Catégories
Politique

Le 11 mai va ouvrir la crise de l’indolence française

Les Français sont indolents, c’est-à-dire des partisans du moindre effort. Dès qu’il y a un problème, ils quémandent à l’État, y compris lorsqu’ils sont des tenants du libéralisme économique. Même en religion ils ont besoin d’un clergé. Quant à la politique, ils n’y participent jamais, déléguant de loin à des partis politiques numériquement très faibles. Le 11 mai ouvre la crise de cette indolence.

Les Français ont inventé le protestantisme. Mais ils n’ont pas assumé et aujourd’hui, seule une minorité de gens savent que Calvin est Français, de Picardie, comme La Fontaine et Racine. Comment pourrait-il être français, alors qu’il représente un puritanisme qui serait forcément anglo-saxon ? Le Français n’est-il pas hâbleur et batailleur, un vrai Gaulois ?

Ce qui va s’ouvrir le 11 mai, c’est une remise en cause fondamentale de cette illusion relevant du confort bourgeois d’une France correspondant au village d’Astérix et Obélix. Les Français se sont en effet mentis à eux-mêmes pendant des décennies, refusant de se considérer aussi libéraux que les Américains, imaginant que leur fromage vient de petite ferme, que les vaches gambadent dans les prés et que la France est, par définition, le pays le plus agréable du monde.

Le 11 mai, le déconfinement va montrer toutes les faiblesses, les étroitesses d’esprit, les manques matériels, les incapacités à organiser, le dédain, le mépris, l’hypocrisie, l’égoïsme. Cela va être un vaste catalogue de la catastrophe française, l’équivalent culturel de la débâcle de 1940. Et même si les gens font encore semblant que tout irait finalement pas si mal, la Droite est derrière pour cogner et pour faire tomber le tout.

Car personne ne semble avoir encore compris, à part certains secteurs de la Droite et de l’extrême-Droite, que l’économie a fait un bond en arrière de plus de dix ans, que tout l’existence artificielle de couches petites-bourgeoises va être profondément remise en cause. Les remous vont être énormes, l’instabilité économique va se prolonger en instabilité politique, avec des appels toujours plus forts à l’émergence de l’homme providentiel, sans doute une haute figure militaire.

Il n’y a simplement plus de place pour l’indolence, et si les gens ne veulent pas assumer d’en sortir, alors la sortie autoritaire, militariste, fasciste à la crise les y obligera de toutes façons. La polarisation va être complète et il n’y a, au fond, que deux forces en compétition pour les choix de la société : le mouvement ouvrier d’un côté, les forces les plus agressives du capitalisme de l’autre.

Le problème, évidemment, c’est que le mouvement ouvrier est au point mort. Les valeurs universitaires postmodernes ont anéanti de nombreux fondements culturels et politiques, alors que la démarche folklorique syndicaliste révolutionnaire est présente en force. C’est un ignoble mélange d’une gauche américaine avec une gauche d’avant le début du XXe siècle, avant la formation du Parti socialiste SFIO.

C’est en décalage complet avec ce qui est exigé et c’est pour cela que tout va aller très vite. La Gauche va se recomposer, sur sa base historique, mais de manière très rapide. Cela va être la course. Comme en Espagne dans les années 1930, il va y avoir une Droite au sens le plus large unifiée et voulant une sortie autoritaire, une toute petite extrême-Droite puissamment agitatrice, une agitation anarchiste et syndicaliste sans intérêt, et enfin une Gauche s’approfondissant, se systématisant, se structurant puissamment.

Le 11 mai marque le début de la grande course au pouvoir entre la Gauche et la Droite. Le vieux monde est dépassé.

Catégories
Politique

Biélorussie, pays martyr: le sens du défilé pour le 9 mai 2020

La Biélorussie a été à deux doigts d’être anéantie par l’Allemagne nazie, qui voulait rapidement la vider pour la coloniser. Le pays a été pratiquement détruit, tout en ayant été à la pointe du mouvement des partisans. Le 9 mai 2020 apparaissait donc comme un horizon concrètement incontournable.

La plupart des Français ne savent pas où est la Biélorussie, à vrai dire ils ne savent pas forcément que ce pays existe. À la limite certains auront-ils remarqué que le personnage de film John Wick est un assassin biélorusse, la série de films jouant sur le cliché plus ou moins vrai du Russe mélancolique fonctionnant comme un rouleau compresseur quand on l’ennuie. Aujourd’hui, plutôt que de Biélorussie, on parle d’ailleurs plutôt du Bélarus, dans le passé on employait par contre l’expression de Russie blanche.

L’origine du nom de ce pays d’aujourd’hui 10 millions d’habitants, dont la capitale est Minsk, est assez obscur : on ne sait pas trop si cela la relie à la Russie – soulignons que les Biélorusses et les Ukrainiens sont à la fois Russes et pas du tout – ou bien si c’est pour désigner la partie russe qui n’a pas été sous domination tatare. Rappelons en effet qu’au-delà des fantasmes postmodernes sur les « blancs » dominateurs, une large partie des pays de l’Est et du Sud Est ont été dominé longtemps par les Mongols, les Tatars, les Turcs, à quoi on peut ajouter les Hongrois.

Aujourd’hui, la Biélorussie, ou le Bélarus, est une dictature où le régime fait ce qu’il veut, étant un satellite russe, avec à la tête du pays Alexandre Loukachenko, qui est au pouvoir depuis 1994. Autant dire qu’être un opposant dans un tel pays exige un vrai sens de l’héroïsme par rapport à ce qu’on risque physiquement. Le pays a défrayé la chronique ces dernières semaines par son refus ostensible et unique de ne pas prendre en compte le covid-19.

Cela tient, en fait, pas seulement à une lubie d’un président qui, de toutes façons, n’en fait qu’à sa tête. Mais pas seulement : il y a également une vision de l’adversité historique qui est très particulière. Cela se lit dans le fait que la Biélorussie ait maintenu le défilé à l’occasion du 75e anniversaire de la victoire sur le nazisme. En effet, l’invasion nazie, pour la Biélorussie, c’est 9 200 villages anéantis dont 600 en même temps que tous leurs habitants, 1,2 millions de logements détruits, Minsk et Vitebsk anéantis à 80 %, 380 000 personnes déportées pour le travail forcé.

La Biélorussie a perdu 25 % de sa population, dont 800 000 Juifs assassinés par les nazis. Les objets et les bâtiments du patrimoine historique et culturel de la Biélorussie ont été réduit à néant, à très peu d’exceptions près. Les groupes de partisans ont essaimé tout le pays et l’héroïsme a été une norme, comme la résistance de la forteresse de Brest. Très difficile, par conséquent, de contourner la célébration du 75e anniversaire de la victoire.

Cette expérience explique-t-elle le refus de faire face au covid-19 en tant que tel ? Il y aurait ici à creuser, à méditer. Surtout, il faut se rappeler que les peuples n’ont pas les mêmes expériences, le même parcours. On le voit très bien quand on voit comment les Français ont été individualistes dans une large mesure dans cette crise sanitaire, alors que les Grecs, un peuple connu pour sa vivacité et aussi malheureusement sa pauvreté, a été d’une discipline exemplaire, en raison d’un grand sens des responsabilités populaires.

Il ne s’agit nullement de hiérarchiser ni de faire un fétichisme des différences. Il s’agit de comprendre que tout s’explique par l’histoire, par les rapports entre les classes, par la culture du pays à travers tout cela. Si on ne voit pas cela, on ne peut pas corriger le tir et aller vers le mieux.

Catégories
Écologie

Tribune: «Pour une relance économique intégrant la protection des animaux et de l’environnement»

Voici une tribune publiée initialement par le JDD et signée par de nombreuses associations de la protection animale, ainsi que des personnalités très diverses depuis la députée macroniste Aurore Bergé jusqu’au nationaliste Nicolas Dupont-Aignan, en passant par le populiste Jean-Luc Mélenchon.

Si la tribune pose de manière très claire et tout à fait juste la question du soutien aux refuges animaliers, celle des méthodes substitutives à l’expérimentation animale et de la fin de la captivité des animaux sauvages dans les cirques, il n’en est pas de même en ce qui concerne l’élevage. On a là un bricolage absolument intenable, consistant à lier le « bien être animal » à de petits élevages, avec des accès extérieurs pour les animaux et des prix élevés pour empêcher les consommateurs d’acheter trop de viande ! Cela relève typiquement d’un point de vue que l’on doit qualifier de « bobo », c’est-à-dire de bourgeois voulant un capitalisme à visage humain, sans trop de vague, et donc ici une exploitation animale « acceptable ». De la viande et du lait, oui disent ces gens, mais il faut faire ça bien. Sauf que cela est impossible, de part la nature même du capitalisme, et seul un changement du modèle économique permettra une réelle amélioration de la condition animale.

Rien que l’introduction de la tribune faisant allégeance aux élucubrations du Président Emmanuel Macron pour sortir de la crise montre ici une absence totale de perspective, avec simplement l’espoir fondé dans l’accompagnement de ce monde en perdition…

On notera également que la tribune évite soigneusement les questions de la chasse, en particulier de la chasse à courre, ainsi que des zoos, en particulier des delphinariums. Ce sont pourtant des questions fondamentales, absolument incontournables en 2020.

Voici la tribune :

 

« Pour une relance économique intégrant la protection des animaux et de l’environnement

Lors de son adresse aux Français du 13 avril dernier, Emmanuel Macron décrivait un moment de refondation, imposant plus d’ambition et d’audace pour faire face aux crises à venir, en retrouvant « le temps long, la possibilité de planifier, la sobriété carbone ». Nous, organisations de protection de la nature et des animaux, parlementaires, scientifiques et personnalités publiques, souhaitons nous inscrire dans cette démarche de refondation, en apportant des solutions pour une reprise économique allant dans le sens des progrès éthiques, écologiques et sanitaires. Nous faisons le choix de voir cette situation non pas comme une fatalité, mais comme l’occasion pour notre société de devenir meilleure et plus juste.

Concrètement, nous demandons que le plan de relance économique qui sera bientôt élaboré intègre pleinement la demande sociétale en faveur d’une plus grande prise en compte des animaux et de l’environnement, en conditionnant les aides, dans tous les domaines économiques concernés, au respect du bien-être des animaux, à la préservation de la biodiversité et à la limitation des effets négatifs sur l’environnement.

Repenser notre modèle agricole et alimentaire Le Président de la République le disait, un des défis que nous devrons relever concerne l’indépendance agricole. En matière de bien-être animal et de durabilité, la compétition entre pays producteurs, notamment non européens, bloque depuis des années toute réelle avancée. Il est temps de repenser l’organisation de ce secteur en favorisant les produits européens et a fortiori français, notamment via la restauration publique et la mise en place d’une taxe sur les produits non européens moins vertueux, en échange d’un rehaussement significatif des normes d’élevage – interdiction des cages et des mutilations (caudectomie, castration à vif, limage des dents, écornage, etc.) – et d’un plan visant, à terme, la fin de tout élevage sans accès à l’extérieur.

La France doit défendre une réforme de la politique agricole commune en ce sens. Ce rapprochement géographique des producteurs et des consommateurs doit également passer par la réduction des temps de transport des animaux vivants et la fin de ces transports en dehors des frontières de l’Union, souvent vers des pays qui ne respectent pas les normes d’abattage européennes. Afin de valoriser les efforts auxquels consentiraient les éleveurs français et de répondre à la forte demande des citoyens consommateurs pour plus de transparence, un étiquetage obligatoire du mode d’élevage et d’abattage doit être mis en œuvre pour les produits laitiers et carnés, comme cela existe déjà pour les œufs.

Ces mesures permettraient aux éleveurs de mieux vivre de leur travail et de recréer de l’emploi dans des élevages extensifs. Un coût plus élevé pour des produits de meilleure qualité engendrerait une consommation moindre qui serait bénéfique en termes de santé publique. La disparition de l’élevage intensif permettrait de réduire les risques épidémiques et liés à l’antibiorésistance. Rappelons ici qu’en France, l’écrasante majorité des animaux sont élevés en système intensif, à l’exception des filières bovines. Par ailleurs, une réduction de la consommation de produits animaux aurait un effet positif majeur sur l’environnement. L’élevage induit aujourd’hui au moins 14,5% des émissions de gaz à effet de serre mondiales et il est la première cause de déforestation dans le monde.

Faisons de cette crise une occasion de faire mieux, collectivement, pour la protection de l’environnement et des animaux. Dans chaque domaine de l’économie ayant des effets sur ces derniers, le plan de relance peut permettre des avancées. Dans la recherche par exemple, dont la crise sanitaire actuelle nous rappelle l’importance ; la France est en retard sur le développement des technologies innovantes telles que les organoïdes ou les organes sur puce . Pour donner un avantage à la recherche française et afin d’épargner des millions 2 d’animaux, une part importante des fonds alloués à ce secteur doit être expressément fléchée pour la recherche et le développement de méthodes substitutives à l’expérimentation animale.

Dans un autre domaine, les cirques sont particulièrement touchés par la crise actuelle et le resteront probablement pour de nombreux mois. Consultées depuis un an par le ministère de la Transition écologique et solidaire, les ONG ont unanimement demandé, comme 72% des citoyens , la fin de la captivité des animaux sauvages dans ces structures. Ce principe doit être la condition des aides octroyées. Les ONG et structures d’accueil feront tout leur possible pour répondre aux situations d’urgence et assurer la prise en charge des animaux, mais elles doivent avoir la garantie qu’ils leur soient cédés définitivement et qu’ils ne soient pas remplacés ensuite.

Enfin, citons les nombreuses organisations et refuges qui recueillent des animaux domestiques ou sauvages. Ils représentent des milliers d’emplois et évitent à la collectivité des problèmes environnementaux et sanitaires liés notamment à l’errance. Frappés de plein fouet par la crise actuelle, ils doivent bénéficier d’un soutien financier dans le cadre du plan de relance et être soulagés par un certain nombre de mesures, peu coûteuses et ayant déjà fait leurs preuves chez nos voisins européens : mise en place d’un permis de détention, stérilisation obligatoire des chats des particuliers, etc.

Ces quelques exemples n’ont pas vocation à être exhaustifs et nous nous tenons prêts à faire des propositions, dans un esprit de construction et de relance de l’économie, afin que le « monde d’après » soit meilleur que le « monde d’avant », tant pour les citoyens que pour les animaux. »

Liste des signataires :

56 organisations de protection des animaux et de la nature

Alliance Anticorrida
Alliance des Opposants à la Chasse
Animal Cross
Animal Justice et Droit
Animal Testing
Animalise
Animalter
Antidote Europe
ASPAS
Association en faveur de l’abattage des animaux dans la dignité (AFAAD)
Association Justice Animaux Savoie
Association pour le Droit à l’Objection de Conscience en Milieu Universitaire (ADOCMU)
Association TERRE Lawrence Anthony
Association Végétarienne de France
AVES France
C’est Assez !
Campaign Against Canned Hunting
CAP Loup
CIWF France
Code Animal
Collectif Chat 100% Stérilisation Obligatoire
Commission Condition animale EELV
Confédération Nationale Défense de l’Animal
Convention Vie et Nature
Convergence Animaux Politique
CRAC Europe
Droits Des Animaux
Éducation Éthique Animale
Ensemble pour les animaux
Ethics For Animals
Fédération des Luttes pour l’Abolition des Corridas (FLAC)
Fédération européenne CREL
Fondation 30 Millions d’Amis
Fondation Brigitte Bardot
France Nature Environnement
Groupe thématique « Condition animale » de la France Insoumise
Humanisma
L214 Éthique et animaux
La Fondation Droit Animal, Éthique et Sciences (LFDA)
Les Climat’Optimistes
Ligue Française pour la Protection du Cheval
Loup.org
One Voice
Parti animaliste
PAZ
PETA France
Pôle Grands Prédateurs
Pro Anima
Rassemblement pour une France sans Chasse
Réseau Sentience
S’PECE
Société européenne d’éthologie vétérinaire des animaux domestiques (SEEVAD)
Société Nationale pour la Défense des Animaux (SNDA)
Société Protectrice des Animaux (SPA)
Sur les Traces du loup
Welfarm

39 Parlementaires

Aurore Bergé, Députée LREM des Yvelines
Manuel Bompard, Eurodéputé LFI Français
Céline Boulay-Espéronnier, Sénatrice LR de Paris
Pierre-Yves Bournazel, Député MODEM de Paris
Anne-France Brunet, Députée LREM de Loire-Atlantique
Samantha Cazebonne, Députée LREM des Français établis hors de France
Fabienne Colboc, Députée LREM d’Indre-et-Loire
Éric Coquerel, Député LFI de Seine-Saint-Denis
Éric Diard, Député LR des Bouches-du-Rhône
Loïc Dombreval, Député LREM des Alpes-Maritimes, docteur vétérinaire, Président du
Groupe d’études Condition animale
Nicolas Dupont-Aignan, Député DLF de l’Essonne
Pascal Durand, Eurodéputé LREM Français
Caroline Fiat, Députée LFI de Meurthe-et-Moselle
Guillaume Gontard, Sénateur CRCE de l’Isère
Dimitri Houbron, Député LREM du Nord
Claudine Kauffmann, Sénatrice DLF du Var
Stéphanie Kerbarh, Députée LREM de Seine-Maritime
Joël Labbé, Sénateur EELV du Morbihan
Bastien Lachaud, Député LFI de Seine-Saint-Denis
Jean-Luc Lagleize, Député MODEM de Haute-Garonne
Jacques Marilossian, Député LREM des Hauts-de-Seine
Jean-Luc Mélenchon, Député LFI des Bouches-du-Rhône, Président du groupe LFI
Jean-Michel Mis, Député LREM de Loire
Claire O’Petit, Députée LREM de l’Eure
Matthieu Orphelin, Député LT du Maine-et-Loire
Anne-Sophie Pelletier, Eurodéputée LFI Française
Valérie Petit, Députée LREM du Nord
Florence Provendier, Députée LREM des Hauts-de-Seine
Loïc Prud’homme, Député LFI de Gironde
Hugues Renson, Député LREM de Paris, Vice-président de l’Assemblée nationale
Laëtitia Romeiro Dias, Députée LREM de l’Essonne
Laurianne Rossi, Députée LREM des Hauts-de-Seine, Questeuse à l’Assemblée nationale
Laurence Rossignol, Sénatrice PS de l’Oise, ancienne ministre
Frédérique Tuffnell, Députée LREM de Charente-Maritime
André Vallini, Sénateur PS de l’Isère, ancien ministre
Cédric Villani, Député LREM de l’Essonne
Corinne Vignon, Députée LREM de Haute-Garonne
Hélène Zannier, Députée LREM de Moselle
Michel Zumkeller, Député UDI du Territoire de Belfort

22 Personnalités publiques

Laurent Baheux, Photographe animalier
Christine Berrou, Humoriste
Allain Bougrain Dubourg, Président de la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO)
Camille Brunel, Ecrivain
Gérard Charollois, Ancien juge
Hugo Clément, Journaliste
Hélène de Fougerolles, Actrice
Jean-Baptiste Del Amo, Auteur
Mylène Demongeot, Actrice
Armand Farrachi, Écrivain
Hélène Gateau, Journaliste
Marc Giraud, Chroniqueur animalier et écrivain
Grégory Guillotin, Comédien, youtubeur
Robert Hossein, Réalisateur, acteur
Arno Klarsfeld, Avocat
Vincent Message, Écrivain
Guillaume Meurice, Chroniqueur
Candice Patou, Actrice
Philippe Radault, Réalisateur
Louis Schweitzer, Président de La Fondation Droit Animal, Éthique et Sciences
Henry-Jean Servat, Écrivain, journaliste
Laurent Testot, Journaliste et essayiste

31 Scientifiques et chercheurs

Françoise Armengaud, Philosophe
Laurent Bègue, Professeur de psychologie sociale, Université Grenoble Alpes
Yves Bonnardel, Essayiste, chercheur indépendant
Pierre Brunet, Professeur de Droit public, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Béatrice Canel-Depitre, Maître de conférences, HDR en sciences de gestion
Georges Chapouthier, Directeur de recherche émérite, CNRS
Marie Charpentier, Directrice de recherches, CNRS en biologie évolutive
David Chauvet, Docteur en droit privé et sciences criminelles
Émilie Dardenne, Maîtresse de conférences en Anglais et études animales, Université
Rennes 2
Philippe Devienne, Vétérinaire et docteur en philosophie
Samuel Ducourant, Doctorant en histoire et philosophie des sciences, ENS
Julien Dugnoille, Senior Lecturer in Anthropology, University of Exeter
Romain Espinosa, Chercheur en économie, CNRS, CREM, Université Rennes 1
Cécile Huchard, Enseignante-chercheuse en littérature
Élise Huchard, Chercheuse en éthologie
Pierre Jouventin, Directeur de laboratoire, CNRS, écologie animale
Renan Larue, Chercheur en lettres modernes
Arthur Keller, Ingénieur, systémicien
Frédéric Lenoir, Philosophe et sociologue
Joël Lequesne, Psychologue clinicien
Marine Lercier, Doctorante en droit global et sécurité humaine, Université autonome de
Barcelone
Jean-Pierre Marguénaud, Agrégé de droit privé et sciences criminelles, Directeur de la
Revue semestrielle de droit animalier
Marie-Claude Marsolier-Kergoat, Chercheure CEA/MNHN
André Ménache, Chirurgien vétérinaire et zoologiste
Jean-Marc Neumann, Chargé d’enseignement en droit de l’animal à l’Université de
Strasbourg
Corine Pelluchon, Philosophe
Emmanuel Picavet, Professeur de philosophie, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Estiva Reus, Économiste
Jean-Paul Richier, Psychiatre, Fondateur du collectif PROTEC
Pablo Servigne, Ecologue, chercheur indépendant
Cédric Sueur, Maître de conférences à l’université de Strasbourg

Catégories
Politique

La Gauche française et les 75 ans de la victoire sur l’Allemagne nazie

Si le 8 mai est un jour férié, de dimension nationale, la victoire sur le nazisme est considérée comme un aspect essentiel du dispositif idéologique et culturel de toute une partie de la Gauche. On peut pratiquement parler de fracture et il y a une profonde réactivation du courant communiste « historique ».

Il y a 75 ans, l’Allemagne nazie capitulait face aux Alliés. La version finale de cette capitulation arriva tard le soir, ce qui fit qu’en URSS c’était déjà le 9 mai, ce qui amène une double célébration internationale, le 8 mai pour les uns, le 9 mai pour les autres. Quant aux Allemands, tout comme étrangement les Autrichiens, ils ne célébraient rien du tout, considérant la défaite de l’Allemagne nazie comme leur propre défaite.

La Gauche allemande était terriblement choquée de ce constat et une large partie des socialistes d’Allemagne décida d’ailleurs de s’unifier avec les communistes, afin de faire face à la gigantesque tâche de réforme démocratique. Cela donna l’Allemagne de l’Est, alors qu’à l’Ouest les anciens nazis occupèrent l’ensemble de l’appareil d’État et les grandes entreprises. Le fondateur des services secrets ouest-allemands, Reinhard Gehlen, qui les dirigea jusqu’en 1968, fut d’ailleurs l’un des co-planificateurs de « l’opération Barbarossa » et ensuite le responsable des services secrets dans le cadre de l’invasion de l’URSS.

En France, la Gauche profitait à l’inverse évidemment d’une profonde unanimité. Cependant, la reconnaissance du 8 mai a toujours été une bataille. Si dès 1946, il y a une commémoration annuelle, le 8 mai n’est férié qu’à partir de 1953, à la suite d’une longue lutte.

De Gaulle supprime alors le 8 mai comme jour férié en 1959. Les commémorations restent. En 1975, Valéry Giscard d’Estaing supprime les commémorations. Toutes ces décisions reposent évidemment sur les besoins de la « réconciliation » dans le cadre de la construction européenne.

En 1981, c’est alors François Mitterrand qui rétablit à la fois les commémorations du 8 mai et cette date comme jour férié. C’était inévitable de par l’esprit et la culture de la Gauche. Mais son statut est précaire. Valéry Giscard d’Estaing avait fait du 11 novembre la journée des morts de la France et c’est de nouveau le cas depuis 2012. La suppression du 8 mai est une vraie hypothèse.

La raison de cette situation est que l’Union européenne a remplacé, pour une large partie de la Gauche, le mouvement ouvrier. Si le Parti socialiste mentionne les 75 ans de la victoire au détour d’un message twitter (et le même sur facebook), son dirigeant Olivier Faure n’en parle pas. EELV ne fait pareillement qu’ un message twitter, pour ne même pas parler des 75 ans, mais de la répression sanglante des émeutes tout aussi sanglantes en Algérie française le même jour. C’est d’ailleurs un des thèmes récurrents de la « seconde gauche », violemment anti-communiste.

Du côté de ceux assumant la tradition communiste, le 8 mai est par contre sacré et ces 75 ans forment un prétexte tout particulier de réaffirmation identitaire et culturelle, particulièrement marquée cette année. Le PCF reste sobre en saluant les 75 ans, mais dénonce tout de même la ministre des armées ne saluant que les pays alliés actuellement à la France pour leur soutien à la Libération (États-Unis, Canada, Grande-Bretagne, Australie, Nouvele-Zélande), y voyant un plan pour « oublier » l’armée rouge.

Qu’en 2020 le PCF soit obligé de souligner l’importance de l’armée rouge en dit long sur la puissance de toute une tradition. On ne doit donc pas s’étonner de voir des initiatives encore plus hardies dans le cadre de ceux en « compétition » pour qu’un nouveau PCF émerge.

Du côté du Parti Communiste Révolutionnaire de France (PCRF), il y a une Déclaration internationale de Partis communistes pour le 8 mai, qui a d’ailleurs été également signé par le Pôle de Renaissance Communiste en France (PRCF), qui a de son côté organisé un débat vidéo avec l’historienne Annie Lacroix-Riz. Il y a aussi un article saluant « les libérateurs au drapeau rouge » et dénonçant l’interprétation historique de la seconde guerre mondiale de l’Union Européenne (voir «L’Importance de la mémoire européenne pour l’avenir de l’Europe», un texte contre la Gauche).

Mais en fait le PCF a signé également cette déclaration, ce qui est très intéressant ou marquant ou surprenant, comme on le voudra, car il est parlé de l’URSS comme d’un « Etat socialiste », ainsi que du « peuple héroïque soviétique et à l’Armée rouge, dirigée par le Parti communiste, dont la contribution, écrite dans des pages héroïques telles que les batailles de Moscou, de Léningrad et de Stalingrad ».

Cette notion de batailles décisives est précisément battu en brèche par les maoïstes du PCF(mlm) qui ont de leur côté publié un dossier sur « la grande guerre patriotique », comme l’URSS appelle de son côté la seconde guerre mondiale, insistant sur « l’art opérationnel » élaboré alors.

Et dans la déclaration internationale, signé par une soixantaine de partis dans le monde, on lit le même genre de discours que chez le PCF(mlm), puisqu’il est affirmé que « les secteurs les plus réactionnaires et agressifs de l’impérialisme voient de plus en plus le fascisme et la guerre comme une « sortie » de l’aggravation de la crise du système capitaliste ».

C’est là un retour en forces des thèses communistes « historiques », avec tout une gamme de rapports à Staline : un peu (PRCF), beaucoup (PCRF), à la folie (PCFmlm), pas du tout (PCF). D’ailleurs, les autres courants ne parlent pas des 75 ans de la victoire sur le nazisme, soit par désintérêt (les maoïstes « post » Staline, les anarchistes), soit par rejet historique de la Résistance (Lutte Ouvrière ne dit rien, le NPA porte quant à lui un regard très critique).

A-t-on ici un renouveau historique du Communisme comme mouvement, ou un simple rappel formel des fondamentaux ? L’avenir le dira.

Catégories
Politique

«Déclaration internationale de Partis communistes pour le 8 mai»

Cette déclaration a été signée, pour faire simple, par ce qui reste du mouvement communiste se définissant positivement par rapport à l’URSS dans les années 1980. En France, elle a été signé par le PCF (qui ne le diffuse apparemment pas), par le PCRF (issu de l’URCF, une scission de gauche du PCF des années 1990) et par le PRCF (la gauche du PCF, très liée aux tendances les plus contestataires de la CGT).

« Déclaration internationale de Partis communistes pour le 8 mai

Au nom de la liberté, de la paix et de la vérité,

Contre le fascisme et la guerre !

La victoire sur le fascisme nazi pendant la Seconde Guerre mondiale est un événement majeur de l’Histoire, dont le souvenir doit être préservé et défendu face aux tentatives répétées de falsification historique visant à nous faire oublier le rôle décisif joué par l’Union soviétique des Républiques socialistes, par les communistes et par les antifascistes du monde entier.

Généré par le capitalisme, le fascisme nazi était la manifestation la plus violente et terroriste du capital monopoliste. Il était responsable du déclenchement de cette guerre d’agression et de pillage qui a fait près de 75 millions de morts, dont environ 27 millions de citoyens soviétiques, et des souffrances et horreurs incommensurables des camps de concentration nazis. Les peuples ne peuvent pas non plus oublier les pages sombres, comme les bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki par les États-Unis, sans aucune justification militaire, qui représentaient une démonstration de puissance et de leurs ambitions hégémoniques mondiales.

La Seconde Guerre mondiale (1939-1945) est le résultat de contradictions inter-impérialistes de plus en plus aiguës et, en même temps, de l’intention de détruire le premier État socialiste, l’URSS, qui s’est notamment exprimée dans le soutien et la connivence entre le Royaume-Uni, la France et les États-Unis, avec le réarmement et l’ambition expansionniste de l’Allemagne nazie.

En commémorant le 75ème anniversaire de la Victoire historique du 8 mai 1945, les partis communistes et ouvriers soussignés, certains de relayer les sentiments et les aspirations des travailleurs et des peuples du monde entier :

- rendent hommage à tous ceux qui ont donné leur vie sur les champs de bataille contre les hordes nazies-fascistes et en particulier à l’héroïsme des mouvements de résistance et des combattants antifascistes, ainsi qu’au peuple héroïque soviétique et à l’Armée rouge, dirigée par le Parti communiste, dont la contribution, écrite dans des pages héroïques telles que les batailles de Moscou, de Léningrad et de Stalingrad, a été décisive pour la victoire sur la barbarie ;

- considèrent que la victoire sur l’Allemagne nazie et ses alliés dans le Pacte anti-Komintern a été réalisée grâce à la contribution décisive de l’URSS, à la nature de classe du pouvoir soviétique avec la participation des masses populaires, au rôle de premier plan du Parti communiste, à la supériorité affichée par le système socialiste. Cette victoire est un énorme héritage historique du mouvement révolutionnaire.

- mettent en valeur les avancées remarquables dans l’émancipation sociale et nationale des travailleurs et des peuples, avancées rendues possibles par la victoire et l’avancement des forces du progrès social et de la paix, étendant la sphère du socialisme dans les pays d’Europe, d’Asie et d’Amérique latine ; cette victoire a créé les conditions pour l’avancée du mouvement ouvrier dans les pays capitalistes, le développement rapide du mouvement de libération nationale et la liquidation des empires coloniaux qui en a résulté ;

- dénoncent et condamnent les campagnes visant à minimiser, déformer et même nier le rôle de l’URSS et des communistes dans la défaite du fascisme nazi et aussi à blâmer injustement et faussement l’Union soviétique pour avoir déclenché la Seconde Guerre mondiale, à supprimer les responsabilités du grand capital et des gouvernements à son service dans la promotion et la montée du fascisme et dans le déclenchement de la guerre, à blanchir et réhabiliter le fascisme, tout en détruisant les monuments et la mémoire de l’armée soviétique libératrice, en promouvant l’anticommunisme et en criminalisant les communistes et d’autres antifascistes ;

- dénoncent et condamnent les résolutions anticommunistes de l’UE et la falsification historique calomnieuse qui tente d’assimiler le socialisme au monstre fasciste ;

- soulignent que les secteurs les plus réactionnaires et agressifs de l’impérialisme voient de plus en plus le fascisme et la guerre comme une « sortie » de l’aggravation de la crise du système capitaliste, dont le caractère inhumain devient particulièrement évident lorsque, même face à la très grave épidémie de Covid-19, l’impérialisme, les États-Unis, l’OTAN, l’UE et ses puissances capitalistes alliées, poursuivent une politique criminelle de blocus et d’agression contre les pays et les peuples ;

- considèrent que la lutte pour la paix, le progrès social et le socialisme sont indissociables, et s’engagent à rechercher une action commune plus forte de la classe ouvrière, des travailleurs et des peuples du monde, des forces politiques engagées dansla lutte contre le fascisme et contre l’impérialisme, contre les agressions impérialistes et la guerre.

La situation à laquelle sont confrontés les travailleurs et les peuples du monde souligne l’importance de renforcer la lutte contre l’impérialisme, pour la souveraineté des peuples et l’indépendance des États, pour les droits des travailleurs et des peuples. Il faut dépasser de manière révolutionnaire le système capitaliste, un système qui engendre le fascisme, la guerre, les injustices, les dangers et les contradictions du présent. Comme il y a 75 ans, c’est aujourd’hui la lutte des communistes et de tous ceux qui sont confrontés à l’exploitation et à l’oppression capitalistes qui ouvrira la voie à l’avenir pour l’humanité.

Communist Party of Armenia
Communist Party of Australia
Party of Labour of Austria
Communist Party of Bangladesh
Communist Party of Belarus
Communist Party of Belgium
Communist Party of Brazil
Communist Party of Britain
New Communist Party of Britain
Communist Party of Canada
Communist Party of Chile
Colombian Communist Party
Socialist Worker’s Party of Croatia
Communist Party of Cuba
Communist Party of Bohemia and Moravia
The Progressive Party of the Working People – AKEL
Communist Party in Denmark
Egyptian Communist Party
Communist Party of Finland
French Communist Party
Pole of Communist Revival in France
Communist Revolutionary Party of France
Unified Communist Party of Georgia
German Communist Party
Communist Party of Greece
Hungarian Worker’s Party
Communist Party of India (Marxist)
Communist Party of India
Tudeh Party of Iran
Iraqi Communist Party
Communist Party of Ireland
Workers’ Party of Ireland
Communist Party of Israel
Italian Communist Party
Party of the Communist Refoundation – European Left (Italy)
Workers’ Party of Korea
Communist Party of Luxembourg
Communist Party of Malta
Popular Socialist Party – National Political Association (México)
Communist Party of Mexico
New Communist Party of the Netherlands
New Communist Party of Aotearoa (New Zealand)
Communist Party of Macedonia
Communist Party of Norway
Communist Party of Pakistan
Palestinian Communist Party
Paraguayan Communist Party
Peruan Communist Party
Philippine Communist Party (PKP – 1930)
Portuguese Communist Party
Communist Party of the Russian Federation
Union of Communist Parties – CPSU
Communist Party of the Soviet Union
New Communist Party of Yugoslavia
Communist of Serbia
South African Communist Party
Communist Party of Spain
Communist Party of the Peoples of Spain
Communists of Catalonia
Galizan People’s Union
Communist Party of the Workers of Spain
Galician Nationalist Bloc
Communist Party of Sri Lanka
Sudanese Communist Party
Communist Party of Swaziland
Communist Party (Switzerland)
Syrian Communist Party
Communist Party of Turkey
Communist Party of Ukraine
Communist Party USA
Communist Party of Venezuela »

Catégories
Politique

11 mai: le grand saut dans l’inconnu

Le gouvernement a officialisé ce jeudi 7 mai la levée du confinement pour le 11 mai, avec quelques détails changeants pour les départements classés « rouge » par rapport à ceux classés « vert ». La circulation du virus n’a cependant pas cessé et personne ne peut être certain que la situation va s’améliorer sur le plan sanitaire. La France se lance dans un grand saut, périlleux, dans l’inconnu.

Une seconde vague de l’épidémie sur le territoire français est-elle à craindre ? C’est une possibilité tout à fait crédible. Ce qui est certain en tous cas, c’est que la circulation du virus ne s’est pas arrêtée avec le confinement. 728 nouvelles admissions à l’hôpital pour Covid-19 ont été enregistrées hier (100 de moins que la veille) et 99 personnes ont été placées en réanimation (30 de plus que la veille).

C’est beaucoup, et cela est en tous cas plus que les estimations du modèle prévisionnel ayant servi à déterminer des critères pour le 11 mai. Le Conseil scientifique s’était fondé pour cela sur un modèle de l’Institut Pasteur. Celui-ci prévoyait d’ici au 11 mai un nombre d’admissions quotidiennes en réanimation compris entre 10 et 50.

Il en est de même pour le nombre total de personnes en réanimation qui, bien qu’en baisse (- 186 hier), reste élevé avec 2 961 personnes, contre les 1 400 à 1 900 personnes prévues par le modèle pour le 11 mai, soit dans 4 jours). Si la baisse quotidienne était constante d’ici à lundi, cela donnerait 2217 lits de réanimation occupés, soit 300 de plus que la fourchette haute du modèle.

Autre chose à prendre en compte : ces chiffres reflètent une situation antérieure, avec des contaminations ayant eu lieu environ trois semaines avant les admissions en réanimation. Or, depuis la situation d’il y a trois semaines, quasiment en plein milieu du confinement, la situation a relativement changé. Le gouvernement a, à plusieurs reprises, évoqué un certain relâchement de la population quant au respect des règles de distanciation sociale et de « mesures barrières ».

Cela est aisément constaté par tout un chacun, avec notamment une circulation routière accrue, des visites dans les familles ou chez les amis, discrètes mais effectives, ainsi que de nombreuses activités économiques ayant déjà reprises cette semaine, particulièrement dans le BTP.

La France se lance dans un déconfinement en ayant finalement un aperçu que très partiel de la situation réelle, pour ne pas dire quasiment nul. Rien que le critère évoqué à l’origine par le gouvernement pour la lever du confinement le 11 mai, c’est-à-dire un nombre maximum de 3000 contaminations quotidiennes, est invérifiable (ou alors seulement a posteriori et par extrapolation).

Tout la stratégie du gouvernement est pourtant fondée sur cela, avec surtout le calcul du nombre de tests de dépistage hebdomadaire nécessaires (700 000 tests par semaine). La stratégie de dépistage sera d’ailleurs très compliquée à concrétiser, avec en plus de cela une opposition gouvernementale complètement hystérique sur la question du fichage sanitaire, que cela soit pour les brigades de terrains (censées remontées des chaînes de contamination) via les fichiers de l’assurance maladie, ou bien l’application de traçage de la population via les smartphones.

Même en supposant que l’estimation d’un maximum de 3000 contaminations quotidienne à partir du 11 mai soit la bonne, rien ne permet de croire que ces milliers de contaminations quotidiennes n’engendreront pas une nouvelle vague épidémique. Les masques, dont tout le monde n’est pas encore équipé d’ailleurs, les mesures dans les magasins, les transports, les écoles, la limitation (espérée) des contacts familiaux, amicaux etc. ne sauraient être aussi efficaces que le confinement de la population avec des rencontres normalement limitées aux seules courses alimentaires.

L’inquiétude est particulièrement grande pour l’Île-de-France, très dense, ainsi que le Nord et l’Est du pays. 72% des personnes hospitalisées se concentre d’ailleurs dans les régions Île-de-France, Grand-Est, Auvergne-Rhône-Alpes et Hauts-de-France.

Il a été rappelé hier par le ministre que le nombre de cas en Île-de-France ne faiblit que lentement, qu’il reste élevé, plus élevé que ce qui était espéré. Mais cela ne change rien à la date du 11 mai, et il est encore fait appel à la seule responsabilité individuelle :

« En Île-de-France, compte tenu de la tendance, nous pouvons déconfiner. Mais le fait qu’il reste du virus en circulation, que cette région soit très dense et peuplée, nous impose une discipline renforcée».

C’est d’ailleurs pourquoi une équipe de recherche de l’Inserm à l’Institut Pierre Louis d’Épidémiologie et de Santé Publique explique qu’il faudra parvenir à identifier et isoler correctement au moins un malade sur deux en Île-de-France… sinon la contagion repartira et le système hospitalier ne tiendra pas le choc.

Il y a même des modélisateurs de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris qui ont publié un article expliquant qu’une seconde vague est inévitable.

Dans le même temps, il y a une pression énorme de la part de tout un tas de secteurs, dont le discours est particulièrement porté par la Droite, pour assouplir les règles, ouvrir rapidement les bars, les cafés, les restaurants, les bases de loisir, etc. La Gauche, contaminée par le libéralisme, n’a rien de bien mieux à raconter dans bien des cas.

Et en attendant, la situation dans les Ephad n’a pas changé et le ministre se dit lui-même incapable de savoir quand il pourra y avoir un déconfinement. Cela rappelle l’opacité des chiffres quant aux personnes âgées mortes chez elles.

Ce qui se réalise, c’est une reprise du capitalisme particulièrement cynique, comptant pertes, comptant profits, et ayant choisi.

Catégories
Société

Le climat malsain et violent à l’encontre des féministes dites «terfs»

Depuis quelques temps, il règne un climat particulièrement malsain dans le mouvement féministe des grandes villes. L’idéologie de la déconstruction, avec sa pointe avancée qu’est le queer, forme une chape de plomb qui étouffe l’expression démocratique des féministes assumant la lutte pour la dignité des femmes, avec parfois même des menaces de violences extrêmement graves.

Pour les queer on peut tout choisir, être qui on veut, il suffit de le dire. « Océan », ex-Océane Rose Marie, ex-humoriste lesbienne et désormais l’ « homme trans » le plus visible de France, a affirmé dans une story Instagram qu’on peut être un homme et être lesbienne.

Et tous ceux qui disent l’inverse sont qualifiés de « transphobes », « hétéro-normés », « binaires », « non déconstruits », et autres inventions sémantiques…

On a ainsi des hommes se disant « lesbienne » pour draguer de manière insistante des lesbiennes. C’est pourtant un manège bien connu et pesant qui n’a pas attendu les queer pour exister. Seulement, selon ces derniers, il faudrait valider cela, puisqu’on peut être un homme et se reconnaître « un vécu » de lesbienne. Tout n’est affaire que de « ressenti », de perception de soi et personne ne peut juger la sincérité ou la crédibilité de la personne.

Le pire c’est que cette histoire n’est que la partie émergée de l’iceberg, car depuis quelques années l’offensive queer n’est plus limitée à une simple orientation théorique dans des revues universitaires anglo-saxonnes qui ne parlent à personne, mais repose sur un réel parasitage. Celui-ci se développe principalement dans les grandes villes où les universités ont eu un rôle déterminant dans la diffusion de ce courant « postmoderne ».

Une expression bien visible de ce palier franchi, c’est par exemple l’apparition d’un acronyme pour dénigrer les féministes qui s’appuient sur la réalité matérielle pour dire ce qu’est une femme et ce qu’est son oppression. Cet acronyme est celui de « terfs », de l’anglais trans-exclusionary radical feminist  (féministes radicales ne s’organisant pas avec les personnes transsexuelles).

Il est ainsi courant de voir en manifestation des pancartes de ces féministes arrachées, des services d’ordres « anti-terfs » se constituer, comme anciennement « Les Méduses » à Lyon, jusqu’à en appeler au meurtre avec des produits-dérivés ou des tags portant le message « mort aux terfs ». Il existe toute une esthétique de la batte de baseball, importée des manifestations queer américaines ; cela en dit long sur le climat qu’amène les queer dans les espaces féministes.

On est donc dans une situation où des personnes représentant le libéralisme le plus complet exercent un parasitage anti-démocratique du féminisme avec, en fer de lance, un harcèlement de type homophobe. Les premières victimes des agressions queer sont en effet les lesbiennes qui, naturellement, refusent d’avoir des relations avec des soit disant femmes-trans… puisque ce sont des hommes.

Selon les queer, il faudrait faire un effort entre gens qui se déconstruisent, il n’y aurait plus lieu de rester « figé » dans son orientation, son genre, etc.

Malheureusement, le milieu féministe est gravement miné par cela, bien qu’il y ait des prises de conscience récente. Des femmes agressées ou menacées par des trans se retrouvent à ne plus avoir personne pour les soutenir.

Même les permanences de certaines organisations féministes ou contre l’homophobie sont touchées par l’idéologie trans, où des propos incompréhensibles y sont tenus. Par exemple, il est reproché aux lesbiennes de ne « pas faire d’efforts » pour flirter avec des hommes (qui se pensent femmes), assimilant ce refus à une forme de « discrimination »…

Il y a là une véritable infiltration qui vise à changer les représentations pour finalement ne plus parler des femmes et n’aborder que la « question » trans.

C’est d’une violence inouïe et les femmes en font à nouveau les frais. Alors qu’elles subissent des viols, le harcèlement, les violences conjugales… ou encore l’ostracisme en particulier pour les lesbiennes.

Ces dernières subissent de plein fouet le piège postmoderne, consistant à monter une idéologie LGBT siphonnant entièrement la question homosexuelle et finalement même la niant en tant que telle.

Les rares femmes qui arrivent à trouver la voie du féminisme au sens strict se heurtent à la violence verbale, voir parfois physique, de la part des activistes queer qui dénigrent l’émancipation collective au profit d’une « libération » individuelle-identitaire.

Le climat malsain opéré par l’idéologie décadente queer est le reflet de l’absence de la Gauche portant le combat historique des femmes du peuple pour leur émancipation démocratique et universelle. Seule un retour aux fondamentaux historiques de la Gauche est à même de faire face à ce brouillage anti-démocratique postmoderne.

Catégories
Politique

Jean-Luc Mélenchon: une solution à la crise en mode casino

Dans une interview à la Tribune de Genève, Jean-Luc Mélenchon montre qu’il connaît tous les fondamentaux de la Gauche. Mais il refuse de les assumer pour la réponse à la crise actuelle. Il préfère « inventer ».

Jean-Luc Mélenchon a rompu avec la Gauche depuis longtemps ; La France Insoumise assume d’être un mouvement populiste représentant le « bas » contre le « haut ». Cela amène à des jugements dénués de valeurs culturelles, comme cet éloge du premier ministre, qui pourtant devrait être honni :

« Édouard Philippe est de droite et n’a jamais prétendu autre chose. C’est un homme élégant, d’un côtoiement agréable, un libéral assumé et qui le dit clairement. »

En disant cela, Jean-Luc Mélenchon assume de ne pas vouloir supprimer la Droite, simplement la concurrencer. Mais c’est anecdotique en comparaison avec son interprétation de la crise. Dans une interview du 5 mai à la Tribune de de Genève, il présente de la manière suivante la solution à la crise :

« La dette sera colossale à la suite de cette crise, et vous proposez le gel des dettes d’État. Comment?

J’ai le goût de l’histoire, et je sais que dans le passé jamais une dette d’un niveau pareil n’a été payée. Celle-là, personne ne pourra la rembourser non plus. Alors il y a quatre voies traditionnelles de sortie. L’hyperinflation: personne n’en veut. La coupe dans les dépenses: on vient de voir les conséquences sur les systèmes de santé publique. La banqueroute: c’est également une mauvaise idée, compte tenu des dégâts que ça provoque. Et enfin la guerre: cette page-là, nous l’avons tournée en Europe.

Donc votre proposition?

C’est la suivante. Toutes les dettes d’État que la Banque centrale européenne détient parce qu’elle les a déjà rachetées doivent être congelées. On les transforme en dettes perpétuelles sans intérêts. »

Ce que dit ici Jean-Luc Mélenchon est dramatique. Il a en effet tout à fait raison pur les quatre portes de sortie, mais il les interprète très mal.

* L’hyperinflation correspond à faire payer la crise par le peuple, en dévaluant son argent. Les couches supérieures de la société y échappent de par leurs grandes possessions de propriété et d’appareil productifs. Mais l’hyperinflation ne se décide pas, elle est provoquée par les faits. On peut la laisser courir, toutefois il n’y pas de bouton « hyperinflation ». Et ce n’est pas tant une sortie de crise qu’une expression de la crise.

* La coupe dans les dépenses vise à démanteler l’État qui coûte trop cher. Mais l’État est là surtout pour épauler les entreprises : croire que le pléthorique secteur public en France a une dimension socialiste, c’est croire aux élucubrations de la Droite ! Par conséquent pourquoi le capitalisme supprimerait-il ce qui l’épaule avec succès en France ?

* La banqueroute serait une « mauvaise idée ». Mais la banqueroute n’est pas une idée ! C’est une réalité objective, là aussi. Les faillites d’entreprises sont une conséquence d’un enrayement de la machinerie capitaliste. C’est un phénomène auquel on échappe pas dans une crise.

* Il y a enfin la guerre. Jean-Luc Mélenchon dit que cette page a été tournée en Europe. Il ferait bien d’aller voyager, quand ce sera possible, en Ukraine et dans les pays de l’ex-Yougoslavie. Il ferait bien également d’étudier les dépenses militaires françaises et grecques, tout comme de voir les cartes de la grande Hongrie largement diffusée indirectement par le gouvernement de Budapest. Et de toutes façons, la guerre, pareillement, ne se décide pas : elle se fait. C’est aussi un produit de la crise. Elle est inévitable à moins de renverser la direction de la société aux mains du capitalisme.

Alors, Jean-Luc Mélenchon trouve un joker : on gèle les dettes.

Est-il possible cependant de geler des dettes ? Ce dont rêve Jean-Luc Mélenchon, c’est de pouvoir aller au casino et de dire : vous allez me passer de l’argent jusqu’à ce que je gagne. Et on verra si je vous rembourse, on verra plus tard !

C’est évidemment absurde. Car le capitalisme veut plus, toujours plus. Là où il n’y a pas d’intérêt – et l’exploitation des ouvriers est un intérêt, sur leur travail – il n’y a pas de capitalisme. Encore est-il que dit comme cela c’est incorrect, car le capitalisme n’est pas un « commerce », mais une réalité productive. Il ne s’agit pas de « gratter » de l’argent en sous-payant les gens ou en escroquant à la vente. Il s’agit de classes sociales exploitées à grande échelle, dans un véritable système organisé.

Et Jean-Luc Mélenchon pense que ce système flotte dans le ciel, qu’il n’est pas réel et que, donc, on peut indéfiniment remettre une pièce dans la machine comme on met de l’essence dans une voiture. Pourquoi pense-t-il cela ? Parce que, comme François Hollande, il pense que la finance est quelque chose de virtuel. Il pense que la finance vit dans un monde parallèle, qu’elle ne représente pas quelque chose de réel, qu’elle est une sorte de fantôme parasitaire.

Il reprend ainsi les thèses du PCF des années 1970-1980 comme quoi cet argent en trop, flottant, doit être congelé pour être utilisé pour le système productif qui, lui, serait réel. Il y aurait un bon et un mauvais capitalisme, un capitalisme réel et un capitalisme virtuel. C’est pour cela que Jean-Luc Mélenchon raisonne en termes d’oligarchie, et pas de bourgeoisie. Pour lui les financiers sont une caste parasitaire. Ils doivent payer la crise et on va congeler une partie de leurs avoirs.

Seulement voilà, le capitalisme ce sont des classes, pas des castes. L’idéologie postmoderne raisonne en termes de castes : il y aurait la caste des Français de souche, des hétérosexuels, des personnes valides, des financiers, etc. Cela ne repose sur rien. Le capitalisme est un système unifié, avec des classes, il n’est pas un kaléidoscope avec des castes. Le capitalisme, ce n’est pas l’Inde britannique et post-britannique avec son bric-à-brac de castes et de découpages communautaires.

Le capitalisme, c’est deux classes, et des couches sociales penchant vers l’une ou l’autre. Les prostituées penchent vers la bourgeoisie, vivant en parasites sociaux, comme Rosa Luxembourg l’a bien souligné, les petits employés penchent vers les ouvriers, de par leur nature de travailleurs.

C’est pour cela que Jean-Luc Mélenchon a tort. Il pense qu’on peut réguler le capitalisme, l’organiser, l’encadrer. Ce n’est pas possible. Il est un tout et il est surtout un château de cartes en train de s’effondrer.

 

Catégories
Culture

Décès de Dave Greenfield des Stranglers et de Florian Schneider de Kraftwerk

Ce sont deux figures de la musique de la seconde moitié du 20e siècle qui viennent de décéder. Membres respectivement des Stranglers et de Kraftwerk, Dave Greenfield et Florian Schneider ont réalisé un apport culturel indéniable.

Dave Greenfield a été le claviériste des Stranglers, un groupe punk anglais passant à une pop puissamment intelligente. C’est lui qui est à l’origine de la patte du groupe, un clavier dans la lignée des Doors ; il a également co-composé la fameuse chanson Golden Brown. Il est décédé du covid-19 à 71 ans.

Décédé à 73 ans d’un cancer, Florian Schneider est l’une des deux figures du groupe allemand Kraftwerk, pionner de la musique électronique en étant issu du Krautrock. C’est lui qui élabora les fameuses voix robotiques du groupe.

Voici quelques chansons des deux groupes, qui ont été de très puissants contributeurs à la culture musicale, à la culture en général. Ils sont absolument incontournables.

Catégories
Politique

Pas de « jour d’après » dans le béton

Il suffit de voir les réactions, les commentaires, les positions des uns et des autres pour s’apercevoir que l’idée se généralisant, c’est que tout va redevenir comme avant. C’est là le reflet pur et simple du capitalisme qui s’imagine inébranlable. Seule une Gauche « alternative », critique de la vie quotidienne, peut être à la hauteur des immenses enjeux. On ne peut pas imaginer « un jour d’après » sans assumer qu’il faut tout changer et supprimer tout ce béton qui engloutit l’humanité.

Même des gens très à gauche pensent que ce qui compte, c’est « le jour d’après ». Ce faisant, ils s’imaginent en rupture avec le capitalisme. Sauf que ce n’est pas vrai, au contraire. Considérer que le capitalisme va continuer comme avant, qu’il va reprendre là où il en a été, que tout cela n’a été qu’un intermède… tout cela c’est accepter ce que s’imagine le capitalisme lui-même !

Car le capitalisme s’imagine incontournable, seul au monde, existant pour l’éternité. Une grande partie de la Gauche l’a accepté elle-même puisqu’elle se présente désormais comme « anticapitaliste », ou encore « altermondialiste » pour utiliser un terme passé de mode. L’idée d’une société non capitaliste, c’est-à-dire socialiste… a littéralement disparu, ou presque.

Tout est pensé par rapport au capitalisme, à travers lui, contre lui si l’on veut, mais finalement jamais sans lui. Il y a un asséchement complet du sens de l’utopie. La preuve, c’est qu’il n’y a plus aucune considération esthétique. Or, qui pense à un monde de demain… pense à quoi il va ressembler, à comment on va y vivre, s’y épanouir.

Naturellement, quand on pense à tout cela, on imagine mal des abattoirs, des centrales nucléaires, du béton à n’en plus finir, des ronds points et encore des ronds-points. Voilà pourquoi les gilets jaunes ont bien été un mouvement réactionnaire : ils n’ont strictement rien proposé. Ils ne pouvaient pas. Leur identité n’a pas dépasse les ronds-points.

Pareillement, la majorité des jeunes se revendiquant très à gauche considère comme « populaire », authentique, alternatif, de manger des kebabs. Quant aux jeunes en général, le McDonald’s leur semble un lieu de paix sociale, un véritable havre paix communautaire, nullement un cauchemar civilisationnel.

Et comme, finalement, personne ne veut se remettre en cause dans sa vie quotidienne, il est bien pratique d’imaginer « un jour d’après »… qui soit seulement le jour d’après le jour d’hier, comme si aujourd’hui n’avait pas existé, comme si la crise sanitaire n’avait été que passagère, comme si elle n’allait rien changer, comme si elle ne pouvait rien changer.

On peut pratiquement deviner ce que les Grecs et les Romains avaient comme considération au moment de la fin de leur civilisation : strictement aucune. Ils pensaient que tout continuerait comme avant. Et les Français du début du 21e siècle sont pareils. Pour eux, le capitalisme n’a pas du tout atteint une limite, la bétonnisation du monde n’est pas en jeu dans tout ce qui se passe.

Il y a une incapacité fondamentale à avoir de l’envergure, à dépasser sa propre petite expérience. Le maximum atteint, c’est le rêve zadiste, qui ne diffère en rien du rêve de la petite propriété. L’idéologie de la petite propriété revient en force d’ailleurs, en se présentant comme un modèle idéal pour une période comme celle du confinement. Plutôt que de voir les drames d’une civilisation, on se focalise sur soi et on se veut bien tranquille dans un petit jardin !

Il faut tabler sur une nouvelle génération qui ne voudra pas périr en même temps qu’un modèle de civilisation qui a échoué, précisément parce qu’il a réussi !

Catégories
Écologie

Défense de l’Animal: «Non, les félins ne propagent pas le virus!»

Voici une mise au point très importante faite par la Confédération nationale Défense de l’Animal – Réseau des refuges indépendants, à propos de la transmission du coronavirus responsable du Covid-19 par les chats. L’article donne des informations et des recommandations indispensables, qu’il faut partager le plus possible.

« Non, les félins ne propagent pas le virus !

Au regard des dernières actualités concernant les cas rapportés de 2 chiens et 1 chat testés positifs au SARS-CoV-2, en bonne santé, à Hong-Kong, de la suspicion d’une contamination d’un chat en Belgique et d’une tigresse au zoo du Bronx à New York, tous deux en bonne santé et testés positifs au SARS-CoV-2, beaucoup d’informations circulent dans les médias et sur le web. De nouvelles inquiétudes et interrogations semblent ressurgir et plus particulièrement vis-à-vis des chats.

Dans tous les cas, ce sont des félidés qui ont été contaminés par l’humain et non l’inverse.

Rappelons que ces cas sont rarissimes – 6 en tout pour la planète dont le dernier est un chat testé positif en France. L’information a été publiée et confirmée par l’Unité Mixte de Recherche en Virologie de l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort (ENVA) et par l’Agence Nationale de Sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) et de l’INRAE, en lien avec l’Institut Pasteur.

La communauté scientifique s’accorde à dire que le risque est très minime et qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter outre mesure. La propagation du virus se fait quasi uniquement par transmission d’humain à humain, par les postillons et les mains contaminées.

Cette position est partagée par l’Agence nationale de la sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) qui a mobilisé un groupe d’expertise sur le rôle potentiel des animaux de compagnie. Le discours est le même pour l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) et l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Dès lors que vous êtes COVID-19, ou suspect de l’être, en souffrant de courbatures, de fièvre, de toux, prenez des précautions avec votre animal au même titre qu’avec un membre de votre famille.

Nous savons maintenant qu’un animal, s’il a été en contact avec une personne malade, contagieuse, peut être éventuellement contaminé. Certains malades COVID-19, dont les logements ne sont pas aérés peuvent contaminer fortement leur environnement. Chats et chiens peuvent être contaminés sur leurs pattes ou la langue. Il n’y a pas, à ce jour, de données exactes, concernant la survie éventuelle du virus sur les poils d’animaux.

Dans cette situation et pour limiter les risques, il convient de renforcer les règles générales d’hygiène. Dès lors que vous êtes COVID-19, ou souffrez de courbatures, de fièvre, de toux, vous devez prendre des précautions avec votre animal, au même titre qu’avec n’importe quel membre de la famille.

Il faut veiller à bien se laver les mains très régulièrement avec du savon et de l’eau, et le faire systématiquement avant et après avoir touché son animal de compagnie. Il faut porter un masque, pour protéger son entourage, éviter de se toucher les yeux, le nez et la bouche et il est recommandé d’éviter d’embrasser ses animaux, ni les laisser vous lécher le visage.

Selon l’Académie vétérinaire de France, le même niveau de précaution et de confinement est à appliquer pour nos animaux. Les risques de contamination lors de la sortie hygiénique de votre chien sont très faibles. Si vous voulez prendre toutes les précautions, nettoyez-lui les pattes au retour avec de l’eau et du savon.

N’utilisez aucun produit nocif pour votre animal tels que du gel hydro-alcoolique ou de l’eau de Javel ( > Consultez notre article)

En ces temps de crise sanitaire, et en cas de doute, informez-vous auprès de sources sûres (OMS, OIE, L’ANSES, l’Ordre des vétérinaires et le ministère des Solidarités et de la Santé) et ne prenez surtout aucune décision qui irait à l’encontre du bien-être des animaux.

En cette période de confinement, nos animaux sont nos alliés et constituent un véritable réconfort dont il ne faut pas se priver.

Un grand merci à Anne-Claire Gagnon, docteur vétérinaire, pour sa précieuse collaboration dans la réalisation de cet article.

Vous aussi, agissez ! Partagez nos visuels sur les réseaux sociaux

> Faites un don pour soutenir les animaux »

Catégories
Société

La crise sanitaire et le droit des croyants à croire en le monde

En mettant de côté la religion lors de la première vague de déconfinement, l’État français provoque une crise terrible. C’est surtout vrai pour l’Église catholique, pour qui le dimanche a une dimension mystique essentielle, que l’État ne comprend d’ailleurs même plus.

Le grand compromis entre l’État et les religions – la laïcité – est très puissamment ébranlé par le refus d’intégrer les lieux de culte dans le déconfinement. Ce qui compte, c’est évidemment l’économie capitaliste. Peu importe les croyances.

Il ne s’agit nullement ici de faire de l’anti-cléricalisme primaire, comme le font les anarchistes, l’ultra-gauche en général. La religion ne disparaîtra pas : elle s’éteindra, quand les croyants comprendront que ce en quoi ils croient n’est en réalité qu’une puissante réflexion sur la réalité qui a été déviée vers le ciel.

Il y a ainsi beaucoup de dignité dans les croyances religieuses et il faut bien dire dans les croyances, pas dans les rites, les croix en pendentifs, les hidjabs ou les kippas. Lorsque les religions parlent de la réalité, elles parlent de manière déformée. Il y a de l’idée, mais accepter pour autant tous les fétiches réactionnaires… ce n’est pas possible.

Tout cela demande évidemment beaucoup de culture et le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, est dépassé, parce que la bourgeoisie décadente, passé dans l’ultra-modernité, ne comprend tout simplement plus rien à part ce qui relève, au sens strict, de l’accumulation de richesses.

Invité du Grand Jury sur LCI dimanche dernier, son propos a depuis fait scandale :

« Je pense que la prière elle se fait dans un rapport à celui que l’on accompagne, célèbre, chacun choisira le mot en fonction de sa religion et soi-même, et n’a pas forcément besoin de lieu de rassemblement où on ferait courir un risque à l’ensemble de la communauté religieuse. »

Christophe Castaner s’imagine ici qu’une personne religieuse peut ainsi être indifféremment statique ou itinérante, que la notion de lieu consacré relève du moyen-âge, que le principe communautaire – une clef du succès religieux – n’a aucun sens pour les gens.

Il prouve ici une méconnaissance de la question assez impressionnante (et cela d’autant plus qu’en tant que ministre de l’Intérieur, il est aussi ministre des cultes). Surtout que la France a comme principale religion le catholicisme romain. Or, dans cette religion, Dieu est vraiment présent le dimanche dans la cérémonie religieuse, ce n’est pas symbolique comme chez les protestants. Naturellement Dieu n’est pas du tout présent, puisqu’il n’existe pas, mais pour les croyants il y a une alliance entre Dieu et le monde par ce qu’on appelle l’eucharistie. Sans eucharistie, le monde est entièrement perdu.

Citons ici Matthieu, qui raconte ce passage célèbre :

« Pendant qu’ils mangeaient, Jésus prit du pain; et, après avoir rendu grâces, il le rompit, et le donna aux disciples, en disant: Prenez, mangez, ceci est mon corps. 27Il prit ensuite une coupe; et, après avoir rendu grâces, il la leur donna, en disant: Buvez-en tous; 28car ceci est mon sang, le sang de l’alliance, qui est répandu pour plusieurs, pour la rémission des péchés. 29Je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne, jusqu’au jour où j’en boirai du nouveau avec vous dans le royaume de mon Père. »

Les protestants répètent cet épisode symboliquement, la prohibition de l’alcool chez eux, très présente culturellement historiquement, s’appuie sur le dernier propos de la citation. Pour les catholiques par contre, quel que soit leur courant de rattachement, tout cela reprend réellement forme dans l’Église chaque dimanche.

C’est par l’eucharistie que dans le monde, les Hommes sont frères. S’il n’y a plus d’eucharistie, tout est perdu.

> Lire également : Un exemple de croyance religieuse en le monde

Bien entendu, on n’a pas à y croire. Mais comment ne pas voir l’immense dignité qu’il y a dans une telle vision des choses ? Des figures sociales du catholicisme ont en ce sens publié une tribune au titre ironique, « Rouvrir les églises, pour quoi faire ?», sur le site du journal La Croix, qui n’est pas accessible gratuitement, par manque de charité chrétienne. On y lit notamment :

« Se retrouver en communauté est constitutif de la foi ? Mais pour rendre quel culte, à quel Dieu ? Dans l’eucharistie, les chrétiens font mémoire de la mort et de la résurrection du Christ. Et du don de sa vie. Dans un même élan, ils s’engagent à donner la priorité absolue au service du frère. Il s’agit de conjuguer « intériorité et engagement »,« lutte et contemplation »… »

Cela est tout à fait juste : dans une crise sanitaire, qui apporte la mort, il faut croire en la vie. Il y a beaucoup de dignité dans tout cela et le balayer d’un revers de la main, comme le fait le gouvernement, est la négation de tout un sentiment populaire, humain par excellence.

Catégories
Société

Un exemple de croyance religieuse en le monde

Karl Marx a dit que la religion est l’opium du peuple… oui mais il souligne bien que d’un côté c’est une fuite, de l’autre un appel à donner du contenu dans un monde sans contenu. Voici un exemple catholique orthodoxe, la démarche de cette version du catholicisme assumant ouvertement toute une approche mystique.

L’extrait suivant est tiré d’un document de l’Église orthodoxe d’Estonie au sujet de l’eucharistie. Si pour un anarchiste les propos qui y sont tenus sembleront totalement incohérents, par contre pour qui a la perspective de la Gauche historique, tout apparaîtra comme évident à comprendre.

« ‘‘Dans mon Royaume, dit le Christ dans le canon des matines orthodoxes du Jeudi saint, je serai Dieu et vous serez Dieu avec moi’’ (4e Ode du 3e Tropaire).

Car l’homme est à l’image de Dieu ; il est appelé à une ressemblance qui est une participation réelle à la vie divine. L’homme n’est vraiment homme qu’en Dieu.

L’homme n’est vraiment homme que déifié, puisque « Dieu est devenu homme pour que l’homme devienne Dieu en lui  » (saint Athanase), puisque l’homme est un animal appelé à devenir Dieu.

L’exigence de s’unir à la source de vie qui fait notre être même ne peut être qu’un événement à l’intérieur de l’Esprit, l’avènement de l’Esprit en l’homme est toujours théomorphique : Dieu l’a créé à son image.

Tout vient de Dieu. L’expérience de Dieu vient aussi de Dieu, car Dieu est plus intime à l’homme que lui-même.
Dès lors, chercher Dieu par-dessus tout, c’est amorcer par l’acte de foi un dialogue liturgique générateur d’unité à l’image du Christ, dans lequel ont convergé une fois pour toutes l’expérience de l’homme par Dieu et celle de Dieu par l’homme. Par essence donc, l’homme est un être liturgique.

S’il participe à la vie divine, sa communion se fait à travers une vaste célébration liturgique qui englobe tout le cosmos. Si cette ouverture sur tout ce qui est créé n’existait pas, il n’y aurait pas d’amour possible auquel l’homme prît part concrètement par l’acte liturgique principal, c’est-à-dire la prière, ce centre duquel toute autre action puise sa force et est rendue valide.

C’est à cause de cela que le mystère de la personne humaine devient lieu théologique par excellence, en ce sens que créé à l’image de Dieu, il ne peut se comprendre qu’à la lumière du dogme trinitaire.

Le dogme de la Trinité, cœur de la théologie orthodoxe, devient, de ce fait, la clé de l’anthropologie où l’Ecriture, qui ne perd rien de sa dimension de l’histoire, reçoit un sens eucharistique. C’est parce que le fait divin, c’est-à-dire la Parole, fait irruption dans sa propre existence que l’homme devient « être liturgique ».

Dès lors, l’Evangile ne se limite pas à définir les rapports qui régissent les liens entre le Sauveur et le monde ; il nous fait pénétrer au centre même d’une autre dimension, une relation de divino-humanité qui est aussi relation filiale entre le Père céleste et son Fils unique, l’Esprit Saint étant pour sa part le souffle qui porte les mots et qui ne se laisse saisir et sentir que conjointement avec le Christ.

La divino-humanité s’ouvre au cœur de l’histoire par l’Incarnation du Verbe (…).

C’est pourquoi la théologie orthodoxe sera avant tout une théologie de célébration où l’homme devient le prêtre du monde, le grand célébrant de l’existence. »

Catégories
Guerre

Le dossier des services secrets américano-britanniques dénonçant la Chine

Un dossier de plusieurs services secrets a prétendument « fuité » et dénonce violemment la Chine. Il s’agit en réalité d’une expression de l’offensive américaine pour justifier la guerre contre la superpuissance ennemie.

Nous allions à la guerre sino-américaine et nous y allons désormais encore plus. La crise sanitaire accélère l’urgence de la compétition au niveau international et cela d’autant plus que les États-Unis sont en mauvaise posture et qu’ils ont un boulevard de propagande contre la Chine qu’ils peuvent accuser de tous les maux.

Le dossier « fuité » est d’autant plus une offensive idéologique qu’il est une œuvre commune des services secrets américain, britannique, australien, néo-zélandais, canadien. Il va de soi que les trois derniers services secrets concernés sont largement dépendants des deux premiers et que l’hégémonie revient de toutes façons aux États-Unis.

Le dossier, qui fait 15 pages, dit que la Chine aurait menti au sujet de l’ampleur de la crise sanitaire. Elle aurait caché ou détruit des documents au sujet de celle-ci. La Chine aurait masqué tant la transmission entre humains que son ampleur.

Ce dossier n’est évidemment pas reconnu officiellement par les pays l’ayant produit, qui cependant en sous-main en reconnaissent toutes les thèses. C’est une opération de guerre psychologique : la haine de la Chine doit augmenter toujours plus pour justifier la guerre. On a ici la superpuissance américaine qui veut garder sa place face au concurrent chinois et des pays comme la Grande-Bretagne comptent en profiter, tout comme le Canada, ainsi que l’Australie et la Nouvelle Zélande qui sont proches géographiquement de la Chine.

Il va de soi que le conflit sino-américain est monstrueux et doit être récusé comme une horreur. Tant la superpuissance américaine que la Chine, une superpuissance relative mais clairement allant à la guerre, doivent être dénoncés. Le « coup » de propagande américain doit être dénoncé, mais cela ne suppose évidemment pas qu’on s’aligne sur la Chine, un régime terroriste.

On notera pourtant qu’une partie de la Gauche française est ouvertement ici passée dans le camp « pro-chinois ». Il ne s’agit pas du tout des maoïstes, qui rejettent évidemment violemment la Chine depuis 1976, mais de toute la scène marxiste-léniniste de la gauche du PCF. La Chine serait un pays construisant le socialisme, favorable à la paix, etc.

Un communiqué commun a même été signé juste avant le premier mai en ce sens (par le Rassemblement Communiste, le PRCF, les JRCF, le CISC, l’ANC, le collectif communiste, les Éditions prolétariennes). Dans « Halte à l’intox antichinoise et aux menaces des dirigeants impérialistes occidentaux contre la République Populaire de Chine », on a un éloge de la gestion chinoise de la crise, présenté comme un modèle dans une première phrase d’une rare longueur, la dernière présentant les cibles à critiquer :

« Confrontées au discrédit populaire qui frappe les gouvernants néolibéraux des Etats-Unis, de l’UE et de ses Etats-membres (au premier rang desquels le gouvernement français), toutes plus incapables les unes que les autres de traiter la crise sanitaire, inquiètes de voir la République populaire de Chine, la République socialiste du Vietnam ou la République de Cuba, tous rescapés du camp socialiste, obtenir des résultats remarquables dans la lutte contre le virus, rageuses de voir que les Italiens, les habitants des Antilles, etc. accueillent avec gratitude l’aide des médecins cubains, chinois et vénézuéliens ainsi que l’envoi de matériel sanitaire fourni par la Chine et la Russie, cherchant en permanence de nouveaux prétextes pour augmenter les dépenses de l’OTAN, prêtes à tout pour attirer dans une fallacieuse « union sacrée » les couches populaires qu’elles exposent sans vergogne à la contagion, les oligarchies capitalistes ont engagé une ignoble campagne médiatique visant à calomnier la Chine populaire en l’accusant d’être la principale fauteuse de pandémie alors qu’elle en fut la première victime et qu’elle a, dès qu’elle l’a pu, transmis au monde entier ses observations scientifiques (notamment le séquençage du virus) et ses résultats thérapeutiques (…).

Plus que jamais, – la pandémie actuelle en est l’effarant révélateur – le capitalisme-impérialisme, ses Etats et ses institutions, parmi lesquelles l’UE, l’OTAN et l’OMC, FMI et Banque Mondiale, n’apportent plus que désorganisation, angoisse et mort. Plus que jamais, face au virus mortel du capitalisme, de l’impérialisme et de l’UE/OTAN, doit être repris le mot d’ordre de Fidel, « la patrie ou la mort, le socialisme ou mourir, nous vaincrons ». »

Il ne faut rien connaître à la Chine, le Vietnam ou Cuba pour y voir quelque chose de socialiste, des pays ayant une démarche terroriste alors que, de manière très claire, les capitalistes y accumulent les richesses. On devine évidemment ici que cela permet un anti-impérialisme à peu de frais, sans compter un soutien inévitable de la part de la Chine elle-même, d’une manière ou d’une autre.

Il ne faut pas cependant considérer qu’on a là un phénomène marginal. Ce qui est ici contaminé par une approche romantique, idéaliste, délirante même, c’est toute la gauche du PCF et donc la gauche de la CGT, bref toute la scène sociale ayant porté la bataille contre la réforme des retraites il y a quelques mois. C’est l’expression de la vision du monde du délégué syndical chauvin et bureaucratique, du nostalgique du PCF des années 1970.

Discuter avec de tels gens comme quoi – pour donner un simple exemple – manger de la viande, c’est mal, n’est même pas concevable ; ils ne verraient même pas en quoi cela a un rapport avec la gauche, ou même la politique en général. C’est une tendance réactionnaire, surfant justement sur le populisme de la lutte contre la réforme des retraites, de l’esprit CGT.

Cela n’en rend que plus nécessaire la clarté dans l’opposition à la guerre en général, le refus de toute soumission à un « bloc ».

Catégories
Société

Compte Fisha: une jeunesse sous l’emprise de la pornographie

Avec le confinement, le phénomène du revenge porn devient catastrophique, de nombreux comptes appelés « fisha » font leur apparition sur les réseaux sociaux. Ils proposent un grand nombre de photos à caractère pédopornographique, mettant en scène des adolescentes ou des filles encore plus jeunes et diffusées à leur insu.

La spécificité du revenge porn est qu’il s’agit de photos prises par la personnes elle-même ou prises à son insu par son « copain » et divulguées ensuite. À l’origine, ce sont des jeunes hommes qui veulent se venger d’une rupture qui faisaient « tourner » les photos, « fisha ». Celait fait référence au fait d’ « afficher » quelqu’un (en verlant). Cela est donc utilisé en partie pour détruire la réputation d’une fille.

Mais peu à peu les jeunes hommes y ont perçu un autre intérêt, celui du commerce les amenant très facilement dans un rôle de proxénète.

En effet, ces jeunes hommes, souvent entre 15 et 25 ans, procèdent par les réseaux sociaux, ajoutant un grand nombre de jeunes filles. Après avoir discuté avec elles, ils sont capable de déceler les faiblesses et les exploiter pour arriver à leur fin. Ils se comportent souvent comme quelqu’un ayant des sentiments, projetant des projets, exhibant le fait d’avoir une voiture de pouvoir l’emmener en voyage et demandant en échange une implication physique de la jeune fille, comme gage de sincérité.

Ces photos sont exposées sur des comptes, d’abord Twitter, puis Telegram ou d’autres plateformes garantissant l’anonymat. Ces comptes demandent une somme d’argent pour permettre l’abonnement.

Avec le confinement, ces apprentis proxénètes ont tout le temps pour monter leur stratégie et les jeunes filles sont autant de temps isolées, n’ont que leur smartphone comme contact vers l’extérieur et passent beaucoup de temps seules dans leur chambre. S’il y a un contexte familial difficile, ces conversations pleines de promesses sont une évasion, un espoir.

Nous sommes donc dans une société en crise, capable de produire des adolescents mettant en place des réseaux pédocriminels avec absolument aucune considération pour les femmes, pour l’intimité et les sentiments.

Inversement, on a des jeunes filles qui sont dans un tel désarroi culturel, moral et affectif, qui se retrouvent prêtes à céder à n’importe quelle illusion, en acceptant de se faire filmer nue par un petit copain de quelques semaines, ou encore pire maintenant pendant le confinement par des inconnus leur promettant monts et merveilles sur les réseaux sociaux.

Les sentiments sont encombrants pour le capitalisme, ils sont une barrière à l’exploitation du corps des femmes dans l’industrie du sexe. Que ce soit à travers la pornographie qui deviendrait morale avec la capacité de séparer amour et rapports sexuels, ou à travers ces photos « nude » extorquées en simulant et manipulant des sentiments.

Garçon et fille confondu, il est d’ailleurs désormais courant dans la jeunesse de recevoir des photos du sexe de quelqu’un qu’on a ajouté depuis quelques heures dans ses amis.

Prendre son sexe en photo et l’envoyer deviendrait donc banal chez les 2000 ? Il est là clairement un sujet dont il faut parler à ses enfants, mais aussi entre garçons et entre filles.

Face au fléau des comptes fisha pendant le confinement, il y a des femmes qui s’organisent virtuellement pour traquer les proxénètes numériques. C’est le cas du compte Twitter @StopFisha qui informe des possibilités d’action juridique pour les victimes. Il cherche aussi a regrouper, via un chat Telegram, les personnes ayant du temps pour chercher les comptes problématiques et les faire sauter. Sur ce compte il y a régulièrement des liens à signaler, ce qui est une bonne participation à la traque au proxénète.

Sur le fond du problème, il revient à la Gauche de lutter contre la banalisation de la pornographie et la prostitution comme exploitation du corps des femmes, comme violence contre toutes les femmes. La Gauche doit agir pour une jeunesse faisant des relations un havre de paix, reconnaissant le caractère nécessaire de l’amour et de l’expression démocratique entre homme et femme.

Catégories
Politique

Le premier mai de la social-démocratie autrichienne

La distanciation totale n’a nullement empêché la social-démocratie autrichienne de prendre une initiative de grande envergure pour marquer le coup dans un contexte de crise. En assumant entièrement de se situer dans l’histoire du mouvement ouvrier et en n’utilisant aucune catégorie « postmoderne », le SPÖ tranche radicalement avec la démarche liquidatrice des socialistes français, mais même du PCF.

Le Parti Social-démocrate d’Autriche a réussi un tour de force pour le premier mai 2020. Prolongeant son initiative d’assumer un retour aux sources, il a développé une intense campagne pour le premier mai, malgré l’impossibilité de manifester. Le SPÖ a ainsi réalisé une campagne d’affichage « le premier mai, plus que jamais ! », des conférences de presse en ligne, une vidéo de plus d’une heure destiné aux « camarades », multiplié les appels, appelé les militants à envoyer des photos symboliques pour montrer l’engagement.

Légende : la tunique est celle de la Jeunesse Socialiste

Il y a même une playlist sur Soundcloud, avec des chansons d’avant 1945 au contenu donc entièrement rouge, la social-démocratie autrichienne de cette période assumant même d’être pro-URSS, qu’elle considérait comme socialiste, même si elle rejetait le bolchevisme comme modèle idéologique pour le reste du monde.

Pour ajouter dans la lecture incroyable de tout cela, chaque chanson a une présentation historique, expliquant le contexte dans le mouvement ouvrier alors.

Le SPÖ réactive tout un patrimoine qui n’attendait que cela, celui du poing levé le coude cassé, des drapeaux rouges avec les trois flèches dans le cercle… Dans la vidéo, pour leurs petits discours, les dirigeants commencent par raconter leur premier premier mai et il s’avère qu’il s’agit d’un événement datant de leur enfance, lorsque leur famille populaire les y a amenés !

La vidéo de plus d’une heure a comme particularité d’avoir été diffusé sur le site de la télévision autrichienne, car là est la particularité historique de la social-démocratie autrichienne, oscillant entre un soutien total à l’État existant et une identité totalement ancrée dans le mouvement ouvrier.

Car le SPÖ ne vaut pas « mieux » que le Parti socialiste en France. Il a été au pouvoir même encore plus longtemps, il est encore plus corrompu dans sa direction, il a soutenu pendant des décennies une cogestion étatique avec la Droite cléricale-réactionnaire.

Seulement, lorsqu’est arrivé le grand tournant, au même moment que le Parti socialiste en France grosso modo… la base ne s’est pas évaporée. Dans le Nord de la France, le PS a littéralement disparu, comme d’ailleurs dans la plupart des endroits, mais dans le Nord c’est d’autant plus choquant de par la tradition ouvrière qui y existait.

Le SPÖ a réussi à se maintenir pour deux raisons : déjà il a toujours assumé l’ensemble du parcours ouvrier, depuis 130 ans, se posant comme le prolongement, devenu réformiste. Il y a donc tout un patrimoine ouvrier présent à la base, tout un romantisme, si l’on veut. Ensuite, la ville de Vienne, historiquement ouvrière et socialiste, forme un bastion mêlant mouvements de masse, corruption importante finançant le SPÖ et les syndicats. Dans un pays où il n’y a absolument jamais de grève, le syndicat unique du pays (qui a des tendances politiques, le SPÖ étant en tête bien sûr) est richissime.

C’est une situation étrange, bien entendu. Et selon l’axe qu’on considère comme principal, on peut voir le SPÖ comme un phénomène fictif, ou bien au contraire comme une réactivation malgré tout d’une base populaire.

Cependant, si on prend la crise actuelle, on voit que le SPÖ se place admirablement bien, car il se pose comme le grand rempart social, même réformiste, face à toutes les conséquences pouvant arriver. C’est là un immense rempart au fascisme. Cela se limite en grande partie au bastion viennois, mais il n’en reste pas moins que la situation est totalement différente en France, où il n’y a pas que le Parti socialiste qui a capitulé : il y a sa base qui a fait de même, qui n’a rien reconstitué, qui s’est juste évaporé.

Catégories
Politique

Photos du premier mai de la social-démocratie autrichienne

Ne pouvant pas manifester en raison de la distanciation sociale, la social-démocratie autrichienne a demandé qu’on lui envoie des photos pour faire un petit book. Les photos sont de plusieurs types : il y a ainsi par exemple celles prises pour l’occasion ou celles reflétant un moment passé du mouvement.

Ce qu’on y voit toujours dans les choix faits, c’est une approche naïve et parfois pittoresque, mais toujours populaire, avec toujours au cœur… le Parti.

 

Catégories
Politique

Panorama des déclarations du premier mai 2020

Les organisations puisant leur identité dans le mouvement ouvrier font traditionnellement une déclaration à l’occasion du premier mai. Celui-ci fut très particulier, entre autre en raison de l’absence de manifestations possibles, toutefois la combativité dans une situation de crise n’en ressort que plus fortement.

Les déclarations du premier mai 2020 sont d’autant plus intéressantes que l’accent est mis sur des aspects très différents, suivant les mises en perspective des uns et des autres. Toutes adoptent le principe du « plus que jamais », cependant les options sont différentes.

Le Parti socialiste, soucieux de montrer qu’il se rattache à une certaine tradition, a mis en ligne trois questions-réponses sur le premier mai à Danielle Tartakowsky, historienne spécialiste des mouvements sociaux. Il y a eu également, de manière totalement inaperçue en fait, un communiqué commun avec notamment La France Insoumise, Génération-s, le PCOF, Ensemble !… exigeant que les libertés ne soient pas remis en cause et que le projet de réforme des retraites soit abandonné. Il est souligné que :

« Le temps est venu d’un monde plus juste, plus solidaire, plus égalitaire, dans laquelle l’être humain vivra en harmonie avec la nature. »

Cette sorte de réformisme-utopisme n’est pas du tout partagé par le Parti Communiste International, de tradition « bordiguiste », qui considère lui au contraire dans sa déclaration du premier mai que « le confinement sanitaire, qui dans le monde entier bloque contemporainement la consommation de tous les biens non véritablement nécessaires à la vie, amplifie la surproduction préexistante de marchandises et provoque le quasi arrêt des cycles infernaux de l’accumulation du capital ».

En clair, le capitalisme est rentré dans le mur, ce que disent aussi les maoïstes du PCF(mlm), pour qui c’est surtout une situation nouvelle parce que la « contradiction entre villes et campagnes » exprime une situation devenue explosive avec une « crise générale du capitalisme » produisant une nécessaire bataille contre « le 24 heures sur 24 du capitalisme » pour se mettre au service de la Biosphère.

Autre organisation se revendiquant de Mao Zedong, L’OCML-VP appelle à refuser le repli « nationaliste et chauvin » qui reviendrait à se mettre au service de la bourgeoisie. C’est l’internationalisme qui est déterminant. Dans une même approche d’encouragement à ne pas suivre les dominants, le ROC-ML a fait un court texte où il est expliqué que « la situation révèle en fait toute la décrépitude, toute la turpitude et le caractère criminel du système capitaliste ».

Le Parti Communiste Révolutionnaire de France se focalise une dénonciation du gouvernement mais aussi, au-delà, du régime, et met en valeur « les peuples de Cuba et de la RPDC (Corée du Nord), engagés dans l’édification de la société nouvelle et dans la lutte contre le Covid-19 tout en affrontant les sanctions et blocus imposés par les États-Unis, avec la complicité de leurs alliés de l’UE et de l’OTAN ». Le Pôle de Renaissance Communiste en France, qui vient pareillement de la gauche du PCF des années 1990 mais qui a conservé un pied dedans, a quant à lui réalisé un meeting numérique sur YouTube.

L’Union Communiste Libertaire a fait de même, mais sur peertube. Le NPA appelle à la mobilisation pour après le 11 mai, espérant reprendre directement à juste avant la pandémie. Lutte Ouvrière s’est contenté d’un texte très court n’abordant aucunement l’actualité ni la pandémie, rappelant juste d’où vient le premier mai.

Comme on le voit, on a deux tendances : ceux pour qui la lutte commencée avant la crise sanitaire va reprendre, et ceux pour qui on est passé ou on va passer à autre chose. Il y a en fait une grande fracture à Gauche, mais qui ne se verra que dans quelques temps.

Catégories
Écologie

Corse: il y a 60 ans s’affirmait la bataille démocratique et populaire contre la base nucléaire de l’Argentella

Il y a 60 ans, le 2 mai 1960, un grand rassemblement populaire avait lieu à Ponte-Novo pour s’opposer au projet de base nucléaire de l’Argentella, entre Calvi et Galeria. La vigueur du mouvement démocratique Corse fit alors rapidement plier l’État français, confronté à une vague massive, marquant profondément l’île sur le plan politique et culturel. Cela contribua directement à l’affirmation de la conscience nationale dans les années suivantes et à une sensibilité écologiste marquée.

La bataille contre la base nucléaire de l’Argentella avait commencée dès le 20 avril 1960 avec des comités de défense contre le projet se lançant à Ajaccio, Bastia, Corte, Marseille et Paris. Les appels à la mobilisation se multiplièrent alors, moins d’une semaine après la visite à Ajaccio du ministre délégué Pierre Guillaumat et du haut-commissaire à l’énergie atomique annonçant une base d’expérimentations nucléaires souterraines.

Il s’agissait de pratiquer des explosions chimiques et nucléaires en bénéficiant des qualités de résistance de la roche locale censée absorber les effets. Les masses corses vécurent cela comme une véritable agression de type coloniale, menaçant directement leur environnement. Une bombe expérimentale (quatre fois la puissance de celle d’Hiroshima), venait d’ailleurs d’être larguée le 13 février 1960 dans le Sahara.

Face à la pression, le premier ministre Michel Debré dût se justifier dès le 23 avril en prétendant que les expérimentations n’étaient pas dangereuses, ce qui ne fit qu’attiser la colère de la population nullement dupe et profondément méfiantes face à l’horreur nucléaire.

De nombreux rassemblements très vigoureux eurent lieu dans la foulée, jusqu’à ce grand rassemblement populaire du 2 mai 1960. Le jour même, en raison du succès de la manifestation, le Préfet fut contraint d’annoncer un premier recul en disant que le projet n’était toujours pas acté officiellement.

La mobilisation franchit alors un nouveau cap, avec des mots d’ordre de grève lancés dans toute la Corse. Même les gaullistes corses s’opposèrent au projet, tellement le refus populaire était massif et incontournable. Le gouvernement annonça alors son recul, face à une contestation d’une grande ampleure et d’une grande détermination prévue pour le 14 juin sur le site même de l’Argentella.

En quelques semaines, le peuple de Corse fit donc littéralement plier le régime antidémocratique de la Ve République du Général de Gaulle. La capitulation de l’État français ne conduisit toutefois pas à un véritable recul, mais simplement à un détournement… La base fut reportée à l’autre bout du monde, sur l’atoll de Mururoa et la France se couvrit d’une honte immense quelques années plus tard en pratiquant ses essais nucléaires, aux conséquences immenses sur la population locale et bien entendu la nature pendant des années.

En Corse par contre, la victoire démocratique et populaire conte la base nucléaire de l’Argentella eu un retentissement immense. La conscience nationale, avec une grande dimension populaire, put s’affirmer à grande échelle. Cela marqua la conscience écologiste du mouvement démocratique corse avec de nombreuses combats écologistes, depuis l’affaire des boues rouges (conduisant à une grève générale, des attaques contre la préfecture, etc.) dans les années 1970, jusqu’à l’explosion plus récente de la villa de Pierre Ferracci, construite en toute illégalité dans une baie naturelle protégée.

Catégories
Politique

Premier mai: vive la Gauche historique!

En s’abattant sur le monde, le covid-19 a été une maladie qui a bousculé à peu près toute la vie quotidienne telle qu’on la connaissait. On peut même dire que l’humanité est profondément ébranlée dans ses certitudes. Quant au capitalisme n’en parlons pas, la machine est grippée. À quel prix va-t-elle redémarrer ? Et peut-elle redémarrer ? On va vers des temps troublés et seule la Gauche historique peut être à la hauteur… à moins de capituler et de considérer la guerre pour le repartage du monde comme seule issue.

Quand un pays est en crise, il n’y a pas 36 solutions. Soit on change tout, soit on ne change rien. Plus la crise est forte, plus l’exigence d’aller dans un sens ou l’autre est forte. Or, si les Français ne veulent pas vraiment y croire, toutes les personnes réalistes savent que la crise va provoquer une grande déchirure dans la société française.

L’idéal on ne peut plus français de la demi-mesure dont Emmanuel Macron est le représentant n’a donc plus guère d’espace. Or, on sait déjà que l’extrême-Droite était en embuscade. Tout risque d’aller donc encore plus vite… Que l’Allemagne encaisse le choc et ne voit pas arriver à court terme un Trump, un Poutine, un Erdogan, un Bolsonaro, un Boris Johnson, un Duterte, cela se conçoit.

Mais la France, elle, peut très bien basculer et on a déjà vu avec les gilets jaunes, ou depuis quelques semaines avec le professeur Raoult, comment le populisme est terriblement virulent. Comme de plus les syndicalistes récusent la politique, que l’armée a toujours plus d’ambitions, que les grandes entreprises ont des objectifs énormes aussi, que la situation mondiale se tend… on peut imaginer le pire.

En fait, on est revenu aux années 1930. On avait un pied dedans, là on y est entièrement. Le jour d’après des populistes, cela sera bien plutôt un jour d’avant. On prend un militaire de très haut rang, il se présente comme au-dessus des partis, ni de droite ni de gauche, tout comme le fait la revue que lance en juin Michel Onfray, « Front populaire ».

Il prétend ne faire que rétablir la sérénité et l’ordre, pour que les choses avancent. Tout est présenté comme nécessaire, allant de soi. Les Français en ont l’habitude, avec Napoléon Ier, Napoléon III, Pétain en 1940, De Gaulle en 1958. Les coups d’État sont toujours passés comme une lettre à la poste.

Seule la Gauche historique peut former un contre-courant, parce que seule la Gauche historique ne fait pas confiance au régime en place. La gauche gouvernementale a accepté la Ve République, qu’elle considérait pourtant auparavant comme un régime d’autoritaire né d’un coup d’État : elle a trahi. Et on paie cher le prix de cette trahison.

Naturellement, le souci est que la gauche non gouvernementale est souvent velléitaire, symbolique, d’autant plus radicale qu’elle sait très bien qu’elle n’aura jamais à prendre aucune responsabilité. Philippe Poutou et Olivier Besancenot ont une image sympathique, surtout le premier. Mais personne ne les voit en ministre.

Il faut ainsi une Gauche historique qui soit à la hauteur du défi. C’est la seule solution. Croire qu’une alternative à la tendance au régime autoritaire, militariste… au fascisme, à la guerre, soit possible en évitant le mot « bourgeoisie », c’est se tromper et tromper les gens.

C’est pourquoi le premier mai, journée du mouvement ouvrier, il faut dire : vive la Gauche historique, qui elle seule représente l’avenir dans une perspective positive !