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Tout est en place pour le conflit en Ukraine

L’impasse est complète entre les grandes puissances.

Alors que l’Ukraine procède à de nouvelles mises en place de tranchées, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a accusé 120 contractants américains d’avoir installé des dispositifs militaires dans les villages d’Avdeïevka et de Priazovskoïe à la frontière des « républiques populaires » séparatistes, dont des installations sans doute chimiques.

C’est là une accusation très forte, qui reflète globalement de l’avalanche des dénonciations russes à l’encontre de l’OTAN en général et de plus en plus de l’Ukraine en particulier. Vladimir Poutine a également pris la parole lors d’une conférence élargie annuelle du ministère de la Défense. Si l’on regarde bien sur la photographie, on voit que cette conférence a été retransmise à l’ensemble des responsables militaires russes eux-mêmes réunis, ce qui est une « nouveauté ».

Dans son discours, Vladimir Poutine a parlé en général des questions militaires, jusqu’à traiter en détail de la question des salaires. Il remercie les participants, on s’attend donc à ce que ce soit fini… puis il enchaîne.

« Dans une note informelle, j’aimerais ajouter quelques mots à ce que le ministre a dit et à ce que j’ai dit dans mes remarques liminaires.

Tout le monde en parle et, bien sûr, principalement les forces armées.

Je fais référence à nos documents, nos projets de traités et d’accords pour assurer la stabilité stratégique que nous avons envoyés aux dirigeants des États-Unis et de l’OTAN.

Nous voyons déjà que certains de nos détracteurs les interprètent comme l’ultimatum de la Russie. Est-ce un ultimatum ou pas ? Bien sûr que non. Pour rappel : tout ce que notre partenaire – appelons-le ainsi – les États-Unis ont fait au cours des années précédentes, pour soi-disant assurer leurs intérêts et leur sécurité à des milliers de kilomètres de leur territoire national – ils ont fait ces choses dures, les plus audacieuses, sans l’autorisation du Conseil de sécurité de l’ONU.

Quel était le prétexte pour bombarder la Yougoslavie ? Est-ce que c’était autorisé par le Conseil de sécurité, ou quoi ? Où sont la Yougoslavie et où sont les États-Unis ? Ils ont détruit le pays.

En effet, il y avait un conflit interne, ils avaient leurs propres problèmes, mais qui leur a donné le droit de mener des frappes aériennes contre une capitale européenne ? Personne ne l’a fait. Ils ont juste choisi de le faire, et leurs satellites couraient derrière eux en glapissant.

Voilà pour le droit international.

Sous quel prétexte sont-ils allés en Irak ? C’était l’Irak qui développait des armes de destruction massive. Ils sont entrés, ont détruit le pays, créé un foyer de terrorisme international, puis il s’est avéré qu’ils ont fait une erreur : « Les renseignements nous ont trompé. » Eh bien ! Ils ont détruit un pays.

L’intelligence a échoué – c’est tout ce qu’ils avaient à dire pour justifier leurs actions. Il s’est avéré qu’il n’y avait pas d’armes de destruction massive là-bas. Au contraire, tout avait été détruit comme convenu.

Comment sont-ils allés en Syrie ? Avec l’autorisation du Conseil de sécurité ? Non.

Ils font ce qu’ils veulent.

Cependant, ce qu’ils font, essaient ou prévoient de faire en Ukraine ne se passe pas à des milliers de kilomètres de notre frontière nationale.

C’est à la porte de notre maison. Ils doivent comprendre que nous n’avons tout simplement nulle part où nous retirer.

Il y a des experts ici, assis avec nous, je reste en contact permanent avec eux. Les États-Unis ne possèdent pas encore d’armes hypersoniques, mais nous savons quand ils en auront. Cela ne peut pas être caché. Tout est enregistré, tests réussis ou infructueux. Nous avons une idée du moment où cela pourrait arriver.

Ils fourniront des armes hypersoniques à l’Ukraine et les utiliseront ensuite comme couverture – cela ne veut pas dire qu’ils commenceront à les utiliser demain, car nous avons déjà le [missile de croisière hypersonique] Zircon et pas eux – pour armer les extrémistes d’un État voisin et les inciter contre certaines régions de la Fédération de Russie, comme la Crimée, lorsqu’ils pensent que les circonstances sont favorables.

Pensent-ils vraiment que nous ne voyons pas ces menaces ?

Ou pensent-ils que nous resterons les bras croisés à regarder émerger des menaces contre la Russie ?

C’est le problème : nous n’avons tout simplement pas de place pour battre en retraite. Telle est la question.

Les conflits armés et les effusions de sang ne sont absolument pas notre choix. Nous ne voulons pas que les événements se déroulent ainsi. Nous voulons utiliser des moyens politiques et diplomatiques pour résoudre les problèmes, mais nous voulons au moins disposer de garanties juridiques clairement formulées.

C’est l’objet de nos propositions. Nous les avons consignées sur papier et envoyées à Bruxelles et à Washington, et nous espérons recevoir une réponse claire et complète à ces propositions.

Il y a certains signaux que nos partenaires semblent prêts à travailler là-dessus. Mais il y a aussi le danger qu’ils tentent de noyer nos propositions dans les mots, ou dans un marécage, pour profiter de cette pause et faire ce qu’ils veulent.

Que ce soit clair pour tout le monde : nous en sommes conscients, et cette tournure des événements, ces évolutions, ne fonctionneront pas pour nous.

Nous attendons avec impatience des pourparlers constructifs et significatifs avec un résultat visible – et dans un délai précis – qui garantirait une sécurité égale pour tous.

C’est ce que nous nous efforcerons d’atteindre, mais nous ne pourrons le faire que si les Forces armées se développent correctement.

Au cours des dernières années, nous avons réussi à gérer cela et nous avons atteint un bon niveau de préparation au combat.

J’en ai parlé et le ministre vient d’en faire rapport. Nous avançons à un rythme décent – le genre de rythme dont nous avons besoin.

Il y a des questions qui nécessitent plus d’attention, comme la production, que nous traitons de façon continue. Comme vous le savez peut-être, nous nous réunissons à Sotchi deux fois par an. Pourquoi Sotchi ? Ce n’est pas à cause du beau temps, mais parce que tout le monde s’y rend et que nous éliminons les distractions telles que les affaires de routine et nous concentrons sur l’industrie de la défense et le développement des forces armées.

Ces réunions sont très significatives et efficaces. Je le répète, il y a beaucoup de questions, mais nous sommes au-dessus d’elles. J’espère vivement que nous continuerons à maintenir ce rythme alors que nous progressons dans nos efforts pour assurer la sécurité de la Russie et de ses citoyens.

Merci beaucoup. Bonne année!

L’armée russe doit être prête au combat : tel est le message. La Russie a d’ailleurs rendu public sans médias la sortie d’un nouveau drone de combat, l’Okhotnik, qui fait vingt tonnes. Mais c’est une sorte d’anecdote militariste dans un contexte de guerre : la Russie veut faire reculer l’OTAN, l’OTAN ne veut pas reculer, la Russie n’attendra pas que l’Ukraine rentre dans l’OTAN, l’Ukraine veut forcer pour récupérer le Donbass et la Crimée.

Le tout dans un contexte de crise du capitalisme au niveau mondial, et alors que la Russie a littéralement asséché l’oléoduc Yamal, ayant déjà verrouillé celui passant par l’Ukraine, précipitant le prix du gaz à un niveau inégalé en raison des pénuries!

Tous les phénomènes se combinent, c’est là la nature même d’une crise à tous les niveaux.

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Ukraine : comment mobiliser en France contre la guerre?

C’est une tâche essentielle de tous les démocrates au service du peuple.

Qu’implique une guerre en Ukraine? Elle implique qu’un peuple, sur un territoire, souffre. Il faut être capable de parler de ce peuple, d’en faire un thème concret.

On doit faire des choses sur le plan culturel: réaliser une spécialité d’origine ukrainienne, le bortsch, pour sa famille ou ses amis, offrir l’incroyable roman Taras Boulba de Gogol autour de soi, raconter l’anecdote comme quoi le chant de Noël dans le film (catastrophique par ailleurs) Maman, j’ai raté l’avion ! est en fait ukrainien (Chtchedryk), envoyer des vidéos du groupe folk DakhaBrakha, ou encore des multiples danses ukrainiennes : metelitsa, hutsulka, le fameux hopak… Ou encore la chanson classique Rugit, gémit le vaste Dniepr aux paroles du poète national ukrainien Taras Chevtchenko.

On doit exiger des prises de position, car il faut faire boule de neige, pour que les mentalités changent, que les consciences s’éveillent, que la solidarité soit visible.

Un club de sport, par exemple de gymnastique rythmique, peut être amené à saluer son équivalent en Ukraine, ou bien appeler directement à la paix. Cela semblera absurde aux gens aujourd’hui, mais c’était une norme dans les années 1920-1930, voire dans les années 1960-1970 pour les organismes se voulant démocratiques et de masse. Quand un événement est significatif, on s’exprime, tout comme par exemple beaucoup plus récemment au moment de « Je suis Charlie », qui est un très bon exemple.

La lutte contre la guerre est avant tout démocratique et populaire : il faut que le camp du peuple soit choisi, contre le nationalisme et la guerre, pour des rapports démocratiques, ce qui implique de tisser des liens, de nouer des contacts, de faire vivre les échanges.

Il faut, bien entendu, exiger que des forces plus directement politiques prennent position contre la guerre. Qu’implique en effet une guerre en Ukraine?

Elle implique l’emploi de la force armée par des Etats, de manière coordonnée et décidée, avec comme objectif une conquête territoriale, et ce en Europe même. Elle signifie surtout que deux puissances s’affrontent indirectement, puis l’Ukraine a un régime ultra-nationaliste totalement en phase avec la superpuissance américaine, alors que les régimes séparatistes de Donetzk et Louhansk sont eux-mêmes alignés sur la Russie.

Et cela, dans le contexte où le capitalisme connaît une crise à tous les niveaux en raison de la pandémie. Une guerre en Ukraine, cela veut dire une instabilité immense dans une Europe vivant déjà à crédit afin que le capitalisme ait pu continuer coûte que coûte à tourner. C’est la boîte à Pandore pour les autres guerres : une fois qu’une a eu lieu, le phénomène est banalisé.

Il faut donc que soit levé le drapeau du refus du bellicisme, du nationalisme, de la guerre, et ce sans ambiguïtés. Cela ne sert à rien de dénoncer la Russie si ce n’est pour rien dire sur une France totalement impliquée dans l’OTAN et donc dans la guerre en Ukraine également, puisque l’OTAN sert de bras armé à la superpuissance américaine dans la conquête de l’Est européen.

Surtout, le critère essentiel est l’élévation du niveau de conscience du peuple, le plus largement possible, car l’envergure des événements est historique. Il faut le primat de la pratique, et non pas des abstractions « militantes », « symboliques ». Il faut que les gens comprennent la guerre et sa signification, et cela ne saurait passer par de simples messages sur les réseaux sociaux, qui se noient dans une production ininterrompue de remarques consommées et aussi vite oubliées, bien que cela peut bien entendu avoir un sens sur le plan informatif, mais c’est là un cas particulier.

La question de la guerre est par définition même démocratique, car touchant la réalité des gens dans ce qu’ils sont eux-mêmes, au sens de leur vie personnelle, de leur vie quotidienne. La guerre balaie tout et ce n’est pas question que l’on peut fuir. Il est triste de se dire qu’un tel événement est un facteur de recomposition sociale. Mais les gens se sont laissés corrompre par le capitalisme, par sa croissance tranquille dans les pays occidentaux depuis 1989 et au moyen d’une Chine usine du monde.

Les gens ont perdu le fil de l’Histoire, ils vivent au jour le jour, la seule chose prolongée qu’ils ont en tête c’est le crédit, parfois le mariage et encore. Les gens sont en total décalage avec ce qui se passe sur le plan historique, car l’Histoire ne s’arrête pas parce que les gens ont des rêves petit-bourgeois. C’est Rosa Luxembourg qui avait raison de dire à ce sujet : c’est Socialisme ou barbarie.

Il faut un grand retour à la réalité. Cela demande un immense effort, inéluctable, incontournable, déchirant sur le plan du vécu de par l’engagement nécessaire. Les gens vont faire un terrible apprentissage et il faut être à leurs côtés pour que les choses se passent au mieux, et aillent dans le bon sens.

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La superpuissance américaine rejette les propositions russes

Oui au dialogue, mais sans aucun compromis : telle est la position américaine.

La Russie a organisé une offensive diplomatique extrêmement rapide, repoussée aussi sec. Elle a annoncé qu’elle ferait des propositions concrètes aux Etats-Unis, le lendemain elle les a envoyées, puis la réponse américaine a été un refus clair. Pour la forme, la superpuissance américaine a annoncé qu’elle était prête au dialogue. Pour autant, tout est refusé. La Russie a alors rendu public ses propositions.

Les « experts » sont atterrés par cet épisode, qui a duré trois jours. Parce qu’en trois jours, toute possibilité de sortie diplomatique de la situation d’extrême tension que l’on connaît s’est évaporée. Cela est vrai même pour ceux pensant initialement que le rassemblement de troupes russes à la frontière ukrainienne était un levier de négociation mis en place par le président Vladimir Poutine. Car maintenant, que peut faire la Russie? Si elle enlève ses troupes, elle perd la face, sa réputation militaire internationale est ruinée et cela lui coûté une fortune. Sans compter que des troupes continuent de venir, que de la logistique de guerre se met en place (hôpitaux de campagne, essence, huile, munitions, etc.).

Et il faut bien souligner que du côté ukrainien, c’est l’escalade aussi. C’est même l’aspect principal vu comment la superpuissance américaine pousse l’Ukraine au jeu de massacre.

Les propos suivants de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, le 15 décembre 2021, ne sont nullement de la propagande, mais un simple constat :

« Les pays de l’Otan intensifient leurs livraisons d’armes à l’Ukraine et forment ses soldats. Ils ne le font pas pour une quelconque mission « mythique » de maintien de la stabilité et de la sécurité, mais pour « jeter de l’huile sur le feu » et accroître l’ampleur de la guerre civile dans le pays.

Depuis 2014, je le rappelle, les États-Unis ont fourni 2,5 milliards de dollars d’aide militaire à l’Ukraine, dont plus de 400 millions de dollars cette année.

Récemment, Washington a livré 30 lance-missiles antichars Javelin (nous avons déjà commenté cet « effort », qui ne vise manifestement pas à une résolution pacifique de la situation dans le Sud-Est de l’Ukraine) et 180 missiles allant avec pour 60 millions de dollars.

En 2022, 300 millions de dollars sont prévus pour la fourniture d’armes et d’équipements militaires à Kiev. Le premier lot – d’une valeur de 20 millions – est en cours de préparation pour une expédition en janvier. Il contient des équipements de vidéosurveillance et de communication, des véhicules spéciaux, des drones, etc.

Cela ne résoudra certainement pas les problèmes humanitaires des habitants du Donbass, ne contribuera pas à une résolution pacifique du conflit armé et ne créera pas les conditions nécessaires à la mise en œuvre des accords de Minsk.

Ces fonds auraient pu être utilisés à des fins bien plus pacifiques, humanitaires. Par exemple, cela suffirait presque à rembourser la dette de l’Etat envers les retraités du Donbass. Cette dette, selon les représentants officiels ukrainiens, s’élève à environ 3 milliards de dollars américains. Ont-ils ou non oublié leurs obligations envers les citoyens dont ils prétendent qu’ils font partie de leur pays? La question est rhétorique. Je voudrais que le régime de Kiev y réponde d’une manière ou d’une autre.

Des instructeurs occidentaux continuent de former les militaires ukrainiens (nous le disons pratiquement à chaque conférence de presse), y compris – comme l’a montré le récent scandale à l’Académie nationale de l’armée de terre Hetman Sagaïdatchniy – des néo-nazis notoires. Environ 10.000 soldats de l’Otan sont stationnés dans le pays du Maïdan victorieux – 4.000 des États-Unis et 6.000 d’autres pays de l’Alliance. »

La Russie a l’habitude de mener une intense propagande, mais là elle n’a même pas à forcer. La seule sortie possible apparaît donc comme la guerre, car tant les uns que les autres comptent aller de l’avant dans la bataille pour le repartage du monde. La crise du capitalisme ouverte par la pandémie a vraiment ouvert la boîte de Pandore.

Cela se voit avec les propositions russes, mélange d’ultra-réalisme logiquement acceptable et de folie de grandeur expansionniste ne pouvant qu’être balayée d’un revers de la main, au point qu’on peut penser que ce n’était qu’un prétexte au fond pour se justifier dans un conflit à venir.

Qu’a proposé la Russie ?

1.

Elle propose déjà que la Russie et l’Otan n’envoient ni troupes ni matériel nulle part à part dans les pays où ils étaient présents en mai 1997.

Or, le problème est ici facile à comprendre. L’OTAN a vu l’ensemble des adhésions à l’Est après cette date. L’Allemagne de l’Est est le seul pays à avoir rejoint indirectement l’OTAN auparavant, en 1990, avec la réunification allemande, mais il y a eu à l’époque un « deal » : la Russie ne s’opposerait pas à la réunification en échange de l’absence d’envois de force de l’OTAN dans la partie Est.

Pour le reste, la Hongrie, la Pologne et la République tchèque ont adhéré en mars 1999, puis il y a eu une grande vague d’adhésions en mai 2004 : Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Roumanie, Slovaquie, Slovénie. Ont suivi en avril 2009 l’Albanie et la Croatie, en juin 2017 le Monténégro, en mars 2020 la Macédoine du Nord. Et il faut ajouter à cela les processus en cours d’adhésion de la Bosnie-Herzégovine, de la Géorgie et de l’Ukraine.

Cette proposition russe est donc par définition inacceptable pour l’OTAN ayant réussi son expansion. C’est comme si la Russie tentait de rattraper tout ce qu’elle avait perdu au moment de l’effondrement de la superpuissance soviétique, en faisant de l’Est de l’Europe au minimum une zone tampon. On ne peut que penser aux propos du président russe Vladimir Poutine comme quoi la chute de l’URSS a été « plus grande catastrophe géopolitique du 20e siècle ».

2.

La seconde proposition est que la Russie et la superpuissance américaine ne déploient pas d’armes atomiques dans des pays étrangers, ni ne forment du personnel de ces pays à l’emploi des armes atomiques.

Ce point est capital. Pour résumer : la Russie pense que l’OTAN peut très rapidement modifier certains missiles basés en Pologne pour les munir de têtes nucléaires. Inversement, l’OTAN pense qu’il y a des missiles nucléaires à Kaliningrad, la poche séparée géographiquement du reste de la Russie.

Cette proposition, si elle est refusée, implique un retour de missiles à têtes nucléaire se faisant face à face à moyenne distance en Europe. Cela renforce évidemment deux choses. Tout d’abord la possibilité d’une attaque nucléaire, ici contre la Russie. Il faut 15-30 mn pour un missile pour faire Moscou-New York, mais il n’en faudrait que quelques minutes pour faire Varsovie-Moscou. Ensuite, la possibilité de l’emploi de l’arme atomique comme outil de guerre contre les troupes, dans le cadre d’un affrontement sur le sol européen, avec l’espoir d’un gain tactique très rapide prenant l’autre au dépourvu.

On notera ici que la stratégie française en cas d’invasion de l’Europe de l’Ouest par la Pacte de Varsovie prévoyait de lancer en masse des armes nucléaires sur les troupes ennemies arrivant aux frontières du pays!

3.

La troisième proposition est que ni la Russie ni la superpuissance américaine ne pratiquent de wargames prévoyant l’emploi de l’arme atomique.

Ce point est capital pour la Russie. Si la première proposition est une provocation, celle-ci est logique et vitale alors que des bombardiers stratégiques américains se baladent aux frontières russes.

4.

La quatrième proposition découle du reste : l’OTAN doit cesser son expansion, en particulier ne pas faire adhérer les « Etats de l’ancienne Union des Républiques Socialistes Soviétiques ».

Cela désigne bien sûr ici surtout la Géorgie et l’Ukraine, que l’OTAN veut intégrer, mais le choix russe pour les désigner en dit long!

5.

La cinquième proposition, qui est en fait la première dans la proposition russe, dit que la Russie et les Etats-Unis ne font rien l’un contre l’autre, à quelque niveau que ce soit. On remarquera que c’était ici la ligne de Donald Trump et ses partisans au plus haut niveau militaire sont encore sur cette ligne, critiquant justement le président américain Joe Biden pour sa ligne.

Et c’est peut-être là la ligne russe : trouver un moyen de passer au-delà de l’affrontement sino-américain, par une sorte de gigantesque compromis. C’était indéniablement le sens du soutien russe à Donald Trump (ainsi qu’à Marine Le Pen en France et aux sociaux-démocrates en Allemagne). Mais même en admettant que cette utopie stratégie soit possible… elle ne le serait qu’à court terme, les contradictions entre les pays se développant à très grande vitesse avec la crise.

Comment imaginer quelque chose de stable, alors que 600 000 Ukrainiens ont émigré dans les dix premiers mois de 2020 (3,3 millions en onze ans), que la dette publique française vient de passer à 116,3%, que l’inflation américaine sur un an frôle les 7%, que le promoteur immobilier géant chinois Evergrande s’effondre, que la pandémie reprend en Europe…

Les pays capitalistes tentent de sortir dans le cadre du repartage du monde : quoiqu’ils fassent, ils produisent une sorte de mécano qui aboutira à la guerre.

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Le Comité militaire de l’OTAN salue la « contribution importante de la France »

L’alignement français est officiellement salué par l’OTAN.

Il est courant de dire qu’en ce qui concerne l’OTAN, la France a un pied dedans et un pied dehors. La présidence d’Emmanuel Macron a réalisé une tendance déjà en cours depuis plusieurs années : la France est désormais entièrement dans l’OTAN sur le plan stratégique. La visite du président du Comité militaire de l’OTAN à Paris pour saluer l’engagement français en est une preuve.

Cette visite, à la suite directe de la réunion de l’OTAN à Bruxelles qui a été marquée par une condamnation de la Russie, n’est naturellement pas simplement de courtoisie. Le président du Comité militaire est forcément venu avec toute son équipe, pour contribuer à la mise en place du bloc politico-militaire contre la Russie. La France étant un acteur essentiel de l’OTAN, notamment sur le plan maritime et aérien, comme en témoignent les activités militaires françaises en Mer Noire à la mi-décembre 2021, il s’agit là d’une mise en place technique inévitable.

C’est un aspect très important, car maintenant que la question ukrainienne « commence » à apparaître comme thématique, on a déjà l’expression d’un opportunisme complet expliquant que, somme toute, c’est un affrontement lointain entre les pays occidentaux et la Russie, et qu’il faudrait, le cas échéant, simplement protester si la France fait partie de la coalition occidentale. Il faudrait rééditer alors la Conférence de Zimmerwald de 1915 pour s’opposer à « l’union sacrée ».

C’est totalement honteux, alors que la France n’est pas un éventuel allié de la superpuissance américaine, mais une puissance agressive de premier plan, une composante essentielle de l’OTAN. Cela exprime en fait le point de vue des intellectuels bourgeois « de gauche » en France, qui veulent protester mais dans le confort d’une position critique semblable à celle d’un professeur. C’est aussi un chauvinisme à la française : si la France fait quelque chose de mal, c’est qu’elle est manipulée par les Etats-Unis ou Israël, etc.

C’est un exemple de comment la crise démasque tous les faussaires et révèle les choses telles qu’elles sont. Il ne faut surtout pas se fier à de telles positions opportunistes. La France est bien une partie essentielle de l’OTAN et donc de la tendance à la guerre ! La visite en France du président du Comité militaire de l’OTAN le montre bien.

Le 17 décembre 2021, l’amiral Rob Bauer [de la Marine royale néerlandaise], président du Comité militaire de l’OTAN [depuis juin 2021], s’est rendu à Paris afin de s’entretenir avec le général d’armée Thierry Burkhard, chef d’état-major des armées (France).

Il a également effectué une visite au centre de planification et de conduite des opérations, où une série d’exposés sur les activités militaires de la France lui ont été présentés.

Après avoir été accueilli par une garde d’honneur officielle à l’École militaire (Paris), le président du Comité militaire de l’OTAN, l’amiral Bauer, s’est rendu au centre de planification et de conduite des opérations (CPCO). Depuis 2004, cette entité de premier plan apporte son soutien à la France pour tout ce qui concerne la planification et la conduite des opérations nationales et internationales auxquelles participent les militaires français.

En communication permanente avec les commandements opérationnels du monde entier, y compris ceux déployés en mission, le CPCO permet une meilleure coordination, des réponses plus rapides à l’évolution de la situation et une gestion de crise plus efficace.

Lors de son entretien avec le général de division Philippe Susnjara, chef du CPCO, l’amiral Bauer a souligné l’importance de disposer d’un tel quartier général : « Les nouveaux défis exigent de nouvelles réponses, notamment dans les domaines que nous abordons depuis peu, où la technologie se développe à un rythme extrêmement rapide. Nous devons pouvoir proposer des réponses efficaces, en temps voulu, et c’est pourquoi un éclairage opérationnel est essentiel à la prise de décisions ».

Une série d’exposés ont été présentés à l’amiral Bauer, notamment sur les priorités de la France concernant une approche à 360 degrés et sur ses activités militaires actuelles, dont les opérations en cours au Mali et en Iraq, ainsi que sur sa participation actuelle à des missions de l’Union européenne (UE) et de l’OTAN.

La France contribue actuellement à la mission renforcée de police du ciel de l’OTAN et au groupement tactique multinational en Estonie dans le cadre de la présence avancée rehaussée de l’OTAN.

« En ce moment, 30 000 militaires français sont déployés sur le territoire et à l’étranger pour protéger les pays, leurs populations et leurs valeurs. Une partie des effectifs est déployée à l’appui de missions de l’UE et de l’OTAN pour assurer la sécurité, la dissuasion et la défense du territoire euro-atlantique », a ajouté le président du Comité militaire.

Lors de leur rencontre, le général Thierry Burkhard, chef d’état-major des armées de la France, et l’amiral Bauer ont abordé les axes de travail en cours, et plus particulièrement l’élaboration du concept-cadre de l’OTAN sur la capacité à combattre et le concept de dissuasion et de défense pour la zone euro-atlantique.

Ils ont également évoqué l’état actuel des dépenses de défense, la France étant le troisième principal contributeur en Europe, et le quatrième parmi les pays de l’OTAN. L’amiral Bauer a par ailleurs remercié la France de son offre d’accueillir le nouveau Centre d’excellence de l’OTAN pour l’espace, qui sera établi à Toulouse d’ici 2025.

« La France compte dans ses rangs des militaires d’exception, dispose de capacités de pointe, a la volonté politique de les employer et peut les déployer rapidement. Les avions de chasse français participent régulièrement à la mission de police du ciel de l’OTAN dans les États baltes afin d’assurer la sécurité de l’espace aérien de l’Alliance. L’an prochain, la force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation de l’OTAN sera dirigée par une brigade franco-allemande. La France, dans l’ensemble des domaines traditionnels, contribue activement au dispositif de dissuasion et de défense de l’Alliance, ce à quoi s’ajoute désormais l’espace », a indiqué en conclusion le président du Comité militaire.

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L’Union Européenne prend une position anti-Russie encore plus forte que la superpuissance américaine

Et cela parce qu’elle agit en fait pour celle-ci.

Le parlement européen a voté, par 548 voix pour, 69 contre et 54 abstentions, une résolution condamnant la Russie. Le même jour, l’OTAN dénonçait pareillement la Russie.

Il ne s’agit pas simplement d’une condamnation par le parlement européen pour le cas d’une éventuelle invasion de l’Ukraine par la Russie, mais d’une condamnation préalable. Il est d’ailleurs exigé de l’Allemagne que ne soit pas mis en place le gazoduc Nord Stream 2 dont la construction vient de se terminer. L’Allemagne, qui a un nouveau gouvernement dont les Verts sont totalement pro-américains, a déjà dit que dans le meilleur des cas l’ouverture ne se ferait pas avant six mois.

Et les mesures en cas d’intervention russe en Ukraine vont encore plus loin que celles préconisées par la superpuissance américaine. En clair, en cas d’intervention russe, il y aura le gel des avoirs russes en Europe, l’interdiction de voyager pour les Russes et l’exclusion de la Russie du système de paiement SWIFT. Ce dernier point a déjà été considéré par la Russie comme une « déclaration de guerre », au point que même les Etats-Unis n’ont pas osé faire une menace ouverte sur ce plan. Car couper la Russie du système bancaire international, c’est forcément une rupture complète.

On notera naturellement la phrase « selon des rapports des services de renseignement américain » qui veut tout dire. Le parlement européen s’aligne sur la superpuissance américaine pour précipiter la Russie dans la banqueroute. L’OTAN est même la grande référence du document, reflétant la nouvelle « fusion » OTAN – Union Européenne. C’est bien entendu inacceptable pour la Russie. La situation est inextricable. La crise du capitalisme provoqué par le Covid-19 précipite l’affrontement pour le repartage du monde.

Situation à la frontière ukrainienne et dans les territoires de l’Ukraine occupés par la Russie

PE702.805

Résolution du Parlement européen du 16 décembre 2021 sur la situation à la frontière ukrainienne et dans les territoires de l’Ukraine occupés par la Russie (2021/3010(RSP))

Le Parlement européen,

– vu ses résolutions et rapports précédents sur l’Ukraine et la Russie,

– vu la charte des Nations unies, la convention des Nations unies sur le droit de la mer, la déclaration universelle des droits de l’homme, le pacte international relatif aux droits civils et politiques et la convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales du Conseil de l’Europe,

– vu l’Acte final d’Helsinki du 1er août 1975 et ses documents ultérieurs,

– vu la charte de Paris pour une nouvelle Europe du 19 au 21 novembre 1990,

– vu le mémorandum de Minsk du 19 septembre 2014 et l’ensemble de mesures en vue de l’application des accords de Minsk adoptées et signées à Minsk le 12 février 2015 et approuvées dans leur ensemble par la résolution 2202(2015) du Conseil de sécurité des Nations unies du 17 février 2015,

– vu l’accord d’association entre l’Union européenne et ses États membres, d’une part, et l’Ukraine, d’autre part, en particulier son titre II sur le dialogue politique et la convergence dans le domaine de la politique étrangère et de sécurité [JO L 161 du 29.5.2014, p. 3.],

– vu le premier dialogue UE-Ukraine sur la cybersécurité qui s’est tenu le 3 juin 2021,

– vu la charte de partenariat stratégique États-Unis–Ukraine signée le 10 novembre 2021 par le secrétaire d’État américain Antony Blinken et le ministre ukrainien des affaires étrangères Dmytro Kuleba,

– vu la déclaration du haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, à la suite du Conseil «Affaires étrangères» du 13 décembre 2021, selon laquelle toute agression contre l’Ukraine aura des conséquences politiques et aura un coût économique élevé pour la Russie,

– vu la déclaration du Secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, à la suite de la réunion des ministres des affaires étrangères de l’OTAN du 30 novembre 2021,

– vu la déclaration des ministres des affaires étrangères du G7 du 12 décembre 2021 sur la Russie et l’Ukraine,

– vu la déclaration conjointe du 12 octobre 2021 publiée par Volodymyr Zelensky, président ukrainien, Charles Michel, président du Conseil européen, et Ursula von der Leyen, présidente de la Commission, à l’issue du 23e sommet UE-Ukraine,

– vu la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies du 9 décembre 2021 intitulée «Problème de la militarisation de la République autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol (Ukraine), ainsi que de certaines parties de la mer Noire et de la mer d’Azov»,

– vu le mémorandum de Budapest concernant les garanties de sécurité du 5 décembre 1994,

– vu la politique de l’Union européenne en réponse à la crise en Ukraine, y compris les mesures restrictives en vigueur depuis 2014,

– vu l’article 132, paragraphes 2 et 4, de son règlement intérieur,

A. considérant que conformément à la charte de l’ONU et aux principes du droit international, les États «s’abstiennent, dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à l’emploi de la force […] contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout État»;

B. considérant que, dans le contexte d’une crise à la frontière entre l’Union européenne et le Belarus, la Fédération de Russie n’a cessé d’accroître sa présence militaire le long des frontières de l’Ukraine, où elle compte actuellement quelque 100 000 hommes, et dans les régions ukrainiennes de Donetsk et de Louhansk, actuellement occupées par des forces soutenues par la Russie, et qu’elle a considérablement accru l’ampleur de ses activités militaires en Crimée occupée, ainsi que dans le bassin de la mer Noire; que ce déploiement militaire a été confirmé par des images récentes de satellites commerciaux; que l’on estime que ce récent déploiement est de plus grande ampleur que le précédent déploiement militaire du printemps de cette année;

C. considérant que, selon des rapports des services de renseignement américains, la Russie pourrait déployer jusqu’à 175 000 soldats d’ici le début de 2022; que ces actions offensives peuvent être interprétées soit comme la préparation d’une agression militaire, soit comme une menace de recourir à la force contre l’Ukraine voisine dans le but de s’ingérer dans la souveraineté et l’indépendance politique de cette dernière, ce qui va à l’encontre des obligations internationales incombant à la Fédération de Russie; qu’Alexandre Loukachenko a annoncé qu’il soutiendrait totalement la Russie dans une éventuelle action militaire contre l’Ukraine;

D. considérant que les récents mouvements de troupes russes près de la frontière ukrainienne se sont accompagnés d’une ingérence accrue et d’une intensification de campagnes de désinformation menées par des agents et des médias russes dans l’Union européenne, en Ukraine et en Russie même; que ces tactiques hybrides intègrent la diffusion de contenus de plus en plus désobligeants à l’égard de l’OTAN et de l’Ukraine, des tentatives visant à attribuer à l’Ukraine et à l’OTAN la responsabilité d’une éventuelle future escalade militaire russe, ainsi que la propagation de fausses informations y compris par le président Poutine et l’ancien président Medvedev en personnes;

E. considérant que plus de six ans se sont écoulés depuis l’adoption des accords de Minsk et plus de sept ans depuis l’annexion illégale de la péninsule de Crimée par la Fédération de Russie et le début de la guerre menée par la Russie en Ukraine; que plus de 14 000 personnes ont perdu la vie au cours de ce conflit, toujours en cours; que ce conflit s’est soldé par le déplacement de plus de 2 millions de personnes à l’intérieur du pays; que les moyens de subsistance de la population des territoires contrôlés et annexés par la Russie en Ukraine et dans les régions environnantes restent durement touchés; que la Russie étant partie au conflit, elle ne peut pas se présenter comme médiateur;

F. considérant que la mise en place du dispositif d’application des accords de Minsk de février 2015 a essuyé de lourds revers, notamment en raison des mesures unilatérales prises par la Fédération de Russie en contradiction avec les engagements qu’elle a pris au titre de ces accords;

G. considérant que, depuis 2014, des rapports font état de la présence d’employés du groupe Wagner, une société militaire privée russe, aux côtés de séparatistes pro-russes dans l’est de l’Ukraine, dont le nombre, qui était initialement d’environ 250, est passé à 2 500 aujourd’hui.

H. considérant que le dernier rapport de la mission d’observation des droits de l’homme des Nations unies en Ukraine, publié le 1er décembre 2021, fait état d’une escalade des hostilités dans la zone de conflit du Donbass, d’une augmentation du nombre de victimes civiles du côté ukrainien et des dégâts aux infrastructures; que le rapport indique également que les tribunaux des républiques autoproclamées du Donbass continuent de condamner des civils pour des crimes liés au conflit, sans procès équitable;

I. considérant que les territoires de l’Ukraine occupés par la Russie dans les régions de Donetsk et de Louhansk comptent plus de 160 prisons illégales où plus de 3 000 personnes sont illégalement emprisonnées et font l’objet de tortures et de traitements inhumains depuis le début du conflit;

J. considérant que la Russie continue de violer le cessez-le-feu dans le Donbass en ayant lancé 2 346 attaques contre les positions ukrainiennes, provoquant la mort de 65 soldats ukrainiens et blessant 261 d’entre eux, dont 29 militaires des forces armées ukrainiennes tués par des francs-tireurs entre le 27 juillet 2020 et le 2 décembre 2021;

K. considérant qu’en avril 2021, le ministère russe de la défense a unilatéralement fermé les eaux autour du détroit de Kertch aux navires non commerciaux d’autres pays, entravant ainsi le libre passage des navires à destination et en provenance de la mer d’Azov; que ces restrictions sont toujours en place, alors que la Russie avait annoncé qu’elle les lèverait en octobre 2021; que ces obstacles ont des conséquences négatives pour les ports ukrainiens de la mer d’Azov et pour le transit maritime international en mer Noire;

L. considérant que le 15 novembre 2021, le président russe Vladimir Poutine a signé un décret relatif à des mesures commerciales simplifiées qui autorisent l’accès des marchandises à destination et en provenance des zones de l’Ukraine temporairement non contrôlées par le gouvernement, à savoir Donetsk et Louhansk;

M. considérant que la charte de partenariat stratégique États-Unis–Ukraine du 10 novembre 2021 dispose que les États-Unis et l’Ukraine ont l’intention de poursuivre une série de mesures de fond visant à prévenir toute agression extérieure directe et hybride contre l’Ukraine et de tenir la Russie responsable de cette agression et de ces violations du droit international;

N. considérant que, le 1er décembre 2021, le président Poutine a exigé de l’OTAN des garanties juridiquement contraignantes attestant qu’elle ne mènerait pas de nouveaux élargissements à l’Est; que le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, se référant à l’adhésion potentielle de l’Ukraine à l’OTAN, a déclaré le 30 novembre 2021, après la réunion des ministres des affaires étrangères de l’OTAN, que la Russie n’avait «pas de véto, ni de droit d’ingérence dans ce processus»;

1. soutient l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues; réaffirme son soutien résolu à la non-reconnaissance par l’Union de l’annexion illégale de la République autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol; condamne l’implication directe et indirecte de la Russie dans le conflit armé dans l’est de l’Ukraine, ainsi que les violations persistantes des droits de l’homme commises dans ces territoires et en Crimée, qui a été annexée;

2. condamne le large déploiement militaire actuel de la Russie le long de la frontière avec l’Ukraine et rejette toute justification russe à cet égard; rappelle qu’il s’agit du deuxième déploiement de ce type cette année; souligne que ce déploiement militaire s’est accompagné d’une augmentation spectaculaire de la rhétorique belliciste de la part de la Russie;

3. demande instamment à la Fédération de Russie de retirer immédiatement et intégralement ses forces militaires, de ne plus menacer l’intégrité territoriale de l’Ukraine, qui a un effet déstabilisateur pour l’ensemble de la région et au-delà, de lever toutes les mesures qui exacerbent le conflit et d’apaiser les tensions conformément aux obligations internationales de la Russie; souligne la nécessité de trouver une solution politique pacifique au conflit;

4. souligne que le déploiement militaire russe constitue également une menace pour la paix, la stabilité et la sécurité dans toute l’Europe et invite la Russie à respecter ses obligations internationales, notamment les principes et les engagements de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe en matière de transparence des mouvements militaires, y compris le document de Vienne; exhorte en outre la Russie à respecter l’obligation qui lui incombe en vertu de la convention des Nations unies sur le droit de la mer et de garantir la liberté de navigation et de transit par le détroit international de Kertch vers les ports de la mer d’Azov;

5. se dit extrêmement préoccupé par la poursuite de la militarisation de la mer d’Azov, de la mer Noire et de la région de la mer Baltique, et en particulier par la militarisation du district de Kaliningrad et de la Crimée illégalement occupée, ainsi que par le développement de capacités de déni d’accès et d’interdiction de zone (A2/AD) par la Fédération de Russie, qui implique le recours à de nouveaux systèmes antiaériens S-400, et par la concentration sans précédent de forces conventionnelles ainsi que par les préparatifs d’un éventuel déploiement d’armes nucléaires;

6. exprime sa solidarité avec la population ukrainienne, qui a beaucoup souffert depuis 2014 à cause de la guerre, à laquelle s’ajoute une grave crise économique, et qui vit désormais sous la menace d’une offensive militaire à grande échelle qui met en péril la vie de tous les habitants;

7. réaffirme qu’un dialogue de sécurité de l’Union avec l’Ukraine doit faire preuve d’ambition et contribuer à une appréciation convergente des enjeux de sécurité sur le terrain; souligne que les pays amis devraient renforcer leur soutien militaire à l’Ukraine ainsi que la fourniture d’armes défensives, une démarche conforme à l’article 51 de la charte des Nations unies, qui autorise la légitime défense, individuelle ou collective; se félicite de la décision prise le 2 décembre 2021 par le Conseil de l’Union européenne d’octroyer à l’Ukraine une enveloppe de 31 millions d’euros au titre de la facilité européenne pour la paix (FEP) afin de contribuer au renforcement de la résilience et des capacités de défense; fait observer que l’éventuelle future participation de l’Ukraine aux projets de la coopération structurée permanente (CSP) permettrait d’améliorer considérablement les capacités de défense nationale de l’Ukraine conformément aux bonnes pratiques et aux normes de l’Union européenne, comme le prévoit l’accord d’association;

8. souligne que les déploiements militaires russes récurrents à la frontière ukrainienne sont un outil permettant d’arracher des concessions politiques à l’Occident aux frais de l’Ukraine; souligne que le choix d’alliances par un pays ne doit pas être soumis à l’approbation d’un pays tiers et rejette dès lors toute tentative de la Russie d’inclure certains pays dans sa «sphère d’influence» et, partant, de façonner leur avenir; rappelle que les actions de compromis ou d’apaisement de la part de l’Occident seraient perçues comme une faiblesse par la Russie et ne feraient que l’encourager à renforcer encore son attitude agressive;

9. souligne que les déploiements militaires russes s’inscrivent également dans le cadre d’une stratégie plus large qui englobe la guerre hybride menée par la Russie à l’encontre de l’Union européenne et de ses partenaires de même sensibilité, en provoquant le chaos et la confusion dans son voisinage, à ses frontières et au sein de l’Union européenne; réaffirme que la Russie combine divers types de menaces, comme les menaces militaires, numériques, énergétiques ou la désinformation, en tirant parti du système ouvert de l’Union pour l’affaiblir; estime que l’Union doit avoir conscience de ses propres vulnérabilités et de celles de ses partenaires du voisinage, et qu’elle doit renforcer sa résilience afin de pouvoir lutter efficacement contre toute attaque hybride et améliorer la coopération avec ses partenaires, en particulier en ce qui concerne la désinformation, ainsi que renforcer les capacités de résolution pacifique des conflits, en accordant une attention particulière à la situation des femmes et des groupes vulnérables dans les zones de conflit;

10. souligne que l’Union européenne doit être prête à envoyer à la Fédération de Russie un avertissement très ferme sur le fait que les hostilités militaires seront non seulement inacceptables, mais qu’elles auront en outre un prix économique et politique élevé; se félicite que l’Union européenne ait récemment exprimé son soutien déterminé à une action internationale coordonnée contre une éventuelle agression militaire de la Fédération de Russie contre l’Ukraine;

11. demande instamment au vice-président de la Commission et haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité de veiller à ce que le Conseil reste informé des actions militaires menées par la Fédération de Russie et reste prêt à convenir rapidement d’une nouvelle action commune, en particulier l’adoption de sanctions économiques et financières sévères en étroite coordination avec les États-Unis, l’OTAN et d’autres partenaires, afin de faire face aux menaces immédiates et crédibles que représente la Russie, plutôt que d’attendre une nouvelle invasion pour agir; souligne la nécessité pour l’Union et ses partenaires d’adopter une approche unifiée en matière de dissuasion; affirme que toute mesure doit être prise en coordination avec l’Ukraine;

12. souligne que le nouveau train de sanctions devrait viser le corps des officiers et les officiers généraux russes impliqués dans la planification d’une éventuelle invasion, ainsi que l’entourage immédiat et les oligarques dans l’orbite du président russe et leurs familles; exige que ces sanctions comprennent le gel des actifs financiers et physiques dans l’Union, l’interdiction de voyager et l’exclusion de la Russie du système de paiement SWIFT, excluant ainsi les entreprises russes du marché financier international et interdisant l’achat de dette souveraine russe sur les marchés primaire et secondaire, et qu’elles ciblent des secteurs importants de l’économie russe et perturbent le financement des services de renseignement et de l’armée;

13. souligne qu’en cas d’attaque russe contre l’Ukraine, la première action que l’Union devra prendre immédiatement sera d’annuler toutes les possibilités de voyage et de retirer l’exemption de visa pour les détenteurs de passeports diplomatiques russes, à l’exception des diplomates accrédités;

14. demande instamment que l’Union prenne d’urgence des mesures crédibles pour réduire sa dépendance vis-à-vis des importations d’énergie en provenance de Russie et demande à l’Union de faire preuve d’une plus grande solidarité énergétique avec l’Ukraine, conformément à l’accord d’association, en renforçant les interconnexions entre les infrastructures énergétiques; demande donc instamment aux institutions de l’Union européenne et à tous les États membres de veiller à ce que le gazoduc Nord Stream 2 ne soit pas mis en service, qu’il réponde ou non, à un moment donné, aux dispositions de la directive européenne sur le gaz [Directive 2009/73/CE du Parlement européen et du Conseil du 13 juillet 2009 concernant des règles communes pour le marché intérieur du gaz naturel et abrogeant la directive 2003/55/CE (JO L 211 du 14.8.2009, p. 94).]; rappelle qu’il est fondamentalement préoccupé, depuis longtemps, par les risques politiques, économiques et sécuritaires liés au projet Nord Stream 2; souligne la nécessité de mettre un terme à la construction de centrales nucléaires controversées construites par Rosatom soit interrompue;

15. souligne que les États membres doivent veiller à ne plus être une terre d’accueil pour les fonds et les investissements russes dont l’origine n’est pas claire, et ce notamment en établissant un mécanisme mondial de sanctions contre la corruption, et en mettant en œuvre et en appliquant de manière cohérente les directives existantes en matière de lutte contre le blanchiment d’argent; invite la Commission et le Conseil à redoubler d’efforts pour freiner les investissements stratégiques du Kremlin au sein de l’Union déployés à des fins de subversion, pour saper les processus et institutions démocratiques et propager la corruption, et pour renforcer la transparence, notamment en ce qui concerne les fonds déposés ou dépensés dans l’Union par l’élite russe;

16. souligne l’importance de prendre des mesures fermes pour dissuader la Russie de contourner les sanctions de l’Union en vigueur; estime que l’Union devrait, à cette fin, réexaminer et adapter ses dispositions réglementaires applicables pour combler leurs multiples lacunes, ce qui permettrait de rendre les sanctions plus efficaces et de faire payer à la Russie un prix véritablement plus élevé pour ses agissements hostiles;

17. invite le Conseil européen à examiner et à évaluer de manière approfondie, lors de sa réunion du 16 décembre 2021, toute réaction possible aux menaces que la Fédération de Russie fait peser sur la sécurité européenne et à poursuivre ses discussions antérieures sur une stratégie globale de l’Union à l’égard de la Russie; invite l’Union européenne et ses partenaires européens à discuter de plans à long terme pour la sécurité européenne, en vue de réponses communes aux menaces militaires qui pèseront sur le continent à l’avenir; se déclare préoccupé par la détérioration continue des principaux piliers de l’architecture internationale de sécurité et de contrôle des armements, qui ont fait l’objet de manipulations et de violations répétées de la part de la Russie; invite le Conseil et la Commission à considérer, à cet égard, que la Russie constitue une menace majeure pour le continent européen dans le cadre de la Boussole stratégique, comme l’indique d’ailleurs le rapport du groupe de réflexion de l’OTAN;

18. demande à la Fédération de Russie de ne plus prendre de mesures unilatérales qui vont à l’encontre des engagements souscrits dans le cadre des accords de Minsk et empêchent leur application à terme, aggravent le conflit dans l’est de l’Ukraine et suscitent des doutes au niveau international sur la volonté politique et la capacité de la Fédération de Russie à honorer ses engagements;

19. prie instamment la Russie et les séparatistes soutenus par la Russie d’adhérer à l’accord de cessez-le-feu; invite la Russie à participer de manière constructive au format Normandie et au groupe de contact trilatéral et à respecter ses obligations internationales, en particulier celles des accords de Minsk et de la convention des Nations unies sur le droit de la mer; demande la libération immédiate de tous les citoyens ukrainiens détenus et emprisonnés illégalement; encourage le Conseil à élargir également la portée de ses sanctions afin qu’elles englobent la «passeportisation», l’organisation d’élections illégales en Crimée et la décision de faire participer des résidents des zones non contrôlées par le gouvernement des régions ukrainiennes de Donetsk et de Louhansk aux élections législatives de septembre 2021, et à alourdir la facture que la Russie doit payer pour avoir bloqué la mise en œuvre des accords de Minsk et les négociations lors du sommet au format Normandie; invite la Cour pénale internationale à enquêter sur les crimes commis par la Russie et ses représentants dans la péninsule de Crimée et dans l’est de l’Ukraine; souligne le rôle que la Cour internationale de justice et les affaires relevant de la compétence universelle peuvent jouer à cet égard; estime que les dirigeants politiques et militaires des autorités de fait des soi-disant Républiques populaires de Louhansk et de Donetsk devraient être sanctionnés dans le cadre du régime mondial de sanctions de l’Union européenne en matière de droits de l’homme;

20. souligne que la mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine est cruciale et qu’elle doit pouvoir poursuivre ses travaux sans aucune restriction au-delà de mars 2022, lorsque son mandat actuel devrait s’achever; condamne fermement les actions menées par la Russie pour empêcher la mission spéciale d’observation de l’OSCE de remplir son rôle en brouillant les véhicules aériens autonomes de la mission et en bloquant l’accès des observateurs aux territoires occupés; regrette que la Russie ait décidé de fermer la mission d’observation de l’OSCE aux points de passage russes de Goukovo et de Donetsk;

21. soutient fermement les efforts déployés par l’Ukraine pour traduire en justice les mercenaires russes qui ont commis des crimes de guerre et invite instamment l’Union et ses États membres à renforcer leur coopération à cette fin;

22. réaffirme son soutien à l’enquête internationale sur les circonstances de la destruction tragique du vol MH17 de Malaysia Airlines, qui pourrait constituer un crime de guerre, et demande à nouveau que les responsables soient traduits en justice;

23. condamne la signature par le président Poutine du décret relatif à des mesures commerciales simplifiées qui autorise des mesures d’accès en vue d’accroître l’accès des biens en direction et en provenance des zones temporairement hors contrôle du gouvernement dans les régions ukrainiennes de Donetsk et de Louhansk, et demande à la Russie d’abroger ce décret; souligne que de telles mesures unilatérales violent la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, y compris en ce qui concerne le contrôle douanier, et risquent d’aggraver les tensions, de prolonger le statu quo et d’entraver le futur processus de réintégration;

24. salue la mise en place de la plateforme internationale pour la Crimée et de ses activités; estime qu’il importe de maintenir le sujet de l’annexion illégale de la péninsule de Crimée en tête des priorités internationales; se félicite que l’Union soutienne fortement cette initiative et l’invite à contribuer davantage à développer son modèle de consultation et de coordination; déplore que les organisations internationales et les défenseurs des droits de l’homme se voient toujours refuser l’entrée en Crimée;

25. demande au peuple russe de ne pas croire à la propagande officielle omniprésente qui décrit l’Occident comme l’ennemi du peuple russe et de l’État russe; rappelle que la démocratie et la liberté ne constituent une menace que pour les élites russes corrompues et non pour la population; souhaite ardemment engager un dialogue et nouer des relations futures avec une Russie démocratique; rappelle que la politique agressive du «Kremlin avant tout» menée à l’extérieur et à l’intérieur du pays opprime le peuple russe;

26. soutient les actions menées par les autorités ukrainiennes en vue de réformer le pays conformément aux dispositions de l’accord d’association et de la zone de libre-échange approfondi et complet; demande aux institutions de l’Union de ménager à l’Ukraine des perspectives crédibles à long terme pour son adhésion à l’Union européenne, conformément à l’article 49 du traité sur l’Union européenne, comme pour tout État européen; souligne que ces actions sont indispensables pour renforcer la résilience de l’Ukraine et lutter plus efficacement contre les agressions actuelles et futures de la Russie;

27. charge son Président de transmettre la présente résolution au vice-président de la Commission et haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, au Conseil, à la Commission, aux gouvernements et aux parlements des États membres, au Conseil de l’Europe, à l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, au président, au gouvernement et au Parlement d’Ukraine, ainsi qu’au président, au gouvernement et au Parlement de la Fédération de Russie.

On un gigantesque bloc politico-militaire, dont la France est une composante, pour démolir la Russie, la précipiter dans la banqueroute. Celle-ci compte maintenir sa position et même son expansionnisme. Ces contradictions capitalistes précipitent la guerre.

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L’OTAN ferme entièrement la porte à la Russie

Le but est la banqueroute de la Russie.

L’OTAN a adopté le 16 décembre 2021 une ligne dure vis-à-vis de la Russie, dans le prolongement de son élargissement suivant l’effondrement du bloc dépendant de la superpuissance soviétique. Si l’Ukraine et la Géorgie rejoignent l’OTAN, et si l’on prend compte que la Suède et surtout la Finlande est déjà liée à l’OTAN (elle vient d’acheter des avions de guerre américains F-35), alors on peut dire que la Russie ne pourra que s’effondrer face à la pression. C’est l’objectif très clair de la superpuissance américaine.

Source wikipédia

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky était d’ailleurs à la réunion de l’OTAN, dont le dirigeant Jens Stoltenberg a expliqué que l’Ukraine rejoindrait bien l’OTAN lorsqu’elle serait au niveau, que la Russie n’a rien à dire.

La déclaration de l’OTAN est donc sans ambiguïtés : la Russie doit capituler.

Déclaration du Conseil de l’Atlantique nord concernant la situation en Ukraine et alentour

Nous sommes gravement préoccupés par le renforcement substantiel, en l’absence de provocation et sans justification, du dispositif militaire russe aux frontières de l’Ukraine au cours des tout derniers mois, et nous rejetons les allégations mensongères de la Russie selon lesquelles l’Ukraine et l’OTAN se livreraient à des provocations.

Nous appelons la Russie à amorcer immédiatement une désescalade, à rechercher des solutions diplomatiques et à respecter ses engagements internationaux pour ce qui est de la transparence des activités militaires.

Nous étudions de près les incidences de la situation actuelle sur la sécurité de l’Alliance. Nous répondrons toujours avec détermination à toute détérioration de notre environnement de sécurité, notamment en renforçant notre posture de défense collective comme il convient.

L’OTAN prendra toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et la défense de tous les pays de l’Alliance.

Toute nouvelle agression contre l’Ukraine aurait des conséquences massives, et le prix à payer serait élevé. L’OTAN continuera de travailler en coordination étroite avec les parties concernées et avec d’autres organisations internationales, dont l’UE.

Nous réitérons notre soutien à l’intégrité territoriale et à la souveraineté de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues, et nous appelons la Russie à retirer ses forces du territoire ukrainien, conformément à ses obligations et engagements internationaux.

Nous sommes attachés au droit de tous les pays de décider de leur avenir et de leur politique étrangère sans ingérence extérieure. La relation entre l’OTAN et l’Ukraine ne regarde que l’Ukraine et les 30 pays de l’Alliance. Nous rejetons fermement toute tentative visant à remettre en cause l’indivisibilité de la sécurité des Alliés.  

Nous sommes prêts à avoir un dialogue substantiel avec la Russie. Nous lui demandons à nouveau, comme nous le faisons depuis longtemps, la tenue d’une réunion du Conseil OTAN-Russie, et ce dans un avenir proche. Nous sommes au fait des propositions que la Russie a présentées récemment au sujet de la sécurité européenne.

Il est clair que tout dialogue avec la Russie doit reposer sur la réciprocité, aborder les préoccupations de l’OTAN concernant les actions de ce pays, être fondé sur les principes fondamentaux et les documents qui forment le socle de la sécurité européenne, et se dérouler en consultation avec les partenaires européens de l’OTAN.

Nous sommes prêts, si la Russie œuvre concrètement à la réduction des tensions, à travailler au renforcement des mesures de confiance. L’OSCE est aussi une enceinte pertinente dans ce contexte. 

L’OTAN est une alliance défensive et elle continuera d’œuvrer en faveur de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans l’ensemble de la zone euro-atlantique. Nous faisons front ensemble pour défendre et protéger tous les Alliés.

Et, le même jour, le parlement européen a prévu des mesures anti-Russie allant encore plus loin que celles exigées par la superpuissance américaine, agissant en fait à son service, s’alignant sur ses intérêts. La Russie doit s’effacer devant l’OTAN et son régime s’effondrer : c’est la but de l’OTAN, la nation ukrainienne étant pris en otage pour ce combat, son existence même étant en jeu dans cet affrontement entre la superpuissance américaine et l’expansionnisme russe.

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Ukraine : la guerre est devenue l’actualité d’un occident à la conquête de l’Est

C’est un marqueur historique terrifiant.

Le 16 décembre 2021, Le Figaro titre donc sa Une en disant que « l’Europe redoute une attaque de la Russie » contre l’Ukraine. C’est là mensonger, de la propagande belliciste, et c’est d’autant plus facile à dire que sur agauche.org cela est expliqué en long, en large et en travers depuis avril 2021.

N’est-ce pas là contradictoire? C’est effectivement contradictoire. Car si la Russie veut depuis avril 2021 faire en sorte que l’Ukraine s’effondre, quitte à l’envahir pour cela… l’aspect principal de la période actuelle, c’est que l’OTAN veut la guerre, afin de faire en sorte que la Russie s’effondre.

C’est l’OTAN, avec à sa tête la superpuissance américaine entièrement épaulée par le Royaume-Uni qui veut désormais la guerre, encore plus que la Russie, qui la veut aussi. Et l’OTAN a le soutien franc et massif, belliciste, de la Lituanie, de l’Estonie et de la Pologne… Alors que traînent les pieds l’Allemagne, la France et l’Italie.

D’où une propagande ininterrompue depuis peu dans les médias occidentaux, qui culminent désormais dans une affirmation ouverte, publique, visant à « éduquer » les gens, à façonner l’opinion publique. Le Figaro explique même qu’il y aurait 170 000 soldats russes aux frontières, ce qui est faux, même en l’attribuant aux services secrets américains qui disent qu’il pourrait d’ici début janvier y avoir 170 000 soldats russes, pas qu’ils sont déjà là.

Cette propagande est déjà massive depuis plusieurs semaines aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Elle est désormais à l’échelle de l’Union Européenne. Partout, c’est le même mot d’ordre : il faut affronter le monstre russe!

Cela correspond à une montée en puissance dans les volontés « géopolitiques » de conquête à l’Est dans l’Europe. Cette carte proposée par l’Union Européenne en témoigne. Elle reflète le « partenariat oriental », qui tenait un sommet le 15 décembre 2021.

La note en bas de la carte indique que l’Union Européenne soutient ouvertement les opposants au régime, appelant à son renversement

L’Ukraine est ici un jouet pour faire de la Russie ni plus ni moins qu’une semi-colonie, ce que sont les pays de l’Est en général, car il ne faut se faire aucune illusion à ce sujet. Le capitalisme local peut être plus ou moins développé, plus ou moins corrompu-bureaucratique d’ailleurs (avec des oligarques), il n’en reste pas moins que ce sont le entreprises occidentales qui disposent d’une complète hégémonie. C’est d’autant plus vrai que les pays de l’Est ont souvent été fragmentés pour les fragiliser : qu’on pense à la destruction de la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie.

Les gens des pays occidentaux le savent bien, mais ils tolèrent les mensonges à ce sujet, parce qu’ils en profitent. Les usines à l’Est… la prostitution à l’Est… le tourisme peu onéreux à l’Est… l’Est de l’Europe est exploitée de manière ignoble, d’où d’ailleurs une horrible situation politique là-bas, avec des régimes totalement opposés à tout ce qui relève de la Gauche historique (le plus souvent interdite par ailleurs) et une opposition activiste ouvertement fasciste. Les pays de l’Est, c’est une combinaison de colonialisme occidental, de libéralisme avec très peu de social, d’ultra-nationalisme agressif.

Il suffit de voir les stéréotypes quant à l’Est de l’Europe en France. Les hommes de l’Est sont présentés comme de simples demeurés lourdauds et inquiétants, les femmes de l’Est comme des opportunistes vénales prêtes jusqu’à rejoindre la pornographie. C’est donc avec d’autant plus de facilité que l’Ukraine est utilisée politiquement et militairement pour affronter la Russie.

Le régime de Vladimir Poutine est évidemment inacceptable et ouvertement expansionniste. Cependant, la Russie est une question russe et ce n’est pas un capitalisme faisant la conquête de l’Est que cela résoudra quoi que ce soit au fond. L’Ukraine est ainsi prise au piège, sa population devient choisir entre Charybde au visage de l’OTAN et Scylla au visage de la Russie. C’est un cauchemar historique que vit cette nation.

Et ce qu’on vit est, en ce sens, de par le rapport historique entre la Russie et l’Ukraine, une réédition de la séparation de la Tchécoslovaquie et de la Yougoslavie, mais dans un contexte de crise internationale du capitalisme, avec une haine instrumentalisée à tous les niveaux afin de la faire s’exprimer avec acharnement.

Le capitalisme génère ici des haines nationales, afin de diviser pour régner. Le refus catégorique de la guerre correspond au drapeau rouge, au principe de l’internationalisme : prolétaires de tous les pays, nations et peuples opprimés, unissez-vous!

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La France patrouille en Mer Noire au service de la superpuissance américaine

La France participe au bellicisme américain.

Le président français Emmanuel Macron s’est entretenu par téléphone le 14 décembre 2021 avec le président russe Vladimir Poutine, sans que l’Elysée n’exprime son avis à ce sujet. Et pour cause : la France s’est embarquée avec la superpuissance américaine, comme le montre la présence du bateau de guerre dénommé Auvergne en Mer Noire.

La frégate multi-missions Auvergne de la Marine nationale fait 142 mètres de long et pratiquement 20 de large ; c’est un navire redoutable sur le plan des écoutes : système d’interception de communications, sonar de coque UMS-4110, radar Herakles de Thales antenne à balayage électronique deux axes, système de surveillance panoramique électro-optique Artemis, système de détection radar…

Et il est au service de la superpuissance américaine en Mer Noire. Son parcours l’y menant est le suivant :

– participation à l’exercice militaire aéromaritime haute intensité Polaris 21 mêlant plusieurs pays,

– passage en Italie à Naples au quartier général de la 6e Flotte de l’US Navy pour les officiers du groupement « Opérations »,

– envoi en Méditerranée orientale dans le cadre de l’opération Chammal (concernant l’Irak et la Syrie), officiellement en raison d’une présence nécessaire « quasi permanente » d’un navire de la Marine nationale,

– modification subite au bout de trois jours et franchissement le 13 décembre du le détroit des Dardanelles puis du détroit du Bosphore pour rejoindre la Mer Noire.

La frégate française débarque concrètement au moment même où le destroyer américain USS Arleigh Burke doit quitter la zone en raison de la convention de Montreux réglementant la présence de navires de pays non riverains.

Cela signifie que l’armée française s’inscrit entièrement dans la stratégie militaire américaine. S’il y a une guerre Ukraine-Russie, l’OTAN est clairement de la partie en soutien à l’Ukraine (d’ailleurs poussée à l’affrontement) et la France est impliquée.

L’armée française peut bien parler du désir d’avoir une « appréciation autonome de la situation ». C’est du mensonge et un alignement volontaire sur le bellicisme américain, le capitalisme français y voyant une orientation militariste conforme à ses propres exigences.

Personne ne peut être dupe de cela, alors que déjà l’armée russe a intercepté par deux fois des avions Rafale, un avion de reconnaissance électronique Transall C-160NG, avion ravitailleur KC-135 et Mirage 2000D, ce dernier type d’avion jouant les rôles d’avion muni d’une balise d’écoutes. Et un événement important est à noter : la frégate française Bretagne a changé d’équipage le 7 décembre 2021… à Reykjavik, en Islande. L’armée française ainsi ni plus ni moins que réalisé une « relève d’équipage en escale sur le théâtre Atlantique Nord », afin de pouvoir encore plus mener d’activités militaires en prolongeant la durée des opérations.

C’est là un saut dans le bellicisme et l’ennemi est la Russie, présentée comme un pays monstrueux avec une population asservie, qu’il s’agit bien entendu de libérer en renversant le régime tyrannique, etc. Si la Russie est bien entendu un pays marqué par un régime intolérable, les pays capitalistes ont un régime tout autant inacceptable, mais bien plus stable grâce à la société de consommation, et cherchent à justifier à l’opinion publique leurs objectifs guerriers.

Nous vivons une accélération du militarisme en général et, en particulier, une puissante polarisation avec le conflit Ukraine/Russie, qui est en ce moment l’aspect principal de l’Histoire.

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Guerre Refus de l’hégémonie

L’arc, les flèches et le refus socialiste-communiste de l’arme nucléaire de 1972

La corruption capitaliste de la Gauche gouvernementale est patente.

Voici le passage du programme commun de 1972 concernant l’emploi de l’arme nucléaire et de l’armée, ou plus exactement du désarmement. Car le Parti socialiste et le PCF prônaient alors le refus de l’armée de métier, la réglementation des ventes d’armes, l’abandon complet de l’arme nucléaire, et l’affirmation du démantèlement de l’OTAN et du Pacte de Varsovie !

Qu’on compare cela aux derniers propos bellicistes de Jean-Luc Mélenchon !

Pour la Gauche à l’époque, en 1972, le programme commun était un compromis pour tenter de gagner la majorité. Désormais, c’est tellement à gauche que cela va bien trop loin pour toute la Gauche participant aux élections ! On voit à quel point il y a eu une décadence.

Et comment il faut reconquérir le terrain perdu alors que la France s’aligne sur l’OTAN et la superpuissance américaine !

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Guerre

Le G7 prolonge l’OTAN dans l’offensive anti-Russie

L’objectif est de briser la Russie.

Si la Russie continue ses mouvements de troupe, il en va de même pour l’Ukraine qui place toujours plus d’armements offensifs dans la zone de conflit, une chose normalement non permise de par le cessez-le-feu en vigueur. Obusiers automoteur, chars de combat, mortiers automatiques, canons antichars, systèmes d’armes de missiles antichars… Tout cela est listé par les observateurs de l’OSCE, mais absolument aucun média n’en parle, tous se focalisant sur une propagande ininterrompue contre la Russie.

Il faut également à cela des missiles anti-chars FGM-148 Javelin fournis par la superpuissance américaine, sur lequel l’Ukraine a décidé un embargo médiatique. Il y a également un avion de reconnaissance RC-135W Rivet Joint américain passant dans la région, au lieu des traditionnels drones, et la France a pareillement envoyé un avion de reconnaissance. Tout est fait pour permettre l’offensive ukrainienne.

C’est en ce sens qu’il faut comprendre le message des ministres des affaires étrangères du G7 le 12 décembre 2021 :

« Nous, ministres des Affaires étrangères de la France, de l’Allemagne, du Canada, des États-Unis, de l’Italie, du Japon et du Royaume-Uni, ainsi que le Haut représentant de l’Union Européenne, sommes unis dans notre condamnation du renforcement de la présence militaire et du discours agressif de la Russie à l’encontre de l’Ukraine.

Nous appelons la Russie à la désescalade, à la recherche de solutions diplomatiques, et au respect de ses engagements internationaux de transparence sur ses activités militaires comme le Président Biden l’a fait dans son appel avec le Président Poutine le 7 décembre.

Nous reconfirmons notre soutien aux efforts de la France et de l’Allemagne au sein du format Normandie pour atteindre la pleine mise en œuvre des Accords de Minsk afin de résoudre le conflit dans l’Est de l’Ukraine.

Tout recours à la force pour modifier les frontières est strictement interdit par le droit international.

La Russie ne devrait avoir aucun doute que toute nouvelle agression militaire contre l’Ukraine aurait des conséquences massives et un coût sévère en réponse.

Nous réaffirmons notre soutien sans faille à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine, ainsi qu’au droit de tout Etat souverain à déterminer son propre avenir. Nous saluons l’attitude de retenue de l’Ukraine.

Nous intensifierons notre coopération en vue d’une réponse commune et globale. »

Il faut en effet bien voir que ce n’est pas que l’invasion de l’Ukraine qui est ici condamnée, mais bien toute intervention russe en général. En clair, si l’Ukraine tente de reprendre le contrôle des « républiques » séparatistes en lançant une offensive militaire, toute réaction russe sera considérée comme une agression militaire contre l’Ukraine.

Ou, plus exactement comme le dit le document, une « nouvelle agression militaire », car il est considéré que les « républiques séparatistes » sont directement une manipulation russe, à quoi s’ajoute bien attendu l’annexion de la Crimée. L’Ukraine ne parle d’ailleurs pas de « séparatistes » mais de « militaires russes », niant toute existence d’une contestation contre le régime par ailleurs.

Le régime bascule d’ailleurs en ce moment. Depuis 2014, c’est une sorte d’alliance de forces libérales et pro-Union européenne, de partis liés aux oligarques, de forces conservatrices directement pro-OTAN, de forces nationalistes et fascistes se revendiquant de Stepan Bandera qui s’était allié aux nazis.

La Russie parle d’ailleurs d’une Ukraine « fasciste », « banderiste ». C’était totalement réducteur. Mais là les « banderistes » donnent le ton, même s’ils ne dirigent pas directement le pays. Auparavant, saluer la résistance soviétique était interdit, saluer les alliés des nazis autorisé. Maintenant, on passe à une valorisation ultra-nationaliste d’une sorte d’Ukraine mythique qui aurait connu pendant tout le 20e siècle de multiples tentatives d’extermination par la Russie (le « holodomor »).

C’est d’autant plus fort que l’économie ukrainienne est à l’agonie, en raison de la main-mise des oligarques, d’une corruption systématique (jusqu’à avoir son diplôme de médecin), avec 10% d’inflation en 2021, aucun investissement étranger non plus d’ailleurs dans un tel contexte, etc.

Cela en fait d’autant plus le jouet de l’OTAN ou plus exactement de la superpuissance américaine. L’Ukraine est l’outil de la superpuissance américaine dans sa tentative de briser la Russie – qui elle aimerait bien que l’Ukraine redevienne son satellite.

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Guerre

G7 à Liverpool: les États-Unis consolident un bloc anti-Russie

Les grandes puissances se réunissent pour préparer les affrontements à venir.

Ce week-end du 11 et 12 décembre 2021 a lieu, à Liverpool au Royaume-Uni, une réunion dite du « G7 » sur les questions de la guerre, principalement sur la question ukrainienne. Il s’agit d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de sept pays capitalistes les plus importants hormis la Chine, directement alliés aux États-Unis et amenés à constituer avec eux un bloc anti-Russe.

On a en l’occurrence de présents à Liverpool les ministres de l’Allemagne, du Canada, des États-Unis, de la France, de l’Italie, du Japon et bien sûr du Royaume-Uni. Cela saute aux yeux qu’il s’agit des principaux membres de l’OTAN, à qui s’est ajouté le Japon, par nature non-membre (l’OTAN concerne l’Amérique du Nord et l’Europe), mais directement lié à cette alliance militaire par traités de coopération.

Manquent éventuellement à l’appel de cette réunion parmi les principaux membres de l’OTAN (il y a en effet 30 pays membres), l’Espagne, la Grèce, les Pays-Bas, la Pologne, ou encore la Turquie. Mais cela ne change rien à la nature de ce sommet. Les États-Unis mobilisent clairement leurs différents alliés sur les questions militaires, de manière à constituer un bloc solide, clairement identifié et formé, et surtout opérationnel. Il n’y a aucune ambiguïté sur la question, car le ton est incroyablement offensif.

La ministre britannique des Affaires étrangères Liz Truss, dont le pays assure la présidence du G7, a ainsi appelé à :

« présenter un front uni contre les comportements malveillants – y compris les positions russes envers l’Ukraine – et à s’engager en matière de sécurité et de soutien économique pour défendre « les frontières de la liberté dans le monde ». »

Récemment, cette ministre avait d’ailleurs prononcé un grand discours de politique étrangère évoquant ouvertement la Russie, l’avertissant qu’elle commettrait une « erreur stratégique » si elle envahissait l’Ukraine. Cela faisait directement suite aux propos américains menaçant la Russie de « fortes sanctions » en cas d’escalade dans son conflit avec l’Ukraine.

Les États-Unis préparent donc ces « fortes sanctions » avec leurs alliés et ces derniers se montrent très volontaires pour constituer ce bloc anti-Russe. Voici comment la ministre britannique a présenté la réunion « G7 » de Liverpool, assumant totalement la perspective américaine bloc contre bloc :

« Ce week-end, les démocraties les plus influentes du monde prendront position contre les agresseurs qui cherchent à porter atteinte à la liberté et enverront le message clair que nous présentons un front uni ».

Sur le contenu, voici ce qu’elle envisage pour cette réunion :

« Je veux que les pays du G7 approfondissent leurs liens dans des domaines comme le commerce, l’investissement, la technologie et la sécurité afin que nous puissions défendre et faire progresser la liberté et la démocratie à travers le monde. Je vais plaider pour cela au cours des prochains jours ».

Mais pour elle, « approfondir les liens », cela signifie surtout se couper de tout lien avec la Russie. Un moment important de la journée de samedi 11 décembre a été la rencontre bilatérale entre la ministre britannique et celle allemande, fraîchement nommée à son poste.

La première a ouvertement donné le ton parlant pour les « nations démocratiques libres » d’un « sevrage » du gaz et de l’argent russe, évoquant en filigrane le gazoduc Nord Stream 2 entre la Russie et l’Allemagne. Il s’avère que la nouvelle ministre allemande est une membre des Verts allemand, justement opposée au gazoduc Nord Stream 2.

Cette ligne allemande opposée à la Russie est nouvelle et très discutée en Allemagne, où une trentaine de figures de très haut rang (à la retraite) de la diplomatie et de l’armée ont appelé inversement à une désescalade de la part de l’OTAN et de la Russie.

On voit bien ici que le bloc G7/OTAN, s’il parle dans sa communication de sanctions « éventuelles » pour la Russie, dans le cadre d’une « réponse », agit en réalité déjà de manière offensive, avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni à la pointe du bellicisme et avec l’intention d’embarquer l’Allemagne dans son action.

Car, en pratique, la ministre britannique appel ici ouvertement à un embargo anti-Russe, dès maintenant. L’enjeu est, dit-elle, de « s’assurer que les nations démocratiques libres soient en mesure d’avoir une alternative à l’approvisionnement en gaz russe ».

C’est-à-dire que pour la chancellerie britannique, la perspective bloc contre bloc n’est pas une considération future, une possibilité, mais une actualité d’ors et déjà concrète. Et le Royaume-Uni fait ici office de premier allié des États-Unis, appliquant donc directement la stratégie américaine.

Tout cela est incroyablement belliqueux, et vise ouvertement à pousser la Russie à la faute, à se précipiter vers la guerre (ce que, de toutes façons, la Russie fait déjà très bien toute seule).

À l’occasion de la première journée de ce sommet « G7 », le représentant de la superpuissance américaine en a donc rajouté une couche sur la question des sanctions anti-Russie, parlant de sanctions « massives », avec une déferlante mondiale contre les intérêts russes en cas de conflit avec l’Ukraine.

Le gouvernement américain a expliqué qu’il envoyait, de lundi 13 décembre à mercredi 15 décembre, la secrétaire d’État adjointe chargée de l’Europe, Karen Donfried, pour faire la police et négocier directement à Kiev et à Moscou. Mais il a surtout été ajouté que si la Russie choisissait « de ne pas emprunter cette voie [de la diplomaties], alors « il y aura des conséquences massives et un prix important à payer, et le G7 est absolument uni là-dessus ».

La secrétaire d’État ajoutant même pour alourdir la menace :

« Non seulement les pays qui étaient dans la salle, mais un nombre encore plus grand d’États démocratiques nous rejoindraient pour en faire payer le prix ».

On notera dans cette perspective la déclaration vendredi 10 décembre de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen affirmant son alignement sur la superpuissance américaine :

« S’il y a agression, il faut qu’il y ait un prix à payer ».

La constitution du bloc américain anti-Russie est donc absolument clair et c’est la terrible actualité du moment. Ce qu’il y a en arrière-plan, c’est bien entendu la consolidation de ce bloc américain dans la perspective d’un affrontement à venir avec son challenger chinois. La ligne est de liquider le concurrent qu’est la Russie, d’abord, pour ensuite passer au challenger qu’est la Chine.

La journée de dimanche 12 décembre de ce « G7 » est d’ailleurs plus ou moins ouvertement destinée à parler de cette question chinoise et de la région « indo-pacifique », avec la présence des ministres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean).

Faisant ouvertement allusion au régime chinois, la ministre des Affaires étrangère Liz Truss a ainsi parlé en vue de la journée de dimanche 12 décembre consacré à la région « indo-pacifique » :

« Nous devons gagner la bataille des technologies […] en nous assurant que nos normes technologiques sont fixées par ceux qui croient en la liberté et la démocratie [sous entendu donc, pas par la Chine].

Les principaux pays capitalistes veulent sortir de la crise, du moins le pensent-ils, par la guerre contre la Russie et la Chine. C’est la bataille pour le repartage du monde.

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Guerre

Ukraine : escalade militaire en mer d’Azov

La course à la guerre se renforce d’une narration victimaire de part et d’autre.

Après la discussion Biden-Poutine du 7 décembre 2021, la Russie et les États-Unis ont présenté les faits de la manière suivante : nous avons fait ce qu’il fallait pour arrondir les angles, nous avons bien discuté, nous ne voulons pas d’escalade, etc.

Pour autant, les renforts militaires n’ont pas cessé tant en Ukraine qu’en Russie, aux frontières des deux pays. On a même eu le ministre de la Défense lituanien venant lui-même dans un avion cargo avec plusieurs millions d’euros de matériel pour l’offrir à l’armée ukrainienne.

La rhétorique accusatrice ne cesse pas. Le 9 décembre, à une réunion du Conseil des droits de l’ homme, le président russe Vladimir Poutine a dit au sujet de l’Ukraine, dans ce qui est une narration justifiant une éventuelle intervention :

« Je dois parler de la russophobie comme d’un premier pas vers un génocide. C’est ce qui se passe en ce moment dans le Donbass, nous le voyons bien, nous le savons. »

Il est tout à fait vrai que le régime ukrainien est nationaliste, ignoble et qu’il a mis en place une nouvelle loi visant à supprimer dans les faits la langue russe. Mais on est ici dans une logique belliciste dans les deux camps. Pour preuve, l’escalade militaire en mer d’Azov, avec un scénario digne de Hollywood.

Voici une image présentant l’Ukraine. La zone à droite en jaune consiste en les « républiques populaires » séparatistes pro-russe, la zone en-dessous en jaune consiste en la Crimée. La mer d’Azov se situe en haut à droite de la Crimée.

Comme on le voit les villes au Sud de l’Ukraine qui ont des port voient leurs navires être placés dans une zone désormais bloquée par la Russie.

On remarquera à l’Ouest les montagnes carpathiques (« carpathians mountains »), un obstacle naturel à la logistique de guerre que la Russie aimerait avoir le plus proche possible de sa frontière, d’où l’importance accordée à la Moldavie (« Mol. »)

Un aspect important consiste ici en le détroit de Kertch, qui est désignée sur la carte suivante par le petit cercle rouge.

Récapitulons : à gauche du détroit, il y a donc la Crimée, occupée et annexée par la Russie, à droite la Russie. Ce qui signifie que la Russie contrôle désormais ce détroit, qui n’est pas fermé, mais il y a donc des exigences administratives russes, des navires de guerre russes dans la zone, etc.

La Mer d’Azov, au-dessus du cercle rouge montrant le détroit de Kertch, fait 39 000 km2

Le 9 décembre 2021, un vieux navire ukrainien – construit en 1969 il servait d’atelier flottant de la marine soviétique – est parti de Marioupol, en haut de la Mer d’Azov, en direction du détroit de Kertch, ne répondant ensuite à aucun appel russe. L’armée russe s’est alors mise en branle, le détroit a été fermé bloquant 80 navires. Le navire ukrainien ne répondait même pas aux signaux des garde-côtes.

Puis, à 18 miles nautiques du détroit (soit 33 kilomètres), il a finalement fait demi-tour, toujours en refusant les contacts. Cet événement est pour le moins étrange, mais il prend tout son sens quand on voit que le nom du navire est… « Donbass ». C’est un message de l’Ukraine à la Russie après la téléconférence Biden-Poutine : nous comptons quoiqu’il arrive récupérer la partie occupée du Donbass.

Les médias russes ont très largement informé de ce fait, mis en avant comme un exemple de provocation. On notera que le même jour, au-dessus de la Mer Noire (juste en dessous de la Mer d’Azov), deux avions de guerre… français ont été interceptés par l’armée russe et « accompagnés ». La même chose s’était déroulée la veille ! C’est dire tout de même de la tension qu’il y a là-bas…

La Russie a alors réagi de la manière suivante. Elle a annoncé le lendemain… des manœuvres militaires avec tirs d’artillerie en Mer d’Azov. Qui commencent immédiatement, et qui durent… un mois. Et qui concernent 70% de la Mer d’Azov. Et qui ont lieu en partie dans les eaux territoriales ukrainiennes…

La réponse russe à la provocation ukrainienne est donc très claire. De toutes façons, les deux camps sont fanatiques et si on rajouter à cela l’OTAN, c’est la compétition de fous pour qui contribuera le plus au déclenchement de la guerre.

De toutes façons, la Russie a, le même jour que l’annonce des exercices (donc le 10 décembre), officiellement demandé à l’OTAN d’annuler l’annonce de 2008 du début du processus d’intégration de l’Ukraine dans l’OTAN. L’OTAN a refusé dans la foulée. Personne ne recule sur rien, chacun cherche à avoir l’air bien par rapport à son opinion publique, cherchant une faille laissant craindre les pires provocations pour pousser l’autre à la faute.

L’ombre de la guerre continue ainsi de s’étendre et d’obscurcir cette partie du monde. L’Horreur se profile toujours davantage. Le slogan « guerre à la guerre », si important, doit devenir un mot d’ordre essentiel !

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Guerre

« On croit mourir pour la patrie on meurt pour des industriels »

La fameuse lettre d’Anatole France.

La lettre est destinée au communiste Marcel Cachin et fut publiée dans l’Humanité en 1922, le 18 juillet.

***

Cher citoyen Cachin,

Je vous prie de signaler à vos lecteurs le récent livre de Michel Corday, les Hauts Fourneaux, qu’il importe de connaître.

On y trouvera sur les origines de la conduite de la guerre des idées que vous partagerez et qu’on connaît encore trop mal en France ; on y verra notamment (ce dont nous avions déjà tous deux quelque soupçon) que la guerre mondiale fut essentiellement l’œuvre des hommes d’argent, que ce sont les hauts industriels des différents États de l’Europe qui, tout d’abord, la voulurent, la rendirent nécessaire, la firent, la prolongèrent. Ils en firent leur état, mirent en jeu leur fortune, en tirèrent d’immenses bénéfices et s’y livrèrent avec tant d’ardeur, qu’ils ruinèrent l’Europe, se ruinèrent eux-même et disloquèrent le monde.

Écoutez Corday, sur le sujet qu’il traite avec toute la force de sa conviction et toute la puissance de son talent.

— « Ces hommes-là, ils ressemblent à leurs hauts fourneaux, à ces tours féodales dressées face à face le long des frontières, et dont il faut sans cesse, le jour, la nuit, emplir les entrailles dévorantes de minerai, de charbon, afin que ruisselle au bas la coulée du métal.

Eux aussi, leur insatiable appétit exige qu’on jette au feu, sans relâche, dans la paix, dans la guerre, et toutes les richesses du sol, et tous les fruits du travail, et les hommes, oui, les hommes mêmes, par troupeaux, par armées, tous précipités pêle-mêle dans la fournaise béante, afin que s’amassent à leurs pieds les lingots, encore plus de lingots, toujours plus de lingots…

Oui, voilà bien leur emblème, leurs armes parlantes, à leur image. Ce sont eux les vrais hauts fourneaux ! » (page 163).

Ainsi, ceux qui moururent dans cette guerre ne surent pas pourquoi ils mourraient. Il en est de même dans toutes les guerres. Mais non pas au même degré. Ceux qui tombèrent à Jemmapes ne se trompaient pas à ce point sur la cause à laquelle ils se dévouaient. Cette fois, l’ignorance des victimes est tragique. On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels.

Ces maîtres de l’heure possédaient les trois choses nécessaires aux grandes entreprises modernes : des usines, des banques, des journaux. Michel Corday nous montre comment ils usèrent de ces trois machines à broyer le monde.

Il me donna, notamment, l’explication d’un phénomène qui m’avait surpris non par lui-même, mais par son excessive intensité, et dont l’histoire ne m’avait pas fourni un semblable exemple : c’est comment la haine d’un peuple, de tout un peuple, s’étendit en France avec une violence inouïe et hors de toute proportion avec les haines soulevées dans ce même pays par les guerres de la Révolution et de l’Empire.

Je ne parle pas des guerres de l’ancien régime qui ne faisaient pas haïr aux français les peuples ennemis. Ce fut cette fois, chez nous, une haine qui ne s’éteignit pas avec la paix, nous fit oublier nos propres intérêts et perdre tout sens des réalités, sans même que nous sentions cette passion qui nous possédait, sinon parfois pour la trouver trop faible.

Michel Corday montre très bien que cette haine a été forgée par les grands journaux, qui restent coupables, encore à cette heure, d’un état d’esprit qui conduit la France, avec l’Europe entière, à sa ruine totale.

« L’esprit de vengeance et de haine, dit Michel Corday, est entretenu par les journaux. Et cette orthodoxie farouche ne tolère pas la dissidence ni même la tiédeur. Hors d’elle, tout est défaillance ou félonie. Ne pas la servir c’est la trahir. »

Vers la fin de la guerre, je m’étonnais devant quelques personnes de cette haine d’un peuple entier comme d’une nouveauté que l’on trouvait naturelle et à laquelle je ne m’habituais pas.

Une dame de beaucoup d’intelligence et dont les mœurs étaient douces assura que si c’était une nouveauté, cette nouveauté était fort heureuse.

« C’est, dit-elle, un signe de progrès et la preuve que notre morale s’est perfectionnée avec les siècles : la haine est une vertu ; c’est peut-être la plus noble des vertus. »

Je lui demandais timidement comment il est possible de haïr tout un peuple :

— Pensez, madame, un peuple entier c’est grand… Quoi ? Un peuple composé de millions d’individus, différents les uns des autres, dont aucun ne ressemble aux autres, dont un nombre infiniment petit a seul voulu la guerre, dont un nombre moindre encore en est responsable, et dont la masse innocente en a souffert mort et passion. Haïr un peuple, mais c’est haïr les contraires, le bien et le mal, la beauté et la laideur. »

Quelle étrange manie ! Je ne sais pas trop si nous commençons à en guérir. Je l’espère. Il le faut. Le livre de Michel Corday vient à temps pour nous inspirer des idées salutaires. Puisse-t-il être entendu ! L’Europe n’est pas faite d’États isolés, indépendants les uns des autres. Elle forme un tout harmonieux. En détruire une partie, c’est offenser les autres.

Notre salut c’est d’être bons Européens. Hors de là, toute est ruine et misère.

Salut et fraternité,

Anatole FRANCE.

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Guerre

Discussion Biden-Poutine du 7 décembre 2021: l’OTAN en fer de lance, l’UE satellisée

La superpuissance américaine est à l’offensive.

L’horaire de la téléconférence entre le président américain Joe Biden et le président russe Vladimir Poutine n’a été annoncée que très tardivement, et de manière surprenante, le compte-rendu de cette « discussion » géopolitique de 125 mn a été inexistant. Il a fallu attendre une heure pour qu’une conférence de presse américaine ait lieu, la Russie annulant la sienne. La porte-parole américaine de la Maison Blanche, Jen Psaki, a carrément expliqué qu’on verrait si la Russie a compris le message si elle n’envahit pas l’Ukraine.

Car la situation s’est puissamment retourné. La Russie n’est pas intervenue militairement en Ukraine, du moins pas encore, même si bien entendu les républiques séparatistes lui sont inféodées. Elle a joué le chaud et le froid, sans résultat.

Or, depuis avril, son accumulation militaire aux frontières de l’Ukraine a galvanisé le nationalisme ukrainien, permis aux forces pro-américaines et pro-OTAN d’avoir unanimement le dessus, avec un envoi d’experts, de formateurs, d’armes, etc. Les Etats-Unis ont prêté 390 millions de dollars, l’Union Européenne 600 millions d’euros, et ce n’est qu’un début. Il y a 4 000 experts américains, militaires ou des services secrets, en Ukraine, ainsi que 8 000 autres experts de pays de l’OTAN, dont la France.

La Russie se retrouve avec un résultat contraire à ce qu’elle espérait.

Et là, qu’a dit Joe Biden, même si rien n’est sorti de la téléconférence? Que les Etats-Unis feraient en sorte de mesures de rétorsions économiques en cas d’intervention russe, avec notamment la sortie forcée de la Russie de SWIFT, le système bancaire international. C’est improbable, car alors par exemple l’Allemagne ne pourrait même plus payer les achats de gaz russe, mais les Etats-Unis s’en moquent ils sont loin. Il y aurait également l’envoi de matériel américain et de troupes américaines dans les pays baltes, la Pologne et la Roumanie.

Ce n’est pas tout. Dans les faits, l’Union Européenne est inexistante politiquement et son positionnement est entièrement aligné sur l’OTAN, dont c’est devenu un satellite sur le plan « géopolitique ». C’est un effondrement complet de la ligne allemande de « neutralité », avec l’espoir de grandir en laissant passer le conflit sino-américain. Désormais, l’Union Europénne est insérée dans l’OTAN. Voici d’ailleurs le communiqué de l’Elysée le 6 décembre 2021, la veille de la téléconférence.

Entretien avec les chefs d’État et de gouvernement du format « Quint ».

Le Président de la République s’est entretenu ce lundi 6 décembre avec les chefs d’État et de gouvernement du format « Quint » (Allemagne, États-Unis, France, Italie, Royaume-Uni). 

Les cinq chefs d’État et de gouvernement ont partagé leur analyse des tensions existant entre la Russie et l’Ukraine, exprimé leur détermination à ce que la souveraineté de celle-ci soit respectée et dit leur engagement à agir pour maintenir la paix et la sécurité en Europe. 

Ils ont tous rappelé la nécessité que la Russie se réengage dans les négociations avec l’Ukraine, dans le cadre du groupe dit « Normandie » sous l’égide de la France et de l’Allemagne.

Joe Biden a même dit qu’il contactait les pays membres de l’OTAN juste après la téléconférence. Mais pas l’Ukraine, qui officiellement ne sera contactée que le 9 décembre 2021! Mais il a fait une fleur à la Russie et à l’Allemagne, puisque, à peine la téléconférence terminée, il a été annoncé qu’un vote éventuel pour que le budget américain contienne des sanctions contre le gazoduc NS2 ne se ferait pas.

En clair, la Russie doit rester à l’écart et s’effacer. Il y a donc un choix à faire de sa part et naturellement cela n’en sera pas un. C’est dicté par sa réalité sociale.

Soit le pays né de la fin de l’URSS a tenté une aventure de grande puissance sur des restes et cela termine tout un cycle, les oligarques voulant continuer de faire acte de présence à Londres, Paris, Saint-Tropez. La Russie deviendrait alors celle qu’elle était avant Octobre 1917 : un colosse aux pieds d’argile avec une bureaucratie et une oligarchie plus ou moins pieds et poings liés par rapport aux puissances occidentales.

La Russie va donc céder et s’effacer, après avoir tenté d’obtenir le plus d’acquis. L’OTAN va s’élargir à l’Ukraine, le continent passant sous très large influence américaine. On a même déjà l’Albanie et le Kosovo qui ont affirmé être prêts à envoyer des troupes aux côtés des Américains en Ukraine! C’est caricatural, mais tout à fait représentatif.

Soit la Russie née en 1991 n’est pas tant sous le contrôle des oligarques que d’une sorte de bourgeoisie bureaucratique militaro-oligarchique, qui considère qu’elle a un moyen de s’affirmer historiquement à l’échelle continentale de la Russie par un alignement complet sur la Chine, ce qui implique l’affrontement avec l’Ukraine, la satellisation d’une partie de celle-ci, quitte à se replier ensuite avec la Biélorussie dans un bloc largement coupé de l’occident.

La Russie, avant la crise qui a émergé en 2020, c’était ces deux aspects en même temps. Désormais, ces deux aspects sont antagoniques. Entre la possibilité d’être une grande puissance et les nouveaux riches consommant en occident, c’est l’antagonisme. La crise force la décision historique et dans un cas comme dans un autre, tout est redéfini.

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Le sens historique pour les Européens de l’appel téléphonique Biden-Poutine

La vie telle qu’on la connaît est suspendue par les puissants.

Ce 7 décembre 2021 a lieu un entretien téléphonique entre le président américain Joe Biden et le président russe Vladimir Poutine. Ce dernier va lui dire que l’entrée dans l’OTAN de l’Ukraine est une ligne rouge, que la Russie ne peut pas accepter des bases militaires de l’OTAN et des missiles à sa frontière. L’Ukraine doit être neutre et d’ailleurs fédérale afin d’assurer un équilibre minimal entre les pro-européens et les pro-russes. C’est un gage de paix, mais c’est aussi une entourloupe pour tenter de resatelliser l’Ukraine.

Joe Biden va lui répondre que l’Ukraine est un pays souverain, que si ce pays veut se tourner vers l’OTAN c’est son droit, comme l’ont fait les pays baltes, la Roumanie, la Pologne, la Slovaquie, la République tchèque, la Hongrie, la Bulgarie. Aucune garantie ne peut être donné pour l’avenir et, d’ailleurs, Joe Biden a dit il y a deux jours qu’il ne reconnaissait aucune « ligne rouge ».

En pratique c’est l’expansion de la superpuissance américaine qui ne voit aucune raison de reculer, puisqu’elle ne risque rien, qu’en cas d’affrontement il resterait bien au pire un bout d’Ukraine à satelliser, et au mieux la Russie se heurte à une série de problèmes.

Tel est le jeu cynique des puissants aux dépens de la paix en Europe et avant tout de la nation ukrainienne qui risque bien d’être dépecée. Le président biélorusse Loukashenko a d’ailleurs annoncé la couleur le 6 décembre 2021 en disant que :

« Les plans de l’OTAN dans la région sont inacceptables à la fois pour la Russie et le Belarus. Donc, il y aura beaucoup de changements ce mois-ci. Nous verrons un résultat de la Mer Noire à la Baltique. Il y aura également de grands résultats après le nouvel an. »

C’est qu’il est une chose qu’il faut bien comprendre : la crise change tout. La pandémie a précipité la crise du capitalisme, finie la croissance commencée à la chute du mur de Berlin, avec l’intégration de l’Est de l’Europe, avec la Chine devenant l’usine bon marché du monde. Cela a été une croissance formidable d’ailleurs, améliorant incroyablement le niveau de vie, mais provoquant des choses incroyables, tel le réchauffement climatique, une condition animale dantesque, des pollutions chimico-industriels monstrueuses, une aliénation immense, une exploitation au travail incroyablement renforcée aboutissant à des crises nerveuses sans pareil.

Les gens pètent un plomb dans un tel système qui, à bout de souffle, va à la guerre, car pour obtenir une expansion, il faut conquérir de nouveaux espaces, dans la mesure où la pression capitaliste sur les travailleurs ne suffit pas et qu’on a beau développer des choses absurdes comme les LGBT ou l’art contemporain, il n’y a pas assez de nouveaux marchés qui s’ouvrent.

L’appel téléphonique Joe Biden – Vladimir Poutine, avec les deux ne faisant même pas l’effort de se rencontrer, est donc d’une importance historique. Ses conséquences peuvent être immenses et s’annoncent immenses. Il faut se rappeler qu’il n’y a pas eu de conflit majeur impliquant deux pays dans leur ensemble, sur un vaste territoire, littéralement depuis la guerre du Golfe en 1991. Alors, là, en Europe même, qu’en résulterait-il ? Un effondrement des bourses, une panique des entrepreneurs, une angoisse des populations, un désarroi de nations entières comme l’Ukraine et ses voisins.

Et une fois qu’une telle entreprise a été réalisée, on peut encore plus aisément recommencer, on aurait alors encore plus de pression militaire, belliciste, à Taiwan avec la Chine, en Arménie avec l’Azerbaïdjan, sans parler des conflits Grèce-Turquie, Serbie-Kosovo, Maroc-Algérie… des troubles très graves en Bosnie, des instabilités dans nombre de pays africains… et la liste est très longue encore.

L’appel téléphonique Biden-Poutine est peut-être un tournant historique ; dans quelques années, on dira : c’est là que le drame a commencé, que la crise a basculé dans une troisième guerre mondiale au long cours, avec comme point culminant la bataille sino-américaine.

C’est de cela dont on parle. Et les masses sont totalement endormies, sans conscience du cauchemar qu’elles sont en train de vivre !

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La France participe à l’exercice militaire aéromaritime haute intensité Polaris 21

C’est ouvertement un exercice de guerre.

Polaris 21 est un exercice militaire de « haute intensité » de type aéromaritime, avec l’emploi de forces spéciales et avec en son centre le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle. Cet exercice de l’OTAN, véritable wargame, concerne :

– 6 000 militaires (dont 4 000 marins) ;

– 6 pays (la France, l’Espagne, la Grèce, l’Italie, le Royaume-Uni, ainsi que les Etats-Unis) ;

– 24 bâtiments (frégates, ravitailleurs, sous-marin nucléaire d’attaque, le destroyer américain USS Porter, des chasseurs de mines, le destroyer britannique HMS Dragon…) ;

– des forces spéciales.

Cet exercice consiste en :

– 2 semaines d’opération ;

– 6 jours de simulation de combat ;

– 120 tirs de missiles, réels ou simulés ;

– 3 actions amphibies ;

– 428 vols d’aéronefs (de 20 rafales, de 3 hélicoptères, de 2 avions de guet aérien américain…) ;

– 9 actions cyber.

La raison officielle d’être de Polaris 21 est d’être « être prêt à un conflit de haute intensité » entre deux forces de même puissance. Il faut donc considérer que l’exercice visait la Russie et la Turquie, puisque personne d’autre n’est équivalent dans cette zone Méditerranée – Atlantique. Le contre-amiral Christophe Cluzel, commandant du groupe aéronaval avec comme base le porte-avion français, le dit pratiquement ouvertement :

« Nous envoyons un signal clair à tous nos compétiteurs et nous signifions à nos alliés que nous sommes prêts à prendre la tête d’une coalition. »

Cet exercice est d’ailleurs considéré comme le premier d’une série en vue de la prochaine guerre, comme l’explique l’armée française :

« Dans un format qui n’attend qu’à être repris en France et chez les armées alliés, POLARIS 21 marque un changement d’ambition dans la préparation opérationnelle à la complexité de la guerre aéromaritime de demain. »

L’armée française définit en ce sens l’exercice comme un « laboratoire » de la guerre du futur :

« Dans un conflit symétrique, la supériorité opérationnelle ne repose pas que sur la performance des senseurs ou des systèmes d’armes, elle requiert également une synchronisation parfaite des effets. POLARIS renforce de fait les capacités des participants à agir dans le haut du spectre du combat multi-milieux et multi-champs.

En positionnant le GAN [groupe aéronaval] au cœur de ce « lab » de la guerre du futur, les graines de ce que pourront être les tactiques de demain sont plantées. »

C’est une opération qui combine concrètement tous les domaines : l’air, la terre, la mer, à quoi s’ajoutent ceux sous-marin, cyber, exo-atmosphérique, informationnel et électromagnétique. Il y a ainsi la 13e Demi-Brigade de Légion étrangère qui a agi, ou encore le 54e régiment d’artillerie de l’armée de terre française qui a participé en tant que force sol-air, alors qu’a été intégré dans cet exercice celui propre au commandement de la cyberdéfense, exercice spécifique dénommé pas moins que « E=MC21 ».

Le contre-amiral Christophe Cluzel synthétise ainsi les différents aspects de l’exercice et c’est là quelque chose de très important :

« La haute intensité, ce sont les missiles qui volent et les torpilles qui fondent sur leurs cibles, tout cela dans un environnement paralysé par les cyber-attaques, perturbé par les fake news et les attaques informationnelles et dégradé par le brouillage des GPS, des radars et des radios. 

Pour vaincre, nous devons être capables d’opérer dans de telles conditions tout en s’attachant nous-mêmes à perturber le C2 et l’appréciation de situation adverse »

On soulignera donc la dimension informationnelle, l’armée française simulant les réseaux sociaux afin de les manipuler. Cela est dit ouvertement par l’armée française.

« Le champ informationnel est également intégré, en particulier au travers de réseaux sociaux simulés.

À l’heure où la diffusion d’informations a une influence directe sur les manœuvres militaires et les décisions stratégiques, POLARIS 21 permet d’intégrer l’empreinte de la force aéromaritime dans le champ informationnel dès le niveau tactique, grâce à Mastodon, outil informatique simulant les codes des réseaux sociaux.

Mastodon réunit l’ensemble des parties prenantes du scénario sur une même plateforme, reproduisant le réalisme de la masse de publications et de la diversité des opinions exprimées. Dans la combinaison nécessaire de ses actions, le groupe aéronaval peut ainsi proposer des publications coordonnées à ses manœuvres. »

L’exercice est également de ce fait en lui-même une opération de propagande, car l’entrée dans la guerre mondiale future est un processus au long cours. Voici comment Var-matin valorise cette action commune aéromaritime dans un grand élan militariste :

« Une nécessité au vu de la crispation du monde et du retour des rapports de force. »

Une « nécessité ». Telle est la logique directement à visée impérialiste et masquée par un fatalisme servant à la fois d’excuse et d’appel à la mobilisation. Et cette logique contamine toute la société, dans un discours toujours plus rodé pour s’accélérer quand cela sera considéré comme nécessaire par un capitalisme en décadence cherchant une porte de sortie à sa crise.

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Le silence criminel de la Gauche française quant à l’escalade en Ukraine

C’est une passivité qui converge avec un capitalisme allant à la guerre.

Il existe en France une Gauche très diverse, allant d’associations aux partis politiques, en passant par des groupes, des réseaux sociaux (facebook et twitter), des syndicats, bref toute une très large scène qui, à défaut d’être nombreuse, est multiple et jamais avare de remarques, de prises de position, etc.

Or, l’ensemble de cette Gauche français ne dit rien sur l’Ukraine et l’escalade militaire qui s’y déroule. Cela concerne pourtant l’OTAN, une organisation dont la France est membre, cela parle de 250 000 soldats se faisant face, cela touche la vie de dizaines et dizaines de millions de personnes qui habitent dans la région.

Et, au-delà, cela pose la question du conflit armé à grande échelle en Europe. Cela se rapporte ainsi à la question du militarisme, du rapport entre le capitalisme et la guerre. Bref, c’est particulièrement menaçant.

C’est pourtant comme si cela n’existait pas. La seule chose qui existe, c’est la page spéciale sur le conflit en Ukraine sur agauche.org, depuis le tout début avril 2021. Il n’y a rien d’autre, c’est comme si la question n’existait pas ailleurs.

C’est là, disons le, un silence criminel. C’est un mélange de fainéantise intellectuelle et de convergence avec le capitalisme auquel, finalement, pratiquement tout le monde fait confiance. Les gens ne croient pas en la guerre, même quand ils racontent que le capitalisme c’est mal, que la France est impérialiste, que le gouvernement est quasi fasciste, etc. Ils sont dans un confort petit-bourgeois tel quel qu’ils font semblant.

Seulement voilà, avec la guerre on ne peut plus faire semblant. Et là on se souvient qu’en 1914, toute la Gauche française, absolument toute la Gauche française, est passée du jour au lendemain de la dénonciation du capitalisme au nationalisme militariste de « l’Union sacrée ». C’est vraiment la même chose, avec une Gauche française actuelle consistant en le bal des hypocrites.

Parce que ce n’est pas comme si on ne parlait pas de l’Ukraine dans les journaux non plus, comme s’il n’y avait pas internet, comme si tout cela se déroulait dans un pays lointain, totalement inconnu, sur lequel on ne saurait rien et d’où aucune information ne proviendrait. L’Ukraine peut être quelque chose de pittoresque, soit, mais on sait dans les grandes lignes ce qui s’y passe, si on fait l’effort de chercher.

Et, normalement, la Gauche est censée faire cet effort. Ce sens de l’effort est normalement même ce qui la caractérise. Elle ne se fie pas aux apparences, elle ne croit pas ce que disent les capitalistes, elle ne fait pas confiance aux institutions au service de ceux-ci. Elle se forge sa propre vision du monde en se fondant sur son regard critique du capitalisme.

Là, il n’y a rien. On peut considérer qu’il y a trois causes à cela. La première, c’est qu’une partie de la Gauche est gouvernementale. Elle dira ce que dira la diplomatie française, avec certaines nuances. Elle ne veut pas critiquer l’État français, ni remettre en cause la place du capitalisme français sur le plan international. Bref, elle se plie.

La seconde, c’est qu’une autre partie de la Gauche est anti-intellectuelle. Qu’elle soit populiste avec Jean-Luc Mélenchon, syndicaliste d’esprit anarchiste, cela ne change rien : elle est stupide, elle ne veut pas réfléchir, elle ne croit que ce qu’elle voit et elle ne voit rien. Ces gens ne sont même pas capables de remarquer comment les animaux sont maltraités dans leur propre pays, alors savoir où est l’Ukraine…

La troisième, c’est qu’une troisième partie de la Gauche est alignée sur les universitaires américains, avec les principes de « déconstruction », de LGBT, de racialisme ethno-différentialiste, etc. Ces gens réfléchissent, pour le coup. Mais ils sont dans leurs délires et uniquement dans leurs délires. Ils existent parce que le capitalisme leur a proposé des postes universitaires, des réseaux sociaux et de nouveaux secteurs économiques – le turbocapitalisme – qu’ils sont là pour légitimer. Alors, forcément, la guerre, ils ne la conçoivent même pas.

Ce qui compte donc, c’est la réaffirmation des principes et des valeurs de la Gauche historique. Cela exige des efforts, un esprit de rupture avec le mode de vie petit-bourgeois, avec le consumérisme stérile si facile dans un capitaliste développé. Qui ne voit pas que le capitalisme propose sans cesse de la corruption est condamné à se faire avoir. Il faut savoir rompre – et l’enjeu, ce n’est pas moins que s’affronter avec la guerre à venir.

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Ukraine : le retour du « scénario cauchemardesque »

Les intérêts impériaux américain et russe s’affrontent jusqu’au bout.

La Russie a affirmé avoir arrêté en Crimée le 2 novembre 2021 trois espions des services secrets ukrainiens (le SBU) avec des armes et des explosifs, et le même jour, Dmitri Peskov, secrétaire de presse du président russe Vladimir Poutine, a clairement expliqué que :

« Le risque d’un conflit armé général dans le Sud-Est de l’Ukraine est extrêmement haut et devient un réel motif d’inquiétude pour la Russie. »

Quant au président biélorusse Alexandre Loukachenko, dans une interview au média russe RIA Novosti, il a expliqué qu’un référendum se tiendrait en Biélorussie le 20 décembre…

« à moins que la guerre ne commence ».

Cela donne le ton et toute solution diplomatique semble définitivement bloquée. La rencontre du 2 décembre 2021 du ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, avec son homologue américain Antony Blinken, dans le cadre d’une réunion de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE), à Stockholm, a en effet échoué.

Elle n’aura même duré qu’une demi-heure, Antony Blinken tenant même des propos qui normalement n’ont pas leur place dans un cadre diplomatique feutré :

« Si la Russie décide de continuer sur la voie de la confrontation, elle subira de graves conséquences. »

C’est une menace brutale, qui puise sa source dans le fait que la superpuissance américaine a les cartes en main. Cette image proposée par l’ambassade russe en Grande-Bretagne est totalement caricaturale, mais elle a sa part de vérité : l’Ukraine est utilisée comme pion par la superpuissance américaine (ainsi que par la Grande-Bretagne) pour étendre sa zone d’influence et de contrôle.

On notera que cette caricature représente de manière stéréotypée l’Ukraine sous les traits d’un cosaque à la Taras Boulba simplet et dépassé par les événéments.
Ce genre de représentation est typique de la propagande expansionniste russe anti-ukrainienne, les Ukrainiens étant considéré comme incapable de raisonnement autonome par rapport au grand frère russe.

La rumeur bien informée veut d’ailleurs que la véritable négociation entre les ministres américain et russe des affaires étrangères avait eu lieu la veille, à l’occasion d’un dîner organisé par la diplomatie suédoise. La mésentente serait allée jusqu’à « l’hostilité ».

La Russie rappelle sa ligne rouge : l’OTAN doit affirmer qu’elle n’intégrera pas l’Ukraine et doit cesser de placer des armements à ses frontières. Les Etats-Unis répliquent qu’ils n’en ont rien à faire. Les Etats-Unis exigent que la Russie cesse d’intervenir directement ou indirectement en Ukraine, la Russie répond qu’elle n’en a rien à faire. La confrontation est objectivement inévitable, et si on ajoute à l’arrière-plan la crise mondiale en raison de la pandémie, la tendance à la guerre l’emporte.

Les dés semblent donc jetés et la question n’est même plus de savoir qui va tirer le premier, car la confrontation est déjà choisie. Reste à mettre en place une narration suffisante pour avoir une image de victime acculée.

D’où les propos très défensifs du ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans son discours de neuf minutes le 2 novembre à l’OSCE, comme quoi on était en train de revenir au « scénario cauchemardesque » de la confrontation de l’époque de la guerre froide, mentionnant notamment la possibilité de missiles intermédiaires placés en Pologne (et en Roumanie) et visant la Russie.

D’où la déformation complète de ces propos, les médias occidentaux récitant à tue-tête que Sergueï Lavrov menaçait l’Europe d’un « scénario cauchemardesque ».

Soulignons d’ailleurs un fait très simple. Voici une carte faite par le média ukrainien nv.ua au sujet des armées russes et pro-russes (sont pris en compte la Biélorussie et le Donbass). C’est énorme, bien sûr.

115 000 soldats, 40 bataillons de groupes tactiques, 1200 tanks, 2900 véhicules blindés, 1600 pièces d’artillerie, 28 systèmes de missiles, 330 avions, 240 hélicoptères, 75 navires, 6 sous-marins (on notera que la liste compte les soldats des « républiques » séparatistes comme intégrés dans l’armée russe)

Mais, inversement, il y a la moitié de l’armée ukrainienne dans le Donbass, soit 125 000 soldats!

La Russie peut attaquer l’Ukraine, c’est un fait. Il y a peu de soldats pour une offensive massive… Mais l’aviation militaire ukrainienne est très faible numériquement et a technologiquement deux générations de retard. La supériorité aérienne russe amènerait une destruction des bases, des principes infrastructures et de la logistique ukrainienne en 72 heures grand maximum.

Tout comme l’Ukraine peut attaquer les deux « républiques » séparatistes, alors qu’elle ne cesse d’utiliser son artillerie par ailleurs et qu’elle aussi cache ses installations militaires aux missions de l’OSCE censés superviser un « cessez-le-feu » dans le Donbass.

Bombardement (les petits points lumineux dans le ciel) de Dokuchaevsk, village de la « république » séparatiste de Donetzk, par l’armée ukrainienne le 2 décembre 2021

Donc, si la Russie est expansionniste, l’Ukraine est forcenée aussi en tant uqe bras armé d’une superpuissance américaine qui s’empresse en ce moment de fermer toutes les portes diplomatiques et d’attiser les braises. Rappelons ici les propos du 30 novembre 2021 du secrétaire de l’OTAN, Jens Stoltenberg :

« La russie n’avait pas de veto, aucun droit d’interférer dans le processus [d’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN] ».

Et le président finlandais Sauli Niinistö en a rajouté une couche en disant de son côté que l’adhésion de son pays à l’OTAN était une option et que cela ne regardait pas la Russie.

Tout cela est de la folie. Et cela devient une folie aux proportions toujours plus meurtrières.

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Ukraine : la Biélorussie interviendra en cas de guerre

La confrontation englobera toute la région.

Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a expliqué le 29 novembre 2021 qu’il n’était pas au courant d’une opération russe de l’invasion de l’Ukraine et que, s’il y avait un plan en ce sens, il serait au courant. Puis il a expliqué que si l’ouest provoquait une guerre à la frontière occidentale de la Russie, la Biélorussie ne resterait pas passive, et il était tout à fait clair quant au camp qu’elle choisirait. Ces propos ont été tenus alors qu’il était en uniforme militaire dans le cadre d’une rencontre avec les plus hauts représentants de l’armée.

Ont en même temps été annoncé des manoeuvres militaires Biélorussie-Russie à la frontière avec l’Ukraine.

C’est là bien entendu une contribution puissante à la tendance à la guerre. Et c’est aussi une réponse à l’OTAN. L’élargissement de l’OTAN vise en effet directement à asphyxier la Biélorussie et la Russie. Et Alexandre Loukachenko a raison de dire que s’il y a une guerre régionale, alors l’Union Européenne perdra sa substance en étant amené à s’aligner sur l’OTAN sous l’impulsion américaine.

La superpuissance américaine et la Grande-Bretagne poussent l’Ukraine à la guerre de manière littéralement fantasmatique. Et cela marche, de par la base nationaliste agressive du régime ukrainien. Ainsi, l’Ukraine bombarde comme jamais les territoires séparatistes en ce moment.

Et le président ukrainien Volodymyr Zelensky a joué avec le feu. Le 26 novembre 2021, il répondait à « trente questions pour le président », une émission durant cinq heures. Et comme en passant, il a expliqué qu’un coup d’Etat était prévu le premier décembre. Il en a profité pour accuser un oligarque historiquement proche de la Russie, Rinat Akhmetov, de relever d’une guerre contre l’Ukraine.

Cela a provoqué un gigantesque scandale en Ukraine, alors qu’en plus les médias ayant eu accès à l’émission étaient restreints. Et au milieu de tout cela, le président ukrainien a limogé le 29 novembre 2021, Alexander Rusnak, le chef du département de contre-espionnage des services secrets ukrainiens, le SBU. Autant dire que cela ajoute de l’huile sur le feu d’une ambiance ukrainienne explosive.

Pour ajouter dans le délire, il y a des fous furieux cherchant à se rendre « intéressant ». Il y a les nationalistes qui mènent des opérations incessantes ces derniers jours (destruction filmée d’une stèle en l’honneur de combattants face à l’invasion nazie, attaque d’un bar gay, etc.). Il y a un ancien ministre ukrainien des affaires étrangères, Vladimir Ohrzyko, qui explique que l’Ukraine est préparée à attaquer la Russie à coup de missiles sur des villes et des centrales nucléaires. On a un journaliste ukrainien, Iouri Boutoussov, qui se filme en tenue de soldat en train d’utiliser un obusier pour tirer sur les territoires séparatistes, afin de « venger les morts de l’holodomor » (suivant la théorie que les Russes auraient voulu pendant cent ans génocider les ukrainiens).

Du côté russe, on n’est pas en reste. Il semble que des troupes spéciales aéroportées soient en place et actives dans les territoires séparatistes. Leur rôle est de procéder comme sapeur pour préparer le terrain en cas d’offensive russe. Difficile d’en savoir plus car il existe une mission de l’OSCE afin de procéder à des inspections, mais leur accès aux deux parties est de plus en plus difficile voire impossible ces derniers jours. Il y a d’ailleurs un avion ayant survolé le Donbass… ce qui est normalement interdit. On ne sait pas à quel camp il appartient, les deux camps accusant l’autre.

Il y a également la zone frontalière de la Russie avec l’Ukraine passée sous la coupe des militaires ; elle est fermée à part pour les habitants qui doivent passer des checkpoints. Et l’armée procède encore et encore à l’envoi de matériel à l’ouest. Il y a l’annonce subite le 30 novembre 2021 d’un entraînement de 10 000 soldats à côté de l’Ukraine… Avec également, le même jour l’annonce d’une réunion le soir même du président russe Vladimir Poutine avec les plus hauts responsables militaires et ceux des services secrets.

Il a même attendu une éventuelle prise de parole de Vladimir Poutine à minuit! C’est dire à quel point l’atmosphère est irrespirable, alors qu’en plus ces derniers jours les hauts responsables russes ne cessent de dire que l’Ukraine va tenter une provocation. Ce qui est largement possible, alors que son économie s’effondre littéralement et qu’il y a pénurie de gaz et de charbon…

L’OTAN s’est également réuni le 30 novembre 2021, pour évoquer les sanctions à prendre en cas d’offensive russe. Bref, c’est comme si tout semblait prêt au grand jeu de massacre. Sur le dos principalement du peuple ukrainien, voire de la nation ukrainienne qui risque de se faire dépecer.

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Ukraine: l’avertissement russe

Il est clair, mais formulé indirectement.

Fyodor Lukyanov est un journaliste russe qui est notamment membre du Club Valdai, un organe de réflexion sur le rôle de la Russie mis indirectement en place par les institutions elles-mêmes. Il est professeur d’Économie mondiale et de Relations internationales et depuis 2002 rédacteur en chef de Russia in Global Affairs journal.

Autant dire que ce qu’il dit… ne doit rien au hasard quand il s’agit de certains thèmes à certains moments, comme évidemment celui qu’on connaît en ce moment. Son article du 24 novembre 2021, NATO’s Mistake Is That It Still Thinks It’s Dealing with the Weakened Russia of the 1990s, a donc été compris en ce sens.

Le titre choisi par Fyodor Lukyanov dit déjà pratiquement tout. L’OTAN fait une erreur en considérant que la Russie est toujours le pays faible des années 1990. Car, à l’époque, de par le vide provoqué par l’effondrement de l’URSS, il était dans l’ordre des choses que l’Union européenne et l’OTAN s’étendent.

Cependant, c’était là une situation tout à fait particulière, et temporaire. Il ne saurait en effet exister une situation où un pays organise des alliances comme bon lui semble, sans se préoccuper des conséquences « géopolitiques ».

C’est d’autant plus vrai alors que l’Union européenne et l’OTAN se chevauchent au niveau des pays membres… Alors que le centre de gravité n’est pas le même, puisque dans le premier cas il est en Europe, dans le second cas il est aux États-Unis. Cela renforce les complications.

Aussi, la meilleure solution est la « finlandisation » de l’Ukraine, c’est-à-dire sa reconnaissance par les « blocs » comme un pays neutre, comme la Finlande durant la guerre froide. Pour donner un exemple de ce que cela implique, on peut prendre l’Autriche au statut similaire : aujourd’hui encore il est possible d’y espionner le pays qu’on veut, du moment qu’on n’espionne pas l’Autriche elle-même!

Et s’il n’y a pas la « finlandisation » de l’Ukraine, que va-t-il se passer? Fyodor Lukyanov prévient alors que la Russie devra faire comme avec la Géorgie en 2008. Ce pays, sous la présidence de Mikheil Saakachvili, a voulu adhérer à l’OTAN, s’est rapproché plus que fortement de l’Union européenne et des États-Unis.

La Russie a alors déstabilisé le pays en soutenant des séparatistes, diffusé massivement des passeports russes, et maintient une situation très délicate dans la région.

Autrement dit, la Russie ne tolérera pas de nouvel élargissement de l’OTAN à ses frontières. L’Ukraine et la Géorgie doivent voir leur statut gelé, et officiellement gelé du côté de l’OTAN.

Le message est clair. Il est compréhensible du point de vue russe, qui n’a aucune envie de voir une tête de pont de l’OTAN à ses frontières, peuplé de 45 millions d’habitants et avec un régime fanatiquement anti-russe et d’idéologie ultra-nationaliste faisant du fasciste historiquement pro-nazi Stepan Bandera un héros. Pour dire le délire, en Ukraine on raconte que la Russie extermine par millions les Ukrainiens depuis cent ans, etc.

Qui plus est, l’OTAN est très satisfaite d’utiliser l’Ukraine comme chair à canon… car l’arrière-plan, c’est le conflit sino-américain, et il s’agit d’affaiblir la Russie, alliée de la Chine, pour isoler cette dernière.

En même temps, la Russie a déjà fait en sorte d’occuper la Crimée ukrainienne, de fomenter des troubles avec les « républiques populaires » séparatistes, et elle a dominé le pays pendant des années en le transformant en satellite après la chute de l’URSS. Et la Russie raconte elle-même officiellement que la nation ukrainienne n’existe pas, que c’est une petite-Russie annexe, etc.

La Russie utilise donc également la question comme prétexte pour justifier son expansionnisme.

En un sens, l’affrontement est décidé et là on a une mise en scène pour se « couvrir » devant l’opinion du pays, l’opinion internationale… Exactement comme en 1914.