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Nantes: la CGT a obtenu l’annulation de la venue de Laurent Obertone à la Maison des syndicats

Laurent Obertone a entamé une tournée de dédicace dans le cadre de son dernier roman, en tête des ventes sur Amazon. Dans ce cadre, il devait se rendre ce vendredi 25 octobre à la Maison des Syndicats de Nantes, ce qui bien évidemment a été dénoncé par la CGT comme une provocation et l’événement a été déplacé.

Laurent Obertone est un écrivain ayant fait son fonds de commerce du thème d’une France au bord de la guerre civile entre différentes communautés. De manière racoleuse, il décrit cela dans des romans aux scénarios dignes d’un très mauvais jeu-vidéo des années 2000, qui forcément plaisent à l’extrême-Droite puisque cela sert directement leur mystique nationaliste et identitaire. Il figurait d’ailleurs parmi les invités de la Convention de la Droite du 28 septembre dernier.

Voici le communiqué antifasciste de la CGT nantaise, suivit de la lettre à la Préfecture du Secrétaire général de la CGT Loire-Atlantique :

« COMMUNIQUE DE PRESSE UL CGT NANTES 25 OCTOBRE 2019

Nous avons appris hier après-midi qu’une conférence était prévue à la maison des syndicats de Nantes, de l’essayiste Laurent Obertone, organisée par la librairie Dobrée, connue pour ses accointances avec l’extrême droite.
Ses écrits sont soutenus par Marine Le Pen, Eric Zemmour, Robert Ménard ou Bruno Gollnisch et des publications telles que Fdesouche, Valeurs Actuelles ou Breizh Info.
La venue d’un personnage assimilé à l’extrême droite, dans les locaux de la maison des syndicats, là où se trouvent les plaques mémorielles commémoratives en l’honneur des militants CGT torturés et tués par les barbares nazis il y a bientôt 80 ans, était une véritable provocation.
La CGT a demandé l’annulation d’une telle conférence dans les murs de la maison des syndicats à la Préfecture et interpellé la mairie. Nous avons été entendus.
La CGT se félicite de l’annulation de cette conférence à la maison des syndicats.
Pour autant continuons à lutter contre la propagation des idées de haine d’extrême droite dans la société. Ce lent poison divise les travailleurs au profit du grand capital.
N’oublions pas qu’avant-guerre les grands patrons clamaient « plutôt Hitler que le Front Populaire ».

UNION LOCALE CGT NANTES »

 

« COMMUNIQUE DE PRESSE UL CGT NANTES 25 OCTOBRE 2019

Monsieur le Préfet,

Nous venons d’apprendre la tenue d’une conférence demain soir vendredi 25 octobre de 20 h à 23 h à la maison des syndicats, place de la gare de l’Etat, à l’initiative de l’association des amis de la librairie Dobrée, connue pour ses proximités avec l’extrême-droite. Cette conférence a pour protagoniste l’essayiste Laurent Obertone, dont le travail est centré sur la criminologie, les médias et le multiculturalisme. Ses thèses sont particulièrement influentes dans les milieux d’extrême-droite.

Lors d’une conférence tenue en octobre 2018, Laurent Obertone déconseille l’utilisation du terme « français de souche » car les personnes désignées par cette expression, selon lui, seront bientôt minoritaires. Il relie l’immigration à la montée de l’insécurité, aux maladies et à la baisse du QI des Français. Il fustige le vivre-ensemble selon lui imposé par un formatage de « médias comme Le Monde que personne ne lit » mais soutien l’extrême-droite sur internet comme TV Libertés, cite Charles Maurras, acclame le succès d’Eric Zemmour et espère « que la France ait un Trump ou un Salvini ». Il soutient les implantations de lieux d’extrême droite et identitaires. En décembre 2018, Laurent Obertone participe à un colloque du parti d’extrême droite du Rassemblement National sur « l’ensauvagement de la société ».

Selon France Info, si Laurent Obertone « journaliste fétiche du FN » conteste tout racisme, il soutient que la criminalité est liée à l’immigration et à « certaines communautés » – sous-entendu « communautés africaines » pas « adaptées », de par « leur culture et leur histoire », « au mode de vie occidental ». Il rejette l’antiracisme, le multiculturalisme, le « droit-de-l’hommiste » et considère que « la France attache plus d’importance aux agressions commises à l’encontre des musulmans ou des juifs qu’aux actes de violence contre des « Français de souche ». », opinions qui lui valent le soutien de Marine Le Pen, Eric Zemmour, Robert Ménard et Bruno Gollnisch et de l’extrême-droite sur internet tel que Novopress, Fdesouche, ou Riposte Laïque.
Vous comprendrez aisément que la tenue de cette manifestation dans une salle municipale, qui plus est dans la maison des syndicats, lieu symbolique, n’est pas acceptable pour notre organisation, notamment.

Ce lieu ne peut recevoir l’extrême droite alors que les plaques mémorielles y rappellent le combat et le martyr de nos camarades contre la barbarie nazie et la collaboration de la droite extrême.

Le risque de troubles à l’ordre public est important si cette réunion provocatrice est maintenue.

Plus largement, la CGT demande que cette conférence ne puisse avoir lieu ni à la maison des syndicats ni ailleurs car les thèses défendues sont xénophobes et racistes.

La CGT appellera la population à manifester si cette conférence n’est pas interdite, ce qui serait encourager l’extrême droite déjà décomplexée avec toutes les exactions perpétuées à Nantes depuis quelques années (ratonnades sur le campus universitaire, attaque violente d’un bar nantais, tentative d’homicide à l’arrêt de tram du Chaffault, multiples attaques de militants antiracistes…).

Dans l’attente de votre décision que nous attendons avec intérêt, nous nous tenons prêts à toute initiative pour empêcher en place publique à Nantes les discours haineux et porteurs de troubles sociétaux.

Nous vous prions de recevoir, Monsieur le Préfet, nos salutations distinguées.

Pour la CGT de Loire Atlantique
Fabrice DAVID, secrétaire général »

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Municipales: la Roche-sur-Yon en Vendée, un enjeu pour la Gauche

Préfecture d’un département s’étant largement ouvriérisé depuis les années 1970, la Roche-sur-Yon en Vendée revêt un enjeu stratégique pour la Gauche. Malgré une longue tradition conservatrice au niveau du département, la Roche-sur-Yon a vu la Gauche et la Droite alterner au pouvoir depuis 1945.

Avec ses 53 741 habitants, la Roche-sur-Yon a tout de l’allure d’une ville dortoir, loin de sa stature de préfecture départementale. Il faut dire que la métropole nantaise située à quelques kilomètres absorbe largement la dynamique sociale et culturelle et contribue également à une périurbanisation croissante du territoire.

Il n’y a qu’à voir l’extension de ces vastes zones industrielles et commerciales au nord et au sud de la ville (Acti-Sud, Flanerie…) et le récent plan de licenciement à Michelin rappelle l’ancrage industriel du territoire.

Alors que la mairie était aux mains du Parti socialiste depuis 1977, c’est l’agent d’assurance fils d’agriculteur, Luc Bouard qui conquiert la mairie pour l’UMP (devenu ensuite Les Républicains). Si le premier tour plaçait le candidat de la Droite à 35,33 % contre 36,09 % pour Pierre Regnault, Luc Boaurd gagna haut la main au second tour avec plus de 53 % des voix.

En 2014, la Gauche était partie divisée avec trois listes, une issue du PS, une du Front de Gauche et une portée par Lutte Ouvrière. Mais la Droite était également éparpillée entre trois listes, dont une du Front national incarnée par Brigitte Neveux, retraitée à Brétignolles-sur-Mer parachutée dans la préfecture.

A mois de 6 mois des élections municipales, la situation politique semble avoir bien changé cinq ans après, en parallèle des évolutions nationales. En effet, Luc Bouard a été récemment investi comme comme candidat de LREM et le Rassemblement national souhaite en finir avec sa tradition de parachutage. Le parti d’extrême-Droite vient d’annoncer sa candidate : Catherine Roy, une professeur de danse « qui habite et travaille à la Roche ».

Cependant, malgré quelques poches ultra-conservatrices comme l’Institut Catholique d’Enseignement Supérieur (ICES), l’extrême-Droite n’a pas un grand écho dans la ville. Aux élections européennes, le RN obtenait 13,5 % des voix, derrière EELV à 17,80 % et LREM à 27,8 %.

L’enjeu politique pour la Gauche s’avère être surtout sa capacité à isoler les mentalités socialement conservatrices qui s’expriment dans le centre politique, actuellement représenté par LREM. Or, si LREM a investi Luc Bouard comme candidat légitime du parti centriste, il y a aussi Raoul Mestre, issu du centre-droit et ayant soutenu Emmanuel Macorn en 2017, qui se présente « sans étiquette ».

La force centriste, principale obstacle de la Gauche à La Roche-sur-Yon, est ainsi éparpillée.

Or, contrairement à 2014, la Gauche est quant elle unifiée depuis quelque temps autour de « La roche solidaire et écologique », structure issue de l’association des élus d’opposition en 2014 « La Roche citoyenne ». L’initiative qui se veut ouverte, soutenue par le PS, le PCF, Place Publique, EELV, Générations et Énergie Citoyenne, multiplie les interventions dans les quartiers mais aussi les propositions militantes.

Ces forces s’opposent ainsi à la destruction de la passerelle Eiffel, construire en 1907, et véritable joyaux patrimonial de la ville, mais aussi une pétition pour le sauvegarde de la gestion publique de l’eau. De la même manière que « La Roche citoyenne » a apporté son soutien aux ouvriers de Michelin en lutte contre un plan de licenciement et a participé à la manifestation du samedi 19 octobre en défense de la dune et de la zone humide de Bretignolles-sur-Mer. Le communiqué commun du PS, PCF et EELV sur cette question écologique cruciale montre bien l’élan unitaire bien ancré localement.

Avec un score de 17,8 % Europe Écologie a marqué son empreinte dans la ville aux dernières Européennes. Et si l’on ajoute les score de Place-Publique alliée au Parti socialiste (9,65 %), de Générations (3,8%) et du PCF (2%), les forces liées à la Gauche sont largement majoritaires à La Roche-sur-Yon. Elles devraient logiquement l’emporter et constituer un point d’appuis important pour la Gauche dans cette France dite périphérique.

 

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PCF: communiqué sur l’exhumation de Franco

Voici le communiqué du PCF à propos de l’exhumation de Franco. C’est là une question démocratique d’une grande importance, non seulement en Espagne, mais aussi dans le monde entier, tant le monstre fasciste menace à nouveau à notre époque.

« Espagne/exhumation de Franco: Persévérer dans l’exigence de vérité, justice et réparation pour les victimes du franquisme

Le Parti communiste français se réjouit de l’exhumation du dictateur Franco de ce véritable « musée des horreurs du franquisme » que représentait le « Valle de los caidos ».

Cette journée souligne avant tout une avancée notoire pour toutes celles et tous ceux qui se sont battus et continuent à se battre pour que la vérité, la justice et la réparation soient rendues à toutes les victimes du franquisme et parmi elles, les dizaines de milliers de combattants antifascistes aujourd’hui encore ensevelis dans les fossés et les tombes.

Comme le soulignent notamment nos camarades communistes espagnols et les autres forces de progrès qui se sont battues pour la démocratie en Espagne, avec les associations et collectifs de mémoire démocratique, cette avancée souligne également le chemin qui reste à parcourir pour éliminer tous les vestiges du franquisme encore présents, mettre fin à l’impunité des crimes contre l’humanité engendrés par la dictature franquiste et faire droit aux exigences de justice et de dignité des disparus et de leurs familles tout en  luttant contre toute réminiscence de l’idéologie franquiste et fasciste dans les institutions. »

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Municipales: tribune de Jean-Marc Coppola du PCF pour «Le Printemps Marseillais»

Voici une tribune initialement publiée sur destimed, par le conseiller municipal PCF Jean-Marc Coppola à Marseille. Il évoque l’élan unitaire à Gauche dans la ville pour les municipales contre la Droite et l’extrême-Droite et invite EELV à rejoindre le mouvement « Le Printemps Marseillais ».

> Lire également : Municipales 2020 : les Verts mettent à mal le travail pour l’unité de la Gauche à Marseille

« A moins de cinq mois de l’élection clé, les municipales, le rassemblement des forces de gauche, progressistes, écologistes et citoyennes à Marseille, le Mouvement Sans Précédent a lancé sa campagne en devenant « Le Printemps Marseillais ».

Une nouvelle ère populaire et démocratique voit ainsi le jour dans la cité phocéenne. C’est Marseille qui se lève et reprend son destin en main. Après 25 années d’incurie de gestion, de clientélisme, de mépris et de discriminations par la droite, c’est une proposition politique et citoyenne inédite qui donne sens et ambition à l’engagement de toutes et tous pour une transformation démocratique et exemplaire, dans le but de rendre enfin Marseille aux Marseillaises et aux Marseillais. A l’opposé de la compétition de personnes auto-désignées, de LR au RN en passant par LREM, qui veulent d’abord le pouvoir pour des intérêts privés pour qu’au final rien ne change dans la 2e ville de France livrée aux grands groupes privés industriels et financiers, Le Printemps Marseillais veut mobiliser une génération d’habitant.e.s pour participer à la vie de la cité.

Une génération climat, une génération des quartiers, celle des luttes contre l’habitat indigne, l’abandon des écoles, contre le règne du tout automobile, contre l’opacité des décisions publiques, contre l’accroissement des inégalités, contre la ségrégation sociale et urbaine. Le Printemps Marseillais, c’est le pari d’une large union, comme Marseille ne l’a jamais connu, autour d’un projet positif d’alternative écologique, sociale, économique et démocratique pour ouvrir en grand les portes et les fenêtres d’une politique émancipée de l’austérité et redonner du sens à l’action publique et de l’efficacité aux services publics locaux.

Le Printemps Marseillais veut porter l’espoir. Il est le chemin d’un vrai changement par une nouvelle culture politique qui permette de relever les défis d’une ville en retard dans tous les domaines et répondre aux urgences sociales et environnementales, pour ré-enchanter notre quotidien et celui de nos enfants. Le Printemps Marseillais est une dynamique inédite qui représente des milliers de militant.e.s soutenus par plus de 3 200 signataires à l’Appel du 11 juillet 2019, venus d’horizons divers et qui ont en commun de vouloir construire un nouveau destin, ouvrir le champ des possibles pour répondre aux attentes des Marseillais.e.s.

Le Printemps Marseillais n’est pas figé, il porte une ambition, celle de réunir toutes celles et ceux qui croient en un renouveau de progrès pour notre ville, toutes celles et ceux qui agissent au quotidien pour permettre à ses habitants d’y vivre dignement. Dans cet esprit, nous gardons une main tendue à l’ensemble des acteurs du mouvement social, des mobilisations citoyennes, comme le Pacte démocratique, ou les organisations politiques écologistes comme EELV, pour construire ensemble une alternative pour les marseillais.es.

Nous en appelons à la participation active des femmes, des hommes qui partagent les mêmes valeurs de justice sociale, de transition écologique, de renouveau démocratique et la même ambition de gérer les biens communs dans l’intérêt général. Le Printemps Marseillais, c’est le chemin que nous allons parcourir avec tous les habitant.e.s de Marseille pour construire un projet commun jusqu’aux urnes, le 15 mars 2020. »

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GDS: «Construire l’unité pour une alternative sociale et écologique»

Voici la publication de l’organisation Gauche démocratique et sociale (GDS), qui organise des « Rencontres pour construire l’unité » à Pau les 16 et 17 novembre. Le texte invite au rassemblement à Gauche sur la base d’une rupture avec le capitalisme. 

« Construire l’unité pour une alternative sociale et écologique
13/10/2019

Michelin a annoncé la fermeture de son usine de La Roche sur Yon en Vendée, qui emploie 619 salariés. Comment accepter cette décision brutale alors que, Michelin, c’est 22 milliards de chiffre d’affaire, 665 millions de dividendes en 2018 et pas moins de 70 millions de CICE perçus ? En Gironde, l’usine Ford à Blanquefort qui comptait 850 salariés a fermé. A Bessé sur Braye en Sarthe, la liquidation de la papeterie Arjowiggins a laissé sur le carreau 578 salariés, 120 intérimaires et de nombreux sous-traitants…et tout un territoire dévasté. Ce sont quelques exemples, parmi tant d’autres, des dégâts que le capitalisme provoque tous les jours. Ce système sacrifie impunément des vies au nom de la course au profit maximum.

Rompre avec le système économique dominant

Le thème de la fin du capitalisme resurgit dans le débat public y compris dans les grands medias (1). La hausse des inégalités de revenu est criante, une nouvelle crise financière est à craindre, le réchauffement climatique largement dû au capitalisme est bien réel. Ce sont bien des raisons de remettre à l’ordre du jour le besoin de rompre avec le système économique dominant, et de s’engager vers un nouveau modèle économique. Il est possible de « redonner au public le pouvoir de penser l’alternative au capitalisme » (2). Mais ne soyons pas naïfs : le capitalisme ne tombera pas de lui-même comme un fruit mûr.

Les luttes d’aujourd’hui sont l’élément-clé pour préparer le « dépassement du capitalisme » et son abolition (3). Les privilégiés défendent toujours le système dont ils tirent avantage. En France, c’est le rôle assigné à Macron par la bourgeoisie qui veut mettre fin aux fortes résistances que le néo-libéralisme suscite chez les salariés et dans la jeunesse de notre pays.

Préparer la grève interprofessionnelle

Les attaques contre la Sécurité sociale et les retraites sont significatives du projet macroniste. Le retour d’un déficit de la sécurité sociale est largement dû « à un assèchement délibéré des recettes provoqué par la non-compensation intégrale des exonérations de cotisations sociales » (4) décidées par le gouvernement. L’autonomie du budget de la Sécurité sociale est bafoué par Macron qui veut le fondre dans celui de l’Etat. Quant aux retraites, Macron s’obstine à imposer un système de retraites par points qui vise à baisser les pensions et à individualiser au maximum le système. Au final, aucun actif ne saura avec certitude quelle sera sa pension quand il sera en retraite. Multiplions les rencontres, les débats, les explications … Pour préparer la grève interprofessionnelle. Et imposer le droit réel à la retraite dès 60 ans avec une pension décente, la prise en compte de la pénibilité.

Se rassembler à gauche

La bataille contre la privatisation d’ADP est à relancer vers le million de signatures. C’est un combat contre Macron et son monde, celui où tout est marchandise au plus grand profit des grandes entreprises. Il est grand temps que la gauche, porteuse historiquement d’un projet alternatif au capitalisme, se rassemble. Alternative sociale et écologique ou régression sociale et chaos climatique. Une course de vitesse est engagée ! Il n’y a plus de temps à perdre !

Pour en débattre, la Gauche démocratique et sociale (GDS) organise des « Rencontres pour construire l’unité » à Pau les 16 et 17 novembre (pour plus de renseignements et s’inscrire : contact@gds-ds.org)

(1) Dernier en date le quotidien Le Monde titre « le capitalisme est-il fini ? » dans son édition des 13 et 14 octobre

(2) Gérard Mordillat dans l’Humanité du 8 octobre co-auteur de la série « Travail, salaire, profit » diffusée sur Arte

(3) Thomas Piketty « Quand je parle de dépassement du capitalisme, je pourrais dire abolition »

(4) Déficit de la Sécu : 11 organisations demandent le retour à la compensation intégrale des pertes de recettes »

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Municipales: la maire socialiste du 20e arrondissement de Paris rallie LREM

La maire du 20e arrondissement de Paris Frédérique Calandra soutiendra le candidat La République en marche Benjamin Griveaux aux prochaines municipales. Elle avait pourtant été élue dans cet arrondissement encore en partie populaire sous l’étiquette du Parti socialiste et trahit donc son camp en rejoignant la majorité présidentielle. Cet opportunisme est typique d’une démarche bobo, qui a besoin de se donner une image de gauche, mais sans en assumer le contenu.

Frédérique Calandra était déjà brouillée avec la majorité municipale parisienne, bien qu’elle siégeait toujours dans le groupe socialiste au Conseil de Paris. Elle trahira donc ouvertement son camp en mars prochain en étant présente sur une liste concurrente dans son arrondissement, sans même être assurée d’être tête de liste.

Voici donc une bobo qui abandonne son camp, jette par la fenêtre ses convictions pour rejoindre les adversaires de la Gauche. Que cela ait lieu dans ce gros arrondissement de l’est parisien, historiquement très à Gauche avec encore des quartiers populaires importants et notamment des grandes cités HLM, en dit long sur les dégâts que fait toute cette fausse Gauche, véritablement libérale.

Frédérique Calandra fait partie de ces personnalités issues de la Gauche, mais qui rejoignent le centre-droit porté par Emmanuel Macron, au nom du pragmatisme. L’urgence, ou la prétendue urgence de certaines situations, aurait donc plus d’importance que ses propres convictions et les valeurs défendues pendant des années.

Elle se retrouve donc minoritaire dans son propre arrondissement depuis deux ans, car elle aurait du mal à travailler avec la majorité sur des sujets comme les transports, le budget participatif, le « rééquilibrage » en faveur des quartiers populaires du nord-est. Elle parle aussi de « bricolage » sur certains sujets.

Elle y oppose un « pragmatisme », typiquement de droite, qui est d’ailleurs au cœur de la démarche d’Emmanuel Macron. Ce dernier prétend résoudre à la pelle tout un tas de problèmes, que ces prédécesseurs n’auraient pas été capables de résoudre, par « idéologie » ou selon des considérations doctrinaires.

Remarquons que c’est exactement l’inverse de ce que nous disons ici : nous pensons précisément que la Gauche faillit quand elle s’éloigne de ses fondamentaux historiques, du cœur de sa doctrine qu’est le Socialisme !

Tel n’est pas le point de vue de Frédérique Calandra, qui pourtant prétend rester fidèle à ses convictions de gauche. C’est en tous cas ce qu’elle dit dans une longue lettre de quatre pages destinées aux habitants du 20e arrondissement de Paris.

Elle y explique qu’avec Benjamin Griveaux, qui vient aussi du PS :

« nous avons été tous les deux formés au creuset de la gauche républicaine, celle qui sait que la politique doit être forte pour aider les plus faibles ».

L’actuelle majorité parisienne serait donc incapable de défendre ces valeurs de gauche, car « prisonnière de ses alliances (communistes, Génération. s, Verts) ». Il y aurait une « une dérive démagogique, loin des valeurs de la gauche républicaine ». On se demandera bien quelle est sa définition des valeurs de gauche si même Anne Hidalgo semble trop à Gauche pour elle…

Frédérique Calandra rejoint la démarche de tout un tas de personnalité comme Jean-Yves Le Drian, Gérard Collomb ou Christophe Castaner, ayant rallié Emmanuel Macron. Ces gens sont nombreux et prétendent même être encore de gauche, comme ils l’ont affirmé dans une tribune parue dans le JDD hier en appelant à un « pole de gauche » dans la majorité présidentielle.

Cette fois, c’est au nom de l’urgence contre « la vague populiste et démagogique en Europe » qu’il faudrait se tourner vers un contre-populisme de centre-droit, une sorte de populisme également contre « le système », mais depuis l’intérieur !

C’est au nom du « progressisme » que cela a lieu et on aura compris que tous ces gens, à l’image de l’insupportable Jean-Louis Touraine, sont très contents de l’extension de la PMA et poussent pour la GPA.

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La grave crise en Catalogne d’octobre 2019

L’Espagne est une monarchie issue directement du franquisme, avec une démocratisation inégale concernant un nombre très important d’aspects. La revendication indépendantiste catalane naît de ce terreau et la condamnation très lourde à la prison des indépendantistes modérés ayant organisé un « référendum » a mis le feu aux poudres.

Le monde connaît des contradictions qui, vues de l’extérieur, semblent étranges. Ainsi, la ville de Santiago du Chili connaît de violentes émeutes et est désormais sous le statut de l’état d’urgence. Pourquoi tout cela ? Car le ticket de métro a augmenté de 4 centimes d’euro, pour passer 1,04 euros. C’est évidemment un déclencheur de quelque chose de plus profond.

Il en va de même pour la Catalogne où grosso modo la moitié du pays est pour l’indépendance, l’autre moitié contre. Vendredi, la fameuse Sagrada Familia a ainsi été fermée aux touristes suite à un blocage par un groupe dénommé « Pique-nique pour la République ». Comme on le voit, cela concerne bien plus qu’une simple question d’indépendance, il y a là une dimension politique.

C’est ce qui provoque les troubles en Catalogne concernant des questions politiques, sociales, culturelles, idéologiques, dans un grand mélange datant de la guerre d’Espagne. Ce n’est pas pour rien que la personne qui a été condamné le plus lourdement pour l’organisation du référendum sur l’indépendance est Oriol Junqueras. C’est l’ex-vice-président de la Catalogne, dirigeant du parti Gauche républicaine de Catalogne (ERC). Il a écopé de 13 ans de prison pour sédition et détournement de fonds public.

Ce n’est pas pour rien non plus qu’en réaction aux condamnations, il y a eu vendredi une grève générale chez Seat, dans le port et dans la chaîne de supermarché Bonpreu. Il y a une profonde dimension ouvrière dans cette agitation.

L’opposition au centralisme de Madrid relève d’une démarche républicaine fédéraliste tout à fait assumée dans la vraie Gauche, que les socialistes du PSOE ont quitté depuis longtemps. Il existe une grande scène d’agitation pro-républicaine (anti-monarchiste), sur une base de gauche, allant bien au-delà de la question catalane et allant d’écologistes alternatifs aux communistes illégalistes historiquement liés au PCE(r) clandestin.

Mais pour la question catalane directement, il y a également une enchevêtrement avec la bourgeoisie catalane, qui joue la carte de l’égoïsme en utilisant la fibre nationaliste. La bourgeoisie catalane veut profiter seule de 7,6 millions d’habitants, 20 % du PIB espagnol, de la grande métropole qu’est Barcelone. La Catalogne est un bastion capitaliste et une plaque tournante de la « mondialisation ».

Il n’est pas bien difficile de voir comment cela donne des ailes « anticapitalistes » aux nationalistes centralisateurs, comment cela provoque des rancœurs en Espagne. D’où la brutalité et le caractère large des condamnations que l’État a pu mettre en place, de par le vaste espace existant politiquement pour cela en Espagne.

Jordi Sànchez et Jordi Cuixart, de la scène associative, ont été condamnés à neuf ans de prison ; cinq personnes ayant été ministre d’Oriol Junqueras ont été condamnées à des peines allant de 10,5 à 12 ans de prison et l’ex-présidente du parlement régional, Carme Forcadell, à 11 ans. Trois autres personnes ont pris des amendes.

C’est un avertissement clair à la bourgeoisie catalane. Cela dit : l’armée est la garante de l’unité du pays et jamais la Catalogne n’aura son indépendance, point final. L’acte d’accusation fait d’ailleurs 493 pages, histoire de bien montrer que l’État gère tout comme il l’entend.

On comprend donc que plus 500 000 personnes aient manifesté à Barcelone vendredi, alors que les heurts avec la police durent depuis le 14 octobre, avec 600 blessés. Il y a des raisons objectives de se révolter contre le régime. Mais le fait que cela soit fait par l’intermédiaire du prisme nationaliste est une faiblesse impliquant une défaite inévitable. Il n’existe pas de « nationalisme de gauche », il n’existe qu’une Gauche avec des revendications nationales-démocratiques. Il n’en a jamais été autrement.

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Municipales: l’élan unitaire de la Gauche à Moulins

Au cœur de la « diagonale du vide », Moulins est la préfecture de l’Allier et compte 20 000 habitants et un peu plus de 60 000 dans son aire urbaine. Ville dominée par les notables de la Droite depuis 1945, une dynamique unitaire très large s’y est lancée à Gauche, donnant l’espoir d’un basculement.

Moulins est à l’image des petites villes de France, marquées par une forte empreinte de la paysannerie dans les mœurs et les traditions. Ceci explique pourquoi la Droite a réussi à s’y ancrer depuis plus de 60 ans, malgré sa lente décrue démographique. En effet, entre 1968 et 2016, la commune a perdu 6 366 habitants, passant de pratiquement 26 00 âmes à 20 000.

Cependant, installé au pouvoir depuis 1995, Pierre-André Perissol le maire Les Républicains a bien du mal à étouffer les oppositions qui émergent à l’intérieur de son camp.

Ainsi, son premier adjoint, Stefan Lunte, d’orientation filloniste, a démissionné de la majorité début juillet. Le motif fut le vote d’une subvention supplémentaire à « Moulins Yzeure Football », jugée incompréhensible au regard des sous-investissements dans la rénovation de choses du quotidien (comme des rues délabrées par exemple).

Derrière se cachent également des recompositions d’ordre idéologique puisqu’il y a peu de temps ce fut le directeur de cabinet du maire, Guillaume Boutié, proche d’Alain Juppé, qui a démissionné.

Né en 1947 et installé à la mairie depuis 1995, le maire Pierre-André Perissol a été investi par Les Républicains pour représenter le parti aux élections moulinoises de 2020. Stefan Lunte a quant à lui officialisé sa candidature début septembre en demandant aussi l’investiture du principal parti de la Droite.

Dans ce contexte de division et de tensions internes à la Droite, il est évident qu’une fenêtre de tir plus que favorable est ouverte pour la Gauche. Ce qui est en train de se passer avec « Moulins ma cité – un avenir partagé », rassemblant le PS, le PCF, Génération-s, Place Publique et EELV est à ce titre plus que bon signe.

Lancée par quelques militants au printemps 2018, l’initiative s’est formalisée en mai 2019 dans le collectif « Moulins ma cité – un avenir partagé » et a multiplié les interventions dans les différents quartiers de la ville. Avec 50 membres et 5 porte-paroles déclarés, ce collectif des forces démocratiques s’appuie sur un ancrage local des plus certains.

Aux élections municipales de 2014 déjà une liste commune PS-PCF, « 100 % Moulins », était parvenu à envoyer plusieurs élus d’opposition, dont Yannick Monnet (PCF). De la même manière que le 9 mars 2014, un vaste rassemblement contre la manifestation fasciste « Jour de Colère » en janvier avait été soutenu par le PS, EELV, le PCF, la CGT et les associations SOS racisme et RESF.

À ce panorama s’ajoute la démission du conseiller municipal élu en 2014 de la liste unitaire de gauche « 100 % Moulins », Jacques Lahaye. Ayant démissionné du PS au cours de l’année 2017, il a fait part de sa proximité avec La République en Marche mais reste en retrait, hésitant entre une candidature ou un soutien à la liste citoyenne.

Aux dernières élections européennes, le Rassemblement national est arrivé en tête des suffrages avec 22, 71 %,, contre 21, 77 % pour La République en Marche et 11, 93 % pour Les Républicains. Éparpillée et divisée, la gauche na rien pesé, alors que rassemblée elle serait arrivée largement en tête avec 30, 6 % (EELV, PCF, PS-PP, Générations, LFI).

Avec une Droite divisée, une force centriste (LREM) prise de court, l’initiative unitaire de « Moulins ma cité – un avenir partagé » fournit l’espoir d’un basculement de Moulins à Gauche.

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Prix Nobel d’économie 2019: des experts en business

Il y a des gens qui gagnent leur vie en faisant travailler les pauvres. D’autres en en parlant. Le prix Nobel d’économie 2019 a été gagné par des gens ayant monté un vrai business « scientifique » de discours sur la pauvreté.

Le prix Nobel d’économie a été remis cette année à la française Esther Duflo et son mari d’origine indienne Abhijit Banerjee, ainsi qu’à l’américain Michael Kremer, les deux premiers ayant pris cette nationalité également.

C’est qu’Esther Duflo est le prototype de l’intellectuelle bourgeoise faisant carrière aux États-Unis. Elle fait une prépa au Lycée Henri IV, rejoint l’École normale supérieure, puis un DEA à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), pour devenir agrégé d’économie.

Elle fait ensuite un doctorat au fameux MIT américain, dont elle devient ensuite professeur. C’est là-bas que se fonde le laboratoire Abdul Latif Jameel d’action contre la pauvreté, alors qu’Esther Duflo reçoit de nombreux prix, distinctions, publications dans des revues, etc.

L’idée de base est qu’il s’agit de procéder à des « évaluations d’impacts par assignation aléatoire (Randomized Control Trial) », en gros de mener des enquêtes pour voir les résultats de telle ou telle politique sociale, y compris si elle n’as pas été en fait réalisée.

On l’aura compris, c’est l’application de l’utilisation de données statistiques (même pas complètes, car il s’agit seulement d’échantillons) à la réalité sociale (définie par ailleurs subjectivement).

Ces « Randomized Control Trial » ou RCT sont totalement à la mode et il faut citer ici un article de Florent Bédécarrats, Isabelle Guérin et François Roubaud, qui avaient prévu en 2013 l’obtention du prix Nobel par Esther Duflo.

« Rares sont aujourd’hui les formations académiques prétendant « tutoyer l’excellence » qui ne proposent un cursus spécialisé dans ce domaine, comme à l’École d’économie de Paris, la London School of Economics, Harvard, Yale, etc.

Rares sont également les agences d’aides qui n’aient pas créé de département qui leur soit dédié, ou engagé ou financé leurs propres rct (…).

La figure d’Esther Duflo est l’exemple le plus illustratif de cette mouvance. Jeune chercheure franco-américaine, elle cumule les distinctions académiques, dont la célèbre médaille Bates, qui récompense le « meilleur économiste » de moins de 40 ans et qu’elle a reçue en 2010.

Elle a à son actif un nombre impressionnant de publications dans les revues d’économie les plus prestigieuses, mais elle vulgarise également ses travaux sous la forme d’ouvrages accessibles au grand public. Depuis 2008, elle figure sur la liste des 100 premiers intellectuels mondiaux du magazine américain Foreign Policy. En 2011, c’est le Time qui la compte parmi les 100 personnes les plus influentes au monde.

Fin 2012, elle a été nommée conseillère du Président Obama sur les questions de « développement global ». En France, elle a été la première titulaire de la toute nouvelle chaire « Savoir contre pauvreté » du Collège de France, créée et financée par l’Agence française de développement (AFD). Son nom est régulièrement cité comme candidate potentielle à un prochain prix Nobel d’économie.

Ces jeunes chercheurs de la mouvance rct se distinguent également dans le mode de gestion de leur activité. En montant des ong ou des bureaux d’étude spécialisés, ils créent les structures idoines pour recevoir des fonds de toutes origines : publique bien sûr, mais également de fondations, d’entreprises, de mécènes, etc., hors des circuits classiques de financement de la recherche publique.

Sur ce plan, ils sont en parfaite adéquation avec les nouvelles sources de financement de l’aide que constituent les fondations privées et les institutions philanthropiques, qui se montrent particulièrement enclines à leur confier des études.

En parvenant à créer leurs propres guichets de financement, principalement multilatéraux (l’initiative de la Banque mondiale pour l’évaluation d’impact du développement, l’initiative internationale pour l’évaluation d’impact, la Banque africaine de développement, le fonds stratégique pour le développement humain), mais aussi bilatéraux (la coopération espagnole et britannique) et des fondations (Rockefeller, Citi, Gates), les randomisateurs ont créé un oligopole sur le marché florissant de l’expérience aléatoire.

La nébuleuse organisée autour de j-pal, co-dirigée par Esther Duflo, constitue le modèle le plus emblématique et le plus abouti de ce nouveau scientific business model. Le laboratoire j-pal est l’un des centres de recherche du département d’économie du Massachusetts Institute of Technology.

Cet ancrage institutionnel, au sein d’une des plus prestigieuses universités américaines, ainsi que la notoriété de ses dirigeants, jouent le rôle de caution académique et de catalyseur.

Au côté de j-pal, Innovations for Poverty Action (ipa) joue un rôle névralgique. Organisation à but non lucratif, outre sa fonction de communication et de plaidoyer en faveur des rct, elle est chargée d’étendre et de répliquer les expériences aléatoires une fois testées par j-pal. »

Peut-on critiquer le capitalisme depuis le cœur des institutions ? Certainement pas. Les gagnants du prix Nobel 2019 ne critiquent d’ailleurs pas le capitalisme, ils prônent le développement social, ils sont donc « de gauche » selon la définition d’un Lionel Jospin ou d’un François Hollande.

Mais en réalité, ce sont des gens cherchant à impulser encore plus de capitalisme en faisant en sorte qu’il y a ait le plus d’accumulation de capital possible, y compris à petite échelle, pour encore plus relancer la machine terriblement grippée.

Le capitalisme est à bout de souffle et il racle le fond. Il a même besoin du micro-crédit, c’est dire ! Et il a une armée de chercheurs pour l’aider en ce sens, qui masquent leur sinistre activité derrière les termes de « développement », de « progrès social », etc. Tout en en vivant très bien eux-mêmes.

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Municipales: la situation compliquée de la Gauche à Saint-Nazaire

Saint-Nazaire en Loire-Atlantique est une ville industrielle-portuaire de 70 000 habitants, fortement marquée par son identité ouvrière. La municipalité est à Gauche depuis la première moitié du siècle dernier. Le premier maire SFIO (ancêtre du Parti socialiste) François Blancho y a été élu en 1925, c’était un ouvrier soudeur-ajusteur. La ville pourrait cependant basculer aux prochaines élections.

L’actuel maire de Saint-Nazaire, le socialiste David Samzun, est candidat à sa propre succession. Il a déjà présenté un projet autour de 202 propositions, élaborées par son équipe qu’il dit composée d’environ 300 personnes.

Problème : le Bureau national du Parti socialiste a gelé son investiture, c’est-à-dire qu’officiellement il ne le soutient plus suite à une affaire ayant déchiré le conseil municipal. Une autre liste sera donc présentée par Gaëlle Bénizé-Thual, elle aussi élue municipale socialiste (mais plus dans la majorité), avec un appel au rassemblement de la Gauche et de l’écologie.

Cette dernière n’a pas ouvertement le soutien du Parti socialiste, en tous cas pour l’instant. Le PS a cependant été très ferme à l’encontre du maire sortant David Samzun. Suite à la dénonciation par des femmes du conseil municipal d’une ambiance générale sexiste, ainsi qu’une plainte pour harcèlement, qui n’a pas donné lieu, le Bureau national du PS avait envoyé sur place une délégation composée notamment de l’ancienne ministre aux Droits des femmes Laurence Rossignol.

> Lire également : Démission de Laurianne Deniaud à Saint-Nazaire : « la loyauté ne suffit plus à justifier l’injustifiable »

Bien que des figures socialistes locales avaient critiqué cette décision, le premier secrétaire Olivier Faure avait pleinement assumé de geler l’investiture de David Samzun, quitte à se couper de la municipalité en rappelant les valeurs, « au-delà de nos intérêts électoraux ». Il avait été considéré que :

« Il y a un certain nombre d’indices qui laissent à penser que s’est développée une culture sexiste, basée sur des stéréotypes de genres dépassés, créant un climat particulier marqué par une sexualisation importante. »

La Gauche se retrouve donc dans une situation très compliquée et pourrait tout simplement perdre la ville. Dans l’actuel conseil municipal, elle compte en tout 38 élus (divisés) contre 5 pour le Centre, 3 pour la Droite et 3 pour l’extrême-Droite. Le Rassemblement national (anciennement FN), qui avait fait son entrée pour la première fois au conseil municipal, ne cesse d’élargir sa base électorale à Saint-Nazaire et dans les communes environnantes.

Aux élections européennes, la Gauche à Saint-Nazaire avait connu un revers conforme au score national avec 23,79% (5 552 voix) pour LREM, 17,44% (4 071 voix) pour les Verts et 15,13% (3 531 voix) pour le Rassemblement national. La liste soutenue par le PS avait obtenu 10,07% (2 350 voix) et celle de la France insoumise 7,43% (1 733 voix).

Il y a donc un enjeu important pour la Gauche, tant localement que nationalement, à conserver ce bastion ouvrier afin qu’il ne bascule pas du côté d’Emmanuel Macron, ou pire de l’extrême-Droite, ce qui semble toutefois peu probable. Le RN pourrait en tous cas largement se renforcer au conseil municipal en profitant de la division de la Gauche.

Dans un récent communiqué, le PCF local a appelé de manière constructive et lucide « au « tous ensemble » pour gagner dès le premier tour des élections » :

« Une majorité municipale de gauche dans notre ville ne change pas la société ni le monde mais elle contribue à agir pour une société plus saine, plus humaine, plus solidaire et plus fraternelle et plus démocratique.

On ne doit pas jouer avec la vie quotidienne de ceux qui travaillent, qui peinent, ou qui souffrent chaque jour. La pesante actualité de la majorité municipale depuis de nombreux mois nécessite de reconstruire un fonctionnement démocratique, respectueux des différentes sensibilités politiques de gauche, sans hégémonie.

Le mouvement des Gilets Jaunes a confirmé qu’il n’y aura pas de solution à l’urgence climatique sans solution à l’urgence sociale ni développement de nouvelles formes de démocratie.

Les élections municipales de mars prochain peuvent être aussi un moment fort à Saint-Nazaire de soutien aux mobilisations contre la politique Macron (santé, école, retraites, moyens pour les collectivités, accueil des réfugiés, …) »

Cependant, au vu des démarches en cours, il semble difficilement envisageable que ce processus ait lieu à moins de six mois de l’échéance. Les électeurs de gauche risquent donc de se retrouver coincés entre le choix de la continuité et celui des valeurs, à moins qu’ils ne s’abstiennent ou partent voir ailleurs.

Le choix des personnes les plus marquées à Gauche à Saint-Nazaire ira probablement à la liste menée par Gaëlle Bénizé-Thual si elle arrive à impulser une dynamique de campagne, car les comportements anti-démocratiques qui ont été dénoncés sont inacceptables.

Il ne faut pas sous-estimer cependant le fait que beaucoup seront convaincus par les arguments de David Samzun, bénéficiant de son bilan et dénonçant un opportunisme politique de la part de ses opposants issus de la Gauche.

La situation semble donc inextricable, à moins peut-être que le maire sortant opte pour une démarche d’ouverture et d’autocritique. C’est ce que lui suggère récemment une longue lettre de la section locale de la Ligue des Droits de l’Homme, qui s’inquiète de voir la Gauche perde la ville au profit de l’extrême-Droite ou du libéralisme :

« Vous n’avez pas mal réagi, vous n’avez pas commis une faute, vous n’avez pas manqué de sensibilité mais vous avez manqué d’écoute et surtout de prise en compte de la complexité. Ce qui conduit aujourd’hui au constat que ceux qui en font les frais sont ceux qui ont parlé. En ce sens, vous n’avez pas conduit une action d’apaisement et encore moins d’émancipation.

Le risque est fort, comme a pu le dire un élu, que cet éclatement conduise à une bipolarisation lors des prochaines échéances électorales. Cet élu aurait pu rajouter que la crainte que nous pouvons avoir est que le prochain municipe ne conduira pas une politique sociale aussi forte, aussi ambitieuse que la vôtre. Entre un parti politique qui sélectionne ses pauvres et une force politique largement inspirée du libéralisme qui pose la responsabilité individuelle comme cause majeure de la pauvreté, on peut craindre évidemment un durcissement des aides aux plus vulnérables. Vous savez bien que tout cela ne conduira ni à la justice sociale ni à l’avancée des droits.

La Ligue des Droits de l’Homme, forte de ses convictions, respectueuse des principes du droit français, souhaite que le combat contre les injustices et pour l’égalité des droits reste prioritaire dans une période où nos concitoyens ont encore plus besoin d’une action publique basée avant tout sur l’intérêt général et la justice sociale. »

Notons pour finir de compléter ce panorama local très riche que Les Verts, qui avaient lancé cet été un vague « Appel écologiste et citoyen – Saint-Nazaire 2020 », ne semblent pas pour l’instant présenter de liste. Mais rien n’est figé, tant on sait que la direction nationale d’EELV souhaite avoir des listes indépendantes par rapport à la Gauche dans un grand nombre de municipalités.

Pour ajouter à la division, La France insoumise, Génération-s et le NPA ont décidé de présenter une liste, « Saint-Nazaire en Commun (e) ». Cette liste « vraiment de gauche » semble surtout faire acte de présence, avec un projet qui serait à « construire ».

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Municipales: les Verts mettent à mal le travail pour l’unité de la Gauche à Marseille

Une large initiative d’union de la Gauche pour les municipales de 2020 est en cours à Marseille, selon le constat qu’il y a une ouverture possible pour évincer la Droite et qu’il ne faut pas prendre le risque de voir le Rassemblement national triompher. Lors d’un vote le 5 octobre, les militants locaux d’Europe écologie-Les Verts ont néanmoins fait le choix d’une candidature indépendante, mettant à mal les initiatives unitaires en cours, pourtant très liées à l’écologie politique.

L’été a été très riche en initiatives du côté de la Gauche et des forces issues des milieux associatifs et syndicaux à Marseille, souvent marquées par la catastrophe des effondrements d’immeubles rue d’Aubagne l’an passé.

D’un côté, une tribune publiée dans Libération donnant lieu à un « Mouvement sans précédent » (en référence à l’introduction de la tribune), de l’autre un « Pacte démocratique pour Marseille », paru dans le journal La Marseillaise, historiquement proche du PCF.

La tribune « sans précédent » assume un propos très offensif contre le « système » marseillais mis en place par la Droite :

« Nous refusons les compromis avec les héritiers de ce système, et avec les représentants de la majorité présidentielle. Il nous faut rompre avec les politiques inégalitaires, anti-écologiques et purement comptables menées par les gouvernements et les municipalités marseillaises successives. Cette rupture est le meilleur moyen de combattre le projet et les idées de l’extrême droite. »

Le projet défendu est très à Gauche et marqué par l’écologie :

« Une ville égalitaire, solidaire et accueillante, une ville qui protège ses biens communs, avec des services publics de qualité, gérés démocratiquement, accessibles à toutes et tous, une politique culturelle favorisant la création et la diffusion au plus grand nombre.

Une ville qui abolit tout clientélisme, une ville gérée en transparence, gouvernée avec ses 850 000 habitants.

Une ville écologique qui agit fermement, en se basant sur des constats scientifiques, contre le réchauffement climatique et les dégradations des environnements naturels, en répondant aux besoins vitaux (logement, école, déplacements, air, littoral, sols, alimentation, santé…).

Une ville où le développement économique profite à tou·tes. »

On retrouve les mêmes propos dans le « Pacte démocratique pour Marseille », présenté comme ayant l’objectif de construire une liste ancrée à Gauche :

« Nous avons fait ensemble le bilan des politiques qui ont dévasté Marseille socialement, écologiquement, économiquement et politiquement. Nous vivons au quotidien les résultats de cette incurie qui divise Marseille, l’atomise, transforme nos quartiers populaires en Zones Prioritaires d’Inégalités et nos noyaux villageois en oppidums !

Des décennies de clientélisme et d’affairisme, qui ne profitent qu’à une poignée. Des années de stigmatisation, d’intimidation et d’infantilisation des habitants, qui nous condamnent à la passivité, et au ressentiment politique !

Un mouvement citoyen et politique, antiraciste, écologiste, féministe, et militant doit relever les défis à venir. Nous devons désormais franchir une nouvelle étape : définir une méthode de co-décision pour placer les citoyen·ne·s au cœur de toute démarche politique à venir. Le rassemblement se fera à ce prix : celui de la transparence, du respect démocratique des aspirations populaires et celui de la convergence respectueuse des dynamiques et réflexions déjà engagées. »

Suite à ces travaux, la dynamique unitaire de la Gauche a suivit son cours dans la ville, avec comme principales figures Sophie Camard (France insoumise, anciennement des Verts), suppléante de Jean-Luc Mélenchon aux législatives et Jean-Marc Coppola (PCF). Le Parti socialiste s’est d’abord largement tournée vers l’initiative, qui se tournait elle-même vers Europe écologie-Les Verts pour participer à l’unité.

La décision d’EELV de présenter une liste indépendante change donc entièrement la donne, au point que le PS a annoncé plus ou moins ouvertement qu’il allait réfléchir à nouveau à sa stratégie.

Sébastien Barles, tête de cette liste « écolo », repousse la question de l’alliance électorale au second tour. C’est en fait surtout une stratégie opportuniste, afin d’avoir plus de poids en cas de négociations au second tour, quitte à tout perdre. Son discours est ici un cas d’école d’opportunisme prétendant servir l’intérêt général :

«Il y a une attente unitaire chez les Marseillais, c’est certain. Mais l’unité, ce n’est pas suffisant. Il y a un risque de s’enliser dans une liste sans réelle représentativité des citoyens, ce qui risque de générer une déception plus forte encore. C’est pour cela que l’on veut être cette liste refuge si ça foire.»

Selon un sondage publié dans la presse, EELV ne peut tabler pour l’instant que sur 14 % à 17,5 % des intentions de vote à Marseille, soit la troisième force loin derrière le Rassemblement national (21 % à 22%) et la Droite (22 % à 30%).

Le danger du Rassemblement national est ici très important et devrait obliger à une large liste commune dès le premier tour. Sinon, il y a la possibilité de nombreuses triangulaires, voir quadrangulaires (l’élection Marseille se déroule dans huit secteurs), qui seraient favorables à la Droite ou à l’extrême-Droite, mais difficilement à la Gauche.

Si on se fie aux résultats des élections européennes (qui ne reflètent que partiellement la réalité électorale), le RN arrivait en tête dans 6 secteurs sur les 8 secteurs, alors que l’addition virtuelle des listes de la Gauche et d’EELV arrivait en tête dans 4 secteurs.

Tout comme Yannick Jadot ou Eva Joly, le secrétaire national d’EELV David Cormand appuie pourtant totalement le choix fait à Marseille, en osant même brandir le risque de l’extrême-Droite :

«Face au statu quo des héritier·e·s de l’ère Gaudin et à la tentation du pire avec l’extrême droite, l’alternance positive passe par l’écologie. Un nouveau cycle s’ouvre pour construire l’espoir».

L’Histoire retiendra ce choix de la division fait par EELV si l’extrême-Droite arrivait au pouvoir dans la commune la plus peuplée de France après Paris.

Fort heureusement, il y a des gens qui ont le sens des priorités et il faut saluer ici le choix de Michèle Rubirola, élue EELV au conseil départemental, qui a refusé la motion prônant une liste électorale en « solo » :

« Le but, ce n’est pas de se faire plaisir et d’arriver troisième comme dans ce sondage, mais d’être en situation de gouverner la ville. Tous unis d’un côté et nous de l’autre, quel est le message pour les électeurs ? Les Marseillais veulent l’union, c’est ça qu’ils n’entendent pas ! »

Michèle Rubirola avait dès le début soutenu et rejoint la dynamique unitaire à Marseille :

«L’initiative est partie de militants écolos et, plus largement, d’électeurs qui ont régulièrement voté EE-LV. L’idée était de montrer que les voix de l’écologie n’appartiennent pas à EE-LV, et que celles qui appartiennent à EE-LV peuvent aussi aller vers un rassemblement qui soit plus en mesure de faire gagner leurs idées. Car divisés, on perd.»

Elle a donc annoncé après le vote de son parti faire « le choix du Mouvement Sans Précédent », en espérant entraîner avec elle d’autres écologistes :

« le temps doit être au rassemblement, à la construction d’une coalition écologiste, progressiste, humaniste et citoyenne capable de changer Marseille. Pas aux divisions, pas au repli partisan dans sa chapelle, pas à la guerre des égo auto-proclamés ».

On pourra toujours dire qu’EELV n’est pas ou plus de gauche, qu’un Yannick Jadot a un discours libéral très proche de celui d’Emmanuel Macron. Dans les faits cependant, localement et en tous cas à Marseille, les Verts sont souvent proches des forces de la Gauche, qui souhaitent en général s’ouvrir à eux dans le cadre d’une unité large. C’est le principe du Front populaire qui, bien qu’il soit rarement assumé en tant que tel ou sous ce nom, émerge à différents endroits en France pour les prochaines municipales.

Cette bataille pour le rassemblement de la Gauche partout en France sera un enjeu majeur des élections municipales de mars 2020. Il sera d’autant plus possible qu’il est fait à la base, par les forces locales de la Gauche, dans une perspective démocratique et populaire assumant l’écologie.

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En 2009, naissait le NPA

En février 2009, naissait le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) avec un écho très large et une véritable dynamique de fond. Dix ans après, on s’aperçoit que cette organisation s’est totalement enlisée dans les valeurs post-modernes.

La naissance du Nouveau parti anticapitaliste s’est déroulée sous les meilleures auspices en 2009. Il s’agissait en effet du « dépassement » d’une organisation avec des cadres éprouvés, la Ligue communiste révolutionnaire (LCR). Solidement structuré, disposant de nombreux permanents, profitant d’une expérience à tous les niveaux, la LCR avait acquis une hégémonie véritable « à gauche de la gauche » à la fin des années 1980 et au début des années 1990.

Tout en perdant toujours plus son identité trotskyste, elle se renforçait dans tout le paysage associatif et son candidat aux élections de 2008, Olivier Besancenot, obtenait même 4,1 % des voix, soit 1,5 million de personnes le soutenant. Lorsque la LCR procéda à sa dissolution en janvier 2009, elle avait un peu plus de 3 000 membres ; deux jours plus tard le Nouveau parti anticapitaliste s’élançait et recrutait en masse, arrivant à plus de 9 000 membres.

Mais, en étant objectif, on peut voir que personne n’a compris ce qu’était le NPA. L’idée était telle pourtant que toute la gauche de la Gauche aurait pu rejoindre ce mouvement, qui n’a désormais plus que 2 000 membres, dont la moitié réellement concernée. L’ultra-gauche et la Gauche post-moderne n’existaient alors pas vraiment et il y avait un vrai vivier : en 2002, Olivier Besancenot avait déjà dépassé le million de voix, et Arlette Laguiller même les 1,5 million.

Les anarchistes n’étaient pas foncièrement hostiles au NPA et il y avait même déjà des « animalistes » prônant qu’on y adhère. Pourquoi alors n’a-t-il pas réussi à émerger, alors qu’en même temps Jean-Luc Mélenchon parvient avec succès à imposer le Front de Gauche et bientôt La France insoumise ? Au point d’ailleurs qu’il y eut trois vagues de départ de la NPA vers Jean-Luc Mélenchon (2009, 2011, 2012). Rappelons aussi que Jean-Luc Mélenchon avait proposé une alliance au NPA pour les Européennes de 2009.

La raison est simple : le NPA a gagné. Le NPA vient d’une tradition trotskiste prônant l’amour libre, les tendances, l’orientation autour des mouvements sociaux, la conquête des droits individuels, l’absence de formalisation autour d’une idéologie. Or, tout cela a triomphé. Le NPA et ses ancêtres ont été à l’avant-garde de la Gauche post-moderne et celle-ci existe désormais.

Tout le monde sait bien que les mœurs, au sein de la Ligue communiste avant-hier, de la Ligue communiste révolutionnaire hier, du NPA aujourd’hui, sont profondément libérales, c’est-à-dire foncièrement décadentes. La « Gauche » post-moderne est exactement ainsi. Il n’y a donc plus de place pour le NPA, qui ne peut que se ratatiner sur lui-même.

Ses membres ne savent d’ailleurs plus trop quoi en faire, puisqu’il ne reste que ceux liés d’une manière ou d’une autre à l’héritage trotskiste de la LCR, telle la majorité qui regroupe la moitié des voix et est très pro-zadiste, refusant tout « professionalisme » de la politique, à l’instar du sympathique mais ridicule Philippe Poutou.

Le reste du NPA reste bien plus affirmatif quant à cette tradition, ou bien plus syndicaliste. Il est aussi particulièrement divisé, travaillant souvent littéralement de manière indépendante (Anticapitalisme et révolution, Courant communiste révolutionnaire, Démocratie révolutionnaire, l’Étincelle).

Or, le souci principal est que si la majorité, à l’origine du projet de NPA, est pour aller dans le sens d’une unité très à gauche dans un sens gouvernemental (même si ce n’est pas dit ouvertement et que c’est une sorte de rêve combinant marxisme et anarchisme), les autres courants sont très hostiles à cette approche. Ils sont plus sur la ligne de Lutte ouvrière qui réfute tout « gouvernement transitoire », seulement ils ne peuvent pas rejoindre Lutte ouvrière car celle-ci s’arc-boute sur elle-même. Elle espère survivre suffisamment pour passer son tour et voir les cartes rebattues dans le futur.

Le NPA est donc littéralement coincé. En sortir reviendrait pour ses tendances à ne pratiquement plus exister, l’union étant le seul moyen de tenir. Mais rester, c’est pourrir sur pied et ne pas être capable de formuler de stratégie… C’est la preuve que quand culturellement, on baigne dans un milieu à la fois universitaire, étudiant, petit-bourgeois, on est dans un tel libéralisme qu’on ne peut qu’accompagner l’évolution des mœurs, mais en rien maintenir une identité et un cadre de gauche.

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Réaction du Parti socialiste à la fin de l’attribution d’une couleur politique pour les candidats dans les communes de moins de 9000 habitants

Voici le communiqué du Parti socialiste suite à l’annonce de la fin de l’attribution d’une couleur politique pour les candidats des petites communes lors des élections municipales de mars 2020. C’est une atteinte à la démocratie, favorisant les notables locaux au détriment du débat politique. C’est l’expression du « ni Droite, ni Gauche » d’Emmanuel Macron, strictement parallèle à celui des populismes.

« Réaction du Parti socialiste à la fin de l’attribution d’une couleur politique pour les candidats dans les communes de moins de 9000 habitants

Le ministre de l’Intérieur a annoncé ce jour la fin de l’attribution d’une couleur politique pour les candidats dans les communes de moins de 9000 habitants.

Outre le fait qu’une telle mesure est annoncée à six mois du scrutin, elle porte une atteinte lourde à la démocratie.

Pourquoi? Tout simplement parce que les électrices et électeurs ont le droit de savoir pour qui ils votent! Le parti au pouvoir veut faire croire que les listes dans les communes de moins de 9000 habitants sont apolitiques! Billevesées!

En 2014, pour les 8770 villes de France qui comptent entre 1000 et 9000 habitants, les villes ou des candidates et candidats avaient déclaré une étiquette politique étaient plus de 8300, 95% d’entre elles en fait!

La moitié des Françaises et Français vit dans une commune de cette taille. L’élection municipale est l’élection qui, après l’élection présidentielle, mobilise le plus. Le gouvernement considère donc que près de 50% des électrices et électeurs ne pourraient pas voter pour des candidats à l’identité politique clairement affichée.

Le pouvoir espère faire un coup double :

  • Faute de trouver des candidats en nombre satisfaisant, la République en Marche supprime les étiquettes politiques pour dissimuler son incapacité à se faire correctement représenter lors de la prochaine échéance électorale.
  • Et là où il en présentera, il espère, par la dissimulation, pouvoir échapper à la sanction que les électrices et électeurs s’apprêtent à lui infliger.

En vérité, c’est assez pathétique.

Le Parti socialiste déplore ce tour de passe-passe électoral grossier.

Le ministre de l’intérieur aurait mieux à faire que de s’occuper d’organiser une tambouille électorale en faveur du parti qu’il dirigeait il y a peu encore. Les sujets ne manquent pas, nous lui conseillons les suivants : lutte contre le terrorisme, évolution des lois et règlements sur les sites classés SEVESO, colère justifiée des personnels…. »

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Jean-Luc Mélenchon résolument pour la «PMA pour toutes», en parlant de «fin du patriarcat»

Jean-Luc Mélenchon s’était exprimé à l’Assemblée nationale lors des débats sur l’extension de la PMA. On aurait pu s’attendre à une dénonciation, puisque tout de même ce sont les libéraux qui la mettent en place et qui en ont défini le contenu. Ce n’est pas le cas : il soutient entièrement la mesure de La République en marche.

Jean-Luc Mélenchon vient du trotskisme. Par conséquent, il est culturellement contre la notion de famille naturelle et fort logiquement en faveur de la « PMA pour toutes ».

Reprenant les arguments historiques de l’ultra-gauche trotskiste, il y voit un rejet de l’institution familiale et même une victoire sur le patriarcat ! Voici ce qu’il a dit :

« Il n’y a pas de vérité biologique, il n’y a qu’une vérité : elle est sociale et culturelle. »

« Oui c’est la fin du patriarcat, des femmes mettront des enfants au monde sans l’autorisation des hommes. »

« Je suis d’accord avec Marine Le Pen sur ce point : ce n’est pas un projet de bioéthique, c’est une réforme de la filiation. Elle proclame que le patriarcat est fini, que la propriété des hommes sur le corps des femmes est terminée. »

« De quoi voulez-vous protéger l’enfant ? De l’absence de père ? C’est un préjugé, la filiation n’a jamais été autre chose qu’un fait social et culturel. La paternité a toujours été une présomption. »

La tradition culturelle de Jean-Luc Mélenchon est ici évidente, car jamais la Gauche historique n’a rejeté la famille. C’est l’ultra-gauche, anarchiste puis anarchiste et trotskiste, qui a fait de « l’amour libre » son cheval de bataille, combattant comme « réactionnaire » les valeurs de la Gauche historique.

Il devrait pourtant sauter aux yeux que la « PMA pour toutes » est le pur produit d’une société capitaliste promouvant l’individualisme le plus complet. La réforme instaurant l’extension de la PMA ne tombe pas du ciel et pourquoi donc Jean-Luc Mélenchon, qui passe son temps à critiquer le régime, lui trouve-t-il subitement toutes les vertus ?

Cela souligne l’importance de la philosophie, de la question de la vie quotidienne. Le fait est que la Gauche a été totalement infiltrée par le libéralisme sur le plan de la culture et des mœurs. Quand on voit que des gens s’imaginent de gauche alors qu’ils défendent ou prônent même la prostitution ou la pornographie, on voit à quel point on est tombé sur la tête.

Cependant, Jean-Luc Mélenchon n’est pas le produit de cette Gauche post-moderne, post-industrielle, post-nationale des années 2000. Son point de vue plonge très clairement dans l’ultra-gauche trotskiste. Ce qui ne change par ailleurs pas grand-chose au problème. Car que dire face à quelqu’un tellement galvanisé par la société de consommation qu’il en arrive à penser qu’il n’y a pas de « vérité biologique » ?

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Lutte ouvrière en faveur de la «PMA pour toutes» et de la collectivisation des enfants

Le débat sur l’extension de la PMA a fait ressortir les vieilles idées d’ultra-Gauche et la position de Lutte ouvrière est ici très croustillante. Il y a à la fois la défense de la « PMA pour toutes », simple choix individuel car la famille serait un préjugé bourgeois et un prolongement intellectuel allant jusqu’à prévoir un avenir où les enfants sont éduqués collectivement.

La Gauche historique veut prolonger le cadre développé par le passé et c’est pourquoi elle n’a jamais rejeté la famille comme forme historique. Ce n’est pas le cas des courants « avant-gardistes », telle l’Union communiste (trotskyste), connue sous le nom de Lutte ouvrière, qui rejette formellement le mariage comme institution.

Pour cette raison, elle ne voit aucune raison de s’opposer à la « PMA pour toutes » :

« La famille telle que la décrivent les adversaires de tout progrès dans les mœurs, papa, maman et les enfants, n’a jamais existé que dans leurs manuels de morale ou d’éducation civique. Elle correspond aux rapports de propriété et d’héritage institués par la bourgeoisie, mais certainement pas à son comportement. L’adultère est en effet le pendant du mariage bourgeois (…).

Dans sa longue histoire, l’humanité a connu bien des formes sociales et bien des organisations familiales. Elle a aussi connu, et c’est heureux, nombre de progrès scientifiques et médicaux.

À quel titre en priverait-on les femmes qui veulent porter et élever un enfant seules ou en couple homosexuel ? D’autant que la vie, bonne ou mauvaise, fait que c’est déjà le cas de millions de femmes.

Il n’y a pas de forme de famille naturelle, pas plus qu’il n’y en a d’idéale, et l’important n’est pas tellement de savoir comment on fait les enfants que comment on les élève (…).

Une société débarrassée de la propriété privée en finira aussi avec la famille bourgeoise, le pouvoir d’un individu sur un autre, celui de l’homme sur la femme, du géniteur sur la progéniture, et éduquera collectivement tous ses enfants.

Les sinistres débats d’aujourd’hui seront alors oubliés depuis longtemps. »

Ce point de vue est totalement absurde, mais Lutte ouvrière ne l’enlèvera jamais de son site et pas seulement parce qu’il a été publié dans la version papier. On est là en effet dans la plus pure tradition de l’ultra-Gauche trotskyste.

Cela surprendra beaucoup de gens pensant connaître Lutte ouvrière, mais c’est qu’ils n’ont pas compris qu’il y a un discours général d’un côté, des précisions détaillées de l’autre (comme le fait de rejeter la Résistance armée anti-nazie de la Seconde Guerre mondiale, car les soldats Allemands étaient des « prolétaires en uniforme »).

Il est vrai que c’est compréhensible qu’ils aient ce double discours : comment en effet expliquer aux gens qu’ils ont tort sur absolument tout dans leur existence, que l’amour n’existe pas et que leurs enfants ne le sont pas ?

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Reconstitution du Front de libération nationale Corse, «Per l’Indipendenza»

La reconstitution du Front de libération nationale Corse (FLNC) a été annoncée lors d’une conférence de presse clandestine et relayée par la presse mardi 1er octobre 2019. Le document diffusé liste les motivations et les revendications de l’organisation qui s’oppose à la disparition du peuple Corse et au pillage écologique, culturel et social de son île.

La réapparition du FLNC n’étonnera personne à Gauche, car on sait que ce groupe est né dans les années 1970 sur le terreau des revendications liées à la vie quotidienne et que c’est un substrat inépuisable dans une société toujours plus dérégulée.

Il est inévitable qu’en Corse, il y ait le refus de la transformation de l’île en une annexe pour nantis déversant le surplus d’argent pour s’approprier tout ce qu’ils peuvent, écrasant tout ce qu’ils peuvent : la culture, les gens, la nature. Ce refus est porté par des personnes assumant l’antifascisme et l’opposition tant à l’extrême-Droite françaises qu’à l’islamisme.

Voici le document diffusé :

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Jeunes écologistes : « faisons notre (r)Entrée en politique ! »

Voici le document de rentrée des Jeunes écologistes, qui appellent à investir le champs de la politique en portant une écologie de rupture et de transformation. Si le texte ne se revendique pas directement de la Gauche, il est dans sa forme et son contenu très proche d’une démarche de gauche et va forcément dans le même sens qu’un Front populaire porté par la Gauche, ici sur la question essentielle de l’écologie. Pas de « grand soir » donc, mais un ligne ferme et assumée pour investir les lieux de pouvoirs actuels contre «l’hyper-capitalisme» et sans céder aux « néo-ruraux ou bobos ».

« Jeunes Écologistes : faisons notre (r)Entrée en politique !

Quelques jours après une Marche Climat marquée par la confrontation de stratégies plurielles, une semaine avant le lancement de la Rebellion Internationale d’Octobre d’Extinction Rebellion, quelques mois avant l’échéance des municipales, les Jeunes Écologistes lancent leur campagne de rentrée avec le slogan « Jeunes Écologistes : faisons notre (r)Entrée en politique ! ».

Notre message est le suivant : il y a urgence à agir, il y a urgence à affirmer une ligne politique radicale porteuse d’une écologie de rupture et de transformation. Nous n’avons pas le temps d’espérer ou d’attendre un « grand soir » qui verrait l’écroulement de nos institutions suite à une insurrection révolutionnaire, il faut dès maintenant nous préparer partout où nous le pouvons, ménager partout où l’on peut des espaces de convivialité, retisser partout les liens et les attaches que l’hyper-capitalisme détruit en les marchandisant, réinventer et concrétiser des imaginaires et des utopies qui dépassent le carcan consumériste et individualiste…

Il nous faut, partout où nous le pouvons, réparer le monde, et combattre l’inaction et l’indifférence. Néanmoins nous ne pouvons nous permettre de nous contenter d’une restauration à la marge. Il faut affirmer que cette révolution a vocation à devenir la nouvelle norme, qu’elle est souhaitable, enviable, crédible, sérieuse, qu’elle n’est pas le doux rêve de quelques néo-ruraux ou bobos mais un projet de société qui inclut tout le monde et justement recrée les conditions (aujourd’hui perdues) d’un commun social : en bref, il faut revendiquer le fait que cette révolution est une politique.

Nos institutions, aussi critiquables soient-elles, peuvent et doivent aussi devenir des espaces de lutte, dans lesquels nous devons prendre place. S’y prennent aujourd’hui les décisions qui détermineront si oui ou non demain nous pourrons vivre dans un monde viable et enviable ; nous ne pouvons donc les rejeter en bloc en arguant de leurs dysfonctionnements. S’y prennent aujourd’hui, quotidiennement, les décisions qui déterminent déjà notre destin, nous ne pouvons regarder et laisser faire. Si nous, écologistes, humanistes n’y prenons pas place, d’autres le feront avec joie et perpétueront voire aggraveront la destruction du vivant et l’annihilation de la dimension collective et solidaire de l’humanité qui est en cours.

Nous affirmons la complémentarité des modes et des stratégies de luttes : nous avons besoin que la société civile maintienne une pression extrêmement forte sur les institutions car ces dernières par essence conservent et protègent une norme qui aujourd’hui nous mène au mur ; nous avons besoin que les actions de désobéissance civile se multiplient et se massifient pour démontrer l’inanité de ces normes et continuer à marteler l’urgence.

Mais nous avons aussi besoin d’une force politique structurée et forte qui puisse traduire et décliner l’exigence d’action en mesures politiques concrètes, et qui puisse faire barrage dans les institutions au statu quo libéral « raisonnable » dont voudraient se satisfaire certain.e.s, et aux idées nauséabondes qui voudraient .

A l’heure où nous faisons face à de telles menaces, il nous faut nous emparer du levier institutionnel, ne serait-ce que pour résister, contredire, au moins empêcher, « limiter la casse », « sauver les meubles ». Lorsque ces meubles et cette casse concernent des vies et les bases de notre vie en commun, l’objectif n’est pas si dérisoire.

Néanmoins il se peut que nous puissions espérer mieux : de multiples exemples nous montrent qu’accompagnée d’une mobilisation sociale forte et lucide, des forces politiques ont pu non seulement résister et faire barrage, mais aussi construire. De multiples exemples de communes où des politiques imaginatives et surtout guidées par la sensation de l’urgence ont été mises en œuvre font la démonstration qu’il est possible dès aujourd’hui de commencer à élaborer le monde de demain, ou du moins de préparer le monde qui vient -ce monde qui risque d’être considérablement moins clément et face auquel des politiques de résilience doivent être construites.

Les municipales nous offrent donc une occasion à la fois de faire barrage à la lame de fond destructrice et de proposer concrètement d’autres manières de faire monde collectivement, ou du moins d’autres mots et d’autres langages à apposer sur une réalité en crise. Il est possible de faire de la résistance et de la désobéissance depuis l’intérieur des institutions également : les maires ayant publié un arrêté anti-pesticides n’ont pas fait autre chose. Il faut porter partout cette radicalité et cette intransigeance, et elle est le plus pertinente et la plus efficace là où elle peut de manière très directe être en prise et en confrontation avec la norme, et espérer ainsi la transformer.

Nous continuerons à alerter, à dénoncer, à manifester, à désobéir, et de manière synchrone et complémentaire, nous contribuerons donc à une vague verte en mars 2020. Nous n’avons pas le luxe ni le temps de rejeter ou nier la dimension profondément politique du combat écologiste, ni de rejeter ou nier le volet institutionnel de la politique.

« Là où croit le péril croît aussi ce qui sauve », Holderlin. »

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Candace Owens à la convention de la Droite: le miroir inversé du «progressisme»

La jeune conservatrice américaine Candace Owens a été une invitée très appréciée lors de la Convention de la Droite. Elle est venue y prôner sa haine farouche du Socialisme et le nationalisme agressif de Donald Trump. Son populisme n’est qu’une réaction mécanique au « progressisme », comme un miroir inversé.

Candace Owens a été accueilli à la convention de la Droite sous un tonnerre d’applaudissements, présentée comme une « star américaine ». Elle est en effet une figure montante chez les conservateurs américains, de plus en plus mise en avant par Donald Trump lui-même.

Elle est surtout connue pour ses prises de position au sujet des afro-américains, qu’elle a évoquées lors de sa prise de parole à Paris. Son credo est le « Blexit », un jeu de mot en référence au Brexit signifiant « Black exit », pour « Black exit from the Democrat party » (sortie des noirs du Parti démocrate). C’est en fait, et surtout, un appel au nationalisme pour les afro-américains.

Son explication est toute simple, tout à fait populiste :

1/ le « progressisme » est une « prison mentale » pour les personnes noires, qui a pour but de « faire abandonner les droits individuels en faveurs du gouvernement » ;

2/ les oppressions sont « imaginaires » et fabriquées de toutes pièces, alors que le capitalisme est formidable pour tous les Américains, du moment qu’ils se replient sur eux-mêmes plutôt que de s’ouvrir au monde.

On ne rappellera jamais assez ici les dégâts immenses qu’ont causé les postmodernes, notamment aux États-Unis, en torpillant les questions démocratiques et les mouvements démocratiques de l’intérieur, avec des catalogues d’oppressions à la carte, extensibles à l’infinie de manière toujours plus irrationnelle.

Cela est insupportable et a favorisé l’expression populiste des conservateurs, qui n’ont plus qu’à dire l’inverse du « progressisme », afin de prétendre aller à l’encontre du « système ».

Voici le genre de propos qu’a tenu Candace Owens à la réunion de la Droite et de l’extrême-Droite française :

« « xénophobe » est maintenant le terme utilisé pour décrire les citoyens qui veulent savoir pourquoi nous priorisons les besoins des peuples étrangers à ceux des innombrables citoyens qui souffrent dans notre propre pays. »

« Et bien sûr, « raciste », (aujourd’hui l’injure préférée des journalistes), utilisée pour ceux qui, à juste titre, sont en colère contre le concept de frontières ouvertes, un concept qui aggraverait encore davantage le sort de nos minorités, déjà en difficulté, tout en punissant le contribuable américain.

Un concept que l’on développe au détriment des différences culturelles, au profit d’une idée imaginaire, utopique, relevant de la bien-pensance, selon laquelle nous serions tous les mêmes et pourrions parvenir à un accord planétaire magique sur la manière dont nous devrions être gouvernés. »

Elle a dit la même chose à propos du « sexisme » et on peut imaginer qu’elle a le même raisonnement pour toutes les questions démocratiques et sociales, conformément à ses idées de droite.

Quand elle critique un « accord planétaire magique », elle exprime exactement la même chose qu’Eric Zemmour à la même tribune, c’est-à-dire le refus de l’universalisme. Il ne faut pas être étonné d’ailleurs de voir que la campagne des conservateurs américains alignés derrière Donald Trump pour 2020, focalise déjà sur le spectre du Socialisme. C’est un thème historique pour la Droite américaine, tétanisée depuis toujours par l’idée même du Socialisme, ce totalitarisme universaliste.

C’est en fait une véritable obsession, à laquelle n’échappe pas Candace Owens. Elle a par exemple expliqué au sujet de la procédure de destitution contre Donald Trump :

« ils tentent de contester notre processus démocratique parce qu’ils sont des élitistes pourris qui se croient aptes à gouverner l’Amérique comme une oligarchie. Le rêve américain avait été compromis. Les états-unis étaient vendus, pièce par pièce, en faveur d’une vaste initiative mondialiste ».

La figure Candace Owens n’a donc rien de nouveau. Cela ne date pas d’aujourd’hui qu’il y a des afro-américains conservateurs, faisant partie de la bourgeoisie américaine ou aspirant à en faire partie. La série Le Prince de Bel-Air avec Will Smith traitait avec humour dans les années 1990 de cette question des bourgeois noirs niant la situation des noirs appartenant aux classes populaires.

Ce qui a changé par rapport aux années 1990 par contre, c’est que le capitalisme exige maintenant un repris national fort, pour tirer son épingle du jeu dans un contexte de crise mondiale menant tout droit à la guerre. La jeune conservatrice américaine, tout comme Marion Maréchal, ne représente que la nouvelle génération de ces gens pour qui le repli nationaliste est une bonne chose et qui demain assumeront ouvertement la guerre.

Elle est venue à Paris pour « favoriser la synergie » entre le « Make america great again » de Donald Trump et son équivalent français, exactement de la même manière que Marion Maréchal l’avait fait l’an dernier à la conférence des conservateurs américains (dont on a compris que la Conférence de la Droite devait être un équivalent français).

Ces jeunes femmes se considèrent fortes et portées par l’avenir, car elles ont en face d’elles des « leaders faibles », comme Justin Trudeau ou Emmanuel Macron, qui sont des « mondialistes ». Elles ne sont fortes que parce qu’en face le « progressisme » n’est qu’une pâle caricature bourgeoise des questions démocratiques initialement portées par la Gauche, dont elles n’ont qu’à dire l’inverse pour avoir un discours.

Elles ne feront par contre jamais le poids face à une véritable Gauche, emmenée par les classes populaires arborant de drapeau rouge de l’universalisme socialiste.

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Rentrée de Génération-s : pourquoi s’étonner du manque de médiatisation?

Le mouvement Génération-s organisait sa rentrée ce week-end qui finissait par un débat avec quelques personnalités. Un bref communiqué a été produit dénonçant le fait que la télévision ne se soit pas intéressée à l’initiative, alors qu’elle a diffusé des directs de la convention de la Droite. C’est très révélateur de toute une attitude fonctionnant par en haut, avec des gens s’imaginant que la presse devrait forcément s’intéresser à eux, alors qu’ils ne représentent plus grand-chose.

Que les dirigeants des groupes de presse soient plus intéressés par le rassemblement de la Droite et de l’extrême-Droite que par le rassemblement d’une partie de la Gauche, c’est dans l’ordre des choses. La Gauche, par définition, doit se confronter à la bourgeoisie et à ses réseaux, en mettant en place ses propres réseaux, en opposant à la bourgeoisie l’expression démocratique des classes populaires.

Le communiqué du mouvement Génération-s pour résumer son week-end ne va pas vraiment dans ce sens. Il est même exemplaire d’une démarche inverse :

« Comment ne pas être frappés par le contraste absolu entre l’absence de caméras pour couvrir ce grand moment d’unité de la gauche, qui pour la première fois depuis des mois se retrouve dans toutes ses composantes, et la diffusion en continu sur certaines chaînes d’info des discours xénopobes et sexistes tenus par Zemmour, Lepen et tous leurs amis indentitaires lors de la « Convention de la Droite » qui n’était autre que la rentrée de l’extrême droite française. »

Le contraste justement, c’est que de leur côté la Droite et l’extrême-Droite ont une démarche politico-culturelle très identifiable, permise par une dynamique idéologique puissante depuis plusieurs années. C’est, pour résumer, le travail de fond des mouvements identitaires qui porte maintenant ses fruits.

Rien de tout cela à Gauche, bien au contraire. Pourquoi la presse s’intéresserait à des gens qui parlent d’unité à longueurs de temps, mais qui n’ont pas été capable de faire une liste commune aux Européennes il y a quelques mois, alors qu’ils disaient quasiment tous la même chose ? Il faut en dire autant des municipales, où seules les initiatives locales permettront éventuellement des démarches unitaires, alors que les organisations espèrent chacune tirer leur épingle du jeu ici et là, en formant des alliances de circonstance.

Le fait est que chacune de ces forces ne représente plus grand-chose électoralement et que leur addition est pour l’instant très peu palpable. Cela n’intéresse donc pas les médias, qui sont des entreprises et doivent vendre leurs informations, aussi orientées idéologiquement soient-elles.

La Droite et l’extrême-Droite ont travaillé leurs fondamentaux, étudiés leurs classiques, façonné un discours précis et tranchant en assumant un héritage. La Gauche présente au débat organisé par Génération-s fait de son côté tout l’inverse, en édulcorant toujours plus son discours, en s’éparpillant dans de multiples thèmes toujours plus éloignés des classes populaires comme la PMA pour toutes ou le soutien forcené à l’immigration, en n’assumant plus le Socialisme et la classe ouvrière.

Une vidéo de ce débat a été diffusée par Génération-s. On y voit à la fin Clémentine Autain s’offusquant de ne pas avoir la télévision venue l’écouter parler :

« Si j’ai bien regardé, il n’y a pas une seule caméra, il y a Mediapart et Politis, et pourtant il y a un plateau. Franchement, il y a un plateau ici, il se passe quelque-chose et il y a zéro. »

Mais quelle prétention ! Il faut vraiment être imbue de sa propre personnes pour tenir de tels propos. Elle ne s’est pas dit que peut-être, entendre Olivier Besancenot haranguer la salle en disant qu’il faut faire du syndicalisme ultra avec des « bourses du travail remastérisées », cela ne fait rêver personne. Peut-être que les médias se disent tout simplement que cela n’intéressera pas leur audience, qui ne vote déjà pas pour ce genre de discours usé et forcé.

La Gauche a surtout besoin d’une démarche non pas par en-haut, avec un « plateau » de personnalités mises en avant pour bricoler un contenu, mais par en-bas, avec un contenu depuis la base issue des classes populaires et ensuite porté par des personnalités se l’appropriant. Tout l’inverse de ce débat, en somme.

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Convention de la Droite : identitaires et Gauche post-moderne contre l’universalisme

Eric Zemmour, le polémiste aussi précis à l’oral qu’extrêmement mauvais à l’écrit, a assumé la position identitaire lors de la convention de la Droite hier. L’ennemi, c’est l’universalisme : « l’universalisme marchand » et « l’universalisme islamique ».

Maintenant, si on est à Gauche et qu’on a de la culture, alors on comprend une chose très simple : « l’universalisme marchand » + « l’universalisme islamique » = le Socialisme. Car le Socialisme, c’est d’un côté une économie si riche qu’elle a universalisé les rapports entre les gens et de l’autre un régime politique hyper normé et réglé.

L’Islam n’est ainsi qu’une caricature communautaire et spiritualiste du Socialisme. Son succès n’est qu’une déviation temporaire, un accident historique de l’affirmation du seul universalisme possible : le Socialisme à l’échelle planétaire.

C’est de cela dont a peur Eric Zemmour, qui prône par conséquent les identités contre l’universalisme. La Gauche post-moderne fait de même, en prônant non pas les identités, mais les individus. Les deux discours se nourrissent l’un de l’autre, en cherchant à mettre le Socialisme sur la touche. Et ils y sont parvenus. Mais plus pour longtemps.

En effet, le capitalisme se mange lui-même et les tendances militaristes se renforcent comme jamais. Les gens vont être de plus en plus mécontents de toutes façons d’une société toujours plus dérégulée et aux salaires toujours plus bas pour la grande majorité. Il va donc y avoir un basculement.

Un tel basculement ne se fera jamais dans le camp du libéralisme, tant économique que culturel. Les gens ne comptent nullement « déconstruire » la civilisation, seule une infime minorité, avant-garde de l’ultra-capitalisme, est favorable à cela. Il se fera donc vers la Droite, d’où d’ailleurs la Convention de la Droite, qui vise à préparer les modalités de ce basculement.

> Lire également : «Convention de la Droite» le 28 septembre : l’affirmation d’un néogaullisme conquérant avec Marion Maréchal comme figure de proue

La Gauche, pour faire face à ce défi, doit écraser les variantes post-modernes, post-industrielles, post-nationales, pour qui le capitalisme n’existe pas et pour qui la conquête des « droits individuels » est l’alpha et l’oméga de l’intervention sociale. Tant qu’il y aura les bobos et des gens niant l’existence des hommes et des femmes pour pourrir la Gauche aux yeux du peuple, tout sera plombé.

Ce vaste ménage à faire n’est pas gagné du tout : le libéralisme culturel, depuis la promotion de l’art contemporain totalement méprisé par le peuple jusqu’à la PMA pour toutes, voire la GPA, a corrompu à un tel point qu’il est pratiquement entièrement hégémonique. Il faudrait les ouvriers pour balayer cela. Seulement voilà, les ouvriers, quand ils s’expriment, sont souvent happés par la démagogie nationaliste.

Tout cela demande donc du temps, sauf que le temps on ne l’a pas. Dans tous les pays, le curseur est à la bataille pour le repartage du monde et sur le ring on a déjà les Trump, Xi Ping, Bolsonaro, Duterte, Poutine, etc. Tout va donc se jouer dans les prochaines années, en comptant qui plus est qu’une fois les délires post-industriels écrasés, il faudra faire face à un ennemi historique d’une autre envergure : le nationalisme, le militarisme, le Fascisme, dont la convention de la Droite hier était une étape importante de la structuration en France.

C’est un sacré défi propre à paralyser les esprits lâches, les âmes endormies par leur confort matériel. Mais il a de quoi galvaniser ceux qui savent que l’Histoire a un sens.