait pas écourté la session parlementaire. »

Puis il est dit :

« Le projet retenu va plus ouvertement dans le sens du libéralisme que tous les précédents. Préparé par Mme Simone Veil, il n’a pu être approuvé que parce que le président de la République a fermement montré qu’il estimait le temps venu de dire les choses clairement et d’appliquer la promesse faite par lui. »

foetus du premier au neuvième mois de grossesse

L’IVG est alors autorisée par une loi adoptée le 28 novembre 1974, après 25 heures de discussions, par 284 voix contre 189. Simone Veil est alors ministre de la santé, Jacques Chirac le premier ministre, Valéry Giscard d’Estaing le président de la République.

Quel est alors le souci ? C’est que la question de la nature de l’avortement, la question morale, a été mise alors de côté devant l’urgence pour la santé des femmes.

Et en 2018, plus de quarante années après, on peut voir que l’avortement est une pratique banalisée. Le taux annuel d’IVG pour 1000 femmes de 15 à 49 ans, autour de 14-15 %, ne change plus depuis quarante ans. Pareil pour le ratio d’IVG pour 100 naissances vivantes, de 26-27 %.

Comment ne pas se dire, comme cette grande figure historique du féminisme :

« Thérèse Clerc pratiquait des avortements clandestins avant la promulgation de la loi Veil. Selon elle, les femmes qui voulaient avorter « ne prenaient en général pas de contraception, aveuglées par toutes les débilités qu’elles entendaient à l’époque, sur le fait que cela était honteux et contre-nature », raconte-t-elle à L’Obs.

Et cette militante féministe d’évoquer avec amertume la situation actuelle : « Je suis désespérée de voir qu’un trop grand nombre de femmes ne prend toujours pas de moyens de contraception. Désespérée de voir qu’il y a en France, encore aujourd’hui, plus de 200.000 IVG chaque année. Mais ce droit est une nécessité ». »

D’un côté, il faut ce droit, mais s’il est possible d’éviter, n’est-il pas moralement juste de le faire ?

A moins qu’on considère que seul compte son propre choix, sa propre individualité – et c’était justement à cela que voulait aboutir la droite libérale en organisant à sa manière le droit à l’IVG après 1968.

Catégories
Politique

Simone Veil au Panthéon : une figure de la Droite

Le manque de connaissances politiques et culturelles est si grande en France qu’on arrive à faire passer Simone Veil, qui hier a vu son cercueil placé au Panthéon, pour une personnalité progressiste, elle qui a toujours été une figure de droite. En 2007, elle est tout de même à la tête du comité de soutien de Nicolas Sarkozy, et ce n’est pas pour rien !

C’est que son image de femme pour les femmes et pour la paix est en réalité le masque d’une femme pour l’ultra-libéralisme et pour une Europe opposée aux projets de la Gauche… C’est une femme qui a été une figure de la Droite.

C’est qu’il existe une grande opération visant à la présenter comme une « féministe », alors qu’en réalité elle relève de la ligne libérale la plus traditionnelle, celle qui veut élargir les « droits » en renforçant le marché.

Parce qu’il ne faut pas se leurrer, la légalisation de l’avortement n’a pas représenté autre chose qu’une négation d’une question sociale au profit d’un basculement dans le choix individuel. Cela a toujours été sa position, au sein d’ailleurs d’un gouvernement de droite.

De droite et pas seulement. Figure de la grande bourgeoisie, Simone Veil devait côtoyer des éléments historiquement fascistes, ce qu’elle a tout à fait accepté.

En 1978-1979, elle est par exemple ministre de la santé d’un gouvernement dont le ministre du budget est Maurice Papon, impliqué dans la collaboration et préfet de police de Paris ultra-répressif de 1958 à 1967.

Un autre exemple est connu. Lors d’un conseil des ministres, le premier ministre Raymond Barre avait parlé de  « lobby juif » et elle avait menacé au président de la République Valéry Giscard d’Estaing de démissionner à la prochaine incartade. Mais lorsque Raymond Barre parlera, à la suite de l’attentat contre la synagogue de la rue Copernic, des passants comme de « Français innocents » touchés (à l’opposé donc des Juifs), elle ne démissionnera pas pour autant.

Autre exemple : en 1979, aux élections européennes, Simone Veil représente l’UDF et sur sa liste on a en position éligible, Robert Hersant – un grand patron de presse ayant collaboré. Voici comment elle justifie cela :

« La composition de la liste m’a presque totalement échappé. En particulier, la présence de Robert Hersant, dont le passé vichyssois était désormais connu de tous, ne me faisait aucun plaisir, c’est le moins que l’on puisse dire.

On m’avait expliqué qu’il était difficile de se mettre à dos le propriétaire du tout-puissant Figaro. Une fois encore, la politique l’emportait ainsi sur les principes moraux. Ma seule échappatoire se référait à l’ancienne appartenance du patron de presse à la FGDS, le groupuscule politique qu’avait naguère dirigé François Mitterrand. J’avais donc tout loisir de renvoyer les socialistes qui m’attaquaient sévèrement sur ce sujet à leurs propres contradictions, ce que je ne me suis pas privée de faire.

Il reste que, pour la première fois de ma vie, j’avais accepté, pour de basses raisons d’opportunité, un compromis qui avait à mes yeux l’allure d’une compromission… »

Simone Veil est une personnalité politique de droite, qui a modernisé, rien de plus. Le reste est du spectacle, comme lorsque Le Monde célèbre des gens glorifiant Simone Veil, le collectif « merci Simone », composé de gens avouant n’avoir rien lu d’elle…

 

On l’aura compris, pour bon nombre ayant prétendu être de gauche (mais contre la classe ouvrière, contre le marxisme, contre le mouvement ouvrier, etc.), par « progressiste », il faut bien entendu désormais comprendre désormais libéral-modernisateur. Simone Veil est en ce sens le symbole d’un féminisme qui n’est qu’un carriérisme ouvrant des portes aux femmes, comme si le féminisme n’avait pas de contenu en soi.

Et c’est là qu’on voit que la droite et tous les courants « post-modernes » ont la même approche de refuser au féminisme une essence, comme le pacifisme, l’amour des animaux, la défense de la vie, l’écologie.

Voici comment le gouvernement, de manière officielle, présente l’intérêt du parcours de Simone Veil.

« Après avoir fondé une famille, puis entamé une carrière dans la magistrature, en 1974, elle devient du jour au lendemain la femme politique française la plus célèbre et la plus populaire, réussissant à faire adopter en tant que ministre de la Santé la loi qui porte son nom, relative à  l’interruption volontaire de grossesse (IVG).

Figure emblématique du combat des femmes, elle a occupé au sein de l’administration comme en politique des postes jusque-là inaccessibles aux femmes : première femme secrétaire du Conseil supérieur de la Magistrature (CSM), première femme à siéger au conseil d’administration de l’ORTF (1972), première femme présidente du premier Parlement européen élu au suffrage universel (1979), première femme ministre d’État (1993).

Membre du Conseil constitutionnel de 1998 à 2007, elle a également été en 2008 la sixième femme à être élue à l’Académie française et à entrer sous la Coupole en mars 2010, occupant à la suite de Paul Claudel, Pierre Loti et Pierre Messmer le fauteuil numéro 13, qui fut aussi celui de Jean Racine. »

Le combat des femmes serait de pouvoir prendre des postes pris auparavant par les hommes. Il faudrait une femme capable d’appuyer sur le bouton du déclenchement de la guerre nucléaire. C’est là ne rien comprendre aux valeurs patriarcales que justement le féminisme dénonce ou devrait dénoncer.

Et c’est là qu’on voit aussi et surtout la valeur du dispositif faisant de Simone Veil une « féministe ». Car il est prétendu que son soutien à l’Europe va dans le sens de la paix.

En réalité, c’est une Europe militariste, alliée aux États-Unis, prête à la troisième guerre mondiale, sur la base d’un anti-communisme forcené, dont il faut parler : voilà ce qu’a soutenu Simone Veil.

En apparence, elle a parlé des droits des femmes et de la paix, en réalité elle a soutenu l’individualisme et la formation d’un bloc capitaliste libéral et militariste. Elle a toujours fait partie de la haute bourgeoisie, fréquenté des gens au coeur du capitalisme.

Regardons d’ailleurs les faits. Alors qu’elle est décédée en 2017, avant même sa mort de nombreux établissements portaient son nom : l’école primaire d’Héry-sur-Alby (Haute-Savoie), les collèges de Châtillon (Rhône), de Mandres-les-Roses (Val-de-Marne) et de Villers-Bocage (Calvados) et l’école maternelle et élémentaire de Vigneulles-lès-Hattonchâtel (Meuse), le lycée régional de Valbonne Sophia Antipolis (Alpes-Maritimes), une école primaire d’Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine), une école primaire de Bourgoin-Jallieu (Isère), une école maternelle de Drancy (Seine-Saint-Denis), un collège à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), un établissement régional d’enseignement adapté d’Amilly (Loiret), un lycée professionnel à Angers (Maine-et-Loire), un collège de Châteaurenard (Bouches-du-Rhône), un lycée des métiers des services administratifs, de la relation commerciale et services à la personne de Charleville-Mézières (Ardennes), une école maternelle et élémentaire à Hérouville-Saint-Clair (Calvados), un collège de Crevin (Ille-et-Vilaine), l’hôpital public d’Eaubonne (Val d’Oise), la faculté de médecine PIFO (Paris Île-de-France Ouest), un amphithéâtre de la faculté de médecine d’Angers (Maine-et-Loire)…

On peut mentionner également la promotion 2000 de Sciences Po Lille, la promotion 2003 de l’École nationale de la magistrature, la promotion 2006 de l’École nationale d’administration, la promotion 2010-2011 des Inspecteurs-élèves de l’École nationale des finances publiques, la promotion (2014-2016) du Cycle supérieur de management de l’Institut national des études territoriales (INET), la promotion 2015-2016 du Master 2 Droit pénal et sciences criminelles de l’université de Strasbourg la promotion 2015-2016 de l’École des avocats Aliénor de Bordeaux, la promotion 2016-2017 de l’École du Centre-Ouest des avocats de Poitiers, etc.

Cela en dit long sur la valeur qu’elle a joué dans le dispositif idéologique de la Droite.

Catégories
Politique

Une « marche des fiertés » entièrement vendue à l’ultra-libéralisme

Hier se tenait la « marche des fiertés » à Paris qui rassemble plusieurs centaines de milliers de personnes chaque année et est organisée par l’Inter-LGBT depuis une dizaine d’années. Ce n’est plus la gaypride, mais une mise en avant tous azimuts de l’individualisme, selon l’adage « chacun pour soi, la sécu pour tous ».

En arrière-plan, bien sûr, la PMA et la GPA.

Marche des fiertés 2018

Sans doute que tout est dit lorsqu’on s’aperçoit que parmi les soutiens à cette marche, on a Mastercard et Tinder, c’est-à-dire la carte de crédit et le « coup d’un soir ».

La romance, l’amour ? Cela ne « compte » pas, à une époque où tout compte. Surtout dans une grande métropole comme Paris, qui s’est embourgeoisé comme jamais ces 20 dernières années.

Aussi, la mairie de Paris avait décidé de décorer d’arc-en-ciel certains passages piétons du centre de Paris. Certains ont été dégradés et la mairie a réagi en annonçant que les arc-en-ciel de certains passages piétons seront permanents.

Passage piéton arc-en-ciel à Paris

Le choix du quartier résume d’ailleurs toute une évolution de Paris. Ce fut un quartier juif et populaire… Puis cela a été un quartier gay sur un mode festif-décadent… C’est aujourd’hui le bastion de Airbnb, avec donc plus de touristes logeant ici que d’habitants !

Certains abribus ont étalement été mis aux couleurs arc-en-ciel, et même l’assemblée nationale. La mairie de Paris disposait d’un char officiel, où Anne Hidalgo était présente. Rappelons qu’elle cherche à se faire réélire, ce qui est mal parti.

Marche des fiertés 2018 - Assemblée nationale

Marche des fiertés 2018

Marche des fiertés 2018 - Paris est fière

Une telle reconnaissance, tant par de grandes entreprises que par la mairie et une assemblée d’une des principales puissances économiques et militaires du monde, montre l’absence de contenu démocratique de toute ces démarches.

Notre société est fondamentalement réactionnaire, donc si l’assemblée nationale et la mairie de Paris décident de mettre des arc-en-ciel partout, c’est que ce symbole est au mieux vide de sens, et au pire qu’il est conforme aux exigences du capitalisme en France.

Ensuite, les exigences de l’inter-LGBT et des associations qui suivent le mouvement vont dans le sens d’une reconnaissance d’individus aux droits particuliers. La marche des fiertés veut des communautés et que chaque personne puisse vivre sa vie individuellement-séparément.

Le tout avec un fond décadent. Citons pour exemple la présentation d’une soirée qui a eu lieu au tout début de la quinzaine des fiertés : « La Grosse Orgie ».

« La Grosse Orgie – Playnight et Gras Politique présentent la première sex party fat positive en mixité choisie

Le 15 juin, au Next, tous les corps sont les bienvenus, pour une fête sans obligations et sans injonctions. Nos enveloppes, débarrassées de leurs masques, pourront danser, se découvrir et se laisser aller dans la bienveillance, le kink et la décadence. Laisse tes complexes au vestiaire, ton corps est une machine à plaisir, quel que soit ton poids, ta taille, ton genre, nous t’offrons une bulle enchantée l’espace d’une soirée (non mixité choisie, cismecs sur cooptation). […] »

http://agenda.quinzainedesfiertes.com/quinzaine2018/detail/25/152908920000

La soirée proposait bien évidemment une « backroom » (lieu de baise, ni plus ni moins). Toujours plus de communautés, toujours plus de nombrilisme, toujours plus de glauque.

A partir du moment où il n’y plus de perspective universelle, on voit bien que tout mouvement sombre dans le libéralisme. Le mariage homosexuel est une revendication démocratique. La PMA, le changement d’identité des personnes trans ne le sont pas : ils se focalisent sur les individus, leurs ressentis et leurs choix.

Il faut choisir : ou bien défendre des principes de couples, de romance et d’être humains génériques, ou bien défendre des individus morcelés avec des revendications aliénées. Socialisme ou libéralisme : chaque avancée de l’un affaibli l’autre. Les mouvements dits « LGBT » ont choisi la deuxième option. Nous défendons la première.

PMA pour toutes : toujours plus de libéralisme

Parmi les mots d’ordre de la marche et des participants en général se trouve celui de la PMA pour les couples de femmes et les femmes seules : le revendication est celle du droit à l’enfant. Personne n’a le droit à avoir un enfant, ce sont les enfants qui ont des droits. Cette revendication considère les personnes comme des entreprises individuelles et la société comme un ensemble d’échanges marchands entre elles : tant que tout le monde est consentant, il ne faut pas interdire et laisser faire.

Demander la PMA pour les femmes seules ou les couples de femmes revient à nier la dimension naturelle de l’être humain. Réduire la conception d’un enfant à un simple acte technique revient à considérer l’enfant comme un bien. Un enfant n’est ni un droit ni une marchandise. Un enfant ne saurait être autre chose que le fruit d’une décidée réfléchie au sein d’un couple solide qui l’élèvera.

Malheureusement, beaucoup de personnes font des enfants pour des raisons très critiquables. Mais cela ne doit pas être une raison pour s’enfoncer toujours plus dans la folie.

Marche des fiertés 2018 - PMA

Inter-LGBT - PMA

 

« Autodétermination »

Cette revendication concerne en premier lieu les personnes trans et d’une manière générale, toutes les personnes qui refusent la binarité homme-femme. Pour les personnes trans la revendication est la même depuis des années : le changement d’état civil.

Être homme ou femme n’est ni positif ni négatif. C’est une réalité objective, naturelle. De la même manière qu’il y a des mâles et des femelles chez les autres animaux, l’humanité est composée d’hommes et de femmes.

Demander un changement d’état civil selon les ressentis de chacun révèle du libéralisme le plus complet, c’est le règne du subjectivisme : c’est une fuite en avant totale.

La marche des fiertés n’a donc pas trahi quoi que ce soit. L’édition de 2018 n’est que la suite logique d’un mouvement qui est toujours plus libéral.

Marche des fiertés 2018
« Mon corps, mon genre, ta gueule »

Une défaite de la gauche française

La gauche française a encore montré à quelle point elle était pourrie par le libéralisme. Toute la gauche soutient la marche et plusieurs partis et syndicats ont même eu leur cortège. Toute cette marche est à l’opposé des valeurs de Gauche, pourtant tout le monde se précipite à la manifestation. Tout le monde veut y être vu, annoncer son soutien pour faire bien. Il n’y a que de l’apparence et du populisme qui servent à masquer le vide idéologique.

Marche des fiertés 2018 - « PMA par 49.3 »

Marche des fiertés 2018 - France insoumise, « Ma PMA, mon choix »

Catégories
Culture

Le double caractère des vidéos de Youtubers sur internet

Ce qui est produit sur les plateformes de partage de vidéos en ligne, comme YouTube, ne relève pas unilatéralement de quelque chose d’artificiel, d’une virtualité qui serait « coupée » du réel. Il y a un double aspect, qu’il faut comprendre.

Les plateformes diffusant des vidéos sur internet, en particulier YouTube de par le nombre d’utilisateurs, sont dans une certaine mesure un espace d’expression de la volonté d’aller vers toujours plus de compréhension, vers l’analyse, mais aussi le partage, l’intelligence collective.

Prenons par exemple le nombre significatif de vidéos tutoriels. Elles sont disponibles sur un grand nombre de sujets, sur le bricolages, la cuisine, les activités ludiques ou sportives, mais aussi scientifiques. Presque chaque thématique scientifique a ses vidéos : l’histoire, la botanique, la géologie, l’économie, etc.

On a donc là quelque chose de particulièrement intéressant. En plus d’être stimulant, c’est un véritable outil potentiellement démocratique. C’est un espace ouvrant la possibilité de dépasser les contradictions entre travail manuel et travail intellectuel, de diffuser et partager largement les connaissances en accès totalement libre.

Mais ces plateformes, à commencer par YouTube, ne sont pas des outils populaires mis gratuitement à la disposition de tous dans cette perspective potentielle. Déjà parce qu’à la base, ce sont avant tout des espaces commerciaux devant permettre de générer du profit pour des groupes privés extrêmement puissants. Ce sont surtout les fameux GAFA, dont pour ce qui nous intéresse ici justement : Google.

L’action de ces groupes se situe dans le cadre juridique des grands États capitalistes. Ils entretiennent avec ceux-ci un rapport de force tendu, mais situé néanmoins dans le besoin d’un appui paradoxal et cependant largement mutuel.

D’autre part, parallèlement à cette base déjà contradictoire, la perspective démocratique n’en reste pour ce qui est le plus significatif, qu’au stade de la potentialité.

Ce qui compte, c’est le nombre de « clics », c’est-à-dire de connections pour ouvrir une vidéo. Et c’est le principal critère de « monétisation » utilisé par l’algorithme imposé par la situation de monopole de Google.

Donc, les productions les plus mises en avant et celles qui sont le plus « vues » s’auto-nourissent des faiblesses culturelles, des préjugés, des raccourcis, du racolage, de la régression, etc. Elles reflètent toujours un peu plus la décadence des valeurs dans le libéralisme porté justement par ces grands monopoles comme Google.

On est vite submergé par le narcissisme sous tous les prétextes, par la culture « buzz », les placements de produits, les « punchlines » les plus stupides, les clashs, la vulgarité et finalement purement et simplement le glauque.

C’est le royaume du grotesque allant jusqu’à l’ignoble.

Les vidéos sur internet sont ainsi une formidable outil de culture populaire et d’expression démocratiques. Elles existent cependant dans une réalité économique et un cadre culturel qui sont décadents. Les valeurs ne sont pas les bonnes et les tentatives d’être utile socialement sont bien souvent trop limitées.

Une société nouvelle, qui sera démocratique et populaire, aura forcément besoin de ces espaces d’expression. La gauche en tant que porteuse d’un projet de société, d’un idéale de vie, ne peut qu’être intéressé au plus haut point par cela.

Le rôle de la Gauche est certainement de montrer en quoi un bond en avant est nécessaire. Les vidéo sur internet doivent devenir productrices de culture et de valeurs nouvelles. Elles ne pourront pas se limiter éternellement au reflet des tracas d’une jeunesse habile et intelligente, mais marquée surtout par l’amusement et l’anecdotique.

Catégories
Société

Défaite de l’Allemagne en football et nationalisme français de la « France Insoumise »

La France Insoumise s’est lancée dans une opération de nationalisme anti-allemand forcené à la suite de l’élimination, au premier tour de la coupe du monde, de l’équipe d’Allemagne. Cette dernière a connu une défaite récurrente ces dernières années de la part du champion en titre s’imaginant pouvoir se reposer sur ses acquis et échouant à reconquérir son titre (et non pas simplement le conserver).

Ce qui ressort ici, ce sont les valeurs du nationalisme français le plus traditionnel qu’on retrouve chez la France Insoumise, en opposition frontale avec les valeurs de la Gauche qui n’ont jamais assimilé un peuple à son gouvernement, ni d’ailleurs un peuple à un préjugé négatif quelconque.

Malheureusement, ce sont bien évidemment les partisans de l’Union Européenne dans sa version libérale, capitaliste, qui ont été aux premières loges pour le dénoncer. Car c’est un affrontement entre libéraux et nationalistes auquel on assiste ici, ce qui est un piège terrible.

Les libéraux, les capitalistes, prétendant améliorer les conditions matérielles et empêcher la guerre grâce à l’Europe, ce qui est de moins en moins vrai et bientôt ne le sera plus du tout.

Les nationalistes veulent que leur pays tirent leur épingle du jeu le plus vite possible, en faisant cavalier seul.

C’est à cette catégorie qu’appartient la France Insoumise et son populisme. C’est bien toute une stratégie, profitant de toutes les opportunités. On a d’ailleurs Manuel Bompard, coordinateur des campagnes de la France insoumise, qui parle à cette occasion de dégagisme.

Djordje Kuzmanovic, responsable « géopolitique » de la France insoumise, a la même interprétation populiste. On remarquera qu’il présente la France comme une colonie allemande, ce qui est un discours relevant de l’idéologie nationale-révolutionnaire.

Bastien Lachaud, député LFI de Seine-Saint-Denis, a publié un tweet enlevé par la suite, disant :

Merci aux Coréens, Battiston est enfin vengé – Séville 1982 ! Dégageons Angela Merkel pour venger les peuples européens

Adrien Quatennens, député LFI du Nord, a tenu des propos dans le même esprit.

Jean-Luc Mélenchon a par ailleurs tout fait pour souligner le trait, déjà bien forcé.

Preuve de la démagogie de Jean-Luc Mélenchon, voici ce qu’il a pu mettre en avant juste avant ces propos.

Plus de guerre, plus de compétition, puis peu après la dénonciation nationaliste de l’Allemagne. Tout cela est d’ailleurs un fourre-tout lamentable, puisqu’en même temps on trouvait cela : Merkel associée aux panzers, qui dépouillerait la France.

L’échec de la Gauche est terrible : il accorde des espaces aux chauvins, aux nationalistes, aux antisémites, qui se prétendent contre le capitalisme, contre l’impérialisme, pour mieux mobiliser dans un sens nationaliste.

Ce qui est totalement ressemblant à l’Italie des années 1920, l’Allemagne des années 1930, avec l’utilisation du ressort « national » pour mobiliser prétendument pour du « social ».

Catégories
Société

Serndip : des rencontres sans lendemain contre les relations sincères

Serndip est une énième application de rencontre disponible sur smartphone depuis début 2018. Comme chacune, elle se veut complètement différente, le principe est de mettre l’accent sur des rencontres autour d’activités. Bien évidemment, elle propose de faire des vraies rencontres, de trouver sa moitié, etc. Contrairement au gros concurrent du secteur : Tinder et sa réputation des « dates Tinder » sans lendemain.

Serndip publicité : 18 heures bowling, 22 heures strike
Ignoble

Pourquoi parler de Serndip aujourd’hui ? Parce qu’elle a lancé une grand campagne de publicité. Une campagne où chaque affiche est une attaque contre l’idée même d’une relation sincère, d’une véritable romance.

L’une des affiches atteint des sommets dans le glauque, on y voit une deux blocs de texte dans lesquels sont incrustées des images. On lit « 18 heures bowling » en haut avec le visage souriant d’une jeune femme, et « 22 heures strike » en bas avec deux paires des pieds sous une couette. Où est la romance, la sincérité là-dedans ? Sans même parler de la femme considérée comme trophée sexuel…

L’entreprise derrière l’application affirme pourtant :

Le réel, l’alchimie, le partage, l’échange, les passions : tout ce qui fait le sel de la vie et de la rencontre amoureuse… C’est exactement ce qui manque aux applis et sites de dating contemporains. (source)

Où est l’amour dans des affiches qui ne parlent que de sexe et de conquêtes ? Où est le partage lorsque l’on considère comme une victoire, un « strike », de coucher avec une personne moins de quatre heures après la première rencontre ?

Mentionnons également cet extrait de la FAQ :

Les évènements de Serndip sont-ils uniquement composés de célibataires ?

Serndip est une application dite de rencontres, de “dating”. Elle a vocation à créer des relations amoureuses. Par conséquent, ses membres s’y inscrivent car ils cherchent à rencontrer l’amour, que ça soit une aventure, une relation poly-amoureuse ou exclusive. Il n’y pas de règles, on peut vouloir un type de rencontre et passer d’un type de relation à un autre.

De l’amour dans une aventure ? De l’amour dans le poly-amour ? Pas de règles ? Comment peut-on être à ce point hypocrite ? Tout cela est abject et à des années lumières du mouvement ouvrier et de ses principes.

Finissons par la série d’article « Dating anatomy » qui sont une tentative de paraître vrai, d’être en phase avec son époque. Les personnages sont forcés, racoleurs et vides, incroyablement vides. Il n’y a aucune profondeur. Et le dessin est à l’image du contenu : une catastrophe.

Serndip, dating anatomy : encore et encore
Critiquer Tinder pour faire… presque pareil ?

Prenons par exemple l’épisode « Encore et encore… ». On y découvre trois histoires centrée autour d’une jeune femme, elle rencontre et couche avec une nouvelle personne chaque semaine. A chaque les rencontres se font via une application baptisée « Pecho+ » et à chaque fois cette femme est déçue.

L’attaque contre Tinder est évidente. Mais, au fond, que critique Serndip ? Certainement pas le fond : il n’y a aucune dénonciation des relations sans lendemain, aucune remise en question du manque criant de sentiments dans cette BD. Au final l’application ne propose que de consommer mieux, pas d’envisager différemment les relations entre les personnes.

Entre les personnes complètement corrompues moralement (poly-amour, refus du couple) et toutes celles cherchant tant bien que mal à vivre quelque chose de sincère, il y a une place pour toutes ces applications de rencontres. Et à l’heure des startups, de plus en plus de personnes comptent bien en tirer de l’argent.

Il faut remettre la romance, la sincérité et le couple au centre des relations entre personnes. Il faut dénoncer les délires libéraux de relations poly-amoureuses, non-exclusives. Il faut en finir avec le libéralisme-libertaire issu de « mai 68 », revenir aux idéaux de « mai 68 » d’une société libérée du capitalisme et de sa corruption.

Catégories
Politique

La philosophie pragmatique et rassurante d’Emmanuel Macron

Le libéralisme d’Emmanuel Macron constitue une puissante vague qui révèle en symétrie de manière terrible l’impuissance et l’absence totale de crédibilité, sur le fond comme sur la forme, de la contestation de la « gauche » majoritaire. Celle-ci, en raison notamment de la force du populisme agité par la France Insoumise de François Ruffin ou Jean-Luc Mélenchon, n’est pas en mesure de faire face aux exigences brutales d’Emmanuel Macron, ni même simplement en mesure de le comprendre, de comprendre en quoi celui-ci incarne quelque chose qui à la fois tétanise les masses et les fascine.

D’abord, Emmanuel Macron n’est pas un personnage sorti de nulle part. Il n’est pas le produit d’une « oligarchie mondialiste » plus ou moins organisée en « hyper-classe », suivant un « plan » ou un « agenda », avec le soutien de la « finance apatride » et des média « mainstream ».

Tout cela est du jargon populiste, de la capitulation de la pensée et pour tout dire, une trahison de la gauche en ce que cette ligne mène tout droit au nationalisme. Emmanuel Macron représente au contraire quelque chose de tout à fait précis, de tout à fait identifiable et de compréhensible, au sein de notre société, au sein de notre pays et de son histoire, au sein de la lutte des classes.

Il est vrai qu’immédiatement, on perçoit Emmanuel Macron comme un genre « d’homme pressé », un peu comme dans la célèbre chanson de Noir Désir : un genre de bourgeois post-moderne, technocrate, métropolitain et cosmopolite.

Cette perception, quoique superficielle, est néanmoins correcte. Emmanuel Macron est d’abord en tant que personne, le produit d’une éducation et plus profondément de tout un pan de notre culture nationale, dans ce quelle a de plus réactionnaire même. Emmanuel Macron, c’est l’incarnation d’abord du pragmatisme, de cet esprit pratique, anti-matérialiste, réputé « empirique », qui nie les contradictions, entend trouver l’équilibre, réconcilier.

Cet état d’esprit flatte une bonne partie de la France, et même hors des métropoles, en ce qu’elle représente la stabilité, l’ordre, la « raison » ordonnée. On la retrouve ainsi autour de nombreuses figures de notre histoire : Richelieu, Louis XIV, Napoléon Bonaparte, Napoléon III, Jaurès, Pétain, De Gaulle.

L’idéologie compte peu, voire pas du tout pour ces figures, ce qui compte c’est rassembler, gouverner avec une méthode pratique qui serait tout simplement la meilleure, sinon la seule possible, en bon père de famille, rassurant et puissant. Pas d’idées, pas de fond, mais une belle forme. Parfois, il est vrai, c’est très baroque : c’est qu’il ne faut pas oublier que les plus riches sont les plus décadents.

On aurait donc tout à fait tort de sous-estimer la flatterie que représente Emmanuel Macron aux yeux d’une partie de notre pays, bien plus large même que ces seuls électeurs d’ailleurs. Et le fait qu’il soit jeune, dynamique, « moderne » est encore mieux. Cela dépasse donc le cadre même des institutions de la Ve République, qui jouent à fond cette carte de l’homme providentiel, du « monarque républicain », c’est un véritable rapport culturel que la gauche doit absolument comprendre pour être en mesure de le briser.

Emmanuel Macron est aussi un produit des Grandes Écoles françaises : Lycée Henri IV, classes préparatoires en Lettres après un Baccalauréat scientifique, obtenu avec une mention Très Bien, IEP de Paris, ENA de Strasbourg, classé 5e.

Il a été pendant ses études un assistant de l’écrivain, revendiqué comme philosophe par la bourgeoisie, Paul Ricoeur et un membre du comité de rédaction de la revue bourgeoise de haut niveau qu’est Esprit.

Il s’inscrit ainsi tout à fait dans la continuité de la technocratie française, de la tendance planiste, experte, coupée des masses mais qui se veut néanmoins « républicaine », au service non seulement de l’État mais aussi du peuple.

Mais Emmanuel Macron est une figure qui pousse cette logique plus loin même. Ses prétentions culturelles voire intellectuelles le traduisent bien, tout comme la référence à Paul Ricoeur, personnage presque inconnu du grand public.

Même sans l’avoir étudié ou lu, les masses française connaissent ainsi Karl Marx par exemple et ont quelques idées sur le contenu de sa pensée. Ni l’une ni l’autre de ces affirmations ne sont vraies pour Paul Ricoeur, mais sa pensée et surtout le courant qu’il représente ont néanmoins inspiré tout un pan de la pensée intellectuelle de notre pays, que l’on peut qualifier de post-moderne, de Jean-Paul Sartre à Alain Finkelkraut, et indirectement donc, de l’éducation même des masses.

Paul Ricoeur, mort en 2005, a quand à lui essayé de développer une pensée qualifiée de « phénoménologie ». Pour la décrire rapidement, il s’agit de réduire l’être humain à l’individu d’une part, et d’autre part sa pensée à la seule captation des « phénomènes » : c’est à dire de l’expérience vécue (que chaque personne devrait donc renouveler, tout à fait dans l’esprit « nuit debout ») et du contenu de la conscience, c’est à dire des choses que l’on ne connaît pas par expérience mais par intuition.

C’est par cette recherche de l’intuition d’ailleurs que Paul Ricoeur en particulier a réintroduit la théologie dans cette démarche « phénoménologique ». Paul Ricoeur en effet, lui-même ayant enseigné à la Faculté de théologie protestante de Strasbourg puis de Paris, place en quelque sorte Dieu au bout de la pensée, des intuitions, comme base du bien.

La vie humaine serait donc au maximum une sorte de quête individuelle de la connaissance qui aboutirait par les expériences et « l’intuition » à Dieu au bout du compte et dans le meilleur des cas. La « phénoménologie » nie donc tous les rapports sociaux collectifs au profit d’une réduction à l’individu dont la seule perspective commune avec les autres serait une éventuelle communion abstraite en Dieu par une éthique partagée.

C’est cette transcendance qui guiderait la morale, ou « l’éthique » et motiverait l’action en vue du bien. Ce n’est donc ni plus ni moins qu’une sorte de « déisme » rebouilli, typique de l’esprit bourgeois français, mais dans une perspective néanmoins pessimiste désormais.

C’est exactement ce qui « structure » la pensée d’Emmanuel Macron, et donne une part quasi-mystique à sa démarche pragmatique, qu’il vit comme une « aventure » éthique personnelle mais transcendante, qui lui donne son style et son assurance.

Cela poursuit toute une tendance bourgeoise, technocratique et « chevaleresque » affirmée depuis l’École d’Uriage en passant aussi en partie par Mai 1968.

Il n’y a donc rien de plus faux que de tenter de décrire Emmanuel Macron comme une sorte de parasite crée par « l’oligarchie », de dire qu’il serait « étranger » au fond à la France, sinon celle des bobos cosmopolites des métropoles ou des grands groupes financiers, de la « banque ».

En réalité, Emmanuel Macron est un produit de toute une part de la culture nationale de notre pays tel que forgée par la bourgeoisie. En cela, il représente donc une part de l’esprit français, même en-dehors du soutien des média, sa popularité vient du fait qu’il constitue une figure identifiable, familière, rassurante et flatteuse auprès d’une large partie de la population française.

Voilà pourquoi les critiques velléitaires et populistes se rencontrent pas d’écho dans les masses. La Gauche telle qu’elle est majoritairement organisée face à Emmanuel Macron et son libéralisme ne fait tout simplement pas le poids, elle n’est pas au niveau. Sa critique superficielle, ses mises en scènes ridicule se brisent sur la volonté d’Emmanuel Macron de ne plus faire semblant d’écouter la contestation velléitaire de la « rue » et de la gauche institutionnelle, de montrer en quelque sorte que le cinéma qu’entretient cette gauche s’imaginant défendre le peuple est fini, que le « réel » et le sérieux sont de retour.

Il y a là une question d’exigence culturelle absolument capitale : il faut élever le niveau, être à la hauteur des attaques.

Catégories
Société

Le sens de la polémique sur les adoptions par des parents homosexuels

La semaine dernière a vu enfler une polémique d’ampleur nationale autour du droit des couples homosexuels. A la suite de l’interview d’une fonctionnaire des services de l’adoption du département de Seine-Maritime, une plainte a été déposée par une association de personnes homosexuelles (Association des familles homoparentales) pour discrimination. Une enquête a été ouverte par le parquet de Rouen.

Voici la retranscription des propos tenus à l’antenne de France Bleue Normandie, le 18 juin :

La journaliste : « Est-il plus compliqué pour les couples homosexuels que pour les hétérosexuels d’adopter un enfant de trois mois qui va bien en Seine-Maritime ?

La fonctionnaire : « Il y aura des parents qui correspondent davantage aux critères requis  »

La journaliste : «  Et donc pas un couple homosexuel ?  »

La fonctionnaire :  » Ben non. Les couples homosexuels sont eux-mêmes un peu atypiques, si on peut dire, par rapport à la norme sociale et à la norme biologique, donc si leur projet supporte des profils d’enfants atypiques (…), si les couples homosexuels ont des attentes ouvertes, ils peuvent très bien adopter un enfant »

La journaliste : « Pour les couples homosexuels, l’adoption reste envisageable si leur projet supporte des profils d’enfants atypiques?».

La fonctionnaire : « Des enfants dont personne ne veut, puisqu’il y a des gens qui ne veulent pas adopter des enfants trop cassés, trop perturbés psychologiquement, trop grands, handicapés… Ces enfants-là ont des perturbations qui ne sont pas recherchées par les couples et c’est normal. »

Interrogé sur franceinfo, le président de l’association des familles homoparentales s’insurge :

« Ce qu’elle dit, c’est que les enfants dont personne ne veut, comme les enfants trop cassés, handicapés, pourraient faire l’objet d’une adoption par les couples homosexuels, mais ils ne seraient pas prioritaires. Tout ça c’est de l’homophobie, cela relègue l’idée qu’on serait des sous-citoyens, qu’on devrait passer après tout le monde. »

C’est là un discours : celui du droit à l’enfant. A lire de tels propos on pourrait penser qu’il y a des adoptions en masse qu’on se procurerait comme des produits vaisselle au supermarché et qu’on priverait certaines personnes du droit de consommer.

C’est là du libéralisme, qui s’est accompagné du refus du débat démocratique sur ce qu’est une adoption, ce que sont des parents.

D’ailleurs, sommé de s’expliquer, notamment par les jeunes socialistes de son département, le Président (UDI) du Conseil Départemental concerné s’est désolidarisé de son agent, faisant état de nombreuses actions de son institution en faveur des personnes homosexuelles et contre leur discrimination.

C’est là déplacer le problème, saborder une expertise concernant l’adoption – qu’elle soit bonne ou mauvaise il la faut et donc il faut en débattre.

Jacques Toubon, le Défenseur des Droits, s’est pareillement auto-saisi de la question. Interpellée à plusieurs reprises sur les réseaux sociaux, Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat en charge de l’égalité femmes-hommes, a réagi dans un communiqué : « Aucune discrimination ne saurait être tolérée. »

Mais, est-ce bien la question principale ici ? Non. La question n’est pas celle des droits des personnes homosexuelles. Pour le comprendre cela, il faut établir les faits en se gardant de tout sensationnalisme. Quels sont-ils?

L’adoption est un des domaines de la protection de l’enfance. L’Etat, au travers de l’ « aide sociale à l’enfance » exercée par les Conseils Départementaux, prend en charge les enfants privés de parents.

Ces pupilles d’Etat peuvent être proposés à l’adoption. Ce sont donc les enfants qui sont les bénéficiaires de la procédure d’adoption, en vue de leur trouver une famille. Il n’existe pas de droit à avoir un enfant.

En revanche, il existe un droit pour les couples, parmi lesquels les couples homosexuels, de se voir attribuer un agrément en vue d’adoption. Cet agrément est délivré par le Conseil Départemental.

Il s’agit d’un acte administratif attestant de la qualité du projet parental du couple et d’une certaine capacité du couple à recevoir un enfant. Si un couple se voit refuser l’agrément, il peut saisir la justice administrative pour contester la décision ce refus. Les juges annuleront, par exemple, les refus d’agrément fondés sur un motif discriminatoire.

13 700 couples munis d’un agrément en cours de validité attendent présentement de devenir les parents d’un enfant pupille d’Etat.

Cela, c’est la réalité, bien éloigné du droit à l’enfant repris par les associations et les promoteurs des droits individuels sans aucun respect pour le réel.

Et pour obtenir cet agrément, il y a une procédure. Pour cela, il faudra en effet que le conseil de famille de leur département le décide. Le conseil de famille est une instance composée d’élus du conseil départemental, de membres d’associations de pupilles de l’État et de familles adoptantes et de professionnels de la protection de l’enfance, chargée d’évaluer les candidats à l’adoption.

Guide du représentant du conseiller de famille des pupilles de l'Etat

Les enfants pupilles d’Etat ont des parcours de vie particuliers, quel que soit leur âge, ils ont tous subi des ruptures affectives. L’enjeu est de choisir parmi les candidats le couple (ou la famille) qui pourra au mieux satisfaire les besoins de l’enfant. Il s’agit d’une décision souveraine qui aura des conséquences sur des individus pour la durée de leur vie.

Dès lors, il faudrait faire preuve d’une grande inconséquence pour envisager la question du choix des parents adoptifs en terme de ratio homosexuels / hétérosexuels.

Ici, le droit à « consommer » s’oppose à la réalité, qui a sa complexité, sa dignité. On ne se procure pas un enfant, dans une adoption, c’est l’enfant qui se voit donner la chance d’avoir un foyer. C’est bien différent!

Mais cela, le populisme ne peut pas le voir, encore moins s’il ne veut pas le voir car il raisonne en  termes de droits individuels.

Et, donc, ce qui préside au choix des membres du conseil de famille, c’est le projet du couple candidat à l’adoption. Les nourrissons en bonne santé trouvent facilement des parents.

Ce n’est pas le cas pour d’autres. Certains des enfants pupilles d’Etat sont plus âgés, leur prime enfance pourra avoir été marquée de traumatismes, de carences affectives, de violences ou de négligences. D’autres sont en fratrie, d’autres encore sont victimes de maladie ou porteurs d’un handicap. Et plus de 800 enfants aujourd’hui pupilles d’Etat sont des enfants dits « à besoins spécifiques ».

La question n’est pas celle du sexe des adoptants ou de leur orientation sexuelle. Il s’agit de trouver des parents dont le projet de couple est de les accueillir avec leurs différences et capables d’adapter leur vie aux besoins de ces enfants.

Il y a eu ici un profond déplacement orchestré par la polémique, dans un sens libéral, dans le sens de la consommation : il y aurait un droit à l’enfant. Il est évident ici que l’ombre de la Gestation Par Autrui (GPA) était juste derrière, c’est-à-dire le refus de la nature et l’élargissement à tout prix du marché.

S’étonnera-t-on alors que l’association qui a lancé la polémique, l’association des familles homoparentales (ADFH), soit justement favorable à la GPA?

Catégories
Politique

Que représente l’ISSEP, l’école inauguré par Marion Maréchal ?

Marion Maréchal (anciennement Le Pen) a inauguré ce vendredi 22 juin 2018 à Lyon l’école d’enseignement supérieur qu’elle dirigera. L’institut Supérieur de Sciences Économiques et Politiques (ISSEP) a pour ambition de former des cadres dirigeants avec une vision du monde réactionnaire et culturellement de droite. Il proposera à la rentrée 2018 un Magistère (Bac +5), ainsi qu’une formation destinée au grand public, accessible sans diplôme, dispensée le week-end.

Il y a forcément quelque chose de ridicule à voir une jeune femme de 28 ans s’imaginer directrice d’une “grande École” qu’elle aurait elle-même fondé comme une “chef d’entreprise”, pour former les futures “élites” de la nation. Le logo de l’ISSEP relève d’ailleurs lui-même de la supercherie puisqu’il représente un bâtiment néo-classique rappelant l’imagerie des établissements traditionnels parisiens, alors que l’institut se situera dans les locaux flambants neufs d’un immonde quartier ultra-moderne de Lyon.

Cependant, il serait erroné de ne pas prendre au sérieux ce projet. Marion Maréchal n’est ici qu’une figure, un nom représentant une affirmation idéologique ; il y a surtout derrière elle des personnes aguerries, avec des réseaux bien en place.

Des dirigeants « haut-placés »

L’organigramme de cette école, constitué uniquement d’hommes en dehors de la Directrice, est ainsi très parlant. On y retrouve non seulement des personnalités de la droite et de l’extrême-droite traditionaliste catholique française, mais ces personnes ont aussi, ou ont eu, des fonctions importantes.

Le président honoraire de l’ISSEP Patrick Libbrecht est lui-même présenté comme un ancien haut cadre chez Danone, Materne et Kronenbourg.

Le conseil scientifique, chargé de la politique pédagogique et scientifique, est constitué par de nombreuses personnes ayant ou ayant eu des responsabilités dans l’enseignement supérieur (Université Lyon III, Collège Stanislas de Paris, Prépasup, Université Panthéon-Assas Paris II, Sciences Po Paris, École Pratique des Hautes Études à la Sorbonne, Université Wesford Genève, Université de Saint-Pétersbourg, etc.), un ancien directeur de collection aux Presses Universitaires de France, un expert reconnu par la cour d’appel de Lyon, etc.

Il faut remarquer dans ce domaine la présence de Roger Chudeau qui a eu une longue carrière dans l’Éducation Nationale en étant d’abord chef d’établissement, puis inspecteur d’académie, inspecteur général et enfin sous-directeur des enseignements des écoles, collèges et lycées, attaché au cabinet du Ministre Gilles de Robien.

Autre figure de poids, et pas des moindres, le Général d’armée Jean-Marie Faugère, ancien inspecteur général des armées et conseiller défense de la direction du Groupe THALES.

Autrement dit, on a ici à faire à des gens très sérieux, tout à fait impliqués dans les institutions françaises, dont deux Chevaliers de la Légion d’Honneur. L’ISSEP s’annonce comme étant un projet de grande envergure.

Des personnalités très marquées idéologiquement

Sur le plan idéologique, les choses sont très claires. Le conseil scientifique est co-présidé par Patrick Louis et Jacques de Guillebon, qui sont des personnalités très marquées idéologiquement.

Le premier est lié au mouvement catholique traditionnel, il est secrétaire général du Mouvement pour la France de Philippe de Villiers. Sa fille a été coordinatrice régionale de “La Manif pour tous”, est issue du courant Sens Commun et actuellement conseillère régionale LR, dans la majorité de Laurent Wauquiez.

Le domaine de Patrick Louis est celui de la “géopolitique”, c’est-à-dire, sous couvert de neutralité, l’étude de la façon dont la France peut se positionner comme grande puissance parmi les grandes puissances du monde. Il a avec lui à l’ISSEP une personne comme Pascal Gauchon, le directeur et fondateur de la revue géopolitique Conflits.

De son côté, Jacques de Guillebon représente la dimension plus culturelle du projet de l’institut. Il est un ancien journaliste au magazine Causeur et ancien directeur du mensuel catholique traditionaliste la Nef. C’est aujourd’hui le rédacteur en chef de l’Incorrect, magazine avec lequel il a organisé le très médiatique débat contre « Mai 68 », en présence de Marion Maréchal.

On retrouve à ses côtés Thibaud Collin de la revue Liberté politique, dont le numéro en cours est consacré à la critique de « Mai 68« , considérant que ce mouvement “est l’aboutissement d’une entreprise de déconstruction morale, qui s’enracine dans l’expérience des Lumières, puis de la Révolution française”.

En ce qui concerne la politique, les enseignements de l’école devraient être conformes aux positions nationalistes exprimées par Marion Maréchal devant les conservateurs américains. Pour preuve, il y a deux représentants étrangers de cette même ligne dans leur propre pays, au sein du conseil scientifique de l’ISSEP.

Raheem Jamaludin Kassam de l’UKIP (Grande-Bretagne) est une figure de la campagne pour le Brexit et Paul Edward Gottfried est le représentant d’une ligne nationaliste dure chez les conservateurs américains, et est présenté comme un ancien ami de Richard Nixon.

Une affirmation libérale et pro-business franche

Sur le plan économique, le positionnement de l’école sera là aussi très clair. Il était expliqué en introduction de la conférence de presse de présentation que le point commun des animateurs du projet est d’être “des entrepreneurs”.

L’affirmation libérale et pro-business est franche, et cela se ressent directement dans le contenu du Magistère qui relève plus de la “Business School” que de Science Po.

On y retrouve des intitulés de cours, dont de nombreux anglicismes, comme :

Développement du leadership,
Management du conflit,
Management de crise,
Management interculturel,
Mediatraining,
Communication- marketing,
Business Plan,
Calcul des coûts et des marges.

C’est une ligne de démarcation importante avec les grandes écoles françaises formant traditionnellement les dirigeants, et notamment l’ENA. Celle-ci est une école d’administration, orientée vers le secteur public, et donc avec une approche marquée à Gauche, ou en tous cas non-ouvertement capitaliste.

L’ISSEP entend au contraire être marquée à Droite, et donc puiser dans le registre de l’entreprenariat, du capitalisme assumé.

Ces enseignements se feront en lien avec des entreprises et pourront profiter de la présence au conseil scientifique d’un ancien analyste-financier dans une banque d’investissements. Les liens avec des entreprises existent déjà de part les financements extérieurs, dont ceux provenant du fonds d’investissement Fra Finances.

Cependant, cette vision libérale prétend être différente du capitalisme classique, et proposer autre chose.

“C’est la singularité et la richesse de notre projet que de faire émerger des décideurs économiques qui placeront leurs ambitions au service de projets utiles à la société et ne s’enfermeront pas dans une simple logique comptable ou financière, ainsi que des décideurs publics qui insuffleront une nouvelle vitalité à la vie politique de notre pays.”

 

Un projet « métapolitique »

De nombreux commentateurs s’égarent en cherchant à savoir si l’ISSEP représente pour Marion Maréchal un outil de “retour” en politique, comme si finalement tout devait tourner autour de la candidature à l’élection présidentielle.

La question n’est pas là et le projet porté par son école est bien plus ambitieux que cela. L’ancienne députée FN du Vaucluse a exprimé maintes fois son point de vue, en parlant de métapolitique notamment. Il s’agit pour elle d’influencer en profondeur la société française et de former des cadres à même d’occuper des fonctions dirigeantes.

Il ne suffit pas de se présenter à l’élection présidentielle avec des arguments convaincants et une équipe de communication solide. Il faut aussi des cadres solides, formés pratiquement et culturellement, aguerris idéologiquement, pour diriger l’État d’une manière nouvelle.

Marion Maréchal le dit clairement :

« Ce n’est pas un projet politique. Notre objectif est d’offrir une alternative éducative dans un monde du supérieur français que nous estimons sclérosé sur le plan intellectuel et dont les enseignements nous apparaissent insatisfaisants, en ce qui concerne notamment les écoles en charge de la formation des élites françaises.”

Quand elle dit que ce n’est pas un projet politique, cela signifie qu’elle refuse de se cantonner aux considérations politiques actuelles. Elle se situe dans une perspective bien plus grande, celle d’un nouveau régime, dans l’esprit d’une « reconquête » se déroulant subitement, telle une remise en ordre, dans l’esprit de la guerre d’Espagne ou de l’austro-fascisme.

L’ISSEP entend être au « carrefour des intelligences », c’est-à-dire qu’il veut puiser sans restriction dans les forces-vives réactionnaires françaises. Ce doit être une pépinière, et il est hors de question dans cette perspective de se restreindre, pour le moment, aux considérations politiciennes.

Un laboratoire réactionnaire

C’est pour cela que la droite traditionnelle ayant par exemple soutenue Fillon côtoient, à la direction de l’ISSEP, l’extrême-droite issue du Front National.

La formation continue proposé par l’école à côté du Magistère se veut quant à elle bien plus pratique, et utile directement. Cette formation est dispensée sur dix week-ends du samedi matin au dimanche soir pendant un an.

À lire la plupart des intitulés de cours, on croirait que le programme a été rédigé par les activistes de Génération Identitaire, par exemple :

Développement du leadership : les bonnes méthodes pour être un chef respecté
Conduite de réunion & organisation d’une équipe
Méthodes de négociation
Politique et combat culturel
Mode d’actions des minorités agissantes
Atelier créativité. Exercice mise en pratique
Optimiser et moderniser sa campagne en ligne
Développer un message persuasif, rhétorique
La communication du futur
Utilisation & optimisation de vos réseaux sociaux.
France et chrétienté, quel héritage ?
Islam et civilisation islamique
Consumérisme, laïcité, athéisme les nouvelles religions ?
Stage de cohésion sportif en nature

Il s’agit, à côté du magistère destiné aux futures “élites”, de former cadres régionaux, activistes, militants, capables de porter rapidement et efficacement un projet politique (la formation continue dispense aussi quelques enseignements liés aux campagnes électorales).

L’école revendique déjà 60 pré-inscriptions d’élèves pour son magistère, 160 pour sa formation continue, et quelque 120 candidatures spontanées d’enseignants.

L’Institut Supérieur de Sciences Économiques et Politiques entend donc devenir un lieu de convergence et d’élaboration pour le mouvement réactionnaire français. La ville de Lyon est à cet égard une place de choix. Depuis de nombreuses années, c’est une sorte de laboratoire de la droite dure, de l’extrême-droite et du fascisme dans le pays.

Cela fera certainement de l’ISSEP, ou fait probablement déjà de l’ISSEP, un bastion idéologique du fascisme en France dans sa tentative de conquête du pouvoir.

Catégories
Société

9 choses anecdotiques mais importantes sur la coupe du monde de football 2018

1. Le budget de l’organisation de la Coupe du Monde est monstrueux. Annoncé à 9 milliards d’euros, il tourne plutôt autour des 10 milliards d’euros après des ajustements de dernière minutes. A titre de comparaison, le mondial en Allemagne en 2006 avait coûté 430 millions d’euros.

Le Qatar devrait dépenser encore plus pour la Coupe de Monde 2022 : le budget annoncé est, pour l’instant, de 15 milliards d’euros, dont une grande partie pour des stades qui seront inutiles. Ce problème de stades concerne déjà la Russie puisque certains stades ont été agrandis à grand frais, alors que cela sera inutile par la suite pour les clubs y évoluant, voire même cela pourra constituer un handicap en raison des frais d’entretien.

2.La diffusion TV des matchs de coupes du monde sont perturbés de jeux SMS insupportables, y compris sur Bein Sport, qui est pourtant payante. Ils sont infantilisant, jouent sur la pulsion et l’émotion des spectateurs en annonçant des sommes immenses, avec des questions stupides, du genre : qui a marqué tel but lors de tel match, alors que cela a été dit juste avant, sans parler qu’on peut trouver l’information avec internet…

Et c’est à peine légal car les jeux d’argents sont très réglementés. Les chaînes contournent en fait la réglementation en proposant de rembourser les SMS. En pratique, cela n’est bien sûr pas réclamé par l’immense majorité des joueurs, et ces jeux sont très rentables…

3. Leroy Sané est un ailier gauche allemand et le meilleur joueur de son équipe. Il n’a pas pourtant pas été sélectionné, ce qui a provoqué de puissants remous en Allemagne. Le grand quotidien Die Zeit l’a défendu : « Leroy Sané est le genre de joueur pour lequel on regarde le football ». C’est vrai qu’il est techniquement excellent et très créatif. Seulement voilà, il est mal éduqué, trop individualiste.

Pour preuve son grand tatouage dans le dos. On y voit… lui-même célébrant un but. Il y a même le logo Nike sur ses chaussures. Quel narcissisme, quelle aliénation.

4. Normalement, on peut dire que les clubs sont l’essence du football mais les compétitions internationales sont des sortes de trêve, des moments où clubs s’effacent. Tel n’a pas été le cas avec le Real Madrid qui choisit comme nouvel entraîneur le sélectionneur national espagnol Julen Lopetegui qui avait encore pourtant deux ans de contrat.

Cela dans le dos de la Fédération espagnole et en l’annonçant juste quelques jours avant la compétition. Trop énorme : la fédération espagnole n’a pas eu le choix que de le limoger, tellement cela est irrespectueux, tellement cela représente un effondrement total sur le plan des valeurs, de la morale.

5. Pour en rester à ce thème du respect de l’équipe nationale, et la tradition qui veut que les problématiques de club s’effacent, il y a également l’affaire Antoine Griezmann. Partira, partira pas de l’Atletico Madrid ?

Il a soufflé le chaud et le froid, pour finalement l’annoncer au profit d’une chaîne privée et au mépris des supporters et commentateurs, à qui il avait promis une réponse auparavant. Le joueur français a pris le risque de perturber son équipe en plein pendant le mondial, et l’on a du mal à comprendre comment la Fédération française de Football a pu accepter cela. A moins que le star system et l’argent ne décident de tout?

6. Les Français ne sont pas des Japonais, et la réciproque est vraie. Les Japonais se sont en effet remarqués dans le stade après le match, parce qu’ils récupéraient toutes les ordures de leurs zones pour les mettre dans des sacs poubelles. Un haut degré de socialisation qui fait rêver, dans un pays comme la France où jeter n’importe quoi n’importe comment est un sport national, valorisé par tout un chacun comme de l’affirmation individuelle !

7. La Belgique a un entraîneur qui ne parle ni français, ni flamand. Pas grave, puisque dans le staff pas grand monde ne le fait… Le sélectionneur Roberto Martinez est en effet espagnol, ses deux adjoints sont anglais et français (Thierry Henry), le préparateur physique est gallois, etc. Pour trouver un belge dans la hiérarchie de l’encadrement, il faut remonter jusqu’au deuxième entraîneur des gardiens, Erwin Lemmens !

En ce qui concerne les joueurs, seul le défenseur Leander Dendoncker joue en Belgique en club, au RSC Anderlecht. Tant mieux pour les échanges internationaux, quel dommage que cela soit avec la mondialisation! Et ce n’est pas comme cela que le sectarisme et le repli identitaire disparaîtront en Belgique, malheureusement…

8. L’équipe suisse a quatre joueurs d’origine kosovare : Granit Xhaka, Xherdan Shaqiri, Valon Behrami et Blerim Dzemaili. Lorsque les deux premiers ont marqué contre la Serbie, ils ont ostensiblement célébré leur but avec un geste symbolisant l’aigle albanais. C’est une provocation nationaliste : le Kosovo, désormais indépendant, est peuplé en grande majorité d’Albanais, mais est considéré par la Serbie comme l’un de ses territoires historiques.

Un tel geste est dans tous les cas une provocation ahurissante. L’entraîneur de la Serbie a, avant le match, eu une attitude qui est la bonne, celle ne faisant pas des Balkans une poudrière. « Je suis d’un pays avec plusieurs cultures, de Bosnie. Mon père est monténégrin, ma mère serbe. Je suis un homme international. La nationalité n’est pas pour moi quelque chose de pertinent. »

9. En 2002, le commentateur Thierry Roland avait expliqué que «Il n’y a rien qui ressemble plus à un Coréen qu’un autre Coréen, surtout habillés en footballeurs, d’autant qu’ils mesurent tous 1,70 m, qu’ils sont tous bruns, à part le gardien. »

Cette stupidité raciste est reprise par le sélectionneur sud-coréen Shin Tae-yong, qui lors des entraînements de préparation a fait plusieurs fois intervertir les maillots des joueurs, frappés d’un numéro précis. « Il est très difficile pour les Occidentaux de différencier les Asiatiques, c’est la raison pour laquelle nous avons fait cela » a-t-il expliqué. Il y a encore du chemin avant le 21e siècle finalement…

Catégories
Culture

XXXTentacion, un punk moderne et dépressif mort très jeune

Le rappeur américain XXXTentacion a été retrouvé tué par balle dans sa voiture ce lundi 18 juin 2018 . Figure d’une nouvelle scène de rappeurs américains au style décalé, son succès était grandissant, en raison de son talent. Il n’avait que 20 ans.

XXXTentacion était une personne particulièrement violente et ses concerts étaient toujours l’occasion de bagarres hystériques. Ayant connus la pauvreté et l’abandon social-culturel des quartiers populaires américains, sa jeune vie a été faite d’altercations, d’exclusions d’établissements scolaires, d’arrestations, et même de prison pour détention illégale d’une arme à feu ou cambriolage.

Bien qu’il récuse ces accusations, son ex-compagnes a également porté plainte contre lui pour des faits de violences qui, s’ils sont avérés, sont particulièrement glauques.

Une grande sensibilité

« X » était en même temps doté d’une grande sensibilité, avec la volonté d’être utile socialement, tout en étant rongé par la dépression.

Somme toute, il apparaissait comme un personnage sympathique, se livrant facilement dans de longues émissions radios. Il s’exprimait aussi régulièrement dans des vidéos intimes en direct depuis son portable. Il y était très calme et posé, prônant la paix, l’altruisme, refusant de glorifier sa vie de délinquant, ne mettant pas en avant la drogue qu’il consommait malgré tout, refusant la décadence et les errements sentimentaux, ne parlant jamais de religions.

Sa mort, comme le reste de sa courte vie, illustre de manière intense et tragique les maux qui rongent la société américaine. C’est un pays à la pointe de modernité, avec un peuple doté de grandes capacités, particulièrement sur le plan artistique, d’exigences morales très hautes, mais qui sombre à sa base, rongé par la violence physique et le désemparement social.

A post shared by XXXTENTACION (@xtentacionsad) on

Un éclectisme partant dans tous les sens

Sur le plan musical, XXXTentacion exprimait un spleen très brutal et intense, dans un style particulièrement tourmenté, mais avec un sens du rythme et de la mélodie très élaboré. Sa courte œuvre donne l’impression de partir dans tous les sens, avec des morceaux trap rap classiques, d’autres plus underground et dans un style propre à la scène musicale de Floride active sur Soundcloud, certains autres morceaux puisant dans le rock alternatif, le reggaeton, le R’n’B des années 1990 ou encore des titres carrément métal hardcore.

Le jeune artiste était une sorte de punk moderne, multipliant les inspirations pour une expression élaborée, qui n’est resté finalement qu’un expressionnisme ne parvenant à trouver le « positif » qu’il semblait chercher. Il pouvait même donner l’impression de se complaire dans la dépression, à la manière de la culture « emo » dont il est directement le produit, comme 21 Savage, Post Malone, Lil Pump ou encore Lil Uzi Vert, autre figures « emo rap ».

En phase avec son époque et la jeunesse de son époque, la base de son public s’agrandissait sans cesse, y compris en France. Sa mort prématurée a mis fin à ce qui aurait pu être une brillante carrière.

3 titres et 1 album qui illustrent sa courte œuvre

Vice city – Sortie en 2014, ce morceau est le premier signé sous son nom de scène. Le sample de Sing To The Moon par la britannique Laura Mvula est magistrale et le texte est d’une maturité déconcertante pour un garçon de 16 ans. Il déroule un discours pessimiste et dépressif qui fait froid dans le dos. La production est basique et le titre s’est fait connaître à l’écart des circuits commerciaux majeurs.

Look at Me – D’abord sortie en 2015, c’est ensuite grâce au clip éponyme sortie plus tard en septembre 2017 qu’il s’est fait un nom aux États-Unis. Avec un sample de Change de Mala, c’est de la trap puissante, dégageant une violence particulièrement bien exprimée, avec des paroles très vulgaires. L’arrangement du morceau est très sale, très punk. Le clip ne reprend pas l’entièreté du morceau d’origine et semble l’orienter vers autre chose. Il se finit par un manifeste antiraciste optimiste (“Vous faite votre choix, mais votre enfant ne défendra pas la haine / Cette génération sera aimée, nourrie, entendue et comprise”)

Save me – Sortie en 2017, ce morceau illustre très bien la couleur de son excellent première album « 17 ». Une guitare électrique, une batterie lourde et lente, accompagnant une voix langoureuse et dépressive parlant de suicide : on croirait un morceau de grunge des années 1990 !

? – Sortie en mars 2018, malgré la grande qualité de chacun des morceaux, cet album a quelque chose de dérangeant dans sa façon de passer d’un style à l’autre sans aucune transition. Difficile de ressentir un lien entre Floor 555 et NUMB. Il y a bien plus qu’un grand écart entre Hope et schizophrenia, etc.

On notera cependant l’enchaînement très pertinent entre SAD!, qui est une complainte amoureuse pessimiste, et the remedy for a broken heart (why am I so in love), beaucoup plus positif et intéressant, tant dans la forme que dans le fond (« I’am find a perfect balance, it’s gon’ take time », / « Je vais trouver un équilibre parfait, ça va prendre du temps »).

Moonlight est quand a lui un morceau d’une grande modernité, contribuant indéniablement à définir ce qu’est la musique en 2018.

Catégories
Culture

Bac littérature 2018 : pédérastie et inceste au programme

Ainsi, le sujet au Bac littérature hier pour les Terminales Littéraires était directement consacré à la pédérastie. C’est révélateur d’à quel point un esprit « moderne » pratiquement dégénéré a obtenu la main-mise sur de vastes sphères intellectuelles, dans le prolongement de la promotion libérale-libertaire de la pédophilie par des intellectuels dans les années 1970.

Et le constat est sans appel. Il ne s’agit pas simplement d’avoir choisi non pas l’autre roman au programme, Madame de Montpensier de Madame de Lafayette. Il s’agit d’avoir posé une question directement liée à la pédérastie dans le roman Les Faux-monnayeurs d’André Gide.

Voici les deux questions posées au Bac littérature hier, la première étant celle qui nous intéresse directement :

Une critique déclare qu’à la fin des Faux-monnayeurs « tout rentre dans l’ordre ». Qu’en pensez vous ? (8 points)

André Gide avait d’abord envisagé d’inscrire les réflexions d’Edouard sur le roman dans un premier chapitre pouvant servir de préface. Il y a pourtant renoncé. Selon vous, pourquoi ? (12 points)

Or, la toute fin des Faux-Monnayeurs consiste en la phrase suivante :

« Je suis bien curieux de connaître Caloub. »

Caloub est justement un très jeune adolescent…dont le nom est un anagramme de « boucle », comme reflet de l’éternel retour vers les jeunes à soumettre.

Car celui qui dit cela est un écrivain de 38 ans, Édouard, qui couche avec son propre neveu dont il est le « mentor ». Tout le roman consiste justement à raconter comment deux pédérastes tentent d’obtenir des faveurs des lycéens, le tout à mots couverts.

Mais quand on dit à mots couverts, il faut relativiser ; les propos de l’oncle sur son propre neveu sont très clairs :

« Dès que je le vis, ce premier jour, dès qu’il se fut assis à la table de famille, dès mon premier regard, ou plus exactement dès son premier regard, j’ai senti que ce regard s’emparait de moi et que je ne disposais plus de ma vie ».

Le jeune peut d’ailleurs écrire, dans une lettre, que :

« Pour cacher son identité, Laura passe pour la femme d’Édouard ; mais chaque nuit c’est elle qui occupe la petite chambre et je vais retrouver Édouard dans la sienne. Chaque matin c’est tout un trimbalement pour donner le change aux domestiques. »

Le roman est d’ailleurs d’une large portée autobiographique.

Marc Allegret et André Gide en 1920

André Gode, dans son Journal, raconte en novembre 1918 sa définition de la pédérastie :

« J’appelle pédéraste celui qui, comme le mot l’indique, s’éprend des jeunes garçons. J’appelle sodomite […] celui dont le désir s’adresse aux hommes faits. J’appelle inverti celui qui, dans la comédie de l’amour, assume le rôle d’une femme et désire être possédé.

Ces trois sortes d’homosexuels ne sont point toujours nettement tranchées ; il y a des glissements possibles de l’une à l’autre ; mais le plus souvent, la différence entre eux est telle qu’ils éprouvent un profond dégoût les uns pour les autres ; dégoût accompagné d’une réprobation qui ne le cède parfois en rien à celle que vous (hétérosexuels) manifestez âprement pour les trois.

Les pédérastes, dont je suis (pourquoi ne puis-je dire cela tout simplement, sans qu’aussitôt vous prétendiez voir, dans mon aveu, forfanterie ?) sont beaucoup plus rares, les sodomites beaucoup plus nombreux, que je ne pouvais croire d’abord ».

Là encore, il faut être prudent. Dans le Tome II de son Journal publié dans la prestigieuse Pléiade, André Gide peut écrire des choses comme :

« La compagnie de très jeunes enfants me requiert irrésistiblement. Il en a toujours été de même et nul plaisir n’est chez moi plus sincère. »

Cela en fait davantage un pédophile et par ailleurs tous ses écrits littéraires tournent autour de cette obsession. On remarquera comme les éditions Folio jouent de cette question des jeunes garçons comme ici sur une couverture!

Les Faux-monnayeurs racontent comment des gens des milieux les plus aisés font de la pédérastie un style de vie : qu’en 2018, l’Éducation Nationale n’ait rien de mieux à proposer en dit long sur ses valeurs, sur la décadence générale sur le plan culturel, sur la corruption par le capitalisme.

Seule une Gauche ancrée dans la population qui travaille, loin des styles de vie individualistes et corrompus, peut renverser une telle situation.

Catégories
Politique

Emmanuel Macron et le sens de l’affaire « Manu »

Ce lundi 18 juin, Emmanuel Macron, Président de la République, a sèchement recadré un jeune lycéen qui l’a interpellé de manière décalée, en l’appelant « Manu » et en chantonnant quelques paroles de l’Internationale.

Il faut revenir dessus, car c’est important et pas seulement parce qu’en s’excusant platement, le jeune n’a pas été à la hauteur de l’Internationale. La jeunesse n’est pas une excuse de cette faiblesse : on est quand même 50 ans après mai 1968, épisode de révolte de la jeunesse. Et les jeunes ont plus d’expérience sociale, de connaissances qu’alors. Ils devraient être encore plus tranchants. Cela viendra!

L’échange a eu lieu devant les caméra et les micros de la presse et a rapidement rencontré un écho massif. Emmanuel Macron était en effet en déplacement au Mont Valérien pour décorer, à l’occasion des cérémonies de commémoration de l’appel du Général De Gaulle du 18 juin 1940, cinq personnalité honorées du statut de « Compagnons de la Libération ».

Emmanuel Macron savait donc ce qu’il faisait lorsqu’il a apparemment vivement réagi donc à cette interpellation, à la fois pour recadrer le jeune, rappeler son rang et les formalité qu’il estime lui être dû en conséquence, mais aussi pour lui faire la leçon, visant explicitement les valeurs énoncées par le lycéen, même maladroites et superficiellement :

« Tu es là, dans une cérémonie officielle, tu te comportes comme il faut […] aujourd’hui c’est la Marseillaise, le Chant des partisans »

Non content de cela, Emmanuel Macron en rajouta même pour affirmer notamment avec une totale condescendance :

« Le jour où tu veux faire la révolution, tu apprends d’abord à avoir un diplôme et à te nourrir toi-même, d’accord? Et à ce moment-là tu iras donner des leçons aux autres »

C’était un show médiatique. Ensuite, la cellule en charge de la communication de l’Elysée a été jusqu’à publier dans la foulée une vidéo complète de cet échange sur son compte Twitter.

La raison d’une telle démarche, tout de même assez ridicule en apparence, est qu’il s’agit là selon Emmanuel Macron d’un symbole, de quelque chose de significatif. Il a entendu par là affirmer sa position de chef d’Etat tel que le conçoivent les institutions de la Ve République, et ce d’autant plus bien entendu que le contexte se prête parfaitement pour que soit fait un parallèle avec la figure du Général De Gaulle.

Emmanuel Macron veut incarner toute la dignité qu’il pense être celle de de sa fonction et plus profondément encore, il veut incarner une autorité morale devant le peuple français, devant les masses, d’où sa fierté assumée de la petite sortie qu’il a faite pour recadrer les velléités de ce lycéen avec cette injonction « réaliste » et « mature » censée opposée à l’immaturité des idées de « gauche », le pragmatisme responsable de son libéralisme.


Le fait est que cette sortie passe néanmoins largement aux yeux des masses pour ce que c’était : une agression disproportionnée et brutale face à un jeune garçon somme toute innocent, coupable au pire d’une bien légère taquinerie.

C’est aussi que, malheureusement, on joue en France à la contestation, à la révolution. Et c’est là qu’on voit que, finalement, Emmanuel Macron est sérieux, la contestation ne l’étant pas. C’est un vrai problème.

Emmanuel Macron a été obligé de se rattraper, comprenant qu’il a témoigné un peu trop fort du mépris qu’il exprime dans la lutte des classes. L’image libérale du bourgeois entreprenant, pragmatique et sûr de lui est cassante, blessante.

Cependant, le message est clair : on ne plaisante plus avec le régime. Le cinéma de la contestation est terminée, car considérée comme n’ayant désormais plus aucun intérêt. Désormais, il y a un cadre. Et qui prétend changer le monde doit être au niveau d’un tel cadre!

 

Catégories
Politique

L’École émancipée en juin 1968

L’École émancipée est une tendance historique du syndicalisme français, remontant à 1910 ; en 1968, c’est la troisième tendance de la Fédération de l’éducation nationale, avec une ligne de gauche, mais non communiste. Voici sa position en juin.

Catégories
Société

La mairie socialiste de Nantes brade le stade de football de la Beaujoire

Le projet Yello Park prévoit la destruction du Stade de la Beaujoire dans lequel évolue le FC Nantes pour construire une enceinte privée, typique du « football moderne ». La mairie acquise au Parti Socialiste soutient directement le projet. Elle a annoncé qu’elle va céder l’équipement public pour une somme incroyablement basse : 10,6 millions d’euros.

 

La Beaujoire au prix d’une friche

10,6 M€ : une telle somme n’évoque pas forcément grand chose, alors il faut la mettre en perspective. Rien qu’entre 2015 et 2017, la métropole de Nantes a investi 6 millions d’euros en travaux de rénovation de la Beaujoire. À titre de comparaison, le récent stade d’athlétisme couvert Pierre Quinon à Nantes, avec ses 500 places assises, a coûté 18 millions d’euros.

Concrètement, cela signifie que la ville brade la Beaujoire. Cela revient à céder le terrain pour une valeurs équivalente à une simple friche dans un quartier peu attractif d’une région sinistrée. L’information a été accueillie avec stupéfaction par les acteurs locaux, tellement cela paraît incroyable.

Cela d’autant plus que c’est une dilapidation d’équipement public, c’est-à-dire d’un stade qui appartient en théorie à la collectivité, au profit d’un projet privé destiné à faire de l’argent pour quelques personnes, qui sont par ailleurs déjà riches.

 

Une décision unilatérale

Depuis son annonce, le projet Yello Park a suscité de nombreuse interrogations. Il est très vite apparu que tout a été décidé en sous mains entre les acteurs privés et la mairie, sans concertation avec les habitants et les supporters du club.

D’un côté, le président du FC Nantes Waldemar Kita, qui a fait fortune dans la chirurgie esthétique, s’est associé au promoteur Yoann Joubert à la tête du groupe Réalité. Ils ont monté un gigantesque projet capitaliste, avec des commerces et des habitations autour du nouveau stade ultra moderne, qui serait en quelques sorte un lieu de spectacle.

De l’autre, la mairie entend se débarrasser facilement d’un équipement qu’elle estime n’être pas intéressant pour elle. Cette volonté de la mairie date au moins de la précédente mandature de Jean-Marc Ayrault.

Pour justifier cela, des chiffres farfelus ont été mis en avant, et il a été prétendu de manière grotesque et mensongère par Waldemar Kita que « Refaire la Beaujoire coûterait plus cher que faire un nouveau stade ». On est là dans le mensonge et la manipulation la plus vile. Rien qu’avec les chiffres qu’il avance lui-même, cela ne tiens pas, puisqu’il estime une rénovation à 100 M€ et son nouveau stade à 200 M€ !

 

 

Un projet contesté

Le groupe de supporters Brigade Loire a fait un gros travail pour étudier cela, montrer quelles pourraient-être les autres solutions, comprendre les enjeux. Un dossier de 111 pages a été rédigé (visible ici), avec de nombreux chiffres, beaucoup de comparaisons, de données, etc.

Il apparaît comme évident pour beaucoup qu’il n’est pas utile de détruire la Beaujoire. Une rénovation serait tout à fait possible, et même préférable. La décision de céder la Beaujoire au Yello Park a été prise unilatéralement, sans laisser la possibilité à d’autre projets d’être proposés.

Il n’y a même pas eu d’appel d’offre, c’est-à-dire une mise en concurrence, ce qui est censé être la norme dans l’économie capitaliste. En réalité, la concurrence n’est qu’un moyen pour les capitalistes d’accaparer des marchés, et les plus gros groupes ont les moyens d’empêcher toute concurrence quand cela va dans leur sens.

 

 

Contre le “football moderne” ou pour le “foot business” ?

Ce qui est censée être la Gauche avec le Parti Socialiste, participe en fait directement de cette folie capitaliste. Elle dilapide le patrimoine collectif, n’a pas d’autre projet d’avenir pour la population que la soumission au marché et à la mégalomanie de quelques individus voulant laisser une trace.

Ce projet suscite d’autant plus de méfiance que la population n’a pas confiance en Waldemar Kita qui, à la tête du club depuis plus de 10 ans, a multiplié les erreurs de gestions et n’a jamais su maintenir une quelconque stabilité.

Le club s’endetterait directement avec le Yello Park. Cela pourrait causer sa faillite en cas de difficulté sportives. En l’état, il n’y a aucune raison d’imaginer que la situation sportive du FC Nantes évolue de manière positive dans les prochaines années. C’est aujourd’hui une équipe de milieu de tableau qui pourrait facilement se retrouver à jouer le maintien, voir être reléguée en Ligue 2.

Par ailleurs, absolument rien ne garantie le succès commercial du projet. De nombreux exemples de nouveaux stades alertent sur ce risque, comme le montre le dossier de la Brigade Loire.

La seule chose qui est certaine dans cette affaire, c’est que si le projet aboutissait, la mairie socialiste de Nantes aurait fait détruire pour un maigre gain un équipement public fonctionnant, avec une valeurs patrimoniale indéniable.

Cela serait un bon énorme vers la confiscation totale du FC Nantes à la population. Comme c’est la norme dans le “football moderne”, le club deviendrait encore plus une structure anti-démocratique et anti-populaire, servant un divertissement hors-sol et uniquement mercantile.