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Parti socialiste : 72% pour « De la renaissance à l’alternance : pour un printemps de la gauche et de l’écologie »

C’est un succès complet pour le premier secrétaire Olivier Faure.

Le Parti socialiste tient son 79e congrès les 18 et 19 septembre 2021 à Villeurbanne dans l’agglomération lyonnaise ; il devait se tenir les 12 et 13 décembre 2020, mais la pandémie l’a repoussé.

Voici le texte d’orientation présenté par le premier secrétaire socialiste, Olivier Faure, qui a largement obtenu la majorité sur son projet, avec 72,02% des voix des 22 000 membres (ils étaient environ 150 000 il y a quelques années seulement).

Olivier Faure prône une coalition sociale-écologiste, de manière assez prononcée pour le dépassement du Parti socialiste comme structure. Il a également déjà été réélu premier secrétaire avec 73% des voix le 16 septembre, le 79e congrès servant simplement de caisse d’enregistrement.

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Parti socialiste : 28% pour « Debout les Socialistes ! Pour le renouveau »

C’est une défaite pour la minorité socialiste.

Le Parti socialiste tient son 79e congrès les 18 et 19 septembre 2021 à Villeurbanne.

Voici le texte de la minorité socialiste, porté par Hélène Geoffroy, l’ancienne secrétaire d’État à la Ville, maire de Vaulx-en-Velin dans la banlieue de Lyon. Il a recueilli 27,98 % des voix ; Il prône le maintien du Parti socialiste comme organisation basée sur les Fédérations (relativement autonomes).

Hélène Geoffroy a obtenu 27% des voix le 16 septembre 2021 lors du vote pour le premier secrétaire, où le sortant, Olivier Faure, l’a emporté.

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Gauche : huit candidats à la présidentielle et une absence de militants

Il y a des candidats, il y a des gens qui agissent, mais pas de militants.

Au 14 septembre 2022, voici la liste des candidats à la présidentielle 2022 de gauche ou issue de la Gauche :

* Fabien Roussel en tant que candidat du PCF ;

* Anne Hidalgo (la candidature doit encore être validée par le Parti socialiste, mais c’est une formalité) ;

* Arnaud Montebourg (ex-socialiste, en tant que candidat indépendant) ;

* Philippe Poutou en tant que candidat du Nouveau parti anticapitaliste ;

* Nathalie Arthaud en tant que candidate de Lutte ouvrière ;

* Anasse Kazib pour Révolution permanente (mais l’obtention des 500 signatures pour se présenter n’est pas garantie).

On peut ou il faut ajouter à cela, même si le rapport à la Gauche est en fait conflictuel :

* Jean-Luc Mélenchon en tant que candidat pour La France insoumise ;

* Yannick Jadot ou un autre candidat pour Europe Écologie-Les Verts.

Ce nombre important de candidats rend naturellement les perspectives électorales très mauvaises. C’est trop de candidats pour une base de gauche assez faible, et cette dispersion empêche une clarté nécessaire pour élargir cette base. Mais le vrai problème n’est pas là.

En effet, ce qui est la véritable question de fond, c’est l’absence de militants. On doit le dire tel quel : il n’y a en France pratiquement plus de militants. Il y a des gens agissant, de diverses manières, mais la démarche est libérale, l’état d’esprit farouchement indépendantiste. Quand les gens soutiennent tel ou tel mouvement, ils le font à la carte, le plus souvent d’ailleurs on leur propose des choses à la carte.

Il n’y a plus de militants, au sens de gens encartés et encadrés, agissant selon des dispositifs stratégiques et tactiques préétablis par une direction. La disparition des militants s’est déroulée après 1989 et concerne toutes les années 1990, l’irruption des réseaux sociaux empirant la situation en accentuant l’esprit de consommation. Concrètement, c’est d’ailleurs Twitter qui fait office de faiseur d’opinions pour les gens qui agissent ou s’imaginent agir.

Les deux phénomènes qui ont largement poussé en ce sens dans les années 1990 ont été l’activisme syndicaliste proposé par la CNT (qui a depuis connu une scission en deux branches particulièrement affaiblie) et l’orientation associative de la Ligue communiste révolutionnaire (devenue depuis le NPA). C’est une expression de l’idéologie du « mouvement social », avec le triptyque manifestation – activité associative – syndicalisme.

Jean-Luc Mélenchon, avec La France insoumise, a pris acte de cela et propose désormais un « populisme » qui dépasse la notion de « gauche ». C’est cohérent, mais c’est bien entendu une trahison. Le Parti socialiste propose de son côté un regroupement d’élus socialistes se fondant dans une Fédération sociale-écologiste, qui prendra sans doute naissance en 2021. C’est là encore une trahison.

L’extrême-gauche a cédé et a rejoint l’ultra-gauche : c’est là encore une trahison, qui a eu comme conséquence le soutien aux gilets jaunes et aux manifestations anti-pass sanitaire (et d’ailleurs anti-vax). C’est une capitulation.

On est donc à la croisée des chemins. Soit il y a une reprise d’une Gauche militante, c’est-à-dire consciente, programmatique, idéologique d’ailleurs, car qui dit militants dit cadres pour orienter, organiser, décider. Soit on a encore un cycle de populisme et de spontanéisme, d’anarchisme et de nihilisme, avec des actions monopolisées par la vanité, le spectaculaire, l’éphémère, le refus de toute cimentation en termes d’organisation.

Si l’on regarde bien, tout cela on le doit historiquement à l’absence de social-démocratie en France : on a eu des socialistes qui, au début du siècle, étaient autant indisciplinés que les anarchistes sur le plan de l’organisation. La solution est alors simple : soit les gens acceptent de se plier, soit ils ne le font pas. Et on ne peut pas les forcer, c’est une question de maturité historique.

Soit ils prennent conscience de la réalité et se fondent dans une unité politique, sur la base de la Gauche historique. Soit ils consomment… et alors la Gauche ne sera qu’une vague composante d’une société de consommation en crise allant à la guerre dans le cadre de la guerre pour le repartage du monde.

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Anne Hidalgo : de la révolution de palais à Paris à candidate à la présidentielle 2022

Elle n’a rien à voir avec la Gauche historique… Mais elle est haïe par la Droite.

Anne Hidalgo a une particularité: elle est haïe par la Droite. Il ne s’agit pas d’un simple mépris, d’une dévalorisation et d’une hostilité. Il y a une sorte de haine sourde à son encontre, dans un mélange de patriarcat et littéralement de fanatisme. C’est sans doute le produit de la Droite parisienne, traditionaliste dans son mode de vie et littéralement en guerre contre celle qui représente la bourgeoisie moderne, cosmopolite, branchée.

Car Paris a radicalement changé ces trente dernières années, les bobos prenant largement le dessus en ce qui concerne le style de vie, même l’Ouest parisien ayant en large partie capitulé. Cela enrage d’autant plus les conservateurs classiques nostalgiques d’une Droite classique, corrompue, à l’imagerie populaire comme avec Jacques Chirac. Il faut rappeler ici que ce dernier a été le premier maire de Paris, la capitale étant sous contrôle étatique auparavant à la suite de la Commune de Paris de 1871.

En ce sens, Anne Hidalgo est le symbole d’une révolution de palais, avec un Paris s’embourgeoisant toujours plus (les cadres supérieurs forment le tiers des ménages et ensuite on trouve les retraités). Et elle a beau être d’origine immigrée (elle est née en Espagne), de parents relevant du peuple, elle vit en tant que maire de la capitale dans le faste bourgeois d’une ville incontournable pour la haute bourgeoisie mondiale. Qu’elle soit proche des Qataris suffit à comprendre sa mentalité tout à fait opportuniste.

Elle a, de fait, accompagné, avec son prédécesseur Bertrand Delanoë, la transformation de la capitale française en un mélange de lumpen et de bourgeois aisés, avec une importante disneylandisation de nombreux quartiers.

Cela la rend paradoxalement tout à fait crédible pour se présenter comme une version plus sociale et consensuelle d’Emmanuel Macron, surtout qu’elle peut espérer le soutien d’une partie de la Gauche. Il n’y a de toutes façons pas de programme, une site (idées en commun) étant censé fédérer des contributions. Et, surtout, il y a le soutien ouvert de la direction du Parti socialiste.

Si on ajoute à cela une crédibilité internationale en raison de son poste de maire de Paris, elle a de très nombreuses cartes en main. Même si elle n’est qu’à 7-9% dans les sondages, lorsque sa campagne se mettra en branle, lorsque l’appareil électoral du Parti socialiste va se mettre à tourner, elle va obtenir rapidement une bonne position.

Elle est assez intelligente pour comprendre qu’elle ne doit pas donner une image de parisienne pour autant et a annoncé sa candidature à Rouen. Etant en même temps encore en activité en tant que maire, cela lui empêche également de parler trop vite au sujet de n’importe quoi.

On notera pour l’anecdote qu’au moment des élections municipales de 2020, Anne Hidalgo n’avait pas cessé de souligner qu’elle resterait maire de Paris, qu’elle ne tenterait pas la présidentielle 2022, etc. (par exemple au Figaro en juin 2020: « Je ne cesserai de le répéter : Paris me comble. Je ne serai pas candidate à la présidentielle »).

Anne Hidalgo est donc, pour résumer, la candidate du Paris du Quartier latin, de la Gauche caviar, des élus socialistes. Cela peut tout à fait l’amener à gagner la présidentielle 2022. Pour cela, elle devra donner davantage de gages à la Gauche, et en même temps pas du tout. Beaucoup de choses se jouent ici.

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Décès du dirigeant maoïste péruvien Gonzalo

Il a dirigé ce que la presse internationale appelait le « sentier lumineux ».

Abimael Guzmán est mort à l’âge de 86 ans au Pérou, sur une île-prison militaire où il purgeait une peine de prison à vie pour son rôle de dirigeant du « sentier lumineux » au sujet duquel, à la fin des années 1980 et au début des années 1990, la presse internationale saturait d’informations, présentant ce qui serait une structure péruvienne à la fois fanatique et sanglante.

C’est que le régime péruvien vacillait très largement face à ce qui était en réalité une organisation politique se revendiquant de Mao Zedong, le « Parti Communiste du Pérou ». Sa particularité est ici d’émerger tardivement: les mouvements maoïstes apparaissent dans les années 1960 et se lancent dans les années 1970, le Parti Communiste du Pérou apparaissant lui en tant que tel en 1980 en ayant un succès retentissant dans les Andes au moyen d’un soulèvement armé, posant ensuite un véritable défi national. L’interview de son dirigeant, Abimaël Guzmán connu sous le nom de Gonzalo, a d’ailleurs été particulièrement diffusé à travers le pays.

Arrêté en 1992, Abimaël Guzmán avait été enfermé dans une cage pour être exposé à la presse; il en profita alors pour prononcer un discours appelant à continuer la lutte armée pour le régime. Cela eut à l’époque un énorme impact et on retrouve cela dans une vidéo de Rage against the machine, un groupe de musique emblématique alors pour la Gauche. La vidéo de « Bombtrack » est un appui totalement ouvert à Gonzalo.

En 1993, le président péruvien Alberto Fujimori présenta des lettres censées être d’Abimaël Guzmán et appelant à la cessation de la lutte; il n’y a jamais eu aucune preuve de la véracité de ses lettres, mais le Parti Communiste du Pérou s’effondra cependant sur lui-même.

Abimaël Guzmán resta cependant très connu tant au Pérou qu’à l’international pour deux raisons. La première, c’est que tout comme la France, l’Allemagne et l’Italie en Europe, le Pérou est un bastion du marxisme, en raison de l’activité de José Carlos Mariátegui dans les années 1920. La seconde, c’est qu’Abimaël Guzmán a le premier fourni en détail la définition du « maoïsme », qui serait ici une troisième étape du marxisme après le léninisme. S’il y a eu des maoïstes avant Abimaël Guzmán , il a été le premier à en fournir une définition pointue.

En ce sens, les maoïstes péruviens ont réalisé jusqu’au bout ce que les maoïstes français de la Gauche Prolétarienne avaient commencé, c’est-à-dire une systématisation idéologique et programmatique. Tel est le poids de la tradition syndicaliste révolutionnaire française qu’elle est capable de torpiller, jusqu’à présent du moins, toute tentative d’élaboration approfondie de quelque chose de radical à Gauche.

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Benoît Hamon préfère les migrants et l’argent et abandonne la Gauche

Il agit directement en renégat.

Benoît Hamon est un salaud. On sait tous qu’en Afghanistan il faut soutenir l’opposition aux Talibans, que les Afghans ont le droit de vivre dans la dignité et de connaître le bonheur, dans leur pays, avec leur culture. Et alors que ce pays connaît un drame, lui annonce qu’il devient le directeur général d’une entreprise faisant du commerce des initiatives entrepreneuriales de migrants. C’est pathétique, lamentable. Quel salaud!

En ce sens, il trahit ce qui aurait dû être son rôle: profiter de son écho pour contribuer à reconstruire la Gauche. N’ayant pas réussi en ce sens avec son mouvement Génération-s, il s’est mis de côté puisque les choses ne se sont pas déroulées comme lui le voulait, et maintenant il va encore plus loin, il abandonne tout au profit des migrants et de l’argent.

Et il assume. Dans son communiqué du 9 septembre 2021 où il annonce qu’il quittait la vie politique, il présente avec enthousiasme son « entreprise sociale », Singa, qui compte dans différents pays utiliser des migrants pour produire des innovations au sein du capitalisme. Dans une interview au Monde, il explique cela en utilisant… la théorie d’extrême-Droite du « grand remplacement » en l’inversant!

« Plusieurs études l’attestent: plus une société est inclusive, plus sont économie va bien, plus les rapports sociaux sont pacifiés. »

C’est en quelque sorte l’idéologie du « rêve américain » où les migrants viennent irriguer le capitalisme comme main d’oeuvre bon marché et esprit d’entrepreneur, mais avec une lecture française prenant au pied de la lettre les fantasmagories d’extrême-Droite en les inversant.

Ce n’est même pas de l’humanisme, c’est littéralement du business, de manière sordide, comme ces propos infâmes de la part de Benoît Hamon au Monde dans l’interview…

« Combien de gens sous les tentes sont des trésors? Il y a un potentiel incroyable.

Tout le monde ne créera pas Google ou BioNtech. Mais il y a aussi les futures Marie Curie sous les tentes de la porte de la Chapelle. »

Non seulement c’est une insulte au principe d’accueil des réfugiés – qui ne sont pas des migrants et qu’on doit accueillir qu’ils soient « utiles » ou pas -, mais c’est une valorisation de type capitaliste des migrations. Et Benoît Hamon va gagner entre 4 et 12 000 euros par mois pour cela.

Autant dire qu’il se comporte directement en renégat. L’ouvrier en France ne l’intéresse pas, ce qui a de la valeur à ses yeux c’est le potentiel capitaliste du migrant laissant son pays comme il est pour réaliser une carrière individuelle. C’est un exemple parfait de la fausse « gauche » en fait modernisatrice, au service du turbocapitalisme.

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Présidentielle 2022 : Arnaud Montebourg, le Donald Trump français

Il propose une remise à plat de la France, comme pour passer le tour de la crise.

Arnaud Montebourg, après avoir finalement hésité à se lancer dans la présidentielle 2022, a lancé sa campagne, appelée « la remontada ». Un terme espagnol signifiant « remontée » et popularisée récemment par la victoire en football du FC Barcelone contre le Paris Saint-Germain (6-1 contre 0-4 à l’aller, en 2017). Un choix populiste qui va avec la musique de fond de son annonce: la chanson « Que je t’aime » de Johnny Hallyday.

C’est qu’Arnaud Montebourg se présente comme le représentant de la France profonde, ce qu’il appelle de son côté la France des sous-préfectures. C’est son seul thème, puisqu’il ne parle ni de politique étrangère, ni de la question des valeurs ou des normes sociales, ni de l’actualité, ni d’ailleurs de rien du tout.

Ce qu’il dit, c’est que la France doit se réorganiser de manière entière pendant quelques années, ce qui revient à s’extraire des rapports internationaux pour quelque temps, de mettre tout de côté le temps d’une gigantesque restructuration. C’était ce que souhaitait Donald Trump dans le contexte américain et ainsi Arnaud Montebourg est son équivalent direct français.

Si on doit résumer cela, ce qu’il dit c’est : chers capitalistes, partir à l’aventure avec Marine Le Pen par une alliance avec la Russie est trop dangereux. Mais suivre simplement les États-Unis dans leur affrontement avec la Chine, c’est faire du suivisme quand même. Faisons donc comme les Allemands, restons à l’écart et renforçons nous pour profiter d’une situation possible où les États-Unis et la Chine se sont mutuellement épuisés.

Seulement, évidemment, l’Allemagne a un capitalisme qui tourne efficacement… La France beaucoup moins. Arnaud Montebourg est donc obligé de faire comme Donald Trump, qui lui voulait faire en sorte que son pays reste relativement à l’écart de tout, pour renforcer à terme contre la Chine. Il est obligé d’utiliser le nationalisme et son corrélat politique-économique : le protectionnisme.

Dans les extraits choisis de son programme et dans une interview (d’accès payant) au Journal du Dimanche, il fournit les éléments clefs de son programme, qui sont les suivants:

* « Des réglementations protectionnistes seront édictées dans l’intérêt national. »

* « Je propose que dans toutes les entreprises de plus de 10 salariés la participation soit rendue obligatoire et bénéficie à tous de façon égalitaire. »

* Faire acheter par l’État un million de logements vacants dans l’arrière-pays et les fournir gratuitement à qui veut y habiter.

* Mettre fin à la consommation de pétrole puisque ce sont des importations.

* Reconstruire des fleurons industriels autour d’une une soixantaine de produits critiques.

* Mettre en place entre 300 et 400 usines, entre 3 et 4 pour chaque département.

* Instaurer un septennat présidentiel non renouvelable.

Si Emmanuel Macron parlait de « start up nation », l’objectif d’Arnaud Montebourg est une France de petits-bourgeois, tous liés aux entreprises et à l’entrepreneuriat, une France de petits propriétaires, bref une France comme celle d’avant 1914, même si en fait avant 1939 c’était encore cela, et même jusqu’aux années 1970…

C’est le programme radical réactualisé par un nationalisme interventionniste étatique. Arnaud Montebourg insiste ainsi logiquement sur le fait qu’il ne se présente pas au nom de la Gauche, il récuse d’ailleurs toute primaire (il en était auparavant un fervent partisan, échouant à celle des socialistes en 2011 et 2016).

Il cherche à tirer sa crédibilité d’avoir été Ministre de l’Économiedu Redressement productif et du Numérique entre 2012 et 2014 sous la présidence de François Hollande, puis chef d’entreprise. Il se veut proche de la vie des gens de la « vraie » France, il a d’ailleurs annoncé sa candidature à Clamecy, en Bourgogne, d’où il vient, posant fièrement aux côtés du maire pour une photo « identitaire ».

Il n’a aucun parti, mais il espère que tant la ligne pro-américaine que celle de l’aventurisme ouvert (portée par Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon) feront si peur que la petite-bourgeoisie proposera à la bourgeoisie un gel complet du pays, comme accord général pour passer la tempête.

Mais c’est là s’imaginer que la France est une île isolée du monde et de sa crise…

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140 00 personnes contre le pass sanitaire samedi 4 septembre 2021

Nationalistes, ultra-gauche et délirants, de moins en moins nombreux… pour l’instant ?

Faut-il s’en réjouir, ou craindre le calme avant la tempête ? Les anti-pass sanitaire étaient en tous cas moins nombreux que les semaines précédentes ce samedi 4 septembre 2021. Le ministère de l’Intérieur parle de 140 000 personnes, contre 160 000 la semaine dernière.

Ils étaient 7000 à Montpellier, 3700 à Lyon (en deux cortèges) 2900 à Nice, 2700 à Lille, 2400 à Nantes, 700 à Saint-Nazaire, 1500 à Rennes, 2900 à Bordeaux, 1500 à Besançon et 2200 à Strasbourg. A Paris, les autorités ont annoncé 18 500 manifestants, répartis dans pas moins de 5 cortèges différents…

L’ultra-gauche semble avoir mis la main sur bon nombre de rassemblements dans les différentes villes (plus de 200 en tout), alors qu’une partie des manifestations se font par contre toujours sous l’égide des nationalistes, notamment autour de Florian Philipot à Paris. Les cortèges charrient en tous cas systématiquement leur lots de délirants, pour qui le prétexte est idéal pour rejeter l’État, la police, les règles sociales, la société elle-même et toute forme de raison.

C’est glaçant, mais au moins on peut se dire que ça n’a pas prise sur la société française. A moins que ce soit l’inverse… et qu’une partie du pays fasse littéralement sécession et déraille ouvertement !

On se dira cependant qu’il est toutefois difficile de s’intéresser à ces énergumènes et leur charabia paranoïaque. Comme par exemple ce responsable du syndicat SUD à la Poste qui s’imagine que le pass sanitaire est un complot pour se débarrasser des salariés :

«Le pass sanitaire, c’est le pass licenciement. C’est une facilité plus grande de suspendre le contrat de travail et, au final, de licencier».

Ce qu’il dit là est on ne peut plus typique. Ces gens sont totalement hors-sol, et leur paranoïa anti-État leur fait d’ailleurs passer à côté des véritables enjeux. Car il fallait par exemple plutôt lire le Figaro ce vendredi, qui titrait, martial : « Pourquoi les Français vont devoir travailler d’avantage ».

En effet, telle est l’actualité sociale du moment. Le capitalisme n’a aucune envie de licencier les gens sans raison en ce moment, ni d’ailleurs jamais. Il a ses règles, ou plutôt sa règle : le profit. Et justement il est considéré qu’il va falloir mettre les ouvriers au pas et les faire travailler plus, restructuration oblige. C’est la crise, cela va être de plus en plus la crise, voilà le sujet, le vrai sujet.

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Déclaration du FLNC au 1er août 2021

Elle est signée en commun par l’Union des Combattants et le 22-Octobre.

La déclaration commune des deux structures a été envoyée à Corse-matin accompagné d’une vidéo présentant de nuit une soixantaine de membres du FLNC lourdement armés.

« A ragione hè a nostra forza » est le slogan traditionnement employé par le FLNC dit du 22 octobre et « À populu fattu bisognu à marchjà » par l’Union des combattants.

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La Gauche doit résister à la vague réactionnaire anti-pass sanitaire et raisonner en termes de crise

La Gauche se refondera dans le rationalisme, le matérialisme, le socialisme.

Quand on a des principes, on est intransigeant là-dessus, ou alors ce ne sont plus des principes. Et comme à l’occasion des gilets jaunes, il y a une capitulation générale d’une large partie de la Gauche devant les anti-pass sanitaire. Jean-Luc Mélenchon de La France Insoumise et Philippe Martinez de la CGT viennent de s’affirmer comme anti-pass sanitaire, suivant en cela toute l’ultra-gauche et une partie significative de la Gauche.

C’est la trahison générale.

Enfin, peut-on encore parler de Gauche pour ces gens qui agissent de manière opportuniste à ce point-là? Cela fait longtemps qu’ils se raccrochent à n’importe quoi, et là on en a la preuve formelle.

Les rassemblements anti-pass sanitaire ont une base irrationnelle, elles produisent des gens agressifs et paranoïaques, l’extrême-Droite en forme une ossature essentielle sur le plan des conceptions et même de la vision complotiste du monde. Comment quelqu’un de Gauche peut-il se dire qu’il faudrait soutenir une horreur pareille?

Il faut également être critique de ceux qui ne prennent pas position, car ils sont dépassés. C’est le cas des deux scissions du Parti socialiste, Génération-s et la Gauche Républicaine et Socialiste. Il y a également beaucoup de petites structures intellectuelles de gauche qui jouent sur l’ambiguïté, opposant pass et anti-pass, bref cherchant à éviter d’avoir à assumer quoi que ce soit.

Mais l’heure est venue pour la Gauche d’assumer.

D’assumer quoi?

Quand on est de Gauche, on raisonne, justement.

Et que voit-on? Que le pass sanitaire est dénoncé comme une mesure collective coercitive… Or, que veut la Gauche si ce n’est justement, historiquement, des mesures collectives coercitives, considérées comme justes et nécessaires historiquement?

La vraie Gauche, historique, n’est pas libérale-libertaire, elle n’est pas pour la conquête de droits « individuels ». Elle parle de masses, elle raisonne en termes de masses, elle veut le pouvoir aux masses.

Et quelle est la vie des masses? C’est celle dans le capitalisme.

Et quelle est la situaion du capitalisme? Il ne s’en sort pas. Au 1er septembre, le PIB français est encore de 3,3 % inférieur au niveau du quatrième trimestre 2019.

C’est un coup terrible à l’économie et encore l’Etat a dépensé un argent magique colossal pour limiter la casse : 230,6 milliards d’euros, soit 9,5% du PIB!

C’est inremboursable, ou alors en passant par deux solutions: la grande casse en pressurisant les travailleurs de manière forcenée, la guerre pour le repartage du monde afin d’obtenir de nouveaux espaces pour en profiter.

Toute autre considération est hors sol.

Qui plus est, la crise sanitaire n’est pas finie.

Les petits-bourgeois aimeraient bien qu’elle le soit, d’où les manifestations anti-pass sanitaire. Ils ne veulent pas que l’Histoire s’accélère.

Nous, nous voulons au contraire qu’elle aille encore plus vite!

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Présidentielle 2022 : Jean-Luc Mélenchon se lance avec « l’Union populaire » contre le « financier » et le pass sanitaire

On passe d’une ligne populiste à une posture plébéienne.

La France Insoumise tenait son université d’été dans la Drôme et Jean-Luc Mélenchon en a profité dimanche 29 août 2021 pour réaliser son premier meeting de campagne. Le changement d’axe est notable, puisque le populisme a cédé la place à une optique plus ouvertement plébéienne.

Le discours de Jean-Luc Mélenchon peut se résumer à sa formule « l’ennemi c’est le financier », sorte d’écho aux paroles de François Hollande en janvier 2012 :

« Mon véritable adversaire, il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera jamais élu et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance. »

Ce qui est totalement fou, c’est que ces propos de François Hollande à l’époque sont totalement complotistes et font plus que friser l’anticapitalisme romantique de type antisémite, et que personne n’a jamais rien dit alors que c’est totalement flagrant. L’ennemi est minoritaire, inconnu et parasitaire, il manipule et décide de tout en réalité… C’est le mode même de la vision fasciste du monde.

On notera d’ailleurs que Jean-Luc Mélenchon ne parle pas de la finance, mais du financier. Ce côté « personnalisation » est tout à fait représentatif d’une époque en quête d’un bouc-émissaire. C’est une sorte de course où tout le monde tente d’arriver à l’idéologie fasciste avant les autres…

D’où justement que Jean-Luc Mélenchon se soit prononcé au meeting contre le pass sanitaire. Cette fois c’est dit franchement, cela implique un appel à mobiliser en ce sens et à rejoindre de manière ouverte les manifestations anti-pass sanitaire. Il en va d’ailleurs de même pour Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, qui s’est dit anti-pass sanitaire le même jour dans Le Parisien, appelant à des initiatives en octobre.

On se doute que Pilippe Martinez et Jean-Luc Mélenchon prétendront qu’il s’agit notamment de couper l’herbe sous le pied de l’extrême-Droite. En réalité, c’est servir de marche-pied culturel et de cinquième colonne au sein de la Gauche pour mieux l’assassiner.

Ici, Jean-Luc Mélenchon est à la point de la démolition et de la confusion, d’ailleurs. Dans son discours du 29 août 2021, Jean-Luc Mélenchon a par exemple utilisé le mot « système » de la manière suivante:

« Le système, lui, cherche à diviser entre « vaxs » et « antivaxs »ou en utilisant les religions. »

Historiquement le terme de « système » est un classique de l’extrême-Droite, car sa dimension fourre-tout sert d’éviter à dénoncer le capitalisme et la bourgeoisie, même de manière manipulatoire (car c’est très risqué).

Le terme de système implique quelque chose de flou, d’obscur, qui échappe au regard ; il y aurait des décideurs masqués menant des opérations bien précises, de manière calculée, pour maintenir leur domination de type parasitaire.

C’est d’ailleurs la même vision que les anti-pass sanitaire et effectivement, finalement, qui se ressemble s’assemble. Mais cela n’a rien à voir avec la Gauche.

Et Jean-Luc Mélenchon a, pour la première fois peut-être, nié l’universalisme, lui qui provient d’une tradition résolument universaliste (la gauche socialiste et la franc-maçonnerie). Il a en effet dit que :

« Il n’y a pas de culture possible sans l’altérité. Si vous n’avez pas quelqu’un de différent pour parler avec vous, et des fois dans une langue différente, parlez avec les murs. La diversité culturelle est l’aliment même du processus d’humanisation. »

C’est le contraire de l’universalisme, car l’universalisme dit justement que les différences sont secondaires et que tous les humains sont humains quelles que soient les couleurs de peau, les origines, le sexe, etc. Il ne s’agit pas d’un ethno-différentialisme !

On voit ici très bien que Jean-Luc Mélenchon se place sur la ligne des « Indigènes de la République » et des communautaristes en général. Ce qui est totalement décadent, une expression de décomposition par l’ultra-gauche, et totalement en décalage avec les gens.

C’est avec ce genre de choses qu’on voit vraiment que La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon est un simple produit de la décomposition de la Gauche PS-PCF, un catastrophe à la dérive convergeant avec le populisme « national-social ».

La France Insoumise est partie dans le sens inverse de là où il fallait aller : vers la Gauche historique!

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Tribune de cadres du Parti socialiste quant à la nomination d’un candidat à la présidentielle 2022

Le Parti socialiste est en voie d’autoliquidation.

Le Parti socialiste est désormais un Parti d’élus, avec des cadres, mais il n’a plus aucune base. Pour cette raison, il rompt même avec son principe fondateur : celui de l’existence de la reconnaissance des tendances internes, impliquant une représentativité de celles-ci dans l’organigramme de la direction.

C’est ce que Léon Blum, dans une intervention fameuse pour les socialistes au Congrès de Tours des 1920 donnant naissance au Parti Communiste, appelle:

« une unité synthétique, une unité harmonique, c’était une sorte de résultante de toutes les forces, et toutes les tendances intervenaient pour fixer et déterminer l’axe commun de l’action. »

Or, sans tendances, sans base, tout cela n’est plus possible et la direction du Parti socialiste est en train de forcer la candidature d’Anne Hidalgo à la présidentielle de 2022, avec la perspective ouverte de liquider l’organisation pour l’insérer dans une structure fédérative sociale-écologiste.

Cela pose bien entendu la question du contenu, puisque Anne Hidalgo représente Paris, une ville bourgeoise, et qu’une telle structure serait du macronisme de « gauche ». La tribune de cadres socialistes ici publié ne pose pas cette question, elle raisonne en termes de traditions démocratiques et affirme que c’est une remise en cause à laquelle ils s’opposent.

C’est malheureusement bien tard, comme en prouve le fait que la tribune a été originellement publié sur le Huffington Post. C’est qu’il n’existe tout simplement pas d’opposition organisée, de regroupement dans un sens politique. Le Parti socialiste se décompose en fait littéralement.

S’il est un parti dont les confrontations internes ont toujours fait couler beaucoup d’encre, c’est bien le Parti Socialiste. Du combat de Jean Jaurès contre Jules Guesde, de François Mitterrand contre Michel Rocard, de Lionel Jospin contre Laurent Fabius, de Ségolène Royal contre Dominique Strauss-Kahn, de François Hollande contre Martine Aubry: tous ces épisodes ont marqué la vie démocratique de la gauche.

Sans discontinuer, l’histoire du parti de Jaurès a toujours été rythmée par ces divisions saines qui ont forgé la confrontation d’idées… C’est ce lien intrinsèque entre socialisme et démocratie qui est à l’origine de la gauche de gouvernement. C’est cette influence qui donne toute légitimité au Parti Socialiste de contester les pouvoirs trop verticaux, trop jupitériens.

Pourtant, nous sommes de plus en plus nombreux à nous inquiéter de notre propre démocratie interne, symbole d’un véritable repli sur soi. Car nous faisons face à une remise en question de principes fondamentaux qui nous placent dans une situation hypocrite de contestation de la verticalité alors que celle-ci régit progressivement le fonctionnement même du Parti Socialiste.

Cette verticalité semble s’imposer dans le silence coupable d’un congrès qui ne vise qu’une chose: une concentration des pouvoirs et une négation de la diversité de parole de ses militants. Une véritable rupture avec son histoire.

Le Parti Socialiste souhaite faire évoluer son organisation, mais dans quel sens? Les militants sont invités à approuver de nouveaux statuts sans pouvoir se prononcer sur des articles précis les régissant. Or quand les règles sont floues, c’est qu’il y a un loup!

Deuxième inquiétude, à l’aube des élections présidentielle et législatives, voici que les modalités de désignation seront décidées par le conseil national sur proposition d’un Bureau National verrouillé par son Premier Secrétaire.

Mieux, le voici tenté par un coup de force, mélangeant congrès et désignation du présidentiable du parti de la rose: ne pas voter pour lui reviendrait à s’opposer à Anne Hidalgo; voter pour lui reviendrait à voter pour Anne Hidalgo. 

Olivier Faure ou l’art et la manière de mélanger les choses. Quoi qu’il en soit, la candidature semble toujours primer sur le fond. Parallèlement, il est prévu l’ouverture au vote électronique, laissant la porte ouverte à des votes contestables, la faute à un système non éprouvé.

Troisième surprise, la réforme des statuts ouvre la voie à l’intégration du Parti Socialiste dans un nouveau groupement politique ou de s’associer à un groupement politique.

Pour quel objectif, quelle finalité? Olivier Faure prépare-t-il à la barbe de ses militants la dissolution du parti dans un nouvel ensemble, au nom de l’union, mais toujours sans clarification idéologique au préalable? 

Quatrième inquiétude: le rôle du Premier Secrétaire est renforcé par la restauration de véritables “lettres de cachet” permettant à ce dernier de proposer l’ostracisation d’un membre du parti à titre conservatoire avant une décision postérieure. Une belle manière d’écarter des potentiels candidats qui ne respecteraient pas la ligne “stratégique” d’Olivier Faure?

Cette verticalité nouvelle inquiète d’autant plus que les décisions prises n’ont pas apporté le moindre résultat. La nouvelle direction n’est toujours pas parvenue à démontrer son renouveau idéologique. En attestent les nombreux journalistes demandant régulièrement ce que pense le Parti Socialiste.

Reconnaissons-le, Olivier Faure n’en sait lui-même trop rien, mais il lui faut tout de même de nombreuses colonnes dans les journaux pour le dire.

Ce flottement idéologique est soudainement devenu préoccupant, lorsque Olivier Faure a soutenu l’idée d’un droit de contrôle de la police sur des décisions de justice, ou quand il a proposé sans concertation une réforme constitutionnelle permettant au Premier ministre de dissoudre l’Assemblée nationale.

Ces égarements n’auraient sans doute pas été possibles avec un fonctionnement horizontal du parti et avec un débat interne existant.

Les stratégies électorales perdantes des européennes puis des élections locales ont donné lieu à des situations improbables, transformant le Parti Socialiste en une banque politique, finançant les campagnes des autres, sans mettre en valeur ses propres troupes. Le résultat est implacable: un score faible et des cotisations d’élus réduites à peau de chagrin. Un tel fonctionnement ne peut conduire le Parti Socialiste qu’à sa perte.

À force de faire la campagne pour les autres, à force de payer pour des candidats issus de structures extérieures au parti, nous ne parviendrons plus à financer la moindre élection d’hommes et de femmes qui ont un engagement de gauche de longue date et qui se sont engagés jeunes au service d’une cause.

Les nouvelles échéances électorales vont être l’occasion d’un sursaut, ou d’un suicide collectif. L’expérience a montré que les candidatures imposées par le haut n’ont pas d’avenir. L’expérience a montré que réfléchir à la candidature avant de parler d’idées ne permet pas d’envisager un futur politique viable.

Quand bien même, à l’heure où l’on nous parle de démocratie participative à longueur de discours, il serait surprenant que le Parti Socialiste soit le seul parti à ne pas poser les bases d’un débat pour désigner son candidat. Or, les candidatures par acclamation n’ont aucune légitimité dans un parti démocratique. Un vote doit donc se tenir, pour revigorer l’encéphalogramme plat du parti et pour donner une véritable légitimité au futur candidat.

Il s’agit pour le parti de Jaurès de revigorer la démocratie. Les trop nombreuses candidatures floues, sans parti, sans corpus idéologique, sans conviction ont contribué au désintérêt massif des Français des dernières élections. Un parti n’est pas seulement une bannière, c’est un héritage, des influences intellectuelles claires et identifiables.

Nier l’intérêt d’un parti c’est contribuer au désordre démocratique. Ne pas s’appuyer sur cet héritage long de 100 ans et propulser des mouvements creux est une erreur majeure. Les Français attendent de la clarté et cherchent des repères.

Le Parti Socialiste d’Olivier Faure a cru bon de vouloir tourner la page du passé pour ouvrir un nouveau chapitre. Or celui-ci n’est toujours pas écrit et le Parti Socialiste fait face au syndrome de la feuille blanche. Il est grand temps d’y remédier.

Les signataires: 

Florian Lafarge: membre du Conseil National 

Marie-Arlette Carlotti: membre du Bureau National, Sénatrice, Ancienne ministre

Pierre Pribetich: membre du Bureau National, 1er vice-président de Dijon métropole

Maude Clavequin: membre du Bureau National

Yoan Hadadi: membre du Bureau National

Camille Marmousez: membre du Conseil National 

Philippe Dorthe: membre du Bureau National 

Maxime Girardin: membre du Conseil National

Christophe Bieber: membre du Conseil National

Antoine Hoareau: membre du Conseil National 

Arthur Chambon: membre du Conseil National 

Maxime Cohen: membre du bureau fédéral de Paris 

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Le piège de la « non mise à disposition du public d’information identifiant l’éditeur d’un service de communication au public en ligne »

L’Etat commence à appliquer une loi potentiellement destructrice.

C’est un véritable piège meurtrier pour l’opinion publique contestataire à gauche et il est en train d’être mis en place… dans le cadre de la lutte contre l’extrême-Droite. Voici comment Le Monde relate la mise en examen d’un activiste antisémite.

Le créateur du site antisémite « Ils sont partout », répertoriant des personnalités de confession juive ou présentées comme telles, a été mis en examen, samedi 21 août, a confirmé dimanche le parquet de Paris à l’Agence France-Presse (AFP), confirmant une information du Parisien.

Samuel Goujon a été mis en examen notamment pour « injure publique à raison de l’origine, de l’appartenance à une ethnie, une race ou une religion », « provocation publique à la discrimination, à la haine ou à la violence » et « provocation publique à commettre des atteintes volontaires à la vie ». Il a été placé sous contrôle judiciaire.

La répression contre un tel sinistre personnage est une bonne chose. Cependant, Le Monde a sciemment choisi de ne pas mentionner une autre raison de sa mise en examen, maquillant cela par un « notamment ».

Cette raison, c’est la non mise à disposition du public d’information identifiant l’éditeur d’un service de communication au public en ligne. L’association d’extrême-Droite « Egalité & Réconciliation » avait pareillement été mise en examen en 2016 pour cette raison, à l’appel d’associations opposées à ce mouvement (le MRAP, la LICRA, l’UEJF).

Qu’est-ce que cela signifie? Tout simplement que si vous animez un site internet et que vous publiez des textes, il faut un directeur de publication, exactement comme pour la presse. Tout site internet doit fournir le nom, les prénoms, l’adresse et le numéro de téléphone de ce directeur de publication.

Sinon, la peine est la suivante : un an d’emprisonnement et à une amende de 75 000 euros pour une personne physique et de 375 000 euros pour une personne morale. 

Il va de soi qu’il y a incohérence. L’Etat assure que « la communication au public par voie électronique est libre » selon la Loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l’économie numérique. De l’autre, il exige la même complexité que pour la presse. Cela ne tient pas debout et si on regarde internet, on voit bien qu’un directeur de publication n’est pratiquement jamais mentionné dès qu’on sort de structures institutionnelles.

Seulement, l’Histoire est l’Histoire de la lutte des classes et qu’est-ce que cela implique concrètement?

Tout simplement que, légalement, l’Etat peut se tourner vers le site internet de n’importe quelle organisation de la Gauche et de l’extrême-Gauche, la considérer comme une personne morale et lui infliger 375 000 euros d’amendes en plus d’une année de prison pour celui qui assumera d’être le « directeur de publication ».

Officiellement, ce ne sera pas une répression politique, mais administrative.

Et rien de plus facile, puisque pratiquement personne ne met un tel directeur, à part pour les organisations publiant un journal au format papier, tel le NPA avec L’Anticapitaliste, Lutte Ouvrière (en fait l’organe de l’Union Communiste Internationaliste), le PRCF avec Initiative Communiste.

Ainsi, la mesure est appliquée contre l’extrême-Droite aujourd’hui, mais cela n’a rien à voir avec la question de l’extrême-Droite dans ce qu’elle a d’ignoble. C’est un moyen d’introduire un moyen de mettre aux pas les médias de la contestation à Gauche. Dans une situation de crise politique, ce serait un arme particulièrement redoutable, tant par la répression ciblée que par l’intimidation forcenée que cela impliquerait.

Il faut bien avoir conscience de l’existence de cette loi, qui ne vise nullement d’ailleurs à trouver un interlocuteur – rien de plus simple par l’hébergeur d’un site ou un contact mail – mais simplement à mettre au pas, à intégrer c’est-à-dire à désintégrer.

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Anti-pass et antivax: toujours aussi nombreux mais encore plus odieux le 21 août 2021

Ils ont trouvé le moyen de faire encore pire.

"touche pas à Raoult" (photo : STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Le Professeur Didier Raoult avait eu son petit moment de gloire à l’époque du confinement du printemps 2020. Les Français étaient alors trop content de trouver quelqu’un ayant l’air sérieux et compétent, et qui leur donnait l’occasion de nier la réalité de la crise sanitaire.

Seulement, tout ceci s’est effondré comme un château de carte dès la « deuxième vague » de la pandémie à la rentrée 2020. Les faits étant les faits, la crise s’est imposé et le professeur marseillais n’est plus devenu qu’un « original », disparaissant des radars aussi vite qu’il était apparu.

On notera d’ailleurs qu’à part en France, personne n’a jamais remarqué son existence dans le contexte de la pandémie. Sa médiatisation fut un événement purement franco-français.

Il est donc significatif de le voir réapparaître ce samedi 21 août 2021, mis en avant lors des manifestations anti pass sanitaire à l’occasion de son départ à la retraite considéré comme un complot pour le marginaliser. Cela en dit très long sur la ringardise des manifestants, qui se raccrochent à tout et n’importe quoi du moment que ça leur permet d’être « anti ».

On a les héros qu’on mérite quand ce qui compte c’est de râler, de refuser les responsabilité collectives, l’engagement social.

On notera d’ailleurs que c’est surtout via le nationalistes plutôt marginalisé Florian Philippot que tout se déroule. Il avait à ses côté, lors de « sa » manifestation parisienne, pas moins que l’avocat de Didier Raoult à ses côtés ! Il s’agit en l’occurrence de Fabrice di Vizio, dont les vidéos ont une audience (toute relative) chez les populistes.

Bien sûr, il ne faut pas sous-estimer la portée d’une telle actualité. L’irrationalisme n’est jamais une bonne chose, surtout quant il concerne des dizaines de milliers de personnes partout dans le pays. Ils étaient ce 21 août présents à 200 rassemblements, comptant en tout 175 000 personnes selon les chiffres officiels.

C’est un peu moins que la semaine précédente, mais cela reste énorme au mois d’août, et avec probablement derrière la perspective qu’il se passe « quelque chose » à la rentrée.

Quelque chose… mais quoi ? Car le fait est que l’immense majorité de la population française s’accommode tout à fait du vaccin et du pass sanitaire, qui d’ailleurs n’en est pas vraiment un. Au passage, c’est là encore une preuve très flagrante de la ringardise, et surtout du grand décalage de la part des manifestants.

Ces dernier crient en effet  au totalitarisme et à la privation de liberté. En pratique, la société française a largement esquivé le pass sanitaire et ne subit aucune coercition réelle à ce sujet. Chacun fait à peu près ce qu’il veut comme avant, et quand il s’agit de montrer un QR code ici et là, il n’y a jamais personne pour vérifier que celui-ci corresponde bien à une identité réelle.

Mais c’est là le propre d’une situation de décadence : des pans entiers de la société déraillent avec la crise, alors que la société elle-même n’est pas à la hauteur des défis historiques. Et ce n’est qu’un début. La France commence à vaciller !

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Deux analyses de fond sérieuses contre le coronablues à gauche

Il y a encore à gauche des gens qui réfléchissent.

Le mouvement anti-pass sanitaire est en train de démolir profondément toute la gauche « activiste » ou tout au moins de profondément la disqualifier. Comment celle-ci peut-elle s’être imaginée qu’il suffirait de suivre les gilets jaunes hier et les anti-passs sanitaire aujourd’hui pour être dans le courant de l’Histoire?

Il est vrai cependant qu’elle n’a rien imaginé du tout. Elle se survit à elle-même et pioche de partout : dans le style syndicaliste révolutionnaire bière et merguez de la CGT, dans le mode véhément des rassemblements des ultras du football (banderoles, fumigènes et slogans martiaux), dans le misérabilisme de la charité chrétienne (avec les maraudes et la fiction d’une pauvreté massive), dans des marques fétiches pour les jeunes « militants » (Northface, Lyle & Scott, Fred Perry, Stone Island).

Il y a, fort heureusement, tout de même une certaine conscience de tout cela. C’est un « corona blues », comme il est constaté ici.

Une démarche marxiste ferme est d’autant plus nécessaire que la méfiance envers le discours officiel engendre actuellement l’émergence de nombreuses « explications alternatives » fallacieuses et fantaisistes des événements.

Des théories « complotistes » plus fantaisistes les unes que les autres voient le jour et sont partagées par des millions d’adeptes : la pandémie et aujourd’hui la vaccination massive seraient une machination des Chinois pour assurer leur suprématie, un complot de la bourgeoisie mondiale pour préparer la guerre ou restructurer l’économie mondiale, une prise de pouvoir par une internationale secrète de virologues ou encore une conspiration mondiale nébuleuse des élites (sous la direction de Soros ou Gates), …

Cette ambiance générale provoque même une désorientation du milieu politique, un véritable « Corona blues ».

Cette situation provient d’un très intéressant et très long document intitulé Rapport sur la pandémie et le développement de la décomposition. C’est le document le plus intéressant du moment avec un autre très intéressant et très long document, De la première à la seconde crise générale du capitalisme (à la base un article de la revue en pdf Crise).

Le premier est publié par le Courant Communiste International, un mouvement « communiste des conseils » se revendiquant de ce qu’on appelle historiquement l’ultra-gauche (ici dans ses variantes allemande et italienne). Le second par les maoïstes. Dans les deux cas cela relève de la Gauche programmatique.

Il y a plus de trente ans, chaque organisation de gauche et d’extrême-gauche auraient fait pareillement et produit une longue évaluation de la situation. C’était la norme, parce qu’il en allait de nombreuses choses : la crédibilité, l’analyse ininterrompue des événements, la nécessité de donner des orientations.

Le fait qu’il n’y ait plus rien de tout cela souligne comment tout un patrimoine intellectuel et pratique a été perdu. Il faut dire pratique également, car comment militer ou agir sans orientation? Mais aujourd’hui les « militants » ont repris l’un des principes fondamentaux du capitalisme, à savoir opposer la théorie et la pratique, la raison et l’action.

Les raisons pour cela sont nombreuses : l’inféodation aux réseaux sociaux et à leur immédiateté (avec le marquant et le spectaculaire à tout prix), le triomphe de l’idéologie syndicaliste anti-politique, le confusionnisme à la française appelé anarchisme…

Ces deux documents sont à ce titre des choses importantes, car servant à élever le niveau de conscience. Ils se placent comme pôles de référence – à tort ou à raison -, comme sources d’inspiration, et à ce titre ils relèvent de ce qu’a toujours fait la Gauche historiquement.

Est-ce que cela suffira contre le coronablues à gauche? De toutes façons, c’est inévitable, si ce n’est aujourd’hui, alors demain. Toute devient bien trop compliqué pour les réponses simplistes. Et ceux à gauche qui ne voudront pas faire d’efforts, on sait malheureusement déjà où ils vont terminer, s’ils n’y sont pas déjà objectivement : à l’extrême-Droite.

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Les deux documents contre le coronablues pour sortir de la crise

Quelle est la nature de la crise actuelle?

Il y a lieu de se tourner vers les deux documents anti-coronablues :

Il y a d’autant plus intérêt à le faire que leurs mises en perspective se répondent l’une à l’autre et que la réflexion avance d’autant plus facilement. Le premier document dit en effet que la crise actuelle est l’expression aggravée d’une décomposition déjà entamée et lisible depuis trente ans.

Le second document, à l’inverse, explique que ces trente dernières années ont été marquées par un saut qualitatif. Autrement dit le premier document dit que la crise vient d’un capitalisme au bout de sa vie, en « décomposition », alors que le second document expose la crise comme l’expression d’un capitalisme en expansion accélérée et venant seulement de rentrer dans le mur.

C’est, comme on le voit, très différent. Voici un extrait exposant le point de vue du premier document.

Cette immense catastrophe que constitue la pandémie n’est pas le produit de la fatalité ni de l’insuffisance des connaissances scientifiques ou des outils sanitaires (comme cela a pu être le cas dans des modes de production antérieurs) ; elle n’arrive pas non plus comme un coup de tonnerre dans un ciel serein ni ne constitue une parenthèse passagère.

Elle exprime l’impuissance fondamentale du mode de production capitaliste déclinant, qui va au-delà de l’incurie de tel ou tel gouvernement mais qui est au contraire révélatrice du blocage et du pourrissement sur pied de la société bourgeoise.

Et surtout, elle révèle l’ampleur de cette phase de décomposition qui s’approfondit depuis 30 ans (…).

Le pourrissement du capitalisme s’est étendu et approfondi à travers des phénomènes qui ont progressivement affecté de plus en plus d’aspects de la société et qui constituent les ingrédients qui ont provoqué le caractère explosif de la crise planétaire du Covid-19.

Certes, pendant ces 30 ans, la progression des phénomènes a été discontinue, mais elle s’est déroulée sur différents plans (crise écologique, chacun pour soi impérialiste, fragmentation d’États, terrorisme, émeutes sociales, perte de contrôle de l’appareil politique, pourrissement idéologique), minant de plus en plus les tentatives du capitalisme d’État de contrer son avancée et de maintenir un certain cadre partagé (…).

Ce rapport [=l’article] a montré que la pandémie n’ouvre pas une période nouvelle mais qu’elle est d’abord un révélateur du niveau de pourrissement atteint durant les 30 années de phase de décomposition, un niveau souvent sous-estimé jusqu’ici.

En même temps, la crise pandémique annonce aussi une accélération sensible de divers effets de la décomposition dans la période à venir (…).

La crise du Covid-19 engendre donc une situation encore plus imprédictible et confuse. Les tensions sur les différents plans (sanitaire, socio-économique, militaire, politique, idéologique) généreront des secousses sociales majeures, des révoltes populaires massives, des émeutes destructrices, des campagnes idéologiques intenses [de la part du capitalisme], comme celle autour de l’écologie.

Ainsi, pour le premier document, la crise sanitaire est un symptôme. Il y a un défi et le capitalisme est débordé. S’il l’est, c’est parce qu’il est à bout de souffle. C’est un événement s’ajoutant à des soubresauts profonds, comme a pu l’être l’attentat du 11 septembre 2001, l’élection du « vandale » Donald Trump, etc.

Ce n’est pas une période nouvelle, mais une catastrophe de grande ampleur renforçant la « décomposition ».

Voici un extrait exposant le point de vue du second document.

Le capitalisme a su laisser du temps libre pour la consommation tout en obtenant une élévation insensée de la productivité, au prix de la déformation des personnalités, de l’utilisation maximisée de leur potentiel nerveux et psychique.

L’un des aspects essentiels de cette aliénation se lit particulièrement dans la passivité et l’incompréhension des masses de la nature de ce que propose le capitalisme : des produits moches, de mauvaise qualité, cela pour les aliments comme pour les meubles, avec une capacité à accepter et vouloir ce qui est jetable, changeable.

L’incohérence se lit particulièrement dans le rapport aux animaux, alors que l’utilisation de ceux-ci a pris des proportions dantesques (…).

En fait, pour les gens vivant dans les pays capitalistes, il n’y a pas d’autre horizon que les cycles de la production et de la consommation capitalistes, qui sont par ailleurs très nombreux, puisque le capitalisme a multiplié les modes, les marchés, les possibilités de se « différencier », d’occuper son temps.

Et c’est pour cela, notamment, que la cassure imposée par la pandémie marque la seconde crise générale du capitalisme. Le rythme du capitalisme a été cassé, son cours normal a été stoppé et modifié (…).

[citation d’un document du PCF(mlm) de janvier 2020, soit juste avant la pandémie:] « Les années 2000 ont été marquées par d’immenses modifications technologiques généralisées – depuis les téléphones portables jusqu’à l’informatisation et internet – permettant au capitalisme d’affiner ses initiatives, de procéder à des modernisations, de relancer de nouvelles consommations, certains secteurs l’emportant sur d’autres.

Les années 2010 ont été le prolongement des années 2000, avec à la fois une consommation de masse encore plus élargie et, en même temps, un gouffre séparant une haute bourgeoisie aux mœurs toujours plus oligarchiques, décadentes, et les larges masses.

Pour nous, la période 1989-2019 n’a été qu’une parenthèse et c’est justement parce que telle a été sa nature qu’il y a eu un développement significatif des idéologies post-modernes, à l’initiative d’intellectuels identitaires produits par l’impérialisme (fondamentalisme islamiste, théorie du genre et LGBT, idéologie de la décroissance, etc.).

Les années 2010 ont comme aspect principal précisément d’aboutir à un retour aux années 1980, ou aux années 1930, ou aux années 1910, c’est-à-dire à une période où la bataille pour le repartage du monde est engagée, où le capitalisme s’enlise et n’est plus capable de satisfaire à ses propres exigences d’élargissement du profit. »

Le second document fait de la crise sanitaire une crise de croissance. Le capitalisme a connu une formidable expansion, la preuve les gens des pays capitalistes l’ont tous (ou presque) accepté ces trente dernières années. Mais l’apport de l’intégration des pays de l’Est et de la Chine comme usine du monde a formé un élan d’expansion destructeur ne pouvant pas durer éternellement.

La crise sanitaire est l’expression cette limite, par le heurt entre le capitalisme conquérant, bouleversant la planète comme Biosphère, et la vie elle-même.

On peut résumer comme suit, même si c’est caricaturer le propos :

– pour le premier document, la crise est une preuve de plus que le capitalisme a perdu ;

– pour le second document, la crise est la preuve concrète que le capitalisme a gagné.

Naturellement, cela sous-tend deux difficultés. Les auteurs du premier document doivent en effet prouver que la décomposition a bien lieu depuis trente ans, et de plus trente ans de décomposition, c’est long… comment expliquer que le capitalisme tienne encore?

Les auteurs du second document disent qu’il y a une « seconde crise générale du capitalisme » qui s’est ouverte en 2020. Il va falloir que les faits donnent raison à cette analyse des événements comme « cataclysmique » et cela on le saura assez rapidement.

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Le drame programmé de la convergence d’ultra-gauche avec les anti-pass sanitaire

Cela va tourner encore plus mal qu’avec les gilets jaunes.

Initialement, il y avait parmi les gilets jaunes de nombreux activistes d’extrême-Droite. L’ultra-gauche a largement contribué à les chasser et s’en est félicité. Sauf que ce qu’elle n’a pas compris, c’est que ces activistes d’extrême-Droite avaient une marge de manœuvre d’expression très restreinte en raison de la grossièreté politique de leurs conceptions. Ils et se contentaient de jouer aux plébéiens.

Le résultat, c’est ainsi que l’ultra-gauche a simplement remplacé les activistes d’extrême-Droite dans ce rôle de plébéien. Ce faisant, ils se coulaient eux-mêmes sur le plan des idées et de la culture, tout en contribuant à la confusion en donnant de la valeur au mouvement réactionnaire, crypto-fasciste, des gilets jaunes.

Cela peut sembler discutable pour certains, mais on en a désormais la preuve, avec la manière dont l’ultra-gauche court derrière les anti-pass sanitaire. Il y a un opportunisme sans bornes, sans limites, qui ne peut que découler du fait d’avoir vendu son âme politique.

On a ainsi le site « Révolution permanente », expression d’une tendance du Nouveau Parti Anticapitaliste comptant fonder un parti trotskiste de masse, qui a ouvertement appelé à la manifestation du 31 juillet 2021. Et cela sur une base plébéienne-populiste:

« Après la réussite des mobilisations de la semaine dernière, de nombreux appels ont été lancés dans toute la France pour manifester ce week-end contre le pass sanitaire. Face aux attaques liberticides et antisociales, et contre l’extrême-droite qui tente de récupérer la colère, manifestons ce samedi ! (…)

La semaine dernière, les mobilisations contre le pass sanitaire se sont amplifiées, avec 160 000 manifestants dans toute la France selon l’Etat. Un élargissement de la mobilisation qui est allée de pair avec une radicalité certaine, comme à Poitiers où les manifestants ont envahi la mairie pour décrocher un portrait de Macron. De même, malgré la répression, à Paris les Gilets jaunes ont réussi à se rendre jusqu’aux Champs Élysées.

Ce samedi, un nouvel appel à se mobiliser dans toute la France a été lancé. Comme les samedis précédents, le mot d’ordre central demeure l’opposition au pass sanitaire. Une revendication qui n’empêche pas plusieurs appels de mettre en avant le lien entre cette attaque autoritaire et les attaques anti-sociales du gouvernement, comme à Lannion, où une manifestation est appelée « pour la défense (des) droits sociaux et (des) libertés ».

A Paris, des collectifs de gilets jaunes et des collectifs militants appellent de leur côté à manifester au départ de Villiers : « Contre le pass d’identité sanitaire ; Pour un accès libre, éclairé et équitable au vaccin ; Pour la levée des brevets des vaccins et Contre les réformes antisociales. » « 

Il est bien parlé de « colère », face à des attaques « liberticides et antisociales ». Ce vocabulaire n’a rien à voir avec celui de la Gauche historiquement. Et on parle là d’une structure insistant pourtant sur l’importance des idées, du patrimoine idéologique trotskiste !

Et le justificatif-clef, ce sont les gilets jaunes. S’ils sont là, c’est que c’est bien et qu’il faut y aller !

Même l’organisation « Lutte Ouvrière » a d’ailleurs craqué. Elle avait pourtant, et avec raison, réfuté les gilets jaunes. Mais la peur de passer à côté de quelque chose qui bouge l’a emporté, la digue a cédé. Le résultat est que le trait est ultra-forcé : il est expliqué que les gens ont tout faux, mais qu’ils ont raison. On a ainsi droit à un article élogieux sur la « colère » contre le pass sanitaire.

« Le 24 juillet, des manifestations ont réuni de nouveau en France des dizaines de milliers de personnes s’opposant au passe sanitaire : 160 000 au total, plus que le samedi précédent où 114 000 personnes avaient manifesté.

À Paris, où 11 000 personnes ont défilé, comme à Strasbourg où les manifestants étaient 4 000, ou encore à Toulouse où ils étaient plus de 2 500 et des milliers à Nice, les banderoles dénonçaient majoritairement les atteintes à la « liberté », « la dictature sanitaire », « le passe de la honte », ou appelaient Macron à la démission.

Derrière ces slogans se sont ainsi regroupés des soignants, des salariés directement concernés par le passe sanitaire et craignant d’être licenciés, des chômeurs ou retraités avec ou sans gilet jaune, mais aussi bien d’autres catégories sociales, dont des restaurateurs et autres petits patrons. Nombre de politiciens de droite et d’extrême droite y ont vu une occasion de se montrer avec du monde derrière eux, comme le président des Patriotes et ex-numéro deux du RN, Florian Philippot, à Paris.

La colère se manifeste contre le passe sanitaire et les autres contraintes décidées par le gouvernement et votées finalement par le Parlement. Cette colère touche bien sûr les travailleurs, dont certains ont participé aux manifestations. L’obligation vaccinale et le passe sanitaire sont en quelque sorte la goutte d’eau qui fait déborder le vase, car le mépris de classe du gouvernement s’est, une fois de plus, étalé au grand jour. »

Suit alors évidemment le discours comme quoi la colère doit s’exprimer non pas au sujet des libertés, mais sur une base revendicative. Cela est formulé ainsi dans l’éditorial du 2 août 2021:

« Les manifestations contre la loi sanitaire de Macron se sont poursuivies dans toute la France. Protester contre ces mesures est légitime.

Pas au nom de la défense des libertés individuelles, mais pour affirmer la nécessité, au nom de l’intérêt collectif, d’exproprier sans indemnité ni rachat les grands trusts de l’industrie pharmaceutique et de les mettre sous le contrôle de la population. Les agissements de ces groupes montrent que c’est la seule façon d’empêcher que la santé publique dépende des décisions d’actionnaires guidés uniquement par la recherche du profit. »

C’est une ligne plébéienne-populiste. La colère est juste, mais elle se trompe de direction, il faut accompagner celle-ci, etc. La position de « Lutte Ouvrière » est d’autant plus absurde qu’elle reconnaît elle-même que la mobilisation ne porte rien de bien.

On a une approche similaire avec la CNT-Solidarité ouvrière, qui dénonce un pass sanitaire liberticide, contre lequel il faudrait exprimer sa colère.

Il est pourtant expliqué en même temps qu’il faut systématiser la vaccination ! Mais comment vérifier la vaccination générale sans le pass sanitaire ? L’incohérence saute aux yeux. Mais rien à faire : la tentation de converger avec la protestation plébéienne-populiste l’emporte sur ses propres principes, jusqu’à l’incohérence la plus complète.

« Nous contestons le choix de cet outil autoritaire et liberticide comme mode de gestion de l’épidémie. Depuis des années, la France s’enfonce déjà dans une société de flicage permanent et il faudrait maintenant constamment badger via un smartphone et subir des contrôles pour des activités du quotidien.

C’est insupportable ! Nous dénonçons aussi le dangereux mélange des genres induit par le pass : ce n’est pas aux employeurs de contrôler le statut médical des salarié·es ni aux commerçant·es, employé-es ou agent·es publics celui des client·es et usager·ères ! (…)

Il faut combattre l’autoritarisme et la politique de santé défaillante de Macron mais nous devons tous·tes être très vigilant-es face aux réactionnaires, sectaires ou politicien·nes opportunistes qui prêchent par intérêt la confusion. Ce sont souvent les mêmes qui nous gavaient d’explications simplistes niant l’épidémie ou de discours individualistes et égoïstes voulant laisser crever les vieux et les « faibles » qui surfent aujourd’hui sur le refus ou la méfiance de la vaccination. En empêchant de débattre sereinement sur une politique sanitaire réellement protectrice de la population et de nos intérêts de classe, ces discours servent le pouvoir (…)

La question de sa généralisation à toute la population, comme d’autres vaccins qui nous ont libéré de maladies du passé, mérite d’être posée, mais démocratiquement, au contraire des choix actuels.   »     

Cela n’a aucun sens, et l’Union communiste libertaire a la même position. Ici, pas besoin de citer l’article, rien que le titre suffit:

« Non au pass sanitaire, pour une vaccination large et accessible »

Peut-on faire plus absurde ? Et cela a un seul fondement : celui de soutenir les mobilisations anti-pass sanitaire, parce que pour les plébéiens-populistes toute mobilisation est forcément bonne.

On a la même chose chez le Nouveau Parti Anticapitaliste :

« Contrairement à ce que l’on voudrait nous faire croire, les dizaines de milliers de personnes qui se mobilisent ne sont pas une meute d’affreux réactionnaires anti-vaccins. Si l’on retrouve parmi les manifestantEs certaines franges de l’extrême droite et des adeptes des théories complotistes qui ne seront jamais nos alliés, la gauche sociale et politique ne peut rester l’arme au pied.

Répétons-le : la vaccination générale à l’échelle mondiale est le meilleur moyen de stopper la pandémie, la balance bénéfices-risques plaidant absolument en ce sens. Mais disons-le également : c’est par la levée des brevets et par des politiques sanitaires ambitieuses et associant la population que la pandémie sera vaincue, pas par la contrainte et l’extension de la surveillance. L’opposition à la nouvelle loi adoptée à l’assemblée, ainsi qu’aux mesures antisociales qui visent à faire payer la note de la crise au monde du travail, c’est ce que nous continuerons de défendre les semaines qui viennent, y compris en nous joignant, partout où il est possible de porter une telle politique, aux initiatives de mobilisation. »

Un autre exemple assez édifiant est celui du média Acta.zone. C’est un média très développé sur le plan des idées, avec des textes très recherchés, se revendiquant de l’expérience de l’autonomie italienne (tout en cherchant à acquérir du prestige « radical » en parlant des Brigades Rouges pourtant ennemi juré de l’autonomie italienne).

Eh bien là c’est pareil : un très long texte justifie de balancer par-dessus bord tout critère politique, culturel, idéologique… pour se précipiter sur une ligne plébéienne-populiste.

« Si dans ces rassemblements, le fond de l’air paraît plus bleu (bien foncé) que rouge, le non-interventionnisme – qui se déploie dans une partie de la gauche radicale – sur les problématiques fondamentales de la surveillance de masse et de toutes les conséquences induites par la nouvelle mesure gouvernementale a de quoi interroger (…).

L’incapacité de la gauche révolutionnaire à intervenir dans les séquences qui échappent à sa grammaire traditionnelle pourrait surprendre, notamment après les deux années rythmées par le mouvement des Gilets Jaunes (…).

 il est clair que les mobilisations actuelles diffèrent de celles du mouvement des Gilets Jaunes. En effet, il nous semble que jamais ce dernier, de par sa composition, les fondements empiriques de sa colère et ses positions – parfois naïvement – apolitiques, ne se serait laissé mené par des partis et des groupuscules fascistes, ni n’aurait donné la liberté de se faire porte-paroles à des figures aussi politiciennes, opportunistes et nationalistes que Florian Philippot ou Nicolas Dupont-Aignan.

Néanmoins, quelque chose du même ordre se rejoue dans le rapport d’une partie de la gauche radicale aux mobilisations actuelles. Avant d’affirmer que ces dernières sont perdues pour toujours aux mains de forces racistes, antisémites et complotistes, la rigueur minimale nous imposerait de réaliser des enquêtes militantes, dans nos villes respectives, pour cerner la composition sociale et politique réelle des protestations, ainsi que les dynamiques internes qui traversent les positions contre le pass sanitaire. »

Et suit alors une longue explication où il est dit qu’on peut trouver de nombreux éléments positifs chez des anti-pass sanitaire : les « méfiances à l’égard de la vaccination, et la peur d’un usage de celle-ci à d’autres fins que celle de la santé publique », le fait de « mettre en doute les récits hégémoniques, parfois sous forme d’une critique édentée du capitalisme et des formes contemporaines de contrôle social », l’opposition  » au dispositif de contrôle généralisé que représente le pass sanitaire », etc.

C’est lamentable, c’est suicidaire : l’ultra-gauche se précipite dans la liquidation de tout acquis intellectuel, de toute valeur idéologique ou culturel, de toute tradition « révolutionnaire », juste pour satisfaire le besoin « d’en être », se retrouvant ainsi sur une ligne plébéienne-populiste.

Et l’adhésion à cette ligne passe également par le silence complaisant. Les anarcho-syndicalistes et syndicalistes-révolutionnaires de la CNT, fiers de leur apolitisme, ne parlent pas du pass sanitaire, ni même d’ailleurs de la crise sanitaire. On ne trouve rien dans le Combat syndicaliste de l’été 2021.

C’est que l’ultra-gauche, habitué aux protestations vaines et symboliques, sans conséquence, d’une société parmi les plus riches du monde, est totalement perdue dans une situation totalement nouvelle. La crise provoque des mobilisations réactionnaires. Et ne disposant pas de garde-fous, elle se sent obligée de converger.

Ce qui s’annonce, c’est un drame, avec un passage dans le fascisme de pans entiers de gens se voulant tellement à gauche qu’ils vont passer dans le camp de la Droite, en prétendant dépasser les clivages, combattre l’État, vouloir un grand « changement », etc.

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Crise sanitaire et « bascule historique »: le projet libéral-démocrate de restructuration

Il y a en ce moment une très puissante vague politique prétendant gérer la crise.

Plus de 380 élus ont signé une tribune saluant les nouvelles mesures d’Emmanuel Macron concernant la crise sanitaire.

Parmi eux, on trouve entre autres le maire de Nice Christian Estrosi (ex-LR), le maire de Créteil Laurent Cathala (PS), le maire de Toulon Hubert Falco (ex-LR), le maire de Clichy-sous-Bois Olivier Klein (PS), le maire de Reims Arnaud Robinet (LR), le maire de Valenciennes Laurent Degallaix (centre), la présidente du conseil départemental des Bouches-du-Rhône Martine Vassal (LR), le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc (LR), le maire de Dijon François Rebsamen (PS), le maire d’Angers Christophe Béchu (ex-LR), la maire de Mulhouse Michèle Lutz (LR), le maire d’Évry-Courcouronnes Stéphane Beaudet (LR).

Ces 300 élus saluent, ni plus ni moins, un Emmanuel Macron visionnaire qui porterait avec lui une véritable utopie, un eldorado capitaliste moderne. C’est que pour beaucoup de représentants de l’appareil d’État, notamment à travers les communes, la remise en cause de l’économie va générer une nouvelle situation, amenant une ré-impulsion du capitalisme.

Il y a à l’arrière-plan l’idée d’une gigantesque restructuration. C’est en fait la partie des couches dominantes qui dit qu’il n’est pas besoin d’aller à la guerre de manière prioritaire, que ce qui compte, ce sont les restructurations, qu’il y a autant à gagner en passant par là.

Pourquoi en effet courir à l’aventure nationaliste avec la Russie, alors que les Français sont passifs et qu’on peut les modeler comme le capitalisme l’entend, alors que les États-Unis sont à l’offensive ?

Voici la tribune, avec les passages essentiels soulignés :

« Comme des millions de Français, nous, maires et responsables de collectivités territoriales, avons suivi avec attention la récente adresse à la Nation du Président de la République. Et si nos sensibilités politiques sont différentes, nos parcours divers, nous nous retrouvons tous aujourd’hui pour saluer le courage des décisions prises, la clarté du cap fixé

Sur le plan sanitaire, l’objectif de vacciner tous les Français est ambitieux mais nécessaire. Ce n’est en effet qu’en atteignant un taux de couverture vaccinale supérieur à 90% de la population que nous pourrons tourner durablement la page, retrouver une vie normale dans nos villes et dans nos villages.

Mise en place de centres de vaccination, campagnes de communication : depuis le début de l’année, nous sommes en première ligne de combat. Nous serons au rendez-vous de cette nouvelle phase à la fois pour organiser la vaccination des Français qui, par millions, ont pris rendez-vous ces derniers jours et pour accompagner entrepreneurs, commerçants et responsables d’établissements publics dans la mise en place du passe sanitaire

Sur le plan économique, nous partageons également les orientations annoncées, la priorité donnée au travail, à la production et au mérite. Nous voulons dire, en particulier, notre disponibilité totale pour accompagner le plan d’investissement qui sera présenté à la rentrée.

A la tête de nos collectivités, nous œuvrons chaque jour pour rapprocher grands groupes, PME, start up et monde de l’université et de la recherche et ainsi faire émerger dans notre pays l’avant-garde industrielle. Amplifier ce mouvement est primordial pour permettre à la France de retrouver son indépendance, reprendre le contrôle de notre destin et réinscrire le pays dans une trajectoire de plein emploi.  

C’est aussi par l’investissement, par des innovations issues du terrain, que nous relèverons le défi du siècle : la lutte contre le réchauffement climatique. Transports propres, réseaux électriques intelligents, matériaux biosourcés, bâtiments à énergie positive, industrie décarbonée : nous inventons déjà au quotidien l’écologie de progrès dans nos territoires. Pour l’avenir de notre planète, pour nos enfants, nous sommes prêts à faire plus encore.  

Notre conviction est que nous vivons un moment de bascule comme l’Histoire en offre parfois.

L’alternative est simple : soit nous nous divisons dans des guerres picrocholines. Alors, la France passera à côté des révolutions en cours : numérique, technologique, écologique, démographique. Soit, nous faisons bloc, Etat et collectivités locales, dans un pacte de confiance renouvelé.

Alors, notre Nation se donnera une chance de participer à l’invention du monde qui vient.  

Dans l’intérêt du pays comme dans celui de nos territoires, nous, maires et responsables de collectivités territoriales, avons choisi d’agir ensemble pour l’avenir. D’agir ensemble pour la France. Voilà pourquoi nous soutenons les actions que vient d’annoncer le Président Emmanuel Macron.

Cet appel est hyper-moderne ; il vise à dire que le maillage des collectivités locales permet un encadrement des gens suffisamment puissants pour valider le projet libéral-démocrate, consistant en une restructuration complète.

C’est un projet très ambitieux, mais quiconque connaît le ton dans les collectivités locales sait que c’est pratiquement le triomphalisme qui prédomine. La passivité totale des travailleurs et la capacité économique de l’Etat a grandement rassuré sur l’absence de luttes de classe. Partant de là, les cadres de l’administration se placent de manière volontaire en première ligne pour la grande modernisation du capitalisme.

Ce sont deux projets qui se dessinent pour la prochaine présidentielle : la mobilisation par en bas par le populisme ou le nationalisme au service de l’aventure militariste d’une France en solitaire alliée à la Russie, la restructuration parallèlement à l’offensive américaine contre la Russie et la Chine. »

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L’importante allocution du 12 juillet 2021 d’Emmanuel Macron

C’est le moment où le régime est fort.

Comme prévu, l’Autriche a servi de laboratoire et la France va instaurer le principe du pass sanitaire systématique. Pour accéder à un lieu public, il faudra être vacciné, guéri de moins de six mois ou disposer d’un test PCR négatif récent, ce dernier devenant payant. Emmanuel Macron a d’ailleurs été très clair : il faudra vivre avec le virus tout le reste de l’année 2021 et les premiers mois de 2022. Le pass sanitaire s’inscrit donc dans la durée et rien que cela est une terrible défaite pour le capitalisme, qui doit réorganiser la société.

Ce qui va se faire dans la douleur, car on voit mal des Français individualistes accepter les contrôles pour le pass sanitaire dans les trains longue distance ou pour simplement prendre un café.

La crise n’est toutefois pas que sanitaire et ce qui fait l’importance de l’allocution du 12 juillet 2021, c’est le ton offensif d’Emmanuel Macron, qui annonce les luttes de classes à venir. Ce qui attend les travailleurs, c’est la restructuration. La réforme des retraites sera reprise dès que possible et surtout, le président l’a martelé, la valeur « travail » doit être mise au centre de tout. La moitié des entreprises françaises a des problèmes à trouver des travailleurs, cela doit cesser et le moyen capitaliste pour cela c’est de baisser les aides sociales ainsi que les allocations pour le chômage.

Emmanuel Macron en a profité pour insister sur le fait que la France serait le premier pays pour le numérique, qu’il y a beaucoup d’investissements internationaux, bref pour présenter le pays comme un bastion du capitalisme, ce qu’il est par ailleurs.

C’est en ce sens qu’il faut comprendre l’obligation de vaccination pour tous les soignants. Les vacances sont finies : désormais c’est l’ordre capitaliste qui doit primer et plus personne ne doit gripper la machine. La France a été une sorte de « joyeux bordel » comme le dit l’expression bien connue, désormais c’est terminé. Il y a une compétition internationale à assumer et les caractères particuliers des Français doivent s’effacer.

Il faut que le capitalisme français reprenne son cours, coûte que coûte et Emmanuel Macron a même été très optimiste, considérant qu’on reprendrait un cours progressif vers le « plein emploi » – une sacrée fiction – grosso modo d’ici une année. Il est payé pour cela : pour nier la crise, la faire payer aux travailleurs, avancer à marche forcée. En ce sens, le Emmanuel Macron de la dernière année du quinquennat va être très différent du précédent. Il va être directif, parce qu’il sait que le capitalisme attend cela de lui.

Les travailleurs vont prendre très cher. Ils vont payer le prix d’avoir accepté sans broncher qu’il y ait une pluie de milliards qui tombent sur les entreprises pour les soutenir. Ils n’ont pas voulu remettre en cause le capitalisme, considérant qu’ils tiraient leur épingle du jeu, par la consommation, un certain niveau de vie… ils vont s’apercevoir brutalement que le capitalisme leur doit tout… et qu’ils vont devoir payer la crise, en attendant la guerre.

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La candidature d’Anasse Kazib

Le style trotskiste argentin apporte-t-il un air frais ?

En présentant Anasse Kazib à la présidentielle, le « courant communiste révolutionnaire » du Nouveau Parti Anticapitaliste, dont le média est Révolution permanente, va au clash avec l’organisation mère. De son côté le NPA présente Philippe Poutou pour la troisième fois. C’est surtout un pari pour les premiers : celui de parvenir à fonder une nouvelle organisation à l’extrême-gauche, qui soit en mesure d’être moderne, dans l’air du temps et de prendre une large place dans le camp des travailleurs.

Par moderne, il faut clairement entendre quelque chose d’opposé à la Gauche historique. L’idée, c’est de combiner les gilets jaunes, le mouvement « black lives matter », les revendications sociales, les exigences sociétales LGBT, le combat contre « l’islamophobie »… en parvenant (sous une forme inversée) à une « dialectique des secteurs d’intervention », pour reprendre l’expression résumant la stratégie de la Ligue Communiste Révolutionnaire. La différence est que la Ligue Communiste Révolutionnaire dispersait ses militants dans les luttes, dans toutes les directions, dans les années 1980-1990, en espérant que tout se fasse écho. Là, il s’agit de donner un centre à un mouvement éparpillé, de construire l’organisation dans le feu de l’action.

Qui s’intéressera au fond théorique de l’approche peut lire « La catastrophe capitaliste et la lutte pour une organisation mondiale de la révolution socialiste », le manifeste trotskyste à l’origine de la démarche, ou bien se renseigner sur l’Argentin Nahuel Moreno, à l’origine de la variante dite « moréniste » du trotskisme. On parle ici d’une scission du courant dit « pabliste », terme venant de Michalis Raptis dit Pablo, qui a posé les bases de l’idéologie de la Ligue Communiste (Révolutionnaire) française, avant un recentrage.

Tout cela est bien compliqué, mais on peut voir les choses plus simplement. Il y a un grand vide politique : la Gauche française est hors-service. Il y a bien des partis électoralistes et une petite agitation militante, mais c’est sans valeur aucune historiquement, surtout alors que la crise arrive. Il y a donc l’exigence d’établir quelque chose de fort.

Et là, il n’y a pas 36 options. Soit on dit qu’il faut partir du parcours français, du mouvement ouvrier dans ses acquis et on entend réaffirmer la base qui a été corrompue pour X ou Y raisons. C’est la ligne de reconstruction d’un Parti Communiste, avec une évaluation différente de la période et de la source de la corruption, des communistes patriotiques du PRCF, des marxistes-léninistes du PC-RF et des maoïstes du PCF(MLM).

Soit on dit qu’il faut se fonder sur une tendance internationale, car la révolution est mondiale de manière immédiate, et surtout permanente. C’est le choix fait par le courant communiste révolutionnaire du NPA, qui propose ni plus ni moins que de reformer une organisation trotskiste de masse, prenant le relais de feu la LCR, feu le Parti Communiste Internationaliste… mais pas feu Lutte Ouvrière, qui est parvenue à se maintenir. Mais comme Lutte Ouvrière n’est pas mouvementiste, il y a une place à prendre, en théorie.

Il faut pour cela que cela soit juste, ou du moins que cela corresponde à un style français. Et on sait comment le trotskisme, avec son militantisme para-syndical révolutionnaire en mode léniniste, a eu un très important succès dans notre pays, depuis les années 1930 jusqu’aux années 2010. Le style argentin – car le courant communiste révolutionnaire du NPA est très clairement porté par la maison mère argentine – viendrait donc réactiver cela.

On va vite savoir si c’est le cas. Soit dans six mois un an, le pari est réussi et il y a une nouvelle organisation trotskiste avec un véritable écho populaire. Soit ce n’est qu’une illusion « activiste » déconnectée de la réalité nationale française.