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Le fonds européen de Défense (FED) 2021-2027

Le fonds européen de Défense (FED) vise à renforcer la cohésion militaire européenne, avec comme cible la Russie.

Il n’existe pas d’alliance européenne dans le domaine militaire, en raison des intérêts trop divers des différents pays. Cela fait qu’il y a 178 systèmes d’armes différents, 17 types de char différents, etc.

Mais il y a des rapprochements très nets, avec un bloc Allemagne – Espagne – France, par exemple, ce qui implique à l’arrière-plan les Pays-Bas et l’Autriche, voire la Suède.

L’Autriche est un satellite allemand devant se concentrer sur l’espionnage, il y a déjà un corps d’armée germano-hollandais, le consortium germano-néerlandais ARTEC, deux brigades néerlandaises sous commandement allemand, un bataillon de marine allemand sous commandement néerlandais, un projet de frégate de défense aérienne germano-néerlandais, alors qu’il y a déjà une brigade franco-allemande, un escadron de C-130J Hercules franco-allemand, le Système de combat aérien du futur franco-allemand, le char de combat Main Ground Combat System et la patrouille maritime Airborne Warfare Systems franco-allemand, etc.

Tout cela est cependant dépendant d’initiatives bilatérales, ou trilatérales. Mais désormais, en 2021, il y a pour la première fois un fonds européen de Défense (FED), dont le budget est prévu pour jusqu’à 2027.

Ce budget n’est guère élevé ; il est de huit milliards d’euros. Néanmoins, il a une fonction technique et idéologique. Les fonds visent en effet un tiers à la recherche, le reste à des projets concrets, avec comme but de rendre cohérent les activités industrielles militaires européennes d’une part, à renforcer l’interopérabilité des systèmes de défense d’autre part. Ce n’est donc pas rien, puisque cela vise à uniformiser les efforts militaires.

Il y a ainsi déjà le projet de « European Patrol Corvette », une corvette pour la Méditerranée, lancé par la France et l’Italie, rejoints par l’Espagne et la Grèce, qui est concerné par la FED. Il faut pourtant voir un arrière-plan plus marqué par l’hostilité, car il est également absolument clair que l’ennemi désigné par le FED est la Russie.

En effet, les critères pour disposer d’un soutien de la FED sont bien délimités. Il faut au moins trois États membres, mais également l’accord des 27 membres de l’Union européenne… et que cela se passe en particulier dans la coopération avec les pays membres de l’OTAN. On change ici de niveau et on est déjà dans une optique de coordination dans le sens de l’affrontement.

On saisit facilement l’idée : autant les pays européens ne sont guère motivés pour se confronter à la Chine, autant l’idée de faire tomber la Russie, dont ils sont proches géographiquement, est bien plus tentant. C’est d’ailleurs la ligne de Joe Biden que de faire tomber d’abord la Russie, ensuite la Chine.

On comprend que les commentateurs bourgeois des questions militaires parlent de la décennie de tous les dangers. La guerre pour le repartage du monde est une réalité à venir tout à fait claire.

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Le conseiller du Gouvernement pour la défense assume le conflit de haute intensité

Dans le Figaro, le conseiller du Gouvernement pour la défense Grégoire de Saint-Quentin parle comme si de rien n’était du prochain conflit de haute intensité.

Grégoire de Saint-Quentin est conseiller du Gouvernement pour la défense depuis le 1er juillet 2020. C’est un poste d’une importance naturellement très grande et l’origine de cette nomination tient à son profil très particulier.

Il a en effet été commandant des opérations spéciales (COS) de 2013 à 2016, puis sous-chef de l’état-major des armées chargé des opérations de 2016 à 2020. C’est, pour dire les choses de manière nette, le grand spécialiste des opérations commandos de l’armée française.

Le Figaro l’a interrogé en prenant comme prétexte qu’il vient d’obtenir le titre de grand officier de la Légion d’honneur et ses propos font froid dans le dos. Il aborde en effet ouvertement la question de la guerre, tout comme le journaliste du Figaro d’ailleurs (et comme Le Monde, et comme d’ailleurs toute la presse finalement).

 » Dans un futur où l’on parle de conflit de haute intensité aura-t-on toujours besoin des forces spéciales ?

On en aura autant besoin. L’habitude des forces spéciales d’être disséminées en petits groupes sur le terrain sera un atout pour le combat de demain.

Dès que vous vous concentrez, vous risquez de devenir une cible. Pour les forces spéciales, l’enjeu restera d’être le plus furtif possible mais, au moment de l’action, d’être le plus décisif possible.

Avec la diffusion exponentielle de certaines technologies, ce principe tactique fondamental n’est plus acquis d’avance.

Regardez la vulgarisation de l’emploi des drones dans tous les conflits. Il faut que cela reste un atout et non une menace pour nos forces spéciales. Nous leur devons une technologie de rupture pour qu’elles conservent l’avantage. »

Ainsi, Grégoire de Saint-Quentin assume le conflit de haute intensité. Mais ce n’est pas tout, il présente également de manière très claire le fait qu’il y aura une utilisation des drones.

On est là dans un véritable saut qualitatif dans la guerre. La guerre est présentée comme inévitable. C’est le premier point, qui reflète l’immense vague de militarisme qui monte et qui mène à la guerre.

Il y a un second point, très important. En effet, l’utilisation des plus hautes technologies est présentée comme incontournable. On est là nullement dans une posture défensive : la dimension offensive est résolument assumée, avec l’idée d’une mobilisation de toutes les ressources scientifiques du pays.

C’est d’autant plus pervers qu’il y a une sorte d’accord présenté à la population : laissez-nous faire ce que nous voulons pour maintenir la position de la France dans le monde, en échange nous ferons la guerre avec une armée professionnelle, des drones et des missiles.

Cet accord n’est pas présenté ouvertement, mais on tend de plus en plus à ce que cela soit explicite. Il va de soi qu’une société française corrompue, désireuse de vivre comme avant, est tout à fait prête à aller en ce sens. C’est là un terrible danger, montrant le travail de fond que doit réaliser la Gauche.

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Warfighter 21-4 : début d’un wargame français, britannique et américain

« Warfighter 21-4 » sera un wargame commun aux forces militaires françaises, britanniques et américaines en avril 2021.

Le programme Warfighter – combattant de guerre – est américain à la base ; il vise à combiner les forces au niveau opérationnel. Il s’est élargi à des entraînements stratégiques au niveau dit interalliés.

La France, la Grande-Bretagne et les États-Unis vont ainsi mener en 2021, 2023 et 2025 des manœuvres militaires communes, qui seront en partie virtuelles. En fait, il y aura des forces impliquées, mais surtout un nombre important de forces virtuelles et l’équipe dirigeante va réaliser un wargame mêlant tout cela, pour s’entraîner à agir de manière coordonnée au niveau de la direction.

Il ne s’agit pas de quelques manœuvres où les troupes s’habituent à se connaître. Là, on est au plus haut niveau, celui du commandement.

Cela s’inscrit, du côté du haut commandement français, dans la perspective d’une guerre dite de haute intensité à l’horizon 2030, conceptualisée dans la « vision stratégique » intitulée « Supériorité opérationnelle 2030 », définie par le chef d’état-major de l’Armée de terre Thierry Burkhard.

Le général de brigade Michel Delion, directeur du centre de doctrine et d’enseignement du commandement, a rappelé le fondement de cette ligne lors d’un séminaire sur le web tenu par une entité liée à l’armée américaine, en cette fin d’année 2020 :

« l’émergence d’un conflit symétrique est désormais une hypothèse crédible »

Pour dire les choses plus directement, la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis forment une alliance militaire, puisque ces pays œuvrent en perspective de 2030 à disposer d’une interopérabilité majeure.

L’idée, c’est d’être en mesure de faire une guerre « ensemble » en 2030. Pour cela, il y a les wargames et puis les échanges concrets pour mettre en place des dispositifs communs efficaces.

Il y a ainsi un échange de personnel mis en place, avec le général de brigade américain Todd Wasmund nommé début 2020 général adjoint opérations de la 3e division française, basée à Marseille (avec 25 régiments, 4 états-majors et une école), alors que son équivalent français Hubert Cottereau est aux États-Unis avec le même poste pour une division américaine, en Géorgie.

Cette 3e division française sera au côté d’un autre division française, la première (il n’y en a pas de seconde division!), pour participer aux manœuvres dans le cadre du wargame, avec la 1ère division blindée américaine et de la 3e division britannique. En 2021 les Américains superviseront le tout depuis Fort Hood au Texas ; en 2023 ce seront les Britanniques aux commandes et en 2025 les Français.

Les ennemis, qui ne sont pas nommés, ce sont bien entendu la Russie et la Chine.

Il y a notamment déjà eu un Warfighter américano-lituanien et on voit déjà le scénario se profiler : des heurts dans les pays baltes et la Russie se voit accuser d’interférence et le tour est joué. La Suède vient d’ailleurs d’augmenter son budget militaire de… 40%. Quant à la Pologne, elle a repris sa position fanatiquement anti-russe des années 1920-1930 (dans une reprise du 17e siècle, les Polonais prenant Moscou en 1610 et tentant de placer un Tsar qui leur soit soumis).

En ce qui concerne la Chine, les États-Unis viennent également de formuler un papier stratégique concernant l’US Navy, les Marines et les garde-côtes, où il est dit que face à la Chine désormais il fallait «accepter des risques tactiques calculés et adopter une posture plus affirmée lors des opérations quotidiennes».

On marche à la guerre de manière littéralement ouverte. Et la France s’embarque avec la superpuissance américaine.

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Une partie de l’opinion publique française valide d’aller à la guerre

Une partie des gens en France assume de manière cynique de vivre dans un pays qui est une grande puissance. La guerre leur semble un moindre mal pour conserver leurs privilèges.

« La France dispose avec son système de forces de présence et de souveraineté d’un outil militaire global unique au monde participant à son influence mondiale. Le prépositionnement de ces forces est un atout pour la France dans la mesure où il permet une réaction rapide en cas de menace pour les intérêts de la France. »

La France est une grande puissance, avec des entreprises qui font partie des géants du capitalisme à l’échelle mondiale. Ses forces armées sont importantes et surtout s’appuient sur une technologie extrêmement avancée. C’est un outil pour maintenir la position française dans le monde, aux dépens d’autres pays, notamment avec des bases militaires à travers le monde. Cela est connu de tous dans notre pays et c’est accepté, même sans le dire. D’ailleurs, la citation ci-dessus faisant l’éloge de l’armée française est de Bastien Lachaud, un député La France Insoumise. Il est membre de la commission de la défense nationale et des forces armées et exprimait son inquiétude devant les capacités militaires de la France à intervenir si nécessaire.

C’est un excellent exemple de social-chauvinisme, parce que le nationalisme et le militarisme sont largement partagés dans la population française. Les Français détestent le nationalisme et le militarisme, au quotidien. Mais si jamais les intérêts sont menacés, le nationalisme et le militarisme sont tout de suite acceptés. Il suffit de penser à 1914, où du jour au lendemain tous les opposants à la guerre se sont précipités dans le soutien à la guerre. Naturellement, cela dépend ce qu’on appelle intérêts. Comme l’a expliqué Anatole France dans une lettre écrite au quotidien l’Humanité en 1922, on croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels.

Il y a également ce bon mot de Paul Valéry :

« La guerre, c’est le massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent et ne se massacrent pas. » 

Avec la crise et le ralentissement de l’économie, les propos se lâchent comme jamais en faveur de l’interventionnisme français. Il faudrait être offensif pour maintenir son rang. Il faudrait aller donner une leçon aux Turcs. Il faudrait soutenir les Américains dans leur volonté de mettre les Chinois au pas. Il faudrait mettre les Russes hors d’état de nuire. Pour cela, il faut plus de moyens pour l’armée, il faut davantage de reconnaissance pour les soldats. Il faut surtout plus de vulgarité, plus de haine, plus d’agressivité, plus de dénonciations.

Une partie de l’opinion publique française valide d’aller à la guerre. Si on ajoute la partie qui n’est pas contre, celle qui n’a conscience de rien, on peut terriblement s’inquiéter. Il suffit de voir comment la Gauche gouvernementale, au Sénat, a voté avec la Droite au sujet du Karabagh pour voir que l’interventionnisme français est très largement accepté, qu’il a l’hégémonie dans le pays. Il suffirait de quelques tensions et d’un front de plusieurs pays pour rétablir un pseudo ordre pour que l’opinion publique accepte la situation. Et encore ce n’est-il même pas vrai en ce qui concerne la Turquie. Le chauvinisme a été si bien mis en avant ces derniers mois que s’il y a une guerre franco-turque, l’opinion publique soutiendrait l’armée sous prétexte de rejeter le sultan Erdoğan.

La guerre franco-turque est d’ailleurs peut-être la menace la plus directe qui pèse sur la paix en ce qui concerne la France. Il y a une montée en puissance du militarisme et la Turquie est un adversaire de taille comparable mais largement en retard dans le domaine technique. Une victoire française serait utile pour gagner l’opinion publique, pour pousser au militarisme, pour donner un élan. On ne saurait sous-estimer de tels calculs cyniques qui existent forcément chez les militaires.

La menace est réelle, la situation gagne chaque jour en tension. La France va à la guerre… il faut la stopper!

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Dénonçons les dix auteurs de science-fiction rejoignant la « Red Team » de l’armée française

L’armée française cherche à s’améliorer pour écraser la révolte et mener ses guerres en engageant dix auteurs de science-fiction.

Les véritables auteurs de science-fiction ont toujours été opposés aux guerres ; leurs œuvres établissaient un chemin vers l’utopie, vers la fusion de l’humanité en une seule communauté mondiale, pacifiée, se tournant vers l’exploration spatiale dans des buts scientifiques. Avec la corruption et la décadence propre au capitalisme, il y a eu au fur et à mesure des gens qui se sont vendus et ont cherché à refléter la vision du monde dominante.

L’exemple le plus connu est Star Wars, un space opéra s’appuyant non seulement sur des chevaliers et non plus sur l’histoire de l’humanité en général, mais reflétant qui plus est directement la vision du monde américaine : d’un côté une société composée de gens très différents, fonctionnant par intuition, de l’autre une société organisée et planifiée. C’était l’allégorie du monde libre, États-Unis en tête, face au Communisme.

Et au même moment, les États-Unis avaient avec Ronald Reagan utilisés certains auteurs de science-fiction opportunistes pour des travaux d’anticipation, dont le très prolixe paléoconservateur Jerry Pournelle, au cœur de la démarche et théoricien de la guerre des étoiles pour l’armée américaine, mais également Robert A. Henlein (Starship Troopers), Poul Anderson (La Patrouille du temps), Larry Niven (L’Anneau-Monde).

Dix auteurs ont décidé de faire encore pareils et de travailler directement pour l’armée française. Ce faisant, ils se comportent comme des renégats, des traîtres à la Culture et à la tradition de la science-fiction, de l’anticipation, tournée vers l’Utopie. Cela étant ils montrent au moins qu’en agissant ainsi ils sont dans l’esprit réactionnaire de la littérature de Fantasy et tout ce qu’ils apporteront sera vain, car délirant, subjectiviste, fantasmagorique.

On ne peut pas écrire Star Trek et contribuer à la guerre, on peut écrire Dune ou encore Conan le barbare et le faire mais cela sera délirant. Le directeur de l’Agence de l’Innovation de Défense Emmanuel Chiva a demandé aux auteurs de «percer le mur de l’imagination», il ne sera pas déçu : seuls des décadents tournés vers la Fantasy peuvent aider l’armée à faire la guerre et écraser des révoltes. On ne peut pas être un auteur de science-fiction – au sens d’anticipation et non pas de Fantasy – et ne pas être de gauche ! L’avenir, c’est la Gauche, la réaction, c’est la Droite !

Le symbole d’auteurs se revendiquant de la science-fiction et aidant l’armée française est en tout cas écœurant. Il y a même eu 600 candidatures. 600 personnes prêtes à aider l’armée pour les guerres… mais aussi pour préparer à la liquidation des futures rébellions en France. 600 personnes dont on sait déjà dans quel camp ils seront à la prochaine révolte… Que les auteurs choisis doivent d’ailleurs anticiper.

Pour la première saison, ils doivent par exemple déjà imaginer comment des « pirates » anti-occidentaux et une nation-pirate avec comme devise « Fraternité Liberté Biodiversité » pourraient opérer – c’est-à-dire comment des gens n’ayant rien matériellement peuvent concrètement chercher à affronter une armée classique. C’est là dans la grande tradition contre-insurrectionnelle française ou encore celle de la contre-guérilla de la School of Americas.

Il s’agit d’aider l’armée – par définition avec des décideurs bornés, réactionnaires, traditionalistes – à s’adapter plus facilement à une rébellion par définition pleine d’initiatives, au moyen de scénarios préparatoires. Voici la présentation officielle de la Red Team :

« Conception et restitution de scénarios de disruption opérationnelle, technologique ou organisationnelle au profit de l’innovation de Défense (Red Team)

Le projet de marché ‘Red Team’ vise à concevoir et restituer des scénarios d’adversité et de menaces à l’horizon 2030 à 2060, dans les domaines opérationnel, technologique ou organisationnel au profit de l’innovation de Défense. Il permet dans ce cadre de réunir et animer un collège de prospectivistes sous l’égide de l’Agence de l’Innovation de Défense, l’État-Major des Armées, la Direction Générale de l’Armement et la Direction Générale des Relations Internationales et de la Stratégie dans le but d’imaginer et d’éclairer les conflits futurs.

À ce titre le marché Red Team nécessite :

– la composition et l’organisation d’une équipe projet (auteur(e)s et scénaristes de science-fiction) ;

– la conception spécifique de travaux prospectifs ;

– la restitution de travaux prospectifs. Les prestations et fournitures du marché se répartissent par  » saisons  » couvrant chacune une période de 12 mois. La première saison, appelée  » saison 0 « , ne couvrira qu’une période pouvant aller jusqu’à 8 mois. Il est prévu 4 saisons au marché (saison 0, 1, 2 et 3).

Voici la liste des auteurs payés par l’armée pour participer à cette « Red Team », notons au passage que c’est un nom ridicule de par son côté anglophone et que l’utilisation de la couleur rouge de la révolution est une sorte de provocation :

  • le scénariste Xavier Dorison (Les brigades du tigre, Undertaker, Long John Silver) ; 
  • l’écrivain Laurent Genefort (Omale) ; 
  • l’écrivain et directrice de recherche au CNRS en science-politique et en sociologie de l’innovation Virginie Tournay (Civilisation 0.0) ; 
  • l’écrivain Xavier Mauméjean (Les Mémoires de l’Homme-ÉléphantLa Vénus anatomique) ; 
  • l’écrivain Romain Lucazeau (Latium) qui travaille également pour le think tank patronal L’Institut de l’entreprise ;
  • l’écrivain Hervé Albertazzi dit DOA (Pukhtu, Citoyens clandestins) ;
  • le dessinateur et scénographe François Schuiten (Les cités obscures, Terres creuses) ;
  • l’étudiante en design d’interaction Jeanne Bregeon ;
  • les écrivains Capitaine Numericus et Hermes, qui ont préféré l’anonymat car ils ont compris qu’ils allaient tous être dénoncés pour leurs activités.

Laurent Genefort et Romain Lucazeau ont accordé une interview à la revue Le Point, qu’on sait très marqué à Droite ; ils expliquent que les militaires sont ouverts, que le milieu de la Science-Fiction n’existe pas, que faire des choses différentes c’est sympa, qu’ils œuvrent à l’intérêt général. On est là au degré zéro de l’intelligence ou au maximum de l’hypocrisie. Et, en tout cas, dans un positionnement totalement pro-guerre et anti-populaire. Voici deux heures de présentation très détaillée du travail de la Red Team, de la nature des scénarios (par exemple à 42:45, 1:20:20 et 1:27:30), et on voit très bien le soutien fait à la modernisation de la guerre.

Une telle Red Team n’aurait pas pu exister il y a encore quelques années. Il a fallu tout un lessivage de la société pour qu’une telle chose existe, pour que des auteurs de science-fiction osent se positionner en faveur de l’armée, de sa modernisation, de ses scénarios de guerre et de contre-rébellion ! Cela en dit long sur le changement d’époque… et sur ce qu’il y a à mener comme travail dans la bataille des idées, la bataille pour la Culture !

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Le chef d’état-major de la Marine parle au Japon du «comportement conquérant» de la Chine

En visite au Japon, l’amiral Pierre Vandier a contribué à la montée en puissance du militarisme en expliquant ouvertement que l’ennemi, c’est la Chine.

L’Amiral Pierre Vandier, chef d’état-major de la marine depuis septembre 2020, avait immédiatement déjà prévenu les futurs officiers de l’École navale :

« Aujourd’hui, vous entrez dans une marine qui va probablement connaître le feu à la mer, vous devez vous y préparer ! »

Quant à savoir contre qui, c’est facile de le savoir, puisqu’il mentionne toute une série de pays lors de son audition parlementaire quant au projet de loi de finances pour 2021 : la Turquie, la Russie, la Chine.

« Depuis le début des années 2010, on voit clairement apparaître une nouvelle donne caractérisée par plusieurs phénomènes. Tout d’abord, un blocage institutionnel du multilatéralisme. Au moins trois des cinq pays qui siègent au Conseil de sécurité comme membres permanents bloquent de fait régulièrement le fonctionnement de l’ONU. Actuellement, il n’est plus possible d’espérer une résolution commune pour régler un conflit. C’est le temps des politiques du fait accompli et la crise de la Crimée en 2014 en est une illustration flagrante.

C’est aussi le temps de la remise en cause des traités internationaux, comme celui relatif aux forces nucléaires intermédiaires ou la pause dans le traité relatif aux forces conventionnelles en Europe – traité très important de sécurité collective. On observe aussi, de façon rampante, une contestation de la convention de Montego Bay sur le droit de la mer un peu partout dans le monde.

Le code de bonne conduite entre nations n’est plus toujours respecté : on fortifie des îlots à peine émergés pour en faire des bases militaires, on prospecte sans vergogne dans la ZEE du pays voisin, on pille les ressources halieutiques partout où les espaces ne sont pas défendus.

Dans ce paysage géopolitique, le fait marquant est la remilitarisation massive de la mer. La Chine a passé quatre siècles isolée derrière sa muraille. En 2015, son livre blanc annonçait déjà le grand retour du domaine maritime dans son développement futur. Le retour de la Chine dans le monde maritime est d’abord économique. Ce sont, par exemple, les nouvelles routes de la soie qui vont jusqu’en Europe, jusqu’au port du Pirée.

Du point de vue militaire, la Chine s’est réarmée à cadence élevée à partir des années 2010. Certains classements placent désormais la marine chinoise en tête, devant l’US Navy, si l’on considère le nombre de plateformes de l’une et l’autre. La Marine chinoise dispose dorénavant d’une dissuasion nucléaire océanique, elle lancera son troisième porte-avions d’ici la fin de l’année, et annonce le développement d’une version navalisée de son avion de chasse de dernière génération J-20. Il ne se passe pas une semaine sans qu’on apprenne le développement de nouvelles armes chinoises dans tous les secteurs du combat naval.

Quant à la Russie, elle opère également un grand retour avec une nouvelle génération de sous-marins nucléaires d’attaque très performants, le développement du missile hypersonique Zirkon et la diffusion des missiles de croisière de la famille Kalibr. Elle procède à des démonstrations de force très régulières, notamment en Méditerranée orientale et à des investissements lourds sur la base militaire de Tartous en Syrie et dans des bases arctiques à partir desquelles les navires russes se déploient.

Plus proche de nous, la marine turque compte douze sous-marins diesel de construction allemande de très bon niveau, discrets, dont le rayon d’action est relativement faible mais suffisant pour protéger efficacement les intérêts turcs dans la région. C’est aussi une marine de surface efficace, avec une trentaine de bâtiments dont douze frégates de premier rang – le format de la France est de quinze frégates – et une trentaine de patrouilleurs lance-missiles. »

Il va de soi que la France participera à une alliance militaire dans son intervention, même si contre la Turquie ce ne sera pas forcément le cas. Voilà pourquoi il faut donner des gages et c’est ce qu’a fait l’Amiral Pierre Vandier lors de sa visite au Japon où il a rencontré le ministre de la Défense Nobuo Kishi, ainsi que les responsables de la marine japonaise.

Le chef d’état-major de la marine française a parlé du «comportement conquérant» de la Chine, il a dit que la pression chinoise inquiétait, que le rapport de forces était bouleversé, que «la Chine a un comportement très affirmatif, très conquérant en termes d’eaux territoriales», qu’à ses yeux « il y a une grande communauté de vues entre les autorités japonaises et nous sur la politique indo-pacifique », etc.

Il a en ce sens souligné l’importance du multilatéralisme, allusion au bloc anti-chinois de l’Inde, du Vietnam, de l’Indonésie, de l’Australie, des Phillipines, du Japon. Il faut savoir ici que Pierre Vandier a publié La Dissuasion au troisième âge nucléaire où il affirme que :

«Peu à peu, la mer de Chine devient une mare nostrum chinois qu’il sera de plus en plus difficile de contester.»

On est ici pleinement dans la tendance à la guerre et l’amiral ne s’en cache même pas. On est ici dans l’installation des alliances, dans la préparation de l’opinion publique, dans la mise en place d’un engrenage qu’il sera toujours plus impossible de stopper. La marche à la guerre a été lancée pour sortir de la crise : seule les masses mondiales levant le drapeau rouge de la démocratie pour et par le peuple peut empêcher la conflagration, la stopper si elle se produit.

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Le chef d’état-major de l’Armée de l’air et de l’espace annonce la guerre et l’alliance franco-germano-espagnole

Le Monde a interviewé en cette fin novembre 2020 le général Philippe Lavigne, chef d’état-major de l’armée de l’air et de l’espace, pour ce qui est une véritable opération de bourrage de crâne. La présentation de l’interview est elle-même une acceptation et donc un soutien tacite à la guerre à venir :

« A 55 ans, le général de l’armée aérienne Philippe Lavigne est, depuis le mois de juillet, le premier chef d’état-major de l’armée de l’air et de l’espace (AAE). Alors que doit se tenir, mardi 24 novembre, le colloque annuel de l’AAE, il détaille comment la France se prépare à un éventuel conflit de « haute intensité » en la matière. C’est à dire un conflit majeur entre Etats mobilisant l’ensemble des moyens militaires. »

C’est là une banalisation de la guerre que jamais Le Monde n’aurait pu se permettre ces 25 dernières années. On sent que la crise a amplifié les contradictions de manière telle que désormais, la question est de choisir son camp pour la guerre à venir. Les questions sont d’ailleurs dénuées de toute ambiguïté : c’est de guerre qu’il est parlé, de la prochaine guerre. Il n’y a pas de tonalité hypothétique, pas de présentation d’une éventualité.

« Un conflit de « haute intensité », cela veut dire quoi pour l’armée de l’air et de l’espace ?

La haute intensité nous impose de disposer d’une aviation de combat d’une certaine qualité, mais aussi en quantité suffisante. Parce que, dans un tel engagement, il y aura de l’attrition.

On assume plus de pertes ?

Oui, bien sûr. Dans les opérations de moyenne ou haute intensité, les pertes sont estimées de 4 % à 8 %. Il faut l’assumer pour gagner et durer dans des opérations majeures semblables à celles de la guerre du Golfe, que l’on prépare avec nos alliés et qui engageraient 1 000 sorties d’avions de chasse par jour. La France, dans une telle coalition, pèserait environ 10 %. Aujourd’hui, l’armée de l’air et de l’espace réalise ce nombre de sorties quotidiennement en intégrant les missions de préparation opérationnelle en France. »

Les propos sont très clairs :

– la participation à une guerre est prévue, planifiée, on s’entraîne pour cela ;

– elle consistera en un front dont la France représentera 10 % au niveau de l’aviation, ce qui signifie une guerre de grande ampleur.

Pour qui douterait encore du sens des questions, voici une autre question posée au chef d’état-major de l’Armée de l’air et de l’espace, avec une réponse tout aussi claire :

« Etes-vous déjà prêts pour un conflit dur ?

Nous sommes prêts, et nous nous entraînons pour faire face à ce type de conflit. Nous consolidons au quotidien nos capacités d’évoluer en coalition avec nos partenaires américains, allemands, britanniques, italiens, espagnols. »

Il faut noter ici que le général annonce une alliance franco-germano-espagnole.

« Ce qui est très important, c’est que les trois chefs d’état-major allemand, français et espagnol se sont mis d’accord, en 2018, puis 2019, sur les besoins opérationnels face aux menaces futures, en matière de supériorité opérationnelle, de capacité à frapper dans la profondeur, de « système de systèmes » permettant de discuter avec l’ensemble des moyens aériens qui seront autour de l’avion – ce seront tous des capteurs, depuis les drones jusqu’aux satellites, au ravitailleur, au système de détection aéroporté, etc. »

Pour qui douterait également de cet aspect, il suffit de lire la tribune de janvier 2020 publié dans Le Figaro : «France, Allemagne, Espagne: construisons la puissance aérienne européenne». Cette tribune a été signée par les chefs d’état-major des armées de l’air française (Philippe Lavigne), allemande (Ingo Gerhartz) et espagnole (Javier Salto), avec à l’arrière-plan la signature commune du High Level Common Operational Requirement Document (HLCORD) entérinant leur unité pour le programme d’armement dénommé Système de Combat Aérien du Futur (SCAF).

Il faut remarquer que la tribune insiste particulièrement sur l’emploi d’outils militaires aériens sans pilotes. Et, justement, dans l’interview, le général explique qu’il y a eu, depuis décembre 2019, quarante frappes des drones Reaper au Sahel. C’est un chiffre énorme qui montre que l’armée française s’entraîne intensément à l’utilisation de drones tueurs. La tribune du Figaro l’explique d’ailleurs clairement : les prochaines décennies seront marquées par la systématisation des drones tueurs.

Une question importante est bien entendu celle de la Chine et là encore, la question du Monde va directement dans le sens de l’appel à la guerre, avec une réponse du même type :

« L’armée de l’air peut-elle renforcer ses opérations en Indo-Pacifique ?

Le président de la République affirme nos intérêts économiques et stratégiques dans cette région. L’armée de l’air et de l’espace peut assurer la protection des Français, de la ZEE [zone économique exclusive] et de la liberté de navigation aérienne, et secourir nos partenaires. »

On notera d’ailleurs que dans l’interview, le général affirme le caractère mondial du champ d’intervention militaire qu’il dirige, en mentionnant la zone indo-pacifique :

« L’armée de l’air et de l’espace, aujourd’hui, est sur tous les théâtres : en Afrique, au Levant, à l’est en Europe (dont la mer Noire), dans l’Indo-Pacifique. »

Ce que cela signifie, c’est que la France est prête à faire la guerre à la Chine, ainsi qu’à la Russie qui est clairement présentée comme une menace de haut niveau technologique et militaire (rappelons ici tout de même que le PIB russe est moindre que celui de l’Italie ou que celui du Canada).

On échappera clairement pas à la guerre… et on le sait… À moins que le peuple n’assume pleinement la Démocratie et balaie le militarisme, ainsi que toute volonté de sortir de la crise par le nationalisme. La Gauche a une responsabilité très claire : empêcher la guerre qui vient !

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Le général Pierre de Villiers omniprésent en novembre 2020

Encore et toujours présent dans les médias, le général Pierre de Villiers prétend ne pas faire de politique tout en se présentant indirectement comme le seul recours.

Le général Pierre de Villiers n’en finit plus de faire le tour des plateaux de télévision et de la presse. Il était à l’occasion du onze novembre l’invité d’une longue émission sur la chaîne publique France info durant laquelle il a pu s’exprimer en long, en large et en travers. À plusieurs reprise, il lui a été posé la question de son orientation politique, de manière vague d’abord, sur différents thèmes, puis de manière précise ensuite avec Laurent Joffrin (ancien directeur de Libération) mettant les pieds dans le plats en lui demandant s’il est de droite ou de gauche.

Évidemment, Pierre de Villiers ne répond pas, tournant autour du pot, expliquant qu’il est au dessus, et même au-delà, des clivages, que la question ne se pose pas en ces termes selon lui et qu’ils ne fait qu’apporter une « contribution » au débat, etc. Pourtant, il est évident qu’il relève de la Droite, et même de la Droite au sens le plus strict.

Sa vision, qu’il répète à l’envie de manière extrêmement bien formulée, se résume ainsi : ce qui compte avant tout est la nation, il faut l’unité nationale coûte que coûte et l’Armée forme de ce point de vue un modèle idéal qu’il faut appliquer au reste de la société, pour son plus grand bien évidemment. Autrement dit, il faut l’autorité forte venant d’en haut, combinée à la bienveillance sociale de type catholique, afin de maintenir l’ordre social et surtout les hiérarchies sociales.

C’est une formulation de droite tellement classique, tellement « vieille bourgeoisie » si l’on peut dire, que peu de personnes à Droite osaient le formuler aussi ouvertement depuis des années. C’est sa marque de fabrique ; il suffit de voir ses propos sur la radio France Inter, toujours le onze novembre :

« Il faut apprendre aux petits Français à aimer la France »

« Ces jeunes qui partent en vrille, il faut les remettre dans le doit chemin »

Il ne reste plus qu’à chanter la chanson Général, nous voilà… Et c’est bien le message qu’il veut faire passer : je suis consensuel, j’ai l’armée avec moi, je suis capable d’amener une mobilisation en faveur d’une orientation agressive de grande puissance.

Il compte réussir ce que Marine Le Pen n’a pas réussi : former un bloc populaire de Droite, anti-libérale en apparence mais en réalité représentant la haute bourgeoisie et les marchands de canon.

On se rappellera d’ailleurs d’où vient politiquement Pierre de Villiers. Il émerge en tant que figure en 2017, en démissionnant de son poste de chef d’État-Major des armées, assumant un conflit ouvert avec Emmanuel Macron quant au budget des armées. Il a ainsi été le porte-drapeau des militaristes, des expansionnistes, des agressifs.

Mais ce n’est pas tout. Car le sens de la valorisation de l’Armée par Pierre de Villiers, c’est aussi d’empêcher la lutte des classes en mettant la population, et notamment la jeunesse, au rang. C’est pour cela qu’il parle beaucoup de la jeunesse, avec à chaque fois une vision volontairement binaire, présentant deux pôles : d’un côté les « jeunes des cités », de l’autre les « jeunes diplômés ».

Pierre de Villiers le vendéen (frère de Philippe de Villiers) oublie volontairement de parler de la classe ouvrière, c’est la règle, alors que pourtant la Vendée est largement ouvrière, particulièrement dans la jeunesse. C’est révélateur : ce qui compte pour cet homme de la Droite est de neutraliser la conscience ouvrière, au profit du nationalisme.

Son rôle politique, culturel, idéologique est précisément d’empêcher la ré-émergence politique, culturel, idéologique de la classe ouvrière menant la lutte des classes. Son rôle est de prendre la Gauche de vitesse, comme Mussolini, Hitler et Franco hier, comme tous ces mouvements de la Droite populaire venant « restaurer l’ordre », « relever » la nation ou, comme Pierre de Villiers le dit lui-même, « remettre les choses à leur place ».

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Pierre de Villiers, c’est La Rocque!

L’affaire de Conflans-Sainte-Honorine a très largement mobilisé la Droite et le militaire Pierre de Villiers en a profité pour se lâcher et pratiquement annoncer sa candidature à la présidentielle de 2022.

La journaliste Ruth Elkrief a invité le 24 octobre 2020 Pierre de Villiers dans son émission et elle a été d’une obséquiosité totale pendant une heure entière. Quant au haut-gradé de l’armée se voyant bien le prochain Napoléon III, le prochain Pétain, le prochain De Gaulle de 1958, voire tout cela en même temps (avec un mélange social, catholique, nationaliste impérial), il a bien tenu une position ouatée de réconciliation de tout le monde avec tout le monde, dans l’esprit de son ouvrage venant de sortir, L’équilibre est un courage.

Il a cependant abattu ses cartes politiques, enfin, et ce sont bien sûr celles de la Droite ultra. Ainsi, Ruth Elkrief lui a demandé s’il prendrait position en cas de duel Emmanuel Macron – Marine Le Pen au second tour des présidentielles : Pierre de Villiers a refusé de répondre, expliquant même que Marine Le Pen avait fait les bons constats. Il lui reproche cependant de ne pas être crédible, alors que lui bien sûr l’est, de par ses fonctions à la tête de l’État, etc., etc., etc.

Ce qu’il reproche aux « patriotes », c’est de vouloir tout tout de suite et de ne pas viser à mobiliser de manière large ; Pierre de Villiers insiste de manière régulière lors de ses interventions sur l’intégration des jeunes d’origine immigrée dans un dispositif militarisé. Il appelle cela le rétablissement de l’autorité, par opposition à l’autoritarisme, car comme il l’a encore dit chez Ruth Elkrief, lui veut que les gens soient comme des soldats et suivent de manière volontaire, etc., etc. etc.

Pierre de Villiers est d’ailleurs monsieur « etc. etc. etc. » ; il a un discours répétitif, toujours le même à part désormais donc pour une ligne de Droite assumée, ce qui en fait un néo-gaulliste au sens strict. On répète la même chose en boucle, en revenant toujours à l’autorité. On voit déjà qu’il se positionne pour être le candidat de la Droite : on pourra dire en 2022 que sa campagne a commencé cette fin octobre 2020.

Impossible de ne pas voir bien sûr que Marion Maréchal est forcément très proche. Chez Ruth Elkrief, Pierre de Villiers a tenu exactement le même « occidentalisme », se revendiquant même de son frère :

« Je pense que sur le thème de l’islamisation de notre société et du danger islamiste, Philippe de Villiers avait eu cette intuition il y a déjà longtemps. »

Le tout est dit en douceur, exactement comme le faisaient les Napoléon III, Pétain, De Gaulle. C’est la dictature ouatée de militaires paternalistes, la douceur de l’étrangleur de la démocratie. Une douceur dont s’extasie parallèlement Paris Match, qui concurrence Ruth Elkrief dans la servitude volontaire. L’article décrit les intervention de l’ex-chef d’état-major des armées aux Mureaux, à 40 km de Paris et connu pour sa situation sociale dramatique.

« Niaki, Roger, Ousmane, Rodrigue, Siham opinent. Le général poursuit. Il faut y croire : dans la prairie de la vie, ils constituent la bonne herbe, et pour que celle-ci ne se laisse pas étouffer par la mauvaise, il n’y a pas à tortiller, il faut tondre ras. Ras et souvent. Le général demande du pain. Personne ne l’entend, il attrape une tranche.

Etonnant combien ce militaire parle doux. Donnait-il ainsi ses ordres quand, à la tête du bataillon d’infanterie mécanisée de la brigade Leclerc, il entra le premier au Kosovo ? Commandait-il gentiment ses 2 500 hommes dans les champs de bataille d’Afghanistan ? (…)

« Je respecte ces jeunes, dit-il, ils sentent mon autorité et mon humanité, je les aime. (…)

Le général de Villiers aime ses lecteurs, les gosses des cités, les gamins des écoles de commerce comme il aime le drapeau, la patrie et comme il aima ses soldats avec lesquels il jouait au foot et enchaînait les footings (…).

Il rejoint sur le terrain voisin Rodrigue, Niaki, Ousmane et les autres. Match de foot. « Je les aime », dit-il encore. Décidément, Pierre de Villiers n’est pas fait pour la politique. »

C’est l’argument principal : le général ne fait pas de politique, il n’est là que pour servir objectivement, pour remettre de l’autorité. Telle est la position du dictateur à la française : il faut le remercier de se sacrifier pour la patrie et d’ailleurs il faudrait faire de même. La bourgeoisie a déjà trouvé son héraut pour ses menées militaristes, impérialistes.

Et même si ce n’est pas Pierre de Villiers, ce sera son clone, car on est là très précisément dans les fondamentaux du fascisme français. Pierre de Villiers, c’est La Rocque, c’est la même Droite que celle des années 1930 : populaire militarisée et national-républicaine, occidentaliste et hiérarchique, avec le même expansionnisme « impérial ».

Préparons nous donc à ce que, comme La Rocque, il trouve face à lui le Front populaire !

> Lire également : Meurtre de Conflans-Sainte-Honorine: le général Pierre de Villiers ne rate pas l’occasion de se placer

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Vers la guerre: un sous-marin français capable de détruire à plus de 1000 kilomètres

L’armée a procédé pour la première fois mardi 20 octobre 2020 à un tir longue distance depuis un sous-marin avec un missile capable de frapper des infrastructures terrestres de grande importance. La France se dote ainsi d’une puissance destructrice massive, avec des sous-marins disposant d’une arme équivalente au fameux Tomahawk américain.

C’est le sous-marin nucléaire d’attaque Le Suffren qui a réalisé le premier tir d’essais d’un missile de croisière naval, d’une portée gigantesque de plus de mille kilomètres. La Marine française se trouve maintenant en capacité, depuis les mers, de frapper l’intérieur d’un pays sans positionner de troupes sur place.

Le ministère des Armées, qui est dans une logique guerrière tout à fait assumée, se félicite ainsi que « sa capacité de mise en œuvre depuis un sous-marin permet de faire peser sur l’adversaire la menace constante et indétectée d’une frappe depuis la mer ».

Avec une telle arme, la France se positionne encore plus comme une grande puissance militaire, capable de peser sur le monde par la guerre et la menace de la guerre. Cette perspective est ouvertement assumée au plus haut de l’État, avec la ministre des Armées Florance Parly qui a expliqué que :

« Pour la première fois, un sous-marin français tire un missile de croisière. Ce succès confère une nouvelle capacité stratégique à notre Marine et la place parmi les meilleures au monde. Ce nouvel armement est une véritable rupture, fruit d’années d’efforts et d’investissements, notamment permis par la loi de programmation militaire 2019-2025. Je félicite toutes celles et ceux – Marine nationale, DGA, industrie – qui ont permis ce tir ».

Quand elle parle de « tout ceux qui ont permis ce tir », il faut en effet voir qu’il y a une mobilisation de grande ampleur pour la militarisation de la France. Un sous-marin de la classe Barracuda tel que le Suffren nécessite pas moins de 10 000 personnes pour son élaboration, avec pour sa construction sept fois plus de pièces que pour un avion de ligne. Il pèse 5 000 tonnes pour 99 mètres de long et 8,8 mètres de diamètre et c’est de la très haute technologie, de l’industrie disposant d’un degré fabuleux de développement, qui est mise au service de la menace guerrière avec la possibilité de détruire de manière massive.

Selon les chiffres officiels, l’engin peut plonger à plus de 300 mètres de profondeur et dispose d’une autonomie de 70 jours, soit 25 % de plus que les sous-marins de la génération précédente. Il embarque, en plus des Missiles de croisière naval qui viennent d’être testés, des missiles antinavires Exocet SM39 modernisés, des torpilles lourdes filoguidées F-21 et des mines. Il dispose également d’une porte de sortie sous-marine où se trouve un mini sous-marin (PSM3G) capable de transporter un commando de 6 plongeurs, dans la discrétion la plus totale.

Cette course à l’armement de la part de la France a lieu dans le cadre de l’Otan, avec une Loi de programmation militaire qui a été adopté pour coller à l’objectif des 2% du PIB dédié aux dépenses militaires.

Tout cela mène, pour l’ensemble des pays de l’OTAN, à un total de 1,092 billion de dollars (plus de mille milliards) de dépenses militaires. Selon le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg, 2020 sera la sixième année consécutive de hausse des dépenses militaires pour les membres européens et la tendance doit se poursuivre encore dans les années à venir.

C’est une folie furieuse, les États les plus modernes vont à marche forcée vers la guerre et assument ouvertement de développer leur capacité à détruire de manière massive. C’est une folie d’autant plus inquiétante qu’elle n’est presque jamais dénoncée, quasiment personne n’en parle, mise à part pour la Droite qui s’en félicite. La Gauche quant à elle, ne peut être la Gauche si elle ne fait pas de l’opposition active à la militarisation du pays et à la marche vers la guerre, un pilier de son existante politico-culturelle !

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Politique

Meurtre de Conflans-Sainte-Honorine: le général Pierre de Villiers ne rate pas l’occasion de se placer

Le général Pierre de Villiers est ancien chef d’État-Major des armées et s’est fait connaître en démissionnant avec fracas en 2017, accompagnant cela d’un discours nationaliste faisant de la figure du chef militaire autoritaire un recours pour la France.

> Lire également : Néogaullisme: le général Pierre de Villiers appelle à remettre de l’ordre

Depuis, il intervient régulièrement pour mettre en avant ce discours et se placer lui-même comme la figure potentiellement à même de « redresser » le pays. La Droite adore, notamment celle qui est proche de l’extrême-Droite, et c’est tout naturellement que Le Figaro lui a offert une tribune après l’attentat contre le professeur d’Histoire-Géographie à Conflans-Sainte-Honorine.

Il faut noter que cette tribune est accessible gratuitement en ligne, ce qui est rare pour les articles de ce genre sur le site du Figaro ; il s’agit là de diffuser au maximum la figure du général Pierre de Villiers, qui profite naturellement de la situation pour se placer. Se placer pour quoi ? Pour apparaître comme le sauveur, apolitique et désintéressé bien sûr, dans la grande tradition française des anciens militaires faisant prétendument don de leur personne.

Ce qu’il a à dire est très simple, et extrêmement bien formulé. Il ne faut pas « céder à cette intimidation barbare » et ne pas avoir « peur », il y a trop de « paroles » et pas assez « d’actes », il faut donc une politique nationale forte assumant l’autorité.

Il est donc fait appel à la mobilisation nationaliste, en expliquant que le problème de l’islamisme serait principalement celui de l’agression de la France, comme il le dit en introduction de son propos :

« c’est une attaque à l’existence même de notre nation, de notre civilisation. »

Cela est faux, car ce qui est en jeu est la Raison, l’Humanisme, la culture en général, de manière universelle, et pas la nation française en tant que telle. Mais cela n’intéresse pas Pierre de Villiers, qui relève lui-même de l’arriération religieuse ; c’est un catholique, il le revendique, il a contribué à une formation du très droitier ICHTUS (Centre de formation à l’action civique et culturelle selon le droit naturel et chrétien).

Selon lui, de manière démagogique, il suffirait de renvoyer les imams qui posent problème, tout en ayant une politique militaire française forte. C’est d’ailleurs avec cela qu’il conclut, car le militarisme est sa proposition stratégique, c’est le contenu de son nationalisme, avec l’idée de la France comme grande puissance pesant grâce à son armée, et se régénérant grâce à l’autorité militaire :

« Pendant mes dix dernières années dans les armées, j’ai, à ma place, participer au combat contre le terrorisme islamiste, cette idéologie qui prône la barbarie, car cette dernière n’est pas un moyen mais une fin. Nos soldats, marins et aviateurs contribuent à cette défense de l’avant, notamment en Afrique et au Moyen-Orient. Ils méritent aussi d’en être remerciés. Cette guerre est mondiale. Elle vise la France prioritairement. Plus que jamais, nous devons retrouver notre unité et nous réconcilier, au-delà de nos diversités. L’amour de la France est notre espérance. »

Pour le reste, Pierre de Villiers formule les choses très habilement et avec beaucoup de mesure, dans une perspective politique évidente. Il explique qu’il serait temps « d’aider la communauté musulmane de France à former les imams » et qu’il faut aller chercher les islamistes dans les « cités », où « [les] populations [sont] dans leur grande majorité de bonne volonté. »

> Lire également : Valeurs Actuelles en appelle au militaire Pierre de Villiers pour la tête de l’État

On apprend étrangement au passage que la Mauritanie serait « un exemple », qui aurait « réussi à contenir le terrorisme »… On se demande alors pourquoi le Ministère des Affaires étrangères considère encore la Mauritanie comme à risque à propos du terrorisme, avec plus de la moitié du pays où il ne faut surtout pas se rendre, et une vigilance renforcée à avoir pour le reste du territoire !

Mais ce qui intéresse surtout Pierre de Villiers le militaire, c’est que la Mauritanie (une « république islamique ») est aux mains des militaires, avec le président Mohammed Ould Ghazouani qui est un général ayant succédé à un général ayant pris le pouvoir par la force en 2008, avec des groupes spéciaux d’intervention quadrillant littéralement le pays et un État orientant massivement le budget vers l’armée plutôt que l’éducation ou la santé.

Voilà donc son modèle, qu’il veut transposer en mode catholique pour la France, avec cette prétention, caractéristique de la Droite, à constituer une élite « protectrice » pour le peuple, par l’autorité du chef :

« Il est temps aussi de comprendre que le premier devoir d’un Etat est de protéger ses concitoyens, en donnant à celles et ceux qui en ont la charge les moyens de leur mission. Je pense en particulier aux services de renseignements, aux forces de sécurité, à tous ceux qui de près ou de loin participent à l’éducation de notre jeunesse. »

Tout cela n’amène pas à grand chose… pour l’instant. C’est une manière de s’installer dans le paysage, d’assembler des éléments pour légitimer le recours à un moment donné. Le général dira que depuis longtemps il cherche à contribuer, sans prendre parti, qu’il est inquiet pour la France, etc. Le fait que cela ne soit pas dénoncé dès le départ par la Gauche est une très mauvaise chose, c’est une grosse erreur de par la tradition politique de notre pays où le général, le maréchal, sort souvent de sa boîte pour jouer au sauveur.

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Communiqué du PCF sur les ventes d’armes françaises à la Grèce

Voici le communiqué du PCF du 14 septembre 2020, dénonçant les ventes d’armes françaises à la Grèce, dont nous parlions récement :

« Vente d’armes à la Grèce : « Cette escalade militaire est une mauvaise réponse » (Fabien Roussel – PCF)

Dans le contexte de tensions et d’agressivité du dirigeant turc Recep Tayyip Erdogan en Méditerranée orientale, Emmanuel Macron choisit… de vendre des armes à la Grèce ! Un contrat pour 18 Rafales, 4 hélicoptères, des missiles et des torpilles francais vient dêtre signé, comme une forme de réponse aux provocations du président turc dans les eaux grecques. Cette escalade militaire est une mauvaise réponse.
Après avoir mobilisé deux chasseurs Rafale et deux navires de guerre, la France avait déjà procédé, le mois passé, à un exercice militaire conjoint avec la Grèce, l’Italie et Chypre, au sud et au sud-ouest de Chypre.

La ministre française des Armées, Florence Parly, s’est aussitôt réjouie de ce qu’elle voit comme le renforcement du « lien entre les forces armées grecques et françaises » considérant, selon elle, qu’il s’agit d’un pas « en faveur d’une Europe de la défense plus forte, plus autonome et unie ». Quel aveuglement ! Paris nourrit l’escalade militaire dans l’une des zones les plus sur-militarisées du monde, où le risque nucléaire est présent, et participe à une surenchère agressive entre membres de l’OTAN. On voit mal une « défense européenne » déjà arrimée à l’OTAN – et dont la Turquie est la 2e armée en matière d’effectifs – fonder une cohérence dans ses orientations et sortir « renforcée » de l’amplification de la crise interne de l’alliance politico-militaire qui est placée au service des intérêts stratégiques nords-américains depuis sa fondation.

Pour le Parti communiste français, il est indispensable de mettre un coup d’arrêt net aux évolutions dramatiques qui se dessinent, qu’il s’agisse des visées expansionnistes du dirigeant turc que d’un sur-armement de la Grèce. De plus, le peuple grec devra payer ces achats d’armement par de nouvelles politiques d’austérité.

Dans une région où, déjà, peuples grec et turc ont vécu les plus effroyables conflits, la France et l’ensemble des pays de la région doivent construire un chemin diplomatique pour sortir de crise qui contrait la Turquie à respecter le droit international, les accords internationaux existants, le droit de la mer, et découragent les visées militaristes des protagonistes.

Le PCF, préoccupé et inquiet de l’escalade belliciste en Méditerranée, appelle au rassemblement et à la mobilisation des forces de la paix en France et en Europe pour peser en ce sens. »

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Vers la guerre: l’armée grecque se renforce avec du matériel militaire français

Alors que le conflit entre la Turquie et la Grèce est de plus en plus explosif, le premier ministre grec à annoncé que l’heure est venue pour son pays de renforcer ses forces armées et la France est là pour vendre du matériel de guerre.

Samedi 12 septembre 2020, le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est montré très menaçant à l’égard du président français en affirmant : « Macron, vous n’avez pas fini d’avoir des ennuis avec moi ».

En face, la France répond à l’escalade par l’escalade et ce même jour a été annoncé un plan d’achat de matériel militaire français par la Grèce. Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a expliqué :

« Notre force aérienne va acquérir immédiatement un escadron de 18 avions de chasse Rafale afin de remplacer les anciens Mirage 2000. Ce sont des avions excellents qui, avec nos F-16 modernisés, renforceront notre capacité de dissuasion. »

En plus de cela, l’achat de quatre navires de guerre a été évoqué et il s’agirait probablement de Frégates de défense et d’intervention du groupe français Naval Group.

La ministre française des Armées a immédiatement réagit à cette « bonne nouvelle » militaire (selon sont point de vue guerrier) :

« Cette annonce constitue un succès pour l’industrie aéronautique française, en particulier Dassault Aviation ainsi que les autres acteurs industriels français, et notamment les nombreuses PME concernées par la construction du Rafale. Ce choix en faveur d’un avion de combat Dassault Aviation, au plus haut niveau de la technologie mondiale, vient renforcer le lien entre les forces armées grecques et françaises, et permettra d’intensifier leur coopération opérationnelle et stratégique. »

Les Rafale achetés par la Grèce visent ouvertement à prendre le dessus sur la Turquie, dans une surenchère militariste. Les avions concernés seraient configurés pour emporter des missiles air-air longue portée METEOR capables d’engager une cible à environ 100 kilomètres. Cela leur donnerait un avantage important par rapports aux chasseurs turcs qui ne disposent pas de telles possibilité pour l’instant.

Cela s’inscrit dans tout un plan de l’armée grec visant à recruter 15 000 soldats supplémentaires et renforcer son financement. Des nouveaux hélicoptères de la marine sont prévus, ainsi que des armes anti-chars, des torpilles et des missiles. Il s’agit selon le gouvernement grec de former « un bouclier national», autrement de se préparer à la guerre.

En face, l’armée turque ne compte pas lâcher l’affaire et va chercher à se renforcer, dans une course folle menant à une guerre qui semble de plus en plus inévitable, tellement les États en faillite que sont la Grèce et la Turquie en ont besoin, poussés également par les grandes puissances avide d’une nouvelle répartition du monde.

> Lire également : La guerre entre la Turquie et la France (soutenant la Grèce) se fait chaque jour plus menaçante

On va déjà vers des accrochages et ceux-ci auront un effet de boule de neige : la guerre est déjà installée et elle étend son royaume.

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La guerre entre la Turquie et la France (soutenant la Grèce) se fait chaque jour plus menaçante

Le régime turc est dans une perspective guerrière ultra-agressive. En face, la France soutient la Grèce et pousse elle-même à la guerre en s’érigeant comme le gendarme de la Méditerranée.

Lors des célébrations du Jour de la victoire dimanche 30 août 2020, une fête nationale turque marquant une victoire militaire contre la Grèce en 1922, Recep Tayyip Erdoğan a tenu des propos particulièrement agressifs. Il assumait ouvertement la possibilité de faire la guerre en raison du litige concernant les eaux territoriales en Méditerranée orientale :

« Lorsqu’il s’agit de combattre, nous n’hésitons pas à donner des martyrs […] La question est la suivante : ceux qui s’érigent contre nous en Méditerranée et (au Proche-Orient) sont-ils prêts aux mêmes sacrifices ? »

On n’est plus dans la provocation comme il y a encore quelques jours, mais directement dans un discours guerrier assumant l’affrontement contre la Grèce et la France, avec la menace du sang versé :

« Le peuple grec accepte-t-il ce qui risque de lui arriver à cause de ses dirigeants cupides et incompétents ?

Le peuple français sait-il le prix qu’il devra payer à cause de ses dirigeants cupides et incompétents ? »

Parallèlement à cela, le président turc déroulait son habituelle rengaine ultra-nationaliste, s’adressant directement à « Atatürk », c’est-à-dire Mustafa Kemal surnommé le père des Turcs, pour justifier sa logique guerrière actuelle. Ce message écrit dans un « livre d’or » du mausolée de Mustafa Kemal et largement relayé dans la presse est un modèle du genre, typique du régime :

« Cher Ataturk, au 98e anniversaire de la Grande Victoire, nous saluons une nouvelle fois votre mémoire et celle de nos martyrs. Nous œuvrons pour glorifier et renforcer la République de Turquie que vous nous avez confiée. Nous sommes déterminés à devenir en 2023, au centenaire de notre République, un pays encore plus puissant, plus indépendant et plus prospère du point de vue économique, militaire, politique et diplomatique.

Les réussites importantes que nous avons notées sur divers terrains allant de la Syrie à la Libye, de la mer Noire à la Méditerranée orientale, sont les preuves les plus claires de notre volonté à protéger les droits et intérêts de notre pays.

La Turquie ne cédera pas aux menaces, intimidations et chantages, spécialement en Méditerranée orientale, et continuera de défendre ses droits découlant du droit international et des accords bilatéraux. Paix à votre âme ».

Tous les hauts personnages de l’État s’y sont mis, à l’instar du ministre de la Défense qui a expliqué :

« Cette grande victoire [en 1922 contre la Grèce] est la proclamation au monde entier que notre nation protégera à tout prix sa patrie qui l’importe plus que sa vie, et que l’Anatolie restera indéfiniment une terre turque ».

Le même jour, la ministre française des Armées, Florence Parly faisait comprendre dans une émission de radio que la France ne comptait certainement pas faire baisser la tension, insistant surtout sur le « comportement escalatoire [sic] » turc.

En arrière-plan, il y a la prétention de la France à être une grande puissance, au moyen de son armée qui agirait comme un gendarme en Méditerranée :

« Il y a un droit de navigation dans les eaux de la Méditerranée. Il n’y a pas de droit d’accaparement de ressources énergétiques et gazières, surtout lorsque celle-ci ont été reconnues conformément aux traités internationaux.

La démarche de la France n’est nullement escalatoire [sic]. Ce que nous avons fait, c’est ce que nous faisons régulièrement, c’est-à-dire que nous naviguons régulièrement en mer Méditerranée. C’est tout de même un espace naturel pour notre pays ».

Parler « d’espace naturel » pour qualifier une zone maritime à plusieurs milliers de kilomètres des côtes françaises, surtout quand on est ministre des Armées, c’est clairement agir dans le sens de la guerre. C’est s’arroger la responsabilité du « droit international » par les armes, de surcroît en ce qui ne concerne pas ses propres frontières.

C’est tout à fait conforme aux prétentions d’Emmanuel Macron qui, à l’occasion d’un « Forum Moyen-Orient Méditerranée » mercredi 29 août, a tenu un discours que l’on croirait sortie du XXe siècle et de l’époque du « mandat » français au Proche-Orient.

Cela donne des ailes au régime turc, qui dénonce ainsi facilement la France comme l’a fait le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères le lundi 31 août. Avec un discours particulièrement bien ficelé, il a rétorqué à Emmanuel Macron :

« Ceux qui croient tracer des lignes rouges contre la juste cause de la Turquie, ne feront que constater la position déterminée de notre pays.

S’il y a une ligne rouge dans la région, il ne peut s’agir que des droits découlant du droit international de la Turquie et des Turcs de Chypre.

Il est temps, pour ceux qui se voient dans un miroir grossissant, d’accepter la réalité : l’époque où les impérialistes traçaient les lignes sur les mappemondes est révolue. »

La veille, il prévenait dans un communiqué que « la Turquie est capable de dissuader, tous ceux qui tentent d’usurper par la force, ses intérêts et droits légitimes, en envoyant des armadas », dénonçant des « provocations d’acteurs externes à la région ».

On le comprend, et c’est chaque jour de plus en plus flagrant, on a là tous les ingrédients d’un cocktail explosif, menaçant de s’embraser à chaque instant.

L’épisode le plus récent est la publication de photos, par l’Agence France presse (liée en grande partie à l’État français), montrant des militaires grecs armés sur l’île de Kastellorizo, à quelques kilomètres des côtes de la Turquie.

> Lire également : Vers la guerre: l’Armée française se déploie avec la Grèce face à la Turquie

Le régime turc a immédiatement réagi, parlant d’acte de « piraterie » (l’île est censée être démilitarisées depuis un traité de 1947), faignant de découvrir la présence de ces militaires, qui n’a rien de nouvelle. La Grèce de son côté assume totalement la présence de ses militaires, assumant là encore le parti de la guerre.

Désormais, ce sont la crise ainsi que la tendance à la guerre qui forment l’actualité…

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Vers la guerre: l’Armée française se déploie avec la Grèce face à la Turquie

L’Armée française a annoncé mercredi 26 août 2020 mener des exercices militaires en Méditerranée orientale pendant trois jours. Les manœuvres visent ouvertement la Turquie dont le conflit avec la Grèce prend chaque jour une tournure plus guerrière, avec la France parmi les belligérants.

La ministre des Armées Florence Parly a annoncé que trois avions Rafale, la frégate La Fayette et un hélicoptère français prennent part à un exercice commun avec l’armée de Grèce en Méditerranée orientale, du mercredi 26 août au vendredi 28 août 2020. Les armées italienne et chypriote sont également concernées par l’opération dans les eaux situées entre la Crète et Chypre, précisément là où la Turquie a un navire prospectant des hydrocarbures.

Quelques jours plus tôt, la Grèce émettait un télex de navigation (Navtex) annonçant des manœuvres dans cette zone. Le président turc Recep Tayyip Erdoğan y a répondu de manière très hostile :

« L’émission d’un Navtex par la Grèce n’est autre qu’un acte irresponsable menaçant la sécurité de tous les navires présents dans la région ».

La Turquie considère que la Grèce n’avait pas le droit de l’émettre et s’est faite très menaçante, expliquant que ceux à qui elle sera confrontée devront « en assumer les conséquences ». La France est visée, sans la nommer ouvertement, en dénonçant le fait qu’elle pousse la Grèce à la guerre :

« Il serait bon pour la Grèce de prendre en considération que ceux qui la poussent devant la flotte turque, ne se montreront pas si un problème survient ».

C’est ainsi qu’on assiste à une escalade guerrière où la France répond à la Turquie en déployant sa force, assumant par là son appui militaire à l’armée grecque dans le cadre d’une « Initiative quadripartite de coopération (SQAD) ». Les manœuvres sont appelées « Eunomia », en référence à une déesse grecque dont le nom renvoie aux notions de justice, d’équité, de bon ordre.

Si la France prétend agir au nom du « droit international » comme l’a affirmé Florence Parly, il faut bien voir que le régime turc dit exactement pareil de son côté. La Turquie considère que ses provocations récurrentes contre la Grèce sont légitimes, sans par ailleurs que ni l’Allemagne, ni les États-Unis, ne le lui reprochent vraiment.

Mardi 25 août, le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas était à Ankara (après s’être rendu à Athènes) pour y prôner le dialogue, mais aussi pour réaffirmer la question de l’OTAN et donc de la superpuissance américaine dont dépend encore la Turquie. À ses côtés, le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Çavuşoğlu a expliqué que ce n’est pas son pays qui fait monter les tensions.

Il a affirmé que la Grèce devait renoncer à « jouer les gâtés » et que :

« Il ne faut pas que la Grèce se laisse entraîner par les pays [sous entendu la France principalement] qui souhaitent la jeter devant la flotte turque. Nous sommes voisins. Nous souhaitons un partage juste ».

Il suffit pour mieux comprendre la situation de regarder cette carte montrant les frontières maritimes (ZEE) selon la convention de Montego Bay de l’ONU en 1982 :

Comme on le voit, les eaux territoriales grecques couvrent toute la zone, notamment en raison de la petite île de Kastellorizo. La Turquie n’a jamais reconnu cette convention (à l’image de nombreux pays dont les États-Unis) et maintenant qu’elle sait qu’il y a d’importants gisements gaziers dans la région, elle y revendique activement ses frontières.

C’est la raison pour laquelle le navire Oruç Reis prospecte depuis plusieurs jours dans ces eaux, escorté par une flotte militaire. La France avait immédiatement réagi à cela en déployant de premiers exercices militaires communs avec la Grèce, comme avertissement à la Turquie.

On a depuis un embrasement continu. Il y a là une situation inextricable, avec des intérêts capitalistes qui se font face et sont prêts à toutes les escalades, comme l’histoire en a tant connu.

L’Armée française agit ici au nom du capitalisme français, qui a besoin d’une grande puissance militaire à défaut d’être encore une grande puissance économique et diplomatique, et alors que le groupe Total est potentiellement concerné par les ressources de la région.

Inversement, la Turquie agit de manière particulièrement provocatrice, poussée par les intérêts expansionnistes de son économie, elle-même portée par un nationalisme néo-ottoman très agressif depuis plusieurs années.

Le discours du régime turc est particulièrement virulent, comme ces propos ultra-provocateurs de Recep Tayyip Erdoğan ce mercredi 26 août 2020, à propos des tensions avec la Grèce :

« Ceux qui ne méritent même pas d’être les héritiers de Byzance aujourd’hui, se cachent derrière les Européens pour agir comme des pirates qui ignorent le droit. Il est évident qu’ils n’ont pas retenu les leçons du passé ».

Ces propos étaient tenus lors d’une célébration de la bataille de Manzikert en 1071, une défaite byzantine consacrant la montée en puissance de ce qui deviendra l’empire Ottoman et utilisée de manière nationaliste aujourd’hui par le régime turc.

De manière particulièrement martiale, il a également lancé lors de son discours (en direct à la télévision) :

« Si nous n’avons aucune visée sur les terres, la souveraineté et intérêts des autres, cela ne veut pas dire que nous allons abandonner ce qui nous appartient. Ceux qui se dressent contre nous et qui sont prêt en en payer le prix, nous les attendons. Sinon qu’ils se retirent de notre chemin.

Il faut désormais que tout le monde voit que la Turquie n’est plus un pays dont on peut tester la patience, la détermination, les moyens et le courage ».

C’est terrifiant. Pour autant, il ne faut pas être dupe de la communication de la ministre des Armées Florence Parly qui explique, en s’imaginant que le la France est une grande puissance :

« Notre message est simple : priorité au dialogue, à la coopération et à la diplomatie pour que la Méditerranée orientale soit un espace de stabilité et de respect du droit international. Elle ne doit pas être un terrain de jeu des ambitions de certains ; c’est un bien commun. »

La France n’est pas l’ONU, elle n’est qu’une grande puissance en déclin s’imaginant retrouver de sa superbe grâce à une confrontation avec la Turquie.

> Lire également : Turquie: la Gauche française doit avoir le courage du pacifisme

La situation est extrêmement explosive et nécessite plus que jamais d’affirmer le pacifisme, c’est-à-dire l’opposition active à la guerre. La Gauche française doit dénoncer ici avec une grande vigueur les opérations militaires françaises en Méditerranée orientale, car elles mènent tout droit à la guerre. Une guerre qui relève de la course à la guerre générale avec en toile de fond l’affrontement sino-américain.

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Vers la guerre: le coup d’État pro-Islam et pro-Russie au Mali

Le coup d’État militaire au Mali s’appuie sur une mobilisation islamiste pour mettre en place un régime pro-Russie. On est dans la redistribution des cartes dans le cadre de la compétition entre grandes puissances.

L’ultra-gauche française a vivement salué les rassemblements de masse contre Ibrahim Boubacar Keïta, le président du Mali, notamment en raison du fait qu’ils ont été accompagnés de slogans hostiles à la présence française. Il faut pour cela une grande naïveté, car c’était évidemment une mise en scène, avec une démagogie absolument typique de tels pays.

Ce qu’il y avait derrière, c’est le mouvement de l’islamiste Mahmoud Dicko, un imam qui a annoncé qu’il retournait à la mosquée à la suite de la victoire du coup d’État militaire du 20 août 2020. Le président sortant était lui-même issu d’un coup d’État en 2012.

Mahmoud Dicko est un salafiste ; formé en Arabie Saoudite, il est désormais considéré comme lié au Qatar. Le coup d’État militaire a été rendu possible grâce au passage du mouvement islamiste de Mahmoud Dicko, le Coordination des mouvements, associations et sympathisants, dans le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques, lançant la contestation à la fin juin 2020.

Il représente les forces néo-féodales du Mali, un pays de vingt millions d’habitants qui était avant 1991 dans l’orbite soviétique et française, pour ne plus devenir que française. Mais l’on sait que la France a du mal à maintenir son pré carré. La situation est d’autant plus instable que ce pays misérable, avec 4 des 20 millions de Maliens travaillant à l’étranger, a été construit artificiellement par le colonialisme.

Il y a une quinzaine d’ethnies en concurrence, le pays a été initialement membre de la Fédération du Mali avec le Sénégal, il y a eu une grande rébellion touareg et islamiste au début des années 2010, avec en conséquence notamment l’Opération Serval puis Barkhane de l’Armée française dans la région, avec en plus du Mali le Burkina Faso, la Mauritanie, le Niger et le Tchad.

> Lire également : Opération Barkhane: l’armée française s’enlise, Emmanuel Macron exige le soutien africain

Le nouveau régime s’est d’ailleurs empressé de dire qu’il n’avait rien contre la présence militaire française. Pourquoi alors cette révolution de palais ? Il y a deux principales raisons.

La première, c’est la dimension internationale. L’opération Barkhane implique des forces françaises, mais également dans une bien moindre mesure américaine, canadienne, britannique, allemande, estonienne, danoise, tchèque. Mahmoud Dicko est lié au Qatar.

Le chef du coup d’État militaire, le colonel Assimi Goïta, a été formé par la France, l’Allemagne, les États-Unis. Le colonel Malick Diaw, organisateur du coup d’État, et le colonel Sadio Camara, l’instigateur de celui-ci, ne sont revenus au Mali qu’une semaine avant le coup d’État : ils étaient en Russie depuis le début de l’année, pour une formation militaire dans les institutions militaires à Moscou !

Et le premier ambassadeur reçu par les putschistes, organisés en Comité national pour le salut du peuple, a été… l’ambassadeur russe. On notera que des accords de défense avec la Russie ont déjà été signés par les pays voisins : le Burkina Faso, la Mauritanie, le Niger, le Tchad. Avec le Mali ces pays forment le G5 Sahel ; avec le coup d’État, la boucle est bouclée. On l’aura compris, on se situe dans le cadre d’un repartage du monde amplifié par la crise mondiale ouverte en 2020.

La seconde raison de ce coup d’État militaire, c’est que le régime malien est à bout de souffle. Il est clairement inféodé à la France, corrompu et sans aucune perspective alors que le pays est une poudrière depuis quelques années. La sortie de la crise au moyen de l’Islam pour « unifier » le pays sur une nouvelle base est l’espoir entretenu à l’arrière-plan de cette révolution de palais.

Y a-t-il ici une alliance franco-russe, ou bien la Russie a-t-elle pris le dessus ? Dans tous les cas, ce sont les gens du peuple au Mali qui vont en payer le prix et dans tous les cas on a une accélération du militarisme et des tensions menant à la guerre.

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Guerre

Turquie: la Gauche française doit avoir le courage du pacifisme

Emmanuel Macron se fait chef de guerre en déployant des arguments et des moyens militaires contre la Turquie et ses visées expansionnistes. En face, Recep Tayyip Erdoğan explique que la France agit comme un « caïd » et mobilise de manière nationaliste au nom des « droits de la Turquie ». C’est une escalade militariste typique et le rôle de la Gauche est de s’y opposer fermement, au nom de la paix, au nom de l’amitié entre les peuples, au nom de la lutte des classes.

Après la pénétration turque au large de l’île grecque de Kastellorizo, Emmanuel Macron a décidé de renforcer la présence militaire française dans la zone. Jeudi 13 août, ce sont deux avions Rafale B, le porte-hélicoptères amphibie Tonnerre (en route vers Beyrouth) ainsi que la frégate La Fayette, qui ont participé à un exercice avec la marine grecque dans le sud est de la mer Égée, précisément là où sont les navires turcs.

Le ministère français des armées a expliqué :

« [La] présence militaire [française] a pour but de renforcer l’appréciation autonome de la situation et d’affirmer l’attachement de la France à la libre circulation, à la sécurité de la navigation maritime en Méditerranée et au respect du droit international ».

Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu a réagi de manière virulente, en répondant que :

« La France, en particulier, devrait cesser de prendre des mesures qui accentuent les tensions. Ils n’obtiendront rien en se comportant comme des caïds ».

Il faut bien voir ici que la Turquie ne considère pas avoir une visée agressive. Elle n’a jamais reconnu les accords internationaux faisant de la zone en question un territoire grecque et considère être légitime.

Recep Tayyip Erdoğan présente ainsi les choses à la télévision turque :

« Revendiquer une souveraineté maritime en se servant de l’île de kasteloriso située à 2 kilomètres des côtes turcs ne peut s’expliquer rationnellement ou avec bon sens.

Vous savez à quelle distance se situe la Grèce ? 580 kilomètres ! J’invite à nouveau la Grèce à respecter les droits de la Turquie. »

Un accrochage avec un navire grec a déjà eu lieu jeudi 13 août et la Turquie en parle de manière ultra-offensive, menaçant de faire payer « au prix fort » toute attaque contre son navire de prospection l’Oruç Reis.

Pour la France, il y a bien sûr en jeu les intérêts du groupe Total, à qui entre autre la Grèce a promis des accès aux gisements gaziers de la mer Égée convoités par la Turquie. Mais cela n’est qu’un aspect de la situation, qui n’est pas simplement « géopolitique », mais concerne le capitalisme dans son fonctionnement même.

La France est une puissance en perdition qui s’enfonce économiquement, mais aussi socialement et culturellement. Pour compenser, elle s’imagine pouvoir peser militairement, en étant en quelque sorte le bras armé de l’Union européenne. C’est le principe du nationalisme pour qui la guerre est une voie de sortie à la crise, comme une étape obligée pour maintenir l’ordre capitaliste qui a besoin d’expansion.

Dans cette perspective, et alors qu’Emmanuel Macron met régulièrement sur la table la question d’une alliance militaire européenne, les tensions entre la Grèce et la Turquie sont considérées comme une occasion à ne pas manquer.

En arrière plan, il y a la question libyenne où le gouvernement officiellement reconnu par l’ONU est allié à la Turquie et reconnaît l’espace maritime revendiqué par la Turquie, alors que la France soutient ouvertement une fraction adverse.

Il y a aussi le Liban où la France aimerait profiter de la catastrophe de Beyrouth pour retrouver de son influence dans le cadre de sa politique arabe, alors que la Turquie accuse le président français de vouloir « rétablir l’ordre colonial ». Le président turc se voit pour sa part en leader du monde sunnite, avec une ligne ultra-réactionnaire s’appuyant directement sur le féodalisme pour servir son expansionnisme néo-ottoman.

On a là tous les ingrédients pour un embrasement guerrier très dangereux, que la Gauche doit absolument dénoncer et refuser. La pandémie de covid-19, qui n’en finit plus de commencer, nous montre à quel point l’humanité a une destinée commune ; les peuples du monde ont bien mieux à faire que perdre du temps, de l’énergie et des vies dans la guerre.

> Lire également : Vers la guerre: les tensions grandissantes entre la Grèce et la Turquie en méditerranéenne

La Gauche en France, en Grèce et en Turquie, doit se lier d’une puissante fraternité pour dénoncer ses gouvernements respectifs et les intérêts du capitalisme qui mènent à une escalade guerrière dévastatrice. Il faut de toute urgence construire le camp de la paix, en renouant avec l’internationalisme fondateur de la Gauche historique.

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Vers la guerre: les tensions grandissantes entre la Grèce et la Turquie en méditerranée

Cela fait plusieurs mois que la Grèce et la Turquie s’écharpent publiquement et violemment sur la question de leurs eaux territoriales, alors que des gisements gaziers ont été découverts. L’escorte d’un bateau de prospection turc par des navires militaires lundi 10 août 2020 a été vécue comme une véritable provocation par la Grèce, qui en retour déploie ses troupes avec l’appui militaire de la France.

Les relations entre la Grèce et la Turquie sont historiquement tendues, on le sait. La Grèce ayant gagné son indépendance en affrontant l’Empire ottoman, son identité comme État moderne repose sur la confrontation avec son voisin. Au début du siècle précédent, le génocide pontique (500 000 grecs massacrés par le régime turc en quête de pureté ethnique, dans la même logique que le génocide arménien) et les transferts de population dans les deux sens ont durablement marqué tant la Turquie que la Grèce.

Les deux pays ont en commun un nationalisme très fort, les uns rêvant de la « Grande idée » (une grande Grèce, étendant davantage son territoire), les autres rêvant, comme Recep Tayyip Erdogan, de reconstituer l’Empire ottoman.

La Grèce, c’est bien connu, est constituée d’un très grand nombre d’îles en mer Égée, et c’est là une autre sujet de tensions entre les deux pays. En effet, il y a un désaccord sur la propriété des eaux territoriales. Ces zones maritimes étant potentiellement riches en hydrocarbures, la Turquie entend y mener des activités de prospection minière, empiétant sur la zone officiellement attribuée à la Grèce. En 1987, Andreas Papandreou, premier ministre socialiste, avait momentanément retiré son pays de l’OTAN, dont la Turquie est également membre, dans le cadre d’une montée des tensions que l’on retrouve aujourd’hui. Son successeur, Constantin Simitis, avait lui aussi été confronté à cette même situation.

Aujourd’hui, parallèlement à la reconversion en mosquée de la basilique Sainte-Sophie, à Istanbul (perçue comme une nouvelle provocation islamo-ottomane par la Grèce et son Église orthodoxe puissante) c’est encore une fois à travers cette question des eaux territoriales et de la prospection minière que le conflit se fait sentir.

La Turquie a en effet délibérément provoqué Athènes en envoyant l’Oruç Reis, un navire d’exploration chargé de mener des études sismiques, dans une des zones que la Turquie revendique comme sienne. Le 11 août, le régime a augmenté la pression en annonçant qu’il allait accorder des permis d’exploration et de forage dans de nouvelles zones de la Méditerranée orientale d’ici la fin du mois. L’Oruç Reis était, quant à lui, à 83km à l’intérieur de la zone maritime grecque, escorté de sept frégates militaires. En réaction, le gouvernement grec a placé ses forces armées en état d’alerte et des unités de la marine et de l’armée de l’air ont été mobilisées dans cette zone.

La Grèce, bien évidemment, dénonce une attaque de sa souveraineté et une menace pour la paix. Le premier ministre de droite, Kyriakos Mitsotakis, demande un sommet d’urgence de l’Union européenne. La Commission européenne se dit très préoccupée et affiche son soutien à la Grèce et à Chypre (d’autant plus concernée par les agressions turques que l’île elle-même est en partie contrôlée par la Turquie), tandis que l’Otan (dont les deux pays font partie) appelle à la résolution des tensions dans le calme.

Tout ceci fait également suite aux deux accords signés par les deux États avec leurs alliés respectifs pour réaffirmer leurs droits maritimes. La Turquie a signé un accord avec la fraction libyenne qu’elle soutient (le gouvernement officiel) dans le conflit dans cette région dont elle espère tirer profit. La Grèce, pour sa part, a signé avec l’Égypte du maréchal Sissi. C’est dans cette recherche d’alliés que la Grèce se tourne naturellement vers l’Union européenne, et Emmanuel Macron a annoncé le renforcement de la présence militaire française en méditerranée orientale, envoyant sur place deux chasseurs Rafale et deux bâtiments de la marine nationale.

Une fois de plus, l’appât du profit (motivé ici par les récentes découvertes de vastes gisements gaziers en Méditerranée orientale) mène toute une région du monde au conflit armé dont on peut être certain que les populations locales pâtiront. On le voit également, le conflit ne concerne pas que la Grèce et la Turquie mais également Chypre et les alliés respectifs de ces pays, dont la France. La Turquie est particulièrement agressive et expansionniste ces dernières années, puisqu’on la retrouve directement ou indirectement en Syrie, Irak, Libye, Azerbaïdjan (cet État de plus en plus pro-turc a relancé les tensions avec l’Arménie voisine) mais également aux portes de l’Union européenne, où l’utilisation cynique des vagues de migrants constitue pour la Turquie un moyen de pression. On a également vu, dans Beyrouth dévastée, des manifestations appelant la Turquie à la rescousse, ses partisans faisant officiellement allégeance à Erdogan.

> Lire également : La Turquie célèbre le traité de Lausanne par une prière musulmane à la Hagia Sophia

Ce pays constitue donc la menace principale pour la paix, mais il ne faudrait pas pour autant s’imaginer que ses opposants soient des anges. La France, la Russie, l’Allemagne, les États-Unis, le Royaume-Uni, etc. : tous ces pays connaissent la même tendance à la guerre et au renforcement de leur impérialisme. C’est donc bien d’un mouvement pacifique international dont on a besoin d’urgence. Et cela commence en France, où il faut dénoncer les va-t-en-guerre qui sont déjà émoustillés à l’idée que la France affronte Erdogan.

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Tribune: «Nous devons refuser les armes nucléaires»

Voici une tribune de la branche française de la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires. À l’occasion des 75 ans des « horreurs des bombardements nucléaires de Hiroshima et Nagasaki », elle rappelle à quel point cette question est plus que jamais d’actualité, particulièrement en France. Le démantèlement immédiat de l’arsenal nucléaire de notre pays doit être point fondamental et indiscutable du programme de la Gauche. Rien ne peut justifier un tel pouvoir de destruction, aucun gouvernement véritablement démocratique et populaire, pacifique et internationaliste, n’est possible sans se débarrasser immédiatement de telles armes.

« Nous devons refuser les armes nucléaires

Soixante-quinze ans après les horreurs des bombardements nucléaires de Hiroshima et Nagasaki, les Etats disposant d’armes nucléaires investissent toujours des dizaines de milliards d’euros, en vue de leur modernisation et de leur renouvellement. Devant la complexité de la tâche de parvenir à l’élimination de ces armes de destruction massive, il serait tentant de rester dans le déni, comme le font trop de personnes à l’égard du changement climatique. Mais nos organisations, regroupées dans la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires (Ican en France), pour paraphraser les mots de Camus au lendemain du 6 août 1945, se refusent à tirer d’une aussi grave nouvelle autre chose que la décision de plaider encore plus énergiquement pour la mise en œuvre de l’interdiction et de l’abolition des armes nucléaires. (Tribune publiée, le 5 août 2020 sur Libération par les organisations membres de ICAN France)

Nous revenons de loin. Si l’on se retourne sur le temps écoulé depuis les 6 et 9 août 1945, nous avons eu beaucoup de chance : entre course aux armements – avec un arsenal nucléaire mondial qui a atteint le chiffre astronomique de 69 368 ogives en 1986 –, accidents nucléaires militaires qui ont avorté par chance (Goldsboro en 1961, Palomares en 1966, Thulé en 1968…) ou par courage (26 septembre 1983, colonel Petrov) et des tensions extrêmes (Cuba en 1962, confrontation indo-pakistanaise du Kargil en 2001). Par ailleurs, face au risque d’utilisation de ces armes, l’importante mobilisation d’un grand nombre d’organisations et d’individus a permis d’obtenir la mise en place d’un droit international de plus en plus contraignant en faveur de la non-prolifération et du désarmement nucléaire, notamment le Traité de non-prolifération (1968) et le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (1996).

Alors que le risque de détonation nucléaire avec son flot de potentielles conséquences humanitaires, environnementales et sanitaires, n’a jamais été aussi imminent en ce début de siècle, l’adoption du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (Tian) par 122 Etats le 7 juillet 2017 à l’ONU montre que la résistance d’une large majorité d’Etats non-possesseurs et de nombreuses ONG (dont la campagne Ican) s’est amplifiée. Ce n’est pas une vue de l’esprit ou une croyance, mais une réalité avec l’entrée en vigueur d’ici quelques mois du Tian. Cette nouvelle norme de droit est d’ores et déjà efficace, si l’on en juge par les pressions diplomatiques exercées par la France et les autres puissances nucléaires pour dissuader Etats, villes et même des opérateurs privés de rejoindre ou de soutenir un traité dont l’ambition est de renforcer la sécurité internationale…

Résistons aux côtés des Hibakushas

«Nous avons vécu le feu des bombes atomiques larguées sur Hiroshima et Nagasaki, il y a soixante-quinze ans. Nous avons consacré notre vie à nous assurer que notre génération serait celle du dernier hibakusha – les survivants des bombes atomiques. Nous avons appris à être courageux, pleins d’espoir et audacieux. Nous avons appris que c’est à des gens comme vous et moi de se dresser contre les armes nucléaires et les dirigeants qui menacent le monde avec elles. Le dernier grand défi auquel nous sommes confrontés est d’interdire et d’éliminer ces armes. Affrontez-le avec nous, nous y sommes presque.» (Engagement à soutenir les Hibakusha, Ican, juillet)

Résister, c’est s’engager avec détermination devant ce qui apparaît «intouchable». Comme citoyen français, nous sommes confrontés à chaque instant à cette bombe. Le budget dissuasion, issu de nos impôts, nous coûte 9 000 euros par minute en 2020, à l’heure où des acteurs du service de santé crient devant l’urgence sanitaire. Des banques, en contradiction avec leur politique de responsabilité sociétale de l’environnement (RSE), investissent notre épargne dans les entreprises fabriquant des systèmes d’armes nucléaires. Notre génération et les futures vont devoir gérer et payer pour le stockage d’un minimum de 15 000 m3 de déchets nucléaires militaires. Quant à la protection de l’environnement et de la biodiversité, cause essentielle, les efforts et luttes seront réduits à néant si le «bouton» nucléaire est poussé. La liste serait longue de tous les effets dangereux auxquels notre Etat nous expose en conservant une politique de dissuasion, qui consiste à être prêt en permanence à utiliser des moyens de destruction sur des populations civiles et en engageant les Etats de l’Union européenne à la soutenir.

Les campagnes (par exemple, via le Mouvement de la paix, Pugwash, Abolition 2000…) pour le désarmement nucléaire sont nées au lendemain de Hiroshima et Nagasaki. Mais la résistance est devenue plus organisée, plus active, non seulement à travers ces organisations, mais aussi avec de nouveaux acteurs (voir les signataires de cette tribune), comme le sont des villes françaises (dont Paris, Grenoble, Cordes-sur-Ciel et une vingtaine d’autres) et à travers le monde (plus de 300) qui sont convaincues que leurs habitants ont le droit de vivre dans un monde libéré de cette menace nucléaire et qui, pour cela, soutiennent l’interdiction des armes nucléaires.

Notre pays a une position et un rôle singulier. Certes, son arsenal est moindre (300) par rapport aux Etats-Unis (5 800) ou à la Russie (6 375), mais la France a le quatrième plus grand arsenal au monde. Cette France dont un sous-marin transporte en permanence un millier de Hiroshima, alors que dans le même temps son ministre des Affaires étrangères affirme que «le respect du droit international humanitaire n’est pas une option [mais] c’est une obligation» (Conférence nationale humanitaire, 22 mars 2018) et que son Président s’interroge sur la prise en compte d’un crime d’écocide… alors qu’il pourrait lui-même en être l’auteur !

Nous engageons les associations et les individus à nous rejoindre pour agir et faire résonner cet appel des Hibakushas. Nous pouvons tous résister et agir à notre niveau en interrogeant l’action des élu·e·s (parlementaires et maires), en s’informant, en sollicitant sa banque de respecter ses engagements d’acteur responsable, dans l’objectif de contraindre le Parlement et le pouvoir exécutif d’engager le processus de signature et de ratification du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.

Signataires :

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Vers la guerre: Florence Parly officialise la nouvelle appellation « armée de l’air et de l’espace »

Depuis la base aérienne 701 de Salon-de-Provence, la ministre des Armées Florence Parly a officialisé la nouvelle appellation de l’armée de l’air en y ajoutant « l’espace ». Le discours guerrier est assumé pour faire du spatial un des grands enjeu de l’affrontement entre grandes puissances.

Le changement de nom de l’armée de l’air pour devenir l’armée de l’air et de l’espace n’a pas fait grand bruit. C’est pourtant un changement d’une importance fondamentale, marquant un tournant majeur. Bien qu’elle ne soit pas encore inscrite dans la loi, cette nouvelle appellation a été officialisée vendredi 24 juillet 2020 par Florence Parly devant les élèves officiers de l’École de l’air.

Les futurs officiers se verront dorénavant dispenser une formation poussée dans le domaine spatial, au même titre que pour l’aérien terrestre.

Dans une entretien au quotidien La Provence, la ministre des Armées a présenté son projet en assumant totalement la militarisation de espace, effaçant toute approche civile de la question spatiale  :

« L’espace est d’abord vu comme un environnement dans lequel la science a vocation à progresser ; moins comme un milieu de confrontation éventuelle. Or c’est ce passage d’une vision d’un espace « bien commun », au service de la science, à un espace dans lequel les puissances continuent de se disputer la suprématie mondiale, qu’il nous faut désormais prendre en compte. »

Preuve de cela, c’est à Toulouse que sera localisé le futur siège grand commandement de l’espace de l’armée :

« nous avons décidé de le localiser à Toulouse car c’est le cœur battant du spatial français et c’est là que nos officiers de l’armée de l’air se forment au pilotage des satellites, auprès des opérateurs du CNES. »

Le CNES, c’est le Centre national d’études spatiales, qui est avec l’Agence spatiale européenne dont il est partie prenante, un l’équivalent de la NASA américaine. Sa visée est normalement scientifique, bien qu’il ait toujours été associé au militaire. Il dépend d’ailleurs à la fois du ministère de la Recherche et de celui des Armées, mais pas du tout de celui de l’écologie, alors que cette approche devrait être sa principale préoccupation à notre époque.

Officiellement, la question militaire est secondaire pour le CNES, ne représentant que 12 % de son budget en 2018. En pratique, cela est de moins en vrai et déjà en 2010 la France se dotait d’un commandement interarmées de l’espace collaborant directement avec le CNES. Les choses vont donc de plus en plus loin et la France va même plus loin que les État-Unis qui se sont dotés en décembre 2019 d’une « US Space Force » au sein de l’« US Air Force ».

Bien sûr, la France prétendra toujours avoir le bon rôle, ne faire que s’aligner sur les enjeux mondiaux, etc. Cette fois, le prétexte viendrait de la Russie et d’un acte hostile en 2017 contre un satellite français. Tout récemment, la Grande-Bretagne et les État-Unis dénonçaient également un tel acte à leur encontre.  En tous cas, la France assume ouvertement de gonfler les muscles et de bomber le torse, dans une course en avant militariste. S’il faut aller à la guerre, la ministre des Armée s’y prépare allègrement, avec un discours qui fera froid dans le dos à tout pacifiste :

« Le but est de faire savoir aux autres puissances spatiales que nous avons des yeux, des connaissances propres. Nous disposerons bientôt de petits satellites patrouilleurs qui nous permettront de détecter, caractériser et attribuer à leurs auteurs, ce type de manœuvres inamicales. Nous avons également fait savoir très officiellement que nous nous réservions le droit de développer des moyens d’autodéfense pour nos satellites. Je souhaite que nous puissions, dans les meilleurs délais, équiper certains nos satellites de lasers de puissance, pour tenir à distance et le cas échéant, éblouir ceux qui tenteraient de s’approcher de trop près. »

Quoi que dise la ministre des Armées, dont le ministère a d’ailleurs changé de nom sous son mandat, car on parlait avant de ministère de la « Défense », son discours est agressif, militariste. Elle peut bien prétendre n’être « en aucun cas engagés dans une course aux armements », il y a pourtant là une escalade assumée.

Le budget alloué au renouvellement des satellites militaires et des radars spatiaux était de 3,6 milliards d’euros dans la loi de programmation militaire votée en 2018 : il devrait finalement être porté à 4,3 milliards d’euros. Le grand commandement de l’espace lancé en 2019 avec 200 personnes devrait en compter 500 d’ici 2025, qui seront installées dans un bâtiment de 5000 m².

L’armée française utilise de plus en plus l’espace pour ses opérations, à des fins de communication, d’observation, de positionnement de l’armement, etc. L’enjeu est majeure pour la France, qui s’assume toujours plus comme une puissance militaire, alors qu’elle devient toujours plus secondaire économiquement et politiquement dans le monde.

Le capitalisme mène à la concurrence entre des grandes puissances, qui mène directement à la guerre. Comme avant 1914, comme avant 1939, le monde se prépare à un affrontement généralisé, avec cette fois l’espace comme enjeu militaire majeur. C’est une actualité essentielle pour la Gauche, qui doit s’y opposer fermement, qui doit s’engager profondément dans le tissage d’une grande alliance des peuples du monde opposés à la guerre et à la destruction de la Terre par les grandes puissances du capitalisme.