Catégories
Guerre

L’OTAN ferme la porte à la Russie

La Russie doit s’effacer devant l’OTAN.

General view of the meeting

L’OTAN s’est réunie avec la Russie le 12 janvier 2022 pour la première fois depuis deux ans et demi ; normalement de telles réunions se tiennent deux-trois fois par an, mais les intérêts tellement divergent ont provoqué une cassure. La crise internationale provoquée par la pandémie a ramené l’existence d’une telle réunion, mais celle-ci s’est bien entendu conclu sur rien de concret.

La Russie, par l’intermédiaire d’Alexandre Grouchko, vice-ministre russe des Affaires étrangères, exige en effet que l’Ukraine et la Géorgie ne rejoignent pas l’OTAN, et cette dernière dit qu’elle n’y peut rien, qu’elle laisse la porte ouverte. Ce qui implique qu’elle les acceptera, alors qu’en plus il existe en ce moment une intense campagne anti-Russie dans le Nord de l’Europe. Après la Suède, c’est ainsi la Norvège qui affirme qu’elle est menacée d’une possible invasion russe, et il y a un discours officiel appelant à renforcer la présence militaire de l’OTAN en Europe de la part du Danemark, de la Suède, de la Norvège et de l’Estonie. De plus, le Royaume-Uni a envoyé en Ukraine toute une équipe de généraux.

La superpuissance américaine met également le paquet. Le 12 janvier 2022, la Secrétaire d’État adjointe des États-Unis Wendy R. Sherman présente lors de la réunion Russie-OTAN a également eu une rencontre avec le  secrétaire général du ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères François Delattre, le secrétaire d’État allemand aux affaires étrangères Andreas Michaelis, le directeur politique italien des affaires étrangères Pasquale Ferrara, le ministre d’État britannique pour le moyen-Orient, l’Afrique du Nord et l’Amérique du Nord James Cleverly.

Et lors de la réunion de l’OTAN en tant que tel, Wendy R. Sherman a dit au représentant russe qu’il était une seule personne parmi 30, mais qu’en fait les 29 représentants de l’OTAN ne formaient également qu’une seule personne, au sens où l’OTAN formait un bloc. Et lorsqu’elle a pris la parole et qu’en même temps la délégation russe s’échangeait des documents en murmurant, elle les a rappelés à l’ordre.

La Russie est donc prise à la gorge : soit elle essaie de passer en force en envahissant l’Ukraine, un pays qu’elle ne reconnaît somme toute pas, ou bien elle recule et alors elle s’effiloche sous la pression occidentale. Tant la Russie que l’OTAN n’ont comme seule possibilité d’existence que l’expansion territoriale, politique, militaire.

Pour l’instant, elle ne cède pas, elle continue ses renforcements à la frontière ukrainienne, et 3000 soldats se sont entraînés le 12 janvier à balles réelles à Voronezh, Belgorod, Bryansk et à la frontière ukrainienne.

Mais de toutes façons, il ne faut pas faire de « géopolitique ». Ce qui compte, c’est de voir que les grandes puissances cherchent à agglomérer un empire autour d’elles-mêmes, alors que la tendance est à la bataille pour le repartage du monde. C’est cela qui compte et il y a deux premières victimes : des pays entiers tout d’abord, qui sont des cibles de l’expansion voulue, comme ici l’Ukraine qui n’a comme horrible choix que d’être qu’un satellite occidental ou russe, ou bien les deux si le pays connaît une partition suite à une invasion.

Les travailleurs ensuite puisque c’est à leurs dépens que se font les guerres du capitalisme, tout comme c’est à leurs dépens qu’existe le capitalisme. Il est aisé de voir comment la guerre est d’ailleurs devenue une actualité du capitalisme de manière tout à naturelle, avec un effet d’entraînement dans toute la société. On ne peut pas ne pas voir qu’Eric Zemmour, au discours nationaliste brutal, est une expression directe de la crise généralisée du capitalisme due à la pandémie, avec même Marine Le Pen mise de côté.

Pratiquement 80 000 personnes ont d’ailleurs rejoint le mouvement d’Eric Zemmour, « Reconquête », ce qui est également une expression de la crise, du nationalisme, du bellicisme, de la tendance au repli sur soi, à la mobilisation nationale pour que le pays « retrouve son rang », etc. Le BREXIT et l’élection de Donald Trump ont été les signes annonciateurs que le capitalisme rentrait dans le mur et qu’on était en train de passer au repli national pour le repartage du monde, en raison d’une expansion capitaliste au rythme cassé.

Dans un tel panorama, les négociations ne sont que formelles, apparentes. La réunion Russie-OTAN du 12 janvier 2022 n’a été qu’une formalité, sans contenu aucun, car désormais tout se passe en arrière-plan, avec les exigences historiques de la crise. Ce qui se reflète concrètement dans les esprits des couches dominantes comme la grande bataille sino-américaine en cours et à venir.

Chacun se place par rapport à cela, en comptant profiter du maximum de forces pour le moment où tout basculera. Il est ainsi absolument évident que les pays occidentaux voient l’occasion historique de pouvoir ébranler la Russie. Tout comme la Russie voit l’occasion historique de reforger son empire en profitant d’un capitalisme occidental relativement enrayé et de sociétés occidentales déconnectées de tout dans leur bulle consommatrice.

Cette leçon historique, on est train de l’apprendre ; la crise ukrainienne est la principale leçon dans ce cheminement historique et, malheureusement, n’anticipant pas les événements à venir et ne comprenant pas les tendances de fond, les gens s’éparpillent dans de pseudos-actualités, se dispersent dans des choses totalement secondaires.

On est désormais dans le processus qui mène à la future guerre mondiale, un processus contradictoire qui va avoir des tours et des détours, et là on a le premier moment de vérité, la première étape, la première polarisation, la première grande leçon.

C’est l’Histoire qui est en train de se faire et il est dommage que cela se déroule ainsi ; mais sans doute qu’en raison de la corruption capitaliste, il fallait que l’humanité en passe par là pour saisir avec maturité le socialisme, avec sa planification, son collectivisme, ses valeurs morales et culturelles.

Catégories
Guerre

La guerre moderne et les brigades russes

Frapper fort, passer en force : c’est la tactique militaire russe.

Les années 2020 sont aussi éloignées des années 1980 que les années 1980 des années 1940. La guerre moderne a donc un visage fondamentalement différent des périodes précédentes, et le mot clef, c’est transmission. Les données sont transmises plus rapidement et elles sont bien plus nombreuses, ce qui fait qu’au niveau de la direction militaire, il est possible d’obtenir une gestion bien plus avancée des troupes, et par conséquent également une bien meilleure coordination.

La Russie a particulièrement mis le paquet il y a une décennie à ce niveau, avec la modernisation de l’armée, fondée désormais sur les brigades. C’est le prolongement de la conception de la superpuissance soviétique dans une guerre en Europe dans les années 1980. L’idée soviétique était la suivante : il faut être capable d’envoyer des missiles précis d’un côté et d’occuper rapidement le terrain de l’autre, pour provoquer un état de fait si rapide que cela empêche l’OTAN de réagir de manière nucléaire.

Les brigades russes mises en place il y a dix ans sont donc le fruit d’une intense réflexion concernant, de fait, l’Ouest de la Russie. Les brigades ne forment pas un modèle exportable pour d’autres situations. En extrême-Orient, d’ailleurs, la Russie a des troupes différentes, adaptées aux très rudes conditions locales et surtout fondées sur l’emploi massif de missiles. Voici la carte des quatre districts militaires russes, chacun ayant donc ses spécificités opérationnelles.

Une brigade est composée de 800-900 soldats, avec trois compagnies d’infanteries munie chacune de onze véhicules de transports, avec également une compagnie de 10 tanks. On parle là d’une brigade concentrée sur l’infanterie ; il existe une variante tankiste, avec trois compagnies de tanks accompagnées d’une compagnie d’infanterie.

Chaque brigade compte qui plus est deux ou trois batteries d’artillerie ou d’obusiers, soit au total 12-18 systèmes d’artillerie. Il faut ajouter à cela une ou deux batteries de missiles anti-aériens, une compagnie anti-tank, une équipe de reconnaissance gérant également la guerre électronique.

On voit là qu’on est dans le cadre de la guerre moderne. Il y a une combinaison opératoire très poussée. Les brigades disposent ainsi d’une gigantesque force de frappe, qui est employée de manière pour ainsi dire auto-suffisante et massive, pour que dans la foulée une zone passe sous contrôle militaire par l’occupation directe au moyen des troupes.

Autrement dit la tactique militaire russe repose sur l’artillerie, au plus exactement il y a trois moments : d’abord l’envoi massif de missiles à moyenne distance et des opérations de guerre électronique massive, puis le passage à l’action des brigades avec l’artillerie pour briser l’ennemi en l’écrasant sous la puissance de feu et pouvoir directement passer en force.

Ce n’est pas du tout une bataille avec une artillerie ici, des soldats là, des tanks encore ailleurs. Chaque brigade combine ces aspects et, évidemment, les brigades sont combinées ensemble, le tout dépendant des missiles envoyés pour décapiter l’armée adverse, détruire les entrepôts, bombarder les troupes, etc.

Ce principe est considéré comme très fiable… quand il marche, que tout va bien. En cas de souci, les brigades ont un gros problème défensif, car ils ne sont pas assez massifs (la superpuissance américaine fonctionne justement inversement avec des troupes structurées « massivement »). En clair, cela passe ou ça casse.

Tout cela est bien entendu tout à fait schématique. Tout cela est bien plus complexe dans le détail et il faut distinguer les brigades interarmes de celles servant d’appui. Cela permet cependant d’avoir une vue d’ensemble et de comprendre le mode de fonctionnement de l’armée russe à sa frontière occidentale et donc dans son rapport militaire avec l’Ukraine dans le cadre d’une confrontation.

L’Ukraine ne dispose en effet ni de missiles pouvant atteindre la Russie (ni même de missiles efficaces d’ailleurs), ni d’aviation, ni de capacité réelle anti-chars. Si la Russie se lance contre l’Ukraine, elle peut en 24-72h obtenir une victoire massive rien qu’avec les missiles et les avions, pour ensuite ravager les troupes restantes avec ses brigades.

Or, la superpuissance américaine compte bien fournir à l’Ukraine tout ce qui lui manque pour tenir (et même passer à l’offensive, car tel est le plan de l’OTAN qui est tout aussi belliciste que la Russie). Chaque jour qui passe rend la situation plus difficile pour une éventuelle invasion russe.

C’est cela le piège pour l’Ukraine : tant la superpuissance américaine que la Russie fermant la porte à toute reculade en raison de la pression de la crise mondiale généralisée, elle est fatalement prise au piège dans un sens ou dans un autre. Soit la Russie tente de reformer un empire autour d’elle, soit la superpuissance américaine en fait le porte-avions d’une pression systématisée pour faire en sorte que la Russie soit déstabilisée et bascule dans une soumission aux forces occidentales.

Le capitalisme a façonné la guerre moderne : de la même manière que le capitalisme implique la guerre en raison de la nécessité à un moment de la bataille pour le repartage du monde, la structuration des armées modernes des pays capitalistes obéit à une logique d’écrasement et de conquête.

Catégories
Guerre

La négociation américano-russe du 10 janvier 2022

Les puissances campent sur leur position.

Dans la matinée du 10 janvier 2022, Jens Stoltenberg, à la tête de l’OTAN, a expliqué que l’OTAN continuerait d’accepter de nouveaux membres. Comme on sait que la principale revendication russe est que l’Ukraine et la Géorgie ne rentrent pas dans l’OTAN, on voit que la contradiction est antagonique.

Cette déclaration se faisait dans le cadre de la réunion extraordinaire de la Commission OTAN-Ukraine, avec la ministre ukrainienne de l’intégration européenne et euro-atlantique Olga Stefanishyna, ce qui est une manière pour l’OTAN d’exercer une pression maximale.

Car dans la foulée se tenait la réunion américano-russe à Genève entre le Vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Ryabkov et la Secrétaire d’État adjointe des États-Unis Wendy R. Sherman.

Elle n’a rien donné. D’ailleurs, les huit heures de rencontre ont été par la suite présentées comme des « discussions » et non comme des « négociations ». Et chaque représentant, accompagné d’une grosse équipe lors de la rencontre, a en fait réalisé séparément une conférence de presse. Naturellement, chaque camp se présente sous son meilleur jour. La superpuissance américaine explique qu’elle veut la paix et la sécurité en Europe, qu’elle est prête à négocier avec la Russie. Cette dernière insiste sur le fait qu’elle ne compte pas du tout envahir l’Ukraine.

Ce qui n’empêche pas le bellicisme de continuer à l’arrière-plan, bien entendu. Aux États-Unis on vient d’apprendre que début décembre 2021 le président Joe Biden avait décidé d’un pack supplémentaire de 200 millions de dollars pour l’Ukraine, sans que cela ait alors été rendu public. Quant à la Russie, elle continue de mobiliser son armée vers l’Ukraine, avec même pour la première fois depuis 1944 un décalage vers l’Ouest des troupes les plus éloignées tout à l’Est.

Dans ce contexte, les deux pays européens ayant le plus à perdre d’un affrontement en Ukraine ont pris l’initiative aussi, puisque, le même jour, se sont rendus en Ukraine le conseiller en politique étrangère du chancelier allemand Olaf Scholz et le conseiller diplomatique du président français Emmanuel Macron, pour une réunion à haut niveau avec le régime ukrainien.

Le Danemark a de son côté annoncé envoyer quatre avions de chasse et une frégate dans la Baltique pour renforcer l’OTAN, alors que le chef d’État-major suédois Michael Claesson a expliqué que la situation était « extraordinairement sérieuse » et qu’il n’excluait pas… une action militaire russe contre la Suède.

Voici d’ailleurs une carte montrant les trajets d’avions-espions suédois (en jaune) et américains (les autres couleurs), les cercles indiquant la portée maximale des appareils d’espionnage.

Kaliningrad est une semi-enclave russe à côté de la Pologne et de la Lituanie.

Du point de vue de la très grande majorité des analystes et des observateurs occidentaux, il est absolument clair que l’on va au conflit militaire en Ukraine. Cela tranche avec les médias occidentaux (et même ukrainien) qui n’abordent pas la question, ou bien simplement pour présenter un risque très présent, sans évidemment en affirmer l’envergure.

C’est inévitable : personne ne partant d’un point de vue intérieur au capitalisme ne peut comprendre que ce sont toutes les relations internationales qui se dissolvent en raison de la bataille pour le repartage du monde. Et comme il y a encore des négociations le 12 et le 13 entre la Russie avec l’OTAN et l’OSCE, c’est autant de gagné comme période de « paix » avant le déluge.

Il sera important de revenir sur ce moment historique a posteriori, pour étudier les non-dits, la mauvaise foi, la croyance en la « paix » capitaliste, le déni face à la crise, etc !

Catégories
Guerre

Arrachez-vous à votre vie quotidienne dans le capitalisme et étudiez la crise ukrainienne !

Il n’y a pas de capitalisme sans guerre et c’est l’avenir qui est en jeu !

C’est une question existentielle et si auparavant, avant la crise, dans un capitalisme tournant à fond, on pouvait l’éviter, désormais ce n’est plus le cas. Quiconque imagine sa vie sur une, deux, trois décennies, en s’imaginant que les choses ne changeront pas, qu’elles vont rester ce qu’elles sont, vit dans l’illusion.

Dans l’illusion qu’on vit tranquillement dans une bulle capitaliste totalement stable, pacifiée, à l’écart des troubles du monde.

La guerre est en effet de retour, elle réapparaît à l’échelle mondiale à travers la formation de blocs dont l’élément le plus puissant cherche à organiser un nouvel empire. L’affrontement entre la superpuissance américaine et la Chine qui aimerait prendre sa place prend toujours plus de place dans l’Histoire de l’humanité, dans les phénomènes et les décisions à l’échelle mondiale.

Car il est impossible de ne pas se placer dans la bataille pour le repartage du monde ! Que ce soit en son sein pour avoir sa place du gâteau impérial ou à l’extérieur, pour la dénoncer, pour la combattre, au nom de l’amitié entre les peuples, au nom du refus de la guerre !

Depuis le 2 avril 2021, agauche.org a sans relâche averti de l’importance du conflit Ukraine-Russie, expliquant les tenants et aboutissants au moyen de plus de 60 articles directement à ce sujet, de plus encore d’articles touchant à des aspects secondaires de ce conflit.

Absolument personne en France n’a souligné cette question ukrainienne, et à vrai dire même personne n’en a même parlé. Pourquoi ? Parce que personne ne croit plus en la guerre, étant corrompu par le capitalisme, lessivé sur le plan des idées. Le capitalisme a triomphé dans les esprits, il force à la capitulation avant même de commencer à réfléchir seulement.

Seule une poignée de gens en France a conscience de ce qu’est la guerre, de sa réalité. C’est la même situation qu’en 1914, où à part dans quelques pays comme la Russie, l’Italie, la Serbie, il n’existe aucune réelle compréhension de l’enjeu historique que représente la guerre.

Les gens vivent leur vie, ils sont tournés vers un horizon immédiat, celui de la consommation ; quand ils prévoient, c’est à leur propre échelle individuelle, avec un cadre familial. Il n’y a plus aucune capacité à saisir ce qui est collectif, ce qui est universel.

Sans parler qu’il n’y a aucune capacité à assumer une détermination autre que celle proposée par le marché capitaliste. Les gens ne prennent pas de responsabilités, ils sont consommateurs et tout leur est dû en ce sens, d’où l’effondrement des partis politiques, la dépolitisation complète, les aventures hystériques comme celles des LGBT ou des nationalistes nostalgiques d’une France fantasmée.

Tout se consomme, à tous les degrés, dans une gamme insensée de variantes produits par une société capitaliste en perdition sur le plan culturel et moral. Et qui précipite les pays dans la guerre pour le repartage du monde, car il n’y a plus assez d’expansion possible autrement.

Le capitalisme, c’est la guerre. Qui ne le comprend pas ne peut que voir sa propre vie s’échapper.

Ce qui est dramatique, c’est que les gens auraient dû le comprendre en amont. Pourquoi ont-ils accepté McDonald’s ? Pourquoi ont-ils accepté Netflix ? Pire encore, ils ont choisi tout cela, par corruption, par le fait de vivre dans un pays riche comme la France, l’un des pays les plus riches du monde, un des grands pays capitalistes historiquement, l’une des premières puissances dans le monde.

Désormais, il va falloir être confrontée à la facture, celle de la guerre. L’affrontement sino-américain est le produit de trente années de consommation occidentale dans le cadre capitaliste : les choses ne pouvaient que changer dans un tel processus et voilà que la Chine émerge en effet comme grande puissance mondiale.

La Russie, qui a tenté elle-même de devenir la puissance numéro 1 dans les années 1960-1980 dans le cadre de son empire soviétique, en profite pour tenter de se restructurer comme empire, afin de s’étendre et de tenir le choc par rapport à l’OTAN qui a mené une véritable conquête de l’Est parallèlement au capitalisme occidental.

Et c’est cela qui rend la question ukrainienne si importante. C’est une étape essentielle de tout un processus inévitable. La croissance capitaliste exige sa facture : encore plus de croissance capitaliste. Et cela passe par la guerre de par la crise. Le capitalisme veut passer en force.

On doit l’en empêcher. On doit le renverser. Et donc : guerre à la guerre !

Catégories
Guerre

L’Ukraine, martyre du jeu belliciste des grandes puissances

La France est au premier rang des coupables comme membre de l’OTAN.

Alors que le 10 janvier a lieu la réunion américano-russe à Genève, il apparaît déjà comme clair que l’un des deux protagonistes devra massivement reculer pour qu’un accord puisse avoir lieu, ce qui implique de perdre ouvertement toute crédibilité « impérialiste » dans la foulée.

Le pire est donc à craindre, il est déjà là, et le Royaume-Uni vient en rajouter encore en annonçant… la visite de sa ministre des affaires étrangères Liz Truss en Ukraine, on ne sait trop quand en janvier 2022, alors que le chef d’état-major britannique Tony Radakin vient d’expliquer que si des sous-marins russes coupent des câbles sous-marins internationaux, cela sera une situation de guerre.

De son côté, le ministère des affaires étrangères russe a publié un message, également diffusé en anglais, à la fois des plus futiles et des plus agressifs. C’est une réponse au secrétaire d’État américain Anthony Blinken critiquant la Russie pour son intervention au Kazakhstan.

« Si Antony Blinken aime tant les leçons d’histoire, en voici une venant à l’esprit : lorsque des Américains sont dans votre maison, il peut être difficile de rester en vie, de ne pas se faire voler ou violer.

Les Indiens d’Amérique du Nord, les Coréens, les Vietnamiens, les Irakiens, les Panaméens, les Yougoslaves, les Libyens, les Syriens et bien d’autres peuples infortunés qui ont eu la malchance de voir ces hôtes non invités à leur porte auraient beaucoup de choses à ajouter à ce sujet. »

Juste avant une négociation de la plus haute importance, voilà qui donne le ton. En fait, on a deux puissances entendant disposer d’un niveau impérial et, pour cela, doivent poser un bloc avec une idéologie, un centre, une dynamique. La superpuissance américaine utilise l’OTAN comme noyau européen de son empire, et la Russie entend se restructurer telle une forteresse avec la Biélorussie, le Kazakhstan et l’Ukraine.

L’Allemagne se place déjà en insistant pour que l’oléoduc Nord Stream 2 soit séparé de sanctions en cas d’invasion de l’Ukraine par la Russie, des sanctions qu’on sait déjà énormes puisqu’elles couperaient la Russie du système financier occidental (le SWIFT) et qu’elle impliquerait un boycott technologique de la Russie.

Cette dernière, qui dispose d’un énorme matelas financier, en souffrirait bien entendu, mais sa position est déjà d’assumer de former un bloc séparé, en considérant que l’édifice occidental va de toutes façons se lézarder. De fait, si cela se passe, des forces en France par exemple proposeront immanquablement de se tourner vers la Russie afin d’avoir une bourgeoisie française plus « libre », et on a déjà proche de cette ligne ou sur cette ligne Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et Eric Zemmour.

Les grandes puissances ont de fait le dessus dans les phénomènes historiques en cours, ce sont elles qui décident du cours des événements. Ce n’est pas le gouvernement, la démocratie, le peuple, les intérêts nationaux, la stratégie, ou quoi que ce soit de ce genre, ce sont les puissances comme expression du capitalisme en crise et à l’offensive expansionniste qui décident de ce qui se passe.

C’est là une catastrophe historique dont la première est ici le peuple ukrainien, et même la nation ukrainienne dont l’existence est remise en cause par une Russie aux volontés annexionnistes et un régime ukrainien pro-occidental donnant libre cours aux fascistes et démantelant la culture ukrainienne démocratique et populaire.

Il faut combattre la guerre, il faut combattre la démarche expansionniste des puissances, il faut en France récuser l’OTAN et la conquête de l’Est du capitalisme occidental, c’est là l’aspect principal, la dénonciation du bellicisme russe étant important également mais secondaire car l’ennemi est avant tout dans notre pays, avec notre propre bourgeoisie jetant de l’huile sur le feu avant de disposer d’une part du gâteau.

La question ukrainienne est la boîte de Pandore du repartage du monde au moyen de la guerre pour former des entités impériales ! Il faut la comprendre et assumer ce slogan de la Gauche historique : guerre à la guerre !

Catégories
Guerre

Brest : mobilisation contre la militarisation de l’Union européenne

Une initiative anti-guerre.

Le Comité Régional CGT de Bretagne, en lien avec le Mouvement de la Paix et d’autres associations et collectifs, appelle à un rassemblement à Brest dimanche 9 décembre contre la guerre et la tendance à la guerre. Un meeting est prévu le matin puis une manifestation l’après-midi, alors que 54 ministres européens liés à leurs armées respectives doivent tenir sommet dans la ville la semaine suivante.

Voici le communiqué, qui porte une grande charge démocratique et pacifiste, avec des arguments concrets et précis contre la guerre, la tendance à la guerre, la militarisation de l’Union européenne et son alignement sur l’OTAN. L’initiative a d’autant plus de valeur qu’elle a lieu à Brest, deuxième port militaire français et ville martyre de la seconde guerre mondiale, victime de 165 bombardements entre 1940 et 1944 (le poème évoqué dans le communiqué de la CGT est « Barbara » de Jacques Prévert et parle justement de cette destruction).

20220104-Communique-CRB-cgt-bretagne

Catégories
Guerre

De l’Ukraine au soulèvement au Kazakhstan

La Russie est prise à revers.

Alors que le 5 janvier 2022, le chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell s’est rendu en Ukraine et dès le premier jour à la frontière avec les républiques séparatistes, le Kazakhstan a connu un véritable soulèvement faisant déjà des dizaines de morts et des centaines de blessés.

Les insurgés ont fait tomber la statue de Noursoultan Nazarbaïev, au pouvoir depuis 1990, même si officiellement en 2019 le président est désormais Kassym-Jomart Tokaïev. C’est un immense symbole quand on sait que la capitale, Astana, a été renommé Nour-Soultan en l’honneur de ce « chef de la nation ».

A Alma-Ata, ancienne capitale politique et toujours capitale économique, ils ont désarmé des militaires, pillés des armureries, incendié la mairie ainsi que le siège du parti au pouvoir Nour-Otan (Lumière de la patrie), occupé l’aéroport international et le bâtiment du Comité National de Sécurité. Mais l’insurrection se déroule également dans plusieurs villes.

Tout est parti de la hausse du prix du gaz liquide (jouant un rôle essentiel pour les transports), avec des protestations montant en puissance depuis quelques jours, mais le 5 janvier est marqué par une démarche littéralement insurrectionnelle. L’état d’urgence est d’ailleurs décrété, internet a été coupé avant de partiellement reprendre, la Russie a été appelée à l’aide par le gouvernement.

Cette aide se fait de manière automatique dans le cadre de l’Organisation du traité de sécurité collective, dont sont membres l’Arménie (actuellement à sa tête), la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, la Russie et le Tadjikistan. Ces deux derniers pays ont commencé à envoyer des troupes spéciales (parachutistes, troupes de choc des forces de sécurité).

Le régime étouffant la société de manière fasciste au Kazakhstan connaît bien entendu une crise propre à notre époque, où tout vacille, où l’ordre ancien s’effondre.

Mais la question se pose bien entendu de savoir dans quelle mesure les insurgés sont objectivement les alliés (ou les valets) de la superpuissance américaine, ils ne le sont peut-être pas et même subjectivement peut-être pas du tout. Malheureusement, il y a bien peu de chances que cela soit une insurrection portée par des valeurs démocratiques et populaires… De par le timing (et le professionnalisme apparent des insurgés ce qui reste discutable par ailleurs), il faut bien plutôt penser à un contre-feu mis en oeuvre par la superpuissance américaine.

Et cela s’insère naturellement dans le conflit OTAN-Russie. Il suffit de voir la carte pour comprendre l’importance immense du Kazakhstan pour la Russie. C’est littéralement tout le flanc sud, et on peut voir au passage que l’Ukraine et la Mer Noire ne sont pas loin. Même pour la Chine, un régime pro-superpuissance américaine au Kazakhstan serait un désastre complet.

Il va de soi que cela modifie déjà radicalement la situation pour les échanges Russie – superpuissance américaine qui doivent se tenir dans les jours prochains, suivis des échanges Russie – OTAN et Russie – OSCE, alors que la Russie a exigé des garanties par écrit sur sa sécurité.

La Russie est désormais dans une situation où en fait c’est elle-même qui peut basculer en raison de l’incroyable pression qu’il y a sur elle. La Russie est littéralement prise à revers alors qu’elle tentait d’exercer une pression à l’Ouest.

Dans tous les cas, la Russie est mise au pied du mur par l’Histoire. Le défi ukrainien se voit associer le défi kazakh. La bataille pour le repartage du monde fait rage, le monde plonge dans le chaos.

Catégories
Guerre

Être antifasciste c’est comprendre la guerre et la combattre!

Le fascisme est le moyen pour le capitalisme d’aller à la guerre.

L’émergence politique d’Eric Zemmour a amené beaucoup de gens à dénoncer une extrême-Droite conquérante. Malheureusement, c’est trop souvent parasité par des esprits finalement libéraux ne voyant en l’extrême-Droite qu’une expression conservatrice, raciste, nostalgique, antique même, et n’hésitant pas en ce sens à propager les pires valeurs du turbocapitalisme au nom de la « modernité ».

Car qu’est-ce que le fascisme? Le fascisme, c’est la guerre à l’intérieur et à l’extérieur, c’est la mobilisation de l’Etat et de la population pour améliorer, renforcer, étendre le capitalisme national. Aussi, quel sens y a-t-il à dénoncer l’extrême-Droite si c’est pour laisser la France se ranger totalement dans les rang de l’OTAN, pour accepter que l’OTAN fasse de l’Ukraine son jouet dans la guerre contre la Russie elle-même belliciste?

La vérité est qu’on ne peut pas se dire antifasciste, au sens le plus authentique du terme, si on ne comprend pas qu’il n’y a pas de fascisme sans guerre et inversement. On ne peut pas combattre Eric Zemmour ni Marine Le Pen si on ne voit pas qu’ils représentent la fraction la plus agressive du capitalisme français, celle qui veut se lancer entièrement dans la bataille pour le repartage du monde.

Qui limite l’antifascisme à la confrontation physique avec des racistes, qui résume le fascisme à un conservatisme passéiste, n’a pas compris la nature du fascisme en ce qu’il est le produit d’un capitalisme cherchant à sauver sa peau à tout prix.

Et est condamné à échouer, car le fascisme se nourrit par vagues selon les contextes du capitalisme, que ce soit par la crise interne ou les conflits internationaux. Que signifierait ainsi une guerre en Ukraine? Elle impliquerait une prise de conscience majeure de la bourgeoisie française qu’on a changé d’époque, qu’on est dans l’ère des conflits en tant que tel et que, par conséquent, il faut réformer l’Etat, réorganiser la société, assurer une mobilisation à tous les niveaux pour assurer que la France « tienne son rang » et même élargisse la part de son gâteau dans la répartition économique mondiale.

Peut-on ne pas comprendre cela en compte quand on combat le fascisme?

Il va de soi qu’on ne le peut pas, pas plus si on ne voit pas le lien étroit entre le consumérisme forcené du capitalisme, l’écrasement des personnalités et des facultés, et l’extension du fascisme comme mouvement de dépolitisation et d’infantilisme généralisé.

La question de la guerre en Ukraine, du conflit entre l’OTAN (dont la France) et la Russie, entre la superpuissance américaine et la Russie, est directement liée à la question du fascisme. Elle en forme même un aspect essentiel, parce qu’elle décide de la vitesse de la « compréhension » de la situation par la bourgeoisie en général. Il serait terrible ici que la bourgeoisie comprenne la gravité de la situation avant les plus larges masses. Celles-ci auraient alors toujours un train de retard et seraient incapables de mettre en échec le militarisme, le nationalisme, le fascisme.

Qui parle du fascisme mais ne parle pas de la guerre n’a pas compris la nature du monde, la direction que prennent les choses, les exigences de notre époque!

Catégories
Guerre

Déclaration sur la « prévention » de la guerre nucléaire par la Chine, les États-Unis d’Amérique, le Royaume-Uni, la Russie et la France

Et pourtant ces pays modernisent et renforcent leur arsenal.

Tout suinte l’hypocrisie de bout en bout dans une déclaration qui ne vise qu’à essayer de calmer le jeu sur ce plan dans un contexte grandissant de bellicisme. Rien que le « déciblage » est mensonger : aucune arme nucléaire n’est censée cibler un autre pays. Or, c’est techniquement impossible, car il faut une longue programmation pour cibler correctement. Concrètement, les Etats disent ainsi tant que le missile n’est pas enclenché au sens strict, il ne « cible » pas, ce qui est un pieux mensonge vu que tout est programmé quand même.

De toutes façons, voir ces Etats prétendent qu’ils veulent aller dans le sens de la paix et du désarmement ne tient pas debout une seule seconde. Leur objectif est le succès dans la bataille pour le repartage du monde, et ce à tout prix.

Déclaration conjointe des chefs d’État et de Gouvernement de la République populaire de Chine, des Etats-Unis d’Amérique, de la République française, du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord et de la Fédération de Russie pour prévenir la guerre nucléaire et éviter les courses aux armements. 

La République populaire de Chine, les Etats-Unis d’Amérique, la République française, le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord et la Fédération de Russie considèrent qu’il est de leur responsabilité première d’éviter une guerre entre États dotés d’armes nucléaires et de réduire les risques stratégiques.

Nous affirmons qu’une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée.

Compte tenu des conséquences de grande ampleur qu’aurait l’emploi des armes nucléaires, nous affirmons également que celles-ci, tant qu’elles existent, doivent servir à des fins défensives, de dissuasion et de prévention de la guerre. Nous sommes fermement convaincus de la nécessité de prévenir la poursuite de la dissémination de ces armes. 

Nous réaffirmons l’importance de traiter les menaces nucléaires et soulignons la nécessité de préserver et de respecter nos accords et engagements bilatéraux et multilatéraux en matière de non-prolifération, de désarmement et de maîtrise des armements.

Nous demeurons déterminés à respecter nos obligations en vertu du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), notamment celle qui figure à l’article VI de « poursuivre de bonne foi des négociations sur des mesures efficaces relatives à la cessation de la course aux armements nucléaires à une date rapprochée et au désarmement nucléaire, et sur un traité de désarmement général et complet sous un contrôle international strict et efficace ».

Chacun d’entre nous entend maintenir et renforcer encore ses mesures nationales destinées à empêcher l’utilisation non autorisée ou non intentionnelle d’armes nucléaires.

Nos déclarations passées sur le déciblage, qui ont rappelé qu’aucune de nos armes nucléaires ne prenait pour cible l’un d’entre nous ou un quelconque autre État, demeurent valides. 

Nous soulignons notre volonté de travailler avec tous les États pour mettre en place un environnement de sécurité permettant d’accomplir davantage de progrès en matière de désarmement, avec pour objectif ultime un monde exempt d’armes nucléaires avec une sécurité non diminuée pour tous.

Nous entendons continuer à rechercher des approches diplomatiques bilatérales et multilatérales pour éviter les affrontements militaires, renforcer la stabilité et la prévisibilité, accroître la compréhension et la confiance mutuelles, et prévenir une course aux armements qui ne profiterait à personne et nous mettrait tous en danger.

Nous sommes déterminés à poursuivre un dialogue constructif dans le respect et la reconnaissance mutuels de nos intérêts et préoccupations en matière de sécurité.

Catégories
Guerre

« Pourquoi voudrions-nous un monde sans la Russie? »

La bataille pour le repartage du monde est l’aspect principal des événements historiques.

L’actualité s’est fortement ralentie concernant le conflit Ukraine/Russie, qui apparaît désormais ouvertement comme un conflit OTAN/Russie. Le président américain Joe Biden a téléphoné le 2 janvier 2022 au président ukrainien Volodymyr Zelenski pour lui dire qu’en cas d’invasion russe, il y aurait des sanctions terribles. Le président russe Vladimir Poutine a lui téléphoné au président turc Recep Tayyip Erdoğan.

Pour le reste, la Russie se dit très contente de pouvoir discuter prochainement avec les Etats-Unis et affirme sa confiance dans la diplomatie… Elle ne va pas dire le contraire, bien entendu. Tout le monde attend donc la discussion américano-russe qui va se tenir les 9-10 janvier. Le timing est plus précisément le suivant : pourparlers à Genève les 9 et 10 entre la vice-secrétaire d’État américaine Wendy Sherman et son homologue russe Sergueï Riabkov, rencontre Russie-OTAN le 12, réunion dans le cadre de l’OSCE le 13.

Et deux écoles se font face ici dans l’interprétation des faits. La première dit que tout est une question géopolitique, qui est comme on le sait une conception universitaire – bourgeoise pour qui une civilisation, un Etat, un pays serait en mesure de « penser » et de calculer ses coups.

On a un bon exemple avec l’article de Révolution Permanente (Conflit Russie-Ukraine. Ni bluff ni ultimatum) qui utilise le mot « géopolitique » dès qu’il faut essayer d’expliquer quelque chose, car après tout, cela reste bien mystérieux que tout cela :

« Il est difficile de déterminer avec exactitude pourquoi Poutine décide aujourd’hui de montrer ses muscles face à l’Ukraine et ses soutiens européens et principalement étatsuniens. Un facteur plus local est sans doute l’utilisation de drones turcs par le gouvernement ukrainien contre les forces rebelles du Donbass en octobre dernier. »

Ici on pense que peut-être que la Russie n’attaquera pas… peut-être qu’elle le fera quand même… ou inversement… on ne sait pas… Après tout qui peut savoir… tout est géopolitique… Bref, ce sont des observateurs extérieurs ne comprenant pas la tendance à la guerre et s’imaginant que le capitalisme est organisé et la guerre « planifiée ».

La seconde école dit inversement que tout a changé, et que par conséquent le rentre-dedans est généralisé est inévitable. Elle s’appuie au fond sur une citation de Vladimir Poutine, de 2018, qui a le mérite de la clarté en termes d’affrontement éventuellement atomique :

« Pourquoi voudrions-nous un monde sans la Russie? »

La Russie est une grande puissance et dans la situation de crise, elle veut avoir sa place au soleil. C’est une tendance irrépressible. C’est la bataille pour le repartage du monde et la Russie considère que le bloc occidental va se lézarder en raison de la paralysie relative du capitalisme, alors que la Russie forme un Etat – civilisation – continent tout à fait autonome des événements. Une réaffirmation hégémonique russe ouverte est donc à l’ordre du jour.

Bien entendu, les experts bourgeois concernés ici ne disent pas cela ainsi, mais cela y ressemble fortement et on lira à grand profit l’article de Que signifie l’ultimatum russe aux occidentaux ? du site Desk Russie, qui est ni plus ni moins que la base de l’article du Figaro Poutine veut faire plier l’Otan et l’Europe.

Car le fond de la question est le suivant. 2022 est-il comme 2019 ou pas? La pandémie nous a-t-elle fait passer dans une nouvelle époque? La bataille pour le repartage du monde est-il le sens même de cette époque?

Disons le directement : tout a changé, qui ne le voit pas est aveugle concernant les faits, qui ne le comprend pas a des raisonnements figés dans les livres universitaires, qui ne le saisit pas a une vie semi-confortable et au moins corrompue dans le capitalisme.

Tout est en train de basculer… le capitalisme a connu son apogée, maintenant il s’effondre, et la guerre est sa tentative de s’en sortir.

Catégories
Guerre

La signification du drapeau de l’Union européenne sous l’Arc de triomphe

Les nationalistes sont en concurrence avec les atlantistes dans la tendance à la guerre.

À l’occasion de la présidence française de l’Union européenne en 2022, le gouvernement, et probablement directement Emmanuel Macron, a fait un choix qu’il savait marquant symboliquement. Il a été décidé d’hisser, de manière volontairement contraire aux usages, le drapeau de l’Union européenne seul, au-dessus d’un lieu aussi symbolique que la « tombe du soldat inconnu », sous l’Arc de triomphe à Paris.

Forcément, la Droite et l’extrême-Droite ont dénoncé cela comme étant un grave acte anti-patriotique. L’usage veut en effet que le drapeau de l’Union européenne ne soit jamais hissé seul, mais seulement placé à droite du drapeau français sur un édifice (de manière à ce qu’il soit vu à gauche de celui-ci quand on regarde un bâtiment). Ce n’est pas obligation légale, mais un usage qui a quasiment force de loi tellement il est unanimement respecté, voire directement rappelé par différents ministres de l’Intérieur.

Valérie Précresse, la candidate de la Droite traditionnelle a donc dénoncé et demandé :

« Présider l’Europe oui, effacer l’identité française non! Je demande solennellement à Emmanuel Macron de rétablir notre drapeau tricolore à côté de celui de l’Europe sous l’arc de Triomphe. Nous le devons à tous nos combattants qui ont versé leur sang pour lui. »

Le polémiste Eric Zemour, faisant référence à deux événements récent concernant l’Arc de triomphe (son saccage par des gilets jaunes puis son empaquetage par le pseudo-artiste délirant Christo typique de l’art contemporain) a été plus direct dans le style :

«après le saccage et l’empaquetage, l’outrage».

En parlant d’outrage pour l’Arc de triomphe, il évoque ici la notion d’outrage au drapeau national, et sous-entend que ce serait la France elle-même, l’idée nationale, qui serait attaquée, ou en tous cas abîmée.

Marine Le Pen a également critiqué violemment un « véritable attentat à l’identité de notre Patrie » ainsi qu’une « offense à ceux qui se sont battus pour la France ». Probablement pour se poser en tant que chef d’État responsable et garant de la légalité nationale, elle a fait part de son intention de déposer un recours en annulation et un référé-suspension, avec des motifs toutefois assez discutables sur le plan strictement légal :

« [Emmanuel Macron] méconnaît manifestement l’article 2 de la Constitution (en vertu duquel l’emblème national est le drapeau tricolore, bleu, blanc, rouge); son article 3, relatif à la souveraineté nationale (les électeurs français ayant rejeté en 2005 le projet de Constitution européenne reconnaissant le drapeau de l’Union européenne) ; et le principe fondamental reconnu par les lois de la République, en vertu duquel l’emblème national doit toujours flotter sur les bâtiments publics ».

Mais peu importe ici la question légale, il y a surtout le fait que politiquement, un tel acte est forcément diviseur. Les « nationaux », ou nationalistes, ne peuvent en effet qu’honnir une telle soumission à l’Union européenne. Surtout sur un lieu lié à la guerre, donc marquant pour le patriotisme, et donc le nationalisme.

Inversement, Emmanuel Macron et les gens qu’il représente n’ignorent pas non plus la portée de ce pavoisement « européen » de l’Arc de triomphe. Ce n’est pas un simple clin d’oeil anecdotique, comme l’a pu être pour la même occasion l’illumination de la Tour Eiffel aux couleurs de l’Union européenne. En faisant ce choix, il y a la volonté d’une affirmation européenne sur la question militaire, affirmation qui est précisément un mantra d’Emmanuel Macron.

Ce denier n’a toutefois jamais réussi en presque 5 ans de présidence à faire vivre son idée d’Armée « européenne », ou en tous cas de force militaire européenne. Ce qu’il y a cependant, c’est qu’actuellement l’Union européenne ne signifie plus grand chose en tant que telle, et certainement pas sur la question militaire. En fait, on peut même dire que, sur le plan militaire, l’Union européenne est quasi synonyme de l’OTAN, et donc de l’alignement sur la superpuissance américaine.

Ainsi, en pavoisant l’Arc de triomphe, lieu des cérémonies militaires, du drapeau de l’Union européenne sans celui de la France, il y a cette affirmation claire et nette de l’alignement militaire sur la superpuissance américaine.

Tout cela n’a rien d’anecdotique, et consiste en la principale et plus déterminante ligne de fracture au sein de la bourgeoisie française. Il y a ceux sur une ligne néo-gaulliste ou proto-gaulliste, voire post-gaulliste, en tous cas nationaliste, qui imaginent une France forte et assumant son indépendance sur le plan militaire pour peser à sa manière (une manière forcément agressive) dans la grande bataille pour le repartage du monde.

Et il y a ceux pour qui le choix est déjà fait de l’alignement total derrière des États-Unis, avec comme perspective immédiate la concurrence avec la Chine et tout le bloc pouvant se former autour de la Chine. Ce second choix, atlantiste, n’en est pas moins agressif pour autant, et d’ailleurs l’OTAN sera au premier plan en ce qui concerne l’agressivité militaire en 2022, encore plus qu’en 2021.

A la Gauche d’être lucide sur la question donc, pour porter la parole du peuple et incarner ses intérêts. Il ne faut pas être dupe des intentions « européennes », et donc atlantistes, d’un Emmanuel Macron, qui sous couvert de modernité sont en fait une soumission à la superpuissance américaine.

Mais il ne faut surtout pas tomber dans le piège du nationalisme, qui consiste à faire du drapeau français une question principale et une valeur populaire, alors qu’il s’agit en fait du drapeau d’une grande puissance capitaliste. Le seul drapeau populaire est le drapeau rouge, internationaliste, et il est urgent à notre époque de le redécouvrir, pour le hisser maintenant contre la guerre et la tendance à la guerre, contre tous les faiseurs de guerre, au nom du Socialisme et de l’unité des peuples.

Catégories
Guerre

2022 : non à l’OTAN, non à la guerre

Il faut combattre le capitalisme menant à la guerre.

L’année 2022 s’annonce déjà comme extrêmement difficile pour l’humanité comme d’ailleurs pour tous les êtres vivants de la planète. Le capitalisme continue en effet son expansion, faisant la conquête des mentalités, des sentiments, prenant le contrôle de la vie quotidienne, et défigurant ou détruisant la planète afin de trouver des ressources pour provoquer une avalanche de marchandises à consommer.

Comme si cela ne suffisait pas, la pandémie a provoqué de tels troubles que la fuite en avant dans la guerre est visible partout, avec notamment deux points chauds formant la base d’une catastrophe à venir. Le premier, secondaire mais essentiel pour nous puisque en Europe, c’est l’Ukraine qui est déchirée par la bataille pour l’hégémonie de la superpuissance américaine et de la Russie. Comme la France est notre pays, c’est la participation française qu’il faut dénoncer avant tout, la France étant un pilier de l’OTAN et de l’Union européenne, deux entités se chevauchant désormais et visant la conquête définitive de l’Est européen.

Le second, principal, c’est la zone indo-pacifique, avec Taiwan comme objet de la confrontation entre la superpuissance américaine et son challenger chinois. L’affrontement entre ces deux puissances est inéluctable et de fait, il a déjà lieu, dans tous les domaines. Le capitalisme est partout, ainsi la concurrence est partout à petite échelle, la compétition est partout à grande échelle.

La question ukrainienne montre déjà une chose : en France toutes les forces politiques ont décidé de croire que le capitalisme est stable, de considérer que la guerre était impossible sauf pour un très lointain ailleurs, d’admettre que tout ce qui peut se passer ne peut avoir lieu qu’au sein d’un capitalisme pacifique, stable, où l’on peut trouver individuellement sa place d’une manière ou d’une autre.

Cela est faux et 2022 va le prouver en accentuant la crise et surtout, inévitablement, en en faisant ressortir des aspects emportant tout sur son passage. D’ailleurs, le variant Omicron est déjà un phénomène nouveau, un aspect de plus d’une crise rendant les gens amers, maussades, tétanisés, épuisés sur le plan psychique. Les gens sont à bout, et ils se tournent d’autant plus vers une intimité qu’ils remplissent à coups de réseaux sociaux et de séries, se gorgeant d’une ivresse consumériste anéantissant leurs facultés.

Une rupture est inévitable, car rien de cela ne peut humainement tenir. 2022 va donc marquer une double expression : celle des gens qui craquent, celle des gens qui décident de rompre. Et qu’on ne pense pas ici à quelque chose qui ressemble aux gilets jaunes, car ceux-là n’ont jamais été que des nostalgiques du capitalisme passé, pavant la voie à Eric Zemmour et son idéalisation du passé.

Non, on ne sait pas encore quelle forme prendra ce craquage et cette rupture, qui s’entrecroiseront tout en restant bien distinct. Comme il n’y a rien d’organisé, que le niveau de conscience est à zéro, l’Histoire va elle-même provoquer le saut nécessaire et c’est cela qu’il s’agira de saisir, d’orienter, de diriger.

Rien de cela ne sera possible sans avoir comme base la dénonciation de la guerre, le combat contre l’OTAN, car si on accepte le bras armé du capitalisme le plus avancé, alors on accepte le capitalisme d’une manière ou d’une autre. C’est d’autant plus vrai que la tendance à la guerre est de plus en plus prononcée, la bataille pour le repartage du monde étant à l’ordre du jour.

2022 doit être une année d’engagement, de prise de décision, de choix subjectif de ne plus tolérer l’intolérable, de ne plus accepter ce qui n’est pas acceptable, de rompre avec les tendances libérales dans les mentalités, la politique, l’économie, la culture.

Il en va de l’établissement d’une nouvelle civilisation. C’est Socialisme ou barbarie !

Catégories
Guerre

2022 : la France prend la tête de la force de réaction rapide de l’OTAN

La France est alignée sur la superpuissance américaine.

La France n’est pas une simple alliée des États-Unis. Elle est pleinement actrice du dispositif militaire américain, au moyen de l’OTAN. Cela signifie des engagements très concrets et, pour l’année 2022 l’armée française s’apprête à remplir un rôle majeur au sein de cette alliance militaire. À partir du samedi 1er janvier, elle prend en effet pour un an la tête d’une force majeure de l’OTAN, nommée « Force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation (VJTF) ».

Celle-ci est présentée par le communiqué officiel comme étant la force (le dispositif militaire) ayant le plus haut niveau de disponibilité opérationnelle. Il s’agit d’une force « disponible en permanence et capable de se déployer en quelques jours afin de défendre tout pays de l’Alliance ».

Voici le détail quant à sa composition :

« En 2022, la VJTF se composera d’une force multinationale de plusieurs milliers de soldats. S’appuyant sur le 1er régiment d’infanterie et le 3e régiment de hussards, la Brigade franco-allemande, forte de 3 500 soldats, constituera le noyau de cette force. Dirigée par le Corps de réaction rapide – France, basé à Lille, la Brigade franco-allemande est une unité binationale, qui témoigne du lien solide unissant les deux membres de l’Alliance que sont l’Allemagne et la France.

D’autres pays de l’OTAN, dont l’Espagne, le Portugal et la Pologne, fourniront également des forces. La majorité des unités de la VJTF proviennent de la brigade principale. »

On a donc, en toute opacité, sans aucune information démocratique à ce sujet, des milliers de soldats français (et un commandement militaire français) « placés en état de haute disponibilité opérationnelle » et prêts à être déployés en un rien de temps. Autrement dit, en cas de conflit militaire majeur concernant l’OTAN, la France sera immédiatement en première ligne.

Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a d’ailleurs bien insisté sur cet aspect, montrant l’engagement total de la France dans l’alliance militaire américaine :

« La Force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation contribue de manière substantielle à notre défense collective, et le leadership qu’assure la France est une démonstration forte de son engagement et de ses capacités.

Dans une période où les défis de sécurité sont sans précédent, il ne saurait y avoir aucun malentendu sur la détermination de l’OTAN : nous sommes unis pour défendre et protéger l’ensemble des Alliés ».

Cela est très clair, particulièrement dans le contexte actuel avec l’Ukraine prise en tenaille entre la Russie et les États-Unis, formant une véritable poudrière menaçant d’exploser à tout moment. L’existence même de cette force d’intervention rapide est de toutes manières directement liées à la question ukrainienne, puisqu’elle a vu le jour en 2014 lors du sommet de l’OTAN dit Newport où la question du Dombass était une question principale à l’ordre du jour.

Le communiqué officiel de l’OTAN pour annoncer la direction de la France évoque également directement la question ukrainienne, qui est pour ainsi dire la préoccupation majeure du moment pour les États-Unis, et donc pour l’OTAN. Il est donc expliqué dans le communiqué que cette force a été créée « en réponse aux crises survenues au Moyen-Orient et à l’agression perpétrée par la Russie contre l’Ukraine. »

Voilà qui est très clair. En prenant la tête de cette force pendant un an, la France se retrouve donc pieds et poings liés à la superpuissance américaine, précipitée de manière entière dans la grande bataille pour le repartage du monde. Et potentiellement sur la question ukrainienne, alors que la France vient d’ailleurs de réaliser un court exercice avec la marine ukrainienne, mais sans le dire officiellement de son côté (l’armée ukrainienne elle l’a fait).

Tout en multipliant les allusions bellicistes et pro-américaines.

La France est au premier rang dans le militarisme mondial et est aligné sur la superpuissance américaine pour la bataille pour le repartage du monde. C’est la tendance à la guerre qu’amène inévitablement le capitalisme.

Catégories
Guerre

Joe Biden et Vladimir Poutine, assassins de l’Ukraine

La superpuissance américaine et la Russie décident du sort d’une nation.

Parmi les innombrables initiatives que prennent en ce moment la superpuissance américaine et la Russie, il y en a une qui est plus importante que toutes les autres. Est même secondaire la loi que met en ce moment en place la Russie et qui prévoit… de reconnaître la nationalité russe au territoire rejoignant nouvellement la Russie!

Car Vladimir Poutine a demandé, le 29 décembre 2021, à avoir Joe Biden au téléphone le 30 décembre. C’est d’une importance capitale, car cela reflète la centralisation politico-militaire propre à toute expression de la crise dans le capitalisme. La guerre n’est pas un choix démocratique, c’est toujours une tendance de conquête, d’expansion, d’hégémonie, de destruction. Et le choix relève de toute une coagulation au sein de l’appareil d’Etat, à travers sa tête particulièrement réduite.

C’est cela qui donne l’impression que le dictateur choisit de manière individuelle (ou personnelle), alors que par exemple Adolf Hitler était le serviteur zélé de toute la haute bourgeoisie allemande. Les dirigeants bellicistes sont toujours le fruit d’un choix raffiné fait par les puissants – il suffit de regarder comment en ce moment Eric Zemmour se contorsionne dans tous les sens afin de justement être conforme à ce qui est attendu.

En ce qui concerne l’appel demandé ou exigé par Vladimir Poutine, c’est naturellement catastrophique. Les médias russes bombardent d’une propagande anti-occidentale forcenée ces derniers jours, et avant d’autant plus de facilité que, effectivement, les forces occidentales comptent bien terminer leur conquête de l’Est.

Normalement, il y a une discussion américano-russe prévue le 10 janvier 2022, mais comme on le voit la Russie ne compte pas attendre, elle exige des garanties concrètes, et elle le fait d’autant plus facilement qu’elle compte bien prendre le contrôle d’une partie de l’Ukraine.

Qu’est-ce que cela veut dire? Que le piège se referme sur l’Ukraine. Qu’il y ait la guerre ou que la superpuissance américaine fasse un « deal » avec la Russie, cela sera forcément sur le dos de l’Ukraine. Il y a d’ailleurs un grand ménage en ce moment en Ukraine où des lois et condamnations tombent sur les acteurs politiques et les médias non inféodés au pouvoir actuel directement soumis aux Américains.

La question qui se pose désormais est de savoir si la Russie peut au moins utiliser une partie de l’Ukraine contre elle-même, au nom de l’amitié russo-ukrainienne ou panslave, pour en arracher une partie. Il y a ainsi trois possibilités : une Ukraine colonie américaine, une Ukraine colonie russe, une Ukraine coupée en deux avec les deux parties elles-mêmes des colonies.

Le coup de fil Joe Biden – Vladimir Poutine, quel que soit son résultat, est résolument anti-démocratique et anti-populaire ; il est exemplaire de notre époque qui se caractérise par la bataille pour le repartage du monde, dans le cadre de la crise ouverte par la pandémie. Le capitalisme a besoin d’espaces pour se développer malgré tout, les régimes ont été mis à mal, tout part en dépression (autant les gens que les administrations, la santé, l’éducation, la culture…).

On est exactement comme dans les années 1930, avec des figures « puissantes » décidant du sort du monde, et ici l’Ukraine dont l’existence même en tant que nation est menacée.

On peut dire, bien entendu, que le régime actuel de l’Ukraine a conduit le pays à la faillite en raison de son orientation pro-occidentale, ultra-nationaliste, fanatiquement anti-Gauche. On peut et on doit le dire. Mais la nation ukrainienne est avant tout la victime de la bataille d’influence existant depuis 1991 entre la Russie et la superpuissance américaine, cette dernière prenant le dessus en 2014.

C’est cette situation de faiblesse qui conduit cet endroit du monde a être aussi rapidement un lieu conflictuel. Le Nagorny Karabakh est un autre exemple d’une faiblesse historique amenant un incendie militaire. Cependant cela explique seulement le fait que ces zones soient les premières à basculer : par la suite aucune zone n’échappera à l’exigence des grandes puissances de refaçonner le monde, de remodeler les pays, à l’échelle de continents, selon les besoins « impériaux », avec l’objectif d’un empire capitaliste.

Joe Biden et Vladimir Poutine sont les assassins de l’Ukraine. L’Ukraine est victime de la bataille pour l’hégémonie. Il faut lever le drapeau de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, dans un cadre démocratique et populaire, contre l’influence des puissances, pour l’indépendance. Vive l’Ukraine!

Catégories
Guerre

L’Ukraine dans l’OTAN : « maintenant une question de vie ou de mort » pour la Russie

Que ce soit la Russie et de la superpuissance américaine, l’un des deux devra reculer.

Le 25 décembre 2021, la Russie a informé que 10 000 soldats avaient fini leurs exercices et allaient rentrer dans leur base. Ces soldats avaient été actifs un peu partout en Russie (Volgograd, Rostov, Stavropol, Astrakhan, la Crimée et l’Ossétie du Sud occupées…) et leur matériel restait sur place, mais cette information d’un départ de soldats a suffi aux médias occidentaux pour expliquer le jour même que l’armée russe commençait son désengagement des frontières ukrainiennes!

C’est absolument n’importe quoi, mais cela montre aussi à quel point on est dépendant des informations fournies par les régimes en place et les médias, en l’absence de structures d’informations réellement démocratiques et internationales. C’est ainsi que des opinions publiques sont façonnées, au moyen d’informations partielles, tronquées, sélectionnées. Cela peut avoir comme source une campagne d’intoxication psychologique comme tout simplement le caractère libéral – opportuniste des journalistes, dont le niveau est toujours plus bas.

Et à l’arrière-plan, les puissances font quant à elles des choix en fonction d’informations de leurs services (secrets, militaires, diplomatiques…), sans que l’opinion publique ne s’en émeuve, ni d’ailleurs n’en sache rien, ni même ne s’intéresse à ce genre de choses. La cassure est complète entre l’État et la société, ce qui témoigne de l’ampleur de la crise en ce domaine.

Partant de là, les peuples sont embarqués dans les coups de pression et les guerres sans même le savoir. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a ainsi informé que l’Union Européenne, « de concert avec les Etats-Unis et l’OTAN », avait déjà prévu les mesures devant frapper la Russie en cas d’incursion armée de la part de celle-ci en Ukraine. Personne en France ne sait rien de cela, à part le président et son équipe, le gouvernement et son équipe pour les relations internationales.

C’est pourtant d’une signification immense, puisque cela implique que la France fasse partie du bloc occidental voulant faire tomber la Russie. Si cela tourne mal, alors les Français sont de la partie. Et cela tourne déjà mal, vue l’ampleur de ce qui est en jeu, la dimension des moyens employés, le niveau des objectifs puisqu’il s’agit de la bataille pour la prise de contrôle de l’Ukraine.

On est donc là dans un conflit très clair entre grandes puissances, avec une passivité complète des masses et de la Gauche. On est revenu à la société française d’avant 1914, avec son style endimanché de petit-bourgeois acceptant le régime tout en râlant à la française.

Quiconque regarde pourtant la situation voit le côté insoluble alors que la crise est partout depuis la pandémie. Au-delà de considérations sur la crise, qui est le véritable moteur du jeu de massacres actuel, les fait sont là. La Russie ne veut pas de l’Ukraine dans l’OTAN et, de son côté, l’Ukraine a l’intégration future dans l’OTAN qui est inscrite dans sa constitution.

Les positions sont claires et à couteaux tirés. Lors de son passage à la chaine de télévision russe Rossia-1 le 26 décembre 2021, le porte-parole du président russe Vladimir Poutine, Dmitry Peskov, a dit que c’était pour la Russie « maintenant une question de vie ou de mort ».

Présent à la même émission – il prend la parole en fait absolument tous les jours en ce moment – le président russe Vladimir Poutine a expliqué que si en janvier 2022 les Etats-Unis ne fournissaient pas de garanties tangibles pour la sécurité de la Russie, la réponse serait militaire, ce qui donne de manière semi-cryptique :

« Elle [la réponse de la Russie] pourrait être toute différente. Cela dépend des propositions qui me seront présentées par nos experts militaires. »

Cela a le mérite de la clarté : ce sont les militaires qui fourniront les réponses, et même les experts, ce qui implique une dimension stratégique.

Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’OTAN, a quant à lui proposé le 12 janvier pour une discussion entre l’OTAN et la Russie. Mais il faut rappeler ici que la Russie ne veut discuter qu’avec les Etats-Unis et qu’elle attend des garanties très claires de ceux-ci. Dans tous les cas, un des protagonistes devra reculer. Et si l’un voit que l’autre ne le fera pas, il interviendra militairement au moment lui paraissant le plus opportun.

L’Histoire échappe donc entièrement aux masses en ce moment ; il n’y aucune démocratie et le peuple est absent, les puissances font ce qu’elles veulent dans le cadre de la bataille pour le repartage du monde. Le seuls « critiques » existantes sont « sociétales », insérées dans la société capitaliste, totalement convergentes avec le capitalisme en voie de modernisation (dans la variante turbo-capitaliste à la LGBT) ou bien le capitalisme traditionnel (dans la variante nationaliste – conservatrice ultra).

C’est une catastrophe complète et le sol va se dérober sous les pieds de tout cela. L’avenir va à la fois tout bouleverser et être bouleversé !

Catégories
Guerre

Eric Zemmour en visite de Noël sur une base militaire

Nationalisme et militarisme vont de pair.

La veille du réveillon de Noël, Eric Zemmour s’est rendu sur une base militaire, en Côte d’Ivoire. Surtout, il l’a fait savoir. Contrairement à l’usage, qui est que les candidats à la présidentielle (et les personnalités politiques en général) peuvent visiter les armées, mais doivent le faire en toute discrétion, Eric Zemour lui a publié des photos et a saisi cette occasion pour diffuser un message destiné aux militaires.

Le message, d’un lyrisme guerrier ridicule pour quelqu’un de gauche, mais faisant mouche pour les gens de droite à qui il est adressé, est évidemment une ode à l’armée française et un appel à la renforcer. Son positionnement est ainsi clairement celui des fractions les plus agressives de la bourgeoisie française, appelant à un renforcement de l’impérialisme français sur le mode du cavalier seul, avec justement son armée comme moyen de peser internationalement.

Eric Zemmour et son directeur de campagne le général Bertrand de la Chesnais

Ses propos phares vont dans le sens du bellicisme, pour lancer la France encore plus en avant dans la bataille pour le repartage du monde :

« J’accorderai une attention particulière aux moyens qui seront alloués à notre défense et à nos armées, ainsi qu’à leur déploiement, afin de porter avec force notre indépendance qui redeviendra notre fierté. »

« La France « fut faite à coup d’épée », disait le général De Gaulle [sic, car Eric Zemmour fait une faute, il ne sait apparemment pas que c’est « de Gaulle » et pas « De Gaulle » ]. La France prendra soin de son épée ! »

Eric Zemmour a donc choisi une base militaire à l’étranger, d’abord pour se donner une posture de chef d’État allant sur un « théâtre d’opération », mais aussi pour bien marquer sa politique d’appui à la France en verve impérialiste, avec la diffusion de son armée dans le monde parallèlement à la superpuissance américaine.

Remarquons toutefois ici qu’en pratique, Eric Zemmour n’était pas du tout sur un théâtre d’opération, mais dans une base bien tranquille d’Abidjan, une grande métropole africaine très stable. Il ment ainsi éhontément en prétendant être « auprès des soldats engagés dans l’opération BARKHANE », alors que les forces françaises de Côte d’Ivoire du camp de Port-Bouët ne font pas partie de l’opération Barkhane, mais lui servent éventuellement d’appui logistique, voire de renfort en cas exceptionnel, mais au même titre que n’importe quelle autre base.

Ce n’est toutefois pas là l’essentiel. Ce qui compte, c’est qu’Eric Zemmour a été accueilli et pris en photos avec des militaires, et qu’il leur a rendu visite avec son directeur de campagne Bertrand de la Chesnais, qui est ancien général de l’Armée de Terre, lui-même considéré comme étant proche du nationaliste-conservateur Philippe de Villiers.

De son côté, l’Armée, comme institution, n’a pas condamné la petite opération d’Eric Zemmour de se montrer auprès de militaires et de communiquer là-dessus. Il n’y a que du côté du gouvernement, c’est-à-dire des civils, et en l’occurrence du porte-parole du ministère des Armées, qu’il y a eu une réaction. Ce dernier a bien sûr condamné le « coup » politique d’Eric Zemmour, rompant avec l’usage de la discrétion et de la « neutralité ».

C’est qu’Eric Zemmour assume tout à fait une ligne de Droite dure, agressive, qui n’hésitera pas à s’appuyer sur l’armée, à la déployer, dans le cadre d’un nationalisme français excité par le contexte de crise internationale.

Catégories
Guerre

La Russie lance une « salve » de Zircon le 24 décembre 2021

C’est une vraie partie d’échecs belliciste.

Les troupes russes selon le ministère ukrainien de la Défense, qui considère que la Russie fait encore monter la pression avant une possible offensive

Après avoir été dans les médias le 23 décembre 2021 pour sa conférence de presse, le président russe Vladimir Poutine y est revenu le 24 décembre, pour saluer un événement de portée militaire. Alors que Noël est fêté dans les pays occidentaux, un avertissement leur a été lancé avec le lancement en Russie d’une « salve » de missiles hypersoniques Zircon en Russie. Il s’agit d’un missile de croisière mer-mer ou mer-terre, allant à 10 000 kilomètre à l’heure et pouvant toucher une cible à moins de mille kilomètres. Il peut transporter une charge nucléaire et il est calibré pour avoir une dimension furtive et ne pas apparaître au radar. Il est en effet à vitesse hypersonique dans l’atmosphère, ce qui provoque une nuage de plasma devant lui empêchant les émissions radio.

Un lancement avait également eu lieu le 16 décembre dans la région d’Arkhangelsk, mais sans annonce présidentielle à ce sujet, et naturellement le choix du 24 décembre est significatif. Déjà, parce que l’alerte est maximale quant à une possibilité d’invasion russe de l’Ukraine, les services secrets britanniques parlant justement du 24 décembre comme date possible. Ensuite, parce que c’est la veille des 30 ans de la disparition de l’Union Soviétique, le 25 décembre 1991, avec la démission de Mikhaïl Gorbatchev, remplacé le jour même par Boris Eltsine, le drapeau soviétique cédant la place au drapeau tricolore de l’époque du tsar.

Mikhaïl Gorbatchev a d’ailleurs été interviewé à cette occasion et, alors qu’il est très clairement pro-occidental depuis cette époque, il a accusé les États-Unis de pratiquer désormais « l’arrogance, l’autosatisfaction », le « triomphalisme » ; selon lui, l’élargissement de l’OTAN vise à bâtir un « nouvel empire ». Or, c’est l’agence de presse russe RIA Novosti qui l’interviewait : cela donne le ton actuellement en Russie, où les médias bombardent, entre réalisme et mauvaise foi, au sujet de la menace occidentale.

D’ailleurs, un cocktail molotov a été lancé sur le consulat russe à Lviv, la grande ville de l’ouest de l’Ukraine et bastion de l’ultra-nationalisme ukrainien. Cela a été prétexte à un matraquage russe au sujet d’un « acte terroriste » qui prolonge la « russophobie » du régime ukrainien. La porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova a d’ailleurs parlé d’une « croisade contre sa population » du régime ukrainien, avec l’appui de l’OTAN qui a envoyé en Ukraine 10 000 experts militaires, dont 4 000 sont Américains. Elle a également souligné que le régime ukrainien envisageait clairement de régler par la force la question au Donbass.

Autre accusation contre l’Ukraine, un soldat russe a été arrêté par le FSB dans la région de Voronezh et accusé d’être un espion ukrainien. Et on a également une vidéo des « partisans » du groupe « Odessa ville libre » qui a été diffusée, avec la revendication de l’incendie de véhicules de l’armée ukrainienne. C’est là un élément essentiel, en raison de l’horreur qui s’est déroulée là-bas en 2014.

Le groupe « Odessa ville libre » existe depuis 2020 et avait déjà revendiqué l’incendie d’un véhicule d’un dirigeant du « corps national » formé par le bataillon Azov

Odessa est une ville sur la Mer Noire, elle a été fondée en 1794 par une décision de la fameuse impératrice Catherine II de Russie, qui est par ailleurs une Allemande avant son mariage avec Pierre III de Russie, qu’elle fit emprisonné et étranglé, lançant la dynastie des Romanov. Odessa devint rapidement une grande ville portuaire née de l’immigration, la plus grande ville même de l’empire tsariste derrière Moscou, Saint-Pétersbourg et Varsovie, et abritant par la suite la plus importante communauté juive d’URSS.

Odessa, dont les catacombes sont par ailleurs cinq fois de la taille de celles à Paris

Or, le 2 mai 2014, les tenants de l’euro-Maïdan pro-occidental et nationaliste ont pourchassé des partisans de la Russie, qui se sont réfugiés dans la maison des syndicats. Celle-ci a été incendiée, une quarantaine de personnes mourant brûlés vifs. C’est un très grand marqueur des pro-Russie et Vladimir Poutine n’a pas manqué de rappeler cet événement lors de sa conférence de presse du 23 décembre 2021. L’apparition ou plutôt la réapparition du groupe « Odessa ville libre » rentre ainsi exactement dans le faisceau de convergence que monte la Russie : l’Ukraine « russe » serait prête au soulèvement et à se détacher du reste.

Et comme reflet des contradictions entre les grandes puissances, quel navire était présent à Odessa le 24 décembre 2021 ? La frégate Auvergne de la Marine nationale, dans le cadre de la participation française aux activités de l’OTAN dans la région…

Catégories
Guerre

Vladimir Poutine et la nostalgie impériale russe

Les forces occidentales doivent reculer ou c’est la guerre.

Vladimir Poutine a tenu une conférence de presse le 23 décembre 2021, un exercice assez régulier, durant autour de trois heures. Il a bien évidemment abordé la question ukrainienne, dans le prolongement de la conférence élargie annuelle du ministère de la Défense du 21 décembre, marquée par une « notre informelle » stratégique.

Il a développé en fait la même thématique, ce qui est ici d’un intérêt très important. Pour faire la guerre, il faut en effet mobiliser l’opinion publique en ce sens et on a ici une opération qui s’est mise en place très rapidement.

En dix jours, la Russie a posé le problème ukrainien de manière frontale, mais indirecte. En effet, la Russie ne parle pas tant de l’Ukraine que des États-Unis, ne s’adressant qu’aux États-Unis, et présentant très clairement l’OTAN, l’Union Européenne et l’Ukraine comme des suiveurs de la superpuissance américaine.

Ce qu’a dit Vladimir Poutine consiste ainsi en la chose suivante. Nous nous sommes adressés aux États-Unis pour des garanties et nous ne parlons qu’à eux. Nous attendons des réponses concrètes rapides – début janvier – ou bien nous sommes obligés de nous en occuper directement. Il est hors de question qu’il y ait des bases militaires occidentales en Ukraine.

Cependant, il y a un processus de discussion lancée, nous avons fait tous les efforts diplomatiques en ce sens, les choses vont avancer. Ce qui permettra de dire ensuite : les États-Unis nous rejettent en bloc (ce qui est par ailleurs vrai), nous n’avons malheureusement pas le choix, nous devons intervenir en Ukraine.

Mais même là cela est masqué par un discours de légitimation « russe ». Autrement dit, une intervention armée en mode expansionniste est justifiée de manière indirecte. L’action est toujours chez Vladimir Poutine « justifiée » par la situation existentielle de la Russie – dans absolument tous les cas. La première question de la conférence de presse portait ainsi sur le coronavirus. Et là, Vladimir Poutine explique la chose suivante :

« 146 millions [d’habitants] pour un territoire aussi vaste, ce n’est certainement pas suffisant ; économiquement aussi, nous avons une pénurie de main-d’œuvre.

Pour autant que je sache, la population en âge de travailler est maintenant juste au-dessus de 81 millions. Nous devons augmenter drastiquement ce chiffre d’ici 2024, 2030.

C’est l’un des facteurs de croissance économique, sans parler – je tiens à le souligner une fois de plus – des composantes géopolitiques et humanitaires de cette question des plus importantes.

Par conséquent, préserver les personnes sur lesquelles [l’écrivain ultra-conservateur et anti-soviétique] Soljenitsyne a écrit devient l’une de nos tâches les plus importantes et l’un des moteurs de la croissance. »

On peut prendre ici les choses de manière « géopolitique », comme expression de l’obsession nationaliste russe pour parvenir au statut de puissance majeure. Mais on doit surtout voir que le régime russe, anti-démocratique et dirigé par des oligarques, étouffe la vie populaire et aboutit à un effondrement démographique.

La guerre est toujours le moyen de la crise et ici on a un aspect essentiel de la crise russe. L’intégration d’une (large) partie de l’Ukraine au moyen d’une annexion par une offensive militaire trouve ici un sens évident.

Plus directement au sujet de l’Ukraine, Vladimir Poutine pose d’ailleurs l’argument qui sera employé pour une attaque contre l’Ukraine : on aurait appelé la Russie à l’aide en 2014… Et, de toutes façons, l’Ukraine serait une invention bolchevique. Ce dernier point a été longuement explicité dans son article « Sur l’unité historique des Russes et des Ukrainiens » du 12 juillet 2021.

Voici ce qu’il dit pour parler de l’annexion de la Crimée en 2014 à la conférence de presse, avec une argumentation qui pourra être largement reprise contre l’Ukraine :

« Puis la Crimée est arrivée. Mais comment pourrions-nous refuser la demande de Sébastopol et de Crimée, les gens qui y vivaient, de les prendre sous notre protection, sous notre aile ? Ce n’était pas possible.

Nous étions simplement mis dans une situation où nous n’aurions pas pu agir différemment.

Ou bien étions-nous censés simplement regarder passivement ce qui se passait dans le sud-est, dans le Donbass, qui ne s’est jamais considéré comme faisant partie de la Russie, même lors de la formation de l’URSS en 1922-1924 ?

Mais Lénine et ses camarades y ont coincé le Donbass par la force. Au début, ils ont décidé d’en faire une partie de la Russie et ont ensuite déclaré que la décision devait être révisée. Ils l’ont révisé et ont créé un pays qui n’avait jamais existé auparavant. »

Et dans la foulée, Vladimir Poutine ajoute, de manière malheureusement juste : l’Ukraine ne reconnaît pas l’existence d’une minorité russe et rejette la langue russe. Cela lui permet une argumentation au sujet des Russes menacés là où ils vivent pourtant historiquement. On l’aura compris, Vladimir Poutine justifie par avance une intervention armée en disant qu’il existe une menace sur les Russes. D’où d’ailleurs les passeports distribués par centaines de milliers dans les « républiques populaires » séparatistes.

D’où l’accusation contre l’Ukraine de vouloir mener une intervention armée sur une base nationaliste, ce qui est malheureusement vrai aussi.

« On pourrait avoir l’impression qu’une troisième opération militaire [ukrainienne contre le Donbass séparatiste] est peut-être en préparation.

De plus, ils nous préviennent d’avance : « N’intervenez pas, ne protégez pas ces personnes. Si vous interférez pour protéger ces personnes, certaines sanctions suivront. » Il se pourrait bien qu’ils s’y préparent.

C’est la première option à laquelle nous devons répondre et agir, tout en gardant cela à l’esprit.

La deuxième option est, en général, de créer, comme je le disais dans mon article [« Sur l’unité historique des Russes et des Ukrainiens » du 12 juillet 2021], une sorte d’anti-Russie sur ce territoire en y stockant constamment les dernières armes et en faisant un lavage de cerveau à la population locale.

Imaginez simplement comment la Russie doit vivre et continuer, d’un point de vue historique. Doit-on vivre, en gardant constamment un œil sur ce qui se passe là-bas, et quels nouveaux systèmes d’armes ont été livrés ?

Sous le couvert de ces nouveaux systèmes d’armes, des radicaux pourraient bien décider de régler la question du Donbass, ainsi que la question de la Crimée, par des moyens militaires.

Pourquoi ont-ils soutenu la plate-forme de Crimée ? En marge, ils n’arrêtent pas de dire : « Très bien, oublions la Crimée. » Mais non! Ils veulent même aller jusque là-bas.

Après tout, nous devons être attentifs à notre propre sécurité, pas seulement pour aujourd’hui et pas seulement pour la semaine prochaine, mais à court terme. Comment la Russie vivra-t-elle avec tout cela ? Doit-on toujours rester sur ses gardes, surveiller ce qui s’y passe et quand une frappe peut arriver ?

C’est on ne peut plus clair et c’est malheureusement très intéressant de voir comment un vrai problème est posé de manière déformée dans une réponse nationaliste. Et lorsqu’on lui demande s’il y aura une guerre avec l’Ukraine, Vladimir Poutine ne répond pas directement, disant simplement que le régime refuse tout compromis, que ce qui compte c’est la discussion sur la sécurité de la Russie menée avec les États-Unis.

C’est une véritable opération, à grande échelle, d’orientation belliciste forcée dans l’opinion publique au travers de véritables questions (la conquête de l’Est par les occidentaux, l’OTAN comme menace militaire) et d’obsessions nationalistes (avec la particularité propre à chaque pays, donc ici la Russie comme « mère Russie »).

On a là une leçon très importante. Trop souvent, en regardant 1914, on pense que les événements se sont précipités et que la guerre a été provoquée d’un coup. En réalité, il y a eu toute une mise en place belliciste et nationaliste, qui n’a eu de cesse d’être à l’époque dénoncée par la seconde Internationale, notamment avec le congrès de Bâle de 1912. Il est vrai qu’à force de parler de la guerre à venir, la seconde Internationale a fini par croire qu’elle n’arriverait plus vraiment. Néanmoins, il faut ici bien retenir que ce qui compte, c’est qu’il y a toujours une nécessité particulière de façonner l’opinion publique vers la guerre.

Là, l’Ukraine a un régime ultra-nationaliste, fanatiquement anti-Gauche et anti-russe, avec à sa tête des pro-américains soutenus directement par des nazis. Et désormais la Russie a réorganisé son idéologie très rapidement, de manière ultra-offensive, pour légitimer son « sauvetage » de ceux qui relèvent de la « mère Russie ». Avec l’arrière-plan militaire en place – les troupes continuent d’affluer de part et d’autre aux frontières – on a la base pour une guerre « moderne ».

Catégories
Guerre

L’Ukraine teste des « javelins » dans le Donbass

Cela alors que la Russie continue son discours agressif.

Ce fut la course fanatique au nationalisme et au bellicisme le 22 décembre 2021. Ruslan Stefanchuk, à la tête du parlement ukrainien, a affirmé qu’il appellerait bientôt les parlements du monde entiers à reconnaître le « holodomor », ce fantasme délirant comme quoi la Russie a cherché à exterminer la population ukrainienne tout au long du 20e siècle et notamment dans les années 1930. Des membres du conseil régional de Lviv ont également demandé au président ukrainien de faire en sorte que la Russie soit désormais… appelée la « Muscovie », le terme de « Rus » étant seulement ukrainien.

Ces lubies ultra-nationalistes sont telles que l’Ukraine a mené des exercices de missiles anti-chars Javelin en plein Donbass. Non seulement ces missiles sont une épine dans l’oeil de la Russie qui y voit des armes offensives pour une intervention contre les « républiques » séparatistes, mais en plus leur emploi n’est jusement pas autorisé à la frontière de séparation avec ces pseudos « républiques populaires » de Donetzk et de Lougansk.

Seulement l’Ukraine compte désormais clairement les employer et c’est également une affirmation militariste contre la Russie et une éventuelle invasion : c’est une réponse au discours de Vladimir Poutine la veille. Il ne faut cependant ici pas être dupe et se rappeler que c’est la superpuissance américaine qui donne le ton en fournissant ces armes, manœuvrant l’Ukraine vers la guerre. L’armée américaine a fournir une aide de 350 millions de dollars en 2017, autant en 2018, 250 millions de dollars en 2018, 300 millions en 2020.

L’Ukraine est prisonnière de ses mensonges ultra-nationalistes et de sa satellisation américaine. Ces derniers jours ont été marqués d’ailleurs par un grand scandale : l’ancien président ukrainien Petro Porochenko, qui a dirigé le pays de 2014 à 2019 avec une ligne ultra-nationaliste, totalement opposée à tout ce qui est de gauche ainsi que russe, a été accusé… de haute trahison, de collusion avec les « républiques séparatistes »! Il est vite parti à l’étranger. L’affaire est ridicule mais reflète un affrontement de fraction : le président Volodymyr Zelensky est l’homme des Américains et « dégomme » ses opposants avec l’appui de la superpuissance américaine pour la prise entière du contrôle du pays.

L’Ukraine est devenue un jouet pour la guerre américaine. Dans cette ambiance explosive, l’OTAN a également raccourci à 5 jours le temps de mise en place pour l’action de sa force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation.

La Russie n’est naturellement pas en reste. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a descendu en flammes le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg :

« Lorsque M. Stoltenberg affirme haut et fort que personne n’est en mesure de violer le principe du traité de Washington, qui laisse la porte ouverte à tout aspirant potentiel désireux de rejoindre l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord, il doit se rappeler que nous ne sommes pas un membre de cette organisation, que nous ne sommes pas signataires de ce traité, mais que nous sommes signataires d’un document régional euro-atlantique plus large, qui contient le principe de l’indivisibilité de la sécurité.

Si M. Stoltenberg pense que l’OTAN est libre de rejeter ce principe, qui est inscrit dans les documents adoptés au sommet, alors peut-être le moment est-il venu pour lui de chercher un nouvel emploi, car il n’est certainement pas bon pour son travail actuel. »

De son côté, le chef adjoint du département de la police populaire de la « République populaire de Donetzk », Edouard Basurin, a affirmé que l’armement chimique amené par des contractants américains dans le Donbass, et dont a parlé le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou, consistait en de la toxine botulique et un antidote. Une attaque chimique serait à craindre.

Dmitry Polyansky, le représentant permanente de la Russie aux Nations-Unies, a quant à lui affirmé que :

« La Russie et la Biélorussie sont en fait encerclées par une sorte d’anneau d’instabilité venant de l’ouest et du sud.

Cette situation menace directement notre stabilité et notre sécurité et devrait donc être prise très au sérieux par les États membres du Conseil de sécurité lors de la mise en œuvre de son mandat conformément à la Charte des Nations Unies. »

Dmitry Polyansky a également dénoncé la violation des droits de l’Homme et des minorités en Ukraine, en Lituanie, en Lettonie et en Estonie. Il fait référence aux minorités russes (au sens le plus large possible), avec un discours de légitimiation d’une intervention militaire.

Le général de l’armée Oleg Salyukov, commandant en chef des forces terrestres, a également dirigé à Moscou une réunion élargie du Conseil militaire du commandement principal de l’armée.

On est là dans une démarche de guerre – elle a en pratique déjà commencé, chacun attendant le moment idéal pour la lancer. Officiellement, il y a pourtant un cessez-le-feu général des forces armées ukrainiennes et de celles des « républiques » séparatistes, en raison des fêtes, le Noël orthodoxe étant le 7 janvier 2021. Mais dans une telle situation, cela ne fait que renforcer le prétexte à une dénonciation de tel ou tel acte de « l’ennemi » afin de justifier une intervention.

Et tout cela renforce la gravité, car on est dans une guerre prolongée entre superpuissances, une guerre qui s’installe en plus de s’annoncer ouverte. Chaque jour qui passe il y a davantage de modernité et d’implication dans cette course à la guerre. Et la passivité mondiale à ce sujet est totale. L’humanité est totalement débordée, elle ne maîtrise plus grand chose dans un contexte de crise à tous les niveaux.

Catégories
Guerre

Signature du plan stratégique d’interopérabilité pour vingt ans des marines de guerre française et américaine

C’est une alliance stratégique pour la guerre.

C’est une information passée tout simplement entièrement inaperçue et qui montre à quel point il y a une convergence générale de la société française avec la tendance à la guerre. La Marine nationale signe un accord stratégique avec la Marine de guerre américaine, valable pour vingt années, et tout le monde s’en moque ! C’est littéralement hallucinant, mais cela reflète le niveau complet de corruption par le capitalisme dans notre pays.

En quoi consiste l’accord franco-américain, annoncé le 20 décembre 2021, alors qu’il a été signé le 17 ? Voici la présentation officielle.

Le 17 décembre 2021, le vice-amiral Christophe Lucas, autorité de coordination des relations internationales de la Marine, et le Vice Admiral Merz, son homologue américain, ont signé le Plan stratégique d’interopérabilité –  ou Strategic Interoperability Framework (SIF) – au nom des Chefs d’état-major de la Marine et de l’US Navy.

Ce plan, fruit d’un travail initié il y a deux ans, fixe des objectifs précis destinés à améliorer continuellement, pendant les 20 prochaines années, l’interopérabilité entre les deux marines et comporte notamment un effort ciblé sur le haut du spectre opérationnel : maîtrise des espaces océaniques et projection de puissance. Il facilite les contacts entre les états-majors et prévoit l’établissement du cadre autorisant l’échange d’informations et de données classifiées.

Ce corpus marque donc une avancée très significative et l’aboutissement d’une volonté commune de renforcer la coopération entre les deux marines, en dépit des mers agitées que les deux pays ont récemment traversées.

Par « haut du spectre opérationnel : maîtrise des espaces océaniques et projection de puissance », il faut bien entendu entendre actions militaires d’envergures. Et on notera donc que des « données classifiées » seront échangées, c’est-à-dire que c’est une alliance des marines de guerre française et américaine pour vingt ans !

Et cela, donc, sans débat, sans informations à ce sujet ; c’est une décision militaire du plus haut niveau, décidé au plus haut niveau, non pas masqué mais passé sous silence, alors que de par l’importance cela pourrait aussi bien prendre la Une de tous les journaux !

Le vice-amiral Christophe Lucas, autorité de coordination des relations internationales de la Marine, et le Vice Admiral Merz, son homologue américain

La marine de guerre de la superpuissance américaine résume le plan stratégique d’interopérabilité à une démarche « plug-and-fight ». De par la situation, cela signifie un alignement complet de la marine de guerre française sur la superpuissance américaine qui part en guerre contre son challenger chinois, et qui compte « régler » son compte à la Russie auparavant.

Cette signature se fait donc malgré le gigantesque scandale de l’affaire des sous-marins australiens marqué par le rappel des ambassadeurs français d’Australie et des États-Unis, et alors que la France vient de participer à participe à l’exercice militaire aéromaritime haute intensité Polaris 21. Cela montre une certaine satellisation de la France, qui accepte de manière naturelle d’être emportée dans l’élan belliciste américain, tout simplement parce qu’il correspond à son propre élan militariste.

Le capitalisme cherche la guerre comme porte de sortie. Et l’alliance des marines de guerre française et américaine est tout à fait clair à ce niveau. Les Français n’en savent rien et même ils s’en moquent, mais ils sont déjà embarqués dans une initiative typiquement impérialiste, comme à la veille de 1914.

La France ne sera pas un îlot coupé du monde et protégé par on ne sait quel miracle ; elle sera en première ligne et elle l’est même déjà !