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Politique

Marion Maréchal contre « mai 68 »

 

« Mai 68 » a profondément marqué la société française et sa critique est toujours un thème majeur pour la Droite conservatrice. Impossible donc de ne pas parler de mai 68 sans porter son attention également sur le camp des ennemis de la Gauche.

Ainsi, dans l’esprit réactionnaire d’une jeune femme comme Marion Maréchal (anciennement Le Pen), la vague de contestation de mai et juin 1968 représente quelque-chose d’important, même cinquante ans après en 2018. C’est le cœur même de l’idéologie de son école de sciences politiques qui doit ouvrir dans quelques jours à Lyon.

L’ancienne députée du Front National était ainsi l’invitée d’honneur d’une soirée-débat le 31 mai 2018 qui avait pour thème « Débranchons Mai-68 ». Organisée par le magasine « L’incorrect » et l’association « les Éveilleurs d’Espérance », issue du mouvement catholique traditionaliste « la Manifs pour tous », le discours y était assez classique : références à la spiritualité chrétienne, défense de valeurs « traditionnelles », critique des Lumières et caricature des éventements de mai 1968 comme étant simplement une aventure individuelle petite-bourgeoise.

Il n’est pas nouveau que « Mai 68 » soit un thème pour Marion Maréchal. C’est une sorte de symbole qui lui permet de synthétiser sa pensée, en le critiquant.  Dans un texte qu’elle avait publié en mai 2017, qualifié de manière grandiloquente de « testament politique », elle expliquait que la jeunesse d’aujourd’hui doit :

« payer les abus de la génération 68, qui a joué la cigale tout l’été et nous laisse des déficits incommensurables, des privilèges de classe intenables et irréformables… ».

Elle affirmait également que :

« Macron accomplit Mai 68. Avec lui, c’est l’idéologie du progrès, le culte du renouveau, qui implique nécessairement de faire table rase du passé. C’est l’idée soixante-huitarde selon laquelle l’homme ne peut s’émanciper que s’il se délie de tout héritage, de toute autorité, de tout cadre culturel. Je pense que c’est une erreur fondamentale. »

L’inverse de « mai 68 »

Marion Maréchal représente en quelque sorte l’inverse de « mai 68 ». Il s’agissait d’une jeunesse remettant en cause l’ordre établit en voulant avancer à grands pas vers le futur, cherchant le progrès partout, bien que de manière trop idéaliste souvent et dénaturée parfois.

Elle reflète pour sa part une jeunesse assumant un conservatisme des plus outranciers, un conformisme terrible et une soumission totales aux valeurs dominantes. La religion, le patriarcat, le nationalisme, la division de la société en classes et l’entreprenariat capitaliste sont pour elle des horizons indépassables.

C’est précisément avec ces valeurs qu’elle entends former de « futures élites », de Droite, via son École de science politique, l’ISSEP, qui ouvre dans quelques jours à Lyon.

La subtilité, si l’on peut le dire ainsi, est que Marion Maréchal pense pouvoir faire passer la critique des valeurs dominantes comme étant justement la norme, la valeur dominante. Elle tente de renverser le problème.

C’est ainsi qu’elle disait dans un entretien à Valeurs Actuelles paru en février 2018, critiquant en filigrane l’héritage de « mai 68 » :

« Depuis le début de la Ve République, l’ensemble des vecteurs de pensée est détenu par la gauche. Elle infuse sa domination culturelle quasi hégémonique à travers la presse, l’éducation et la culture. Il est temps, pour nous aussi, d’appliquer les leçons d’Antonio Gramsci. »

Son point de vue est bien sûr absurde puisqu’il est évident que la société française est largement marquée en 2018 par la pensée religieuse et l’esprit catholique, par le patriarcat et le sexisme, par le nationalisme béat, par la pression économique des plus riches sur les classes populaires.

La Gauche existe, mais son champ est limité, et d’ailleurs se dégrade. Ce que ne supporte pas l’esprit étriqué de Marion Maréchal, c’est qu’il y a malgré tout des progrès, que la société avance et ne se fige pas, que certaines valeurs ou exigences démocratiques s’affirment ou tendent à s’affirmer.

« C’était mieux avant »

Plutôt que de remettre en cause les obstacles sociaux et culturels qui empêchent la société de devenir meilleure, elle prétend que le salut se trouve dans le passé. Que « c’était mieux avant ». Son conservatisme est un idéalisme, une vision romantique du passé. C’est le contraire de « mai 68 » qui était surtout une vision romantique de l’avenir.

En fait, Marion Maréchal profite pour sa critique réactionnaire des limites de la contestation de mai et juin 1968. Si elle a été démocratique et populaire, cette vague de contestation n’a pas été dirigée par la classe ouvrière mais confisquée par une partie de la bourgeoisie voulant moderniser le pays, sans parler des intellectuels des classes moyennes prétendant s’approprier voire représenter les idées de mai.

Marion Maréchal n’a pas tord quand elle critique l’ultra-libéralisme et qu’elle le lie à « mai 68 ». Son mensonge est cependant de prétendre qu’une autre partie de la bourgeoisie, celle qui est plus traditionnelle et conservatrice, porterait un horizon meilleur pour les classes populaires et la société tout entière.

Les errements de la Gauche

Les conservateurs comme Marion Maréchal profitent des errements de la Gauche qui sombre dans l’ultra-libéralisme, le post-modernisme et la décadence culturelle, pour apparaître au contraire comme représentants la morale populaire.

Ses propos devant les conservateurs américains en février 2018 en était une parfaite illustration avec sa critique du libéralisme-libertaire à partir du point de vue de la Droite conservatrice :

« Sans nation et sans famille, le bien commun, la loi naturelle et la morale collective disparaissent cependant que perdure le règne de l’égoïsme.

Même les enfants sont devenus une marchandise ! Nous entendons dans le débat public « nous avons le droit de commander un enfant sur catalogue ». « Nous avons le droit de louer le ventre d’une femme ». « Nous avons le droit de priver un enfant de mère ou de père ».

Non, vous ne l’avez pas ! Un enfant n’est pas un droit.

Est-ce cela, la liberté que nous désirons ? Non, nous ne voulons pas de ce monde atomisé de l’individu sans genre, sans père, sans mère et sans nation.
[…]

Je suis venu vous dire qu’il y a aujourd’hui une jeunesse prête pour cette bataille en Europe : une jeunesse qui croit au dur labeur, qui croit que ses drapeaux signifient quelque-chose, qui veut défendre les libertés individuelles et la propriété privée.

Une jeunesse conservatrice qui veut protéger ses enfants de l’eugénisme et des délires de la théorie du genre. Une jeunesse qui veut protéger ses parents de l’euthanasie et l’humanité du transhumanisme. »

Marion Maréchal est la figure de proue d’une tentative de révolution conservatrice, concept formé dans les milieux allemands nationaliste dans les années 1920-1930. Il faut savoir porter son attention sur ce phénomène dangereux, relevant du fascisme, et cela d’autant plus que la Gauche est torpillée de l’intérieur par les partisans de la post-modernité.

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Politique

Le journal Action en juin 1968

Après le numéro du 10 juin 1968, Action a été publié plusieurs fois au mois de juin 1968 ; voici les exemples suivant au format pdf :

numéro 7 du 11 juin 1968 ;

numéro 8 du 12 juin 1968 ;

numéro 9 du 13 juin 1968 ;

numéro 10 du 14 juin 1968 ;

numéro 11 du 17 juin 1968 ;

numéro 12 du 18 juin 1968 ;

numéro 13 du 19 juin 1968 ;

numéro 14 du 20 juin 1968.

La publication de ce journal lancé comme organe du syndicat étudiant l’UNEF, des CAL (comités d’action lycées) et du mouvement du 22 mars cessera au mois de juillet, une tentative de quotidien étant faite à partir de mai 1969 jusque début juin.

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Société

Légalisation du MMA : non !

Le côté positif de le la présidence d’Emmanuel Macron est que le libéralisme est de plus en plus franc et assumé. Le libéralisme serait devenu le véritable progrès et compte bien ajuster la société à ses besoins : après la question de la libéralisation du cannabis, voici celle du MMA (Mixed Martial Arts).

mma ufcLe MMA est un sport de combat qui se veut complet puisqu’il comporte des frappes, des projections au sol, des étranglements, etc. En clair : très peu de règles, et beaucoup de coups sont permis. Notamment frapper un adversaire au sol. A cela s’ajoute le peu de protections…

Aujourd’hui les compétitions sont interdites en France, mais de plus en plus de clubs proposent des entraînements. Et le nombre de pratiquant et de combattants augment de même. Les combattants français se retrouvent dans cette position étrange où ils peuvent s’entraîner dans leurs clubs, en France, mais sont obligés d’aller à l’étranger pour participer à des rencontres amateurs ou professionnelles.

La pression est donc de plus en plus forte pour légaliser cette pratique. Surtout que certaines français se sont faits ou se font un nom dans la discipline. Comme Cyrille Diabaté, ancien champion de boxe thaï et de kick boxing, qui participera assez tardivement (à plus de 35 ans) à des combats de l’UFC (Ultimate Fighting Championship, plus importe ligue mondiale de MMA). Ou encore le lensois Tom Duquesnoy qui a commencé à combattre à l’UFC en 2017 à tout juste 23 ans.

Mais les choses pourraient bien changer si l’on en croit les acteurs français de la discipline : un rapport serait prévu pour septembre ou octobre afin de structurer, et donc légaliser petit à petit le MMA en France. Surtout que l’actuelle ministre des sports, Laura Flessel, défend la pratique…

« Il y a plus en plus de pratiquants, il faut encadrer pour le bien de tous »

De même que le cannabis devrait être légalisé pour le bien des consommateurs, le MMA devrait l’être aussi afin de garantir des entraîneurs compétents et de garantir l’intégrité physique des combattants lors de rencontres.

MMA combattant au solAu lieu de dire « on n’arrête cette fuite en avant » et de recadrer toutes les disciplines, quitte à en interdire, nous devrions accepter de voir le principe même de civilisation reculer petit à petit. Le libéralisme voudrait tout faire accepter : s’il y a une demande, il faut une offre en conséquence. Pourquoi se priver d’un nouveau marché ?

On nous parlera de responsabilité individuelle, d’information, de choix, etc. Mais de tels arguments n’ont rien de social-démocrates, ils n’ont rien à voir avec le mouvement ouvrier. Il y a des principes et une morale à appliquer dans tous les aspects de la vie, et le sport doit en faire partie intégrante.

Une discipline pas si violente que ça ?

mma ufcUn des principaux arguments anti-MMA est sa violence : combat dans une cage, coups au sol autorisés, peu de protections… En réponse, les pro-MMA répondent que les diversité des techniques autorisées et la plus courte durée des combats font que le MMA est moins violent et risqué qu’un combat professionnel de boxe anglaise. Partant de là, si la boxe anglaise est autorisée pourquoi pas le MMA ?

Parce qu’en 2018, une discipline qui autorise des frappes au sol et des étranglements est une discipline barbare, point. Parce que la recherche du sensationnel, du KO, de la vitesse et de l’esprit de guerrier qui ont pris place dans d’autres disciplines ne doit pas être une prétexte pour continuer à s’enfoncer toujours plus dans le glauque !

N’importe quelle personne un minimum progressiste et qui n’a pas été broyée par la culture dominante ne peut qu’être horrifiée à l’idée d’envoyer des personnes s’affronter de la sorte dans une cage fermée. Nous ne pouvons accepter une sorte de combat de gladiateurs des temps modernes.

mma, octogone

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Société

Mai 1968 et la promotion libérale-libertaire de la pédophilie

Il serait erroné de ne pas comprendre que Mai 1968 possède une forte charge libérale-libertaire, qui a largement conditionné la société française. L’un des aspects les plus révélateurs de cela est le soutien de la tendance « spontanéiste » à la pédophilie, sous des prétextes d’« ouverture sexuelle ».

Libération fit au départ l’éloge de la pédophilie.

On a là évidemment une cassure complète avec le peuple qui, lui, de manière fort juste, entend pendre et haut et court les promoteurs ou acteurs d’un tel crime.

Cependant, la « révolution sexuelle » prônée par la gauche anti-ouvrière fut si prégnante dans la foulée de Mai 1968 qu’il y eut pas moins de trois appels pro-pédophiles publiés dans la presse liée à la gauche « moderne ».

Le premier consista en une lettre ouverte publiée dans Le Monde du 26 janvier 1977, appelant à la libération de trois personnes ayant eu des rapports sexuels – en fait il s’agit bien entendu de viols – avec des filles et des garçons de 13 et 14 ans.

Cette lettre, anonyme alors, fut en fait écrite par Gabriel Matzneff, un écrivain faisant toute une théorisation de la pédophilie comme rapport qui serait authentique, consenti, etc., alors qu’en même temps il assume d’avoir pratiqué le « tourisme sexuel » aux Philippines.

En voici l’ignoble texte :

Les 27, 28 et 29 janvier, devant la cour d’assises des Yvelines, vont comparaître, pour attentat à la pudeur sans violence sur des mineurs de quinze ans, Bernard Dejager, Jean-Claude Gallien et Jean Burckhardt, qui, arrêtés à l’automne 1973, sont déjà restés plus de trois ans en détention provisoire. Seul Bernard Dejager a récemment bénéficié du principe de la liberté des inculpés.

Une si longue détention préventive pour instruire une simple affaire de  » mœurs « , où les enfants n’ont pas été victimes de la moindre violence, mais, au contraire, ont précisé aux juges d’instruction qu’ils étaient consentants (quoique la justice leur dénie actuellement tout droit au consentement), une si longue détention préventive nous paraît déjà scandaleuse.

Aujourd’hui, ils risquent d’être condamnés à une grave peine de réclusion criminelle soit pour avoir eu des relations sexuelles avec ces mineurs, garçons et filles, soit pour avoir favorisé et photographié leurs jeux sexuels.

Nous considérons qu’il y a une disproportion manifeste, d’une part, entre la qualification de  » crime  » qui justifie une telle sévérité, et la nature des faits reprochés ; d’autre part, entre le caractère désuet de la loi et la réalité quotidienne d’une société qui tend à reconnaître chez les enfants et les adolescents l’existence d’une vie sexuelle (si une fille de treize ans a droit à la pilule, c’est pour quoi faire ?).

La loi française se contredit lorsqu’elle reconnaît une capacité de discernement à un mineur de treize ou quatorze ans qu’elle peut juger et condamner, alors qu’elle lui refuse cette capacité quand il s’agit de sa vie affective et sexuelle.

Trois ans de prison pour des caresses et des baisers, cela suffit. Nous ne comprendrions pas que le 29 janvier Dejager, Gallien et Burckhardt ne retrouvent pas la liberté.

On trouve parmi les signataires de la lettre ouverte l’ensemble des figures de la gauche « moderne », entendant nier le mouvement ouvrier au nom de l’individu libre, spontané, etc.

On a ainsi Félix Guattari et Gilles Deleuze (théoriciens « désirants »), Guy Hocquenghem, Françoise d’Eaubonne et Daniel Guérin (théoriciens d’une homosexualité comme subversion), André Glucksmann et Bernard Kouchner (des « nouveaux philosophes »), Michel Leiris et Francis Ponge (prétendus poètes de la modernité), Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir (les existentialistes), Grisélidis Réal (théoricienne de la prostitution comme subversion) et Catherine Millet (théoricienne de l’art contemporain), Anne Querrien et Jean-Marie Vincent (des post-marxistes), etc.

Le second appel fut publié également dans Le Monde, le 23 mai 1977. Il reprend la défense des trois personnes faite dans le premier appel et se pose pour une « liberté » totale :

« Les signataires de la présente lettre considèrent que l’entière liberté des partenaires d’une relation sexuelle est la condition nécessaire et suffisante de la licéité de cette relation (…).

Ils estiment, enfin, de façon plus générale, que les dispositions prétendant à une « protection » de l’enfance et de la jeunesse (…) doivent être abrogés, ou profondément modifiés, dans le sens d’une reconnaissance du droit de l’enfant et de l’adolescent à entretenir des relations avec des personnes de son choix. »

Le lettre fut envoyée au Parlement avec 80 signatures de personnalités et intellectuels. Parmi les signataires, en plus souvent des mêmes que le précédent appel, on a Michel Foucault et Jacques Derrida (philosophes de la « French Theory »), le metteur en scène Patrice Chéreau, la neuro-psychiatre Françoise Dolto, etc.

Enfin, la page courrier de Libération publie en mars 1979 une lettre signé par quelques personnalités en soutien, à un adulte attendant son procès, expliquant il vit avec des jeunes filles de 6 à 12 ans « dont l’air épanoui montre aux yeux de tous, y compris leurs parents, le bonheur qu’elles trouvent en lui ».

Libération va être coutumier du fait, n’hésitant pas à publier deux jours d’affilée, comme deux mois plus tôt, un éloge de la pédophilie écrit par un proxénète d’enfants, où on lit que « l’enfant qui aime un adulte (…) aime ressentir dans son corps le membre viril de celui qu’il aime, d’être uni à lui, par la chair », qu’il faut « qu’on arrête de persécuter ceux qui aiment les enfants, même s’ils les aiment aussi avec leur corps ».

Dans Libération du 20 juin 1981, on peut lire dans l’article « Câlins enfantins » :

« Je faisais un cunnilingus à une amie. Sa fille, âgée de cinq ans, paraissait dormir dans son petit lit mitoyen. Quand j’ai eu fini, la petite s’est placée sur le dos en écartant les cuisses et, très sérieusement, me dit « à mon tour, maintenant ». Elle était adorable. Nos rapports se sont poursuivis pendant trois ans. »

L’article est précédé de la présentation suivante :

« Benoît et son amie ont les mêmes goûts. Ils aiment les petits enfants, beaucoup. Quand Benoît parle des enfants, ses yeux sombres de pâtre grec s’embrasent de tendresse. »

On est là dans une pseudo-subversion témoignant surtout de la décadence des intellectuels basculant dans la perversité ; l’éloge pédophile d’un René Schérer, philosophe « moderne » de Paris 8 n’est qu’un écho de celui de la pédérastie dans les années 1920 par André Gide 

Ce dernier a d’ailleurs son œuvre intitulée Les faux-monnayeurs – apologie claire et nette de la pédérastie comme seul couple « normal » – au programme aujourd’hui de l’épreuve de littérature pour les terminales littéraires, en littérature.

Cela témoigne de tout un esprit malsain, célébrant le transgressif, l’aventure artistique aux dépens de toute norme.

C’est en réalité pourriture et décadence et historiquement la Gauche n’a jamais eu que mépris pour de telles postures criminelles, aux antipodes de la moralité ouvrière.

Et on voit bien comment le libéralisme libertaire, aidée de la gauche prétendument moderne, vise justement à briser tout esprit de moralité, à mettre en scène une fausse révolution de la vie quotidienne.

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Culture

Norma Loy – Sacrifice (1988)

La fascination pour un Orient mystique capable de faire dépasser une lecture trop restreinte de la vie quotidienne a une certaine tradition en France, avec notamment deux auteurs liés aux surréalistes historiquement. On a ainsi René Daumal (1908-1944), fervent expérimentateur d’intoxications aux drogues, auteur d’une grammaire sanskrite et d’une poésie extatique-mystique, et Pierre Drieu La Rochelle (1893-1945) concluant sa vie par un intérêt profond pour la transcendance comme totalité.

Cette fuite romantique – rejetant la religion comme structure au profit de l’illumination comme accès à la totalité – est très précisément ce qui caractérise le groupe Norma Loy, sans aucun doute l’un des plus grands événements musicaux des années 1980 de notre pays.

La reprise de L’homme à la moto d’Edith Piaf est puissamment atmosphérique et témoigne bien de son approche générale, à la fois sombre et romantique, puissante et entièrement intime.

Tout part d’un duo de Dijon qui commence à partir de 1977 à assumer un groupe, Metal Radiant, s’appuyant musicalement sur les Stooges, puis un autre, appelé Coit Bergman, s’appuyant sur le groupe Suicide.

Arrive alors Norma Loy, anagramme de Nom Royal, combinant le pré-punk énergique et torturé des Stooges et les expériences électriques – électroniques de Suicide, le tout avec une profonde démarche de mélange des arts (style, photographie, danse, mise en scène, projection d’images, etc.) et une inspiration dans la mystique orientale comme moteur de rejet du monde tel qu’il est.

En voici un exemple avec la chanson qui est une puissante charge romantique, « The Power of spirit », le pouvoir de l’esprit (« Je reste immaculé dans le maculé / Je suis né immaculé je n’ai aucune confiance dans les images / C’est le pouvoir de l’esprit »).

 

La vision de Norma Loy est celle d’un univers faux, peuplé de réplicants, de gens manipulés par la télévision, dans un monde désespéré, vide de sens, un monde bas, sans contenu, appelant à une révolte de la totalité de son être.

Tout est alors tendu vers une expression totale, justement. A l’atmosphère et au style para-religieux s’ajoutent des concerts particulièrement marquants, combinant notamment des écrans où sont projetés 600 diapositives, alors que des danseurs de Buto, une danse japonaise oscillant entre expressionnisme et post-moderne, renforcent le caractère marquant de l’atmosphère .

En voici un exemple avec un concert parisien de 1988, où la danseuse Sumako Koseki est présente sur scène. Cette « Nuit de la Saint Vitus » rassemblait également pas moins que Red Lorry / Yellow Lory et The Fields of the Nephilim…

A son apogée, Norma Loy n’a jamais intéressé que 5-6000 personnes, un chiffre incroyablement restreint pour quelque chose d’aussi puissant, d’une telle ampleur sur le plan culturel.

Il est vrai que n’a pas aidé le côté déstructuré qui a régulièrement eu tendance à primer chez Norma Loy, avec un culte du côté undeground jusqu’au fétichisme ; tel booklet possède des photos présentant une mise en scène où les membres ont été massacrés, tel autre photo présente une ambiance digne d’une secte, l’ambiance glauque et dérangeante est digne du surréaliste Hans Bellmer, etc.

L’album Sacrifice (1988) est, sans doute, son chef d’oeuvre, bien qu’il soit difficile de le séparer du très bon Rewind / T-Vision (1986), qui ouvre la perspective, et du très fort Rebirth (1990), qui clôt le cycle.

Avec Attitudes en 1991, Norma Loy partit dans une autre direction, celle d’une sorte de pop profonde et intelligente, très personnelle, d’un potentiel extrêmement riche, cependant en absence de mouvement historique porteur, tout ne pouvait que s’enliser.

Le groupe se sépara, se réunissant pour divers projets sans la même ampleur, même si on notera le fait significatif d’avoir voulu faire un chanson en mémoire des victimes du terrible attentat du 13 novembre.

Une preuve que Norma Loy fut un groupe expérimentant, mais cherchant une expression large, ample, pleine d’émotion, dans la quête de l’expression de la sensibilité la plus grande.

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Culture

Pourquoi Médine n’est pas défendable à propos du Bataclan

Médine est actuellement la cible d’une campagne de l’extrême-droite et d’une partie de la droite traditionnelle qui demande l’annulation de sa programmation au Bataclan en octobre 2018. Ils lui reprochent quelques paroles (sans véritablement connaître son oeuvre) en prétextant la mémoire des victimes du massacre.

Le rappeur a réagit, en portant le débat sur le terrain politique. Il explique qu’il condamne les attentats, qu’il combat le radicalisme, que l’extrême-droite instrumentalise les victimes et que la question est de savoir s’ils doivent limiter la liberté d’expression.

Cela n’est pas nécessairement faux. Pour autant, Médine n’est pas défendable, comme en témoigne le simple fait qu’il a osé écrire une chanson sur le “Bataclan”, sans un mot sur le drame l’ayant frappé.

Le Bataclan était de par le passé une salle de concert renommée et représentait quelque chose de particulièrement important pour de nombreux musiciens.

Cependant, depuis les attentats du 13 novembre 2015, le Bataclan est devenu autre chose, bien plus que seulement une salle de concert. C’est un monument national, à la fois déjà historique, et en même temps porteur d’une actualité brûlante.

Le rappeur Médine a produit une chanson « Bataclan » dans son dernier album. Il y a aussi un clip de cette chanson, tourné en partie dans la salle, annonçant qu’il doit s’y produire en octobre 2018.

À aucun moment le rappeur n’y évoque les événements qui y sont associés. La salle est présentée comme un aboutissement personnel, comme s’il ne s’agissait que d’un simple lieu parmi d’autres. Ce titre est évidemment une provocation.

Un artiste aussi « politique » que Médine ne fait rien au hasard, ne dit rien au hasard. Il sait très bien que le nom de « Bataclan » est irrémédiablement attaché à la mémoire du massacre parisien du 13 novembre 2015.

En utilisant le nom de « Bataclan » pour parler délibérément d’autre chose, il choisit de relativiser cette réalité historique en la taisant.

Il en parle pour ne pas en parler.

C’est un acte politique d’une grande signification. Cela d’autant plus que Médine est un rappeur islamiste, au sens strict du terme. Il est un militant de l’islam, de manière très vive et virulente, un fervent défenseur de la religion.

Il est, à son échelle, un artisan de ce grand processus d »effacement de la Gauche issue du mouvement ouvrier par la religion musulmane et l’antisémitisme dans les quartiers populaires français.

L’ensemble de l’oeuvre de Médine l’illustre de manière indiscutable. Depuis de nombreuses années, il participe à diffuser une immense confusion dans les masses populaires, particulièrement celles issues de l’immigration.

Bien sûr, et heureusement, Médine a condamné et condamne les massacres islamistes ; il relève d’un courant protestataire petit-bourgeois qui ne pousse pas aussi loin la révolte réactionnaire contre le monde moderne.

Médine fait ainsi partie des gens qui entretiennent les confusions, en relativisent les concepts. Dans ses clips, il prône d’un côté le hijab et la barbe islamiste, de l’autre il se met en scène dans une borne d’arcade ou porte une veste “Nike” à l’effigie d’une franchise de Basketball américain.

De la même manière, il a pu se rendre en 2014 à une conférence du fasciste Kémi Séba, au Théâtre de la Main d’Or de Dieudonné, en y étant ovationné publiquement, pour ensuite affirmer qu’il ne s’agissait que d’une enquête de “terrain”, expliquant par ailleurs que sa démarche est celle d’un “chercheur”.

C’est le triste jeu de la confusion, du star system de la confusion, du refus de toute valeur de gauche, du rejet de tout le patrimoine historique de la Gauche, de la classe ouvrière. Médine, 50 ans après mai 1968, participe totalement à l’esprit anti-mai 1968.

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Politique

Décret du 12 juin 1968 portant dissolution d’organismes et de groupements

Le 12 juin 1968, l’État procède à la dissolution des organisations ayant joué un rôle significatif durant mai 1968. En voici le décret.

Il est à noter qu’à ce moment-là, l’UJCML (maoïste) a déjà implosé, une partie donnant par la suite la Gauche Prolétarienne, et que les trotskistes du courant dit lambertiste (Organisation communiste internationaliste, Fédération des étudiants révolutionnaires, comité de liaison des étudiants révolutionnaires) demanderont l’annulation du décret par le conseil d’Etat pour ce qui les concerne, ce qui sera obtenu le 21 juillet 1970 : en voici le texte.

Texte intégral

1° REQUETE DU SIEUR BOUSSEL PIERRE Y… A… PIERRE TENDANT A L’ANNULATION POUR EXCES DE POUVOIR D’UN DECRET DU 12 JUIN 1968 EN TANT QU’IL A PRONONCE LA DISSOLUTION DU GROUPEMENT DIT L' »ORGANISATION COMMUNISTE INTERNATIONALISTE » ;
2° REQUETE DU SIEUR Z… TENDANT A L’ANNULATION POUR EXCES DE POUVOIR D’UN DECRET DU 12 JUIN 1968 EN TANT QUE LEDIT DECRET A DISSOUS LE GROUPE « REVOLTES » ;
3° REQUETE DU SIEUR STOBNICER DIT BERG CHARLES TENDANT A L’ANNULATION POUR EXCES DE POUVOIR D’UN DECRET DU 12 JUIN 1968 EN TANT QUE LEDIT DECRET A DISSOUS LA « FEDERATION DES ETUDIANTS REVOLUTIONNAIRES » ;
VU LA LOI DU 10 JANVIER 1936 ; L’ORDONNANCE DU 31 JUILLET 1945 ET LE DECRET DU 30 SEPTEMBRE 1953 ; LE CODE GENERAL DES IMPOTS ; LA LOI DU 26 DECEMBRE 1969 ;
CONSIDERANT QU’IL RESULTE DES INDICATIONS FOURNIES PAR LE MINISTRE DE L’INTERIEUR DANS SES OBSERVATIONS SUR LES REQUETES DES SIEURS X…, Z… ET B… ET QUI SONT CORROBOREES PAR LES PIECES DES DOSSIERS QUE L’ « ORGANISATION COMMUNISTE INTERNATIONALISTE », LE GROUPE « REVOLTES » ET LA « FEDERATION DES ETUDIANTS REVOLUTIONNAIRES » ETAIENT ANIMES PAR LES MEMES DIRIGEANTS ET ONT MENE UNE ACTION COMMUNE LORS DES MANIFESTATIONS QUI SE SONT PRODUITES EN MAI ET JUIN 1968 ; QUE CES REQUETES PRESENTENT A JUGER DES QUESTIONS SEMBLABLES ; QU’IL Y A LIEU DE LES JOINDRE POUR Y ETRE STATUE PAR UNE SEULE DECISION ;
SUR LA RECEVABILITE DES REQUETES : – CONS. QUE, SI LE MINISTRE DE L’INTERIEUR CONTESTE L’INTERET DES SIEURS X…, Z… ET B… A DEMANDER L’ANNULATION DU DECRET DU 12 JUIN 1968 PORTANT DISSOLUTION D’ORGANISMES ET DE GROUPEMENTS, IL RECONNAIT QUE LES REQUERANTS ETAIENT MEMBRES DES ASSOCIATIONS OU GROUPEMENTS DE FAIT DISSOUS PAR LEDIT DECRET ; QU’AINSI, LES REQUERANTS ONT INTERET ET, PAR SUITE, QUALITE POUR DEMANDER AU CONSEIL D’ETAT L’ANNULATION DUDIT DECRET EN TANT QU’IL A DISSOUS LES ASSOCIATIONS OU GROUPEMENTS SUSMENTIONNES ;
SUR LA LEGALITE DE LA DISSOLUTION DE L’ « ORGANISATION COMMUNISTE INTERNATIONALISTE », DU GROUPE « REVOLTES » ET DE LA FEDERATION DES ETUDIANTS REVOLUTIONNAIRES » ; SANS QU’IL SOIT BESOIN D’EXAMINER LES AUTRES MOYENS DES REQUETES : – CONS. QU’IL RESSORT DES OBSERVATIONS PRESENTEES PAR LE MINISTRE DE L’INTERIEUR EN REPONSE A LA COMMUNICATION QUI LUI A ETE DONNEE DES POURVOIS QUE, POUR PRONONCER LA DISSOLUTION DE L’ « ORGANISATION COMMUNISTE INTERNATIONALISTE », DU GROUPE « REVOLTES » ET DE LA « FEDERATION DES ETUDIANTS REVOLUTIONNAIRES », LE GOUVERNEMENT S’EST FONDE SUR LES DISPOSITIONS DES ALINEAS 1 ET 3 DE L’ARTICLE 1ER DE LA LOI DU 10 JANVIER 1936, EN VERTU DESQUELLES : « SERONT DISSOUS PAR DECRET … TOUTES LES ASSOCIATIONS OU GROUPEMENTS DE FAIT … 1° QUI PROVOQUERAIENT A DES MANIFESTATIONS ARMEES DANS LA RUE … 3° OU QUI AURAIENT POUR BUT … D’ATTENTER PAR LA FORCE A LA FORME REPUBLICAINE DU GOUVERNEMENT » ;
CONS. QU’IL NE RESSORT PAS DES PIECES DU DOSSIER PRODUIT DEVANT LE CONSEIL D’ETAT QUE LES ASSOCIATIONS OU GROUPEMENTS DE FAIT SURENUMERES AIENT PROVOQUE A DES MANIFESTATIONS ARMEES DANS LA RUE OU AIENT EU POUR BUT D’ATTENTER PAR LA FORCE A LA FORME REPUBLICAINE DU GOUVERNEMENT ; QU’AINSI LE DECRET DU 12 JUIN 1968, EN TANT QU’IL A PRONONCE LEUR DISSOLUTION, MANQUE DE BASE LEGALE ET SE TROUVE, PAR SUITE, ENTACHE D’EXCES DE POUVOIR ;
ANNULATION DU DECRET DU 12 JUIN 1968 PORTANT DISSOLUTION D’ORGANISMES ET DE GROUPEMENTS EN TANT QU’IL A DISSOUS L’ « ORGANISATION COMMUNISTE INTERNATIONALISTE », LE GROUPE « REVOLTES » ET LA « FEDERATION DES ETUDIANTS REVOLUTIONNAIRES » DEPENS MIS A LA CHARGE DE L’ETAT ; L’EXPEDITION DE LA PRESENTE DECISION SERA TRANSMISE AU PREMIER MINISTRE ET AU MINISTRE DE L’INTERIEUR.

Analyse

Abstrats : 01-05-02 ACTES LEGISLATIFS ET ADMINISTRATIFS – VALIDITE DES ACTES ADMINISTRATIFS – MOTIFS – ERREUR DE FAIT – Existence – Dissolution d’une association.
10-01-04-01 ASSOCIATIONS ET FONDATIONS – QUESTIONS COMMUNES – DISSOLUTION – ASSOCIATIONS ET GROUPEMENTS DE FAIT – LOI DU 10-01-1936 – Conditions non remplies.
26-03-01-01 DROITS CIVILS ET INDIVIDUELS – LIBERTES PUBLIQUES – LIBERTE D’ASSOCIATION – DISSOLUTION D’ASSOCIATION OU DE GROUPEMENT DE FAIT – Loi du 10 janvier 1936 – Conditions non remplies.
49-05-05 POLICE ADMINISTRATIVE – POLICES SPECIALES – POLICE DES ASSOCIATIONS ET GROUPEMENTS DE FAIT [LOI DU 10-01-1936] – Dissolution – Conditions non remplies.
54-01-04-02 PROCEDURE – INTRODUCTION DE L’INSTANCE – INTERET – EXISTENCE D’UN INTERET – Membres d’associations ou groupements de fait dissous en application de la loi du 10 janvier 1936.

Résumé : 01-05-02, 10-01-04-01, 26-03-01-01, 49-05-05 Pour prononcer la dissolution de l' »Organisation communiste internationaliste », du groupe « Révoltes » et de la « Fédération des étudiants révolutionnaires » le gouvernement s’est fondé sur les dispositions des alinéas 1 et 3 de l’article 1er de la loi du 10 janvier 1936. Il n’est pas établi que ces organisations aient provoqué à des manifestations armées dans la rue ou aient eu pour but d’attenter par la force à la forme républicaine du gouvernement. Illégalité du décret prononçant leur dissolution.
54-01-04-02 Les personnes, dont il n’est pas contesté qu’elles aient été des membres d’associations ou groupements dissous par un décret pris en application de la loi du 10 janvier 1936, ont intérêt et, par suite qualité pour demander l’annulation de cet acte.

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UJCML : Un camarade est mort (Gilles Tautin)

L’annonce de la mort de Gilles Tautin, membre de l’Union de la Jeunesse Communiste Marxiste-Léniniste, fut l’un des événéments marquants du soulèvement de mai 1968.

Un camarade est mort. Un jeune lycéen, Gilles TAUTIN du lycée Mallarmé. Un militant du mouvement de soutien aux luttes du Peuple. Un militant de l’Union des Jeunesses Communistes (marxiste- léniniste).

Il est mort à FLINS. Il est mort matraqué par les flics, noyé. D’autres camarades ne sont pas encore revenus. Des centaines de jeunes toute la journée ont été pourchassés, traqués, arrêtés.

Et le prolétaire de FLINS, oui ou non a-t-il été tué? Nous le saurons. Des centaines de prolétaires blessés. Gilles témoigne pour tous.

Qui a tué notre camarade ?

Les flics, la dictature Gaulliste. Ce gouvernement d’assassins fait horreur a peuple. Fondé de pouvoir des exploiteurs, ce gouvernement est honni par les ouvriers, les paysans, les intellectuels, par toute la population laborieuse.

Notre Peuple s’est soulevé contre ce gouvernement. La force des millions de prolétaires se rendant maîtres des usines a ébranlé le pouvoir des exploiteurs : les capitalistes ont tremblé.

Aujourd’hui leur gouvernement voudrait faire payer le peuple, lui faire oublier qu’il est une force invincible, il voudrait le diviser, le réprimer. Il ne le pourra pas.

Le gouvernement gaulliste espérait que tout rentrerait dans « l’ordre », N’avait-il pas promis des élections législatives ? Oui, des élections pour que la travail reprenne. Pour que le travail reprenne avant LA SATISFACTION DES REVENDICATIONS OUVRIERES.

Des élections pour que les ouvriers rentrant dans leurs usines sous la pression des jaunes, des flics, des C.D.R.

Des élections pour vaincre le peuple. Et quand les ouvriers résistent comme à CITROEN, à RENAULT, le gouvernement d’assassins envoie ses C.R.S..

Mais comme tous les réactionnaires, le gouvernement gaulliste sous- estime la force du peuple : la classe ouvrière résiste et le jeunesse, la population, soutiennent les bastions de la résistance prolétarienne.

A FLINS, ouvriers, étudiants, et toute la population sont unis, unis pour la victoire d’une même cause, le cause du peuple. Qui a aidé le gouvernement dans sa besogne de division et de répression? Les politiciens anti-ouvriers et anti-populaires.

Les larges masses de notre pays les ont vus à l’oeuvre : la direction de FO, léchant les bottes des ministres, la direction de le CFDT., qui signait tous les accords de capitulation et trouvait le moyen, quand la classe ouvrière se battait pour la satisfaction de toutes ses revendications et pour un gouvernement populaire, de présenter SON candidat, un politicien anti-communiste à la retraite, MENDES-FRANCE.

Enfin, la DIRECTION CONFEDERALE de le CGT, et la clique de politiciens du PCF. L’attitude de le direction confédérale de la CGT a été IGNOBLE.

Elle a appelé è la reprise du travail à coups de votes à bulletins secrets et de mensonges.

Elle a saboté l’auto-défense des usines.

Elle a ouvert les portes de FLINS aux CRS POUR QUE LES ELECTIONS se DEROULENT, ELLE A DESARME LA CLASSE OUVRIERE. ET ELLE A ARME LES BRAS DES ASSASSINS à FLINS.

Que disait le bureau confédéral de la CGT et l’HUMANITE, le 7 Juin 1968 ? « Le gouvernement a omis de désigner les véritables fauteurs de troubles et de provocations dont les agissements, y compris contre la reprise du traveil, sont couverts par une singulière complaisance du pouvoir ».

Le gouvernement a répondu à cet appel il a tué notre camarade. Notre camarade est mort.

Les responsables de son assassinat sont le gouvernement gaulliste et SES COMPLICES DU BUREAU CONFEDERAL de la CGT et de le DIRECTION du PCF.

Notre camarade est mort pour SERVIR LE PEUPLE.

Pour l’Union du Mouvement de le Jeunesse et du Mouvement Ouvrier. Il est allé à FLINS se mettre sous l’autorité des travailleurs et des syndicalistes prolétariens de la CGT.

Perce qu’il faisait partie d’une organisation politique qui naît au coeur des masses ouvrières.

L’organisation est fière de compter parmi ses membres les défenseurs de la CGT des prolétaires.

C’était un jeune militant qui défendait la cause ouvrière et la cause de la grande CGT de lutte de classes, indissolublement liées.

Il ne confondait pas les traîtres du bureau confédéral et les centaines de milliers de militants cégétistes ardents défenseurs de la cause ouvrière.

Il faut savoir POUR QUOI, POUR QUI, il est mort : POUR LA CLASSE OUVRIERE, POUR LA C.G.T. de LUTTE DE CLASSES, POUR LE PARTI des REVOLUTIONNAIRES PROLETARIENS qu’il aidait à édifier, POUR LE PEUPLE.

Dans son esprit il avait gravé l’instruction du grand guide de le Révolution mondiale, le camarade Mao Tsé-toung : SERVIR LE PEUPLE.

CAMARADE, ton nom est désarmais inséparable de la révolution populaire, du printemps de notre peuple !

Nous te faisons le serment de suivre la voie que tu as tracée de ton sang.

Le sang des prolétaires, le sang de notre camarade lycéen, de ceux qui sont morts SANS QUE LE PEUPLE LE SACHE, est pour nous tous LE SANG des MARTYRS.

Des martyrs de la REVOLUTION POPULAIRE. Il soulève notre haine qui est immense, à la mesure des souffrances infligées au peuple par ses exploiteurs.

Camarades, autour du drapeau rouge de le résistance prolétarienne, de le Révolution Populaire, du communisme, UNIS JUSOU’A LA VICTOIRE!

– Syndicalistes prolétariens C.G.T.
– Mouvement de Soutien aux Luttes du Peuple.
– Union des Jeunesses Communistes (marxiste-léniniste) et Organisations sur la ligne de SERVIR LE PEUPLE.

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Le sixième numéro d’Action

Le sixième numéro d’Action, au format pdf (cliquer sur l’image pour l’obtenir) ; rappelons qu’il a été lancé comme organe du syndicat étudiant l’UNEF, des CAL (comités d’action lycées) et du mouvement du 22 mars.

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Jeunesse Communiste Révolutionnaire : « J’ai déjà voté sur les barricades »

Le 10 juin 1968, alors que des élections sont annoncées, la Jeunesse Communiste Révolutionnaire annonce une ligne combattive.

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Le canard enchaîné et mai 1968

Voici deux articles du Canard enchainé datant de mai 1968. Avec les grèves, la diffusion des numéros du 22 mai et du 6 juin avaient été toutefois très problématiques et celui du 29 mai n’est carrément pas sorti.

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Cinéma, cafés… l’orgie de tabassage policier en mai 1968

Mai 1968 a-t-il donc pu être un détonateur parce que le régime s’est posé comme intransigeant, alors qu’il aurait pu tenter de pacifier et d’endormir les étudiants, empêchant qu’ils servent de vecteur contestataire?

Il faut croire que oui puisque la cinquième république s’est maintenue. En même temps, le régime n’a pas réprimé mai 1968 dans le sang, avec l’armée, il s’est appuyé sur la police et les forces para-militaires comme les CRS.

Dans tous les cas, cela a marqué ceux et celles ayant une conscience sociale.

Il faut vraiment souligner que ce qui a permis aux étudiants de se galvaniser, c’est le haut-le-coeur de la population face à la répression brutale ayant eu lieu dès le début.

C’est à ce moment-là que le discours révolutionnaire de la gauche contestataire, auparavant marginale, conquière dans la nouvelle situation un écho significatif.

La tension était immense. Voici des témoignage du terrible 6 mai, point de départ de la tentative d’écrasement immédiate des protestations suite au 3 mai ayant été marqué par l’évacuation policière de la Sorbonne.

Cela doit permettre une réflexion sur la nature des événements de début comme détonateur. D’ailleurs, un fétiche existera à partir de ce moment-là, avec l’idée qu’un mouvement cherchant à s’affirmer doit justement provoquer la répression pour exister en tant que tel.

Une démarche ridicule qui deviendra cependant le fond de commerce d’une certaine extrême-gauche en France.

La répression, en effet, est toujours un choix tactique et stratégique de la part d’un régime. Si les cinémas, cafés… sont des cibles et les policiers sont pris dans une orgie de tabassage, c’est que le régime voulait régler les choses vite. Il a échoué, mais par la suite il a su pacifier, preuve qu’il pouvait faire l’un ou l’autre.

« Le lundi 6 mai, vers 23 h 30, rue Monsieur Le Prince, cherchant à regagner mon domicile après avoir dîné dans un restaurant du quartier Saint-Michel, les C.R.S. qui bloquaient le haut du boulevard Saint-Michel n’ont pas voulu me laisser passer; bien au contraire, ils ont chargé rue Monsieur-le-Prince des passants qui n’étaient manifestement pas des manifestants, d’autres C.R.S. qui se trouvaient à l’intersection de la rue Vaugirard et de la rue Monsieur-le-Prince les ont pris à revers; j’ai vu des C.R.S. marteler de coups des passants qui étaient tombés.

D’autres comme moi ont dû se réfugier dans un cinéma, ce qui n’a pas empêché les C.R.S. de casser à coups de crosse les vitres du cinéma, et d’assommer quelques innocents, repliés à côté du guichet en les traitant de « fumiers », « on aura ta peau », « vous êtes tous des salopes », « on s’en fout que vous ayez manifesté ou pas ».

Dans les salles mêmes du cinéma les spectateurs terrorisés suffoquaient, asphyxiés par les gaz lacrymogènes qui étaient entrés par les trous d’aération; des femmes pleuraient, une vieille dame, la tête dans les bras, disait : « Non, ce n’est pas possible, ce n’est pas possible. »

Il était impossible de sortir des salles : on entendait derrière les coups de crosse des C.R.S.

Ce témoignage ne traite pas d’un fait isolé. Habitant au coeur du quartier où se sont déroulées la plupart des manifestations, j’ai dû me rendre compte qu’il était absolument impossible de me rendre chez moi sans êtres systématiquement poursuivi par des corps de C.R.S. censés disperser les manifestants et qui ont fait de moi un manifestant, faute de pouvoir rentrer chez moi.

Des représentants de l’ordre guettant rue Monsieur- le-Prince un petit groupe d’étudiants et de civils qui débouchait de la place Edmond-Rostand, attaquèrent ces derniers qui s’enfuyaient par cette même rue.

Ils les matraquèrent en s’acharnant à plusieurs sur la même victime. Une de celles-ci, allongée sur le pare-brise d’une voiture en stationnement fut matraquée jusqu’à ce que le pare-brise cède.

Puis les représentants de l’ordre policier s’acharnèrent sur des civils qui soit sortaient du cinéma « le Luxembourg », soit s’enfuyaient dans la rue Monsieur-le-Prince. Ils brisèrent de plus les vitrines de l’hôtel Médicis et du cinéma « le Luxembourg » pour empêcher la population soit d’aider les blessés, soit de se réfugier.

Lundi 6 mai, vers 21 heures, alors qu’il n’y avait aucun trouble ni attroupement important, j’ai vu les forces de l’ordre lancer une grenade lacrymogène sans sommation ni raisons apparentes, contre une jeune fille qui fut atteinte à la face. »

A Saint-Sulpice également, incident grave dans un café :

« Soudain le café fut cerné par un groupe de C.R.S.et un civil frappa sur la porte de verre du café.

Le patron s’empressa d’aller ouvrir. Le civil, une longue matraque à la main, entra suivi d’un autre policier. Celui-ci, C.R.S., avait son casque à la main.

Le civil donna l’ordre d’évacuer le café en tapant sur les tables avec son bâton et sur certaines personnes peu pressées d’exécuter son ordre. Quand certaines passaient devant lui, il les désignait de son bâton, c’était essentiellement des jeunes.

Je me retrouvai derrière un homme assez jeune qui déclara en sortant avec un fort accent : « Je suis étranger et… » il fut coupé par un C.R.S. qui le frappa en lui répondant : « Ouais, et tu viens nous faire chier en France. »

Puis je fus happé par plusieurs mains et je fus frappé sur la tête et le corps par des matraques. Je tombai à genoux et un C.R.S. me donna un coup dans le ventre et je tombai donc sur le dos et fus frappé à la face. Je me relève tant bien que mal toujours sous une pluie de coups et réussis à m’enfuir dans la rue Notre-Dame-des-Champs.

Après une dizaine mètres, saignant énormément, je m’arrêtai et demandai aux gens se trouvant devant leur porte si personne ne pouvait m’aider. Deux jeunes filles nie firent entrer chez elles et m’allongèrent sur un lit, puis allèrent prévenir le secours de la Croix-Rouge qui vint me chercher et je fus emmené en ambulance.

L’ambulance m’emporta à l’Hôtel-Dieu. Là je fus reçu par le chef de service des urgences qui m’examina et m’envoya au service des radios. On me fit plusieurs radios de la face. Je remontai au service des urgences et le médecin de service, après avoir regardé les radios, déclara que j’avais une fracture du nez et sans doute une fracture du maxillaire. »

Voici deux autres témoignages, datant quant à eux du 7 juin. La situation est la même. Cela se passe ici dans le quartier de Montparnasse :

« J’ai assisté mercredi 8 mai à 1 h 30 du matin, boulevard du Montparnasse, à l’assaut donné contre « Le Select ». Ils ont chargé droit sur le café dont les grilles étaient fermées, et dont les consommateurs étaient de paisibles noctambules.

Après avoir demandé au directeur de faire sortir tous les clients, celui-ci s’y est opposé en disant qu’il n’y avait aucun manifestant. Ils ont alors cassé les glaces et ont envoyé des grenades lacrymogènes. Ensuite, ils sont partis sur les manifestants et ont forcé un autre café où d’autres personnes ont été blessées. »

Et, un autre, plus tard dans la soirée :

« Il est deux heures du matin, mercredi 8 mai je viens d’entrer avec un ami dans le café « le Rond- Point» boulevard Montparnasse. Nous sommes sur le point de nous asseoir quand un homme entre en courant; il est pourchassé par les C.R.S.

Presque immédiatement le gérant du café éteint les lumières et ferme la porte à clé; un ou plusieurs policiers brisent une partie du vitrage et lancent des grenades.

La première des grenades est tombée tout près de mon ami : c’était une grenade lacrymogène en verre. Je ne sais pas combien de grenades ont été lancées mais l’atmosphère est devenue irrespirable au point que l’on était près de perdre conscience.

Le gérant du café a évité la panique en criant de se masser au fond du café; pendant cinq à dix minutes nous sommes restés accroupis dans le silence car personne n’avait la force de bouger. Ce silence était ponctué par des toux incessantes. Certaines personnes vomissaient…

Le gérant du café a surveillé la situation à l’extérieur et quand il a vu que la densité des C.R.S. diminuait il a conseillé aux gens de sortir par un ou par deux. Nous étions encore en état de bouger et nous sommes partis ainsi. Un C.R.S. nous a poursuivis à coups de matraque. »

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Politique

Le cinquième numéro d’Action

Le cinquième numéro d’Action, au format pdf (cliquer sur l’image pour l’obtenir) ; rappelons qu’il a été lancé comme organe du syndicat étudiant l’UNEF, des CAL (comités d’action lycées) et du mouvement du 22 mars.

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Politique

Le quatrième numéro d’Action

Le quatrième numéro d’Action, au format pdf (cliquer sur l’image pour l’obtenir) ; rappelons qu’il a été lancé comme organe du syndicat étudiant l’UNEF, des CAL (comités d’action lycées) et du mouvement du 22 mars.

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Culture

Le film « La chinoise » de Jean-Luc Godard (1967)

La fraîcheur du film La chinoise de Jean-Luc Godard ne tient pas seulement à la candeur des acteurs et actrices représentant des jeunes engagés dans les rangs « marxistes-léninistes » en mars 1967, ni à leur discours sur le blocage de l’université pour remettre en cause le régime annonçant directement mai 1968.

Il y a aussi une sorte de pureté graphique qui ressort de chaque image et de l’association de l’ensemble des petites saynètes, qui sont à la fois irrévérencieuses et surprenantes, authentiques dans la dignité de la révolte et en même temps ouvertement critiques quant à l’origine sociale des révoltés.

Car, et c’est un phénomène tout à fait français ou plus précisément parisien, une partie significative des meilleurs étudiants parisiens, issus alors des familles les plus aisées, ont fait le choix dans la période 1967-1969 de s’identifier avec la révolution culturelle en Chine, avec le style de travail « marxiste-léniniste ».

D’où les innombrables citations de Mao Zedong dans le film, associées à la représentation parfois très humoristique et jamais prétentieuse des principales valeurs partagées, allant du refus catégorique de l’Union Soviétique à la volonté d’ouvrir la voie au soulèvement armé.

Jean-Luc Godard, avec ce collage, ce patchwork de moments où l’on discute et l’on fume, où l’on pose sa fragilité sentimentale et sa volonté d’aller de l’avant dans la révolution, où l’on revendique son besoin d’art, où l’on pose véritablement une identité en rupture tout en se sachant souvent soi-même d’origine bourgeoise, fait une véritable capture graphique d’un moment historique de grande signification.

En un certain sens, on ne peut pas comprendre mai 1968 sans voir La chinoise, à moins de réduire cet épisode historique à une logique iconoclaste anarchiste – situationniste. Ce qui caractérise en effet les marxistes-léninistes, c’est-à-dire les maoïstes de l’Union de la Jeunesse Communiste (marxiste-léniniste), c’est le souci profond de la question esthétique, au sens d’une vision du monde cohérente et allant dans le sens d’une beauté totale.

C’est, bien entendu, l’esprit de la révolution culturelle sur le modèle chinois; cela se fait dans le film de manière revendicative, assumée, au moyen de grandes tirades sous forme de sentences :

« Ce que j’ai à vous dire, c’est que c’est pareil dans l’enseignement aussi bien littéraire que scientifique. Le colloque de Caen a proposé des réformes, la gauche propose des réformes.

Mais tant que Racine peindra les hommes tels qu’ils sont, tant que Sade sera interdit à l’affichage, tant qu’on n’enseignera pas les mathématiques élémentaires dès le jardin d’enfants, tant qu’on subventionnera dix fois plus les homosexuels de la Comédie-Française que Roger Planchon ou Antoine Bourseiller, ces réformes resteront lettre morte, parce qu’elles appartiennent à un langage mort, à une culture qui est une culture de classe, qui est un enseignement de classe, une culture qui appartient à une classe déterminée et qui suit une politique déterminée. »

La beauté, vivante et productive, est ici au cœur des exigences, mais on sait comment après mai 1968 le système profitera d’une vaste logique modernisatrice, où d’ailleurs Sade, Roger Planchon et Antoine Bourseiller auront plus que leur place !

C’est ce qui fait d’ailleurs la grande faiblesse du film que de se tourner vers tout ce qui est moderne, expérimental, quitte à ne pas voir que le contenu visé – un éloge du marxisme-léninisme et de l’engagement – est inévitablement en opposition finalement frontale avec ce goût incongru et fétichiste du montage rythmé allant jusqu’à la mise en abîme, selon le principe de la nouvelle vague entendant toujours rappeler que ce n’est qu’un film, d’où les moments où l’on voit les cameramans par exemple.

Et pourquoi avoir intégré dans La chinoise une sorte de scénario, qui plus est emprunté au roman Les Démons de Fiodor Dostoïevski qui va à l’opposé du sens de l’engagement révolutionnaire ? Tout le film se focalise d’ailleurs sur un appartement bourgeois récupéré par des bourgeois.

C’est là encore l’un de ces mystères des raisonnements tortueux de Jean-Luc Godard; heureusement, La chinoise reste comme intouchable par rapport à ces erreurs significatives. On est dans un souffle continu, un chemin long et fastidieux, mais apparaissant finalement comme lumineux pour paraphraser Mao Zedong. Comme il est dit à la fin, « Je croyais avoir fait un grand bond en avant, je n’ai fait que les premiers pas d’une longue marche. »

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Politique

Parler de mai 1968 aurait été parler des brutalités policières systématiques

"Désolation au quartier latin"Le traumatisme des affrontements du lundi 6 mai 1968 sont forcément la cause du fait que les médias, pour les 50 ans de mai 1968, ne pouvaient pas en parler librement. Si aujourd’hui une petite ultra-gauche délirante parle de violence policière, cela n’est rien du tout comparé au déchaînement de violence policier de mai 1968.

C’est qu’aujourd’hui le régime est tout sauf en crise, alors qu’à l’époque il vacillait littéralement. Les forces de police étaient mobilisés pour écraser la formation d’une contestation ; quelques centaines d’étudiants proposaient quelque chose d’autre concrètement, une alternative de gauche, révolutionnaire, un changement de mise en perspective, de mentalité.

La rudesse des affrontements du 6 mai reflètent cette confrontation, avec au moins 345 policiers atteints par des projectiles divers, plus de 500 blessés chez les étudiants, et de simples passants tabassés par la police également.

Voici un témoignage montrant bien l’ambiance régnante :

« Nous marchions tranquillement place Saint-Sulpice (déserte) lorsque trente C.R.S. et Brigades spéciales nous ont matraqués et laissés pour morts. »

Si jamais on se demande pourquoi – à tort ou à raison – l’élection de François Mitterrand en 1981 a été autant apprécié à gauche, c’est simplement aussi beaucoup pour cela. Le régime était brutal, très brutal, ne laissant aucun espace.

Parler trop de mai 1968 du côté médiatique ou institutionnel, cela aurait été raconté tout cela…

Voici un autre témoignage du même type :

« Ainsi, vers 21 heures, rue de l’Ancienne-Comédie, j’ai aperçu des forces de police. Un Policier court vers le milieu de la place de Buci et lance une bombe ; je recule à l’angle de la rue Grégoire-de-Tours.

Quelques secondes plus tard, des policiers débouchent dans cette rue et se jettent sur moi : aucun étudiant n’était à ma connaissance dans cette rue. Je hurle que je ne suis qu’une passante. A cinq, ils me jettent par terre et me matraquent. Il en est résulté une fracture du bras gauche, un traumatisme crânien avec plaies ouvertes. »

Ou encore :

« Je passais vers 23 heures place de l’Odéon, le 6 mai, quand un cordon de C.R.S. nous arrêta (nous étions en voiture).

Demandant poliment (quand même) de pouvoir passer pour rentrer chez nous, nous avons reçu pour toute réponse un coup de poing par la portière, puis sans plus d’explications nous fûmes éjectés de la voiture par une dizaine de « vrais enragés », je veux dire les C.R.S. et fûmes alors savamment matraqués ; recevant entre autres des coups de matraques sur le nez, etc.

Bilan de l’affaire : un nez cassé, visage tuméfié, cuir chevelu décollé sans compter les insultes à l’égard de nous-mêmes et des jeunes filles qui nous accompagnaient. »

France Soir donne des indications de cette violence systématique :

« Parmi les blessés, une jeune femme serrant dans ses bras un bébé de trois mois (…) Incommodé par des gaz lacrymogènes à la station Odéon, l’enfant avait été pris de vomissements et avait dû être soigné d’urgence.

mai 1968« A minuit, l’hôpital était complet et il fallut faire appel au stock de couvertures pour compléter tous les lits.

« Pas de blessés graves, explique le chef de service ; mais beaucoup de plaies dues aux coups de matraque et par les pavés, quelques fractures, et surtout beaucoup de jeunes gens aveuglés par les grenades lacrymogènes. Quelques-uns, une dizaine environ, qui avaient perdu connaissance, ont été gardés à l’hôpital en observation.

« II entrait un blessé toutes les deux minutes environ dans la salle où j’étais hospitalisé, raconte X., à sa sortie de l’Hôtel-Dieu. Rien que dans ma salle une quinzaine ont été gardés pour la nuit… »

Les gens furent particulièrement marqués par la violence acharnée de la police. Voici un témoignage :

 « Le lundi 6 mai 1968, à 6 heures de l’après-midi, de l’intérieur d’un magasin situé rue Saint-Jacques j’ai été le témoin horrifié de la brutalité avec laquelle deux policiers se sont acharnés à matraquer un étudiant depuis longtemps déjà hors d’état de se défendre, sur le trottoir d’en face, juste devant le jardin de l’église Saint-Séverin. Quelques minutes après, l’étudiant s’est relevé avec difficulté ; il avait la tête en sang ! »

En voici un autre :

« Une charge de C.R.S. se dirigeait vers des étudiants se trouvant rue Monge et place Maubert. Certains étudiants ont été rattrapés, dont deux qui ont été coincés près d’une porte cochère donnant sur le boulevard Saint-Germain (près station Maubert-Mutualité).

Ces deux jeunes gens se sont fait matraquer par la première charge de C.R.S. Ils sont tombés par terre. Par la suite tous les C.R.S. qui arrivaient leur tapaient dessus alors qu’ils étaient par terre et qu’ils ne bougeaient plus. »

C’est une politique de terreur, visant à briser. Un médecin raconte ce qu’il a vu :

« Avoir été témoin, le 6 mai 1968, vers 18 heures, boulevard Saint-Michel, à quelques mètres de la rue Saint-Séverin, des sauvages matraquages sans raison apparente, et après bousculade délibérée ayant eu pour effet de le jeter à terre, d’un jeune homme par des policiers habillés en toile kaki.

mai 1968Je vaquais à mes occupations dans cette zone alors entièrement libre, les affrontements et barrages étant au boulevard Saint-Germain. Le jeune homme, très chevelu, ne faisait rien de mal.

Il déambulait du côté des numéros impairs. Il s’est mis instinctivement à hâter le pas quand il a vu les susdits policiers, qui n’étaient pas en bleu marine mais d’aspect militaire (et que, pour ma part, je voyais pour la première fois en cette tenue insolite) traverser le boulevard en se portant dans sa direction d’un air menaçant. Ils sortaient d’un car de police qui venait de s’arrêter devant le café qui fait le coin, du côté opposé, de la rue et du boulevard.

Ils l’ont rattrapé, jeté à terre et ensuite lui ont porté des coups de matraque sur le crâne. Ces coups résonnaient de façon épouvantable sur la boîte crânienne.

Leur oeuvre faite, ils ont regagné le car sans s’occuper des réactions des passants, parmi lesquels j’étais et avec qui j’ai contribué à relever la victime qui geignait. Une touffe de ses longs cheveux était détachée. »

Un phénomène connu fut les interventions jusque dans les lieux privés. Ainsi :

« Je vous informe que on mari a été brûlé par l’éclatement d’une grenade, le lundi 6 mai vers 16 heures alors qu’il se trouvait à l’intérieur des locaux de son travail, rue Jean-Beauvais.

Des étudiants pourchassés par la police s’y étaient réfugiés. Actuellement il est toujours hospitalisé. »

Voici comment une concierge raconte comment elle s’est prise une grenade lacrymogène :

« Lundi 6 mai environ 20 h 30 – 21 heures. J’étais allée fermer la porte d’entrée. Dans le couloir il y avait un groupe de gens parmi lesquels cinq ou six locataires de l’immeuble. J’ai reçu comme un bloc de glace sur la tête, la tête s’est mise à me brûler, j’ai senti un liquide couler sur tout mon corps et une sensation d’étouffement. J’avais très mal surtout au visage, principalement aux yeux.

Le couloir s’est rempli d’une odeur épouvantable et l’évaporation du liquide remplissait l’air. Mon mari et les gens qui étaient dans le couloir pleuraient. Quelques personnes, parmi lesquelles ces locataires de la maison ont eu aussi des petites brûlures, trois locataires. »

C’est que la violence policière devait frapper vite, fort et à tout prix. Un étudiant non manifestant vit la scène suivante du haut de son balcon rue Monsieur-le-Prince :

« Le lundi 6 mai, les violences ont redoublé, nous étions suffoqués et aveuglés par les gaz lacrymogènes que la police lançait sur les manifestants et dans les vitrines.

Forces de l'ordreCe jour-là un enfant de douze ans environ qui revenait de l’école avec son cartable a été bousculé et renversé par les C.R.S. qui l’ont laissé sur place sans prendre la peine de voir s’il était blessé.

Lorsqu’un C.R.S. parvenait à s’emparer d’un manifestant, aussitôt cinq ou six autres policiers au moins venaient à la rescousse pour, s’acharner sur leur victime qu’ils laissaient ensuite au milieu de la rue dans un état plus ou moins grave.

Entre 19 heures et 19 h 30, des manifestants et des passants poursuivis par la police ont essayé de se réfugier sous le porche du 63 du boulevard Saint-Michel. La porte ne s’est pas ouverte assez vite, les C.R.S. sont arrivés, deux jeunes filles matraquées sont tombées à terre et ont été blessées.

Mais les plus gravement atteints ont été deux étudiants qui, assommés et roués de coups, ont été emmenés sans connaissance quelques instants plus tard par une ambulance. »

Parler de mai 1968 cinquante ans après aurait été parler des brutalités policières systématiques. Cela aurait été remettre en cause la cinquième République, la nature du régime. Comme la Gauche a capitulé à ce sujet, malheureusement, le patrimoine de mai 1968 n’est pas correctement défendu.

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Politique

Jeunesse Communiste Révolutionnaire : « Aujourd’hui »

A partir de la fin du mois de mai 1968 et jusque la mi-juin, la Jeunesse Communiste Révolutionnaire a produit un bulletin pratiquement quotidien : aujourd’hui.

Voici les bulletins regroupés au sein d’un fichier au format pdf.

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Politique

Faut-il une « désintox » pour l’affiche d’Emmanuel Macron en SS?

Qu’est-ce que la vérité, comment la comprendre ? Est-ce une chose en mouvement, ou une chose statique ? En voici un exemple bien parlant…

Car il existe une mode depuis quelques années dans les milieux journalistiques, visant à prôner un stop à « l’intox », à se lancer dans une dénonciation du complotisme. S’il peut s’agir parfois d’un vrai souci de rationalisme, bien souvent c’est un mépris des gens, du peuple en général, considéré comme trop idiot, trop inculte.

Les gens auraient besoin d’une enquête journalistique, faite par quelqu’un de diplômé, qui maîtriserait ses émotions par rapport au bon populo… Seul le journaliste sait ! Seul le journaliste comprend ! Le monde est statique, les bas peuple versatile !

Affiche Emmanuel Macron SSL’affaire de l’affiche représentant Emmanuel Macron en SS lors de la marée humaine de samedi dernier a justement été un thème de cette campagne de « désintoxication » ces derniers jours ; elle en révèle parfaitement les limites que l’on doit qualifier, sans aucun doute, de petites-bourgeoises intellectuelles.

En effet, à force de à prétendre une neutralité qui n’existe pas, en prétendant à une objectivité froide qui n’a jamais existé, on finit forcément par se prendre les pieds dans le tapis.

En l’occurrence, il est expliqué que l’insigne sur le bras d’Emmanuel Macron ne serait pas un drapeau israélien, mais bien l’insigne de destruction de blindés présent sur l’original.

Affiche Emmanuel Macron SS - image originaleComme sur la photo originale, le logo est le même, qu’il n’a pas été changé, il y a une « désintox » de faite, par exemple par Conspiracy Watch – Observatoire du conspirationnisme, Jean-Paul Lilienfeld, etc.

Quelle naïveté ! Quelle pseudo objectivité !

Car, quand on étudie une chose, on doit la regarder dans son mouvement, dans sa réalité, en tant que processus. On ne peut pas voir les choses statiquement.

Il faut voir comment l’image a été transformée, dans quel but. Il faut regarder quelles sont les valeurs de la personne qui l’a transformée. Il faut délimiter dans quelle mesure cette personne a conscience de ses propres valeurs.

Il faut regarder les valeurs de la société à un moment donné, en saisir les codes.

Affiche Emmanuel Macron SS - image originaleFaisons ainsi les choses sérieusement, en s’aidant d’une image présentant les images côte à côte, en faisant attention parce que l’image connaît une autre variante.

Déjà un travail sérieux aurait en effet été de trouver la source directe de ces images. Il s’agit d’une entreprise proposant des tenues de western, de Batman, de nazis, etc. Ce n’est nullement une photographie historique.

Donc, le logo SS a été changé par celui d’en marche, la tête de mort par « EM » (pour Emmanuel Macron ou En marche). L’aigle avec la croix gammée a été remplacée par « $$ », pour SS avec une allusion aux dollars (même pas à l’euro donc).

Une des épaulettes a été modifiée avec le symbole de l’entreprise Vinci. Sur l’avant-bas gauche, l’inscription « Götz von Berlichingen » a été remplacé par MEDEF. Götz von Berlichingen est un chevalier allemand ayant pris le parti des paysans révoltés à l’époque de Martin Luther, avant de finalement les trahir. Son nom a été employé pour nommer une division d’infanterie mécanisée de la Waffen-SS, la 17e Panzergrenadier Division SS.

La croix de fer (ici nazie), très connu en France, a été enlevé, pas les trois autres insignes nazis.

Affiche Emmanuel Macron SS et image originale

Affiche Emmanuel Macron SS, détail tankEt il y a donc, sur le côté gauche, sur le bras droit près de l’épaule, l’insigne de destruction des blindés, mis en place par Adolf Hitler en 1942.

Sur la photo ayant servi au montage, la couleur de cet insigne est déjà bleu, ce qui est une erreur historique de la part de ceux qui ont refait le costume.

Mais la question n’est pas là. La question est : est-ce que la personne qui a fait le montage a sciemment laissé cet insigne bleu comme une allusion au drapeau israélien, ou bien n’a pas touché en général les insignes secondaires?

Voilà la véritable question, parce que l’image a été retouchée de manière professionnelle ; il est évident que chaque aspect de ce qui a été touché ou pas a été pensé.

Et cette question demande une réponse politique, pas une réponse de journaliste. Il n’y a pas de pseudo objectivité qui tienne ici.

D’ailleurs, il ne faut pas être idiot. Le fait de déguiser Emmanuel Macron en nazi montre bien que la personne qui a fait le photomontage ne connaît rien à la Shoah et dispose d’une mentalité particulièrement malsaine.

N’importe qui voyant l’assimilation d’Emmanuel Macron non seulement au grand capital (ce qui est vrai en partie) mais également aux dollars devine aussi très bien la mentalité du photomontage : on a ici affaire à un anticapitalisme “antiimpérialiste” qui s’est largement développé ces dernières années, avec Jean-Luc Mélenchon, Alain Soral, l’ultra-gauche, le GUD, etc.

On n’a pas ici affaire à la Gauche historique. Partant de là, il est évident que l’insigne sur le côté est une allusion au drapeau israélien. Il est inévitable que le fait de l’avoir laissé sur le côté, avec sa forme et sa couleur bleue, ferait penser au drapeau israélien.

Il y a tellement ce genre d’allusions ces derniers temps qu’il n’y a pas de hasard. Pas de hasard… si l’on prend un point de vue politique.

Et le point de vue politique se moque de savoir si le choix est objectif ou subjectif. Historiquement, tout le monde a saisi cela comme une allusion. Politiquement, il y a donc responsabilité.

Ce que les partisans de la « désintox » ne prennent pas, en raison de leur « objectivité » froide, apolitique… les amenant à capituler devant cette affiche.

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Société

Le “football moderne” ne sanctionne pas Sergio Ramos pour son agression sur Mohamed Salah

Le football est un sport extrêmement populaire. Cela signifie qu’il est considéré de manière très sérieuse par une grande partie de la population, particulièrement chez les hommes d’origine ouvrière.

C’est ainsi que la blessure de Mohamed Salah, attaquant égyptien du Liverpool FC, provoquée par le capitaine du Real de Madrid, Sergio Ramos en finale de la Ligue des Champions de l’UEFA 2018, a suscité beaucoup d’indignation.

Lors d’un contact physique pendant une phase de jeu, le défenseur espagnol a en effet volontairement accroché le bras du numéro 11 de Liverpool pour le faire tomber de manière violente. Une pétition qui recueille à l’heure actuelle plus de 500 000 signatures réclame que l’UEFA s’appuie sur l’enregistrement vidéo pour le sanctionner a posteri.

Au vue des images, l’intention de faire mal est évidente.

Cela a d’ailleurs été souligné par un “tweet” de la fédération européenne de judo qui explique que cette technique est tellement dangereuse qu’elle est interdite dans leur sport !

Cela n’a pas manqué, Mohamed Salah a dû quitter le terrain quelques minutes après pour se rendre en urgence à l’hôpital. Il manquera très probablement le premier match de la Coupe du Monde avec la sélection égyptienne, dont il est la figure de proue.

Quand bien même le football n’est qu’un jeu, il représente quelque chose d’immense sur le plan culturel. Doit-il alors véhiculer des valeurs positives et morales, à travers le respect du jeu et de l’engagement ? Ou bien n’est-il, finalement, qu’un divertissement reflétant la société capitaliste, c’est-à-dire la concurrence exacerbée, la promotion du cynisme le plus vil pour arriver à ses fins ?

Manifestement, le football à notre époque correspond bien plus à la seconde description qu’à la première. C’est ce qui est désigné de manière critique comme étant le “football moderne”, ou le “football business”.

La faute de Sergio Ramos contre Mohamed Salah donne lieu à une confrontation typique entre les partisans du football tel qu’il existe actuellement, et ceux qui critiquent le “football moderne”.

Christophe Dugarry a défendu de manière on ne peut plus claire ce “football moderne” dans l’une des émissions de football les plus suivie en France :

“C’est un génie absolu, Ramos ! C’est le défenseur qui te fait gagner des titres, qui te fait gagner les compétitions. Ok, il est malin, il est vicieux. Mais tu ne dois avoir aucune retenue sur l’engagement ! »

Dans un autre genre se voulant plus intellectuel, mais tout aussi cynique et bourgeois, il y a eu un article du journal “Le Monde” qui affirme que Sergio Ramos est indispensable au football, expliquant que :

“il réalise une redoutable synthèse de vice et de brutalité”.

Au contraire, il y a eu toute une vague de colère face à ce geste, réclamant des sanctions. Cela d’autant plus que Sergio Ramos est connu pour avoir souvent une telle attitude immorale.

Rien que durant ce match, il a simulé une faute de manière odieuse face à Sadio Mané (ce qui a donné lieu à un carton jaune à son adversaire innocent) et a donné discrètement un coup de coude au gardien de but adverse Loris Karius (ce qui a probablement contribué à le déstabiliser puisqu’il commet juste après une bourde monumentale lui coûtant un but).

Le sentiment pour beaucoup d’amateurs de football est que la victoire du Real de Madrid est entachée par ces faits ayant empêché le Liverpool FC de s’exprimer réellement sur le plan sportif.

Cela n’est pas nécessairement vrai, ou du moins cela ne l’est qu’en partie puisqu’il faut considérer aussi que l’équipe anglaise ne peut pas ignorer la réalité du football à notre époque. Elle a donc failli par manque d’expérience, ce qui d’ailleurs se reflètent dans son jeu puisque Liverpool a littéralement foncé tête baissé dès le début du match, se jetant corps et âme dans la partie, “au talent”, en relativisant des considérations tactiques plus élaborées.

Toujours est-il que l’attitude de Sergio Ramos est injustifiable et qu’il devrait être sanctionné pour cela. La pétition réclamant une sanction par l’UEFA représente une exigence morale indéniable, une volonté de justice populaire positive.

Ajoutons également que la popularité de Mohamed Salah a largement contribué à déchaîner les passions. Ce joueurs s’est révélé durant cette saison, remportant les titres de meilleur buteur et de meilleur joueur de Premier League, le championnat anglais. Il est cependant une figure nationale en Égypte et dans le monde arabe depuis déjà quelques années. Il était déjà un joueur réputé lorsqu’il évoluait au FC Bâle puis à l’AS Roma, en passant par Chelsea FC et l’AC Fiorentina.

Le chef de l’Etat égyptien Abdel Fattah al-Sissi l’a qualifié de “symbole de l’Égypte ». Le mot clef “Ramos le chien” ( راموس_الكلب# ) – une insulte absurde pour les chiens – s’est répandue de manière virale sur Twitter, avec de multiples réactions sur différents médias.

Mohamed Salah représente en effet une certaine fierté dans le monde arabe. C’est un symbole de réussite, mais aussi une figure morale (largement liée à l’Islam) différente des autres stars du “football moderne”. L’Égyptien ne fait jamais parler de lui dans la presse, son attitude est toujours pudique et respectueuse, voire affectueuse notamment avec les jeunes. Il finance de nombreux projets dans son village natale, n’expose pas outrageusement ses richesses, signe toujours avec plaisir les autographes, accepte les selfies, ne célèbre pas ses buts contre ses anciennes équipes, etc.

Il est également très apprécié par la base des supporters de Liverpool, dont la ferveur populaire, voire ouvertement ouvrière, est connu mondialement. “The Egyptian King” dispose déjà de plusieurs chants, dont un qui dit, de manière affectueuse et subtile au vue de la situation politique anglaise :

Mohamed Sa-la-la-la-lah, Mohamed Sa-la-la-la-lah,
s’il est assez bon pour toi, il est assez bon pour moi,
s’il en marque quelques autres, alors je serai musulman aussi.

s’il est assez bon pour toi, il est assez bon pour moi,
Assis dans une mosquée, voilà où je veux être !

Voici la traduction du texte de la pétition appelant à sanctionner Sergio Ramos :

L’UEFA et la FIFA devraient punir Sergio Ramos pour avoir blessé intentionnellement Mohamed Salah

Sergio Ramos a intentionnellement gardé le bras de Mohamed Salah sous son aisselle, provoquant une luxation de son épaule. Non seulement il a manqué le reste du match, mais il manquera aussi la Coupe du Monde de la FIFA 2018.

En outre, il a continué à agir de manière à ce que les joueurs de Liverpool commettent des fautes, ce qui a amené l’arbitre à donner à Mané un carton jaune qu’il ne méritait pas.

Sergio Ramos représente un exemple terrible pour les futures générations de footballeurs. Au lieu de gagner des matchs équitablement, il utilise des tours qui défient l’esprit du jeu et le fair-play.

L’UEFA et la FIFA devraient prendre des mesures contre Ramos et des joueurs similaires, en utilisant les enregistrements vidéo des matches pour garder l’esprit du match.

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Politique

Le retour de de Gaulle le 30 mai 1968

La dernière semaine de mai 1968 est marquée par le retour en force du régime. En une semaine, tout est retourné, au point que même si les accords de Grenelle ne sont pas signés en raison de la protestation d’une part significative de la base populaire, les CRS et la police peuvent reprendre le contrôle de l’ensemble.

Voici comment cela s’est déroulé. Le 24 mai, de Gaulle annonçait, sans aucun impact, un référendum sur la participation. Il essayait en effet de s’en sortir de manière technocratique, cherchant en quelque sorte à profiter de l’impulsion de mai 1968 pour moderniser le régime né du coup d’Etat de 1958.

Il n’avait pas saisi à quel point tout avait vacillé.

En voici le texte.

Tout le monde comprend, évidemment, quelle est la portée des actuels évènements, universitaires, puis sociaux. On y voit tous les signes qui démontrent la nécessité d’une mutation de notre société. Mutation qui doit comporter la participation plus effective de chacun à la marche et au résultat de l’activité qui le concerne directement.

Certes, dans la situation bouleversée d’aujourd’hui, le premier devoir de l’Etat, c’est d’assurer en dépit de tout, la vie élémentaire du pays, ainsi que l’ordre public. Il le fait. C’est aussi d’aider à la remise en marche, en prenant les contacts qui pourraient la faciliter.

Il y est prêt. Voilà pour l’immédiat. Mais ensuite, il y a sans nul doute des structures à modifier. Autrement dit : il y a à réformer.

Car dans l’immense transformation politique, économique, sociale, que la France accomplit en notre temps, si beaucoup d’obstacles, intérieur et extérieur, ont déjà été franchis, d’autres s’opposent encore au progrès. De là, les troubles profonds. Avant tout dans la jeunesse qui est soucieuse de son propre rôle, et que l’avenir inquiète trop souvent.

C’est pourquoi, la crise de l’université, crise provoquée par l’impuissance de ce grand corps, à s’adapter aux nécessités modernes de la Nation, ainsi qu’au rôle et à l’emploi des jeunes, a déclenché dans beaucoup d’autres milieux, une marée de désordre, d’abandon ou d’arrêt du travail. Il en résulte que notre pays est au bord de la paralysie.

Devant nous-mêmes, et devant le monde, nous, Français, devons régler un problème essentiel que nous pose notre époque. A moins que nous nous roulions à travers la guerre civile, aux aventures et aux usurpations les plus odieuses et les plus ruineuses.

Depuis bientôt 30 ans, les évènements m’ont imposé en plusieurs graves occasions, le devoir d’amener notre pays à assumer son propre destin, afin d’empêcher que certains ne s’en chargent malgré lui. J’y suis prêt, cette fois encore. Mais cette fois encore, cette fois surtout, j’ai besoin.

Oui, j’ai besoin que le peuple français dise qu’il le veut. Or, notre Constitution prévoit justement par quelle voie il peut le faire. C’est la voie la plus directe et la plus démocratique possible, celle du référendum.

Compte tenue de la situation tout à fait exceptionnelle où nous sommes, et sur la proposition du gouvernement, j’ai décidé de soumettre au suffrage de la Nation, un projet de loi, par lequel je lui demande de donner à l’Etat, et d’abord à son chef, un mandat pour la rénovation. Reconstruire l’université, en fonction, non pas de ses habitudes séculaires, mais des besoins réels de l’évolution du pays, et des débouchés effectifs de la jeunesse étudiante dans la société moderne.

Adapter notre économie, non pas aux catégories diverses, des intérêts, des intérêts particuliers, mais aux nécessités nationales et internationales, en améliorant les conditions de vie et de travail du personnel, des services publics et des entreprises, en organisant sa participation aux responsabilités professionnelles, en étendant la formation des jeunes, en assurant leur emploi, en mettant en oeuvre les activités industrielles et agricoles dans le cadre de nos régions. Tel est le but que la Nation doit se fixer elle-même.

Françaises, français, au mois de juin, vous vous prononcerez par un vote. Au cas où votre réponse serait non, il va de soi que je n’assumerai pas plus longtemps ma fonction. Si par un oui massif, vous m’exprimez votre confiance, j’entreprendrais avec les pouvoirs publics, et je l’espère, le concours de tous ceux qui veulent servir l’intérêt commun, de faire changer partout où il le faut, les structures étroites et périmées, et ouvrir plus largement la route au sang nouveau de la France. Vive la République, vive la France !

Comprenant la gravité de la situation pour le régime, Charles de Gaulle laissa Georges Pompidou organiser les accords de Grenelle. Puis le 29 mai, il ajourne le conseil des ministres pour aller voir le général Massu à à Baden-Baden en Allemagne, où il y avait une base militaire française.

Assuré du soutien de l’armée, il revient dans la journée et tient alors une allocution à la radio, dont voici le texte. De Gaulle tint le discours à 16h30, pour appuyer le rassemblement de la droite organisé pour 18h à Paris, qui va rassembler entre 300 000 et un million de personnes, selon les sources.

Il annonce la dissolution de l’Assemblée nationale, et de nouvelles élections.

« Françaises, Français, Étant le détenteur de la légitimité nationale et républicaine, j’ai envisagé, depuis vingt-quatre heures, toutes les éventualités, sans exception, qui me permettraient de la maintenir. J’ai pris mes résolutions.

Dans les circonstances présentes, je ne me retirerai pas. J’ai un mandat du peuple, je le remplirai.

Je ne changerai pas le Premier ministre dont la valeur, la solidité, la capacité, méritent l’hommage de tous. Il me proposera les changements qui lui paraîtront utiles dans la composition du Gouvernement.

Je dissous aujourd’hui l’Assemblée nationale.

J’ai proposé au pays un référendum qui donnait aux citoyens l’occasion de prescrire une réforme profonde de notre économie et de notre Université et, en même temps, de dire s’ils me gardaient leur confiance, ou non, par la seule voie acceptable, celle de la démocratie. Je constate que la situation actuelle empêche matériellement qu’il y soit procédé.

C’est pourquoi j’en diffère la date.

Quant aux élections législatives, elles auront lieu dans les délais prévus par la Constitution, à moins qu’on entende bâillonner le peuple français tout entier en l’empêchant de s’exprimer, en même temps qu’on l’empêche de vivre, par les mêmes moyens qu’on empêche les étudiants d’étudier, les enseignants d’enseigner, les travailleurs de travailler.

Ces moyens, ce sont l’intimidation, l’intoxication et la tyrannie exercées par des groupes de longue main en conséquence, et par un parti qui est une entreprise totalitaire, même s’il a déjà des rivaux à cet égard.

Si donc cette situation de force se maintient, je devrai pour maintenir la République, prendre, conformément à la Constitution, d’autres voies que le scrutin immédiat du peuple. En tout cas, partout et tout de suite, il faut que s’organise l’action civique.

Cela doit se faire pour aider le Gouvernement d’abord puis, localement, les préfets devenus ou redevenus Commissaires de la République, dans leur tâche qui consiste à assurer autant que possible l’existence de la population et à empêcher la subversion à tout moment et en tous lieux.

La France, en effet, est menacée de dictature.

On veut la contraindre à se résigner à un pouvoir qui s’imposerait dans le désespoir national, lequel pouvoir serait évidemment et essentiellement celui du vainqueur, c’est-à-dire celui du communisme totalitaire.

Naturellement, on le colorerait, pour commencer, d’une apparence trompeuse en utilisant l’ambition et la haine de politiciens au rancart. Après quoi, ces personnages ne pèseraient plus que leur poids qui ne serait pas lourd.

Eh bien ! Non ! La République n’abdiquera pas. Le peuple se ressaisira. Le progrès, l’indépendance et la paix l’emporteront avec la liberté. Vive la République ! Vive la France ! »

Aux  élections législatives françaises de 1968, les 23 et 30 juin 1968, c’est le raz-de-marée de la droite.

Le régime avait triomphé en s’appuyant sur la France profonde et en intégrant les syndicats. Mai 1968 avait échoué.